promagazine 2.6

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ProMa gazine magazine trimestriel / 2.6 / avril - mai - juin 2013 votre maillon de la solidarité! Terreur et marques de destruction à Lukafu Il semble que la population de la République Démocratique du Congo n’a disposé ni de la tran- quillité ni de la paix. Le conflit disparaît des médias certes, mais il n’en couve pas moins davan- tage. Il menace de devenir un problème loin de nos préoccupations. Mais il se révèle très proche. Le missionnaire belge Raoul de Buisseret a passé quarante ans de sa vie en R.D. Congo. Il est main- tenant revenu chez nous de façon vraiment inattendue. Fuyant la violence de Lukafu, au nord de Lubumbashi et échappant de justesse à la mort. Caroline Medats Ainsi donc trente tigres Maï-Maï se sont rués le 6 février sur Lukafu. Ils y ont semé la terreur, se sont livrés au pillage et y ont bouté le feu. L’armée congolaise est intervenue entretemps, tuant deux combattants et faisant deux autres prisonniers. La population a fui en masse. Raoul, connu localement comme Lukongolola, a consacré sa vie à la construction d’écoles, d’un internat, de centres de santé, d’un foyer social, d’une église et de centres de formation à Lukafu. Proma l’a aidé dans la poursuite de l’agrandis- sement de l’école primaire et secondaire. Nous

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Magazine trimestriel de l'asbl Proma avec les dernières nouvelles de nos projets d'enseignement dans le Sud. Un témoignage poignant de Frère Raoul. Il parle des atrocités des milices Maï Maï à Lukafu en R.D. Congo.

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ProMagazinemagazine trimestriel / 2.6 / avril - mai - juin 2013

gazinevotre maillon de la solidarité!

Terreur et marques de destruction à Lukafu

Il semble que la population de la République Démocratique du Congo n’a disposé ni de la tran-quillité ni de la paix. Le con� it disparaît des médias certes, mais il n’en couve pas moins davan-tage. Il menace de devenir un problème loin de nos préoccupations. Mais il se révèle très proche. Le missionnaire belge Raoul de Buisseret a passé quarante ans de sa vie en R.D. Congo. Il est main-tenant revenu chez nous de façon vraiment inattendue. Fuyant la violence de Lukafu, au nord de Lubumbashi et échappant de justesse à la mort.

Caroline Medats

Ainsi donc trente tigres Maï-Maï se sont rués le 6 février sur Lukafu. Ils y ont semé la terreur, se sont livrés au pillage et y ont bouté le feu. L’armée congolaise est intervenue entretemps, tuant deux combattants et faisant deux autres prisonniers. La population a fui en masse.

Raoul, connu localement comme Lukongolola, a consacré sa vie à la construction d’écoles, d’un internat, de centres de santé, d’un foyer social, d’une église et de centres de formation à Lukafu. Proma l’a aidé dans la poursuite de l’agrandis-sement de l’école primaire et secondaire. Nous

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avons également participé à la formation de maçons et de charpentiers, ainsi qu’à des cours de coupe et de couture.

«Les miliciens Maï-Maï se sont rués sur Lukafu. Ils avaient des couteaux, des haches, des pics et des amulettes et ils m’ont contraint à fermer l’école. Ils ont menacé de couper la gorge des enseignants. Je ne pouvais plus dire la messe. Ils ont tout saccagé dans la chapelle. Ils ont détruit le crucifi x et ont emporté les vêtements liturgiques, de l’encens et le calice. Ils ont mis le feu à plusieurs maisons et se sont mis à piller. Les miliciens en voulaient à tous ceux qu’ils soupçonnaient d’être en relation avec l’État. C’était atroce.»

Déclaré innocent grâce à des kilos de farine

«Le 9 février, les Maï-Maï sont venus me chercher. Ils chantaient et étaient drogués. Le com-mandant était attifé de manière terrifi ante: comme amulette il portait au cou un pénis sec-tionné et sur la tête un morceau de tissu couvert de couteaux. Il m’a félicité pour la construc-tion des écoles, avant d’exiger un fusil. Je lui ai dit que je n’avais pas d’ennemis (donc pas d’arme NDLR). Je pensais que la fi n était proche. La foule s’était entretemps rassemblée. Fi-nalement, les miliciens m’ont laissé aller. Grâce à des kilos de farine, j’ai été déclaré innocent et la foule debout m’a fait une ovation, comme dans les tribunaux traditionnels. Ce fut une expérience étrange et terrifi ante.»

