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ÉTUDE DIAGNOSTIQUE SYSTÉMATIQUE DE PAYS Pour une Union des Comores plus unie et plus prospère Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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ÉTUDE DIAGNOSTIQUE

SYSTÉMATIQUE DE PAYSPour une Union des Comores plus unie et plus prospère

Pub

lic D

iscl

osur

e A

utho

rized

Pub

lic D

iscl

osur

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rized

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ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES

i

Page 3: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

ASS

CMVT

CPIA

DeMPA

FMI

ICH

IDA

IDE

IDH

IDM

IFC

INRAPE

MIDA

MPME

ODD

OMD

ONG

OPD

OSC

PCE

PEFA

PFR

PIB

PPP

PTF

R&D

RNB

SADC

SE

TIC

UE

ZEE

Afrique subsaharienne

Conseil mondial du Voyage et du Tourisme

Évaluation de la politique et des institutions nationales

Évaluation de performance en matière de gestion de la dette

Fonds monétaire international

Indice du capital humain

Association internationale de développement

Investissements directs étrangers

Indice de développement humain

Indicateurs du développement mondial

Société financière internationale

Institut national de recherche sur l’agriculture, la pêche et l’environnement

Migrations pour le développement en Afrique

Micro, petites et moyennes entreprises

Objectifs de développement durable

Objectifs du millénaire pour le développement

Organisations non gouvernementales

Opération de politique de développement

Organisation de la société civile

Programme de citoyenneté économique

Evaluation de la performance des finances publiques

Pays à faible revenu

Produit intérieur brut

Partenariat public-privé

Productivité totale des facteurs

Recherche et développement

Revenu national brut

Communauté de développement de l’Afrique australe

Sociétés d’Etat

Technologies de l’information et de la communication

Union européenne

Zone économique exclusive

ii

Page 4: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Nous souhaitons remercier les membres de l’équipe pays des Comores issus de

toutes les Pratiques mondiales et de la Société Financière Internationale, ainsi que

les nombreux intervenants aux Comores (autorités gouvernementales, groupes

de réflexion, universités, organisations de la société civile et autres partenaires au

développement), qui ont contribué à la préparation de ce document dans le cadre

d’une forte collaboration (voir Annexe 1). Nous leur sommes reconnaissants pour leurs

contributions, leurs connaissances et leurs conseils.

Ce rapport a été préparé par une équipe dirigée par Carolin Geginat (Chef de

programme EFI, AFSC2) et José Luis Diaz Sanchez (Economiste Pays, GMTA4). Marco

Ranzani (Economiste principal Pauvreté, GPV01) et Neelam Verjee (Spécialiste du

Développement Social, GTFSA) ont été au cœur de l’équipe et un important travail

de fond a été réalisé par Nadia Belhaj Hassine Belghith (Economiste principale

Pauvreté, GPV01) en vue de ce rapport. L’équipe remercie chaleureusement Mark

Lundell (Directeur Pays, AFCS2), Mathew Verghis (Directeur de Pratique, GMTA4),

Magnus Lindelow (Directeur de Pratique, GHN01), Rasit Pertev (Représentant

résident, AFMKM) et Said Ali Said Antoissi (Chargé des Opérations, AFMKM), Thomas

Buckley (Coordonnateur du Programme Pays, AFCMZ), Raymond Bourdeaux (Chef

de programme SD, AFCS2) et Peter Holland (Chef de programme HD, AFCS2). Le

tableau ci-dessous donne la liste complète des membres de l’équipe qui ont fourni

des contributions écrites à l’EDSP. L’équipe tient à remercier les pairs examinateurs

Alexis Sienaert (Economiste principal, CROCR), Robert Swinkels (Economiste principal,

GPV07), Rafael Munoz Moreno (Chef de programme, LCC5C) et Johannes Hoogeveen

(Economiste principal, GPV06) pour leurs commentaires très utiles. Enfin, nous

voudrions également remercier Joana Mota (Consultante) pour son excellent soutien

à la recherche et Cybil Maradza pour le design du document final.

REMERCIEMENTS

iii

Remerciements

Page 5: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Protection sociale

Santé et genre

Education

Pauvreté

Macro

Secteur financier

Transport

Secteur privé et commerce

Agriculture

Pêche

Énergie

Gouvernance

TIC

Emplois

Fragilité

Développement social

Eau

GRC

Environnement et ressources naturelles

IFC

Andrea Vermehren

Voahirana Hanitriniala Rajoela, Tazeen Hasan

Peter Holland

Marco Ranzani, Djibril Ndoye

José Luis Diaz Sanchez, Shireen Mahdi, Natasha Sharma

Brinda Devi Dabysing, Nicholas Timothy Smith, Julian Casal

Papa Mamadou Fall, Atsushi Iimi

Yannick Saleman, Eneida Fernandes, Lorenzo Bertolini, Claire Hollweg

Ashesh Prasann

Xavier Vincent, Maminiaina Rasamoelina, Julien Million

Jan Friedrich Kappen, Ewa Katarzyna Klimowicz

Tiago Carneiro Peixoto, Heriniaina Mikaela Andrianasy, Helene Grandvoinnet

Tim Kelly, Isabella Maria Linnea Hayward

Andrea Vermehren, Julia Rachel Ravelosoa, Federica Ricaldi, Marco Ranzani, Arvo Kuddo

Neelam Verjee

Jana El-Horr

Chris Heymans, Nicholas Kudakwashe Tandi

Ana Campos Garcia

Maminiaina Solonirina Rasamoelina

Kailash Sharma Ramnauth, Ugo Amoretti

SECTEUR OU THÈME MEMBRES DE L'ÉQUIPE DE L'EDSP

iv

Remerciements

Page 6: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

1 RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF 1

2 INTRODUCTION 26

3 RENCONTRE AVEC LES COMORES - LE CONTEXTE 30

Géographie et société 31

Contexte politique 33

Structure de l’économie 36

Présentation du contexte macro-économique 39

Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement les

Objectifs de développement durable 42

4 IDENTITÉ ET INSTITUTIONS AUX COMORES 44

Portée limitée de l’État 48

Sources de résilience 53

5 PAUVRETÉ ET PROSPERITÉ PARTAGÉE AUX COMORES 57

Performance des Comores en rapport au Double Objectif 58

Pauvreté 58

Prospérité partagée et inégalités 61

Aspects non monétaires de la pauvreté 62

Facteurs de la réduction de la pauvreté et de l’accroissement des inégalités depuis 2004 64

6 COMPRENDRE LA FAIBLE PERFORMANCE DES COMORES EN MATIÈRE DE CROISSANCE 77

Que faudrait-il pour que les Comores échappent à cet équilibre en faible croissance ? 81

Contribution du capital 82

Contribution du travail et du capital humain 90

Croissance de la productivité totale des facteurs 95

Points d’entrée pour accroître la productivité dans l’agriculture et la pêche 98

Points d’entrée pour améliorer le potentiel de l’industrie du tourisme 100

7 RISQUES POUR LA PÉRENNITÉ DE LA CROISSANCE ET

DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRÉTE AUX COMORES 102

Risques économiques 103

Risques environnementaux 107

Risques politiques et sociaux 111

SOMMAIRE

v

Page 7: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

8 VOIES ET PRIORISATION 115

Annexe 1 Description des indicateurs utilisés pour le Tableau de priorisation 134

Annexe 2 Résultats des consultations pour l’EDSP 136

Annexe 3 Chronologie de l’Histoire des Comores 141

Annexe 4 Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable aux Comores 143

Annexe 5 Décomposition de l’inégalité urbaine-rurale 146

Annexe 6 Décomposition de la croissance de la consommation 147

Annexe 7 Décomposition des inégalités 149

Annexe 8 Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail 151

Annexe 9 Profil du secteur privé formel aux Comores 156

Annexe 10 Résumé de la capacité statistique 158

BIBLIOGRAPHIE 164

RÉFÉRENCES DES IMAGES 169

LISTE DES FIGURES vi

Figure 1 : Contribution des facteurs à la croissance potentielle du PIB 3

Figure 2 : Richesse totale par habitant, Comores et pays de comparaison 8

Figure 3 : Résumé des interactions entre les trois Voies 15

Figure 4 : Evolution démographique, Comores et pays de comparaison 32

Figure 5 : Taille du secteur agricole, Comores et comparateurs 37

Figure 6 : Productivité du travail 40

Figure 7 : Inflation, Comores et comparateurs 41

Figure 8 : Pays classés comme fragiles par le Groupe de la Banque mondiale, selon la notation CPIA 45

Figure 9 : Envois de fonds, Comores et comparateurs 50

Figure 10 : Indicateurs d’incidence de la pauvreté par région et entre comparateurs 59

Figure 11 : Indicateurs de pauvreté pour les Comores 60

Figure 12 : Portrait de la vie aux Comores par revenu et par région 60

Figure 13 : Progrès en matière d’inégalité et de prospérité partagée aux Comores 61

Figure 14 : Inégalité par région et par île aux Comores 63

Figure 15 : Dimensions du bien-être et indicateurs de la méthode 63

Figure 16 : Indicateurs multidimensionnels de privation par région et par île aux Comores 64

Figure 17 : Destination des envois de fonds 65

Figure 18 : Indicateurs multidimensionnels de la pauvreté aux Comores 66

Figure 19 : Accès aux infrastructures de base 67

Figure 20 : Structure démographique Comores 68

Figure 21 : Dépenses publiques sur la santé et l’éducation, Comores et comparateurs 70

Figure 22 : Indicateurs 1 de santé et de bien-être, Comores et comparateurs 71

Figure 23 : Ecart d’apprentissage 72

Figure 24 : Indicateurs de santé et de bien-être, Comores et comparateurs 75

Figure 25 : Impact de la stabilité politique sur la croissance 79

Figure 26 : Facteurs de la croissance du PIB du côté de la demande 80

Figure 27 : Offre et facteurs sectoriels de la croissance du PIB aux Comores 81

Figure 28 : Investissement et accumulation de capital 84

vi

Sommaire

Page 8: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 29 : IDE et investissements privés, Comores et comparateurs 87

Figure 30 : Indicateurs de gouvernance et climat des affaires 88

Figure 31 : Coûts de l’électricité, Comores et comparateurs 89

Figure 32 : Les tarifs portuaires dans les deux principaux ports des Comores (Moroni et Mutsamudu) sont

cinq fois plus élevés qu’à Maurice et trois fois plus élevés qu’à Mombasa 90

Figure 33 : Tendances migratoires et capital humain aux Comores 91

Figure 34 : Population active et chômage selon l’âge 93

Figure 35 : Capital humain aux Comores 94

Figure 36 : Secteur du mobile aux Comores et comparateurs 97

Figure 37 : Frais de transport aux Comores 98

Figure 38 : Balance commerciale, Comores et comparateurs 104

Figure 39 : Dépenses courantes couvertes par les recettes fiscales 105

Figure 40 : Indicateurs de richesse 108

Figure 41 : Ressources internes renouvelables en eau douce par habitant (milliers de mètres cubes) 109

Figure 42. Les Comores : un pays parmi les plus vulnérables au changement climatique mais parmi les

moins bien préparés à y faire face 110

Figure 43 : Dépenses de santé 113

Figure 44 : Résumé des interactions entre les trois Voies 122

Figure 45 : Localisation des entreprises par région 156

LISTE DES TABLEAUX vii

Tableau 1 : Principales contraintes et priorisation 25

Tableau 2 : Comores et pays de comparaison 28

Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35

Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques 42

Tableau 5 : Indice du capital humain et ses composantes par catégorie de revenu 71

Tableau 6 : Résumé des Voies et des contraintes clés 123

Tableau 7 : Contraintes clés et priorisation 133

Tableau 8 : Décomposition inconditionnelle de l’inégalité urbaine/rurale de la consommation réelle

mensuelle par habitant 146

Tableau 9 : Décomposition de la croissance de la consommation 148

Tableau 10 : Décomposition de l’inégalité 150

Tableau 11 : Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail 152

Tableau 12 : Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs

d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau individuel 153

Tableau 13 : Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs

d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau du ménage 154

Tableau 14 : Répartition des chaînes de valeur agricoles au niveau des îles 155

Tableau 15 : Matrice de notation détaillée du SPI pour les Comores 157

LISTE DES ENCADRÉS vii

Encadré 1 : Les Comores en tant que destination touristique 38

Encadré 2 : Le Grand mariage 46

Encadré 3 : Le Programme de citoyenneté économique des Comores 52

Sommaire

vii

Page 9: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Encadré 4 : Qu’est-ce qui constitue le capital humain et comment le mesurer ? 73

Encadré 5 : Domaines de réforme de la politique fiscale et de l’administration fiscale 82

Encadré 6 : Régime foncier des Comores 86

Encadré 7 : Performance des entreprises d’État - l’exemple du secteur des télécommunications

aux Comores 96

Encadré 8 : Risques pour la stabilité financière provenant de la SNPSF 105

Sommaire

viii

Page 10: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF

1

Page 11: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Les Comores, parfois appelées les « îles

parfumées » en raison de leur beauté

parfumée, constituent un archipel situé

sur les anciennes routes commerciales de

l’océan Indien. Cette nation insulaire abrite

800 000 habitants répartis un territoire ne

dépassant pas 1 800 kilomètres carrés, situés

entre les rives de la Tanzanie, du Mozambique

et de Madagascar, ce qui en fait un pays

densément peuplé. Le patrimoine culturel

des Comores tire ses origines de l’Afrique, du

Moyen-Orient et de l’Europe et 98 pour cent

de la population adhère à une forme d’Islam

sunnite. La population des Comores est

majoritairement jeune en raison d’un son taux

de fécondité élevé (quoiqu’en lente baisse).

Les femmes jouent un rôle important dans la

société en raison de traditions matrilinéaires,

mais ont tendance à faire entendre leur voix

à l’arrière-plan du foyer comorien plutôt

que sur la place publique. Historiquement,

l’émigration a toujours été un fait important

de la société, un tiers de la population vivant

hors du pays. Les émigrés ont des liens étroits

avec leurs communautés d’origine et a envoyé

des fonds représentant en moyenne 13 pour

cent du PIB annuel au cours de la dernière

décennie, faisant des Comores l’un des plus

gros bénéficiaires d’envois de fonds parmi les

pays d’Afrique subsaharienne.

Sur le plan politique, les Comores ont connu

une longue instabilité politique depuis leur

accession à l’indépendance en 1975. Bien que

les conflits aux Comores aient généralement

été de faible ampleur, les affrontements ayant

rarement fait plus de cinq morts, l’instabilité

politique y est récurrente, tel que l’illustre le

chiffre de 21 coups militaires, manqués ou

aboutis, et diverses tentatives de sécession

de certaines des îles. Les mercenaires ont

joué un rôle politique dans les différents

gouvernements. Depuis 1975, les Comores

ont connu cinq constitutions différentes. Tous

ces facteurs ont fait qu’il a été difficile les des

institutions formelles de s’enraciner et d’établir

leur légitimité. Les communautés locales font

face à l’absence de l’État en s’appuyant sur les

structures de gouvernance traditionnelles et

sur l’auto-financement alimenté par la diaspora.

En conséquence, certains observateurs des

Comores qualifient le pays de « confédération

de villages » plutôt que d’État-nation.

L’économie des Comores est peu diversifiée

et compte parmi les plus tributaires des

importations de produits alimentaires au

monde. Le commerce (essentiellement

informel) et les services publics représentent

la moitié de l’économie. Trente pour cent (30%)

de l’économie sont générés par l’agriculture

pratiquée dans de petites exploitations

familiales et dont les produits sont destinés

principalement à la consommation

domestique. Malgré la forte présence du

secteur agricole dans l’économie comorienne,

le pays satisfait l’essentiel de ses besoins

alimentaires par des importations. Près de

40 pour cent de toutes les importations

sont constituées de denrées alimentaires.

La faible connectivité entre les trois îles

entraîne des coûts de transport élevés. Cette

absence d’infrastructures de soutien (telles

que l’entreposage, le stockage frigorifique,

etc.) limite la capacité des zones à forte

productivité à approvisionner les marchés

urbains en croissance à des prix pouvant

rivaliser avec ceux des importations.

La performance des Comores en matière de

développement depuis 1975 a été façonnée

par trois caractéristiques déterminantes.¹

En raison de ces trois caractéristiques, les Comores sont comparées dans l'ensemble de la présente convention à

d'autres petits États insulaires ayant des revenus similaires, qui partagent un certain niveau de fragilité et de dépendance

vis-à-vis des envois de fonds. Voir le Chapitre 2 pour la liste complète des pays de comparaison.

¹

1. Résumé Éxécutif

2

Page 12: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Premièrement, le pays a une géographie

économique difficile : sa petite taille, son

éloignement et l’inaccessibilité de son

territoire font que les Comores souffrent, à

l’image d’autres petites îles, de problèmes

de déséconomie d’échelle, de marchés très

concentrés, d’un manque de concurrence

et d’un coût de la vie élevé résultant des

coûts de transport et de commerce élevés.

Deuxièmement, la fragilité politique et la

faiblesse des institutions formelles ont

exacerbé ces difficultés dans la mesure où

elles fragmentent davantage un pays déjà

petit, étant donné que l’État central, les îles

et les communautés locales offrent à la

population des structures de gouvernance

concurrentes, qui empêchent souvent une

collaboration productive. Troisièmement, les

envois de fonds ont contribué à approfondir

une trajectoire de croissance tirée par la

consommation et à une inégalité dans le

progrès vers la prospérité partagée : ils

permettent en effet à de nombreux Comoriens

de se sortir de la pauvreté tout en laissant pour

compte ceux qui ne peuvent pas compter sur

les réseaux de la diaspora.

Ces caractéristiques ont entraîné un

paradoxe de croissance faible et de pauvreté

modérée. Dans un contexte de stagnation

du PIB par habitant et de fragilité politique et

institutionnelle, le pays parvient tout de même

à réduire la pauvreté à des taux qui soutiennent

la comparaison à ceux d’autres pays à revenu

intermédiaire. Malgré une croissance toujours

faible, les Comores sont aujourd’hui un pays à

revenu moyen-inférieur (RNB par habitant de 1

280 USD en 2017, méthode de l’Atlas). Comme

le montre cette analyse, ce paradoxe s’explique

dans une large mesure par les importants flux

de fonds envoyés par une diaspora comorienne

grandissante. Près de quatre ménages sur dix

reçoivent des envois de fonds et les ménages

qui en bénéficient sont en moyenne moins

susceptible d’être pauvres à hauteur de 11

points de pourcentage que ceux qui ne peuvent

pas compter sur les transferts d’un membre de

la famille. Toutefois, comme les flux de fonds

sont très localisés dans l’une des trois îles, ils

ont également aggravé les disparités existantes.

Croissance

Après une forte volatilité au cours

des premières décennies qui ont suivi

l’indépendance, la croissance des Comores

s’est stabilisée à partir des années 2000

dans un équilibre persistant, caractérisé

par une faible croissance. Depuis lors, le

taux de croissance réel moyen du PIB par

habitant a été de 0,3 pour cent, le faible taux

de croissance de l’économie ne parvenant

pas à suivre le taux de fécondité élevé. La

croissance a été principalement tirée par la

demande, alimentée par les envois de fonds de

la diaspora. Du côté de l’offre, la main-d’œuvre

a été le principal facteur de croissance, mais

sans réaliser son potentiel en raison d’une

très faible participation à la population active

(voir Figure 1). La contribution du capital à la

croissance a été faible en raison d’un manque

d’épargne et d’investissement. La croissance

Figure 1: Contribution des facteurs à la

croissance potentielle du PIB4

3

2

1

0

-1

-2

Contribution TFP

Contribution du capital

Contribution de la main-d'oeuvre

Croissance potentielle du PIB

Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale à partir des comptes nationaux révisés des Comores et l’IDM

1991-1995 1996-2000 2001-2005 2006-2010 2011-2017

1. Résumé Éxécutif

3

Page 13: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

de la productivité a été pratiquement nulle,

voire négative certaines années.

Les taux d’épargne et d’investissement

nationaux ont toujours été faibles aux

Comores, ce qui a eu des effets négatifs sur la

croissance. Les taux d’épargne nationaux bruts

aux Comores ont représenté en moyenne 5,9

pour cent du PIB depuis le début du siècle,

soit la moitié de la moyenne de l’Afrique

subsaharienne. L’épargne et l’investissement

publics sont limités par la faible mobilisation

des recettes intérieures et par un budget axé

sur la consommation. Le recouvrement des

recettes aux Comores est très faible, avec

une moyenne de 7 pour cent du PIB pour la

période 2000-2017. La faiblesse de la politique

et de l’administration fiscale, associées à un

faible niveau d’activité économique formelle,

limitent la base des recettes et contribuent à

la faible performance en termes de recettes

intérieures. L’importante masse salariale

laisse très peu de place aux dépenses pour

des domaines tels que les services sociaux,

l’éducation ou les projets d’infrastructure.

Une forte dépendance vis-à-vis de recettes

extérieures volatiles représente un défi pour

la planification budgétaire à moyen terme et

sape la dynamique des réformes structurelles.

Au cours des 10 dernières années, les dons

étrangers ont représenté entre 27 et 51 pour

cent du total des revenus.

Les Comores n’ont pas été en mesure

d’établir un climat de confiance propice à

l’investissement privé. L’instabilité politique

a fortement dissuadé l’investissement aux

Comores. En outre, le climat général des

investissements est mauvais, en particulier

en ce qui concerne les infrastructures et

la réglementation ; l’état de droit n’est

souvent pas respecté, ce qui remet en cause

le caractère exécutoire des contrats. Le

système financier (à l’exception de certaines

institutions de microfinance) jouit de peu de

confiance en raison d’interférences politiques

et d’un système judiciaire plus favorable aux

créanciers non payeurs qu’aux institutions

prêteuses. Les entreprises sous tutelle

publique fournissent des services coûteux de

qualité médiocre et représentent une charge

pour les finances publiques dans la mesure

où elles empêchent des investissements plus

efficaces, de tels investissements pouvant

stimuler l’activité du secteur privé.

La contribution du capital humain à la

croissance est limitée par les mauvaises

conditions de santé et d’éducation et

l’économie peine à créer des emplois. Les

Comores ont l’un des taux d’activité des

femmes les plus bas de la région et le taux de

chômage des jeunes est élevé, en particulier

chez les demandeurs d’un premier emploi.

Alors que les investissements aux Comores

faiblissent, l’activité du secteur privé se modifie

également, ce qui entraîne une économie qui

peine à créer des opportunités économiques

et des emplois pour sa population. En

conséquence, l’émigration a été multipliée

par trois au cours des 25 dernières années,

avec une part croissante de femmes quittant

le pays. Et comme les émigrés envoient

des fonds à leurs familles restées au pays,

cela n’incite pas les membres de la famille

aux Comores à contribuer au travail. La

productivité des personnes actives sur le

marché du travail est limitée par les conditions

d’éducation et de santé dans le pays.

Les Comores ne mettent pas à profit leur

potentiel en ressources. Les actifs naturels

abondent aux Comores, mais ils sont mal

gérés et risquent d’être gaspillés. Les

Comores sont dotées d’un sol volcanique

fertile, de bons niveaux de précipitations,

de beaux paysages et d’une zone de pêche

économique représentant 70 fois la superficie

de son territoire terrestre. Le pays avait aussi

une couverture forestière étendue. Ses

1. Résumé Éxécutif

4

Page 14: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

paysages, sa topographie et son histoire

pourraient faire des Comores un lieu privilégié

pour le tourisme. Cependant, la faible capacité

de gestion publique et les pressions exercées

sur les revenus par les communautés qui

dépendent de la pêche et de l’agriculture pour

leur subsistance ont conduit à un épuisement

progressif des actifs naturels. Depuis 1990,

les Comores perdent tous les quatre ans 1

pour cent de leur couvert forestier au profit de

terres agricoles. Avec la disparition de la forêt,

l’érosion croissante a entraîné une baisse de

la fertilité des sols. Les ressources internes

renouvelables en eau douce sont soumises

à des pressions extrêmes et l’écosystème

maritime est menacé par la surpêche d’une

variété d’espèces.

Etant une très petite économie ouverte avec de

faibles exportations et un déficit commercial

important, les Comores sont vulnérables aux

chocs externes. La capacité d’exportation des

Comores est faible et est concentrée dans trois

produits seulement : le clou de girofle, l’ylang-

ylang et la vanille. Les recettes d’exportation

représentent moins de la moitié des dépenses

d’importation dans l’agriculture. Le déficit des

échanges de biens et de services s’est établi en

moyenne à 19 pour cent du PIB sur la période

2011-2017 et est compensé par d’importants

envois de fonds (estimés à 12 pour cent du PIB

sur la période 2011-2017). Par ailleurs, le volume

important de dons extérieurs (estimés à 8 pour

cent du PIB sur la période 2011-2017) a permis

de contenir le déficit du compte courant (3,2

pour cent du PIB en moyenne sur la période

2011-2017). Le franc comorien a été rattaché au

franc français depuis son indépendance, puis

à l’euro depuis 1999 (actuellement à 490 KM

pour un euro), ce qui a aidé la Banque Centrale

à maintenir l’inflation à un taux faible et les

réserves de change à des niveaux suffisants.

Depuis l’introduction de l’ancrage à l’euro,

le franc comorien s’est parfois écarté de ses

fondamentaux à moyen terme, combinant

des périodes de surévaluation (par exemple,

la période 1995-1999) à des périodes de sous-

évaluation (par exemple, la période 2002-2005).

Pauvreté et inclusion

Les Comores ont atteint des taux de pauvreté

comparables à ceux des pays les plus riches

de son groupe de revenu, mais il existe des

disparités régionales. Six Comoriens sur dix

peuvent être considérés comme non pauvres

en référence au seuil de pauvreté international

des pays à revenu moyen-inférieur (3,2 USD

par jour) et seuls deux Comoriens sur dix vivent

dans l’extrême pauvreté. Les chances de sortir

de la pauvreté sont élevées aux Comores : un

quart de la population pauvre pourrait sortir

Malgré les progrès accomplis dans la réduction de la pauvreté, une large partie de la population reste vulnérable.

1. Résumé Éxécutif

5

Page 15: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

de la pauvreté si ses revenus augmentaient

de seulement 0,7 USD par jour. Cependant, la

moyenne dissimule les différences entre les

îles et entre le milieu rural et le milieu urbain

en matière de pauvreté. Ceux qui vivent à

Anjouan et à Mohéli ont respectivement 8

et 6 pour cent plus de risques de vivre dans

la pauvreté que ceux qui vivent à la Grande

Comore. L’incidence de la pauvreté est la plus

faible à Moroni - la principale ville de la Grande

Comore et capitale de l’Union des Comores.

Malgré de nettes disparités géographiques,

les principaux facteurs de pauvreté pour

l’ensemble des Comores sont la taille de

la famille, le secteur d’emploi du chef de

ménage et son niveau d’instruction. La

pauvreté chez les ménages augmente de

manière constante avec le nombre d’enfants,

atteignant un taux de 70 pour cent chez les

ménages de cinq enfants ou plus, contre

moins de 20 pour cent chez les ménages

sans enfant. La pauvreté est élevée chez ceux

qui travaillent dans l’agriculture et beaucoup

moins chez les employés, en particulier

dans le secteur des services, l’industrie et le

commerce. Moins de 10 pour cent des pauvres

travaillent dans le secteur public. L’éducation

primaire ne suffit pas, à elle seule, à accroître

les chances des pauvres de se sortir de la

pauvreté. Il existe un écart considérable en

termes de pauvreté entre les ménages dont

le chef a fait des études secondaires ou

supérieures et ceux dont le chef n’a pas ou a

peu d’enseignement primaire.

Le progrès vers la prospérité partagée a

été modeste. Alors que la consommation

moyenne par habitant a augmenté d’environ 30

pour cent entre 2004 et 2014, la consommation

moyenne des pauvres et des 40 pour cent les

plus pauvres de la population n’a augmenté

que d’environ 4 pour cent et 15,5 pour cent

respectivement. À 44,9, le coefficient de

Gini des Comores est légèrement supérieur

à celui de l’Afrique subsaharienne (42,3) et

significativement supérieur à celui de ses

homologues structurels (32,9). Les disparités

sont plus prononcées en milieu rural et à

Anjouan où le sous-emploi en rapport au

revenu (et non au temps) est élevé.² Pour

réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici

2030, les ménages comoriens situés au bas

de la répartition devront avoir une croissance

de la consommation deux fois plus rapide que

la moyenne. En revanche, si les pauvres tirent

profit de la croissance économique au même

rythme que par le passé, l’extrême pauvreté

aux Comores ne baissera que modestement,

passant de 18 pour cent en 2014 à environ 15

pour cent d’ici 2030.

Malgré les progrès réalisés sur les mesures

de pauvreté monétaire et non monétaire,

les deux tiers de la population restent

vulnérables aux privations. Compte tenu des

aspects non monétaires de la pauvreté, des

progrès ont été réalisés avec l’amélioration de

l’accès à la scolarisation et aux conditions de

vie, mais l’accès aux services de base reste

un défi. L’incidence de la privation - mesurée

par la proportion de la population démunie

dans au moins un tiers des dimensions du

bien-être, telles que la consommation et les

mesures de la pauvreté multidimensionnelle

- est tombée de 85 pour cent à 75 pour cent

entre 2004 et 2014. La population comorienne

connaît de grandes privations dans plusieurs

dimensions du bien-être, notamment l’accès

à l’électricité et aux combustibles de cuisson

efficaces, suivi de l’assainissement et de la

possession d’actifs. Mohéli et Anjouan sont

confrontés aux niveaux les plus élevés de

privation, tandis que les ménages de la Grande

Environ un quart de la main-d'œuvre souffre d'un sous-emploi lié au revenu (par opposition au sous-emploi lié au temps

qui est faible aux Comores), le taux de sous-emploi le plus élevé étant à Anjouan.

²

1. Résumé Éxécutif

6

Page 16: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Comore semblent être mieux lotis.

Les inégalités entre les îles ont contribué à

créer un sentiment de déséquilibre et une

perception d’inéquité qui ont pu contribuer

à l’instabilité politique dans le passé. La

persistance intergénérationnelle de la

pauvreté et des inégalités est principalement

imputable à la région de naissance de la

personne (telles que l’île). Les inégalités et

les disparités entre les îles se traduisent

également par des inégalités dans les

indicateurs de développement et l’offre de

services : par exemple, le taux d’accès à

l’électricité va de 65 pour cent à la Grande

Comore à 50 pour cent à Anjouan et à 20

pour cent à Mohéli. Les envois de fonds

ont contribué de manière significative à la

réduction de la pauvreté, mais en raison

de leur nature localisée, ils aggravent les

déséquilibres régionaux. La plupart des

envois de fonds vont à la Grande Comore

(environ 84 pour cent), l’objectif principal de

ces envois étant historiquement de financer

les dépenses élevées liées à l’organisation du

Grand mariage (voir Encadré 1 du Chapitre 3

pour de plus amples informations sur cette

tradition), tradition qui est plus courante sur

l’île centrale de l’Union des Comores.

Risques pour la durabilité de la croissance et la réduction de la pauvreté

La durabilité de la croissance et le

progrès vers la prospérité partagée aux

Comores sont confrontés à des risques

économiques, sociaux et environnementaux.

Un déséquilibre structurel continu entre la

mobilisation des ressources nationales et les

dépenses courantes compromet la capacité

à entreprendre des investissements propices

à la croissance et à fournir des services de

base pour réduire la pauvreté. Une grande

vulnérabilité au changement climatique –

combinée à une faible capacitée d’adaptation

- entraîne une vulnérabilité physique des

populations et fragilise le principal secteur de

production, l’agriculture. La protection sociale

aux Comores dépend presque exclusivement

des envois de fonds, mécanisme qui a fait

preuve d’une grande résilience au cours des

dernières décennies mais qui ne profite qu’à

certains groupes de la population. Les taux de

chômage élevés chez les jeunes (en 2014, un

jeune comorien en âge de travailler sur deux

était sans emploi) montrent non seulement

qu’il y a un atout sous-utilisé pour la croissance,

mais qu’il existe un groupe démographique qui

peut également représenter un risque social

avec l’accroissement des activités illégales

(notamment le trafic de stupéfiants et le trafic de

migrants) et l’influence croissante de religieux

au discours plus radical dans le contexte d’une

connectivité mondiale croissante.

L’ i n s t a b i l i té p o l i t i q u e re s te u n e

préoccupation à la fois pour la durabilité de

la croissance et pour la cohésion nationale

et sociale. L’instabilité politique généralisée

a été en partie un facteur de tension et de

méfiance entre les îles. En dépit de leur

identité sociolinguistique commune et de la

force unificatrice de l’Islam, les déséquilibres

entre les îles ont creusé les divisions. Ces

divisions ont culminé lors des tentatives de

sécession d’Anjouan et de Mohéli (de l’Union)

en 1997, puis à nouveau d’Anjouan en 2007.³

En 1997, les îles d'Anjouan et de Mohéli ont toutes deux déclaré leur indépendance. Mohéli, qui avait déjà revendiqué

son indépendance sans succès en 1991, a rejoint la République des Comores en 1998, après médiation de l'Union

africaine. Anjouan est restée indépendante jusqu'à la signature de l'accord de réconciliation nationale (Accords de

Fomboni) en février 2001. Une nouvelle tentative sécessionniste d'Anjouan a eu lieu en 2007, lorsque Mohamed

Bacar a refusé de quitter son poste après avoir atteint sa limite constitutionnelle de mandat. Cela a poussé à une

intervention militaire dirigée par l'Union africaine pour le destituer.

³

1. Résumé Éxécutif

7

Page 17: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Un accord de réconciliation nationale conclu

en 2001 - l’Accord de Fomboni - a introduit le

système de présidence tournante entre les

îles, contribuant à ouvrir la Voie à une suite

de transitions pacifiques et démocratiques

depuis 2002. Un référendum organisé le 30

juillet 2018 a donné au gouvernement le feu

vert pour redéfinir les arrangements politiques

du pays (voir le Tableau 2 au Chapitre 3

pour de plus amples informations sur les

modifications constitutionnelles apportées

par le référendum).

La durabilité est particulièrement menacée par

un risque important, celui de l’épuisement de la

richesse des ressources humaines, productives

et naturelles des Comores, à cause d’un bilan

médiocre en matière d’investissement et de

préservation (voir Figure 2). La richesse par

habitant des Comores - telle que mesurée par

le rapport de la Banque mondiale Wealth of

Nations de 2018 - est en baisse depuis 1995.⁴

Sur la même période, la richesse mondiale

a augmenté de 66 pour cent. En 2014, l’écart

de richesse par habitant entre les Comores et

les autres pays à revenu intermédiaire de la

tranche inférieure est parvenu à son niveau le

plus marqué depuis le début du millénaire. Alors

que le capital naturel a légèrement augmenté

en raison de l’expansion des aires naturelles

protégées, la capacité de création de richesses

des forêts et des terres cultivées a diminué. Les

avoirs extérieurs nets ont également diminué,

les déficits des comptes courants ayant été

assez importants et persistants au cours des

20 dernières années.

Les mesures de la richesse des nations utilisent une approche bilancielle de la santé d'une économie en appréhendant

la richesse d'un pays à travers quatre piliers de la génération de richesse : les actifs produits, les actifs humains,

les actifs naturels et les actifs étrangers nets. Le capital produit et les terrains urbains mesurent la machinerie, les

bâtiments, les équipements et les terrains urbains résidentiels et non résidentiels, mesurés aux prix du marché.

Le capital humain est mesuré comme la valeur actualisée des gains au cours de la vie d'une personne. Le capital

naturel comprend l'énergie (pétrole, gaz, charbon et houille) et les minéraux, les terres agricoles (terres cultivées

et pâturages), les forêts (bois et certains produits forestiers non ligneux) et les aires protégées terrestres. Le capital

naturel est mesuré comme la somme actualisée de la valeur des loyers générés sur la durée de vie de l'actif. Les

actifs étrangers nets représentent la somme des actifs et passifs transfrontaliers détenus par les résidents du pays. Il

s'agit, par exemple, des investissements directs étrangers et des avoirs de réserve. Les actifs nets étrangers négatifs

suggèrent que les passifs transfrontaliers dépassent les actifs transfrontaliers. Par exemple, l'encours de la dette

contractée à l'étranger pourrait dépasser largement les investissements directs étrangers.

Figure 2: Richesse totale par habitant, Comores et pays de comparaison (panneau a) et

type (panneau b)

30,000

25,000

20,000

15,000

10,000

5,000

-

12,000

10,000

8,000

6,000

4,000

2,000

0

-2,0001995 2000 2005 2010 2014 1995 2000 2005 2010 2014

a. Richesse totale par habitant (USD constants 2014) b. Richesse totale par habitant - Comores

Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure

Capital naturel par habitant

Actifs étrangers nets par habitant

Capital produit par habitant

Capita humain par habitant

Comores

Source : Banque mondiale, Wealth of Nations.

1. Résumé Éxécutif

8

Page 18: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Identité et Institutions

Quarante années de conflits politiques

alimentés par la recherche d’une identité

nationale et par des mouvements

séparatistes au niveau des îles ont affaibli

les institutions formelles aux Comores et ont

amenuisé la confiance des citoyens dans les

politiques publiques. Le principal point de

référence pour la plupart des Comoriens reste

leur village d’origine. En présence de ces fortes

structures localisées, l’État formel a du mal à

s’établir. La faiblesse des institutions formelles,

la faible portée et la faible présence de l’État

et la contestation de son autorité contribuent

à un manque de continuité dans l’élaboration

de politiques, autant de problèmes qui ont une

incidence profonde sur la capacité des Comores

à attirer des investissements et à fournir des

services à leurs citoyens. L’incapacité de l’État

formel à fournir des services de qualité d’une

manière perçue comme étant inclusive et

équitable affecte sa légitimité et sa capacité

à jouer un rôle de médiation dans les conflits,

comme on observe souvent dans les pays

fragiles (et comme le relève la publication

conjointe de la Banque mondiale et de l’ONU

de 2018, Pathways for peace). Enfin, comme

les envois de fonds ont constitué un filet de

sécurité sociale pour ceux qui les reçoivent,

ils ont peut-être réduit l’incitation de l’État à

mobiliser des recettes intérieures et à les

investir dans des services publics.

L’incapacité de l’État à établir une présence

égale et solide sur son territoire renforce

le recours aux structures traditionnelles.

Celles-ci sont susceptibles de supplanter les

institutions formelles en termes d’autorité

morale et représentent un point de départ

permettant de remédier aux déficits

de développement et aux perceptions

de marginalisation. Les organisations

communautaires financent des services

pour leurs villages et leurs communautés à

l’aide de fonds envoyés par des membres

de la diaspora qui maintiennent les liens

avec leur village d’origine. Les institutions et

structures informelles sont enracinées dans le

pouvoir local traditionnel et bénéficient d’une

crédibilité et d’une légitimité grandissantes

au sein de la population. Il est possible de

renforcer la légitimité de l’Etat formel en

renforçant les liens entre ces systèmes de

gouvernance parallèles tout en veillant à

ce que les organisations communautaires

continuent d’influencer leurs propres

décisions et interventions de développement.

Cependant, comme le souligne le World

Development Report 2011 sur les conflits, la

sécurité et le développement, le processus de

transformation des institutions est lent et peut

prendre une génération, voire davantage. Un

recalibrage des politiques gouvernementales

visant à fournir des services en partenariat avec

les institutions locales, ainsi que des mesures

visant à soutenir les régions présentant un

retard de développement, pourraient offrir aux

Comores un moyen de capitaliser ses atouts

et d’améliorer le bien-être de sa population.

Pour amener les Comores à dépasser leur

faible taux de croissance et parvenir à une

réduction durable de la pauvreté et à une

prospérité partagée, la présente Etude

diagnostique systématique de pays (EDSP)

propose au pays de s’engager dans trois

Voies : (i) combler le déficit d’investissement,

(ii) augmenter le capital humain et (iii) protéger

et exploiter les ressources naturelles. L’EDSP

cerne en outre les principales contraintes

qu’il faudrait surmonter pour débloquer

ces Voies. Enfin, reconnaissant les défis

institutionnels importants qu’il faudra relever

pour s’attaquer de manière crédible à ces

contraintes, l’EDSP fait une proposition sur

la manière de relever le défi fondamental

de l’identité et des institutions des Comores.

Cependant, d’importantes lacunes dans la

connaissance de la dynamique sociale plus

1. Résumé Éxécutif

9

Page 19: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

profonde des Comores subsistent et devront

être comblées dans les années à venir pour

Les besoins d’investissement des Comores

sont importants. Avec une moyenne de 16,7

pour cent du PIB, les investissements totaux

ont été respectivement inférieurs de 4,6

pour cent et 7 pour cent à la moyenne de

l’Afrique subsaharienne et des pays pairs en

termes structurels depuis le début du siècle.

Les investissements directs étrangers ont

représenté en moyenne un peu plus de 1 pour

cent du PIB au cours de la dernière décennie.

Une pénurie prolongée d’investissements,

combinée à une croissance démographique

rapide, a entraîné un déclin du capital productif

par habitant des Comores, un faible niveau

de capital humain et un lent épuisement du

capital naturel. Selon le rapport de la Banque

mondiale sur la richesse des nations, le

capital productif par habitant des Comores

a été divisé par deux entre 1995 et 2018 et

représente maintenant la moitié de celui des

autres pays d’Afrique subsaharienne et de la

tranche inférieure moyenne de revenu.

Le manque de crédibilité des institutions

formelles et le manque de confiance en leur

capacité est au cœur de la problématique de la

faiblesse des investissements des Comores. Les

investisseurs locaux et étrangers (y compris la

diaspora) recherchent la prévisibilité et la fiabilité

lorsqu’ils effectuent des investissements, leurs

bénéfices ne se concrétisant qu’après plusieurs

années. Comme dans d’autres pays, l’instabilité

politique et la faiblesse de l’état de droit ont

été les principaux facteurs de dissuasion des

investisseurs aux Comores. La faiblesse de la

capacité à assurer une bonne gestion macro-

économique, caractérisée entre autres par

aider les Comores à s’attaquer à certaines de

leurs fragilités profondes.

des décisions budgétaires incohérentes et

erratiques, et une tendance à dépenser en

salaires plutôt qu’en investissements ont limité

la capacité du Gouvernement à effectuer

des investissements publics et à mobiliser

des recettes intérieures. Les acteurs privés

se trouvent découragés à investir dans des

secteurs centraux tels que l’agriculture à cause

de la faiblesse de l’état de droit, de la fragilité

du système financier et d’un environnement

économique difficile, mettant en doute la

rentabilité des éventuels investissements. En

outre, dans un environnement où l’État fournit

peu de services, la population donne la priorité

aux dépenses de consommation par rapport à

l’investissement puisqu’elle doit supporter elle-

même les dépenses d’éducation et de santé.

Des années de faible investissement ont

compromis la performance des Comores

en matière de croissance et ont conduit à

des inégalités croissantes. Depuis 2001,

la contribution des investissements à la

croissance a été faible et parfois négative.

La faiblesse de l’investissement a eu pour

corollaire un faible développement du

secteur privé et peu de création d’emplois,

résultant en une faible demande de main-

d’œuvre et un des taux de participation

de la main-d’œuvre parmi les plus bas de

l’Afrique subsaharienne, un autre frein à la

croissance. Les investissements publics dans

la connectivité inter et intra-îles ainsi que dans

d’autres services d’infrastructure essentiels,

tels que l’électricité et le traitement de l’eau,

devraient être une priorité si l’on veut accroître

la productivité dans les secteurs essentiels

n°1Voies Combler le déficit d’investissement

1. Résumé Éxécutif

10

Page 20: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

tels que le secteur agricole, les services et le

commerce et créer les conditions propices

au développement du secteur manufacturier

et du tourisme. La faiblesse des services de

transport coupe actuellement les bassins de

production excédentaire des marchés urbains

en croissance. Le manque d’investissement

public a également entraîné une faiblesse de

la prestation de services et une augmentation

des inégalités. Le manque d’accès aux services

de base tels que l’eau courante, l’électricité,

les centres de santé ou les marchés est l’un

des plus puissants prédicteurs de la pauvreté

aux Comores. La faiblesse des services

publics a conduit à une privatisation des

services de santé. Les Comores sont l’un des

pays au monde où la part des dépenses de

santé payées directement par les ménages

est la plus élevée, et environ 35 Comoriens

par jour sombrent dans la pauvreté suite au

paiement de soins de santé.

Le faible investissement dans la prestation

de services de base sape un contrat social

déjà fragile entre les îles. Les inégalités

sont apparues entre les îles en matière

d’infrastructures et de services de base dans

les domaines de la santé et de l’éducation et

risquent d’aggraver un sentiment de coupure

déjà existant entre les îles. Ces inégalités

alimentent le désir de chaque île d’affirmer ses

intérêts financiers au pouvoir, perpétuant ainsi

la politisation de l’allocation des ressources.

Les communautés locales compensent

l’absence de l’État et deviennent de plus en

plus autonomes. Les écoles et les rues sont

construites avec des fonds de la diaspora,

ce qui conduit à une allocation pas toujours

efficace des ressources privées et à une

privatisation progressive d’importants services

sociaux. Cependant, comme les mécanismes

d’adaptation locaux diffèrent au sein de l’Union

des Comores, les communautés ne s’en sortent

pas toutes de la même manière. Les inégalités

sont particulièrement en défaveur d’Anjouan,

qui à la différence de la Grande Comore et de

Mohéli, ne bénéficie du principal mécanisme

d’adaptation, à savoir les envois de fonds.

Le capital humain aux Comores est

aujourd’hui en deçà de son potentiel.

Parmi les différents types d’actifs et de

capitaux qu’un pays possède - productifs,

humains et naturels -, le capital humain est

le domaine où les Comores sont à la traîne

par rapport aux autres pays à revenu moyen-

inférieur. Aux Comores, les enfants lorsqu’ils

atteignent l’âge de 18 ans peuvent espérer

avoir terminé 8,4 années de scolarité, soit

deux ans de moins que leurs pairs des autres

pays à revenu moyen-inférieur. Et lorsque les

années de scolarité sont ajustées en fonction

de la qualité de l’apprentissage, ce chiffre

tombe à 5,3 années seulement. Les filles sont

nettement moins scolarisées que les garçons

et les grossesses chez les adolescentes sont

deux à trois fois plus courantes que dans les

pays pairs aspirationnels. Parmi les enfants,

31 sur 100 grandissent avec un retard de

croissance causé par la malnutrition et le peu

d’attention accordé au développement de la

petite enfance.⁵ Enfin, le retard de croissance

étant le plus fréquent chez les pauvres aux

n°2Voies Accroitre le capital humain des Comores

Le retard de croissance est un indicateur important parce qu’il reflète l'environnement sanitaire global d'un pays et

compromet le potentiel à long terme des individus à contribuer de manière productive au développement d'un pays.

1. Résumé Éxécutif

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Page 21: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Comores, il aggrave les inégalités existantes

s’il n’est pas corrigé.

Il est essentiel d’accroitre le capital humain

des Comores si l’on veut accélérer la

croissance et réduire la pauvreté. Il impératif

d’investir dans le capital humain pour la

croissance et la réduction de la pauvreté.

Compte tenu des conditions actuelles du

capital humain aux Comores, un enfant né

aujourd’hui n’aura à l’âge adulte que 40 pour

cent de la productivité qu’il aurait eue s’il

avait bénéficié de services d’éducation et

de santé complets. L’investissement dans le

capital humain exige l’attention immédiate

des décideurs parce que les avantages en

termes de croissance des investissements en

capital humain ont tendance à être différés

d’une génération. Les investissements réalisés

dans la jeunesse d’aujourd’hui ne créeront une

main-d’œuvre plus productive qu’une fois que

ces jeunes seront sur le marché du travail.

En revanche, les investissements en capital

humain ont l’avantage d’être moins coûteux

que les investissements en capital physique.

Et alors que ces investissements sont réalisés,

des investissements supplémentaires dans le

capital physique au titre de la première Voie

peuvent avoir un impact plus immédiat sur

la croissance et ouvrir la voie à la prochaine

génération en créant des opportunités

d’emploi lorsqu’ils seront prêts à entrer sur le

marché du travail.

Le capital humain soutient d’autres sources

de croissance et d’inclusion. Il complète

le capital physique dans le processus de

production et constitue un intrant important

de l’innovation technologique et de la

croissance à long terme.⁶ Le capital humain

favorise également le capital social. Des

études effectuées à travers le monde ont

montré que les personnes les plus instruites

font davantage confiance aux autres. Ce

type de capital social est à son tour associé

à une croissance économique plus forte.

Inversement, le fait de ne pas protéger le

capital humain sape la cohésion sociale. Le

capital humain est l’un des premiers domaines

à être affecté en cas de détérioration de la

situation. Les longs conflits et la fragilité

peuvent empêcher des générations entières

de réaliser leur potentiel ou les inciter à

quitter le pays pour mettre leurs talents à

l’œuvre ailleurs.

Les investissements dans le capital humain

peuvent également entrainer un dividende

de la croissance démographique. Avec 4,2

naissances par femme en 2014, les Comores ne

font qu’amorcer la transition démographique.

Les taux de fécondité élevés et la forte

croissance démographique pèsent lourd

sur les ménages, le nombre de personnes à

charge vivant dans des ménages pauvres aux

Comores étant élevé.⁷ En tant que pays parmi

les plus densément peuplés du monde,⁸ une

fécondité élevée augmente également la

pression foncière, ce qui peut compromettre

la durabilité de la croissance.⁹ La réduction des

taux de dépendance non seulement atténue la

pression exercée sur les revenus des ménages

pauvres, mais peut également accroître

les possibilités d’épargne qui soutiennent

Putnam, Leonardi, et Nanetti (1993); Helliwell et Putnam (1995); Keefer et Knack (1997).

Les 40 pour cent les plus pauvres parmi les ménages comoriens ont en moyenne 3,5 enfants de plus que les 30 pour

cent les plus riches et ont des taux de dépendance beaucoup plus élevés.

Malgré une émigration nette, les Comores sont l'un des pays les plus densément peuplés du monde, avec 328 personnes

vivant en moyenne sur un kilomètre carré.

Jayne, Chamberlin, et Headey (2014).

1. Résumé Éxécutif

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Page 22: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Les ressources naturelles sont au centre

des moyens de subsistance et de l’activité

économique aux Comores. Les Comoriens

vivent de leurs ressources naturelles. Environ

39 pour cent du PIB des Comores est généré

par des activités dans lesquelles la terre, la mer

et la nature sont des intrants importants. Avec

31,6 pour cent du PIB total (2011-2017), dont

7,5 pour cent du PIB pour la pêche, l’économie

des Comores est davantage dominée par

l’agriculture que dans tout autre pays ou groupe

de comparaison. L’agro-industrie légère, qui

dépend de la production agricole, génère 44

pour cent du PIB. Enfin, bien qu’il soit petit par

comparaison mais qu’il offre un fort potentiel,

le secteur du tourisme contribue pour 3,4 pour

cent du PIB à l’économie. L’agriculture et la

pêche génèrent 38 pour cent des emplois et 50

pour cent des pauvres tirent leur subsistance

de ces deux secteurs.

davantage la croissance.¹⁰ Les investissements

en capital humain peuvent contribuer à

concrétiser le dividende démographique :

il a été démontré que l’amélioration de la

qualité de l’éducation et du nombre d’années

La croissance dans les secteurs liés aux

ressources naturelles a été stagnante et

inférieure au potentiel. Bien qu’ils soient

traditionnellement les principaux moteurs de

la croissance aux Comores, les secteurs de

l’agriculture et de la pêche ont une très faible

productivité par rapport à ce que l’on observe

dans les pays pairs. Le potentiel est déjà atteint

en ce qui concerne l’expansion des terres et

les heures de travail des agriculteurs sur les

parcelles aux Comores. La faible productivité

résulte de la dégradation des sols, de la

raréfaction de l’eau, des pratiques agricoles

obsolètes, de l’absence de rendements

améliorés et de l’absence de chaînes de

valeur. En mer, les pêcheurs pratiquent

une pêche de subsistance pour des raisons

de sécurité et par de manque de services

spécialisés et d’entreposage frigorifique.

De ce fait, les étrangers sont les principaux

d’instruction, en particulier pour les femmes,

entrainait une réduction du taux de fécondité

dans la mesure où la première grossesse

est retardée et les coûts d’opportunité de la

procréation augmentent.¹¹

Globalement, on a constaté qu'une baisse de 1 pour cent du taux de dépendance est associée à une baisse de 0,75 point

de pourcentage de l’effectif de pauvreté et qu'une augmentation de 1 point de pourcentage de la part de la population

active stimule la croissance économique de 1,1 à 2,0 points (Banque mondiale 2016, Marcio Cruz S. Amer Ahmed 2016).

Après la baisse de la mortalité infanto-juvénile, une baisse subséquente de la fécondité entrainera une augmentation

de la part de la population en âge de travailler. Avec moins de personnes à charge et plus de personnes au travail, la

croissance par habitant s’accélèrera, même lorsque la production par personne en âge de travailler reste constante

(Bloom et Williamson 1997a). Deuxièmement, une baisse de la fécondité pourrait entrainer une augmentation de la

participation des femmes au marché du travail, ce qui renforcerait l'effet pro-croissance. Non seulement la part de

la population en âge de travailler augmentera, mais la main-d'œuvre économiquement active augmentera encore

davantage, ce qui entrainera une augmentation de la production par personne en âge de travailler. Troisièmement,

avec moins d'enfants, les familles (et l'État) auront la possibilité d’accroire les dépenses pour le bien-être et l’éducation

par enfant. A mesure que ces enfants atteignent l'âge de travailler et entrent sur le marché du travail, la productivité

de la main-d'œuvre augmentera en raison de l'amélioration de la santé et du niveau d'instruction. Ainsi, la transition

démographique est associée à une augmentation de la productivité de la main-d'œuvre, que l'on peut qualifier d’«

effet compétences » de la transition démographique.

¹⁰

¹¹

n°3Voies Accroitre le capital humain des Comores

13

1. Résumé Éxécutif

Page 23: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

utilisateurs des généreuses zones de pêche

des Comores, souvent dans l’illégalité, causant

une surexploitation de nombreuses espèces.

Le tourisme reste en grande partie inexploité,

notamment en raison d’un environnement peu

attractif pour les investissements, un problème

qui pourrait être résolu avec des progrès dans

la première Voie.

L’amélioration de la productivité de

l’économie fondée sur les ressources offre

des possibilités de réduction de la pauvreté.

Les Comores couvrent une part exorbitante de

leurs besoins alimentaires par des importations

(39,4 pour cent de toutes les importations de

marchandises contre 18,7 pour cent pour l’Afrique

subsaharienne). Cette forte dépendance vis-à-

vis des importations de produits alimentaires

rend le pays vulnérable aux chocs de prix,

freine le potentiel de croissance des Comores

en décourageant les investissements privés dans

le secteur agricole et pèse sur ses réserves de

change. Il expose également les consommateurs

à l’insécurité alimentaire - comme cela s’est

produit récemment en 2008¹² - et constitue une

occasion manquée de réduire la pauvreté et

d’accroître la croissance économique grâce à la

substitution des importations. Il a été démontré

que la croissance dans la production d’aliments

de base a un effet multiplicateur et présentent

des élasticités plus grandes que ceux d’une

croissance égale de la productivité des cultures

de rente (Diao et al. 2012) parce qu’ils sont

produits par la plupart des ménages ruraux et

parce que la productivité de ces produits est

encore très faible.

