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Financement : Crédit IDA N° 52 76 – CM Agence d’exécution : SEMRY
AVENANT N° 001/AV/M/MINEPAT/SEMRY/PULCI/SPM/RAF/2017
AU MARCHE N°003/MINEPAT/SEMRY/PULCI/SPM/15
ETUDE ET MISE EN PLACE D’ASSOCIATIONS D’USAGERS DE L’EAU DANS LES PERIMETRES IRRIGUES DE LA SEMRY ET L’APPUI A L’OPERATION ET A LA MAINTENANCE DES INFRASTRUCTURES
HYDRO-AGRICOLES
Livrable 3.4
Etude de la capacité à payer
Gpt SETICO INGENIEURS CONSEILS / TPF PLANEGESACREE CŒUR III VDN EXTENSION/VILLA NR 157 BD – BP : 2116 DAKAR RP – SENEGAL
Tel : (221) 33 869 21 11 / 13 Fax : (221) 33 860 25 55 E-mail : [email protected] / [email protected]
BP : 5983 YAOUNDE - CAMEROUN – TEL. : (237) 33 01 96 23/22 20 79 52
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MC
SETICO-TPF PLANEGE
MISSION : ETUDE ET MISE EN PLACE D’ASSOCIATIONS D’USAGERS DE L’EAU DANS LES PERIMETRES IRRIGUES DE LA SEMRY ET L’APPUI A L’OPERATION
ET A LA MAINTENANCE DES INFRASTRUCTURES HYDRO-AGRICOLES
Réf Contrat :
AVENANT N° 001/AV/M/MINEPAT/SEMR
Y/PULCI/SPM/RAF/2017 AU MARCHE
N°003/MINEPAT/SEMRY/PULCI/SPM/15
Version :
V1
Nb pages :
30
Document rapport information et
sensibilisation des acteurs des PIAUE :
juillettt2017
Date :
27 /07/2017
Rédigé par : groupe
d’experts
Vérifié par :
SALIOU MBODJ
Validé par : Client
3
Sommaire
RESUME DE L’ETUDE..........................................................................................................................4
INTRODUCTION....................................................................................................................................5
1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE.....................................................................6
2. DEFINITION DES CONCEPTS ET APPROCHE METHODOLOGIQUE, OUTILS ET MATERIEL DE L’ETUDE......................................................................................................................6
2.1. DEFINITION DES CONCEPTS..................................................................................................6
2.1.1. LA CAPACITE A PAYER..........................................................................................................6
2.1.2. LE CONSENTEMENT A PAYER..............................................................................................7
2.1.3. LA REDEVANCE........................................................................................................................8
2.1.4. LA REDEVANCE A LA SEMRY...............................................................................................8
2.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE..................................................................9
2.3. OUTILS ET MATERIEL...........................................................................................................10
3. RESULTATS DE L’ETUDE.....................................................................................................11
3.1. CATEGORISATION DE LA REDEVANCE...........................................................................11
3.2. DETERMINATION DE LA REDEVANCE A PAYER PAR LES USAGERS D’EAU.........11
3.2.1. Récapitulatif des coûts d'O&M par hectare ainsi la répartition des charges entre l'état et les AUEIs:....................................................................................................................................................11
3.2.2. Composition de la redevance hydraulique:................................................................................13
3.3. DETERMINATION DE LA CAPACITE FINANCIERE DU RIZICULTEUR.......................13
3.3.1. DETERMINATION DU REVENU DE L’EXPLOITATION RIZICOLE : LE COMPTE D’EXPLOITATION RIZICOLE............................................................................................................13
3.3.1.1. CONDITIONS DE PRODUCTION D’UNE PARCELLE (UN DEMI-HECTARE):......14
3.3.1.2. CONDITIONS DE COMMERCIALISATION.................................................................14
3.3.2. LES AUTRES SOURCES DE REVENUS DU RIZICULTEUR..............................................18
3.3.3. DETERMINATION DE LA CAPACITE A PAYER DU RIZICULTEUR..............................19
4. DISCUSSION DES RESULTATS DE L’ETUDE....................................................................19
4.1. REVENU DU RIZICULTEUR ET SEUIL DE PAUVRETE....................................................19
4.2. SENSIBILITE DE LA RENTABILITE D’UNE EXPLOITATION RIZICOLE A LA REDEVANCE........................................................................................................................................20
4
4.3. LA PERCEPTION ET LE CONSENTEMENT DU RIZICULTEUR A PAYER LA REDEVANCE........................................................................................................................................24
4.4. LE PAIEMENT DE LA REDEVANCE....................................................................................25
4.4.1. LES ASSUJETTIS A LA REDEVANCE DE L’EAU...............................................................25
4.4.2. LES MODALITES DE PAIEMENT DE LA REDEVANCE....................................................25
5. RECOMMANDATIONS...........................................................................................................26
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................................27
5
RESUME DE L’ETUDELa présente étude mesure la capacité à payer et apprécie le consentement à payer des
exploitants rizicoles qui sont les principaux usagers de l’eau dans les périmètres irrigués de
la SEMRY.
La capacité à payer est l’aptitude financière d’une personne physique ou morale à honorer
ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. En revanche le consentement à payer est
l’acceptation d’une personne à honorer ses engagements vis-à-vis de ses créanciers.
Dans les périmètres irrigués, l’activité rizicole donne la possibilité aux riziculteurs de payer
leurs dettes. Cependant, il ressort de l’étude diagnostic des périmètres irrigués de la
SEMRY, que les riziculteurs contestent le payement de la redevance et mettent en cause la
qualité des services associés à celle-ci.
Par ailleurs, la mission de la SEMRY de lutter contre la pauvreté n’est pas accomplie. En
effet, que l’on arrime la redevance à la capacité à payer du riziculteur ou qu’on la maintienne
au niveau actuel, le revenu par personne dans la famille du riziculteur reste en deçà du seuil
de pauvreté.
