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© Julien Harneis ProMa gazine Votre maillon de la solidarité! Edition Afrique Pas de chance sans enseignement Proma soutient en R.D. Congo différentes écoles et donne un coup de pouce financier à de nom- breux étudiants. Mais comment fonctionne actuellement l’enseignement en R.D. Congo? Dans quelles conditions les enseignants assument-ils leurs cours? Alexi Phonzi Lelo est un professeur de religion au Collège Saint-Pierre, une école secondaire de Ngiri Ngiri, Kinshasa. Il répond à nos questions. Caroline Medats Alexi Phonzi Lelo: «Au Collège Saint-Pierre, je donne cours avec 34 autres professeurs à envi- ron 700 élèves répartis dans 20 classes. Je suis titulaire en classe de cinquième secondaire. Mon salaire est de 200,00 $ par mois. Parce qu’il n’y avait plus de place dans les écoles du centre-ville pour beaucoup de jeunes, la paroisse a fondé sa propre école. Les élèves peuvent choisir parmi les disciplines de la pédagogie, la littérature, le commerce et la biochimie.» Proma: Quels sont les besoins actuels de l’école? Lelo: «Nous donnons les cours de l’après-midi dans les locaux de l’école primaire. Les ensei- gnants achètent leur propre matériel eux-mêmes. Aucun matériel n’est prévu pour les élèves. Annuellement, les parents paient 240,00 $ de minerval pour permettre à l’école d’honorer le Magazine trimestrielle / mai - juin - juilet 2012

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Magazine trimestrielle de l'asbl belge Proma sur l'évolution des projets d'éducation et de formation en Afrique, en Amérique Latine et en Asie soutenus par Proma.

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Page 1: ProMagazine 1-2 Edition Afrique

© Julien Harneis

ProMagazineVotre maillon de la solidarité!

Edition Afrique

Pas de chance sans enseignementProma soutient en R.D. Congo différentes écoles et donne un coup de pouce financier à de nom-breux étudiants. Mais comment fonctionne actuellement l’enseignement en R.D. Congo? Dans quelles conditions les enseignants assument-ils leurs cours? Alexi Phonzi Lelo est un professeur de religion au Collège Saint-Pierre, une école secondaire de Ngiri Ngiri, Kinshasa. Il répond à nos questions.

Caroline Medats

Alexi Phonzi Lelo: «Au Collège Saint-Pierre, je donne cours avec 34 autres professeurs à envi-ron 700 élèves répartis dans 20 classes. Je suis titulaire en classe de cinquième secondaire. Mon salaire est de 200,00 $ par mois. Parce qu’il n’y avait plus de place dans les écoles du centre-ville pour beaucoup de jeunes, la paroisse a fondé sa propre école. Les élèves peuvent choisir parmi les disciplines de la pédagogie, la littérature, le commerce et la biochimie.»

Proma: Quels sont les besoins actuels de l’école?

Lelo: «Nous donnons les cours de l’après-midi dans les locaux de l’école primaire. Les ensei-gnants achètent leur propre matériel eux-mêmes. Aucun matériel n’est prévu pour les élèves. Annuellement, les parents paient 240,00 $ de minerval pour permettre à l’école d’honorer le

Magazine trimestrielle / mai - juin - juilet 2012

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salaire des enseignants et de s’occuper de l’entretien de l’école. Hélas, de nombreux jeunes sont exclus de l’école à la fin de l’année scolaire parce que leurs parents n’ont pas pu payer les frais de scolarité à temps.»

Proma: Tous les enfants du quartier fréquentent-ils l’école?

Lelo: «Non, malheureusement. Beaucoup d’enfants restent à la maison par manque d’argent. Notre paroisse assiste financiè-rement certaines familles très pauvres à payer les frais scolaires. Hélas, la paroisse ne peut pas aider tout le monde.»

Proma: En quoi l’enseignement en ville diffère-t-il de celui de l’arrière-pays?

Lelo: «Il y a une grande différence entre l’éducation en ville et à la campagne. Dans les villages, les parents ont peu de moyens financiers. Beaucoup d’enseignants ont peur d’y retourner pour y enseigner. Les salaires y sont encore plus bas et il y a peu de fournitures.»

Proma: Quelles sont les perspectives d’avenir pour les élèves?