Les ressources naturelles des Comores

doivent être protégées davantage parce

qu’elles sont de plus en plus vulnérables et

exposées à des chocs fréquents et coûteux.

En raison de sa situation géographique et de

sa topographie, les Comores font partie des

pays les plus vulnérables au climat. De plus,

les pressions démographiques ont entraîné

une déforestation et une dégradation de la

qualité des terres agricoles. L’élévation du

niveau de la mer a entraîné une augmentation

de la salinité des eaux souterraines. Les

lieux de pêche ne sont pas protégés de la

pêche illégale et risquent d’être exploités.¹³

Un Comorien sur deux a été touché par

une catastrophe naturelle depuis 2005. Les

catastrophes naturelles ont un impact négatif

sur l’économie, d’une valeur allant de 1 à 3 pour

cent du PIB chaque année. Les pertes étant

les plus prononcées à Anjouan où l’agriculture

prédomine, ces pertes tendent également à

aggraver les inégalités.

La Figure 3 donne un résumé visuel des

relations entre les fondements de l’identité et

des institutions, les Voies et leurs interactions.

Le renforcement de l’identité et des institutions

en tant que deux facteurs fondamentaux sera

la clé du développement futur des Comores.

Après une longue période au cours de laquelle les denrées alimentaires de base étaient abondamment disponibles

sur les marchés mondiaux et les prix internationaux étaient bas et stables, la volatilité extrême est revenue. Depuis

2008, les prix internationaux du riz, du blé et du maïs ont fortement fluctué, atteignant parfois des niveaux jamais vus

depuis des décennies. Comme les Comores importent une grande partie de leur consommation alimentaire, le pays

est particulièrement exposé à l'instabilité des marchés alimentaires mondiaux.

Les Comores se classent 65e sur 180 sur l'indicateur concernant la pêche de l'indice environnemental de Yale, composé

d'un indicateur de l'état des stocks de poisson (53e/180) et d'un indice trophique marin régional (RMTI pour ces sigles

en anglais) (82e/180). L’indicateur de l’état des stocks de poisson indique le pourcentage de stocks de poisson capturés

dans la zone économique exclusive (ZEE) d’un pays qui sont surexploités ou écroulés. Le RMTI évalue dans quelle

mesure le secteur de la pêche a exploité des espèces plus grandes et de niveaux trophiques supérieurs et attrape de

plus en plus d'espèces plus petites et de niveau inférieur, ce qui a un impact négatif sur la santé de l'écosystème. Un

classement inférieur sur les deux indices est associé à une meilleure performance relative.

¹²

¹³

14

1. Résumé Éxécutif

Page 24: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 3: Résumé des interactions entre les trois Voies

VOIE 3Protéger les

ressources naturelles

VOIE 2Accroître le capital humain

VOIE 1Combler le déficit d'investissement

FONDEMENTS DE L'IDENTITÉ ET DES INSTITUTIONS

Une meilleure gestion des ressources naturelles peut favoriser l'amélioration de la santé (par exemple, par une meilleure nutrition et une eau plus propre).

L’amélioration du capital humain soutient le capital social

... une main-d'œuvre plus instruite possède les compétences nécessaires pour améliorer la gestion des ressources naturelles.

Une meilleure gestion des ressources naturelles crée des opportunités d'investissement.

... à mesure que l'environnement pour l'investissement s'améliore, que les opportunités économiques s'améliorent et que l'investissement dans le capital humain devient plus attractif

...créer un environnement de prévisibilité et de confiance qui est la clé de l'investissement.

Celles-ci constituent non seulement les

fondements du capital social et d’une plus

grande stabilité politique, mais ont également

un impact profond sur la capacité des Comores

à attirer des investissements nationaux et

étrangers. Comme les investissements se

font sur la durée, ils ont besoin de prévisibilité

pour permettre aux investisseurs de planifier

et d’évaluer les risques associés à leurs

investissements. Lorsque les règles changent

souvent ou ne sont pas appliquées, les

investisseurs perdent courage. Ainsi, les taux

d’investissement à l’échelle mondiale sont plus

élevés dans les pays où l’on trouve la stabilité

politique et des institutions fortes.¹⁴ Si les

Comores parviennent à débloquer la première

Voie pour combler le déficit d’investissement, il

sera plus facile de débloquer les deux autres

Voies dans la mesure où elles disposeront

de plus de fonds d’investissement pour les

soutenir. Cela ne veut pas dire pour autant

qu’il n’y a pas lieu d’accorder de l’attention

à ces deux dernières Voies aujourd’hui. Les

investissements dans le capital humain ne

rapportent qu’après une génération, il est

donc important de commencer aujourd’hui.

Et, à mesure que les taux d’investissement

augmenteront, la demande de main-d’œuvre

intérieure aux Comores, actuellement très

faible, augmentera, ce qui fera que les coûts

d’opportunité augmenteront si le pays n’investit

pas dans l’amélioration de l’éducation. Au fur et

à mesure que le niveau de capital humain aux

Comores augmentera, le rehaussement des

compétences favorisera l’innovation dans les

services, mais aussi dans des secteurs établis

tels que l’agriculture et la pêche. Cela peut

contribuer à améliorer la productivité de ces

secteurs, les rendant plus attractifs pour les

investisseurs. La protection des ressources

naturelles qui sont à la base de ces secteurs

devrait déjà être une priorité de nos jours parce

qu’une grande partie des ressources naturelles

met du temps à se régénérer une fois épuisée.

Bénassy‐Quéré et al. (2007) ; Acemoglu et al. (2001); Alesina et Perotti (1996); Besley (1995); Svensson (1998); Barro (1998);

Schneider et al. (1985).

¹⁴

1. Résumé Éxécutif

15

Page 25: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

• Application : améliorer le registre

foncier et l’enregistrement des

contribuables, mieux faire respecter

Principales contraintes et priorisation

Pour débloquer les trois Voies, plusieurs

contraintes clés doivent être levées. À partir

d’une longue liste de réformes requises

présentées dans ce rapport, nous avons

cerné les 12 contraintes les plus critiques pour

les trois Voies considérées : (i) un effet plus

fort sur le potentiel de croissance et (ii) un

impact plus important sur la réduction de la

pauvreté et une plus grande inclusion sociale.

D’autres critères tels que les retombées, les

conditions préalables et l’horizon temporel

des réformes ont également été pris en

compte. Ceux-ci sont traités tour à tour ci-

après. Par ailleurs, le Tableau 1 propose une

priorisation de ces principales contraintes

sur la base d’une mesure de l’urgence de

la réforme. La méthodologie de calcul de

cette mesure est présentée au Chapitre 8.

Plus le rouge des barres est profond, plus il

est urgent pour les Comores de s’attaquer à

la contrainte correspondante.

Combler le déficit d’investissement. Pour

débloquer cette Voie, il faudra prêter attention

à quatre domaines clés de la réforme :

À court terme :

• Améliorer la gestion macro-économique

pour créer un climat de confiance pour

les investisseurs. Pour combler le déficit

d’investissement, il faudrait commencer

par allouer des budgets plus élevés aux

investissements publics. Pour pouvoir

le faire avec les sources de revenus

existantes, le Gouvernement comorien

doit améliorer sa gestion de la masse

salariale, résister aux pressions en faveur

d’une augmentation de l’emploi dans le

secteur public et améliorer l’efficacité

des dépenses existantes. L’amélioration

de la gestion macro-économique signifie

également que le processus budgétaire

doit devenir plus réaliste et prévisible et que

le financement de la dette doit être ancré

dans un cadre budgétaire à moyen terme.

Actuellement, les propositions budgétaires

manquent souvent de réalisme. Un examen

public plus approfondi de ces propositions

pourrait favoriser un processus budgétaire

plus crédible. Les Comores ont l’un des

budgets les moins transparents au monde

et le contrôle parlementaire est souvent

contourné. L’implication des communautés

locales dans le cadre d’une budgétisation

participative pourrait contribuer à améliorer

la qualité des services de base et à renforcer

la confiance des communautés locales. Dans

le cadre d’une meilleure gestion macro-

économique, il conviendrait également

de créer davantage de transparence en

ce qui concerne la performance des plus

grandes entreprises publiques du pays.

Des progrès sur tous ces fronts aideraient

à établir un climat de confiance pour les

investisseurs privés nationaux et étrangers

et pourraient contribuer à accroitre les taux

d’investissement privés.

• Développer la mobilisation des revenus

nationaux. Une transformation importante

de l’administration et des politiques en

matière de recettes est nécessaire pour

réduire la dépendance vis-à-vis d’un

financement budgétaire instable provenant

de l’étranger et créer un espace budgétaire

plus important pour les investissements

publics. À court terme, cet objectif devrait

être atteint, idéalement, par une combinaison

de mesures qui favorisent simultanément

: i) l’application des politiques fiscales, ii)

la facilitation du respect des obligations

fiscales et iii) la confiance dans les dépenses

de l’État. Ces mesures incluent :

1. Résumé Éxécutif

16

Page 26: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

les obligations fiscales des entreprises

d’État, réduire l’informalité des

entreprises, accroître l’interopérabilité

entre les administrations douanière

et fiscale et poursuivre la réduction

des exemptions injustifiées et

discrétionnaires des douanes.

• Facil itation : promouvoir la

simplification des structures des

impôts et des tarifs douaniers, tout

en rationalisant les procédures afin

de réduire les transactions associées

au paiement des impôts et des

taxes. Des efforts doivent également

être consentis pour déployer des

programmes à impact sur les impôts

et les taxes et envisager l’utilisation

de technologies bas de gamme pour

favoriser le respect des obligations

fiscales (SMS de rappel de taxe,

paiements par mobiles, par exemple).

• Renforcement de la confiance :

Adopter des politiques qui favorisent

les liens visibles entre les dépenses

publiques et la fourniture de biens

et services publics. Ces efforts,

visant en particulier le niveau local,

peuvent inclure des initiatives telles

que : i) les contributions fiscales

locales affectées à des projets

pilotés par les communautés, ii) les

transferts du gouvernement central

qui incitent à adopter des pratiques

de budgétisation participative et à

mobiliser les impôts locaux, et iii) les

réunions budgétaires périodiques

ou « assemblées » où l’on examine

les contributions fiscales et les

investissements locaux.

A moyen terme :

• Améliorer l’intermédiation du secteur

financier. Le secteur financier comorien

est faible et doit être soutenu par la mise

en place de l’infrastructure nécessaire afin

que le secteur puisse jouer son rôle de

canalisation de l’épargne vers le crédit

d’investissement, tout en favorisant

l’accès aux services financiers pour une

plus grande partie de la population.

La résolution de la crise de liquidité et

d’insolvabilité de la banque postale,

la SNPSF, un acteur d’une importance

systémique, sera d’une importance

fondamentale à court terme. Pour remédier

à la faiblesse du secteur financier, il faudra

également s’attaquer au problème de

capacité des tribunaux à faire exécuter

les paiements de créances, qui est à

l’origine de l’augmentation des prêts non

productifs (PNP) dans le système.

• Créer un environnement commercial

favorable. Pour attirer l’investissement, les

investisseurs doivent avoir la certitude que

le rendement privé de l’investissement

peut également être réalisé. Dans le

contexte d’un petit marché intérieur - où

les rendements sont déjà limités par des

déséconomies d’échelle - cela ne peut se

faire qu’en créant un climat d’investissement

plus favorable aux entreprises et en

assurant une meilleure protection des

droits de propriété. Les résultats des

Comores au classement international en

matière de climat des affaires indiquent

qu’une attention particulière doit être

accordée à l’exécution des contrats, le

paiement des taxes et impôts, la création

et la fermeture d’entreprises, la protection

17

1. Résumé Éxécutif

Page 27: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

des investisseurs et l’électricité. Un

code des investissements moins sujet

aux exonérations fiscales et douanières

au gré des circonstances favoriserait

une concurrence loyale. Les accords

commerciaux internationaux pourraient

servir de points d’ancrage extérieurs

à l’appui du programme de réforme

de l’environnement des entreprises.¹⁵

L’amélioration de l’environnement des

entreprises, qui favoriserait l’esprit

d’entreprise et la performance des

entreprises existantes, profiterait à tous

les secteurs.

Accroître le capital humain. Les principaux

domaines de réforme dans le cadre de cette

Voie sont les suivants :

A court terme :

• Réduire la mortalité infanto-juvénile.

Les principales causes de mortalité

infanto-juvénile aux Comores sont les

maladies transmissibles évitables telles

que la diarrhée et la pneumonie, malgré

le recours fréquent aux services de soins

de santé par les mères et leurs enfants.

Par conséquent, pour relever ce défi

en matière de santé, il faut prendre des

mesures du côté de l’offre de soins de

qualité. Trois domaines d’action devraient

être considérés comme prioritaires.

Premièrement, une formation plus poussée

du personnel des établissements de santé

est nécessaire pour que les cas puissent

être diagnostiqués de manière précise dans

les meilleurs délais. Deuxièmement, les

formations sanitaires doivent être équipées

du bon matériel et de médicaments.

Troisièmement, il manque actuellement un

système de référence solide, permettant

aux cas avec complications de recevoir

des soins de niveau supérieur. Tout cela

exige de disposer de meilleures données

pour les décideurs politiques afin de mieux

connaitre la qualité de soins existante et

cibler les appuis de manière optimale en

se fondant sur ces données factuelles.

• Réduire le retard de croissance : La solution

réside en grande partie dans l’apport des

nutriments appropriés à la population au

cours des premières années de la vie au

moment où les bases du potentiel humain

se créent. Il ne s’agit pas seulement

d’avoir accès à une alimentation nutritive,

mais aussi d’éduquer les mères et les

familles. Les plateformes communautaires

d’éducation et de promotion de la

nutrition sont largement reconnues

comme des stratégies importantes pour

la mise en œuvre d’interventions clés

pour la survie de la mère et de l’enfant.¹⁶

Une gamme complète d’interventions

promotionnelles, préventives et curatives

peut être mise en œuvre par le biais d’une

plateforme communautaire et pourrait

significativement améliorer les résultats

nutritionnels parmi les populations

difficiles à atteindre.¹⁷ En outre, il convient

d’élargir la couverture des interventions

Au cours du second semestre 2017, les Comores ont confirmé leur appartenance à trois organisations internationales,

à savoir la Communauté de développement de l'Afrique australe, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) et la

Banque africaine d'importation et d'exportation. En outre, le processus d'accession à l'OMC progresse, les Comores

poursuivant leur engagement soutenu et constructif dans ce processus alors qu'elles approchent des dernières

étapes précédant leur adhésion à l'OMC.

Haines A, Sanders D, Lehmann U, et al. Achieving child survival goals: potential contribution of community health

workers. Lancet 2007 ; 369 : 2121-31.

GHWA. Expérience mondiale des agents de santé communautaires en matière de réalisation des objectifs du Millénaire

pour le développement liés à la santé : examen systématique, études de cas par pays et recommandations en vue de

leur intégration dans les systèmes de santé nationaux. Genève : Alliance mondiale pour les personnels de santé, 2010.

¹⁵

¹⁶

¹⁷

18

1. Résumé Éxécutif

Page 28: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

nutritionnelles à fort impact (y compris la

fourniture de services d’eau améliorés) pour

soutenir ce programme et lutter contre

les taux relativement élevés de retard

de croissance qui existent parmi les plus

pauvres. À long terme, l’amélioration de la

nutrition stimulera la productivité du travail.

A moyen terme :

• Améliorer la qualité de l’éducation. Il

faut améliorer le niveau d’instruction des

nouvelles cohortes qui entrent sur le

marché du travail. Les politiques requises

pour améliorer le niveau d’instruction

sont de trois ordres : i) mettre davantage

l’accent sur l’apprentissage, en mesurant

systématiquement les résultats de

l’apprentissage et en communiquant les

résultats aux écoles ; ii) accorder une plus

grande attention aux enseignants, facteur

le plus important de l’apprentissage

des élèves ; et iii) transformer les écoles

en espaces dignes des enfants qu’elles

servent. Les Comores sont à la traîne en

ce qui concerne le pourcentage d’écoles

disposant de toilettes séparées pour les

filles et les garçons, avec seulement 11

pour cent des écoles disposant de telles

installations de base, contre une moyenne

régionale de plus de 60 pour cent.

• Réduire l’écart entre les sexes dans

le domaine de l’éducation. Le pays

doit éliminer systématiquement les

obstacles et les facteurs de motivation

qui font qu’un grand nombre de filles

restent non scolarisées. Il existe des

politiques à cette fin existent du côté de

l’offre comme de la demande. Outre les

mesures susmentionnées en matière

d’infrastructures, d’autres politiques du

côté de l’offre aideront à retenir les filles

à l’école, notamment le recrutement de

plus de modèles féminins dans les écoles

(en tant qu’enseignantes et directrices) et

la sécurisation des écoles (par exemple,

en mettant en place des mécanismes

solides de recours en cas de grief, en

prenant des mesures qui prennent en

compte la relation de pouvoir entre

enseignants et élèves, en encourageant

des conseils scolaires plus actifs). Du

côté de la demande, les politiques visant

à réduire les coûts directs de scolarité

supportés par les ménages (par exemple,

les bourses d’études, les programmes

d’exemption des frais de scolarité et les

bons d’études) et les coûts indirects (par

exemple, uniformes, fournitures scolaires,

articles d’hygiène personnelle) et à assurer

un transport scolaire sûr permettront aux

filles - et aux garçons - de poursuivre leur

scolarité.

Protéger et valoriser les ressources naturelles

des Comores. Les réformes prioritaires dans le

cadre de cette Voie sont les suivantes :

A court terme :

• Améliorer la gestion de l’eau. Une

meilleure gestion de l’eau en termes de

quantité et de qualité est nécessaire pour

s’assurer que le très peu d’eau disponible

par habitant aux Comores ne soit pas

gaspillé. Cette meilleure gestion devrait

aller de mesures consistant à réviser ou

concevoir des politiques d’extraction de

l’eau et de prestation de services à des

initiatives techniques spécifiques telles

que l’incitation à recueillir les eaux de pluie,

et plus généralement la conservation de

l’eau et la réduction de la pollution des

sources, en passant par une utilisation

plus efficace des eaux urbaines et une

tarification plus économique. L’amélioration

de la qualité de l’eau fournie permettra

également de relever les défis posés par

les carences nutritionnelles et le retard

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1. Résumé Éxécutif

Page 29: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

de croissance relevés dans le cadre de la

deuxième Voie. Dans de nombreux pays,

les partenariats avec les communautés et

les administrations locales, y compris par

le contrôle direct des ressources par des

groupes communautaires, ont permis de

fournir efficacement les services de base

et, lorsqu’ils sont durables, de réduire

sensiblement la pauvreté. Compte tenu des

contraintes cernées pour les Comores, une

approche communautaire de la gestion de

l’eau permettrait de : (1) combler les vides

institutionnels et de capacité laissés par

une décentralisation inachevée, compte

tenu notamment de la diversité des

modalités de gestion entre les différentes

îles ; (2) déléguer la prise de décision sur

les services et sur des questions telles

que la protection des bassins versants aux

agriculteurs eux-mêmes ; (3) réduire les

coûts d’exploitation des infrastructures en

gérant les actifs au niveau local ; (4) fournir

un mécanisme local accessible pour le

règlement des différends entre les usagers

de l’eau et les autorités ; et (5) réduire les

coûts des transactions liées au respect

des réglementations sur les ressources

et services en eau.¹⁷

• Réformer l’agriculture. Les investissements

dans les technologies d’agriculture climato-

intelligentes (ACI), les intrants et les pratiques

durables de gestion des terres et de l’eau,

dans une perspective d’amélioration du

rendement, peuvent générer des gains

de productivité et renforcer la résilience

D'autres technologies d’ACI adaptables aux Comores comprennent l'irrigation à petite échelle, les terrasses, les diguettes

en courbes de niveau, les diguettes en herbe, la réhabilitation des micro-bassins versants dégradés, les boisés.

Les centres de développement rural au niveau communautaire constituent un exemple d’écoles paysannes de terrain

dont la FAO s'est fait le champion. Un Champ-Ecole Paysan (CEP) réunit un groupe d'agriculteurs, d'éleveurs ou de

pêcheurs qui y apprennent comment passer à des pratiques de production plus durables, en comprenant mieux les

agro-écosystèmes complexes et en rehaussant les services écosystémiques. Un groupe CEP se réunit régulièrement

au cours d'un cycle de production, met en place l'expérimentation et s'engage dans un apprentissage pratique pour

améliorer les compétences et les connaissances qui permettront d'adapter les pratiques à leur contexte spécifique.

Le CEP permet aux individus et aux groupes d'évoluer vers des pratiques plus durables et d'améliorer leurs moyens

d'existence.

¹⁹

²⁰

face aux risques environnementaux. Le

transfert de variétés standard résilientes et

biofortifiées des principales cultures vivrières

- maïs, manioc, bananes - à partir de centres

d’excellence régionaux pourrait améliorer

l’adaptation et la sécurité alimentaire et

éviter des investissements redondants dans

les ressources financières et humaines pour

la recherche et le développement agricoles.

Conjugués à l’intensification de pratiques

telles que l’agriculture à faible travail du

sol, l’agroforesterie, la gestion durable de la

fertilité des sols et la collecte des eaux de

pluie, les investissements stratégiques dans

la diffusion de l’ACI peuvent transformer

l’agriculture comorienne et la placer sur

une voie de croissance durable.¹⁹ Les

centres de développement rural au niveau

communautaire peuvent aider à accélérer le

changement de comportement et l’adoption

des technologies et des pratiques ACI.²⁰

• Élaborer une approche de gestion

durable des pêches. Pour limiter

l’appauvrissement des ressources

halieutiques dans les eaux comoriennes

et, en particulier, l’appauvrissement

spécifiques dans les zones côtières qui

ont une valeur pour l’écosystème, la

gestion des pêches doit se concentrer

sur l’accroissement des avantages

économiques de la pêche pour les

communautés locales. On peut y parvenir

en réduisant les pertes après pêche et

en augmentant la valeur ajoutée par des

investissements dans des infrastructures

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1. Résumé Éxécutif

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A moyen terme :

• Renforcer la gestion des risques de

catastrophe. Pour renforcer la résilience

aux chocs climatiques, il faut adopter une

approche globale de gestion des risques de

catastrophe qui comprend une évaluation

détaillée des risques, le renforcement

du cadre juridique et des capacités

institutionnelles et l’élaboration d’un plan

national de gestion des risques de catastrophe

accordant la priorité aux domaines critiques.

Une meilleure connaissance des risques

de catastrophe permettra aux Comores

d’améliorer l’aménagement du territoire,

ainsi que les programmes de réinstallation

adéquates pour la pêche artisanale (sites

de débarquement, entrepôts frigorifiques,

machines à glace, etc.). La cogestion de la

pêche, une approche testée dans d’autres

pays, est prometteuse pour les Comores.

La cogestion implique les communautés

dans le processus de prise de décision,

renforce l’appropriation et soutient

l’application et l’exécution des mesures

de gestion adoptées.²¹ Les Samoa sont un

bon exemple d’un État insulaire comme

les Comores qui a adopté une approche

communautaire de la gestion de la pêche

de subsistance. Parmi les 230 villages

côtiers du Samoa, 44 pour cent des ont

aujourd’hui des plans de gestion de la

pêche villageoise.²²

Une meilleure gestion de l’eau est nécessaire pour que la très faible dotation en eau par habitant

des Comores ne soit pas gaspillée.

La cogestion des pêches est souple et la gestion coopérative des ressources aquatiques est assurée par les groupes

d'utilisateurs et le gouvernement. Dans le cadre de cette entente, la collectivité et le gouvernement participent

au processus décisionnel, à la mise en œuvre et à l'application de la loi (Sen et Nielsen, 1996).

Les activités de cogestion aux Comores ont déjà commencé dans le cadre du projet de cogestion des ressources

côtières pour des moyens d'existence durables de la Banque mondiale. Dans le cadre du projet, 17 accords de

cogestion ont été signés avec des communautés de la Grande Comore, de Mohéli et d'Anjouan, dans le but

d'améliorer le développement des capacités humaines et institutionnelles et de concevoir et exécuter des plans

de gestion des pêches.

²¹

²²

21

1. Résumé Éxécutif

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Il est possible de parvenir à une plus grande sécurité foncière si les services d'administration foncière sont renforcés

pour effectuer la délivrance de titres participatifs dans les bassins de production. Ce processus consisterait en une

délimitation consensuelle, des comités de reconnaissance des terres multipartites qui faciliteraient un recensement

cadastral à petite échelle et la planification de l'utilisation des terres.

²³

et de protection de la population vivant

dans les zones à risque. Pour renforcer la

résilience au niveau communautaire, la

combinaison des efforts en cours en matière

de protection sociale et de filets de sécurité

adaptatifs avec des investissements dans

des systèmes efficaces d’alerte rapide

et la préparation de la communauté aux

catastrophes contribuerait à sauver des vies

et à réduire l’impact des chocs causés par

les catastrophes sur les pauvres.

A moyen terme, l’interdépendance entre

les zones forestières, les terres agricoles

et les zones côtières aux Comores exigera

une approche intégrée à l’élaboration des

politiques avec une étroite collaboration

entre les différents secteurs (eau, agriculture,

pêche, forêt, énergie, etc.).

A long terme :

• Réformer le régime foncier. Le

chevauchement actuel de trois régimes

fonciers empêche la vente et la location de

terres et limite la capacité des agriculteurs

à mettre leurs terres en garantie pour

obtenir un accès au financement.

L’absence d’un registre foncier combinée

à l’inefficacité et la corruption du système

judiciaire font que de nombreux conflits

fonciers restent dans l’impasse, ce qui

compromet la capacité des propriétaires

à investir. Les réformes du régime foncier

sont généralement des processus longs

avec une forte charge politique, mais la

réforme ici pourrait avoir un effet catalyseur

sur la productivité des terres en permettant

éventuellement la concentration des terres

et en encourageant l’investissement dans

des intrants et des techniques agricoles

modernes et la gestion de l’eau. Un régime

foncier clair soutiendrait également

l’environnement pour l’investissement et

le développement du secteur privé en

général.²³ Enfin, le manque de sécurité

foncière lie les familles pauvres à la terre

qu’elles cultivent et limite leur capacité

à compléter leurs revenus agricoles par

des revenus non agricoles parce qu’elles

craignent d’en être dépossédées si elles

s’en éloignent. Du fait qu’il s’inscrit sur

le très long terme – tant en termes de

soutien qu’en termes de mise en œuvre,

ce domaine de réforme n’est pas inclus

dans la liste des priorités du Tableau 1 ci-

dessus, mais en raison de son important

effet catalyseur sur le développement, il

en est fait mention.

Pour renforcer les facteurs fondamentaux de

l’identité et des institutions, il faut s’attaquer

aux deux principales contraintes suivantes :

• Favoriser la participation des citoyens

et des collectivités. Les efforts de

réforme devront être soutenus par un

engagement proactif avec l’inclusion

des communautés locales au-delà des

divisions traditionnelles. Comme point

d’entrée naturel, il faudrait tirer parti de

l’existence d’organisations communautaires

et d’associations villageoises qui prennent

les décisions relatives aux interventions de

développement et décident collectivement

de la manière de dépenser les fonds

transférés par la diaspora. Ces associations

ont une connaissance approfondie

du contexte local et ont l’autorité et la

crédibilité nécessaires pour prendre et

22

1. Résumé Éxécutif

Page 32: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

exécuter des décisions. Il sera essentiel

d’ouvrir des espaces dans lesquels les

gens peuvent s’engager dans le dialogue

et exprimer leurs pensées et leurs idées, en

particulier ceux qui cherchent actuellement

à mieux se faire entendre dans la société,

tels que les universitaires, les ONG

locales, les syndicats, les associations, les

représentants du secteur privé, les femmes

et les groupes de jeunes, ce qui aidera

ouvrira les canaux de la communication

aux voix qui traditionnellement n’étaient

pas entendues. Aspect important de cette

démarche, il s’agira de faire entendre la

voix des femmes qui détiennent un pouvoir

informel au sein des communautés et sont

de plus en plus impliquées dans la sphère

publique par le biais d’associations et

d’organisations de femmes, mais dont le

rôle est limité par des normes religieuses

et sociales.

• Renforcer la capacité des principales

institutions formelles. Pour renforcer

la confiance dans l’État central et ses

institutions formelles, il faut prendre

des mesures en vue d’instaurer des

mécanismes de transparence, de

contrôle et de redevabilité accrus. Il s’agit

notamment d’accroître la transparence

et la consultation du Parlement sur le

budget, de publier les comptes financiers

des principales entreprises publiques et

d’accroître la transparence des marchés

publics (une question qui a été largement

soulevée lors des consultations du

secteur privé - voir Annexe 2). Ces efforts

doivent également s’accompagner de

mesures visant à renforcer l’engagement

des citoyens et à leur donner la possibilité

de commenter les propositions de loi, etc.

Ce n’est que lorsque les citoyens auront

le sentiment que leur voix est entendue

qu’ils feront confiance à l’État central.

En fin de compte, la mise en place de

ce type de mécanismes de rétroaction

facilitera l’amélioration de la qualité et

de la prestation des services par l’État

central. Enfin, la base de connaissances

nécessaire à la prise de décisions fondées

sur des données factuelles doit être

améliorée en remédiant aux faiblesses

du système statistique. L’absence

générale d’information pour éclairer la

conception, la mise en œuvre, le suivi et

l’évaluation des politiques et pour assurer

une prestation de services fondée sur

des données factuelles entraîne des

inefficacités et des incohérences (voir

l’Annexe 10 pour un inventaire des lacunes

actuelles des données).

Lacunes en matière de connaissances et d’analyse

• Interaction entre les réseaux de

gouvernance traditionnels et locaux.

Une meilleure compréhension des

dynamiques intercommunautaires et

intracommunautaires, de leur portée et

de leur légitimité, des dynamiques en

rapport à l’inclusion et à l’exclusion est

nécessaire pour comprendre comment

passer de la situation de dépendance

vis-à-vis des institutions informelles

actuellement observée à une structure

décentralisée qui aide également à

renforcer l’autorité, la légitimité et la

portée du gouvernement central.

• Facteurs de la productivité du travail

par secteur. Les travaux d’analyse sur les

différences de productivité entre secteurs

font défaut. De telles études tirerait

avantage d’une amélioration de la collecte

de données sur l’emploi et le rendement

des entreprises par sous-secteur.

• Rôle des relations politiques dans les

distorsions du marché. Il est nécessaire

1. Résumé Éxécutif

23

Page 33: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

de mieux comprendre les relations

entre les entreprises comoriennes et

le gouvernement et voir comment de

telles relations entrainent une mauvaise

allocation des ressources (généralement à

cause de de privilèges accordés en termes

de protection commerciale, de règles et

règlements, et d’accès au financement).

• Indicateurs de prestation de services.

Pour évaluer ce qu’il faudrait pour

améliorer les résultats en matière de

santé et d’éducation, il faut mesurer

correctement la qualité des services de

santé et d’éducation.

• Recensement agricole. Le premier et

le dernier recensement agricole aux

Comores a eu lieu en 2004. Par conséquent,

il est difficile de planifier, de suivre et

d’évaluer des projets d’investissement à

l’heure actuelle.

• Évaluation environnementale nationale.

Il y a un manque important de données

relatives au secteur de l’environnement

et, lorsque des données sont disponibles,

elles sont soit dépassées, soit

incohérentes. Pour éclairer l’élaboration

de politiques, les valeurs du capital

naturel du pays (en particulier l’eau, les

ressources halieutiques et côtières, la

foresterie et les aires protégées) doivent

être évaluées de manière approfondie

afin que la perte continue de forêts, de

fertilité des sols, d’eau, de biodiversité

et de pêche ne reste plus invisible sur le

plan économique mais soit pleinement

prise en compte dans l’élaboration des

politiques.

• Réforme foncière. Une meilleure

compréhension des contraintes de la

réforme foncière et de ses effets sur

l’économie permettrait aux décideurs

de prendre des décisions plus éclairées

pour libérer le potentiel de cet important

facteur de production et accroître sa

productivité.

• Développement urbain. Il y manque

actuellement de travaux d’analyse axés

sur les défis posés une urbanisation qui

progresse lentement.

1. Résumé Éxécutif

24

Page 34: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

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25

1. Résumé Éxécutif

Page 35: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

INTRODUCTIONINTRODUCTION

26

Page 36: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

1. Cette Etude diagnostique systématique

de pays (EDSP) - le premier pour le pays

– dresse un bilan du développement des

Comores depuis le début des années 2000

et examine les contraintes et les opportunités

que le pays rencontre sur la voie du

développement. Elle apporte des éléments

de réponse à trois questions principales : (1)

Quelles sont les principales contraintes qui

entravent la croissance de la production et

de la productivité ? (2) Quels sont les facteurs

critiques qui déterminent la réduction de la

pauvreté et l’inclusion ? et (3) Dans quelle

mesure les tendances actuelles de la croissance

et de l’inclusion sont-elles durables ? Examinant

ces questions, l’EDSP définit trois Voies

principales qui, si elles sont suivies, pourraient

accélérer les progrès vers le double objectif de

la Banque mondiale de réduction de la pauvreté

et de prospérité partagée.

2. Pour identifier les domaines politiques

dans lesquels le pays doit relever les plus

grands défis pour progresser vers le double

objectif de réduction de la pauvreté et de

prospérité partagée de la Banque mondiale,

l’EDSP s’appuie sur quelques outils d’analyse.

Un exercice de benchmarking portant sur

près de 1 000 indicateurs a été mené pour

comparer les résultats des Comores avec ceux

d’autres petits États insulaires qui partagent

les mêmes caractéristiques essentielles de

revenu, de fragilité et d’envoi de fonds (voir

Tableau 2). Là où les résultats des Comores

divergeaient sensiblement de ceux de leurs

pairs, une analyse plus approfondie des

questions d’intérêt a été entreprise. Cette

analyse sectorielle s’inscrit dans le contexte

d’une décomposition de la croissance et

d’une analyse détaillée de la dynamique de

la pauvreté et de la prospérité partagée. Une

nouvelle analyse du marché du travail et du

rôle des envois de fonds dans la réduction

de la pauvreté a été entreprise aux fins de

cette EDSP, ces deux sujets ayant émergé

comme des lacunes importantes dans les

connaissances lors de la conceptualisation du

document. Une évaluation des risques et de

la résilience complète l’analyse quantitative

et offres des informations contextuelles

importantes concernant la dynamique sociale

qui détermine les résultats en matière de

croissance et de pauvreté aux Comores.

3. Pour passer de l’analyse à la priorisation

des mesures stratégiques, l’EDSP applique

un processus en trois étapes. Dans un premier

temps, elle définit trois grandes Voies qui

sont actuellement bloquées, mais qui sont

les plus prometteuses pour une croissance

plus forte, une réduction plus équitable de

la pauvreté, le renforcement de la cohésion

sociale et le renforcement des liens entre

l’État et la société, un aspect important

du développement aux Comores. Dans un

deuxième temps, l’EDSP définit les domaines

de réforme qui pourraient débloquer les trois

Voies. Enfin, ces mesures stratégiques sont

classées par ordre de priorité en fonction

de quelques critères qui sont énoncés au

Chapitre 8.

4. Le rapport identifie également deux filtres

de développement importants qui doivent

être appliqués lors de l’analyse de la marche

à suivre : Identité et institutions. L’application

de ces filtres est justifiée par les défis sociaux,

politiques et de gouvernance auxquels les

Comores sont confrontées. Sur le plan social,

les Comores luttent pour le maintien du

sentiment d’identité et de cohésion nationale,

avec des conséquences négatives pour la

croissance et l’équité. Les données recueillies

dans d’autres petits États insulaires et dans

des contextes fragiles donnent à penser que

les pays qui ont connu un progrès en matière

de développement ont en commun des

structures de gouvernance fortes et inclusives

qui peuvent contribuer à favoriser un sentiment

de cohésion sociale. Cela permet à ces pays de

2. Introduction

27

Page 37: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

se doter d’institutions étatiques formelles plus

solides et plus résilientes, capables d’assurer

l’élaboration et la continuité des politiques

à long terme et de surmonter certaines des

déséconomies d’échelle associées à leur

petite taille, comme le soulignent à la fois

le rapport Pathways for Peace et le World

Development Report 2011 sur les conflits, la

sécurité et le développement.²⁴ Compte tenu

de leur exemple, la voie du développement

des Comores passer par la capacité du pays

à renforcer le sentiment d’identité nationale

- en unissant efficacement et en assurant

l’inclusion et la représentation des multiples

centres de pouvoir qui se chevauchent

pour soutenir l’intérêt commun, à savoir la

croissance et la prospérité partagée. Le

Chapitre 4 traite de la pertinence de ces deux

filtres et le Chapitre 8 propose des moyens

de les appuyer.

Tableau 2: Comores et pays de comparaison

Pays

Cap Vert

Tonga

Fidji

Samoa

Comores

Sao Tomé et

Principe

Iles Salomon

Timor-Oriental

0,546

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Population (millions)

Petits Etats

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(c.à.d. fragile)

Etat insulaire

RNB par habitant, méthode

Atlas (dollars US courants)

(2017)

Écart de pauvreté à 3,2 USD (valeur la plus

récente)

Croissance du PIB réel

(annuel) (moyenne

2011-2017)

Envois de fonds

personnels reçus (% du

PIB nominal) (2017)

Type de pays de comparaison

* Évaluation des politiques et des institutions nationales (Banque mondiale)

Pathways for Peace (2018); World Development Report (2011)²⁴

2. Introduction

28

Page 38: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

5. Le reste du présent document est organisé

comme suit : Le Chapitre 3 présente les Comores

au lecteur. Le Chapitre 4 traite du capital

social des Comores et de son rôle en rapport

à la fragilité et à la résilience. Le Chapitre 5

présente un aperçu des tendances récentes en

matière de pauvreté et de prospérité partagée.

Le Chapitre 6 décrit la performance des

Comores en matière de croissance. Le Chapitre

7 examine les risques économiques, politiques,

sociaux et environnementaux qui pèsent sur

la durabilité de la croissance et la réduction

de la pauvreté. Enfin, le Chapitre 8 présente la

marche à suivre et une priorisation des actions

politiques susceptibles d’aider les Comores à

avancer sur la voie du développement vers

une croissance plus forte et une plus grande

prospérité partagée.

2. Introduction

29

Page 39: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

RENCONTRE AVEC LES COMORES - LE CONTEXTE

30

Page 40: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Géographie et société

6. Les Comores sont un archipel volcanique

au large des côtes de l’Afrique de l’Est et ont

historiquement constitué un important poste

de traite pour les marchands et commerçants

arabes, européens, perses et africains à partir

du 15ème siècle. Le pays regroupe quatre îles

: Grande Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte,

cette dernière restant sous administration

française. Environ la moitié de la population

vit sur la plus grande île, la Grande Comore, qui

abrite également la capitale de l’Union, Moroni.

Les îles volcaniques ont été appelées les « îles

parfumées » pour leur flore odorante et sont

connues pour la beauté de leurs paysages.

Au cœur d’un triangle formé par la Tanzanie,

le Mozambique et Madagascar, les Comores

sont considérées comme le deuxième triangle

de biodiversité récifale au monde, après

l’Indonésie. Le pays a environ 1 800 km² de

terres et contrôle, au large de ses côtes, une

zone économique exclusive (ZEE) de 160 000

km², soit 70 fois la superficie du pays.

7. La composition de la population

comorienne a été façonnée par une histoire

de multiples migrations. La composition

ethnique complexe du pays est le résultat de

multiples vagues de migration, en provenance

d’Indonésie, d’Afrique de l’Est, de Mélanésie,

de Polynésie, du Golfe persique, de Perse,

d’Europe, de Madagascar et d’ailleurs. Les

langues officielles parlées aujourd’hui sont

l’arabe, le français et le shikomori (dérivé de

la famille des langues bantu). La population à

hauteur de 98 pour cent adhère à une forme

d’Islam sunnite issue de la tradition shi’ite.

Suite à un référendum, la nouvelle Constitution

pose explicitement que l’Islam sunnite, plutôt

que l’Islam, est la religion d’État.

8. Les Comores sont encore en attente d’un

dividende démographique. La population

d’environ 800 000 habitants est jeune (54 pour

cent ont moins de 20 ans) et largement rurale

(les deux tiers de la population). Avec environ

4,3 enfants par femme, les Comores font partie

du groupe de pays où la transition en matière

de fécondité a été amorcée,²⁵ mais les taux

de fécondité restent si élevés qu’ils influent

la croissance et la pauvreté (voir Figure 4). Au

cours des 15 dernières années, la croissance

démographique a été en moyenne de 2,4 pour

cent par an, ce qui est inférieur à la moyenne

de l’Afrique subsaharienne et des autres pays

à faible revenu, mais bien supérieur à celle

des pairs structurels et aspirationnels. Les

projections démographiques indiquent que

la population totale des Comores augmentera

de 50 pour cent et que l’effectif de la main-

d’œuvre doublera au cours des 15 prochaines

années, ce qui posera un défi majeur en

termes de création d’emplois, de réduction

En référence à leur situation en termes de transition en matière de fécondité, Guengant (2017) identifie cinq groupes

de pays en Afrique subsaharienne : la transition de la fécondité est terminée (ou presque terminée). Dans ces pays,

l'ISF est inférieur à trois par femme en 2010-15. Il s'agit des pays suivants : Maurice, les Seychelles, le Cap Vert, l'Afrique

du Sud et le Botswana. La transition en matière de fécondité est en cours : dans ces pays, l'ISF est de l'ordre de 3-4.

Ces pays comprennent le Lesotho, Djibouti, le Swaziland et la Namibie (représentant 0,7 pour cent de la population

de l'ASS). Transitions de fécondité amorcées : ici, l'ISF est de l'ordre de 4-5. Ce groupe comprend 20 pays, dont les

Comores. Transitions lentes et irrégulières : dans ces pays, l'ISF est de l'ordre de 5-6. Ces 12 pays sont : Côte d'Ivoire,

Guinée, Sud-Soudan, Sénégal, Tanzanie, Malawi, Mozambique, Zambie, Burkina Faso, Nigeria, Gambie, Gambie et

Ouganda. Transitions de fécondité très lentes et/ou naissantes : les sept pays de ce groupe - Burundi, République

démocratique du Congo, Angola, Tchad, Mali, Somalie et Niger - ont un ISF supérieur à 6 par femme.

²⁵

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

31

Page 41: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

de la pauvreté et de réponse aux pressions

supplémentaires exercées sur des terres et

des ressources naturelles limitées.²⁶

9. Le rôle des femmes dans la société

comorienne est complexe. Si la société

comorienne est matrilinéaire, donnant aux

femmes un rôle important dans la société en

termes de propriété des biens,²⁷ les inégalités

entre les sexes sont fortement enracinées

aux Comores. Le taux d’achèvement du cycle

primaire chez les femmes est inférieur à celui des

hommes (70 pour cent contre 90 pour cent) et

les taux d’alphabétisation sont plus élevés chez

les femmes (77,3 pour cent contre 69,7 pour cent

pour les hommes). Le taux de participation des

femmes à la population active est la moitié de

celui des hommes. Bien que l’égalité des sexes

soit inscrite dans la Constitution, les femmes sont

sous-représentées dans la fonction publique où

un système de favoritisme sexiste s’applique à

leur détriment.²⁸ Bien que les femmes héritent

généralement des terres et des maisons selon

la coutume, elles n’ont pas toujours des droits

d’usufruit, ceux-ci allant généralement à leur

mari, leurs oncles maternels ou leurs frères.

Malgré une émigration nette, les Comores sont l'un des pays les plus densément peuplés du monde (25ème), avec

328 personnes en moyenne vivant sur un kilomètre carré.

Même si selon la coutume et grâce à des lois favorables, les femmes ont accès à la propriété, elles n'ont pas toujours

les droits d'utilisation de ces biens. Selon l'article 82 du Code de la famille, la coutume comorienne veut que chaque

fille ait le droit, au moment de son mariage, de recevoir une maison de ses parents. En principe, ces actifs mis à la

disposition des femmes peuvent être utilisés comme garantie et, par conséquent, pourraient favoriser leur accès

au crédit et au financement. Cependant, dans la pratique, les biens ont tendance à aller à leur mari, à leurs oncles

maternels ou à leurs frères. Un mauvais système d'enregistrement foncier et un système matrilinéaire qui affirme

l'indivisibilité et l'inaliénabilité de la terre limitent dans la pratique la capacité des femmes à utiliser leurs propres

terres pour accéder aux prêts bancaires.

Bien qu'elles aient ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes,

les Comores continuent de souffrir de la sous-représentation des femmes dans tous les domaines de l'activité

socioéconomique, y compris la politique nationale (3 pour cent) et locale, l'administration et les professions juridiques

et judiciaires.

²⁶

²⁷

²⁸

Figure 4: Evolution démographique, Comores et pays de comparaison

Revenu intermédiaire inférieur

Source: IDM

Comores Petits Etats Cap Vert

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

Taux de fécondité, total (naissance par femme)

8

7

6

5

4

3

2

1

0

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

32

Page 42: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

10. Les jeunes Comoriens ont peu d’options

en matière d’éducation, peu d’opportunités

dans le secteur formel, peu de mobilité

sociale et peu de possibilités d’expression

politique. Les taux de chômage élevés ont

contribué à la frustration des jeunes et ont

contribué à leur émigration. En 2014, un jeune

Comorien en âge de travailler sur deux était

au chômage. Seuls 3 pour cent des jeunes ont

trouvé un emploi fixe dans le secteur formel,

dans un contexte où le secteur privé est très

petite taille, tandis que 80 pour cent ont

trouvé une source de revenus dans le secteur

informel. La principale source d’emplois

formels dans le pays - la fonction publique -

est saturée.

Contexte politique

11. Depuis son accession à l’indépendance

en 1975, le pays a été tiraillé entre le défi de

construire un État-nation fort et cohésif et la

poussée régionale vers l’autonomie des îles.

Cette situation a été une source récurrente

d’instabilité aux Comores et l’absence d’un

sentiment fort d’appartenance nationale et

d’unité nationale a exacerbé l’importance

de cette tension en tant que facteur de

bouleversements politiques persistants

dans l’histoire du pays. Les Comores ont

déclaré leur indépendance de la France en

1975, après avoir soumis cette décision à

un référendum. Cependant, à Mayotte, 64

pour cent ont choisi de rester au sein de la

France, ce qui a permis au pouvoir colonial

de conserver le contrôle de l’île en tant que

territoire français. Depuis l’indépendance,

le pays a connu 21 coups d’état militaires,

manqués ou réussis, dont deux ont abouti

à l’assassinat du président de l’époque.

Les mercenaires ont joué un rôle dans la

trajectoire politique du pays, en appuyant les

tentatives de coup d’État et en renversant

les présidents.²⁹ Le pays a également connu

de multiples affrontements inter-îles et des

menaces séparatistes des îles d’Anjouan et

de Mohéli. Cela dit, les conflits aux Comores

ont généralement été de faible intensité,

les affrontements ayant rarement fait plus

de cinq morts.

12. Les efforts déployés pour résoudre

les tensions persistantes entre les îles en

ce qui concerne le partage du pouvoir et

les recettes publiques ont conduit à de

multiples révisions de la Constitution et des

arrangements constitutionnels. Depuis 1975,

le pays a promulgué cinq constitutions et de

nombreux amendements constitutionnels,

alternant entre plus grande centralisation et

plus grande autonomie pour les îles. Avant le

référendum du 30 juillet 2018, la constitution

en place datait de 2001 et résultait d’un accord

de réconciliation - l’Accord de Fomboni - suite

à la crise séparatiste de 1997-1998, lorsque les

îles d’Anjouan et de Mohéli ont déclaré leur

indépendance des Comores. Pour répondre

aux aspirations d’Anjouan et, dans une

moindre mesure, de Mohéli, un degré élevé

d’autonomie des îles a été introduit au moyen

d’un système appelé la « tournante » au titre

de laquelle la présidence revient tour à tour

aux quatre îles, à savoir la Grande Comore,

Anjouan, Mohéli et Mayotte.³⁰

Ces mercenaires étaient en contact étroit avec la France, et en particulier avec les services secrets. Impliqué dans

plusieurs coups d'État en Afrique, Bob Denard, surnommé le « Sultan blanc des Comores », a joué un rôle clé dans

l'instabilité politique de l'archipel. Il a eu une présence continue dans le pays sous le Président Abdallah (1978-1989),

lorsqu'il a créé et dirigé la Garde présidentielle.

Mayotte est un département français d'outre-mer depuis 2011 à la suite d'un référendum en 2009. Ainsi, Mayotte

ne participe pas à la « tournante », puisqu'elle reste sous juridiction française. Les relations entre les Comores et la

France restent fragiles, les Comores revendiquant toujours Mayotte comme faisant partie de leur territoire.

²⁹

³⁰

33

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

Page 43: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

13. Depuis l’introduction du système de la

« tournante » dans la Constitution de 2001,

les Comores ont connu trois transitions

relativement harmonieuses du pouvoir

présidentiel. Il est largement admis que la «

tournante » a été essentielle à la cohésion du

pays. Cependant, l’élite politique comorienne,

notamment sur la Grande Comore, estime

que la « tournante » crée des discontinuités

indésirables dans les politiques et les

pratiques et qu’elle est « antidémocratique »

en ce sens qu’elle s’écarte du principe selon

lequel chaque vote a un poids égal. Sur un

cycle de quinze ans, Mohéli, qui a la plus petite

part de la population totale, aura la même

chance d’avoir un président de ses rangs élu

que la Grande Comore dont la population est

presque dix fois supérieure. D’autre part, il y a

la compréhension du fait que si la candidature

était ouverte à tous et que les élections se

font au suffrage universel ordinaire, il est

peu probable qu’il y ait un jour un président

originaire d’Anjouan et il serait pratiquement

impossible qu’il y ait un jour un président

originaire de Mohéli.

14. L’inachèvement de la décentralisation du

pouvoir prévue par la Constitution de 2001 a

entravé l’émergence d’un État-nation unifié

en accentuant le décalage entre l’État central

et les îles. De nombreuses lois nécessaires à la

mise en œuvre de la Constitution - notamment

en ce qui concerne les dépenses budgétaires

et la déconcentration des fonctions – n’ont

pas encore été promulguées. La formule de

partage des recettes de l’État avec les îles

n’a pas été pleinement respectée³¹ et les

transferts financiers du centre sont souvent

négociés au gré des circonstances. Cela

peut renforcer le sentiment de méfiance et

contribuer à donner l’impression que les îles

sont négligées et marginalisées.³² En outre, le

pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire ont du

mal à assurer leur rôle de contre-pouvoir face à

l’exécutif, le Parlement étant divisé, le contrôle

du budget³³ étant limité et l’exécutif ayant le

pouvoir d’annuler une législation ratifiée.

15. Le pays se trouve actuellement à la

croisée des chemins en matière politique.

Le référendum du 30 juillet 2018 a donné au

gouvernement le feu vert pour redéfinir une

fois de plus les arrangements politiques du

pays (voir Tableau 3). Le référendum fait suite

aux Assises Nationales de février 2018 où il a

été recommandé d’apporter des changements

à la Constitution.³⁴ Les changements proposés

permettent à un président en exercice de

se présenter à nouveau à ses fonctions et

d’exercer deux mandats consécutifs de cinq

ans. Les modifications abolissent également

la Cour Constitutionnelle et transfèrent ses

Elle n'a été respectée que sous contrôle international, pendant la période de transition qui a suivi l'entrée en vigueur

de la Constitution de 2001.

Les barrières géographiques et les faibles possibilités pour la population d'interagir au-delà de son territoire physique

ont été des facteurs supplémentaires qui perpétuent un sentiment d'identité localisé dans les îles. Le système éducatif

ne renforce pas efficacement les valeurs communes et les points de référence partagés par tous les Comoriens ; les

jeunes ont peu d'occasions de s'engager avec leurs pairs d'autres îles, tandis que les élites poursuivent des études

supérieures et des possibilités de formation en dehors des Comores.

Le budget 2018 n'a pas fait l'objet d'un vote formel et aucune loi de finances rectificative n'a été adoptée cette année.

Les Comores obtiennent 8 points sur 100 à l'indice du budget ouvert.

La conférence a été organisée pour tirer les enseignements d'un diagnostic complet du pays après plus de 40 ans

d'indépendance et pour élaborer de nouvelles dispositions pour l'avenir. Certains dirigeants politiques et intellectuels

ont refusé de participer à la Conférence, affirmant que les organisateurs des Assises Nationales avaient instrumentalisé

le Président Assoumani et ses partisans. Le processus a également été contesté par le gouverneur d'Anjouan.

Quelques débats ont également été organisés à Anjouan et Mohéli, pour tenter de qualifier le processus d' « Assises

de la Grande Comore ».

³¹

³²

³³

³⁴

34

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

Page 44: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

responsabilités à la Cour Suprême dont les

membres sont nommés par le Président.

Ainsi, si les limites du système de la tournante

sont claires quant à la continuité politique à

long terme, ces changements auront aussi

pour effet de frustrer les ambitions de l’élite

politique d’Anjouan qui est la prochaine dans

l’ordre de succession à la présidence.³⁵

Tableau 3: Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018

CONSTITUTION DE 200136 CONSTITUTION DE 2008

Préambule : L’Islam est la religion officielle de l’État.

Article 7: Chaque île est autonome. L’Union des

Comores est un État fédéral et l’Union et les îles ont

chacune leurs compétences respectives.

Article 13: La Présidence tourne entre les îles selon le

système de la tournante et chaque Président devrait

attendre dix ans pour que le cycle revienne dans son

île pour être éligible à un second mandat.

Article 14: Chaque île a son propre Vice-président élu.

Le Vice-président de l’île qui assure actuellement la

Présidence est le Président par intérim.

Article 36-40: La Cour Constitutionnelle est la plus

haute juridiction du pays en matière constitutionnelle

et les juges sont nommés par différentes autorités

politiques (Président de l’Union, Président du Parlement

et Gouverneurs des îles).

Prochaine élection présidentielle prévue pour 2021

Preamble: L’Islam sunnite est la religion officielle de l’État.

Article 97: L’Islam sunnite de tradition shi’ite régit le

culte et la vie sociale.

Article 1: L’Union des Comores est un État unitaire et les

compétences des îles ont été réduites.

Article 52: La Présidence continue à tourner entre

les îles à travers le système de la tournante. Chaque

île est désormais autorisée à renouveler son mandat

et à exercer la Présidence pendant deux mandats

consécutifs à condition que le Président en exercice

remporte les élections suivantes.

Article 58: Les postes de Vice-présidents élus ont

été éliminés et le Premier Ministre est le Président

par intérim.

Article 96: La Cour Suprême est le plus haut tribunal

du pays, y compris en matière constitutionnelle. Une

Chambre de la Cour Constitutionnelle a été créée au

sein de la Cour Suprême. Les juges de la Chambre sont

nommés par décret présidentiel.

Prochaine élection présidentielle prévue en 2019

Le Président Assoumani a fait valoir que l'ancien système entravait la planification à long terme ; toutefois, l'opposition

a fait valoir que cette mesure élargirait les pouvoirs de l'exécutif et du Président parce que l'amendement à la

Constitution éliminerait le poste de vice-président et diluerait considérablement les pouvoirs des gouverneurs sur

les trois îles.

À compter d'autres modifications de 2009 et 2013.