Toutefois, pour amortir les investissements en matière de réhabilitation des périmètres, il y a
lieu d’étendre l’assiette de la redevance en faisant payer tout usager de l’eau.
Il est également nécessaire de distinguer la redevance hydraulique de la redevance agricole
(qui comprend les frais de campagne) et d’améliorer les modalités de paiement et de
recouvrement de ladite redevance.
6
INTRODUCTION
La problématique de la productivité et de la compétitivité des exploitations rizicoles a suscité
depuis environ (5) cinq années des interrogations sur l’efficacité du système de production
structuré autour de la SEMRY.
Quelques études ont alors été réalisées et ont montré des goulots d’étranglement de nature
diverses sur la chaine de production du riz. Il s’agit :
- de l’obsolescence des infrastructures hydrauliques ;
- de la non appropriation des AHA par les producteurs ;
- de la faiblesse organisationnelle des producteurs rizicoles ;
- des insuffisances dans l’application des thèmes techniques et du chevauchement des
campagnes
- de la faiblesse communicationnelle des parties prenantes des localités rizicoles,
notamment la SEMRY, et les administrations sectorielles ;
- des conflits sociaux professionnels entre les riziculteurs et les éleveurs transhumants
en particuliers ;
- de la frustration des riziculteurs vis-à-vis de la SEMRY du fait de la mauvaise qualité
des services (mauvaise qualité du labour notamment).
Alors plusieurs solutions ont été envisagées notamment :
- la réhabilitation des périmètres ;
- la responsabilisation des producteurs dans la gestion de l’eau et l’entretien des
infrastructures
- l’acquisition d’équipements lourds et leur maintenance ;
- la réorganisation du dispositif d’ensemble y compris l’encadrement des producteurs
rizicoles ;
- l’amélioration de la communication et même l’implication des diverses parties
prenantes.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’Urgence de Lutte Contre les Inondations
(PULCI), il est envisagé la réhabilitation des digues du Logone et de Maga et la
réhabilitation de 7 500 ha d’aménagements hydro-agricoles à maitrise totale d’eau en aval et
en amont du barrage de Maga.
La réhabilitation des infrastructures et équipements des périmètres irrigués, dans une
optique de gestion durable ouvre la possibilité aux producteurs rizicoles, d’améliorer leurs
7
conditions d’exploitation. Elle constitue un investissement important qui demande à être
préservé. Cette préservation pourrait induire une situation où les producteurs seraient
davantage sollicités financièrement et peut-être au-delà de leurs capacités financières.
La présente étude vise à examiner l’aptitude des exploitants rizicoles exerçants dans les
périmètres irrigués de la SEMRY à payer la redevance, afin d’en tirer les enseignements
pour le fonds d’entretien à mettre en place au sein de la SEMRY. Elle s’articule autour de
quatre parties.
La première partie est relative au contexte et la justification de l’étude ;la deuxième partie
définie les concepts, l’approche méthodologique, les outils ainsi que le matériel utilisés; la
troisième et la quatrième parties présentent et discutent les résultats de l’étude.
1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE
Comme dans les études précédentes, la présente étude intervient dans le cadre de l’avenant
N°001/AV/M/MINEPAT/SEMRY/PULCI/SPM/RAF/2017 au marché N°
003/MINEPAT/SEMRY/PULCI/SPM/15 relatif à l’étude et mise en place d’Associations
d’Usagers de l’Eau dans les périmètres irrigués de la SEMRY et l’appui à
l’opérationnalisation et la maintenance des infrastructures hydro-agricoles.
2. DEFINITION DES CONCEPTS ET APPROCHE METHODOLOGIQUE, OUTILS ET MATERIEL DE L’ETUDE
Le présent chapitre vise à définir les concepts utilisés, l’approche méthodologique les outils
et le matériel de l’étude.
2.1. DEFINITION DES CONCEPTS
2.1.1. LA CAPACITE A PAYER
La capacité à payer ou la capacité de paiement est une appréciation, au vu de la situation
financière d'un agent économique, de son aptitude financière à payer les différents
engagements, qu'il a vis-à-vis de ses créanciers, à terme échu.Dans le cas d’espèce, la
notion de capacité à payer a trait aux revenus des producteurs et au montant des
subventions publiques dans le secteur de l’irrigation. La capacité à payer correspond à la
partie des coûts d’irrigation que les producteurs peuvent raisonnablement prendre en charge
8
compte tenu des revenus qu’ils tirent de l’irrigation, l’autre partie étant prise en charge par
des subventions publiques.1
Elle a principalement fait l’objet d’étude dans les domaines du crédit bancaire et de la
fiscalité. Dans le domaine du crédit bancaire, la capacité de paiement est fonction du niveau
d'endettement de la personne morale ou physique, mais également de sa capacité à liquider
rapidement ses actifs.
Ainsi, les banques et les prêteurs évaluent la façon dont un emprunteur sera en mesure de
rembourser le principal et les intérêts relatifs à un emprunt. Cette évaluation vient du
processus de demande de prêt où les banques et les prêteurs regardent l’historique de crédit
et les flux de trésorerie.
En ce qui concerne la fiscalité, la capacité à payer est un concept de redistribution où les
individus et les familles les plus pauvres ou à faible revenu sont épargnés des lourdes
charges fiscales, mettant l'accent sur la redistribution des revenus par l'impôt du
gouvernement.
Autant en finance bancaire qu’en fiscalité, le concept de capacité à payer est lié aux flux de
trésorerie tant pour les particuliers que pour les entreprises (les exploitations rizicoles dans
le cadre de la présente étude).
En définitive, la « capacité à payer » est un principe selon lequel les taxes devraient varier
en fonction du niveau de richesse ou de revenu d'un individu.
2.1.2. LE CONSENTEMENT A PAYER
Le consentement à payer se rapporte à la volonté de l’individu ou d’une organisation à
payer un service ou un produit. C’est le lieu de distinguer la « capacité à payer » d’avec le
« consentement à payer » qui sont des concepts proches.
