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TRANSCRIPT
ÉTUDE DIAGNOSTIQUE
SYSTÉMATIQUE DE PAYSPour une Union des Comores plus unie et plus prospère
Pub
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iscl
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ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
i
ASS
CMVT
CPIA
DeMPA
FMI
ICH
IDA
IDE
IDH
IDM
IFC
INRAPE
MIDA
MPME
ODD
OMD
ONG
OPD
OSC
PCE
PEFA
PFR
PIB
PPP
PTF
R&D
RNB
SADC
SE
TIC
UE
ZEE
Afrique subsaharienne
Conseil mondial du Voyage et du Tourisme
Évaluation de la politique et des institutions nationales
Évaluation de performance en matière de gestion de la dette
Fonds monétaire international
Indice du capital humain
Association internationale de développement
Investissements directs étrangers
Indice de développement humain
Indicateurs du développement mondial
Société financière internationale
Institut national de recherche sur l’agriculture, la pêche et l’environnement
Migrations pour le développement en Afrique
Micro, petites et moyennes entreprises
Objectifs de développement durable
Objectifs du millénaire pour le développement
Organisations non gouvernementales
Opération de politique de développement
Organisation de la société civile
Programme de citoyenneté économique
Evaluation de la performance des finances publiques
Pays à faible revenu
Produit intérieur brut
Partenariat public-privé
Productivité totale des facteurs
Recherche et développement
Revenu national brut
Communauté de développement de l’Afrique australe
Sociétés d’Etat
Technologies de l’information et de la communication
Union européenne
Zone économique exclusive
ii
Nous souhaitons remercier les membres de l’équipe pays des Comores issus de
toutes les Pratiques mondiales et de la Société Financière Internationale, ainsi que
les nombreux intervenants aux Comores (autorités gouvernementales, groupes
de réflexion, universités, organisations de la société civile et autres partenaires au
développement), qui ont contribué à la préparation de ce document dans le cadre
d’une forte collaboration (voir Annexe 1). Nous leur sommes reconnaissants pour leurs
contributions, leurs connaissances et leurs conseils.
Ce rapport a été préparé par une équipe dirigée par Carolin Geginat (Chef de
programme EFI, AFSC2) et José Luis Diaz Sanchez (Economiste Pays, GMTA4). Marco
Ranzani (Economiste principal Pauvreté, GPV01) et Neelam Verjee (Spécialiste du
Développement Social, GTFSA) ont été au cœur de l’équipe et un important travail
de fond a été réalisé par Nadia Belhaj Hassine Belghith (Economiste principale
Pauvreté, GPV01) en vue de ce rapport. L’équipe remercie chaleureusement Mark
Lundell (Directeur Pays, AFCS2), Mathew Verghis (Directeur de Pratique, GMTA4),
Magnus Lindelow (Directeur de Pratique, GHN01), Rasit Pertev (Représentant
résident, AFMKM) et Said Ali Said Antoissi (Chargé des Opérations, AFMKM), Thomas
Buckley (Coordonnateur du Programme Pays, AFCMZ), Raymond Bourdeaux (Chef
de programme SD, AFCS2) et Peter Holland (Chef de programme HD, AFCS2). Le
tableau ci-dessous donne la liste complète des membres de l’équipe qui ont fourni
des contributions écrites à l’EDSP. L’équipe tient à remercier les pairs examinateurs
Alexis Sienaert (Economiste principal, CROCR), Robert Swinkels (Economiste principal,
GPV07), Rafael Munoz Moreno (Chef de programme, LCC5C) et Johannes Hoogeveen
(Economiste principal, GPV06) pour leurs commentaires très utiles. Enfin, nous
voudrions également remercier Joana Mota (Consultante) pour son excellent soutien
à la recherche et Cybil Maradza pour le design du document final.
REMERCIEMENTS
iii
Remerciements
Protection sociale
Santé et genre
Education
Pauvreté
Macro
Secteur financier
Transport
Secteur privé et commerce
Agriculture
Pêche
Énergie
Gouvernance
TIC
Emplois
Fragilité
Développement social
Eau
GRC
Environnement et ressources naturelles
IFC
Andrea Vermehren
Voahirana Hanitriniala Rajoela, Tazeen Hasan
Peter Holland
Marco Ranzani, Djibril Ndoye
José Luis Diaz Sanchez, Shireen Mahdi, Natasha Sharma
Brinda Devi Dabysing, Nicholas Timothy Smith, Julian Casal
Papa Mamadou Fall, Atsushi Iimi
Yannick Saleman, Eneida Fernandes, Lorenzo Bertolini, Claire Hollweg
Ashesh Prasann
Xavier Vincent, Maminiaina Rasamoelina, Julien Million
Jan Friedrich Kappen, Ewa Katarzyna Klimowicz
Tiago Carneiro Peixoto, Heriniaina Mikaela Andrianasy, Helene Grandvoinnet
Tim Kelly, Isabella Maria Linnea Hayward
Andrea Vermehren, Julia Rachel Ravelosoa, Federica Ricaldi, Marco Ranzani, Arvo Kuddo
Neelam Verjee
Jana El-Horr
Chris Heymans, Nicholas Kudakwashe Tandi
Ana Campos Garcia
Maminiaina Solonirina Rasamoelina
Kailash Sharma Ramnauth, Ugo Amoretti
SECTEUR OU THÈME MEMBRES DE L'ÉQUIPE DE L'EDSP
iv
Remerciements
1 RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF 1
2 INTRODUCTION 26
3 RENCONTRE AVEC LES COMORES - LE CONTEXTE 30
Géographie et société 31
Contexte politique 33
Structure de l’économie 36
Présentation du contexte macro-économique 39
Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement les
Objectifs de développement durable 42
4 IDENTITÉ ET INSTITUTIONS AUX COMORES 44
Portée limitée de l’État 48
Sources de résilience 53
5 PAUVRETÉ ET PROSPERITÉ PARTAGÉE AUX COMORES 57
Performance des Comores en rapport au Double Objectif 58
Pauvreté 58
Prospérité partagée et inégalités 61
Aspects non monétaires de la pauvreté 62
Facteurs de la réduction de la pauvreté et de l’accroissement des inégalités depuis 2004 64
6 COMPRENDRE LA FAIBLE PERFORMANCE DES COMORES EN MATIÈRE DE CROISSANCE 77
Que faudrait-il pour que les Comores échappent à cet équilibre en faible croissance ? 81
Contribution du capital 82
Contribution du travail et du capital humain 90
Croissance de la productivité totale des facteurs 95
Points d’entrée pour accroître la productivité dans l’agriculture et la pêche 98
Points d’entrée pour améliorer le potentiel de l’industrie du tourisme 100
7 RISQUES POUR LA PÉRENNITÉ DE LA CROISSANCE ET
DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRÉTE AUX COMORES 102
Risques économiques 103
Risques environnementaux 107
Risques politiques et sociaux 111
SOMMAIRE
v
8 VOIES ET PRIORISATION 115
Annexe 1 Description des indicateurs utilisés pour le Tableau de priorisation 134
Annexe 2 Résultats des consultations pour l’EDSP 136
Annexe 3 Chronologie de l’Histoire des Comores 141
Annexe 4 Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable aux Comores 143
Annexe 5 Décomposition de l’inégalité urbaine-rurale 146
Annexe 6 Décomposition de la croissance de la consommation 147
Annexe 7 Décomposition des inégalités 149
Annexe 8 Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail 151
Annexe 9 Profil du secteur privé formel aux Comores 156
Annexe 10 Résumé de la capacité statistique 158
BIBLIOGRAPHIE 164
RÉFÉRENCES DES IMAGES 169
LISTE DES FIGURES vi
Figure 1 : Contribution des facteurs à la croissance potentielle du PIB 3
Figure 2 : Richesse totale par habitant, Comores et pays de comparaison 8
Figure 3 : Résumé des interactions entre les trois Voies 15
Figure 4 : Evolution démographique, Comores et pays de comparaison 32
Figure 5 : Taille du secteur agricole, Comores et comparateurs 37
Figure 6 : Productivité du travail 40
Figure 7 : Inflation, Comores et comparateurs 41
Figure 8 : Pays classés comme fragiles par le Groupe de la Banque mondiale, selon la notation CPIA 45
Figure 9 : Envois de fonds, Comores et comparateurs 50
Figure 10 : Indicateurs d’incidence de la pauvreté par région et entre comparateurs 59
Figure 11 : Indicateurs de pauvreté pour les Comores 60
Figure 12 : Portrait de la vie aux Comores par revenu et par région 60
Figure 13 : Progrès en matière d’inégalité et de prospérité partagée aux Comores 61
Figure 14 : Inégalité par région et par île aux Comores 63
Figure 15 : Dimensions du bien-être et indicateurs de la méthode 63
Figure 16 : Indicateurs multidimensionnels de privation par région et par île aux Comores 64
Figure 17 : Destination des envois de fonds 65
Figure 18 : Indicateurs multidimensionnels de la pauvreté aux Comores 66
Figure 19 : Accès aux infrastructures de base 67
Figure 20 : Structure démographique Comores 68
Figure 21 : Dépenses publiques sur la santé et l’éducation, Comores et comparateurs 70
Figure 22 : Indicateurs 1 de santé et de bien-être, Comores et comparateurs 71
Figure 23 : Ecart d’apprentissage 72
Figure 24 : Indicateurs de santé et de bien-être, Comores et comparateurs 75
Figure 25 : Impact de la stabilité politique sur la croissance 79
Figure 26 : Facteurs de la croissance du PIB du côté de la demande 80
Figure 27 : Offre et facteurs sectoriels de la croissance du PIB aux Comores 81
Figure 28 : Investissement et accumulation de capital 84
vi
Sommaire
Figure 29 : IDE et investissements privés, Comores et comparateurs 87
Figure 30 : Indicateurs de gouvernance et climat des affaires 88
Figure 31 : Coûts de l’électricité, Comores et comparateurs 89
Figure 32 : Les tarifs portuaires dans les deux principaux ports des Comores (Moroni et Mutsamudu) sont
cinq fois plus élevés qu’à Maurice et trois fois plus élevés qu’à Mombasa 90
Figure 33 : Tendances migratoires et capital humain aux Comores 91
Figure 34 : Population active et chômage selon l’âge 93
Figure 35 : Capital humain aux Comores 94
Figure 36 : Secteur du mobile aux Comores et comparateurs 97
Figure 37 : Frais de transport aux Comores 98
Figure 38 : Balance commerciale, Comores et comparateurs 104
Figure 39 : Dépenses courantes couvertes par les recettes fiscales 105
Figure 40 : Indicateurs de richesse 108
Figure 41 : Ressources internes renouvelables en eau douce par habitant (milliers de mètres cubes) 109
Figure 42. Les Comores : un pays parmi les plus vulnérables au changement climatique mais parmi les
moins bien préparés à y faire face 110
Figure 43 : Dépenses de santé 113
Figure 44 : Résumé des interactions entre les trois Voies 122
Figure 45 : Localisation des entreprises par région 156
LISTE DES TABLEAUX vii
Tableau 1 : Principales contraintes et priorisation 25
Tableau 2 : Comores et pays de comparaison 28
Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35
Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques 42
Tableau 5 : Indice du capital humain et ses composantes par catégorie de revenu 71
Tableau 6 : Résumé des Voies et des contraintes clés 123
Tableau 7 : Contraintes clés et priorisation 133
Tableau 8 : Décomposition inconditionnelle de l’inégalité urbaine/rurale de la consommation réelle
mensuelle par habitant 146
Tableau 9 : Décomposition de la croissance de la consommation 148
Tableau 10 : Décomposition de l’inégalité 150
Tableau 11 : Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail 152
Tableau 12 : Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs
d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau individuel 153
Tableau 13 : Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs
d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau du ménage 154
Tableau 14 : Répartition des chaînes de valeur agricoles au niveau des îles 155
Tableau 15 : Matrice de notation détaillée du SPI pour les Comores 157
LISTE DES ENCADRÉS vii
Encadré 1 : Les Comores en tant que destination touristique 38
Encadré 2 : Le Grand mariage 46
Encadré 3 : Le Programme de citoyenneté économique des Comores 52
Sommaire
vii
Encadré 4 : Qu’est-ce qui constitue le capital humain et comment le mesurer ? 73
Encadré 5 : Domaines de réforme de la politique fiscale et de l’administration fiscale 82
Encadré 6 : Régime foncier des Comores 86
Encadré 7 : Performance des entreprises d’État - l’exemple du secteur des télécommunications
aux Comores 96
Encadré 8 : Risques pour la stabilité financière provenant de la SNPSF 105
Sommaire
viii
RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF
1
Les Comores, parfois appelées les « îles
parfumées » en raison de leur beauté
parfumée, constituent un archipel situé
sur les anciennes routes commerciales de
l’océan Indien. Cette nation insulaire abrite
800 000 habitants répartis un territoire ne
dépassant pas 1 800 kilomètres carrés, situés
entre les rives de la Tanzanie, du Mozambique
et de Madagascar, ce qui en fait un pays
densément peuplé. Le patrimoine culturel
des Comores tire ses origines de l’Afrique, du
Moyen-Orient et de l’Europe et 98 pour cent
de la population adhère à une forme d’Islam
sunnite. La population des Comores est
majoritairement jeune en raison d’un son taux
de fécondité élevé (quoiqu’en lente baisse).
Les femmes jouent un rôle important dans la
société en raison de traditions matrilinéaires,
mais ont tendance à faire entendre leur voix
à l’arrière-plan du foyer comorien plutôt
que sur la place publique. Historiquement,
l’émigration a toujours été un fait important
de la société, un tiers de la population vivant
hors du pays. Les émigrés ont des liens étroits
avec leurs communautés d’origine et a envoyé
des fonds représentant en moyenne 13 pour
cent du PIB annuel au cours de la dernière
décennie, faisant des Comores l’un des plus
gros bénéficiaires d’envois de fonds parmi les
pays d’Afrique subsaharienne.
Sur le plan politique, les Comores ont connu
une longue instabilité politique depuis leur
accession à l’indépendance en 1975. Bien que
les conflits aux Comores aient généralement
été de faible ampleur, les affrontements ayant
rarement fait plus de cinq morts, l’instabilité
politique y est récurrente, tel que l’illustre le
chiffre de 21 coups militaires, manqués ou
aboutis, et diverses tentatives de sécession
de certaines des îles. Les mercenaires ont
joué un rôle politique dans les différents
gouvernements. Depuis 1975, les Comores
ont connu cinq constitutions différentes. Tous
ces facteurs ont fait qu’il a été difficile les des
institutions formelles de s’enraciner et d’établir
leur légitimité. Les communautés locales font
face à l’absence de l’État en s’appuyant sur les
structures de gouvernance traditionnelles et
sur l’auto-financement alimenté par la diaspora.
En conséquence, certains observateurs des
Comores qualifient le pays de « confédération
de villages » plutôt que d’État-nation.
L’économie des Comores est peu diversifiée
et compte parmi les plus tributaires des
importations de produits alimentaires au
monde. Le commerce (essentiellement
informel) et les services publics représentent
la moitié de l’économie. Trente pour cent (30%)
de l’économie sont générés par l’agriculture
pratiquée dans de petites exploitations
familiales et dont les produits sont destinés
principalement à la consommation
domestique. Malgré la forte présence du
secteur agricole dans l’économie comorienne,
le pays satisfait l’essentiel de ses besoins
alimentaires par des importations. Près de
40 pour cent de toutes les importations
sont constituées de denrées alimentaires.
La faible connectivité entre les trois îles
entraîne des coûts de transport élevés. Cette
absence d’infrastructures de soutien (telles
que l’entreposage, le stockage frigorifique,
etc.) limite la capacité des zones à forte
productivité à approvisionner les marchés
urbains en croissance à des prix pouvant
rivaliser avec ceux des importations.
La performance des Comores en matière de
développement depuis 1975 a été façonnée
par trois caractéristiques déterminantes.¹
En raison de ces trois caractéristiques, les Comores sont comparées dans l'ensemble de la présente convention à
d'autres petits États insulaires ayant des revenus similaires, qui partagent un certain niveau de fragilité et de dépendance
vis-à-vis des envois de fonds. Voir le Chapitre 2 pour la liste complète des pays de comparaison.
¹
1. Résumé Éxécutif
2
Premièrement, le pays a une géographie
économique difficile : sa petite taille, son
éloignement et l’inaccessibilité de son
territoire font que les Comores souffrent, à
l’image d’autres petites îles, de problèmes
de déséconomie d’échelle, de marchés très
concentrés, d’un manque de concurrence
et d’un coût de la vie élevé résultant des
coûts de transport et de commerce élevés.
Deuxièmement, la fragilité politique et la
faiblesse des institutions formelles ont
exacerbé ces difficultés dans la mesure où
elles fragmentent davantage un pays déjà
petit, étant donné que l’État central, les îles
et les communautés locales offrent à la
population des structures de gouvernance
concurrentes, qui empêchent souvent une
collaboration productive. Troisièmement, les
envois de fonds ont contribué à approfondir
une trajectoire de croissance tirée par la
consommation et à une inégalité dans le
progrès vers la prospérité partagée : ils
permettent en effet à de nombreux Comoriens
de se sortir de la pauvreté tout en laissant pour
compte ceux qui ne peuvent pas compter sur
les réseaux de la diaspora.
Ces caractéristiques ont entraîné un
paradoxe de croissance faible et de pauvreté
modérée. Dans un contexte de stagnation
du PIB par habitant et de fragilité politique et
institutionnelle, le pays parvient tout de même
à réduire la pauvreté à des taux qui soutiennent
la comparaison à ceux d’autres pays à revenu
intermédiaire. Malgré une croissance toujours
faible, les Comores sont aujourd’hui un pays à
revenu moyen-inférieur (RNB par habitant de 1
280 USD en 2017, méthode de l’Atlas). Comme
le montre cette analyse, ce paradoxe s’explique
dans une large mesure par les importants flux
de fonds envoyés par une diaspora comorienne
grandissante. Près de quatre ménages sur dix
reçoivent des envois de fonds et les ménages
qui en bénéficient sont en moyenne moins
susceptible d’être pauvres à hauteur de 11
points de pourcentage que ceux qui ne peuvent
pas compter sur les transferts d’un membre de
la famille. Toutefois, comme les flux de fonds
sont très localisés dans l’une des trois îles, ils
ont également aggravé les disparités existantes.
Croissance
Après une forte volatilité au cours
des premières décennies qui ont suivi
l’indépendance, la croissance des Comores
s’est stabilisée à partir des années 2000
dans un équilibre persistant, caractérisé
par une faible croissance. Depuis lors, le
taux de croissance réel moyen du PIB par
habitant a été de 0,3 pour cent, le faible taux
de croissance de l’économie ne parvenant
pas à suivre le taux de fécondité élevé. La
croissance a été principalement tirée par la
demande, alimentée par les envois de fonds de
la diaspora. Du côté de l’offre, la main-d’œuvre
a été le principal facteur de croissance, mais
sans réaliser son potentiel en raison d’une
très faible participation à la population active
(voir Figure 1). La contribution du capital à la
croissance a été faible en raison d’un manque
d’épargne et d’investissement. La croissance
Figure 1: Contribution des facteurs à la
croissance potentielle du PIB4
3
2
1
0
-1
-2
Contribution TFP
Contribution du capital
Contribution de la main-d'oeuvre
Croissance potentielle du PIB
Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale à partir des comptes nationaux révisés des Comores et l’IDM
1991-1995 1996-2000 2001-2005 2006-2010 2011-2017
1. Résumé Éxécutif
3
de la productivité a été pratiquement nulle,
voire négative certaines années.
Les taux d’épargne et d’investissement
nationaux ont toujours été faibles aux
Comores, ce qui a eu des effets négatifs sur la
croissance. Les taux d’épargne nationaux bruts
aux Comores ont représenté en moyenne 5,9
pour cent du PIB depuis le début du siècle,
soit la moitié de la moyenne de l’Afrique
subsaharienne. L’épargne et l’investissement
publics sont limités par la faible mobilisation
des recettes intérieures et par un budget axé
sur la consommation. Le recouvrement des
recettes aux Comores est très faible, avec
une moyenne de 7 pour cent du PIB pour la
période 2000-2017. La faiblesse de la politique
et de l’administration fiscale, associées à un
faible niveau d’activité économique formelle,
limitent la base des recettes et contribuent à
la faible performance en termes de recettes
intérieures. L’importante masse salariale
laisse très peu de place aux dépenses pour
des domaines tels que les services sociaux,
l’éducation ou les projets d’infrastructure.
Une forte dépendance vis-à-vis de recettes
extérieures volatiles représente un défi pour
la planification budgétaire à moyen terme et
sape la dynamique des réformes structurelles.
Au cours des 10 dernières années, les dons
étrangers ont représenté entre 27 et 51 pour
cent du total des revenus.
Les Comores n’ont pas été en mesure
d’établir un climat de confiance propice à
l’investissement privé. L’instabilité politique
a fortement dissuadé l’investissement aux
Comores. En outre, le climat général des
investissements est mauvais, en particulier
en ce qui concerne les infrastructures et
la réglementation ; l’état de droit n’est
souvent pas respecté, ce qui remet en cause
le caractère exécutoire des contrats. Le
système financier (à l’exception de certaines
institutions de microfinance) jouit de peu de
confiance en raison d’interférences politiques
et d’un système judiciaire plus favorable aux
créanciers non payeurs qu’aux institutions
prêteuses. Les entreprises sous tutelle
publique fournissent des services coûteux de
qualité médiocre et représentent une charge
pour les finances publiques dans la mesure
où elles empêchent des investissements plus
efficaces, de tels investissements pouvant
stimuler l’activité du secteur privé.
La contribution du capital humain à la
croissance est limitée par les mauvaises
conditions de santé et d’éducation et
l’économie peine à créer des emplois. Les
Comores ont l’un des taux d’activité des
femmes les plus bas de la région et le taux de
chômage des jeunes est élevé, en particulier
chez les demandeurs d’un premier emploi.
Alors que les investissements aux Comores
faiblissent, l’activité du secteur privé se modifie
également, ce qui entraîne une économie qui
peine à créer des opportunités économiques
et des emplois pour sa population. En
conséquence, l’émigration a été multipliée
par trois au cours des 25 dernières années,
avec une part croissante de femmes quittant
le pays. Et comme les émigrés envoient
des fonds à leurs familles restées au pays,
cela n’incite pas les membres de la famille
aux Comores à contribuer au travail. La
productivité des personnes actives sur le
marché du travail est limitée par les conditions
d’éducation et de santé dans le pays.
Les Comores ne mettent pas à profit leur
potentiel en ressources. Les actifs naturels
abondent aux Comores, mais ils sont mal
gérés et risquent d’être gaspillés. Les
Comores sont dotées d’un sol volcanique
fertile, de bons niveaux de précipitations,
de beaux paysages et d’une zone de pêche
économique représentant 70 fois la superficie
de son territoire terrestre. Le pays avait aussi
une couverture forestière étendue. Ses
1. Résumé Éxécutif
4
paysages, sa topographie et son histoire
pourraient faire des Comores un lieu privilégié
pour le tourisme. Cependant, la faible capacité
de gestion publique et les pressions exercées
sur les revenus par les communautés qui
dépendent de la pêche et de l’agriculture pour
leur subsistance ont conduit à un épuisement
progressif des actifs naturels. Depuis 1990,
les Comores perdent tous les quatre ans 1
pour cent de leur couvert forestier au profit de
terres agricoles. Avec la disparition de la forêt,
l’érosion croissante a entraîné une baisse de
la fertilité des sols. Les ressources internes
renouvelables en eau douce sont soumises
à des pressions extrêmes et l’écosystème
maritime est menacé par la surpêche d’une
variété d’espèces.
Etant une très petite économie ouverte avec de
faibles exportations et un déficit commercial
important, les Comores sont vulnérables aux
chocs externes. La capacité d’exportation des
Comores est faible et est concentrée dans trois
produits seulement : le clou de girofle, l’ylang-
ylang et la vanille. Les recettes d’exportation
représentent moins de la moitié des dépenses
d’importation dans l’agriculture. Le déficit des
échanges de biens et de services s’est établi en
moyenne à 19 pour cent du PIB sur la période
2011-2017 et est compensé par d’importants
envois de fonds (estimés à 12 pour cent du PIB
sur la période 2011-2017). Par ailleurs, le volume
important de dons extérieurs (estimés à 8 pour
cent du PIB sur la période 2011-2017) a permis
de contenir le déficit du compte courant (3,2
pour cent du PIB en moyenne sur la période
2011-2017). Le franc comorien a été rattaché au
franc français depuis son indépendance, puis
à l’euro depuis 1999 (actuellement à 490 KM
pour un euro), ce qui a aidé la Banque Centrale
à maintenir l’inflation à un taux faible et les
réserves de change à des niveaux suffisants.
Depuis l’introduction de l’ancrage à l’euro,
le franc comorien s’est parfois écarté de ses
fondamentaux à moyen terme, combinant
des périodes de surévaluation (par exemple,
la période 1995-1999) à des périodes de sous-
évaluation (par exemple, la période 2002-2005).
Pauvreté et inclusion
Les Comores ont atteint des taux de pauvreté
comparables à ceux des pays les plus riches
de son groupe de revenu, mais il existe des
disparités régionales. Six Comoriens sur dix
peuvent être considérés comme non pauvres
en référence au seuil de pauvreté international
des pays à revenu moyen-inférieur (3,2 USD
par jour) et seuls deux Comoriens sur dix vivent
dans l’extrême pauvreté. Les chances de sortir
de la pauvreté sont élevées aux Comores : un
quart de la population pauvre pourrait sortir
Malgré les progrès accomplis dans la réduction de la pauvreté, une large partie de la population reste vulnérable.
1. Résumé Éxécutif
5
de la pauvreté si ses revenus augmentaient
de seulement 0,7 USD par jour. Cependant, la
moyenne dissimule les différences entre les
îles et entre le milieu rural et le milieu urbain
en matière de pauvreté. Ceux qui vivent à
Anjouan et à Mohéli ont respectivement 8
et 6 pour cent plus de risques de vivre dans
la pauvreté que ceux qui vivent à la Grande
Comore. L’incidence de la pauvreté est la plus
faible à Moroni - la principale ville de la Grande
Comore et capitale de l’Union des Comores.
Malgré de nettes disparités géographiques,
les principaux facteurs de pauvreté pour
l’ensemble des Comores sont la taille de
la famille, le secteur d’emploi du chef de
ménage et son niveau d’instruction. La
pauvreté chez les ménages augmente de
manière constante avec le nombre d’enfants,
atteignant un taux de 70 pour cent chez les
ménages de cinq enfants ou plus, contre
moins de 20 pour cent chez les ménages
sans enfant. La pauvreté est élevée chez ceux
qui travaillent dans l’agriculture et beaucoup
moins chez les employés, en particulier
dans le secteur des services, l’industrie et le
commerce. Moins de 10 pour cent des pauvres
travaillent dans le secteur public. L’éducation
primaire ne suffit pas, à elle seule, à accroître
les chances des pauvres de se sortir de la
pauvreté. Il existe un écart considérable en
termes de pauvreté entre les ménages dont
le chef a fait des études secondaires ou
supérieures et ceux dont le chef n’a pas ou a
peu d’enseignement primaire.
Le progrès vers la prospérité partagée a
été modeste. Alors que la consommation
moyenne par habitant a augmenté d’environ 30
pour cent entre 2004 et 2014, la consommation
moyenne des pauvres et des 40 pour cent les
plus pauvres de la population n’a augmenté
que d’environ 4 pour cent et 15,5 pour cent
respectivement. À 44,9, le coefficient de
Gini des Comores est légèrement supérieur
à celui de l’Afrique subsaharienne (42,3) et
significativement supérieur à celui de ses
homologues structurels (32,9). Les disparités
sont plus prononcées en milieu rural et à
Anjouan où le sous-emploi en rapport au
revenu (et non au temps) est élevé.² Pour
réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici
2030, les ménages comoriens situés au bas
de la répartition devront avoir une croissance
de la consommation deux fois plus rapide que
la moyenne. En revanche, si les pauvres tirent
profit de la croissance économique au même
rythme que par le passé, l’extrême pauvreté
aux Comores ne baissera que modestement,
passant de 18 pour cent en 2014 à environ 15
pour cent d’ici 2030.
Malgré les progrès réalisés sur les mesures
de pauvreté monétaire et non monétaire,
les deux tiers de la population restent
vulnérables aux privations. Compte tenu des
aspects non monétaires de la pauvreté, des
progrès ont été réalisés avec l’amélioration de
l’accès à la scolarisation et aux conditions de
vie, mais l’accès aux services de base reste
un défi. L’incidence de la privation - mesurée
par la proportion de la population démunie
dans au moins un tiers des dimensions du
bien-être, telles que la consommation et les
mesures de la pauvreté multidimensionnelle
- est tombée de 85 pour cent à 75 pour cent
entre 2004 et 2014. La population comorienne
connaît de grandes privations dans plusieurs
dimensions du bien-être, notamment l’accès
à l’électricité et aux combustibles de cuisson
efficaces, suivi de l’assainissement et de la
possession d’actifs. Mohéli et Anjouan sont
confrontés aux niveaux les plus élevés de
privation, tandis que les ménages de la Grande
Environ un quart de la main-d'œuvre souffre d'un sous-emploi lié au revenu (par opposition au sous-emploi lié au temps
qui est faible aux Comores), le taux de sous-emploi le plus élevé étant à Anjouan.
²
1. Résumé Éxécutif
6
Comore semblent être mieux lotis.
Les inégalités entre les îles ont contribué à
créer un sentiment de déséquilibre et une
perception d’inéquité qui ont pu contribuer
à l’instabilité politique dans le passé. La
persistance intergénérationnelle de la
pauvreté et des inégalités est principalement
imputable à la région de naissance de la
personne (telles que l’île). Les inégalités et
les disparités entre les îles se traduisent
également par des inégalités dans les
indicateurs de développement et l’offre de
services : par exemple, le taux d’accès à
l’électricité va de 65 pour cent à la Grande
Comore à 50 pour cent à Anjouan et à 20
pour cent à Mohéli. Les envois de fonds
ont contribué de manière significative à la
réduction de la pauvreté, mais en raison
de leur nature localisée, ils aggravent les
déséquilibres régionaux. La plupart des
envois de fonds vont à la Grande Comore
(environ 84 pour cent), l’objectif principal de
ces envois étant historiquement de financer
les dépenses élevées liées à l’organisation du
Grand mariage (voir Encadré 1 du Chapitre 3
pour de plus amples informations sur cette
tradition), tradition qui est plus courante sur
l’île centrale de l’Union des Comores.
Risques pour la durabilité de la croissance et la réduction de la pauvreté
La durabilité de la croissance et le
progrès vers la prospérité partagée aux
Comores sont confrontés à des risques
économiques, sociaux et environnementaux.
Un déséquilibre structurel continu entre la
mobilisation des ressources nationales et les
dépenses courantes compromet la capacité
à entreprendre des investissements propices
à la croissance et à fournir des services de
base pour réduire la pauvreté. Une grande
vulnérabilité au changement climatique –
combinée à une faible capacitée d’adaptation
- entraîne une vulnérabilité physique des
populations et fragilise le principal secteur de
production, l’agriculture. La protection sociale
aux Comores dépend presque exclusivement
des envois de fonds, mécanisme qui a fait
preuve d’une grande résilience au cours des
dernières décennies mais qui ne profite qu’à
certains groupes de la population. Les taux de
chômage élevés chez les jeunes (en 2014, un
jeune comorien en âge de travailler sur deux
était sans emploi) montrent non seulement
qu’il y a un atout sous-utilisé pour la croissance,
mais qu’il existe un groupe démographique qui
peut également représenter un risque social
avec l’accroissement des activités illégales
(notamment le trafic de stupéfiants et le trafic de
migrants) et l’influence croissante de religieux
au discours plus radical dans le contexte d’une
connectivité mondiale croissante.
L’ i n s t a b i l i té p o l i t i q u e re s te u n e
préoccupation à la fois pour la durabilité de
la croissance et pour la cohésion nationale
et sociale. L’instabilité politique généralisée
a été en partie un facteur de tension et de
méfiance entre les îles. En dépit de leur
identité sociolinguistique commune et de la
force unificatrice de l’Islam, les déséquilibres
entre les îles ont creusé les divisions. Ces
divisions ont culminé lors des tentatives de
sécession d’Anjouan et de Mohéli (de l’Union)
en 1997, puis à nouveau d’Anjouan en 2007.³
En 1997, les îles d'Anjouan et de Mohéli ont toutes deux déclaré leur indépendance. Mohéli, qui avait déjà revendiqué
son indépendance sans succès en 1991, a rejoint la République des Comores en 1998, après médiation de l'Union
africaine. Anjouan est restée indépendante jusqu'à la signature de l'accord de réconciliation nationale (Accords de
Fomboni) en février 2001. Une nouvelle tentative sécessionniste d'Anjouan a eu lieu en 2007, lorsque Mohamed
Bacar a refusé de quitter son poste après avoir atteint sa limite constitutionnelle de mandat. Cela a poussé à une
intervention militaire dirigée par l'Union africaine pour le destituer.
³
1. Résumé Éxécutif
7
Un accord de réconciliation nationale conclu
en 2001 - l’Accord de Fomboni - a introduit le
système de présidence tournante entre les
îles, contribuant à ouvrir la Voie à une suite
de transitions pacifiques et démocratiques
depuis 2002. Un référendum organisé le 30
juillet 2018 a donné au gouvernement le feu
vert pour redéfinir les arrangements politiques
du pays (voir le Tableau 2 au Chapitre 3
pour de plus amples informations sur les
modifications constitutionnelles apportées
par le référendum).
La durabilité est particulièrement menacée par
un risque important, celui de l’épuisement de la
richesse des ressources humaines, productives
et naturelles des Comores, à cause d’un bilan
médiocre en matière d’investissement et de
préservation (voir Figure 2). La richesse par
habitant des Comores - telle que mesurée par
le rapport de la Banque mondiale Wealth of
Nations de 2018 - est en baisse depuis 1995.⁴
Sur la même période, la richesse mondiale
a augmenté de 66 pour cent. En 2014, l’écart
de richesse par habitant entre les Comores et
les autres pays à revenu intermédiaire de la
tranche inférieure est parvenu à son niveau le
plus marqué depuis le début du millénaire. Alors
que le capital naturel a légèrement augmenté
en raison de l’expansion des aires naturelles
protégées, la capacité de création de richesses
des forêts et des terres cultivées a diminué. Les
avoirs extérieurs nets ont également diminué,
les déficits des comptes courants ayant été
assez importants et persistants au cours des
20 dernières années.
Les mesures de la richesse des nations utilisent une approche bilancielle de la santé d'une économie en appréhendant
la richesse d'un pays à travers quatre piliers de la génération de richesse : les actifs produits, les actifs humains,
les actifs naturels et les actifs étrangers nets. Le capital produit et les terrains urbains mesurent la machinerie, les
bâtiments, les équipements et les terrains urbains résidentiels et non résidentiels, mesurés aux prix du marché.
Le capital humain est mesuré comme la valeur actualisée des gains au cours de la vie d'une personne. Le capital
naturel comprend l'énergie (pétrole, gaz, charbon et houille) et les minéraux, les terres agricoles (terres cultivées
et pâturages), les forêts (bois et certains produits forestiers non ligneux) et les aires protégées terrestres. Le capital
naturel est mesuré comme la somme actualisée de la valeur des loyers générés sur la durée de vie de l'actif. Les
actifs étrangers nets représentent la somme des actifs et passifs transfrontaliers détenus par les résidents du pays. Il
s'agit, par exemple, des investissements directs étrangers et des avoirs de réserve. Les actifs nets étrangers négatifs
suggèrent que les passifs transfrontaliers dépassent les actifs transfrontaliers. Par exemple, l'encours de la dette
contractée à l'étranger pourrait dépasser largement les investissements directs étrangers.
⁴
Figure 2: Richesse totale par habitant, Comores et pays de comparaison (panneau a) et
type (panneau b)
30,000
25,000
20,000
15,000
10,000
5,000
-
12,000
10,000
8,000
6,000
4,000
2,000
0
-2,0001995 2000 2005 2010 2014 1995 2000 2005 2010 2014
a. Richesse totale par habitant (USD constants 2014) b. Richesse totale par habitant - Comores
Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure
Capital naturel par habitant
Actifs étrangers nets par habitant
Capital produit par habitant
Capita humain par habitant
Comores
Source : Banque mondiale, Wealth of Nations.
1. Résumé Éxécutif
8
Identité et Institutions
Quarante années de conflits politiques
alimentés par la recherche d’une identité
nationale et par des mouvements
séparatistes au niveau des îles ont affaibli
les institutions formelles aux Comores et ont
amenuisé la confiance des citoyens dans les
politiques publiques. Le principal point de
référence pour la plupart des Comoriens reste
leur village d’origine. En présence de ces fortes
structures localisées, l’État formel a du mal à
s’établir. La faiblesse des institutions formelles,
la faible portée et la faible présence de l’État
et la contestation de son autorité contribuent
à un manque de continuité dans l’élaboration
de politiques, autant de problèmes qui ont une
incidence profonde sur la capacité des Comores
à attirer des investissements et à fournir des
services à leurs citoyens. L’incapacité de l’État
formel à fournir des services de qualité d’une
manière perçue comme étant inclusive et
équitable affecte sa légitimité et sa capacité
à jouer un rôle de médiation dans les conflits,
comme on observe souvent dans les pays
fragiles (et comme le relève la publication
conjointe de la Banque mondiale et de l’ONU
de 2018, Pathways for peace). Enfin, comme
les envois de fonds ont constitué un filet de
sécurité sociale pour ceux qui les reçoivent,
ils ont peut-être réduit l’incitation de l’État à
mobiliser des recettes intérieures et à les
investir dans des services publics.
L’incapacité de l’État à établir une présence
égale et solide sur son territoire renforce
le recours aux structures traditionnelles.
Celles-ci sont susceptibles de supplanter les
institutions formelles en termes d’autorité
morale et représentent un point de départ
permettant de remédier aux déficits
de développement et aux perceptions
de marginalisation. Les organisations
communautaires financent des services
pour leurs villages et leurs communautés à
l’aide de fonds envoyés par des membres
de la diaspora qui maintiennent les liens
avec leur village d’origine. Les institutions et
structures informelles sont enracinées dans le
pouvoir local traditionnel et bénéficient d’une
crédibilité et d’une légitimité grandissantes
au sein de la population. Il est possible de
renforcer la légitimité de l’Etat formel en
renforçant les liens entre ces systèmes de
gouvernance parallèles tout en veillant à
ce que les organisations communautaires
continuent d’influencer leurs propres
décisions et interventions de développement.
Cependant, comme le souligne le World
Development Report 2011 sur les conflits, la
sécurité et le développement, le processus de
transformation des institutions est lent et peut
prendre une génération, voire davantage. Un
recalibrage des politiques gouvernementales
visant à fournir des services en partenariat avec
les institutions locales, ainsi que des mesures
visant à soutenir les régions présentant un
retard de développement, pourraient offrir aux
Comores un moyen de capitaliser ses atouts
et d’améliorer le bien-être de sa population.
Pour amener les Comores à dépasser leur
faible taux de croissance et parvenir à une
réduction durable de la pauvreté et à une
prospérité partagée, la présente Etude
diagnostique systématique de pays (EDSP)
propose au pays de s’engager dans trois
Voies : (i) combler le déficit d’investissement,
(ii) augmenter le capital humain et (iii) protéger
et exploiter les ressources naturelles. L’EDSP
cerne en outre les principales contraintes
qu’il faudrait surmonter pour débloquer
ces Voies. Enfin, reconnaissant les défis
institutionnels importants qu’il faudra relever
pour s’attaquer de manière crédible à ces
contraintes, l’EDSP fait une proposition sur
la manière de relever le défi fondamental
de l’identité et des institutions des Comores.
Cependant, d’importantes lacunes dans la
connaissance de la dynamique sociale plus
1. Résumé Éxécutif
9
profonde des Comores subsistent et devront
être comblées dans les années à venir pour
Les besoins d’investissement des Comores
sont importants. Avec une moyenne de 16,7
pour cent du PIB, les investissements totaux
ont été respectivement inférieurs de 4,6
pour cent et 7 pour cent à la moyenne de
l’Afrique subsaharienne et des pays pairs en
termes structurels depuis le début du siècle.
Les investissements directs étrangers ont
représenté en moyenne un peu plus de 1 pour
cent du PIB au cours de la dernière décennie.
Une pénurie prolongée d’investissements,
combinée à une croissance démographique
rapide, a entraîné un déclin du capital productif
par habitant des Comores, un faible niveau
de capital humain et un lent épuisement du
capital naturel. Selon le rapport de la Banque
mondiale sur la richesse des nations, le
capital productif par habitant des Comores
a été divisé par deux entre 1995 et 2018 et
représente maintenant la moitié de celui des
autres pays d’Afrique subsaharienne et de la
tranche inférieure moyenne de revenu.
Le manque de crédibilité des institutions
formelles et le manque de confiance en leur
capacité est au cœur de la problématique de la
faiblesse des investissements des Comores. Les
investisseurs locaux et étrangers (y compris la
diaspora) recherchent la prévisibilité et la fiabilité
lorsqu’ils effectuent des investissements, leurs
bénéfices ne se concrétisant qu’après plusieurs
années. Comme dans d’autres pays, l’instabilité
politique et la faiblesse de l’état de droit ont
été les principaux facteurs de dissuasion des
investisseurs aux Comores. La faiblesse de la
capacité à assurer une bonne gestion macro-
économique, caractérisée entre autres par
aider les Comores à s’attaquer à certaines de
leurs fragilités profondes.
des décisions budgétaires incohérentes et
erratiques, et une tendance à dépenser en
salaires plutôt qu’en investissements ont limité
la capacité du Gouvernement à effectuer
des investissements publics et à mobiliser
des recettes intérieures. Les acteurs privés
se trouvent découragés à investir dans des
secteurs centraux tels que l’agriculture à cause
de la faiblesse de l’état de droit, de la fragilité
du système financier et d’un environnement
économique difficile, mettant en doute la
rentabilité des éventuels investissements. En
outre, dans un environnement où l’État fournit
peu de services, la population donne la priorité
aux dépenses de consommation par rapport à
l’investissement puisqu’elle doit supporter elle-
même les dépenses d’éducation et de santé.
Des années de faible investissement ont
compromis la performance des Comores
en matière de croissance et ont conduit à
des inégalités croissantes. Depuis 2001,
la contribution des investissements à la
croissance a été faible et parfois négative.
La faiblesse de l’investissement a eu pour
corollaire un faible développement du
secteur privé et peu de création d’emplois,
résultant en une faible demande de main-
d’œuvre et un des taux de participation
de la main-d’œuvre parmi les plus bas de
l’Afrique subsaharienne, un autre frein à la
croissance. Les investissements publics dans
la connectivité inter et intra-îles ainsi que dans
d’autres services d’infrastructure essentiels,
tels que l’électricité et le traitement de l’eau,
devraient être une priorité si l’on veut accroître
la productivité dans les secteurs essentiels
n°1Voies Combler le déficit d’investissement
1. Résumé Éxécutif
10
tels que le secteur agricole, les services et le
commerce et créer les conditions propices
au développement du secteur manufacturier
et du tourisme. La faiblesse des services de
transport coupe actuellement les bassins de
production excédentaire des marchés urbains
en croissance. Le manque d’investissement
public a également entraîné une faiblesse de
la prestation de services et une augmentation
des inégalités. Le manque d’accès aux services
de base tels que l’eau courante, l’électricité,
les centres de santé ou les marchés est l’un
des plus puissants prédicteurs de la pauvreté
aux Comores. La faiblesse des services
publics a conduit à une privatisation des
services de santé. Les Comores sont l’un des
pays au monde où la part des dépenses de
santé payées directement par les ménages
est la plus élevée, et environ 35 Comoriens
par jour sombrent dans la pauvreté suite au
paiement de soins de santé.
Le faible investissement dans la prestation
de services de base sape un contrat social
déjà fragile entre les îles. Les inégalités
sont apparues entre les îles en matière
d’infrastructures et de services de base dans
les domaines de la santé et de l’éducation et
risquent d’aggraver un sentiment de coupure
déjà existant entre les îles. Ces inégalités
alimentent le désir de chaque île d’affirmer ses
intérêts financiers au pouvoir, perpétuant ainsi
la politisation de l’allocation des ressources.
Les communautés locales compensent
l’absence de l’État et deviennent de plus en
plus autonomes. Les écoles et les rues sont
construites avec des fonds de la diaspora,
ce qui conduit à une allocation pas toujours
efficace des ressources privées et à une
privatisation progressive d’importants services
sociaux. Cependant, comme les mécanismes
d’adaptation locaux diffèrent au sein de l’Union
des Comores, les communautés ne s’en sortent
pas toutes de la même manière. Les inégalités
sont particulièrement en défaveur d’Anjouan,
qui à la différence de la Grande Comore et de
Mohéli, ne bénéficie du principal mécanisme
d’adaptation, à savoir les envois de fonds.
Le capital humain aux Comores est
aujourd’hui en deçà de son potentiel.
Parmi les différents types d’actifs et de
capitaux qu’un pays possède - productifs,
humains et naturels -, le capital humain est
le domaine où les Comores sont à la traîne
par rapport aux autres pays à revenu moyen-
inférieur. Aux Comores, les enfants lorsqu’ils
atteignent l’âge de 18 ans peuvent espérer
avoir terminé 8,4 années de scolarité, soit
deux ans de moins que leurs pairs des autres
pays à revenu moyen-inférieur. Et lorsque les
années de scolarité sont ajustées en fonction
de la qualité de l’apprentissage, ce chiffre
tombe à 5,3 années seulement. Les filles sont
nettement moins scolarisées que les garçons
et les grossesses chez les adolescentes sont
deux à trois fois plus courantes que dans les
pays pairs aspirationnels. Parmi les enfants,
31 sur 100 grandissent avec un retard de
croissance causé par la malnutrition et le peu
d’attention accordé au développement de la
petite enfance.⁵ Enfin, le retard de croissance
étant le plus fréquent chez les pauvres aux
n°2Voies Accroitre le capital humain des Comores
Le retard de croissance est un indicateur important parce qu’il reflète l'environnement sanitaire global d'un pays et
compromet le potentiel à long terme des individus à contribuer de manière productive au développement d'un pays.
⁵
1. Résumé Éxécutif
11
Comores, il aggrave les inégalités existantes
s’il n’est pas corrigé.
Il est essentiel d’accroitre le capital humain
des Comores si l’on veut accélérer la
croissance et réduire la pauvreté. Il impératif
d’investir dans le capital humain pour la
croissance et la réduction de la pauvreté.
Compte tenu des conditions actuelles du
capital humain aux Comores, un enfant né
aujourd’hui n’aura à l’âge adulte que 40 pour
cent de la productivité qu’il aurait eue s’il
avait bénéficié de services d’éducation et
de santé complets. L’investissement dans le
capital humain exige l’attention immédiate
des décideurs parce que les avantages en
termes de croissance des investissements en
capital humain ont tendance à être différés
d’une génération. Les investissements réalisés
dans la jeunesse d’aujourd’hui ne créeront une
main-d’œuvre plus productive qu’une fois que
ces jeunes seront sur le marché du travail.
En revanche, les investissements en capital
humain ont l’avantage d’être moins coûteux
que les investissements en capital physique.
Et alors que ces investissements sont réalisés,
des investissements supplémentaires dans le
capital physique au titre de la première Voie
peuvent avoir un impact plus immédiat sur
la croissance et ouvrir la voie à la prochaine
génération en créant des opportunités
d’emploi lorsqu’ils seront prêts à entrer sur le
marché du travail.
Le capital humain soutient d’autres sources
de croissance et d’inclusion. Il complète
le capital physique dans le processus de
production et constitue un intrant important
de l’innovation technologique et de la
croissance à long terme.⁶ Le capital humain
favorise également le capital social. Des
études effectuées à travers le monde ont
montré que les personnes les plus instruites
font davantage confiance aux autres. Ce
type de capital social est à son tour associé
à une croissance économique plus forte.
Inversement, le fait de ne pas protéger le
capital humain sape la cohésion sociale. Le
capital humain est l’un des premiers domaines
à être affecté en cas de détérioration de la
situation. Les longs conflits et la fragilité
peuvent empêcher des générations entières
de réaliser leur potentiel ou les inciter à
quitter le pays pour mettre leurs talents à
l’œuvre ailleurs.
Les investissements dans le capital humain
peuvent également entrainer un dividende
de la croissance démographique. Avec 4,2
naissances par femme en 2014, les Comores ne
font qu’amorcer la transition démographique.
Les taux de fécondité élevés et la forte
croissance démographique pèsent lourd
sur les ménages, le nombre de personnes à
charge vivant dans des ménages pauvres aux
Comores étant élevé.⁷ En tant que pays parmi
les plus densément peuplés du monde,⁸ une
fécondité élevée augmente également la
pression foncière, ce qui peut compromettre
la durabilité de la croissance.⁹ La réduction des
taux de dépendance non seulement atténue la
pression exercée sur les revenus des ménages
pauvres, mais peut également accroître
les possibilités d’épargne qui soutiennent
Putnam, Leonardi, et Nanetti (1993); Helliwell et Putnam (1995); Keefer et Knack (1997).
Les 40 pour cent les plus pauvres parmi les ménages comoriens ont en moyenne 3,5 enfants de plus que les 30 pour
cent les plus riches et ont des taux de dépendance beaucoup plus élevés.
Malgré une émigration nette, les Comores sont l'un des pays les plus densément peuplés du monde, avec 328 personnes
vivant en moyenne sur un kilomètre carré.
Jayne, Chamberlin, et Headey (2014).
⁶
⁷
⁸
⁹
1. Résumé Éxécutif
12
Les ressources naturelles sont au centre
des moyens de subsistance et de l’activité
économique aux Comores. Les Comoriens
vivent de leurs ressources naturelles. Environ
39 pour cent du PIB des Comores est généré
par des activités dans lesquelles la terre, la mer
et la nature sont des intrants importants. Avec
31,6 pour cent du PIB total (2011-2017), dont
7,5 pour cent du PIB pour la pêche, l’économie
des Comores est davantage dominée par
l’agriculture que dans tout autre pays ou groupe
de comparaison. L’agro-industrie légère, qui
dépend de la production agricole, génère 44
pour cent du PIB. Enfin, bien qu’il soit petit par
comparaison mais qu’il offre un fort potentiel,
le secteur du tourisme contribue pour 3,4 pour
cent du PIB à l’économie. L’agriculture et la
pêche génèrent 38 pour cent des emplois et 50
pour cent des pauvres tirent leur subsistance
de ces deux secteurs.
davantage la croissance.¹⁰ Les investissements
en capital humain peuvent contribuer à
concrétiser le dividende démographique :
il a été démontré que l’amélioration de la
qualité de l’éducation et du nombre d’années
La croissance dans les secteurs liés aux
ressources naturelles a été stagnante et
inférieure au potentiel. Bien qu’ils soient
traditionnellement les principaux moteurs de
la croissance aux Comores, les secteurs de
l’agriculture et de la pêche ont une très faible
productivité par rapport à ce que l’on observe
dans les pays pairs. Le potentiel est déjà atteint
en ce qui concerne l’expansion des terres et
les heures de travail des agriculteurs sur les
parcelles aux Comores. La faible productivité
résulte de la dégradation des sols, de la
raréfaction de l’eau, des pratiques agricoles
obsolètes, de l’absence de rendements
améliorés et de l’absence de chaînes de
valeur. En mer, les pêcheurs pratiquent
une pêche de subsistance pour des raisons
de sécurité et par de manque de services
spécialisés et d’entreposage frigorifique.
De ce fait, les étrangers sont les principaux
d’instruction, en particulier pour les femmes,
entrainait une réduction du taux de fécondité
dans la mesure où la première grossesse
est retardée et les coûts d’opportunité de la
procréation augmentent.¹¹
Globalement, on a constaté qu'une baisse de 1 pour cent du taux de dépendance est associée à une baisse de 0,75 point
de pourcentage de l’effectif de pauvreté et qu'une augmentation de 1 point de pourcentage de la part de la population
active stimule la croissance économique de 1,1 à 2,0 points (Banque mondiale 2016, Marcio Cruz S. Amer Ahmed 2016).
Après la baisse de la mortalité infanto-juvénile, une baisse subséquente de la fécondité entrainera une augmentation
de la part de la population en âge de travailler. Avec moins de personnes à charge et plus de personnes au travail, la
croissance par habitant s’accélèrera, même lorsque la production par personne en âge de travailler reste constante
(Bloom et Williamson 1997a). Deuxièmement, une baisse de la fécondité pourrait entrainer une augmentation de la
participation des femmes au marché du travail, ce qui renforcerait l'effet pro-croissance. Non seulement la part de
la population en âge de travailler augmentera, mais la main-d'œuvre économiquement active augmentera encore
davantage, ce qui entrainera une augmentation de la production par personne en âge de travailler. Troisièmement,
avec moins d'enfants, les familles (et l'État) auront la possibilité d’accroire les dépenses pour le bien-être et l’éducation
par enfant. A mesure que ces enfants atteignent l'âge de travailler et entrent sur le marché du travail, la productivité
de la main-d'œuvre augmentera en raison de l'amélioration de la santé et du niveau d'instruction. Ainsi, la transition
démographique est associée à une augmentation de la productivité de la main-d'œuvre, que l'on peut qualifier d’«
effet compétences » de la transition démographique.
¹⁰
¹¹
n°3Voies Accroitre le capital humain des Comores
13
1. Résumé Éxécutif
utilisateurs des généreuses zones de pêche
des Comores, souvent dans l’illégalité, causant
une surexploitation de nombreuses espèces.
Le tourisme reste en grande partie inexploité,
notamment en raison d’un environnement peu
attractif pour les investissements, un problème
qui pourrait être résolu avec des progrès dans
la première Voie.
L’amélioration de la productivité de
l’économie fondée sur les ressources offre
des possibilités de réduction de la pauvreté.
Les Comores couvrent une part exorbitante de
leurs besoins alimentaires par des importations
(39,4 pour cent de toutes les importations de
marchandises contre 18,7 pour cent pour l’Afrique
subsaharienne). Cette forte dépendance vis-à-
vis des importations de produits alimentaires
rend le pays vulnérable aux chocs de prix,
freine le potentiel de croissance des Comores
en décourageant les investissements privés dans
le secteur agricole et pèse sur ses réserves de
change. Il expose également les consommateurs
à l’insécurité alimentaire - comme cela s’est
produit récemment en 2008¹² - et constitue une
occasion manquée de réduire la pauvreté et
d’accroître la croissance économique grâce à la
substitution des importations. Il a été démontré
que la croissance dans la production d’aliments
de base a un effet multiplicateur et présentent
des élasticités plus grandes que ceux d’une
croissance égale de la productivité des cultures
de rente (Diao et al. 2012) parce qu’ils sont
produits par la plupart des ménages ruraux et
parce que la productivité de ces produits est
encore très faible.
Les ressources naturelles des Comores
doivent être protégées davantage parce
qu’elles sont de plus en plus vulnérables et
exposées à des chocs fréquents et coûteux.