³⁵

³⁶

35

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

Page 45: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Structure de l’économie

16. L’économie des Comores est peu

diversifiée et figure parmi les plus

dépendantes aux importations dans le

monde. L’économie reste articulée sur une

base d’exportation étroite constituée de la

production de vanille, d’ylang ylang (dont

l’huile aromatique est utilisée dans l’industrie

du parfum) et de girofle. L’économie est

caractérisée par l’informalité et fait face à des

défis importants en rapport à la concurrence

et à la diversification (voir l’Annexe 9 pour une

répartition de l’activité économique par île).

17. L’agriculture est le premier employeur

des Comores et le deuxième secteur

en termes de taille (après les services).

Elle constitue également la plus grande

utilisation des terres. Entre 2011 et 2017, la

part du secteur dans le PIB s’est élevée en

moyenne à 31,6 pour cent, soit un niveau très

supérieur à la moyenne des pairs structurels

(15,7 pour cent) et à la moyenne de l’Afrique

subsaharienne (23,7 pour cent) (voir Figure 5).

La majeure partie de la production agricole

provient de petites exploitations familiales

qui produisent toute une gamme de cultures

vivrières destinées principalement à la

consommation domestique, notamment

le maïs, le manioc, les bananes, le taro, la

patate douce et la noix de coco. L’agriculture

commerciale est sous-développée et

s’articule autour de la production de trois

cultures de grande valeur destinées à

l’exportation, à savoir la vanille, le girofle

et l’ylang-ylang. Comme dans les pays de

comparaison, le sous-secteur de l’élevage

est extrêmement petit aux Comores, avec

moins d’un poulet par habitant.³⁷

18. La pêche représente 24 pour cent du

PIB agricole (soit 7,5 pour cent du PIB total)

et emploie directement et indirectement

environ 8 500 personnes, soit 4,2 pour cent de

la population active, constituant une source

importante de revenus pour les familles

pauvres.³⁸ La zone économique exclusive

(ZEE) de 160 000 km² des Comores chevauche

les importantes zones de pêche thonière à

l’embouchure du canal du Mozambique. De

nombreux travailleurs sont des femmes qui

participent au glanage, à la transformation

et à la commercialisation. Cependant, la

pêche aux Comores est presque entièrement

artisanale. La flotte nationale, en raison de sa

petite taille et de son peu d’équipements,

n’a pas la capacité d’exploiter les ressources

extracôtières. Bien que la plupart des eaux

côtières soient fortement exploitées, en

particulier pour les espèces démersales de

grande valeur (vivaneau, mérou, etc.), il existe

de nombreuses ressources sous-exploitées

dans le pays, notamment le homard, les

céphalopodes (poulpe), le concombre de mer

et les mollusques bivalves.

0,67 aux Comores, 0,72 au Timor-Oriental et 1,15 à Sao Tomé-et-Principe (seules les Îles Salomon sont inférieures, à 0,4).

Les ménages de pêcheurs - pêcheurs à temps plein et pêcheurs de subsistance qui alternent entre travail agricole

et pêche - représentent une proportion significative des ménages en dessous du seuil de pauvreté (soit 40 pour cent

des habitants en Grande Comore et 70 pour cent à Anjouan).

³⁷

³⁸

36

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

Page 46: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 5: Taille du secteur agricole, Comores et comparateurs

Agriculture, valeur ajoutée (% du PIB) (2011-2017)

Comores Comores (2001-2010)

Etats fragiles

Tonga Timor-Oriental

Pairs structurels

Pairs ambitieux

Sao Tomé et Principe

Fidji Petits Etats

Insulaires

Cap Vert Samoa

35

30

25

20

15

10

5

0

Calculs du personnel à partir de l’IDM

Moyenne de l'ASS 80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur

19. Les droits de pêche accordés aux

navires étrangers ont historiquement

généré d’importantes recettes publiques,

mais des défaillances de gouvernance ont

entrainé une coupure de ce flux de recettes.

Le thon est principalement pêché par

des pays extérieurs à la région et aucun

débarquement n’a lieu aux Comores. Ainsi,

les bénéfices pour l’économie comorienne

consistent en grande partie en des

paiements au gouvernement pour l’accès

des navires étrangers aux eaux nationales.

Par le passé, les redevances versées au

gouvernement pour l’accès des navires de

pêche étrangers aux eaux comoriennes

s’élevaient à environ 1,3 million USD par

an, soit 0,7 pour cent du total des recettes

publiques en 2017, la moitié provenant

d’un Accord de partenariat pour une pêche

durable du thon et des espèces apparentées

avec l’Union européenne (EU). Cependant,

en 2017, cette source de revenus s’est tarie

lorsque les Comores ont été sanctionnées

par l’UE pour non-respect de la lutte contre

la pêche illégale, non déclarée et non

réglementée (INN).

20. Le secteur secondaire aux Comores

est petit et dominé par l’agro-industrie et

les activités de construction. A 12,2 pour

cent du PIB en 2011-2017, la part du secteur

secondaire dans l’économie reste inférieure à

celle de ses pairs structurels (17,0 pour cent)

et bien en dessous de la moyenne de l’Afrique

subsaharienne (23,7 pour cent). L’agro-industrie

légère est prédominante avec l’émergence de

la production d’huiles essentielles et d’épices.

La construction est le deuxième sous-secteur

en termes d’importance, représentant environ

un sixième de la valeur ajoutée de l’ensemble

du secteur bien que la part du secteur de la

construction dans l’activité économique des

Comores n’ait représenté qu’environ 2 pour

cent au cours de la dernière décennie.

21. Le secteur tertiaire est dominé par

le commerce et les services publics. Ce

sont les services qui contribuent le plus

à l’activité économique aux Comores. Le

secteur des services représentait 56,3 pour

cent du PIB en moyenne sur la période 2011-

2017, le commerce et les services publics

37

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

Page 47: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Chacune des trois îles a ses propres attractions. La Grande Comore est une île volcanique

pittoresque dominée par le mont Karthala (2 361 mètres), l’un des volcans les plus actifs du

monde. Le port de Moroni offre un aperçu de l’histoire de l’île et de l’héritage arabo-swahili.

Le marché principal ressemble à une petite version de la célèbre ville de pierre de Zanzibar

avant sa réhabilitation – les activités de restauration urbaine pourraient potentiellement

transformer cet atout en une attraction touristique de grande valeur. La côte est bordée

de plages de sable blanc comme à Galawa et Maloudja, ainsi que de récifs coralliens qui

offrent des possibilités de plongée sous-marine et de snorkeling de classe mondiale. Le

Lac Salé est un lac d’eau salée profond qui s’est formé dans un cratère volcanique aux

parois abruptes. Mohéli, la plus petite île de l’archipel, offre des plages immaculées telles

que Nioumachoua, Moimbasa, Sambia et Itsamia. Le milieu naturel abrite une faune marine

endémique et emblématique comme les dugongs, les baleines à bosse et les tortues

marines. Les communautés locales espèrent faire de l’île une destination écotouristique.

Anjouan est appelée « l’île aux parfums » en raison de ses plantations d’ylang-ylang. Le

paysage se compose de mangroves, de montagnes, de lacs et de plantations. La ville de

Mutsamudu possède la médina la plus importante des îles, ainsi qu’une citadelle. Des trois

îles, c’est sur la Grande Comore, la plus grande île, en particulier dans la capitale Moroni, que

le développement touristique a été le plus important. Cependant, la destination Comores vit

dans l’attente d’un développement du tourisme comme à l’âge d’or des années 90. Cet âge

d’or tient en grande partie à la station balnéaire Galawa Maloudja Beach (350 chambres),

gérée par le groupe sud-africain Sun International et fermée en 2001, qui visait une clientèle

de touristes sud-africains soumise aux restrictions des mesures anti-apartheid.

Encadré 1: Les Comores en tant que destination touristique

représentant environ la moitié de la valeur

ajoutée. Le commerce est dominé par le

simple commerce de détail, le plus souvent

informel. Parmi les autres sous-secteurs

importants figurent les transports, les activités

financières, les télécommunications et les

services hôteliers et de restauration. A 3,4 pour

cent du PIB en 2017, le secteur du tourisme

reste sous-développé par rapport à son

potentiel (voir Encadré 1).³⁹

World Travel and Tourism Council (2018).

Selon une étude comparative récente, les Comores sont parmi les sept pays d’ASS où la productivité de la main

d’œuvre a le plus stagné en comparaison aux Etats-Unis depuis 1970 (Calderon et al. 2018).

³⁹

⁴⁰

22. La productivité du travail aux Comores

semble faible, en particulier dans les secteurs

de l’agriculture et de la construction. Des

incertitudes en matière de collecte des

données sectorielles sur l’emploi freine une

bonne analyse de la productivité du travail dans

tous les secteurs, mais les données disponibles

indiquent que la productivité du travail est

comparable à celle observée dans les pays

pairs structurels et en Afrique subsaharienne,

mais est nettement inférieure à la moyenne

des pays pairs aspirationnels et à revenu

intermédiaire inférieur (voir Figure 6).⁴⁰ Même

si la productivité du travail semble faible dans

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

38

Page 48: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

tous les secteurs, les secteurs de l’agriculture

et de la construction présentent les niveaux de

productivité les plus faibles. D’autres recherches

sur les facteurs de faible productivité du

Présentation du contexte macro-économique

23. L’équilibre budgétaire des Comores a été

largement maîtrisé ces dernières années

mais reste fortement tributaire des dons. Sur

la période 2011-2017, les recettes totales (17,2

pour cent du PIB) ont dépassé les dépenses

totales (15,6 pour cent du PIB), générant en

moyenne un solde budgétaire positif de 1,6

pour cent du PIB. Sans un soutien important

et continu de la part des bailleurs extérieurs

(en moyenne 7,9 pour cent du PIB entre 2011 et

2017), le déficit budgétaire global aurait atteint

à un pourcentage à deux chiffres la plupart

travail sont nécessaires et seront menées dès

qu’une nouvelle enquête sur les ménages sera

disponible (actuellement en préparation avec

l’appui de la Banque mondiale).

du temps. La part importante de la masse

salariale dans le budget (plus de 60 pour cent

des recettes générées au niveau national au

cours de la dernière décennie) laisse très peu

de place aux dépenses dans des domaines

tels que les services sociaux, l’éducation ou les

projets d’infrastructure. L’équilibre budgétaire

des Comores a également pu être mieux

maîtrisé en raison de l’accès très limité des

Comores aux marchés financiers (nationaux ou

internationaux). Le risque de surendettement

des Comores a été estimé modéré dans les

dernières analyses conjointes de la viabilité de

la dette menée par la Banque mondiale et le

Fonds monétaire international.

Sans un soutien important des donateurs extérieurs, le déficit budgétaire aurait été la plupart du temps autour de deux chiffres.

39

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

Page 49: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 6: Productivité du travail

a. Production par travailleur par secteur (2014) b. Production totale par travailleur - Comores et

comparateurs (2017)

4 000 000

3 500 000

3 000 000

2 500 000

2 000 000

1 500 000

1 000 000

500 000

-

25 000

20 000

15 000

10 000

5000

0

Agric

ultu

re

Min

es e

t ser

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s pu

blic

s

Man

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Cons

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Com

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s

Reve

nu in

term

édia

ire

infé

rieur

e

ASS

Fran

cs C

omor

iens

con

stan

ts(b

ase

2007

)

Production par travailleur (PIB USD constants 2010)

Production par travailleur (PIB USD constant 2011 en PPA)

Source : Groupe a : Calculs du personnel à partir des comptes nationaux révisés des Comores et de l’EESIC 2014. Panel b : OIT

24. Le secteur extérieur dépend des envois de

fonds privés et des subventions extérieures.

La capacité d’exportation des Comores

est faible et concentrée sur trois produits

seulement : le clou de girofle, l’ylang-ylang

et la vanille (90 pour cent des exportations).

Bien que le pays soit un leader mondial de

la production de vanille (6 pour cent de la

production mondiale) et d’ylang-ylang (70

pour cent de la production mondiale), les

recettes d’exportation représentent moins

de la moitié des dépenses d’importation en

agriculture.⁴¹ Le déficit du commerce de

biens et de services s’est établi en moyenne

à 19 pour cent du PIB sur la période 2011-

2017, dépassant largement celui de ses pairs

structurels (3,5 pour cent du PIB). Ce déficit

commercial important est compensé par le

dynamisme des envois de fonds (estimé à 12

pour cent du PIB sur la période 2011-2017)

et le déficit du compte courant est financé

en grande partie par des dons extérieurs

considérable, estimés à 8 pour cent du PIB

sur la période 2011-2017.

25. Grâce notamment à une politique

monétaire ancrée dans un accord entre la

Banque Centrale des Comores et la France,

les taux d’inflation ont été relativement

stables et faibles par rapport aux taux

observés chez les pairs structurels (cf.

Figure 7). Le franc comorien a été rattaché

au franc français depuis son indépendance,

puis à l’euro depuis 1999 (490 KMF par

Département d'État des États-Unis et Bureau international des stupéfiants et des affaires de détection et de répression,

"OEC - Comores (COM) Exportations, importations et partenaires commerciaux".

⁴¹

40

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

Page 50: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Inflation, prix à la consommation (pourcentage annuel) (2011-2017)

Etat

s fr

agile

s

Sao

Tom

é et

Pr

inci

pe

Pairs

stru

ctur

els

Tim

or O

rient

al

Iles

Salo

mon

Com

ores

(2

001-

2010

)

Fidj

i

Petit

s Et

ats

insu

laire

s

Tong

a

Pairs

as

pira

tionn

els

Sam

oa

Cap

Vert

Com

ores

Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM

euro). La monnaie est garantie par le Trésor

français. Alors que l’accord implique une

renonciation de facto à une politique

monétaire indépendante aux Comores, les

conditions générales de cet accord ont

permis à la Banque Centrale de maintenir

un faible niveau d’inflation (en particulier par

26. L’ancrage à l’euro n’a pas produit une

surévaluation soutenue et n’a probablement

pas été une source de faiblesse de la

croissance. Depuis l’introduction de l’ancrage à

l’euro, le franc comorien s’est parfois écarté de

ses fondamentaux à moyen terme (FMI, 2009,

FMI 2014, 2016 et 2018), combinant des périodes

de surévaluation (par exemple 1995-1999) et de

sous-évaluation (par exemple 2002-2005). Dans

d’autres pays, il a été parfois constaté que l’ancrage

rapport à ses pairs structurels et aux pays

d’Afrique subsaharienne) et des réserves de

change suffisantes (8,1 mois d’importations).

La politique d’administration du prix des

produits de base (tels que le riz) est peu

appliquée et n’a très probablement aucun

effet significatif sur les taux d’inflation.

renforce la crédibilité de la politique monétaire

et réduit les taux d’inflation au détriment d’une

perte de compétitivité. Toutefois, en l’absence

d’une surévaluation soutenue au cours de ce

siècle, il est peu probable que le faible niveau

de compétitivité des Comores ait été le résultat

de l’ancrage. L’ancrage de la monnaie limite

cependant la capacité du gouvernement

comorien à s’adapter aux chocs extérieurs par

le biais du taux de change.⁴² ⁴³

Figure 7: Inflation, Comores et comparateurs

80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur Moyenne de l'ASS

10

8

6

4

2

0

-2

Edwards et Levy-Yeyati (2005).

Compte tenu de la modeste marge de manœuvre budgétaire actuelle et de la marge limitée de réduction des

dépenses (les dépenses d'investissement, généralement réduites en période difficile, ne représentent qu'une faible

proportion des dépenses totales), un ajustement budgétaire serait très difficile.

⁴²

⁴³

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

41

Page 51: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Tableau 4: Quelques indicateurs macroéconomiques

2015 2016 2017

PIB (millions en monnaie nationale actuelle)

PIB (en millions USD courants)

RNB par habitant pour les Comores (méthode Atlas, USD)

Croissance du PIB

Solde budgétaire (pour cent PIB)

Total des recettes et des dons (pour cent du PIB)

Dépenses totales (pour cent PIB)

Dette (pour cent PIB)

Recettes fiscales (PIB)

Balance des opérations courantes (pour cent PIB)

Balance commerciale (pour cent PIB)

Importations (pour cent PIB)

Exportations (pour cent PIB)

Envois de fonds personnels reçus (pour cent du PIB)

Crédit intérieur au secteur privé (pour cent du PIB)

Part du PIB par dépenses (pour cent du PIB)

Consommation

Investissements bruts en capital fixe

Exportations nettes

Part du PIB par secteur - côté offre (pour cent PIB)

Agriculture

Industrie

Services

438,331

988.2

1120

1.1

2.6

18.8

16.2

14.4

6.6

0.4

-17.1

27.0

9.9

13.6

16.1

103.1

14.0

-17.1

31.3

11.9

56.8

455,546

1024.3

930

2.3

-4.2

14.1

18.3

16.7

7.9

-4.9

-15.6

26.2

10.7

12.8

16.0

99.8

15.8

-15.6

31.0

12.2

56.8

466,312

1068.1

1280

2.7

0.4

17.4

17.0

17.6

9.5

-2.7

-16.9

28.5

11.6

13.0

16.7

99.4

17.5

-16.9

31.4

12.9

55.7

Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement les Objectifs de développement durable

27. En 2015, les progrès qui avaient été

accomplis dans la réalisation des Objectifs

du millénaire pour le développement

(OMD) étaient dans l’ensemble positifs et

encourageants. Parmi les OMD les plus

importants atteints figurent ceux liés à

l’accès à l’eau améliorée (bien que l’accès

continu à l’eau améliorée soit limité à moins

de 13 pour cent des Comoriens) (OMD 7) et

à l’incidence du paludisme (OMD 6), une

maladie qui est sur le point d’être éliminée

aux Comores. D’importantes améliorations ont

également été obtenues dans la lutte contre

l’extrême pauvreté et la faim (OMD1), les

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

42

Page 52: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

taux d’achèvement du cycle primaire (OMD2),

la santé maternelle (OMD5), la mortalité

infantile (OMD4), la parité entre les sexes dans

l’éducation (OMD3) et l’accès à Internet (OMD8),

mais la performance des pairs structurels a

été meilleure que celle des Comores pour les

OMD5 et OMD4. L’accès à l’assainissement

amélioré (également au titre de l’OMD 7) était

loin d’être atteint, même si les pairs structurels

présentaient également du retard à cet égard.

En 2015, moins de 40 pour cent de la population

avait accès à des services d’assainissement et

d’hygiène de base.

28. Les Comores présentent des résultats

mitigés en ce qui concerne les progrès

accomplis à ce jour en rapport aux Objectifs

de développement durable (voir l’Annexe

3 sur les progrès des Comores en ce qui

concerne les ODD). Depuis 2000, des progrès

significatifs ont été accomplis sur plusieurs

fronts, notamment la réduction des taux de

mortalité maternelle et infanto-juvénile (ODD3),

l’augmentation de l’accès à l’électricité (ODD7)

et l’augmentation du nombre d’utilisateurs

d’Internet et des flux nets d’aide publique au

développement (APD) (ODD17). Les résultats

en matière de croissance économique ont

été décevants, le chômage des jeunes reste

à des niveaux très élevés (ODD8) et les zones

forestières continuent à diminuer (ODD15). Le

manque de données constitue un défi majeur

pour mesurer les progrès accomplis dans la

réalisation des ODD. Les Comores font partie

des 44 pays qui ne figurent pas actuellement

dans l’Indice et les Tableaux de bord des ODD

en raison du manque de données (27 pour cent

des valeurs sont manquantes).

3. Rencontre avec les Comores - le contexte

43

Page 53: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

IDENTITÉ ET INSTITUTIONS AUX COMORES⁴⁴

Cette section exploite principalement l'évaluation des risques et de la résilience 2018 de

la Banque mondiale.

⁴⁴

44

Page 54: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

2 < x < 2.5

Rép. Centrafricaine, Comores, Yémen,

Soudan

29. La faiblesse des institutions formelles

et des structures de gouvernance est la

raison principale qui fait que les Comores

sont classées comme pays fragile par la

Banque mondiale depuis 2006 (voir Figure

8). Les Comores figurent parmi les 31 pays

actuellement classés comme fragiles par la

Banque mondiale. Les résultats des évaluations

des leurs institutions et des politiques des

Comores sont systématiquement en dessous

du benchmark pour les pays à revenu

intermédiaire de la tranche inférieure et pour

les pairs structurels. Depuis le début des

30. Pour comprendre la complexité de

l’organisation sociale aux Comores, il

faut regarder au-delà de ses institutions

formelles et considérer les multiples

hiérarchies autour desquelles la société

est structurée. La société comorienne a

années 2000, les Comores ne se sont jamais

classées au-delà du 30ème centile des pays

évalués pour la plupart des indicateurs de

gouvernance disponibles, les scores étant

particulièrement faibles en termes d’efficacité

du gouvernement, la qualité des règlements

et l’état de droit. Ces faibles résultats en

matière de gouvernance sont enracinés dans

des structures sociétales qui vont au-delà

des tensions entre les îles : les institutions

formelles sont confrontées à un manque

de légitimité à cause de la faiblesse de la

présence de l’État dans le pays.

développé des formes uniques d’organisation

sociale et politique fondées sur la tradition,

la religion et la culture, dont certains aspects

sont antérieurs à l’arrivée de l’Islam dans les

îles et d’autres ont évolué pour intégrer des

éléments religieux. Historiquement, les règles

Figure 8: Pays classés comme fragiles par le Groupe de la Banque mondiale, selon la

notation CPIA

Pays éligibles à l’IDA classés comme fragiles par la Banque mondiale en 2017, regroupés par l'évaluation

harmonisée des politiques et des institutions nationales (CPIA)

12

10

8

6

4

2

0< 2

Institutions plus faibles Institutions plus fortes

2.5 < x < 3 3 < x < 3.2 > 3.2

Erythrée, Somalie,

Sud Soudan, Syrie

Afghanistan, Tchad, Rép.

Congo, Gambie, Guinée-Bissau, Haïti, Kiribati, Iles Marshall, Micronésie, Fed. Tuvalu

Burundi, DRC, Djibouti, Mozambique,

Myanmar, Iles Salomon,

Togo Côte d’Ivoire,

Kossovo, Libéria,

Mali

Source : Banque mondiale

4. Identité et institutions aux Comores

45

Page 55: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

traditionnelles et informelles qui régissent la

société (milanantsi) aux Comores sont ancrées

dans un système coutumier vertical fondé sur

les valeurs d’honneur et de prestige, et sur

le rôle dominant des anciens. Les normes

hiérarchiques (yezi) qui régissent la société

sont en grande partie orales et s’appliquent

en fonction de l’affiliation et de l’identification

au groupe (parenté, communauté, jeunesse,

femmes, aînés).⁴⁵

31. Le village (mdji) est l’unité géographique

d’identification de base aux Comores et

donne sa cohésion à la communauté.⁴⁶

Elle est à la base des multiples formes

d’organisation sociétale (stratification

sociale, organisation territoriale et hiérarchie

religieuse) et est la source du sentiment

d’appartenance, de confiance et d’identité des

Comoriens. L’exclusion de la communauté est

la forme la plus dure de sanction sociale. Le

sentiment d’appartenance et d’identification

à un village donné a été historiquement

soutenu par diverses institutions sociales

telles que le Grand mariage (anda), qui est

au cœur de la cohésion intracommunautaire

et régit toutes les dimensions de la société

aux Comores (voir Encadré 2⁴⁷). La centralité

du village fait que les Comores sont parfois

qualifiées de « confédération de villages »,⁴⁸

plutôt que d’État-nation cohésif. Ce sentiment

d’identité localisée s’appuie sur une

hiérarchie territoriale qui s’est développée

entre les villes et les villages en fonction de

leur histoire de peuplement.⁴⁹ Les villages

des lignées les plus prestigieuses sont au

sommet de la hiérarchie territoriale, et ceux

qui étaient à l’origine peuplés d’esclaves

ou de leurs descendants sont au bas et

sont généralement marginalisés.⁵⁰ Cela a

contribué à creuser un fossé entre les zones

urbaines et rurales.

Ben Ali, Roubani, et Saïd (2011)

Cela varie d'une île à l'autre. Anjouan est présentée comme plus individualiste, avec beaucoup moins d'obligations

sociales qu'en Grande Comore et à Mohéli.

Ben Ali et Mgomri (2013); Blanchy (2013); Walker, Le Guennec-Coppens, et Mery (2002)

Interview avec Mohamed Mchangama, Président de la FCC, 14 mai 2018, Moroni.

Les villages sont classés en quatre catégories différentes : mdji wa yezi (villages de pouvoir), mdji mhuu (grands villages),

mdji ndze (villages ruraux) et itreya (villages périphériques habités par les pêcheurs et les descendants d’esclaves).

Blanchy (2004).

⁴⁵

⁴⁶

⁴⁷

⁴⁸

⁴⁹

⁵⁰

Importé par des migrants d’Afrique de l’Est, le Grand mariage (par opposition au Petit Mariage) est un rite de passage qui permet d’acquérir le statut exalté d’Homme ac-compli (ou notable). Ce processus comporte plusieurs cérémonies (qui culminent dans le Grand mariage) et comporte des cadeaux coûteux et ostentatoires qui sont part-agés avec la communauté et rehausse avec efficacité le statut social de l’individu, de sa famille et de son village. Par le passé, il était attendu du fils et de la fille aînés de la famille de célébrer le Grand mariage, mais les choses ont évolué depuis et le Grand mariage concerne à présent tous les enfants qui choisissent de s’y plier. Cela a eu pour effet d’accroitre les dépenses associées à ce rituel et de monétariser de plus en plus de ce qui était auparavant considéré comme un échange principalement social. Un

Encadré 2: Le Grand mariage

4. Identité et institutions aux Comores

46

Page 56: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Grand mariage lie les personnes dans un réseau profondément enraciné d’obligations sociales mutuelles. Il représente un engagement collectif de deux familles. Historique-ment, c’est une alliance qui ne peut exister qu’entre les membres d’un même village ou d’une même ville, et d’un même statut social. Cette coutume du Grand mariage est une caractéristique commune de l’archipel, bien qu’elle ait plus de force dans la Grande Comore et à Mohéli, qu’à Anjouan, où il a progressivement perdu en importance.

Source : Évaluation des risques et de la résilience de la Banque mondiale 2018.

32. Le caractère central du village et

l’informalité des institutions donnent un

éclairage sur les relations des citoyens avec

l’Etat formel. Contrairement aux systèmes

de gouvernance traditionnels locaux, qui

reposent sur une combinaison de religion et

de coutumes et sont profondément enracinés

dans les normes et valeurs locales, les

institutions étatiques formelles sont encore

largement perçues comme des importations.

Cela a créé deux systèmes dans lesquels

les systèmes de gouvernance traditionnels

et informels fonctionnent en parallèles aux

systèmes formels. Contrairement au système

formel qui repose sur le concept des droits

individuels, le système informel est fondé sur

des réseaux communautaires et de parenté,

une philosophie qui s’étend aux institutions

publiques : les habitants du territoire sur

lequel l’institution est établie croient que la

communauté devrait l’administrer et que sa

gestion devrait profiter à la communauté -

et fournir des emplois aux membres de la

communauté. Les notables exercent des

pressions sur les autorités gouvernementales

en matière de recrutement et de promotion

et sont généralement consultés avant

les décisions de nomination.⁵¹ Ainsi, le

fonctionnement de l’État est largement

structuré autour de réseaux de parenté, de

groupes générationnels et d’allégeances

territoriales. En fin de compte, cela compromet

la fonctionnalité de l’administration publique

et la gestion des entreprises d’État.

33. Il semble de plus que le processus de

décentralisation dans lequel la création

des communes n’a pas été alignée sur

la sphère d’influence traditionnelle du

village ait renforcé le sentiment de coupure

entre l’État central et les centres locaux

d’autogouvernance informelle. En 2015,

les premières élections locales dans le

pays ont eu lieu dans le cadre du processus

de décentralisation lancé par l’accord

constitutionnel de 2001 et promulgué en 2011.⁵²

²Toutefois, les communes sont confrontées à

plusieurs problèmes, notamment l’insuffisance

des ressources humaines et financières,

les transferts budgétaires de l’État central

n’étant souvent pas reçus et les recettes de la

fiscalité locale étant inexistantes. Le problème

vient principalement de la conception des

communes : elle n’a pas suffisamment pris en

M'Sa Ali (2006).

Certaines fonctions des îles, comme l'état civil et l'enseignement primaire, ont depuis été transférées aux communes

avec quelques fonctionnaires. D'autres fonctions qui devraient également être transférées des îles aux communes

comprennent l'environnement, la santé de base, le sport et l’urbanisme.

⁵¹

⁵²

4. Identité et institutions aux Comores

47

Page 57: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

compte le contexte social et politique local et

a alimenté de nouvelles tensions et renforcé

certaines rivalités historiques entre villages.⁵³ ⁵⁴

Portée limitée de l’État

34. Le manque de légitimité des institutions

formelles a limité l’efficacité et la présence

de l’État en dehors de Moroni, de même que

la portée de la prestation des services. Peu

d’attention a été accordée à la responsabilité

de l’État à l’égard des citoyens ou au maintien

du pacte social entre l’État et les citoyens.

La coupure entre l’État et les citoyens est

exacerbée par la rareté des services fournis

par l’État qui a fait que la charge de la

prestation des services a été transférée à

des fournisseurs alternatifs. Dans le même

temps, les mécanismes de redevabilité

sociale - tels que le contrôle indépendant

des actions publiques par les citoyens -

sont sous-développés tandis que le faible

fonctionnement du pouvoir législatif et

l’absence de transparence dans les affaires

publiques limitent davantage la redevabilité

sociale.

35. La politisation de l’administration

publique aggrave la faiblesse de la portée

de l’État et la faiblesse des institutions.

L’existence de diverses administrations au

niveau des îles a davantage contribué à

gonfler les effectifs de la fonction publique.

Le recrutement dans la fonction publique a

généralement augmenté à l’approche des

élections. Anjouan compte le plus grand

nombre de fonctionnaires aux Comores -

en tant que produit du favoritisme politique

pendant le mandat du Président Bacar sur

l’île et d’un « recrutement de réconciliation »

après la tentative de sécession de 2007. C’est

aussi l’île où les salaires des fonctionnaires

sont les plus élevés. La répartition des postes

dans l’administration entre les alliés politiques

a gonflé les effectifs de la fonction publique

comorienne et a créé une masse salariale

insoutenable.⁵⁵ Les fonctionnaires sont peu

formés et il y a souvent une inadéquation

entre l’emploi et les compétences. Même si

un grand nombre ont un niveau d’instruction

élevés,⁵⁶ l’élite administrative n’a pas une

croyance unificatrice quant au but de l’État

et à la façon dont il devrait être géré. Les

taux de roulement élevés, l’absentéisme et

la rareté des ressources minent le moral,

ainsi que la capacité et la redevabilité.

L’administration publique souffre également

d’une concurrence bureaucratique entre les

départements se disputant les ressources de

l’Etat et les projets de développement.

Rôle des étrangers - envois de fonds et dépendance à l’égard de l’aide

36. La migration est un élément clé de la

société comorienne, un tiers environ de la

Ben Ali, Roubani, et Saïd (2011). Par exemple, certains villages ont entravé la construction de la mairie de leur

commune parce qu'elle était prévue dans un village concurrent. Cependant, il y a quelques exceptions à cette logique

concurrentielle, comme dans le cas de la commune de Moroni, où les villages voisins ont accepté de participer.

Blanchy (2011).

Au cours de la dernière décennie, plus de 60 pour cent des recettes générées au niveau national ont été affectées à la

masse salariale. Les récentes limites posées au recrutement dans la fonction publique ont été en partie contournées

par l'embauche à court terme de jeunes stagiaires qui peuvent représenter jusqu'à 40 pour cent des employés (Union

des Comores, 2017).

Rose et Gowthaman (2015)

⁵³

⁵⁴

⁵⁵

⁵⁶

4. Identité et institutions aux Comores

48

Page 58: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

population vivant à l’étranger, principalement

en France.⁵⁷ En proportion à leur population,

les Comoriens représentent l’une des plus

grandes diasporas d’Afrique.⁵⁸ Depuis 1990,

l’émigration nette a connu une croissance qui

est le pratiquement le double de la croissance

démographique, ce qui a permis d’atténuer

dans une certaine mesure les pressions

de la forte croissance démographique. Le

nombre d’émigrants comoriens a presque

triplé au cours des trente dernières années.

Historiquement, les Comoriens ont souvent

émigré pour des raisons politiques et

commerciales, mais aujourd’hui, l’émigration

a surtout des raisons économiques et

les femmes représentent une proportion

croissante du nombre total d’émigrés.

37. Les envois de fonds de la diaspora

représentent une source substantielle de

revenus pour les familles comoriennes, dont

une grande partie va à la consommation

plutôt qu’à l’investissement. Les envois de

fonds privés bruts représentaient 13 pour cent

du PIB en 2017, ce qui fait des Comores l’un

des plus grands récepteurs d’envois de fonds

parmi les pays d’Afrique subsaharienne et les

petits États insulaires (voir Figure 9). Entre 70

et 90 pour cent⁵⁹ du total des envois de fonds

sont utilisés à des fins de consommation⁶⁰

et servent de filet de sécurité pour les

Comoriens, principalement pour couvrir

leurs dépenses de santé, d’éducation et

d’alimentation. La diaspora investit également

dans les infrastructures sociales et les projets

de construction, tels que la construction de

mosquées, d’écoles, de services de santé,

de routes, de centres communautaires et de

médias locaux.

38. La diaspora est un acteur clé du

développement et un facteur de changement

social et d’influence au niveau du village.

Les envois de fonds sont en grande partie

canalisés en fonction des allégeances

villageoises et constituent la principale source

de financement des services, comblant ainsi

une partie des vides laissés par l’État.⁶¹ Bien

Les migrations comoriennes résultent d'abord de la dépossession des terres, de l'esclavage et de la répression

(invasions de Madagascar au 18ème siècle, puis colonisation française). Elle a aussi servi à échapper aux rigidités de

l'ordre social ou à accumuler des ressources économiques pour réaliser le Grand mariage. Les principaux déclencheurs

de la migration sont l'instabilité politique et la violence, les faibles possibilités d'éducation de haut niveau, les rares

possibilités d'emploi et l'accès difficile à la terre. Les jeunes Comoriens ont d'abord émigré des Comores vers des pays

musulmans tels que le Yémen ou l'Égypte, et surtout vers Zanzibar, mais aussi vers Madagascar sous le régime colonial.

Après les violences contre la diaspora comorienne à Zanzibar (1964) et à Madagascar (1976), l'émigration s'est dirigée

vers la France où vit aujourd'hui la majeure partie de la diaspora comorienne.

Selon les estimations de la Division de la population de l'ONU, en 2017, il y avait environ 116 000 émigrants comoriens

dans le monde, contre 40 000 en 1990. Cette augmentation remarquable de l'émigration, en particulier depuis 2000,

a dépassé la croissance démographique. Par rapport à la population, le stock d'émigrants est passé de 9,7 pour cent

en 1990 à 14,3 pour cent en 2017. Les principales destinations des émigrants comoriens sont Mayotte, la France et

Madagascar avec un léger changement de préférence, la France métropolitaine, qui était la première destination en

1990, ayant récemment été dépassée par Mayotte avec quelque 58 000 Comoriens y vivant en 2017.

World Bank (2017a).

L'un des principaux objectifs historiques des envois de fonds est de financer les dépenses élevées liées à l'organisation

du Grand mariage et d'autres événements socialement contraignants de la société comorienne telles que les funérailles

(Blanchy, 2014).

Plusieurs programmes de co-développement impliquant des organisations de la diaspora comorienne ont été mis en

place, notamment en France. Le gouvernement et les donateurs s'efforcent de promouvoir la mise en place d'instruments

financiers pour mieux canaliser les envois de fonds vers des objectifs de développement. Cependant, cet effort s'est

heurté à l'impératif et à la force de la dynamique sociale dominante et des allégeances familiales et territoriales et est

compliqué par le manque général de confiance dans l'État comorien.

⁵⁷

⁵⁸

⁵⁹

⁶⁰

⁶¹

49

4. Identité et institutions aux Comores

Page 59: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

que la diaspora n’ait pas encore le droit de

vote, elle a une forte influence politique aux

Comores. Représentant environ 25 pour cent

de l’électorat, son inclusion dans le processus

électoral aurait d’énormes répercussions sur

la dynamique politique et pourrait renforcer la

demande de redevabilité du gouvernement.

Prévu pour les élections de 2016 au départ, le

vote de la diaspora en France n’a finalement

39. Les Comores sont fortement dépendantes

des bailleurs et des partenaires au

développement. Au cours des 15 dernières

années, l’aide publique au développement

nette a représenté en moyenne environ 10

pour cent du PIB. Ce pourcentage est proche

du total des recettes fiscales en 2017 (9,5

pour cent du PIB) et est élevé par rapport à

la moyenne subsaharienne (4 pour cent du

PIB), mais inférieur à la moyenne des pays

de comparaison (24 pour cent du PIB). Il y a

actuellement une trentaine de partenaires

au développement actifs dans le pays. Les

partenaires multilatéraux comprennent la

pas été autorisé pour des « raisons techniques

». Néanmoins, les membres de la diaspora

influencent les membres de la famille qui

restent aux Comores et aident à financer les

campagnes politiques. Lors des élections de

2016, par exemple, la plupart des candidats à

la présidence ont commencé leur campagne

en France où ils ont créé des comités de

soutien dans différentes villes.

Banque Africaine de Développement, l’ONU,

l’UE, le Groupe de la Banque mondiale et

la Banque Islamique de Développement.

Les principaux partenaires bilatéraux sont

la France, la Chine et le Japon. En raison de

la faiblesse de l’État, les bailleurs de fonds

dirigent la conception et de la mise en œuvre

des politiques publiques dans bien des cas.

Toutefois, la coordination de l’aide est faible

et l’efficacité de l’aide au développement

demeure préoccupante, étant donné la

complexité des conditions de fonctionnement.

La prévisibilité du budget a encore diminué ces

dernières années en raison du rôle croissant

Envois de fonds personnels, reçus (% du PIB) (2011-2017)

Tong

a

Sam

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Pairs

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001-

2011

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Iles

Salo

mon

Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM

Figure 9: Envois de fonds, Comores et comparateurs

30

25

20

15

10

5

0

80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur Moyenne de l'ASS

50

4. Identité et institutions aux Comores

Page 60: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

joué par les pays du Golfe (en particulier

l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis)

qui fournissent un soutien budgétaire souvent

sous la forme de paiements ponctuels au gré

des circonstances.⁶²

40. La France a conservé une forte influence

dans les affaires des Comores après

l’indépendance. Le statut contesté de

Mayotte, aujourd’hui département de la France

mais toujours revendiqué par les Comores

comme faisant partie de leur territoire, fait que

les relations diplomatiques sont tumultueuses

et erratiques. Toutefois, les tensions restent

contenues, les autorités comoriennes

hésitant à mettre en péril leurs relations

avec leur principal partenaire bilatéral. La

France a régulièrement financé des arriérés

de salaires dans la fonction publique et est

un partenaire important dans des secteurs

tels que l’éducation et l’eau. Les deux pays

entretiennent également une relation forte

fondée sur le nombre de Comoriens vivant

en France ; en tant que pays d’accueil de la

plus grande partie de la diaspora comorienne,

la France a intérêt à contenir la migration.

L’ancienne puissance coloniale considère

le plan de développement stratégique des

Comores comme la voie à suivre pour contenir

l’émigration et envisage de tripler son aide⁶³ à

l’avenir, compte tenu notamment des récents

troubles à Mayotte.⁶⁴ En 2017, pour la première

fois depuis des années, une commission

franco-comorienne a été convoquée pour

consolider le partenariat entre les deux pays

en matière de développement.

41. Les Comores entretiennent des liens

étroits avec le Golfe en prolongement de

l’histoire précoloniale de migrations et de

commerce avec les pays du Golfe. Depuis l’ère

précoloniale, les relations avec le Golfe ont

tourné autour des échanges commerciaux, ainsi

qu’autour des échanges de savoir et d’expertise.

Des centaines d’étudiants comoriens ont été

formés dans les pays du Golfe,⁶⁵ en particulier

en Arabie saoudite, et les États du Golfe

intensifient de plus en plus leurs efforts de

développement aux Comores, en particulier

dans les routes et les infrastructures.⁶⁶ Le «

Programme de citoyenneté économique »,

qui consiste en la vente de la citoyenneté et

de passeports comoriens aux ressortissants

de l’Arabie saoudite et du Koweït, a suscité

beaucoup d’attention lorsqu’il est apparu que

d’importantes sommes d’argent provenant

de ce programme avaient été détournées et

avaient disparu (voir Encadré 3).⁶⁷

Par exemple, en 2015, l'Arabie saoudite a fourni une aide budgétaire équivalant à environ 25 pour cent des recettes

totales et à environ la moitié des recettes hors dons.

Un montant de 135 millions d'euros était prévu dans la convention de partenariat 2015-2020 entre la France et les

Comores (France Diplomatie 2018).

Début 2018, les habitants de Mayotte ont organisé un blocage de l'île pour contraindre le gouvernement français à

agir sur la question migratoire et plus généralement à intensifier ses efforts pour améliorer le développement de l'île.

Au cours de cette crise, le gouvernement des Comores a empêché le retour de ses citoyens expulsés de Mayotte,

augmentant ainsi les tensions diplomatiques avec la France. On estime que plus de 10 000 personnes sont renvoyées

de Mayotte aux Comores chaque année.

Ali, Roubani, et Saïd (2011)

Le Qatar et l'Arabie saoudite ont fourni des subventions budgétaires ponctuelles pour payer les salaires des fonctionnaires

et financer d'autres dépenses. Oman accorde également des subventions à l'armée comorienne. Des investisseurs

arabes (al-Marwan) ont repris une société française pour gérer le port de Moroni. Des investisseurs koweïtiens ont créé

la Banque Fédérale de Commerce en 2009.

Plus de 48 000 passeports ont été vendus au lieu des 4 000 prévus dans l'accord au départ. Les anciens présidents

Sambi et Dhoinine sont poursuivis en justice dans le cadre de ce programme (Jeune Afrique 2018).

⁶²

⁶³

⁶⁴

⁶⁵

⁶⁶

⁶⁷

51

4. Identité et institutions aux Comores

Page 61: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

42. Les tensions entre sunnites - shi’ites entre

l’Arabie saoudite et l’Iran⁶⁸ constituent une

dimension importante des relations du pays

avec les États du Golfe, ces tensions ayant

fini par toucher les Comores. Historiquement,

le pays a eu des liens plus forts avec les

nations arabes sunnites qu’avec l’Iran, mais

il a renforcé ses liens avec ce pays sous la

présidence du président Sambi (d’Anjouan),

qui a étudié en Iran. Cette tendance s’est

progressivement inversée sous le Président

Dhoinine (de Mohéli), lorsque l’Arabie saoudite

a ouvert une ambassade à Moroni et accordé

un don de 40 millions USD aux Comores.⁶⁹

Plus récemment, alors que les tensions entre

l’Arabie saoudite et l’Iran se sont intensifiées,

les Comores ont pris parti et ont coupé les

relations diplomatiques avec l’Iran et le Qatar

en 2016. Ces rivalités géopolitiques ont eu

un certain rôle dans la confrontation entre

opposants politiques au pays, le Président

Assoumani (de la Grande Comore) cherchant

Sambi, qui a étudié en Iran, a signé un accord de défense avec Téhéran et a autorisé diverses fondations à opérer aux

Comores. L'Iran a apporté son soutien dans des secteurs tels que l'agriculture, la pêche et la santé. Cette période est

également marquée par le développement du chiisme aux Comores, notamment à Anjouan, l'île natale de Sambi.

Bayle (2016)

⁶⁸

⁶⁹

Le Programme de citoyenneté économique (PCE) des Comores a débuté lorsque le

gouvernement a conclu un accord avec les Émirats arabes unis en 2008 pour offrir la

nationalité comorienne aux Bédouins apatrides vivant dans le Golfe. Elle a offert aux

gouvernements du Golfe un moyen d’identifier ces personnes sans leur accorder la

citoyenneté. En échange, les Comores percevaient une redevance pour chaque passeport

délivré. Les Comores ont mis en œuvre le PCE principalement entre 2010 et 2012, ce qui

a donné une impulsion significative aux recettes non fiscales. En effet, en 2012 (l’année

où le Programme battait son plein), le PCE a au moins doublé les recettes publiques non

fiscales. Le programme a toutefois connu une forte baisse en 2013 à la suite de l’imposition

de contrôles plus stricts en réponse à des irrégularités. Le Parlement comorien enquête

actuellement sur les plaintes pour corruption et non-respect des procédures.

Le gouvernement des Comores a reçu plus de 4 500 USD pour chaque cas de citoyenneté

accordée, selon les documents du gouvernement en 2012. Le gouvernement émirati

a estimé que le nombre de Bédouins dans le pays se situait entre 20 000 et 100 000.

Actuellement, au moins 40 000 de ces personnes sont munies d’un passeport comorien.

Toutefois, la nationalité et les passeports sont également vendus à des non-Bédouins,

parfois à des prix beaucoup plus élevés, selon les enquêteurs aux Comores. Les passeports

comoriens ont de la valeur parce qu’ils offrent une nationalité sans obligations fiscales,

permettent l’ouverture de comptes bancaires dans les États du Golfe et facilitent les

voyages sans visa à travers le Golfe et vers de nombreux grands centres d’affaires dans

le monde

Encadré 3: Le Programme de citoyenneté économique des Comores

52

4. Identité et institutions aux Comores

Page 62: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

le soutien de l’Arabie saoudite et l’ancien

Président Sambi s’alignant sur l’Iran.

Sources de résilience

43. Malgré les problèmes que ces

caractéristiques posent pour la croissance

économique et les perspectives de

développement aux Comores, le pays

peut également s’appuyer sur des sources

essentielles de résilience. Ceux-ci peuvent

contribuer à atténuer les risques et

représenter des points d’entrée importants

pour renforcer la cohésion sociale et mieux

relier les systèmes parallèles de gouvernance

afin de renforcer les relations entre l’État et la

société ainsi que la légitimité et la portée de

l’État formel et de ses institutions.

44. Les institutions traditionnelles et

religieuses assurent la médiation en cas de

conflits et atténuent les comportements

extrêmes. Le système coutumier, avec

l’Islam, donne un véritable ancrage à

l’organisation sociale complexe du pays et

est le principal moteur de cohésion sociale

aux Comores. Les règles coutumières et

l’Islam sont étroitement liés et ont une forte

influence sur le comportement quotidien

des individus. Les jeunes sont socialisés par

le biais d’une organisation par classe d’âge

(hirimu), où la discipline personnelle s’apprend

parallèlement au respect des personnes âgées

et de la hiérarchie sociale.⁷⁰ L’organisation

Hirimu aide également à consolider les

allégeances au groupe et à la communauté

villageoise. En même temps, les jeunes sont

socialisés dans les écoles coraniques et

les mosquées où la communauté se réunit

régulièrement. La mosquée du vendredi - une

par ville ou par village - joue un rôle unificateur

important. L’apprentissage et le partage de

valeurs communes au sein de ces différents

réseaux sociaux créent un sentiment de

solidarité et constituent un filet de sécurité

pour les Comoriens. Cependant, ces réseaux

sociaux ont tendance à être composés de

membres des mêmes couches sociales, et

beaucoup (souvent les plus pauvres) sont

exclus de ces communautés.

45. Les institutions traditionnelles ancrées

dans le système coutumier sont le

premier interlocuteur en cas de conflits

communautaires et jouent un rôle essentiel

dans le règlement des différends. Les

négociations bilatérales, la médiation,

l’arbitrage ou le jugement sont tous des

moyens clés de gérer les différends.⁷¹ L’objectif

est de préserver la paix sociale au sein de la

communauté. Le cas échéant, les affaires sont

transmises au système judiciaire de l’État pour

être entendues, que ce soit par le cadi (juge

musulman local) ou par le tribunal moderne.

Le Collège des Sages, un organisme qui

regroupe des notables retraités et est reconnu

par l’État, joue également un rôle actif dans la

médiation en cas de conflits sociaux entre les

communautés et entre l’État et les citoyens.

En outre, des arrangements informels peuvent

contribuer à maintenir la cohésion sociale, par

exemple en ce qui concerne le régime foncier.

Une série d’accords oraux relatifs à la gestion

des terres ont, dans certains cas, contribué à

réduire le risque d’inégalité d’accès à la terre.

Communautés

46. La dynamique sociale est très forte au

niveau du village et contribue à combler

le vide laissé par l’État. Aux Comores, les

villages ne dépendent pas de l’État et agissent

Ali, Roubani, et Saïd (2011)

Ali, Roubani, et Saïd (2011)

⁷⁰

⁷¹

53

4. Identité et institutions aux Comores

Page 63: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

plutôt comme prestataires de services à la

population. Menées par les associations

villageoises et financées par la diaspora et par

les contributions des communautés locales,

les dépenses traditionnelles associées aux

rituels communautaires (tels que le Grand

mariage et les funérailles) sont maintenant

canalisées en partie vers des investissements

dans des écoles, des mosquées, des

dispensaires de santé, ainsi que dans des

routes, l’eau et les infrastructures électriques.

Les villages financent souvent le recrutement

du personnel nécessaire au fonctionnement

des services de santé et d’éducation de base.

La sécurité civile est un exemple clair du

rôle important du village dans les services

publics. Les premières interventions face

aux aléas viennent toujours de l’intérieur

des communautés⁷² parce que les services

de l’État sont soit incapables d’intervenir,

soit arrivent trop tard pour apporter leur

soutien. La gestion des ressources en

commun⁷³ constitue un autre exemple : la

création du parc marin de Mohéli en 2001

est le fruit de négociations avec les villages

locaux et les Organisations de la société

civile (OSC). La gouvernance multipartite

assure l’appropriation par la communauté et

contribue à l’application des réglementations

et à la protection des ressources naturelles.

Dans le parc de Karthala, l’implication des

villages a permis aux communautés de lutte

contre le braconnage et de demander aux

auteurs de rendre compte de leurs actes.

47. Là où elles interviennent pour combler

la brèche laissée par l’Etat, les organisations

communautaires et les structures informelles

manquent souvent de supervision et de

réglementation. La privatisation de facto de

la prestation des services n’est pas supervisée

par un organisme central et ne bénéficie pas

d’un processus de planification nationale. De

ce fait, elle peut entraîner une duplication

des services, un recrutement inapproprié ou

insuffisant de personnel technique pour les

écoles et les formations sanitaires, et limiter

davantage l’accès des pauvres. Parmi les

autres conséquences imprévues, on peut citer

la création de programmes d’enseignement

alternatifs et non réglementés dans l’ensemble

d’écoles privées qui ont vu le jour à cause du

nombre suffisant d’écoles publiques, ce qui

empêche l’établissement de programmes

de qualité communs à toutes les écoles

du pays. Dans le secteur de la santé, les

médecins du secteur public ont ouvert des

cabinets médicaux privés où ils arrivent

à gagner trois plus, mais ceci contribue à

l’absentéisme et à la détérioration des soins

dans les hôpitaux publics.

Femmes

48. Les femmes représentent un point de

référence et une source de confiance dans

la société comorienne. Elles détiennent un

pouvoir informel au sein des communautés.

Bien que le système traditionnel tende à

exclure les femmes de la prise de décision

au niveau local et qu’il leur soit interdit

d’accéder aux places publiques où les

hommes prennent les décisions concernant

les affaires du village,⁷⁴ leur approbation

est souvent essentielle pour consolider

les décisions prises dans ces assemblées

villageoises dominées par les hommes. Elles

sont à l’avant-garde du changement social et

Cette organisation s'appuie sur la tradition de bénévolat de la société comorienne. L'assistance et le sauvetage sont

des obligations sociales et ceux qui y manquent peuvent être bannis de la communauté.

Hauzer, Dearden et Murray (2013).

Une nouvelle tendance s'est développée dans la diaspora en France où les femmes, grâce à leurs importantes

contributions financières, sont autorisées à participer aux assemblées de notables (Blanchy et Lallemand, 2011).

⁷²

⁷³

⁷⁴

54

4. Identité et institutions aux Comores

Page 64: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

sont soutenues par la diaspora, qui repousse

les frontières par rapport aux hypothèses

traditionnelles sur le genre. Par exemple, les

tentatives d’imposer le Grand mariage aux

femmes nées ou socialisées en France tendent

à devenir une source de tension familiale

; de ce fait, la pression familiale à participer

à ces cérémonies diminue pour celles de la

diaspora.⁷⁵ En 2004, 21,5 pour cent des chefs de

famille étaient des femmes. Cette proportion

est passée à 27,8 pour cent en 2014. Il convient

également de noter que les envois de fonds de

la diaspora tendent à être envoyés davantage

aux femmes qu’aux hommes.

49. Les femmes sont de plus en plus présentes

dans la sphère publique. Les associations

féminines sont très dynamiques au niveau

local et plusieurs organisations féminines sont

apparues au niveau national pour s’opposer

aux pratiques discriminatoires à l’égard des

femmes et plaider pour leur autonomisation.

Les femmes d’affaires se sont organisées

par le développement d’associations et de

groupes tels que l’Association des Femmes

d’Affaires Comoriennes ou Entreprendre au

Féminin aux Comores (EFOI-COM). De même,

des plateformes politiques multipartites ont

été mises en place pour faire entendre la voix

des femmes dans la sphère politique, où elles

jouent un rôle actif - en particulier pendant les

campagnes électorales. Cependant, bien que

les femmes soient très actives au niveau local,

elles occupent un rôle moins important dans

les forums politiques ou économiques de haut

niveau. Les femmes ne représentent qu’environ

2 pour cent des membres élus du Parlement.

Organisations de la société civile

50. Les associations communautaires ont

fleuri dans les villages dans le domaine

du développement local. Créées par de

jeunes Comoriens instruits, ces associations

sont dynamiques, impliquées dans divers

secteurs et promeuvent une vision du

développement de leurs communautés.⁷⁶

La diaspora comorienne contribue de

manière significative au développement

de ces associations communautaires très

localisées. Certaines associations, telles

que 2Mains, ont d’abord été créées en

France, puis enregistrées aux Comores.

Elles apportent une expertise technique et

ont tendance à combler les vides laissés

par des institutions publiques inefficaces

dans la prestation de services de base aux

communautés. Les Comores ont une grande

expérience des projets de développement

pilotés par la communauté (DPC), qui

peuvent contribuer à renforcer la cohésion

sociale, réduire la pauvreté, atténuer les

facteurs de fragilité et promouvoir le

développement du capital humain. Dans

les secteurs de la pêche et de l’agriculture,

ces projets ont été axés sur l’amélioration

des moyens de subsistance et la création

d’emplois. Bien qu’ils aient rapporté des

impacts positifs, il n’est pas certain qu’ils

puissent être reproduits ou étendus, et à ce

titre, il serait important d’étudier le potentiel

de telles approches au-delà des moyens

de subsistance et d’assurer une prestation

de services transparente et équitable.⁷⁷

Des études portant sur plusieurs projets de

Abdillahi (2012)

Mohan (2002)

Casey, Katherine. Décentralisation radicale : Le développement piloté par la communauté fonctionne-t-il ? Stanford

Graduate School of Business, document de travail 3598. Septembre 2017, p. 12. Disponible à https ://www.gsb.

stanford.edu/faculty-research/working-papers/radical-decentralization-does-community-driven-development-

work; Wong (2012)

⁷⁵

⁷⁶

⁷⁷

4. Identité et institutions aux Comores

55

Page 65: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

DPC ont montré que les infrastructures et

les travaux publics placés sous la direction

des communautés sont construits à des

coûts comparativement inférieurs et

que ces investissements ont des effets

positifs sur le bien-être matériel.⁷⁸ Au

niveau national, des OSC sont également

apparues dans différents secteurs, tels

que l’éducation, la santé, l’environnement,

l’eau, l’égalité des sexes et les droits de

l’homme.⁷⁹ Elles n’ont pas encore réussi

à établir de fédérations nationales ou de

réseaux inter-îles. Bien qu’il n’y ait pas de

dialogue institutionnalisé avec l’État, les

OSC participent souvent à l’élaboration des

stratégies gouvernementales et des lois.