Le « consentement à payer », est la mesure de ce qu’un individu serait prêt à donner pour
bénéficier d’un bien (ou des bienfaits d’un projet). Il s’agit d’une mesure monétaire de la
variation de bien-être d’un individu qui serait nécessaire pour qu’il accepte le changement de
situation associé à une décision publique (telle que la réalisation d’un projet), ou ce à quoi
une personne serait prête à renoncer en termes d’autres opportunités de consommation.
1Groupement SHER-GRET ( 2012) : Etude sur la capacitéà payer des AUEde la Vallée de Sourou
9
Ainsi la « capacité à payer » et le « consentement à payer » sont néanmoins des concepts
qui procèdent de la recherche d’équité dans le paiement du prix du service public
notamment.
Le principe fondamental de la capacité à payer
La possibilité de payer est un principe économique stipulant que le montant de l'impôt qu'une
personne paie devrait dépendre du niveau de charge que la taxe créera par rapport à la
richesse de l'individu. Le principe de la capacité de paiement suggère que le montant réel de
la taxe payée n'est pas le seul facteur qui doit être pris en compte et que d'autres problèmes,
tels que la capacité de payer, devraient également être considérés.
L'application de ce principe conduit à un système fiscal progressif, dans lequel les personnes
ayant des revenus plus élevés sont invitées à payer plus d'impôts que les personnes à faible
revenu. Les taxes progressives tentent de réduire le fardeau fiscal des personnes ayant
moins de capacité à payer.
2.1.3. LA REDEVANCE
La redevance est un paiement qui doit avoir lieu de manière régulière, en échange d'un droit
d'exploitation (brevet, droit d'auteur, droit des marques, mine, terre agricole, etc.) ou d'usage
d'un service.
Plusieurs concepts sont proches de la redevance. Il s’agit de l’impôt et de la taxe. Les
redevances et les taxes, se distinguent des impôts par le fait qu'elles ne sont payées que si
les services associés ont été consommés. .
Néanmoins, la redevance se distingue de la taxe en ce qu’elle est un prélèvement non
obligatoire payé par l'usager d'un service alors que la taxe est un prélèvement obligatoire au
profit d'un service public déterminé duquel le débiteur est usager (exemple : taxe sur les
ordures ménagères).
2.1.4. LA REDEVANCE A LA SEMRY
Les propriétaires de parcelles rizicoles dans les périmètres irriguées paient chaque année
une redevance pour les services qui leurs seront rendus par la SEMRY pour une saison. .
La redevance donne droit aux prestations suivantes :
- L’accès à l’eau ;
- Le labour ;
10
- L’entretien des ouvrages hydrauliques ;
- L’animation/encadrement des riziculteurs.
Ainsi la redevance à la SEMRY est une avance sur consommation des services attendus.
2.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE
La démarche méthodologique est celle qui a été indiquée dans l’étude diagnostic. Il s’agit
d’une démarche menée de manière à permettre la collecte de données et assurer la
synthèse des données en vue d’atteindre l’objectif de diagnostic d’une part, et de proposer
des actions prioritaires visant le bon épanouissement des groupements coopératifs et
association de l’eau dans les périmètres irrigués de la vallée du Logone d’autre part.
Pour mieux appréhender le milieu de l’étude, permettre une bonne identification du rôle des
acteurs clés, le modèle d’analyse systémique a été appliqué. Celui-ci a fait référence à une
approche globale et intégrée basée sur le modèle PESTEL (fondé sur les six axes politique,
économique, socio-culturel, technologique, écologique, législatif) et adossé sur le cadre
SWOT (strengths, weaknesses, opportunities, and threats2 ) se rapportant aux organisations
paysannes existantes.
Comme déjà indiqué, ce cadrage aura permis d’anticiper sur les variables de questionnaires
et des entretiens.
Une analyse documentaire a été menée tout au long de l’étude chaque fois que de besoin,
pour compléter les données collectées sur le terrain.
La collecte de données a porté sur les stations 1, 2, et 3 pour le périmètre de Yagoua et sur
les casiers 1, 2, 3, et 4 pour le périmètre de Maga.
Il convient de rappeler que la collecte de données a porté sur les cibles que sont les
responsables des coopératives et les riziculteurs. Les riziculteurs ont été choisis de manière
aléatoire selon la position de leur parcelle dans les casiers en rapport avec l’accès à l’eau.
Ainsi l’échantillon de riziculteurs dans un casier est constitué de deux (02) riziculteurs dont
les parcelles sont proches du canal d’eau, deux (02) riziculteurs moyennement éloignés de
l’eau et deux (02) riziculteurs éloignés de l’eau.
Les cinq (05) enquêteurs formés ont été déployés sur le terrain dont trois (03) dans le
périmètre de Yagoua et deux (02) dans le périmètre de Maga. Chaque enquêteur se devait
de collecter les données auprès de douze (12) riziculteurs soit un total de soixante
2 Traduit en français par forces, faiblesses, opportunités et menaces (FFOM)
11
riziculteurs (60) enquêtés dont trente-six (36) dans le périmètre de Yagoua et vingt-quatre
(24) dans le périmètre de Maga.
Les données ainsi collectées ont permis d’avoir une compréhension d’ensemble de la réalité
organisationnelle, sociale, et économique du riziculteur et des organisations rizicoles dans
les périmètres irrigués.
2.3. OUTILS ET MATERIEL
Le choix des outils et du matériel a été motivé par le besoin de présenter des résultats qui
restituent au mieux la réalité du revenu de l’exploitant rizicole dans son milieu et la nécessité
de contribuer à la construction d’un dispositif organisationnel durable où les exploitations
rizicoles paient délibérément la redevance.