En raison de sa situation géographique et de
sa topographie, les Comores font partie des
pays les plus vulnérables au climat. De plus,
les pressions démographiques ont entraîné
une déforestation et une dégradation de la
qualité des terres agricoles. L’élévation du
niveau de la mer a entraîné une augmentation
de la salinité des eaux souterraines. Les
lieux de pêche ne sont pas protégés de la
pêche illégale et risquent d’être exploités.¹³
Un Comorien sur deux a été touché par
une catastrophe naturelle depuis 2005. Les
catastrophes naturelles ont un impact négatif
sur l’économie, d’une valeur allant de 1 à 3 pour
cent du PIB chaque année. Les pertes étant
les plus prononcées à Anjouan où l’agriculture
prédomine, ces pertes tendent également à
aggraver les inégalités.
La Figure 3 donne un résumé visuel des
relations entre les fondements de l’identité et
des institutions, les Voies et leurs interactions.
Le renforcement de l’identité et des institutions
en tant que deux facteurs fondamentaux sera
la clé du développement futur des Comores.
Après une longue période au cours de laquelle les denrées alimentaires de base étaient abondamment disponibles
sur les marchés mondiaux et les prix internationaux étaient bas et stables, la volatilité extrême est revenue. Depuis
2008, les prix internationaux du riz, du blé et du maïs ont fortement fluctué, atteignant parfois des niveaux jamais vus
depuis des décennies. Comme les Comores importent une grande partie de leur consommation alimentaire, le pays
est particulièrement exposé à l'instabilité des marchés alimentaires mondiaux.
Les Comores se classent 65e sur 180 sur l'indicateur concernant la pêche de l'indice environnemental de Yale, composé
d'un indicateur de l'état des stocks de poisson (53e/180) et d'un indice trophique marin régional (RMTI pour ces sigles
en anglais) (82e/180). L’indicateur de l’état des stocks de poisson indique le pourcentage de stocks de poisson capturés
dans la zone économique exclusive (ZEE) d’un pays qui sont surexploités ou écroulés. Le RMTI évalue dans quelle
mesure le secteur de la pêche a exploité des espèces plus grandes et de niveaux trophiques supérieurs et attrape de
plus en plus d'espèces plus petites et de niveau inférieur, ce qui a un impact négatif sur la santé de l'écosystème. Un
classement inférieur sur les deux indices est associé à une meilleure performance relative.
¹²
¹³
14
1. Résumé Éxécutif
Figure 3: Résumé des interactions entre les trois Voies
VOIE 3Protéger les
ressources naturelles
VOIE 2Accroître le capital humain
VOIE 1Combler le déficit d'investissement
FONDEMENTS DE L'IDENTITÉ ET DES INSTITUTIONS
Une meilleure gestion des ressources naturelles peut favoriser l'amélioration de la santé (par exemple, par une meilleure nutrition et une eau plus propre).
L’amélioration du capital humain soutient le capital social
... une main-d'œuvre plus instruite possède les compétences nécessaires pour améliorer la gestion des ressources naturelles.
Une meilleure gestion des ressources naturelles crée des opportunités d'investissement.
... à mesure que l'environnement pour l'investissement s'améliore, que les opportunités économiques s'améliorent et que l'investissement dans le capital humain devient plus attractif
...créer un environnement de prévisibilité et de confiance qui est la clé de l'investissement.
Celles-ci constituent non seulement les
fondements du capital social et d’une plus
grande stabilité politique, mais ont également
un impact profond sur la capacité des Comores
à attirer des investissements nationaux et
étrangers. Comme les investissements se
font sur la durée, ils ont besoin de prévisibilité
pour permettre aux investisseurs de planifier
et d’évaluer les risques associés à leurs
investissements. Lorsque les règles changent
souvent ou ne sont pas appliquées, les
investisseurs perdent courage. Ainsi, les taux
d’investissement à l’échelle mondiale sont plus
élevés dans les pays où l’on trouve la stabilité
politique et des institutions fortes.¹⁴ Si les
Comores parviennent à débloquer la première
Voie pour combler le déficit d’investissement, il
sera plus facile de débloquer les deux autres
Voies dans la mesure où elles disposeront
de plus de fonds d’investissement pour les
soutenir. Cela ne veut pas dire pour autant
qu’il n’y a pas lieu d’accorder de l’attention
à ces deux dernières Voies aujourd’hui. Les
investissements dans le capital humain ne
rapportent qu’après une génération, il est
donc important de commencer aujourd’hui.
Et, à mesure que les taux d’investissement
augmenteront, la demande de main-d’œuvre
intérieure aux Comores, actuellement très
faible, augmentera, ce qui fera que les coûts
d’opportunité augmenteront si le pays n’investit
pas dans l’amélioration de l’éducation. Au fur et
à mesure que le niveau de capital humain aux
Comores augmentera, le rehaussement des
compétences favorisera l’innovation dans les
services, mais aussi dans des secteurs établis
tels que l’agriculture et la pêche. Cela peut
contribuer à améliorer la productivité de ces
secteurs, les rendant plus attractifs pour les
investisseurs. La protection des ressources
naturelles qui sont à la base de ces secteurs
devrait déjà être une priorité de nos jours parce
qu’une grande partie des ressources naturelles
met du temps à se régénérer une fois épuisée.
Bénassy‐Quéré et al. (2007) ; Acemoglu et al. (2001); Alesina et Perotti (1996); Besley (1995); Svensson (1998); Barro (1998);
Schneider et al. (1985).
¹⁴
1. Résumé Éxécutif
15
• Application : améliorer le registre
foncier et l’enregistrement des
contribuables, mieux faire respecter
Principales contraintes et priorisation
Pour débloquer les trois Voies, plusieurs
contraintes clés doivent être levées. À partir
d’une longue liste de réformes requises
présentées dans ce rapport, nous avons
cerné les 12 contraintes les plus critiques pour
les trois Voies considérées : (i) un effet plus
fort sur le potentiel de croissance et (ii) un
impact plus important sur la réduction de la
pauvreté et une plus grande inclusion sociale.
D’autres critères tels que les retombées, les
conditions préalables et l’horizon temporel
des réformes ont également été pris en
compte. Ceux-ci sont traités tour à tour ci-
après. Par ailleurs, le Tableau 1 propose une
priorisation de ces principales contraintes
sur la base d’une mesure de l’urgence de
la réforme. La méthodologie de calcul de
cette mesure est présentée au Chapitre 8.
Plus le rouge des barres est profond, plus il
est urgent pour les Comores de s’attaquer à
la contrainte correspondante.
Combler le déficit d’investissement. Pour
débloquer cette Voie, il faudra prêter attention
à quatre domaines clés de la réforme :
À court terme :
• Améliorer la gestion macro-économique
pour créer un climat de confiance pour
les investisseurs. Pour combler le déficit
d’investissement, il faudrait commencer
par allouer des budgets plus élevés aux
investissements publics. Pour pouvoir
le faire avec les sources de revenus
existantes, le Gouvernement comorien
doit améliorer sa gestion de la masse
salariale, résister aux pressions en faveur
d’une augmentation de l’emploi dans le
secteur public et améliorer l’efficacité
des dépenses existantes. L’amélioration
de la gestion macro-économique signifie
également que le processus budgétaire
doit devenir plus réaliste et prévisible et que
le financement de la dette doit être ancré
dans un cadre budgétaire à moyen terme.
Actuellement, les propositions budgétaires
manquent souvent de réalisme. Un examen
public plus approfondi de ces propositions
pourrait favoriser un processus budgétaire
plus crédible. Les Comores ont l’un des
budgets les moins transparents au monde
et le contrôle parlementaire est souvent
contourné. L’implication des communautés
locales dans le cadre d’une budgétisation
participative pourrait contribuer à améliorer
la qualité des services de base et à renforcer
la confiance des communautés locales. Dans
le cadre d’une meilleure gestion macro-
économique, il conviendrait également
de créer davantage de transparence en
ce qui concerne la performance des plus
grandes entreprises publiques du pays.
Des progrès sur tous ces fronts aideraient
à établir un climat de confiance pour les
investisseurs privés nationaux et étrangers
et pourraient contribuer à accroitre les taux
d’investissement privés.
• Développer la mobilisation des revenus
nationaux. Une transformation importante
de l’administration et des politiques en
matière de recettes est nécessaire pour
réduire la dépendance vis-à-vis d’un
financement budgétaire instable provenant
de l’étranger et créer un espace budgétaire
plus important pour les investissements
publics. À court terme, cet objectif devrait
être atteint, idéalement, par une combinaison
de mesures qui favorisent simultanément
: i) l’application des politiques fiscales, ii)
la facilitation du respect des obligations
fiscales et iii) la confiance dans les dépenses
de l’État. Ces mesures incluent :
1. Résumé Éxécutif
16
les obligations fiscales des entreprises
d’État, réduire l’informalité des
entreprises, accroître l’interopérabilité
entre les administrations douanière
et fiscale et poursuivre la réduction
des exemptions injustifiées et
discrétionnaires des douanes.
• Facil itation : promouvoir la
simplification des structures des
impôts et des tarifs douaniers, tout
en rationalisant les procédures afin
de réduire les transactions associées
au paiement des impôts et des
taxes. Des efforts doivent également
être consentis pour déployer des
programmes à impact sur les impôts
et les taxes et envisager l’utilisation
de technologies bas de gamme pour
favoriser le respect des obligations
fiscales (SMS de rappel de taxe,
paiements par mobiles, par exemple).
• Renforcement de la confiance :
Adopter des politiques qui favorisent
les liens visibles entre les dépenses
publiques et la fourniture de biens
et services publics. Ces efforts,
visant en particulier le niveau local,
peuvent inclure des initiatives telles
que : i) les contributions fiscales
locales affectées à des projets
pilotés par les communautés, ii) les
transferts du gouvernement central
qui incitent à adopter des pratiques
de budgétisation participative et à
mobiliser les impôts locaux, et iii) les
réunions budgétaires périodiques
ou « assemblées » où l’on examine
les contributions fiscales et les
investissements locaux.
A moyen terme :
• Améliorer l’intermédiation du secteur
financier. Le secteur financier comorien
est faible et doit être soutenu par la mise
en place de l’infrastructure nécessaire afin
que le secteur puisse jouer son rôle de
canalisation de l’épargne vers le crédit
d’investissement, tout en favorisant
l’accès aux services financiers pour une
plus grande partie de la population.
La résolution de la crise de liquidité et
d’insolvabilité de la banque postale,
la SNPSF, un acteur d’une importance
systémique, sera d’une importance
fondamentale à court terme. Pour remédier
à la faiblesse du secteur financier, il faudra
également s’attaquer au problème de
capacité des tribunaux à faire exécuter
les paiements de créances, qui est à
l’origine de l’augmentation des prêts non
productifs (PNP) dans le système.
• Créer un environnement commercial
favorable. Pour attirer l’investissement, les
investisseurs doivent avoir la certitude que
le rendement privé de l’investissement
peut également être réalisé. Dans le
contexte d’un petit marché intérieur - où
les rendements sont déjà limités par des
déséconomies d’échelle - cela ne peut se
faire qu’en créant un climat d’investissement
plus favorable aux entreprises et en
assurant une meilleure protection des
droits de propriété. Les résultats des
Comores au classement international en
matière de climat des affaires indiquent
qu’une attention particulière doit être
accordée à l’exécution des contrats, le
paiement des taxes et impôts, la création
et la fermeture d’entreprises, la protection
17
1. Résumé Éxécutif
des investisseurs et l’électricité. Un
code des investissements moins sujet
aux exonérations fiscales et douanières
au gré des circonstances favoriserait
une concurrence loyale. Les accords
commerciaux internationaux pourraient
servir de points d’ancrage extérieurs
à l’appui du programme de réforme
de l’environnement des entreprises.¹⁵
L’amélioration de l’environnement des
entreprises, qui favoriserait l’esprit
d’entreprise et la performance des
entreprises existantes, profiterait à tous
les secteurs.
Accroître le capital humain. Les principaux
domaines de réforme dans le cadre de cette
Voie sont les suivants :
A court terme :
• Réduire la mortalité infanto-juvénile.
Les principales causes de mortalité
infanto-juvénile aux Comores sont les
maladies transmissibles évitables telles
que la diarrhée et la pneumonie, malgré
le recours fréquent aux services de soins
de santé par les mères et leurs enfants.
Par conséquent, pour relever ce défi
en matière de santé, il faut prendre des
mesures du côté de l’offre de soins de
qualité. Trois domaines d’action devraient
être considérés comme prioritaires.
Premièrement, une formation plus poussée
du personnel des établissements de santé
est nécessaire pour que les cas puissent
être diagnostiqués de manière précise dans
les meilleurs délais. Deuxièmement, les
formations sanitaires doivent être équipées
du bon matériel et de médicaments.
Troisièmement, il manque actuellement un
système de référence solide, permettant
aux cas avec complications de recevoir
des soins de niveau supérieur. Tout cela
exige de disposer de meilleures données
pour les décideurs politiques afin de mieux
connaitre la qualité de soins existante et
cibler les appuis de manière optimale en
se fondant sur ces données factuelles.
• Réduire le retard de croissance : La solution
réside en grande partie dans l’apport des
nutriments appropriés à la population au
cours des premières années de la vie au
moment où les bases du potentiel humain
se créent. Il ne s’agit pas seulement
d’avoir accès à une alimentation nutritive,
mais aussi d’éduquer les mères et les
familles. Les plateformes communautaires
d’éducation et de promotion de la
nutrition sont largement reconnues
comme des stratégies importantes pour
la mise en œuvre d’interventions clés
pour la survie de la mère et de l’enfant.¹⁶
Une gamme complète d’interventions
promotionnelles, préventives et curatives
peut être mise en œuvre par le biais d’une
plateforme communautaire et pourrait
significativement améliorer les résultats
nutritionnels parmi les populations
difficiles à atteindre.¹⁷ En outre, il convient
d’élargir la couverture des interventions
Au cours du second semestre 2017, les Comores ont confirmé leur appartenance à trois organisations internationales,
à savoir la Communauté de développement de l'Afrique australe, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) et la
Banque africaine d'importation et d'exportation. En outre, le processus d'accession à l'OMC progresse, les Comores
poursuivant leur engagement soutenu et constructif dans ce processus alors qu'elles approchent des dernières
étapes précédant leur adhésion à l'OMC.
Haines A, Sanders D, Lehmann U, et al. Achieving child survival goals: potential contribution of community health
workers. Lancet 2007 ; 369 : 2121-31.
GHWA. Expérience mondiale des agents de santé communautaires en matière de réalisation des objectifs du Millénaire
pour le développement liés à la santé : examen systématique, études de cas par pays et recommandations en vue de
leur intégration dans les systèmes de santé nationaux. Genève : Alliance mondiale pour les personnels de santé, 2010.
¹⁵
¹⁶
¹⁷
18
1. Résumé Éxécutif
nutritionnelles à fort impact (y compris la
fourniture de services d’eau améliorés) pour
soutenir ce programme et lutter contre
les taux relativement élevés de retard
de croissance qui existent parmi les plus
pauvres. À long terme, l’amélioration de la
nutrition stimulera la productivité du travail.
A moyen terme :
• Améliorer la qualité de l’éducation. Il
faut améliorer le niveau d’instruction des
nouvelles cohortes qui entrent sur le
marché du travail. Les politiques requises
pour améliorer le niveau d’instruction
sont de trois ordres : i) mettre davantage
l’accent sur l’apprentissage, en mesurant
systématiquement les résultats de
l’apprentissage et en communiquant les
résultats aux écoles ; ii) accorder une plus
grande attention aux enseignants, facteur
le plus important de l’apprentissage
des élèves ; et iii) transformer les écoles
en espaces dignes des enfants qu’elles
servent. Les Comores sont à la traîne en
ce qui concerne le pourcentage d’écoles
disposant de toilettes séparées pour les
filles et les garçons, avec seulement 11
pour cent des écoles disposant de telles
installations de base, contre une moyenne
régionale de plus de 60 pour cent.
• Réduire l’écart entre les sexes dans
le domaine de l’éducation. Le pays
doit éliminer systématiquement les
obstacles et les facteurs de motivation
qui font qu’un grand nombre de filles
restent non scolarisées. Il existe des
politiques à cette fin existent du côté de
l’offre comme de la demande. Outre les
mesures susmentionnées en matière
d’infrastructures, d’autres politiques du
côté de l’offre aideront à retenir les filles
à l’école, notamment le recrutement de
plus de modèles féminins dans les écoles
(en tant qu’enseignantes et directrices) et
la sécurisation des écoles (par exemple,
en mettant en place des mécanismes
solides de recours en cas de grief, en
prenant des mesures qui prennent en
compte la relation de pouvoir entre
enseignants et élèves, en encourageant
des conseils scolaires plus actifs). Du
côté de la demande, les politiques visant
à réduire les coûts directs de scolarité
supportés par les ménages (par exemple,
les bourses d’études, les programmes
d’exemption des frais de scolarité et les
bons d’études) et les coûts indirects (par
exemple, uniformes, fournitures scolaires,
articles d’hygiène personnelle) et à assurer
un transport scolaire sûr permettront aux
filles - et aux garçons - de poursuivre leur
scolarité.
Protéger et valoriser les ressources naturelles
des Comores. Les réformes prioritaires dans le
cadre de cette Voie sont les suivantes :
A court terme :
• Améliorer la gestion de l’eau. Une
meilleure gestion de l’eau en termes de
quantité et de qualité est nécessaire pour
s’assurer que le très peu d’eau disponible
par habitant aux Comores ne soit pas
gaspillé. Cette meilleure gestion devrait
aller de mesures consistant à réviser ou
concevoir des politiques d’extraction de
l’eau et de prestation de services à des
initiatives techniques spécifiques telles
que l’incitation à recueillir les eaux de pluie,
et plus généralement la conservation de
l’eau et la réduction de la pollution des
sources, en passant par une utilisation
plus efficace des eaux urbaines et une
tarification plus économique. L’amélioration
de la qualité de l’eau fournie permettra
également de relever les défis posés par
les carences nutritionnelles et le retard
19
1. Résumé Éxécutif
de croissance relevés dans le cadre de la
deuxième Voie. Dans de nombreux pays,
les partenariats avec les communautés et
les administrations locales, y compris par
le contrôle direct des ressources par des
groupes communautaires, ont permis de
fournir efficacement les services de base
et, lorsqu’ils sont durables, de réduire
sensiblement la pauvreté. Compte tenu des
contraintes cernées pour les Comores, une
approche communautaire de la gestion de
l’eau permettrait de : (1) combler les vides
institutionnels et de capacité laissés par
une décentralisation inachevée, compte
tenu notamment de la diversité des
modalités de gestion entre les différentes
îles ; (2) déléguer la prise de décision sur
les services et sur des questions telles
que la protection des bassins versants aux
agriculteurs eux-mêmes ; (3) réduire les
coûts d’exploitation des infrastructures en
gérant les actifs au niveau local ; (4) fournir
un mécanisme local accessible pour le
règlement des différends entre les usagers
de l’eau et les autorités ; et (5) réduire les
coûts des transactions liées au respect
des réglementations sur les ressources
et services en eau.¹⁷
• Réformer l’agriculture. Les investissements
dans les technologies d’agriculture climato-
intelligentes (ACI), les intrants et les pratiques
durables de gestion des terres et de l’eau,
dans une perspective d’amélioration du
rendement, peuvent générer des gains
de productivité et renforcer la résilience
D'autres technologies d’ACI adaptables aux Comores comprennent l'irrigation à petite échelle, les terrasses, les diguettes
en courbes de niveau, les diguettes en herbe, la réhabilitation des micro-bassins versants dégradés, les boisés.
Les centres de développement rural au niveau communautaire constituent un exemple d’écoles paysannes de terrain
dont la FAO s'est fait le champion. Un Champ-Ecole Paysan (CEP) réunit un groupe d'agriculteurs, d'éleveurs ou de
pêcheurs qui y apprennent comment passer à des pratiques de production plus durables, en comprenant mieux les
agro-écosystèmes complexes et en rehaussant les services écosystémiques. Un groupe CEP se réunit régulièrement
au cours d'un cycle de production, met en place l'expérimentation et s'engage dans un apprentissage pratique pour
améliorer les compétences et les connaissances qui permettront d'adapter les pratiques à leur contexte spécifique.
Le CEP permet aux individus et aux groupes d'évoluer vers des pratiques plus durables et d'améliorer leurs moyens
d'existence.
¹⁹
²⁰
face aux risques environnementaux. Le
transfert de variétés standard résilientes et
biofortifiées des principales cultures vivrières
- maïs, manioc, bananes - à partir de centres
d’excellence régionaux pourrait améliorer
l’adaptation et la sécurité alimentaire et
éviter des investissements redondants dans
les ressources financières et humaines pour
la recherche et le développement agricoles.
Conjugués à l’intensification de pratiques
telles que l’agriculture à faible travail du
sol, l’agroforesterie, la gestion durable de la
fertilité des sols et la collecte des eaux de
pluie, les investissements stratégiques dans
la diffusion de l’ACI peuvent transformer
l’agriculture comorienne et la placer sur
une voie de croissance durable.¹⁹ Les
centres de développement rural au niveau
communautaire peuvent aider à accélérer le
changement de comportement et l’adoption
des technologies et des pratiques ACI.²⁰
• Élaborer une approche de gestion
durable des pêches. Pour limiter
l’appauvrissement des ressources
halieutiques dans les eaux comoriennes
et, en particulier, l’appauvrissement
spécifiques dans les zones côtières qui
ont une valeur pour l’écosystème, la
gestion des pêches doit se concentrer
sur l’accroissement des avantages
économiques de la pêche pour les
communautés locales. On peut y parvenir
en réduisant les pertes après pêche et
en augmentant la valeur ajoutée par des
investissements dans des infrastructures
20
1. Résumé Éxécutif
A moyen terme :
• Renforcer la gestion des risques de
catastrophe. Pour renforcer la résilience
aux chocs climatiques, il faut adopter une
approche globale de gestion des risques de
catastrophe qui comprend une évaluation
détaillée des risques, le renforcement
du cadre juridique et des capacités
institutionnelles et l’élaboration d’un plan
national de gestion des risques de catastrophe
accordant la priorité aux domaines critiques.
Une meilleure connaissance des risques
de catastrophe permettra aux Comores
d’améliorer l’aménagement du territoire,
ainsi que les programmes de réinstallation
adéquates pour la pêche artisanale (sites
de débarquement, entrepôts frigorifiques,
machines à glace, etc.). La cogestion de la
pêche, une approche testée dans d’autres
pays, est prometteuse pour les Comores.
La cogestion implique les communautés
dans le processus de prise de décision,
renforce l’appropriation et soutient
l’application et l’exécution des mesures
de gestion adoptées.²¹ Les Samoa sont un
bon exemple d’un État insulaire comme
les Comores qui a adopté une approche
communautaire de la gestion de la pêche
de subsistance. Parmi les 230 villages
côtiers du Samoa, 44 pour cent des ont
aujourd’hui des plans de gestion de la
pêche villageoise.²²
Une meilleure gestion de l’eau est nécessaire pour que la très faible dotation en eau par habitant
des Comores ne soit pas gaspillée.
La cogestion des pêches est souple et la gestion coopérative des ressources aquatiques est assurée par les groupes
d'utilisateurs et le gouvernement. Dans le cadre de cette entente, la collectivité et le gouvernement participent
au processus décisionnel, à la mise en œuvre et à l'application de la loi (Sen et Nielsen, 1996).
Les activités de cogestion aux Comores ont déjà commencé dans le cadre du projet de cogestion des ressources
côtières pour des moyens d'existence durables de la Banque mondiale. Dans le cadre du projet, 17 accords de
cogestion ont été signés avec des communautés de la Grande Comore, de Mohéli et d'Anjouan, dans le but
d'améliorer le développement des capacités humaines et institutionnelles et de concevoir et exécuter des plans
de gestion des pêches.
²¹
²²
21
1. Résumé Éxécutif
Il est possible de parvenir à une plus grande sécurité foncière si les services d'administration foncière sont renforcés
pour effectuer la délivrance de titres participatifs dans les bassins de production. Ce processus consisterait en une
délimitation consensuelle, des comités de reconnaissance des terres multipartites qui faciliteraient un recensement
cadastral à petite échelle et la planification de l'utilisation des terres.
²³
et de protection de la population vivant
dans les zones à risque. Pour renforcer la
résilience au niveau communautaire, la
combinaison des efforts en cours en matière
de protection sociale et de filets de sécurité
adaptatifs avec des investissements dans
des systèmes efficaces d’alerte rapide
et la préparation de la communauté aux
catastrophes contribuerait à sauver des vies
et à réduire l’impact des chocs causés par
les catastrophes sur les pauvres.
A moyen terme, l’interdépendance entre
les zones forestières, les terres agricoles
et les zones côtières aux Comores exigera
une approche intégrée à l’élaboration des
politiques avec une étroite collaboration
entre les différents secteurs (eau, agriculture,
pêche, forêt, énergie, etc.).
A long terme :
• Réformer le régime foncier. Le
chevauchement actuel de trois régimes
fonciers empêche la vente et la location de
terres et limite la capacité des agriculteurs
à mettre leurs terres en garantie pour
obtenir un accès au financement.
L’absence d’un registre foncier combinée
à l’inefficacité et la corruption du système
judiciaire font que de nombreux conflits
fonciers restent dans l’impasse, ce qui
compromet la capacité des propriétaires
à investir. Les réformes du régime foncier
sont généralement des processus longs
avec une forte charge politique, mais la
réforme ici pourrait avoir un effet catalyseur
sur la productivité des terres en permettant
éventuellement la concentration des terres
et en encourageant l’investissement dans
des intrants et des techniques agricoles
modernes et la gestion de l’eau. Un régime
foncier clair soutiendrait également
l’environnement pour l’investissement et
le développement du secteur privé en
général.²³ Enfin, le manque de sécurité
foncière lie les familles pauvres à la terre
qu’elles cultivent et limite leur capacité
à compléter leurs revenus agricoles par
des revenus non agricoles parce qu’elles
craignent d’en être dépossédées si elles
s’en éloignent. Du fait qu’il s’inscrit sur
le très long terme – tant en termes de
soutien qu’en termes de mise en œuvre,
ce domaine de réforme n’est pas inclus
dans la liste des priorités du Tableau 1 ci-
dessus, mais en raison de son important
effet catalyseur sur le développement, il
en est fait mention.
Pour renforcer les facteurs fondamentaux de
l’identité et des institutions, il faut s’attaquer
aux deux principales contraintes suivantes :
• Favoriser la participation des citoyens
et des collectivités. Les efforts de
réforme devront être soutenus par un
engagement proactif avec l’inclusion
des communautés locales au-delà des
divisions traditionnelles. Comme point
d’entrée naturel, il faudrait tirer parti de
l’existence d’organisations communautaires
et d’associations villageoises qui prennent
les décisions relatives aux interventions de
développement et décident collectivement
de la manière de dépenser les fonds
transférés par la diaspora. Ces associations
ont une connaissance approfondie
du contexte local et ont l’autorité et la
crédibilité nécessaires pour prendre et
22
1. Résumé Éxécutif
exécuter des décisions. Il sera essentiel
d’ouvrir des espaces dans lesquels les
gens peuvent s’engager dans le dialogue
et exprimer leurs pensées et leurs idées, en
particulier ceux qui cherchent actuellement
à mieux se faire entendre dans la société,
tels que les universitaires, les ONG
locales, les syndicats, les associations, les
représentants du secteur privé, les femmes
et les groupes de jeunes, ce qui aidera
ouvrira les canaux de la communication
aux voix qui traditionnellement n’étaient
pas entendues. Aspect important de cette
démarche, il s’agira de faire entendre la
voix des femmes qui détiennent un pouvoir
informel au sein des communautés et sont
de plus en plus impliquées dans la sphère
publique par le biais d’associations et
d’organisations de femmes, mais dont le
rôle est limité par des normes religieuses
et sociales.
• Renforcer la capacité des principales
institutions formelles. Pour renforcer
la confiance dans l’État central et ses
institutions formelles, il faut prendre
des mesures en vue d’instaurer des
mécanismes de transparence, de
contrôle et de redevabilité accrus. Il s’agit
notamment d’accroître la transparence
et la consultation du Parlement sur le
budget, de publier les comptes financiers
des principales entreprises publiques et
d’accroître la transparence des marchés
publics (une question qui a été largement
soulevée lors des consultations du
secteur privé - voir Annexe 2). Ces efforts
doivent également s’accompagner de
mesures visant à renforcer l’engagement
des citoyens et à leur donner la possibilité
de commenter les propositions de loi, etc.
Ce n’est que lorsque les citoyens auront
le sentiment que leur voix est entendue
qu’ils feront confiance à l’État central.
En fin de compte, la mise en place de
ce type de mécanismes de rétroaction
facilitera l’amélioration de la qualité et
de la prestation des services par l’État
central. Enfin, la base de connaissances
nécessaire à la prise de décisions fondées
sur des données factuelles doit être
améliorée en remédiant aux faiblesses
du système statistique. L’absence
générale d’information pour éclairer la
conception, la mise en œuvre, le suivi et
l’évaluation des politiques et pour assurer
une prestation de services fondée sur
des données factuelles entraîne des
inefficacités et des incohérences (voir
l’Annexe 10 pour un inventaire des lacunes
actuelles des données).
Lacunes en matière de connaissances et d’analyse
• Interaction entre les réseaux de
gouvernance traditionnels et locaux.
Une meilleure compréhension des
dynamiques intercommunautaires et
intracommunautaires, de leur portée et
de leur légitimité, des dynamiques en
rapport à l’inclusion et à l’exclusion est
nécessaire pour comprendre comment
passer de la situation de dépendance
vis-à-vis des institutions informelles
actuellement observée à une structure
décentralisée qui aide également à
renforcer l’autorité, la légitimité et la
portée du gouvernement central.
• Facteurs de la productivité du travail
par secteur. Les travaux d’analyse sur les
différences de productivité entre secteurs
font défaut. De telles études tirerait
avantage d’une amélioration de la collecte
de données sur l’emploi et le rendement
des entreprises par sous-secteur.
• Rôle des relations politiques dans les
distorsions du marché. Il est nécessaire
1. Résumé Éxécutif
23
de mieux comprendre les relations
entre les entreprises comoriennes et
le gouvernement et voir comment de
telles relations entrainent une mauvaise
allocation des ressources (généralement à
cause de de privilèges accordés en termes
de protection commerciale, de règles et
règlements, et d’accès au financement).
• Indicateurs de prestation de services.
Pour évaluer ce qu’il faudrait pour
améliorer les résultats en matière de
santé et d’éducation, il faut mesurer
correctement la qualité des services de
santé et d’éducation.
• Recensement agricole. Le premier et
le dernier recensement agricole aux
Comores a eu lieu en 2004. Par conséquent,
il est difficile de planifier, de suivre et
d’évaluer des projets d’investissement à
l’heure actuelle.
• Évaluation environnementale nationale.
Il y a un manque important de données
relatives au secteur de l’environnement
et, lorsque des données sont disponibles,
elles sont soit dépassées, soit
incohérentes. Pour éclairer l’élaboration
de politiques, les valeurs du capital
naturel du pays (en particulier l’eau, les
ressources halieutiques et côtières, la
foresterie et les aires protégées) doivent
être évaluées de manière approfondie
afin que la perte continue de forêts, de
fertilité des sols, d’eau, de biodiversité
et de pêche ne reste plus invisible sur le
plan économique mais soit pleinement
prise en compte dans l’élaboration des
politiques.
• Réforme foncière. Une meilleure
compréhension des contraintes de la
réforme foncière et de ses effets sur
l’économie permettrait aux décideurs
de prendre des décisions plus éclairées
pour libérer le potentiel de cet important
facteur de production et accroître sa
productivité.
• Développement urbain. Il y manque
actuellement de travaux d’analyse axés
sur les défis posés une urbanisation qui
progresse lentement.
1. Résumé Éxécutif
24
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8)
25
1. Résumé Éxécutif
INTRODUCTIONINTRODUCTION
26
1. Cette Etude diagnostique systématique
de pays (EDSP) - le premier pour le pays
– dresse un bilan du développement des
Comores depuis le début des années 2000
et examine les contraintes et les opportunités
que le pays rencontre sur la voie du
développement. Elle apporte des éléments
de réponse à trois questions principales : (1)
Quelles sont les principales contraintes qui
entravent la croissance de la production et
de la productivité ? (2) Quels sont les facteurs
critiques qui déterminent la réduction de la
pauvreté et l’inclusion ? et (3) Dans quelle
mesure les tendances actuelles de la croissance
et de l’inclusion sont-elles durables ? Examinant
ces questions, l’EDSP définit trois Voies
principales qui, si elles sont suivies, pourraient
accélérer les progrès vers le double objectif de
la Banque mondiale de réduction de la pauvreté
et de prospérité partagée.
2. Pour identifier les domaines politiques
dans lesquels le pays doit relever les plus
grands défis pour progresser vers le double
objectif de réduction de la pauvreté et de
prospérité partagée de la Banque mondiale,
l’EDSP s’appuie sur quelques outils d’analyse.
Un exercice de benchmarking portant sur
près de 1 000 indicateurs a été mené pour
comparer les résultats des Comores avec ceux
d’autres petits États insulaires qui partagent
les mêmes caractéristiques essentielles de
revenu, de fragilité et d’envoi de fonds (voir
Tableau 2). Là où les résultats des Comores
divergeaient sensiblement de ceux de leurs
pairs, une analyse plus approfondie des
questions d’intérêt a été entreprise. Cette
analyse sectorielle s’inscrit dans le contexte
d’une décomposition de la croissance et
d’une analyse détaillée de la dynamique de
la pauvreté et de la prospérité partagée. Une
nouvelle analyse du marché du travail et du
rôle des envois de fonds dans la réduction
de la pauvreté a été entreprise aux fins de
cette EDSP, ces deux sujets ayant émergé
comme des lacunes importantes dans les
connaissances lors de la conceptualisation du
document. Une évaluation des risques et de
la résilience complète l’analyse quantitative
et offres des informations contextuelles
importantes concernant la dynamique sociale
qui détermine les résultats en matière de
croissance et de pauvreté aux Comores.
3. Pour passer de l’analyse à la priorisation
des mesures stratégiques, l’EDSP applique
un processus en trois étapes. Dans un premier
temps, elle définit trois grandes Voies qui
sont actuellement bloquées, mais qui sont
les plus prometteuses pour une croissance
plus forte, une réduction plus équitable de
la pauvreté, le renforcement de la cohésion
sociale et le renforcement des liens entre
l’État et la société, un aspect important
du développement aux Comores. Dans un
deuxième temps, l’EDSP définit les domaines
de réforme qui pourraient débloquer les trois
Voies. Enfin, ces mesures stratégiques sont
classées par ordre de priorité en fonction
de quelques critères qui sont énoncés au
Chapitre 8.
4. Le rapport identifie également deux filtres
de développement importants qui doivent
être appliqués lors de l’analyse de la marche
à suivre : Identité et institutions. L’application
de ces filtres est justifiée par les défis sociaux,
politiques et de gouvernance auxquels les
Comores sont confrontées. Sur le plan social,
les Comores luttent pour le maintien du
sentiment d’identité et de cohésion nationale,
avec des conséquences négatives pour la
croissance et l’équité. Les données recueillies
dans d’autres petits États insulaires et dans
des contextes fragiles donnent à penser que
les pays qui ont connu un progrès en matière
de développement ont en commun des
structures de gouvernance fortes et inclusives
qui peuvent contribuer à favoriser un sentiment
de cohésion sociale. Cela permet à ces pays de
2. Introduction
27
se doter d’institutions étatiques formelles plus
solides et plus résilientes, capables d’assurer
l’élaboration et la continuité des politiques
à long terme et de surmonter certaines des
déséconomies d’échelle associées à leur
petite taille, comme le soulignent à la fois
le rapport Pathways for Peace et le World
Development Report 2011 sur les conflits, la
sécurité et le développement.²⁴ Compte tenu
de leur exemple, la voie du développement
des Comores passer par la capacité du pays
à renforcer le sentiment d’identité nationale
- en unissant efficacement et en assurant
l’inclusion et la représentation des multiples
centres de pouvoir qui se chevauchent
pour soutenir l’intérêt commun, à savoir la
croissance et la prospérité partagée. Le
Chapitre 4 traite de la pertinence de ces deux
filtres et le Chapitre 8 propose des moyens
de les appuyer.
Tableau 2: Comores et pays de comparaison
Pays
Cap Vert
Tonga
Fidji
Samoa
Comores
Sao Tomé et
Principe
Iles Salomon
Timor-Oriental
0,546
0,108
0,906
0,196
0,814
0,204
0,611
1,296
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
2,990
4,010
4,970
4,100
1,280
1,770
1,920
1,790
8
1,9
2,9
1,7
15,4
26,8
21,4
26,2
2,2
1,8
3,2
2,4
2,9
4,4
4,6
-0,9
12,9
25,9
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17,6
13
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1,2
4,2
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Population (millions)
Petits Etats
CPIA* < 3.2
(c.à.d. fragile)
Etat insulaire
RNB par habitant, méthode
Atlas (dollars US courants)
(2017)
Écart de pauvreté à 3,2 USD (valeur la plus
récente)
Croissance du PIB réel
(annuel) (moyenne
2011-2017)
Envois de fonds
personnels reçus (% du
PIB nominal) (2017)
Type de pays de comparaison
* Évaluation des politiques et des institutions nationales (Banque mondiale)
Pathways for Peace (2018); World Development Report (2011)²⁴
2. Introduction
28
5. Le reste du présent document est organisé
comme suit : Le Chapitre 3 présente les Comores
au lecteur. Le Chapitre 4 traite du capital
social des Comores et de son rôle en rapport
à la fragilité et à la résilience. Le Chapitre 5
présente un aperçu des tendances récentes en
matière de pauvreté et de prospérité partagée.
Le Chapitre 6 décrit la performance des
Comores en matière de croissance. Le Chapitre
7 examine les risques économiques, politiques,
sociaux et environnementaux qui pèsent sur
la durabilité de la croissance et la réduction
de la pauvreté. Enfin, le Chapitre 8 présente la
marche à suivre et une priorisation des actions
politiques susceptibles d’aider les Comores à
avancer sur la voie du développement vers
une croissance plus forte et une plus grande
prospérité partagée.
2. Introduction
29
RENCONTRE AVEC LES COMORES - LE CONTEXTE
30
Géographie et société
6. Les Comores sont un archipel volcanique
au large des côtes de l’Afrique de l’Est et ont
historiquement constitué un important poste
de traite pour les marchands et commerçants
arabes, européens, perses et africains à partir
du 15ème siècle. Le pays regroupe quatre îles
: Grande Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte,
cette dernière restant sous administration
française. Environ la moitié de la population
vit sur la plus grande île, la Grande Comore, qui
abrite également la capitale de l’Union, Moroni.
Les îles volcaniques ont été appelées les « îles
parfumées » pour leur flore odorante et sont
connues pour la beauté de leurs paysages.
Au cœur d’un triangle formé par la Tanzanie,
le Mozambique et Madagascar, les Comores
sont considérées comme le deuxième triangle
de biodiversité récifale au monde, après
l’Indonésie. Le pays a environ 1 800 km² de
terres et contrôle, au large de ses côtes, une
zone économique exclusive (ZEE) de 160 000
km², soit 70 fois la superficie du pays.
7. La composition de la population
comorienne a été façonnée par une histoire
de multiples migrations. La composition
ethnique complexe du pays est le résultat de
multiples vagues de migration, en provenance
d’Indonésie, d’Afrique de l’Est, de Mélanésie,
de Polynésie, du Golfe persique, de Perse,
d’Europe, de Madagascar et d’ailleurs. Les
langues officielles parlées aujourd’hui sont
l’arabe, le français et le shikomori (dérivé de
la famille des langues bantu). La population à
hauteur de 98 pour cent adhère à une forme
d’Islam sunnite issue de la tradition shi’ite.
Suite à un référendum, la nouvelle Constitution
pose explicitement que l’Islam sunnite, plutôt
que l’Islam, est la religion d’État.
8. Les Comores sont encore en attente d’un
dividende démographique. La population
d’environ 800 000 habitants est jeune (54 pour
cent ont moins de 20 ans) et largement rurale
(les deux tiers de la population). Avec environ
4,3 enfants par femme, les Comores font partie
du groupe de pays où la transition en matière
de fécondité a été amorcée,²⁵ mais les taux
de fécondité restent si élevés qu’ils influent
la croissance et la pauvreté (voir Figure 4). Au
cours des 15 dernières années, la croissance
démographique a été en moyenne de 2,4 pour
cent par an, ce qui est inférieur à la moyenne
de l’Afrique subsaharienne et des autres pays
à faible revenu, mais bien supérieur à celle
des pairs structurels et aspirationnels. Les
projections démographiques indiquent que
la population totale des Comores augmentera
de 50 pour cent et que l’effectif de la main-
d’œuvre doublera au cours des 15 prochaines
années, ce qui posera un défi majeur en
termes de création d’emplois, de réduction
En référence à leur situation en termes de transition en matière de fécondité, Guengant (2017) identifie cinq groupes
de pays en Afrique subsaharienne : la transition de la fécondité est terminée (ou presque terminée). Dans ces pays,
l'ISF est inférieur à trois par femme en 2010-15. Il s'agit des pays suivants : Maurice, les Seychelles, le Cap Vert, l'Afrique
du Sud et le Botswana. La transition en matière de fécondité est en cours : dans ces pays, l'ISF est de l'ordre de 3-4.
Ces pays comprennent le Lesotho, Djibouti, le Swaziland et la Namibie (représentant 0,7 pour cent de la population
de l'ASS). Transitions de fécondité amorcées : ici, l'ISF est de l'ordre de 4-5. Ce groupe comprend 20 pays, dont les
Comores. Transitions lentes et irrégulières : dans ces pays, l'ISF est de l'ordre de 5-6. Ces 12 pays sont : Côte d'Ivoire,
Guinée, Sud-Soudan, Sénégal, Tanzanie, Malawi, Mozambique, Zambie, Burkina Faso, Nigeria, Gambie, Gambie et
Ouganda. Transitions de fécondité très lentes et/ou naissantes : les sept pays de ce groupe - Burundi, République
démocratique du Congo, Angola, Tchad, Mali, Somalie et Niger - ont un ISF supérieur à 6 par femme.
²⁵
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
31
de la pauvreté et de réponse aux pressions
supplémentaires exercées sur des terres et
des ressources naturelles limitées.²⁶
9. Le rôle des femmes dans la société
comorienne est complexe. Si la société
comorienne est matrilinéaire, donnant aux
femmes un rôle important dans la société en
termes de propriété des biens,²⁷ les inégalités
entre les sexes sont fortement enracinées
aux Comores. Le taux d’achèvement du cycle
primaire chez les femmes est inférieur à celui des
hommes (70 pour cent contre 90 pour cent) et
les taux d’alphabétisation sont plus élevés chez
les femmes (77,3 pour cent contre 69,7 pour cent
pour les hommes). Le taux de participation des
femmes à la population active est la moitié de
celui des hommes. Bien que l’égalité des sexes
soit inscrite dans la Constitution, les femmes sont
sous-représentées dans la fonction publique où
un système de favoritisme sexiste s’applique à
leur détriment.²⁸ Bien que les femmes héritent
généralement des terres et des maisons selon
la coutume, elles n’ont pas toujours des droits
d’usufruit, ceux-ci allant généralement à leur
mari, leurs oncles maternels ou leurs frères.
Malgré une émigration nette, les Comores sont l'un des pays les plus densément peuplés du monde (25ème), avec
328 personnes en moyenne vivant sur un kilomètre carré.
Même si selon la coutume et grâce à des lois favorables, les femmes ont accès à la propriété, elles n'ont pas toujours
les droits d'utilisation de ces biens. Selon l'article 82 du Code de la famille, la coutume comorienne veut que chaque
fille ait le droit, au moment de son mariage, de recevoir une maison de ses parents. En principe, ces actifs mis à la
disposition des femmes peuvent être utilisés comme garantie et, par conséquent, pourraient favoriser leur accès
au crédit et au financement. Cependant, dans la pratique, les biens ont tendance à aller à leur mari, à leurs oncles
maternels ou à leurs frères. Un mauvais système d'enregistrement foncier et un système matrilinéaire qui affirme
l'indivisibilité et l'inaliénabilité de la terre limitent dans la pratique la capacité des femmes à utiliser leurs propres
terres pour accéder aux prêts bancaires.
Bien qu'elles aient ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes,
les Comores continuent de souffrir de la sous-représentation des femmes dans tous les domaines de l'activité
socioéconomique, y compris la politique nationale (3 pour cent) et locale, l'administration et les professions juridiques
et judiciaires.
²⁶
²⁷
²⁸
Figure 4: Evolution démographique, Comores et pays de comparaison
Revenu intermédiaire inférieur
Source: IDM
Comores Petits Etats Cap Vert
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Taux de fécondité, total (naissance par femme)
8
7
6
5
4
3
2
1
0
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
32
10. Les jeunes Comoriens ont peu d’options
en matière d’éducation, peu d’opportunités
dans le secteur formel, peu de mobilité
sociale et peu de possibilités d’expression
politique. Les taux de chômage élevés ont
contribué à la frustration des jeunes et ont
contribué à leur émigration. En 2014, un jeune
Comorien en âge de travailler sur deux était
au chômage. Seuls 3 pour cent des jeunes ont
trouvé un emploi fixe dans le secteur formel,
dans un contexte où le secteur privé est très
petite taille, tandis que 80 pour cent ont
trouvé une source de revenus dans le secteur
informel. La principale source d’emplois
formels dans le pays - la fonction publique -
est saturée.
Contexte politique
11. Depuis son accession à l’indépendance
en 1975, le pays a été tiraillé entre le défi de
construire un État-nation fort et cohésif et la
poussée régionale vers l’autonomie des îles.
Cette situation a été une source récurrente
d’instabilité aux Comores et l’absence d’un
sentiment fort d’appartenance nationale et
d’unité nationale a exacerbé l’importance
de cette tension en tant que facteur de
bouleversements politiques persistants
dans l’histoire du pays. Les Comores ont
déclaré leur indépendance de la France en
1975, après avoir soumis cette décision à
un référendum. Cependant, à Mayotte, 64
pour cent ont choisi de rester au sein de la
France, ce qui a permis au pouvoir colonial
de conserver le contrôle de l’île en tant que
territoire français. Depuis l’indépendance,
le pays a connu 21 coups d’état militaires,
manqués ou réussis, dont deux ont abouti
à l’assassinat du président de l’époque.
Les mercenaires ont joué un rôle dans la
trajectoire politique du pays, en appuyant les
tentatives de coup d’État et en renversant
les présidents.²⁹ Le pays a également connu
de multiples affrontements inter-îles et des
menaces séparatistes des îles d’Anjouan et
de Mohéli. Cela dit, les conflits aux Comores
ont généralement été de faible intensité,
les affrontements ayant rarement fait plus
de cinq morts.
12. Les efforts déployés pour résoudre
les tensions persistantes entre les îles en
ce qui concerne le partage du pouvoir et
les recettes publiques ont conduit à de
multiples révisions de la Constitution et des
arrangements constitutionnels. Depuis 1975,
le pays a promulgué cinq constitutions et de
nombreux amendements constitutionnels,
alternant entre plus grande centralisation et
plus grande autonomie pour les îles. Avant le
référendum du 30 juillet 2018, la constitution
en place datait de 2001 et résultait d’un accord
de réconciliation - l’Accord de Fomboni - suite
à la crise séparatiste de 1997-1998, lorsque les
îles d’Anjouan et de Mohéli ont déclaré leur
indépendance des Comores. Pour répondre
aux aspirations d’Anjouan et, dans une
moindre mesure, de Mohéli, un degré élevé
d’autonomie des îles a été introduit au moyen
d’un système appelé la « tournante » au titre
de laquelle la présidence revient tour à tour
aux quatre îles, à savoir la Grande Comore,
Anjouan, Mohéli et Mayotte.³⁰
Ces mercenaires étaient en contact étroit avec la France, et en particulier avec les services secrets. Impliqué dans
plusieurs coups d'État en Afrique, Bob Denard, surnommé le « Sultan blanc des Comores », a joué un rôle clé dans
l'instabilité politique de l'archipel. Il a eu une présence continue dans le pays sous le Président Abdallah (1978-1989),
lorsqu'il a créé et dirigé la Garde présidentielle.
Mayotte est un département français d'outre-mer depuis 2011 à la suite d'un référendum en 2009. Ainsi, Mayotte
ne participe pas à la « tournante », puisqu'elle reste sous juridiction française. Les relations entre les Comores et la
France restent fragiles, les Comores revendiquant toujours Mayotte comme faisant partie de leur territoire.
²⁹
³⁰
33
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
13. Depuis l’introduction du système de la
« tournante » dans la Constitution de 2001,
les Comores ont connu trois transitions
relativement harmonieuses du pouvoir
présidentiel. Il est largement admis que la «
tournante » a été essentielle à la cohésion du
pays. Cependant, l’élite politique comorienne,
notamment sur la Grande Comore, estime
que la « tournante » crée des discontinuités
indésirables dans les politiques et les
pratiques et qu’elle est « antidémocratique »
en ce sens qu’elle s’écarte du principe selon
lequel chaque vote a un poids égal. Sur un
cycle de quinze ans, Mohéli, qui a la plus petite
part de la population totale, aura la même
chance d’avoir un président de ses rangs élu
que la Grande Comore dont la population est
presque dix fois supérieure. D’autre part, il y a
la compréhension du fait que si la candidature
était ouverte à tous et que les élections se
font au suffrage universel ordinaire, il est
peu probable qu’il y ait un jour un président
originaire d’Anjouan et il serait pratiquement
impossible qu’il y ait un jour un président
originaire de Mohéli.
14. L’inachèvement de la décentralisation du
pouvoir prévue par la Constitution de 2001 a
entravé l’émergence d’un État-nation unifié
en accentuant le décalage entre l’État central
et les îles. De nombreuses lois nécessaires à la
mise en œuvre de la Constitution - notamment
en ce qui concerne les dépenses budgétaires
et la déconcentration des fonctions – n’ont
pas encore été promulguées. La formule de
partage des recettes de l’État avec les îles
n’a pas été pleinement respectée³¹ et les
transferts financiers du centre sont souvent
négociés au gré des circonstances. Cela
peut renforcer le sentiment de méfiance et
contribuer à donner l’impression que les îles
sont négligées et marginalisées.³² En outre, le
pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire ont du
mal à assurer leur rôle de contre-pouvoir face à
l’exécutif, le Parlement étant divisé, le contrôle
du budget³³ étant limité et l’exécutif ayant le
pouvoir d’annuler une législation ratifiée.
15. Le pays se trouve actuellement à la
croisée des chemins en matière politique.
Le référendum du 30 juillet 2018 a donné au
gouvernement le feu vert pour redéfinir une
fois de plus les arrangements politiques du
pays (voir Tableau 3). Le référendum fait suite
aux Assises Nationales de février 2018 où il a
été recommandé d’apporter des changements
à la Constitution.³⁴ Les changements proposés
permettent à un président en exercice de
se présenter à nouveau à ses fonctions et
d’exercer deux mandats consécutifs de cinq
ans. Les modifications abolissent également
la Cour Constitutionnelle et transfèrent ses
Elle n'a été respectée que sous contrôle international, pendant la période de transition qui a suivi l'entrée en vigueur
de la Constitution de 2001.
Les barrières géographiques et les faibles possibilités pour la population d'interagir au-delà de son territoire physique
ont été des facteurs supplémentaires qui perpétuent un sentiment d'identité localisé dans les îles. Le système éducatif
ne renforce pas efficacement les valeurs communes et les points de référence partagés par tous les Comoriens ; les
jeunes ont peu d'occasions de s'engager avec leurs pairs d'autres îles, tandis que les élites poursuivent des études
supérieures et des possibilités de formation en dehors des Comores.
Le budget 2018 n'a pas fait l'objet d'un vote formel et aucune loi de finances rectificative n'a été adoptée cette année.
Les Comores obtiennent 8 points sur 100 à l'indice du budget ouvert.
La conférence a été organisée pour tirer les enseignements d'un diagnostic complet du pays après plus de 40 ans
d'indépendance et pour élaborer de nouvelles dispositions pour l'avenir. Certains dirigeants politiques et intellectuels
ont refusé de participer à la Conférence, affirmant que les organisateurs des Assises Nationales avaient instrumentalisé
le Président Assoumani et ses partisans. Le processus a également été contesté par le gouverneur d'Anjouan.
Quelques débats ont également été organisés à Anjouan et Mohéli, pour tenter de qualifier le processus d' « Assises
de la Grande Comore ».
³¹
³²
³³
³⁴
34
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
responsabilités à la Cour Suprême dont les
membres sont nommés par le Président.
Ainsi, si les limites du système de la tournante
sont claires quant à la continuité politique à
long terme, ces changements auront aussi
pour effet de frustrer les ambitions de l’élite
politique d’Anjouan qui est la prochaine dans
l’ordre de succession à la présidence.³⁵
Tableau 3: Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018
CONSTITUTION DE 200136 CONSTITUTION DE 2008
Préambule : L’Islam est la religion officielle de l’État.
Article 7: Chaque île est autonome. L’Union des
Comores est un État fédéral et l’Union et les îles ont
chacune leurs compétences respectives.
Article 13: La Présidence tourne entre les îles selon le
système de la tournante et chaque Président devrait
attendre dix ans pour que le cycle revienne dans son
île pour être éligible à un second mandat.
Article 14: Chaque île a son propre Vice-président élu.
Le Vice-président de l’île qui assure actuellement la
Présidence est le Président par intérim.
Article 36-40: La Cour Constitutionnelle est la plus
haute juridiction du pays en matière constitutionnelle
et les juges sont nommés par différentes autorités
politiques (Président de l’Union, Président du Parlement
et Gouverneurs des îles).
Prochaine élection présidentielle prévue pour 2021
Preamble: L’Islam sunnite est la religion officielle de l’État.
Article 97: L’Islam sunnite de tradition shi’ite régit le
culte et la vie sociale.
Article 1: L’Union des Comores est un État unitaire et les
compétences des îles ont été réduites.
Article 52: La Présidence continue à tourner entre
les îles à travers le système de la tournante. Chaque
île est désormais autorisée à renouveler son mandat
et à exercer la Présidence pendant deux mandats
consécutifs à condition que le Président en exercice
remporte les élections suivantes.
Article 58: Les postes de Vice-présidents élus ont
été éliminés et le Premier Ministre est le Président
par intérim.
Article 96: La Cour Suprême est le plus haut tribunal
du pays, y compris en matière constitutionnelle. Une
Chambre de la Cour Constitutionnelle a été créée au
sein de la Cour Suprême. Les juges de la Chambre sont
nommés par décret présidentiel.
Prochaine élection présidentielle prévue en 2019
Le Président Assoumani a fait valoir que l'ancien système entravait la planification à long terme ; toutefois, l'opposition
a fait valoir que cette mesure élargirait les pouvoirs de l'exécutif et du Président parce que l'amendement à la
Constitution éliminerait le poste de vice-président et diluerait considérablement les pouvoirs des gouverneurs sur
les trois îles.