Wong, Susan et Scott Guggenheim. Community-Driven Development : Myths and Realities. World Bank Group

Policy Research Working Paper 8435. May 2018. Disponible à https ://collaboration.worldbank.org/content/sites/

collaboration-for-development/en/groups/community-driven-development-global-solutions-group/documents.

entry.html/2018/06/18/community-drivendev-haJ4.html

La plupart de ces associations dépendent fortement du bénévolat et souffrent généralement d'un manque de

capacités. Elles restent très dépendantes des financements extérieurs.

⁷⁸

⁷⁹

4. Identité et institutions aux Comores

56

Page 66: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

PAUVRETÉ ET PROSPÉRITÉ PARTAGÉE AUX COMORES⁸⁰

Cette section est basée sur l'Évaluation de la pauvreté 2017 de la

Banque mondiale.

⁸⁰

4957

Page 67: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Je dirais qu’il faut vraiment chercher à régler les problèmes quotidiens du comorien (avoir quelque chose à manger, accéder à l’eau potable et à l’électricité normale) dans tout le pays et insister que les jeunes dans le monde de l’entreprise aient plus faim de pouvoir et visent plus haut.⁸¹

Performance des Comores en rapport au Double Objectif

Pauvreté⁸²

51. Comparés à d’autres pays subsahariens

et à d’autres pays fragiles, les Comores

sont moins susceptibles d’être pauvres (voir

Figure 10). En 2014, quatre Comoriens sur dix

pouvaient être considérés comme pauvres

et deux sur dix vivaient dans l’extrême

pauvreté.⁸³ ⁸⁴ Ce chiffre place les Comores

nettement devant les autres pays fragiles

et la moyenne de l’Afrique subsaharienne

et est comparable aux résultats moyens en

matière de pauvreté des pays à revenu moyen

inférieur. Les progrès en matière de réduction

de la pauvreté ont été modestes aux Comores

depuis 2004. Au cours de la période 2004-14,

la pauvreté a réagi lentement à la croissance

économique : une augmentation de 1 pour

cent de la consommation n’a réduit le

nombre de pauvres que de 0,7 pour cent et

cette réponse a été entièrement due à une

augmentation de la consommation moyenne

des ménages (effet croissance) sans effet de

redistribution, c’est-à-dire une augmentation

des inégalités. La même tendance a été

observée au niveau national ainsi qu’entre

zones rurales et urbaines et entre îles.

52. Les chances d’échapper à la pauvreté sont

élevées aux Comores, d’après les normes

de mesure internationales et nationales.

Le niveau moyen de consommation d’un

Comorien pauvre est d’environ 85 pour cent

du seuil de pauvreté international de 3,2

dollars par jour (PPA 2011), contre 86 pour cent

Citation d'un répondant à une consultation en ligne sur Facebook sur ce que les Comoriens considèrent comme

les principaux obstacles au développement de leur pays : « Je dirais qu'il faut vraiment essayer de résoudre les

problèmes quotidiens des Comoriens dans tout le pays (de quoi manger, de l'eau potable et de l'électricité normale)

et insister pour que les jeunes du secteur privé aient davantage soif de pouvoir et se fixent des objectifs plus élevés. »

Comme c'est généralement le cas en Afrique subsaharienne (ASS), l'EESIC 2014 utilise la consommation comme

mesure clé du bien-être pour analyser la pauvreté. Cet agrégat de consommation comprend la consommation

alimentaire, y compris les aliments produits par les ménages eux-mêmes, ainsi que les dépenses pour une gamme

de biens et services non alimentaires (vêtements, services publics, transport, communications, santé, éducation,

dépenses liées au logement et loyer imputé, etc.). Toutefois, l'agrégat de la consommation ne comprend pas les

dépenses pour les biens de consommation durables plus importants (tels que les voitures, les téléviseurs, les

ordinateurs, etc.), ni les dépenses pour les cérémonies (mariage, funérailles, etc.). Dans la mesure où les ménages

plus aisés consacrent une plus grande part de leur consommation totale aux biens durables, cette omission crée

certains biais et sous-estime la consommation réelle des familles plus riches. Ceci est moins important pour l'analyse

de la pauvreté, où l'accent est mis sur la partie inférieure de la distribution, mais cela peut avoir un impact significatif

sur l'estimation de l’inégalité,

Les individus sont considérés comme extrêmement pauvres s'ils n'ont pas les moyens d'acheter suffisamment de

nourriture pour satisfaire les besoins nutritionnels minimums de 2 200 kilocalories (Kcal) par personne et par jour.

Le seuil de pauvreté national et international de 3,2 dollars des États-Unis par habitant et par jour indique qu'environ

quatre Comoriens sur dix aujourd'hui peuvent être considérés comme pauvres.

⁸¹

⁸²

⁸³

⁸⁴

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

58

Page 68: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

dans les autres pays à revenu intermédiaire

inférieur, 68 pour cent dans les autres pays

d’Afrique subsaharienne et 87 pour cent pour

les pairs aspirationnels. Un quart des pauvres

aux Comores vivent actuellement juste en

dessous du seuil de pauvreté national et

pourraient sortir de la pauvreté si leur revenu

augmentait d’environ 167 KMF par habitant

et par jour (0,7 USD, PPA 2011). Cependant, il

y a aussi une bonne tranche de 10 pour cent

de la population qui risque de tomber sous

le seuil de pauvreté national en cas de chocs

économiques inattendus.

53. Il existe d’importantes différences entre

les îles et entre le milieu rural et le milieu

urbain en termes de pauvreté (voir Figure

11 et Figure 12). L’effectif des pauvres a pu

être réduite en milieu rural et urbaines, mais

il y a nettement moins de pauvreté en milieu

urbain. Les habitants d’Anjouan et de Mohéli

sont 8 à 6 pour cent plus susceptibles de

vivre dans la pauvreté que ceux de la Grande

Comore. L’incidence de la pauvreté est la

plus faible à Moroni - la principale ville de la

Grande Comore et capitale de l’Union - où

seuls 36,5 pour cent de la population vit sous

le seuil de pauvreté national, contre environ

45 pour cent à Anjouan et Mohéli. Reflet des

différences dans l’activité économique à

travers les îles (l’agriculture rurale domine à

Anjouan et Mohéli, les services dominent dans

les centres urbains et la Grande Comore),

l’incidence de la pauvreté est estimée à 49,9

pour cent en milieu rural contre 31 pour cent

en milieu urbain.

a. Incidence de la pauvreté et de l'extrême pauvreté en 2014 (%) - seuil national de pauvreté

b. Estimations internationales de la pauvreté aux Comores et dans les pays de comparaison en 2014 (%)

Figure 10: Indicateurs d’incidence de la pauvreté par région et entre comparateurs

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Samoa

Tonga

Fidji

Sao Tomé et Principe

Cap Vert

Comores

Iles Salomon

Timor-Oriental

Revenu intermédiaire inférieur

Afrique subsaharienne

Taux de pauvreté

Sources: Panneau a : EESIC 2014, Panneau b : IDM.⁸⁵

42,4

23,5

16,7

8,9

1,78,9

14,1

26,8

35,0

38,1

58,8

43,7

66,3

73,2

Taux d'extrême pauvreté

Ecart de pauvreté (1)

Sévérité de la pauvreté (2)

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0

Les seuils de pauvreté utilisés sont fondés sur l'approche du coût des besoins fondamentaux. Le seuil de pauvreté

alimentaire de l’EESIC 2014 (16 711 KMF par personne et par mois) est basé sur le coût d'un panier alimentaire qui

fournit 2 200 calories par personne et par jour (compte tenu des habitudes de consommation dans une population

de référence). Le seuil de pauvreté pour les besoins fondamentaux (25 341 KMF par personne et par mois) ajoute

une allocation pour les produits de première nécessité non alimentaires au seuil de pauvreté alimentaire. Le taux

de pauvreté en référence aux besoins fondamentaux (ou taux de pauvreté tel qu'utilisé dans le texte) mesure la

proportion de la population dont la consommation mensuelle totale des ménages par personne (corrigée des prix)

est inférieure au seuil de pauvreté des besoins fondamentaux. Le taux d'extrême pauvreté de l'effectif (utilisé dans

le texte comme taux d'extrême pauvreté) mesure la proportion de la population dont la consommation mensuelle

totale des ménages par personne (corrigée des prix) est inférieure au seuil de pauvreté alimentaire.

⁸⁵

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

59

Page 69: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

54. Malgré de nettes disparités géographiques,

la taille de la famille, le secteur de l’emploi

et le niveau d’instruction sont les principaux

facteurs qui distinguent les pauvres des

non pauvres. La pauvreté dans les ménages

augmente constamment avec le nombre

d’enfants, atteignant 70 pour cent chez les

ménages de cinq enfants ou plus, contre moins

de 20 pour cent chez les ménages sans enfants.

Les trois quarts des pauvres sont en auto-emploi

et plus de la moitié d’entre eux dépendent de

l’agriculture pour leur subsistance. La pauvreté

est nettement plus faible parmi les salariés,

en particulier dans le secteur des services

et dans l’industrie et le commerce. Moins de

10 pour cent des pauvres travaillent dans les

administrations publiques. L’enseignement

primaire ne suffit pas à lui seul à accroître les

chances des pauvres de sortir de la pauvreté. Il

existe un écart de pauvreté considérable entre

les ménages dont le chef a fait des études

secondaires ou supérieures et les ménages

dont le chef n’en a pas fait ou a seulement fait

des études primaires. Il n’y a pas de relation

significative entre le sexe du chef de ménage

et le bien-être économique du ménage. Enfin,

une histoire de migration interne est associée à

de meilleurs résultats en matière de pauvreté.

a. Incidence de la pauvreté par région (%) b. Incidence de la pauvreté par île (%)

Figure 11: Indicateurs de pauvreté pour les Comores

60

50

40

30

20

10

0

504540353025201510

50

Source: EESIC 2014.

Rural Urbain Moroni Reste de la Grande Comore

Anjouan Mohéli

49,9

31,0

36,539,8

46,6 44,9

La personne moyenne vivant dans la pauvreté aux Comores par rapport à une personne non pauvre :

Figure 12: Portrait de la vie aux Comores par revenu et par région

Vit dans une zone rurale plutôt qu'en ville.

Vit à Anjouan ou Mohéli plutôt qu'à la

Grande Comore.

Vit dans un ménage dont le chef travaille dans

l'agriculture plutôt que dans le commerce ou

les services.

Vi ans un ménage dont le chef peut être aussi bien

un homme qu’une femme.

Est moins susceptible d'avoir fait des études secondaires

ou supérieures.

Vit dans un ménage de 6 enfants au lieu de 4, avec un

plus grand nombre de personnes à charge (enfants de

moins de 15 ans).

A moins accès aux services d'infrastructure.

Est plus susceptible de venir d'une famille sans historique

de migration interne.

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

60

Page 70: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Taux de pauvreté par lieu (2014)

504540353025201510

50

Rép. Dém. Congo (2004-2012)

Ouganda (2009-2012)

Tanzanie (2007-2011)

Rép. Congo (2005-2011)

Togo (2011-2015)

Comores (2004-2014)

Cameroun (2007-2014)

Maurice (2006-2012)

Rwanda (2010-2013)

Sénégal (2005-2011)

10

8

6

4

2

0

-2

-4

-2% 0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 0 20 40 60 80 100

Moroni Reste de la Grande Comore

Anjouan Mohéli

Pauvre

Source: EESIC 2014

Source: EESIC 2014

Extrêmement pauvre

Prospérité partagée et inégalités

55. Depuis 2014, peu de progrès ont été réalisés

sur la voie vers la prospérité et les inégalités

se sont accrues (voir Figure 13). La courbe

d’incidence de la croissance pour la période

2004-2014 qui montre la variation en pourcentage

de la consommation moyenne pour chaque

centile de la distribution est en pente ascendante,

ce qui indique une croissance plus élevée de la

consommation parmi les groupes de population

les plus riches et les mieux lotis aux Comores.

Alors que la consommation moyenne par habitant

a augmenté d’environ 30 pour cent entre 2004 et

2014, la consommation moyenne des pauvres et

des 40 pour cent les plus pauvres de la population

n’a augmenté que d’environ 4 pour cent et 15,5

pour cent respectivement. Ainsi, malgré des

améliorations en termes de niveau de pauvreté, la

part de la consommation globale qui revient aux

40 les plus pauvres n’a augmenté que de 1,92 pour

cent sur la période 2004-2014. A 44,9, l’indice de

Gini des Comores est légèrement supérieur à la

moyenne de l’ASS de 42,3, mais significativement

supérieur à celui des pairs structurels (32,9 en

moyenne).⁸⁶ Les disparités sont plus prononcées

en milieu rural et à Anjouan, où le sous-emploi

lié au revenu (et non au temps) est élevé.⁸⁷ Pour

réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici 2030,

les ménages comoriens au bas de l’échelle de

distribution devront avoir une croissance de la

consommation deux fois supérieure à celle de la

moyenne. En revanche, si les pauvres bénéficient

de la croissance économique selon les mêmes

tendances que par le passé, l’extrême pauvreté

aux Comores ne diminuera que modestement,

passant de 18 pour cent en 2014 à environ 15 pour

cent en 2030.

Figure 13: Progrès en matière d'inégalité et de prospérité partagée pour les Comores

Les données sont des moyennes 2011-2017 de l'outil Find my Friends de la BM, utilisant les données IDM.

Environ un quart de la main-d'œuvre souffre d'un sous-emploi lié au revenu (par opposition au sous-emploi lié au

temps qui est faible aux Comores), avec le taux de sous-emploi le plus élevé à Anjouan.

⁸⁶

⁸⁷

a. Progrès vers la prospérité partagée (%) b. Incidence de la croissance aux Comores (2004-2014)

Taux de croissance en moyenne

Taux de croissance par percentile

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

61

Page 71: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

56. Les inégalités entre le milieu urbain

et le milieu rural sont importantes et sont

principalement dues à des différences

significatives dans les rendements de la

dotation des ménages (voir Annexe 5).

Les ménages urbains sont mieux lotis que

les ménages ruraux parce qu’ils ont des

familles moins nombreuses, plus d’actifs, en

particulier des moyens de communication et

des générateurs, un meilleur accès à l’emploi

dans le commerce et la fabrication, ainsi que

dans l’administration publique, et un meilleur

accès aux services et infrastructures de base,

principalement l’électricité, l’eau potable, les

marchés et les écoles. Cependant, même si les

ménages urbains bénéficient d’une dotation

plus élevée, les inégalités entre le milieu rural

et le milieu urbain s’expliquent principalement

par le fait que ces caractéristiques ont un

plus grand rendement en milieu urbain. Les

différences de rendement des actifs et de

l’accès aux infrastructures de base expliquent

la majeure partie de l’écart d’inégalité entre

les ménages pauvres ruraux et urbains.

Aspects non monétaires de la pauvreté

57. Compte tenu des aspects non monétaires

de la pauvreté, l’accès aux services

d’infrastructure reste une contrainte

importante pour les pauvres alors que

l’accès à l’éducation et les conditions de

vie se sont améliorés (voir Figure 14). Les

estimations de l’Incidence de la pauvreté

multidimensionnelle (IPM) se sont améliorées

de 12 points de pourcentage entre 2004

et 2014, les ménages ayant connu une

amélioration considérable en termes de

conditions de logement et d’équipements

modernes tels que les téléviseurs et les

moyens de communication. La possession de

moyens de transport et d’animaux d’élevage

s’est également améliorée. Toutefois, les

niveaux de privation sont restés prononcés

et ont même augmenté dans les domaines

de l’accès au combustible de cuisson, à

l’électricité, à l’assainissement et à l’eau.

Entre 2004 et 2014, l’accès à l’eau potable

s’est légèrement amélioré au niveau national

et en milieu rural mais s’est détérioré en

milieu urbain. Des progrès ont été réalisés en

ce qui concerne l’accès à un assainissement

amélioré, mais les installations sanitaires

traditionnelles/non améliorées restent la

caractéristique la plus courante. L’utilisation

de l’électricité comme source d’énergie pour

cuisiner est restée marginale et l’utilisation

du bois et du charbon de bois pour cuisiner

a augmenté dans les ménages urbains

et ruraux. D’importants progrès ont été

accomplis en matière de développement

humain, avec une augmentation remarquable

de la scolarisation, en particulier dans le

deuxième cycle du secondaire et dans

l’enseignement supérieur.

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

62

Page 72: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

58. Malgré les progrès notés en ce qui concerne

la mesure de la pauvreté monétaire et non

monétaire, les deux tiers de la population

restent vulnérables à la privation. L’incidence

de la privation - mesurée par la proportion

de la population privée d’au moins un tiers

des dimensions pertinentes du bien-être (voir

Figure 15), comme la consommation et les

mesures de la pauvreté multidimensionnelle

- est passée de 85 à 75 pour cent entre 2004

et 2014 (voir Figure 16). Les segments pauvres

de la population comorienne souffrent

de privations importantes dans plusieurs

dimensions du bien-être, en premier lieu de

l’accès à l’électricité et à des combustibles de

cuisson efficaces, suivis par l’assainissement

et la possession de biens. Mohéli et Anjouan

sont confrontées aux niveaux de privation

les plus élevés, tandis que les ménages de la

Grande Comore semblent mieux lotis.

Figure 15: Dimensions du bien-être et indicateurs de la méthode

Bie

ns n

on

agrico

les

Bie

ns ag

ricole

s

Co

nso

mm

ation

Co

mb

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ge

me

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Plan

che

r du

log

em

en

t

Sco

larisation

Nive

aux d

’instru

ction

Education

(1/5)

Conditions de logement

(1/5)

Cinq dimensions du bien-être

Accès aux Services de base

(1/5)

Niveau de vie

(1/5)

Possession

d’actifs (1/5)

47

46

45

44

43

42

41

40

60

50

40

30

20

10

0

Source: Panneau a : EIM 2004, Panneau b : EESIC 2014

Figure 14: Inégalité par région et par île aux Comores

a. Coefficient de Gini par région b. Coefficient de Gini par île

Comores MoroniUrbain Reste de la Grande Comore

Rural Anjouan Mohéli

45

43

46

42 42

49

40

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

63

Page 73: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 16: Indicateurs multidimensionnels de privation par région et par île aux Comores

a. Division urbain- rural b. Division par région-îles

60

50

40

30

20

10

0

60

50

40

30

20

10

0

National Urbain Rural Moroni Reste de la Grande Comore

Anjouan

2004 20042014 2014

Source: Panneau a : EIM 2004, Panneau b : EESIC 2014

Facteurs de la réduction de la pauvreté et de l’accroissement des inégalités depuis 2004

59. La réduction de la pauvreté entre 2004 et

2014 a été dans une large mesure le résultat

d’une expansion de la possession d’actifs

chez les ménages pauvres, alimentée par

les envois de fonds (voir Figure 17 et Annexe

5 pour une décomposition de la croissance

de la consommation par groupes de revenus).

L’augmentation de la consommation des

ménages s’est traduite par une amélioration

significative des dotations des ménages.

En particulier, les plus pauvres ont connu

une expansion de la possession d’actifs,

notamment en ce qui concerne les moyens de

communication et de transport, et des niveaux

d’instruction plus élevés. Les envois de fonds ont

contribué de manière significative à l’acquisition

d’actifs et à l’amélioration du niveau de vie et

de la consommation des ménages (voir Annexe

8). En 2014, près de 40 pour cent des ménages

comoriens ont reçu des envois de fonds. Les

montants envoyés représentaient en moyenne

22 pour cent des revenus des bénéficiaires. Les

envois de fonds ont entrainé une augmentation

de la consommation par habitant d’environ 22

pour cent et ont réduit la probabilité d’être

pauvre d’environ 11 points de pourcentage. Les

estimations montrent également que les envois

de fonds ont eu un impact plus important sur

les niveaux de consommation des ménages les

moins riches.⁸⁸

Cet effet est statistiquement significatif à un seuil de confiance de 1 pour cent. Les envois de fonds augmentent la

consommation de 31,7 pour cent, tandis que l'effet est inférieur de 11,5 points de pourcentage (20,2 pour cent) chez

les ménages les plus riches.

⁸⁸

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

64

Page 74: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

60. Les flux d’envois de fonds expliquent

l’importante variation des résultats en

matière de pauvreté entre les différentes îles.

La nature très localisée des envois de fonds de

la diaspora perpétue les disparités. La plupart

des envois de fonds sont destinés à la Grande

Comore (environ 84 pour cent), le reste allant

principalement à Anjouan. L’augmentation

moyenne de la consommation des ménages

d’Anjouan et de Mohéli qui reçoivent des fonds

est de 11 et 15 pour cent respectivement,

contre 17 pour cent en Grande Comore. Ces

différences sont le résultat d’importantes

différences culturelles entre les trois îles. L’un

des principaux objectifs des envois de fonds

est de financer les dépenses élevées liées à

l’organisation du Grand mariage, une tradition

plus répandue en Grande Comore et à Mohéli

qu’à Anjouan.

61. Les progrès en matière d’éducation ont

eu un effet positif relativement faible sur

les niveaux de consommation des pauvres.

Entre 2004 et 2014, l’accès des Comoriens à

l’éducation s’est considérablement amélioré.

Les 40 pour cent du bas de l’échelle ont

profité nettement plus de l’augmentation des

inscriptions à l’école primaire, au collège et

dans l’enseignement supérieur, tandis que les

30 pour cent du haut de l’échelle ont connu

une augmentation disproportionnée des

inscriptions dans l’enseignement secondaire

du second degré. Pourtant, les segments les

plus riches de la population ont mieux réussi

à récolter les gains d’un meilleur accès à

l’éducation en ce qu’ils ont accéder à des

emplois formels et plus productifs. Bien que

les pauvres aient quitté l’agriculture pour

l’industrie manufacturière et le commerce, où

les revenus ont augmenté avec le temps, ils

restent largement employés dans des emplois

informels et peu qualifiés, et l’augmentation

des revenus est faible.

62. La pénurie de possibilités d’emploi et les

transformations structurelles limitées ont fait

que la pauvreté n’a guère reculé en raison

de l’évolution de la structure de l’emploi.

Ceux qui étaient pauvres en 2004 étaient

plus susceptibles de ne pas l’être en 2014 s’ils

avaient quitté l’agriculture pour le commerce

et, dans une moindre mesure, le secteur

des services. Toutefois, en l’absence d’une

transformation structurelle plus prononcée de

l’économie et d’une pénurie plus généralisée

de possibilités d’emploi, l’effet positif sur la

Figure 17: Destination des envois de fonds

a. Ratio d’envois de fonds/consommation par habitant chez les ménages bénéficiaires (%)

b. Objet principal déclaré de l’envoi de fonds en pourcentage du total des montants envoyés (2014)

10987654321

Autre soutien familial: 16%

Associations/régimes d'assurance

mutuelle: 5%

Investissement: 4%

Etudes: 7%

Autres soutien et assistance familiale: 68%

Déci

les

de la

dist

ributi

on d

es re

venu

s

Source: EESIC 2014

0 10 20 30 40

65

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 75: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Source: JMP, 2015.

pauvreté a été limité (voir l’Annexe 8 pour une

description du marché du travail des Comores).

Cette tendance explique également l’écart

croissant entre les ménages ruraux et urbains,

les premiers ayant moins accès aux possibilités

d’emploi dans ces deux secteurs.

63. De même, les modestes améliorations

dans l’accès aux services de base n’ont

guère contribué à améliorer la vie des

pauvres. Malgré certains progrès dans

l’accès aux services de base, plus des trois

quarts des Comoriens pauvres (pauvreté

multidimensionnelle) restent privés d’accès

à l’électricité, à des combustibles efficaces

tels que le gaz, le kérosène ou le charbon de

bois, et à un assainissement amélioré (voir

Figure 16 et Figure 19). La classe moyenne et

les ménages comoriens les plus riches ont

le plus bénéficié de l’amélioration de l’accès

aux services de base, qui, avec la possession

d’actifs, représentent la plus grande part de

la pauvreté multidimensionnelle. En raison du

niveau d’accès très faible au départ, l’accès

limité aux services de base (tels que l’accès

à l’eau, à l’électricité, aux centres de santé et

aux marchés) continue d’être un indicateur

important de la pauvreté aux Comores.

Figure 18: Indicateurs multidimensionnels de la pauvreté aux Comores

Comores : Evolution de la pauvreté multidimensionnelle (en pour cent) entre 2004 et 2014

Consommation

Actifs non agricoles

Actifs agricoles

Combustible de cuisson

Electricité

Assainissement

Eau

Pas de chambres à coucher

Toiture du logement

Murs du logement

Plancher du logement

Scolarisation

Niveau d’instruction

-20,0 -10,0 0,0 10,0 20,0 30,0 40,0

66

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 76: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

64. Entre 2004 et 2014, l’un des principaux

facteurs de réduction de la pauvreté aux

Comores a été la réduction de la taille des

familles, mais l’impact aurait pu être plus

important si la fécondité avait baissé à un

rythme plus rapide. Les taux de fécondité

restent élevés (environ 4,3 par femme), ce

qui se traduit par des ménages de grande

taille, avec des variations selon les niveaux

de revenus et les zones géographiques.

Les ménages pauvres aux Comores sont

généralement de plus grande taille, avec

une moyenne de six membres contre

une moyenne de quatre membres dans

les ménages non pauvres, et ont plus

d’enfants.⁸⁹ Entre 2004 et 2014, la taille

des ménages dans les 40 pour cent au bas

de la distribution de la consommation est

passée de 7,3 à 6,3 personnes tandis que

celle des ménages des 30 pour cent au

haut de la distribution est passée de 4,6 à

3,8 personnes (voir Figure 20). Les ménages

ruraux sont de plus grande taille que les

ménages urbains, mais la taille des ménages

dans ces deux catégories a diminué, la taille

des ménages ruraux passant de 6,1 individus

en 2004 à 5,4 en 2014 et celle des ménages

urbains passant de 5,5 individus en 2004 à

4,5 en 2014. La structure démographique

des ménages comoriens a connu une légère

augmentation du taux de dépendance

(c’est-à-dire la proportion d’enfants et de

membres âgés de la famille par rapport aux

adultes en âge de travailler). On observe une

tendance similaire dans tous les ménages,

peu importe leur origine urbaine/rurale ou

leur revenu. Les taux de dépendance sont

les plus élevés parmi les pauvres.

Figure 19: Accès aux infrastructures de base

120

100

80

60

40

20

0

Accès à l’eau courante

Accès à l’électricité

Accès aux marchés

a. Comores : Niveaux d’accès aux infrastructures en 2014 (% population)

b. Accès à l’assainissements de base (%)

Pauvre Non pauvres

Source: JMP, 2015. Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM

Lorsque le ménage est de plus grande taille, les niveaux de consommation baisse et les niveaux de pauvreté

augmentent parce qu’un plus grand nombre d’enfants et de dépendants compromettent la capacité des ménages

pauvres à couvrir les besoins alimentaires de base. Par ailleurs, les ménages pauvres ont souvent tendance à

avoir plus d’enfants à titre de stratégie d’assurance contre la mortalité infantile, ce qui les enferme dans le cercle

vicieux de la pauvreté.

⁸⁹

80ème percentile revenu moyen inférieur

20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS

Tong

a

Sam

oa

Pairs

as

pira

tionn

els

Cap

Vert

Com

ores

(2

001-

2011

)

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Iles

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70

60

50

40

30

20

10

0

67

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 77: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 20: Structure démographique Comores

a. Taille des ménages, 2004-2014 (nombre d’individus)

b. Structure démographique des ménages, 2004- 2014 (parts des individus au sein des ménages des Comores)

Comores

Urbain

Rural

40% du bas

30% du haut

0 2 4 6 8

5,9

5,5

6,1

7,1

4,6

5

4,5

5,4

6,3

3,8

2004 2014 Enfants <5 ans

Comores20

04

2014

15 13 16 18 11

18

72

29

53

25

59

21

66

24

61

14 12 16 17 12

16

73

27

56

24

60

19

69

22

64

2004

2014

2004

2014

2004

2014

2004

2014

Urbain Rural 40% du bas

30% du haut

Enfants de 5 à 15 ans Adultes

Sources: Panel a: EIM 2004, Panel b: EESIC 2014.

65. Malgré des disparités évidentes dans la

répartition du bien-être entre les groupes

sociodémographiques et les régions

géographiques, la plupart des inégalités

existantes aux Comores se situent au

sein des groupes. Une décomposition

de l’inégalité par attributs des ménages

indique que 7 pour cent de l’inégalité de la

consommation par habitant est attribuable

au niveau d’instruction du chef de ménage,

5 pour cent aux différences de composition

démographique des ménages et 5 pour cent

au secteur d’emploi du chef de ménage

(voir Annexe 6). Les inégalités entre milieu

urbain et rural expliquent 3 pour cent de

l’inégalité globale, tandis que les disparités

entre les îles des Comores n’ont qu’une

contribution marginale. Les inégalités

restantes s’expliquent au sein des groupes

et pourraient résulter des politiques sociales

existantes, de la structure du marché du

travail et de ses besoins, et de la forte

dépendance de certains ménages à l’égard

des envois de fonds.

66. La persistance intergénérationnelle de la

pauvreté et de l’inégalité est principalement

due à la région de naissance d’une personne.

Environ un cinquième de l’inégalité totale en

matière de consommation est dû à l’inégalité

des chances liée à la situation observée

des ménages comoriens. Il s’agit d’une part

assez importante par rapport aux autres pays

d’Afrique subsaharienne.⁹⁰ Les inégalités de

chances sont nettement plus marquées en

milieu rural et sont déterminées par la région

Près de 19 pour cent des inégalités de consommation aux Comores peuvent être attribuées à l'inégalité des chances.

Cette part est assez significative par rapport aux normes de l'ASS, où l'inégalité des chances est estimée à 12 pour

cent au Ghana, 15 pour cent en Côte d'Ivoire, 19 pour cent en Tanzanie et 21 pour cent à Madagascar. Toutefois, la

part des Comores dans l'inégalité des chances au sein de l'inégalité de consommation reste inférieure aux niveaux

observés en Amérique latine, où l'on a constaté que les parts d'inégalité de la consommation varient entre 24 pour

cent en Colombie et 39 pour cent au Panama.

⁹⁰

68

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 78: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

d’origine de l’individu, ce qui indique le rôle

important joué par les lieux de naissance

quant aux opportunités qu’une personne

peut avoir. L’importance des caractéristiques

des communautés locales dans l’explication

des disparités en termes de distribution des

retours et d’inégalité des chances peut refléter

l’instabilité politique passée et les effets de la

concentration localisée du pouvoir politique

et des ressources économiques. Ce constat

peut aussi expliquer pourquoi un historique

de migration interne (voir la Figure 10) tend à

être associé à une réduction de la pauvreté.

67. L’inégalité serait plus grande aux Comores

sans la politique fiscale,⁹¹ mais les Comores

restent un pays où l’inégalité des revenus

après impôt est élevée. Les dépenses en

nature représentent plus de 90 pour cent

de la réduction totale des inégalités due

aux activités fiscales et 90 pour cent de ces

dépenses fiscales en nature sont destinées à

l’éducation.⁹² L’administration et les prestations

du système de santé public (à l’exclusion

des hôpitaux nationaux de référence) et du

système d’enseignement public (à l’exclusion

de l’enseignement supérieur) sont déléguées

aux îles ; le financement de ces dépenses

provient de transferts sans allocation spécifiée

de l’autorité budgétaire de l’Union.⁹³ L’impact

positif des dépenses de santé et d’éducation

des services de santé et d’éducation en nature

sur l’inégalité par île est le plus élevé sur l’île

avec le moins d’inégalité au départ (Mohéli).

Faiblesse du capital humain et taux de fécondité élevé : moteurs de la pauvreté

68. Les résultats en matière de pauvreté et

d’équité aux Comores sont également le

résultat de faibles niveaux d’investissements

publics dans l’éducation et les services de

santé. Le revenu moyen par habitant d’un pays

et son investissement en capital humain sont

fortement corrélés, ce qui reflète une causalité

à double sens : le capital humain contribue à la

production, mais les pays plus riches peuvent

aussi investir davantage dans leurs enfants. La

pauvreté est fonction à la fois du niveau moyen

de revenu et de la distribution des revenus entre

les ménages. Dans la pratique, c’est chez les

enfants les plus pauvres que l’investissement

tend à être le plus insuffisant, et c’est donc ce

groupe qui est le plus susceptible de bénéficier

d’une augmentation de l’investissement en

capital humain. En pourcentage du PIB, les

investissements dans la santé et l’éducation

sont faibles aux Comores par rapport à

d’autres pays (voir Figure 21), la masse salariale

absorbant une part importante des dépenses

publiques dans ces deux secteurs. Les coûts

des services sont souvent absorbés en tant

que dépenses payées directement par les

L'analyse de l'incidence de la politique budgétaire dans l'évaluation de la pauvreté aux Comores révèle que

la politique budgétaire sous forme d'impôts directs et indirects et de dépenses en nature pour les services de

santé et d'éducation conduit à une réduction du coefficient de Gini d'environ 3,3 points (Banque mondiale, 2017a).

L'analyse est basée sur une évaluation de l'équité en matière d'engagement (CEQ), qui compare les distributions

de revenus avant et après l'exercice, en utilisant les données de l'ESSIC 2014 et les rapports budgétaires pour la

même année. Les transferts en nature de services d'éducation et de santé ont le plus grand impact sur l'inégalité.

L'impact des impôts directs et indirects est mitigé. Dans l'ensemble, si l'on exclut les transferts en nature, la politique

budgétaire augmente le nombre de pauvres, tandis que la plupart des ménages pauvres sont des contributeurs

nets au système fiscal.

Voir Banque mondiale (2015).

Voir Banque mondiale (2015).

⁹¹

⁹²

⁹³

69

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 79: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 21: Dépenses publiques sur la santé et l’éducation, Comores et comparateurs

a. Dépenses publiques sur l’éducation en % du PIB (2011-2017)

b. Dépenses publiques sur la santé en % du PIB (2011-2017)

Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM

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10

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1-20

10)

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Tom

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Prin

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Sao

Tom

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Prin

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80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur

20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur

Moyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS

876543210

5

4

3

2

1

0

69. Le capital humain des Comores est

inférieur à celui des autres pays à revenu

moyen inférieur, ce qui compromet le potentiel

de revenus de la prochaine génération (voir

Tableau 5). En 2018, la Banque mondiale a

lancé un projet sur le capital humain et l’Indice

du capital humain (ICH), qui mesure le volume

de capital humain qu’un enfant né aujourd’hui

peut espérer atteindre à 18 ans (voir Encadré

4 sur la méthodologie de l’indice). Avec un

indice global de 0,41, les Comores obtiennent

de meilleurs résultats que la moyenne des

pays à faible revenu (0,38) mais en dessous de

la moyenne des pays à revenu moyen inférieur

(0,48). En comparaison avec les pays à revenu

ménages, ce qui fait que les pauvres ont un

accès particulièrement faible aux services de

santé.⁹⁴ Lorsque les ménages les plus pauvres

moyen inférieur, les Comores accusent le plus

de retard sur le nombre d’années de scolarité

attendues (8,4 contre 10,4 ans), les taux de

survie des adultes (78 contre 81 pour cent)

et la proportion d’enfants qui ne sont pas

considérés comme en retard de croissance (69

contre 73 pour cent).⁹⁵ Les taux de mortalité

infantile et juvénile aux Comores n’ont cessé

de s’améliorer, s’établissant respectivement

à 57 et 67 pour 1 000 naissances vivantes,

mais ces taux restent élevés par rapport

aux normes des pays à revenu intermédiaire

de la tranche inférieure, des pays à revenu

intermédiaire et des pays de comparaison

(voir Figure 22).

reçoivent des envois de fonds, ils les utilisent

payer la scolarisation et les soins de santé pour

leurs enfants.

Banque mondiale. Assistance technique sur demande pour l’amélioration de la prestation de services (2016).

Le retard de croissance mesure la proportion d'enfants qui sont anormalement petits pour leur âge. Il est

généralement accepté comme un indicateur de substitution de l'environnement de la santé prénatale, infantile

et de la petite enfance, et il résume les risques de santé que les enfants sont susceptibles de connaître au cours

de leurs premières années - avec des conséquences importantes pour la santé et le bien-être à l'âge adulte.

⁹⁴

⁹⁵

70

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 80: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 22: Indicateurs 1 de santé et de bien-être, Comores et comparateurs

Taux de mortalité infantile (pour 1 000 naissances vivantes)

Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM.

Tim

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Com

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(2

001-

2010

)

Sao

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cipe

80ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieur Moyenne de l'ASS

8070605040302010

0

Table 5: Indice du capital humain et ses composantes par catégorie de revenu

REVENUFAIBLE

COMORESINDICATEUR REVENU MOYEN

INFÉRIEUR

REVENUMOYEN

SUPÉRIEUR

REVENUÉLEVÉ

Composante 1 de l’ICH : Survie

Probabilité de survie jusqu’à l’âge de 5 ans

Composante 2 de l’ICH : Scolarité

Nombre d’années d’études attendues

Notes aux examens harmonisés

Composante 3 de l’ICH : Santé

Taux de survie à 60 ans des personnes de 15 ans

Proportions d’enfants de moins de 5 ans sans retard de croissance

Indice du capital humain (ICH)

0,929

7,8

363

0,745

0,658

0,38

0,931

8,4

392

0,778

0,689

0,41

0,961

10,4

391

0,807

0,730

0,48

0,983

11,7

428

0,863

0,869

0,58

0,995

13,3

506

0,923

0,935

0,74

71

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 81: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Nombre d'années d'études prévu rajusté en fonction de l'apprentissage par rapport au nombre d'années d'études prévu

15

10

5

0

Nom

bres

d’a

nnée

s d’

étud

es

prév

u aj

usté

de

l’app

renti

ssag

e

0 5 10 15

Nombre d’années d’études prévu

Figure 23: Ecart d’apprentissage

Filmer et al. (2018)

L'augmentation de l'effectif des classes, la faiblesse de la formation et du suivi des enseignants et le manque de

financement pour le fonctionnement entraînent une baisse de l'efficacité et des résultats scolaires. Un diagnostic

sectoriel (« RESEN ») mené par le Ministère de l'Education, en collaboration avec les bailleurs de fonds, a révélé de

sérieuses limites dans le développement professionnel des enseignants (formation initiale et continue), le suivi de

la performance des enseignants et l'évaluation des acquis des élèves. Le financement des frais de fonctionnement

des écoles est également insuffisant, notamment en ce qui concerne le matériel pédagogique. Enfin, l'effectif

moyen des classes dans l'enseignement primaire a été estimé à 31 élèves en 2017, et à 14 élèves seulement dans

le secondaire, ce qui a entraîné une certaine inefficacité dans les écoles parce que les enseignants ne sont pas

utilisés à leur pleine capacité au niveau secondaire.

D'après les données autodéclarées récentes, seuls 37 pour cent des jeunes de 15 à 19 ans savaient lire. Cela

représente moins de la moitié de la moyenne régionale (77 pour cent) et place les Comores bien en dessous du

Tchad, du Niger et du Mali, sans parler des pays de comparaison tels que le Cap Vert. En termes d'heures consacrées

à l'enseignement, les Comores ne disposent que d'environ 630 heures programmées au niveau primaire. C'est à

l'extrémité inférieure de la distribution.

⁹⁶

⁹⁷

⁹⁸

Ecart d’apprentissage

COMORES

Source: WB’s Human Capital Index 2018

70. Malgré des progrès importants en matière

de scolarisation, les enfants comoriens

passent aujourd’hui trop peu de temps

à l’école et apprennent encore moins.

Depuis 2000, les taux de scolarisation dans

l’enseignement secondaire ont doublé,

passant d’environ 35 pour cent à près de 70

pour cent. Pourtant, les taux de scolarisation

du pays restent inférieurs à ceux des pairs

aspirationnels (91 pour cent en moyenne)⁹⁶

et, avec 8,5 années d’études attendues, les

enfants comoriens passent deux ans de

moins à l’école que les enfants des autres

pays à revenu intermédiaire inférieur. De

plus, l’augmentation de la scolarisation ne se

traduit pas toujours par une augmentation de

l’apprentissage.⁹⁷ Selon le PASEC, l’évaluation

régionale de l’apprentissage,⁹⁸ seuls 30 pour

cent des élèves de CM1 acquièrent des

compétences de base. En conséquence,

lorsque l’on ajuste les années de scolarité en

fonction de la qualité de l’apprentissage, les

enfants comoriens d’aujourd’hui ne passent

que 5,3 années à l’école (voir Figure 23).

72

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 82: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

En 2018, la Banque mondiale a lancé son projet de capital humain. En se basant sur l’état

actuel des données factuelles académiques sur la relation entre le capital humain, la

croissance et la pauvreté, une nouvelle mesure a été élaborée - l’Indice du capital humain

(ICH) - qui exprime la productivité attendue de la prochaine génération de travailleurs en

fonction des résultats d’éducation et de santé dans un pays aujourd’hui.

L’ICH est plus élevé en moyenne dans les pays riches que dans les pays pauvres et varie

de 0,3 à 0,9 environ. Les unités de l’ICH ont la même interprétation que les composantes

mesurées en termes de productivité relative. Les Comores ont un ICH de 0,41. Un score de

0,41 signifie que si les conditions actuelles d’éducation et de santé aux Comores persistent,

un enfant né aujourd’hui ne sera que 41 pour cent aussi productif qu’il aurait pu l’être s’il

avait bénéficié d’une éducation complète et d’une bonne santé.

L’ICH est composé de cinq indicateurs : la probabilité de survie jusqu’à l’âge de cinq ans, le

nombre d’années de scolarité attendues d’un enfant, un score aux tests harmonisé comme

mesure de la qualité de l’apprentissage, le taux de survie des adultes (proportion des 15 ans

qui survivront jusqu’à 60 ans) et la proportion des enfants sans retard de croissance.

Les composantes de l’ICH sont combinées en un seul indice en les convertissant d’abord en

contributions à la productivité. En multipliant ces contributions à la productivité, on obtient

l’ICH global. L’ICH indique sous forme compilée à quel point les enfants nés aujourd’hui

seront productifs en tant que membres de la main-d’œuvre future, compte tenu des risques

pour l’éducation et la santé compilés dans les composantes. L’ICH est mesuré en unités de

productivité par rapport à un benchmark pour une éducation complète et une santé complète.

Le lien entre chaque indicateur et la productivité est comme suit :

• Probabilité de survie : les enfants qui ne survivent pas à l’enfance ne deviennent

jamais des adultes productifs. Par conséquent, la productivité attendue en tant que

futur travailleur d’un enfant né aujourd’hui est réduite d’un facteur égal au taux de

survie, par rapport au benchmark de survie de tous les enfants.

• Années et qualité de l’éducation : L’interprétation de la productivité relative des

indicateurs de l’éducation est ancrée dans la vaste littérature empirique qui mesure

le rendement de l’éducation au niveau individuel. On s’entend généralement pour

dire qu’une année d’études supplémentaire entraine une augmentation d’environ 8

pour cent des gains. Ces données peuvent être utilisées pour convertir les différences

entre les années d’études corrigées de l’apprentissage entre pays en différences de

productivité des travailleurs. Par exemple, par rapport à un benchmark d’achèvement

de 14 années d’études à l’âge de 18 ans pour tous les enfants, un enfant qui n’achève

que 9 ans d’études peut s’attendre à être 40 pour cent moins productif à l’âge adulte

(un écart de 5 ans d’études, multiplié par 8 pour cent par année).

Encadré 4: Qu’est-ce qui constitue le capital humain et comment le mesurer ?

73

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 83: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

• Résultats en matière de santé, avec le retard de croissance comme indicateur de

substitution : Les gens sont plus productifs lorsqu’ils sont en meilleure santé. La

littérature économique utilise souvent des indicateurs de substitution de la santé tels

que la taille à l’âge adulte. En effet, la taille à l’âge adulte peut être mesurée directement

et reflète l’accumulation des chocs sur la santé durant l’enfance et l’adolescence. Le

retard de croissance sert d’indicateur dans le cadre de la santé prénatale, infantile et

de la petite enfance, résumant les risques de santé que les enfants nés aujourd’hui

peuvent connaître dans leurs premières années, avec des conséquences importantes

pour leur santé et leur bien-être à l’âge adulte. Les données disponibles indiquent

qu’une amélioration de la santé entrainant une baisse de 10,2 points de pourcentage du

retard de croissance se traduira par une amélioration de 3,5 pour cent de la productivité

des travailleurs.

Source: Staff calculations using WDI.

71. Il existe un écart évident entre les sexes en

ce qui concerne le niveau d’instruction. Aux

Comores, les taux d’achèvement des études

des filles sont inférieurs à ceux des garçons.

Les taux d’achèvement du cycle primaire sont

de l’ordre de 90 pour cent pour les garçons

contre 70 pour cent pour les filles. Les mariages

précoces et les grossesses d’adolescentes

pourraient être l’une des raisons du faible

taux d’achèvement des études chez les filles.

Les grossesses d’adolescentes sont plus

fréquentes aux Comores que dans d’autres

petits États insulaires et deux à trois fois plus

nombreuses que dans les pairs aspirationnels

(sauf au Cap Vert). Alors que l’âge minimum

légal du mariage est fixé à 18 ans pour les

hommes et les femmes, le Code de la famille

donne aux juges le droit d’autoriser les filles et

les garçons à se marier plus tôt pour des motifs

sérieux et valables, avec le consentement

mutuel du futur époux.

72. De mauvais résultats en rapport au retard

de croissance, en particulier chez les ruraux

pauvres, indique l’existence de carences

nutritionnelles chroniques. Sur 100 enfants qui

grandissent aux Comores, 31 souffrent de retard

de croissance et risquent donc d’être affectés

de limites cognitives et physiques qui peuvent

durer toute une vie et compromettre le potentiel

à long terme non seulement de l’individu mais

de la société dans son ensemble. La proportion

d’enfants souffrant d’un retard de croissance

sévère atteint 19,4 pour cent en milieu rural,

contre 17,2 pour cent en milieu urbain. Alors

que les résultats en matière de santé sont

relativement bien répartis, les résultats

en matière de sous-nutrition (insuffisance

pondérale à la naissance, retard de croissance,

insuffisance pondérale et émaciation) sont

concentrés parmi les plus démunis et en

particulier dans le premier quintile du bas

de la distribution des revenus. Ces mauvais

résultats s’expliquent en partie par l’absence

d’interventions nutritionnelles et un faible taux

d’allaitement maternel exclusif (12 pour cent en

2012 et sur tendance décroissante au cours des

cinq dernières années). Et, bien que le recours

à la réhydratation orale augmente, le taux reste

inférieur à 60 pour cent.

74

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

Page 84: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

La fécondité s'est généralement révélée sensible à la mise en œuvre de la planification familiale dans les pays

en développement (de Silva et Tenreyro, 2017). En utilisant les données de l'EDS sur l'exposition aux messages

de planification familiale, une association négative significative entre le changement en matière de fécondité et

l'exposition aux messages de planification familiale après contrôle des autres covariables a été constatée, ce

qui suggère que le retard dans la mise en œuvre des programmes de planification familiale en Afrique explique

largement le déclin tardif de la fécondité dans la région.

⁹⁹

Figure 24: Indicateurs de santé et de bien-être, Comores et comparateurs

a. Prévalence d'émaciation sévère, poids pour la taille (% d'enfants de moins de 5 ans) (2011-2017)

b. Allaitement maternel exclusif (% d'enfants de moins de 6 mois) (2011-2017)

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54,5

43,5

32,5

21,5

10,5

0

908070605040302010

0

Source : Calculs du personnel à partir de l’IDM

80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur

20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS

73. Le retard de croissance à l’enfance est

associé à des répercussions néfastes tout

au long du cycle de vie. Il a été démontré

que la sous-alimentation et les maladies à a

source du retard de croissance entravent le

développement du cerveau, ce qui entraîne

une diminution des compétences cognitives

et socio-émotionnelles, une baisse du niveau

d’instruction et, partant, des revenus. Il est alors

plus probable que des problèmes de santé liés

aux maladies non transmissibles se produisent

plus tard dans la vie, ce qui entraîne une

augmentation des coûts des soins de santé. Les

taux de survie des adultes relativement faibles

observés aux Comores peuvent être le résultat

de ce démarrage difficile en début de vie et d’un

modèle de prestation de services de santé qui

donne la priorité à ceux qui peuvent payer les

soins de santé de leur propre poche.

74. Les taux de fécondité élevés sont un autre

facteur de pauvreté, mais l’intensification des

efforts de planification familiale aux Comores

pourrait se heurter à des barrières culturelles.

A 32,3 pour cent, les besoins de contraception

non satisfait (en pourcentage des femmes

mariées en âge de procréer) est supérieur à la

moyenne subsaharienne (24,9 pour cent). Les

programmes de planification familiale se sont

avérés efficaces dans les pays où le nombre

d’enfants souhaité est nettement inférieur

au nombre d’enfants observé. Aux Comores,

cependant, le nombre d’enfants souhaité⁹⁹ -

tel qu’indiqué par les hommes et les femmes

- est plus élevé que le nombre observé de 4,3

enfants par femme en 2012. Ce constat vaut

pour toutes les catégories de revenu et le

nombre d’enfants souhaité a augmenté au fil

du temps : en 1995, 60 pour indiquaient vouloir

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

75

Page 85: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

moins d’enfants mais, en 2012, ce chiffre était

tombé à 50 pour cent. En 2012, les hommes

aux Comores aspirent à avoir en moyenne 5,7

enfants, les femmes 5,3.

75. Il y a plus de chance de faire baisser

les taux de fécondité en comblant l’écart

entre les sexes en matière d’éducation et

en augmentant la participation des femmes

au marché du travail. Le nombre d’enfants

que les femmes désirent a tendance à varier

considérablement selon le niveau d’instruction

de la femme : aux Comores, les femmes sans

instruction déclarent un nombre souhaité

d’enfants de 6,1 contre 4,7 pour les femmes

ayant fait des études secondaires. Les données

mondiales indiquent que le maintien des filles

plus longtemps à l’école pourrait être un facteur

plus important d’ajustement des préférences

en matière de fécondité que les efforts de

planification familiale. En outre, avec 33 pour

cent de la population en âge de travailler, la

participation des femmes à la population active

est l’une des plus faibles de la région. Au fur et à

mesure que les femmes entrent sur le marché

du travail, le coût d’opportunité d’avoir des

enfants augmente, ce qui conduit généralement

à des taux de fécondité plus faibles.

5. Pauvreté et prospérité partagée aux Comores

76

Page 86: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

UNDERSTANDING COMOROS' LOW GROWTH PERFORMANCE

COMPRENDRE LA FAIBLE PERFORMANCE DES COMORES EN MATIÈRE DE CROISSANCE

77

Page 87: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Premièrement, la hausse du chômage. Pourtant les diplômés sont là, mais le problème est que les Comores ne possèdent pas des grands débouchés dans tous les secteurs. Deuxièmement, le manque d’infrastructures que ce soit routières, portuaires ou touristiques. Par ailleurs, le pays demeure encore riche dans tous les domaines. Il n’est pas exploité. Il est vierge.¹⁰⁰COMPRENDRE

LA FAIBLE PERFORMANCE DES COMORES EN MATIÈRE DE CROISSANCE

76. Après l’indépendance, la croissance

économique des Comores s’est d’abord

caractérisée par une forte volatilité, avant de

se stabiliser à un niveau faible après 2001. La

déclaration d’indépendance des Comores en

1975 a été suivie de tensions sociopolitiques

répétées, notamment de changements

de gouvernement anticonstitutionnels.

Les périodes d’instabilité politique se sont

accompagnées d’une contraction de la

croissance.¹⁰¹ A la suite de l’adoption d’une

nouvelle constitution au début des années 2000,

le nombre de crises politiques a diminué, ce qui

a atténué la volatilité du modèle de croissance,

mais conformément aux expériences de

croissance d’autres pays politiquement fragiles,

la croissance s’est stabilisée à un faible niveau

(voir Figure 25).¹⁰² Entre 2001 et 2017, le taux

de croissance réel moyen du PIB par habitant

a été de 0,3, ce qui montre également que le

rythme de croissance de l’économie n’a pas pu

clairement dépassé celui de la population.

Citation d'un répondant à une consultation en ligne sur Facebook : « D'abord, la hausse du chômage. Les gens

ont des diplômes, mais le problème est que les Comores n'ont pas beaucoup de possibilités d'emploi dans de

nombreux secteurs. Deuxièmement, le manque d'infrastructures, qu'il s'agisse de routes, de ports ou de tourisme.

Troisièmement, la mauvaise gouvernance dans le pays ; je veux dire par là que le népotisme ne cesse de croître.

Au-delà, le pays reste riche dans de nombreux domaines, il reste inutilisé, il est encore vierge. »

Un document de référence rédigé pour ce rapport (De Filho et Diaz-Sanchez, 2018) constate que l'instabilité politique

tend à affecter négativement la croissance du PIB par habitant et que l'impact est plus fort dans les pays fragiles

à faible revenu.

Il existe une abondante littérature documentant les effets négatifs de l'instabilité politique sur un large éventail

de variables macroéconomiques, y compris la croissance du PIB, l'investissement privé et l'inflation. Alesina et ses

collaborateurs (1996) utilisent des données de 113 pays entre 1950 et 1982 pour montrer que la croissance du PIB

est nettement plus faible dans les pays et les périodes où la propension à l'effondrement du gouvernement est

élevée. Aisen et Veiga (2013) constatent qu'une plus grande instabilité politique entraîne une baisse de la croissance

économique en réduisant les taux de croissance de la productivité et, dans une moindre mesure, l'accumulation

de capital physique et humain.

¹⁰⁰

¹⁰¹

¹⁰²

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

78

Page 88: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

77. Du côté de la demande, la croissance a

été largement tirée par la consommation

privée, reflétant les niveaux élevés de

transferts en provenance de l’étranger (voir

Figure 26). Depuis 2001, la consommation

représente le principal facteur de croissance.

Bien que la consommation publique ait

également augmenté, c’est la consommation

privée qui a tiré la croissance économique,

alimentée par les envois de fonds. Les envois

de fonds ont augmenté - en termes absolus

et en proportion du PIB - au cours des deux

dernières décennies. Les envois de fonds

personnels reçus représentaient en moyenne

12 pour cent du PIB entre 2011 et 2017 et sont

élevés par rapport à la moyenne de l’Afrique

subsaharienne (4,9 pour cent) et des autres

pays de la région (5 pour cent) et aux autres

pays de comparaison (par exemple, les États

fragiles et les petits Etats insulaires avec 7,7

pour cent et 7 pour cent, respectivement).

La contribution des investissements à la

croissance a été faible, parfois négative et

volatile. En 2015, l’Investissement direct

étranger (IDE) représentait moins de 1 pour

cent du PIB, bien en deçà des investissements

structurels (5,4 pour cent sur la période 2011-

2017). Les exportations nettes ont contribué

négativement à la croissance pendant la

plupart des années depuis 2001.