Comme souligné plus haut,l’enquête a été réalisée sur un échantillon de 77 sujets répartis
comme suit : 70 chefs d’exploitations rizicoles dans les 3stations de pompage de Yagoua et
4 casiers de Maga d’une part et sept (7) bureaux de coopératives de producteurs sur les
huit (8) et de semenciers des deux sites. Tandis que les exploitations rizicoles ont été tirées
de façon aléatoire, les rencontres avec les bureaux coopératifs se sont faites de manière
systématique les unes après les autres.
Les questionnaires appliqués aux exploitants rizicoles étaient axées sur la structure des
coûts d’une exploitation rizicole et l’origine et la nature des ressources financières des
exploitations rizicoles. La stratégie d’enquête consistait également à prendre en compte des
femmes, des jeunes et des personnes moins âgées. Dans une approche genre, les
questions concernaient l’environnement social et professionnel en général et aussi en
rapport avec leur nature de personne. Auprès des coopératives, les questions étaient
essentiellement axées sur leur niveau d’organisation, le niveau d’appropriation des membres
des processus organisationnels, leur relation avec l’environnement (la SEMRY, les
administrations sectorielles, le marché, les acteurs à capacité de financement, les autres
acteurs professionnels tels que les éleveurs), la maitrise de l’activité des exploitants rizicoles,
leurs difficultés majeures.
Un protocole d’interview a aussi été appliqué sur les responsables de la SEMRY, ceux
d’administrations sectorielles, et quelques ONG. Les données collectées ont été saisies sur
Excel avant d’être transférées sur SPSS pour l’analyse et l’interprétation.
12
3. RESULTATS DE L’ETUDE
Il s’agit ici de proposer une catégorisation de la redevance et de déterminer la capacité à
payer du riziculteur.
3.1. CATEGORISATION DE LA REDEVANCE
Il conviendrait de distinguer au préalable, les services en relation directe avec l’eau des
services en relation indirecte avec celle-ci. Les services de fourniture d’eau et les services
d’entretien des équipements hydrauliques peuvent être considérés comme étant en relation
directe avec de l’eau.
En revanche, les services de labour et ceux d’animation ou d’encadrement peuvent être
rattachés aux activités agricoles. Il en découle que la redevance peut être classée en deux
catégories que sont la redevance hydraulique constituées des frais d’entretien des
équipements hydrauliques et du service d’eau et la redevance agricole constituée des frais
de labour et d’animation. Dans la présente étude, l’attention sera plus portée sur la
redevance hydraulique.
3.2. DETERMINATION DE LA REDEVANCE A PAYER PAR LES USAGERS D’EAU
L’objectif de la redevance est le recouvrement des coûts d’O&M des périmètres irrigués et
leur mobilisation effective pour assurer la durabilité des investissements.
3.2.1. Récapitulatif des coûts d'O&M par hectare ainsi que la répartition des charges entre l'état et les AUEI:
Au vu des estimations des charges récurrentes et des charges d'amortissement qui
précèdent, les coûts à l'hectare d'O&M ainsi que leur répartition entre l'état et les AUEI sont
récapitulés dans le tableau N°25.
Tableau N° 25: coûts à l'hectare d'O&M ainsi leur que répartition entre l'état et les AUEI.
DésignationCoût total OM (FCFA/ha)
Coûts OM pris en charge par l'Etat (FCFA/ha)
Coûts OM pris en charge par les AUEI (FCFA/ha)
1. Entretien
1.1 entretien des infrastructures d'irrigation et drainage 45 131 0 45 131
13
DésignationCoût total OM (FCFA/ha)
Coûts OM pris en charge par l'Etat (FCFA/ha)
Coûts OM pris en charge par les AUEI (FCFA/ha)
1.2 entretien des stations de pompage 11 517 0 11 517
1.3 entretien des investissements structurants (digues de MAGA ) 6 590 5 958 633
1.4 entretien des investissements structurants (digues de LOGONE, pises) 8 147 8 147 0
2. Station de pompage et équipements hydromécaniques et électro - mécaniques
2.1 électricité stations de pompage 39 946 21 946 18 000
3. Frais de personnel des AUEI et primes de gouvernance
3.1 Frais du personnel AUEI 2 759 0 2 759
3.2 Primes AUEI 7 540 0 7 540
4. Provisions pour renouvellement station de pompage 28 073 14 073 14 000
149 703 50 124 99 579
Appui SEMRY 1000 0 1500
Coût OM par ha 150 703 50 124 101 079
(Source (étude O&M SETICO/TPF PLANEGE 2017)
Il ressort de ce qui précède que les coûts d'O&M supportés par les AUEI sont de l'ordre de
102 000 FCFA par hectare par an, soit environ 51 000 FCFA par parcelle de 0,5 ha par an.
Ces coûts sont dans le même ordre de grandeur que les 26500 FCFA par campagne par
14
parcelle de 0,50 ha correspondant à la redevance hydraulique actuellement en vigueur sur
les AHA de YAGOUA et MAGA.
Cette redevance payée par les producteurs s’élève à près de 67% du coût de l’O&M. L‘appui
de l’Etat serait de 33%
3.2.2. Composition de la redevance hydraulique:
La composition de la redevance actuelle est la suivante:
Entretien: 22500 F CFA; Service Eau: 3000 FCFA; Animation: 2000 FCFA; Labour: 23500 FCFA,
TOTAL: 51 000 FCFA
Cette composition n'est pas viable dans la mesure où elle ne prend en compte, ni la
participation des usagers aux coûts de fonctionnement (ne serait que de manière partielle et
pédagogique), ni la participation au renouvellement des pompes et équipements hydro -
mécaniques et électro - mécaniques qui constituent le cœur de tout système d'irrigation.
De plus, il y a nécessité de séparer les fonctions de production qui seront confiées aux
Coopératives,des fonctions d'O&M qui seront assurées par les AUEI.