À compter d'autres modifications de 2009 et 2013.
³⁵
³⁶
35
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
Structure de l’économie
16. L’économie des Comores est peu
diversifiée et figure parmi les plus
dépendantes aux importations dans le
monde. L’économie reste articulée sur une
base d’exportation étroite constituée de la
production de vanille, d’ylang ylang (dont
l’huile aromatique est utilisée dans l’industrie
du parfum) et de girofle. L’économie est
caractérisée par l’informalité et fait face à des
défis importants en rapport à la concurrence
et à la diversification (voir l’Annexe 9 pour une
répartition de l’activité économique par île).
17. L’agriculture est le premier employeur
des Comores et le deuxième secteur
en termes de taille (après les services).
Elle constitue également la plus grande
utilisation des terres. Entre 2011 et 2017, la
part du secteur dans le PIB s’est élevée en
moyenne à 31,6 pour cent, soit un niveau très
supérieur à la moyenne des pairs structurels
(15,7 pour cent) et à la moyenne de l’Afrique
subsaharienne (23,7 pour cent) (voir Figure 5).
La majeure partie de la production agricole
provient de petites exploitations familiales
qui produisent toute une gamme de cultures
vivrières destinées principalement à la
consommation domestique, notamment
le maïs, le manioc, les bananes, le taro, la
patate douce et la noix de coco. L’agriculture
commerciale est sous-développée et
s’articule autour de la production de trois
cultures de grande valeur destinées à
l’exportation, à savoir la vanille, le girofle
et l’ylang-ylang. Comme dans les pays de
comparaison, le sous-secteur de l’élevage
est extrêmement petit aux Comores, avec
moins d’un poulet par habitant.³⁷
18. La pêche représente 24 pour cent du
PIB agricole (soit 7,5 pour cent du PIB total)
et emploie directement et indirectement
environ 8 500 personnes, soit 4,2 pour cent de
la population active, constituant une source
importante de revenus pour les familles
pauvres.³⁸ La zone économique exclusive
(ZEE) de 160 000 km² des Comores chevauche
les importantes zones de pêche thonière à
l’embouchure du canal du Mozambique. De
nombreux travailleurs sont des femmes qui
participent au glanage, à la transformation
et à la commercialisation. Cependant, la
pêche aux Comores est presque entièrement
artisanale. La flotte nationale, en raison de sa
petite taille et de son peu d’équipements,
n’a pas la capacité d’exploiter les ressources
extracôtières. Bien que la plupart des eaux
côtières soient fortement exploitées, en
particulier pour les espèces démersales de
grande valeur (vivaneau, mérou, etc.), il existe
de nombreuses ressources sous-exploitées
dans le pays, notamment le homard, les
céphalopodes (poulpe), le concombre de mer
et les mollusques bivalves.
0,67 aux Comores, 0,72 au Timor-Oriental et 1,15 à Sao Tomé-et-Principe (seules les Îles Salomon sont inférieures, à 0,4).
Les ménages de pêcheurs - pêcheurs à temps plein et pêcheurs de subsistance qui alternent entre travail agricole
et pêche - représentent une proportion significative des ménages en dessous du seuil de pauvreté (soit 40 pour cent
des habitants en Grande Comore et 70 pour cent à Anjouan).
³⁷
³⁸
36
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
Figure 5: Taille du secteur agricole, Comores et comparateurs
Agriculture, valeur ajoutée (% du PIB) (2011-2017)
Comores Comores (2001-2010)
Etats fragiles
Tonga Timor-Oriental
Pairs structurels
Pairs ambitieux
Sao Tomé et Principe
Fidji Petits Etats
Insulaires
Cap Vert Samoa
35
30
25
20
15
10
5
0
Calculs du personnel à partir de l’IDM
Moyenne de l'ASS 80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur
19. Les droits de pêche accordés aux
navires étrangers ont historiquement
généré d’importantes recettes publiques,
mais des défaillances de gouvernance ont
entrainé une coupure de ce flux de recettes.
Le thon est principalement pêché par
des pays extérieurs à la région et aucun
débarquement n’a lieu aux Comores. Ainsi,
les bénéfices pour l’économie comorienne
consistent en grande partie en des
paiements au gouvernement pour l’accès
des navires étrangers aux eaux nationales.
Par le passé, les redevances versées au
gouvernement pour l’accès des navires de
pêche étrangers aux eaux comoriennes
s’élevaient à environ 1,3 million USD par
an, soit 0,7 pour cent du total des recettes
publiques en 2017, la moitié provenant
d’un Accord de partenariat pour une pêche
durable du thon et des espèces apparentées
avec l’Union européenne (EU). Cependant,
en 2017, cette source de revenus s’est tarie
lorsque les Comores ont été sanctionnées
par l’UE pour non-respect de la lutte contre
la pêche illégale, non déclarée et non
réglementée (INN).
20. Le secteur secondaire aux Comores
est petit et dominé par l’agro-industrie et
les activités de construction. A 12,2 pour
cent du PIB en 2011-2017, la part du secteur
secondaire dans l’économie reste inférieure à
celle de ses pairs structurels (17,0 pour cent)
et bien en dessous de la moyenne de l’Afrique
subsaharienne (23,7 pour cent). L’agro-industrie
légère est prédominante avec l’émergence de
la production d’huiles essentielles et d’épices.
La construction est le deuxième sous-secteur
en termes d’importance, représentant environ
un sixième de la valeur ajoutée de l’ensemble
du secteur bien que la part du secteur de la
construction dans l’activité économique des
Comores n’ait représenté qu’environ 2 pour
cent au cours de la dernière décennie.
21. Le secteur tertiaire est dominé par
le commerce et les services publics. Ce
sont les services qui contribuent le plus
à l’activité économique aux Comores. Le
secteur des services représentait 56,3 pour
cent du PIB en moyenne sur la période 2011-
2017, le commerce et les services publics
37
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
Chacune des trois îles a ses propres attractions. La Grande Comore est une île volcanique
pittoresque dominée par le mont Karthala (2 361 mètres), l’un des volcans les plus actifs du
monde. Le port de Moroni offre un aperçu de l’histoire de l’île et de l’héritage arabo-swahili.
Le marché principal ressemble à une petite version de la célèbre ville de pierre de Zanzibar
avant sa réhabilitation – les activités de restauration urbaine pourraient potentiellement
transformer cet atout en une attraction touristique de grande valeur. La côte est bordée
de plages de sable blanc comme à Galawa et Maloudja, ainsi que de récifs coralliens qui
offrent des possibilités de plongée sous-marine et de snorkeling de classe mondiale. Le
Lac Salé est un lac d’eau salée profond qui s’est formé dans un cratère volcanique aux
parois abruptes. Mohéli, la plus petite île de l’archipel, offre des plages immaculées telles
que Nioumachoua, Moimbasa, Sambia et Itsamia. Le milieu naturel abrite une faune marine
endémique et emblématique comme les dugongs, les baleines à bosse et les tortues
marines. Les communautés locales espèrent faire de l’île une destination écotouristique.
Anjouan est appelée « l’île aux parfums » en raison de ses plantations d’ylang-ylang. Le
paysage se compose de mangroves, de montagnes, de lacs et de plantations. La ville de
Mutsamudu possède la médina la plus importante des îles, ainsi qu’une citadelle. Des trois
îles, c’est sur la Grande Comore, la plus grande île, en particulier dans la capitale Moroni, que
le développement touristique a été le plus important. Cependant, la destination Comores vit
dans l’attente d’un développement du tourisme comme à l’âge d’or des années 90. Cet âge
d’or tient en grande partie à la station balnéaire Galawa Maloudja Beach (350 chambres),
gérée par le groupe sud-africain Sun International et fermée en 2001, qui visait une clientèle
de touristes sud-africains soumise aux restrictions des mesures anti-apartheid.
Encadré 1: Les Comores en tant que destination touristique
représentant environ la moitié de la valeur
ajoutée. Le commerce est dominé par le
simple commerce de détail, le plus souvent
informel. Parmi les autres sous-secteurs
importants figurent les transports, les activités
financières, les télécommunications et les
services hôteliers et de restauration. A 3,4 pour
cent du PIB en 2017, le secteur du tourisme
reste sous-développé par rapport à son
potentiel (voir Encadré 1).³⁹
World Travel and Tourism Council (2018).
Selon une étude comparative récente, les Comores sont parmi les sept pays d’ASS où la productivité de la main
d’œuvre a le plus stagné en comparaison aux Etats-Unis depuis 1970 (Calderon et al. 2018).
³⁹
⁴⁰
22. La productivité du travail aux Comores
semble faible, en particulier dans les secteurs
de l’agriculture et de la construction. Des
incertitudes en matière de collecte des
données sectorielles sur l’emploi freine une
bonne analyse de la productivité du travail dans
tous les secteurs, mais les données disponibles
indiquent que la productivité du travail est
comparable à celle observée dans les pays
pairs structurels et en Afrique subsaharienne,
mais est nettement inférieure à la moyenne
des pays pairs aspirationnels et à revenu
intermédiaire inférieur (voir Figure 6).⁴⁰ Même
si la productivité du travail semble faible dans
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
38
tous les secteurs, les secteurs de l’agriculture
et de la construction présentent les niveaux de
productivité les plus faibles. D’autres recherches
sur les facteurs de faible productivité du
Présentation du contexte macro-économique
23. L’équilibre budgétaire des Comores a été
largement maîtrisé ces dernières années
mais reste fortement tributaire des dons. Sur
la période 2011-2017, les recettes totales (17,2
pour cent du PIB) ont dépassé les dépenses
totales (15,6 pour cent du PIB), générant en
moyenne un solde budgétaire positif de 1,6
pour cent du PIB. Sans un soutien important
et continu de la part des bailleurs extérieurs
(en moyenne 7,9 pour cent du PIB entre 2011 et
2017), le déficit budgétaire global aurait atteint
à un pourcentage à deux chiffres la plupart
travail sont nécessaires et seront menées dès
qu’une nouvelle enquête sur les ménages sera
disponible (actuellement en préparation avec
l’appui de la Banque mondiale).
du temps. La part importante de la masse
salariale dans le budget (plus de 60 pour cent
des recettes générées au niveau national au
cours de la dernière décennie) laisse très peu
de place aux dépenses dans des domaines
tels que les services sociaux, l’éducation ou les
projets d’infrastructure. L’équilibre budgétaire
des Comores a également pu être mieux
maîtrisé en raison de l’accès très limité des
Comores aux marchés financiers (nationaux ou
internationaux). Le risque de surendettement
des Comores a été estimé modéré dans les
dernières analyses conjointes de la viabilité de
la dette menée par la Banque mondiale et le
Fonds monétaire international.
Sans un soutien important des donateurs extérieurs, le déficit budgétaire aurait été la plupart du temps autour de deux chiffres.
39
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
Figure 6: Productivité du travail
a. Production par travailleur par secteur (2014) b. Production totale par travailleur - Comores et
comparateurs (2017)
4 000 000
3 500 000
3 000 000
2 500 000
2 000 000
1 500 000
1 000 000
500 000
-
25 000
20 000
15 000
10 000
5000
0
Agric
ultu
re
Min
es e
t ser
vice
s pu
blic
s
Man
ufac
ture
Cons
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tion
Com
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Com
ores
Pairs
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els
Pairs
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s
Reve
nu in
term
édia
ire
infé
rieur
e
ASS
Fran
cs C
omor
iens
con
stan
ts(b
ase
2007
)
Production par travailleur (PIB USD constants 2010)
Production par travailleur (PIB USD constant 2011 en PPA)
Source : Groupe a : Calculs du personnel à partir des comptes nationaux révisés des Comores et de l’EESIC 2014. Panel b : OIT
24. Le secteur extérieur dépend des envois de
fonds privés et des subventions extérieures.
La capacité d’exportation des Comores
est faible et concentrée sur trois produits
seulement : le clou de girofle, l’ylang-ylang
et la vanille (90 pour cent des exportations).
Bien que le pays soit un leader mondial de
la production de vanille (6 pour cent de la
production mondiale) et d’ylang-ylang (70
pour cent de la production mondiale), les
recettes d’exportation représentent moins
de la moitié des dépenses d’importation en
agriculture.⁴¹ Le déficit du commerce de
biens et de services s’est établi en moyenne
à 19 pour cent du PIB sur la période 2011-
2017, dépassant largement celui de ses pairs
structurels (3,5 pour cent du PIB). Ce déficit
commercial important est compensé par le
dynamisme des envois de fonds (estimé à 12
pour cent du PIB sur la période 2011-2017)
et le déficit du compte courant est financé
en grande partie par des dons extérieurs
considérable, estimés à 8 pour cent du PIB
sur la période 2011-2017.
25. Grâce notamment à une politique
monétaire ancrée dans un accord entre la
Banque Centrale des Comores et la France,
les taux d’inflation ont été relativement
stables et faibles par rapport aux taux
observés chez les pairs structurels (cf.
Figure 7). Le franc comorien a été rattaché
au franc français depuis son indépendance,
puis à l’euro depuis 1999 (490 KMF par
Département d'État des États-Unis et Bureau international des stupéfiants et des affaires de détection et de répression,
"OEC - Comores (COM) Exportations, importations et partenaires commerciaux".
⁴¹
40
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
Inflation, prix à la consommation (pourcentage annuel) (2011-2017)
Etat
s fr
agile
s
Sao
Tom
é et
Pr
inci
pe
Pairs
stru
ctur
els
Tim
or O
rient
al
Iles
Salo
mon
Com
ores
(2
001-
2010
)
Fidj
i
Petit
s Et
ats
insu
laire
s
Tong
a
Pairs
as
pira
tionn
els
Sam
oa
Cap
Vert
Com
ores
Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM
euro). La monnaie est garantie par le Trésor
français. Alors que l’accord implique une
renonciation de facto à une politique
monétaire indépendante aux Comores, les
conditions générales de cet accord ont
permis à la Banque Centrale de maintenir
un faible niveau d’inflation (en particulier par
26. L’ancrage à l’euro n’a pas produit une
surévaluation soutenue et n’a probablement
pas été une source de faiblesse de la
croissance. Depuis l’introduction de l’ancrage à
l’euro, le franc comorien s’est parfois écarté de
ses fondamentaux à moyen terme (FMI, 2009,
FMI 2014, 2016 et 2018), combinant des périodes
de surévaluation (par exemple 1995-1999) et de
sous-évaluation (par exemple 2002-2005). Dans
d’autres pays, il a été parfois constaté que l’ancrage
rapport à ses pairs structurels et aux pays
d’Afrique subsaharienne) et des réserves de
change suffisantes (8,1 mois d’importations).
La politique d’administration du prix des
produits de base (tels que le riz) est peu
appliquée et n’a très probablement aucun
effet significatif sur les taux d’inflation.
renforce la crédibilité de la politique monétaire
et réduit les taux d’inflation au détriment d’une
perte de compétitivité. Toutefois, en l’absence
d’une surévaluation soutenue au cours de ce
siècle, il est peu probable que le faible niveau
de compétitivité des Comores ait été le résultat
de l’ancrage. L’ancrage de la monnaie limite
cependant la capacité du gouvernement
comorien à s’adapter aux chocs extérieurs par
le biais du taux de change.⁴² ⁴³
Figure 7: Inflation, Comores et comparateurs
80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur Moyenne de l'ASS
10
8
6
4
2
0
-2
Edwards et Levy-Yeyati (2005).
Compte tenu de la modeste marge de manœuvre budgétaire actuelle et de la marge limitée de réduction des
dépenses (les dépenses d'investissement, généralement réduites en période difficile, ne représentent qu'une faible
proportion des dépenses totales), un ajustement budgétaire serait très difficile.
⁴²
⁴³
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
41
Tableau 4: Quelques indicateurs macroéconomiques
2015 2016 2017
PIB (millions en monnaie nationale actuelle)
PIB (en millions USD courants)
RNB par habitant pour les Comores (méthode Atlas, USD)
Croissance du PIB
Solde budgétaire (pour cent PIB)
Total des recettes et des dons (pour cent du PIB)
Dépenses totales (pour cent PIB)
Dette (pour cent PIB)
Recettes fiscales (PIB)
Balance des opérations courantes (pour cent PIB)
Balance commerciale (pour cent PIB)
Importations (pour cent PIB)
Exportations (pour cent PIB)
Envois de fonds personnels reçus (pour cent du PIB)
Crédit intérieur au secteur privé (pour cent du PIB)
Part du PIB par dépenses (pour cent du PIB)
Consommation
Investissements bruts en capital fixe
Exportations nettes
Part du PIB par secteur - côté offre (pour cent PIB)
Agriculture
Industrie
Services
438,331
988.2
1120
1.1
2.6
18.8
16.2
14.4
6.6
0.4
-17.1
27.0
9.9
13.6
16.1
103.1
14.0
-17.1
31.3
11.9
56.8
455,546
1024.3
930
2.3
-4.2
14.1
18.3
16.7
7.9
-4.9
-15.6
26.2
10.7
12.8
16.0
99.8
15.8
-15.6
31.0
12.2
56.8
466,312
1068.1
1280
2.7
0.4
17.4
17.0
17.6
9.5
-2.7
-16.9
28.5
11.6
13.0
16.7
99.4
17.5
-16.9
31.4
12.9
55.7
Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement les Objectifs de développement durable
27. En 2015, les progrès qui avaient été
accomplis dans la réalisation des Objectifs
du millénaire pour le développement
(OMD) étaient dans l’ensemble positifs et
encourageants. Parmi les OMD les plus
importants atteints figurent ceux liés à
l’accès à l’eau améliorée (bien que l’accès
continu à l’eau améliorée soit limité à moins
de 13 pour cent des Comoriens) (OMD 7) et
à l’incidence du paludisme (OMD 6), une
maladie qui est sur le point d’être éliminée
aux Comores. D’importantes améliorations ont
également été obtenues dans la lutte contre
l’extrême pauvreté et la faim (OMD1), les
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
42
taux d’achèvement du cycle primaire (OMD2),
la santé maternelle (OMD5), la mortalité
infantile (OMD4), la parité entre les sexes dans
l’éducation (OMD3) et l’accès à Internet (OMD8),
mais la performance des pairs structurels a
été meilleure que celle des Comores pour les
OMD5 et OMD4. L’accès à l’assainissement
amélioré (également au titre de l’OMD 7) était
loin d’être atteint, même si les pairs structurels
présentaient également du retard à cet égard.
En 2015, moins de 40 pour cent de la population
avait accès à des services d’assainissement et
d’hygiène de base.
28. Les Comores présentent des résultats
mitigés en ce qui concerne les progrès
accomplis à ce jour en rapport aux Objectifs
de développement durable (voir l’Annexe
3 sur les progrès des Comores en ce qui
concerne les ODD). Depuis 2000, des progrès
significatifs ont été accomplis sur plusieurs
fronts, notamment la réduction des taux de
mortalité maternelle et infanto-juvénile (ODD3),
l’augmentation de l’accès à l’électricité (ODD7)
et l’augmentation du nombre d’utilisateurs
d’Internet et des flux nets d’aide publique au
développement (APD) (ODD17). Les résultats
en matière de croissance économique ont
été décevants, le chômage des jeunes reste
à des niveaux très élevés (ODD8) et les zones
forestières continuent à diminuer (ODD15). Le
manque de données constitue un défi majeur
pour mesurer les progrès accomplis dans la
réalisation des ODD. Les Comores font partie
des 44 pays qui ne figurent pas actuellement
dans l’Indice et les Tableaux de bord des ODD
en raison du manque de données (27 pour cent
des valeurs sont manquantes).
3. Rencontre avec les Comores - le contexte
43
IDENTITÉ ET INSTITUTIONS AUX COMORES⁴⁴
Cette section exploite principalement l'évaluation des risques et de la résilience 2018 de
la Banque mondiale.
⁴⁴
44
2 < x < 2.5
Rép. Centrafricaine, Comores, Yémen,
Soudan
29. La faiblesse des institutions formelles
et des structures de gouvernance est la
raison principale qui fait que les Comores
sont classées comme pays fragile par la
Banque mondiale depuis 2006 (voir Figure
8). Les Comores figurent parmi les 31 pays
actuellement classés comme fragiles par la
Banque mondiale. Les résultats des évaluations
des leurs institutions et des politiques des
Comores sont systématiquement en dessous
du benchmark pour les pays à revenu
intermédiaire de la tranche inférieure et pour
les pairs structurels. Depuis le début des
30. Pour comprendre la complexité de
l’organisation sociale aux Comores, il
faut regarder au-delà de ses institutions
formelles et considérer les multiples
hiérarchies autour desquelles la société
est structurée. La société comorienne a
années 2000, les Comores ne se sont jamais
classées au-delà du 30ème centile des pays
évalués pour la plupart des indicateurs de
gouvernance disponibles, les scores étant
particulièrement faibles en termes d’efficacité
du gouvernement, la qualité des règlements
et l’état de droit. Ces faibles résultats en
matière de gouvernance sont enracinés dans
des structures sociétales qui vont au-delà
des tensions entre les îles : les institutions
formelles sont confrontées à un manque
de légitimité à cause de la faiblesse de la
présence de l’État dans le pays.
développé des formes uniques d’organisation
sociale et politique fondées sur la tradition,
la religion et la culture, dont certains aspects
sont antérieurs à l’arrivée de l’Islam dans les
îles et d’autres ont évolué pour intégrer des
éléments religieux. Historiquement, les règles
Figure 8: Pays classés comme fragiles par le Groupe de la Banque mondiale, selon la
notation CPIA
Pays éligibles à l’IDA classés comme fragiles par la Banque mondiale en 2017, regroupés par l'évaluation
harmonisée des politiques et des institutions nationales (CPIA)
12
10
8
6
4
2
0< 2
Institutions plus faibles Institutions plus fortes
2.5 < x < 3 3 < x < 3.2 > 3.2
Erythrée, Somalie,
Sud Soudan, Syrie
Afghanistan, Tchad, Rép.
Congo, Gambie, Guinée-Bissau, Haïti, Kiribati, Iles Marshall, Micronésie, Fed. Tuvalu
Burundi, DRC, Djibouti, Mozambique,
Myanmar, Iles Salomon,
Togo Côte d’Ivoire,
Kossovo, Libéria,
Mali
Source : Banque mondiale
4. Identité et institutions aux Comores
45
traditionnelles et informelles qui régissent la
société (milanantsi) aux Comores sont ancrées
dans un système coutumier vertical fondé sur
les valeurs d’honneur et de prestige, et sur
le rôle dominant des anciens. Les normes
hiérarchiques (yezi) qui régissent la société
sont en grande partie orales et s’appliquent
en fonction de l’affiliation et de l’identification
au groupe (parenté, communauté, jeunesse,
femmes, aînés).⁴⁵
31. Le village (mdji) est l’unité géographique
d’identification de base aux Comores et
donne sa cohésion à la communauté.⁴⁶
Elle est à la base des multiples formes
d’organisation sociétale (stratification
sociale, organisation territoriale et hiérarchie
religieuse) et est la source du sentiment
d’appartenance, de confiance et d’identité des
Comoriens. L’exclusion de la communauté est
la forme la plus dure de sanction sociale. Le
sentiment d’appartenance et d’identification
à un village donné a été historiquement
soutenu par diverses institutions sociales
telles que le Grand mariage (anda), qui est
au cœur de la cohésion intracommunautaire
et régit toutes les dimensions de la société
aux Comores (voir Encadré 2⁴⁷). La centralité
du village fait que les Comores sont parfois
qualifiées de « confédération de villages »,⁴⁸
plutôt que d’État-nation cohésif. Ce sentiment
d’identité localisée s’appuie sur une
hiérarchie territoriale qui s’est développée
entre les villes et les villages en fonction de
leur histoire de peuplement.⁴⁹ Les villages
des lignées les plus prestigieuses sont au
sommet de la hiérarchie territoriale, et ceux
qui étaient à l’origine peuplés d’esclaves
ou de leurs descendants sont au bas et
sont généralement marginalisés.⁵⁰ Cela a
contribué à creuser un fossé entre les zones
urbaines et rurales.
Ben Ali, Roubani, et Saïd (2011)
Cela varie d'une île à l'autre. Anjouan est présentée comme plus individualiste, avec beaucoup moins d'obligations
sociales qu'en Grande Comore et à Mohéli.
Ben Ali et Mgomri (2013); Blanchy (2013); Walker, Le Guennec-Coppens, et Mery (2002)
Interview avec Mohamed Mchangama, Président de la FCC, 14 mai 2018, Moroni.
Les villages sont classés en quatre catégories différentes : mdji wa yezi (villages de pouvoir), mdji mhuu (grands villages),
mdji ndze (villages ruraux) et itreya (villages périphériques habités par les pêcheurs et les descendants d’esclaves).
Blanchy (2004).
⁴⁵
⁴⁶
⁴⁷
⁴⁸
⁴⁹
⁵⁰
Importé par des migrants d’Afrique de l’Est, le Grand mariage (par opposition au Petit Mariage) est un rite de passage qui permet d’acquérir le statut exalté d’Homme ac-compli (ou notable). Ce processus comporte plusieurs cérémonies (qui culminent dans le Grand mariage) et comporte des cadeaux coûteux et ostentatoires qui sont part-agés avec la communauté et rehausse avec efficacité le statut social de l’individu, de sa famille et de son village. Par le passé, il était attendu du fils et de la fille aînés de la famille de célébrer le Grand mariage, mais les choses ont évolué depuis et le Grand mariage concerne à présent tous les enfants qui choisissent de s’y plier. Cela a eu pour effet d’accroitre les dépenses associées à ce rituel et de monétariser de plus en plus de ce qui était auparavant considéré comme un échange principalement social. Un
Encadré 2: Le Grand mariage
4. Identité et institutions aux Comores
46
Grand mariage lie les personnes dans un réseau profondément enraciné d’obligations sociales mutuelles. Il représente un engagement collectif de deux familles. Historique-ment, c’est une alliance qui ne peut exister qu’entre les membres d’un même village ou d’une même ville, et d’un même statut social. Cette coutume du Grand mariage est une caractéristique commune de l’archipel, bien qu’elle ait plus de force dans la Grande Comore et à Mohéli, qu’à Anjouan, où il a progressivement perdu en importance.
Source : Évaluation des risques et de la résilience de la Banque mondiale 2018.
32. Le caractère central du village et
l’informalité des institutions donnent un
éclairage sur les relations des citoyens avec
l’Etat formel. Contrairement aux systèmes
de gouvernance traditionnels locaux, qui
reposent sur une combinaison de religion et
de coutumes et sont profondément enracinés
dans les normes et valeurs locales, les
institutions étatiques formelles sont encore
largement perçues comme des importations.
Cela a créé deux systèmes dans lesquels
les systèmes de gouvernance traditionnels
et informels fonctionnent en parallèles aux
systèmes formels. Contrairement au système
formel qui repose sur le concept des droits
individuels, le système informel est fondé sur
des réseaux communautaires et de parenté,
une philosophie qui s’étend aux institutions
publiques : les habitants du territoire sur
lequel l’institution est établie croient que la
communauté devrait l’administrer et que sa
gestion devrait profiter à la communauté -
et fournir des emplois aux membres de la
communauté. Les notables exercent des
pressions sur les autorités gouvernementales
en matière de recrutement et de promotion
et sont généralement consultés avant
les décisions de nomination.⁵¹ Ainsi, le
fonctionnement de l’État est largement
structuré autour de réseaux de parenté, de
groupes générationnels et d’allégeances
territoriales. En fin de compte, cela compromet
la fonctionnalité de l’administration publique
et la gestion des entreprises d’État.
33. Il semble de plus que le processus de
décentralisation dans lequel la création
des communes n’a pas été alignée sur
la sphère d’influence traditionnelle du
village ait renforcé le sentiment de coupure
entre l’État central et les centres locaux
d’autogouvernance informelle. En 2015,
les premières élections locales dans le
pays ont eu lieu dans le cadre du processus
de décentralisation lancé par l’accord
constitutionnel de 2001 et promulgué en 2011.⁵²
²Toutefois, les communes sont confrontées à
plusieurs problèmes, notamment l’insuffisance
des ressources humaines et financières,
les transferts budgétaires de l’État central
n’étant souvent pas reçus et les recettes de la
fiscalité locale étant inexistantes. Le problème
vient principalement de la conception des
communes : elle n’a pas suffisamment pris en
M'Sa Ali (2006).
Certaines fonctions des îles, comme l'état civil et l'enseignement primaire, ont depuis été transférées aux communes
avec quelques fonctionnaires. D'autres fonctions qui devraient également être transférées des îles aux communes
comprennent l'environnement, la santé de base, le sport et l’urbanisme.
⁵¹
⁵²
4. Identité et institutions aux Comores
47
compte le contexte social et politique local et
a alimenté de nouvelles tensions et renforcé
certaines rivalités historiques entre villages.⁵³ ⁵⁴
Portée limitée de l’État
34. Le manque de légitimité des institutions
formelles a limité l’efficacité et la présence
de l’État en dehors de Moroni, de même que
la portée de la prestation des services. Peu
d’attention a été accordée à la responsabilité
de l’État à l’égard des citoyens ou au maintien
du pacte social entre l’État et les citoyens.
La coupure entre l’État et les citoyens est
exacerbée par la rareté des services fournis
par l’État qui a fait que la charge de la
prestation des services a été transférée à
des fournisseurs alternatifs. Dans le même
temps, les mécanismes de redevabilité
sociale - tels que le contrôle indépendant
des actions publiques par les citoyens -
sont sous-développés tandis que le faible
fonctionnement du pouvoir législatif et
l’absence de transparence dans les affaires
publiques limitent davantage la redevabilité
sociale.
35. La politisation de l’administration
publique aggrave la faiblesse de la portée
de l’État et la faiblesse des institutions.
L’existence de diverses administrations au
niveau des îles a davantage contribué à
gonfler les effectifs de la fonction publique.
Le recrutement dans la fonction publique a
généralement augmenté à l’approche des
élections. Anjouan compte le plus grand
nombre de fonctionnaires aux Comores -
en tant que produit du favoritisme politique
pendant le mandat du Président Bacar sur
l’île et d’un « recrutement de réconciliation »
après la tentative de sécession de 2007. C’est
aussi l’île où les salaires des fonctionnaires
sont les plus élevés. La répartition des postes
dans l’administration entre les alliés politiques
a gonflé les effectifs de la fonction publique
comorienne et a créé une masse salariale
insoutenable.⁵⁵ Les fonctionnaires sont peu
formés et il y a souvent une inadéquation
entre l’emploi et les compétences. Même si
un grand nombre ont un niveau d’instruction
élevés,⁵⁶ l’élite administrative n’a pas une
croyance unificatrice quant au but de l’État
et à la façon dont il devrait être géré. Les
taux de roulement élevés, l’absentéisme et
la rareté des ressources minent le moral,
ainsi que la capacité et la redevabilité.
L’administration publique souffre également
d’une concurrence bureaucratique entre les
départements se disputant les ressources de
l’Etat et les projets de développement.
Rôle des étrangers - envois de fonds et dépendance à l’égard de l’aide
36. La migration est un élément clé de la
société comorienne, un tiers environ de la
Ben Ali, Roubani, et Saïd (2011). Par exemple, certains villages ont entravé la construction de la mairie de leur
commune parce qu'elle était prévue dans un village concurrent. Cependant, il y a quelques exceptions à cette logique
concurrentielle, comme dans le cas de la commune de Moroni, où les villages voisins ont accepté de participer.
Blanchy (2011).
Au cours de la dernière décennie, plus de 60 pour cent des recettes générées au niveau national ont été affectées à la
masse salariale. Les récentes limites posées au recrutement dans la fonction publique ont été en partie contournées
par l'embauche à court terme de jeunes stagiaires qui peuvent représenter jusqu'à 40 pour cent des employés (Union
des Comores, 2017).
Rose et Gowthaman (2015)
⁵³
⁵⁴
⁵⁵
⁵⁶
4. Identité et institutions aux Comores
48
population vivant à l’étranger, principalement
en France.⁵⁷ En proportion à leur population,
les Comoriens représentent l’une des plus
grandes diasporas d’Afrique.⁵⁸ Depuis 1990,
l’émigration nette a connu une croissance qui
est le pratiquement le double de la croissance
démographique, ce qui a permis d’atténuer
dans une certaine mesure les pressions
de la forte croissance démographique. Le
nombre d’émigrants comoriens a presque
triplé au cours des trente dernières années.
Historiquement, les Comoriens ont souvent
émigré pour des raisons politiques et
commerciales, mais aujourd’hui, l’émigration
a surtout des raisons économiques et
les femmes représentent une proportion
croissante du nombre total d’émigrés.
37. Les envois de fonds de la diaspora
représentent une source substantielle de
revenus pour les familles comoriennes, dont
une grande partie va à la consommation
plutôt qu’à l’investissement. Les envois de
fonds privés bruts représentaient 13 pour cent
du PIB en 2017, ce qui fait des Comores l’un
des plus grands récepteurs d’envois de fonds
parmi les pays d’Afrique subsaharienne et les
petits États insulaires (voir Figure 9). Entre 70
et 90 pour cent⁵⁹ du total des envois de fonds
sont utilisés à des fins de consommation⁶⁰
et servent de filet de sécurité pour les
Comoriens, principalement pour couvrir
leurs dépenses de santé, d’éducation et
d’alimentation. La diaspora investit également
dans les infrastructures sociales et les projets
de construction, tels que la construction de
mosquées, d’écoles, de services de santé,
de routes, de centres communautaires et de
médias locaux.
38. La diaspora est un acteur clé du
développement et un facteur de changement
social et d’influence au niveau du village.
Les envois de fonds sont en grande partie
canalisés en fonction des allégeances
villageoises et constituent la principale source
de financement des services, comblant ainsi
une partie des vides laissés par l’État.⁶¹ Bien
Les migrations comoriennes résultent d'abord de la dépossession des terres, de l'esclavage et de la répression
(invasions de Madagascar au 18ème siècle, puis colonisation française). Elle a aussi servi à échapper aux rigidités de
l'ordre social ou à accumuler des ressources économiques pour réaliser le Grand mariage. Les principaux déclencheurs
de la migration sont l'instabilité politique et la violence, les faibles possibilités d'éducation de haut niveau, les rares
possibilités d'emploi et l'accès difficile à la terre. Les jeunes Comoriens ont d'abord émigré des Comores vers des pays
musulmans tels que le Yémen ou l'Égypte, et surtout vers Zanzibar, mais aussi vers Madagascar sous le régime colonial.
Après les violences contre la diaspora comorienne à Zanzibar (1964) et à Madagascar (1976), l'émigration s'est dirigée
vers la France où vit aujourd'hui la majeure partie de la diaspora comorienne.
Selon les estimations de la Division de la population de l'ONU, en 2017, il y avait environ 116 000 émigrants comoriens
dans le monde, contre 40 000 en 1990. Cette augmentation remarquable de l'émigration, en particulier depuis 2000,
a dépassé la croissance démographique. Par rapport à la population, le stock d'émigrants est passé de 9,7 pour cent
en 1990 à 14,3 pour cent en 2017. Les principales destinations des émigrants comoriens sont Mayotte, la France et
Madagascar avec un léger changement de préférence, la France métropolitaine, qui était la première destination en
1990, ayant récemment été dépassée par Mayotte avec quelque 58 000 Comoriens y vivant en 2017.
World Bank (2017a).
L'un des principaux objectifs historiques des envois de fonds est de financer les dépenses élevées liées à l'organisation
du Grand mariage et d'autres événements socialement contraignants de la société comorienne telles que les funérailles
(Blanchy, 2014).
Plusieurs programmes de co-développement impliquant des organisations de la diaspora comorienne ont été mis en
place, notamment en France. Le gouvernement et les donateurs s'efforcent de promouvoir la mise en place d'instruments
financiers pour mieux canaliser les envois de fonds vers des objectifs de développement. Cependant, cet effort s'est
heurté à l'impératif et à la force de la dynamique sociale dominante et des allégeances familiales et territoriales et est
compliqué par le manque général de confiance dans l'État comorien.
⁵⁷
⁵⁸
⁵⁹
⁶⁰
⁶¹
49
4. Identité et institutions aux Comores
que la diaspora n’ait pas encore le droit de
vote, elle a une forte influence politique aux
Comores. Représentant environ 25 pour cent
de l’électorat, son inclusion dans le processus
électoral aurait d’énormes répercussions sur
la dynamique politique et pourrait renforcer la
demande de redevabilité du gouvernement.
Prévu pour les élections de 2016 au départ, le
vote de la diaspora en France n’a finalement
39. Les Comores sont fortement dépendantes
des bailleurs et des partenaires au
développement. Au cours des 15 dernières
années, l’aide publique au développement
nette a représenté en moyenne environ 10
pour cent du PIB. Ce pourcentage est proche
du total des recettes fiscales en 2017 (9,5
pour cent du PIB) et est élevé par rapport à
la moyenne subsaharienne (4 pour cent du
PIB), mais inférieur à la moyenne des pays
de comparaison (24 pour cent du PIB). Il y a
actuellement une trentaine de partenaires
au développement actifs dans le pays. Les
partenaires multilatéraux comprennent la
pas été autorisé pour des « raisons techniques
». Néanmoins, les membres de la diaspora
influencent les membres de la famille qui
restent aux Comores et aident à financer les
campagnes politiques. Lors des élections de
2016, par exemple, la plupart des candidats à
la présidence ont commencé leur campagne
en France où ils ont créé des comités de
soutien dans différentes villes.
Banque Africaine de Développement, l’ONU,
l’UE, le Groupe de la Banque mondiale et
la Banque Islamique de Développement.
Les principaux partenaires bilatéraux sont
la France, la Chine et le Japon. En raison de
la faiblesse de l’État, les bailleurs de fonds
dirigent la conception et de la mise en œuvre
des politiques publiques dans bien des cas.
Toutefois, la coordination de l’aide est faible
et l’efficacité de l’aide au développement
demeure préoccupante, étant donné la
complexité des conditions de fonctionnement.
La prévisibilité du budget a encore diminué ces
dernières années en raison du rôle croissant
Envois de fonds personnels, reçus (% du PIB) (2011-2017)
Tong
a
Sam
oa
Pairs
as
pira
tionn
els
Cap
Vert
Com
ores
(2
001-
2011
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Etat
s fr
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i
Pairs
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els
Tim
or O
rient
al
Iles
Salo
mon
Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM
Figure 9: Envois de fonds, Comores et comparateurs
30
25
20
15
10
5
0
80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur Moyenne de l'ASS
50
4. Identité et institutions aux Comores
joué par les pays du Golfe (en particulier
l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis)
qui fournissent un soutien budgétaire souvent
sous la forme de paiements ponctuels au gré
des circonstances.⁶²
40. La France a conservé une forte influence
dans les affaires des Comores après
l’indépendance. Le statut contesté de
Mayotte, aujourd’hui département de la France
mais toujours revendiqué par les Comores
comme faisant partie de leur territoire, fait que
les relations diplomatiques sont tumultueuses
et erratiques. Toutefois, les tensions restent
contenues, les autorités comoriennes
hésitant à mettre en péril leurs relations
avec leur principal partenaire bilatéral. La
France a régulièrement financé des arriérés
de salaires dans la fonction publique et est
un partenaire important dans des secteurs
tels que l’éducation et l’eau. Les deux pays
entretiennent également une relation forte
fondée sur le nombre de Comoriens vivant
en France ; en tant que pays d’accueil de la
plus grande partie de la diaspora comorienne,
la France a intérêt à contenir la migration.
L’ancienne puissance coloniale considère
le plan de développement stratégique des
Comores comme la voie à suivre pour contenir
l’émigration et envisage de tripler son aide⁶³ à
l’avenir, compte tenu notamment des récents
troubles à Mayotte.⁶⁴ En 2017, pour la première
fois depuis des années, une commission
franco-comorienne a été convoquée pour
consolider le partenariat entre les deux pays
en matière de développement.
41. Les Comores entretiennent des liens
étroits avec le Golfe en prolongement de
l’histoire précoloniale de migrations et de
commerce avec les pays du Golfe. Depuis l’ère
précoloniale, les relations avec le Golfe ont
tourné autour des échanges commerciaux, ainsi
qu’autour des échanges de savoir et d’expertise.
Des centaines d’étudiants comoriens ont été
formés dans les pays du Golfe,⁶⁵ en particulier
en Arabie saoudite, et les États du Golfe
intensifient de plus en plus leurs efforts de
développement aux Comores, en particulier
dans les routes et les infrastructures.⁶⁶ Le «
Programme de citoyenneté économique »,
qui consiste en la vente de la citoyenneté et
de passeports comoriens aux ressortissants
de l’Arabie saoudite et du Koweït, a suscité
beaucoup d’attention lorsqu’il est apparu que
d’importantes sommes d’argent provenant
de ce programme avaient été détournées et
avaient disparu (voir Encadré 3).⁶⁷
Par exemple, en 2015, l'Arabie saoudite a fourni une aide budgétaire équivalant à environ 25 pour cent des recettes
totales et à environ la moitié des recettes hors dons.
Un montant de 135 millions d'euros était prévu dans la convention de partenariat 2015-2020 entre la France et les
Comores (France Diplomatie 2018).
Début 2018, les habitants de Mayotte ont organisé un blocage de l'île pour contraindre le gouvernement français à
agir sur la question migratoire et plus généralement à intensifier ses efforts pour améliorer le développement de l'île.
Au cours de cette crise, le gouvernement des Comores a empêché le retour de ses citoyens expulsés de Mayotte,
augmentant ainsi les tensions diplomatiques avec la France. On estime que plus de 10 000 personnes sont renvoyées
de Mayotte aux Comores chaque année.
Ali, Roubani, et Saïd (2011)
Le Qatar et l'Arabie saoudite ont fourni des subventions budgétaires ponctuelles pour payer les salaires des fonctionnaires
et financer d'autres dépenses. Oman accorde également des subventions à l'armée comorienne. Des investisseurs
arabes (al-Marwan) ont repris une société française pour gérer le port de Moroni. Des investisseurs koweïtiens ont créé
la Banque Fédérale de Commerce en 2009.
Plus de 48 000 passeports ont été vendus au lieu des 4 000 prévus dans l'accord au départ. Les anciens présidents
Sambi et Dhoinine sont poursuivis en justice dans le cadre de ce programme (Jeune Afrique 2018).
⁶²
⁶³
⁶⁴
⁶⁵
⁶⁶
⁶⁷
51
4. Identité et institutions aux Comores
42. Les tensions entre sunnites - shi’ites entre
l’Arabie saoudite et l’Iran⁶⁸ constituent une
dimension importante des relations du pays
avec les États du Golfe, ces tensions ayant
fini par toucher les Comores. Historiquement,
le pays a eu des liens plus forts avec les
nations arabes sunnites qu’avec l’Iran, mais
il a renforcé ses liens avec ce pays sous la
présidence du président Sambi (d’Anjouan),
qui a étudié en Iran. Cette tendance s’est
progressivement inversée sous le Président
Dhoinine (de Mohéli), lorsque l’Arabie saoudite
a ouvert une ambassade à Moroni et accordé
un don de 40 millions USD aux Comores.⁶⁹
Plus récemment, alors que les tensions entre
l’Arabie saoudite et l’Iran se sont intensifiées,
les Comores ont pris parti et ont coupé les
relations diplomatiques avec l’Iran et le Qatar
en 2016. Ces rivalités géopolitiques ont eu
un certain rôle dans la confrontation entre
opposants politiques au pays, le Président
Assoumani (de la Grande Comore) cherchant
Sambi, qui a étudié en Iran, a signé un accord de défense avec Téhéran et a autorisé diverses fondations à opérer aux
Comores. L'Iran a apporté son soutien dans des secteurs tels que l'agriculture, la pêche et la santé. Cette période est
également marquée par le développement du chiisme aux Comores, notamment à Anjouan, l'île natale de Sambi.
Bayle (2016)
⁶⁸
⁶⁹
Le Programme de citoyenneté économique (PCE) des Comores a débuté lorsque le
gouvernement a conclu un accord avec les Émirats arabes unis en 2008 pour offrir la
nationalité comorienne aux Bédouins apatrides vivant dans le Golfe. Elle a offert aux
gouvernements du Golfe un moyen d’identifier ces personnes sans leur accorder la
citoyenneté. En échange, les Comores percevaient une redevance pour chaque passeport
délivré. Les Comores ont mis en œuvre le PCE principalement entre 2010 et 2012, ce qui
a donné une impulsion significative aux recettes non fiscales. En effet, en 2012 (l’année
où le Programme battait son plein), le PCE a au moins doublé les recettes publiques non
fiscales. Le programme a toutefois connu une forte baisse en 2013 à la suite de l’imposition
de contrôles plus stricts en réponse à des irrégularités. Le Parlement comorien enquête
actuellement sur les plaintes pour corruption et non-respect des procédures.
Le gouvernement des Comores a reçu plus de 4 500 USD pour chaque cas de citoyenneté
accordée, selon les documents du gouvernement en 2012. Le gouvernement émirati
a estimé que le nombre de Bédouins dans le pays se situait entre 20 000 et 100 000.
Actuellement, au moins 40 000 de ces personnes sont munies d’un passeport comorien.
Toutefois, la nationalité et les passeports sont également vendus à des non-Bédouins,
parfois à des prix beaucoup plus élevés, selon les enquêteurs aux Comores. Les passeports
comoriens ont de la valeur parce qu’ils offrent une nationalité sans obligations fiscales,
permettent l’ouverture de comptes bancaires dans les États du Golfe et facilitent les
voyages sans visa à travers le Golfe et vers de nombreux grands centres d’affaires dans
le monde
Encadré 3: Le Programme de citoyenneté économique des Comores
52
4. Identité et institutions aux Comores
le soutien de l’Arabie saoudite et l’ancien
Président Sambi s’alignant sur l’Iran.
Sources de résilience
43. Malgré les problèmes que ces
caractéristiques posent pour la croissance
économique et les perspectives de
développement aux Comores, le pays
peut également s’appuyer sur des sources
essentielles de résilience. Ceux-ci peuvent
contribuer à atténuer les risques et
représenter des points d’entrée importants
pour renforcer la cohésion sociale et mieux
relier les systèmes parallèles de gouvernance
afin de renforcer les relations entre l’État et la
société ainsi que la légitimité et la portée de
l’État formel et de ses institutions.
44. Les institutions traditionnelles et
religieuses assurent la médiation en cas de
conflits et atténuent les comportements
extrêmes. Le système coutumier, avec
l’Islam, donne un véritable ancrage à
l’organisation sociale complexe du pays et
est le principal moteur de cohésion sociale
aux Comores. Les règles coutumières et
l’Islam sont étroitement liés et ont une forte
influence sur le comportement quotidien
des individus. Les jeunes sont socialisés par
le biais d’une organisation par classe d’âge
(hirimu), où la discipline personnelle s’apprend
parallèlement au respect des personnes âgées
et de la hiérarchie sociale.⁷⁰ L’organisation
Hirimu aide également à consolider les
allégeances au groupe et à la communauté
villageoise. En même temps, les jeunes sont
socialisés dans les écoles coraniques et
les mosquées où la communauté se réunit
régulièrement. La mosquée du vendredi - une
par ville ou par village - joue un rôle unificateur
important. L’apprentissage et le partage de
valeurs communes au sein de ces différents
réseaux sociaux créent un sentiment de
solidarité et constituent un filet de sécurité
pour les Comoriens. Cependant, ces réseaux
sociaux ont tendance à être composés de
membres des mêmes couches sociales, et
beaucoup (souvent les plus pauvres) sont
exclus de ces communautés.
45. Les institutions traditionnelles ancrées
dans le système coutumier sont le
premier interlocuteur en cas de conflits
communautaires et jouent un rôle essentiel
dans le règlement des différends. Les
négociations bilatérales, la médiation,
l’arbitrage ou le jugement sont tous des
moyens clés de gérer les différends.⁷¹ L’objectif
est de préserver la paix sociale au sein de la
communauté. Le cas échéant, les affaires sont
transmises au système judiciaire de l’État pour
être entendues, que ce soit par le cadi (juge
musulman local) ou par le tribunal moderne.
Le Collège des Sages, un organisme qui
regroupe des notables retraités et est reconnu
par l’État, joue également un rôle actif dans la
médiation en cas de conflits sociaux entre les
communautés et entre l’État et les citoyens.
En outre, des arrangements informels peuvent
contribuer à maintenir la cohésion sociale, par
exemple en ce qui concerne le régime foncier.
Une série d’accords oraux relatifs à la gestion
des terres ont, dans certains cas, contribué à
réduire le risque d’inégalité d’accès à la terre.
Communautés
46. La dynamique sociale est très forte au
niveau du village et contribue à combler
le vide laissé par l’État. Aux Comores, les
villages ne dépendent pas de l’État et agissent
Ali, Roubani, et Saïd (2011)
Ali, Roubani, et Saïd (2011)
⁷⁰
⁷¹
53
4. Identité et institutions aux Comores
plutôt comme prestataires de services à la
population. Menées par les associations
villageoises et financées par la diaspora et par
les contributions des communautés locales,
les dépenses traditionnelles associées aux
rituels communautaires (tels que le Grand
mariage et les funérailles) sont maintenant
canalisées en partie vers des investissements
dans des écoles, des mosquées, des
dispensaires de santé, ainsi que dans des
routes, l’eau et les infrastructures électriques.
Les villages financent souvent le recrutement
du personnel nécessaire au fonctionnement
des services de santé et d’éducation de base.
La sécurité civile est un exemple clair du
rôle important du village dans les services
publics. Les premières interventions face
aux aléas viennent toujours de l’intérieur
des communautés⁷² parce que les services
de l’État sont soit incapables d’intervenir,
soit arrivent trop tard pour apporter leur
soutien. La gestion des ressources en
commun⁷³ constitue un autre exemple : la
création du parc marin de Mohéli en 2001
est le fruit de négociations avec les villages
locaux et les Organisations de la société
civile (OSC). La gouvernance multipartite
assure l’appropriation par la communauté et
contribue à l’application des réglementations
et à la protection des ressources naturelles.
Dans le parc de Karthala, l’implication des
villages a permis aux communautés de lutte
contre le braconnage et de demander aux
auteurs de rendre compte de leurs actes.
47. Là où elles interviennent pour combler
la brèche laissée par l’Etat, les organisations
communautaires et les structures informelles
manquent souvent de supervision et de
réglementation. La privatisation de facto de
la prestation des services n’est pas supervisée
par un organisme central et ne bénéficie pas
d’un processus de planification nationale. De
ce fait, elle peut entraîner une duplication
des services, un recrutement inapproprié ou
insuffisant de personnel technique pour les
écoles et les formations sanitaires, et limiter
davantage l’accès des pauvres. Parmi les
autres conséquences imprévues, on peut citer
la création de programmes d’enseignement
alternatifs et non réglementés dans l’ensemble
d’écoles privées qui ont vu le jour à cause du
nombre suffisant d’écoles publiques, ce qui
empêche l’établissement de programmes
de qualité communs à toutes les écoles
du pays. Dans le secteur de la santé, les
médecins du secteur public ont ouvert des
cabinets médicaux privés où ils arrivent
à gagner trois plus, mais ceci contribue à
l’absentéisme et à la détérioration des soins
dans les hôpitaux publics.
Femmes
48. Les femmes représentent un point de
référence et une source de confiance dans
la société comorienne. Elles détiennent un
pouvoir informel au sein des communautés.
Bien que le système traditionnel tende à
exclure les femmes de la prise de décision
au niveau local et qu’il leur soit interdit
d’accéder aux places publiques où les
hommes prennent les décisions concernant
les affaires du village,⁷⁴ leur approbation
est souvent essentielle pour consolider
les décisions prises dans ces assemblées
villageoises dominées par les hommes. Elles
sont à l’avant-garde du changement social et
Cette organisation s'appuie sur la tradition de bénévolat de la société comorienne. L'assistance et le sauvetage sont
des obligations sociales et ceux qui y manquent peuvent être bannis de la communauté.
Hauzer, Dearden et Murray (2013).
Une nouvelle tendance s'est développée dans la diaspora en France où les femmes, grâce à leurs importantes
contributions financières, sont autorisées à participer aux assemblées de notables (Blanchy et Lallemand, 2011).
⁷²
⁷³
⁷⁴
54
4. Identité et institutions aux Comores
sont soutenues par la diaspora, qui repousse
les frontières par rapport aux hypothèses
traditionnelles sur le genre. Par exemple, les
tentatives d’imposer le Grand mariage aux
femmes nées ou socialisées en France tendent
à devenir une source de tension familiale
; de ce fait, la pression familiale à participer
à ces cérémonies diminue pour celles de la
diaspora.⁷⁵ En 2004, 21,5 pour cent des chefs de
famille étaient des femmes. Cette proportion
est passée à 27,8 pour cent en 2014. Il convient
également de noter que les envois de fonds de
la diaspora tendent à être envoyés davantage
aux femmes qu’aux hommes.
49. Les femmes sont de plus en plus présentes
dans la sphère publique. Les associations
féminines sont très dynamiques au niveau
local et plusieurs organisations féminines sont
apparues au niveau national pour s’opposer
aux pratiques discriminatoires à l’égard des
femmes et plaider pour leur autonomisation.
Les femmes d’affaires se sont organisées
par le développement d’associations et de
groupes tels que l’Association des Femmes
d’Affaires Comoriennes ou Entreprendre au
Féminin aux Comores (EFOI-COM). De même,
des plateformes politiques multipartites ont
été mises en place pour faire entendre la voix
des femmes dans la sphère politique, où elles
jouent un rôle actif - en particulier pendant les
campagnes électorales. Cependant, bien que
les femmes soient très actives au niveau local,
elles occupent un rôle moins important dans
les forums politiques ou économiques de haut
niveau. Les femmes ne représentent qu’environ
2 pour cent des membres élus du Parlement.
Organisations de la société civile
50. Les associations communautaires ont
fleuri dans les villages dans le domaine
du développement local. Créées par de
jeunes Comoriens instruits, ces associations
sont dynamiques, impliquées dans divers
secteurs et promeuvent une vision du
développement de leurs communautés.⁷⁶
La diaspora comorienne contribue de
manière significative au développement
de ces associations communautaires très
localisées. Certaines associations, telles
que 2Mains, ont d’abord été créées en
France, puis enregistrées aux Comores.