Figure 25: Impact de la stabilité politique sur la croissance

a. Croissance du PIB des Comores (% annuel), 1981-2017

b. Croissance du PIB par habitant (%) : Moyennes pour les pays non fragiles et fragiles

Source: IDM

5

4

3

2

1

0

-1

-2

-3

12,0

10,0

8,0

6,0

4,0

2,0

0,0

-2,0

-4,0

-6,0

-8,0

Introduction d’une plus grande autonomie des iles et de la « Tournante » en 2001

1981 1987 1993 1999 2005 2011 2017 1961 1966 1971 1976 1981 1986 1991 1996 2001 2006 2011 2016

Non fragile Fragile

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

79

Page 89: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

78. Du côté de l’offre, la main-d’œuvre a

traditionnellement été le principal facteur

de croissance (voir Figure 27). Aux Comores, la

croissance de la population en âge de travailler a

été le principal facteur de croissance économique

chaque année pendant le dernier quart du siècle.

Les faibles niveaux de croissance du capital ont

très peu contribué à la croissance économique

et ont généré de faibles gains de productivité

dans l’économie, ce qui compromet de manière

inquiétante la croissance future. Dans l’ensemble,

la croissance de la Productivité total des facteurs

(PTF) a été négligeable, voire négative depuis

quelques années.

79. La contribution sectorielle à la croissance

commence à se modifier en faveur du

secteur des services. La croissance aux

Comores a traditionnellement été tirée par

l’agriculture, mais ces dernières années, les

services ont joué un rôle plus important,

indiquant un début de transformation

structurelle de l’économie comorienne.

Entre 2001 et 2017, le secteur des services

a connu une croissance annuelle moyenne

de 2,6 pour cent (bien qu’inférieure à celle

de ses pairs structurels) et a été de loin le

principal facteur de croissance. Entre 2004

et 2014, l’emploi dans le secteur agricole a

diminué de près de 20 points de pourcentage

(il représentait 57 pour cent en 2004 contre

38 pour cent en 2014), alors que l’emploi

dans tous les autres secteurs (industrie et

services) a augmenté.

Figure 26: Facteurs de la croissance du PIB du côté de la demande

a. Comores : Contribution à la croissance du PIB - côté demande

b. Comores : Consommation privée et publique (Croissance annuelle)

9

7

5

3

1

-1

-3

Consommation privée réelle (croissance annuelle) (2011-2017)

Consommation publique réelle (croissance annuelle) (2011-2017)Ti

mor

O

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al

Pairs

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Petit

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Com

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(200

1-20

10)

Sao

Tom

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Pr

inci

pe

Pairs

as

pira

tionn

els

Source : Calculs du personnel sur la base des comptes nationaux révisés

10

08

06

04

02

00

-02

-04

-06

-08

Investissement

Consommation

Exportations nettes

Croissance du PIB

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

80

Page 90: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Que faudrait-il pour que les Comores échappent à cet équilibre en faible croissance ?

80. Le gouvernement comorien s’est fixé

l’objectif ambitieux de « l’émergence »

d’ici 2030, un objectif qu’il espère atteindre

grâce à une croissance annuelle du PIB réel

de 6 pour cent.¹⁰³ Cependant, les simulations

indiquent que cette « émergence », si elle est

définie comme le fait d’atteindre le statut de

revenu intermédiaire, nécessitera un objectif

de croissance beaucoup plus ambitieux que

6 pour cent. Pour atteindre le statut de pays

à revenu intermédiaire d’ici 2030, le PIB réel

des Comores devrait croître de 12 pour cent

par an, un taux de croissance qu’aucun pays

ne pourra jamais maintenir pendant plus

quelques années. Par exemple, la Chine, la

Thaïlande et la Malaisie ont connu des taux

de croissance supérieurs à 10 pour cent, mais

seulement pendant trois ou quatre années

consécutives (dans les années 2000, à la fin

des années 1980 et au début des années

1970, respectivement). En supposant un taux

de croissance du PIB réel de 4 pour cent , ce

qui est conforme à la croissance moyenne

observée pour l’Afrique subsaharienne et

pour les autres pays de la région au cours de

la dernière décennie, les Comores devraient

soit augmenter leur population active de 4,2

pour cent par an (contre 2,8 pour cent en

moyenne au cours des 10 dernières années),

soit constituer un capital de 6,9 pour cent

annuellement (contre 3,6 pour cent en

moyenne pendant les 10 dernières années)

soit encore augmenter leur productivité totale

annuelle par facteur de 1 pour cent . Dans la

section qui suit, nous examinons les obstacles

qui s’opposent actuellement à l’un ou l’autre

de ces facteurs qui contribuent davantage à

la croissance.

Figure 27: Offre et facteurs sectoriels de la croissance du PIB aux Comores

a. Comores : Contribution des facteurs à la croissance potentielle du PIB

b. Contribution Sectorielle à la croissance (en %)

4

3

2

1

0

-1

-2

5

4

3

2

1

0

-1

Contribution de la PTF

Agriculture Industries ServicesContribution du capital

Contribution du travail

Croissance potentielle du PIB

1991-1995 1996-2000 2001-2005 2006-2010 2011-2017

Source : Calculs du personnel à partir des comptes nationaux révisés des Comores et de l’IDM20

0120

0220

0320

0420

0520

0620

0720

0820

0920

1020

1120

1220

1320

1420

1520

1620

17

Le gouvernement a récemment mis à jour sa Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable

ou SCA2D révisée (Commissariat Général au Plan, 2018) qui vise à soutenir ses objectifs 2030. Le plan se concentre

sur les infrastructures clés dans les domaines de l'énergie, des transports (en particulier les routes) et de la santé.

¹⁰³

81

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 91: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Contribution du capital

81. Des années de faibles taux

d’investissement public et privé ont entravé

l’accumulation de capital aux Comores et

affecté la connectivité à l’intérieur et entre

les îles (voir Figure 28). Sur la période 2011-

2017, l’investissement total aux Comores

a représenté 16,1 pour cent du PIB. Ce

pourcentage était très inférieur à celui des

pairs structurels (22,9 pour cent) et à la

moyenne de l’Afrique subsaharienne (23,1 pour

cent). Environ la moitié de l’investissement

total est publique (7,4 pour cent) et seulement

8,7 pour cent est privé, très loin de la moyenne

de l’Afrique subsaharienne (20,8 pour cent). En

conséquence, le stock de capital des Comores

est très faible par rapport à celui de ses pairs

en termes structurels ou d’aspiration.

82. L’épargne et l’investissement publics

sont limités par la faiblesse des recettes

intérieures et une composition budgétaire

fortement orientée vers la consommation

(c’est-à-dire les dépenses récurrentes

en salaires). Les ressources disponibles

pour accroître l’investissement public sont

limitées par la faiblesse du recouvrement des

recettes (Encadré 5). Les recettes intérieures

des Comores ont représenté en moyenne

17,2 pour cent du PIB sur la période 2011-

2017, un pourcentage bien inférieur à celui

des pays de comparaison structurels (45,3

pour cent) et inférieur à la moyenne des pays

subsahariens (22,5 pour cent). Une masse

salariale qui consomme 69,3 pour cent

des recettes fiscales (sur 2011-2017), plus

élevée que celle de la plupart des pairs en

termes structurels ou d’aspiration, laisse peu

de place aux investissements. En outre, le

budget d’investissement est généralement

réduit en période de pénurie pour répondre

aux besoins de dépenses récurrentes,

comme cela s’est produit tout récemment

en 2014, lorsque le budget d’investissement

intérieur a diminué de 58 pour cent.¹⁰⁴

Enfin, les changements forcés répétés de

gouvernements ont entraîné une interruption

constante et un manque de continuité dans

les projets d’investissement.¹⁰⁵

Des progrès importants en termes de réformes et de performance ont été réalisés dans

le domaine douanier. Toutefois, l’Administration Générale des Impôts des Domaines

(AGID) est à la traîne. Parmi les principaux défis auxquels l’AGID est confrontée, on peut

citer : (i) s’attaquer au problème du manque de normalisation des pratiques comptables

; (ii) créer des incitations pour influencer le comportement des entreprises publiques

vis-à-vis de leurs obligations fiscales ; (iii) augmenter le très faible taux d’enregistrement

des contribuables et des domaines imposables ; (iv) lutter contre la prédominance

des transactions en espèces ; (v) s’attaquer au problème de faible interopérabilité des

Encadré 5: Domaines de réforme de la politique fiscale et de l’administration fiscale

Il n'y a pas de réponse analogue au budget d'investissement en période de prospérité. Cette asymétrie se retrouve

également dans d'autres pays et régions du monde (voir par exemple Gavin et Perotti (1997) pour l'Amérique latine

et Dessus, Diaz-Sanchez et Varoudakis (2016) pour l'UEMOA).

La faiblesse des capacités gouvernementales et la mauvaise planification à moyen terme ont affecté le taux

d'exécution du programme d'investissement public, qui s'est maintenu à environ 45 pour cent ces dernières années.

¹⁰⁴

¹⁰⁵

82

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 92: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

systèmes de gestion fiscale (cas des douanes, banques et numéro d’identification fiscale)

et (vi) améliorer la fiabilité du cadastre. En ce qui concerne l’administration douanière, un

domaine important de la réforme consiste à déployer entièrement SYDONIA World dans

le but d’activer les modules nécessaires pour obtenir une bonne administration de la

valeur et une bonne gestion des risques.

Avec la prolifération incontrôlée des exonérations ces dernières années, une révision

des exonérations devrait être au cœur du nouveau code des investissements. En effet,

le code actuel des investissements présente d’importantes problématiques auxquelles

il faudrait s’attaquer, notamment le manque de transparence, un pouvoir discrétionnaire

important, le risque d’abus, l’inégalité de traitement des entreprises, l’imprévisibilité, les

coûts élevés en termes de recettes fiscales et douanières. La Banque mondiale a fourni un

appui analytique et technique pour un nouveau code des investissements aux Comores.

Le projet de loi n’a pas encore été soumis au Parlement par le gouvernement.

La réforme de la fiscalité indirecte présente certains risques, mais elle contribuerait à

réduire les exonérations et sera essentielle dans le processus d’adhésion à l’OMC. Par

rapport à la taxe à la consommation, la TVA ouvre des possibilités de fraude supplémentaires

avec la création de crédits de TVA fictifs. Il en résulte un risque de pertes de recettes et

de distorsions de la concurrence entre opérateurs versant dans la fraude et opérateurs

faisant preuve de civisme. Par conséquent, l’introduction de la TVA dans une économie

à faible valeur ajoutée pourrait sembler risquée. Toutefois, la perception en douane de

plus des deux tiers des recettes de TVA limite fortement le risque de perte de recettes.

En outre, l’introduction de la TVA supprime une cause majeure de la prolifération des

exonérations. Enfin, l’application de la TVA est l’une des conditions actuellement en cours

de négociation entre le gouvernement et l’OMC pour l’adhésion des Comores à l’OMC.

Toute réforme fiscale ne réussira en l’absence d’amélioration des relations entre l’État

et les entreprises. Ainsi, l’accumulation des arriérés constitue un facteur d’opacité de la

relation du gouvernement avec l’entreprise de télécommunications, qui est le plus grand

collecteur d’impôts du pays. De même, l’État devrait renoncer à la discrétion dans les

délais d’imposition. Enfin, des règles claires doivent être respectées pour l’application des

procédures fiscales ; par exemple, les plans de contrôle doivent être définis en fonction

de critères tirés d’une analyse des risques ; et la qualité des contrôles doit être essentielle

pour réduire les comportements de fraude.

83

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 93: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 28: Investissement et accumulation de capital

a. Investissement (part du PIB nominal (2011 – 2017) b. Stock réel public et privé par habitant, 2015 (211 USD ajusté de la PPA) milliers

Source : Premier panneau : Calculs du personnel à partir de l’IDM. Deuxième panneau : Base de données du FMI sur le stock de capital.

Tim

or O

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001-

2010

)

0 2 4 6 8 10 12

40353025201510

50

Comoros

São Tomé and Principe

Fidji

Cabo Verde

Stock de capital privé réel par habitant

Stock de capital public réel par habitant

L'utilisation des services bancaires reste faible (9 pour cent de la population dispose d'un compte bancaire),

principalement en raison d'un manque de confiance dans le secteur bancaire, mais aussi parce que les Comores

sont une économie où le secteur informel occupe une grande place et où une part importante de la population

est pauvre, et qui manque de revenus discrétionnaires qui pourraient être réservés pour une utilisation future et

d'investissements jugés viables par les banques.

¹⁰⁶

80ème percentile revenu moyen inférieur

20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS

83. L’instabilité politique et la faiblesse de

l’état de droit nuisent aux investissements

du secteur privé. L’instabilité politique

n’affecte pas seulement la continuité

de l’ investissement public, elle sape

également la confiance des investisseurs

privés. Les investissements privés étrangers

et nationaux ont été faibles aux Comores.

Avec une moyenne de 0,9 pour cent du PIB

sur la période 2011-2017, les Comores ont

attiré des IDE à des niveaux bien inférieurs

à ceux de leurs pairs structurels (5,4 pour

cent) et de l’Afrique subsaharienne (5,9

pour cent). Un faible respect de l’état de

droit et des notes très faibles sur d’autres

indicateurs de gouvernance - tels que

la voix et la responsabilité, l’efficacité

du gouvernement et la lutte contre la

corruption - découragent les investisseurs

privés des Comores et de l’étranger.

84. Sur le plan intérieur, l’investissement privé

est également limité par la faible mobilisation

de l’épargne privée et la faiblesse du secteur

financier. L’épargne privée brute a représenté

4 pour cent du PIB en moyenne sur la période

2011-2017, bien en dessous de la moyenne

de l’Afrique subsaharienne (13,6 pour cent)

ou des autres États fragiles (11,2 pour cent).

De même, à 13,9 pour cent du PIB, le crédit

intérieur des Comores a été inférieur d’au

moins 10 points de pourcentage à celui des

pairs structurels et à la moyenne de l’Afrique

subsaharienne ces dernières années (2011-

2017).¹⁰⁶ Avec seulement 136 comptes

bancaires pour 1 000 adultes, les Comores

accusent un retard significatif en termes taux

de pénétration par rapport à leurs pairs, mais

se situent même derrière la moyenne de

l’Afrique subsaharienne (332) et des pays à

faible revenu (186).

84

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 94: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

85. Une forte dépréciation des actifs dans

le système bancaire menace la stabilité du

secteur financier et limite l’accès du secteur

privé au crédit. Même si le ratio de crédit

privé par rapport au PIB a considérablement

augmenté, passant de 5,7 pour cent en

2007 à 16,6 pour cent en 2017, il reste

faible par rapport à celle des pays pairs et

l’augmentation s’est principalement produite

dans les prêts à court terme aux particuliers.¹⁰⁷

Le crédit à l’investissement est très limité et

il est garanti par des garanties immobilières,

des promesses de salaire ou de l’or.¹⁰⁸ Les

créances douteuses sont élevées et en

hausse (23,6 pour cent en 2017), les banques

étant incapables de régler les créances

irrécouvrables par le système judiciaire.¹⁰⁹

L’absence d’un registre des garanties pour

les biens mobiliers a un impact négatif sur

les petites et moyennes entreprises qui ne

possèdent pas les garanties immobilières

requises pour qu’un prêt soit titrisé au moyen

d’actifs immobiliers. En conséquence, les

Comoriens s’appuient sur les institutions de

microfinance (IMF) dont l’encours total des

prêts des plus grandes représente plus d’un

tiers des crédits à l’économie.

86. Au-delà de la banque et de la

microfinance, d’autres services financiers

sont sous-développés aux Comores. La

monnaie mobile n’a pas encore décollé et

les secteurs de l’assurance, des pensions

et des marchés financiers sont petits,

émergents et non réglementés. Il n’existe

pas de plateformes de paiement modernes

telles qu’un système de transfert automatisé

(STA) et un switch national, ce qui entrave

le développement des services bancaires

mobiles et des paiements ainsi que d’autres

formes de paiements autres qu’en espèces

qui sont à la base de l’émergence de la

finance numérique et, au final, de l’inclusion

financière. Compte tenu de l’importance du

financement du commerce et des envois de

fonds pour le développement des Comores,

les relations de correspondant bancaire (RCB)

entre les banques comoriennes et les IMF et

leurs partenaires dans d’autres juridictions

doivent être renforcées.

87. L’investissement privé se trouve davantage

réduit parce que les retours sur investissement

privés sont très incertains étant donné que

les droits de propriété aux Comores ne sont

pas protégés, le climat d’investissement est

onéreux et les politiques gouvernementales

sont imprévisibles. Le rapport 2019 Doing

Business a classé les Comores 164ème sur 189

économies, en dessous de la moyenne de

l’Afrique du Sud Saharienne (voir Figure 30).

Au cours de la période 2011-2017, le pays s’est

constamment situé dans le 15ème percentile

de l’indicateur de gouvernance mondiale

sur la « qualité de la réglementation » pour

le développement du secteur privé, avec

une performance inférieure à celles de ses

pairs structurels. Les droits de propriété ne

sont pas clairs et difficiles à faire respecter.

Aux Comores, il est possible de détenir des

terres à titre privé grâce à trois systèmes co-

existants : des pratiques ancestrales régies par

une répartition traditionnelle des terres héritée

de la lignée maternelle, le droit Islamique qui

Parmi leurs pairs aspirationnels, les Fidji ont la part la plus élevée du crédit privé par rapport au PIB (90,9 pour cent),

suivies des Samoa (81,1 pour cent), du Cap Vert (62,4 pour cent) et des Tonga (41 pour cent) (WDI, 2017).

Dans le contexte des niveaux élevés de prêts non productifs et de faible rentabilité des banques, l'aversion pour le

risque des prêteurs a augmenté, ce qui a entraîné un excès structurel de liquidité de 38 pour cent dans le système.

Quelques débiteurs bien branchés dans la structure économique peu diversifiée des Comores représentent une

part importante du stock de prêts non productifs. Une grande partie des prêts non productifs représentent des

prêts hérités qui ont tourné au vinaigre pendant la crise du secteur de la vanille au début des années 2000 et qui

ne sont toujours pas réglés, ainsi que d'autres prêts qui n'ont pas encore été passés en perte par les institutions.

¹⁰⁷

¹⁰⁸

¹⁰⁹

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

85

Page 95: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Le manque de clarté sur le régime foncier aux Comores résulte de la coexistence de

trois systèmes juridiques parallèles et contradictoires. Le système traditionnel repose en

grande partie sur le système manyahuli, un système de biens immobiliers hérités de la

lignée maternelle et fondé sur le caractère indivis et inaliénable des biens. Selon le droit

Islamique introduite à l’époque des Sultans, la terre appartient à celui qui l’utilise à des

fins productives, et les transferts se font par la culture du sol. La colonisation a introduit le

droit moderne qui est basé sur la propriété privée et la propriété domaniale. Actuellement,

la légitimité au titre du droit hérité des Français reste faible et les Comoriens continuent

de se référer d’abord au droit coutumier et au droit Islamique pour régler leurs différends.

Peu de personnes enregistrent les titres de propriété, et ceux-ci sont rarement mis sur

le marché, alors que plusieurs propriétaires peuvent revendiquer le même terrain en

référence aux différents systèmes juridiques. Cela alimente les contestations foncières

de bas niveau, y compris entre ceux qui sont considérés comme autochtones d’une île et

les immigrants ; entre les grands propriétaires fonciers et les villages de la même île ; et

entre les villages voisins au sujet de la délimitation des frontières. Cela dit, il y a rarement

eu des conflits fonciers violents aux Comores.

Les déficiences de la structure institutionnelle peuvent également exacerber les

tensions foncières. De nombreuses affaires foncières peuvent attendre plusieurs années

(dans certains cas, plus de 20 ans) avant d’être entendues en justice. L’absence d’un

registre foncier fait qu’il est presque impossible de suivre les transactions foncières,

laissant de nombreux conflits fonciers dans une impasse. Par conséquent, les différends

sont souvent réglés au gré des circonstances par le biais d’arrangements informels ou

formels. A Moroni, par exemple, des propriétaires privés qui n’ont pas été en mesure

d’appliquer les décisions de justice sont parvenus à un compromis avec les personnes

vivant illégalement sur leurs terres : Ils sont autorisés à rester à condition de payer un

loyer et de ne pas construire de maisons permanentes.

L’inégalité d’accès à la terre a aggravé les disparités de revenus et a alimenté les migrations

internes. A Anjouan, 20 familles contrôlent à elles seules 40 pour cent des terres arables.

Ce déséquilibre est aggravé par un certain nombre de facteurs : les familles pauvres qui

utilisent leurs terres en garantie de prêts de microfinance à Anjouan ont été dépossédées

de leurs terres lorsqu’elles ne sont pas en mesure de rembourser des prêts, souvent assortis

de taux d’intérêt très élevés. Le terrain est ensuite vendu aux enchères et acheté par les

familles les plus riches. Par ailleurs, à Anjouan, les familles pauvres s’emparent de la terre

et la cultivent rapidement pour être les premières à en revendiquer la propriété. Comme

Encadré 6: Régime foncier des Comores

assimile la propriété à l’utilisation des terres

et le droit moderne qui repose sur la propriété

privée. Ces systèmes conflictuels ont par le

passé généré des conflits et sont une source

d’incertitude pour les investisseurs (voir

Encadré 6).

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

86

Page 96: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

à Mohéli, l’absence de sécurité foncière et la crainte de dépossession peuvent empêcher

les propriétaires de louer ou de prêter leurs terres, ce qui entraîne une augmentation du

nombre de paysans sans terre et une réduction des terres cultivées. L’appauvrissement

des paysans a contribué à une augmentation des migrations vers les zones urbaines, vers

la Grande Comore ou vers Mayotte.

Source : Évaluation des risques et de la résilience de la Banque mondiale 2018

Figure 29: IDE et investissements privés, Comores et comparateurs

a. Investissement Direct Etranger, (% du PIB, moyenne 2011-2017)

b. Investissement privé (% du PIB), valeur la plus récent (2011-2017)

9876543210

35

30

25

20

15

10

5

0

Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale à partir des comptes nationaux révisés des Comores et de l’IDM.

88. Le potentiel de la diaspora à générer des

IDE est faible. Les diasporas constituent un

important réservoir de connaissances sur les

possibilités de commerce et d’investissement.

Les migrants peuvent aider les exportateurs

des pays d’origine à trouver de bons

distributeurs et acheteurs appropriés, à

améliorer leur connaissance du marché et à se

conformer aux exigences gouvernementales

et aux normes du marché. Le partage d’une

même langue ou d’une culture similaire

facilite la communication et la compréhension

des documents de transport, des procédures

et des réglementations. Selon les réponses

aux groupes de discussion avec la diaspora

en France, il existe actuellement plusieurs

obstacles aux investissements de la diaspora,

tels que : (i) l’inadéquation des infrastructures;

(ii) le manque de confiance ; (iii) l’absence

d’institutions qui s’engagent avec la diaspora

pour investir dans des projets ; (iv) le manque

de soutien au développement des entreprises

pour les projets ; (v) le coût du financement

et le manque d’accès aux produits financiers

; et (vi) le manque de main-d’œuvre qualifiée.

89. La faiblesse du système judiciaire et la

corruption endémique font qu’il est peu

probable que les droits de propriété puissent

être appliqués. Les Comores ont l’un des

Tong

a

Sam

oa

Pairs

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Pairs

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tionn

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Cap

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Cap

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001-

2011

)

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(2

001-

2011

)

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gile

s

Etat

s fra

gile

s

Com

ores

Com

ores

Petit

s Et

ats

insu

laire

s

Petit

s Et

ats

insu

laire

s

Sao

Tom

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Pr

inci

pe

Sao

Tom

é et

Pr

inci

pe

Fidj

i

Tim

or O

rient

al

Iles S

alom

on

Pairs

stru

ctur

els

Pairs

stru

ctur

els

80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur

20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS

87

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 97: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 30: Indicateurs de gouvernance et climat des affaires

a. Indicateurs mondiaux de la gouvernance : Notation par percentile – 2017

b. Classement de Doing Business 2019, tous indicateurs

80604020

0

Construction

Enregistrement de la propriété

Commerce transfrontalier

Obtention de crédit

Obtention d’électricité

Protection des investisseurs minoritaires

Lancement d’une entreprise

Ensemble

Résolution de l’insolvabilité

Paiement d’impôts

Exécution des contrats

4385701141141181341241551391651491161641311641681687716845179

Lutte contre la corruption

Stabilité politique et absence de violence/terrorisme

Qualité de la réglementation

Efficacité du gouvernement

Etat de droit Voix et redevabilité

Source : Banque mondiale, Doing Business 2019

90. La faiblesse et le coût des services

d’infrastructure - en particulier d’électricité

– sont un facteur dissuasif majeur pour les

investisseurs. Bien que l’accès à l’électricité

soit supérieur à la moyenne de l’Afrique

subsaharienne (la Grande Comore et

Anjouan, les plus grandes îles, ont des

taux d’accès de 65 et 50 pour cent contre

38 pour cent pour la moyenne de l’Afrique

subsaharienne), le système souffre très

régimes d’exécution des contrats les plus

faibles au monde, se classant au 180ème rang

sur 190 pays dans le monde, selon le rapport

Doing Business de la Banque mondiale.

Le pouvoir judiciaire est perçu comme

corrompu et coexiste avec les institutions

judiciaires informelles. L’application de la

législation existante fait souvent défaut et

une application discrétionnaire prévaut. Les

efforts de lutte contre la corruption ont connu

d’importants revers. Une commission anti-

fréquemment d’interruptions.¹¹⁰ En 2016,

l’approvisionnement en électricité dans

la capitale Moroni variait de 12 à 20 heures

par jour, mais le reste des îles ne recevait

qu’environ 6 heures d’électricité par jour,

de nombreuses localités en périphérie du

réseau ne recevant que quelques heures

d’électricité par semaine. Même si la qualité

du service électrique s’est améliorée depuis

2016, cette amélioration s’est accompagnée

corruption a été créée en 2011 et une stratégie

anti-corruption a été adoptée en 2012. Le

gouvernement a habilité la commission

en donnant à ses agents le pouvoir légal

d’enquêter sur les cas de corruption perçus,

de préparer et de soumettre ces cas au

pouvoir judiciaire et, effectivement, en 2013,

15 dossiers avaient été soumis. Cependant,

trois mois après l’entrée en fonction du

nouveau Président en 2016, la Commission

anti-corruption a été dissoute.

Comores

Sao Tomé

Timor Oriental

Iles Salomon

Revenu intermédiaire inférieur Cap Vert Comores

Voir plus au Chapitre 5 Facteurs de la réduction de la pauvreté et inégalité croissante depuis 2004.¹¹⁰

88

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 98: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

0,610,51

0,430,35

0,340,34

0,320,32

0,260,24

0,210,16

d’une forte hausse des tarifs (le coût du

service pour la capitale a presque doublé).

Par ailleurs, une forte détérioration du

service a commencé en 2019. Le manque

de fiabilité et de qualité et les coûts élevés

découragent les investissements du secteur

privé. Par exemple, cette situation fait qu’il

est plus difficile d’investir dans l’entreposage

frigorifique des produits agricoles périssables

au départ de l’exploitation agricole et dans

les ports dans la recherche d’accès aux

marchés de produits. La faible performance

du secteur se traduit également par un

mauvais classement de l’indicateur Obtenir de

l’électricité au classement Doing Business de

2019 (Comores au 139ème rang sur 190 pays).

91.La performance de la compagnie

d’électricité MAMWE est révélatrice des

défis qui entravent la prestation des services

publics. Les Comores ont également les

coûts d’exploitation et d’entretien (E&E) et de

carburant les plus élevés par unité dans la

région de l’ASS après le Libéria (où l’électricité

coûte 0,66 cents par kWh facturé) (voir Figure

31). Ce coût élevé reflète en partie l’économie

d’un petit système dont la production est

presque exclusivement basée sur du gazole

importé, une solution couteuse. L’absence

de planification stratégique et la faiblesse

de la gestion commerciale et financière sont

d’autres facteurs de faible performance.

Fin 2016, on estime que 54 pour cent de la

production d’électricité de MAMWE n’ont

jamais été facturés et que 79 de ce qui a été

facturé a été recouvré. En raison de décennies

de gestion erratique, le secteur de l’électricité

comorienne représente une charge très

importante pour les finances publiques. Selon

toute attente, les transferts budgétaires à

l’appui du MAMWE en 2017 devaient dépasser

le 6,5 millions USD, soit environ 8 pour cent

des recettes fiscales.

92. Certaines des lacunes importantes en

matière d’infrastructures qui découragent

les investissements du secteur privé se

retrouvent dans le secteur des transports.

Alors que la densité des routes revêtues

(412 km pour mille) aux Comores est

impressionnante par rapport à une moyenne

de 31 en Afrique subsaharienne, le manque de

financement adéquat pour leur réhabilitation

et leur entretien a laissé le réseau routier

en mauvais état et le premier tronçon de

transport à partir des terres agricoles est

souvent entravé par le mauvais état des

routes de desserte. En 2018, 22,3 pour cent

des routes nationales étaient en mauvais

état. L’efficience des dépenses est une grave

préoccupation parce que les budgets limités

sont souvent consacrés à l’extension du

réseau routier déjà dense au détriment des

besoins de réhabilitation les plus pressants et

de l’amélioration de la connectivité rurale.¹¹¹

Figure 31: Coûts de l’électricité, Comores

et comparateurs

Coût de l’électricité (USD par KWh facturé)

ComoresCap VertRwandaSénégal

MauritanieBurkina FasoMadagascar

SeychellesBénin

GabonMaurice

Cameroun

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7

Source : Trimble et al (2016).

Bien qu'une base de données routières ait été créée, l'absence de mises à jour régulières et systématiques entrave

la mise en œuvre de la gestion des actifs dans le secteur.

¹¹¹

89

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 99: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Les aéroports jouent un rôle important dans

les infrastructures de transport du pays parce

que la quasi-totalité du trafic de passagers

inter-îles se fait par voie aérienne, bien que

les liaisons aériennes soient quatre à cinq

fois plus chères que les liaisons maritimes.

L’absence de transport maritime régulier pour

Contribution du travail et du capital humain

93. La contribution de la main-d’œuvre

comorienne à la croissance est limitée par

une faible participation de la main-d’œuvre

et des niveaux élevés d’émigration (voir

Figure 33). Seulement 42,7 pour cent de la

population en âge de travailler (moyenne

sur 2011-2017) fait actuellement partie de la

population active, un chiffre inférieur à celui

des pays pairs structurels (56,5 pour cent en

passagers laisse peu de choix aux Comoriens.

Les infrastructures portuaires comoriennes

ne répondent pas aux normes minimales

en matière de sécurité, d’exploitation et de

gestion portuaire, ce qui entraîne des coûts

de transport élevés pour les marchandises et

les passagers.¹¹²

moyenne) et nettement inférieur à celui de

l’Afrique subsaharienne (67,3 pour cent en

moyenne). La participation au marché du

travail est particulièrement faible pour les

femmes, les hommes étant deux fois plus

susceptibles de faire partie de la population

active. L’inclusion des demandeurs d’emploi

découragés sur le marché du travail

augmente le taux d’activité de dix points

de pourcentage : il y avait environ 42 000

demandeurs d’emploi découragés aux

Comores en 2014, soit plus du double du

Source : Panneau a : Direction portuaire (MTBS, 2014). Panneau b : PADDST 2014.

Par exemple, les infrastructures et les équipements portuaires ne sont pas compatibles avec le type de navires qui

circulent entre les îles. Pour les passagers, les installations portuaires ne sont pas adaptées à la taille des navires

utilisés pour cette activité.

¹¹²

Figure 32: Les tarifs portuaires dans les deux principaux ports des Comores (Moroni et

Mutsamudu) sont cinq fois plus élevés qu’à Maurice et trois fois plus élevés

qu’à Mombasa.

a. Comparaison des tarifs portuaire (USD/EVP) b. Condition des réseaux routiers des trois

60

50

40

30

20

10

0

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%Moroni Mombasa Bien Juste Pauvre Très pauvreAnjouan

(Mutsamudu)Port-Louis (import/export)

Port-Louis (Transbordement)

Grande Comore Anjouan Mohéli

90

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 100: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 33: Tendances migratoires et capital humain aux Comores

a. Évolution du stock total de migrants des Comores par sexe

b. Secteur institutionnel d'emploi selon le niveau d’instruction (% de la

2015

2010

2005

1995

1990

Administration publique

Entreprise publique ou parapublique

Secteur privé formel

Secteur privé informel

Ménage

0 50 100 150 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Total Sans instruction Primaire Secondaire Supérieur Femmes Hommes

Source: EESIC 2014.

La majorité des salariés vivent sur l'île de la Grande Comore. L'emploi aux Comores se caractérise par une

prédominance de travailleurs à leur propre compte. Plus de 60 pour cent des employés travaillent à leur propre

compte et 93 pour cent d'entre eux travaillent dans des entreprises employant dix personnes ou moins. Les femmes,

en particulier, ont tendance à travailler à leur propre compte, à un taux de plus des deux tiers, contre environ 56 pour

cent des hommes. De plus, les femmes sont beaucoup plus susceptibles d'être en auto-emploi que les hommes,

64 pour cent d'entre elles étant en auto-emploi contre seulement 46 pour cent des hommes.

En 2014, les unités de production informelles (UPI) représentaient 73 pour cent de l'ensemble des unités de production

aux Comores. La plupart des travailleurs du secteur informel n'ont pas d'instruction ; seuls 7 pour cent d'entre eux

ont fait des études secondaires.

Le secteur privé formel n'absorbe que 2 pour cent de la main-d'œuvre contre 19 pour cent pour le secteur public.

¹¹³

¹¹⁴

¹¹⁵

94. La faiblesse de la demande de main-

d’œuvre due à l’absence d’activité du

secteur privé semble être le principal facteur

d’une faible contribution de la main-d’œuvre

à la croissance. Les Comores sont une

économie qui lutte pour offrir des opportunités

économiques. La majeure partie de l’activité

économique aux Comores continue d’être

informelle et emploie des travailleurs peu

qualifiés.¹¹⁴ Au fur et à mesure que les cohortes

plus jeunes deviennent plus instruites, elles

ont de la difficulté à trouver un emploi. Le

secteur privé formel et le secteur public ont la

demande de compétences la plus forte, mais

ni l’un ni l’autre ne progresse (voir Figure 34). Le

secteur public - où l’on peut obtenir le meilleur

rendement de l’éducation - est de plus en plus

saturé et le secteur privé formel est trop petit

pour fournir de l’emploi aux nouveaux venus

qualifiés qui restent.¹¹⁵ Les proportions les plus

élevées de personnes ayant fait des études

supérieures pour les deux sexes se retrouvent

nombre de chômeurs en recherche active,

qui était d’environ 15 000 personnes. Le

chômage est avant tout une question d’accès

au marché du travail.¹¹³ En 2014, 80,3 pour

cent des chômeurs comoriens étaient à la

recherche d’un premier emploi. Le nombre

d’émigrants vivant hors des Comores a plus

que triplé au cours des 25 dernières années.

91

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 101: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

parmi ceux au chômage,¹¹⁶ ce qui indiquerait un

manque d’opportunités économiques pour ceux

qui ont un niveau de capital humain plus élevé.

Les mesures visant à remédier aux goulots

d’étranglement structurels à la croissance du

secteur privé sont essentielles à une meilleure

absorption des travailleurs qualifiés et peu

qualifiés sur le marché du travail. Les contraintes

à la croissance de l’investissement privé (qui

est directement liée à la croissance du secteur

privé) sont décrites ci-dessous.

95. L’offre de main-d’œuvre aux Comores

est également limitée parce que les

femmes hésitent à entrer sur le marché du

travail en raison de restrictions culturelles

et juridiques.¹¹⁷ Les données du marché du

travail des Comores montrent non seulement

une participation au marché du travail

significativement plus faible d’un point de vue

statistiques pour les femmes tout comme

pour les hommes, mais elles indiquent aussi

clairement qu’il existe une prime de revenu

pour les hommes mariés et une pénalité de

mariage pour les femmes (voir Annexe 8).

Le salaire moyen passe de 1,67 USD à 1,73

USD pour les hommes célibataires et mariés,

respectivement. En revanche, les femmes

mariées gagnent 1,45 USD en moyenne, ce

qui est inférieur à la moyenne des femmes

célibataires qui est de 1,64 USD. Cette pénalité

du mariage des femmes est probablement

enracinée dans la structure culturelle et

juridique des Comores. Le Code de la famille

de 2005 des Comores prévoit qu’une femme

mariée ne peut pas choisir où elle veut vivre

de la même manière qu’un homme marié.¹¹⁸

Ce type de restriction peut limiter les choix

économiques des femmes. En outre, le Code

de la famille stipule qu’une femme mariée

ne peut pas obtenir un emploi de la même

manière qu’un homme marié parce que les

choix professionnels et professionnels d’une

femme mariée « ne doivent pas compromettre

les intérêts et la stabilité de sa famille ».¹¹⁹ Les

niveaux élevés d’émigration féminine seraient

une indication que les femmes réagissent

à ces conditions du marché du travail en

partant de façon permanente à la recherche

d’opportunités économiques à l’étranger.

Les niveaux d'instruction sont les plus élevés chez les chômeurs, hommes et femmes, avec une moyenne de 5,85

ans d’études pour les femmes et 6,77 ans pour les hommes.

Voir Milazzo et Goldstein (2017) sur l’importance du rôle des contraintes formelles et des normes sociales dans la

persistance des écarts entre les sexes.

Selon le rapport Women, Business and the Law de la Banque mondiale, en Afrique subsaharienne, seules 17

économies ont imposé ce type de restrictions à la mobilité des femmes en 2017.

Seules 19 des 189 économies couvertes par le rapport Women, Business and the Law limitent ainsi les choix

professionnels des femmes.

¹¹⁶

¹¹⁷

¹¹⁸

¹¹⁹

92

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 102: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Bien que l'effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail soit généralement statistiquement

significatif, l'effet est très faible. Les personnes qui font partie des ménages qui reçoivent des envois de fonds ne

sont que 2,1 points de pourcentage moins susceptibles de faire partie de la main-d'œuvre au sens strict et elles ne

sont pas statistiquement significativement moins susceptibles de faire partie de la population active en général.

Les ménages qui reçoivent des envois de fonds ont toutefois une proportion statistiquement plus faible d'individus

participant au marché du travail que ceux qui n'en reçoivent pas : le taux d'activité des ménages est en moyenne

inférieur de 5,1 points de pourcentage à celui des ménages bénéficiaires et la participation de la population active

en général est en moyenne de 4,0 points de pourcentage inférieure.

¹²⁰

96. Finalement, il semble également que les

envois de fonds aient un léger effet négatif

sur l’offre de main-d’œuvre. En tant que forme

de revenu supplémentaire hors travail pour

les ménages, les envois de fonds peuvent

réduire la participation au marché du travail

des personnes vivant dans les ménages

qui reçoivent des fonds. Cela pourrait être

dû au fait que les personnes se sentent

moins contraints de participer à l’économie

domestique et de gagner un salaire

puisqu’elles reçoivent un revenu sous forme

d’envois de fonds d’un travailleur migrant.

Cette situation pourrait également résulter

du fait que les travailleurs considèrent

le salaire des membres migrants de leur

famille à l’étranger comme leur propre

salaire de réserve. Au fur et à mesure que

les réseaux de migrants se développent,

les coûts associés à la migration diminuent,

ce qui peut faire du salaire à l’étranger une

référence plus importante au niveau national.

Une analyse entreprise pour cette EDSP (voir

Annexe 9) révèle qu’il existe un effet négatif

statistiquement significatif, quoique faible,

de la réception des envois de fonds sur la

participation à la population active. Les effets

sur la participation au marché du travail sont

plus importants au niveau des ménages

qu’au niveau individuel, ce qui indique que

la migration et les transferts de revenus sont

des décisions prises conjointement par tous

les membres du ménage plutôt que par les

individus à eux seuls.¹²⁰

Figure 34: Population active et chômage selon l’âge

a. Main-d’œuvre par niveau d’instruction et âge b. OIT – taux chômage et de chômage au sens large (%)

75+

65-74

55-64

45-54

35-44

25-34

15-24

75+

65-74

55-64

45-54

35-44

25-34

15-24

0% 20% 40% 60% 80% 100% 0 10 20 30 40 50 60

Sans instruction Primaire Secondaire Supérieur Chômage au sens du BIT Chômage au sens large

Source : Premier panneau : EESIC 2014. Deuxième panneau : EESIC 2014.

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

93

Page 103: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

97. Indépendamment du niveau élevé

ou faible de la participation au marché

du travail dans une économie, le capital

humain de la personne moyenne qui

travaille est un autre facteur important de

la croissance d’un pays. Le capital humain

des Comores est en cohérence avec leur

niveau de PIB par habitant (voir Figure 36).

De nouvelles recherches (Collin et Weil,

2018) dans 157 pays (y compris les Comores)

indiquent qu’un investissement accru dans le

capital humain contribuerait non seulement

à réduire la pauvreté mais aussi à stimuler

la croissance. Les investissements dans le

capital humain ont également l’avantage

d’être relativement bon marché par rapport

aux investissements dans le capital physique.

Toutefois, les effets des investissements en

capital humain sur la croissance ont tendance

à se matérialiser de manière différée parce

que les investissements en capital humain ont

tendance à être faits dans la main-d’œuvre de

l’avenir plutôt que dans celle d’aujourd’hui.

98. L’investissement en capital humain

des Comores d’aujourd’hui constitue une

rupture significative pour la productivité

future. Selon l’Indice du capital humain (ICH)

de la Banque mondiale - qui a été présenté

dans le dernier chapitre - un enfant né aux

Comores aujourd’hui aura une productivité à

l’âge adulte qui ne sera que 41 pour cent de

ce qu’elle aurait été si les Comores avaient

de bons résultats en matière d’éducation et

de santé. Si les investissements dans son

capital humain devaient être conformes à

ceux des pays qui se situent dans le 75ème

percentile de l’ICH (tels que les Seychelles

ou Malte), le PIB par habitant des Comores,

comme celui d’autres pays à faible revenu,

pourrait augmenter jusqu’à 25 pour cent en

2050 (Collin et Weil, 2018). Un autre dividende

pour la croissance pourrait provenir des

effets secondaires des investissements

dans le capital humain. Par exemple,

on s’attendrait naturellement à ce que

l’amélioration de la qualité de l’éducation et

du nombre d’années d’études, en particulier

chez les femmes, réduise la fécondité à la

fois en augmentant le coût d’opportunité

des enfants et en renforçant le contrôle

des femmes sur leur propre procréation. La

baisse de la fécondité aurait à son tour un

impact sur les futurs taux de dépendance

d’une manière qui relèverait davantage le

revenu par habitant et réduirait la pauvreté

(Canning et Raja, 2015). Un capital humain

plus élevé pourrait également se traduire par

une plus forte croissance de la productivité,

grâce à l’effet de l’éducation sur l’innovation,

la qualité de la gestion et l’adaptation aux

évolutions du contexte économique.

Indice du capital humain contre PIB par habitant

10,90,80,70,60,50,40,30,20,1

0

Indi

ce d

u ca

pita

l hum

ain

6 7 8 9 10 11 12Log du PIB réel par habitant à PPA

Source : Indice du capital humain de la Banque mondiale 2018.

Figure 35: Capital humain aux Comores

COMORES

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

94

Page 104: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Croissance de la productivité totale des facteurs

99. La capacité des Comores à générer

une croissance de productivité totale des

facteurs par l’innovation et les retombées

de la technologie est compromise par

l’incapacité du pays à attirer les IDE, le faible

capital humain, sa faible intégration aux

chaînes de valeur mondiales et l’incapacité

à tirer pleinement profit de sa diaspora.¹²¹

L’évaluation de la capacité d’innovation des

Comores est une tâche difficile parce que il

n’existe pas de benchmarking traditionnel

pour le pays, mais il est raisonnable de

supposer qu’il est faible. Les budgets de

R&D sont presque inexistants, que ce soit au

niveau de l’État, des entreprises publiques

ou des entreprises privées. La pénurie

d’investissements directs étrangers et le

manque d’intégration dans les chaînes de

valeur mondiales privent les Comores de

deux sources importantes d’innovation

et de retombées de la technologie. Les

communautés de la diaspora peuvent

également apporter une contribution unique

au développement de leur pays d’origine

par des transferts bénéfiques sous forme de

savoir-faire technologique et entrepreneurial.

L’expérience internationale montre que

pour exploiter pleinement ce potentiel,

les gouvernements et les autres parties

prenantes doivent développer et renforcer

les liens entre les membres de la diaspora et

leurs pays d’origine.¹²²

100. Un autre frein à la productivité totale des

facteurs résulte d’une mauvaise allocation

des ressources dans l’économie en raison de

l’inefficience des dépenses publiques et de

la faible gouvernance des entreprises d’État

(voir Encadré 7). L’efficience des dépenses

publiques est faible, en particulier dans les

domaines des infrastructures et de l’éducation.

L’indicateur « Efficacité du gouvernement »

des Indicateurs de gouvernance mondiale,

qui mesure la perception de la qualité des

services publics et de la qualité de la fonction

publique, place les Comores loin derrière

les comparateurs structurels. La plupart

des secteurs de l’économie - industrie,

agriculture, transports, communications

terrestres, commerce international, banques

et services financiers non bancaires - sont

soumis à de directives étatiques de grande

portée et, dans de nombreux cas, dominés

par des entreprises publiques mal gérées.

Les inefficiences associées aux entreprises

publiques (corruption, favoritisme, népotisme

et dépouillement des actifs) ont entraîné des

Voir Banque mondiale (2017d) pour une étude sur l'importance de l'adoption des technologies et de l'innovation pour

l'avenir de l'Afrique.

Le programme Migration pour le développement en Afrique (MIDA) - un programme mis en œuvre par l'Organisation

internationale pour les migrations - a été impliqué dans plusieurs projets cherchant à mettre à profit l'expertise et les

connaissances des membres de la diaspora. Bon nombre de ces projets commencent par le renforcement du dialogue

et du partage des connaissances. Par exemple, le projet MIDA Grands Lacs comprend des missions, des ateliers et des

tables rondes pour faciliter l'échange de connaissances entre les institutions du Burundi, de la République démocratique

du Congo et du Rwanda avec la diaspora en Belgique. D'autres pays ont mis en œuvre des programmes spécifiques

pour bénéficier des connaissances et de l'expérience techniques acquises par la diaspora à l'étranger. Par exemple, des

pays tels que le Japon, la République de Corée et Taiwan ont encouragé le retour d’étudiants formés à l'étranger ou ont

établi des réseaux d'échange de connaissances avec eux. D'autres pays comptent sur le retour temporaire ou virtuel par

le biais de visites prolongées ou de communications électroniques dans les domaines professionnels. Par exemple, les

membres de la diaspora ghanéenne qualifiés dans le domaine de la santé vivant dans l'Union européenne est retournée

temporairement dans des hôpitaux et des établissements de formation médicale dans leur pays d'origine dans le cadre

d'un projet sanitaire MIDA Ghana. De même, des professeurs d'université du Burundi, de la République démocratique du

Congo et du Rwanda ont été invités à collaborer à l'élaboration et à l'enseignement de cours dans leur pays d'origine.

¹²¹

¹²²

95

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 105: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Voir plus d'informations sur la productivité et la mauvaise allocation des ressources en Afrique subsaharienne dans

Calderon et al (2018).

¹²³

Le secteur des télécommunications aux Comores était contrôlé jusqu’à récemment par le

monopole d’État Comores Telecom (CT) : au moins deux tentatives d’amener des opérateurs

commerciaux privés dans ce secteur avaient échoué par le passé. La première, qui visait à

mettre en place un deuxième opérateur en 1994, a été abandonnée lorsque le détenteur de

la licence n’a pas payé la redevance ; la seconde, qui visait à privatiser l’opérateur historique

CT, a échoué en 2014 lorsque l’Assemblée nationale a mis un terme à l’initiative en raison de

pertes potentielles d’emplois. En conséquence, le secteur comorien des télécommunications

est resté un monopole, caractérisé par un service de faible qualité et coûteux.

Le don de l’Association Internationale de Développement au Gouvernement de l’Union

des Comores au titre de la quatrième phase du Programme Régional d’Infrastructures

de Communication (RCIP-4 - P119213), qui s’étend de novembre 2013 à décembre 2019, a

fourni 22 millions USD et aidé le gouvernement à libéraliser le marché en introduisant un

second opérateur, choisi par appel d’offres. Le programme a permis de mobiliser plus de

90 millions USD en droits de licence et d’investissements dans les infrastructures sous

l’égide du secteur privé, illustrant ainsi le potentiel de mobilisation de financement privé,

même dans le contexte d’une économie insulaire fragile comme les Comores.

Un consortium dirigé par Telma, un opérateur privé malgache, a payé quelque 16

millions USD pour une licence de services global en décembre 2015 et a lancé ses

services un an plus tard. En l’espace de six mois, elle a considérablement élargi sa

base d’utilisateurs et fournit actuellement un service moderne et efficace à un quart

d’un marché croissant d’abonnés aux services mobiles à large bande. En riposte, CT

a régulièrement restreint l’interconnectivité avec Telma Comores, forçant les clients à

utiliser les appels internationaux ; a utilisé son influence politique pour faire pression

sur le régulateur, l’ANRTIC, afin qu’il oblige Telma Comores à relever ses prix pour

s’aligner sur ceux de CT ; et le service des douanes à demander le paiement des droits

et taxes sur les équipements qui étaient exemptés au titre conditions des licences. La

réaction de l’opérateur historique est très préjudiciable au développement du secteur

des télécommunications aux Comores, ainsi qu’à celui des secteurs et des résultats qui

dépendent des télécommunications, tels que les envois de fonds mobiles, l’accès au

financement et à l’information, et, en définitive, l’inclusion.

L’IFC est sur le point de finaliser un financement de 16 millions USD avec Telma Comores.

Le plan d’affaires de Telma Comores est confronté à des défis parce que CT a refusé

Encadré 7: Performance des entreprises d’État - l’exemple du secteur des télécommunications

aux Comores

coûts d’infrastructures prohibitifs, ont faussé

le marché, ont sapé l’affectation efficace des

ressources et ont miné la création d’un secteur

privé efficace et concurrentiel.¹²³

96

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 106: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Figure 36: Secteur du mobile aux Comores et comparateurs

Coût d’un forfait de services mobiles, 2014, en USD et en tant que % du PIB par habitant

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En tant que % du PIB par habitant USD

Source: Trimble et al. (2016).

101. Comme pour d’autres petits États

insulaires, les déséconomies d’échelle

représentent un frein pour l’économie et sont

exacerbées par une faible connectivité des

transports (voir Figure 37).¹²⁴ Les défis des

déséconomies d’échelle aux Comores sont

grands et le coût de la vie est élevé en raison

des coûts élevés du transport et du commerce.

L’accès au plus grand marché des Comores

(Moroni) est coûteux, notamment pour le

transport de marchandises en provenance

d’Anjouan et de Mohéli (y compris les coûts

élevés du transport maritime et des services

portuaires, et les coûts du temps perdu en

raison des longues procédures portuaires). Le

transport aérien reste coûteux et peu fiable, ce

qui limite la circulation des touristes à travers

les îles et entrave les investissements dans le

secteur. Une récente analyse des transports

effectués par la Banque mondiale révèle que

la faiblesse des infrastructures de transport

se traduit par des coûts moyens de transport

Elbadawi et al. (2006) ont étudié l’influence de la géographie sur l’accès aux marches d’exportation et à

l’approvisionnement en intrants dans les pays d’Afrique.

¹²⁴

353025201510

50

de partager l’infrastructure de réseau et a restreint régulièrement l’interconnectivité. Il

s’agit d’une situation où de toute évidence, l’interférence en matière de réglementation

et de concurrence restreint la prestation des services et constitue un obstacle majeur

à l’investissement et à la croissance du secteur privé. Des conditions de concurrence

équitables pour les services numériques libéralisés aux Comores permettraient d’améliorer

sensiblement les services par rapport au taux actuel de 33 pour cent d’abonnés uniques,

d’accélérer la pénétration des services 3G et 4G, qui est actuellement inférieure à 1 pour

cent , et d’élargir encore l’accès aux services numériques (par exemple, les envois de

fonds mobiles) et aux plateformes d’information, en reliant les Comores au monde et en

encourageant l’inclusion dans la société comorienne.

97

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 107: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

102. Finalement, un environnement culturel

qui décourage l’esprit d’entreprise et la

concurrence peut également contribuer à

une faible croissance de la productivité. La

faiblesse de la gouvernance économique

et l’instabilité politique héritées du passé

ont accentué la fracture culturelle et

politique entre les îles et à l’intérieur des îles.

L’isolement qui en a résulté a renforcé les

intérêts allant à l’encontre d’une plus grande

compétitivité d’une communauté restreinte

(besoins culturels) et a affaibli l’attention

portée aux investissements productifs pour

un bien commun plus large pour la société

comorienne. La culture de l’entreprenariat

qui s’est développée est essentiellement

informelle et axée uniquement sur le simple

commerce, avec peu d’exposition à la culture

d’entreprise ou aux pratiques modernes

d’organisation et de gestion des entreprises.

Points d’entrée pour accroître la productivité dans l’agriculture et la pêche

103. La productivité agricole aux Comores

est inférieure à celle de nombreux autres

pays en développement ayant conditions

agro-climatiques similaires. Deux facteurs

traditionnels de la productivité agricole ont

atteint leurs limites : a) l’expansion des terres

atteint ses limites, les Comores enregistrant

déjà l’un des taux de déforestation les plus

rapides d’Afrique, en particulier à Anjouan;¹²⁶

b) le sous-emploi¹²⁷- qui contribue à la

faible productivité agricole dans d’autres

Figure 37: Frais de transport aux Comores

a. Frais de transport entre centres régionaux en 2014 (USD/ton)

b. Part des revenus des ménages dépensée sur le transport

Source: Banque mondiale (2019)M

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Grand Comore

élevés, plus élevés que dans les autres pays

africains (représentant 7 pour cent de la

consommation moyenne contre 5 pour cent

en Afrique subsaharienne).¹²⁵

Banque mondiale (2019)

Pour Anjouan, le taux annuel de déforestation était de 8 pour cent entre 1995 et 2014. Entre 2000 et 2005, le taux

annuel de déforestation aux Comores était de 7,4 pour cent, le plus élevé d'Afrique (ONU, 2007). (« Données sur les

forêts : Taux de déforestation et chiffres associés sur les forêts aux Comores » n.d.)

Moins de 5 pour cent des travailleurs agricoles sont en situation de sous-emploi en termes de temps de travail.

¹²⁵

¹²⁶

¹²⁷

98

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 108: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Seuls 20 à 30 pour cent des produits agricoles les plus importants arrivent sur le marché comorien et 25 à 50 pour

cent des prix agricoles correspondent aux coûts de transport (Banque mondiale, 2019).

Lors du lancement du Programme national d'adaptation en 2014, le Ministre de la Production, de l'Énergie et de

l'Environnement de l'époque a averti que l'augmentation des précipitations faisait passer le risque de réduction des

ressources en eau et de détérioration de la productivité agricole de 3 à 4 pour cent.