Ainsi, il est défini une redevance hydraulique tournée vers la durabilité du système, sans
incidence financière pour les irrigations, à travers la reformulation suivante:
Entretien réseau : 22 565 FC FA; Entretien Station de pompage (YAGOUA) ou Ouvrage de Prise (MAGA): 5769 FCFA; Amortissement SP (YAGOUA) ou Ouvrage de Prise (MAGA): 18 000FCFA, Electricité: 3000 FCFA en valorisant l'irrigation d'appoint en saison pluvieuse; Personnel: 500FCFA ; Appui SEMRY: 1000 FCFA
Total: 51891 FCFA
3.3. DETERMINATION DE LA CAPACITE FINANCIERE DU RIZICULTEUR
Il s’agit ici de déterminer les revenus du paysan issus de ses activités rizicoles et d’indiquer
ses autres sources de revenu.
15
3.3.1. DETERMINATION DU REVENU DE L’EXPLOITATION RIZICOLE : LE COMPTE D’EXPLOITATION RIZICOLE
Le compte d’exploitation est un outil qui permet de calculer le revenu du riziculteur et de
mesurer la rentabilité de son exploitation. La rentabilité indique ou mesure le niveau du
retour de l’investissement et détermine le revenu de l’investisseur. Ainsi pour ce qui est des
revenus du riziculteur le compte d’exploitation d’une parcelle dépend selon que celui-ci vend
le riz paddy ou le riz décortiqué.
Comme il a été indiqué dans l’étude diagnostic, ce compte d’exploitation se présente ainsi
qu’il suit, dans les conditions de production et de commercialisation suivantes :
3.3.1.1. CONDITIONS DE PRODUCTION D’UNE PARCELLE (UN DEMI-HECTARE):
Les conditions de production dans une parcelle sont les suivantes :
Le rendement en culture de saison sèche (SS) est de 40 sacs de paddy de 80 KG
Le rendement en culture de saison de pluie (SP:) est de 35 sacs de paddy de 80 KG.
Un Sac de paddy de 80kg produit 56kg de riz consommé (riz blanc), 12kg de son et
12kg de balle (déchets)
3.3.1.2. CONDITIONS DE COMMERCIALISATION
Les conditions de commercialisation sont les suivantes :
Le prix de vente du paddy proposé par la SEMRY est de140 FCFA
Le prix de vente du riz consommé (riz décortiqué) sur le marché de Yagoua est de
325 F CFA
Le prix de vente d’un sac (60kg) de son est fixé entre 1500 et 2000F CFA.
Sous ces conditions, les comptes d’exploitation se présentent comme suit :
16
Tableau 1: Compte d’exploitation sur un demi-hectare d’un riziculteur qui vend le paddy
N°
Désignations Montants
Saison Sèche(SS) Saison des Pluies(SP)
1
Paiement redevance (accès à
l’eau, labour, entretien canaux,
encadrement)
51 000 51 000
1) Phase pépinière
2 Achat semences 3 650 3 650
3 Mise en place pépinière 3 000 3 000
4 Engrais pépinière 2 000 2 000
5 Frais de gardiennage et suivi 2 000 2 000
6 Arrachage des plants 5 000 5 000
7 Transports des plants 2 000 2 000
2) Phase parcelle
8 Construction des diguettes 4 000 4 000
9 Planage parcelle 8 000 14 000
10 Repiquage parcelle 8 000 8 000
11 Premier désherbage 10 000 10 000
12 Achat d’engrais 80 000 80 000
13 Transport d’engrais 1 200 1 200
14 Epandage d’engrais 2 000 2 000
15 Deuxième désherbage 10 000 10 000
16 Gardiennage d’oiseaux 20 000 -
3) Phase maturité
17 La coupe 16000 12 000
18 Attache en petites bottes 10000 8 000
19 Entassement 10000 8 000
20 Battage 16000 12 000
21 Achats sacs vides 10500 9 000
22 Transport du champ vers la piste 8 750 7 500
23
Transport de la piste vers le
magasin
17 500 15 000
24 Droit/Frais de magasinage 7 000 6 000
25
Frais de manutention au
magasin
3 500 3 000
17
Total dépense (C) 311 100 278 350
Vente paddy (P) 448 000 392 000
Résultat brut (P - C) 136 900 113 650
Résultat global 250 550
Tableau 2: Compte d’exploitation sur un demi-hectare d’un riziculteur qui décortique le riz
N° Désignation Montants
SS SP
01 Paiement redevance 51 000 51 000
1) Phase pépinière
02 Achat semences 3 650 3 650
03 Mise en place pépinière 3 000 3 000
04 Engrais pépinière 2 000 2 000
05 Frais de gardiennage et suivi 2 000 2 000
06 Arrachage des plants 5 000 5 000
07 Transports des plants 2 000 2 000
2) Phase parcelle
08 Construction des diguettes 4 000 4 000
09 Planage parcelle 8 000 14 000
10 Repiquage parcelle 8 000 8 000
11 Premier désherbage 10 000 10 000
12 Achat d’engrais ( 2 sacs urée +
1 sac NPK)
80 000 80 000
13 Transport d’engrais 1 200 1 200
14 Epandage d’engrais 2 000 2 000
15 Deuxième désherbage 10 000 10 000
16 Gardiennage d’oiseaux 20 000 -
3) Phase maturité
17 La coupe 16 000 12 000
18 Attache en petites bottes 10 000 8 000
19 Entassement 10 000 8 000
20 Battage 16 000 12 000
21 Achats sacs vides 10 500 9 000
22 Transport du champ vers la
piste
8 750 7 500
18
23 Transport de la piste vers le
magasin
17 500 15 000
24 Droit/Frais de magasinage 7 000 6 000
25 Frais de manutention au
magasin
3 500 3 000
26 Décorticage 28 000 24 500
Total dépense (D) 339 100 302 850
Ventes riz consommé2 728 000 637 000
Ventes du son de riz 12 000 10500
Total ventes (V) 740000 647500
Résultat brut (V-D) 400900 344650
Résultat brut total 745550
Tableau 1 : Compte d’exploitation sur un demi-hectare d’un riziculteur qui effectue certains travaux
N° Désignation Montants
Vente de riz
décortiqué
vente de paddy
SS SP SS SP
Résultat sans travaux du riziculteur (A)
400900 344650 136900 113650
Travaux du riziculteur :
1) Phase pépinière
03 Mise en place pépinière 3000 3000 3000 3000
05 Frais de gardiennage et suivi 2000 2000 2000 2000
2) Phase parcelle
08 Construction des diguettes 4000 4000 4000 4000
09 Planage parcelle 8000 14000 8000 14000
11 Premier désherbage 10000 10000 10000 10000
14 Epandage d’engrais 2000 2000 2000 2000
15 Deuxième désherbage 10000 10000 10000 10000
16 Gardiennage d’oiseaux 20000 - 20000 -
3) Phase maturité
17 La coupe 16000 12000 16000 12000
18 Attache en petites bottes 10000 8000 10000 8000
19 Entassement 10000 8000 10000 8000
20 Battage 16000 12000 16000 12000
19
22 Transport du champ vers la piste 8750 7500
Total Travaux du riziculteur (B) 119750 92500 119750 92500
Résultat avec travaux du riziculteur (A)+(B)
520650 437150 256650 206150
Résultat global 957800 462800
3.3.2. LES AUTRES SOURCES DE REVENUS DU RIZICULTEUR
Les riziculteurs affirment qu’ils disposent de diverses sourcesde revenus, en dehors de
l’exploitation du riz.Il s’agit :
- Des crédits de campagne
Les riziculteurs bénéficient des crédits de campagne des banques, des particuliers et même
de La SEMRY. Ces crédits et leurs remboursements peuvent être en argent ou en nature.