Elles apportent une expertise technique et
ont tendance à combler les vides laissés
par des institutions publiques inefficaces
dans la prestation de services de base aux
communautés. Les Comores ont une grande
expérience des projets de développement
pilotés par la communauté (DPC), qui
peuvent contribuer à renforcer la cohésion
sociale, réduire la pauvreté, atténuer les
facteurs de fragilité et promouvoir le
développement du capital humain. Dans
les secteurs de la pêche et de l’agriculture,
ces projets ont été axés sur l’amélioration
des moyens de subsistance et la création
d’emplois. Bien qu’ils aient rapporté des
impacts positifs, il n’est pas certain qu’ils
puissent être reproduits ou étendus, et à ce
titre, il serait important d’étudier le potentiel
de telles approches au-delà des moyens
de subsistance et d’assurer une prestation
de services transparente et équitable.⁷⁷
Des études portant sur plusieurs projets de
Abdillahi (2012)
Mohan (2002)
Casey, Katherine. Décentralisation radicale : Le développement piloté par la communauté fonctionne-t-il ? Stanford
Graduate School of Business, document de travail 3598. Septembre 2017, p. 12. Disponible à https ://www.gsb.
stanford.edu/faculty-research/working-papers/radical-decentralization-does-community-driven-development-
work; Wong (2012)
⁷⁵
⁷⁶
⁷⁷
4. Identité et institutions aux Comores
55
DPC ont montré que les infrastructures et
les travaux publics placés sous la direction
des communautés sont construits à des
coûts comparativement inférieurs et
que ces investissements ont des effets
positifs sur le bien-être matériel.⁷⁸ Au
niveau national, des OSC sont également
apparues dans différents secteurs, tels
que l’éducation, la santé, l’environnement,
l’eau, l’égalité des sexes et les droits de
l’homme.⁷⁹ Elles n’ont pas encore réussi
à établir de fédérations nationales ou de
réseaux inter-îles. Bien qu’il n’y ait pas de
dialogue institutionnalisé avec l’État, les
OSC participent souvent à l’élaboration des
stratégies gouvernementales et des lois.
Wong, Susan et Scott Guggenheim. Community-Driven Development : Myths and Realities. World Bank Group
Policy Research Working Paper 8435. May 2018. Disponible à https ://collaboration.worldbank.org/content/sites/
collaboration-for-development/en/groups/community-driven-development-global-solutions-group/documents.
entry.html/2018/06/18/community-drivendev-haJ4.html
La plupart de ces associations dépendent fortement du bénévolat et souffrent généralement d'un manque de
capacités. Elles restent très dépendantes des financements extérieurs.
⁷⁸
⁷⁹
4. Identité et institutions aux Comores
56
PAUVRETÉ ET PROSPÉRITÉ PARTAGÉE AUX COMORES⁸⁰
Cette section est basée sur l'Évaluation de la pauvreté 2017 de la
Banque mondiale.
⁸⁰
4957
Je dirais qu’il faut vraiment chercher à régler les problèmes quotidiens du comorien (avoir quelque chose à manger, accéder à l’eau potable et à l’électricité normale) dans tout le pays et insister que les jeunes dans le monde de l’entreprise aient plus faim de pouvoir et visent plus haut.⁸¹
Performance des Comores en rapport au Double Objectif
Pauvreté⁸²
51. Comparés à d’autres pays subsahariens
et à d’autres pays fragiles, les Comores
sont moins susceptibles d’être pauvres (voir
Figure 10). En 2014, quatre Comoriens sur dix
pouvaient être considérés comme pauvres
et deux sur dix vivaient dans l’extrême
pauvreté.⁸³ ⁸⁴ Ce chiffre place les Comores
nettement devant les autres pays fragiles
et la moyenne de l’Afrique subsaharienne
et est comparable aux résultats moyens en
matière de pauvreté des pays à revenu moyen
inférieur. Les progrès en matière de réduction
de la pauvreté ont été modestes aux Comores
depuis 2004. Au cours de la période 2004-14,
la pauvreté a réagi lentement à la croissance
économique : une augmentation de 1 pour
cent de la consommation n’a réduit le
nombre de pauvres que de 0,7 pour cent et
cette réponse a été entièrement due à une
augmentation de la consommation moyenne
des ménages (effet croissance) sans effet de
redistribution, c’est-à-dire une augmentation
des inégalités. La même tendance a été
observée au niveau national ainsi qu’entre
zones rurales et urbaines et entre îles.
52. Les chances d’échapper à la pauvreté sont
élevées aux Comores, d’après les normes
de mesure internationales et nationales.
Le niveau moyen de consommation d’un
Comorien pauvre est d’environ 85 pour cent
du seuil de pauvreté international de 3,2
dollars par jour (PPA 2011), contre 86 pour cent
Citation d'un répondant à une consultation en ligne sur Facebook sur ce que les Comoriens considèrent comme
les principaux obstacles au développement de leur pays : « Je dirais qu'il faut vraiment essayer de résoudre les
problèmes quotidiens des Comoriens dans tout le pays (de quoi manger, de l'eau potable et de l'électricité normale)
et insister pour que les jeunes du secteur privé aient davantage soif de pouvoir et se fixent des objectifs plus élevés. »
Comme c'est généralement le cas en Afrique subsaharienne (ASS), l'EESIC 2014 utilise la consommation comme
mesure clé du bien-être pour analyser la pauvreté. Cet agrégat de consommation comprend la consommation
alimentaire, y compris les aliments produits par les ménages eux-mêmes, ainsi que les dépenses pour une gamme
de biens et services non alimentaires (vêtements, services publics, transport, communications, santé, éducation,
dépenses liées au logement et loyer imputé, etc.). Toutefois, l'agrégat de la consommation ne comprend pas les
dépenses pour les biens de consommation durables plus importants (tels que les voitures, les téléviseurs, les
ordinateurs, etc.), ni les dépenses pour les cérémonies (mariage, funérailles, etc.). Dans la mesure où les ménages
plus aisés consacrent une plus grande part de leur consommation totale aux biens durables, cette omission crée
certains biais et sous-estime la consommation réelle des familles plus riches. Ceci est moins important pour l'analyse
de la pauvreté, où l'accent est mis sur la partie inférieure de la distribution, mais cela peut avoir un impact significatif
sur l'estimation de l’inégalité,
Les individus sont considérés comme extrêmement pauvres s'ils n'ont pas les moyens d'acheter suffisamment de
nourriture pour satisfaire les besoins nutritionnels minimums de 2 200 kilocalories (Kcal) par personne et par jour.
Le seuil de pauvreté national et international de 3,2 dollars des États-Unis par habitant et par jour indique qu'environ
quatre Comoriens sur dix aujourd'hui peuvent être considérés comme pauvres.
⁸¹
⁸²
⁸³
⁸⁴
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
58
dans les autres pays à revenu intermédiaire
inférieur, 68 pour cent dans les autres pays
d’Afrique subsaharienne et 87 pour cent pour
les pairs aspirationnels. Un quart des pauvres
aux Comores vivent actuellement juste en
dessous du seuil de pauvreté national et
pourraient sortir de la pauvreté si leur revenu
augmentait d’environ 167 KMF par habitant
et par jour (0,7 USD, PPA 2011). Cependant, il
y a aussi une bonne tranche de 10 pour cent
de la population qui risque de tomber sous
le seuil de pauvreté national en cas de chocs
économiques inattendus.
53. Il existe d’importantes différences entre
les îles et entre le milieu rural et le milieu
urbain en termes de pauvreté (voir Figure
11 et Figure 12). L’effectif des pauvres a pu
être réduite en milieu rural et urbaines, mais
il y a nettement moins de pauvreté en milieu
urbain. Les habitants d’Anjouan et de Mohéli
sont 8 à 6 pour cent plus susceptibles de
vivre dans la pauvreté que ceux de la Grande
Comore. L’incidence de la pauvreté est la
plus faible à Moroni - la principale ville de la
Grande Comore et capitale de l’Union - où
seuls 36,5 pour cent de la population vit sous
le seuil de pauvreté national, contre environ
45 pour cent à Anjouan et Mohéli. Reflet des
différences dans l’activité économique à
travers les îles (l’agriculture rurale domine à
Anjouan et Mohéli, les services dominent dans
les centres urbains et la Grande Comore),
l’incidence de la pauvreté est estimée à 49,9
pour cent en milieu rural contre 31 pour cent
en milieu urbain.
a. Incidence de la pauvreté et de l'extrême pauvreté en 2014 (%) - seuil national de pauvreté
b. Estimations internationales de la pauvreté aux Comores et dans les pays de comparaison en 2014 (%)
Figure 10: Indicateurs d’incidence de la pauvreté par région et entre comparateurs
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Samoa
Tonga
Fidji
Sao Tomé et Principe
Cap Vert
Comores
Iles Salomon
Timor-Oriental
Revenu intermédiaire inférieur
Afrique subsaharienne
Taux de pauvreté
Sources: Panneau a : EESIC 2014, Panneau b : IDM.⁸⁵
42,4
23,5
16,7
8,9
1,78,9
14,1
26,8
35,0
38,1
58,8
43,7
66,3
73,2
Taux d'extrême pauvreté
Ecart de pauvreté (1)
Sévérité de la pauvreté (2)
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0
Les seuils de pauvreté utilisés sont fondés sur l'approche du coût des besoins fondamentaux. Le seuil de pauvreté
alimentaire de l’EESIC 2014 (16 711 KMF par personne et par mois) est basé sur le coût d'un panier alimentaire qui
fournit 2 200 calories par personne et par jour (compte tenu des habitudes de consommation dans une population
de référence). Le seuil de pauvreté pour les besoins fondamentaux (25 341 KMF par personne et par mois) ajoute
une allocation pour les produits de première nécessité non alimentaires au seuil de pauvreté alimentaire. Le taux
de pauvreté en référence aux besoins fondamentaux (ou taux de pauvreté tel qu'utilisé dans le texte) mesure la
proportion de la population dont la consommation mensuelle totale des ménages par personne (corrigée des prix)
est inférieure au seuil de pauvreté des besoins fondamentaux. Le taux d'extrême pauvreté de l'effectif (utilisé dans
le texte comme taux d'extrême pauvreté) mesure la proportion de la population dont la consommation mensuelle
totale des ménages par personne (corrigée des prix) est inférieure au seuil de pauvreté alimentaire.
⁸⁵
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
59
54. Malgré de nettes disparités géographiques,
la taille de la famille, le secteur de l’emploi
et le niveau d’instruction sont les principaux
facteurs qui distinguent les pauvres des
non pauvres. La pauvreté dans les ménages
augmente constamment avec le nombre
d’enfants, atteignant 70 pour cent chez les
ménages de cinq enfants ou plus, contre moins
de 20 pour cent chez les ménages sans enfants.
Les trois quarts des pauvres sont en auto-emploi
et plus de la moitié d’entre eux dépendent de
l’agriculture pour leur subsistance. La pauvreté
est nettement plus faible parmi les salariés,
en particulier dans le secteur des services
et dans l’industrie et le commerce. Moins de
10 pour cent des pauvres travaillent dans les
administrations publiques. L’enseignement
primaire ne suffit pas à lui seul à accroître les
chances des pauvres de sortir de la pauvreté. Il
existe un écart de pauvreté considérable entre
les ménages dont le chef a fait des études
secondaires ou supérieures et les ménages
dont le chef n’en a pas fait ou a seulement fait
des études primaires. Il n’y a pas de relation
significative entre le sexe du chef de ménage
et le bien-être économique du ménage. Enfin,
une histoire de migration interne est associée à
de meilleurs résultats en matière de pauvreté.
a. Incidence de la pauvreté par région (%) b. Incidence de la pauvreté par île (%)
Figure 11: Indicateurs de pauvreté pour les Comores
60
50
40
30
20
10
0
504540353025201510
50
Source: EESIC 2014.
Rural Urbain Moroni Reste de la Grande Comore
Anjouan Mohéli
49,9
31,0
36,539,8
46,6 44,9
La personne moyenne vivant dans la pauvreté aux Comores par rapport à une personne non pauvre :
Figure 12: Portrait de la vie aux Comores par revenu et par région
Vit dans une zone rurale plutôt qu'en ville.
Vit à Anjouan ou Mohéli plutôt qu'à la
Grande Comore.
Vit dans un ménage dont le chef travaille dans
l'agriculture plutôt que dans le commerce ou
les services.
Vi ans un ménage dont le chef peut être aussi bien
un homme qu’une femme.
Est moins susceptible d'avoir fait des études secondaires
ou supérieures.
Vit dans un ménage de 6 enfants au lieu de 4, avec un
plus grand nombre de personnes à charge (enfants de
moins de 15 ans).
A moins accès aux services d'infrastructure.
Est plus susceptible de venir d'une famille sans historique
de migration interne.
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
60
Taux de pauvreté par lieu (2014)
504540353025201510
50
Rép. Dém. Congo (2004-2012)
Ouganda (2009-2012)
Tanzanie (2007-2011)
Rép. Congo (2005-2011)
Togo (2011-2015)
Comores (2004-2014)
Cameroun (2007-2014)
Maurice (2006-2012)
Rwanda (2010-2013)
Sénégal (2005-2011)
10
8
6
4
2
0
-2
-4
-2% 0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 0 20 40 60 80 100
Moroni Reste de la Grande Comore
Anjouan Mohéli
Pauvre
Source: EESIC 2014
Source: EESIC 2014
Extrêmement pauvre
Prospérité partagée et inégalités
55. Depuis 2014, peu de progrès ont été réalisés
sur la voie vers la prospérité et les inégalités
se sont accrues (voir Figure 13). La courbe
d’incidence de la croissance pour la période
2004-2014 qui montre la variation en pourcentage
de la consommation moyenne pour chaque
centile de la distribution est en pente ascendante,
ce qui indique une croissance plus élevée de la
consommation parmi les groupes de population
les plus riches et les mieux lotis aux Comores.
Alors que la consommation moyenne par habitant
a augmenté d’environ 30 pour cent entre 2004 et
2014, la consommation moyenne des pauvres et
des 40 pour cent les plus pauvres de la population
n’a augmenté que d’environ 4 pour cent et 15,5
pour cent respectivement. Ainsi, malgré des
améliorations en termes de niveau de pauvreté, la
part de la consommation globale qui revient aux
40 les plus pauvres n’a augmenté que de 1,92 pour
cent sur la période 2004-2014. A 44,9, l’indice de
Gini des Comores est légèrement supérieur à la
moyenne de l’ASS de 42,3, mais significativement
supérieur à celui des pairs structurels (32,9 en
moyenne).⁸⁶ Les disparités sont plus prononcées
en milieu rural et à Anjouan, où le sous-emploi
lié au revenu (et non au temps) est élevé.⁸⁷ Pour
réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici 2030,
les ménages comoriens au bas de l’échelle de
distribution devront avoir une croissance de la
consommation deux fois supérieure à celle de la
moyenne. En revanche, si les pauvres bénéficient
de la croissance économique selon les mêmes
tendances que par le passé, l’extrême pauvreté
aux Comores ne diminuera que modestement,
passant de 18 pour cent en 2014 à environ 15 pour
cent en 2030.
Figure 13: Progrès en matière d'inégalité et de prospérité partagée pour les Comores
Les données sont des moyennes 2011-2017 de l'outil Find my Friends de la BM, utilisant les données IDM.
Environ un quart de la main-d'œuvre souffre d'un sous-emploi lié au revenu (par opposition au sous-emploi lié au
temps qui est faible aux Comores), avec le taux de sous-emploi le plus élevé à Anjouan.
⁸⁶
⁸⁷
a. Progrès vers la prospérité partagée (%) b. Incidence de la croissance aux Comores (2004-2014)
Taux de croissance en moyenne
Taux de croissance par percentile
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
61
56. Les inégalités entre le milieu urbain
et le milieu rural sont importantes et sont
principalement dues à des différences
significatives dans les rendements de la
dotation des ménages (voir Annexe 5).
Les ménages urbains sont mieux lotis que
les ménages ruraux parce qu’ils ont des
familles moins nombreuses, plus d’actifs, en
particulier des moyens de communication et
des générateurs, un meilleur accès à l’emploi
dans le commerce et la fabrication, ainsi que
dans l’administration publique, et un meilleur
accès aux services et infrastructures de base,
principalement l’électricité, l’eau potable, les
marchés et les écoles. Cependant, même si les
ménages urbains bénéficient d’une dotation
plus élevée, les inégalités entre le milieu rural
et le milieu urbain s’expliquent principalement
par le fait que ces caractéristiques ont un
plus grand rendement en milieu urbain. Les
différences de rendement des actifs et de
l’accès aux infrastructures de base expliquent
la majeure partie de l’écart d’inégalité entre
les ménages pauvres ruraux et urbains.
Aspects non monétaires de la pauvreté
57. Compte tenu des aspects non monétaires
de la pauvreté, l’accès aux services
d’infrastructure reste une contrainte
importante pour les pauvres alors que
l’accès à l’éducation et les conditions de
vie se sont améliorés (voir Figure 14). Les
estimations de l’Incidence de la pauvreté
multidimensionnelle (IPM) se sont améliorées
de 12 points de pourcentage entre 2004
et 2014, les ménages ayant connu une
amélioration considérable en termes de
conditions de logement et d’équipements
modernes tels que les téléviseurs et les
moyens de communication. La possession de
moyens de transport et d’animaux d’élevage
s’est également améliorée. Toutefois, les
niveaux de privation sont restés prononcés
et ont même augmenté dans les domaines
de l’accès au combustible de cuisson, à
l’électricité, à l’assainissement et à l’eau.
Entre 2004 et 2014, l’accès à l’eau potable
s’est légèrement amélioré au niveau national
et en milieu rural mais s’est détérioré en
milieu urbain. Des progrès ont été réalisés en
ce qui concerne l’accès à un assainissement
amélioré, mais les installations sanitaires
traditionnelles/non améliorées restent la
caractéristique la plus courante. L’utilisation
de l’électricité comme source d’énergie pour
cuisiner est restée marginale et l’utilisation
du bois et du charbon de bois pour cuisiner
a augmenté dans les ménages urbains
et ruraux. D’importants progrès ont été
accomplis en matière de développement
humain, avec une augmentation remarquable
de la scolarisation, en particulier dans le
deuxième cycle du secondaire et dans
l’enseignement supérieur.
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
62
58. Malgré les progrès notés en ce qui concerne
la mesure de la pauvreté monétaire et non
monétaire, les deux tiers de la population
restent vulnérables à la privation. L’incidence
de la privation - mesurée par la proportion
de la population privée d’au moins un tiers
des dimensions pertinentes du bien-être (voir
Figure 15), comme la consommation et les
mesures de la pauvreté multidimensionnelle
- est passée de 85 à 75 pour cent entre 2004
et 2014 (voir Figure 16). Les segments pauvres
de la population comorienne souffrent
de privations importantes dans plusieurs
dimensions du bien-être, en premier lieu de
l’accès à l’électricité et à des combustibles de
cuisson efficaces, suivis par l’assainissement
et la possession de biens. Mohéli et Anjouan
sont confrontées aux niveaux de privation
les plus élevés, tandis que les ménages de la
Grande Comore semblent mieux lotis.
Figure 15: Dimensions du bien-être et indicateurs de la méthode
Bie
ns n
on
agrico
les
Bie
ns ag
ricole
s
Co
nso
mm
ation
Co
mb
ustib
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Plan
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r du
log
em
en
t
Sco
larisation
Nive
aux d
’instru
ction
Education
(1/5)
Conditions de logement
(1/5)
Cinq dimensions du bien-être
Accès aux Services de base
(1/5)
Niveau de vie
(1/5)
Possession
d’actifs (1/5)
47
46
45
44
43
42
41
40
60
50
40
30
20
10
0
Source: Panneau a : EIM 2004, Panneau b : EESIC 2014
Figure 14: Inégalité par région et par île aux Comores
a. Coefficient de Gini par région b. Coefficient de Gini par île
Comores MoroniUrbain Reste de la Grande Comore
Rural Anjouan Mohéli
45
43
46
42 42
49
40
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
63
Figure 16: Indicateurs multidimensionnels de privation par région et par île aux Comores
a. Division urbain- rural b. Division par région-îles
60
50
40
30
20
10
0
60
50
40
30
20
10
0
National Urbain Rural Moroni Reste de la Grande Comore
Anjouan
2004 20042014 2014
Source: Panneau a : EIM 2004, Panneau b : EESIC 2014
Facteurs de la réduction de la pauvreté et de l’accroissement des inégalités depuis 2004
59. La réduction de la pauvreté entre 2004 et
2014 a été dans une large mesure le résultat
d’une expansion de la possession d’actifs
chez les ménages pauvres, alimentée par
les envois de fonds (voir Figure 17 et Annexe
5 pour une décomposition de la croissance
de la consommation par groupes de revenus).
L’augmentation de la consommation des
ménages s’est traduite par une amélioration
significative des dotations des ménages.
En particulier, les plus pauvres ont connu
une expansion de la possession d’actifs,
notamment en ce qui concerne les moyens de
communication et de transport, et des niveaux
d’instruction plus élevés. Les envois de fonds ont
contribué de manière significative à l’acquisition
d’actifs et à l’amélioration du niveau de vie et
de la consommation des ménages (voir Annexe
8). En 2014, près de 40 pour cent des ménages
comoriens ont reçu des envois de fonds. Les
montants envoyés représentaient en moyenne
22 pour cent des revenus des bénéficiaires. Les
envois de fonds ont entrainé une augmentation
de la consommation par habitant d’environ 22
pour cent et ont réduit la probabilité d’être
pauvre d’environ 11 points de pourcentage. Les
estimations montrent également que les envois
de fonds ont eu un impact plus important sur
les niveaux de consommation des ménages les
moins riches.⁸⁸
Cet effet est statistiquement significatif à un seuil de confiance de 1 pour cent. Les envois de fonds augmentent la
consommation de 31,7 pour cent, tandis que l'effet est inférieur de 11,5 points de pourcentage (20,2 pour cent) chez
les ménages les plus riches.
⁸⁸
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
64
60. Les flux d’envois de fonds expliquent
l’importante variation des résultats en
matière de pauvreté entre les différentes îles.
La nature très localisée des envois de fonds de
la diaspora perpétue les disparités. La plupart
des envois de fonds sont destinés à la Grande
Comore (environ 84 pour cent), le reste allant
principalement à Anjouan. L’augmentation
moyenne de la consommation des ménages
d’Anjouan et de Mohéli qui reçoivent des fonds
est de 11 et 15 pour cent respectivement,
contre 17 pour cent en Grande Comore. Ces
différences sont le résultat d’importantes
différences culturelles entre les trois îles. L’un
des principaux objectifs des envois de fonds
est de financer les dépenses élevées liées à
l’organisation du Grand mariage, une tradition
plus répandue en Grande Comore et à Mohéli
qu’à Anjouan.
61. Les progrès en matière d’éducation ont
eu un effet positif relativement faible sur
les niveaux de consommation des pauvres.
Entre 2004 et 2014, l’accès des Comoriens à
l’éducation s’est considérablement amélioré.
Les 40 pour cent du bas de l’échelle ont
profité nettement plus de l’augmentation des
inscriptions à l’école primaire, au collège et
dans l’enseignement supérieur, tandis que les
30 pour cent du haut de l’échelle ont connu
une augmentation disproportionnée des
inscriptions dans l’enseignement secondaire
du second degré. Pourtant, les segments les
plus riches de la population ont mieux réussi
à récolter les gains d’un meilleur accès à
l’éducation en ce qu’ils ont accéder à des
emplois formels et plus productifs. Bien que
les pauvres aient quitté l’agriculture pour
l’industrie manufacturière et le commerce, où
les revenus ont augmenté avec le temps, ils
restent largement employés dans des emplois
informels et peu qualifiés, et l’augmentation
des revenus est faible.
62. La pénurie de possibilités d’emploi et les
transformations structurelles limitées ont fait
que la pauvreté n’a guère reculé en raison
de l’évolution de la structure de l’emploi.
Ceux qui étaient pauvres en 2004 étaient
plus susceptibles de ne pas l’être en 2014 s’ils
avaient quitté l’agriculture pour le commerce
et, dans une moindre mesure, le secteur
des services. Toutefois, en l’absence d’une
transformation structurelle plus prononcée de
l’économie et d’une pénurie plus généralisée
de possibilités d’emploi, l’effet positif sur la
Figure 17: Destination des envois de fonds
a. Ratio d’envois de fonds/consommation par habitant chez les ménages bénéficiaires (%)
b. Objet principal déclaré de l’envoi de fonds en pourcentage du total des montants envoyés (2014)
10987654321
Autre soutien familial: 16%
Associations/régimes d'assurance
mutuelle: 5%
Investissement: 4%
Etudes: 7%
Autres soutien et assistance familiale: 68%
Déci
les
de la
dist
ributi
on d
es re
venu
s
Source: EESIC 2014
0 10 20 30 40
65
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
Source: JMP, 2015.
pauvreté a été limité (voir l’Annexe 8 pour une
description du marché du travail des Comores).
Cette tendance explique également l’écart
croissant entre les ménages ruraux et urbains,
les premiers ayant moins accès aux possibilités
d’emploi dans ces deux secteurs.
63. De même, les modestes améliorations
dans l’accès aux services de base n’ont
guère contribué à améliorer la vie des
pauvres. Malgré certains progrès dans
l’accès aux services de base, plus des trois
quarts des Comoriens pauvres (pauvreté
multidimensionnelle) restent privés d’accès
à l’électricité, à des combustibles efficaces
tels que le gaz, le kérosène ou le charbon de
bois, et à un assainissement amélioré (voir
Figure 16 et Figure 19). La classe moyenne et
les ménages comoriens les plus riches ont
le plus bénéficié de l’amélioration de l’accès
aux services de base, qui, avec la possession
d’actifs, représentent la plus grande part de
la pauvreté multidimensionnelle. En raison du
niveau d’accès très faible au départ, l’accès
limité aux services de base (tels que l’accès
à l’eau, à l’électricité, aux centres de santé et
aux marchés) continue d’être un indicateur
important de la pauvreté aux Comores.
Figure 18: Indicateurs multidimensionnels de la pauvreté aux Comores
Comores : Evolution de la pauvreté multidimensionnelle (en pour cent) entre 2004 et 2014
Consommation
Actifs non agricoles
Actifs agricoles
Combustible de cuisson
Electricité
Assainissement
Eau
Pas de chambres à coucher
Toiture du logement
Murs du logement
Plancher du logement
Scolarisation
Niveau d’instruction
-20,0 -10,0 0,0 10,0 20,0 30,0 40,0
66
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
64. Entre 2004 et 2014, l’un des principaux
facteurs de réduction de la pauvreté aux
Comores a été la réduction de la taille des
familles, mais l’impact aurait pu être plus
important si la fécondité avait baissé à un
rythme plus rapide. Les taux de fécondité
restent élevés (environ 4,3 par femme), ce
qui se traduit par des ménages de grande
taille, avec des variations selon les niveaux
de revenus et les zones géographiques.
Les ménages pauvres aux Comores sont
généralement de plus grande taille, avec
une moyenne de six membres contre
une moyenne de quatre membres dans
les ménages non pauvres, et ont plus
d’enfants.⁸⁹ Entre 2004 et 2014, la taille
des ménages dans les 40 pour cent au bas
de la distribution de la consommation est
passée de 7,3 à 6,3 personnes tandis que
celle des ménages des 30 pour cent au
haut de la distribution est passée de 4,6 à
3,8 personnes (voir Figure 20). Les ménages
ruraux sont de plus grande taille que les
ménages urbains, mais la taille des ménages
dans ces deux catégories a diminué, la taille
des ménages ruraux passant de 6,1 individus
en 2004 à 5,4 en 2014 et celle des ménages
urbains passant de 5,5 individus en 2004 à
4,5 en 2014. La structure démographique
des ménages comoriens a connu une légère
augmentation du taux de dépendance
(c’est-à-dire la proportion d’enfants et de
membres âgés de la famille par rapport aux
adultes en âge de travailler). On observe une
tendance similaire dans tous les ménages,
peu importe leur origine urbaine/rurale ou
leur revenu. Les taux de dépendance sont
les plus élevés parmi les pauvres.
Figure 19: Accès aux infrastructures de base
120
100
80
60
40
20
0
Accès à l’eau courante
Accès à l’électricité
Accès aux marchés
a. Comores : Niveaux d’accès aux infrastructures en 2014 (% population)
b. Accès à l’assainissements de base (%)
Pauvre Non pauvres
Source: JMP, 2015. Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM
Lorsque le ménage est de plus grande taille, les niveaux de consommation baisse et les niveaux de pauvreté
augmentent parce qu’un plus grand nombre d’enfants et de dépendants compromettent la capacité des ménages
pauvres à couvrir les besoins alimentaires de base. Par ailleurs, les ménages pauvres ont souvent tendance à
avoir plus d’enfants à titre de stratégie d’assurance contre la mortalité infantile, ce qui les enferme dans le cercle
vicieux de la pauvreté.
⁸⁹
80ème percentile revenu moyen inférieur
20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS
Tong
a
Sam
oa
Pairs
as
pira
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els
Cap
Vert
Com
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(2
001-
2011
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Salo
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70
60
50
40
30
20
10
0
67
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
Figure 20: Structure démographique Comores
a. Taille des ménages, 2004-2014 (nombre d’individus)
b. Structure démographique des ménages, 2004- 2014 (parts des individus au sein des ménages des Comores)
Comores
Urbain
Rural
40% du bas
30% du haut
0 2 4 6 8
5,9
5,5
6,1
7,1
4,6
5
4,5
5,4
6,3
3,8
2004 2014 Enfants <5 ans
Comores20
04
2014
15 13 16 18 11
18
72
29
53
25
59
21
66
24
61
14 12 16 17 12
16
73
27
56
24
60
19
69
22
64
2004
2014
2004
2014
2004
2014
2004
2014
Urbain Rural 40% du bas
30% du haut
Enfants de 5 à 15 ans Adultes
Sources: Panel a: EIM 2004, Panel b: EESIC 2014.
65. Malgré des disparités évidentes dans la
répartition du bien-être entre les groupes
sociodémographiques et les régions
géographiques, la plupart des inégalités
existantes aux Comores se situent au
sein des groupes. Une décomposition
de l’inégalité par attributs des ménages
indique que 7 pour cent de l’inégalité de la
consommation par habitant est attribuable
au niveau d’instruction du chef de ménage,
5 pour cent aux différences de composition
démographique des ménages et 5 pour cent
au secteur d’emploi du chef de ménage
(voir Annexe 6). Les inégalités entre milieu
urbain et rural expliquent 3 pour cent de
l’inégalité globale, tandis que les disparités
entre les îles des Comores n’ont qu’une
contribution marginale. Les inégalités
restantes s’expliquent au sein des groupes
et pourraient résulter des politiques sociales
existantes, de la structure du marché du
travail et de ses besoins, et de la forte
dépendance de certains ménages à l’égard
des envois de fonds.
66. La persistance intergénérationnelle de la
pauvreté et de l’inégalité est principalement
due à la région de naissance d’une personne.
Environ un cinquième de l’inégalité totale en
matière de consommation est dû à l’inégalité
des chances liée à la situation observée
des ménages comoriens. Il s’agit d’une part
assez importante par rapport aux autres pays
d’Afrique subsaharienne.⁹⁰ Les inégalités de
chances sont nettement plus marquées en
milieu rural et sont déterminées par la région
Près de 19 pour cent des inégalités de consommation aux Comores peuvent être attribuées à l'inégalité des chances.
Cette part est assez significative par rapport aux normes de l'ASS, où l'inégalité des chances est estimée à 12 pour
cent au Ghana, 15 pour cent en Côte d'Ivoire, 19 pour cent en Tanzanie et 21 pour cent à Madagascar. Toutefois, la
part des Comores dans l'inégalité des chances au sein de l'inégalité de consommation reste inférieure aux niveaux
observés en Amérique latine, où l'on a constaté que les parts d'inégalité de la consommation varient entre 24 pour
cent en Colombie et 39 pour cent au Panama.
⁹⁰
68
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
d’origine de l’individu, ce qui indique le rôle
important joué par les lieux de naissance
quant aux opportunités qu’une personne
peut avoir. L’importance des caractéristiques
des communautés locales dans l’explication
des disparités en termes de distribution des
retours et d’inégalité des chances peut refléter
l’instabilité politique passée et les effets de la
concentration localisée du pouvoir politique
et des ressources économiques. Ce constat
peut aussi expliquer pourquoi un historique
de migration interne (voir la Figure 10) tend à
être associé à une réduction de la pauvreté.
67. L’inégalité serait plus grande aux Comores
sans la politique fiscale,⁹¹ mais les Comores
restent un pays où l’inégalité des revenus
après impôt est élevée. Les dépenses en
nature représentent plus de 90 pour cent
de la réduction totale des inégalités due
aux activités fiscales et 90 pour cent de ces
dépenses fiscales en nature sont destinées à
l’éducation.⁹² L’administration et les prestations
du système de santé public (à l’exclusion
des hôpitaux nationaux de référence) et du
système d’enseignement public (à l’exclusion
de l’enseignement supérieur) sont déléguées
aux îles ; le financement de ces dépenses
provient de transferts sans allocation spécifiée
de l’autorité budgétaire de l’Union.⁹³ L’impact
positif des dépenses de santé et d’éducation
des services de santé et d’éducation en nature
sur l’inégalité par île est le plus élevé sur l’île
avec le moins d’inégalité au départ (Mohéli).
Faiblesse du capital humain et taux de fécondité élevé : moteurs de la pauvreté
68. Les résultats en matière de pauvreté et
d’équité aux Comores sont également le
résultat de faibles niveaux d’investissements
publics dans l’éducation et les services de
santé. Le revenu moyen par habitant d’un pays
et son investissement en capital humain sont
fortement corrélés, ce qui reflète une causalité
à double sens : le capital humain contribue à la
production, mais les pays plus riches peuvent
aussi investir davantage dans leurs enfants. La
pauvreté est fonction à la fois du niveau moyen
de revenu et de la distribution des revenus entre
les ménages. Dans la pratique, c’est chez les
enfants les plus pauvres que l’investissement
tend à être le plus insuffisant, et c’est donc ce
groupe qui est le plus susceptible de bénéficier
d’une augmentation de l’investissement en
capital humain. En pourcentage du PIB, les
investissements dans la santé et l’éducation
sont faibles aux Comores par rapport à
d’autres pays (voir Figure 21), la masse salariale
absorbant une part importante des dépenses
publiques dans ces deux secteurs. Les coûts
des services sont souvent absorbés en tant
que dépenses payées directement par les
L'analyse de l'incidence de la politique budgétaire dans l'évaluation de la pauvreté aux Comores révèle que
la politique budgétaire sous forme d'impôts directs et indirects et de dépenses en nature pour les services de
santé et d'éducation conduit à une réduction du coefficient de Gini d'environ 3,3 points (Banque mondiale, 2017a).
L'analyse est basée sur une évaluation de l'équité en matière d'engagement (CEQ), qui compare les distributions
de revenus avant et après l'exercice, en utilisant les données de l'ESSIC 2014 et les rapports budgétaires pour la
même année. Les transferts en nature de services d'éducation et de santé ont le plus grand impact sur l'inégalité.
L'impact des impôts directs et indirects est mitigé. Dans l'ensemble, si l'on exclut les transferts en nature, la politique
budgétaire augmente le nombre de pauvres, tandis que la plupart des ménages pauvres sont des contributeurs
nets au système fiscal.
Voir Banque mondiale (2015).
Voir Banque mondiale (2015).
⁹¹
⁹²
⁹³
69
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
Figure 21: Dépenses publiques sur la santé et l’éducation, Comores et comparateurs
a. Dépenses publiques sur l’éducation en % du PIB (2011-2017)
b. Dépenses publiques sur la santé en % du PIB (2011-2017)
Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM
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or O
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Pairs
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(200
1-20
10
Com
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(200
1-20
10)
Sao
Tom
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Prin
cipe
Sao
Tom
é et
Prin
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80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur
20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur
Moyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS
876543210
5
4
3
2
1
0
69. Le capital humain des Comores est
inférieur à celui des autres pays à revenu
moyen inférieur, ce qui compromet le potentiel
de revenus de la prochaine génération (voir
Tableau 5). En 2018, la Banque mondiale a
lancé un projet sur le capital humain et l’Indice
du capital humain (ICH), qui mesure le volume
de capital humain qu’un enfant né aujourd’hui
peut espérer atteindre à 18 ans (voir Encadré
4 sur la méthodologie de l’indice). Avec un
indice global de 0,41, les Comores obtiennent
de meilleurs résultats que la moyenne des
pays à faible revenu (0,38) mais en dessous de
la moyenne des pays à revenu moyen inférieur
(0,48). En comparaison avec les pays à revenu
ménages, ce qui fait que les pauvres ont un
accès particulièrement faible aux services de
santé.⁹⁴ Lorsque les ménages les plus pauvres
moyen inférieur, les Comores accusent le plus
de retard sur le nombre d’années de scolarité
attendues (8,4 contre 10,4 ans), les taux de
survie des adultes (78 contre 81 pour cent)
et la proportion d’enfants qui ne sont pas
considérés comme en retard de croissance (69
contre 73 pour cent).⁹⁵ Les taux de mortalité
infantile et juvénile aux Comores n’ont cessé
de s’améliorer, s’établissant respectivement
à 57 et 67 pour 1 000 naissances vivantes,
mais ces taux restent élevés par rapport
aux normes des pays à revenu intermédiaire
de la tranche inférieure, des pays à revenu
intermédiaire et des pays de comparaison
(voir Figure 22).
reçoivent des envois de fonds, ils les utilisent
payer la scolarisation et les soins de santé pour
leurs enfants.
Banque mondiale. Assistance technique sur demande pour l’amélioration de la prestation de services (2016).
Le retard de croissance mesure la proportion d'enfants qui sont anormalement petits pour leur âge. Il est
généralement accepté comme un indicateur de substitution de l'environnement de la santé prénatale, infantile
et de la petite enfance, et il résume les risques de santé que les enfants sont susceptibles de connaître au cours
de leurs premières années - avec des conséquences importantes pour la santé et le bien-être à l'âge adulte.
⁹⁴
⁹⁵
70
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
Figure 22: Indicateurs 1 de santé et de bien-être, Comores et comparateurs
Taux de mortalité infantile (pour 1 000 naissances vivantes)
Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM.
Tim
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nnel
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(2
001-
2010
)
Sao
Tom
é et
Prin
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80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur Moyenne de l'ASS
8070605040302010
0
Table 5: Indice du capital humain et ses composantes par catégorie de revenu
REVENUFAIBLE
COMORESINDICATEUR REVENU MOYEN
INFÉRIEUR
REVENUMOYEN
SUPÉRIEUR
REVENUÉLEVÉ
Composante 1 de l’ICH : Survie
Probabilité de survie jusqu’à l’âge de 5 ans
Composante 2 de l’ICH : Scolarité
Nombre d’années d’études attendues
Notes aux examens harmonisés
Composante 3 de l’ICH : Santé
Taux de survie à 60 ans des personnes de 15 ans
Proportions d’enfants de moins de 5 ans sans retard de croissance
Indice du capital humain (ICH)
0,929
7,8
363
0,745
0,658
0,38
0,931
8,4
392
0,778
0,689
0,41
0,961
10,4
391
0,807
0,730
0,48
0,983
11,7
428
0,863
0,869
0,58
0,995
13,3
506
0,923
0,935
0,74
71
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
Nombre d'années d'études prévu rajusté en fonction de l'apprentissage par rapport au nombre d'années d'études prévu
15
10
5
0
Nom
bres
d’a
nnée
s d’
étud
es
prév
u aj
usté
de
l’app
renti
ssag
e
0 5 10 15
Nombre d’années d’études prévu
Figure 23: Ecart d’apprentissage
Filmer et al. (2018)
L'augmentation de l'effectif des classes, la faiblesse de la formation et du suivi des enseignants et le manque de
financement pour le fonctionnement entraînent une baisse de l'efficacité et des résultats scolaires. Un diagnostic
sectoriel (« RESEN ») mené par le Ministère de l'Education, en collaboration avec les bailleurs de fonds, a révélé de
sérieuses limites dans le développement professionnel des enseignants (formation initiale et continue), le suivi de
la performance des enseignants et l'évaluation des acquis des élèves. Le financement des frais de fonctionnement
des écoles est également insuffisant, notamment en ce qui concerne le matériel pédagogique. Enfin, l'effectif
moyen des classes dans l'enseignement primaire a été estimé à 31 élèves en 2017, et à 14 élèves seulement dans
le secondaire, ce qui a entraîné une certaine inefficacité dans les écoles parce que les enseignants ne sont pas
utilisés à leur pleine capacité au niveau secondaire.
D'après les données autodéclarées récentes, seuls 37 pour cent des jeunes de 15 à 19 ans savaient lire. Cela
représente moins de la moitié de la moyenne régionale (77 pour cent) et place les Comores bien en dessous du
Tchad, du Niger et du Mali, sans parler des pays de comparaison tels que le Cap Vert. En termes d'heures consacrées
à l'enseignement, les Comores ne disposent que d'environ 630 heures programmées au niveau primaire. C'est à
l'extrémité inférieure de la distribution.
⁹⁶
⁹⁷
⁹⁸
Ecart d’apprentissage
COMORES
Source: WB’s Human Capital Index 2018
70. Malgré des progrès importants en matière
de scolarisation, les enfants comoriens
passent aujourd’hui trop peu de temps
à l’école et apprennent encore moins.
Depuis 2000, les taux de scolarisation dans
l’enseignement secondaire ont doublé,
passant d’environ 35 pour cent à près de 70
pour cent. Pourtant, les taux de scolarisation
du pays restent inférieurs à ceux des pairs
aspirationnels (91 pour cent en moyenne)⁹⁶
et, avec 8,5 années d’études attendues, les
enfants comoriens passent deux ans de
moins à l’école que les enfants des autres
pays à revenu intermédiaire inférieur. De
plus, l’augmentation de la scolarisation ne se
traduit pas toujours par une augmentation de
l’apprentissage.⁹⁷ Selon le PASEC, l’évaluation
régionale de l’apprentissage,⁹⁸ seuls 30 pour
cent des élèves de CM1 acquièrent des
compétences de base. En conséquence,
lorsque l’on ajuste les années de scolarité en
fonction de la qualité de l’apprentissage, les
enfants comoriens d’aujourd’hui ne passent
que 5,3 années à l’école (voir Figure 23).
72
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
En 2018, la Banque mondiale a lancé son projet de capital humain. En se basant sur l’état
actuel des données factuelles académiques sur la relation entre le capital humain, la
croissance et la pauvreté, une nouvelle mesure a été élaborée - l’Indice du capital humain
(ICH) - qui exprime la productivité attendue de la prochaine génération de travailleurs en
fonction des résultats d’éducation et de santé dans un pays aujourd’hui.
L’ICH est plus élevé en moyenne dans les pays riches que dans les pays pauvres et varie
de 0,3 à 0,9 environ. Les unités de l’ICH ont la même interprétation que les composantes
mesurées en termes de productivité relative. Les Comores ont un ICH de 0,41. Un score de
0,41 signifie que si les conditions actuelles d’éducation et de santé aux Comores persistent,
un enfant né aujourd’hui ne sera que 41 pour cent aussi productif qu’il aurait pu l’être s’il
avait bénéficié d’une éducation complète et d’une bonne santé.
L’ICH est composé de cinq indicateurs : la probabilité de survie jusqu’à l’âge de cinq ans, le
nombre d’années de scolarité attendues d’un enfant, un score aux tests harmonisé comme
mesure de la qualité de l’apprentissage, le taux de survie des adultes (proportion des 15 ans
qui survivront jusqu’à 60 ans) et la proportion des enfants sans retard de croissance.
Les composantes de l’ICH sont combinées en un seul indice en les convertissant d’abord en
contributions à la productivité. En multipliant ces contributions à la productivité, on obtient
l’ICH global. L’ICH indique sous forme compilée à quel point les enfants nés aujourd’hui
seront productifs en tant que membres de la main-d’œuvre future, compte tenu des risques
pour l’éducation et la santé compilés dans les composantes. L’ICH est mesuré en unités de
productivité par rapport à un benchmark pour une éducation complète et une santé complète.
Le lien entre chaque indicateur et la productivité est comme suit :
• Probabilité de survie : les enfants qui ne survivent pas à l’enfance ne deviennent
jamais des adultes productifs. Par conséquent, la productivité attendue en tant que
futur travailleur d’un enfant né aujourd’hui est réduite d’un facteur égal au taux de
survie, par rapport au benchmark de survie de tous les enfants.
• Années et qualité de l’éducation : L’interprétation de la productivité relative des
indicateurs de l’éducation est ancrée dans la vaste littérature empirique qui mesure
le rendement de l’éducation au niveau individuel. On s’entend généralement pour
dire qu’une année d’études supplémentaire entraine une augmentation d’environ 8
pour cent des gains. Ces données peuvent être utilisées pour convertir les différences
entre les années d’études corrigées de l’apprentissage entre pays en différences de
productivité des travailleurs. Par exemple, par rapport à un benchmark d’achèvement
de 14 années d’études à l’âge de 18 ans pour tous les enfants, un enfant qui n’achève
que 9 ans d’études peut s’attendre à être 40 pour cent moins productif à l’âge adulte
(un écart de 5 ans d’études, multiplié par 8 pour cent par année).
Encadré 4: Qu’est-ce qui constitue le capital humain et comment le mesurer ?
73
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
• Résultats en matière de santé, avec le retard de croissance comme indicateur de
substitution : Les gens sont plus productifs lorsqu’ils sont en meilleure santé. La
littérature économique utilise souvent des indicateurs de substitution de la santé tels
que la taille à l’âge adulte. En effet, la taille à l’âge adulte peut être mesurée directement
et reflète l’accumulation des chocs sur la santé durant l’enfance et l’adolescence. Le
retard de croissance sert d’indicateur dans le cadre de la santé prénatale, infantile et
de la petite enfance, résumant les risques de santé que les enfants nés aujourd’hui
peuvent connaître dans leurs premières années, avec des conséquences importantes
pour leur santé et leur bien-être à l’âge adulte. Les données disponibles indiquent
qu’une amélioration de la santé entrainant une baisse de 10,2 points de pourcentage du
retard de croissance se traduira par une amélioration de 3,5 pour cent de la productivité
des travailleurs.
Source: Staff calculations using WDI.
71. Il existe un écart évident entre les sexes en
ce qui concerne le niveau d’instruction. Aux
Comores, les taux d’achèvement des études
des filles sont inférieurs à ceux des garçons.
Les taux d’achèvement du cycle primaire sont
de l’ordre de 90 pour cent pour les garçons
contre 70 pour cent pour les filles. Les mariages
précoces et les grossesses d’adolescentes
pourraient être l’une des raisons du faible
taux d’achèvement des études chez les filles.
Les grossesses d’adolescentes sont plus
fréquentes aux Comores que dans d’autres
petits États insulaires et deux à trois fois plus
nombreuses que dans les pairs aspirationnels
(sauf au Cap Vert). Alors que l’âge minimum
légal du mariage est fixé à 18 ans pour les
hommes et les femmes, le Code de la famille
donne aux juges le droit d’autoriser les filles et
les garçons à se marier plus tôt pour des motifs
sérieux et valables, avec le consentement
mutuel du futur époux.
72. De mauvais résultats en rapport au retard
de croissance, en particulier chez les ruraux
pauvres, indique l’existence de carences
nutritionnelles chroniques. Sur 100 enfants qui
grandissent aux Comores, 31 souffrent de retard
de croissance et risquent donc d’être affectés
de limites cognitives et physiques qui peuvent
durer toute une vie et compromettre le potentiel
à long terme non seulement de l’individu mais
de la société dans son ensemble. La proportion
d’enfants souffrant d’un retard de croissance
sévère atteint 19,4 pour cent en milieu rural,
contre 17,2 pour cent en milieu urbain. Alors
que les résultats en matière de santé sont
relativement bien répartis, les résultats
en matière de sous-nutrition (insuffisance
pondérale à la naissance, retard de croissance,
insuffisance pondérale et émaciation) sont
concentrés parmi les plus démunis et en
particulier dans le premier quintile du bas
de la distribution des revenus. Ces mauvais
résultats s’expliquent en partie par l’absence
d’interventions nutritionnelles et un faible taux
d’allaitement maternel exclusif (12 pour cent en
2012 et sur tendance décroissante au cours des
cinq dernières années). Et, bien que le recours
à la réhydratation orale augmente, le taux reste
inférieur à 60 pour cent.
74
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
La fécondité s'est généralement révélée sensible à la mise en œuvre de la planification familiale dans les pays
en développement (de Silva et Tenreyro, 2017). En utilisant les données de l'EDS sur l'exposition aux messages
de planification familiale, une association négative significative entre le changement en matière de fécondité et
l'exposition aux messages de planification familiale après contrôle des autres covariables a été constatée, ce
qui suggère que le retard dans la mise en œuvre des programmes de planification familiale en Afrique explique
largement le déclin tardif de la fécondité dans la région.
⁹⁹
Figure 24: Indicateurs de santé et de bien-être, Comores et comparateurs
a. Prévalence d'émaciation sévère, poids pour la taille (% d'enfants de moins de 5 ans) (2011-2017)
b. Allaitement maternel exclusif (% d'enfants de moins de 6 mois) (2011-2017)
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54,5
43,5
32,5
21,5
10,5
0
908070605040302010
0
Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM
80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur
20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS
73. Le retard de croissance à l’enfance est
associé à des répercussions néfastes tout
au long du cycle de vie. Il a été démontré
que la sous-alimentation et les maladies à a
source du retard de croissance entravent le
développement du cerveau, ce qui entraîne
une diminution des compétences cognitives
et socio-émotionnelles, une baisse du niveau
d’instruction et, partant, des revenus. Il est alors
plus probable que des problèmes de santé liés
aux maladies non transmissibles se produisent
plus tard dans la vie, ce qui entraîne une
augmentation des coûts des soins de santé. Les
taux de survie des adultes relativement faibles
observés aux Comores peuvent être le résultat
de ce démarrage difficile en début de vie et d’un
modèle de prestation de services de santé qui
donne la priorité à ceux qui peuvent payer les
soins de santé de leur propre poche.
74. Les taux de fécondité élevés sont un autre
facteur de pauvreté, mais l’intensification des
efforts de planification familiale aux Comores
pourrait se heurter à des barrières culturelles.
A 32,3 pour cent, les besoins de contraception
non satisfait (en pourcentage des femmes
mariées en âge de procréer) est supérieur à la
moyenne subsaharienne (24,9 pour cent). Les
programmes de planification familiale se sont
avérés efficaces dans les pays où le nombre
d’enfants souhaité est nettement inférieur
au nombre d’enfants observé. Aux Comores,
cependant, le nombre d’enfants souhaité⁹⁹ -
tel qu’indiqué par les hommes et les femmes
- est plus élevé que le nombre observé de 4,3
enfants par femme en 2012. Ce constat vaut
pour toutes les catégories de revenu et le
nombre d’enfants souhaité a augmenté au fil
du temps : en 1995, 60 pour indiquaient vouloir
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
75
moins d’enfants mais, en 2012, ce chiffre était
tombé à 50 pour cent. En 2012, les hommes
aux Comores aspirent à avoir en moyenne 5,7
enfants, les femmes 5,3.
75. Il y a plus de chance de faire baisser
les taux de fécondité en comblant l’écart
entre les sexes en matière d’éducation et
en augmentant la participation des femmes
au marché du travail. Le nombre d’enfants
que les femmes désirent a tendance à varier
considérablement selon le niveau d’instruction
de la femme : aux Comores, les femmes sans
instruction déclarent un nombre souhaité
d’enfants de 6,1 contre 4,7 pour les femmes
ayant fait des études secondaires. Les données
mondiales indiquent que le maintien des filles
plus longtemps à l’école pourrait être un facteur
plus important d’ajustement des préférences
en matière de fécondité que les efforts de
planification familiale. En outre, avec 33 pour
cent de la population en âge de travailler, la
participation des femmes à la population active
est l’une des plus faibles de la région. Au fur et à
mesure que les femmes entrent sur le marché
du travail, le coût d’opportunité d’avoir des
enfants augmente, ce qui conduit généralement
à des taux de fécondité plus faibles.
5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores
76
UNDERSTANDING COMOROS' LOW GROWTH PERFORMANCE
COMPRENDRE LA FAIBLE PERFORMANCE DES COMORES EN MATIÈRE DE CROISSANCE
77
Premièrement, la hausse du chômage. Pourtant les diplômés sont là, mais le problème est que les Comores ne possèdent pas des grands débouchés dans tous les secteurs. Deuxièmement, le manque d’infrastructures que ce soit routières, portuaires ou touristiques. Par ailleurs, le pays demeure encore riche dans tous les domaines. Il n’est pas exploité. Il est vierge.¹⁰⁰COMPRENDRE
LA FAIBLE PERFORMANCE DES COMORES EN MATIÈRE DE CROISSANCE
76. Après l’indépendance, la croissance
économique des Comores s’est d’abord
caractérisée par une forte volatilité, avant de
se stabiliser à un niveau faible après 2001. La
déclaration d’indépendance des Comores en
1975 a été suivie de tensions sociopolitiques
répétées, notamment de changements
de gouvernement anticonstitutionnels.
Les périodes d’instabilité politique se sont
accompagnées d’une contraction de la
croissance.¹⁰¹ A la suite de l’adoption d’une
nouvelle constitution au début des années 2000,
le nombre de crises politiques a diminué, ce qui
a atténué la volatilité du modèle de croissance,
mais conformément aux expériences de
croissance d’autres pays politiquement fragiles,
la croissance s’est stabilisée à un faible niveau
(voir Figure 25).¹⁰² Entre 2001 et 2017, le taux
de croissance réel moyen du PIB par habitant
a été de 0,3, ce qui montre également que le
rythme de croissance de l’économie n’a pas pu
clairement dépassé celui de la population.
Citation d'un répondant à une consultation en ligne sur Facebook : « D'abord, la hausse du chômage. Les gens
ont des diplômes, mais le problème est que les Comores n'ont pas beaucoup de possibilités d'emploi dans de
nombreux secteurs. Deuxièmement, le manque d'infrastructures, qu'il s'agisse de routes, de ports ou de tourisme.
Troisièmement, la mauvaise gouvernance dans le pays ; je veux dire par là que le népotisme ne cesse de croître.
Au-delà, le pays reste riche dans de nombreux domaines, il reste inutilisé, il est encore vierge. »
Un document de référence rédigé pour ce rapport (De Filho et Diaz-Sanchez, 2018) constate que l'instabilité politique
tend à affecter négativement la croissance du PIB par habitant et que l'impact est plus fort dans les pays fragiles
à faible revenu.
Il existe une abondante littérature documentant les effets négatifs de l'instabilité politique sur un large éventail
de variables macroéconomiques, y compris la croissance du PIB, l'investissement privé et l'inflation. Alesina et ses
collaborateurs (1996) utilisent des données de 113 pays entre 1950 et 1982 pour montrer que la croissance du PIB
est nettement plus faible dans les pays et les périodes où la propension à l'effondrement du gouvernement est
élevée. Aisen et Veiga (2013) constatent qu'une plus grande instabilité politique entraîne une baisse de la croissance
économique en réduisant les taux de croissance de la productivité et, dans une moindre mesure, l'accumulation
de capital physique et humain.
¹⁰⁰
¹⁰¹
¹⁰²
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
78
77. Du côté de la demande, la croissance a
été largement tirée par la consommation
privée, reflétant les niveaux élevés de
transferts en provenance de l’étranger (voir
Figure 26). Depuis 2001, la consommation
représente le principal facteur de croissance.
Bien que la consommation publique ait
également augmenté, c’est la consommation
privée qui a tiré la croissance économique,
alimentée par les envois de fonds. Les envois
de fonds ont augmenté - en termes absolus
et en proportion du PIB - au cours des deux
dernières décennies. Les envois de fonds
personnels reçus représentaient en moyenne
12 pour cent du PIB entre 2011 et 2017 et sont
élevés par rapport à la moyenne de l’Afrique
subsaharienne (4,9 pour cent) et des autres
pays de la région (5 pour cent) et aux autres
pays de comparaison (par exemple, les États
fragiles et les petits Etats insulaires avec 7,7
pour cent et 7 pour cent, respectivement).