¹²⁸

¹²⁹

régions d’Afrique subsaharienne - est faible,

à environ 5 pour cent. La faible productivité

agricole aux Comores peut être attribuée

principalement au recours à des pratiques

agricoles dépassées, à la faible disponibilité et

au coût élevé d’intrants améliorés, à l’absence

de sécurité foncière et à la faible utilisation

du crédit à la production qui en résulte, à une

main-d’œuvre agricole peu productive et à la

dégradation des ressources naturelles qui a

affecté la qualité des sols. Les coopératives en

sont à leurs balbutiements et les associations

de producteurs plus anciennes n’ont pas

réussi à relier les agriculteurs au marché du

crédit et à consolider une production de haute

qualité de façon constante, ce qui entraîne

des coûts de transaction élevés, de faibles

liens en amont et en aval le long de la chaîne

de valeur, et peu ou pas de valeur ajoutée.

Les zones de productivité relativement plus

élevées de Mohéli et d’Anjouan se trouvent

handicapées par la faible connectivité intra

et inter-îles, isolant les agriculteurs des zones

de production excédentaire des marchés

urbains en expansion.¹²⁸ La rareté de l’eau

est aussi de plus en plus préoccupante pour

la productivité agricole.¹²⁹

104. L’innovation dans l’agriculture nécessite

un soutien financier et technique plus ciblé.

Le sous-investissement dans les biens publics

fondamentaux de l’agriculture - services

de conseil et de vulgarisation, transfert

et diffusion de technologies et fourniture

d’informations sur les marchés - a entraîné

un faible accès des agriculteurs comoriens à

la connaissance des techniques modernes de

production végétale et animale. La dotation

des Centres ruraux de développement

économique (CRDE) récemment mis en place

avec les ressources humaines, physiques

et financières nécessaires pour démontrer

et diffuser rapidement les technologies

d’agriculture climato-intelligentes (ACI),

la multiplication des semences et les

campagnes d’insémination artificielle et de

vaccination, entre autres activités, sont des

investissements cruciaux à faire pour réussir

la mise en œuvre de projets visant à améliorer

la productivité des cultures et de l’élevage.

La réorientation des investissements publics

vers les centres de développement rural au

niveau communautaire est essentielle pour

accélérer le changement de comportement

et l’adoption des technologies et pratiques

de l’AIC.

105. La productivité du secteur de la

pêche est entravée par la faiblesse des

infrastructures soutien et la mauvaise

gestion des droits de pêche. Alors que le

niveau de pêche durable annuel est estimé

à 33 000 tonnes, la production annuelle

moyenne est estimée à 16 000 tonnes. Divers

facteurs contribuent à ces faibles niveaux

de production. Le réseau embryonnaire de

stockage au frais souffre d’une absence

d’énergie et d’entretien régulier. Les sites

de débarquement bénéficient rarement de

commodités. Les services spécialisés restent

limités pour la construction et la réparation

navales, ainsi que pour l’avitaillement du

petit matériel de pêche. Le soutien de l’État

au secteur reste faible malgré l’existence

de diverses institutions sectorielles pour

la gestion, la surveillance et la sécurité en

mer, le contrôle sanitaire, la recherche et la

formation. Les compressions budgétaires

99

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 109: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Voir Goyal et Nash (2017) pour une étude sur les dépenses publiques visant à accroître la productivité agricole en Afrique.

World Travel and Tourism Council (2008)

Les ensembles de données plus récents ne distinguent pas le tourisme de loisirs du tourisme familial, ce dernier

étant la principale source de trafic aérien vers les Comores.

¹³⁰

¹³¹

¹³²

et de personnel, le manque de clarté dans

l’allocation des ressources entre les îles, mais

aussi une mauvaise planification affectent

les capacités de réaction. La sécurité en mer

est l’une des priorités des collectivités et de

l’administration, des dizaines de personnes

étant perdues en mer chaque année.

106. Les institutions publiques chargées de

l’agriculture et de la pêche aux Comores

sont fragmentées, mal dotées en personnel

et mal gérées.¹³⁰ La responsabilité des

fonctions clés est éparpillée entre plusieurs

ministères et organismes, ce qui fait qu’il

est difficile d’élaborer vision globale pour le

développement du secteur. L’Institut National

de Recherche sur l’Agriculture, la Pêche et

l’Environnement (INRAPE) est sous-financé et

en sous-effectif, ce qui explique son piètre

bilan dans la production de technologies

améliorées et adaptées aux besoins des

producteurs comoriens. Un office national de

commercialisation monopolistique s’est vu

accorder des droits exclusifs d’importation

et de distribution du riz, sans avoir reçu

les ressources financières nécessaires à

l’exercice de ces fonctions. Les politiques

agricoles aux Comores ont varié au fil des ans

en termes d’orientation et d’approche, mais

ont gardé une caractéristique commune, à

savoir le recours récurrent à des initiatives,

programmes et projets spéciaux pour apporter

des solutions immédiates aux crises urgentes.

Les politiques agricoles ont eu tendance à

changer fréquemment avec les changements

de leadership politique.

Points d’entrée pour améliorer le potentiel de l’industrie du tourisme

107. Le potentiel touristique des Comores

reste largement inexploité. Des îles présentant

des caractéristiques similaires ont prouvé

que leur développement dans le secteur du

tourisme peut stimuler le développement

économique. Le Conseil Mondial du Voyage et

du Tourisme (CMVT)¹³¹ estime que le secteur

du tourisme des Comores ne représentera

directement que 3,4 pour cent du PIB en 2017,

comparé à ses pairs structurels tels que Sao

Tomé (10,8 pour cent) et les Îles Salomon (4,3

pour cent) et loin derrière les autres petites

îles de la région telles que Maurice (7,4 pour

cent) et les Seychelles (26,4 pour cent) ou les

pairs aspirationnels (13 pour cent). Le pays a

subi un coup dur lorsqu’un consortium sud-

africain a abandonné en 2001 l’hôtel phare

Galawa. Plusieurs tentatives de relance de

l’hôtel ont depuis échoué. Depuis lors, le

tourisme de loisirs a connu une forte baisse,

passant de 13 069 arrivées en 2000 à 2 497

en 2011.¹³² Actuellement, la plupart des

arrivants internationaux sont des membres de

la diaspora comorienne qui viennent rendre

visite à des amis et des parents entre les mois

de juillet et septembre pour la traditionnelle

saison des mariages.

108. Le tourisme comorien souffre d’une

importante carence en termes d’image

(résultant notamment de l’instabilité

politique) et d’une forte concurrence des

100

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

Page 110: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

pays voisins immédiats (Maurice, Zanzibar et

Madagascar). Il ne sera possible de relever ces

défis que si d’importants obstacles internes

au tourisme sont surmontés pour permettre

à davantage de capitaux (nationaux ou IDE)

d’affluer dans ce secteur.¹³³ Il s’agit notamment

du renforcement du cadre institutionnel

et réglementaire, de l’amélioration des

infrastructures portuaires pour accueillir les

navires de croisière et de la simplification des

procédures administratives relatives aux visas.

L’accessibilité et la connectivité des vols long-

courriers et intérieurs doivent être améliorées,

de même que la qualité de l’hébergement

et la capacité d’accueil, la qualité des

services touristiques et la disponibilité

des voyagistes professionnels réceptifs, la

capacité de formation et la visibilité sur le

marché international. Les Comores doivent

également chercher activement à changer

son image de pays à haut risque avec une

forte instabilité politique. Le trafic aérien

actuel étant constitué principalement de la

diaspora comorienne, il faut rechercher la

croissance par la prospection du tourisme

qui a diminué au fil des ans, ce qui entraîne

une baisse du nombre des vols disponibles

et le coût élevé des tarifs de transport aérien.

Dans des pays aspirationnels tels que le Fidji et le Cap Vert, les IDE joué un rôle clé dans le développement du

secteur du tourisme (Banque mondiale, 2018a).

¹³³

6. Comprendre La Faible Performance Des Comores en Matière de Croissance

101

Page 111: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

RISQUES POUR LA PÉRENNITÉ DE LA CROISSANCE ET DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ AUX COMORES

102

Page 112: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

109. La poursuite du progrès dépend également

de la gestion des facteurs de risque qui

affectent la pérennité économique, politique

et sociale et la durabilité environnementale.

Cependant, les Comores ont du mal à

faire face à de nombreux risques dans ces

trois domaines. Les risques économiques

découlent principalement de l’important déficit

commercial et de la dépendance à l’importation

des Comores, de sa faible base de recettes

intérieures, de sa faible capacité de gestion

macroéconomique et de l’épuisement de ses

actifs. Les risques environnementaux sont

importants du fait de la grande vulnérabilité

des Comores au changement climatique et de

sa faible capacitée d’atténuation. Les risques

sociaux augmentent en raison des très faibles

taux d’investissement public dans les services

de base, de la montée du chômage des jeunes et

du recours excessif aux envois de fonds comme

filet de sécurité sociale, aggravant les inégalités

sociales en raison de la nature localisée des

envois de fonds. Conjugués aux nouveaux

risques politiques, ces facteurs risquent de

compromettre des niveaux déjà faibles de

cohésion sociale. Cette section examine

comment ces risques pourraient empêcher

les Comores d’atteindre un taux de croissance

plus élevé, une réduction plus durable de la

pauvreté et une prospérité partagée.

Risques économiques

110. En tant que très petite économie ouverte

avec des exportations limitées et un déficit

commercial important, les Comores sont

vulnérables aux chocs externes. La capacité

d’exportation des Comores est faible et

concentrée dans trois produits seulement. Les

importations sont concentrées dans l’énergie

(principalement du mazout) et des produits

agricoles essentiels, les importations de

produits alimentaires représentant en moyenne

près de 40 pour cent des importations totales

de marchandises depuis 2011, ce qui est un

taux d’importation des produits alimentaires

parmi les plus élevés au monde.¹³⁴ Le déficit

des échanges de biens et de services

représentait en moyenne 19 pour cent du PIB

sur la période 2011-2017, dépassant largement

celui des pairs structurels (3,5 pour cent du

PIB) (voir la Figure 38) et est financé par des

envois de fonds significatifs estimés à 12 pour

cent du PIB sur la période 2011-2017. Des dons

extérieurs importants (estimés à 8 pour cent du

PIB sur la période 2011-2017) ont contribué à

contenir le déficit du compte courant (3,2 pour

cent du PIB sur la période 2011-2017). Avec 50

pour cent des recettes intérieures provenant

des douanes et du commerce international,

les finances publiques sont vulnérables aux

variations du taux de change et aux chocs

de prix (ces derniers étant particulièrement

importants).¹³⁵ Une base d’exportation plus

forte et plus diversifiée est essentielle pour

que les Comores puissent atténuer les

chocs externes.

111. Un déséquilibre structurel continu entre

la mobilisation des ressources nationales

et les dépenses courantes compromet la

capacité du gouvernement à entreprendre des

investissements propices à la croissance et à

fournir des services de base pour lutter contre

En termes de volume, les Comores importent actuellement près de 70 pour cent de leurs besoins alimentaires,

les aliments de base tels que le riz, les légumes, les jus de fruits, le poulet et le bœuf étant parmi les principaux

produits importés.

Ces dernières années, les fluctuations des prix du pétrole et des denrées alimentaires ont été importantes et ont

affecté les recettes douanières et commerciales internationales. Le cours du pétrole brut (USD/baril) est passé de

104 (USD/baril) en 2011 à 53 (USD/baril) en 2017. L'indice des prix nominaux (2010=100) de la Banque mondiale pour

l’ « Alimentation » est passé de 123 en 2011 à 91 en 2017.

¹³⁴

¹³⁵

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

103

Page 113: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

la pauvreté. Bien que certaines mesures

d’administration fiscale¹³⁶ aient été mises en

place ces dernières années, le recouvrement

des recettes fiscales reste très faible, avec

une moyenne de 7,1 pour cent du PIB pour la

période 2011-2017, par rapport à la moyenne de

l’Afrique subsaharienne (15,9 pour cent du PIB)

et à la moyenne des pairs structurels (15,4). Un

faible niveau d’activité économique, associé à

différents régimes d’exonérations et à un vaste

secteur informel, restreint l’assiette fiscale et

contribue à la faible performance des revenus

intérieurs. Une administration inefficace des

recettes, tant au niveau de l’administration

fiscale générale que des douanes, aggrave

davantage la situation. La part importante de

la masse salariale dans le budget (plus de 60

pour cent des recettes générées au niveau

national au cours de la dernière décennie, bien

au-dessus de la moyenne des pays de l’Afrique

subsaharienne) laisse très peu de place aux

dépenses pour les services sociaux, l’éducation

ou les projets d’infrastructure.¹³⁷ Les recettes

fiscales ne couvrent que 73,4 pour cent des

dépenses courantes (moyenne sur la période

2011-2017), contre une couverture plus élevée

parmi les pairs structurels et aspirationnels

(voir la Figure 39).

112. Une forte dépendance vis-à-vis de flux

volatiles de recettes extérieures constitue un

défi pour la planification budgétaire à moyen

terme et sape la dynamique des réformes

structurelles. Au cours des 10 dernières

années, à l’exclusion du soutien budgétaire

PPTE 2013, les dons étrangers ont oscillé

entre 3 et 9 pour cent du PIB, soit 27 et 51 pour

cent du total des revenus, ce qui est inférieur

aux pairs structurels mais bien au-dessus

de la moyenne de l’Afrique subsaharienne.

Sans ce soutien extérieur important et

continu, le solde budgétaire global aurait

été la plupart un nombre à deux chiffres. Les

subventions exceptionnelles épisodiques

au titre de l’appui budgétaire sont souvent

importantes (par exemple, une subvention

La mise en œuvre de SYDONIA ++, et plus récemment les premières étapes de la mise en œuvre de SYDONIA World,

ont considérablement amélioré l'efficacité de l'administration douanière. La diminution des exonérations douanières

discrétionnaires a également stimulé les recettes fiscales depuis l'année dernière.

Le gouvernement a pris des mesures pour améliorer l'efficacité de l'administration publique, mais il reste beaucoup

à faire. Il y avait 11 000 fonctionnaires au moment du recensement en 2010, et le recrutement s'est poursuivi depuis.

Parmi les obstacles à la réforme figurent le chevauchement et souvent l'incohérence des responsabilités entre

l'Union et les autorités insulaires, le rôle du favoritisme politique dans le recrutement dans la fonction publique

et l'absence d'autres possibilités d'emploi, qui créent tous des intérêts directs forts à maintenir le statu quo et à

s’opposer à la réforme. Un fichier informatisé unifié de la fonction publique a été établi et un logiciel intégré de

gestion de la fonction publique et des salaires a été développée. Parmi les problèmes qui subsistent, on peut citer

la régularisation des cas de non correspondances entre la base de données et la réalité sur le terrain, parce qu’ils

enlèvent au fichier de la fonction publique son efficacité en tant qu’outil de gestion.

¹³⁶

¹³⁷

Figure 38: Balance commerciale,

Comores et comparateurs

Balance commerciale (part du PIB) (2011-2017) nominale

40

30

20

10

0

-10

-20

-30

-40

Source : Calculs du personnel à partir du PEM du FMI.

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7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

104

Page 114: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

reçue de l’Arabie saoudite en 2015 s’élevait à

4,1 pour cent du PIB). Sporadiques par nature,

elles sont source de forte volatilité des flux

de financement externes, ce qui complique

la budgétisation à moyen terme. En 2017, le

gouvernement s’attendait à une subvention

d’appui budgétaire beaucoup plus importante

que le montant qu’il a finalement reçu, ce

qui a eu un impact négatif sur les plans de

dépenses. Ces importants appuis budgétaires

exceptionnels peuvent également retarder

les réformes structurelles dans la mesure où

ils réduisent la volonté politique à procéder

à une réforme. En effet, la plupart de ces

subventions aident à maintenir les dépenses

actuelles et retardent ou évitent les réformes

nécessaires et parfois pénibles.

113. Les entreprises d’État, opaques et mal

gouvernées, exposent le gouvernement

à d’importants risques de passif éventuel,

notamment dans le contexte d’une faible

capacité de gestion de la dette. Les passifs

éventuels associés à des entreprises d’État

relativement grandes représentent un risque

important qui est aggravé par une gestion et

une gouvernance faibles et par le manque de

transparence. Aucun rapport annuel régulier

n’est produit et les audits sont presque

inexistants. En outre, il n’existe pas de registre

approprié des dettes des entreprises d’État

envers le gouvernement, ou inversement,

ce qui contribue à la très faible performance

globale de la gestion de la dette dans le

pays.¹³⁸ Le grave besoin de recapitalisation

auquel la SNPSF est actuellement confrontée

est un bon exemple de matérialisation de ce

risque (voir Encadré 8).

La performance de la gestion de la dette est très faible selon la dernière évaluation de la performance de la gestion

de la dette (DeMPA). La plupart des 14 indicateurs de performance en matière de dette du DeMPA de 2016 indiquent

une très faible performance de la gestion de la dette (la note la plus faible sur une échelle de quatre points). Le

suivi des arriérés est insuffisant et le stock est important (surtout pour les arriérés intérieurs).

¹³⁸

Figure 39: Dépenses courantes couvertes par les recettes fiscales

Recettes fiscales (% des dépenses courantes)

Timor Oriental

Iles Salomon

Samoa

Fidji

Sao Tomé et Principe

Cap Vert

Comores

Source: IDM

0 20 40 60 80 100 120

105

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 115: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

La Société Nationale des Postes et Services Financiers (SNPSF), détenue à 100 pour

cent par l’État comorien, est une institution financière d’importance systémique. C’est le

deuxième collecteur de dépôts en importance (21 pour cent du secteur) en raison de la

collecte exclusive des salaires de ses fonctionnaires. La SNPSF héberge également des

comptes gouvernementaux et d’entreprises d’État et fournit à ses clients des prêts à court

terme (la plupart étant des découverts) et des instruments d’épargne.

La SNPSF fait face à de grandes difficultés opérationnelles depuis de nombreuses années.

Ses dépenses d’exploitation dépassent régulièrement son résultat net et la banque est

déficitaire depuis plus de dix ans (les pertes accumulées ont atteint 7,5 milliards KMF

soit 18,3 millions USD en 2017) et, en octobre 2018, elle affichait un déficit d’actif de 6,2

milliards de KMF (14,3 millions USD). Cette situation est due en partie à une forte proportion

de créances douteuses sur des portefeuilles de prêts et de découverts d’une valeur de

5 milliards de KMF (52 pour cent du total), dont 1,8 million de KMF ne sont pas couverts

par des provisions.

La SNPSF a été confrontée à de graves problèmes de liquidités au cours du premier

semestre de 2018, résultant d’importants retraits de dépôts et du lancement d’une

importante activité de prêt début 2018 (d’une valeur de 1,7 milliard de KMF). Toutes les

activités de prêt, à l’exception des découverts, ont été suspendues par la BCC en juillet

2018. Le problème de liquidité a été résolu temporairement par le déblocage de la première

tranche (1 milliard de KMF disponibles sur 3,5 milliards) du plan de sauvetage triennal de la

BCC, grâce aux facilités des fonds de l’avance statutaire de la BCC pour la recapitalisation

de la SNPSF. Malgré cela, la situation reste fragile. Les comptes vérifiés n’ont pas été

certifiés au cours des quatre dernières années en raison de plusieurs divergences entre

le système bancaire et le grand livre. Pour assainir la situation financière de la SNPSF et

rendre société pleinement fonctionnelle, il faudrait injecter un minimum de 7,5 milliards

de KMF (17,3 millions USD) sur la base des bilans d’octobre 2018.

Compte tenu de la situation financière catastrophique de la SNPSF et de l’impact négatif

considérable que pourrait avoir une liquidation mal organisée sur l’économie comorienne,

les autorités envisagent de la restructurer. Il est essentiel que la SNPSF adopte et mette

en œuvre un plan de restructuration réaliste et ambitieux, avec de profondes réformes

organisationnelles (séparation des activités postales et financières et un nouveau cadre

de gouvernance avec un personnel limité) et mette en œuvre un nouveau modèle

économique, potentiellement centré sur la prestation de services financiers exclusivement

aux particuliers (y compris les paiements numériques).

Encadré 8: Risques pour la stabilité financière provenant de la SNPSF

106

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 116: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

114. Enfin, les Comores risquent d’épuiser

davantage leurs actifs, ce qui compromettrait

la poursuite de la croissance économique et de

la réduction de la pauvreté. Selon le rapport

Wealth of Nations de la Banque mondiale

publié en 2018, la richesse par habitant des

Comores est en baisse depuis 1995.¹³⁹ Durant

la même période, la richesse mondiale a

augmenté de 66 pour cent (voir la Figure

39). Cette baisse de la richesse totale des

Comores s’est principalement produite en

raison d’une baisse de 50 pour cent de son

capital productif et de plus de 90 pour cent

de sa capacité à générer des avoirs extérieurs

nets. Le capital productif a diminué en raison

des faibles taux d’investissement. Les avoirs

extérieurs nets ont diminué, le solde extérieur

ayant été fortement négatif au cours des 20

dernières années. En 2014, l’écart de richesse

par habitant entre les Comores et les autres

pays à revenu intermédiaire de la tranche

inférieure a été le plus marqué en ce qui

concerne le capital humain, mais c’est dans le

capital productif que l’écart entre les Comores

et les autres pays à revenu intermédiaire de la

tranche inférieure s’est le plus creusé depuis

le début du millénaire. Alors que le capital

naturel a légèrement augmenté en raison de

l’expansion des zones naturelles protégées, la

capacité de création de richesses des forêts

et des terres cultivées a baissé.

Risques environnementaux

115. Les Comores sont exposées à un large

éventail de risques naturels de deux types : (i)

explosions hydrométéorologiques telles que

tempêtes tropicales, inondations et élévation

du niveau de la mer ; et (ii) événements

géophysiques tels que tremblements de

terre, éruptions volcaniques et glissements

de terrain. En 2005, le rapport de la Banque

mondiale¹⁴⁰ sur les catastrophes naturelles

indiquait que 59 pour cent des terres des

Comores étaient exposées à des risques de

catastrophes naturelles (au moins deux aléas)

et que 54,2 pour cent de la population vivait

dans des zones à risque. Les populations

rurales sont particulièrement exposées.

Les catastrophes naturelles ont toujours

eu des conséquences désastreuses sur le

développement de l’archipel. Des cyclones

dévastateurs en 1949 et 1951 ont déclenché

une émigration massive des Comores vers

Madagascar. Depuis 2005, près de la moitié

de la population comorienne a été touchée

par une catastrophe naturelle. Les inondations

de 2012 ont affecté les infrastructures et la

sécurité alimentaire. Les agriculteurs ont

perdu près de 80 pour cent de leurs cultures.

En 2005, l’éruption du volcan Karthala a

touché 245 000 personnes. Au total, les pertes

directes causées par des aléas naturels aux

Les mesures de la richesse des nations utilisent une approche bilancielle de la santé d'une économie en

appréhendant la richesse d'un pays à travers quatre piliers de la génération de richesse : les actifs produits, les

actifs humains, les actifs naturels et les actifs étrangers nets. Le capital produit et les terrains urbains mesurent la

machinerie, les bâtiments, les équipements et les terrains urbains résidentiels et non résidentiels, mesurés aux prix

du marché. Le capital humain est mesuré comme la valeur actualisée des gains au cours de la vie d'une personne.

Le capital naturel comprend l'énergie (pétrole, gaz, charbon et houille) et les minéraux, les terres agricoles (terres

cultivées et pâturages), les forêts (bois et certains produits forestiers non ligneux) et les aires protégées terrestres. Le

capital naturel est mesuré comme la somme actualisée de la valeur des loyers générés sur la durée de vie de l'actif.

Les actifs étrangers nets représentent la somme des actifs et passifs transfrontaliers détenus par les résidents du

pays. Il s'agit, par exemple, des investissements directs étrangers et des avoirs de réserve. Les actifs nets étrangers

négatifs suggèrent que les passifs transfrontaliers dépassent les actifs transfrontaliers. Par exemple, l'encours de

la dette contractée à l'étranger pourrait dépasser largement les investissements directs étrangers.

Dilley et al. (2005)

¹³⁹

¹⁴⁰

107

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 117: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Comores sont estimées à 5,7 millions USD par

an.¹⁴¹ Cela équivaut à 0,9 pour cent du PIB des

Comores et à 2,8 pour cent du budget annuel

du gouvernement en 2017. Les simulations

montrent également que les pertes seraient

les plus élevées à Anjouan, qui subit près de

80 pour cent des pertes annuelles moyennes

pour les trois aléas combinés.

World Bank (2017c)¹⁴¹

Figure 40: Indicateurs de richesse

a. Richesse totale par habitant (USD constant 2014) b. Richesse par habitant – Comores

30.000

25.000

20.000

15.000

10.000

5.000

01995 2000 2005 2010 2014 1995 2000 2005 2010 2014

12.000

10.000

8.000

6.000

4.000

2.000

0

-2.000

Comores Capital naturel par habitant

Faible revenu Capital produit par habitant Revenu intermédiaire inférieur Capital humain par habitant

Afrique subsaharienne

Source : Banque mondiale, Wealth of Nations.

Actifs étrangers nets par habitant

108

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 118: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

116. La pression anthropique est une source

majeure de la dégradation de l’environnement

aux Comores. Le pays est l’un des plus

densément peuplés d’Afrique, ce qui entraîne

une exploitation intense des ressources

naturelles. La couverture forestière du pays

est tombée de 26,3 pour cent en 1990 à 19,9

pour cent en 2015, ce qui voudrait dire que

le pays perd en moyenne un quart de point

de couverture forestière chaque année.

Même dans les aires protégées, le taux

de déforestation est très élevé en raison

de la demande croissante de bois et de

terres agricoles. La déforestation est une

source majeure d’érosion qui augmente le

ruissellement et conduit aux inondations,

réduisant ainsi la fertilité du sol et les

rendements agricoles. La dégradation de

l’environnement a été liée à la faible capacité

de l’État à appliquer la réglementation et à

lutter contre l’utilisation illégale des mangroves

et du sable de mer et le braconnage. Les

Comores sont particulièrement vulnérables

aux effets du réchauffement de la planète,

tels que l’augmentation des tempêtes et la

montée du niveau de la mer. On estime que

le long de la côte, une élévation du niveau

de la mer de 20 cm d’ici 2050¹⁴² entraînera

le déplacement d’au moins 10 pour cent

de la population.¹⁴³ Le secteur agricole,

principalement pluvial, est extrêmement

vulnérable au changement climatique parce

que la hausse des températures a accru les

niveaux de salinité des eaux souterraines ces

dernières années et a eu un impact négatif sur

les cycles de croissance des cultures.

117. Il est essentiel d’améliorer la gestion

pour surmonter une dotation insuffisante

en ressources en eau, en particulier avec le

changement climatique qui a une incidence

sur les niveaux de stress hydrique, mettant

ainsi la pression sur la production et l’utilisation

domestique. Avec 16 autres pays, les Comores

se trouvent au premier rang mondial en ce qui

concerne le stress hydrique (prélèvements

en pourcentage des ressources en eau

disponibles). Tous les secteurs - agriculture,

industrie et utilisation domestique - ont le

classement de stress hydrique le plus élevé

(stress extrêmement élevé) utilisé par le World

Resources Institute Aqueduct.¹⁴⁴ En raison

de sa taille et de sa densité de population,

le pays dispose de très peu de ressources

en eau par habitant par rapport à l’Afrique

subsaharienne ou aux moyennes mondiales

(voir la Figure 41). La plupart des rivières ne

transportent pas d’eau toute l’année et la plus

grande île de Grande Comore dépend des

eaux souterraines. Le changement climatique

est susceptible d’aggraver ces problèmes.

Bien que tous les secteurs soient touchés par

le changement climatique, l’agriculture est

NAPA (2006)

PRGS (2010)

Gassert et al. (2013)

¹⁴²

¹⁴³

¹⁴⁴

Figure 41: Ressources internes

renouvelables en eau douce par habitant

(milliers de mètres cubes)

Monde

Pays les moins développés (classification ONU

Afrique subsaharienne

Maurice

Comores

Cap Vert

Source : Banque mondiale.

0 1 2 3 4 5 6 7

109

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 119: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

l’activité économique la plus exposée. Elle

représente 47 pour cent des prélèvements

d’eau et les pénuries d’eau deviennent

progressivement l’une des contraintes agro-

écologiques de l’île. L’eau disponible pour un

usage domestique serait également affectée,

ce qui pourrait aggraver un accès déjà limité

à une eau potable améliorée (actuellement

limité à moins de 13 pour cent des Comoriens,

voir également le Chapitre 5).¹⁴⁵

118. Les Comores ont fait de l’adaptation et de

l’atténuation une priorité dans leurs contributions

déterminées au niveau national (CDN) de 2015

dans le cadre de l’Accord de Paris. Cependant,

la faible capacité du pays l’empêche de réagir

aux chocs liés au changement climatique. La

CDN des Comores donne une liste des actions

visant à s’adapter au changement climatique

et à accroître la résilience aux catastrophes

naturelles, notamment des programmes de

réinstallation et de protection des populations

vivant dans des zones à risque, ainsi que des

systèmes d’alerte rapide et des interventions

efficaces en cas d’urgence. Parallèlement aux

actions énoncées dans la CDN, les Comores

ont mis au place un cadre juridique bien étoffé

portant sur l’environnement, comprenant la

Politique Nationale de l’Environnement (PNE),

le Plan d’Action National pour l’Environnement

(PANE) et le cadre juridique pour l’environnement,

ainsi que des actions de conservation spécifiques

et des plans et une fondation dédiée au

financement des activités environnementales.

Cependant, l’efficacité de ces outils souffre de

plusieurs inefficiences institutionnelles. La faible

coordination intersectorielle et la multiplication

des comités ont semé la confusion dans le rôle

et les responsabilités de coordination. En outre, le

manque de ressources et le manque de données

et d’informations relatives à l’environnement

ont contribué à la faible connaissance générale

des risques liés au changement climatique et

des opportunités d’adaptation, notamment

son impact économique et social sur la vie et

les moyens de subsistance des Comoriens.

De ce fait, le pays reste l’un des pays les plus

vulnérables aux risques liés au changement

climatique, tout en étant l’un des moins préparés

à y faire face (voir Figure 42).

La matrice ND-GAIN illustre la résilience relative des pays. L'axe vertical indique le score de vulnérabilité et l'axe

horizontal indique le score en matière de degré de préparation. Avec un score élevé de vulnérabilité et un score

faible de degré de préparation, les Comores se trouvent dans le quadrant supérieur gauche de la matrice ND-

GAIN, ce qui signifie qu'elles ont à la fois un grand besoin d'investissements et d'innovations pour améliorer leur

préparation et une grande urgence pour agir.

L'indicateur de l'état des stocks de poissons indique le pourcentage des stocks de poissons capturés dans la

zone économique exclusive (ZEE) d'un pays qui sont surexploités ou qui se sont effondrés. L'ITTM examine dans

quelle mesure le secteur de la pêche a exploité des espèces plus grandes et de haut niveau et capture de plus

en plus d'espèces plus petites et de niveau inférieur, ce qui a un impact négatif sur la santé des écosystèmes.

Un classement inférieur sur les deux indices indique une meilleure performance relative.

¹⁴⁵

¹⁴⁶

Figure 42: Les Comores : un pays parmi

les plus vulnérables au changement

climatique mais parmi les moins bien

préparés à y faire face

,6

,5

,4

,3

,2

,1

Source: Banque mondiale.¹⁴⁶

COMMUS

FJIWSM

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Degré de préparation

Vuln

érab

ilité

110

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 120: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

119. L’agriculture, pilier de l’économie, est le

secteur le plus touché par le changement

climatique. Dotée d’un sol volcanique

fertile, de terres abondantes et de bonnes

précipitations, l’économie des Comores était

traditionnellement dominée par l’agriculture.

Celle-ci représente également 47 pour cent

des prélèvements d’eau et les pénuries d’eau

deviennent lentement l’une des principales

contraintes agro-écologiques de l’île.

L’élévation du niveau de la mer a entraîné

une augmentation de la salinité des eaux

souterraines ces dernières années. L’érosion

accélérée des sols due à la déforestation a

entrainé une augmentation du ruissellement

et a conduit à des inondations, réduisant ainsi

la fertilité des sols et les rendements agricoles.

La sécurité hydrique est un problème urgent

sur les trois îles - la Grande Comore, Anjouan

et Mohéli - qui affecte non seulement la

santé et le bien-être des Comoriens, mais

pourrait également affecter l’agriculture.

Les changements climatiques aggravent

les risques pour l’agriculture, notamment

parce que la hausse des températures a un

impact négatif sur les cycles de croissance

des cultures.

120. La plupart des pêcheries côtières sont

soumises à de fortes pressions avec un

potentiel d’expansion très limité. Les Comores

se classent 53ème sur 180 sur l’indice de stock

de la pêche de l’indice environnemental de

Yale et 82ème sur 180 sur son Indice trophique

marin régional (ITMR), ce qui indique que la

surpêche sélective de certaines espèces

est un problème plus grave que la surpêche

en général.¹⁴⁷ Au niveau régional, 40 pour

cent des stocks évalués par la SWIOFC sont

considérés comme surexploités (SWIOFC,

2018). Les pêcheries hauturières de thon et

d’espèces apparentées sont actuellement

principalement exploitées par des flottes

étrangères, ce qui fait que les avantages

économiques sont faibles pour le niveau local

et national locaux et nationaux, et constituent

une exception au potentiel de développement

de la production nationale. Les pêcheries

côtières de grande valeur (homard, concombre

de mer, etc.) sont généralement surexploitées

mais peuvent être rapidement améliorées si

un système de gestion adéquat se développe,

notamment par le biais de la cogestion avec

les communautés côtières.

Risques politiques et sociaux

121. La tension entre le défi de construire

un État-nation fort et cohésif et la pression

régionale en faveur de l’autonomie au

niveau des îles a été une source d’instabilité

récurrente aux Comores. La dernière

tentative de révision de la Constitution afin

de recentraliser le pouvoir en vue d’établir

un système de gouvernance plus efficace

et d’assurer la continuité des politiques a

été controversée. Cela peut potentiellement

perturber l’équilibre délicat existant entre

les îles qui a favorisé une longue période de

stabilité aux Comores. Après le référendum,

de nouvelles élections sont prévues dans un

an. Les dates n’ont pas encore été confirmées.

On s’attend à ce que les scrutins se tiennent

en mars ou avril 2019. Il est probable que des

troubles politiques se produisent avant les

scrutins. Dans une atmosphère de méfiance

L'indicateur de l'état des stocks de poissons indique le pourcentage des stocks de poissons capturés dans la zone

économique exclusive (ZEE) d'un pays qui sont surexploités ou qui se sont effondrés. L'ITTM examine dans quelle

mesure le secteur de la pêche a exploité des espèces plus grandes et de haut niveau et capture de plus en plus

d'espèces plus petites et de niveau inférieur, ce qui a un impact négatif sur la santé des écosystèmes. Un classement

inférieur sur les deux indices indique une meilleure performance relative.

¹⁴⁷

111

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 121: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

accrue, avec les griefs historiques mis en

avant à la suite du référendum polarisant, il

existe également un risque de violence avant,

pendant et après les élections. Anjouan a déjà

connu une montée en flèche des tensions

et des manifestations de rue, ce qui a incité

l’armée à intervenir à la mi-octobre 2018.

122. Les faibles niveaux de dépenses

dans les secteurs sociaux - en particulier

dans le secteur de la santé - entraînent

des dépenses privées élevées qui, à leur

tour, exposent davantage les familles au

risque de tomber dans la pauvreté. Les

dépenses publiques sur la santé exprimées

en pourcentage des dépenses globales de

santé sont inférieures à celles observées

dans les pays pairs structurels (13,4 pour

cent contre 52,3 pour cent, respectivement)

(voir la Figure 43). En conséquence,¹⁴⁸ les trois

quarts du financement de la santé sont à la

charge des ménages, à travers les dépenses

qu’ils paient directement. On estime que ces

dépenses entraînent une augmentation du

taux de pauvreté de 5 pour cent, soit 12 826

personnes supplémentaires tombant dans

la pauvreté par an.¹⁴⁹ En d’autres termes, en

moyenne, 35 Comoriens sombrent dans la

pauvreté chaque jour à cause des paiements

des soins de santé. Pour ceux qui sont déjà

pauvres, outre le fait d’approfondir leur état

de pauvreté, cela se traduit également par un

faible accès aux services de santé.

123. Les systèmes de protection sociale

qui protégeraient les pauvres, tels que les

filets de sécurité sociale, sont limités aux

Comores. Les régimes de protection sociale

existants ne couvrent qu’une petite partie de

la population (moins de 10 pour cent) et ne

ciblent pas les pauvres. Le fonds de retraite

pour la vieillesse, l’invalidité et le décès des

fonctionnaires et des employés du secteur

privé offre actuellement des pensions à 10

pour cent de la population de plus de 65

ans. La Caisse de sécurité sociale pour la

protection des travailleurs contre les maladies

professionnelles et les accidents du travail

couvre moins de 6 pour cent des actifs de

la Grande Comore. Une mutuelle de la santé

a couvert 3,3 pour cent de la population en

2012.¹⁵⁰ Un programme ciblé « argent contre

travail » a été déployé dans 69 des villages

les plus pauvres du pays, touchant environ 5

000 familles.

124. Les envois de fonds atténuent les

risques sociaux, mais ils sont localisés

géographiquement et une dépendance

excessive envers ces envois risque

d’aggraver les inégalités existantes. En

assurant les ménages contre les chocs

économiques négatifs, de gros volumes

d’envois de fonds pourraient réduire

l’incitation du gouvernement à maintenir

la discipline budgétaire et à utiliser les

fonds publics pour l’investissement et la

prestation de services sociaux.¹⁵¹ En outre,

les envois de fonds pourraient à un moment

donné diminuer. S’inquiétant du fait que

La revue des dépenses publiques (2015) et d'autres sources ont relevé un certain nombre de défis dans le système de

santé aux Comores, notamment : a) le faible niveau des dépenses de santé financées par l'État en général (3 USD par

habitant) ; b) le niveau élevé des dépenses de salaires des agents de santé par rapport aux coûts de fonctionnement

tels que le matériel médical, les médicaments et la formation ; c) la forte dépendance vis-à-vis des redevances

d'utilisation pour couvrir les coûts des déficits de fonctionnement résultant des niveaux très élevés de paiements

directs par les ménages et des dépenses privées ; d) les différences dans la distribution des ressources financières

et humaines entre la police centrale et des îles et la distribution des ressources entre les îles.

Haazen et Rajoela (2016).

Il existe également un fonds de retraite militaire et un fonds commun de placement pour les prestations de vieillesse,

d'invalidité et d'assurance-maladie pour les militaires et leurs familles.

Chami et al. (2008)

¹⁴⁸

¹⁴⁹

¹⁵⁰

¹⁵¹

112

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 122: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

le recours aux envois de fonds ne soit pas

durable à long terme, étant donné que

les envois de fonds bruts de la troisième

génération représentent environ un quart

du PIB, cet élément démographique exerce

une influence financière substantielle. Il est

prouvé que les Comoriens vivant en France

ont un sens plus faible des liens avec les

125. Enfin, les risques sociaux pourraient

émaner à l’avenir d’un groupe grandissant

de jeunes Comoriens sous-employés ou

au chômage. Les taux de chômage élevés

Comores et des obligations financières

plus grandes que celles des générations

précédentes. Les initiatives du gouvernement

visant à renforcer le lien avec la diaspora en

créant un sens plus étroit de liens de cette

communauté à son pays d’origine pourraient

maintenir les envois de fonds et encourager

progressivement les investissements.¹⁵²

ont contribué à la frustration des jeunes et

à l’émigration. Le nombre de Comoriens

vivant à l’étranger a plus que triplé au cours

des 25 dernières années. De plus, les jeunes

Au Cap Vert, les envois de fonds ont été stimulés par des innovations juridiques et politiques conçues spécialement

pour la diaspora. Le Cap Vert a créé un ministère des affaires de la diaspora et a adopté une législation pour permettre

à la diaspora de voter aux élections nationales. En outre, pour encourager les émigrants à investir dans l'immobilier,

par exemple, les frais fiscaux et administratifs ont été supprimés ou réduits. En outre, les émigrants peuvent

également bénéficier de toutes les incitations à l'investissement en place qui profitent aux investisseurs étrangers,

y compris les investissements sectoriels dans le tourisme et les énergies renouvelables (Resende-Santos, 2015).

De telles mesures (ainsi que la stabilité politique et la perception générale de la bonne gouvernance) permettent

de canaliser les envois de fonds vers des opportunités d'investissement, en particulier dans le secteur du tourisme

où 17 pour cent des petites entreprises touristiques appartiennent à d'anciens émigrants (Banque mondiale, 2018a).

¹⁵²

Source : Calculs du personnel à l’aide des données du FMI.

Tong

a

Tong

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Sam

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Com

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001-

2011

)

Com

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001-

2010

)

908070605040302010

0

600

500

400

300

200

100

0

Figure 43: Dépenses de santé

a. Dépenses intérieures privées de santé (% des dépenses courantes de santé) (2011-2017)

b. Dépenses actuelles de santé par habitant (USD courant) (2011-2017)

80ème percentile revenu moyen inférieur 80ème percentile revenu moyen inférieur

20ème percentile revenu moyen inférieur 20ème percentile revenu moyen inférieurMoyenne de l'ASS Moyenne de l'ASS

113

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 123: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

s’associent de plus en plus à des élites

politiques ou à des personnalités de l’autorité

dans l’espoir de pouvoir atteindre la mobilité

sociale et obtenir des ressources. Somme

toute, les frustrations multiples constituent un

risque pour la cohésion sociale. En particulier

à la Grande Comore, les envois de fonds

peuvent également décourager les jeunes

de participer au marché du travail, parce

qu’ils reçoivent un financement régulier de la

diaspora.¹⁵³ Par ailleurs, les préjugés culturels

contre les petits boulots et les travaux manuels

constituent un obstacle supplémentaire à

l’entrée au travail. L’agriculture attire de moins

en moins les jeunes Comoriens des zones

rurales qui ont tendance à migrer vers les

zones urbaines et représente actuellement

25 pour cent de l’emploi des jeunes.

126. Le risque d’une montée de la

radicalisation menant à l’extrémisme violent

s’aggrave dans le climat chargé actuel,

caractérisé par une répression accrue des

groupes minoritaires chiites et chrétiens. Il y a

de plus en plus d’étudiants éduqués à l’étranger

qui retournent après avoir été exposés à des

idées et influences étrangères, tandis que

les organisations non gouvernementales

étrangères (ONG) qui comblent le vide

laissé par l’État en termes de prestation de

services - en particulier dans les domaines

de l’éducation et de la santé – peuvent

également importer des idées radicales. Une

nouvelle génération de théologiens, formés à

l’étranger, conteste également les branches

de l’Islam traditionnellement tolérantes

pratiquées aux Comores et la légitimité

des institutions coutumières. Cela pourrait

également aggraver la frustration ressentie

par la grande population des jeunes face aux

opportunités limitées en matière d’éducation,

d’amélioration de soi et d’emploi dans le

secteur formel, et jouer entre les mains de

groupes cherchant à exploiter ce sentiment

de bouleversement.

127. Les autres risques émergents sont

liés au trafic de stupéfiants, au trafic de

migrants et à la piraterie maritime.¹⁵⁴ Des

groupes (prétendument d’Anjouan¹⁵⁵) font

passer des stupéfiants - et un médicament

dit chimique - à travers les frontières,

des ports de Zanzibar et Dar es Salaam à

Mayotte en passant par les Comores. Ces

groupes seraient également impliqués

dans le trafic de migrants à Mayotte via

Anjouan.¹⁵⁶ Ils profitent de la faible capacité

de surveillance aux frontières et aux points

d’entrée ainsi que de la corruption au sein

de l’administration comorienne.

Par mois, les envois de fonds peuvent représenter plus que le salaire moyen et même représenter le double.

FMI (2010)

INL (2009)

A partir d'entretiens menés dans le pays en préparation de l'évaluation des risques et de la résilience de 2018.

¹⁵³

¹⁵⁴

¹⁵⁵

¹⁵⁶

114

7. Risques Pour La Pérennité De La Réduction De La Pauvreté Aux Comores

Page 124: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

VOIES ETPRIORISATION

115

Page 125: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

128. Ce chapitre s’appuie sur les données

factuelles présentées dans les chapitres

précédents et propose trois Voies liées entre

elles qui aideraient les Comores à atteindre

une croissance durable et une prospérité

partagée. Ces Voies ont été choisies en

fonction de l’impact qu’elles auraient quant

à sortir les Comores de l’équilibre de faible

croissance dans lequel elles se trouvent

ainsi qu’à résoudre les inégalités croissantes

décrites au Chapitre 5 qui pourraient affaiblir

davantage la cohésion sociale. Les Voies qui

en résultent sont discutées ci-dessous ainsi

que les principales réformes politiques qui

seront nécessaires pour les débloquer.

129. En abordant ces Voies, il a été important

d’examiner avec soin la question de

l’importance fondamentale de l’identité et

des institutions, exposée au Chapitre 4. La

structure sociale et historique des Comores

a eu un impact important sur la trajectoire

de développement du pays à ce jour. Le

pays lutte toujours pour s’unir derrière un

sentiment d’identité nationale qui, une fois

découvert, pourrait renforcer l’efficacité de

l’élaboration des politiques et renforcer la

cohésion nationale et sociale. L’identification

des parties prenantes qui auront la motivation

à agir en tant que chef de file sur chacune

des priorités dépasse le cadre de l’EDSP.

Cependant, s’attaquer à chacun des domaines

de réforme cernés par cette EDSP nécessitera

une réflexion approfondie ainsi que la prise

en compte des intérêts et des motivations

des acteurs au niveau des communautés

centrales, insulaires et locales, afin de parvenir

à une solution qui unit les différents acteurs

autour d’une vision nationale plutôt sape un

concept d’identité nationale déjà fragile.

130. De même, le renforcement des

institutions doit faire partie de tous les efforts

de réforme pour en assurer la pérennité, parce

que des années d’instabilité politique ont

sapé et affaibli les capacités des institutions

formelles. Les déséquilibres régionaux et

les inégalités spatiales ont alimenté un

sentiment de méfiance entre les îles et le

centre. Dans le même temps, les perceptions

de marginalisation et d’inégalité - tant entre les

îles que dans les villages - en partie à cause

de la colonisation du pays par le passé et de

la complexité des hiérarchies sociales, ont

renforcé le sens de l’identité locale aux dépens

de l’unité nationale. A ce titre, le renforcement

institutionnel peut également renforcer le

sentiment d’identité nationale entre les îles et

entre les villages et contribuer à renforcer les

liens entre l’État et la société.

Voies

131. Les besoins d’investissement des

Comores sont importants. Avec une moyenne

de 16,7 pour cent du PIB, les investissements

totaux ont été respectivement inférieurs de

4,6 pour cent et 7 pour cent à la moyenne de

l’Afrique subsaharienne et des pays pairs en

termes structurels depuis le début du siècle.

Les investissements directs étrangers ont

n°1Voies Combler le déficit d’investissement

116

8. Voies et Priorisation

Page 126: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

représenté en moyenne un peu plus de 1 pour

cent du PIB au cours de la dernière décennie.

Une pénurie prolongée d’investissements,

combinée à une croissance démographique

rapide, a entraîné un déclin du capital productif

par habitant des Comores, un faible niveau

de capital humain et un lent épuisement du

capital naturel. Selon le rapport de la Banque

mondiale sur la richesse des nations, le

capital productif par habitant des Comores

a été divisé par deux entre 1995 et 2018 et

représente maintenant la moitié de celui des

autres pays d’Afrique subsaharienne et de la

tranche inférieure moyenne de revenu.

132. Le manque de crédibilité des institutions

formelles et le manque de confiance en leur

capacité est au cœur de la problématique

de la faiblesse des investissements des

Comores. Les investisseurs locaux et

étrangers (y compris la diaspora) recherchent

la prévisibilité et la fiabilité lorsqu’ils effectuent

des investissements, leurs bénéfices ne se

concrétisant qu’après plusieurs années.

Comme dans d’autres pays, l’instabilité

politique et la faiblesse de l’état de droit ont

été les principaux facteurs de dissuasion

des investisseurs aux Comores. La faiblesse

de la capacité à assurer une bonne gestion

macro-économique, caractérisée entre autres

par des décisions budgétaires incohérentes

et erratiques, et une tendance à dépenser

en salaires plutôt qu’en investissements ont

limité la capacité du Gouvernement à effectuer

des investissements publics et à mobiliser

des recettes intérieures. Les acteurs privés

se trouvent découragés à investir dans des

secteurs centraux tels que l’agriculture à cause

de la faiblesse de l’état de droit, de la fragilité

du système financier et d’un environnement

économique difficile, mettant en doute la

rentabilité des éventuels investissements. En

outre, dans un environnement où l’État fournit

peu de services, la population donne la priorité

aux dépenses de consommation par rapport à

l’investissement puisqu’elle doit supporter elle-

même les dépenses d’éducation et de santé.

133. Des années de faible investissement

ont compromis la performance des Comores

en matière de croissance et ont conduit à

des inégalités croissantes. Depuis 2001,

la contribution des investissements à la

croissance a été faible et parfois négative.

La faiblesse de l’investissement a eu pour

corollaire un faible développement du

secteur privé et peu de création d’emplois,

résultant en une faible demande de main-

d’œuvre et un des taux de participation

de la main-d’œuvre parmi les plus bas de

Les investissements dans la connectivité inter et intra-insulaire doivent être une priorité.

8. Voies et Priorisation

117

Page 127: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

l’Afrique subsaharienne, un autre frein à la

croissance. Les investissements publics dans

la connectivité inter et intra-îles ainsi que dans

d’autres services d’infrastructure essentiels,

tels que l’électricité et le traitement de l’eau,

devraient être une priorité si l’on veut accroître

la productivité dans les secteurs essentiels

tels que le secteur agricole, les services et le

commerce et créer les conditions propices

au développement du secteur manufacturier

et du tourisme. Le manque d’investissement

public a également entraîné une faiblesse de

la prestation de services et une augmentation

des inégalités. Le manque d’accès aux services

de base tels que l’eau courante, l’électricité,

les centres de santé ou les marchés est l’un

des plus puissants prédicteurs de la pauvreté

aux Comores. La faiblesse des services

publics a conduit à une privatisation des

services de santé. Les Comores sont l’un des

pays au monde où la part des dépenses de

santé payées directement par les ménages

est la plus élevée, et environ 35 Comoriens

par jour sombrent dans la pauvreté suite au

paiement de soins de santé.

134. Le faible investissement dans la

prestation de services de base sape un

contrat social déjà fragile entre les îles.

Les inégalités sont apparues entre les îles

en matière d’infrastructures et de services

de base dans les domaines de la santé et

de l’éducation et risquent d’aggraver un

sentiment de coupure déjà existant entre

les îles. Ces inégalités alimentent le désir de

chaque île d’affirmer ses intérêts financiers

au pouvoir, perpétuant ainsi la politisation de

l’allocation des ressources. Les communautés

locales compensent l’absence de l’État et

deviennent de plus en plus autonomes. Les

écoles et les rues sont construites avec

des fonds de la diaspora, ce qui conduit à

une allocation pas toujours efficace des

ressources privées et à une privatisation

progressive d’importants services sociaux.

Cependant, comme les mécanismes

d’adaptation locaux diffèrent au sein de

l’Union des Comores, les communautés ne

s’en sortent pas toutes de la même manière.

Les inégalités sont particulièrement en

défaveur d’Anjouan, qui à la différence de la

Grande Comore et de Mohéli, ne bénéficie du

principal mécanisme d’adaptation, à savoir

les envois de fonds.

135. Le capital humain aux Comores est

aujourd’hui en deçà de son potentiel.

Parmi les différents types d’actifs et de

capitaux qu’un pays possède - productifs,

humains et naturels -, le capital humain est

le domaine où les Comores sont à la traîne

par rapport aux autres pays à revenu moyen-

inférieur. Aux Comores, les enfants lorsqu’ils

atteignent l’âge de 18 ans peuvent espérer

avoir terminé 8,4 années de scolarité, soit

deux ans de moins que leurs pairs des autres

pays à revenu moyen-inférieur. Et lorsque les

années de scolarité sont ajustées en fonction

de la qualité de l’apprentissage, ce chiffre

tombe à 5,3 années seulement. Les filles sont

nettement moins scolarisées que les garçons

et les grossesses chez les adolescentes sont

deux à trois fois plus courantes que dans les

pays pairs aspirationnels. Parmi les enfants,

31 sur 100 grandissent avec un retard de

croissance causé par la malnutrition et le peu

d’attention accordé au développement de la

n°2Voies Accroitre le capital humain des Comores

8. Voies et Priorisation

118

Page 128: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

petite enfance.¹⁵⁷ Enfin, le retard de croissance

étant le plus fréquent chez les pauvres aux

Comores, il aggrave les inégalités existantes

s’il n’est pas corrigé.

136. Il est essentiel d’accroitre le capital

humain des Comores si l’on veut accélérer la

croissance et réduire la pauvreté. Il impératif

d’investir dans le capital humain pour la

croissance et la réduction de la pauvreté.

Compte tenu des conditions actuelles du

capital humain aux Comores, un enfant né

aujourd’hui n’aura à l’âge adulte que 40 pour

cent de la productivité qu’il aurait eue s’il

avait bénéficié de services d’éducation et

de santé complets. L’investissement dans le

capital humain exige l’attention immédiate

des décideurs parce que les avantages en

termes de croissance des investissements en

capital humain ont tendance à être différés

d’une génération. Les investissements réalisés

dans la jeunesse d’aujourd’hui ne créeront une

main-d’œuvre plus productive qu’une fois que

ces jeunes seront sur le marché du travail.

En revanche, les investissements en capital

humain ont l’avantage d’être moins coûteux

que les investissements en capital physique. Et

tandis que ces investissements sont réalisés,

des investissements supplémentaires dans le

capital physique au titre de la première Voie

peuvent avoir un impact plus immédiat sur

la croissance et ouvrir la voie à la prochaine

génération en créant des opportunités

d’emploi lorsqu’ils seront prêts à entrer sur le

marché du travail.

137. Le capital humain soutient d’autres

sources de croissance et d’inclusion.

Il complète le capital physique dans le

processus de production et constitue un intrant

important de l’innovation technologique et

de la croissance à long terme.¹⁵⁸ Le capital

humain favorise également le capital social.

Des études effectuées à travers le monde ont

montré que les personnes les plus instruites

font davantage confiance aux autres. Ce type

de capital social est à son tour associé à une

croissance économique plus forte. Inversement,

le fait de ne pas protéger le capital humain

sape la cohésion sociale. Le capital humain est

l’un des premiers domaines à être affecté en

cas de détérioration de la situation. Les longs

conflits et la fragilité peuvent empêcher des

générations entières de réaliser leur potentiel

ou les inciter à quitter le pays pour mettre leurs

talents à l’œuvre ailleurs.

138. Les investissements dans le capital

humain peuvent également entrainer un

dividende de la croissance démographique.

Avec 4,2 naissances par femme en 2014, les

Comores ne font qu’amorcer la transition

démographique. Les taux de fécondité

élevés et la forte croissance démographique

pèsent lourd sur les ménages, le nombre de

personnes à charge vivant dans des ménages

pauvres aux Comores étant élevé.¹⁵⁹ En tant

que pays parmi les plus densément peuplés

du monde,¹⁶⁰ une fécondité élevée augmente

également la pression foncière, ce qui peut

compromettre la durabilité de la croissance.¹⁶¹

Le retard de croissance est un indicateur important parce qu’il reflète l'environnement sanitaire global d'un pays et

compromet le potentiel à long terme des individus à contribuer de manière productive au développement d'un pays.