En général les crédits de campagne sont consentis pour l’achat des intrants et pour le
paiement de la redevance.
- La vente de bétail
Lesriziculteurs vendent leur bétail pour renforcer leurs ressources issues de leur exploitation
rizicole. Le bétail désigne l'ensemble des bêtes d’élevage – excepté ceux de basse cour et
d’aquaculture. Il peut s’agir du gros bétail (bovin, cheval, mulet, âne) ou du petit bétail
(mouton, chèvre, porc).
- La vente des animaux de la basse-cour
Il s’agit essentiellement de la volaille (poules et canards).
- La vente des produits de culture végétale effectuée hors casier - Certains riziculteurs réalisent des champs de millet (sorgho) hors casier pour
améliorer leurs revenus.
- Le petit commerce
Certains riziculteurs effectuent le petit commerce. Encore appelé commerce de détail, celui-
ci consiste à vendre, acheter ou échanger des marchandises par petites quantités.
20
- L’artisanat.
L’artisanat est une activité secondaire de quelques riziculteurs. Il se réalise avec la paille. Il
s’agit de tissage de cordes ou de chapeaux qui sont ensuite vendus.
- Les autres petits métiers
Les riziculteurs, lorsqu’ils en trouvent le temps, et davantage pour ceux qui ne réalisent pas
les deux campagnes annuelles de production de riz, s’adonnent à des activités telles que la
maçonnerie, la fabrique de briquettes, la pêche dans le lac Maga, etc
3.3.3. DETERMINATION DE LA CAPACITE A PAYER DU RIZICULTEUR
Dans la pratique, il est d’usage que les individus ne s’endettent pas au-delà du tiers de leurs
revenus. Dans ce cas, la capacité du riziculteur à payer non seulement la redevance, mais
aussi toute autre dette en relation avec son activité, est en rapport avec son revenu hors
redevance et peut s’évaluer à :
- (250 550+102000)/3=117517FCFA s’il vend le paddy et de (462800+102000)/3=
188267FCFA s’il effectue certain travaux.
- (745550+102000)/3= 282517FCFA s’il décortique le riz et de (957800+102000)/3=
353267FCFA s’il effectue certains travaux.
4. DISCUSSION DES RESULTATS DE L’ETUDE
4.1. REVENU DU RIZICULTEUR ET SEUIL DE PAUVRETE
Il apparait d’après les comptes d’exploitation ci-dessus que le riziculteur gagne par parcelle,
deux cent cinquante mille cinq cent cinquante (250 550) francs par saison de trois cents
(300) jours ; soit huit cent trente six (836) francs par jour et par famille. Ce gain peut être
porté à sept cent quarante cinq mille cinq cent cinquante (745550) francs soit deux mille
quatre cent quatre vingt six (2486) francs par jour et par famille, si le riziculteur vent le riz
décortiqué.
Ces montants se situeraient en dessous du seuil de pauvreté fixé à neuf cent trente un (931)
francs par personne et par jour, selon l’Enquête Camerounaise des Ménages (ECAM 4) de
2014 produit par l’Institut National de la Statistique, si l’on considère qu’en moyenne une
famille de riziculteur compte cinq (05) personnes.
21
Cependant, le revenu annuel du riziculteur s’améliore quand il utilise sa propre main
d’œuvre ou celle de sa famille.
Ainsi lorsque le riziculteur utilise sa main d’œuvre et vend le paddy, celui-ci passe de deux
cent cinquante mille cinq cent cinquante (250 550) francs à quatre cent soixante deux mille
huit cent (462 800) francs par an.
Dans le même temps, le revenu par jour et par famille passe de huit cent trente six (836)
francs à mille cinq cent quarante trois (1 543) francs par an.
En revanche, lorsque le riziculteur utilise sa main d’œuvre et décortique son riz, son revenu
passe de sept cent quarante cinq mille cinq cent cinquante (745 550) francs à neuf cent
cinquante sept mille huit cent (957 800) francs par an.
Le revenu par jour et par famille évolue dans le même temps, de deux mille quatre cent
quatre vingt cinq (2 485) francs à trois mille cent quatre vingt treize (3 193) francs pour les
deux saisons.
Comme on peut le constater, ces revenus journaliers se situent au dessus du seuil de
pauvretéfixé comme il a été indiqué à neuf cent trente un (931) francs ; mais en dessous de
celui-ci si on les rapporte à la taille de la famille.