Une crainte fondée

«Le même soir, quelqu’un m’a dit que le commandant voulait me revoir et qu’il avait l’inten-tion d’installer son poste de commandement à Lukafu. J’ai pensé que la situation deviendrait intenable si deux cents Maï-Maï s’installaient à Lukafu. J’étais terriblement inquiet et suis resté debout toute la nuit. Le terme «blanchiment» était ambigu. La situation pouvait se retourner à tout moment. J’ai essayé de rester aussi longtemps que possible, mais je n’aurais pas voulu laisser ma vie dans ces circonstances. De ce fait, ensemble avec deux médecins et le vicaire, nous sommes partis au milieu de la nuit, avec l’ambulance de l’hôpital, vers Lubumbashi, à 180 km de là. Notre crainte était fondée. Les Maï-Maï se sont installés à Lukafu et ont tout détruit: la mission, la maison des Sœurs Franciscaines, le foyer social, l’internat, les écoles...

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© Rita Willaert.© Rita Willaert.

Un bonjour...Nous vous tiendrons informés de l‘évolution

des projets que nous soutenons.

...de la République Démocratique du Congo!

EdemboDepuis déjà de nombreuses années nous épaulons, avec le projet Edembo, des étudiants prometteurs, issus de familles pauvres. Jacques Manene et François Lubutu ne sont pas de nouvelles fi gures. Jacques est déjà en deuxième licence économie à Kinshasa et François en première licence économie à Lubumbashi. Mais grâce à votre soutien, l’année dernière, Elisa-beth Adimonzi a eu la chance de poursuivre des études. Elle a commencé sa première année de graduat d’études pour devenir hôtesse, à Kinshasa. Nous avons payé les frais de scolarité, les frais de bibliothèque, quelques activités culturelles, des manuels, quelques coûts men-suels et la pension. Ensemble, ces étudiants vont à la rencontre d’un avenir plein de pro-messes. Afi n qu’ils puissent continuer leurs études en 2013, nous continuons à compter sur votre soutien!

Voyez avec nous leurs résultats sur www.asblproma.be/edembo.

Tout ce pourquoi j’avais travaillé pendant des an-nées. En outre, parmi les miliciens se trouvaient également des anciens élèves, même des fi lles. Cela fait mal. Je crains aussi que la rébellion ne se propage encore plus.»

Retour en Belgique

Raoul reste pour le moment en Belgique. «Il n’est pas opportun actuellement de retourner là-bas. Les miliciens me tiennent à l’œil, car c’est moi qui ai fait venir l’armée, qui a tué deux de leurs mi-litants. Il appartient maintenant aux Congolais de reconstruire Lukafu et de le faire là où ils sont. Je considère cela comme une opportunité pour eux.»

Un autre responsable de projets nous confi rme que les Maï-Maï avancent avec audace vers Lubumbashi.

Pour la reconstruction de Lukafu après le départ des Maï-Maï, nous comptons sur votre sou-tien. Apprenez en plus sur les besoins réels en surfant sur www.asblproma.be/lukafu.

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Rédaction � nale: Sylvain Kalamba Nsapo / Rédacteur en chef: Kenny Frederickx / Responsable Proma asbl: Caroline MedatsE.R.: Michel Coppin Avec nos remerciements à: Mbongo Blaise, Raoul de Buisseret, Valérie Caudron, Claude Deschamps, Mona Maher.Photos: Proma

Ce dépliant est édité par l’asbl Proma Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Tél. 02 679 06 30 / Fax 02 672 55 [email protected] / www.asblproma.be

Mise en page et impression: De Windroos NV

L’asbl Proma est une organisation de développement indépendante qui soutient de micro-projets d’enseignement et de for-mation en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.

Souhaiteriez-vous recevoir ce tract sous forme digitale? Des remarques ou des suggestions? Il su� t de nous le faire savoir en envoyant un message à [email protected].

L’école AREDS célèbre la fête ...de l’Inde!