Putnam, Leonardi, et Nanetti (1993); Helliwell et Putnam (1995); Keefer et Knack (1997).

Les 40 pour cent les plus pauvres parmi les ménages comoriens ont en moyenne 3,5 enfants de plus que les 30

pour cent les plus riches et ont des taux de dépendance beaucoup plus élevés.

Malgré une émigration nette, les Comores sont l'un des pays les plus densément peuplés du monde, avec 328

personnes vivant en moyenne sur un kilomètre carré.

Jayne, Chamberlin, et Headey (2014)

¹⁵⁷

¹⁵⁸

¹⁵⁹

¹⁶⁰

¹⁶¹

119

8. Voies et Priorisation

Page 129: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

La réduction des taux de dépendance non

seulement atténue la pression exercée sur

les revenus des ménages pauvres, mais peut

également accroître les possibilités d’épargne

qui soutiennent davantage la croissance.¹⁶²

Les investissements en capital humain

peuvent contribuer à concrétiser le dividende

démographique : il a été démontré que

l’amélioration de la qualité de l’éducation et du

nombre d’années d’instruction, en particulier

pour les femmes, entrainait une réduction

du taux de fécondité dans la mesure où la

première grossesse est retardée et les coûts

d’opportunité de la procréation augmentent.¹⁶³

Globalement, on a constaté qu'une baisse de 1 pour cent du taux de dépendance est associée à une baisse de

0,75 point de pourcentage de l’effectif de pauvreté et qu'une augmentation de 1 point de pourcentage de la part

de la population active stimule la croissance économique de 1,1 à 2,0 points (Banque mondiale 2016, Marcio Cruz

S. Amer Ahmed 2016).

Après la baisse de la mortalité infanto-juvénile, une baisse subséquente de la fécondité entrainera une augmentation

de la part de la population en âge de travailler. Avec moins de personnes à charge et plus de personnes au

travail, la croissance par habitant s’accélèrera, même lorsque la production par personne en âge de travailler

reste constante (Bloom et Williamson 1997a). Deuxièmement, une baisse de la fécondité pourrait entrainer une

augmentation de la participation des femmes au marché du travail, ce qui renforcerait l'effet pro-croissance. Non

seulement la part de la population en âge de travailler augmentera, mais la main-d'œuvre économiquement active

augmentera encore davantage, ce qui entrainera une augmentation de la production par personne en âge de

travailler. Troisièmement, avec moins d'enfants, les familles (et l'État) auront la possibilité d’accroire les dépenses

pour le bien-être et l’éducation par enfant. A mesure que ces enfants atteignent l'âge de travailler et entrent sur

le marché du travail, la productivité de la main-d'œuvre augmentera en raison de l'amélioration de la santé et du

niveau d'instruction. Ainsi, la transition démographique est associée à une augmentation de la productivité de la

main-d'œuvre, que l'on peut qualifier d’« effet compétences » de la transition démographique.

¹⁶²

¹⁶³

139. Les ressources naturelles sont au centre

des moyens de subsistance et de l’activité

économique aux Comores. Environ 39 pour

cent du PIB des Comores sont générés par des

activités pour lesquelles la terre, la mer et la

nature sont des intrants importants. Doté d’un

sol volcanique fertile, de bonnes précipitations,

de beaux paysages et d’une zone de pêche

économique représentant 70 fois la superficie

de son territoire, les Comoriens vivent de leurs

ressources naturelles. Avec 31,6 pour cent du

PIB total (2011-2017), dont 7,5 pour cent du

PIB pour la pêche, l’économie des Comores

est davantage dominée par l’agriculture que

tout autre pays ou groupe de comparaison.

L’agroindustrie légère, qui dépend de la

production agricole, génère 4 pour cent

du PIB supplémentaire. Enfin, bien qu’il soit

petit par comparaison mais qu’il offre un fort

potentiel, le secteur du tourisme contribue à

hauteur de 3,4 pour cent du PIB à l’économie.

L’agriculture et la pêche génèrent 38 pour

cent des emplois et 50 pour cent des pauvres

tirent leur subsistance de ces deux secteurs.

140. La croissance dans les secteurs liés

aux ressources naturelles a été stagnante

et inférieure au potentiel. Bien qu’ils soient

traditionnellement les principaux moteurs de

la croissance aux Comores, les secteurs de

l’agriculture et de la pêche ont une très faible

productivité par rapport à ce que l’on observe

dans les pays pairs. Le potentiel est déjà atteint

en ce qui concerne l’expansion des terres et

n°3Voies Protéger et exploiter les ressources naturelles des Comores

120

8. Voies et Priorisation

Page 130: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

les heures de travail des agriculteurs sur les

parcelles aux Comores. La faible productivité

résulte de la dégradation des sols, de la

raréfaction de l’eau, des pratiques agricoles

obsolètes, de l’absence de rendements

améliorés et de l’absence de chaînes de

valeur. En mer, les pêcheurs pratiquent

une pêche de subsistance pour des raisons

de sécurité et par de manque de services

spécialisés et d’entreposage frigorifique.

De ce fait, les étrangers sont les principaux

utilisateurs des généreuses zones de pêche

des Comores, souvent dans l’illégalité, causant

une surexploitation de nombreuses espèces.

Le tourisme reste en grande partie inexploité,

notamment en raison d’un environnement peu

attractif pour les investissements, un problème

qui pourrait être résolu avec des progrès dans

la première Voie.

141. L’amélioration de la productivité de

l’économie fondée sur les ressources offre

des possibilités de réduction de la pauvreté.

Les Comores couvrent une part exorbitante

de leurs besoins alimentaires par des

importations (39,4 pour cent de toutes les

importations de marchandises contre 18,7 pour

cent pour l’Afrique subsaharienne). Cette forte

dépendance vis-à-vis des importations de

produits alimentaires rend le pays vulnérable

aux chocs de prix, freine le potentiel de

croissance des Comores en décourageant

les investissements privés dans le secteur

agricole et pèse sur ses réserves de change.

Il expose également les consommateurs à

l’insécurité alimentaire - comme cela s’est

produit récemment en 2008¹⁶⁴- et constitue

une occasion manquée de réduire la pauvreté

et d’accroître la croissance économique grâce

à la substitution des importations. Il a été

démontré que la croissance dans la production

d’aliments de base a un effet multiplicateur

et présentent des élasticités plus grands que

ceux d’une croissance égale de la productivité

des cultures de rente (Diao et al. 2012) parce

qu’ils sont produits par la plupart des ménages

ruraux et parce que la productivité de ces

produits est encore très faible.

142. Les ressources naturelles des Comores

doivent être protégées davantage parce

qu’elles sont de plus en plus vulnérables et

exposées à des chocs fréquents et coûteux.

En raison de sa situation géographique et de

sa topographie, les Comores font partie des

pays les plus vulnérables au climat. De plus, les

pressions démographiques ont entraîné une

déforestation et une dégradation de la qualité

des terres agricoles. L’élévation du niveau de la

mer a entraîné une augmentation de la salinité

des eaux souterraines. Les lieux de pêche

ne sont pas protégés de la pêche illégale et

risquent d’être exploités. Un Comorien sur deux

a été touché par une catastrophe naturelle

depuis 2005. Les catastrophes naturelles ont

un impact négatif sur l’économie, d’une valeur

allant de 1 à 3 pour cent du PIB chaque année.

Les pertes étant les plus prononcées à Anjouan

où l’agriculture prédomine, ces pertes tendent

également à aggraver les inégalités.

143. La Figure 44 donne un résumé visuel des

relations entre les fondements de l’identité et

des institutions, les Voies et leurs interactions.

Le renforcement de l’identité et des institutions

en tant que deux facteurs fondamentaux sera

la clé du développement futur des Comores.

Celles-ci constituent non seulement les

Après une longue période au cours de laquelle les denrées alimentaires de base étaient abondamment disponibles

sur les marchés mondiaux et les prix internationaux étaient bas et stables, la volatilité extrême est revenue. Depuis

2008, les prix internationaux du riz, du blé et du maïs ont fortement fluctué, atteignant parfois des niveaux jamais

vus depuis des décennies. Comme les Comores importent une grande partie de leur consommation alimentaire,

le pays est particulièrement exposé à l'instabilité des marchés alimentaires mondiaux.

¹⁶⁴

121

8. Voies et Priorisation

Page 131: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

fondements du capital social et d’une plus

grande stabilité politique, mais ont également

un impact profond sur la capacité des Comores

à attirer des investissements nationaux et

étrangers. Comme les investissements se

font sur la durée, ils ont besoin de prévisibilité

pour permettre aux investisseurs de planifier

et d’évaluer les risques associés à leurs

investissements. Lorsque les règles changent

souvent ou ne sont pas appliquées, les

investisseurs perdent courage. Ainsi, les taux

d’investissement à l’échelle mondiale sont plus

élevés dans les pays où l’on trouve la stabilité

politique et des institutions fortes.¹⁶⁵ Si les

Comores parviennent à débloquer la première

Voie pour combler le déficit d’investissement, il

sera plus facile de débloquer les deux autres

Voies dans la mesure où elles disposeront

de plus de fonds d’investissement pour les

soutenir. Cela ne veut pas dire pour autant

qu’il n’y a pas lieu d’accorder de l’attention

à ces deux dernières Voies aujourd’hui. Les

investissements dans le capital humain ne

rapportent qu’après une génération, il est

donc important de commencer aujourd’hui.

Et, à mesure que les taux d’investissement

augmenteront, la demande de main-d’œuvre

intérieure aux Comores, actuellement très

faible, augmentera, ce qui fera que les coûts

d’opportunité augmenteront si le pays n’investit

pas dans l’amélioration de l’éducation. Au fur

et à mesure que le niveau de capital humain

aux Comores augmentera, le rehaussement

des compétences favorisera l’innovation dans

les services, mais aussi dans des secteurs

établis tels que l’agriculture et la pêche. Cela

peut contribuer à améliorer la productivité de

ces secteurs, les rendant plus attractifs pour

les investisseurs. La protection des ressources

naturelles qui sont à la base de ces secteurs

devrait déjà être une priorité de nos jours

parce qu’une grande partie des ressources

naturelles met du temps à se régénérer une

fois épuisée.

Bénassy‐Quéré et al. (2007) ; Acemoglu et al. (2001); Alesina et Perotti (1996); Besley (1995); Svensson (1998); Barro

(1998); Schneider et al. (1985).

¹⁶⁵

Figure 44: Résumé de l'interaction des voies

VOIE 3Protéger les

ressources naturelles

VOIE 2Accroître le capital humain

VOIE 1Combler le déficit d'investissement

FONDEMENTS DE L'IDENTITÉ ET DES INSTITUTIONS

Une meilleure gestion des ressources naturelles peut favoriser l'amélioration de la santé (par exemple, par une meilleure nutrition et une eau plus propre).

L’amélioration du capital humain soutient le capital social

... une main-d'œuvre plus instruite possède les compétences nécessaires pour améliorer la gestion des ressources naturelles.

Une meilleure gestion des ressources naturelles crée des opportunités d'investissement.

... à mesure que l'environnement pour l'investissement s'améliore, que les opportunités économiques s'améliorent et que l'investissement dans le capital humain devient plus attractif

...créer un environnement de prévisibilité et de confiance qui est la clé de l'investissement.

122

8. Voies et Priorisation

Page 132: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Principales contraintes et priorisation

144. Pour débloquer les trois Voies, plusieurs

contraintes clés doivent être levées. À partir

d’une longue liste de réformes requises

présentées dans ce rapport, nous avons cerné

les 12 contraintes les plus critiques pour les

trois Voies considérées : (i) un effet plus fort

sur le potentiel de croissance et (ii) un impact

plus important sur la réduction de la pauvreté

et une plus grande inclusion sociale. D’autres

critères tels que les retombées, les conditions

préalables et l’horizon temporel des réformes

ont également été pris en compte. Le Tableau

6 récapitule comment l’élimination de ces

principales contraintes en rapport aux trois

Voies peut soutenir le potentiel de croissance

des Comores et servir de catalyseur pour la

réduction de la pauvreté et une plus grande

inclusion. Ces principales contraintes sont

discutées ci-dessous.

Tableau 6: Résumé des Voies et des contraintes clés

Les Voies peuvent être

débloquées en…

...éliminant les principales contraintes, telles que…

...ce qui stimulera la croissance en...

... ce qui réduira la pauvreté et

les inégalités en...

Données factuelles de la littérature à l’appui

Combler le déficit

d’investissement

Accroître le capital humain

Renforcer la gestion

macroéconomique

Accroître la mobilisation des recettes intérieures

Soutenir l’intermédiation du

secteur financier

Créer un environnement

commercial favorable

Réduire la mortalité infantile

et juvénile

Renforçant la confiance des investisseurs étrangers et d’autres partenaires extérieurs qui peuvent financer des investissements favorables à la croissance

Réduisant la dépendance à l’égard des flux de bailleurs extérieurs pour financer des dépenses publiques favorisant la croissance

Mobilisant davantage d’épargne et canalisant efficacement l’épargne vers les investissements

Encourageant l’investissement et l’esprit d’entreprise, ce qui peut accroître la productivité du secteur privé

Augmentant la productivité des générations futures à mesure qu’un plus grand nombre d’enfants grandissent et deviennent des adultes productifs. Au fur et à mesure que le nombre d’enfants survit, les taux de fécondité et les taux de dépendance diminuent généralement et les taux d’épargne augmentent, ce qui stimule la croissance.

Modifiant la composition du budget en faveur des dépenses d’investissement pour fournir des services de base qui atteignent les pauvres

Réduisant la dépendance à l’égard des envois de fonds pour le financement de la prestation des services de base

Donnant aux ménages un meilleur accès au financement qui peut les aider à lisser leur consommation en cas de chocs

Stimulant la création d’emplois par un plus grand dynamisme du secteur privé. Cela peut augmenter le revenu du travail et réduire la dépendance à l’égard des envois de fonds.

Abaissant le nombre d’enfants, ce qui se traduit par des taux de dépendance plus faibles, qui sont associés à une réduction de la pauvreté aux Comores

Banque mondiale (2015) ; Gavin et Perotti (1997) ; Dessus, Diaz‐Sanchez, et Varoudakis (2016) ; Alesina (1996)

Banque mondiale (2015)

Banque mondiale (2015) ; Alesina et Perotti (1996) ; Besley (1995)

Banque mondiale (2015) ; Alesina et Perotti (1996) ; Besley (1995)

Bloom et Williamson (1997a) ; (Layne, Chamberlin et Headey (2014) ; Silva et al. 2016)

123

8. Voies et Priorisation

Page 133: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Protéger et valoriser les ressources naturelles

Réduire le retard de croissance

Améliorer la qualité de l’éducation

Réduire l’écart entre les sexes

dans le domaine de l’éducation

Améliorer la gestion de l’eau

Réformer l’agriculture

Protéger les pêcheries

Mieux gérer les catastrophes

Rehaussant la productivité du travail comorienne. Le retard de croissance reflète l’accumulation de chocs de santé durant l’enfance et l’adolescence.

Rehaussant la productivité des personnes et facilitant l’investissement dans des activités économiques plus qualifiées

Maintenant les filles plus longtemps à l’école, ce qui améliore leurs chances d’intégrer le marché du travail. Une plus grande insertion des femmes dans la population active a un impact positif sur la croissance à long terme.

Soutenant la productivité agricole

Rehaussant la compétitivité du secteur agricole, stimulant l’agro-industrie et augmentant potentiellement la substitution des importations.

Renforçant la capacité à exploiter durablement les ressources marines

Protégeant le capital productif déjà faible des Comores

Bénéficiant de façon disproportionnée aux pauvres qui sont les plus touchés par le retard de croissance

Rehaussant le rendement de l’éducation de l’individu et augmentant le revenu du travail (tout en diminuant la dépendance à l’égard des transferts)

Relevant les revenus des femmes, ce qui améliorera leur accès et celui de leurs enfants à la santé et à l’éducation.

Améliorant la qualité de l’eau fournie aux pauvres, ce qui améliorera les résultats en matière de santé, notamment en ce qui concerne le retard de croissance.

Augmentant les revenus des ménages ruraux qui peuvent être utilisés pour améliorer la nutrition, la santé et l’éducation

Assurant une source de revenu plus stable pour les ménages de pêcheurs

Protégeant les moyens d’existence des populations rurales pauvres qui sont les plus exposées aux aléas naturels

Banque mondiale (2017a) ; Banque mondiale (2014)

Filmer et al (2018) ; Banque mondiale (2014)

Milazzo et Goldstein (2017) ; Banque mondiale (2004)

UNDP (2015); Gassert et al. (2013); World Bank (2018)

PNUD (2015) ; Gassert et al (2013) ; Banque mondiale (2018)

Banque mondiale (2014) ; Goyal et Nash (2017) ; Banque mondiale (2019)

Banque mondiale (2014)

Dilley et al (2005) ; Banque mondiale (2017c) ; NAPA (2006) ; PRGS (2010) ; Banque mondiale (2018)

145. Combler le déficit d’investissement. Pour

débloquer cette Voie, il faudra prêter attention

à quatre domaines clés de la réforme :

À court terme :

• Améliorer la gestion macro-économique

pour créer un climat de confiance pour

les investisseurs. Pour combler le déficit

d’investissement, il faudrait commencer

par allouer des budgets plus élevés aux

investissements publics. Pour pouvoir

le faire avec les sources de revenus

existantes, le Gouvernement comorien

doit améliorer sa gestion de la masse

salariale, résister aux pressions en faveur

d’une augmentation de l’emploi dans le

secteur public et améliorer l’efficacité

des dépenses existantes. L’amélioration

de la gestion macro-économique signifie

Les Voies peuvent être

débloquées en…

...éliminant les principales contraintes, telles que…

...ce qui stimulera la croissance en...

... ce qui réduira la pauvreté et

les inégalités en...

Données factuelles de la littérature à l’appui

124

8. Voies et Priorisation

Page 134: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

également que le processus budgétaire

doit devenir plus réaliste et prévisible et que

le financement de la dette doit être ancré

dans un cadre budgétaire à moyen terme.

Actuellement, les propositions budgétaires

manquent souvent de réalisme. Un examen

public plus approfondi de ces propositions

pourrait favoriser un processus budgétaire

plus crédible. Les Comores ont l’un

des budgets les moins transparents

au monde et le contrôle parlementaire

est souvent contourné. L’implication

des communautés locales dans le

cadre d’une budgétisation participative

pourrait contribuer à améliorer la qualité

des services de base et à renforcer la

confiance des communautés locales. Dans

le cadre d’une meilleure gestion macro-

économique, il conviendrait également

de créer davantage de transparence en

ce qui concerne la performance des plus

grandes entreprises publiques du pays.

Des progrès sur tous ces fronts aideraient

à établir un climat de confiance pour les

investisseurs privés nationaux et étrangers

et pourraient contribuer à accroitre les taux

d’investissement privés.

• Développer la mobilisation des revenus

nationaux. Une transformation importante

de l’administration et des politiques en

matière de recettes est nécessaire

pour réduire la dépendance vis-à-vis

d’un financement budgétaire instable

provenant de l’étranger et créer un espace

budgétaire plus important pour les

investissements publics. À court terme, cet

objectif devrait être atteint, idéalement,

par une combinaison de mesures qui

favorisent simultanément : i) l’application

des politiques fiscales, ii) la facilitation du

respect des obligations fiscales et iii) la

confiance dans les dépenses de l’État. Ces

mesures incluent :

• Application : améliorer le registre

foncier et l’enregistrement des

contribuables, mieux faire respecter

les obligations fiscales des entreprises

d’État, réduire l’informalité des

entreprises, accroître l’interopérabilité

entre les administrations douanière

et fiscale et poursuivre la réduction

des exemptions injustifiées et

discrétionnaires des douanes.

• Facil itation : promouvoir la

simplification des structures des

impôts et des tarifs douaniers, tout

en rationalisant les procédures afin

de réduire les transactions associées

au paiement des impôts et des

taxes. Des efforts doivent également

être consentis pour déployer des

programmes à impact sur les impôts

et les taxes et envisager l’utilisation

de technologies bas de gamme pour

favoriser le respect des obligations

fiscales (SMS de rappel de taxe,

paiements par mobiles, par exemple).

• Renforcement de la confiance :

Adopter des politiques qui favorisent

les liens visibles entre les dépenses

publiques et la fourniture de biens

et services publics. Ces efforts,

visant en particulier le niveau local,

peuvent inclure des initiatives telles

que : i) les contributions fiscales

locales affectées à des projets

pilotés par les communautés, ii) les

transferts du gouvernement central

qui incitent à adopter des pratiques

de budgétisation participative et à

mobiliser les impôts locaux, et iii) les

réunions budgétaires périodiques

ou « assemblées » où l’on examine

les contributions fiscales et les

investissements locaux.

125

8. Voies et Priorisation

Page 135: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

A moyen terme :

• Améliorer l’intermédiation du secteur

financier. Le secteur financier comorien

est faible et doit être soutenu par la mise

en place de l’infrastructure nécessaire

afin que le secteur puisse jouer son rôle

de canalisation de l’épargne vers le crédit

d’investissement, tout en favorisant l’accès

aux services financiers pour une plus

grande partie de la population. La résolution

de la crise de liquidité et d’insolvabilité de

la banque postale, la SNPSF, un acteur

d’une importance systémique, sera d’une

importance fondamentale à court terme.

Pour remédier à la faiblesse du secteur

financier, il faudra également s’attaquer au

problème de capacité des tribunaux à faire

exécuter les paiements de créances, qui

est à l’origine de l’augmentation des prêts

non productifs (PNP) dans le système.

• Créer un environnement commercial

favorable. Pour attirer l’investissement,

les investisseurs doivent avoir la

certitude que le rendement privé de

l’investissement peut également être

réalisé. Dans le contexte d’un petit

marché intérieur - où les rendements

sont déjà limités par des déséconomies

d’échelle - cela ne peut se faire qu’en

créant un climat d’investissement plus

favorable aux entreprises et en assurant

une meilleure protection des droits de

propriété. Les résultats des Comores

au classement international en matière

de climat des affaires indiquent qu’une

attention particulière doit être accordée

à l’exécution des contrats, le paiement

des taxes et impôts, la création et la

fermeture d’entreprises, la protection

des investisseurs et l’électricité. Un

code des investissements moins sujet

aux exonérations fiscales et douanières

au gré des circonstances favoriserait

une concurrence loyale. Les accords

commerciaux internationaux pourraient

servir de points d’ancrage extérieurs

à l’appui du programme de réforme

de l’environnement des entreprises.¹⁶⁶

L’amélioration de l’environnement des

entreprises, qui favoriserait l’esprit

d’entreprise et la performance des

entreprises existantes, profiterait à tous

les secteurs.

146. Accroître le capital humain. Les

principaux domaines de réforme dans le

cadre de cette Voie sont les suivants :

A court terme :

• Réduire la mortalité infanto-juvénile. Les

principales causes de mortalité infanto-

juvénile aux Comores sont les maladies

transmissibles évitables telles que la

diarrhée et la pneumonie, malgré le

recours fréquent aux services de soins

de santé par les mères et leurs enfants.

Par conséquent, pour relever ce défi

en matière de santé, il faut prendre des

mesures du côté de l’offre de soins de

qualité. Trois domaines d’action devraient

être considérés comme prioritaires.

Premièrement, une formation plus

poussée du personnel des établissements

de santé est nécessaire pour que les cas

puissent être diagnostiqués de manière

Au cours du second semestre 2017, les Comores ont confirmé leur appartenance à trois organisations internationales,

à savoir la Communauté de développement de l'Afrique australe, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) et la

Banque africaine d'importation et d'exportation. En outre, le processus d'accession à l'OMC progresse, les Comores

poursuivant leur engagement soutenu et constructif dans ce processus alors qu'elles approchent des dernières

étapes précédant leur adhésion à l'OMC.

¹⁶⁶

126

8. Voies et Priorisation

Page 136: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

précise dans les meilleurs délais.

Deuxièmement, les formations sanitaires

doivent être équipées du bon matériel

et de médicaments. Troisièmement, il

manque actuellement un système de

référence solide, permettant aux cas

avec complications de recevoir des soins

de niveau supérieur. Tout cela exige de

disposer de meilleures données pour

les décideurs politiques afin de mieux

connaitre la qualité de soins existante et

cibler les appuis de manière optimale en

se fondant sur ces données factuelles.

• Réduire le retard de croissance : La

solution réside en grande partie dans

l’apport des nutriments appropriés à

la population au cours des premières

années de la vie au moment où les

bases du potentiel humain se créent. Il

ne s’agit pas seulement d’avoir accès à

une alimentation nutritive, mais aussi

d’éduquer les mères et les familles.

Les plateformes communautaires

d’éducation et de promotion de la

nutrition sont largement reconnues

comme des stratégies importantes pour

la mise en œuvre d’interventions clés

pour la survie de la mère et de l’enfant.¹⁶⁷

Une gamme complète d’interventions

promotionnelles, préventives et curatives

peut être mise en œuvre par le biais d’une

plateforme communautaire et pourrait

significativement améliorer les résultats

nutritionnels parmi les populations

difficiles à atteindre.¹⁶⁸ En outre, il convient

d’élargir la couverture des interventions

nutritionnelles à fort impact (y compris la

fourniture de services d’eau améliorés)

pour soutenir ce programme et lutter

contre les taux relativement élevés de

retard de croissance qui existent parmi les

plus pauvres. À long terme, l’amélioration

de la nutrition stimulera la productivité

du travail.

A moyen terme :

• Améliorer la qualité de l’éducation. Il

faut améliorer le niveau d’instruction

des nouvelles cohortes qui entrent sur le

marché du travail. Les politiques requises

pour améliorer le niveau d’instruction

sont de trois ordres : i) mettre davantage

l’accent sur l’apprentissage, en mesurant

systématiquement les résultats de

l’apprentissage et en communiquant les

résultats aux écoles ; ii) accorder une plus

grande attention aux enseignants, facteur

le plus important de l’apprentissage des

élèves ; et iii) transformer les écoles en

espaces dignes des enfants qu’elles

servent. Les Comores sont à la traîne en

ce qui concerne le pourcentage d’écoles

disposant de toilettes séparées pour les

filles et les garçons, avec seulement 11

pour cent des écoles disposant de telles

installations de base, contre une moyenne

régionale de plus de 60 pour cent.

• Réduire l’écart entre les sexes dans

le domaine de l’éducation. Le pays

doit éliminer systématiquement les

obstacles et les facteurs de motivation

qui font qu’un grand nombre de filles

restent non scolarisées. Il existe des

Haines A, Sanders D, Lehmann U, et al. Achieving child survival goals : potential contribution of community health

workers. Lancet 2007 ; 369 : 2121-31

GHWA. Expérience mondiale des agents de santé communautaires en matière de réalisation des objectifs du

Millénaire pour le développement liés à la santé : examen systématique, études de cas par pays et recommandations

en vue de leur intégration dans les systèmes de santé nationaux. Genève : Alliance mondiale pour les personnels

de santé, 2010.

¹⁶⁷

¹⁶⁸

127

8. Voies et Priorisation

Page 137: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

concevoir des politiques d’extraction

de l’eau et de prestation de services à

des initiatives techniques spécifiques

telles que l’incitation à recueillir les

eaux de pluie, et plus généralement

la conservation de l’eau et la réduction

de la pollution des sources, en passant

par une utilisation plus efficace des

eaux urbaines et une tarification plus

économique. L’amélioration de la qualité

de l’eau fournie permettra également de

relever les défis posés par les carences

nutritionnelles et le retard de croissance

relevés dans le cadre de la deuxième

Voie. Dans de nombreux pays, les

partenariats avec les communautés et

les administrations locales, y compris par

le contrôle direct des ressources par des

groupes communautaires, ont permis

de fournir efficacement les services

de base et, lorsqu’ils sont durables, de

réduire sensiblement la pauvreté. Compte

tenu des contraintes cernées pour les

Comores, une approche communautaire

de la gestion de l’eau permettrait de : (1)

combler les vides institutionnels et de

capacité laissés par une décentralisation

inachevée, compte tenu notamment de la

diversité des modalités de gestion entre

les différentes îles ; (2) déléguer la prise

de décision sur les services et sur des

questions telles que la protection des

bassins versants aux agriculteurs eux-

mêmes ; (3) réduire les coûts d’exploitation

des infrastructures en gérant les actifs au

niveau local ; (4) fournir un mécanisme

local accessible pour le règlement des

différends entre les usagers de l’eau

et les autorités ; et (5) réduire les coûts

des transactions liées au respect des

réglementations sur les ressources et

politiques à cette fin existent du côté

de l’offre comme de la demande. Outre

les mesures susmentionnées en matière

d’infrastructures, d’autres politiques du

côté de l’offre aideront à retenir les filles

à l’école, notamment le recrutement de

plus de modèles féminins dans les écoles

(en tant qu’enseignantes et directrices) et

la sécurisation des écoles (par exemple,

en mettant en place des mécanismes

solides de recours en cas de grief, en

prenant des mesures qui prennent en

compte la relation de pouvoir entre

enseignants et élèves, en encourageant

des conseils scolaires plus actifs). Du

côté de la demande, les politiques visant

à réduire les coûts directs de scolarité

supportés par les ménages (par exemple,

les bourses d’études, les programmes

d’exemption des frais de scolarité et

les bons d’études) et les coûts indirects

(par exemple, uniformes, fournitures

scolaires, articles d’hygiène personnelle)

et à assurer un transport scolaire sûr

permettront aux filles - et aux garçons -

de poursuivre leur scolarité.

147. Protéger et valoriser les ressources

naturelles des Comores. Les réformes

prioritaires dans le cadre de cette Voie sont

les suivantes :

A court terme :

• Améliorer la gestion de l’eau. Une

meilleure gestion de l’eau en termes de

quantité et de qualité est nécessaire pour

s’assurer que le très peu d’eau disponible

par habitant aux Comores ne soit pas

gaspillé. Cette meilleure gestion devrait

aller de mesures consistant à réviser ou

128

8. Voies et Priorisation

Page 138: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

services en eau.¹⁶⁹

• Réformer l’agriculture. Les investissements

dans les technologies d’agriculture

climato-intelligentes (ACI), les intrants

et les pratiques durables de gestion des

terres et de l’eau, dans une perspective

d’amélioration du rendement, peuvent

générer des gains de productivité et

renforcer la résilience face aux risques

environnementaux. Le transfert de variétés

standard résilientes et biofortifiées des

principales cultures vivrières - maïs, manioc,

bananes - à partir de centres d’excellence

régionaux pourrait améliorer l’adaptation

et la sécurité alimentaire et éviter des

investissements redondants dans les

ressources financières et humaines pour la

recherche et le développement agricoles.

Conjugués à l’intensification de pratiques

telles que l’agriculture à faible travail du

sol, l’agroforesterie, la gestion durable de

la fertilité des sols et la collecte des eaux

de pluie, les investissements stratégiques

dans la diffusion de l’ACI peuvent

transformer l’agriculture comorienne

et la placer sur une voie de croissance

durable.¹⁷⁰ Les centres de développement

rural au niveau communautaire peuvent

aider à accélérer le changement

de comportement et l’adoption des

technologies et des pratiques ACI.¹⁷¹

• Élaborer une approche de gestion

durable des pêches. Pour limiter

l’appauvrissement des ressources

halieutiques dans les eaux comoriennes

et, en particulier, l’appauvrissement

spécifiques dans les zones côtières qui

ont une valeur pour l’écosystème, la

gestion des pêches doit se concentrer

sur l’accroissement des avantages

économiques de la pêche pour les

communautés locales. On peut y parvenir

en réduisant les pertes après pêche et

en augmentant la valeur ajoutée par des

investissements dans des infrastructures

adéquates pour la pêche artisanale (sites

de débarquement, entrepôts frigorifiques,

machines à glace, etc.). La cogestion de la

pêche, une approche testée dans d’autres

pays, est prometteuse pour les Comores.

La cogestion implique les communautés

dans le processus de prise de décision,

renforce l’appropriation et soutient

l’application et l’exécution des mesures

de gestion adoptées.¹⁷² Les Samoa sont

un bon exemple d’un État insulaire

Une approche communautaire a été testée à Mutsamudu (la deuxième plus grande ville du pays située sur l'île

d'Anjouan) avec la création d'un comité de gestion du bassin versant. Entre autres choses, cela a amélioré la

participation formelle de la communauté et en particulier des femmes à la planification et à la gestion des ressources

en eau et des services d'eau (ONU, 2018).

D'autres technologies d’ACI adaptables aux Comores comprennent l'irrigation à petite échelle, les terrasses, les

diguettes en courbes de niveau, les diguettes en herbe, la réhabilitation des micro-bassins versants dégradés, les boisés.

Les centres de développement rural au niveau communautaire constituent un exemple d’écoles paysannes de

terrain dont la FAO s'est fait le champion. Un Champ-Ecole Paysan (CEP) réunit un groupe d'agriculteurs, d'éleveurs

ou de pêcheurs qui y apprennent comment passer à des pratiques de production plus durables, en comprenant

mieux les agro-écosystèmes complexes et en rehaussant les services écosystémiques. Un groupe CEP se réunit

régulièrement au cours d'un cycle de production, met en place l'expérimentation et s'engage dans un apprentissage

pratique pour améliorer les compétences et les connaissances qui permettront d'adapter les pratiques à leur

contexte spécifique. Le CEP permet aux individus et aux groupes d'évoluer vers des pratiques plus durables et

d'améliorer leurs moyens d'existence.

La cogestion des pêches est souple et la gestion coopérative des ressources aquatiques est assurée par les groupes

d'utilisateurs et le gouvernement. Dans le cadre de cette entente, la collectivité et le gouvernement participent au

processus décisionnel, à la mise en œuvre et à l'application de la loi (Sen et Nielsen, 1996).

¹⁶⁹

¹⁷⁰

¹⁷¹

¹⁷²

129

8. Voies et Priorisation

Page 139: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

A moyen terme, l’interdépendance entre

les zones forestières, les terres agricoles

et les zones côtières aux Comores exigera

une approche intégrée à l’élaboration des

politiques avec une étroite collaboration

entre les différents secteurs (eau,

agriculture, pêche, forêt, énergie, etc.).

A long terme :

• Réformer le régime foncier. Le

chevauchement actuel de trois régimes

fonciers empêche la vente et la

location de terres et limite la capacité

des agriculteurs à mettre leurs terres

en garantie pour obtenir un accès au

financement. L’absence d’un registre

foncier combinée à l’inefficacité et

la corruption du système judiciaire

font que de nombreux confl i ts

fonciers restent dans l ’ impasse,

ce qui compromet la capacité des

propriétaires à investir. Les réformes

du régime foncier sont généralement

des processus longs avec une forte

charge politique, mais la réforme ici

pourrait avoir un effet catalyseur sur la

productivité des terres en permettant

éventuellement la concentrat ion

des terres et en encourageant

l’investissement dans des intrants et

des techniques agricoles modernes

et la gestion de l’eau. Un régime

foncier clair soutiendrait également

l’environnement pour l’investissement

comme les Comores qui a adopté une

approche communautaire de la gestion

de la pêche de subsistance. Parmi les

230 villages côtiers du Samoa, 44 pour

cent des ont aujourd’hui des plans de

gestion de la pêche villageoise.¹⁷³

A moyen terme :

• Renforcer la gestion des risques de

catastrophe. Pour renforcer la résilience

aux chocs climatiques, il faut adopter

une approche globale de gestion des

risques de catastrophe qui comprend

une évaluation détaillée des risques, le

renforcement du cadre juridique et des

capacités institutionnelles et l’élaboration

d’un plan national de gestion des risques

de catastrophe accordant la priorité

aux domaines critiques. Une meilleure

connaissance des risques de catastrophe

permettra aux Comores d’améliorer

l’aménagement du territoire, ainsi que

les programmes de réinstallation et de

protection de la population vivant dans les

zones à risque. Pour renforcer la résilience

au niveau communautaire, la combinaison

des efforts en cours en matière de

protection sociale et de filets de sécurité

adaptatifs avec des investissements dans

des systèmes efficaces d’alerte rapide et

la préparation de la communauté aux

catastrophes contribuerait à sauver des

vies et à réduire l’impact des chocs causés

par les catastrophes sur les pauvres.

Les activités de cogestion aux Comores ont déjà commencé dans le cadre du projet de cogestion des ressources

côtières pour des moyens d'existence durables de la Banque mondiale. Dans le cadre du projet, 17 accords de

cogestion ont été signés avec des communautés de la Grande Comore, de Mohéli et d'Anjouan, dans le but

d'améliorer le développement des capacités humaines et institutionnelles et de concevoir et exécuter des plans

de gestion des pêches.

¹⁷³

130

8. Voies et Priorisation

Page 140: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

et le développement du secteur

privé en général¹⁷⁴ Enfin, le manque

de sécurité foncière lie les familles

pauvres à la terre qu’elles cultivent et

limite leur capacité à compléter leurs

revenus agricoles par des revenus

non agricoles parce qu’elles craignent

d’en être dépossédées si elles s’en

éloignent. Du fait qu’il s’inscrit sur

le très long terme – tant en termes

de soutien qu’en termes de mise en

œuvre, ce domaine de réforme n’est

pas inclus dans la liste des priorités du

Tableau 7 ci-dessus, mais en raison de

son important effet catalyseur sur le

développement, il en est fait mention.

Pour renforcer les facteurs fondamentaux de

l’identité et des institutions, il faut s’attaquer

aux deux principales contraintes suivantes :

• Favoriser la participation des citoyens et

des collectivités. Les efforts de réforme

devront être soutenus par un engagement

proactif avec l’inclusion des communautés

locales au-delà des d iv is ions

traditionnelles. Comme point d’entrée

naturel, il faudrait tirer parti de l’existence

d’organisat ions communautaires

et d’associations villageoises qui

prennent les décisions relatives aux

interventions de développement et

décident collectivement de la manière

de dépenser les fonds transférés par

la diaspora. Ces associations ont une

connaissance approfondie du contexte

local et ont l’autorité et la crédibilité

nécessaires pour prendre et exécuter

des décisions. Il sera essentiel d’ouvrir des

espaces dans lesquels les gens peuvent

s’engager dans le dialogue et exprimer

leurs pensées et leurs idées, en particulier

ceux qui cherchent actuellement à mieux

se faire entendre dans la société, tels

que les universitaires, les ONG locales,

les syndicats, les associations, les

représentants du secteur privé, les femmes

et les groupes de jeunes, ce qui aidera

ouvrira les canaux de la communication

aux voix qui traditionnellement n’étaient

pas entendues. Aspect important de cette

démarche, il s’agira de faire entendre la

voix des femmes qui détiennent un pouvoir

informel au sein des communautés et sont

de plus en plus impliquées dans la sphère

publique par le biais d’associations et

d’organisations de femmes, mais dont le

rôle est limité par des normes religieuses

et sociales.

• Renforcer la capacité des principales

institutions formelles. Pour renforcer

la confiance dans l’État central et ses

institutions formelles, il faut prendre

des mesures en vue d’instaurer des

mécanismes de transparence, de

contrôle et de redevabilité accrus. Il s’agit

notamment d’accroître la transparence

et la consultation du Parlement sur le

budget, de publier les comptes financiers

des principales entreprises publiques et

d’accroître la transparence des marchés

publics (une question qui a été largement

soulevée lors des consultations du

secteur privé - voir Annexe 2). Ces efforts

doivent également s’accompagner de

mesures visant à renforcer l’engagement

des citoyens et à leur donner la possibilité

de commenter les propositions de loi, etc.

Ce n’est que lorsque les citoyens auront

Il est possible de parvenir à une plus grande sécurité foncière si les services d'administration foncière sont renforcés

pour effectuer la délivrance de titres participatifs dans les bassins de production. Ce processus consisterait en une

délimitation consensuelle, des comités de reconnaissance des terres multipartites qui faciliteraient un recensement

cadastral à petite échelle et la planification de l'utilisation des terres.

¹⁷⁴

8. Voies et Priorisation

131

Page 141: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

La Banque Mondiale (2014).¹⁷⁵

Sj = , Sj = [0,1] vi,co - vi,wf

vi,bp - vi,wf

l’EDSP de la Colombie et du Chili. Dans un

classement de zéro à un, nous comparons

la valeur de la performance actuelle des

Comores sur des indicateurs sélectionnés

qui peuvent signaler des progrès dans les

domaines politiques identifiés à la valeur

de ses pairs pour chacun des indicateurs

clés. La valeur du pair aspirationnel le plus

performant est définie comme valeur « cible

» et celle du pays fragile le moins performant

est définie comme une indication de la valeur

minimale pouvant être atteinte pour chaque

indicateur. La position des Comores dans le

classement est ensuite calculée à l’aide de

l’équation suivante :

Où vi,co est la valeur des Comores pour

indicateur i; vi,wf la valeur du pays fragile le

moins performant pour i; and vi,bp the value

of the best performing aspirational peer for i.

Dans ce contexte, plus la valeur des Comores

est éloignée à celle du pair le plus performant

pour un indicateur i – donné - ou plus le score Sj des Comores dans le classement est bas,

plus la réforme correspondante est urgente.

le sentiment que leur voix est entendue

qu’ils feront confiance à l’État central.

En fin de compte, la mise en place de

ce type de mécanismes de rétroaction

facilitera l’amélioration de la qualité et

de la prestation des services par l’État

central. Enfin, la base de connaissances

nécessaire à la prise de décisions fondées

sur des données factuelles doit être

améliorée en remédiant aux faiblesses

du système statistique. L’absence

générale d’information pour éclairer la

conception, la mise en œuvre, le suivi et

l’évaluation des politiques et pour assurer

une prestation de services fondée sur

des données factuelles entraîne des

inefficacités et des incohérences (voir

l’Annexe 10 pour un inventaire des lacunes

actuelles des données).¹⁷⁵

148. Le Tableau 7 propose une priorisation

des différentes contraintes clés relevée

par cette EDSP en référence à une mesure

de l’urgence de la réforme qui est une

estimation l’écart des Comores par rapport

au pair aspirationnel le plus performant.

Pour établir l’«écart par rapport au pair

aspirationnel », nous utilisons une version

d’une méthodologie déjà utilisée pour

8. Voies et Priorisation

132

Page 142: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

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133

8. Voies et Priorisation

Page 143: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 1: Description des indicateurs utilisés pour le Tableau de priorisation

INDICATEUR DE PERFORMANCE LA DESCRIPTION SOURCE

Masse salariale (% des

dépenses courantes)

Classement dans l’Indice

des budgets ouverts

(Open Budget)

Recettes fiscales et

douanières (en pour cent

du PIB)

Crédit intérieur au secteur

privé (% du PIB)

Score sur la Facilité de faire

des affaires

Probabilité de survie jusqu’à

l’âge de 5 ans

Proportion des enfants de

moins de 5 ans sans retard de

croissance

Années d’études ajustées de

l’apprentissage

Scolarisation des filles

dans le secondaire

Rémunération des employés (tous les paiements

en espèces et en nature contre services rendus au

gouvernement) en pourcentage des dépenses courantes

de consommation finale des administrations publiques.

L’Indice attribue aux pays couverts par l’Enquête sur le

budget ouvert un score de transparence sur une échelle

de 100 points à l’aide d’un sous-ensemble de questions

qui évaluent la quantité et l’actualité des informations

budgétaires que les gouvernements rendent publiques

dans huit documents budgétaires clés conformément aux

normes internationales de bonne pratique.

Total des transferts obligatoires à l’administration centrale

à des fins publiques en pourcentage du PIB.

Ressources financières fournies au secteur privé

par les sociétés financières qui établissent une

demande de remboursement, en pourcentage du PIB.

Le score reflète l’écart entre la performance actuelle

d’une économie et une mesure des meilleures pratiques

réglementaires définie dans Doing Business 2015.

Calculé pour l’indice ICH 1 en soustrayant le taux de

mortalité des moins de 5 ans (extrait du Groupe inter-

institutions des Nations Unies pour les estimations de la

mortalité infantile).

Calculé pour l’indice ICH 1 en soustrayant les taux de retard

de croissance (extraits des estimations conjointes de la

malnutrition de l’UNICEF, de l’OMS et de la Banque mondiale).

Calculé pour l’indice ICH en multipliant les estimations

du nombre d’années d’études attendues par le ratio des

derniers résultats harmonisées au TIMSS.

Rapport entre le nombre d’enfants de sexe féminin en âge

officiel de fréquenter l’école secondaire qui sont inscrits

dans l’enseignement secondaire et la population ayant l’âge

officiel correspondant de fréquenter l’école secondaire.

Indicateurs du

développement

dans le Monde

(moyenne 2011-2017)

The Open Budget

Survey (2017)

Indicateurs du

développement

dans le monde

(moyenne 2011-2017)

Indicateurs du

développement

dans le monde

(moyenne 2011-2017)

Doing Business

(2019)

Indice du capital

humain (2018)

Indice du capital

humain (2018)

Indice du capital

humain (2018)

Indicateurs du

Développement

dans le Monde

(moyenne 2011-2017)

ANNEXES

134

Annexe 1

Page 144: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

PERFORMANCE INDICATOR DESCRIPTION SOURCE

Ressources internes

renouvelables en eau

douce, total (milliards de

mètres cubes)

Rendement moyen des

céréales, fruits et légumes

(hg/ha)

Pêches - Score actuel 0-100

Indicateur du degré de

préparation de la matrice

ND-GAIN (2014)

Efficacité gouvernementale :

Rang en centile

Voix et responsabilité :

rang en centile

Internal renewable resources (internal river flows and

groundwater from rainfall) in the country.

Moyenne simple des rendements des céréales, des fruits

frais et des légumes.

Note globale combinée de l’état des stocks de poissons

et indice trophique marin régional (ITMR). L’état des stocks

de poisson est basé sur une évaluation du pourcentage

de stocks de poisson capturés dans la Zone Economique

Exclusive (ZEE) d’un pays qui sont surexploités ou se sont

effondrés. L’ITMR est une mesure du niveau trophique

moyen des poissons capturés par un pays, qui représente

la santé globale de l’écosystème.

La « matrice ND-GAIN » illustre la capacité comparative des

pays à prendre des mesures d’adaptation afin d’accroître sa

résilience au climat. L’indicateur de du degré de préparation

indique dans quelle mesure un pays est prêt à faire face

aux changements climatiques et environnementaux.

L’indicateur saisit les perceptions de la qualité des

services publics, de la qualité de la fonction publique et

de son degré d’indépendance par rapport aux pressions

politiques, de la qualité de la formulation et de la mise en

œuvre des politiques et de la crédibilité de l’engagement

du gouvernement à l’égard de ces politiques. Le rang

en centiles indique le rang du pays parmi tous les pays

couverts par l’indicateur agrégé, 0 correspondant au rang

le plus bas et 100 au rang le plus élevé.

L’indicateur rend compte de la mesure dans laquelle les

citoyens d’un pays peuvent participer à la sélection de leur

gouvernement, ainsi que de la liberté d’expression, de la

liberté d’association et de la liberté des médias. Le rang

en centiles est défini comme le précédent.

Indice du capital

humain (2018)

FAOSTAT (moyenne

2011-2017)

Indice de

Performance

Environnementale

de Yale (2018)

Matrice ND-GAIN

(2014)

Indicateurs du

Développement

dans le Monde

(moyenne 2011-2017)

Indicateurs du

développement

dans le monde

(moyenne 2011-2017)

Annexe 1

135

Page 145: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 2: Résultats des consultations pour l’EDSP

1 Premières consultations des Comores sur l’EDSP (18-22 septembre 2017)

Au cours de la semaine du 18 septembre,

des ateliers ont été organisés dans le but :

(i) de présenter le processus de l’EDSP et de

recueillir les premières réactions du public,

(ii) de cadrer l’EDSP dans l’engagement

de la Banque mondiale avec le pays et (iii)

d’expliquer le cycle IDA et le Portefeuille IDA18.

Les ateliers ont également été l’occasion pour

le gouvernement de présenter sa stratégie

de développement pour les Comores «

Emergence 2030 ».

Des consultations ont eu lieu avec :

• la Banque Centrale ;

• le Ministre de l’Économie et des Finances

et le personnel clé de ce ministère et

d’autres ministères ;

• les principales parties prenantes du

gouvernement, des représentants du

secteur privé, des Organisations de la

société civile (OSC), des chambres de

commerce et d’autres organisations

bailleresses ;

• les pr inc ipaux partena i res au

développement aux Comores, qui sont

des interlocuteurs essentiels dans cette

phase de cadrage par la diversité de leurs

points de vue et leur connaissance des

problèmes de développement du pays ;

• d’autres représentants du secteur privé

et de la société civile, qui ont évoqué un

certain nombre d’importantes contraintes

et opportunités de développement que

les Comores devraient saisir pour réduire

l’extrême pauvreté et promouvoir une

croissance plus inclusive ;

• le FMI qui a largement informé l’équipe

de la Banque sur l’environnement macro-

économique, les questions budgétaires,

les finances et la situation générale de

l’économie.

Ce que nous avons entendu/appris :

Les participants ont évoqué les principaux

points suivants et ont fait les suggestions

suivantes pour prise en compte par la Banque,

au cours de la semaine de consultation :

• Isolement et fragmentation : la situation

géographique isolée des Comores,

combinée aux limites en ce qui concerne

les moyens de transport entre les îles, rend

la vie aux Comores très coûteuse et limite

les activités économiques. La dépendance

du pays à l’égard des importations

est l’une des plus élevées au monde.

Les recettes publiques proviennent

principalement des taxes à l’importation,

ce qui représente un coût élevé pour les

entreprises locales. Des réformes du code

des investissements, des procédures

douanières et de l’efficacité des douanes

sont nécessaires pour alléger le fardeau

du secteur privé et aligner le pays sur les

objectifs du gouvernement en matière

d’intégration régionale dans la SADC et

le COMESA, ainsi que sur les exigences

de l’OMC.

• Participation du secteur privé : le

secteur privé est intéressé par un

Annexe 2

136

Page 146: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

dialogue renforcé et plus régulier avec

le gouvernement sur des questions

clés. L’accès au crédit, l’absence de

financement à long terme et les coûts

élevés de l’électricité figurent parmi

les principales contraintes. Plusieurs

participants ont également évoqué les

effets néfastes d’un environnement

de faible exécution des contrats sur

l’activité économique.

• Gouvernance : les insuffisances du cadre

juridique et du système judiciaire sapent

la confiance, affectent négativement

les investisseurs locaux et étrangers, et

freinent l’activité entrepreneuriale dans

le pays.

• Emplois, compétences et dimension genre

: les niveaux élevés d’informalité et de

chômage - en particulier chez les jeunes

- sont des préoccupations importantes

pour les Comores où la croissance

démographique rapide et le taux de

dépendance élevé. Les participants ont

exprimé leurs préoccupations concernant

l’inadéquation des compétences qui

caractérise le marché du travail. Les

filles ne bénéficient pas toujours de

Des ateliers ont eu lieu au cours de la

semaine du 14 mai dans le but : (i) de

présenter les résultats préliminaires de

l’EDSP des Comores aux autorités et aux

autres parties prenantes, (ii) d’obtenir des

réactions et des commentaires sur les

suffisamment de chances et de soutien,

tant en matière d’éducation que d’emploi.

• Diaspora : tous les participants ont

suggéré à la Banque d’essayer de mieux

analyser le phénomène de la diaspora,

dans la mesure où les membres de cette

diaspora envoient chez eux des montants

importants qui servent de filet de sécurité

sociale et de consommation, plutôt que

d’investissement productif.

L’annonce des consultations publiques et du

processus de l’EDSP a été publiée sur la page

Web de la Banque mondiale aux Comores

: https ://consultations.worldbank.org/

consultation/systematic-country-diagnostic-

DSP-economic-and-social-situation-comoros

Les consultations se sont poursuivies en ligne,

y compris sur les médias sociaux (Twitter

et Facebook) jusqu’au 30 octobre, afin de

permettre une plus grande participation. Au

début du mois d’octobre, la page « Banque

mondiale Afrique » sur Facebook avait

déjà atteint 61 112 personnes (nombre de

personnes uniques ayant vu le post de FB lors

de la consultation), 14 291 mentions J’aime, 113

commentaires, 82 actions.

résultats préliminaires et de collecter des

informations supplémentaires pour améliorer

certaines parties du texte. Une équipe de la

Banque mondiale préparant la prochaine

évaluation des risques et de la résilience s’est

également jointe aux discussions.

2 Deuxième série de consultations sur l’EDSP aux Comores (14-18 mai 2018)¹⁷⁶

La rencontre avec les jeunes a eu lieu le 23 mai 2018.¹⁷⁶

Annexe 2

137

Page 147: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Présentation des résultats préliminaires de

l’EDSP aux Comores ::

La consultation de l’EDSP a débuté le 14

mai avec une présentation aux autorités

gouvernementales et aux autres parties

prenantes des résultats préliminaires de

l’EDSP des Comores. L’évaluation de la

pauvreté récemment achevée a également

été présentée lors de l’événement.

Des consultations ont eu lieu avec :

• Des représentants du secteur financier

• Le Parlement (Vice-président du

Parlement et autres députés)

• L’association de consommateurs

• Des chercheurs (enseignants-chercheurs,

président du Centre national de la recherche

et Président du Conseil de sages)

• Des représentants du secteur privé

• Des organisations de la société civile

• Des étudiants universitaires (groupe

d’étudiants en économie)

Ce que nous avons entendu/appris :

Les principaux points de discussion et

suggestions à l’attention de la Banque

soulevés par les participants au cours de

la semaine de consultation peuvent être

résumés comme suit :

• Contraintes financières : le financement

des projets à long terme est faible, l’une

des raisons étant la très faible épargne à

long terme. Un autre facteur mentionné

par les participants est le manque de

confiance des banques vis-à-vis des

emprunteurs potentiels. Bien souvent,

l’argent emprunté est utilisé à des fins

autres que celles figurant dans le contrat

initial (par exemple, pour les Grands

mariages). Le taux d’intérêt effectif

est beaucoup plus élevé que le taux

d’intérêt maximal officiel décourageant

les emprunteurs potentiels.

• Investissement total et investissement

local : les villages collectent des fonds

pour la construction d’infrastructures

sociales (mosquées, routes, écoles).

L’investissement total officiel aux Comores

est alors très sous-évalué.

• Participation au marché du travail : nous

avons appris que les causes du faible taux

de participation diffèrent d’une île à l’autre.

Par exemple, à la Grande Comore, seuls les

emplois de cols blancs semblent valorisés

par la société. Ainsi, le secteur primaire

est particulièrement touché par cette

caractéristique culturelle. En outre, cet

effet négatif sur la participation au marché

du travail est amplifié par les envois de

fonds (ce qui augmente les salaires de

réserve). Il est intéressant de noter que

les étudiants universitaires ont mentionné

que le facteur religieux n’explique que très

peu la faible participation au marché du

travail (au lieu du rôle important joué par la

religion dans les pays de la région Moyen-

Orient Afrique du Nord). Les participants

ont toutefois souligné que le faible taux

d’activité était également dû à la faible

demande de main-d’œuvre dans les trois

îles. En effet, par exemple, le secteur

productif est presque inexistant. Enfin, il

a été avancé que la faible participation de

la main-d’œuvre aux Comores n’était pas

assimilable à un faible travail parce qu’une

grande partie du travail est effectuée

pour la communauté (sans rétribution

monétaire) et qu’une grande partie du

travail consiste en fait en un échange de

services non monétaire entre membres

de la famille/amis.