La contribution des investissements à la
croissance a été faible, parfois négative et
volatile. En 2015, l’Investissement direct
étranger (IDE) représentait moins de 1 pour
cent du PIB, bien en deçà des investissements
structurels (5,4 pour cent sur la période 2011-
2017). Les exportations nettes ont contribué
négativement à la croissance pendant la
plupart des années depuis 2001.
Figure 25: Impact de la stabilité politique sur la croissance
a. Croissance du PIB des Comores (% annuel), 1981-2017
b. Croissance du PIB par habitant (%) : Moyennes pour les pays non fragiles et fragiles
Source: IDM
5
4
3
2
1
0
-1
-2
-3
12,0
10,0
8,0
6,0
4,0
2,0
0,0
-2,0
-4,0
-6,0
-8,0
Introduction d’une plus grande autonomie des iles et de la « Tournante » en 2001
1981 1987 1993 1999 2005 2011 2017 1961 1966 1971 1976 1981 1986 1991 1996 2001 2006 2011 2016
Non fragile Fragile
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
79
78. Du côté de l’offre, la main-d’œuvre a
traditionnellement été le principal facteur
de croissance (voir Figure 27). Aux Comores, la
croissance de la population en âge de travailler a
été le principal facteur de croissance économique
chaque année pendant le dernier quart du siècle.
Les faibles niveaux de croissance du capital ont
très peu contribué à la croissance économique
et ont généré de faibles gains de productivité
dans l’économie, ce qui compromet de manière
inquiétante la croissance future. Dans l’ensemble,
la croissance de la Productivité total des facteurs
(PTF) a été négligeable, voire négative depuis
quelques années.
79. La contribution sectorielle à la croissance
commence à se modifier en faveur du
secteur des services. La croissance aux
Comores a traditionnellement été tirée par
l’agriculture, mais ces dernières années, les
services ont joué un rôle plus important,
indiquant un début de transformation
structurelle de l’économie comorienne.
Entre 2001 et 2017, le secteur des services
a connu une croissance annuelle moyenne
de 2,6 pour cent (bien qu’inférieure à celle
de ses pairs structurels) et a été de loin le
principal facteur de croissance. Entre 2004
et 2014, l’emploi dans le secteur agricole a
diminué de près de 20 points de pourcentage
(il représentait 57 pour cent en 2004 contre
38 pour cent en 2014), alors que l’emploi
dans tous les autres secteurs (industrie et
services) a augmenté.
Figure 26: Facteurs de la croissance du PIB du côté de la demande
a. Comores : Contribution à la croissance du PIB - côté demande
b. Comores : Consommation privée et publique (Croissance annuelle)
9
7
5
3
1
-1
-3
Consommation privée réelle (croissance annuelle) (2011-2017)
Consommation publique réelle (croissance annuelle) (2011-2017)Ti
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Source : Calculs du personnel sur la base des comptes nationaux révisés
10
08
06
04
02
00
-02
-04
-06
-08
Investissement
Consommation
Exportations nettes
Croissance du PIB
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
80
Que faudrait-il pour que les Comores échappent à cet équilibre en faible croissance ?
80. Le gouvernement comorien s’est fixé
l’objectif ambitieux de « l’émergence »
d’ici 2030, un objectif qu’il espère atteindre
grâce à une croissance annuelle du PIB réel
de 6 pour cent.¹⁰³ Cependant, les simulations
indiquent que cette « émergence », si elle est
définie comme le fait d’atteindre le statut de
revenu intermédiaire, nécessitera un objectif
de croissance beaucoup plus ambitieux que
6 pour cent. Pour atteindre le statut de pays
à revenu intermédiaire d’ici 2030, le PIB réel
des Comores devrait croître de 12 pour cent
par an, un taux de croissance qu’aucun pays
ne pourra jamais maintenir pendant plus
quelques années. Par exemple, la Chine, la
Thaïlande et la Malaisie ont connu des taux
de croissance supérieurs à 10 pour cent, mais
seulement pendant trois ou quatre années
consécutives (dans les années 2000, à la fin
des années 1980 et au début des années
1970, respectivement). En supposant un taux
de croissance du PIB réel de 4 pour cent , ce
qui est conforme à la croissance moyenne
observée pour l’Afrique subsaharienne et
pour les autres pays de la région au cours de
la dernière décennie, les Comores devraient
soit augmenter leur population active de 4,2
pour cent par an (contre 2,8 pour cent en
moyenne au cours des 10 dernières années),
soit constituer un capital de 6,9 pour cent
annuellement (contre 3,6 pour cent en
moyenne pendant les 10 dernières années)
soit encore augmenter leur productivité totale
annuelle par facteur de 1 pour cent . Dans la
section qui suit, nous examinons les obstacles
qui s’opposent actuellement à l’un ou l’autre
de ces facteurs qui contribuent davantage à
la croissance.
Figure 27: Offre et facteurs sectoriels de la croissance du PIB aux Comores
a. Comores : Contribution des facteurs à la croissance potentielle du PIB
b. Contribution Sectorielle à la croissance (en %)
4
3
2
1
0
-1
-2
5
4
3
2
1
0
-1
Contribution de la PTF
Agriculture Industries ServicesContribution du capital
Contribution du travail
Croissance potentielle du PIB
1991-1995 1996-2000 2001-2005 2006-2010 2011-2017
Source : Calculs du personnel à partir des comptes nationaux révisés des Comores et de l’IDM20
0120
0220
0320
0420
0520
0620
0720
0820
0920
1020
1120
1220
1320
1420
1520
1620
17
Le gouvernement a récemment mis à jour sa Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable
ou SCA2D révisée (Commissariat Général au Plan, 2018) qui vise à soutenir ses objectifs 2030. Le plan se concentre
sur les infrastructures clés dans les domaines de l'énergie, des transports (en particulier les routes) et de la santé.
¹⁰³
81
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Contribution du capital
81. Des années de faibles taux
d’investissement public et privé ont entravé
l’accumulation de capital aux Comores et
affecté la connectivité à l’intérieur et entre
les îles (voir Figure 28). Sur la période 2011-
2017, l’investissement total aux Comores
a représenté 16,1 pour cent du PIB. Ce
pourcentage était très inférieur à celui des
pairs structurels (22,9 pour cent) et à la
moyenne de l’Afrique subsaharienne (23,1 pour
cent). Environ la moitié de l’investissement
total est publique (7,4 pour cent) et seulement
8,7 pour cent est privé, très loin de la moyenne
de l’Afrique subsaharienne (20,8 pour cent). En
conséquence, le stock de capital des Comores
est très faible par rapport à celui de ses pairs
en termes structurels ou d’aspiration.
82. L’épargne et l’investissement publics
sont limités par la faiblesse des recettes
intérieures et une composition budgétaire
fortement orientée vers la consommation
(c’est-à-dire les dépenses récurrentes
en salaires). Les ressources disponibles
pour accroître l’investissement public sont
limitées par la faiblesse du recouvrement des
recettes (Encadré 5). Les recettes intérieures
des Comores ont représenté en moyenne
17,2 pour cent du PIB sur la période 2011-
2017, un pourcentage bien inférieur à celui
des pays de comparaison structurels (45,3
pour cent) et inférieur à la moyenne des pays
subsahariens (22,5 pour cent). Une masse
salariale qui consomme 69,3 pour cent
des recettes fiscales (sur 2011-2017), plus
élevée que celle de la plupart des pairs en
termes structurels ou d’aspiration, laisse peu
de place aux investissements. En outre, le
budget d’investissement est généralement
réduit en période de pénurie pour répondre
aux besoins de dépenses récurrentes,
comme cela s’est produit tout récemment
en 2014, lorsque le budget d’investissement
intérieur a diminué de 58 pour cent.¹⁰⁴
Enfin, les changements forcés répétés de
gouvernements ont entraîné une interruption
constante et un manque de continuité dans
les projets d’investissement.¹⁰⁵
Des progrès importants en termes de réformes et de performance ont été réalisés dans
le domaine douanier. Toutefois, l’Administration Générale des Impôts des Domaines
(AGID) est à la traîne. Parmi les principaux défis auxquels l’AGID est confrontée, on peut
citer : (i) s’attaquer au problème du manque de normalisation des pratiques comptables
; (ii) créer des incitations pour influencer le comportement des entreprises publiques
vis-à-vis de leurs obligations fiscales ; (iii) augmenter le très faible taux d’enregistrement
des contribuables et des domaines imposables ; (iv) lutter contre la prédominance
des transactions en espèces ; (v) s’attaquer au problème de faible interopérabilité des
Encadré 5: Domaines de réforme de la politique fiscale et de l’administration fiscale
Il n'y a pas de réponse analogue au budget d'investissement en période de prospérité. Cette asymétrie se retrouve
également dans d'autres pays et régions du monde (voir par exemple Gavin et Perotti (1997) pour l'Amérique latine
et Dessus, Diaz-Sanchez et Varoudakis (2016) pour l'UEMOA).
La faiblesse des capacités gouvernementales et la mauvaise planification à moyen terme ont affecté le taux
d'exécution du programme d'investissement public, qui s'est maintenu à environ 45 pour cent ces dernières années.
¹⁰⁴
¹⁰⁵
82
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
systèmes de gestion fiscale (cas des douanes, banques et numéro d’identification fiscale)
et (vi) améliorer la fiabilité du cadastre. En ce qui concerne l’administration douanière, un
domaine important de la réforme consiste à déployer entièrement SYDONIA World dans
le but d’activer les modules nécessaires pour obtenir une bonne administration de la
valeur et une bonne gestion des risques.
Avec la prolifération incontrôlée des exonérations ces dernières années, une révision
des exonérations devrait être au cœur du nouveau code des investissements. En effet,
le code actuel des investissements présente d’importantes problématiques auxquelles
il faudrait s’attaquer, notamment le manque de transparence, un pouvoir discrétionnaire
important, le risque d’abus, l’inégalité de traitement des entreprises, l’imprévisibilité, les
coûts élevés en termes de recettes fiscales et douanières. La Banque mondiale a fourni un
appui analytique et technique pour un nouveau code des investissements aux Comores.
Le projet de loi n’a pas encore été soumis au Parlement par le gouvernement.
La réforme de la fiscalité indirecte présente certains risques, mais elle contribuerait à
réduire les exonérations et sera essentielle dans le processus d’adhésion à l’OMC. Par
rapport à la taxe à la consommation, la TVA ouvre des possibilités de fraude supplémentaires
avec la création de crédits de TVA fictifs. Il en résulte un risque de pertes de recettes et
de distorsions de la concurrence entre opérateurs versant dans la fraude et opérateurs
faisant preuve de civisme. Par conséquent, l’introduction de la TVA dans une économie
à faible valeur ajoutée pourrait sembler risquée. Toutefois, la perception en douane de
plus des deux tiers des recettes de TVA limite fortement le risque de perte de recettes.
En outre, l’introduction de la TVA supprime une cause majeure de la prolifération des
exonérations. Enfin, l’application de la TVA est l’une des conditions actuellement en cours
de négociation entre le gouvernement et l’OMC pour l’adhésion des Comores à l’OMC.
Toute réforme fiscale ne réussira en l’absence d’amélioration des relations entre l’État
et les entreprises. Ainsi, l’accumulation des arriérés constitue un facteur d’opacité de la
relation du gouvernement avec l’entreprise de télécommunications, qui est le plus grand
collecteur d’impôts du pays. De même, l’État devrait renoncer à la discrétion dans les
délais d’imposition. Enfin, des règles claires doivent être respectées pour l’application des
procédures fiscales ; par exemple, les plans de contrôle doivent être définis en fonction
de critères tirés d’une analyse des risques ; et la qualité des contrôles doit être essentielle
pour réduire les comportements de fraude.
83
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Figure 28: Investissement et accumulation de capital
a. Investissement (part du PIB nominal (2011 – 2017) b. Stock réel public et privé par habitant, 2015 (211 USD ajusté de la PPA) milliers
Source : Premier panneau : Calculs du personnel à partir de l’IDM. Deuxième panneau : Base de données du FMI sur le stock de capital.
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2010
)
0 2 4 6 8 10 12
40353025201510
50
Comoros
São Tomé and Principe
Fidji
Cabo Verde
Stock de capital privé réel par habitant
Stock de capital public réel par habitant
L'utilisation des services bancaires reste faible (9 pour cent de la population dispose d'un compte bancaire),
principalement en raison d'un manque de confiance dans le secteur bancaire, mais aussi parce que les Comores
sont une économie où le secteur informel occupe une grande place et où une part importante de la population
est pauvre, et qui manque de revenus discrétionnaires qui pourraient être réservés pour une utilisation future et
d'investissements jugés viables par les banques.
¹⁰⁶
80ème percentile revenu moyen inférieur
20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS
83. L’instabilité politique et la faiblesse de
l’état de droit nuisent aux investissements
du secteur privé. L’instabilité politique
n’affecte pas seulement la continuité
de l’ investissement public, elle sape
également la confiance des investisseurs
privés. Les investissements privés étrangers
et nationaux ont été faibles aux Comores.
Avec une moyenne de 0,9 pour cent du PIB
sur la période 2011-2017, les Comores ont
attiré des IDE à des niveaux bien inférieurs
à ceux de leurs pairs structurels (5,4 pour
cent) et de l’Afrique subsaharienne (5,9
pour cent). Un faible respect de l’état de
droit et des notes très faibles sur d’autres
indicateurs de gouvernance - tels que
la voix et la responsabilité, l’efficacité
du gouvernement et la lutte contre la
corruption - découragent les investisseurs
privés des Comores et de l’étranger.
84. Sur le plan intérieur, l’investissement privé
est également limité par la faible mobilisation
de l’épargne privée et la faiblesse du secteur
financier. L’épargne privée brute a représenté
4 pour cent du PIB en moyenne sur la période
2011-2017, bien en dessous de la moyenne
de l’Afrique subsaharienne (13,6 pour cent)
ou des autres États fragiles (11,2 pour cent).
De même, à 13,9 pour cent du PIB, le crédit
intérieur des Comores a été inférieur d’au
moins 10 points de pourcentage à celui des
pairs structurels et à la moyenne de l’Afrique
subsaharienne ces dernières années (2011-
2017).¹⁰⁶ Avec seulement 136 comptes
bancaires pour 1 000 adultes, les Comores
accusent un retard significatif en termes taux
de pénétration par rapport à leurs pairs, mais
se situent même derrière la moyenne de
l’Afrique subsaharienne (332) et des pays à
faible revenu (186).
84
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
85. Une forte dépréciation des actifs dans
le système bancaire menace la stabilité du
secteur financier et limite l’accès du secteur
privé au crédit. Même si le ratio de crédit
privé par rapport au PIB a considérablement
augmenté, passant de 5,7 pour cent en
2007 à 16,6 pour cent en 2017, il reste
faible par rapport à celle des pays pairs et
l’augmentation s’est principalement produite
dans les prêts à court terme aux particuliers.¹⁰⁷
Le crédit à l’investissement est très limité et
il est garanti par des garanties immobilières,
des promesses de salaire ou de l’or.¹⁰⁸ Les
créances douteuses sont élevées et en
hausse (23,6 pour cent en 2017), les banques
étant incapables de régler les créances
irrécouvrables par le système judiciaire.¹⁰⁹
L’absence d’un registre des garanties pour
les biens mobiliers a un impact négatif sur
les petites et moyennes entreprises qui ne
possèdent pas les garanties immobilières
requises pour qu’un prêt soit titrisé au moyen
d’actifs immobiliers. En conséquence, les
Comoriens s’appuient sur les institutions de
microfinance (IMF) dont l’encours total des
prêts des plus grandes représente plus d’un
tiers des crédits à l’économie.
86. Au-delà de la banque et de la
microfinance, d’autres services financiers
sont sous-développés aux Comores. La
monnaie mobile n’a pas encore décollé et
les secteurs de l’assurance, des pensions
et des marchés financiers sont petits,
émergents et non réglementés. Il n’existe
pas de plateformes de paiement modernes
telles qu’un système de transfert automatisé
(STA) et un switch national, ce qui entrave
le développement des services bancaires
mobiles et des paiements ainsi que d’autres
formes de paiements autres qu’en espèces
qui sont à la base de l’émergence de la
finance numérique et, au final, de l’inclusion
financière. Compte tenu de l’importance du
financement du commerce et des envois de
fonds pour le développement des Comores,
les relations de correspondant bancaire (RCB)
entre les banques comoriennes et les IMF et
leurs partenaires dans d’autres juridictions
doivent être renforcées.
87. L’investissement privé se trouve davantage
réduit parce que les retours sur investissement
privés sont très incertains étant donné que
les droits de propriété aux Comores ne sont
pas protégés, le climat d’investissement est
onéreux et les politiques gouvernementales
sont imprévisibles. Le rapport 2019 Doing
Business a classé les Comores 164ème sur 189
économies, en dessous de la moyenne de
l’Afrique du Sud Saharienne (voir Figure 30).
Au cours de la période 2011-2017, le pays s’est
constamment situé dans le 15ème percentile
de l’indicateur de gouvernance mondiale
sur la « qualité de la réglementation » pour
le développement du secteur privé, avec
une performance inférieure à celles de ses
pairs structurels. Les droits de propriété ne
sont pas clairs et difficiles à faire respecter.
Aux Comores, il est possible de détenir des
terres à titre privé grâce à trois systèmes co-
existants : des pratiques ancestrales régies par
une répartition traditionnelle des terres héritée
de la lignée maternelle, le droit Islamique qui
Parmi leurs pairs aspirationnels, les Fidji ont la part la plus élevée du crédit privé par rapport au PIB (90,9 pour cent),
suivies des Samoa (81,1 pour cent), du Cap Vert (62,4 pour cent) et des Tonga (41 pour cent) (WDI, 2017).
Dans le contexte des niveaux élevés de prêts non productifs et de faible rentabilité des banques, l'aversion pour le
risque des prêteurs a augmenté, ce qui a entraîné un excès structurel de liquidité de 38 pour cent dans le système.
Quelques débiteurs bien branchés dans la structure économique peu diversifiée des Comores représentent une
part importante du stock de prêts non productifs. Une grande partie des prêts non productifs représentent des
prêts hérités qui ont tourné au vinaigre pendant la crise du secteur de la vanille au début des années 2000 et qui
ne sont toujours pas réglés, ainsi que d'autres prêts qui n'ont pas encore été passés en perte par les institutions.
¹⁰⁷
¹⁰⁸
¹⁰⁹
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
85
Le manque de clarté sur le régime foncier aux Comores résulte de la coexistence de
trois systèmes juridiques parallèles et contradictoires. Le système traditionnel repose en
grande partie sur le système manyahuli, un système de biens immobiliers hérités de la
lignée maternelle et fondé sur le caractère indivis et inaliénable des biens. Selon le droit
Islamique introduite à l’époque des Sultans, la terre appartient à celui qui l’utilise à des
fins productives, et les transferts se font par la culture du sol. La colonisation a introduit le
droit moderne qui est basé sur la propriété privée et la propriété domaniale. Actuellement,
la légitimité au titre du droit hérité des Français reste faible et les Comoriens continuent
de se référer d’abord au droit coutumier et au droit Islamique pour régler leurs différends.
Peu de personnes enregistrent les titres de propriété, et ceux-ci sont rarement mis sur
le marché, alors que plusieurs propriétaires peuvent revendiquer le même terrain en
référence aux différents systèmes juridiques. Cela alimente les contestations foncières
de bas niveau, y compris entre ceux qui sont considérés comme autochtones d’une île et
les immigrants ; entre les grands propriétaires fonciers et les villages de la même île ; et
entre les villages voisins au sujet de la délimitation des frontières. Cela dit, il y a rarement
eu des conflits fonciers violents aux Comores.
Les déficiences de la structure institutionnelle peuvent également exacerber les
tensions foncières. De nombreuses affaires foncières peuvent attendre plusieurs années
(dans certains cas, plus de 20 ans) avant d’être entendues en justice. L’absence d’un
registre foncier fait qu’il est presque impossible de suivre les transactions foncières,
laissant de nombreux conflits fonciers dans une impasse. Par conséquent, les différends
sont souvent réglés au gré des circonstances par le biais d’arrangements informels ou
formels. A Moroni, par exemple, des propriétaires privés qui n’ont pas été en mesure
d’appliquer les décisions de justice sont parvenus à un compromis avec les personnes
vivant illégalement sur leurs terres : Ils sont autorisés à rester à condition de payer un
loyer et de ne pas construire de maisons permanentes.
L’inégalité d’accès à la terre a aggravé les disparités de revenus et a alimenté les migrations
internes. A Anjouan, 20 familles contrôlent à elles seules 40 pour cent des terres arables.
Ce déséquilibre est aggravé par un certain nombre de facteurs : les familles pauvres qui
utilisent leurs terres en garantie de prêts de microfinance à Anjouan ont été dépossédées
de leurs terres lorsqu’elles ne sont pas en mesure de rembourser des prêts, souvent assortis
de taux d’intérêt très élevés. Le terrain est ensuite vendu aux enchères et acheté par les
familles les plus riches. Par ailleurs, à Anjouan, les familles pauvres s’emparent de la terre
et la cultivent rapidement pour être les premières à en revendiquer la propriété. Comme
Encadré 6: Régime foncier des Comores
assimile la propriété à l’utilisation des terres
et le droit moderne qui repose sur la propriété
privée. Ces systèmes conflictuels ont par le
passé généré des conflits et sont une source
d’incertitude pour les investisseurs (voir
Encadré 6).
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
86
à Mohéli, l’absence de sécurité foncière et la crainte de dépossession peuvent empêcher
les propriétaires de louer ou de prêter leurs terres, ce qui entraîne une augmentation du
nombre de paysans sans terre et une réduction des terres cultivées. L’appauvrissement
des paysans a contribué à une augmentation des migrations vers les zones urbaines, vers
la Grande Comore ou vers Mayotte.
Source : Évaluation des risques et de la résilience de la Banque mondiale 2018
Figure 29: IDE et investissements privés, Comores et comparateurs
a. Investissement Direct Etranger, (% du PIB, moyenne 2011-2017)
b. Investissement privé (% du PIB), valeur la plus récent (2011-2017)
9876543210
35
30
25
20
15
10
5
0
Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale à partir des comptes nationaux révisés des Comores et de l’IDM.
88. Le potentiel de la diaspora à générer des
IDE est faible. Les diasporas constituent un
important réservoir de connaissances sur les
possibilités de commerce et d’investissement.
Les migrants peuvent aider les exportateurs
des pays d’origine à trouver de bons
distributeurs et acheteurs appropriés, à
améliorer leur connaissance du marché et à se
conformer aux exigences gouvernementales
et aux normes du marché. Le partage d’une
même langue ou d’une culture similaire
facilite la communication et la compréhension
des documents de transport, des procédures
et des réglementations. Selon les réponses
aux groupes de discussion avec la diaspora
en France, il existe actuellement plusieurs
obstacles aux investissements de la diaspora,
tels que : (i) l’inadéquation des infrastructures;
(ii) le manque de confiance ; (iii) l’absence
d’institutions qui s’engagent avec la diaspora
pour investir dans des projets ; (iv) le manque
de soutien au développement des entreprises
pour les projets ; (v) le coût du financement
et le manque d’accès aux produits financiers
; et (vi) le manque de main-d’œuvre qualifiée.
89. La faiblesse du système judiciaire et la
corruption endémique font qu’il est peu
probable que les droits de propriété puissent
être appliqués. Les Comores ont l’un des
Tong
a
Sam
oa
Pairs
as
pira
tionn
els
Pairs
as
pira
tionn
els
Cap
Vert
Cap
Vert
Com
ores
(2
001-
2011
)
Com
ores
(2
001-
2011
)
Etat
s fra
gile
s
Etat
s fra
gile
s
Com
ores
Com
ores
Petit
s Et
ats
insu
laire
s
Petit
s Et
ats
insu
laire
s
Sao
Tom
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Pr
inci
pe
Sao
Tom
é et
Pr
inci
pe
Fidj
i
Tim
or O
rient
al
Iles S
alom
on
Pairs
stru
ctur
els
Pairs
stru
ctur
els
80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur
20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS
87
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Figure 30: Indicateurs de gouvernance et climat des affaires
a. Indicateurs mondiaux de la gouvernance : Notation par percentile – 2017
b. Classement de Doing Business 2019, tous indicateurs
80604020
0
Construction
Enregistrement de la propriété
Commerce transfrontalier
Obtention de crédit
Obtention d’électricité
Protection des investisseurs minoritaires
Lancement d’une entreprise
Ensemble
Résolution de l’insolvabilité
Paiement d’impôts
Exécution des contrats
4385701141141181341241551391651491161641311641681687716845179
Lutte contre la corruption
Stabilité politique et absence de violence/terrorisme
Qualité de la réglementation
Efficacité du gouvernement
Etat de droit Voix et redevabilité
Source : Banque mondiale, Doing Business 2019
90. La faiblesse et le coût des services
d’infrastructure - en particulier d’électricité
– sont un facteur dissuasif majeur pour les
investisseurs. Bien que l’accès à l’électricité
soit supérieur à la moyenne de l’Afrique
subsaharienne (la Grande Comore et
Anjouan, les plus grandes îles, ont des
taux d’accès de 65 et 50 pour cent contre
38 pour cent pour la moyenne de l’Afrique
subsaharienne), le système souffre très
régimes d’exécution des contrats les plus
faibles au monde, se classant au 180ème rang
sur 190 pays dans le monde, selon le rapport
Doing Business de la Banque mondiale.
Le pouvoir judiciaire est perçu comme
corrompu et coexiste avec les institutions
judiciaires informelles. L’application de la
législation existante fait souvent défaut et
une application discrétionnaire prévaut. Les
efforts de lutte contre la corruption ont connu
d’importants revers. Une commission anti-
fréquemment d’interruptions.¹¹⁰ En 2016,
l’approvisionnement en électricité dans
la capitale Moroni variait de 12 à 20 heures
par jour, mais le reste des îles ne recevait
qu’environ 6 heures d’électricité par jour,
de nombreuses localités en périphérie du
réseau ne recevant que quelques heures
d’électricité par semaine. Même si la qualité
du service électrique s’est améliorée depuis
2016, cette amélioration s’est accompagnée
corruption a été créée en 2011 et une stratégie
anti-corruption a été adoptée en 2012. Le
gouvernement a habilité la commission
en donnant à ses agents le pouvoir légal
d’enquêter sur les cas de corruption perçus,
de préparer et de soumettre ces cas au
pouvoir judiciaire et, effectivement, en 2013,
15 dossiers avaient été soumis. Cependant,
trois mois après l’entrée en fonction du
nouveau Président en 2016, la Commission
anti-corruption a été dissoute.
Comores
Sao Tomé
Timor Oriental
Iles Salomon
Revenu intermédiaire inférieur Cap Vert Comores
Voir plus au Chapitre 5 Facteurs de la réduction de la pauvreté et inégalité croissante depuis 2004.¹¹⁰
88
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
0,610,51
0,430,35
0,340,34
0,320,32
0,260,24
0,210,16
d’une forte hausse des tarifs (le coût du
service pour la capitale a presque doublé).
Par ailleurs, une forte détérioration du
service a commencé en 2019. Le manque
de fiabilité et de qualité et les coûts élevés
découragent les investissements du secteur
privé. Par exemple, cette situation fait qu’il
est plus difficile d’investir dans l’entreposage
frigorifique des produits agricoles périssables
au départ de l’exploitation agricole et dans
les ports dans la recherche d’accès aux
marchés de produits. La faible performance
du secteur se traduit également par un
mauvais classement de l’indicateur Obtenir de
l’électricité au classement Doing Business de
2019 (Comores au 139ème rang sur 190 pays).
91.La performance de la compagnie
d’électricité MAMWE est révélatrice des
défis qui entravent la prestation des services
publics. Les Comores ont également les
coûts d’exploitation et d’entretien (E&E) et de
carburant les plus élevés par unité dans la
région de l’ASS après le Libéria (où l’électricité
coûte 0,66 cents par kWh facturé) (voir Figure
31). Ce coût élevé reflète en partie l’économie
d’un petit système dont la production est
presque exclusivement basée sur du gazole
importé, une solution couteuse. L’absence
de planification stratégique et la faiblesse
de la gestion commerciale et financière sont
d’autres facteurs de faible performance.
Fin 2016, on estime que 54 pour cent de la
production d’électricité de MAMWE n’ont
jamais été facturés et que 79 de ce qui a été
facturé a été recouvré. En raison de décennies
de gestion erratique, le secteur de l’électricité
comorienne représente une charge très
importante pour les finances publiques. Selon
toute attente, les transferts budgétaires à
l’appui du MAMWE en 2017 devaient dépasser
le 6,5 millions USD, soit environ 8 pour cent
des recettes fiscales.
92. Certaines des lacunes importantes en
matière d’infrastructures qui découragent
les investissements du secteur privé se
retrouvent dans le secteur des transports.
Alors que la densité des routes revêtues
(412 km pour mille) aux Comores est
impressionnante par rapport à une moyenne
de 31 en Afrique subsaharienne, le manque de
financement adéquat pour leur réhabilitation
et leur entretien a laissé le réseau routier
en mauvais état et le premier tronçon de
transport à partir des terres agricoles est
souvent entravé par le mauvais état des
routes de desserte. En 2018, 22,3 pour cent
des routes nationales étaient en mauvais
état. L’efficience des dépenses est une grave
préoccupation parce que les budgets limités
sont souvent consacrés à l’extension du
réseau routier déjà dense au détriment des
besoins de réhabilitation les plus pressants et
de l’amélioration de la connectivité rurale.¹¹¹
Figure 31: Coûts de l’électricité, Comores
et comparateurs
Coût de l’électricité (USD par KWh facturé)
ComoresCap VertRwandaSénégal
MauritanieBurkina FasoMadagascar
SeychellesBénin
GabonMaurice
Cameroun
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
Source : Trimble et al (2016).
Bien qu'une base de données routières ait été créée, l'absence de mises à jour régulières et systématiques entrave
la mise en œuvre de la gestion des actifs dans le secteur.
¹¹¹
89
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Les aéroports jouent un rôle important dans
les infrastructures de transport du pays parce
que la quasi-totalité du trafic de passagers
inter-îles se fait par voie aérienne, bien que
les liaisons aériennes soient quatre à cinq
fois plus chères que les liaisons maritimes.
L’absence de transport maritime régulier pour
Contribution du travail et du capital humain
93. La contribution de la main-d’œuvre
comorienne à la croissance est limitée par
une faible participation de la main-d’œuvre
et des niveaux élevés d’émigration (voir
Figure 33). Seulement 42,7 pour cent de la
population en âge de travailler (moyenne
sur 2011-2017) fait actuellement partie de la
population active, un chiffre inférieur à celui
des pays pairs structurels (56,5 pour cent en
passagers laisse peu de choix aux Comoriens.
Les infrastructures portuaires comoriennes
ne répondent pas aux normes minimales
en matière de sécurité, d’exploitation et de
gestion portuaire, ce qui entraîne des coûts
de transport élevés pour les marchandises et
les passagers.¹¹²
moyenne) et nettement inférieur à celui de
l’Afrique subsaharienne (67,3 pour cent en
moyenne). La participation au marché du
travail est particulièrement faible pour les
femmes, les hommes étant deux fois plus
susceptibles de faire partie de la population
active. L’inclusion des demandeurs d’emploi
découragés sur le marché du travail
augmente le taux d’activité de dix points
de pourcentage : il y avait environ 42 000
demandeurs d’emploi découragés aux
Comores en 2014, soit plus du double du
Source : Panneau a : Direction portuaire (MTBS, 2014). Panneau b : PADDST 2014.
Par exemple, les infrastructures et les équipements portuaires ne sont pas compatibles avec le type de navires qui
circulent entre les îles. Pour les passagers, les installations portuaires ne sont pas adaptées à la taille des navires
utilisés pour cette activité.
¹¹²
Figure 32: Les tarifs portuaires dans les deux principaux ports des Comores (Moroni et
Mutsamudu) sont cinq fois plus élevés qu’à Maurice et trois fois plus élevés
qu’à Mombasa.
a. Comparaison des tarifs portuaire (USD/EVP) b. Condition des réseaux routiers des trois
60
50
40
30
20
10
0
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%Moroni Mombasa Bien Juste Pauvre Très pauvreAnjouan
(Mutsamudu)Port-Louis (import/export)
Port-Louis (Transbordement)
Grande Comore Anjouan Mohéli
90
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Figure 33: Tendances migratoires et capital humain aux Comores
a. Évolution du stock total de migrants des Comores par sexe
b. Secteur institutionnel d'emploi selon le niveau d’instruction (% de la
2015
2010
2005
1995
1990
Administration publique
Entreprise publique ou parapublique
Secteur privé formel
Secteur privé informel
Ménage
0 50 100 150 0% 20% 40% 60% 80% 100%
Total Sans instruction Primaire Secondaire Supérieur Femmes Hommes
Source: EESIC 2014.
La majorité des salariés vivent sur l'île de la Grande Comore. L'emploi aux Comores se caractérise par une
prédominance de travailleurs à leur propre compte. Plus de 60 pour cent des employés travaillent à leur propre
compte et 93 pour cent d'entre eux travaillent dans des entreprises employant dix personnes ou moins. Les femmes,
en particulier, ont tendance à travailler à leur propre compte, à un taux de plus des deux tiers, contre environ 56 pour
cent des hommes. De plus, les femmes sont beaucoup plus susceptibles d'être en auto-emploi que les hommes,
64 pour cent d'entre elles étant en auto-emploi contre seulement 46 pour cent des hommes.
En 2014, les unités de production informelles (UPI) représentaient 73 pour cent de l'ensemble des unités de production
aux Comores. La plupart des travailleurs du secteur informel n'ont pas d'instruction ; seuls 7 pour cent d'entre eux
ont fait des études secondaires.
Le secteur privé formel n'absorbe que 2 pour cent de la main-d'œuvre contre 19 pour cent pour le secteur public.
¹¹³
¹¹⁴
¹¹⁵
94. La faiblesse de la demande de main-
d’œuvre due à l’absence d’activité du
secteur privé semble être le principal facteur
d’une faible contribution de la main-d’œuvre
à la croissance. Les Comores sont une
économie qui lutte pour offrir des opportunités
économiques. La majeure partie de l’activité
économique aux Comores continue d’être
informelle et emploie des travailleurs peu
qualifiés.¹¹⁴ Au fur et à mesure que les cohortes
plus jeunes deviennent plus instruites, elles
ont de la difficulté à trouver un emploi. Le
secteur privé formel et le secteur public ont la
demande de compétences la plus forte, mais
ni l’un ni l’autre ne progresse (voir Figure 34). Le
secteur public - où l’on peut obtenir le meilleur
rendement de l’éducation - est de plus en plus
saturé et le secteur privé formel est trop petit
pour fournir de l’emploi aux nouveaux venus
qualifiés qui restent.¹¹⁵ Les proportions les plus
élevées de personnes ayant fait des études
supérieures pour les deux sexes se retrouvent
nombre de chômeurs en recherche active,
qui était d’environ 15 000 personnes. Le
chômage est avant tout une question d’accès
au marché du travail.¹¹³ En 2014, 80,3 pour
cent des chômeurs comoriens étaient à la
recherche d’un premier emploi. Le nombre
d’émigrants vivant hors des Comores a plus
que triplé au cours des 25 dernières années.
91
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
parmi ceux au chômage,¹¹⁶ ce qui indiquerait un
manque d’opportunités économiques pour ceux
qui ont un niveau de capital humain plus élevé.
Les mesures visant à remédier aux goulots
d’étranglement structurels à la croissance du
secteur privé sont essentielles à une meilleure
absorption des travailleurs qualifiés et peu
qualifiés sur le marché du travail. Les contraintes
à la croissance de l’investissement privé (qui
est directement liée à la croissance du secteur
privé) sont décrites ci-dessous.
95. L’offre de main-d’œuvre aux Comores
est également limitée parce que les
femmes hésitent à entrer sur le marché du
travail en raison de restrictions culturelles
et juridiques.¹¹⁷ Les données du marché du
travail des Comores montrent non seulement
une participation au marché du travail
significativement plus faible d’un point de vue
statistiques pour les femmes tout comme
pour les hommes, mais elles indiquent aussi
clairement qu’il existe une prime de revenu
pour les hommes mariés et une pénalité de
mariage pour les femmes (voir Annexe 8).
Le salaire moyen passe de 1,67 USD à 1,73
USD pour les hommes célibataires et mariés,
respectivement. En revanche, les femmes
mariées gagnent 1,45 USD en moyenne, ce
qui est inférieur à la moyenne des femmes
célibataires qui est de 1,64 USD. Cette pénalité
du mariage des femmes est probablement
enracinée dans la structure culturelle et
juridique des Comores. Le Code de la famille
de 2005 des Comores prévoit qu’une femme
mariée ne peut pas choisir où elle veut vivre
de la même manière qu’un homme marié.¹¹⁸
Ce type de restriction peut limiter les choix
économiques des femmes. En outre, le Code
de la famille stipule qu’une femme mariée
ne peut pas obtenir un emploi de la même
manière qu’un homme marié parce que les
choix professionnels et professionnels d’une
femme mariée « ne doivent pas compromettre
les intérêts et la stabilité de sa famille ».¹¹⁹ Les
niveaux élevés d’émigration féminine seraient
une indication que les femmes réagissent
à ces conditions du marché du travail en
partant de façon permanente à la recherche
d’opportunités économiques à l’étranger.
Les niveaux d'instruction sont les plus élevés chez les chômeurs, hommes et femmes, avec une moyenne de 5,85
ans d’études pour les femmes et 6,77 ans pour les hommes.
Voir Milazzo et Goldstein (2017) sur l’importance du rôle des contraintes formelles et des normes sociales dans la
persistance des écarts entre les sexes.
Selon le rapport Women, Business and the Law de la Banque mondiale, en Afrique subsaharienne, seules 17
économies ont imposé ce type de restrictions à la mobilité des femmes en 2017.
Seules 19 des 189 économies couvertes par le rapport Women, Business and the Law limitent ainsi les choix
professionnels des femmes.
¹¹⁶
¹¹⁷
¹¹⁸
¹¹⁹
92
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Bien que l'effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail soit généralement statistiquement
significatif, l'effet est très faible. Les personnes qui font partie des ménages qui reçoivent des envois de fonds ne
sont que 2,1 points de pourcentage moins susceptibles de faire partie de la main-d'œuvre au sens strict et elles ne
sont pas statistiquement significativement moins susceptibles de faire partie de la population active en général.
Les ménages qui reçoivent des envois de fonds ont toutefois une proportion statistiquement plus faible d'individus
participant au marché du travail que ceux qui n'en reçoivent pas : le taux d'activité des ménages est en moyenne
inférieur de 5,1 points de pourcentage à celui des ménages bénéficiaires et la participation de la population active
en général est en moyenne de 4,0 points de pourcentage inférieure.
¹²⁰
96. Finalement, il semble également que les
envois de fonds aient un léger effet négatif
sur l’offre de main-d’œuvre. En tant que forme
de revenu supplémentaire hors travail pour
les ménages, les envois de fonds peuvent
réduire la participation au marché du travail
des personnes vivant dans les ménages
qui reçoivent des fonds. Cela pourrait être
dû au fait que les personnes se sentent
moins contraints de participer à l’économie
domestique et de gagner un salaire
puisqu’elles reçoivent un revenu sous forme
d’envois de fonds d’un travailleur migrant.
Cette situation pourrait également résulter
du fait que les travailleurs considèrent
le salaire des membres migrants de leur
famille à l’étranger comme leur propre
salaire de réserve. Au fur et à mesure que
les réseaux de migrants se développent,
les coûts associés à la migration diminuent,
ce qui peut faire du salaire à l’étranger une
référence plus importante au niveau national.
Une analyse entreprise pour cette EDSP (voir
Annexe 9) révèle qu’il existe un effet négatif
statistiquement significatif, quoique faible,
de la réception des envois de fonds sur la
participation à la population active. Les effets
sur la participation au marché du travail sont
plus importants au niveau des ménages
qu’au niveau individuel, ce qui indique que
la migration et les transferts de revenus sont
des décisions prises conjointement par tous
les membres du ménage plutôt que par les
individus à eux seuls.¹²⁰
Figure 34: Population active et chômage selon l’âge
a. Main-d’œuvre par niveau d’instruction et âge b. OIT – taux chômage et de chômage au sens large (%)
75+
65-74
55-64
45-54
35-44
25-34
15-24
75+
65-74
55-64
45-54
35-44
25-34
15-24
0% 20% 40% 60% 80% 100% 0 10 20 30 40 50 60
Sans instruction Primaire Secondaire Supérieur Chômage au sens du BIT Chômage au sens large
Source : Premier panneau : EESIC 2014. Deuxième panneau : EESIC 2014.
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
93
97. Indépendamment du niveau élevé
ou faible de la participation au marché
du travail dans une économie, le capital
humain de la personne moyenne qui
travaille est un autre facteur important de
la croissance d’un pays. Le capital humain
des Comores est en cohérence avec leur
niveau de PIB par habitant (voir Figure 36).
De nouvelles recherches (Collin et Weil,
2018) dans 157 pays (y compris les Comores)
indiquent qu’un investissement accru dans le
capital humain contribuerait non seulement
à réduire la pauvreté mais aussi à stimuler
la croissance. Les investissements dans le
capital humain ont également l’avantage
d’être relativement bon marché par rapport
aux investissements dans le capital physique.
Toutefois, les effets des investissements en
capital humain sur la croissance ont tendance
à se matérialiser de manière différée parce
que les investissements en capital humain ont
tendance à être faits dans la main-d’œuvre de
l’avenir plutôt que dans celle d’aujourd’hui.
98. L’investissement en capital humain
des Comores d’aujourd’hui constitue une
rupture significative pour la productivité
future. Selon l’Indice du capital humain (ICH)
de la Banque mondiale - qui a été présenté
dans le dernier chapitre - un enfant né aux
Comores aujourd’hui aura une productivité à
l’âge adulte qui ne sera que 41 pour cent de
ce qu’elle aurait été si les Comores avaient
de bons résultats en matière d’éducation et
de santé. Si les investissements dans son
capital humain devaient être conformes à
ceux des pays qui se situent dans le 75ème
percentile de l’ICH (tels que les Seychelles
ou Malte), le PIB par habitant des Comores,
comme celui d’autres pays à faible revenu,
pourrait augmenter jusqu’à 25 pour cent en
2050 (Collin et Weil, 2018). Un autre dividende
pour la croissance pourrait provenir des
effets secondaires des investissements
dans le capital humain. Par exemple,
on s’attendrait naturellement à ce que
l’amélioration de la qualité de l’éducation et
du nombre d’années d’études, en particulier
chez les femmes, réduise la fécondité à la
fois en augmentant le coût d’opportunité
des enfants et en renforçant le contrôle
des femmes sur leur propre procréation. La
baisse de la fécondité aurait à son tour un
impact sur les futurs taux de dépendance
d’une manière qui relèverait davantage le
revenu par habitant et réduirait la pauvreté
(Canning et Raja, 2015). Un capital humain
plus élevé pourrait également se traduire par
une plus forte croissance de la productivité,
grâce à l’effet de l’éducation sur l’innovation,
la qualité de la gestion et l’adaptation aux
évolutions du contexte économique.
Indice du capital humain contre PIB par habitant
10,90,80,70,60,50,40,30,20,1
0
Indi
ce d
u ca
pita
l hum
ain
6 7 8 9 10 11 12Log du PIB réel par habitant à PPA
Source : Indice du capital humain de la Banque mondiale 2018.
Figure 35: Capital humain aux Comores
COMORES
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
94
Croissance de la productivité totale des facteurs
99. La capacité des Comores à générer
une croissance de productivité totale des
facteurs par l’innovation et les retombées
de la technologie est compromise par
l’incapacité du pays à attirer les IDE, le faible
capital humain, sa faible intégration aux
chaînes de valeur mondiales et l’incapacité
à tirer pleinement profit de sa diaspora.¹²¹
L’évaluation de la capacité d’innovation des
Comores est une tâche difficile parce que il
n’existe pas de benchmarking traditionnel
pour le pays, mais il est raisonnable de
supposer qu’il est faible. Les budgets de
R&D sont presque inexistants, que ce soit au
niveau de l’État, des entreprises publiques
ou des entreprises privées. La pénurie
d’investissements directs étrangers et le
manque d’intégration dans les chaînes de
valeur mondiales privent les Comores de
deux sources importantes d’innovation
et de retombées de la technologie. Les
communautés de la diaspora peuvent
également apporter une contribution unique
au développement de leur pays d’origine
par des transferts bénéfiques sous forme de
savoir-faire technologique et entrepreneurial.
L’expérience internationale montre que
pour exploiter pleinement ce potentiel,
les gouvernements et les autres parties
prenantes doivent développer et renforcer
les liens entre les membres de la diaspora et
leurs pays d’origine.¹²²
100. Un autre frein à la productivité totale des
facteurs résulte d’une mauvaise allocation
des ressources dans l’économie en raison de
l’inefficience des dépenses publiques et de
la faible gouvernance des entreprises d’État
(voir Encadré 7). L’efficience des dépenses
publiques est faible, en particulier dans les
domaines des infrastructures et de l’éducation.
L’indicateur « Efficacité du gouvernement »
des Indicateurs de gouvernance mondiale,
qui mesure la perception de la qualité des
services publics et de la qualité de la fonction
publique, place les Comores loin derrière
les comparateurs structurels. La plupart
des secteurs de l’économie - industrie,
agriculture, transports, communications
terrestres, commerce international, banques
et services financiers non bancaires - sont
soumis à de directives étatiques de grande
portée et, dans de nombreux cas, dominés
par des entreprises publiques mal gérées.
Les inefficiences associées aux entreprises
publiques (corruption, favoritisme, népotisme
et dépouillement des actifs) ont entraîné des
Voir Banque mondiale (2017d) pour une étude sur l'importance de l'adoption des technologies et de l'innovation pour
l'avenir de l'Afrique.
Le programme Migration pour le développement en Afrique (MIDA) - un programme mis en œuvre par l'Organisation
internationale pour les migrations - a été impliqué dans plusieurs projets cherchant à mettre à profit l'expertise et les
connaissances des membres de la diaspora. Bon nombre de ces projets commencent par le renforcement du dialogue
et du partage des connaissances. Par exemple, le projet MIDA Grands Lacs comprend des missions, des ateliers et des
tables rondes pour faciliter l'échange de connaissances entre les institutions du Burundi, de la République démocratique
du Congo et du Rwanda avec la diaspora en Belgique. D'autres pays ont mis en œuvre des programmes spécifiques
pour bénéficier des connaissances et de l'expérience techniques acquises par la diaspora à l'étranger. Par exemple, des
pays tels que le Japon, la République de Corée et Taiwan ont encouragé le retour d’étudiants formés à l'étranger ou ont
établi des réseaux d'échange de connaissances avec eux. D'autres pays comptent sur le retour temporaire ou virtuel par
le biais de visites prolongées ou de communications électroniques dans les domaines professionnels. Par exemple, les
membres de la diaspora ghanéenne qualifiés dans le domaine de la santé vivant dans l'Union européenne est retournée
temporairement dans des hôpitaux et des établissements de formation médicale dans leur pays d'origine dans le cadre
d'un projet sanitaire MIDA Ghana. De même, des professeurs d'université du Burundi, de la République démocratique du
Congo et du Rwanda ont été invités à collaborer à l'élaboration et à l'enseignement de cours dans leur pays d'origine.
¹²¹
¹²²
95
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Voir plus d'informations sur la productivité et la mauvaise allocation des ressources en Afrique subsaharienne dans
Calderon et al (2018).
¹²³
Le secteur des télécommunications aux Comores était contrôlé jusqu’à récemment par le
monopole d’État Comores Telecom (CT) : au moins deux tentatives d’amener des opérateurs
commerciaux privés dans ce secteur avaient échoué par le passé. La première, qui visait à
mettre en place un deuxième opérateur en 1994, a été abandonnée lorsque le détenteur de
la licence n’a pas payé la redevance ; la seconde, qui visait à privatiser l’opérateur historique
CT, a échoué en 2014 lorsque l’Assemblée nationale a mis un terme à l’initiative en raison de
pertes potentielles d’emplois. En conséquence, le secteur comorien des télécommunications
est resté un monopole, caractérisé par un service de faible qualité et coûteux.
Le don de l’Association Internationale de Développement au Gouvernement de l’Union
des Comores au titre de la quatrième phase du Programme Régional d’Infrastructures
de Communication (RCIP-4 - P119213), qui s’étend de novembre 2013 à décembre 2019, a
fourni 22 millions USD et aidé le gouvernement à libéraliser le marché en introduisant un
second opérateur, choisi par appel d’offres. Le programme a permis de mobiliser plus de
90 millions USD en droits de licence et d’investissements dans les infrastructures sous
l’égide du secteur privé, illustrant ainsi le potentiel de mobilisation de financement privé,
même dans le contexte d’une économie insulaire fragile comme les Comores.
Un consortium dirigé par Telma, un opérateur privé malgache, a payé quelque 16
millions USD pour une licence de services global en décembre 2015 et a lancé ses
services un an plus tard. En l’espace de six mois, elle a considérablement élargi sa
base d’utilisateurs et fournit actuellement un service moderne et efficace à un quart
d’un marché croissant d’abonnés aux services mobiles à large bande. En riposte, CT
a régulièrement restreint l’interconnectivité avec Telma Comores, forçant les clients à
utiliser les appels internationaux ; a utilisé son influence politique pour faire pression
sur le régulateur, l’ANRTIC, afin qu’il oblige Telma Comores à relever ses prix pour
s’aligner sur ceux de CT ; et le service des douanes à demander le paiement des droits
et taxes sur les équipements qui étaient exemptés au titre conditions des licences. La
réaction de l’opérateur historique est très préjudiciable au développement du secteur
des télécommunications aux Comores, ainsi qu’à celui des secteurs et des résultats qui
dépendent des télécommunications, tels que les envois de fonds mobiles, l’accès au
financement et à l’information, et, en définitive, l’inclusion.
L’IFC est sur le point de finaliser un financement de 16 millions USD avec Telma Comores.
Le plan d’affaires de Telma Comores est confronté à des défis parce que CT a refusé
Encadré 7: Performance des entreprises d’État - l’exemple du secteur des télécommunications
aux Comores
coûts d’infrastructures prohibitifs, ont faussé
le marché, ont sapé l’affectation efficace des
ressources et ont miné la création d’un secteur
privé efficace et concurrentiel.¹²³
96
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Figure 36: Secteur du mobile aux Comores et comparateurs
Coût d’un forfait de services mobiles, 2014, en USD et en tant que % du PIB par habitant
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Gui
née-
Biss
au
En tant que % du PIB par habitant USD
Source: Trimble et al. (2016).
101. Comme pour d’autres petits États
insulaires, les déséconomies d’échelle
représentent un frein pour l’économie et sont
exacerbées par une faible connectivité des
transports (voir Figure 37).¹²⁴ Les défis des
déséconomies d’échelle aux Comores sont
grands et le coût de la vie est élevé en raison
des coûts élevés du transport et du commerce.
L’accès au plus grand marché des Comores
(Moroni) est coûteux, notamment pour le
transport de marchandises en provenance
d’Anjouan et de Mohéli (y compris les coûts
élevés du transport maritime et des services
portuaires, et les coûts du temps perdu en
raison des longues procédures portuaires). Le
transport aérien reste coûteux et peu fiable, ce
qui limite la circulation des touristes à travers
les îles et entrave les investissements dans le
secteur. Une récente analyse des transports
effectués par la Banque mondiale révèle que
la faiblesse des infrastructures de transport
se traduit par des coûts moyens de transport
Elbadawi et al. (2006) ont étudié l’influence de la géographie sur l’accès aux marches d’exportation et à
l’approvisionnement en intrants dans les pays d’Afrique.
¹²⁴
353025201510
50
de partager l’infrastructure de réseau et a restreint régulièrement l’interconnectivité. Il
s’agit d’une situation où de toute évidence, l’interférence en matière de réglementation
et de concurrence restreint la prestation des services et constitue un obstacle majeur
à l’investissement et à la croissance du secteur privé. Des conditions de concurrence
équitables pour les services numériques libéralisés aux Comores permettraient d’améliorer
sensiblement les services par rapport au taux actuel de 33 pour cent d’abonnés uniques,
d’accélérer la pénétration des services 3G et 4G, qui est actuellement inférieure à 1 pour
cent , et d’élargir encore l’accès aux services numériques (par exemple, les envois de
fonds mobiles) et aux plateformes d’information, en reliant les Comores au monde et en
encourageant l’inclusion dans la société comorienne.
97
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
102. Finalement, un environnement culturel
qui décourage l’esprit d’entreprise et la
concurrence peut également contribuer à
une faible croissance de la productivité. La
faiblesse de la gouvernance économique
et l’instabilité politique héritées du passé
ont accentué la fracture culturelle et
politique entre les îles et à l’intérieur des îles.
L’isolement qui en a résulté a renforcé les
intérêts allant à l’encontre d’une plus grande
compétitivité d’une communauté restreinte
(besoins culturels) et a affaibli l’attention
portée aux investissements productifs pour
un bien commun plus large pour la société
comorienne. La culture de l’entreprenariat
qui s’est développée est essentiellement
informelle et axée uniquement sur le simple
commerce, avec peu d’exposition à la culture
d’entreprise ou aux pratiques modernes
d’organisation et de gestion des entreprises.
Points d’entrée pour accroître la productivité dans l’agriculture et la pêche
103. La productivité agricole aux Comores
est inférieure à celle de nombreux autres
pays en développement ayant conditions
agro-climatiques similaires. Deux facteurs
traditionnels de la productivité agricole ont
atteint leurs limites : a) l’expansion des terres
atteint ses limites, les Comores enregistrant
déjà l’un des taux de déforestation les plus
rapides d’Afrique, en particulier à Anjouan;¹²⁶
b) le sous-emploi¹²⁷- qui contribue à la
faible productivité agricole dans d’autres
Figure 37: Frais de transport aux Comores
a. Frais de transport entre centres régionaux en 2014 (USD/ton)
b. Part des revenus des ménages dépensée sur le transport
Source: Banque mondiale (2019)M
oron
iBa
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Grande Comores Anjouan Mohéli
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10
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6
4
2
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ort
Moyenne6,7%
Grand Comore
élevés, plus élevés que dans les autres pays
africains (représentant 7 pour cent de la
consommation moyenne contre 5 pour cent
en Afrique subsaharienne).¹²⁵
Banque mondiale (2019)
Pour Anjouan, le taux annuel de déforestation était de 8 pour cent entre 1995 et 2014. Entre 2000 et 2005, le taux
annuel de déforestation aux Comores était de 7,4 pour cent, le plus élevé d'Afrique (ONU, 2007). (« Données sur les
forêts : Taux de déforestation et chiffres associés sur les forêts aux Comores » n.d.)