Vous avez déjà pu lire, sur notre site web, l’annonce suivante: l’école AREDS au Tamil Nadu sera en fête le 23 mars. Et c’est ce qui est arrivé. Les élèves ont présenté un véritable spectacle avec danse, musique et théâtre. Les parents et les villageois ont été impressionnés. Pour de nombreux parents, ce fut en eff et pendant longtemps impensable que leurs enfants puissent aller à l’école. C’était la onzième fois consécutive que la fête de l’école réjouissait le voisinage. Epaulez-nous pour la prochaine fête de l’école sur www.asblproma.be/areds.

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Avec les projets suivants, Proma vient d’initier

une collaboration. Nous comptons sur vous!

Panneaux solaires pour l’école de Coloma, Ouganda L’école primaire Coloma à Mbarara, dans le sud-ouest de l’Ouganda, voudrait investir dans des panneaux solaires pour la nouvelle salle polyvalente. Pour ce faire, ils ont besoin de 3.500 euros.

Actuellement, la construction de la salle entre dans sa phase fi nale. Les étudiants pourront y manger les après-midis et en soirée et, lors de la saison des pluies, y jouer pendant les récréa-tions. En dehors des heures scolaires, les habitants du voisinage auront la possibilité, moyen-nant une petite contribution, d’y regarder des compétitions sportives, des fi lms de qualité, des documentaires et participer à des conférences. Pour les femmes, en soirée, sont prévus des cours d’alphabétisation, une formation à la coupe et à la couture ainsi que des cours de formation aux soins de santé.

L’école Coloma est une école primaire pour garçons et fi lles et elle porte une attention parti-culière aux orphelins et enfants issus de familles vulnérables. Elle a ouvert ses portes en 2010. Actuellement, 213 élèves fréquentent les cours. L’école utilise uniquement l’énergie solaire pour l’éclairage et l’électricité. En outre, l’énergie solaire est en Ouganda une énergie durable, fi able et bon marché.

Investirez-vous avec nous dans les énergies renouvelables? Suivez l’état d’avancement des travaux à l’école Coloma en ligne sur www.asblproma.be/coloma-school.

Avec les projets suivants,

Panneaux solaires pour l’école de Coloma, Ouganda L’école primaire Coloma à Mbarara, dans le sud-ouest de l’Ouganda, voudrait investir dans

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De plus en plus de personnes nous demandent un soutien structurel. Votre contribution présente aussi une valeur inestimable. Soutenez-nous et

faites un don au compte suivant:

IBAN: BE71 0000 1733 1169 (Proma asbl)

BIC: BPOTBEB1

Pour tout don d’au moins 40,00 euros vous recevrez une attestation fi scale.

Éducation intégrale pour les habitants d’Andahuaylillas, Pérou

Proma soutient la formation inté-grale des habitants d’Andahuay-lillas, dans le sud du Pérou à 40 minutes de Cuzco. En étroite arti-culation avec la communauté lo-cale des religieuses du Sacré-Cœur de Jésus, les activités sont menées

en espagnol et en quechua, en concertation avec les habitants, les autorités locales et l’école.

Nous visons un enseignement de qualité où chacun peut développer ses compétences et travailler à une culture de paix et de solidarité. L’école dispense un enseignement mater-nel, primaire et secondaire à neuf cents élèves et possède également des sections dans des régions rurales éloignées, très pauvres. L’alcoolisme et la violence intrafamiliale y sont des problèmes largement répandus. C’est pourquoi nous prévoyons autour de ces diffi cultés, des ateliers avec les parents et les professeurs, des cours et des suivis psycho-socio-éducatifs. Nous tenons à la formation d’agents démultiplicateurs parmi les dirigeants populaires et les animateurs. Nous soutenons des volontaires (c’est le cas d’une famille belge) pour qu’ils for-ment dix-huit enseignants et assurent de près le suivi de trente personnes. Au total, nous ai-dons six cents enfants, trois cent cinquante adolescents, six cents pères et mères et cinquante enseignants.

Vous pouvez en lire davantage sur le projet formation intégrale Andahuaylillas sur le site www.asblproma.be/formation-intégrale.

Éducation intégrale pour les habitants d’Andahuaylillas, Pérou

Proma soutient la formation inté-Proma soutient la formation inté-grale des habitants d’Andahuay-lillas, dans le sud du Pérou à 40 minutes de Cuzco. En étroite arti-culation avec la communauté lo-cale des religieuses du Sacré-Cœur de Jésus, les activités sont menées

en espagnol et en quechua, en concertation avec