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Quels impacts pour les établissements financiers
suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ?
Travail de Bachelor réalisé en vue de l’obtention du Bachelor HES
par :
Jérôme FOURNIER
Conseiller au travail de Bachelor :
Istvan NAGY, chargé de cours HES
Genève, le 8 août 2014
Haute École de Gestion de Genève (HEG-GE)
Filière Economie d’Entreprise
Version finale
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme i
Déclaration
Ce travail de Bachelor est réalisé dans le cadre de l’examen final de la Haute école de
gestion de Genève, en vue de l’obtention du titre d’économiste d’entreprise. L’étudiant
accepte, le cas échéant, la clause de confidentialité. L'utilisation des conclusions et
recommandations formulées dans le travail de Bachelor, sans préjuger de leur valeur,
n'engage ni la responsabilité de l'auteur, ni celle du conseiller au travail de Bachelor,
du juré et de la HEG.
« J’atteste avoir réalisé seul le présent travail, sans avoir utilisé des sources autres que
celles citées dans la bibliographie. »
Fait à Genève le 8 août 2014
Jérôme Fournier
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme ii
Remerciements
Avant tout, je souhaite remercier les personnes rencontrées lors de mes entretiens qui
m’ont apporté de précieuses explications et des réponses clés pour le développement
de mon analyse. Ensuite, je remercie mon papa qui m’a mis en contact avec ses
relations pour que j’obtienne ces différentes interviews. Enfin, je tiens à remercier
vivement mon professeur de travail de bachelor, Monsieur Istvan Nagy, qui m’a épaulé
et conseillé pendant toute la durée de mon travail.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme iii
Sommaire
L’objectif est de réaliser une analyse portant sur les principales conséquences que les
banques pourraient subir suite à la signature de la loi FATCA qui est entrée en vigueur
pendant la rédaction de ce travail.
La recherche de données ainsi que les éclaircissements des différents professionnels
rencontrés m’ont permis de réaliser une analyse et une synthèse relative au sujet de
ce travail de bachelor.
En premier lieu, il est important de bien comprendre les événements qui ont amené les
États-Unis à mettre en place cette loi. Il faut ensuite savoir en quoi consiste cette
dernière et quels seront les acteurs touchés par la mise en application de celle-ci. Pour
terminer cette partie d’explications au sujet de la loi FATCA, une analyse des
différentes raisons qui ont incité la Suisse à signer cet accord ainsi que les possibles
sanctions sont présentées.
Suite à ces explications et précisions sur la loi FATCA, l’analyse de ce travail est
divisée en 4 sous catégories reprenant les principaux sujets qui sont impactés suite à
l’entrée en vigueur de cette loi le 1er juillet 2014.
Enfin, après la conclusion générale de ce travail de bachelor, un glossaire a été
élaboré avec les présentations des différents acteurs de la place financière suisse ainsi
que les chiffres qui démontrent l’importance de cette dernière à l’échelle du pays et du
monde.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme iv
Table des matières
Déclaration......................................................................................................... i
Remerciements ................................................................................................ ii
Sommaire ......................................................................................................... iii
1. Introduction ................................................................................................ 1
2. La loi FATCA .............................................................................................. 3
2.1 Préambule ..................................................................................................... 3
2.2 Les principales parties concernées par l’accord FATCA .......................... 5
2.3 Dispositions générales ................................................................................ 7
2.4 Pourquoi la Suisse a-t-elle acceptée l’accord FATCA ? ............................ 9
2.5 Chronologie des faits ..................................................................................12
2.6 Les modèles de l’accord FATCA 1 et 2 ......................................................14
2.7 Types de classifications pour les établissements ....................................16
2.8 Critiques envers FATCA .............................................................................18
3. Analyses et développement ................................................................... 22
3.1 Coûts et ressources humaines ..................................................................23
3.2 Réaction de la clientèle américaine ...........................................................27
3.3 Image pour la place financière suisse .......................................................31
3.4 Perspectives d’avenir .................................................................................33
3.5 Synthèse des résultats de l’analyse ..........................................................35
4. Conclusion ............................................................................................... 36
5. Glossaire .................................................................................................. 37
5.1 Les acteurs de la place financière suisse .................................................37
5.2 Informations complémentaires ..................................................................43
Bibliographie .................................................................................................. 49
Annexe 1 : Loi fédérale sur la mise en œuvre de l’accord FATCA entre la Suisse et les États-Unis ................................................................................. 55
Annexe 2 : Questionnaire utilisé pour les entretiens .................................. 63
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 1
1. Introduction
L’accord FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) est un règlement fiscal
approuvé lors du 111ème congrès américain (1) visant à limiter drastiquement l’évasion
fiscale de ses citoyens. Le but premier est de pouvoir récupérer une partie des 100
milliards de dollars que perdrait chaque année les États-Unis (selon le Congrès) à
cause des évasions fiscales à l’étranger. Le texte présenté par le Congrès vise les
citoyens résidant aux États-Unis (E.-U.) et les citoyens américains vivant à l’étranger
encore titulaires d’une carte de résident permanent (E.-U.) ainsi que toutes les
personnes ayant un bien substantiel aux États-Unis indépendamment de leur
nationalité.