4.2. SENSIBILITE DE LA RENTABILITE D’UNE EXPLOITATION RIZICOLE A LA REDEVANCE
L’une des missions de la SEMRY est de lutter contre la pauvreté et la misère. Pour cela la
capacité à payer la redevance du riziculteur devrait être rapportée au niveau du seuil de
pauvreté de sa famille. Pour analyser la sensibilité de la rentabilité d’une exploitation rizicole
à la redevance, il est considéré que la taille de la famille est de cinq (05) personnes ; et les
hypothèses (H) de travail sont celles énoncées plus haut à savoir :
H1 : le riziculteur vend le riz paddy ;
H2 : le riziculteur vend le riz paddy et effectue certains travaux lui-même ;
H3 : le riziculteur vend le riz décortiqué ;
H4 : le riziculteur vend le riz décortiqué et effectue certains travaux lui-même ;
Le seuil de pauvreté pour une famille de cinq (05) personnes au Cameroun et pour une
campagne rizicole de trois cents (300) jours est de 931x05x300=1 396 500FCFA.
22
Sous les hypothèses ci-dessus, la sensibilité de la rentabilité d’une exploitation rizicole à la
capacité à payer la redevance se présente comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
Tableau 4 : sensibilité de la rentabilité de l’exploitation agricole à la capacité à payer du riziculteur
N0 Intitulé H1 H2 H3 H4
01 Capacité à payer (1) 117517 188267 282517 353267
02 Résultat d’exploitation(2) 352550 564800 847550 1059800
03 Revenu brut d’exploitation (2-
1)
235033 376533 565033 706533
04 Seuil de pauvreté 1 396 500 1 396 500 1 396 500 1 396 500
05 Ecart -1161467 -1019967 -831467 -689967
Dans la situation actuelle, la sensibilité se présente comme indiqué dans le tableau ci-
dessous.
Tableau 5 : sensibilité de la rentabilité de l’exploitation agricole à la redevance actuelle.
N0 Intitulé H1 H2 H3 H4
03 Revenu brut d’exploitation 250 550 462800 745550 957800
04 Seuil de pauvreté 1 396 500 1 396 500 1 396 500 1 396 500
05 Ecart -1145950 -933700 -650950 -438700
H1 H2 H3 H4 -
150,000
300,000
450,000
600,000
750,000
900,000
1,050,000
1,200,000
1,350,000
1,500,000
Sensibilité du Revenu à la Redevance arrivée à la capacité à payerSensibilité du Revenu à la Redevance actuelle
Seuil de pauvreté
Hypothèses
Revenu
23
Il ressort de ces tableauxet graphique que quelque soit le cas, la famille rizicole vit en
dessous du seuil de pauvreté et que tout arrimage de la redevance à la capacité à payer du
riziculteur contribuera à l’y maintenir ; et par conséquent ne rendrait pas l’activité rizicole
fondée sur la parcelle viable.
Des études antérieures faites par BRL Ingénierie, ont procédé à l’analyse de la sensibilité de
la rentabilité de l’exploitation rizicole à l’augmentation de la redevance, en rapport avec les
autres cultures et ont confirmé cette analyse. Ces études ont abouti aux conclusions ci-
après :
1- Une augmentation de la redevance de 50% affecte fortement tous les types
d’exploitation sauf la polyculture 2 ha qui reste encore viable.
2- Une augmentation de 100% de la redevance affecte tous les types d’exploitations et
aucun n’est alors viable.
3- Si le maintien des exploitations de petites tailles (0,5 ha) est un objectif, il faut alors
trouver des solutions qui permettent de réduire fortement le poids de la redevance
sur leur revenu : aide financière, subvention etc.
Dans les conditions de production actuelle, si la SEMRY voudrait accomplir sa mission de
lutter contre la pauvreté et la misère dans les périmètres irrigués, elle devrait accroitre le
nombre de parcelles par famille ou à défaut augmenter le rendement de la parcelle étant
donné que les prix de vente du riz sont fixés par le marché, et par conséquent échappent
aux acteurs du secteur de la riziculture.
Les superficies et les rendements utiles à cette démarche se présentent exclusivement
comme suit selon les hypothèses ci-dessus.
N0 Intitulé H1 H2 H3 H4
03 Revenu brut d’exploitation 250 550 462800 745550 957800
04 Seuil de pauvreté 1 396 500 1 396 500 1 396 500 1 396 500
05 Nombre de parcelles utiles 06 03,1 02 02
06 Rendements utiles en sacs 418 227 140 110
Dans ce cas la sensibilitéde la rentabilité de l’exploitation agricole à la redevance se
présente comme suit :
24
Tableau 5 : sensibilité de la rentabilité de l’exploitation agricole à la redevance actuelle.
N0 Intitulé H1 H2 H3 H4
03 Revenu brut d’exploitation 1503300 1434680 1491100 1915600
04 Seuil de pauvreté 1 396 500 1 396 500 1 396 500 1 396 500
05 Ecart 106800 38180 94600 519100
Dans le cas où la démarche serait fondée sur la capacité à payer du riziculteur, les
superficies et les rendements utiles à cette démarche se présentent exclusivement comme
suit selon les hypothèses ci-dessus.