Moins de 5 pour cent des travailleurs agricoles sont en situation de sous-emploi en termes de temps de travail.
¹²⁵
¹²⁶
¹²⁷
98
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Seuls 20 à 30 pour cent des produits agricoles les plus importants arrivent sur le marché comorien et 25 à 50 pour
cent des prix agricoles correspondent aux coûts de transport (Banque mondiale, 2019).
Lors du lancement du Programme national d'adaptation en 2014, le Ministre de la Production, de l'Énergie et de
l'Environnement de l'époque a averti que l'augmentation des précipitations faisait passer le risque de réduction des
ressources en eau et de détérioration de la productivité agricole de 3 à 4 pour cent.
¹²⁸
¹²⁹
régions d’Afrique subsaharienne - est faible,
à environ 5 pour cent. La faible productivité
agricole aux Comores peut être attribuée
principalement au recours à des pratiques
agricoles dépassées, à la faible disponibilité et
au coût élevé d’intrants améliorés, à l’absence
de sécurité foncière et à la faible utilisation
du crédit à la production qui en résulte, à une
main-d’œuvre agricole peu productive et à la
dégradation des ressources naturelles qui a
affecté la qualité des sols. Les coopératives en
sont à leurs balbutiements et les associations
de producteurs plus anciennes n’ont pas
réussi à relier les agriculteurs au marché du
crédit et à consolider une production de haute
qualité de façon constante, ce qui entraîne
des coûts de transaction élevés, de faibles
liens en amont et en aval le long de la chaîne
de valeur, et peu ou pas de valeur ajoutée.
Les zones de productivité relativement plus
élevées de Mohéli et d’Anjouan se trouvent
handicapées par la faible connectivité intra
et inter-îles, isolant les agriculteurs des zones
de production excédentaire des marchés
urbains en expansion.¹²⁸ La rareté de l’eau
est aussi de plus en plus préoccupante pour
la productivité agricole.¹²⁹
104. L’innovation dans l’agriculture nécessite
un soutien financier et technique plus ciblé.
Le sous-investissement dans les biens publics
fondamentaux de l’agriculture - services
de conseil et de vulgarisation, transfert
et diffusion de technologies et fourniture
d’informations sur les marchés - a entraîné
un faible accès des agriculteurs comoriens à
la connaissance des techniques modernes de
production végétale et animale. La dotation
des Centres ruraux de développement
économique (CRDE) récemment mis en place
avec les ressources humaines, physiques
et financières nécessaires pour démontrer
et diffuser rapidement les technologies
d’agriculture climato-intelligentes (ACI),
la multiplication des semences et les
campagnes d’insémination artificielle et de
vaccination, entre autres activités, sont des
investissements cruciaux à faire pour réussir
la mise en œuvre de projets visant à améliorer
la productivité des cultures et de l’élevage.
La réorientation des investissements publics
vers les centres de développement rural au
niveau communautaire est essentielle pour
accélérer le changement de comportement
et l’adoption des technologies et pratiques
de l’AIC.
105. La productivité du secteur de la
pêche est entravée par la faiblesse des
infrastructures soutien et la mauvaise
gestion des droits de pêche. Alors que le
niveau de pêche durable annuel est estimé
à 33 000 tonnes, la production annuelle
moyenne est estimée à 16 000 tonnes. Divers
facteurs contribuent à ces faibles niveaux
de production. Le réseau embryonnaire de
stockage au frais souffre d’une absence
d’énergie et d’entretien régulier. Les sites
de débarquement bénéficient rarement de
commodités. Les services spécialisés restent
limités pour la construction et la réparation
navales, ainsi que pour l’avitaillement du
petit matériel de pêche. Le soutien de l’État
au secteur reste faible malgré l’existence
de diverses institutions sectorielles pour
la gestion, la surveillance et la sécurité en
mer, le contrôle sanitaire, la recherche et la
formation. Les compressions budgétaires
99
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
Voir Goyal et Nash (2017) pour une étude sur les dépenses publiques visant à accroître la productivité agricole en Afrique.
World Travel and Tourism Council (2008)
Les ensembles de données plus récents ne distinguent pas le tourisme de loisirs du tourisme familial, ce dernier
étant la principale source de trafic aérien vers les Comores.
¹³⁰
¹³¹
¹³²
et de personnel, le manque de clarté dans
l’allocation des ressources entre les îles, mais
aussi une mauvaise planification affectent
les capacités de réaction. La sécurité en mer
est l’une des priorités des collectivités et de
l’administration, des dizaines de personnes
étant perdues en mer chaque année.
106. Les institutions publiques chargées de
l’agriculture et de la pêche aux Comores
sont fragmentées, mal dotées en personnel
et mal gérées.¹³⁰ La responsabilité des
fonctions clés est éparpillée entre plusieurs
ministères et organismes, ce qui fait qu’il
est difficile d’élaborer vision globale pour le
développement du secteur. L’Institut National
de Recherche sur l’Agriculture, la Pêche et
l’Environnement (INRAPE) est sous-financé et
en sous-effectif, ce qui explique son piètre
bilan dans la production de technologies
améliorées et adaptées aux besoins des
producteurs comoriens. Un office national de
commercialisation monopolistique s’est vu
accorder des droits exclusifs d’importation
et de distribution du riz, sans avoir reçu
les ressources financières nécessaires à
l’exercice de ces fonctions. Les politiques
agricoles aux Comores ont varié au fil des ans
en termes d’orientation et d’approche, mais
ont gardé une caractéristique commune, à
savoir le recours récurrent à des initiatives,
programmes et projets spéciaux pour apporter
des solutions immédiates aux crises urgentes.
Les politiques agricoles ont eu tendance à
changer fréquemment avec les changements
de leadership politique.
Points d’entrée pour améliorer le potentiel de l’industrie du tourisme
107. Le potentiel touristique des Comores
reste largement inexploité. Des îles présentant
des caractéristiques similaires ont prouvé
que leur développement dans le secteur du
tourisme peut stimuler le développement
économique. Le Conseil Mondial du Voyage et
du Tourisme (CMVT)¹³¹ estime que le secteur
du tourisme des Comores ne représentera
directement que 3,4 pour cent du PIB en 2017,
comparé à ses pairs structurels tels que Sao
Tomé (10,8 pour cent) et les Îles Salomon (4,3
pour cent) et loin derrière les autres petites
îles de la région telles que Maurice (7,4 pour
cent) et les Seychelles (26,4 pour cent) ou les
pairs aspirationnels (13 pour cent). Le pays a
subi un coup dur lorsqu’un consortium sud-
africain a abandonné en 2001 l’hôtel phare
Galawa. Plusieurs tentatives de relance de
l’hôtel ont depuis échoué. Depuis lors, le
tourisme de loisirs a connu une forte baisse,
passant de 13 069 arrivées en 2000 à 2 497
en 2011.¹³² Actuellement, la plupart des
arrivants internationaux sont des membres de
la diaspora comorienne qui viennent rendre
visite à des amis et des parents entre les mois
de juillet et septembre pour la traditionnelle
saison des mariages.
108. Le tourisme comorien souffre d’une
importante carence en termes d’image
(résultant notamment de l’instabilité
politique) et d’une forte concurrence des
100
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
pays voisins immédiats (Maurice, Zanzibar et
Madagascar). Il ne sera possible de relever ces
défis que si d’importants obstacles internes
au tourisme sont surmontés pour permettre
à davantage de capitaux (nationaux ou IDE)
d’affluer dans ce secteur.¹³³ Il s’agit notamment
du renforcement du cadre institutionnel
et réglementaire, de l’amélioration des
infrastructures portuaires pour accueillir les
navires de croisière et de la simplification des
procédures administratives relatives aux visas.
L’accessibilité et la connectivité des vols long-
courriers et intérieurs doivent être améliorées,
de même que la qualité de l’hébergement
et la capacité d’accueil, la qualité des
services touristiques et la disponibilité
des voyagistes professionnels réceptifs, la
capacité de formation et la visibilité sur le
marché international. Les Comores doivent
également chercher activement à changer
son image de pays à haut risque avec une
forte instabilité politique. Le trafic aérien
actuel étant constitué principalement de la
diaspora comorienne, il faut rechercher la
croissance par la prospection du tourisme
qui a diminué au fil des ans, ce qui entraîne
une baisse du nombre des vols disponibles
et le coût élevé des tarifs de transport aérien.
Dans des pays aspirationnels tels que le Fidji et le Cap Vert, les IDE joué un rôle clé dans le développement du
secteur du tourisme (Banque mondiale, 2018a).
¹³³
6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance
101
RISQUES POUR LA PÉRENNITÉ DE LA CROISSANCE ET DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ AUX COMORES
102
109. La poursuite du progrès dépend également
de la gestion des facteurs de risque qui
affectent la pérennité économique, politique
et sociale et la durabilité environnementale.
Cependant, les Comores ont du mal à
faire face à de nombreux risques dans ces
trois domaines. Les risques économiques
découlent principalement de l’important déficit
commercial et de la dépendance à l’importation
des Comores, de sa faible base de recettes
intérieures, de sa faible capacité de gestion
macroéconomique et de l’épuisement de ses
actifs. Les risques environnementaux sont
importants du fait de la grande vulnérabilité
des Comores au changement climatique et de
sa faible capacitée d’atténuation. Les risques
sociaux augmentent en raison des très faibles
taux d’investissement public dans les services
de base, de la montée du chômage des jeunes et
du recours excessif aux envois de fonds comme
filet de sécurité sociale, aggravant les inégalités
sociales en raison de la nature localisée des
envois de fonds. Conjugués aux nouveaux
risques politiques, ces facteurs risquent de
compromettre des niveaux déjà faibles de
cohésion sociale. Cette section examine
comment ces risques pourraient empêcher
les Comores d’atteindre un taux de croissance
plus élevé, une réduction plus durable de la
pauvreté et une prospérité partagée.
Risques économiques
110. En tant que très petite économie ouverte
avec des exportations limitées et un déficit
commercial important, les Comores sont
vulnérables aux chocs externes. La capacité
d’exportation des Comores est faible et
concentrée dans trois produits seulement. Les
importations sont concentrées dans l’énergie
(principalement du mazout) et des produits
agricoles essentiels, les importations de
produits alimentaires représentant en moyenne
près de 40 pour cent des importations totales
de marchandises depuis 2011, ce qui est un
taux d’importation des produits alimentaires
parmi les plus élevés au monde.¹³⁴ Le déficit
des échanges de biens et de services
représentait en moyenne 19 pour cent du PIB
sur la période 2011-2017, dépassant largement
celui des pairs structurels (3,5 pour cent du
PIB) (voir la Figure 38) et est financé par des
envois de fonds significatifs estimés à 12 pour
cent du PIB sur la période 2011-2017. Des dons
extérieurs importants (estimés à 8 pour cent du
PIB sur la période 2011-2017) ont contribué à
contenir le déficit du compte courant (3,2 pour
cent du PIB sur la période 2011-2017). Avec 50
pour cent des recettes intérieures provenant
des douanes et du commerce international,
les finances publiques sont vulnérables aux
variations du taux de change et aux chocs
de prix (ces derniers étant particulièrement
importants).¹³⁵ Une base d’exportation plus
forte et plus diversifiée est essentielle pour
que les Comores puissent atténuer les
chocs externes.
111. Un déséquilibre structurel continu entre
la mobilisation des ressources nationales
et les dépenses courantes compromet la
capacité du gouvernement à entreprendre des
investissements propices à la croissance et à
fournir des services de base pour lutter contre
En termes de volume, les Comores importent actuellement près de 70 pour cent de leurs besoins alimentaires,
les aliments de base tels que le riz, les légumes, les jus de fruits, le poulet et le bœuf étant parmi les principaux
produits importés.
Ces dernières années, les fluctuations des prix du pétrole et des denrées alimentaires ont été importantes et ont
affecté les recettes douanières et commerciales internationales. Le cours du pétrole brut (USD/baril) est passé de
104 (USD/baril) en 2011 à 53 (USD/baril) en 2017. L'indice des prix nominaux (2010=100) de la Banque mondiale pour
l’ « Alimentation » est passé de 123 en 2011 à 91 en 2017.
¹³⁴
¹³⁵
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
103
la pauvreté. Bien que certaines mesures
d’administration fiscale¹³⁶ aient été mises en
place ces dernières années, le recouvrement
des recettes fiscales reste très faible, avec
une moyenne de 7,1 pour cent du PIB pour la
période 2011-2017, par rapport à la moyenne de
l’Afrique subsaharienne (15,9 pour cent du PIB)
et à la moyenne des pairs structurels (15,4). Un
faible niveau d’activité économique, associé à
différents régimes d’exonérations et à un vaste
secteur informel, restreint l’assiette fiscale et
contribue à la faible performance des revenus
intérieurs. Une administration inefficace des
recettes, tant au niveau de l’administration
fiscale générale que des douanes, aggrave
davantage la situation. La part importante de
la masse salariale dans le budget (plus de 60
pour cent des recettes générées au niveau
national au cours de la dernière décennie, bien
au-dessus de la moyenne des pays de l’Afrique
subsaharienne) laisse très peu de place aux
dépenses pour les services sociaux, l’éducation
ou les projets d’infrastructure.¹³⁷ Les recettes
fiscales ne couvrent que 73,4 pour cent des
dépenses courantes (moyenne sur la période
2011-2017), contre une couverture plus élevée
parmi les pairs structurels et aspirationnels
(voir la Figure 39).
112. Une forte dépendance vis-à-vis de flux
volatiles de recettes extérieures constitue un
défi pour la planification budgétaire à moyen
terme et sape la dynamique des réformes
structurelles. Au cours des 10 dernières
années, à l’exclusion du soutien budgétaire
PPTE 2013, les dons étrangers ont oscillé
entre 3 et 9 pour cent du PIB, soit 27 et 51 pour
cent du total des revenus, ce qui est inférieur
aux pairs structurels mais bien au-dessus
de la moyenne de l’Afrique subsaharienne.
Sans ce soutien extérieur important et
continu, le solde budgétaire global aurait
été la plupart un nombre à deux chiffres. Les
subventions exceptionnelles épisodiques
au titre de l’appui budgétaire sont souvent
importantes (par exemple, une subvention
La mise en œuvre de SYDONIA ++, et plus récemment les premières étapes de la mise en œuvre de SYDONIA World,
ont considérablement amélioré l'efficacité de l'administration douanière. La diminution des exonérations douanières
discrétionnaires a également stimulé les recettes fiscales depuis l'année dernière.
Le gouvernement a pris des mesures pour améliorer l'efficacité de l'administration publique, mais il reste beaucoup
à faire. Il y avait 11 000 fonctionnaires au moment du recensement en 2010, et le recrutement s'est poursuivi depuis.
Parmi les obstacles à la réforme figurent le chevauchement et souvent l'incohérence des responsabilités entre
l'Union et les autorités insulaires, le rôle du favoritisme politique dans le recrutement dans la fonction publique
et l'absence d'autres possibilités d'emploi, qui créent tous des intérêts directs forts à maintenir le statu quo et à
s’opposer à la réforme. Un fichier informatisé unifié de la fonction publique a été établi et un logiciel intégré de
gestion de la fonction publique et des salaires a été développée. Parmi les problèmes qui subsistent, on peut citer
la régularisation des cas de non correspondances entre la base de données et la réalité sur le terrain, parce qu’ils
enlèvent au fichier de la fonction publique son efficacité en tant qu’outil de gestion.
¹³⁶
¹³⁷
Figure 38: Balance commerciale,
Comores et comparateurs
Balance commerciale (part du PIB) (2011-2017) nominale
40
30
20
10
0
-10
-20
-30
-40
Source : Calculs du personnel à partir du PEM du FMI.
Tim
or O
rient
al
Pairs
asp
iratio
nnel
s
Etat
s Fra
gile
s
Iles S
alom
on
Pairs
stru
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Cap
Vert
Com
ores
Fidj
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Sao
Tom
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Prin
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Petit
s Eta
ts in
sula
ires
Com
ores
(200
1-20
10)
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
104
reçue de l’Arabie saoudite en 2015 s’élevait à
4,1 pour cent du PIB). Sporadiques par nature,
elles sont source de forte volatilité des flux
de financement externes, ce qui complique
la budgétisation à moyen terme. En 2017, le
gouvernement s’attendait à une subvention
d’appui budgétaire beaucoup plus importante
que le montant qu’il a finalement reçu, ce
qui a eu un impact négatif sur les plans de
dépenses. Ces importants appuis budgétaires
exceptionnels peuvent également retarder
les réformes structurelles dans la mesure où
ils réduisent la volonté politique à procéder
à une réforme. En effet, la plupart de ces
subventions aident à maintenir les dépenses
actuelles et retardent ou évitent les réformes
nécessaires et parfois pénibles.
113. Les entreprises d’État, opaques et mal
gouvernées, exposent le gouvernement
à d’importants risques de passif éventuel,
notamment dans le contexte d’une faible
capacité de gestion de la dette. Les passifs
éventuels associés à des entreprises d’État
relativement grandes représentent un risque
important qui est aggravé par une gestion et
une gouvernance faibles et par le manque de
transparence. Aucun rapport annuel régulier
n’est produit et les audits sont presque
inexistants. En outre, il n’existe pas de registre
approprié des dettes des entreprises d’État
envers le gouvernement, ou inversement,
ce qui contribue à la très faible performance
globale de la gestion de la dette dans le
pays.¹³⁸ Le grave besoin de recapitalisation
auquel la SNPSF est actuellement confrontée
est un bon exemple de matérialisation de ce
risque (voir Encadré 8).
La performance de la gestion de la dette est très faible selon la dernière évaluation de la performance de la gestion
de la dette (DeMPA). La plupart des 14 indicateurs de performance en matière de dette du DeMPA de 2016 indiquent
une très faible performance de la gestion de la dette (la note la plus faible sur une échelle de quatre points). Le
suivi des arriérés est insuffisant et le stock est important (surtout pour les arriérés intérieurs).
¹³⁸
Figure 39: Dépenses courantes couvertes par les recettes fiscales
Recettes fiscales (% des dépenses courantes)
Timor Oriental
Iles Salomon
Samoa
Fidji
Sao Tomé et Principe
Cap Vert
Comores
Source: IDM
0 20 40 60 80 100 120
105
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
La Société Nationale des Postes et Services Financiers (SNPSF), détenue à 100 pour
cent par l’État comorien, est une institution financière d’importance systémique. C’est le
deuxième collecteur de dépôts en importance (21 pour cent du secteur) en raison de la
collecte exclusive des salaires de ses fonctionnaires. La SNPSF héberge également des
comptes gouvernementaux et d’entreprises d’État et fournit à ses clients des prêts à court
terme (la plupart étant des découverts) et des instruments d’épargne.
La SNPSF fait face à de grandes difficultés opérationnelles depuis de nombreuses années.
Ses dépenses d’exploitation dépassent régulièrement son résultat net et la banque est
déficitaire depuis plus de dix ans (les pertes accumulées ont atteint 7,5 milliards KMF
soit 18,3 millions USD en 2017) et, en octobre 2018, elle affichait un déficit d’actif de 6,2
milliards de KMF (14,3 millions USD). Cette situation est due en partie à une forte proportion
de créances douteuses sur des portefeuilles de prêts et de découverts d’une valeur de
5 milliards de KMF (52 pour cent du total), dont 1,8 million de KMF ne sont pas couverts
par des provisions.
La SNPSF a été confrontée à de graves problèmes de liquidités au cours du premier
semestre de 2018, résultant d’importants retraits de dépôts et du lancement d’une
importante activité de prêt début 2018 (d’une valeur de 1,7 milliard de KMF). Toutes les
activités de prêt, à l’exception des découverts, ont été suspendues par la BCC en juillet
2018. Le problème de liquidité a été résolu temporairement par le déblocage de la première
tranche (1 milliard de KMF disponibles sur 3,5 milliards) du plan de sauvetage triennal de la
BCC, grâce aux facilités des fonds de l’avance statutaire de la BCC pour la recapitalisation
de la SNPSF. Malgré cela, la situation reste fragile. Les comptes vérifiés n’ont pas été
certifiés au cours des quatre dernières années en raison de plusieurs divergences entre
le système bancaire et le grand livre. Pour assainir la situation financière de la SNPSF et
rendre société pleinement fonctionnelle, il faudrait injecter un minimum de 7,5 milliards
de KMF (17,3 millions USD) sur la base des bilans d’octobre 2018.
Compte tenu de la situation financière catastrophique de la SNPSF et de l’impact négatif
considérable que pourrait avoir une liquidation mal organisée sur l’économie comorienne,
les autorités envisagent de la restructurer. Il est essentiel que la SNPSF adopte et mette
en œuvre un plan de restructuration réaliste et ambitieux, avec de profondes réformes
organisationnelles (séparation des activités postales et financières et un nouveau cadre
de gouvernance avec un personnel limité) et mette en œuvre un nouveau modèle
économique, potentiellement centré sur la prestation de services financiers exclusivement
aux particuliers (y compris les paiements numériques).
Encadré 8: Risques pour la stabilité financière provenant de la SNPSF
106
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
114. Enfin, les Comores risquent d’épuiser
davantage leurs actifs, ce qui compromettrait
la poursuite de la croissance économique et de
la réduction de la pauvreté. Selon le rapport
Wealth of Nations de la Banque mondiale
publié en 2018, la richesse par habitant des
Comores est en baisse depuis 1995.¹³⁹ Durant
la même période, la richesse mondiale a
augmenté de 66 pour cent (voir la Figure
39). Cette baisse de la richesse totale des
Comores s’est principalement produite en
raison d’une baisse de 50 pour cent de son
capital productif et de plus de 90 pour cent
de sa capacité à générer des avoirs extérieurs
nets. Le capital productif a diminué en raison
des faibles taux d’investissement. Les avoirs
extérieurs nets ont diminué, le solde extérieur
ayant été fortement négatif au cours des 20
dernières années. En 2014, l’écart de richesse
par habitant entre les Comores et les autres
pays à revenu intermédiaire de la tranche
inférieure a été le plus marqué en ce qui
concerne le capital humain, mais c’est dans le
capital productif que l’écart entre les Comores
et les autres pays à revenu intermédiaire de la
tranche inférieure s’est le plus creusé depuis
le début du millénaire. Alors que le capital
naturel a légèrement augmenté en raison de
l’expansion des zones naturelles protégées, la
capacité de création de richesses des forêts
et des terres cultivées a baissé.
Risques environnementaux
115. Les Comores sont exposées à un large
éventail de risques naturels de deux types : (i)
explosions hydrométéorologiques telles que
tempêtes tropicales, inondations et élévation
du niveau de la mer ; et (ii) événements
géophysiques tels que tremblements de
terre, éruptions volcaniques et glissements
de terrain. En 2005, le rapport de la Banque
mondiale¹⁴⁰ sur les catastrophes naturelles
indiquait que 59 pour cent des terres des
Comores étaient exposées à des risques de
catastrophes naturelles (au moins deux aléas)
et que 54,2 pour cent de la population vivait
dans des zones à risque. Les populations
rurales sont particulièrement exposées.
Les catastrophes naturelles ont toujours
eu des conséquences désastreuses sur le
développement de l’archipel. Des cyclones
dévastateurs en 1949 et 1951 ont déclenché
une émigration massive des Comores vers
Madagascar. Depuis 2005, près de la moitié
de la population comorienne a été touchée
par une catastrophe naturelle. Les inondations
de 2012 ont affecté les infrastructures et la
sécurité alimentaire. Les agriculteurs ont
perdu près de 80 pour cent de leurs cultures.
En 2005, l’éruption du volcan Karthala a
touché 245 000 personnes. Au total, les pertes
directes causées par des aléas naturels aux
Les mesures de la richesse des nations utilisent une approche bilancielle de la santé d'une économie en
appréhendant la richesse d'un pays à travers quatre piliers de la génération de richesse : les actifs produits, les
actifs humains, les actifs naturels et les actifs étrangers nets. Le capital produit et les terrains urbains mesurent la
machinerie, les bâtiments, les équipements et les terrains urbains résidentiels et non résidentiels, mesurés aux prix
du marché. Le capital humain est mesuré comme la valeur actualisée des gains au cours de la vie d'une personne.
Le capital naturel comprend l'énergie (pétrole, gaz, charbon et houille) et les minéraux, les terres agricoles (terres
cultivées et pâturages), les forêts (bois et certains produits forestiers non ligneux) et les aires protégées terrestres. Le
capital naturel est mesuré comme la somme actualisée de la valeur des loyers générés sur la durée de vie de l'actif.
Les actifs étrangers nets représentent la somme des actifs et passifs transfrontaliers détenus par les résidents du
pays. Il s'agit, par exemple, des investissements directs étrangers et des avoirs de réserve. Les actifs nets étrangers
négatifs suggèrent que les passifs transfrontaliers dépassent les actifs transfrontaliers. Par exemple, l'encours de
la dette contractée à l'étranger pourrait dépasser largement les investissements directs étrangers.
Dilley et al. (2005)
¹³⁹
¹⁴⁰
107
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
Comores sont estimées à 5,7 millions USD par
an.¹⁴¹ Cela équivaut à 0,9 pour cent du PIB des
Comores et à 2,8 pour cent du budget annuel
du gouvernement en 2017. Les simulations
montrent également que les pertes seraient
les plus élevées à Anjouan, qui subit près de
80 pour cent des pertes annuelles moyennes
pour les trois aléas combinés.
World Bank (2017c)¹⁴¹
Figure 40: Indicateurs de richesse
a. Richesse totale par habitant (USD constant 2014) b. Richesse par habitant – Comores
30.000
25.000
20.000
15.000
10.000
5.000
01995 2000 2005 2010 2014 1995 2000 2005 2010 2014
12.000
10.000
8.000
6.000
4.000
2.000
0
-2.000
Comores Capital naturel par habitant
Faible revenu Capital produit par habitant Revenu intermédiaire inférieur Capital humain par habitant
Afrique subsaharienne
Source : Banque mondiale, Wealth of Nations.
Actifs étrangers nets par habitant
108
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
116. La pression anthropique est une source
majeure de la dégradation de l’environnement
aux Comores. Le pays est l’un des plus
densément peuplés d’Afrique, ce qui entraîne
une exploitation intense des ressources
naturelles. La couverture forestière du pays
est tombée de 26,3 pour cent en 1990 à 19,9
pour cent en 2015, ce qui voudrait dire que
le pays perd en moyenne un quart de point
de couverture forestière chaque année.
Même dans les aires protégées, le taux
de déforestation est très élevé en raison
de la demande croissante de bois et de
terres agricoles. La déforestation est une
source majeure d’érosion qui augmente le
ruissellement et conduit aux inondations,
réduisant ainsi la fertilité du sol et les
rendements agricoles. La dégradation de
l’environnement a été liée à la faible capacité
de l’État à appliquer la réglementation et à
lutter contre l’utilisation illégale des mangroves
et du sable de mer et le braconnage. Les
Comores sont particulièrement vulnérables
aux effets du réchauffement de la planète,
tels que l’augmentation des tempêtes et la
montée du niveau de la mer. On estime que
le long de la côte, une élévation du niveau
de la mer de 20 cm d’ici 2050¹⁴² entraînera
le déplacement d’au moins 10 pour cent
de la population.¹⁴³ Le secteur agricole,
principalement pluvial, est extrêmement
vulnérable au changement climatique parce
que la hausse des températures a accru les
niveaux de salinité des eaux souterraines ces
dernières années et a eu un impact négatif sur
les cycles de croissance des cultures.
117. Il est essentiel d’améliorer la gestion
pour surmonter une dotation insuffisante
en ressources en eau, en particulier avec le
changement climatique qui a une incidence
sur les niveaux de stress hydrique, mettant
ainsi la pression sur la production et l’utilisation
domestique. Avec 16 autres pays, les Comores
se trouvent au premier rang mondial en ce qui
concerne le stress hydrique (prélèvements
en pourcentage des ressources en eau
disponibles). Tous les secteurs - agriculture,
industrie et utilisation domestique - ont le
classement de stress hydrique le plus élevé
(stress extrêmement élevé) utilisé par le World
Resources Institute Aqueduct.¹⁴⁴ En raison
de sa taille et de sa densité de population,
le pays dispose de très peu de ressources
en eau par habitant par rapport à l’Afrique
subsaharienne ou aux moyennes mondiales
(voir la Figure 41). La plupart des rivières ne
transportent pas d’eau toute l’année et la plus
grande île de Grande Comore dépend des
eaux souterraines. Le changement climatique
est susceptible d’aggraver ces problèmes.
Bien que tous les secteurs soient touchés par
le changement climatique, l’agriculture est
NAPA (2006)
PRGS (2010)
Gassert et al. (2013)
¹⁴²
¹⁴³
¹⁴⁴
Figure 41: Ressources internes
renouvelables en eau douce par habitant
(milliers de mètres cubes)
Monde
Pays les moins développés (classification ONU
Afrique subsaharienne
Maurice
Comores
Cap Vert
Source : Banque mondiale.
0 1 2 3 4 5 6 7
109
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
l’activité économique la plus exposée. Elle
représente 47 pour cent des prélèvements
d’eau et les pénuries d’eau deviennent
progressivement l’une des contraintes agro-
écologiques de l’île. L’eau disponible pour un
usage domestique serait également affectée,
ce qui pourrait aggraver un accès déjà limité
à une eau potable améliorée (actuellement
limité à moins de 13 pour cent des Comoriens,
voir également le Chapitre 5).¹⁴⁵
118. Les Comores ont fait de l’adaptation et de
l’atténuation une priorité dans leurs contributions
déterminées au niveau national (CDN) de 2015
dans le cadre de l’Accord de Paris. Cependant,
la faible capacité du pays l’empêche de réagir
aux chocs liés au changement climatique. La
CDN des Comores donne une liste des actions
visant à s’adapter au changement climatique
et à accroître la résilience aux catastrophes
naturelles, notamment des programmes de
réinstallation et de protection des populations
vivant dans des zones à risque, ainsi que des
systèmes d’alerte rapide et des interventions
efficaces en cas d’urgence. Parallèlement aux
actions énoncées dans la CDN, les Comores
ont mis au place un cadre juridique bien étoffé
portant sur l’environnement, comprenant la
Politique Nationale de l’Environnement (PNE),
le Plan d’Action National pour l’Environnement
(PANE) et le cadre juridique pour l’environnement,
ainsi que des actions de conservation spécifiques
et des plans et une fondation dédiée au
financement des activités environnementales.
Cependant, l’efficacité de ces outils souffre de
plusieurs inefficiences institutionnelles. La faible
coordination intersectorielle et la multiplication
des comités ont semé la confusion dans le rôle
et les responsabilités de coordination. En outre, le
manque de ressources et le manque de données
et d’informations relatives à l’environnement
ont contribué à la faible connaissance générale
des risques liés au changement climatique et
des opportunités d’adaptation, notamment
son impact économique et social sur la vie et
les moyens de subsistance des Comoriens.
De ce fait, le pays reste l’un des pays les plus
vulnérables aux risques liés au changement
climatique, tout en étant l’un des moins préparés
à y faire face (voir Figure 42).
La matrice ND-GAIN illustre la résilience relative des pays. L'axe vertical indique le score de vulnérabilité et l'axe
horizontal indique le score en matière de degré de préparation. Avec un score élevé de vulnérabilité et un score
faible de degré de préparation, les Comores se trouvent dans le quadrant supérieur gauche de la matrice ND-
GAIN, ce qui signifie qu'elles ont à la fois un grand besoin d'investissements et d'innovations pour améliorer leur
préparation et une grande urgence pour agir.
L'indicateur de l'état des stocks de poissons indique le pourcentage des stocks de poissons capturés dans la
zone économique exclusive (ZEE) d'un pays qui sont surexploités ou qui se sont effondrés. L'ITTM examine dans
quelle mesure le secteur de la pêche a exploité des espèces plus grandes et de haut niveau et capture de plus
en plus d'espèces plus petites et de niveau inférieur, ce qui a un impact négatif sur la santé des écosystèmes.
Un classement inférieur sur les deux indices indique une meilleure performance relative.
¹⁴⁵
¹⁴⁶
Figure 42: Les Comores : un pays parmi
les plus vulnérables au changement
climatique mais parmi les moins bien
préparés à y faire face
,6
,5
,4
,3
,2
,1
Source: Banque mondiale.¹⁴⁶
COMMUS
FJIWSM
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Degré de préparation
Vuln
érab
ilité
110
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
119. L’agriculture, pilier de l’économie, est le
secteur le plus touché par le changement
climatique. Dotée d’un sol volcanique
fertile, de terres abondantes et de bonnes
précipitations, l’économie des Comores était
traditionnellement dominée par l’agriculture.
Celle-ci représente également 47 pour cent
des prélèvements d’eau et les pénuries d’eau
deviennent lentement l’une des principales
contraintes agro-écologiques de l’île.
L’élévation du niveau de la mer a entraîné
une augmentation de la salinité des eaux
souterraines ces dernières années. L’érosion
accélérée des sols due à la déforestation a
entrainé une augmentation du ruissellement
et a conduit à des inondations, réduisant ainsi
la fertilité des sols et les rendements agricoles.
La sécurité hydrique est un problème urgent
sur les trois îles - la Grande Comore, Anjouan
et Mohéli - qui affecte non seulement la
santé et le bien-être des Comoriens, mais
pourrait également affecter l’agriculture.
Les changements climatiques aggravent
les risques pour l’agriculture, notamment
parce que la hausse des températures a un
impact négatif sur les cycles de croissance
des cultures.
120. La plupart des pêcheries côtières sont
soumises à de fortes pressions avec un
potentiel d’expansion très limité. Les Comores
se classent 53ème sur 180 sur l’indice de stock
de la pêche de l’indice environnemental de
Yale et 82ème sur 180 sur son Indice trophique
marin régional (ITMR), ce qui indique que la
surpêche sélective de certaines espèces
est un problème plus grave que la surpêche
en général.¹⁴⁷ Au niveau régional, 40 pour
cent des stocks évalués par la SWIOFC sont
considérés comme surexploités (SWIOFC,
2018). Les pêcheries hauturières de thon et
d’espèces apparentées sont actuellement
principalement exploitées par des flottes
étrangères, ce qui fait que les avantages
économiques sont faibles pour le niveau local
et national locaux et nationaux, et constituent
une exception au potentiel de développement
de la production nationale. Les pêcheries
côtières de grande valeur (homard, concombre
de mer, etc.) sont généralement surexploitées
mais peuvent être rapidement améliorées si
un système de gestion adéquat se développe,
notamment par le biais de la cogestion avec
les communautés côtières.
Risques politiques et sociaux
121. La tension entre le défi de construire
un État-nation fort et cohésif et la pression
régionale en faveur de l’autonomie au
niveau des îles a été une source d’instabilité
récurrente aux Comores. La dernière
tentative de révision de la Constitution afin
de recentraliser le pouvoir en vue d’établir
un système de gouvernance plus efficace
et d’assurer la continuité des politiques a
été controversée. Cela peut potentiellement
perturber l’équilibre délicat existant entre
les îles qui a favorisé une longue période de
stabilité aux Comores. Après le référendum,
de nouvelles élections sont prévues dans un
an. Les dates n’ont pas encore été confirmées.
On s’attend à ce que les scrutins se tiennent
en mars ou avril 2019. Il est probable que des
troubles politiques se produisent avant les
scrutins. Dans une atmosphère de méfiance
L'indicateur de l'état des stocks de poissons indique le pourcentage des stocks de poissons capturés dans la zone
économique exclusive (ZEE) d'un pays qui sont surexploités ou qui se sont effondrés. L'ITTM examine dans quelle
mesure le secteur de la pêche a exploité des espèces plus grandes et de haut niveau et capture de plus en plus
d'espèces plus petites et de niveau inférieur, ce qui a un impact négatif sur la santé des écosystèmes. Un classement
inférieur sur les deux indices indique une meilleure performance relative.
¹⁴⁷
111
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
accrue, avec les griefs historiques mis en
avant à la suite du référendum polarisant, il
existe également un risque de violence avant,
pendant et après les élections. Anjouan a déjà
connu une montée en flèche des tensions
et des manifestations de rue, ce qui a incité
l’armée à intervenir à la mi-octobre 2018.
122. Les faibles niveaux de dépenses
dans les secteurs sociaux - en particulier
dans le secteur de la santé - entraînent
des dépenses privées élevées qui, à leur
tour, exposent davantage les familles au
risque de tomber dans la pauvreté. Les
dépenses publiques sur la santé exprimées
en pourcentage des dépenses globales de
santé sont inférieures à celles observées
dans les pays pairs structurels (13,4 pour
cent contre 52,3 pour cent, respectivement)
(voir la Figure 43). En conséquence,¹⁴⁸ les trois
quarts du financement de la santé sont à la
charge des ménages, à travers les dépenses
qu’ils paient directement. On estime que ces
dépenses entraînent une augmentation du
taux de pauvreté de 5 pour cent, soit 12 826
personnes supplémentaires tombant dans
la pauvreté par an.¹⁴⁹ En d’autres termes, en
moyenne, 35 Comoriens sombrent dans la
pauvreté chaque jour à cause des paiements
des soins de santé. Pour ceux qui sont déjà
pauvres, outre le fait d’approfondir leur état
de pauvreté, cela se traduit également par un
faible accès aux services de santé.
123. Les systèmes de protection sociale
qui protégeraient les pauvres, tels que les
filets de sécurité sociale, sont limités aux
Comores. Les régimes de protection sociale
existants ne couvrent qu’une petite partie de
la population (moins de 10 pour cent) et ne
ciblent pas les pauvres. Le fonds de retraite
pour la vieillesse, l’invalidité et le décès des
fonctionnaires et des employés du secteur
privé offre actuellement des pensions à 10
pour cent de la population de plus de 65
ans. La Caisse de sécurité sociale pour la
protection des travailleurs contre les maladies
professionnelles et les accidents du travail
couvre moins de 6 pour cent des actifs de
la Grande Comore. Une mutuelle de la santé
a couvert 3,3 pour cent de la population en
2012.¹⁵⁰ Un programme ciblé « argent contre
travail » a été déployé dans 69 des villages
les plus pauvres du pays, touchant environ 5
000 familles.
124. Les envois de fonds atténuent les
risques sociaux, mais ils sont localisés
géographiquement et une dépendance
excessive envers ces envois risque
d’aggraver les inégalités existantes. En
assurant les ménages contre les chocs
économiques négatifs, de gros volumes
d’envois de fonds pourraient réduire
l’incitation du gouvernement à maintenir
la discipline budgétaire et à utiliser les
fonds publics pour l’investissement et la
prestation de services sociaux.¹⁵¹ En outre,
les envois de fonds pourraient à un moment
donné diminuer. S’inquiétant du fait que
La revue des dépenses publiques (2015) et d'autres sources ont relevé un certain nombre de défis dans le système de
santé aux Comores, notamment : a) le faible niveau des dépenses de santé financées par l'État en général (3 USD par
habitant) ; b) le niveau élevé des dépenses de salaires des agents de santé par rapport aux coûts de fonctionnement
tels que le matériel médical, les médicaments et la formation ; c) la forte dépendance vis-à-vis des redevances
d'utilisation pour couvrir les coûts des déficits de fonctionnement résultant des niveaux très élevés de paiements
directs par les ménages et des dépenses privées ; d) les différences dans la distribution des ressources financières
et humaines entre la police centrale et des îles et la distribution des ressources entre les îles.
Haazen et Rajoela (2016).
Il existe également un fonds de retraite militaire et un fonds commun de placement pour les prestations de vieillesse,
d'invalidité et d'assurance-maladie pour les militaires et leurs familles.
Chami et al. (2008)
¹⁴⁸
¹⁴⁹
¹⁵⁰
¹⁵¹
112
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
le recours aux envois de fonds ne soit pas
durable à long terme, étant donné que
les envois de fonds bruts de la troisième
génération représentent environ un quart
du PIB, cet élément démographique exerce
une influence financière substantielle. Il est
prouvé que les Comoriens vivant en France
ont un sens plus faible des liens avec les
125. Enfin, les risques sociaux pourraient
émaner à l’avenir d’un groupe grandissant
de jeunes Comoriens sous-employés ou
au chômage. Les taux de chômage élevés
Comores et des obligations financières
plus grandes que celles des générations
précédentes. Les initiatives du gouvernement
visant à renforcer le lien avec la diaspora en
créant un sens plus étroit de liens de cette
communauté à son pays d’origine pourraient
maintenir les envois de fonds et encourager
progressivement les investissements.¹⁵²
ont contribué à la frustration des jeunes et
à l’émigration. Le nombre de Comoriens
vivant à l’étranger a plus que triplé au cours
des 25 dernières années. De plus, les jeunes
Au Cap Vert, les envois de fonds ont été stimulés par des innovations juridiques et politiques conçues spécialement
pour la diaspora. Le Cap Vert a créé un ministère des affaires de la diaspora et a adopté une législation pour permettre
à la diaspora de voter aux élections nationales. En outre, pour encourager les émigrants à investir dans l'immobilier,
par exemple, les frais fiscaux et administratifs ont été supprimés ou réduits. En outre, les émigrants peuvent
également bénéficier de toutes les incitations à l'investissement en place qui profitent aux investisseurs étrangers,
y compris les investissements sectoriels dans le tourisme et les énergies renouvelables (Resende-Santos, 2015).
De telles mesures (ainsi que la stabilité politique et la perception générale de la bonne gouvernance) permettent
de canaliser les envois de fonds vers des opportunités d'investissement, en particulier dans le secteur du tourisme
où 17 pour cent des petites entreprises touristiques appartiennent à d'anciens émigrants (Banque mondiale, 2018a).
¹⁵²
Source : Calculs du personnel à l’aide des données du FMI.
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0
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100
0
Figure 43: Dépenses de santé
a. Dépenses intérieures privées de santé (% des dépenses courantes de santé) (2011-2017)
b. Dépenses actuelles de santé par habitant (USD courant) (2011-2017)
80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur
20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS
113
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
s’associent de plus en plus à des élites
politiques ou à des personnalités de l’autorité
dans l’espoir de pouvoir atteindre la mobilité
sociale et obtenir des ressources. Somme
toute, les frustrations multiples constituent un
risque pour la cohésion sociale. En particulier
à la Grande Comore, les envois de fonds
peuvent également décourager les jeunes
de participer au marché du travail, parce
qu’ils reçoivent un financement régulier de la
diaspora.¹⁵³ Par ailleurs, les préjugés culturels
contre les petits boulots et les travaux manuels
constituent un obstacle supplémentaire à
l’entrée au travail. L’agriculture attire de moins
en moins les jeunes Comoriens des zones
rurales qui ont tendance à migrer vers les
zones urbaines et représente actuellement
25 pour cent de l’emploi des jeunes.
126. Le risque d’une montée de la
radicalisation menant à l’extrémisme violent
s’aggrave dans le climat chargé actuel,
caractérisé par une répression accrue des
groupes minoritaires chiites et chrétiens. Il y a
de plus en plus d’étudiants éduqués à l’étranger
qui retournent après avoir été exposés à des
idées et influences étrangères, tandis que
les organisations non gouvernementales
étrangères (ONG) qui comblent le vide
laissé par l’État en termes de prestation de
services - en particulier dans les domaines
de l’éducation et de la santé – peuvent
également importer des idées radicales. Une
nouvelle génération de théologiens, formés à
l’étranger, conteste également les branches
de l’Islam traditionnellement tolérantes
pratiquées aux Comores et la légitimité
des institutions coutumières. Cela pourrait
également aggraver la frustration ressentie
par la grande population des jeunes face aux
opportunités limitées en matière d’éducation,
d’amélioration de soi et d’emploi dans le
secteur formel, et jouer entre les mains de
groupes cherchant à exploiter ce sentiment
de bouleversement.
127. Les autres risques émergents sont
liés au trafic de stupéfiants, au trafic de
migrants et à la piraterie maritime.¹⁵⁴ Des
groupes (prétendument d’Anjouan¹⁵⁵) font
passer des stupéfiants - et un médicament
dit chimique - à travers les frontières,
des ports de Zanzibar et Dar es Salaam à
Mayotte en passant par les Comores. Ces
groupes seraient également impliqués
dans le trafic de migrants à Mayotte via
Anjouan.¹⁵⁶ Ils profitent de la faible capacité
de surveillance aux frontières et aux points
d’entrée ainsi que de la corruption au sein
de l’administration comorienne.
Par mois, les envois de fonds peuvent représenter plus que le salaire moyen et même représenter le double.
FMI (2010)
INL (2009)
A partir d'entretiens menés dans le pays en préparation de l'évaluation des risques et de la résilience de 2018.
¹⁵³
¹⁵⁴
¹⁵⁵
¹⁵⁶
114
7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores
VOIES ETPRIORISATION
115
128. Ce chapitre s’appuie sur les données
factuelles présentées dans les chapitres
précédents et propose trois Voies liées entre
elles qui aideraient les Comores à atteindre
une croissance durable et une prospérité
partagée. Ces Voies ont été choisies en
fonction de l’impact qu’elles auraient quant
à sortir les Comores de l’équilibre de faible
croissance dans lequel elles se trouvent
ainsi qu’à résoudre les inégalités croissantes
décrites au Chapitre 5 qui pourraient affaiblir
davantage la cohésion sociale. Les Voies qui
en résultent sont discutées ci-dessous ainsi
que les principales réformes politiques qui
seront nécessaires pour les débloquer.
129. En abordant ces Voies, il a été important
d’examiner avec soin la question de
l’importance fondamentale de l’identité et
des institutions, exposée au Chapitre 4. La
structure sociale et historique des Comores
a eu un impact important sur la trajectoire
de développement du pays à ce jour. Le
pays lutte toujours pour s’unir derrière un
sentiment d’identité nationale qui, une fois
découvert, pourrait renforcer l’efficacité de
l’élaboration des politiques et renforcer la
cohésion nationale et sociale. L’identification
des parties prenantes qui auront la motivation
à agir en tant que chef de file sur chacune
des priorités dépasse le cadre de l’EDSP.
Cependant, s’attaquer à chacun des domaines
de réforme cernés par cette EDSP nécessitera
une réflexion approfondie ainsi que la prise
en compte des intérêts et des motivations
des acteurs au niveau des communautés
centrales, insulaires et locales, afin de parvenir
à une solution qui unit les différents acteurs
autour d’une vision nationale plutôt sape un
concept d’identité nationale déjà fragile.
130. De même, le renforcement des
institutions doit faire partie de tous les efforts
de réforme pour en assurer la pérennité, parce
que des années d’instabilité politique ont
sapé et affaibli les capacités des institutions
formelles. Les déséquilibres régionaux et
les inégalités spatiales ont alimenté un
sentiment de méfiance entre les îles et le
centre. Dans le même temps, les perceptions
de marginalisation et d’inégalité - tant entre les
îles que dans les villages - en partie à cause
de la colonisation du pays par le passé et de
la complexité des hiérarchies sociales, ont
renforcé le sens de l’identité locale aux dépens
de l’unité nationale. A ce titre, le renforcement
institutionnel peut également renforcer le
sentiment d’identité nationale entre les îles et
entre les villages et contribuer à renforcer les
liens entre l’État et la société.
Voies
131. Les besoins d’investissement des
Comores sont importants. Avec une moyenne
de 16,7 pour cent du PIB, les investissements
totaux ont été respectivement inférieurs de
4,6 pour cent et 7 pour cent à la moyenne de
l’Afrique subsaharienne et des pays pairs en
termes structurels depuis le début du siècle.
Les investissements directs étrangers ont
n°1Voies Combler le déficit d’investissement
116
8. Voies et Priorisation
représenté en moyenne un peu plus de 1 pour
cent du PIB au cours de la dernière décennie.
Une pénurie prolongée d’investissements,
combinée à une croissance démographique
rapide, a entraîné un déclin du capital productif
par habitant des Comores, un faible niveau
de capital humain et un lent épuisement du
capital naturel. Selon le rapport de la Banque
mondiale sur la richesse des nations, le
capital productif par habitant des Comores
a été divisé par deux entre 1995 et 2018 et
représente maintenant la moitié de celui des
autres pays d’Afrique subsaharienne et de la
tranche inférieure moyenne de revenu.
132. Le manque de crédibilité des institutions
formelles et le manque de confiance en leur
capacité est au cœur de la problématique
de la faiblesse des investissements des
Comores. Les investisseurs locaux et
étrangers (y compris la diaspora) recherchent
la prévisibilité et la fiabilité lorsqu’ils effectuent
des investissements, leurs bénéfices ne se
concrétisant qu’après plusieurs années.
Comme dans d’autres pays, l’instabilité
politique et la faiblesse de l’état de droit ont
été les principaux facteurs de dissuasion
des investisseurs aux Comores. La faiblesse
de la capacité à assurer une bonne gestion
macro-économique, caractérisée entre autres
par des décisions budgétaires incohérentes
et erratiques, et une tendance à dépenser
en salaires plutôt qu’en investissements ont
limité la capacité du Gouvernement à effectuer
des investissements publics et à mobiliser
des recettes intérieures. Les acteurs privés
se trouvent découragés à investir dans des
secteurs centraux tels que l’agriculture à cause
de la faiblesse de l’état de droit, de la fragilité
du système financier et d’un environnement
économique difficile, mettant en doute la
rentabilité des éventuels investissements. En
outre, dans un environnement où l’État fournit
peu de services, la population donne la priorité
aux dépenses de consommation par rapport à
l’investissement puisqu’elle doit supporter elle-
même les dépenses d’éducation et de santé.
133. Des années de faible investissement
ont compromis la performance des Comores
en matière de croissance et ont conduit à
des inégalités croissantes. Depuis 2001,
la contribution des investissements à la
croissance a été faible et parfois négative.
La faiblesse de l’investissement a eu pour
corollaire un faible développement du
secteur privé et peu de création d’emplois,
résultant en une faible demande de main-
d’œuvre et un des taux de participation
de la main-d’œuvre parmi les plus bas de
Les investissements dans la connectivité inter et intra-insulaire doivent être une priorité.
8. Voies et Priorisation
117
l’Afrique subsaharienne, un autre frein à la
croissance. Les investissements publics dans
la connectivité inter et intra-îles ainsi que dans
d’autres services d’infrastructure essentiels,
tels que l’électricité et le traitement de l’eau,
devraient être une priorité si l’on veut accroître
la productivité dans les secteurs essentiels
tels que le secteur agricole, les services et le
commerce et créer les conditions propices
au développement du secteur manufacturier
et du tourisme. Le manque d’investissement
public a également entraîné une faiblesse de
la prestation de services et une augmentation
des inégalités. Le manque d’accès aux services
de base tels que l’eau courante, l’électricité,
les centres de santé ou les marchés est l’un
des plus puissants prédicteurs de la pauvreté
aux Comores. La faiblesse des services
publics a conduit à une privatisation des
services de santé. Les Comores sont l’un des
pays au monde où la part des dépenses de
santé payées directement par les ménages
est la plus élevée, et environ 35 Comoriens
par jour sombrent dans la pauvreté suite au
paiement de soins de santé.
134. Le faible investissement dans la
prestation de services de base sape un
contrat social déjà fragile entre les îles.
Les inégalités sont apparues entre les îles
en matière d’infrastructures et de services
de base dans les domaines de la santé et
de l’éducation et risquent d’aggraver un
sentiment de coupure déjà existant entre
les îles. Ces inégalités alimentent le désir de
chaque île d’affirmer ses intérêts financiers
au pouvoir, perpétuant ainsi la politisation de
l’allocation des ressources. Les communautés
locales compensent l’absence de l’État et
deviennent de plus en plus autonomes. Les
écoles et les rues sont construites avec
des fonds de la diaspora, ce qui conduit à
une allocation pas toujours efficace des
ressources privées et à une privatisation
progressive d’importants services sociaux.
Cependant, comme les mécanismes
d’adaptation locaux diffèrent au sein de
l’Union des Comores, les communautés ne
s’en sortent pas toutes de la même manière.
Les inégalités sont particulièrement en
défaveur d’Anjouan, qui à la différence de la
Grande Comore et de Mohéli, ne bénéficie du
principal mécanisme d’adaptation, à savoir
les envois de fonds.
135. Le capital humain aux Comores est
aujourd’hui en deçà de son potentiel.
Parmi les différents types d’actifs et de
capitaux qu’un pays possède - productifs,
humains et naturels -, le capital humain est
le domaine où les Comores sont à la traîne
par rapport aux autres pays à revenu moyen-
inférieur. Aux Comores, les enfants lorsqu’ils
atteignent l’âge de 18 ans peuvent espérer
avoir terminé 8,4 années de scolarité, soit
deux ans de moins que leurs pairs des autres
pays à revenu moyen-inférieur. Et lorsque les
années de scolarité sont ajustées en fonction
de la qualité de l’apprentissage, ce chiffre
tombe à 5,3 années seulement. Les filles sont
nettement moins scolarisées que les garçons
et les grossesses chez les adolescentes sont
deux à trois fois plus courantes que dans les
pays pairs aspirationnels. Parmi les enfants,
31 sur 100 grandissent avec un retard de
croissance causé par la malnutrition et le peu
d’attention accordé au développement de la
n°2Voies Accroitre le capital humain des Comores
8. Voies et Priorisation
118
petite enfance.¹⁵⁷ Enfin, le retard de croissance
étant le plus fréquent chez les pauvres aux
Comores, il aggrave les inégalités existantes
s’il n’est pas corrigé.
136. Il est essentiel d’accroitre le capital
humain des Comores si l’on veut accélérer la
croissance et réduire la pauvreté. Il impératif
d’investir dans le capital humain pour la
croissance et la réduction de la pauvreté.
Compte tenu des conditions actuelles du
capital humain aux Comores, un enfant né
aujourd’hui n’aura à l’âge adulte que 40 pour
cent de la productivité qu’il aurait eue s’il
avait bénéficié de services d’éducation et
de santé complets. L’investissement dans le
capital humain exige l’attention immédiate
des décideurs parce que les avantages en
termes de croissance des investissements en
capital humain ont tendance à être différés
d’une génération. Les investissements réalisés
dans la jeunesse d’aujourd’hui ne créeront une
main-d’œuvre plus productive qu’une fois que
ces jeunes seront sur le marché du travail.
En revanche, les investissements en capital
humain ont l’avantage d’être moins coûteux
que les investissements en capital physique. Et
tandis que ces investissements sont réalisés,
des investissements supplémentaires dans le
capital physique au titre de la première Voie
peuvent avoir un impact plus immédiat sur
la croissance et ouvrir la voie à la prochaine
génération en créant des opportunités
d’emploi lorsqu’ils seront prêts à entrer sur le
marché du travail.
137. Le capital humain soutient d’autres
sources de croissance et d’inclusion.
Il complète le capital physique dans le
processus de production et constitue un intrant
important de l’innovation technologique et
de la croissance à long terme.¹⁵⁸ Le capital
humain favorise également le capital social.
Des études effectuées à travers le monde ont
montré que les personnes les plus instruites
font davantage confiance aux autres. Ce type
de capital social est à son tour associé à une
croissance économique plus forte. Inversement,
le fait de ne pas protéger le capital humain
sape la cohésion sociale. Le capital humain est
l’un des premiers domaines à être affecté en
cas de détérioration de la situation. Les longs
conflits et la fragilité peuvent empêcher des
générations entières de réaliser leur potentiel
ou les inciter à quitter le pays pour mettre leurs
talents à l’œuvre ailleurs.