Les institutions financières des pays ayant accepté cet accord devront déclarer aux
autorités américaines quasiment tous les mouvements sur les comptes d’individus de
nationalité américaine. Qu’importe le lieu de naissance et le nombre d’années passées
à l’étranger, seule la nationalité fait foi. En cas de refus des banques de coopérer avec
l’administration américaine, celles-ci se verront surtaxées à hauteur de 30% sur
l’ensemble de leurs activités bancaires aux États-Unis (2). Cet accord signé par le
président Barack Obama le 18 mars 2010 se présente sous la forme de deux modèles.
Concrètement, les États signataires de cet accord sont libres de choisir quel modèle ils
souhaitent appliquer dans leur propre pays. Le modèle numéro deux a été retenu par
les autorités helvétiques contrairement aux grandes puissances européennes. La
Suisse a signé l’accord FATCA avec les États-Unis le 14 février 2013 et ce dernier a
été adapté le 30 septembre 2013. Suite cet ajustement, l’entrée en vigueur pour la
Suisse a été fixée au 30 juin 2014 au lieu du 1er janvier 2014, date prévue initialement.
L’application de cette loi en Suisse aura des incidences sur la place financière
helvétique et ses établissements bancaires. Critiqué par les professionnels du secteur,
l’accord FATCA aura fait couler beaucoup d’encre car les zones d’ombre demeurent
encore nombreuses. Pour certains, les négociations ont été mal menées par la Suisse
qui s’est laissée « marcher » dessus par la première puissance économique mondiale.
Pour d’autres, cet accord sans aucune contrepartie pour les établissements financiers
suisses est un véritable fardeau pour la compétitivité et l’économie de notre pays.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 2
Enfin, les milieux économiques ont encore un peu de peine à véritablement évaluer
quels seront les impacts au niveau des ressources humaines ainsi que les
conséquences financières suite à l’application de cette loi américaine sur notre
territoire. Seul son de cloche concordant pour les différents milieux concernés : c’est la
probable fin du secret bancaire1.
1 Voir glossaire à la page 47
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 3
2. La loi FATCA
2.1 Préambule
La Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA) a été adoptée par le Congrès
américain dans un contexte politique visant à rapatrier les milliards de dollars qui
échappent au fisc américain chaque année par le biais de l’évasion fiscale
internationale. Cette loi, mise en place par les États-Unis, intervient moins d’une année
après l’affaire UBS qui constituait déjà, une première attaque marquée envers le secret
bancaire. Depuis ce premier « assaut » américain d’autres conflits ont éclaté entre des
banques suisses et la justice américaine avec récemment l’amende record de 2,5
milliards de francs (3) infligée au Crédit Suisse en mai 2014. Cette suite logique de
mesures de la part des autorités politiques américaines sont les conséquences
directes de la crise financière internationale ayant débuté en 2006, qui a touché de
plein fouet les grandes puissances économiques mondiales, dont les États-Unis. Les
pays considérés comme paradis des fiscaux2 ont été les boucs émissaires de cette
crise et le secret bancaire directement pointé du doigt par les membres du G8.
En ce qui concerne les États-Unis, le taux de chômage a dépassé les 10% en octobre
2009 et la dette a pris l’ascenseur pour passer en-dessus de la barre fatidique des
100% du PIB en 2013 avec 16’738 milliards de dollars de dette (4). A la suite de cette
crise, les pertes pour les États se sont accentuées et de nombreux pays sont entrés en
période de récession entre 2007 et 2009 (5).
Les grandes puissances, principalement les États-Unis, l’Allemagne et la France ont
donc cherché le moyen de renflouer le plus vite possible leurs caisses publiques en
entrant en guerre contre l’argent caché par ses citoyens.