Lelo: «Les étudiants qui réussissent aux examens d’état, peuvent aller à l’université. Les jeunes de la section pédagogie peuvent enseigner dans l’enseignement primaire.»

Proma: Qu’est-ce qui vous pousse à exercer cette profession?

Lelo: «J’attache une grande importance à la formation de la jeunesse. Sans enseignement et formation, il n’y a pas d’avenir. En outre, il ne faut pas oublier qu’il est relativement facile pour un enseignant de trouver du travail.»

Alexi Phonzi Lelo

© Missio

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Appel au changementDans les environs de Lubumbashi aussi, la deuxième plus grande ville de RD Congo, Proma a ren-contré trois enseignants prêts à partager leurs expériences et leurs frustrations. Une conversation franche avec Clément, Polydore et Symphorien du Complexe Scolaire Lamartine de Bongonga, un quartier qui compte environ 40.000 habitants à l’est de Lubumbashi.

Caroline Medats Proma: Quelle évolution a subi l’enseignement en R.D. Congo?

«Jusqu’aux années 80, il y avait trois réseaux d’enseignement en R.D. Congo: l’enseignement d’état, les enseignements catholique et protestant. Les autorités payaient tous les ensei-gnants, quelle que soit l’école où ils exerçaient. La qualité de l’enseignement était généra-lement garanti et les professeurs jouissaient de beaucoup de respect. Depuis 1985, sous le régime de Mobutu, la situation a radicalement changé. Les professeurs ne recevaient plus leur salaire sur une base régulière et des grèves ont éclaté. La qualité de l’enseignement a diminué. En réaction à cela, des riches congolais ont fondé les premières écoles privées.»

Proma: Quelles sont les plus grandes différences entre l’enseignement privé et les écoles subsidiées?

«La différence de salaire est frappante. Les enseignants de l’enseignement subventionné touchent seulement l’équivalent de 110,00 $ par mois. Les professeurs des écoles privées reçoivent tous les mois jusqu’à 200,00 $ de plus. Ces écoles privées ne reçoivent pas de subvention gouvernemen-tale mais les parents y paient un minerval plus important et des frais scolaires mensuels.»

Proma: Cette différence se traduit-elle aussi dans le profil des élèves et la qualité de l’en-seignement?

«Absolument. Des enfants de classes sociales différentes ne se retrouvent généralement pas sur les mêmes bancs d’école. Le niveau dans les écoles avec de nombreux enfants pauvres est

(suite au verso)

© Julien Harneis

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Ensemble, construire un bel avenir

«L’analphabétisme est l’un des plus grands défis dans l’Est du Congo. Beaucoup de familles vivent dans la pauvreté et ne peuvent pas payer les frais scolaires. Le centre social Kindugu à Butembo propose des cours de lecture et d’écriture. Sous peu, nous allons construire un centre plus grand pour pouvoir recevoir et aider tout le monde. Pour ce projet, nous recevons le soutien de Proma. Nous tenons donc éga-lement à remercier chacun de tout cœur. Ensemble, nous construi-sons un nouvel avenir pour les habitants de Butembo!»

Kizito Kakule Ngulirahi, directeur du centre social Kindugu

La troisième fois est la bonne!

Le projet Basis Congo soutient l’enseignement local dans les zones rurales à l’extérieur du centre de Kinshasa. Mia Goos, notre contact sur place, nous a livré une histoire au sujet de parents qui vont jusqu’au bout pour que leurs enfants puissent aller à l’école: «Jusqu’à récemment, les enfants de Kindundu, un village sur le plateau de Bateke, devaient marcher cinq kilomètres chaque matin et chaque soir vers l’école la plus proche. De ce fait, leurs parents ont essayé, pour la troisième fois déjà, de fonder une école secondaire. Ils ont formé un comité, cherché des enseignants et obtenu la permission d’utiliser les locaux de l’école primaire. 62 élèves y suivent maintenant des cours. Une grande réussite, mais il y a encore de nombreux

défis. Les parents paient environ 18,00 $ de frais de scolarité par an et par enfant. C’est beaucoup d’argent pour eux, parce qu’ils vivent en système d’autosuffisance. En outre, il est difficile de trou-ver des enseignants qualifiés. Par ailleurs, il y a un besoin urgent de plaques de zinc pour un bâti-ment administratif, de manuels scolaires et des sessions de formation pour les professeurs. Tout cela en gardant en vue la durabilité: nous voulons une école forte, indépendante des sollicitations constantes et comportements des parents.»