138. Les investissements dans le capital
humain peuvent également entrainer un
dividende de la croissance démographique.
Avec 4,2 naissances par femme en 2014, les
Comores ne font qu’amorcer la transition
démographique. Les taux de fécondité
élevés et la forte croissance démographique
pèsent lourd sur les ménages, le nombre de
personnes à charge vivant dans des ménages
pauvres aux Comores étant élevé.¹⁵⁹ En tant
que pays parmi les plus densément peuplés
du monde,¹⁶⁰ une fécondité élevée augmente
également la pression foncière, ce qui peut
compromettre la durabilité de la croissance.¹⁶¹
Le retard de croissance est un indicateur important parce qu’il reflète l'environnement sanitaire global d'un pays et
compromet le potentiel à long terme des individus à contribuer de manière productive au développement d'un pays.
Putnam, Leonardi, et Nanetti (1993); Helliwell et Putnam (1995); Keefer et Knack (1997).
Les 40 pour cent les plus pauvres parmi les ménages comoriens ont en moyenne 3,5 enfants de plus que les 30
pour cent les plus riches et ont des taux de dépendance beaucoup plus élevés.
Malgré une émigration nette, les Comores sont l'un des pays les plus densément peuplés du monde, avec 328
personnes vivant en moyenne sur un kilomètre carré.
Jayne, Chamberlin, et Headey (2014)
¹⁵⁷
¹⁵⁸
¹⁵⁹
¹⁶⁰
¹⁶¹
119
8. Voies et Priorisation
La réduction des taux de dépendance non
seulement atténue la pression exercée sur
les revenus des ménages pauvres, mais peut
également accroître les possibilités d’épargne
qui soutiennent davantage la croissance.¹⁶²
Les investissements en capital humain
peuvent contribuer à concrétiser le dividende
démographique : il a été démontré que
l’amélioration de la qualité de l’éducation et du
nombre d’années d’instruction, en particulier
pour les femmes, entrainait une réduction
du taux de fécondité dans la mesure où la
première grossesse est retardée et les coûts
d’opportunité de la procréation augmentent.¹⁶³
Globalement, on a constaté qu'une baisse de 1 pour cent du taux de dépendance est associée à une baisse de
0,75 point de pourcentage de l’effectif de pauvreté et qu'une augmentation de 1 point de pourcentage de la part
de la population active stimule la croissance économique de 1,1 à 2,0 points (Banque mondiale 2016, Marcio Cruz
S. Amer Ahmed 2016).
Après la baisse de la mortalité infanto-juvénile, une baisse subséquente de la fécondité entrainera une augmentation
de la part de la population en âge de travailler. Avec moins de personnes à charge et plus de personnes au
travail, la croissance par habitant s’accélèrera, même lorsque la production par personne en âge de travailler
reste constante (Bloom et Williamson 1997a). Deuxièmement, une baisse de la fécondité pourrait entrainer une
augmentation de la participation des femmes au marché du travail, ce qui renforcerait l'effet pro-croissance. Non
seulement la part de la population en âge de travailler augmentera, mais la main-d'œuvre économiquement active
augmentera encore davantage, ce qui entrainera une augmentation de la production par personne en âge de
travailler. Troisièmement, avec moins d'enfants, les familles (et l'État) auront la possibilité d’accroire les dépenses
pour le bien-être et l’éducation par enfant. A mesure que ces enfants atteignent l'âge de travailler et entrent sur
le marché du travail, la productivité de la main-d'œuvre augmentera en raison de l'amélioration de la santé et du
niveau d'instruction. Ainsi, la transition démographique est associée à une augmentation de la productivité de la
main-d'œuvre, que l'on peut qualifier d’« effet compétences » de la transition démographique.
¹⁶²
¹⁶³
139. Les ressources naturelles sont au centre
des moyens de subsistance et de l’activité
économique aux Comores. Environ 39 pour
cent du PIB des Comores sont générés par des
activités pour lesquelles la terre, la mer et la
nature sont des intrants importants. Doté d’un
sol volcanique fertile, de bonnes précipitations,
de beaux paysages et d’une zone de pêche
économique représentant 70 fois la superficie
de son territoire, les Comoriens vivent de leurs
ressources naturelles. Avec 31,6 pour cent du
PIB total (2011-2017), dont 7,5 pour cent du
PIB pour la pêche, l’économie des Comores
est davantage dominée par l’agriculture que
tout autre pays ou groupe de comparaison.
L’agroindustrie légère, qui dépend de la
production agricole, génère 4 pour cent
du PIB supplémentaire. Enfin, bien qu’il soit
petit par comparaison mais qu’il offre un fort
potentiel, le secteur du tourisme contribue à
hauteur de 3,4 pour cent du PIB à l’économie.
L’agriculture et la pêche génèrent 38 pour
cent des emplois et 50 pour cent des pauvres
tirent leur subsistance de ces deux secteurs.
140. La croissance dans les secteurs liés
aux ressources naturelles a été stagnante
et inférieure au potentiel. Bien qu’ils soient
traditionnellement les principaux moteurs de
la croissance aux Comores, les secteurs de
l’agriculture et de la pêche ont une très faible
productivité par rapport à ce que l’on observe
dans les pays pairs. Le potentiel est déjà atteint
en ce qui concerne l’expansion des terres et
n°3Voies Protéger et exploiter les ressources naturelles des Comores
120
8. Voies et Priorisation
les heures de travail des agriculteurs sur les
parcelles aux Comores. La faible productivité
résulte de la dégradation des sols, de la
raréfaction de l’eau, des pratiques agricoles
obsolètes, de l’absence de rendements
améliorés et de l’absence de chaînes de
valeur. En mer, les pêcheurs pratiquent
une pêche de subsistance pour des raisons
de sécurité et par de manque de services
spécialisés et d’entreposage frigorifique.
De ce fait, les étrangers sont les principaux
utilisateurs des généreuses zones de pêche
des Comores, souvent dans l’illégalité, causant
une surexploitation de nombreuses espèces.
Le tourisme reste en grande partie inexploité,
notamment en raison d’un environnement peu
attractif pour les investissements, un problème
qui pourrait être résolu avec des progrès dans
la première Voie.
141. L’amélioration de la productivité de
l’économie fondée sur les ressources offre
des possibilités de réduction de la pauvreté.
Les Comores couvrent une part exorbitante
de leurs besoins alimentaires par des
importations (39,4 pour cent de toutes les
importations de marchandises contre 18,7 pour
cent pour l’Afrique subsaharienne). Cette forte
dépendance vis-à-vis des importations de
produits alimentaires rend le pays vulnérable
aux chocs de prix, freine le potentiel de
croissance des Comores en décourageant
les investissements privés dans le secteur
agricole et pèse sur ses réserves de change.
Il expose également les consommateurs à
l’insécurité alimentaire - comme cela s’est
produit récemment en 2008¹⁶⁴- et constitue
une occasion manquée de réduire la pauvreté
et d’accroître la croissance économique grâce
à la substitution des importations. Il a été
démontré que la croissance dans la production
d’aliments de base a un effet multiplicateur
et présentent des élasticités plus grands que
ceux d’une croissance égale de la productivité
des cultures de rente (Diao et al. 2012) parce
qu’ils sont produits par la plupart des ménages
ruraux et parce que la productivité de ces
produits est encore très faible.
142. Les ressources naturelles des Comores
doivent être protégées davantage parce
qu’elles sont de plus en plus vulnérables et
exposées à des chocs fréquents et coûteux.
En raison de sa situation géographique et de
sa topographie, les Comores font partie des
pays les plus vulnérables au climat. De plus, les
pressions démographiques ont entraîné une
déforestation et une dégradation de la qualité
des terres agricoles. L’élévation du niveau de la
mer a entraîné une augmentation de la salinité
des eaux souterraines. Les lieux de pêche
ne sont pas protégés de la pêche illégale et
risquent d’être exploités. Un Comorien sur deux
a été touché par une catastrophe naturelle
depuis 2005. Les catastrophes naturelles ont
un impact négatif sur l’économie, d’une valeur
allant de 1 à 3 pour cent du PIB chaque année.
Les pertes étant les plus prononcées à Anjouan
où l’agriculture prédomine, ces pertes tendent
également à aggraver les inégalités.
143. La Figure 44 donne un résumé visuel des
relations entre les fondements de l’identité et
des institutions, les Voies et leurs interactions.
Le renforcement de l’identité et des institutions
en tant que deux facteurs fondamentaux sera
la clé du développement futur des Comores.
Celles-ci constituent non seulement les
Après une longue période au cours de laquelle les denrées alimentaires de base étaient abondamment disponibles
sur les marchés mondiaux et les prix internationaux étaient bas et stables, la volatilité extrême est revenue. Depuis
2008, les prix internationaux du riz, du blé et du maïs ont fortement fluctué, atteignant parfois des niveaux jamais
vus depuis des décennies. Comme les Comores importent une grande partie de leur consommation alimentaire,
le pays est particulièrement exposé à l'instabilité des marchés alimentaires mondiaux.
¹⁶⁴
121
8. Voies et Priorisation
fondements du capital social et d’une plus
grande stabilité politique, mais ont également
un impact profond sur la capacité des Comores
à attirer des investissements nationaux et
étrangers. Comme les investissements se
font sur la durée, ils ont besoin de prévisibilité
pour permettre aux investisseurs de planifier
et d’évaluer les risques associés à leurs
investissements. Lorsque les règles changent
souvent ou ne sont pas appliquées, les
investisseurs perdent courage. Ainsi, les taux
d’investissement à l’échelle mondiale sont plus
élevés dans les pays où l’on trouve la stabilité
politique et des institutions fortes.¹⁶⁵ Si les
Comores parviennent à débloquer la première
Voie pour combler le déficit d’investissement, il
sera plus facile de débloquer les deux autres
Voies dans la mesure où elles disposeront
de plus de fonds d’investissement pour les
soutenir. Cela ne veut pas dire pour autant
qu’il n’y a pas lieu d’accorder de l’attention
à ces deux dernières Voies aujourd’hui. Les
investissements dans le capital humain ne
rapportent qu’après une génération, il est
donc important de commencer aujourd’hui.
Et, à mesure que les taux d’investissement
augmenteront, la demande de main-d’œuvre
intérieure aux Comores, actuellement très
faible, augmentera, ce qui fera que les coûts
d’opportunité augmenteront si le pays n’investit
pas dans l’amélioration de l’éducation. Au fur
et à mesure que le niveau de capital humain
aux Comores augmentera, le rehaussement
des compétences favorisera l’innovation dans
les services, mais aussi dans des secteurs
établis tels que l’agriculture et la pêche. Cela
peut contribuer à améliorer la productivité de
ces secteurs, les rendant plus attractifs pour
les investisseurs. La protection des ressources
naturelles qui sont à la base de ces secteurs
devrait déjà être une priorité de nos jours
parce qu’une grande partie des ressources
naturelles met du temps à se régénérer une
fois épuisée.
Bénassy‐Quéré et al. (2007) ; Acemoglu et al. (2001); Alesina et Perotti (1996); Besley (1995); Svensson (1998); Barro
(1998); Schneider et al. (1985).
¹⁶⁵
Figure 44: Résumé de l'interaction des voies
VOIE 3Protéger les
ressources naturelles
VOIE 2Accroître le capital humain
VOIE 1Combler le déficit d'investissement
FONDEMENTS DE L'IDENTITÉ ET DES INSTITUTIONS
Une meilleure gestion des ressources naturelles peut favoriser l'amélioration de la santé (par exemple, par une meilleure nutrition et une eau plus propre).
L’amélioration du capital humain soutient le capital social
... une main-d'œuvre plus instruite possède les compétences nécessaires pour améliorer la gestion des ressources naturelles.
Une meilleure gestion des ressources naturelles crée des opportunités d'investissement.
... à mesure que l'environnement pour l'investissement s'améliore, que les opportunités économiques s'améliorent et que l'investissement dans le capital humain devient plus attractif
...créer un environnement de prévisibilité et de confiance qui est la clé de l'investissement.
122
8. Voies et Priorisation
Principales contraintes et priorisation
144. Pour débloquer les trois Voies, plusieurs
contraintes clés doivent être levées. À partir
d’une longue liste de réformes requises
présentées dans ce rapport, nous avons cerné
les 12 contraintes les plus critiques pour les
trois Voies considérées : (i) un effet plus fort
sur le potentiel de croissance et (ii) un impact
plus important sur la réduction de la pauvreté
et une plus grande inclusion sociale. D’autres
critères tels que les retombées, les conditions
préalables et l’horizon temporel des réformes
ont également été pris en compte. Le Tableau
6 récapitule comment l’élimination de ces
principales contraintes en rapport aux trois
Voies peut soutenir le potentiel de croissance
des Comores et servir de catalyseur pour la
réduction de la pauvreté et une plus grande
inclusion. Ces principales contraintes sont
discutées ci-dessous.
Tableau 6: Résumé des Voies et des contraintes clés
Les Voies peuvent être
débloquées en…
...éliminant les principales contraintes, telles que…
...ce qui stimulera la croissance en...
... ce qui réduira la pauvreté et
les inégalités en...
Données factuelles de la littérature à l’appui
Combler le déficit
d’investissement
Accroître le capital humain
Renforcer la gestion
macroéconomique
Accroître la mobilisation des recettes intérieures
Soutenir l’intermédiation du
secteur financier
Créer un environnement
commercial favorable
Réduire la mortalité infantile
et juvénile
Renforçant la confiance des investisseurs étrangers et d’autres partenaires extérieurs qui peuvent financer des investissements favorables à la croissance
Réduisant la dépendance à l’égard des flux de bailleurs extérieurs pour financer des dépenses publiques favorisant la croissance
Mobilisant davantage d’épargne et canalisant efficacement l’épargne vers les investissements
Encourageant l’investissement et l’esprit d’entreprise, ce qui peut accroître la productivité du secteur privé
Augmentant la productivité des générations futures à mesure qu’un plus grand nombre d’enfants grandissent et deviennent des adultes productifs. Au fur et à mesure que le nombre d’enfants survit, les taux de fécondité et les taux de dépendance diminuent généralement et les taux d’épargne augmentent, ce qui stimule la croissance.
Modifiant la composition du budget en faveur des dépenses d’investissement pour fournir des services de base qui atteignent les pauvres
Réduisant la dépendance à l’égard des envois de fonds pour le financement de la prestation des services de base
Donnant aux ménages un meilleur accès au financement qui peut les aider à lisser leur consommation en cas de chocs
Stimulant la création d’emplois par un plus grand dynamisme du secteur privé. Cela peut augmenter le revenu du travail et réduire la dépendance à l’égard des envois de fonds.
Abaissant le nombre d’enfants, ce qui se traduit par des taux de dépendance plus faibles, qui sont associés à une réduction de la pauvreté aux Comores
Banque mondiale (2015) ; Gavin et Perotti (1997) ; Dessus, Diaz‐Sanchez, et Varoudakis (2016) ; Alesina (1996)
Banque mondiale (2015)
Banque mondiale (2015) ; Alesina et Perotti (1996) ; Besley (1995)
Banque mondiale (2015) ; Alesina et Perotti (1996) ; Besley (1995)
Bloom et Williamson (1997a) ; (Layne, Chamberlin et Headey (2014) ; Silva et al. 2016)
123
8. Voies et Priorisation
Protéger et valoriser les ressources naturelles
Réduire le retard de croissance
Améliorer la qualité de l’éducation
Réduire l’écart entre les sexes
dans le domaine de l’éducation
Améliorer la gestion de l’eau
Réformer l’agriculture
Protéger les pêcheries
Mieux gérer les catastrophes
Rehaussant la productivité du travail comorienne. Le retard de croissance reflète l’accumulation de chocs de santé durant l’enfance et l’adolescence.
Rehaussant la productivité des personnes et facilitant l’investissement dans des activités économiques plus qualifiées
Maintenant les filles plus longtemps à l’école, ce qui améliore leurs chances d’intégrer le marché du travail. Une plus grande insertion des femmes dans la population active a un impact positif sur la croissance à long terme.
Soutenant la productivité agricole
Rehaussant la compétitivité du secteur agricole, stimulant l’agro-industrie et augmentant potentiellement la substitution des importations.
Renforçant la capacité à exploiter durablement les ressources marines
Protégeant le capital productif déjà faible des Comores
Bénéficiant de façon disproportionnée aux pauvres qui sont les plus touchés par le retard de croissance
Rehaussant le rendement de l’éducation de l’individu et augmentant le revenu du travail (tout en diminuant la dépendance à l’égard des transferts)
Relevant les revenus des femmes, ce qui améliorera leur accès et celui de leurs enfants à la santé et à l’éducation.
Améliorant la qualité de l’eau fournie aux pauvres, ce qui améliorera les résultats en matière de santé, notamment en ce qui concerne le retard de croissance.
Augmentant les revenus des ménages ruraux qui peuvent être utilisés pour améliorer la nutrition, la santé et l’éducation
Assurant une source de revenu plus stable pour les ménages de pêcheurs
Protégeant les moyens d’existence des populations rurales pauvres qui sont les plus exposées aux aléas naturels
Banque mondiale (2017a) ; Banque mondiale (2014)
Filmer et al (2018) ; Banque mondiale (2014)
Milazzo et Goldstein (2017) ; Banque mondiale (2004)
UNDP (2015); Gassert et al. (2013); World Bank (2018)
PNUD (2015) ; Gassert et al (2013) ; Banque mondiale (2018)
Banque mondiale (2014) ; Goyal et Nash (2017) ; Banque mondiale (2019)
Banque mondiale (2014)
Dilley et al (2005) ; Banque mondiale (2017c) ; NAPA (2006) ; PRGS (2010) ; Banque mondiale (2018)
145. Combler le déficit d’investissement. Pour
débloquer cette Voie, il faudra prêter attention
à quatre domaines clés de la réforme :
À court terme :
• Améliorer la gestion macro-économique
pour créer un climat de confiance pour
les investisseurs. Pour combler le déficit
d’investissement, il faudrait commencer
par allouer des budgets plus élevés aux
investissements publics. Pour pouvoir
le faire avec les sources de revenus
existantes, le Gouvernement comorien
doit améliorer sa gestion de la masse
salariale, résister aux pressions en faveur
d’une augmentation de l’emploi dans le
secteur public et améliorer l’efficacité
des dépenses existantes. L’amélioration
de la gestion macro-économique signifie
Les Voies peuvent être
débloquées en…
...éliminant les principales contraintes, telles que…
...ce qui stimulera la croissance en...
... ce qui réduira la pauvreté et
les inégalités en...
Données factuelles de la littérature à l’appui
124
8. Voies et Priorisation
également que le processus budgétaire
doit devenir plus réaliste et prévisible et que
le financement de la dette doit être ancré
dans un cadre budgétaire à moyen terme.
Actuellement, les propositions budgétaires
manquent souvent de réalisme. Un examen
public plus approfondi de ces propositions
pourrait favoriser un processus budgétaire
plus crédible. Les Comores ont l’un
des budgets les moins transparents
au monde et le contrôle parlementaire
est souvent contourné. L’implication
des communautés locales dans le
cadre d’une budgétisation participative
pourrait contribuer à améliorer la qualité
des services de base et à renforcer la
confiance des communautés locales. Dans
le cadre d’une meilleure gestion macro-
économique, il conviendrait également
de créer davantage de transparence en
ce qui concerne la performance des plus
grandes entreprises publiques du pays.
Des progrès sur tous ces fronts aideraient
à établir un climat de confiance pour les
investisseurs privés nationaux et étrangers
et pourraient contribuer à accroitre les taux
d’investissement privés.
• Développer la mobilisation des revenus
nationaux. Une transformation importante
de l’administration et des politiques en
matière de recettes est nécessaire
pour réduire la dépendance vis-à-vis
d’un financement budgétaire instable
provenant de l’étranger et créer un espace
budgétaire plus important pour les
investissements publics. À court terme, cet
objectif devrait être atteint, idéalement,
par une combinaison de mesures qui
favorisent simultanément : i) l’application
des politiques fiscales, ii) la facilitation du
respect des obligations fiscales et iii) la
confiance dans les dépenses de l’État. Ces
mesures incluent :
• Application : améliorer le registre
foncier et l’enregistrement des
contribuables, mieux faire respecter
les obligations fiscales des entreprises
d’État, réduire l’informalité des
entreprises, accroître l’interopérabilité
entre les administrations douanière
et fiscale et poursuivre la réduction
des exemptions injustifiées et
discrétionnaires des douanes.
• Facil itation : promouvoir la
simplification des structures des
impôts et des tarifs douaniers, tout
en rationalisant les procédures afin
de réduire les transactions associées
au paiement des impôts et des
taxes. Des efforts doivent également
être consentis pour déployer des
programmes à impact sur les impôts
et les taxes et envisager l’utilisation
de technologies bas de gamme pour
favoriser le respect des obligations
fiscales (SMS de rappel de taxe,
paiements par mobiles, par exemple).
‐
• Renforcement de la confiance :
Adopter des politiques qui favorisent
les liens visibles entre les dépenses
publiques et la fourniture de biens
et services publics. Ces efforts,
visant en particulier le niveau local,
peuvent inclure des initiatives telles
que : i) les contributions fiscales
locales affectées à des projets
pilotés par les communautés, ii) les
transferts du gouvernement central
qui incitent à adopter des pratiques
de budgétisation participative et à
mobiliser les impôts locaux, et iii) les
réunions budgétaires périodiques
ou « assemblées » où l’on examine
les contributions fiscales et les
investissements locaux.
125
8. Voies et Priorisation
A moyen terme :
• Améliorer l’intermédiation du secteur
financier. Le secteur financier comorien
est faible et doit être soutenu par la mise
en place de l’infrastructure nécessaire
afin que le secteur puisse jouer son rôle
de canalisation de l’épargne vers le crédit
d’investissement, tout en favorisant l’accès
aux services financiers pour une plus
grande partie de la population. La résolution
de la crise de liquidité et d’insolvabilité de
la banque postale, la SNPSF, un acteur
d’une importance systémique, sera d’une
importance fondamentale à court terme.
Pour remédier à la faiblesse du secteur
financier, il faudra également s’attaquer au
problème de capacité des tribunaux à faire
exécuter les paiements de créances, qui
est à l’origine de l’augmentation des prêts
non productifs (PNP) dans le système.
• Créer un environnement commercial
favorable. Pour attirer l’investissement,
les investisseurs doivent avoir la
certitude que le rendement privé de
l’investissement peut également être
réalisé. Dans le contexte d’un petit
marché intérieur - où les rendements
sont déjà limités par des déséconomies
d’échelle - cela ne peut se faire qu’en
créant un climat d’investissement plus
favorable aux entreprises et en assurant
une meilleure protection des droits de
propriété. Les résultats des Comores
au classement international en matière
de climat des affaires indiquent qu’une
attention particulière doit être accordée
à l’exécution des contrats, le paiement
des taxes et impôts, la création et la
fermeture d’entreprises, la protection
des investisseurs et l’électricité. Un
code des investissements moins sujet
aux exonérations fiscales et douanières
au gré des circonstances favoriserait
une concurrence loyale. Les accords
commerciaux internationaux pourraient
servir de points d’ancrage extérieurs
à l’appui du programme de réforme
de l’environnement des entreprises.¹⁶⁶
L’amélioration de l’environnement des
entreprises, qui favoriserait l’esprit
d’entreprise et la performance des
entreprises existantes, profiterait à tous
les secteurs.
146. Accroître le capital humain. Les
principaux domaines de réforme dans le
cadre de cette Voie sont les suivants :
A court terme :
• Réduire la mortalité infanto-juvénile. Les
principales causes de mortalité infanto-
juvénile aux Comores sont les maladies
transmissibles évitables telles que la
diarrhée et la pneumonie, malgré le
recours fréquent aux services de soins
de santé par les mères et leurs enfants.
Par conséquent, pour relever ce défi
en matière de santé, il faut prendre des
mesures du côté de l’offre de soins de
qualité. Trois domaines d’action devraient
être considérés comme prioritaires.
Premièrement, une formation plus
poussée du personnel des établissements
de santé est nécessaire pour que les cas
puissent être diagnostiqués de manière
Au cours du second semestre 2017, les Comores ont confirmé leur appartenance à trois organisations internationales,
à savoir la Communauté de développement de l'Afrique australe, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) et la
Banque africaine d'importation et d'exportation. En outre, le processus d'accession à l'OMC progresse, les Comores
poursuivant leur engagement soutenu et constructif dans ce processus alors qu'elles approchent des dernières
étapes précédant leur adhésion à l'OMC.
¹⁶⁶
126
8. Voies et Priorisation
précise dans les meilleurs délais.
Deuxièmement, les formations sanitaires
doivent être équipées du bon matériel
et de médicaments. Troisièmement, il
manque actuellement un système de
référence solide, permettant aux cas
avec complications de recevoir des soins
de niveau supérieur. Tout cela exige de
disposer de meilleures données pour
les décideurs politiques afin de mieux
connaitre la qualité de soins existante et
cibler les appuis de manière optimale en
se fondant sur ces données factuelles.
• Réduire le retard de croissance : La
solution réside en grande partie dans
l’apport des nutriments appropriés à
la population au cours des premières
années de la vie au moment où les
bases du potentiel humain se créent. Il
ne s’agit pas seulement d’avoir accès à
une alimentation nutritive, mais aussi
d’éduquer les mères et les familles.
Les plateformes communautaires
d’éducation et de promotion de la
nutrition sont largement reconnues
comme des stratégies importantes pour
la mise en œuvre d’interventions clés
pour la survie de la mère et de l’enfant.¹⁶⁷
Une gamme complète d’interventions
promotionnelles, préventives et curatives
peut être mise en œuvre par le biais d’une
plateforme communautaire et pourrait
significativement améliorer les résultats
nutritionnels parmi les populations
difficiles à atteindre.¹⁶⁸ En outre, il convient
d’élargir la couverture des interventions
nutritionnelles à fort impact (y compris la
fourniture de services d’eau améliorés)
pour soutenir ce programme et lutter
contre les taux relativement élevés de
retard de croissance qui existent parmi les
plus pauvres. À long terme, l’amélioration
de la nutrition stimulera la productivité
du travail.
A moyen terme :
• Améliorer la qualité de l’éducation. Il
faut améliorer le niveau d’instruction
des nouvelles cohortes qui entrent sur le
marché du travail. Les politiques requises
pour améliorer le niveau d’instruction
sont de trois ordres : i) mettre davantage
l’accent sur l’apprentissage, en mesurant
systématiquement les résultats de
l’apprentissage et en communiquant les
résultats aux écoles ; ii) accorder une plus
grande attention aux enseignants, facteur
le plus important de l’apprentissage des
élèves ; et iii) transformer les écoles en
espaces dignes des enfants qu’elles
servent. Les Comores sont à la traîne en
ce qui concerne le pourcentage d’écoles
disposant de toilettes séparées pour les
filles et les garçons, avec seulement 11
pour cent des écoles disposant de telles
installations de base, contre une moyenne
régionale de plus de 60 pour cent.
• Réduire l’écart entre les sexes dans
le domaine de l’éducation. Le pays
doit éliminer systématiquement les
obstacles et les facteurs de motivation
qui font qu’un grand nombre de filles
restent non scolarisées. Il existe des
Haines A, Sanders D, Lehmann U, et al. Achieving child survival goals : potential contribution of community health
workers. Lancet 2007 ; 369 : 2121-31
GHWA. Expérience mondiale des agents de santé communautaires en matière de réalisation des objectifs du
Millénaire pour le développement liés à la santé : examen systématique, études de cas par pays et recommandations
en vue de leur intégration dans les systèmes de santé nationaux. Genève : Alliance mondiale pour les personnels
de santé, 2010.
¹⁶⁷
¹⁶⁸
127
8. Voies et Priorisation
concevoir des politiques d’extraction
de l’eau et de prestation de services à
des initiatives techniques spécifiques
telles que l’incitation à recueillir les
eaux de pluie, et plus généralement
la conservation de l’eau et la réduction
de la pollution des sources, en passant
par une utilisation plus efficace des
eaux urbaines et une tarification plus
économique. L’amélioration de la qualité
de l’eau fournie permettra également de
relever les défis posés par les carences
nutritionnelles et le retard de croissance
relevés dans le cadre de la deuxième
Voie. Dans de nombreux pays, les
partenariats avec les communautés et
les administrations locales, y compris par
le contrôle direct des ressources par des
groupes communautaires, ont permis
de fournir efficacement les services
de base et, lorsqu’ils sont durables, de
réduire sensiblement la pauvreté. Compte
tenu des contraintes cernées pour les
Comores, une approche communautaire
de la gestion de l’eau permettrait de : (1)
combler les vides institutionnels et de
capacité laissés par une décentralisation
inachevée, compte tenu notamment de la
diversité des modalités de gestion entre
les différentes îles ; (2) déléguer la prise
de décision sur les services et sur des
questions telles que la protection des
bassins versants aux agriculteurs eux-
mêmes ; (3) réduire les coûts d’exploitation
des infrastructures en gérant les actifs au
niveau local ; (4) fournir un mécanisme
local accessible pour le règlement des
différends entre les usagers de l’eau
et les autorités ; et (5) réduire les coûts
des transactions liées au respect des
réglementations sur les ressources et
politiques à cette fin existent du côté
de l’offre comme de la demande. Outre
les mesures susmentionnées en matière
d’infrastructures, d’autres politiques du
côté de l’offre aideront à retenir les filles
à l’école, notamment le recrutement de
plus de modèles féminins dans les écoles
(en tant qu’enseignantes et directrices) et
la sécurisation des écoles (par exemple,
en mettant en place des mécanismes
solides de recours en cas de grief, en
prenant des mesures qui prennent en
compte la relation de pouvoir entre
enseignants et élèves, en encourageant
des conseils scolaires plus actifs). Du
côté de la demande, les politiques visant
à réduire les coûts directs de scolarité
supportés par les ménages (par exemple,
les bourses d’études, les programmes
d’exemption des frais de scolarité et
les bons d’études) et les coûts indirects
(par exemple, uniformes, fournitures
scolaires, articles d’hygiène personnelle)
et à assurer un transport scolaire sûr
permettront aux filles - et aux garçons -
de poursuivre leur scolarité.
147. Protéger et valoriser les ressources
naturelles des Comores. Les réformes
prioritaires dans le cadre de cette Voie sont
les suivantes :
A court terme :
• Améliorer la gestion de l’eau. Une
meilleure gestion de l’eau en termes de
quantité et de qualité est nécessaire pour
s’assurer que le très peu d’eau disponible
par habitant aux Comores ne soit pas
gaspillé. Cette meilleure gestion devrait
aller de mesures consistant à réviser ou
128
8. Voies et Priorisation
services en eau.¹⁶⁹
• Réformer l’agriculture. Les investissements
dans les technologies d’agriculture
climato-intelligentes (ACI), les intrants
et les pratiques durables de gestion des
terres et de l’eau, dans une perspective
d’amélioration du rendement, peuvent
générer des gains de productivité et
renforcer la résilience face aux risques
environnementaux. Le transfert de variétés
standard résilientes et biofortifiées des
principales cultures vivrières - maïs, manioc,
bananes - à partir de centres d’excellence
régionaux pourrait améliorer l’adaptation
et la sécurité alimentaire et éviter des
investissements redondants dans les
ressources financières et humaines pour la
recherche et le développement agricoles.
Conjugués à l’intensification de pratiques
telles que l’agriculture à faible travail du
sol, l’agroforesterie, la gestion durable de
la fertilité des sols et la collecte des eaux
de pluie, les investissements stratégiques
dans la diffusion de l’ACI peuvent
transformer l’agriculture comorienne
et la placer sur une voie de croissance
durable.¹⁷⁰ Les centres de développement
rural au niveau communautaire peuvent
aider à accélérer le changement
de comportement et l’adoption des
technologies et des pratiques ACI.¹⁷¹
• Élaborer une approche de gestion
durable des pêches. Pour limiter
l’appauvrissement des ressources
halieutiques dans les eaux comoriennes
et, en particulier, l’appauvrissement
spécifiques dans les zones côtières qui
ont une valeur pour l’écosystème, la
gestion des pêches doit se concentrer
sur l’accroissement des avantages
économiques de la pêche pour les
communautés locales. On peut y parvenir
en réduisant les pertes après pêche et
en augmentant la valeur ajoutée par des
investissements dans des infrastructures
adéquates pour la pêche artisanale (sites
de débarquement, entrepôts frigorifiques,
machines à glace, etc.). La cogestion de la
pêche, une approche testée dans d’autres
pays, est prometteuse pour les Comores.
La cogestion implique les communautés
dans le processus de prise de décision,
renforce l’appropriation et soutient
l’application et l’exécution des mesures
de gestion adoptées.¹⁷² Les Samoa sont
un bon exemple d’un État insulaire
Une approche communautaire a été testée à Mutsamudu (la deuxième plus grande ville du pays située sur l'île
d'Anjouan) avec la création d'un comité de gestion du bassin versant. Entre autres choses, cela a amélioré la
participation formelle de la communauté et en particulier des femmes à la planification et à la gestion des ressources
en eau et des services d'eau (ONU, 2018).
D'autres technologies d’ACI adaptables aux Comores comprennent l'irrigation à petite échelle, les terrasses, les
diguettes en courbes de niveau, les diguettes en herbe, la réhabilitation des micro-bassins versants dégradés, les boisés.
Les centres de développement rural au niveau communautaire constituent un exemple d’écoles paysannes de
terrain dont la FAO s'est fait le champion. Un Champ-Ecole Paysan (CEP) réunit un groupe d'agriculteurs, d'éleveurs
ou de pêcheurs qui y apprennent comment passer à des pratiques de production plus durables, en comprenant
mieux les agro-écosystèmes complexes et en rehaussant les services écosystémiques. Un groupe CEP se réunit
régulièrement au cours d'un cycle de production, met en place l'expérimentation et s'engage dans un apprentissage
pratique pour améliorer les compétences et les connaissances qui permettront d'adapter les pratiques à leur
contexte spécifique. Le CEP permet aux individus et aux groupes d'évoluer vers des pratiques plus durables et
d'améliorer leurs moyens d'existence.
La cogestion des pêches est souple et la gestion coopérative des ressources aquatiques est assurée par les groupes
d'utilisateurs et le gouvernement. Dans le cadre de cette entente, la collectivité et le gouvernement participent au
processus décisionnel, à la mise en œuvre et à l'application de la loi (Sen et Nielsen, 1996).
¹⁶⁹
¹⁷⁰
¹⁷¹
¹⁷²
129
8. Voies et Priorisation
A moyen terme, l’interdépendance entre
les zones forestières, les terres agricoles
et les zones côtières aux Comores exigera
une approche intégrée à l’élaboration des
politiques avec une étroite collaboration
entre les différents secteurs (eau,
agriculture, pêche, forêt, énergie, etc.).
A long terme :
• Réformer le régime foncier. Le
chevauchement actuel de trois régimes
fonciers empêche la vente et la
location de terres et limite la capacité
des agriculteurs à mettre leurs terres
en garantie pour obtenir un accès au
financement. L’absence d’un registre
foncier combinée à l’inefficacité et
la corruption du système judiciaire
font que de nombreux confl i ts
fonciers restent dans l ’ impasse,
ce qui compromet la capacité des
propriétaires à investir. Les réformes
du régime foncier sont généralement
des processus longs avec une forte
charge politique, mais la réforme ici
pourrait avoir un effet catalyseur sur la
productivité des terres en permettant
éventuellement la concentrat ion
des terres et en encourageant
l’investissement dans des intrants et
des techniques agricoles modernes
et la gestion de l’eau. Un régime
foncier clair soutiendrait également
l’environnement pour l’investissement
comme les Comores qui a adopté une
approche communautaire de la gestion
de la pêche de subsistance. Parmi les
230 villages côtiers du Samoa, 44 pour
cent des ont aujourd’hui des plans de
gestion de la pêche villageoise.¹⁷³
A moyen terme :
• Renforcer la gestion des risques de
catastrophe. Pour renforcer la résilience
aux chocs climatiques, il faut adopter
une approche globale de gestion des
risques de catastrophe qui comprend
une évaluation détaillée des risques, le
renforcement du cadre juridique et des
capacités institutionnelles et l’élaboration
d’un plan national de gestion des risques
de catastrophe accordant la priorité
aux domaines critiques. Une meilleure
connaissance des risques de catastrophe
permettra aux Comores d’améliorer
l’aménagement du territoire, ainsi que
les programmes de réinstallation et de
protection de la population vivant dans les
zones à risque. Pour renforcer la résilience
au niveau communautaire, la combinaison
des efforts en cours en matière de
protection sociale et de filets de sécurité
adaptatifs avec des investissements dans
des systèmes efficaces d’alerte rapide et
la préparation de la communauté aux
catastrophes contribuerait à sauver des
vies et à réduire l’impact des chocs causés
par les catastrophes sur les pauvres.
Les activités de cogestion aux Comores ont déjà commencé dans le cadre du projet de cogestion des ressources
côtières pour des moyens d'existence durables de la Banque mondiale. Dans le cadre du projet, 17 accords de
cogestion ont été signés avec des communautés de la Grande Comore, de Mohéli et d'Anjouan, dans le but
d'améliorer le développement des capacités humaines et institutionnelles et de concevoir et exécuter des plans
de gestion des pêches.
¹⁷³
130
8. Voies et Priorisation
et le développement du secteur
privé en général¹⁷⁴ Enfin, le manque
de sécurité foncière lie les familles
pauvres à la terre qu’elles cultivent et
limite leur capacité à compléter leurs
revenus agricoles par des revenus
non agricoles parce qu’elles craignent
d’en être dépossédées si elles s’en
éloignent. Du fait qu’il s’inscrit sur
le très long terme – tant en termes
de soutien qu’en termes de mise en
œuvre, ce domaine de réforme n’est
pas inclus dans la liste des priorités du
Tableau 7 ci-dessus, mais en raison de
son important effet catalyseur sur le
développement, il en est fait mention.
Pour renforcer les facteurs fondamentaux de
l’identité et des institutions, il faut s’attaquer
aux deux principales contraintes suivantes :
• Favoriser la participation des citoyens et
des collectivités. Les efforts de réforme
devront être soutenus par un engagement
proactif avec l’inclusion des communautés
locales au-delà des d iv is ions
traditionnelles. Comme point d’entrée
naturel, il faudrait tirer parti de l’existence
d’organisat ions communautaires
et d’associations villageoises qui
prennent les décisions relatives aux
interventions de développement et
décident collectivement de la manière
de dépenser les fonds transférés par
la diaspora. Ces associations ont une
connaissance approfondie du contexte
local et ont l’autorité et la crédibilité
nécessaires pour prendre et exécuter
des décisions. Il sera essentiel d’ouvrir des
espaces dans lesquels les gens peuvent
s’engager dans le dialogue et exprimer
leurs pensées et leurs idées, en particulier
ceux qui cherchent actuellement à mieux
se faire entendre dans la société, tels
que les universitaires, les ONG locales,
les syndicats, les associations, les
représentants du secteur privé, les femmes
et les groupes de jeunes, ce qui aidera
ouvrira les canaux de la communication
aux voix qui traditionnellement n’étaient
pas entendues. Aspect important de cette
démarche, il s’agira de faire entendre la
voix des femmes qui détiennent un pouvoir
informel au sein des communautés et sont
de plus en plus impliquées dans la sphère
publique par le biais d’associations et
d’organisations de femmes, mais dont le
rôle est limité par des normes religieuses
et sociales.
• Renforcer la capacité des principales
institutions formelles. Pour renforcer
la confiance dans l’État central et ses
institutions formelles, il faut prendre
des mesures en vue d’instaurer des
mécanismes de transparence, de
contrôle et de redevabilité accrus. Il s’agit
notamment d’accroître la transparence
et la consultation du Parlement sur le
budget, de publier les comptes financiers
des principales entreprises publiques et
d’accroître la transparence des marchés
publics (une question qui a été largement
soulevée lors des consultations du
secteur privé - voir Annexe 2). Ces efforts
doivent également s’accompagner de
mesures visant à renforcer l’engagement
des citoyens et à leur donner la possibilité
de commenter les propositions de loi, etc.
Ce n’est que lorsque les citoyens auront
Il est possible de parvenir à une plus grande sécurité foncière si les services d'administration foncière sont renforcés
pour effectuer la délivrance de titres participatifs dans les bassins de production. Ce processus consisterait en une
délimitation consensuelle, des comités de reconnaissance des terres multipartites qui faciliteraient un recensement
cadastral à petite échelle et la planification de l'utilisation des terres.
¹⁷⁴
8. Voies et Priorisation
131
La Banque Mondiale (2014).¹⁷⁵
Sj = , Sj = [0,1] vi,co - vi,wf
vi,bp - vi,wf
l’EDSP de la Colombie et du Chili. Dans un
classement de zéro à un, nous comparons
la valeur de la performance actuelle des
Comores sur des indicateurs sélectionnés
qui peuvent signaler des progrès dans les
domaines politiques identifiés à la valeur
de ses pairs pour chacun des indicateurs
clés. La valeur du pair aspirationnel le plus
performant est définie comme valeur « cible
» et celle du pays fragile le moins performant
est définie comme une indication de la valeur
minimale pouvant être atteinte pour chaque
indicateur. La position des Comores dans le
classement est ensuite calculée à l’aide de
l’équation suivante :
Où vi,co est la valeur des Comores pour
indicateur i; vi,wf la valeur du pays fragile le
moins performant pour i; and vi,bp the value
of the best performing aspirational peer for i.
Dans ce contexte, plus la valeur des Comores
est éloignée à celle du pair le plus performant
pour un indicateur i – donné - ou plus le score Sj des Comores dans le classement est bas,
plus la réforme correspondante est urgente.
le sentiment que leur voix est entendue
qu’ils feront confiance à l’État central.
En fin de compte, la mise en place de
ce type de mécanismes de rétroaction
facilitera l’amélioration de la qualité et
de la prestation des services par l’État
central. Enfin, la base de connaissances
nécessaire à la prise de décisions fondées
sur des données factuelles doit être
améliorée en remédiant aux faiblesses
du système statistique. L’absence
générale d’information pour éclairer la
conception, la mise en œuvre, le suivi et
l’évaluation des politiques et pour assurer
une prestation de services fondée sur
des données factuelles entraîne des
inefficacités et des incohérences (voir
l’Annexe 10 pour un inventaire des lacunes
actuelles des données).¹⁷⁵
148. Le Tableau 7 propose une priorisation
des différentes contraintes clés relevée
par cette EDSP en référence à une mesure
de l’urgence de la réforme qui est une
estimation l’écart des Comores par rapport
au pair aspirationnel le plus performant.
Pour établir l’«écart par rapport au pair
aspirationnel », nous utilisons une version
d’une méthodologie déjà utilisée pour
8. Voies et Priorisation
132
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133
8. Voies et Priorisation
Annexe 1: Description des indicateurs utilisés pour le Tableau de priorisation
INDICATEUR DE PERFORMANCE LA DESCRIPTION SOURCE
Masse salariale (% des
dépenses courantes)
Classement dans l’Indice
des budgets ouverts
(Open Budget)
Recettes fiscales et
douanières (en pour cent
du PIB)
Crédit intérieur au secteur
privé (% du PIB)
Score sur la Facilité de faire
des affaires
Probabilité de survie jusqu’à
l’âge de 5 ans
Proportion des enfants de
moins de 5 ans sans retard de
croissance
Années d’études ajustées de
l’apprentissage
Scolarisation des filles
dans le secondaire
Rémunération des employés (tous les paiements
en espèces et en nature contre services rendus au
gouvernement) en pourcentage des dépenses courantes
de consommation finale des administrations publiques.
L’Indice attribue aux pays couverts par l’Enquête sur le
budget ouvert un score de transparence sur une échelle
de 100 points à l’aide d’un sous-ensemble de questions
qui évaluent la quantité et l’actualité des informations
budgétaires que les gouvernements rendent publiques
dans huit documents budgétaires clés conformément aux
normes internationales de bonne pratique.
Total des transferts obligatoires à l’administration centrale
à des fins publiques en pourcentage du PIB.
Ressources financières fournies au secteur privé
par les sociétés financières qui établissent une
demande de remboursement, en pourcentage du PIB.
Le score reflète l’écart entre la performance actuelle
d’une économie et une mesure des meilleures pratiques
réglementaires définie dans Doing Business 2015.
Calculé pour l’indice ICH 1 en soustrayant le taux de
mortalité des moins de 5 ans (extrait du Groupe inter-
institutions des Nations Unies pour les estimations de la
mortalité infantile).
Calculé pour l’indice ICH 1 en soustrayant les taux de retard
de croissance (extraits des estimations conjointes de la
malnutrition de l’UNICEF, de l’OMS et de la Banque mondiale).
Calculé pour l’indice ICH en multipliant les estimations
du nombre d’années d’études attendues par le ratio des
derniers résultats harmonisées au TIMSS.
Rapport entre le nombre d’enfants de sexe féminin en âge
officiel de fréquenter l’école secondaire qui sont inscrits
dans l’enseignement secondaire et la population ayant l’âge
officiel correspondant de fréquenter l’école secondaire.
Indicateurs du
développement
dans le Monde
(moyenne 2011-2017)
The Open Budget
Survey (2017)
Indicateurs du
développement
dans le monde
(moyenne 2011-2017)
Indicateurs du
développement
dans le monde
(moyenne 2011-2017)
Doing Business
(2019)
Indice du capital
humain (2018)
Indice du capital
humain (2018)
Indice du capital
humain (2018)
Indicateurs du
Développement
dans le Monde
(moyenne 2011-2017)
ANNEXES
134
Annexe 1
PERFORMANCE INDICATOR DESCRIPTION SOURCE
Ressources internes
renouvelables en eau
douce, total (milliards de
mètres cubes)
Rendement moyen des
céréales, fruits et légumes
(hg/ha)
Pêches - Score actuel 0-100
Indicateur du degré de
préparation de la matrice
ND-GAIN (2014)
Efficacité gouvernementale :
Rang en centile
Voix et responsabilité :
rang en centile
Internal renewable resources (internal river flows and
groundwater from rainfall) in the country.
Moyenne simple des rendements des céréales, des fruits
frais et des légumes.
Note globale combinée de l’état des stocks de poissons
et indice trophique marin régional (ITMR). L’état des stocks
de poisson est basé sur une évaluation du pourcentage
de stocks de poisson capturés dans la Zone Economique
Exclusive (ZEE) d’un pays qui sont surexploités ou se sont
effondrés. L’ITMR est une mesure du niveau trophique
moyen des poissons capturés par un pays, qui représente
la santé globale de l’écosystème.
La « matrice ND-GAIN » illustre la capacité comparative des
pays à prendre des mesures d’adaptation afin d’accroître sa
résilience au climat. L’indicateur de du degré de préparation
indique dans quelle mesure un pays est prêt à faire face
aux changements climatiques et environnementaux.
L’indicateur saisit les perceptions de la qualité des
services publics, de la qualité de la fonction publique et
de son degré d’indépendance par rapport aux pressions
politiques, de la qualité de la formulation et de la mise en
œuvre des politiques et de la crédibilité de l’engagement
du gouvernement à l’égard de ces politiques. Le rang
en centiles indique le rang du pays parmi tous les pays
couverts par l’indicateur agrégé, 0 correspondant au rang
le plus bas et 100 au rang le plus élevé.
L’indicateur rend compte de la mesure dans laquelle les
citoyens d’un pays peuvent participer à la sélection de leur
gouvernement, ainsi que de la liberté d’expression, de la
liberté d’association et de la liberté des médias. Le rang
en centiles est défini comme le précédent.
Indice du capital
humain (2018)
FAOSTAT (moyenne
2011-2017)
Indice de
Performance
Environnementale
de Yale (2018)
Matrice ND-GAIN
(2014)
Indicateurs du
Développement
dans le Monde
(moyenne 2011-2017)
Indicateurs du
développement
dans le monde
(moyenne 2011-2017)
Annexe 1
135
Annexe 2: Résultats des consultations pour l’EDSP
1 Premières consultations des Comores sur l’EDSP (18-22 septembre 2017)
Au cours de la semaine du 18 septembre,
des ateliers ont été organisés dans le but :
(i) de présenter le processus de l’EDSP et de
recueillir les premières réactions du public,
(ii) de cadrer l’EDSP dans l’engagement
de la Banque mondiale avec le pays et (iii)
d’expliquer le cycle IDA et le Portefeuille IDA18.
Les ateliers ont également été l’occasion pour
le gouvernement de présenter sa stratégie
de développement pour les Comores «
Emergence 2030 ».
Des consultations ont eu lieu avec :
• la Banque Centrale ;
• le Ministre de l’Économie et des Finances
et le personnel clé de ce ministère et
d’autres ministères ;
• les principales parties prenantes du
gouvernement, des représentants du
secteur privé, des Organisations de la
société civile (OSC), des chambres de
commerce et d’autres organisations
bailleresses ;
• les pr inc ipaux partena i res au
développement aux Comores, qui sont
des interlocuteurs essentiels dans cette
phase de cadrage par la diversité de leurs
points de vue et leur connaissance des
problèmes de développement du pays ;
• d’autres représentants du secteur privé
et de la société civile, qui ont évoqué un
certain nombre d’importantes contraintes
et opportunités de développement que
les Comores devraient saisir pour réduire
l’extrême pauvreté et promouvoir une
croissance plus inclusive ;
• le FMI qui a largement informé l’équipe
de la Banque sur l’environnement macro-
économique, les questions budgétaires,
les finances et la situation générale de
l’économie.
Ce que nous avons entendu/appris :
Les participants ont évoqué les principaux
points suivants et ont fait les suggestions
suivantes pour prise en compte par la Banque,
au cours de la semaine de consultation :
• Isolement et fragmentation : la situation
géographique isolée des Comores,
combinée aux limites en ce qui concerne
les moyens de transport entre les îles, rend
la vie aux Comores très coûteuse et limite
les activités économiques. La dépendance
du pays à l’égard des importations
est l’une des plus élevées au monde.
Les recettes publiques proviennent
principalement des taxes à l’importation,
ce qui représente un coût élevé pour les
entreprises locales. Des réformes du code
des investissements, des procédures
douanières et de l’efficacité des douanes
sont nécessaires pour alléger le fardeau
du secteur privé et aligner le pays sur les
objectifs du gouvernement en matière
d’intégration régionale dans la SADC et
le COMESA, ainsi que sur les exigences
de l’OMC.
• Participation du secteur privé : le
secteur privé est intéressé par un
Annexe 2
136
dialogue renforcé et plus régulier avec
le gouvernement sur des questions
clés. L’accès au crédit, l’absence de
financement à long terme et les coûts
élevés de l’électricité figurent parmi
les principales contraintes. Plusieurs
participants ont également évoqué les
effets néfastes d’un environnement
de faible exécution des contrats sur
l’activité économique.
• Gouvernance : les insuffisances du cadre
juridique et du système judiciaire sapent
la confiance, affectent négativement
les investisseurs locaux et étrangers, et
freinent l’activité entrepreneuriale dans
le pays.
• Emplois, compétences et dimension genre
: les niveaux élevés d’informalité et de
chômage - en particulier chez les jeunes
- sont des préoccupations importantes
pour les Comores où la croissance
démographique rapide et le taux de
dépendance élevé. Les participants ont
exprimé leurs préoccupations concernant
l’inadéquation des compétences qui
caractérise le marché du travail. Les
filles ne bénéficient pas toujours de
Des ateliers ont eu lieu au cours de la
semaine du 14 mai dans le but : (i) de
présenter les résultats préliminaires de
l’EDSP des Comores aux autorités et aux
autres parties prenantes, (ii) d’obtenir des
réactions et des commentaires sur les
suffisamment de chances et de soutien,
tant en matière d’éducation que d’emploi.
• Diaspora : tous les participants ont
suggéré à la Banque d’essayer de mieux
analyser le phénomène de la diaspora,
dans la mesure où les membres de cette
diaspora envoient chez eux des montants
importants qui servent de filet de sécurité
sociale et de consommation, plutôt que
d’investissement productif.
L’annonce des consultations publiques et du
processus de l’EDSP a été publiée sur la page
Web de la Banque mondiale aux Comores
: https ://consultations.worldbank.org/
consultation/systematic-country-diagnostic-
DSP-economic-and-social-situation-comoros
Les consultations se sont poursuivies en ligne,
y compris sur les médias sociaux (Twitter
et Facebook) jusqu’au 30 octobre, afin de
permettre une plus grande participation. Au
début du mois d’octobre, la page « Banque
mondiale Afrique » sur Facebook avait
déjà atteint 61 112 personnes (nombre de
personnes uniques ayant vu le post de FB lors
de la consultation), 14 291 mentions J’aime, 113
commentaires, 82 actions.
résultats préliminaires et de collecter des
informations supplémentaires pour améliorer
certaines parties du texte. Une équipe de la
Banque mondiale préparant la prochaine
évaluation des risques et de la résilience s’est
également jointe aux discussions.
2 Deuxième série de consultations sur l’EDSP aux Comores (14-18 mai 2018)¹⁷⁶
La rencontre avec les jeunes a eu lieu le 23 mai 2018.¹⁷⁶
Annexe 2
137
Présentation des résultats préliminaires de
l’EDSP aux Comores ::
La consultation de l’EDSP a débuté le 14
mai avec une présentation aux autorités
gouvernementales et aux autres parties
prenantes des résultats préliminaires de
l’EDSP des Comores. L’évaluation de la
pauvreté récemment achevée a également
été présentée lors de l’événement.
Des consultations ont eu lieu avec :
• Des représentants du secteur financier
• Le Parlement (Vice-président du
Parlement et autres députés)
• L’association de consommateurs
• Des chercheurs (enseignants-chercheurs,
président du Centre national de la recherche
et Président du Conseil de sages)
• Des représentants du secteur privé
• Des organisations de la société civile
• Des étudiants universitaires (groupe
d’étudiants en économie)
Ce que nous avons entendu/appris :
Les principaux points de discussion et
suggestions à l’attention de la Banque
soulevés par les participants au cours de
la semaine de consultation peuvent être
résumés comme suit :
• Contraintes financières : le financement
des projets à long terme est faible, l’une
des raisons étant la très faible épargne à
long terme. Un autre facteur mentionné
par les participants est le manque de
confiance des banques vis-à-vis des
emprunteurs potentiels. Bien souvent,
l’argent emprunté est utilisé à des fins
autres que celles figurant dans le contrat
initial (par exemple, pour les Grands
mariages). Le taux d’intérêt effectif
est beaucoup plus élevé que le taux
d’intérêt maximal officiel décourageant
les emprunteurs potentiels.
• Investissement total et investissement
local : les villages collectent des fonds
pour la construction d’infrastructures
sociales (mosquées, routes, écoles).
L’investissement total officiel aux Comores
est alors très sous-évalué.
• Participation au marché du travail : nous
avons appris que les causes du faible taux
de participation diffèrent d’une île à l’autre.