Ce nouveau combat contre le secret bancaire a donné du fil à retordre aux autorités
suisses qui ne voulaient pas abandonner un des fleurons de la réussite économique du
pays depuis des décennies. Contrainte de faire des concessions face aux grandes
puissances pour ne pas subir des sanctions économiques et une mise à l’écart dans
les échanges commerciaux, la Suisse a donc signé des accords fiscaux avec certains
pays dont les États-Unis et l’accord FATCA.
2 Voir glossaire à la page 48
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 4
L’aspect singulier de cette loi réside dans l’extraterritorialité de l’accord. En effet,
FATCA est une loi mise en place par un seul État mais qui aura une incidence non
seulement sur son propre territoire mais aussi dans les pays qui signent cet accord. Le
problème majeur pour introduire le texte dans les pays signataires était que la loi
FATCA ne viole pas celles en vigueur dans ces derniers. Des adaptations au cas par
cas ont par conséquent été nécessaires pour chaque pays concernés.
Bien évidemment, la Suisse était l’un des principaux États visé par la loi FATCA lors de
son élaboration par le Congrès. Ce n’est pas étonnant lorsque l’on sait que près de
40% des fraudeurs américains (6) choisissent la Suisse pour cacher leur argent hors
de leur pays selon la Cour des comptes des États-Unis. Ces chiffres résultent d’une
étude sur l’amnistie fiscale partielle américaine de 2009 qui a démontré que sur les
12'900 comptes analysés, 5427 d’entre eux se trouvaient en Suisse. Cette étude a été
demandée par la commission ad hoc du Sénat américain.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 5
2.2 Les principales parties concernées par l’accord FATCA
Parmi les parties prépondérantes de l’accord FATCA, l’Internal Revenue Service (IRS)
est bien entendu un acteur incontournable car l’IRS est l’équivalent de l’Administration
fédérale des contributions en Suisse (AFC). Rattaché au département du trésor
américain, il est chargé de collecter les impôts à la source mais également diverses
taxes (impôts sur les sociétés, successions, etc.). De plus, l’IRS doit faire respecter les
lois fiscales lors de l’établissement du budget fédéral des États-Unis. De son côté,
l’Administration fédérale des contributions jouera un rôle de médiateur entre les
établissements financiers suisses et l’IRS quand cette dernière fera des demandes
groupées concernant les titulaires non-coopératifs de compte américains.
Les clients américains des banques suisses sont bien évidemment les cibles
prioritaires de l’IRS visés par l’accord FATCA. Autant les résidents américains de
Suisse que les citoyens américains possédant un compte dans une banque helvétique
seront directement touchés par FATCA. L’anonymat et la discrétion de leurs avoirs
dans les établissements suisses sont désormais rompus avec les conséquences que
cela implique, notamment sur « l’impôt citoyen »(7). En effet, les États-Unis est le seul
pays développé à percevoir un impôt sur la nationalité et non sur le lieu de résidence.
Cela signifie qu’un citoyen américain ou un détenteur d’une carte de résident doit
déclarer ses revenus à l’IRS qu’il vive ou non sur le territoire américain. Dans les faits,
les personnes assujetties à l’impôt citoyen sont taxées par l’IRS sur les revenus
excédant 97'600 dollars (montant pour 2013) gagnés à l’étranger (8). Cependant, si
l’impôt dans le pays de résidence (ex : la France) est plus important qu’aux États-Unis,
l’IRS ne prélève pas d’impôt supplémentaire.
Les établissements financiers helvétiques concernés par les critères définis par
l’accord FATCA sont directement impliqués et par conséquent ils devront prendre
toutes les mesures nécessaires pour se mettre en conformité avec le texte américain.