• Foncier : les villages doivent d’abord se

mettre d’accord avant que les investisseurs

Annexe 2

138

Page 148: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

puissent acquérir des terres pour lancer

leur entreprise. La terre est la plupart du

temps non enregistrée. Cela s’explique

principalement par le fait que les gens

pensent qu’ils devront payer des taxes

foncières (même s’il n’existe pas de telle

taxe aux Comores) et qu’ils ne voient pas

la nécessité de le faire parce que les règles

informelles sont plus importantes que la

législation comorienne dans cet espace.

• Envois de fonds : il a été signalé qu’il y a

une forte pression à envoyer des fonds

parce que les migrants doivent rendre

à la communauté ce qu’ils ont reçu

d’elle. Il a été mentionné que la plupart

des envois de fonds sont utilisés pour

construire une maison pour les filles

des migrants, les services de santé, les

dépenses liées à l’éducation et pour les

Grands mariages. Il ne reste pas beaucoup

de fonds pour les projets du secteur privé.

La diaspora semble avoir des inquiétudes

quant à envoyer des fonds pour créer

une entreprise en raison du manque de

confiance quant à l’utilisation des fonds.

La pérennité des envois de fonds a été

une préoccupation importante exprimée

par les participants à la réunion. En effet,

compte tenu des politiques actuelles

(pas très favorables aux migrants) en

Europe, les taux d’émigration pourraient

diminuer. Ils ont également souligné le fait

que les descendants d’émigrés seraient

beaucoup moins susceptibles d’envoyer

des fonds aux Comores. En outre, les

étudiants universitaires ont mentionné

que de plus en plus, après avoir obtenu

leur diplôme, les étudiants à l’étranger

reviennent aux Comores.

• Capital humain : la fonction publique

ne dispose pas (la plupart du temps) de

fonctionnaires dotés des compétences

requises. De nombreux participants

ont mentionné l’absence de concours

d’entrée parmi les causes. En outre, les

responsables des entreprises d’État et

des ministères ne sont pas stables (la

plupart changent chaque fois qu’un

nouveau gouvernement arrive). Dans

le secteur privé, il existe un manque de

compétences dans de nombreux secteurs

et domaines, y compris dans la gestion de

la société. Cela se produit même s’il y a un

grand nombre d’étudiants à l’université

(environ 12 à 14 mille).

• Quelques différences culturelles entre

les îles : à la Grande Comore, la priorité

est d’acquérir un statut social au sein

du village. Les « notables » jouent un

rôle prédominant dans les décisions

des villages. Dans cette île, il y a une

grande solidarité de groupe et le groupe

semble devenir plus important que

l’individu. Anjouan ne partage pas ces

caractéristiques et semble avoir un esprit

plus entrepreneurial.

• Etat de droit : les participants ont souligné

que le non-respect de l’état de droit

était l’une des principales contraintes

au développement économique des

Comores. Ils ont souligné que souvent les

décisions ou les arrêtés ministériels ont

plus de pouvoir que les lois. Le manque

de confiance dans le système judiciaire

est un problème important (affectant de

manière importante le secteur financier,

par exemple). En outre, la coexistence du

droit comorien avec le droit islamique et

le droit coutumier rend les choses plus

complexes (par exemple, pour la vente

de terres).

• Entreprises nationales et marchés

publics : les entreprises étrangères sont

privilégiées pour les contrats les plus

importants (en particulier pour les grands

139

Annexe 2

Page 149: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

projets d’infrastructure). Cela s’explique par

la faible expertise et la faible capacité des

entreprises nationales. Par conséquent,

les banques de développement aux

Comores travaillent principalement avec

des entreprises étrangères.

• Contraintes pour le secteur du tourisme

: les participants ont mentionné le

faible accès aux sites touristiques

comme l’un des principaux obstacles au

développement du secteur. Le manque

de personnel qualifié a également été

mentionné (guides professionnels, par

exemple), ainsi que l’absence d’écoles

de restauration et le manque de supports

logistiques (par exemple, il n’existe pas de

brochure touristique).

• Contraintes de l’industrie avicole :

l’industrie a des difficultés à continuer

à fournir des intrants tels que le maïs

(comme le montre la crise actuelle

de la production d’œufs). En outre,

le manque d’installations d’abattage

appropriées a également été mentionné

comme une contrainte majeure pour le

développement de l’industrie.

140

Annexe 2

Page 150: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

1974

1975

1976

1978

1989

1990

1995

1996

1997

1998

1999

Trois des îles qui composent les Comores votent pour l’indépendance vis-à-vis de

la France, mais une quatrième île, Mayotte, décide de rester au sein de la France.

Les Comores déclarent unilatéralement leur indépendance, avec Ahmed Abdallah

à la présidence. Il est destitué la même année par un coup d’État et remplacé par le

prince Said Mohammed Jaffar.

Jaffar est remplacé par Ali Soilih, qui tente de transformer le pays en une république

laïque et socialiste.

Soilih est renversé et tué par des mercenaires menés par Denard qui ramène Abdallah

au pouvoir.

Abdallah est assassiné par la garde présidentielle sous le commandement du

mercenaire français Denard qui organise un coup d’Etat. La France intervient et

Denard quitte les îles.

Said Mohamed Djohar a été élu président.

Djohar est enlevé dans une tentative de coup d’Etat menée par Denard. Les troupes

françaises interviennent, Denard se rend.

Mohamed Abdulkarim Taki est élu président, rédige une constitution qui étend

l’autorité du président et fait de l’Islam le fondement du droit.

Les îles d’Anjouan et de Mohéli déclarent leur indépendance des Comores. Les

troupes de l’île de la Grande Comore atterrissent à Anjouan pour tenter d’empêcher

la sécession mais sont repoussées.

Le président Taki décède, apparemment d’une crise cardiaque, et est remplacé par

le président par intérim, Tadjidine Ben Said Massounde, en attendant les élections.

Massounde signe un accord d’autonomie à Madagascar, mais les délégués d’Anjouan

et de Mohéli refusent de faire de même, déclarant qu’ils doivent au préalable consulter

leur peuple, ce qui provoque de violentes manifestations contre les Anjouanais à la

Grande Comore.

Massounde est évincé par un coup d’Etat dirigé par le chef de l’état-major, le colonel

Azali Assoumani.

Annexe 3: Chronologie de l’Histoire des Comores

Annexe 3

141

Page 151: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

2001

2002

2003

2006

2007

2008

2009

2010

2016

2018

Azali Assoumani déclare que le pays retrouverait un régime civil en 2002 après la mise

en place de nouvelles institutions gouvernementales. Il déclare également qu’il ne

se présenterait pas aux élections. Un « comité militaire » s’empare du pouvoir sur l’île

d’Anjouan dans le but de relier les Comores. Anjouan souffre de nombreuses tentatives

de coup d’Etat infructueuses pour tenter de contrer les efforts de réunification. Les

électeurs soutiennent une nouvelle constitution qui conserve les trois îles comme

un seul pays mais leur accordera une plus grande autonomie.

Azali Assoumani est nommé président des Comores réunifiées.

Les dirigeants des îles semi-autonomes parviennent à un accord de partage du

pouvoir ouvrant la voie à des élections.

Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, d’Anjouan, remporte les élections

présidentielles fédérales.

L’Union Africaine envoie des troupes pour aider à maintenir la paix lors des élections de

juin après que le président d’Anjouan, Mohamed Bacar, ait refusé de se retirer. La crise

s’aggrave lorsqu’Anjouan organise des élections locales au mépris du gouvernement

fédéral et de l’Union Africaine. Mohamed Bacar est investi en tant que président

d’Anjouan. L’Union Africaine met en place un blocus maritime autour de l’île.

Les troupes comoriennes et africaines débarquent à Anjouan et le reprennent,

défaisant les séparatistes.

L’île de Mayotte vote pour une intégration complète avec la France. Le gouvernement

des Comores, qui revendique l’île, déclare le référendum nul et non avenu.

Ikililou Dhoinine remporte les élections présidentielles et prend ses fonctions en

mai 2011.

Azali Assoumani remporte les élections présidentielles après que le principal candidat

ait refusé de reconnaître la victoire d’Assoumani. La Cour constitutionnelle ordonne

un nouveau tour partiel qui voit la victoire d’Assoumani.

Un référendum est organisé pour demander la ratification des amendements à la

Constitution et aboutit à une modification des règles de rotation présidentielle. Cela entraîne

des émeutes de manifestants armés à Anjouan et des échanges de coups de feu pendant

plusieurs jours. Des renforts militaires sont envoyés et le gouverneur d’Anjouan est arrêté.

Annexe 3: Chronologie de l’Histoire des Comores

Annexe 3

142

Page 152: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 4: Progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable aux Comores

OBJECTIF 1: PAS DE PAUVRETÉ 2000 20142005 20152010 20162011 20172012 2013

Ratio du nombre de pauvres à 1,90 USD

par jour (PPA 2011) (% de la population)

Ratio du nombre de pauvres aux seuils de

pauvreté nationaux (% de la population)

Ratio du nombre de pauvres en milieu

urbain aux seuils de pauvreté nationaux

(% de la population urbaine)

Prévalence de la sous-alimentation

(% de la population)

Prévalence de l’insuffisance pondérale, poids

pour l’âge (% d’enfants de moins de 5 ans)

Prévalence de l’émaciation, poids pour

taille (% d’enfants de moins de 5 ans)

Vaccination, rougeole

(% des enfants âgés de 12 à 23 mois)

Ratio de mortalité maternelle (estimation

modélisée, pour 100 000 naissances vivantes)

Taux de mortalité néonatale

(pour 1 000 naissances vivantes)

Taux de mortalité des moins de 5 ans

(pour 1 000 naissances vivantes)

Taux d’alphabétisation, total adulte (% de

personnes âgées de 15 ans et plus)

Taux d’achèvement du premier cycle du

secondaire, total (% du groupe d’âge concerné

Scolarisation tertiaire (% brut)

La clause de non-discrimination

mentionne le genre dans la constitution

(1 = oui ; 0 = non)

..

..

..

..

25

13,3

70

499

40,9

101,1

68,5

..

1,5

..

..

42

42

..

..

..

86

344

34,3

75,5

..

48,3

9

..

..

..

..

..

..

..

67

436

40,1

97,4

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

90

355

33,1

73,2

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

72

388

36,9

85,3

..

..

5,8

..

..

..

..

..

..

..

90

..

32,3

71,1

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

79

376

36,2

8,.7

..

..

8

..

..

..

..

..

..

..

90

..

31,7

69

..

..

..

..

..

..

..

..

16,9

11,1

85

365

35,4

80,4

49,2

..

8,7

..

18,1

..

..

..

..

..

85

354

34,7

77,9

..

45,3

8,8

..

OBJECTIF 2: FAIM « ZÉRO »

OBJECTIF 3: BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE

OBJECTIF 4: EDUCATION DE QUALITÉ

OBJECTIF 5: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES

143

Annexe 4

Page 153: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

OBJECTIF 6: EAU PROPRE ET ASSAINISSEMENT 2000 20142005 20152010 20162011 20172012 2013

Personnes utilisant les services

d’assainissement de base (% de la population)

Personnes utilisant les services de base

d’eau potable (% de la population)

Accès à l’électricité (% de la population)

Accès à l’électricité

(% de la population)

Accès à l’électricité, rural

(% de la population rurale)

Accès à l’électricité, urbain

(% de la population urbaine)

Croissance du PIB (% annuel)

Chômage total (% de la population

active totale) (estimation nationale)

Chômage total (% de la population active

totale) (estimation modélisée par le BIT)

Chômage total des jeunes (% de la

population active âgée de 15 à 24 ans)

(estimation modélisée par le BIT)

Investissement dans les télécoms avec

participation privée (USD courants)

Densité en nouvelles entreprises

(nouveaux enregistrements pour 1 000

personnes âgées de 15 à 64 ans)

Envois de fonds personnels reçus (% du PIB)

Population urbaine (% du total)

Croissance de la population urbaine

(% annuel)

Population vivant dans des bidonvilles

(% de la population urbaine)

..

26,8

86,4

39,6

29,9

65,3

10,8

..

4,6

10

..

..

28,1

2,4

65,4

3

34,1

83,7

72,9

66,8

88,5

2,1

..

4,4

9,9

..

..

11,5

28,3

2,8

69,6

3

29,4

85,4

51,6

42,9

72,8

2,8

..

4,5

10

..

..

8,3

27,9

2,3

68,9

3

34,2

83,7

75,4

69,5

90,3

1,1

..

4,4

9,9

..

..

13,6

28,5

2,8

69,9

3

32

84,4

63,1

56

81,4

3,8

..

4,4

9,9

..

..

9,8

28

2,6

..

3

..

..

77,8

72,2

92,1

2,3

..

4,3

9,9

..

..

12,8

28,6

2,7

..

3

32,5

84,2

65,6

58,7

83,2

4,1

..

4,4

9,9

..

..

10,9

28

2,7

..

6,1

..

..

..

..

..

2,7

..

4,3

10

..

..

13,0

28,8

2,9

..

3

33,1

84,1

69,3

61,4

85,1

3,2

..

4,4

9,9

..

..

11,2

28.1

2,7

..

3

33,6

83,9

70,5

64,1

86,7

4,5

..

4,4

9,9

..

..

10,9

28,2

2,8

..

OBJECTIF 7: ÉNERGIE PROPRE ET D'UN COÛT ABORDABLE

OBJECTIF 8: TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE

OBJECTIF 9: INDUSTRIE, INNOVATION ET INFRASTRUCTURE

OBJECTIF 10: INÉGALITÉS RÉDUITES

OBJECTIF 11: VILLES ET COMMUNAUTÉS DURABLES

144

Annexe 4

Page 154: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

OBJECTIF 12: CONSOMMATION ET PRODUCTION RESPONSABLES

2000 20142005 20152010 20162011 20172012 2013

Production d’électricité renouvelable (%

de la production totale d’électricité)

Consommation d’énergie renouvelable (%

de la consommation d’énergie finale totale)

Productivité de l’eau, totale (PIB en USD

constants de 2010 par mètre cube de

prélèvement total d’eau douce)

Pollution atmosphérique par les

PM2.5, exposition annuelle moyenne

(microgrammes par mètre cube)

Pollution atmosphérique par les PM2.5,

population exposée à des niveaux dépassant

la valeur recommandée par l’OMS (% du total)

Émissions de CO2 (kg par USD PPA du PIB)

Aires protégées terrestres et marines

(% de la superficie totale du territoire)

Production aquacole (tonnes)

Production de la pêche de capture (tonnes)

Production totale de la pêche (tonnes)

Surface forestière (% de la superficie)

Recettes fiscales (% du PIB)

Niveau global de capacité statistique

(échelle 0 - 100)

Personnes utilisant Internet

(% de la population)

Aide publique au développement nette et

aide publique reçue (USD courants)

0

48,3

..

21,1

100

0,2

..

..

12003

12003

24,2

..

..

0,3

2E+07

0

46,6

59,2

17,1

100

0,1

2,4

..

9255

9255

20,1

7,0

40

7

7E+07

0

44,3

..

20,4

100

0,2

0

..

10738

10738

22,6

..

56,7

2

2E+07

..

45,3

..

19

100

..

..

..

12674

12674

19,9

6,6

42,2

7,5

7E+07

0

46,4

..

16,8

100

0,2

..

..

63447

63447

21

,.7

50

5,1

7E+08

..

..

..

19,1

100

..

0,1

..

16407

16407

..

7,9

34,4

7,9

5E+07

0

47,8

..

17,3

100

0,1

..

..

38180

38180

20,7

6,5

50

5,5

6E+07

..

..

..

..

..

..

0,1

..

..

..

..

9,5

30

..

..

0

48

..

17,3

100

0,1

..

..

36296

36296

20,5

6,9

41,1

6

1E+09

0

44,1

..

17,5

100

0,2

..

..

43732

43732

20,3

7,1

43,3

6,5

8E+07

OBJECTIF 13: MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

OBJECTIF 14: VIE AQUATIQUE

OBJECTIF 15: VIE TERRESTRE

OBJECTIF 16: PAIX, JUSTICE ET INSTITUTIONS EFFICACES

OBJECTIF 17: PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS

145

Annexe 4

Page 155: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 5: Décomposition de l’inégalité urbaine-rurale

Tableau 8: Décomposition inconditionnelle de l’inégalité urbaine/rurale de la

consommation réelle mensuelle par habitant

PERCENTILE DU BAS PERCENTILE MOYEN PERCENTILE DU HAUT

Écart total

Total des dotations

Capital humain

Composition démographique

Secteur d’emploi

Possession d’actifs

Accès aux services de base

Caractéristiques géographiques

Rendements totaux

Capital humain

Composition démographique

Secteur d’emploi

Possession d’actifs

Accès aux services de base

Caractéristiques géographiques

0,402***

[0,046]

0,088*

[0,047]

0,021

[0,019]

0,129***

[0,021]

0,031*

[0,018]

0,064***

[0,025]

0,007

[0,030]

-0,147***

[0,033]

0,314***

[0,061]

-0,008

[0,058]

-0,363**

[0,161]

-0,123**

[0,061]

0,185**

[0,078]

-0,794**

[0,372]

0,335***

[0,106]

0,367***

[0,038]

0,163***

[0,037]

0,056***

[0,014]

0,151***

[0,018]

0,044***

[0,014]

0,033*

[0,018]

0,070***

[0,022]

-0,173***

[0,025]

0,204***

[0,045]

-0,057

[0,043]

-0,481***

[0,118]

-0,138***

[0,045]

0,017

[0,058]

0,163

[0,273]

0,588***

[0,078]

0,333***

[0,064]

0,099**

[0,050]

0,048***

[0,015]

0,094***

[0,015]

0,039*

[0,020]

0,001

[0,019]

0,088***

[0,033]

-0,126***

[0,027]

0,235***

[0,077]

-0,071

[0,061]

0,464***

[0,166]

-0,128

[0,084]

-0,072

[0,079]

-0,249

[0,566]

0,523***

[0,109]

Remarque : Les nombres entre parenthèses sont des écarts types de rééchantillonnage basés sur 100 réplications. * Significatif au seuil de 10 pour cent ; ** significatif au seuil de 5 pour cent ; *** significatif au seuil de 1 pour cent Source : EESIC 2014 et calculs du personnel de la Banque mondiale

146

Annexe 5

Page 156: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 6: Décomposition de la croissance de la consommation

Pour étudier les facteurs de base du recul

observé de la pauvreté, les changements

dans la consommation ont été ventilés en

deux composantes. Une composante est

due à l’amélioration des caractéristiques

personnelles ou de la dotation (tels que

des niveaux d’instruction plus élevés, la

possession d’actifs et l’accès aux opportunités

d’emploi et aux services de base), et l’autre

composante est imputable aux changements

du rendement de ces caractéristiques

(tels que les rendements de l’éducation, la

productivité de la terre, les rendements des

entreprises, etc.).

Ces deux composantes sont ensuite

décomposées pour cerner les attributs

spécifiques qui contribuent aux changements

de la consommation. La décomposition est

appliquée à chaque décile de la distribution

de consommation pour comprendre les

tendances des changements pour les

différents groupes de bien-être.

Le Tableau 9 souligne une amélioration de la

dotation des ménages pour tous les groupes

de population, mais les améliorations sont

plus significatives pour les 30 pour cent les

plus pauvres. L’augmentation des dotations

est due à une expansion significative de la

possession d’actifs, principalement des

moyens de transport et de communication,

et dans une moindre mesure des terres

agricoles. L’amélioration des dotations

s’est accompagnée d’une augmentation du

rendement de leur activité économique -

essentiellement des entreprises non agricoles.

Alors que l’engagement des ménages dans

les activités commerciales semble avoir

diminué au fil du temps, en particulier parmi les

groupes les plus pauvres, les gains provenant

des activités des ménages, essentiellement

des activités non agricoles, semblent avoir

augmenté de manière significative, en

particulier pour les trois déciles du bas. Les

rendements de la terre semblent également

s’être améliorés avec le temps, mais de

manière moins significative pour les plus

pauvres. L’amélioration des rendements des

infrastructures communautaires indique une

plus grande influence positive de l’accès aux

marchés et aux routes locaux sur le niveau

de vie des ménages ces dernières années.

La structure démographique des ménages

semble s’être améliorée, du fait de la réduction

de leur taille et de leur nombre d’enfants,

mais cela semble constituer une contrainte

permanente pour le bien-être des ménages,

leur impact négatif sur le rendement des

ménages semblant s’être accru.

Annexe 6

147

Page 157: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Tableau 9: Décomposition de la croissance de la consommation

PAUVRE CLASSE MOYENNE LE PLUS RICHE

Total

Endowments

Demographic. Structure

Human capital

Employment sector

Assets

Access basic services

Returns

Demographic. Structure

Human capital

Employment sector

Assets

Access basic services

0,118***

0,412***

0,082***

-0,293***

0,031*

0,115***

0,013

-0,293***

-0,775***

-0,242***

0,056*

0,119**

-0,059

0,226***

0,280***

0,156***

0,071***

0,004

0,039***

0,029*

-0,055

-0,260*

-0,157***

0,023

0,034

0,090*

0,269***

0,249***

0,146***

0,057**

0,005

0,051***

0,022

0,020

-0,286*

-0,083*

0,039

-0,006

0,102*

Source : EIM 2004 et EESIC 2014.Remarque : les pauvres se situent dans les deux déciles du bas. Les individus de la classe moyenne sont dans le cinquième décile et les plus riches dans le décile du haut.

Annexe 6

148

Page 158: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 7: Décomposition des inégalités

La décomposition statique des inégalités permet d’expliquer comment les différences de

caractéristiques des ménages affectent le niveau d’inégalité et fournit des indices importants

pour comprendre la structure sous-jacente de la répartition de la consommation réelle par

habitant aux Comores.

La décomposition suit l’approche de Cowell et Jenkins (1995) et consiste à séparer l’inégalité

totale de la distribution de la consommation en inégalité entre les différents groupes de

ménages dans chaque partition, IBetw, et l’inégalité restante au sein du groupe, IWithin.Comme

les mesures les plus décomposées dans la littérature sur les inégalités proviennent de la

classe Entropie générale, l’écart logarithmique moyen (Theil_L) et les indices des dépenses

de consommation mensuelles réelles par habitant Theil_T sont utilisés pour cerner la

contribution des différentiels entre groupes à l’inégalité totale. Les mesures d’inégalité

d’entropie générale permettent l’inégalité totale d’être égale à IBetw + IWithin et le volume

d’inégalité expliqué par les attributs des ménages (ou groupe d’attributs) est mesuré

par IBetw/ITotal, où les inégalités entre les groupes et au sein des groupes sont définies,

respectivement, pour les indices Theil_L et Theil_T comme :

Où fj est la part de la population, vj la part de la consommation, et μj la consommation

moyenne du sous-groupe j; μ consommation moyenne totale, GE0 l’indice Theil_L, et GE1

Theil_T l’indice du sous-groupe j.

with: Theil_L=1/n∑i =1 log and Theil_L=1/n∑i =1 log

Yi est la dépense de consommation mensuelle réelle par habitant des ménages i et y ‐est

la moyenne des dépenses de consommation mensuelles réelles par habitant.

IBetw= [∑j=1 fjlog

IBetw= [∑j=1 fj log

IWithin= [∑j=1 fjGE0

IWithin= [∑j=1 vjGE1

k

k

k

k k

n n

k

j

j

yi

y

yi

y

yi

y

149

Annexe 7

Page 159: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Tableau 10: Décomposition de l’inégalité

NATIONAL

Part des inégalités expliquées par (%)

RURAL

Part des inégalités expliquées par (%)

ANJOUAN

Part des inégalités expliquées par (%)

Niveau d’instruction

du chef de ménage

Sexe du chef

de ménage

Age du chef

de ménage

Situation d’activité

du chef de ménage

Secteur d’emploi du

chef de ménage

Type de famille

Urbain/rural

Localisation régionale

Theil-L

6,52***

(0,01)

0,02

(0,00)

1,04

(0,01)

2,04*

(,.01)

4,65***

(0,01)

5,06***

(0,01)

3,33**

(0,01)

0,28

(0,00)

Theil-L

6,29*

(0,03)

0,31

(0,01)

1,51

(0,01)

4,66**

(0,02)

5,41*

(0,03)

4,38**

(0,02)

1,76

(0,01)

Theil-L

8,60***

(0,02)

0,4

(0,01)

1,86

(0,02)

5,27*

(0,02)

14,60***

(0,03)

4,29*

(0,02)

12,60***

(0,03)

Theil-T

7,11***

(0,02)

0,02

(0,00)

1,03

(0,01)

1,84**

(0,01)

4,83***

(0,01)

5,59***

(0,01)

3,33**

(0,01)

0,27

(0,00)

Theil-T

7,1

(0,04)

0,29

(0,01)

1,46

(0,01)

3,85**

(0,01)

5,78

(0,03)

4,80**

(0,02)

1,67

(0,01)

Theil-T

9,82***

(0,02)

0,4

(0,01)

1,93

(0,02)

4,94**

(0,02)

15,80***

(0,03)

4,97*

(0,02)

13,60***

(0,03)

Source : EESIC 2014. Calculs du personnel de la Banque mondiale* Significatif au seuil de 10 pour cent ; ** significatif au seuil de 5 pour cent ; *** significatif au seuil de 1 pour cent. Les nombres entre parenthèses sont des écarts types de rééchantillonnage basés sur 100 réplications.

150

Annexe 7

Page 160: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 8: Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail

Aux Comores, la participation à la population

active est faible et la proportion de travailleurs

découragés est élevée. À cela s’ajoute le fait

que les Comores sont l’un des trois pays

d’Afrique subsaharienne bénéficiant le plus

d’envois de fonds, les transferts privés nets

représentant environ 13 pour cent du PIB

comorien en 2017. Cette part a presque doublé

entre 2004 et 2014 (Banque mondiale, 2017),

soulevant la question de savoir si les revenus

des envois de fonds pourraient avoir un impact

sur la participation au marché du travail. En

tant que forme de revenu supplémentaire

non lié au travail pour les ménages, les envois

de fonds pourraient réduire la participation

à la population active des ménages qui en

bénéficient (Cox-Edwards et Rodríguez-

Oreggia, 2009). Cela pourrait être dû au fait

que les personnes se sentent moins incitées

à participer à l’économie nationale et à gagner

un salaire puisqu’elles perçoivent un revenu

sous la forme de fonds envoyés par un

travailleur migrant.

Le Tableau 8 ci-dessous présente un bref

aperçu des différences de caractéristiques

selon le statut des destinataires des envois

de fonds des ménages. Comme on peut

le voir clairement, la participation à la

population active (au sens large comme au

sens étroit) a tendance à être statistiquement

significativement plus élevée dans les

ménages non bénéficiaires que dans les

ménages destinataires d’envois de fonds. Les

membres des ménages non bénéficiaires sont

nettement plus jeunes que ceux des ménages

bénéficiaires, mais cela peut s’expliquer par le

fait que ce sont les membres les plus jeunes de

la population active qui migrent pour trouver

du travail et envoient de l’argent pour aider les

membres plus âgés de la famille. Les ménages

recevant des envois de fonds semblent

légèrement de moindre taille que ceux n’en

recevant pas. Cependant, cette différence n’est

pas statistiquement significative.

Les personnes des ménages destinataires

semblent aussi légèrement plus scolarisées

que celles des ménages non bénéficiaires :

beaucoup plus d’individus ont fait des études

supérieures dans les ménages bénéficiaires

(16 pour cent) que ceux des ménages non

bénéficiaires (14 pour cent). Les ménages

bénéficiaires sont également principalement

concentrés dans les îles de Ngazidja et de

Ndzouani, avec 98 pour cent des ménages

bénéficiaires y résidant. Les ménages non

bénéficiaires, cependant, sont nettement plus

répandus sur l’île de Ndzouani (42 pour cent), et

beaucoup moins de ménages non bénéficiaires

sur l’île de Ngazidja (27 pour cent).

Le tableau ci-dessous indique que le fait

d’être destinataire d’envois de fonds n’est

pas attribué au hasard. Il convient donc

d’examiner attentivement la méthode utilisée

pour estimer les effets des envois de fonds

sur la participation au marché du travail.

Conformément à la méthode proposée par

Cox-Edwards et Rodríguez-Oreggia (2009),

des estimateurs du plus proche voisin ont

été utilisés pour estimer l’effet des envois

de fonds sur la participation individuelle à

la population active, ainsi que sur la part de

participation des ménages.

L’appariement au voisin le plus proche est un

type d’appariement du score de propension

utilisé pour apparier les observations d’un

groupe de traitement (destinataires d’envois

de fonds) et d’un groupe témoin (non-

destinataires d’envois de fonds) qui, compte

tenu de leurs caractéristiques sous-jacentes,

ont la probabilité prédite la plus probable

de recevoir le traitement. En pratique, un

modèle probit est exécuté pour modéliser

151

Annexe 8

Page 161: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

où Y1i est le taux de participation à la population

active pour les observations dans le groupe

de traitement (c’est-à-dire ceux qui reçoivent

des envois de fonds) et Y0i est le taux de

participation à la population active pour les

la probabilité de recevoir des envois de

fonds conditionnés par un certain nombre

de covariables. Ensuite, la probabilité de

recevoir des envois de fonds, en fonction

des caractéristiques de chaque observation,

est prédite, et ces probabilités prédites sont

utilisées pour apparier les observations à une

probabilité à peu près égale de recevoir des

observations dans le groupe de contrôle

apparié (c’est-à-dire ceux qui ne reçoivent

pas d’envois de fonds). Di est une observation

accessoire indiquant si l’observation i a reçu

le traitement ou non.

envois de fonds. L’effet des envois de fonds

sur la participation à la population active peut

ensuite être estimé en calculant la différence

entre la participation moyenne à la population

active dans le groupe de traitement et

la participation moyenne à la population

active dans le groupe de contrôle apparié.

Mathématiquement, ceci est donné par :

Tableau 11: Caractéristiques individuelles par envoi de fonds par ménage

TRAVAIL AU SENS STRICTTRAVAIL AU SENS LARGE

N NCoefficient Coefficient

Niveau individuel

Niveau ménage

8955

3129

8955

3129

-0,0206***

(0,0014)

-0,0508***

(0,0009)

-0,0019

(0,0014)

-0,0404***

(0,0008)

Source : EESIC, 2014 Notes : Ajusté en utilisant des poids d’échantillonnage ; *** p <0,01, ** p <0,05, * p <0,1

E[Y1i|Di = 1] - E[Y0i|Di =0]

Le Tableau 8 peut renseigner les covariables

choisies pour expliquer la probabilité qu’un

individu vive dans un ménage ayant reçu

un revenu sous forme d’envoi de fonds. Ces

covariables comprenaient l’âge (ainsi qu’un

quadratique de l’âge), le niveau d’instruction,

une variable fictive pour la situation

matrimoniale, l’île de résidence, le taux de

participation global du ménage (au sens strict

ou large, selon le critère d’intérêt) et la part

d’enfants dans le ménage. Lors du calcul

de l’effet sur la participation au marché du

travail, la variable dépendante d’intérêt était la

participation individuelle au marché du travail

- une variable qui prend la valeur de 1 si la

personne est sur le marché du travail et 0 sinon.

Au niveau des ménages, des variables très

similaires ont été utilisées, notamment l’âge

(et l’âge au carré) du chef de ménage, la part

du ménage dans différentes catégories d’âge

et de niveau d’instruction, la composition de

l’unité familiale au sein du ménage et l’île de

résidence du ménage. Dans ce modèle, la

variable dépendante d’intérêt a été créée en

divisant le nombre de membres actifs d’un

ménage sur le marché du travail par le nombre

de membres du ménage en âge de travailler.

Il s’agit alors d’une mesure de la proportion

du ménage participant au marché du travail.

152

Annexe 8

Page 162: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Bien que l’effet des envois de fonds sur

la participation au marché du travail soit

généralement statistiquement significatif,

l’effet est très faible. Les personnes membres

de ménages recevant des envois de fonds

ne sont que 2,1 points de pourcentage

moins susceptibles de faire partie de la

population active au sens strict et ne sont

pas significativement moins susceptibles,

statistiquement, de participer à la population

active au sens large. Cependant, les

ménages recevant des envois de fonds

ont une part statistiquement moindre de

membres participant au marché du travail

par rapport aux ménages ne recevant pas

d’envois de fonds : le taux de participation du

ménage au marché du travail au sens strict

est en moyenne inférieur de 5,1 points de

pourcentage pour les ménages bénéficiaires

et le taux de participation au marché au

sens large est en moyenne de 4,0 points de

pourcentage inférieure.

Une vérification de la robustesse a également

été effectuée à l’aide de techniques

d’appariement du score de propension

standard. Toutefois, l’appariement au voisin

le plus proche a permis d’obtenir une

correspondance plus équilibrée. Ainsi, les

estimations correspondantes du voisin le plus

proche ont été choisies pour estimer les effets

des envois de fonds dans cette enquête. Les

différences moyennes et les ratios de variance

décrivant la pondération des observations

appariées sont présentés aux Tableaux 10

et 11 pour les individus et les ménages,

respectivement. Il convient également de

noter que les données disponibles pour mener

cette enquête n’incluent pas les envois de

fonds autres qu’en espèces et que, de ce fait,

l’effet global sur la participation au marché

du travail peut être sous-estimé dans ce cas.

Source : EESIC, 2014Notes : Erreurs types entre parenthèses ; ajusté à l’aide de poids d’échantillonnage ; *** p <0,01, ** p <0,05, * p <0,1

Tableau 12: Effet des envois de fonds sur la participation au marché du travail

NARROW LABOR FORCE

N NCoefficient Coefficient

BROAD LABOR FORCE

Niveau individuel

Niveau ménage

8955

3129

8955

3129

-0,0206***

(0,0014)

-0,0508***

(0,0009)

-0,0019

(0,0014)

-0,0404***

(0,0008)

Le Tableau 9 ci-dessous présente les

résultats de l’estimateur du plus proche

voisin au niveau de l’individu et du ménage, à

la fois pour la main-d’œuvre au sens strict et

au sens large, estimée à partir des données

EESIC de 2014. L’effet moyen du traitement

sur les personnes dans le traitement a été

estimé plutôt que l’effet moyen du traitement

dans la population parce qu’il est très peu

probable que les destinataires des envois de

fonds constituent un échantillon aléatoire de

la population.

153

Annexe 8

Page 163: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Tableau 13: Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs

d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau individuel

TRAVAIL AU SENS STRICT

Appariement des scores de propension

Différence moyenne

Différence moyenne

Différence moyenne

Différence moyenne

Appariement des scores de propension

Appariement au voisin le plus proche

Appariement au voisin le plus proche

Ratio de variance

Ratio de variance

Ratio de variance

Ratio de variance

TRAVAIL AU SENS LARGE

Age

Âge au carré

Marié

Rural

Part 0-7

Part 8-14

TPMO du mén.

Enseignement primaire

Enseignement secondaire

Enseignement supérieur

Grande Comore

Anjouan

Mohéli

0,01

0,02

0,06

0,44

0,08

0,03

-0,01

0,03

-0,04

-0,13

0,07

0,25

-0,28

1,03

1,00

1,00

1,19

1,27

1,13

1,02

1,05

0,96

0,83

1,04

1,26

0,26

0,02

0,03

-0,01

0,00

0,01

0,00

-0,02

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

1,06

1,09

1,00

1,00

1,07

1,08

1,16

1,00

1,00

1,00

1,00

1,00

1,00

0,01

0,02

0,06

0,44

0,08

0,03

-0,01

0,03

-0,04

-0,13

0,07

0,25

-0,28

1,03

1,00

1,00

1,19

1,27

1,13

1,02

1,05

0,96

0,83

1,04

1,26

0,26

0,02

0,03

0,00

0,00

0,00

0,00

-0,01

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

1,06

1,09

1,00

1,00

1,06

1,09

1,15

1,00

1,00

1,00

1,00

1,00

1,00

EDUCATION (AUCUNE INSTRUCTION COMME BASE)

ÎLE (MORONI COMME BASE)

Sources: EESIC, 2014

154

Annexe 8

Page 164: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Tableau 14: Différences moyennes et ratios de variance post-diagnostic pour les estimateurs

d’appariement du score de propension et du voisin le plus proche ; niveau du ménage

TRAVAIL AU SENS STRICT

Appariement des scores de propension

Différence moyenne

Différence moyenne

Différence moyenne

Différence moyenne

Appariement des scores de propension

Appariement au voisin le plus proche

Appariement au voisin le plus proche

Ratio de variance

Ratio de variance

Ratio de variance

Ratio de variance

TRAVAIL AU SENS LARGE

Age du chef de ménage

Age du chef de

ménage au carré

Rural

Female Head

Femme chef de ménage

Part des femmes (15-64 ans)

Part 0-7

Part 8-14

Part 65+

Part Primaire

Part Secondaire

Part Supérieur

Parents célibataires

Couple, pas d’enfants

Couple, enfants

Personnes âgées

(65 ans et plus)

Marié

Veuf(ve)/Divorcé(e)

Grande Comore

Anjouan

Mohéli

0,09

0,05

0,67

-0,10

-0,03

0,10

0,04

0,03

0,16

-0,07

-0,19

-0,05

-0,10

0,23

-0,03

0,22

-0,13

0,19

0,24

-0,25

0,85

0,84

1,30

0,92

0,74

0,87

1,14

0,72

1,01

0,73

0,67

0,86

0,82

1,01

0,94

0,75

0,76

1,09

1,24

0,38

0,05

0,06

0,00

0,00

0,04

-0,04

-0,05

0,13

-0,03

0,01

0,04

0,00

0,00

-0,03

0,01

-0,03

0,02

0,00

0,00

0,00

1,07

1,10

1,00

1,00

1,20

0,97

1,08

1,51

0,98

1,10

1,03

1,00

1,00

1,01

1,02

1,05

1,04

1,00

1,00

1,00

0,09

0,05

-0,03

0,67

-0,10

0,10

0,04

0,03

0,16

-0,07

-0,19

-0,05

-0,10

0,23

-0,03

0,22

-0,13

0,19

0,24

-0,25

0,85

0,84

1,30

0,92

0,74

0,87

1,14

0,72

1,01

0,73

0,67

0,86

0,82

1,01

0,94

0,75

0,76

1,09

1,24

0,38

0,05

0,06

0,00

0,00

0,04

-0,04

-0,05

0,13

-0,03

0,01

0,04

0,00

0,00

-0,03

0,01

-0,03

0,02

0,00

0,00

0,00

1.07

1.10

1.00

1.00

1.20

0.97

1.08

1.51

0.98

1.10

1.03

1.00

1.00

1.01

1.02

1,05

1,04

1.00

1.00

1.00

RÉPARTITION DU MÉNAGE PAR ÂGE (PART DES 15-64 ANS OMISE)

ÉDUCATION (PART AUCUNE INSTRUCTION COMME BASE)

COMPOSITION DU MÉNAGE (CÉLIBATAIRE, AUCUN ENFANT OMIS)

SITUATION MATRIMONIALE DU CHEF DE MÉNAGE (CÉLIBATAIRE COMME BASE)

ÎLE (MORONI COMME BASE)

155

Annexe 8

Page 165: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 9: Profil du secteur privé formel aux Comores

Le secteur privé formel des Comores

comprend environ 1 300 à 1 400 micro, petites

et moyennes entreprises (MPME¹⁷⁵) et emploie

environ 50 000 personnes. Bien qu’il n’existe

pas de définition officielle des MPME dans le

pays, l’Union des Chambres de Commerce,

d’Industrie et d’Agriculture (UCCIA) définit

les différentes catégories d’entreprises en

fonction des critères du chiffre d’affaires

annuel, du nombre d’employés et du volume

d’investissements réalisés, comme suit :

• une micro entreprise emploie de 1 à 3

personnes, réalise un chiffre d’affaires

annuel inférieur à 5 millions de KMF et

un investissement ne dépassant pas 3

millions de KMF. Son régime fiscal est la

taxe professionnelle unique (TPU) ;

• une petite entreprise emploie de 4 à

25 personnes, a un chiffre d’affaires

annuel inférieur à 60 millions de KMF

et un investissement ne dépassant pas

20 millions de KMF. Son régime fiscal

est régi par le Service de la fiscalité des

entreprises (SFE) ;

• • une moyenne entreprise emploie de

26 à 200 personnes, réalise un chiffre

d’affaires annuel inférieur à 4 milliards

KMF et a effectué un investissement ne

dépassant pas 1 milliard KMF. Son régime

fiscal est régi par le Service de la fiscalité

des entreprises (SFE) ;

Les sources de données et d'informations les plus fiables sont l'UCCIA, l'INSEED et les bases de données des

autorités fiscales.

¹⁷⁷

Figure 45: Localisation des entreprises par région

Nombre d’entreprises par île (en thousands)

LOCALISATION ENTREPRISES POURCENTAGE

Anjouan

Mohéli

Grande Comore

Total

457

122

741

1320

35%

9%

56%

100%

Anjouan: 35%

Grande Comore: 56%

Mohéli: 9%

156

Annexe 9

Page 166: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Tableau 15: Répartition des chaînes de valeur agricoles au niveau des îles

NATIONAL GRAND COMORE

ANJOUAN MOHÉLI

Girofle

Vanille

Ylang-Ylang

Lait

Viande de volaille

Œufs

Fruits

(Top 3 –

bananes, avocats,

mangues)

Légumes

(Top 3 –

poivre, tomates,

oignons)

Production, 2017 (vol.)

Production, 2016

(val.)

Producteurs

Organisations de

producteurs

Production, 2017

(vol.)

Production, 2016

(val.)

Producteurs

Coopératives

Exportateurs

Production, 2017

(vol.)

Production, 2016

(val.)

Producteurs

Coopératives

Production

Producteurs laitiers

Vaches laitières

Coopératives

Production

Poulets de chair

Production

Pondeuses

Unités semi-

industrielles

Volaille de

basse-cour

Production

Production

3 600 tonnes

43M USD

11 000 – 12 000

5

35 tonnes

9,7m USD

5 000

>3

3

45 tonnes

7,1m USD

1 150 – 3 200

>18

24,8m lt,

4 140

9 450

>1

76 tonnes

16 000

72 000 – 80 000

155

Plusieurs milliers

>5 000 tonnes

>8 000 tonnes

Production

Producteurs

Production

Producteurs

Préparateurs

Production

Producteur

Distillateurs

Production

Producteurs

laitiers

Vaches laitières

Production*

Poulets de chair

Production*

Pondeuses

Unités semi-

industrielles

5%

<100

80%

4 300

3-6

22,22%

50-100

3

2%

100

9 000

75%

12 000

50%

40 000 – 50

000

60

80%

10 000+

NA

300

1 – 3

66,66%

1000-3000

500

97%

4000

300

25%

4 000

40%

25 000 – 30

000

80

Le plus élevé

Le plus élevé

15%

1 000 – 2 000

20%

400

1 – 3

11,11%

100

100

1%

40

150

NA

NA

10%

7 000

15

Le plus bas

Note : Les estimations de la production se réfèrent à la part des îles dans la production nationale annuelle, en volume. La production * est une estimation basée sur le nombre de têtes.

Intermédiaire

Intermédiaire

157

Annexe 9

Page 167: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Annexe 10: Résumé de la capacité statistique du pays

En 20016, les Comores ont obtenu un score

de 32,55 sur 100 sur l’Indice de performance

statistique (IPS) récemment développé par la

Banque, qui mesure la performance statistique

d’un pays en rapport à quatre dimensions.

La première dimension, Méthodologie,

Normes et Classifications (MNC), examine

si les pays respectent la méthodologie

et les normes recommandées au niveau

international pour la collecte et la production

de données. Les Comores ont obtenu un

score de 20,83 dans cette dimension. Le pays

pourrait mieux appréhender son économie

nationale en adaptant les comptes nationaux

au SCN 2008 et en adoptant la méthode

d’enchainement d’indice annuelle pour

les comptes nationaux et l’année de base

de l’IPC. En outre, les Comores pourraient

améliorer encore leur score en se conformant

aux normes internationales relatives au statut

d’emploi et à la classification de la branche

de production nationale ; et en adoptant le

dernier manuel des statistiques des finances

publiques et la comptabilité d’engagements

pour la comptabilité consolidée de

l’administration centrale.

La section Recensements et enquêtes

(RE) examine si les pays ont effectué des

recensements et enquêtes majeurs sous

la forme et à la fréquence recommandées

à l’échelle internationale. Les Comores ont

reçu une note de 20,00 dans cette dimension.

Aucune information n’était disponible pour

confirmer qu’un recensement des entreprises/

établissements avait été effectué. Il n’existait

pas non plus d’informations permettant

de confirmer si des enquêtes agricoles,

des enquêtes sur la main-d’œuvre ou des

entreprises ou des établissements avaient

été menées de manière indépendante,

conformément aux recommandations

internationales. Le score de cette section peut

être amélioré en réalisant les enquêtes clés

susmentionnées.

En termes de Pratiques de diffusion et

d’ouverture (PDO) évaluant la capacité de

diffusion des systèmes statistiques nationaux,

les Comores ont reçu un score de 0. Aucun site

web n’est disponible pour l’Office National de

la Statistique des Comores. Le sous-score peut

s’améliorer considérablement si les Comores

développent un site web pouvant idéalement

fournir une liste d’enquêtes et des ensembles

de microdonnées (mNADA), ainsi que des

métadonnées. Le site web pourrait également

être utilisé pour partager un calendrier de

publication anticipée, développer et fournir

un portail de données avec accès aux

données de séries chronologiques dans un

format réutilisable et mener une enquête de

satisfaction auprès des utilisateurs.

La quatrième dimension, Disponibilité des

indicateurs clés (DIC), vérifie la disponibilité

des indicateurs de base sélectionnés dans

les organisations et bases de données

internationales. Nous avons établi le score

des pays à l’aide de la base de données

des indicateurs de développement dans le

monde en mars 2017. Les Comores ont reçu

un score de 58,33 avec les données de 2016.

Le score montre que les Comores disposent

des dernières données disponibles sur la

vaccination des enfants, le taux de mortalité

infantile, le taux d’achèvement du primaire,

le taux d’alphabétisation des adultes, l’eau et

l’assainissement, et les comptes nationaux.

Cependant, des données plus récentes sur la

sous-alimentation, le chômage et la pauvreté

font défaut.

Le score total de 32,55 indique qu’il existe

un besoin important d’amélioration du

158

Annexe 10

Page 168: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

système statistique dans tous les domaines,

y compris la méthodologie, les normes et

la classification, la capacité de diffusion

et l’ouverture, ainsi que les Objectifs de

Développement Durable récemment adoptés,

afin d’informer correctement le processus

de prise de décision fondé sur des données

factuelles, ainsi que de suivre et d’évaluer les

progrès en matière de développement des

prochaines années.

Annexe 10

159

Page 169: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

Tableau 16: Matrice de notation détaillée du SPI pour les Comores

MÉTHODOLOGIE, NORMES ET CLASSIFICATIONS

SCORE 0INDICATEUR SCORE 1 SCORE 0,5 PONDÉRATION

NOTEPONDÉRÉE

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

Système de

comptabilité

nationale utilisé

Année de base des

comptes nationaux

Classification de

l’industrie nationale

Année de base

de l’IPC

Classification de la

consommation des

ménages

Classification du

statut d’emploi

Situation

comptable de

l’administration

centrale

Élaboration des

statistiques

de finances

publiques

Élaboration des

statistiques

monétaires et

financières

Abonnement

SGDD/e-GDDS

ECSV

SNA2008/ESA 2010

Enchainement annuel

des indices

Adoption de la dernière

version (CITI Rév. 4,

NACE Rév. 2 ou

classification compatible).

Enchainement annuel des

indices

Suive la Classification de la

consommation individuelle

par fonction (CCIF)

Suivre les directives de

l’Organisation Internationale

du Travail, Classification

internationale du statut

d’emploi (CISP-93).

La comptabilité consolidée

de l’administration centrale

suit la méthode de

comptabilité d’exercice.

Suivre le dernier Manuel

statistique des finances

publiques (2014)

Suivre le dernier Manuel des

statistiques monétaires et

financières (2000) ou Statistiques

monétaires et financières : Guide

de compilation (2008)

Souscrire aux normes NSDD

du FMI

Manuel du SCN1993/

AMQ 2001/ SEC 1995

Au cours des 10

dernières années

La version précédente est

utilisée (CITI Rév. 3,

NACE Rév. 1 ou une

classification compatible).

Au cours des 10

dernières années

N.A

N.A

La comptabilité consolidée

de l’administration centrale

suit la méthode de la

comptabilité de caisse.

La version précédente

est utilisée (MSFP 2001)

N.A

Souscrire aux normes

e-GDDS du FMI

Autrement

Autrement

Autrement

Autrement

Autrement

Autrement

Autrement

Autrement

Autrement

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

12

0

0

0

0

1

0

0

0

1

0,5

0

0Processus de gestion (MGPSA)

Note maximale de la catégorie :

Score Pays MNC = Note pondérée/Note maximale de la catégorie X 100

Score du pays :

2,5

20,83

20,83

Annexe 10

160

Page 170: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

RECENSEMENTS ET ENQUÊTES - RECENSEMENTS

RECENSEMENTS ET ENQUÊTES - ENQUÊTE

SCORE 0

SCORE 0

INDICATEUR

INDICATEUR

SCORE 1

SCORE 1

SCORE 0,5

SCORE 0,6 SCORE 0,3

POIDS

POIDS

NOTE PONDÊRÊÊ

NOTE PONDÊRÊÊ

1

2

3

4

5

6

7

8

Recensement de la population et de l’habitat

Recensement de l’agriculture

Recensement des entreprises/établissements

Enquête auprès des ménages sur le revenu/ la consommation/ les dépenses/ le budget/ l’enquête intégrée

Enquête sur l’agriculture

Enquête sur la main-d’œuvre

Enquête sur la santé et la démographie

Enquête sur les entreprises/établissements

Recensement de la population effectué au cours des 10 dernières années

Recensement de l’agriculture effectué au cours des 10 dernières années

Recensement des entreprises/établissements réalisés au cours des 10 dernières années

3 enquêtes auprès des ménages ou plus réalisées au cours des 10 dernières années

3 enquêtes agricoles ou plus réalisées au cours des 10 dernières années

3 enquêtes ou plus sur la main-d’œuvre réalisées au cours des 10 dernières années

3 enquêtes sur la santé ou plus réalisées au cours des 10 dernières années

Au moins 3 enquêtes auprès des entreprises ou des établissements réalisées au cours des 10 dernières années

2 enquêtes auprès des ménages réalisées au cours des 10 dernières années

2 enquêtes agricoles réalisées au cours des 10 dernières années

2 enquêtes sur la main-d’œuvre réalisées au cours des 10 dernières années

2 enquêtes sur la santé réalisées au cours des 10 dernières années

2 enquêtes auprès des entreprises/établissements réalisées au cours des 10 dernières années

1 enquête auprès des ménages réalisée au cours des 10 dernières années

1 enquête agricole réalisée au cours des 10 dernières années

1 enquête sur les forces de travail réalisée au cours des 10 dernières années

1 enquête sur la santé réalisée au cours des 10 dernières années

1 enquête auprès des entreprises/établissements réalisée au cours des 10 dernières années

Recensement de la population effectué au cours des 20 dernières années

Recensement de l’agriculture effectué au cours des 20 dernières années

Recensement des entreprises/établissements réalisés au cours des 20 dernières années

Autrement

Autrement

Autrement

Aucune au cours des 10

dernières années

Aucune au cours des 10

dernières années

Aucune au cours des 10

dernières années

Aucune au cours des 10

dernières années

Aucune au cours des 10

dernières années

1

1

1

1

1

1

1

1

5

8

0,5

0,5

0

0,3

0

0

0,3

0

0,6

1,6

20,00

20,00

Maximum category score: 8

CS Country Score = Weighted Score / Maximum Category Score X 100

Country Score:

161

Annexe 10

Page 171: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

PRATIQUES DE DIFFUSION ET OUVERTURE - 1. CAPACITÉ DE DIFFUSION DE L'ONS

PRATIQUES DE DIFFUSION ET OUVERTURE - 2. TRANSPARENCE DES DONNÉES

INDICATEUR

INDICATEUR

SCORE 1

SCORE

SCORE 0 POIDS

POIDS

NOTE PONDÊRÊÊ

NOTE PONDÊRÊÊ

1

2

3

4

5

6

7

8

L’ONS a un calendrier de diffusion préalable et il est publié.

L’ONS a une liste des enquêtes et des ensembles de

microdonnées (ou NADA).

L’ONS dispose d’un portail de données.

Les indicateurs des séries chronologiques peuvent être

téléchargés gratuitement en format réutilisable.

Des métadonnées sont disponibles indiquant la définition, la

méthodologie, les normes ou les classifications des séries

de données existantes.

L’ONS a mené une enquête de satisfaction auprès

des utilisateurs.

Des données géospatiales sont disponibles sur le site web

de l’ONS

Note maximale pour la sous-catégorie : 7

Inventaire ouvert des données : na

Note maximale pour la sous-catégorie : 0

Note maximale de la catégorie : 7

Note du pays OPD = note pondérée/note maximale de la catégorie X 100

Score du pays :

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Score ODIN

/100 : na

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Score ODB:

na

1

1

1

1

1

1

1

7

7

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0,00

0,00

162

Annexe 10

Page 172: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

DISPONIBILITÉ DES INDICATEURS CLÉS

SCORE 0INDICATUER SCORE 1 - DONNÉES DISPONIBLES POUR LES

3 DERNIÈRES ANNÉS

POIDS NOTE PONDÊRÊÊ

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

Taux de pauvreté aux seuils de pauvreté nationaux

(% de la population)

Taux de mortalité des moins de 5 ans

(pour 1 000 naissances vivantes)

Vaccination contre la rougeole

(% des enfants âgés de 12 à 23 mois)

Taux d’achèvement du cycle primaire, total

(% du groupe d’âge concerné)

Taux d’alphabétisation, total des adultes

(% des personnes âgées de 15 ans et plus)

Source d’eau améliorée

(% de la population ayant accès à l’eau)

Chômage, total (% de la population active totale)

(estimation nationale)

Industrie manufacturière, valeur ajoutée (% du PIB)

Formation brute de capital (% du PIB)

Inflation, déflateur du PIB (% annuel)

Échanges nets de biens et services

(BdP, en dollars courants)

Prévalence de la sous-alimentation

(% de la population)

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

Non

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

12

0

1

1

1

1

1

0

0

1

1

0

0

7

58,33

58,33

32,55

Note maximale de la catégorie : 12

Disponibilité des indicateurs clés Score du pays = Score pondéré du pays/Score maximal

de la catégorie X 100

Score du pays :

Score total de l’IPS

163

Annexe 10

Page 173: Public Disclosure Authorized DIAGNOSTIQUE …...Tableau 3 : Modifications de la Constitution suite au référendum du 30 juillet 2018 35 Tableau 4 : Quelques indicateurs macroéconomiques

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"IMG_9802" (CC BY-NC 2.0) by hannahjane.b. Vue la dernière fois 27.03.2019. Flickr.

"Mutsamudu Medina" (CC BY 2.0) by D-Stanley. Vue la dernière fois 27.03.2019. Flickr.

"The Value of Clean Water" (CC BY-NC-ND 2.0) by AIO SIDS IWRM Project. Vue la dernière fois

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