Par exemple, à la Grande Comore, seuls les
emplois de cols blancs semblent valorisés
par la société. Ainsi, le secteur primaire
est particulièrement touché par cette
caractéristique culturelle. En outre, cet
effet négatif sur la participation au marché
du travail est amplifié par les envois de
fonds (ce qui augmente les salaires de
réserve). Il est intéressant de noter que
les étudiants universitaires ont mentionné
que le facteur religieux n’explique que très
peu la faible participation au marché du
travail (au lieu du rôle important joué par la
religion dans les pays de la région Moyen-
Orient Afrique du Nord). Les participants
ont toutefois souligné que le faible taux
d’activité était également dû à la faible
demande de main-d’œuvre dans les trois
îles. En effet, par exemple, le secteur
productif est presque inexistant. Enfin, il
a été avancé que la faible participation de
la main-d’œuvre aux Comores n’était pas
assimilable à un faible travail parce qu’une
grande partie du travail est effectuée
pour la communauté (sans rétribution
monétaire) et qu’une grande partie du
travail consiste en fait en un échange de
services non monétaire entre membres
de la famille/amis.
• Foncier : les villages doivent d’abord se
mettre d’accord avant que les investisseurs
Annexe 2
138
puissent acquérir des terres pour lancer
leur entreprise. La terre est la plupart du
temps non enregistrée. Cela s’explique
principalement par le fait que les gens
pensent qu’ils devront payer des taxes
foncières (même s’il n’existe pas de telle
taxe aux Comores) et qu’ils ne voient pas
la nécessité de le faire parce que les règles
informelles sont plus importantes que la
législation comorienne dans cet espace.
• Envois de fonds : il a été signalé qu’il y a
une forte pression à envoyer des fonds
parce que les migrants doivent rendre
à la communauté ce qu’ils ont reçu
d’elle. Il a été mentionné que la plupart
des envois de fonds sont utilisés pour
construire une maison pour les filles
des migrants, les services de santé, les
dépenses liées à l’éducation et pour les
Grands mariages. Il ne reste pas beaucoup
de fonds pour les projets du secteur privé.
La diaspora semble avoir des inquiétudes
quant à envoyer des fonds pour créer
une entreprise en raison du manque de
confiance quant à l’utilisation des fonds.
La pérennité des envois de fonds a été
une préoccupation importante exprimée
par les participants à la réunion. En effet,
compte tenu des politiques actuelles
(pas très favorables aux migrants) en
Europe, les taux d’émigration pourraient
diminuer. Ils ont également souligné le fait
que les descendants d’émigrés seraient
beaucoup moins susceptibles d’envoyer
des fonds aux Comores. En outre, les
étudiants universitaires ont mentionné
que de plus en plus, après avoir obtenu
leur diplôme, les étudiants à l’étranger
reviennent aux Comores.
• Capital humain : la fonction publique
ne dispose pas (la plupart du temps) de
fonctionnaires dotés des compétences
requises. De nombreux participants
ont mentionné l’absence de concours
d’entrée parmi les causes. En outre, les
responsables des entreprises d’État et
des ministères ne sont pas stables (la
plupart changent chaque fois qu’un
nouveau gouvernement arrive). Dans
le secteur privé, il existe un manque de
compétences dans de nombreux secteurs
et domaines, y compris dans la gestion de
la société. Cela se produit même s’il y a un
grand nombre d’étudiants à l’université
(environ 12 à 14 mille).
• Quelques différences culturelles entre
les îles : à la Grande Comore, la priorité
est d’acquérir un statut social au sein
du village. Les « notables » jouent un
rôle prédominant dans les décisions
des villages. Dans cette île, il y a une
grande solidarité de groupe et le groupe
semble devenir plus important que
l’individu. Anjouan ne partage pas ces
caractéristiques et semble avoir un esprit
plus entrepreneurial.
• Etat de droit : les participants ont souligné
que le non-respect de l’état de droit
était l’une des principales contraintes
au développement économique des
Comores. Ils ont souligné que souvent les
décisions ou les arrêtés ministériels ont
plus de pouvoir que les lois. Le manque
de confiance dans le système judiciaire
est un problème important (affectant de
manière importante le secteur financier,
par exemple). En outre, la coexistence du
droit comorien avec le droit islamique et
le droit coutumier rend les choses plus
complexes (par exemple, pour la vente
de terres).
• Entreprises nationales et marchés
publics : les entreprises étrangères sont
privilégiées pour les contrats les plus
importants (en particulier pour les grands
139
Annexe 2
projets d’infrastructure). Cela s’explique par
la faible expertise et la faible capacité des
entreprises nationales. Par conséquent,
les banques de développement aux
Comores travaillent principalement avec
des entreprises étrangères.
• Contraintes pour le secteur du tourisme
: les participants ont mentionné le
faible accès aux sites touristiques
comme l’un des principaux obstacles au
développement du secteur. Le manque
de personnel qualifié a également été
mentionné (guides professionnels, par
exemple), ainsi que l’absence d’écoles
de restauration et le manque de supports
logistiques (par exemple, il n’existe pas de
brochure touristique).
• Contraintes de l’industrie avicole :
l’industrie a des difficultés à continuer
à fournir des intrants tels que le maïs
(comme le montre la crise actuelle
de la production d’œufs). En outre,
le manque d’installations d’abattage
appropriées a également été mentionné
comme une contrainte majeure pour le
développement de l’industrie.
140
Annexe 2
1974
1975
1976
1978
1989
1990
1995
1996
1997
1998
1999
Trois des îles qui composent les Comores votent pour l’indépendance vis-à-vis de
la France, mais une quatrième île, Mayotte, décide de rester au sein de la France.
Les Comores déclarent unilatéralement leur indépendance, avec Ahmed Abdallah
à la présidence. Il est destitué la même année par un coup d’État et remplacé par le
prince Said Mohammed Jaffar.
Jaffar est remplacé par Ali Soilih, qui tente de transformer le pays en une république
laïque et socialiste.
Soilih est renversé et tué par des mercenaires menés par Denard qui ramène Abdallah
au pouvoir.
Abdallah est assassiné par la garde présidentielle sous le commandement du
mercenaire français Denard qui organise un coup d’Etat. La France intervient et
Denard quitte les îles.
Said Mohamed Djohar a été élu président.
Djohar est enlevé dans une tentative de coup d’Etat menée par Denard. Les troupes
françaises interviennent, Denard se rend.
Mohamed Abdulkarim Taki est élu président, rédige une constitution qui étend
l’autorité du président et fait de l’Islam le fondement du droit.
Les îles d’Anjouan et de Mohéli déclarent leur indépendance des Comores. Les
troupes de l’île de la Grande Comore atterrissent à Anjouan pour tenter d’empêcher
la sécession mais sont repoussées.
Le président Taki décède, apparemment d’une crise cardiaque, et est remplacé par
le président par intérim, Tadjidine Ben Said Massounde, en attendant les élections.
Massounde signe un accord d’autonomie à Madagascar, mais les délégués d’Anjouan
et de Mohéli refusent de faire de même, déclarant qu’ils doivent au préalable consulter
leur peuple, ce qui provoque de violentes manifestations contre les Anjouanais à la
Grande Comore.
Massounde est évincé par un coup d’Etat dirigé par le chef de l’état-major, le colonel
Azali Assoumani.
Annexe 3: Chronologie de l’Histoire des Comores
Annexe 3
141
2001
2002
2003
2006
2007
2008
2009
2010
2016
2018
Azali Assoumani déclare que le pays retrouverait un régime civil en 2002 après la mise
en place de nouvelles institutions gouvernementales. Il déclare également qu’il ne
se présenterait pas aux élections. Un « comité militaire » s’empare du pouvoir sur l’île
d’Anjouan dans le but de relier les Comores. Anjouan souffre de nombreuses tentatives
de coup d’Etat infructueuses pour tenter de contrer les efforts de réunification. Les
électeurs soutiennent une nouvelle constitution qui conserve les trois îles comme
un seul pays mais leur accordera une plus grande autonomie.
Azali Assoumani est nommé président des Comores réunifiées.
Les dirigeants des îles semi-autonomes parviennent à un accord de partage du
pouvoir ouvrant la voie à des élections.
Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, d’Anjouan, remporte les élections
présidentielles fédérales.
L’Union Africaine envoie des troupes pour aider à maintenir la paix lors des élections de
juin après que le président d’Anjouan, Mohamed Bacar, ait refusé de se retirer. La crise
s’aggrave lorsqu’Anjouan organise des élections locales au mépris du gouvernement
fédéral et de l’Union Africaine. Mohamed Bacar est investi en tant que président
d’Anjouan. L’Union Africaine met en place un blocus maritime autour de l’île.
Les troupes comoriennes et africaines débarquent à Anjouan et le reprennent,
défaisant les séparatistes.
L’île de Mayotte vote pour une intégration complète avec la France. Le gouvernement
des Comores, qui revendique l’île, déclare le référendum nul et non avenu.
Ikililou Dhoinine remporte les élections présidentielles et prend ses fonctions en
mai 2011.
Azali Assoumani remporte les élections présidentielles après que le principal candidat
ait refusé de reconnaître la victoire d’Assoumani. La Cour constitutionnelle ordonne
un nouveau tour partiel qui voit la victoire d’Assoumani.
Un référendum est organisé pour demander la ratification des amendements à la
Constitution et aboutit à une modification des règles de rotation présidentielle. Cela entraîne
des émeutes de manifestants armés à Anjouan et des échanges de coups de feu pendant
plusieurs jours. Des renforts militaires sont envoyés et le gouverneur d’Anjouan est arrêté.
Annexe 3: Chronologie de l’Histoire des Comores
Annexe 3
142
Annexe 4: Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable aux Comores
OBJECTIF 1: PAS DE PAUVRETÉ 2000 20142005 20152010 20162011 20172012 2013
Ratio du nombre de pauvres à 1,90 USD
par jour (PPA 2011) (% de la population)
Ratio du nombre de pauvres aux seuils de
pauvreté nationaux (% de la population)
Ratio du nombre de pauvres en milieu
urbain aux seuils de pauvreté nationaux
(% de la population urbaine)
Prévalence de la sous-alimentation
(% de la population)
Prévalence de l’insuffisance pondérale, poids
pour l’âge (% d’enfants de moins de 5 ans)
Prévalence de l’émaciation, poids pour
taille (% d’enfants de moins de 5 ans)
Vaccination, rougeole
(% des enfants âgés de 12 à 23 mois)
Ratio de mortalité maternelle (estimation
modélisée, pour 100 000 naissances vivantes)
Taux de mortalité néonatale
(pour 1 000 naissances vivantes)
Taux de mortalité des moins de 5 ans
(pour 1 000 naissances vivantes)
Taux d’alphabétisation, total adulte (% de
personnes âgées de 15 ans et plus)
Taux d’achèvement du premier cycle du
secondaire, total (% du groupe d’âge concerné
Scolarisation tertiaire (% brut)
La clause de non-discrimination
mentionne le genre dans la constitution
(1 = oui ; 0 = non)
..
..
..
..
25
13,3
70
499
40,9
101,1
68,5
..
1,5
..
..
42
42
..
..
..
86
344
34,3
75,5
..
48,3
9
..
..
..
..
..
..
..
67
436
40,1
97,4
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
90
355
33,1
73,2
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
72
388
36,9
85,3
..
..
5,8
..
..
..
..
..
..
..
90
..
32,3
71,1
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
79
376
36,2
8,.7
..
..
8
..
..
..
..
..
..
..
90
..
31,7
69
..
..
..
..
..
..
..
..
16,9
11,1
85
365
35,4
80,4
49,2
..
8,7
..
18,1
..
..
..
..
..
85
354
34,7
77,9
..
45,3
8,8
..
OBJECTIF 2: FAIM « ZÉRO »
OBJECTIF 3: BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
OBJECTIF 4: EDUCATION DE QUALITÉ
OBJECTIF 5: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES
143
Annexe 4
OBJECTIF 6: EAU PROPRE ET ASSAINISSEMENT 2000 20142005 20152010 20162011 20172012 2013
Personnes utilisant les services
d’assainissement de base (% de la population)
Personnes utilisant les services de base
d’eau potable (% de la population)
Accès à l’électricité (% de la population)
Accès à l’électricité
(% de la population)
Accès à l’électricité, rural
(% de la population rurale)
Accès à l’électricité, urbain
(% de la population urbaine)
Croissance du PIB (% annuel)
Chômage total (% de la population
active totale) (estimation nationale)
Chômage total (% de la population active
totale) (estimation modélisée par le BIT)
Chômage total des jeunes (% de la
population active âgée de 15 à 24 ans)
(estimation modélisée par le BIT)
Investissement dans les télécoms avec
participation privée (USD courants)
Densité en nouvelles entreprises
(nouveaux enregistrements pour 1 000
personnes âgées de 15 à 64 ans)
Envois de fonds personnels reçus (% du PIB)
Population urbaine (% du total)
Croissance de la population urbaine
(% annuel)
Population vivant dans des bidonvilles
(% de la population urbaine)
..
26,8
86,4
39,6
29,9
65,3
10,8
..
4,6
10
..
..
28,1
2,4
65,4
3
34,1
83,7
72,9
66,8
88,5
2,1
..
4,4
9,9
..
..
11,5
28,3
2,8
69,6
3
29,4
85,4
51,6
42,9
72,8
2,8
..
4,5
10
..
..
8,3
27,9
2,3
68,9
3
34,2
83,7
75,4
69,5
90,3
1,1
..
4,4
9,9
..
..
13,6
28,5
2,8
69,9
3
32
84,4
63,1
56
81,4
3,8
..
4,4
9,9
..
..
9,8
28
2,6
..
3
..
..
77,8
72,2
92,1
2,3
..
4,3
9,9
..
..
12,8
28,6
2,7
..
3
32,5
84,2
65,6
58,7
83,2
4,1
..
4,4
9,9
..
..
10,9
28
2,7
..
6,1
..
..
..
..
..
2,7
..
4,3
10
..
..
13,0
28,8
2,9
..
3
33,1
84,1
69,3
61,4
85,1
3,2
..
4,4
9,9
..
..
11,2
28.1
2,7
..
3
33,6
83,9
70,5
64,1
86,7
4,5
..
4,4
9,9
..
..
10,9
28,2
2,8
..
OBJECTIF 7: ÉNERGIE PROPRE ET D'UN COÛT ABORDABLE
OBJECTIF 8: TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
OBJECTIF 9: INDUSTRIE, INNOVATION ET INFRASTRUCTURE
OBJECTIF 10: INÉGALITÉS RÉDUITES
OBJECTIF 11: VILLES ET COMMUNAUTÉS DURABLES
144
Annexe 4
OBJECTIF 12: CONSOMMATION ET PRODUCTION RESPONSABLES
2000 20142005 20152010 20162011 20172012 2013
Production d’électricité renouvelable (%
de la production totale d’électricité)
Consommation d’énergie renouvelable (%
de la consommation d’énergie finale totale)
Productivité de l’eau, totale (PIB en USD
constants de 2010 par mètre cube de
prélèvement total d’eau douce)
Pollution atmosphérique par les
PM2.5, exposition annuelle moyenne
(microgrammes par mètre cube)
Pollution atmosphérique par les PM2.5,
population exposée à des niveaux dépassant
la valeur recommandée par l’OMS (% du total)
Émissions de CO2 (kg par USD PPA du PIB)
Aires protégées terrestres et marines
(% de la superficie totale du territoire)
Production aquacole (tonnes)
Production de la pêche de capture (tonnes)
Production totale de la pêche (tonnes)
Surface forestière (% de la superficie)
Recettes fiscales (% du PIB)
Niveau global de capacité statistique
(échelle 0 - 100)
Personnes utilisant Internet
(% de la population)
Aide publique au développement nette et
aide publique reçue (USD courants)
0
48,3
..
21,1
100
0,2
..
..
12003
12003
24,2
..
..
0,3
2E+07
0
46,6
59,2
17,1
100
0,1
2,4
..
9255
9255
20,1
7,0
40
7
7E+07
0
44,3
..
20,4
100
0,2
0
..
10738
10738
22,6
..
56,7
2
2E+07
..
45,3
..
19
100
..
..
..
12674
12674
19,9
6,6
42,2
7,5
7E+07
0
46,4
..
16,8
100
0,2
..
..
63447
63447
21
,.7
50
5,1
7E+08
..
..
..
19,1
100
..
0,1
..
16407
16407
..
7,9
34,4
7,9
5E+07
0
47,8
..
17,3
100
0,1
..
..
38180
38180
20,7
6,5
50
5,5
6E+07
..
..
..
..
..
..
0,1
..
..
..
..
9,5
30
..
..
0
48
..
17,3
100
0,1
..
..
36296
36296
20,5
6,9
41,1
6
1E+09
0
44,1
..
17,5
100
0,2
..
..
43732
43732
20,3
7,1
43,3
6,5
8E+07
OBJECTIF 13: MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
OBJECTIF 14: VIE AQUATIQUE
OBJECTIF 15: VIE TERRESTRE
OBJECTIF 16: PAIX, JUSTICE ET INSTITUTIONS EFFICACES
OBJECTIF 17: PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS
145
Annexe 4
Annexe 5: Décomposition de l’inégalité urbaine-rurale
Tableau 8: Décomposition inconditionnelle de l’inégalité urbaine/rurale de la
consommation réelle mensuelle par habitant
PERCENTILE DU BAS PERCENTILE MOYEN PERCENTILE DU HAUT
Écart total
Total des dotations
Capital humain
Composition démographique
Secteur d’emploi
Possession d’actifs
Accès aux services de base
Caractéristiques géographiques
Rendements totaux
Capital humain
Composition démographique
Secteur d’emploi
Possession d’actifs
Accès aux services de base
Caractéristiques géographiques
0,402***
[0,046]
0,088*
[0,047]
0,021
[0,019]
0,129***
[0,021]
0,031*
[0,018]
0,064***
[0,025]
0,007
[0,030]
-0,147***
[0,033]
0,314***
[0,061]
-0,008
[0,058]
-0,363**
[0,161]
-0,123**
[0,061]
0,185**
[0,078]
-0,794**
[0,372]
0,335***
[0,106]
0,367***
[0,038]
0,163***
[0,037]
0,056***
[0,014]
0,151***
[0,018]
0,044***
[0,014]
0,033*
[0,018]
0,070***
[0,022]
-0,173***
[0,025]
0,204***
[0,045]
-0,057
[0,043]
-0,481***
[0,118]
-0,138***
[0,045]
0,017
[0,058]
0,163
[0,273]
0,588***
[0,078]
0,333***
[0,064]
0,099**
[0,050]
0,048***
[0,015]
0,094***
[0,015]
0,039*
[0,020]
0,001
[0,019]
0,088***
[0,033]
-0,126***
[0,027]
0,235***
[0,077]
-0,071
[0,061]
0,464***
[0,166]
-0,128
[0,084]
-0,072
[0,079]
-0,249
[0,566]
0,523***
[0,109]
Remarque : Les nombres entre parenthèses sont des écarts types de rééchantillonnage basés sur 100 réplications. * Significatif au seuil de 10 pour cent ; ** significatif au seuil de 5 pour cent ; *** significatif au seuil de 1 pour cent Source : EESIC 2014 et calculs du personnel de la Banque mondiale
146
Annexe 5
Annexe 6: Décomposition de la croissance de la consommation
Pour étudier les facteurs de base du recul
observé de la pauvreté, les changements
dans la consommation ont été ventilés en
deux composantes. Une composante est
due à l’amélioration des caractéristiques
personnelles ou de la dotation (tels que
des niveaux d’instruction plus élevés, la
possession d’actifs et l’accès aux opportunités
d’emploi et aux services de base), et l’autre
composante est imputable aux changements
du rendement de ces caractéristiques
(tels que les rendements de l’éducation, la
productivité de la terre, les rendements des
entreprises, etc.).
Ces deux composantes sont ensuite
décomposées pour cerner les attributs
spécifiques qui contribuent aux changements
de la consommation. La décomposition est
appliquée à chaque décile de la distribution
de consommation pour comprendre les
tendances des changements pour les
différents groupes de bien-être.
Le Tableau 9 souligne une amélioration de la
dotation des ménages pour tous les groupes
de population, mais les améliorations sont
plus significatives pour les 30 pour cent les
plus pauvres. L’augmentation des dotations
est due à une expansion significative de la
possession d’actifs, principalement des
moyens de transport et de communication,
et dans une moindre mesure des terres
agricoles. L’amélioration des dotations
s’est accompagnée d’une augmentation du
rendement de leur activité économique -
essentiellement des entreprises non agricoles.
Alors que l’engagement des ménages dans
les activités commerciales semble avoir
diminué au fil du temps, en particulier parmi les
groupes les plus pauvres, les gains provenant
des activités des ménages, essentiellement
des activités non agricoles, semblent avoir
augmenté de manière significative, en
particulier pour les trois déciles du bas. Les
rendements de la terre semblent également
s’être améliorés avec le temps, mais de
manière moins significative pour les plus
pauvres. L’amélioration des rendements des
infrastructures communautaires indique une
plus grande influence positive de l’accès aux
marchés et aux routes locaux sur le niveau
de vie des ménages ces dernières années.
La structure démographique des ménages
semble s’être améliorée, du fait de la réduction
de leur taille et de leur nombre d’enfants,
mais cela semble constituer une contrainte
permanente pour le bien-être des ménages,
leur impact négatif sur le rendement des
ménages semblant s’être accru.
Annexe 6
147
Tableau 9: Décomposition de la croissance de la consommation
PAUVRE CLASSE MOYENNE LE PLUS RICHE
Total
Endowments
Demographic. Structure
Human capital
Employment sector
Assets
Access basic services
Returns
Demographic. Structure
Human capital
Employment sector
Assets
Access basic services
0,118***
0,412***
0,082***
-0,293***
0,031*
0,115***
0,013
-0,293***
-0,775***
-0,242***
0,056*
0,119**
-0,059
0,226***
0,280***
0,156***
0,071***
0,004
0,039***
0,029*
-0,055
-0,260*
-0,157***
0,023
0,034
0,090*
0,269***
0,249***
0,146***
0,057**
0,005
0,051***
0,022
0,020
-0,286*
-0,083*
0,039
-0,006
0,102*
Source : EIM 2004 et EESIC 2014.Remarque : les pauvres se situent dans les deux déciles du bas. Les individus de la classe moyenne sont dans le cinquième décile et les plus riches dans le décile du haut.
Annexe 6
148
Annexe 7: Décomposition des inégalités
La décomposition statique des inégalités permet d’expliquer comment les différences de
caractéristiques des ménages affectent le niveau d’inégalité et fournit des indices importants
pour comprendre la structure sous-jacente de la répartition de la consommation réelle par
habitant aux Comores.
La décomposition suit l’approche de Cowell et Jenkins (1995) et consiste à séparer l’inégalité
totale de la distribution de la consommation en inégalité entre les différents groupes de
ménages dans chaque partition, IBetw, et l’inégalité restante au sein du groupe, IWithin.Comme
les mesures les plus décomposées dans la littérature sur les inégalités proviennent de la
classe Entropie générale, l’écart logarithmique moyen (Theil_L) et les indices des dépenses
de consommation mensuelles réelles par habitant Theil_T sont utilisés pour cerner la
contribution des différentiels entre groupes à l’inégalité totale. Les mesures d’inégalité
d’entropie générale permettent l’inégalité totale d’être égale à IBetw + IWithin et le volume
d’inégalité expliqué par les attributs des ménages (ou groupe d’attributs) est mesuré
par IBetw/ITotal, où les inégalités entre les groupes et au sein des groupes sont définies,
respectivement, pour les indices Theil_L et Theil_T comme :
Où fj est la part de la population, vj la part de la consommation, et μj la consommation
moyenne du sous-groupe j; μ consommation moyenne totale, GE0 l’indice Theil_L, et GE1
Theil_T l’indice du sous-groupe j.
with: Theil_L=1/n∑i =1 log and Theil_L=1/n∑i =1 log
Yi est la dépense de consommation mensuelle réelle par habitant des ménages i et y ‐est
la moyenne des dépenses de consommation mensuelles réelles par habitant.
IBetw= [∑j=1 fjlog
IBetw= [∑j=1 fj log
IWithin= [∑j=1 fjGE0
IWithin= [∑j=1 vjGE1
k
k
k
k k
n n
k
j
j
yi
y
yi
y
yi
y
149
Annexe 7
Tableau 10: Décomposition de l’inégalité
NATIONAL
Part des inégalités expliquées par (%)
RURAL
Part des inégalités expliquées par (%)
ANJOUAN
Part des inégalités expliquées par (%)
Niveau d’instruction
du chef de ménage
Sexe du chef
de ménage
Age du chef
de ménage
Situation d’activité
du chef de ménage
Secteur d’emploi du
chef de ménage
Type de famille
Urbain/rural
Localisation régionale
Theil-L
6,52***
(0,01)
0,02
(0,00)
1,04
(0,01)
2,04*
(,.01)
4,65***
(0,01)
5,06***
(0,01)
3,33**
(0,01)
0,28
(0,00)
Theil-L
6,29*
(0,03)
0,31
(0,01)
1,51
(0,01)
4,66**
(0,02)
5,41*
(0,03)
4,38**
(0,02)
1,76
(0,01)
Theil-L
8,60***
(0,02)
0,4
(0,01)
1,86
(0,02)
5,27*
(0,02)
14,60***
(0,03)
4,29*
(0,02)
12,60***
(0,03)
Theil-T
7,11***
(0,02)
0,02
(0,00)
1,03
(0,01)
1,84**
(0,01)
4,83***
(0,01)
5,59***
(0,01)
3,33**
(0,01)
0,27
(0,00)
Theil-T
7,1
(0,04)
0,29
(0,01)
1,46
(0,01)
3,85**
(0,01)
5,78
(0,03)
4,80**
(0,02)
1,67
(0,01)
Theil-T
9,82***
(0,02)
0,4
(0,01)
1,93
(0,02)
4,94**
(0,02)
15,80***
(0,03)
4,97*
(0,02)
13,60***
(0,03)
Source : EESIC 2014. Calculs du personnel de la Banque mondiale* Significatif au seuil de 10 pour cent ; ** significatif au seuil de 5 pour cent ; *** significatif au seuil de 1 pour cent. Les nombres entre parenthèses sont des écarts types de rééchantillonnage basés sur 100 réplications.
150
Annexe 7
Annexe 8: Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail
Aux Comores, la participation à la population
active est faible et la proportion de travailleurs
découragés est élevée. À cela s’ajoute le fait
que les Comores sont l’un des trois pays
d’Afrique subsaharienne bénéficiant le plus
d’envois de fonds, les transferts privés nets
représentant environ 13 pour cent du PIB
comorien en 2017. Cette part a presque doublé
entre 2004 et 2014 (Banque mondiale, 2017),
soulevant la question de savoir si les revenus
des envois de fonds pourraient avoir un impact
sur la participation au marché du travail. En
tant que forme de revenu supplémentaire
non lié au travail pour les ménages, les envois
de fonds pourraient réduire la participation
à la population active des ménages qui en
bénéficient (Cox-Edwards et Rodríguez-
Oreggia, 2009). Cela pourrait être dû au fait
que les personnes se sentent moins incitées
à participer à l’économie nationale et à gagner
un salaire puisqu’elles perçoivent un revenu
sous la forme de fonds envoyés par un
travailleur migrant.
Le Tableau 8 ci-dessous présente un bref
aperçu des différences de caractéristiques
selon le statut des destinataires des envois
de fonds des ménages. Comme on peut
le voir clairement, la participation à la
population active (au sens large comme au
sens étroit) a tendance à être statistiquement
significativement plus élevée dans les
ménages non bénéficiaires que dans les
ménages destinataires d’envois de fonds. Les
membres des ménages non bénéficiaires sont
nettement plus jeunes que ceux des ménages
bénéficiaires, mais cela peut s’expliquer par le
fait que ce sont les membres les plus jeunes de
la population active qui migrent pour trouver
du travail et envoient de l’argent pour aider les
membres plus âgés de la famille. Les ménages
recevant des envois de fonds semblent
légèrement de moindre taille que ceux n’en
recevant pas. Cependant, cette différence n’est
pas statistiquement significative.
Les personnes des ménages destinataires
semblent aussi légèrement plus scolarisées
que celles des ménages non bénéficiaires :
beaucoup plus d’individus ont fait des études
supérieures dans les ménages bénéficiaires
(16 pour cent) que ceux des ménages non
bénéficiaires (14 pour cent). Les ménages
bénéficiaires sont également principalement
concentrés dans les îles de Ngazidja et de
Ndzouani, avec 98 pour cent des ménages
bénéficiaires y résidant. Les ménages non
bénéficiaires, cependant, sont nettement plus
répandus sur l’île de Ndzouani (42 pour cent), et
beaucoup moins de ménages non bénéficiaires
sur l’île de Ngazidja (27 pour cent).
Le tableau ci-dessous indique que le fait
d’être destinataire d’envois de fonds n’est
pas attribué au hasard. Il convient donc
d’examiner attentivement la méthode utilisée
pour estimer les effets des envois de fonds
sur la participation au marché du travail.
Conformément à la méthode proposée par
Cox-Edwards et Rodríguez-Oreggia (2009),
des estimateurs du plus proche voisin ont
été utilisés pour estimer l’effet des envois
de fonds sur la participation individuelle à
la population active, ainsi que sur la part de
participation des ménages.
L’appariement au voisin le plus proche est un
type d’appariement du score de propension
utilisé pour apparier les observations d’un
groupe de traitement (destinataires d’envois
de fonds) et d’un groupe témoin (non-
destinataires d’envois de fonds) qui, compte
tenu de leurs caractéristiques sous-jacentes,
ont la probabilité prédite la plus probable
de recevoir le traitement. En pratique, un
modèle probit est exécuté pour modéliser
151
Annexe 8
où Y1i est le taux de participation à la population
active pour les observations dans le groupe
de traitement (c’est-à-dire ceux qui reçoivent
des envois de fonds) et Y0i est le taux de
participation à la population active pour les
la probabilité de recevoir des envois de
fonds conditionnés par un certain nombre
de covariables. Ensuite, la probabilité de
recevoir des envois de fonds, en fonction
des caractéristiques de chaque observation,
est prédite, et ces probabilités prédites sont
utilisées pour apparier les observations à une
probabilité à peu près égale de recevoir des
observations dans le groupe de contrôle
apparié (c’est-à-dire ceux qui ne reçoivent
pas d’envois de fonds). Di est une observation
accessoire indiquant si l’observation i a reçu
le traitement ou non.
envois de fonds. L’effet des envois de fonds
sur la participation à la population active peut
ensuite être estimé en calculant la différence
entre la participation moyenne à la population
active dans le groupe de traitement et
la participation moyenne à la population
active dans le groupe de contrôle apparié.
Mathématiquement, ceci est donné par :
Tableau 11: Caractéristiques individuelles par envoi de fonds par ménage
TRAVAIL AU SENS STRICTTRAVAIL AU SENS LARGE
N NCoefficient Coefficient
Niveau individuel
Niveau ménage
8955
3129
8955
3129
-0,0206***
(0,0014)
-0,0508***
(0,0009)
-0,0019
(0,0014)
-0,0404***
(0,0008)
Source : EESIC, 2014 Notes : Ajusté en utilisant des poids d’échantillonnage ; *** p <0,01, ** p <0,05, * p <0,1
E[Y1i|Di = 1] - E[Y0i|Di =0]
Le Tableau 8 peut renseigner les covariables
choisies pour expliquer la probabilité qu’un
individu vive dans un ménage ayant reçu
un revenu sous forme d’envoi de fonds. Ces
covariables comprenaient l’âge (ainsi qu’un
quadratique de l’âge), le niveau d’instruction,
une variable fictive pour la situation
matrimoniale, l’île de résidence, le taux de
participation global du ménage (au sens strict
ou large, selon le critère d’intérêt) et la part
d’enfants dans le ménage. Lors du calcul
de l’effet sur la participation au marché du
travail, la variable dépendante d’intérêt était la
participation individuelle au marché du travail
- une variable qui prend la valeur de 1 si la
personne est sur le marché du travail et 0 sinon.
Au niveau des ménages, des variables très
similaires ont été utilisées, notamment l’âge
(et l’âge au carré) du chef de ménage, la part
du ménage dans différentes catégories d’âge
et de niveau d’instruction, la composition de
l’unité familiale au sein du ménage et l’île de
résidence du ménage. Dans ce modèle, la
variable dépendante d’intérêt a été créée en
divisant le nombre de membres actifs d’un
ménage sur le marché du travail par le nombre
de membres du ménage en âge de travailler.
Il s’agit alors d’une mesure de la proportion
du ménage participant au marché du travail.
152
Annexe 8
Bien que l’effet des envois de fonds sur
la participation au marché du travail soit
généralement statistiquement significatif,
l’effet est très faible. Les personnes membres
de ménages recevant des envois de fonds
ne sont que 2,1 points de pourcentage
moins susceptibles de faire partie de la
population active au sens strict et ne sont
pas significativement moins susceptibles,
statistiquement, de participer à la population
active au sens large. Cependant, les
ménages recevant des envois de fonds
ont une part statistiquement moindre de
membres participant au marché du travail
par rapport aux ménages ne recevant pas
d’envois de fonds : le taux de participation du
ménage au marché du travail au sens strict
est en moyenne inférieur de 5,1 points de
pourcentage pour les ménages bénéficiaires
et le taux de participation au marché au
sens large est en moyenne de 4,0 points de
pourcentage inférieure.
Une vérification de la robustesse a également
été effectuée à l’aide de techniques
d’appariement du score de propension
standard. Toutefois, l’appariement au voisin
le plus proche a permis d’obtenir une
correspondance plus équilibrée. Ainsi, les
estimations correspondantes du voisin le plus
proche ont été choisies pour estimer les effets
des envois de fonds dans cette enquête. Les
différences moyennes et les ratios de variance
décrivant la pondération des observations
appariées sont présentés aux Tableaux 10
et 11 pour les individus et les ménages,
respectivement. Il convient également de
noter que les données disponibles pour mener
cette enquête n’incluent pas les envois de
fonds autres qu’en espèces et que, de ce fait,
l’effet global sur la participation au marché
du travail peut être sous-estimé dans ce cas.
Source : EESIC, 2014Notes : Erreurs types entre parenthèses ; ajusté à l’aide de poids d’échantillonnage ; *** p <0,01, ** p <0,05, * p <0,1
Tableau 12: Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail
NARROW LABOR FORCE
N NCoefficient Coefficient
BROAD LABOR FORCE
Niveau individuel
Niveau ménage
8955
3129
8955
3129
-0,0206***
(0,0014)
-0,0508***
(0,0009)
-0,0019
(0,0014)
-0,0404***
(0,0008)
Le Tableau 9 ci-dessous présente les
résultats de l’estimateur du plus proche
voisin au niveau de l’individu et du ménage, à
la fois pour la main-d’œuvre au sens strict et
au sens large, estimée à partir des données
EESIC de 2014. L’effet moyen du traitement
sur les personnes dans le traitement a été
estimé plutôt que l’effet moyen du traitement
dans la population parce qu’il est très peu
probable que les destinataires des envois de
fonds constituent un échantillon aléatoire de
la population.
153
Annexe 8
Tableau 13: Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs
d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau individuel
TRAVAIL AU SENS STRICT
Appariement des scores de propension
Différence moyenne
Différence moyenne
Différence moyenne
Différence moyenne
Appariement des scores de propension
Appariement au voisin le plus proche
Appariement au voisin le plus proche
Ratio de variance
Ratio de variance
Ratio de variance
Ratio de variance
TRAVAIL AU SENS LARGE
Age
Âge au carré
Marié
Rural
Part 0-7
Part 8-14
TPMO du mén.
Enseignement primaire
Enseignement secondaire
Enseignement supérieur
Grande Comore
Anjouan
Mohéli
0,01
0,02
0,06
0,44
0,08
0,03
-0,01
0,03
-0,04
-0,13
0,07
0,25
-0,28
1,03
1,00
1,00
1,19
1,27
1,13
1,02
1,05
0,96
0,83
1,04
1,26
0,26
0,02
0,03
-0,01
0,00
0,01
0,00
-0,02
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
1,06
1,09
1,00
1,00
1,07
1,08
1,16
1,00
1,00
1,00
1,00
1,00
1,00
0,01
0,02
0,06
0,44
0,08
0,03
-0,01
0,03
-0,04
-0,13
0,07
0,25
-0,28
1,03
1,00
1,00
1,19
1,27
1,13
1,02
1,05
0,96
0,83
1,04
1,26
0,26
0,02
0,03
0,00
0,00
0,00
0,00
-0,01
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
1,06
1,09
1,00
1,00
1,06
1,09
1,15
1,00
1,00
1,00
1,00
1,00
1,00
EDUCATION (AUCUNE INSTRUCTION COMME BASE)
ÎLE (MORONI COMME BASE)
Sources: EESIC, 2014
154
Annexe 8
Tableau 14: Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs
d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau du ménage
TRAVAIL AU SENS STRICT
Appariement des scores de propension
Différence moyenne
Différence moyenne
Différence moyenne
Différence moyenne
Appariement des scores de propension
Appariement au voisin le plus proche
Appariement au voisin le plus proche
Ratio de variance
Ratio de variance
Ratio de variance
Ratio de variance
TRAVAIL AU SENS LARGE
Age du chef de ménage
Age du chef de
ménage au carré
Rural
Female Head
Femme chef de ménage
Part des femmes (15-64 ans)
Part 0-7
Part 8-14
Part 65+
Part Primaire
Part Secondaire
Part Supérieur
Parents célibataires
Couple, pas d’enfants
Couple, enfants
Personnes âgées
(65 ans et plus)
Marié
Veuf(ve)/Divorcé(e)
Grande Comore
Anjouan
Mohéli
0,09
0,05
0,67
-0,10
-0,03
0,10
0,04
0,03
0,16
-0,07
-0,19
-0,05
-0,10
0,23
-0,03
0,22
-0,13
0,19
0,24
-0,25
0,85
0,84
1,30
0,92
0,74
0,87
1,14
0,72
1,01
0,73
0,67
0,86
0,82
1,01
0,94
0,75
0,76
1,09
1,24
0,38
0,05
0,06
0,00
0,00
0,04
-0,04
-0,05
0,13
-0,03
0,01
0,04
0,00
0,00
-0,03
0,01
-0,03
0,02
0,00
0,00
0,00
1,07
1,10
1,00
1,00
1,20
0,97
1,08
1,51
0,98
1,10
1,03
1,00
1,00
1,01
1,02
1,05
1,04
1,00
1,00
1,00
0,09
0,05
-0,03
0,67
-0,10
0,10
0,04
0,03
0,16
-0,07
-0,19
-0,05
-0,10
0,23
-0,03
0,22
-0,13
0,19
0,24
-0,25
0,85
0,84
1,30
0,92
0,74
0,87
1,14
0,72
1,01
0,73
0,67
0,86
0,82
1,01
0,94
0,75
0,76
1,09
1,24
0,38
0,05
0,06
0,00
0,00
0,04
-0,04
-0,05
0,13
-0,03
0,01
0,04
0,00
0,00
-0,03
0,01
-0,03
0,02
0,00
0,00
0,00
1.07
1.10
1.00
1.00
1.20
0.97
1.08
1.51
0.98
1.10
1.03
1.00
1.00
1.01
1.02
1,05
1,04
1.00
1.00
1.00
RÉPARTITION DU MÉNAGE PAR ÂGE (PART DES 15-64 ANS OMISE)
ÉDUCATION (PART AUCUNE INSTRUCTION COMME BASE)
COMPOSITION DU MÉNAGE (CÉLIBATAIRE, AUCUN ENFANT OMIS)
SITUATION MATRIMONIALE DU CHEF DE MÉNAGE (CÉLIBATAIRE COMME BASE)
ÎLE (MORONI COMME BASE)
155
Annexe 8
Annexe 9: Profil du secteur privé formel aux Comores
Le secteur privé formel des Comores
comprend environ 1 300 à 1 400 micro, petites
et moyennes entreprises (MPME¹⁷⁵) et emploie
environ 50 000 personnes. Bien qu’il n’existe
pas de définition officielle des MPME dans le
pays, l’Union des Chambres de Commerce,
d’Industrie et d’Agriculture (UCCIA) définit
les différentes catégories d’entreprises en
fonction des critères du chiffre d’affaires
annuel, du nombre d’employés et du volume
d’investissements réalisés, comme suit :
• une micro entreprise emploie de 1 à 3
personnes, réalise un chiffre d’affaires
annuel inférieur à 5 millions de KMF et
un investissement ne dépassant pas 3
millions de KMF. Son régime fiscal est la
taxe professionnelle unique (TPU) ;
• une petite entreprise emploie de 4 à
25 personnes, a un chiffre d’affaires
annuel inférieur à 60 millions de KMF
et un investissement ne dépassant pas
20 millions de KMF. Son régime fiscal
est régi par le Service de la fiscalité des
entreprises (SFE) ;
• • une moyenne entreprise emploie de
26 à 200 personnes, réalise un chiffre
d’affaires annuel inférieur à 4 milliards
KMF et a effectué un investissement ne
dépassant pas 1 milliard KMF. Son régime
fiscal est régi par le Service de la fiscalité
des entreprises (SFE) ;
Les sources de données et d'informations les plus fiables sont l'UCCIA, l'INSEED et les bases de données des
autorités fiscales.
¹⁷⁷
Figure 45: Localisation des entreprises par région
Nombre d’entreprises par île (en thousands)
LOCALISATION ENTREPRISES POURCENTAGE
Anjouan
Mohéli
Grande Comore
Total
457
122
741
1320
35%
9%
56%
100%
Anjouan: 35%
Grande Comore: 56%
Mohéli: 9%
156
Annexe 9
Tableau 15: Répartition des chaînes de valeur agricoles au niveau des îles
NATIONAL GRAND COMORE
ANJOUAN MOHÉLI
Girofle
Vanille
Ylang-Ylang
Lait
Viande de volaille
Œufs
Fruits
(Top 3 –
bananes, avocats,
mangues)
Légumes
(Top 3 –
poivre, tomates,
oignons)
Production, 2017 (vol.)
Production, 2016
(val.)
Producteurs
Organisations de
producteurs
Production, 2017
(vol.)
Production, 2016
(val.)
Producteurs
Coopératives
Exportateurs
Production, 2017
(vol.)
Production, 2016
(val.)
Producteurs
Coopératives
Production
Producteurs laitiers
Vaches laitières
Coopératives
Production
Poulets de chair
Production
Pondeuses
Unités semi-
industrielles
Volaille de
basse-cour
Production
Production
3 600 tonnes
43M USD
11 000 – 12 000
5
35 tonnes
9,7m USD
5 000
>3
3
45 tonnes
7,1m USD
1 150 – 3 200
>18
24,8m lt,
4 140
9 450
>1
76 tonnes
16 000
72 000 – 80 000
155
Plusieurs milliers
>5 000 tonnes
>8 000 tonnes
Production
Producteurs
Production
Producteurs
Préparateurs
Production
Producteur
Distillateurs
Production
Producteurs
laitiers
Vaches laitières
Production*
Poulets de chair
Production*
Pondeuses
Unités semi-
industrielles
5%
<100
80%
4 300
3-6
22,22%
50-100
3
2%
100
9 000
75%
12 000
50%
40 000 – 50
000
60
80%
10 000+
NA
300
1 – 3
66,66%
1000-3000
500
97%
4000
300
25%
4 000
40%
25 000 – 30
000
80
Le plus élevé
Le plus élevé
15%
1 000 – 2 000
20%
400
1 – 3
11,11%
100
100
1%
40
150
NA
NA
10%
7 000
15
Le plus bas
Note : Les estimations de la production se réfèrent à la part des îles dans la production nationale annuelle, en volume. La production * est une estimation basée sur le nombre de têtes.
Intermédiaire
Intermédiaire
157
Annexe 9
Annexe 10: Résumé de la capacité statistique du pays
En 20016, les Comores ont obtenu un score
de 32,55 sur 100 sur l’Indice de performance
statistique (IPS) récemment développé par la
Banque, qui mesure la performance statistique
d’un pays en rapport à quatre dimensions.
La première dimension, Méthodologie,
Normes et Classifications (MNC), examine
si les pays respectent la méthodologie
et les normes recommandées au niveau
international pour la collecte et la production
de données. Les Comores ont obtenu un
score de 20,83 dans cette dimension. Le pays
pourrait mieux appréhender son économie
nationale en adaptant les comptes nationaux
au SCN 2008 et en adoptant la méthode
d’enchainement d’indice annuelle pour
les comptes nationaux et l’année de base
de l’IPC. En outre, les Comores pourraient
améliorer encore leur score en se conformant
aux normes internationales relatives au statut
d’emploi et à la classification de la branche
de production nationale ; et en adoptant le
dernier manuel des statistiques des finances
publiques et la comptabilité d’engagements
pour la comptabilité consolidée de
l’administration centrale.
La section Recensements et enquêtes
(RE) examine si les pays ont effectué des
recensements et enquêtes majeurs sous
la forme et à la fréquence recommandées
à l’échelle internationale. Les Comores ont
reçu une note de 20,00 dans cette dimension.
Aucune information n’était disponible pour
confirmer qu’un recensement des entreprises/
établissements avait été effectué. Il n’existait
pas non plus d’informations permettant
de confirmer si des enquêtes agricoles,
des enquêtes sur la main-d’œuvre ou des
entreprises ou des établissements avaient
été menées de manière indépendante,
conformément aux recommandations
internationales. Le score de cette section peut
être amélioré en réalisant les enquêtes clés
susmentionnées.
En termes de Pratiques de diffusion et
d’ouverture (PDO) évaluant la capacité de
diffusion des systèmes statistiques nationaux,
les Comores ont reçu un score de 0. Aucun site
web n’est disponible pour l’Office National de
la Statistique des Comores. Le sous-score peut
s’améliorer considérablement si les Comores
développent un site web pouvant idéalement
fournir une liste d’enquêtes et des ensembles
de microdonnées (mNADA), ainsi que des
métadonnées. Le site web pourrait également
être utilisé pour partager un calendrier de
publication anticipée, développer et fournir
un portail de données avec accès aux
données de séries chronologiques dans un
format réutilisable et mener une enquête de
satisfaction auprès des utilisateurs.
La quatrième dimension, Disponibilité des
indicateurs clés (DIC), vérifie la disponibilité
des indicateurs de base sélectionnés dans
les organisations et bases de données
internationales. Nous avons établi le score
des pays à l’aide de la base de données
des indicateurs de développement dans le
monde en mars 2017. Les Comores ont reçu
un score de 58,33 avec les données de 2016.
Le score montre que les Comores disposent
des dernières données disponibles sur la
vaccination des enfants, le taux de mortalité
infantile, le taux d’achèvement du primaire,
le taux d’alphabétisation des adultes, l’eau et
l’assainissement, et les comptes nationaux.
Cependant, des données plus récentes sur la
sous-alimentation, le chômage et la pauvreté
font défaut.
Le score total de 32,55 indique qu’il existe
un besoin important d’amélioration du
158
Annexe 10
système statistique dans tous les domaines,
y compris la méthodologie, les normes et
la classification, la capacité de diffusion
et l’ouverture, ainsi que les Objectifs de
Développement Durable récemment adoptés,
afin d’informer correctement le processus
de prise de décision fondé sur des données
factuelles, ainsi que de suivre et d’évaluer les
progrès en matière de développement des
prochaines années.
Annexe 10
159
Tableau 16: Matrice de notation détaillée du SPI pour les Comores
N°
MÉTHODOLOGIE, NORMES ET CLASSIFICATIONS
SCORE 0INDICATEUR SCORE 1 SCORE 0,5 PONDÉRATION
NOTEPONDÉRÉE
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Système de
comptabilité
nationale utilisé
Année de base des
comptes nationaux
Classification de
l’industrie nationale
Année de base
de l’IPC
Classification de la
consommation des
ménages
Classification du
statut d’emploi
Situation
comptable de
l’administration
centrale
Élaboration des
statistiques
de finances
publiques
Élaboration des
statistiques
monétaires et
financières
Abonnement
SGDD/e-GDDS
ECSV
SNA2008/ESA 2010
Enchainement annuel
des indices
Adoption de la dernière
version (CITI Rév. 4,
NACE Rév. 2 ou
classification compatible).
Enchainement annuel des
indices
Suive la Classification de la
consommation individuelle
par fonction (CCIF)
Suivre les directives de
l’Organisation Internationale
du Travail, Classification
internationale du statut
d’emploi (CISP-93).
La comptabilité consolidée
de l’administration centrale
suit la méthode de
comptabilité d’exercice.
Suivre le dernier Manuel
statistique des finances
publiques (2014)
Suivre le dernier Manuel des
statistiques monétaires et
financières (2000) ou Statistiques
monétaires et financières : Guide
de compilation (2008)
Souscrire aux normes NSDD
du FMI
Manuel du SCN1993/
AMQ 2001/ SEC 1995
Au cours des 10
dernières années
La version précédente est
utilisée (CITI Rév. 3,
NACE Rév. 1 ou une
classification compatible).
Au cours des 10
dernières années
N.A
N.A
La comptabilité consolidée
de l’administration centrale
suit la méthode de la
comptabilité de caisse.
La version précédente
est utilisée (MSFP 2001)
N.A
Souscrire aux normes
e-GDDS du FMI
Autrement
Autrement
Autrement
Autrement
Autrement
Autrement
Autrement
Autrement
Autrement
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
12
0
0
0
0
1
0
0
0
1
0,5
0
0Processus de gestion (MGPSA)
Note maximale de la catégorie :
Score Pays MNC = Note pondérée/Note maximale de la catégorie X 100
Score du pays :
2,5
20,83
20,83
Annexe 10
160
N°
N°
RECENSEMENTS ET ENQUÊTES - RECENSEMENTS
RECENSEMENTS ET ENQUÊTES - ENQUÊTE
SCORE 0
SCORE 0
INDICATEUR
INDICATEUR
SCORE 1
SCORE 1
SCORE 0,5
SCORE 0,6 SCORE 0,3
POIDS
POIDS
NOTE PONDÊRÊÊ
NOTE PONDÊRÊÊ
1
2
3
4
5
6
7
8
Recensement de la population et de l’habitat
Recensement de l’agriculture
Recensement des entreprises/établissements
Enquête auprès des ménages sur le revenu/ la consommation/ les dépenses/ le budget/ l’enquête intégrée
Enquête sur l’agriculture
Enquête sur la main-d’œuvre
Enquête sur la santé et la démographie
Enquête sur les entreprises/établissements
Recensement de la population effectué au cours des 10 dernières années
Recensement de l’agriculture effectué au cours des 10 dernières années
Recensement des entreprises/établissements réalisés au cours des 10 dernières années
3 enquêtes auprès des ménages ou plus réalisées au cours des 10 dernières années
3 enquêtes agricoles ou plus réalisées au cours des 10 dernières années
3 enquêtes ou plus sur la main-d’œuvre réalisées au cours des 10 dernières années
3 enquêtes sur la santé ou plus réalisées au cours des 10 dernières années
Au moins 3 enquêtes auprès des entreprises ou des établissements réalisées au cours des 10 dernières années
2 enquêtes auprès des ménages réalisées au cours des 10 dernières années
2 enquêtes agricoles réalisées au cours des 10 dernières années
2 enquêtes sur la main-d’œuvre réalisées au cours des 10 dernières années
2 enquêtes sur la santé réalisées au cours des 10 dernières années
2 enquêtes auprès des entreprises/établissements réalisées au cours des 10 dernières années
1 enquête auprès des ménages réalisée au cours des 10 dernières années
1 enquête agricole réalisée au cours des 10 dernières années
1 enquête sur les forces de travail réalisée au cours des 10 dernières années
1 enquête sur la santé réalisée au cours des 10 dernières années
1 enquête auprès des entreprises/établissements réalisée au cours des 10 dernières années
Recensement de la population effectué au cours des 20 dernières années
Recensement de l’agriculture effectué au cours des 20 dernières années
Recensement des entreprises/établissements réalisés au cours des 20 dernières années
Autrement
Autrement
Autrement
Aucune au cours des 10
dernières années
Aucune au cours des 10
dernières années
Aucune au cours des 10
dernières années
Aucune au cours des 10
dernières années
Aucune au cours des 10
dernières années
1
1
1
1
1
1
1
1
5
8
0,5
0,5
0
0,3
0
0
0,3
0
0,6
1,6
20,00
20,00
Maximum category score: 8
CS Country Score = Weighted Score / Maximum Category Score X 100
Country Score:
161
Annexe 10
N°
N°
PRATIQUES DE DIFFUSION ET OUVERTURE - 1. CAPACITÉ DE DIFFUSION DE L'ONS
PRATIQUES DE DIFFUSION ET OUVERTURE - 2. TRANSPARENCE DES DONNÉES
INDICATEUR
INDICATEUR
SCORE 1
SCORE
SCORE 0 POIDS
POIDS
NOTE PONDÊRÊÊ
NOTE PONDÊRÊÊ
1
2
3
4
5
6
7
8
L’ONS a un calendrier de diffusion préalable et il est publié.
L’ONS a une liste des enquêtes et des ensembles de
microdonnées (ou NADA).
L’ONS dispose d’un portail de données.
Les indicateurs des séries chronologiques peuvent être
téléchargés gratuitement en format réutilisable.
Des métadonnées sont disponibles indiquant la définition, la
méthodologie, les normes ou les classifications des séries
de données existantes.
L’ONS a mené une enquête de satisfaction auprès
des utilisateurs.
Des données géospatiales sont disponibles sur le site web
de l’ONS
Note maximale pour la sous-catégorie : 7
Inventaire ouvert des données : na
Note maximale pour la sous-catégorie : 0
Note maximale de la catégorie : 7
Note du pays OPD = note pondérée/note maximale de la catégorie X 100
Score du pays :
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Score ODIN
/100 : na
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Score ODB:
na
1
1
1
1
1
1
1
7
7
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0,00
0,00
162
Annexe 10
N°
DISPONIBILITÉ DES INDICATEURS CLÉS
SCORE 0INDICATUER SCORE 1 - DONNÉES DISPONIBLES POUR LES
3 DERNIÈRES ANNÉS
POIDS NOTE PONDÊRÊÊ
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Taux de pauvreté aux seuils de pauvreté nationaux
(% de la population)
Taux de mortalité des moins de 5 ans
(pour 1 000 naissances vivantes)
Vaccination contre la rougeole
(% des enfants âgés de 12 à 23 mois)
Taux d’achèvement du cycle primaire, total
(% du groupe d’âge concerné)
Taux d’alphabétisation, total des adultes
(% des personnes âgées de 15 ans et plus)
Source d’eau améliorée
(% de la population ayant accès à l’eau)
Chômage, total (% de la population active totale)
(estimation nationale)
Industrie manufacturière, valeur ajoutée (% du PIB)
Formation brute de capital (% du PIB)
Inflation, déflateur du PIB (% annuel)
Échanges nets de biens et services
(BdP, en dollars courants)
Prévalence de la sous-alimentation
(% de la population)
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
12
0
1
1
1
1
1
0
0
1
1
0
0
7
58,33
58,33
32,55
Note maximale de la catégorie : 12
Disponibilité des indicateurs clés Score du pays = Score pondéré du pays/Score maximal
de la catégorie X 100
Score du pays :
Score total de l’IPS
163
Annexe 10
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