N0 Intitulé H1 H2 H3 H4
01 Capacité à payer (1) 117517 188267 282517 353267
02 Résultat d’exploitation(2) 352550 564800 847550 1059800
03 Revenu brut d’exploitation (2-
1)
235033 376533 565033 706533
04 Seuil de pauvreté 1 396 500 1 396 500 1 396 500 1 396 500
05 Nombre de parcelles utiles 06 04 03 02
06 Rendements utiles en sacs 445,63 278,16 185,37 148,25
La sensibilité de la rentabilité à la capacité du riziculteur se présenterait ainsi :
Tableau 7: sensibilité de la rentabilité de l’exploitation agricole à la capacité à payer du riziculteur
N0 Intitulé H1 H2 H3 H4
01 Revenu brut d’exploitation 1 410198 1 506132 1 695099 1 413066
02 Seuil de pauvreté 1 396 500 1 396 500 1 396 500 1 396 500
03 Ecart 13698 109632 298599 16566
25
H1 H2 H3 H40
200,000
400,000
600,000
800,000
1,000,000
1,200,000
1,400,000
1,600,000
1,800,000
2,000,000
2,200,000
sensivbilité du revenu à la redevance arrivée à la capacité à payerSensivilité du revenu à la redevance actuelle
Hypothèses
Seuil de pauvreté
Revenu
4.3. LA PERCEPTION ET LE CONSENTEMENT DU RIZICULTEUR A PAYER LA REDEVANCE
Il ressort de l’étude diagnostic que la redevance est la contrepartie des services offerts par la
SEMRY. Le montant de la redevance exigée des exploitants rizicoles est de 51.000 Frs pour
une parcelle d’un demi-hectare (1/2ha). Il donne droit à divers services au nombre desquels
l’on compte le labour évalué à 23.500 Frs, l’accès à l’eau 3.000, l’encadrement à 4.000 Frs,
l’entretien 22.500 Frs. Elle est payée à l’avance par rapport aux services qui y sont
rattachés. Par contre, il peut arriver que l’exploitant paye à l’année N pour recevoir le service
à l’année N+1.
La perception que l’exploitant rizicole a de ladite redevance est plutôt mauvaise ; celle-ci
apparait injuste à ses yeux. Les riziculteurs se plaignent de payer pour un service qui ne leur
est pas pleinement rendu ou qui est de mauvaise qualité. C’est le cas du labour qui exige
parfois de faire appel à une main d’œuvre supplémentaire pour le parfaire, de l’eau qui est
approvisionnée à contretemps, du suivi technique minimum, de l’encadrement
organisationnel inexistant, et de l’entretien qui est parfois effectué par les riziculteurs eux-
mêmes.
En définitive, les riziculteurs ne perçoivent pas la redevance comme une contrepartie des services associés à celle-ci, mais comme le coût du loyer de la parcelle. Dans ce contexte, celui-ci ne consentirait pas à payer une redevance supplémentaire.
26
4.4. LE PAIEMENT DE LA REDEVANCE
Il important d’étendre l’assiette de la redevance pour augmenter son volume.
4.4.1.LES ASSUJETTIS A LA REDEVANCE DE L’EAU
Comme il a été indiqué, il est nécessaire de distinguer la redevance agricole de la redevance
hydraulique. La redevance hydraulique devrait être due par tout usager de l’eau issu des
aménagements hydrauliques effectués sur le fleuve Logone ; ce qui inclut notamment :
- les exploitants rizicoles propriétaires de parcelles dans les périmètres irriguées ;
- les exploitants d’élevage en divagation ou en claustration de petit et gros bétail et
même de volaille ;
- les exploitants piscicoles et aquacoles exerçant à titre principal à l’intérieur des
périmètres irrigués ;
- tout autre usager professionnel de l’eau.
4.4.2.LES MODALITES DE PAIEMENT DE LA REDEVANCE
Le paiement de la redevance à la SEMRY se fait actuellement en espèces soit au siège de
la SEMRY ou auprès des responsables de secteurs. Il intervient généralement au plus tard
un mois avant le début de la saison. Le reçu de paiement est libellé au nom du riziculteur qui
effectue le versement. Il ne détaille plus les services auxquels cette redevance donne droit
depuis une dizaine d’années.
Il y a lieu d’explorer les possibilités de diversification des modes de paiement notamment :
- Le prélèvement automatique (sur demande à la banque)
- Le virement bancaire
- Le chèque (directement à la trésorerie)
- Le paiement électronique.
Ces autres modes de paiement peuvent contribuer à :
- une meilleure sécurisation des ressources financières tant de la SEMRY et même
des riziculteurs qui encourent des risques d’agression et de vols,
- une réduction des charges de transport et déplacement des riziculteurs.
27
5. RECOMMANDATIONS
La redevance hydraulique devrait servir à amortir le coût des réhabilitations. Pour accroitre le
volume de ladite redevance, il est nécessaire que tous les usagers de l’eau procèdent à son
paiement.
Par ailleurs, dans la situation actuelle, il ne semble pas opportun de procéder à la revue à la
hausse de la redevance. En revanche, les riziculteurs devraient être sensibilisés à effectuer
eux-mêmes, certains travaux aujourd’hui confiés aux prestataires de services, s’ils veulent
garantir une amélioration de leurs revenus rizicoles.
Pour préserver la paix sociale, il est stratégique de conserver le montant actuel de la
redevance compte tenu de la trop petite taille des parcelles par famille et aussi pour faciliter
l’acceptation des AUE. En effet une augmentation dès le début entraînerait un refus total de
la part des producteurs. Cependant, une fois les AUE complètement mises en place, le
niveau de la redevance hydraulique devrait évoluer pour envisager le recentrage des
subventions de l’Etat.
En conséquence il est souhaitable de verser dans la redevance hydraulique :
- les 3000 f destinés à l’eau
- les 22500 f pour les aménagements
- soit au total : 25500 f par campagne et par parcelle.
En outre, il est proposé de réserver la moitié des frais d’animation soit 1000f, pour le
fonctionnement de l’AUE.
Les coopératives bénéficieront aussi des 1000f restant pour leur fonctionnement
Une démarche qui viserait à augmenter les superficies aménagées serait salutaire en ce
qu’elle permettra au riziculteur d’accroitre la superficie cultivée, mais aussi de favoriser
l’accès à l’activité rizicole à un plus grand nombre de personnes.
De même qu’il est important de ne réserver les parcelles qu’aux riziculteurs prêts à les
mettre en valeur , pour lutter contre leur sous locations qui alourdissent les charges
d’exploitation des parcelles et réduisent de ce fait la capacité à payer des riziculteurs.
28
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le Bureau des prévisions, dossier d’étude N°6.
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