© Julien Harneis

© Proma.

l’AfriqueUn bonjour deNous vous tiendrons informés

de l’évolution des projets que nous soutenons.

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Lukemi, R.D. Congo

A Lukemi, dans la périphérie de la ville de Kikwit, les jeunes aspirent à un enseignement de qualité. La Fraternité de Tibériade y a de-puis peu ouvert un centre social et éducatif, géré par la population locale et quelques vo-lontaires étrangers. Les habitants y reçoivent des cours d’alphabétisation et un accès à la bibliothèque. Régulièrement aussi des acti-vités culturelles y trouvent place. Le centre attribue des bourses d’étude à des jeunes à partir de la quatrième année jusqu’à l’uni-versité. Le centre éducatif ramène Lukemi à la vie, une initiative que Proma n’est que trop heureuse de soutenir!

FVS-AMADE, Burundi

Dans la périphérie de la capitale Bujum-bura, de nombreux enfants vivent dans des conditions difficiles, certains n’ont plus au-cun parent. Grâce à FVS-AMADE, ils peuvent quand même aller à l’école. Chaque année, l’organisme distribue des fournitures sco-laires à quelques 37.000 enfants. De plus, FVS-AMADE s’assure que des familles de tutelle puissent se prendre en charge. Elles s’unissent pour épargner conjointement et

organiser des prêts mutuels. L’année scolaire passée, les familles ont pu payer elles-mêmes jusqu’à 25 pourcent du coût des fournitures scolaires. FVS-AMADE dispose également d’un service psychologique pour accompagner les enfants dans le traitement de leurs trauma-tismes causés par des années de guerre et la problématique du VIH/SIDA. FVS-AMADE rend d’une façon innovante aux enfants la perspective d’un bel avenir!

© RSCJ

Avec les projets suivants, Proma vient d’initier une nouvelle collaboration.

© Julien Harneis

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faible. La corruption règne en maître. Les en-seignants, mal payés, vendent des rapports et fraudent avec les points. Dans les écoles accueillant des enfants riches, le niveau est très élevé.»

Proma: Qu’espérez-vous pour l’avenir?

«L’éducation est dans le marasme et aussi longtemps que le gouvernement ne prend pas sa responsabilité, peu de choses changeront. C’est donc un appel vibrant aux autorités à prendre leurs responsabilités et assurer aux professeurs un salaire acceptable.»

Proma continue de recevoir de nouvelles demandes de soutien pour lesquelles, ensemble avec vous, nous sommes heureux de nous mettre au travail. Nos partenaires travaillent de

tout cœur à l’avenir de nombreux jeunes et des adultes.

Faites que leurs rêves se réalisent, en soutenant Proma par vos dons!

Toutes les contributions seront les bienvenues. Nous en seront reconnaissants: IBAN: BE71 0000 1733 1169 (Proma asbl)

BIC: BPOTBEB1

Pour tout don d’au moins 40,00 euros en 2012, vous recevrez une attestation fiscale en 2013.

Rédaction finale: Sylvain Kalamba Nsapo / Rédacteur en chef: Kenny Frederickx / Editeur responsable: Michel CoppinResponsable Proma asbl: Caroline Medats / Photo: Proma, K‘Anchay Avec nos remerciements à: Clement, Polydore, Symphorien, Sooi Augustijns, Catherine De Ryck, Mia Goos, Félicité Iradukunda, Blaise Mbongo, Kizito Kakule Ngulirahi, Paul Peeters, Alexi Phonzi Lelo, Cédric Vanhoolandt, Marie-Thérèse Vankrunkelsven et Solange Van Wilderode.

Ce dépliant est édité par Proma asblBoulevard du Souverain 199, B-1160 BruxellesTel: 02 679 06 30 - Fax: 02 672 55 69E-mail: [email protected]

Mise en page et impression: De Windroos SA

L’asbl Proma est une organisation de développement indépendante qui soutient de micro-projets d’enseignement et de formation en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.

Souhaiteriez-vous recevoir ce tract sous forme digitale? Il suffit de nous le faire savoir en envoyant un message à [email protected]

© Woody Collins