Cela se traduira par une charge de travail supplémentaire au niveau administratif et, de
ce fait, des coûts additionnels qui dépendront de la taille de la banque et du nombre de
comptes de clients américains gérés par cette dernière.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 6
Au niveau des relations politiques entre les gouvernements suisses et américains, le
Conseil Fédéral s’est rendu plusieurs fois aux États-Unis afin de négocier cet accord et
vérifier les tenants et aboutissants de ce dernier. Son but était que cet accord ne porte
pas préjudice à la place financière suisse et que son application ne pénalise pas les
banques suisses par rapport aux banques étrangères. Enfin, il ne faut pas oublier le
Congrès américain qui a élaboré cette loi dans le cadre de la loi Hiring Incentives to
Restore Employment Act signé le 18 mars 2010 par le président des États-Unis Barack
Obama.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 7
2.3 Dispositions générales
Les établissements soumis à la loi FATCA devront identifier les comptes de citoyens
américains (y compris les binationaux) dont les avoirs totaux sont supérieurs à 50'000
dollars. Pour détecter les comptes américains, les banques doivent trouver des indices
qui présageraient un lien avec les États-Unis. Les établissements bancaires ont à leur
disposition 7 critères listés (9) dans l’accord FATCA pour déterminer si un compte est
considéré comme américain ou non. Ces critères sont : la nationalité (binationaux y
compris), un lieu de résidence ou un lieu de naissance aux États-Unis, un numéro de
téléphone ou une adresse de correspondance aux États-Unis, un ordre permanent à
destination des États-Unis ou encore une procuration au bénéfice d’une personne
vivant aux États-Unis. La présence de l’un de ces critères peut potentiellement
présumer que le compte est de type « américain » et donc être transmis aux autorités
américaines.
Après avoir identifié les titulaires de ces comptes, les établissements financiers devront
faire remplir et signer une déclaration de consentement à ces clients qui les autorisera
à transmettre les données relatives au compte à l’IRS de manière groupée une fois par
année. Les clients qui refuseront de signer cette déclaration seront qualifiés de
personnes non-coopératives et ils s’exposeront à des enquêtes approfondies menées
par l’IRS. Dans ce cas les banques ne transmettront pas les noms des clients mais
signaleront uniquement les avoirs totaux et les comptes concernés par les personnes
non-coopératives. Une fois la transmission de données effectuée, l’IRS aura la
possibilité de faire une demande groupée pour demander des informations
supplémentaires concernant le compte en question et pour connaitre l’identité du
titulaire.
Les personnes physiques soumises à l’accord FATCA sont en premier lieu les citoyens
américains mais aussi les détenteurs d’une carte verte (étrangers) qu’ils résident ou
non aux États-Unis (10). Ces personnes tombent sous la loi FATCA s’ils possèdent
des avoirs importants sur des comptes bancaires ou alors des biens immobiliers ou
des titres.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 8
Nouveaux comptes
Les citoyens américains désirant ouvrir un nouveau compte dans un établissement
financier suisse devront impérativement signer la déclaration de consentement dès
l’ouverture de ce compte. Si le client refuse, l’établissement ne sera pas en mesure
d’ouvrir le compte et devra même le fermer si le client ne transmet pas son numéro TIN
(Tax Identification Number) à l’IRS dans les 90 jours après l’ouverture du compte.
Echanges de renseignements
Des renseignements peuvent être demandés par l’IRS par le biais d’une demande
groupée transmise à l’Administration fédérale des contributions (AFC). Ces demandes
de renseignements, en vertu de l’accord signé avec les États-Unis, ne peuvent
concerner que le « nombre total des avoirs de tous les comptes américains dont les
titulaires n’ont pas donné leur consentement à la communication »3.
De plus « le nombre des établissements financiers non participants n’ayant pas fourni
de déclaration de consentement et en faveur desquels des montants étrangers soumis
à communication ont été payés pendant l’année concernée, ainsi que le montant total
de ces paiements, au plus tard le 31 janvier de l’année suivante »4.
Une fois les demandes groupées reçues, l’AFC doit informer les parties concernées
que les informations seront transmises pour chaque compte concerné et que chaque
titulaire de compte à la possibilité de prendre position auprès de l’AFC dans les 20
jours suivant l’annonce officielle de la demande de renseignements.
L’annonce est faite par l’AFC au moyen de la Feuille fédérale et par l’intermédiaire de
son propre site Internet. Dans le même temps, l’AFC demande aux établissements
financiers suisses rapporteurs de transmettre séparément les données soumises à
communication (sous forme électronique) et les documents nécessaires pour prouver
que les comptes concernés sont soumis à communication.
Enfin, si la décision finale est en ordre, l’AFC transmet à l’IRS les données concernant
les comptes en question. Cependant, elle ne transmet pas les documents permettant
de vérifier le statut américain du titulaire du compte (11).
3 Art. 10 al. 1, b de la loi FATCA, voir annexe 1
4 Art. 10 al. 2, b de la loi FATCA, voir annexe 1
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 9
2.4 Pourquoi la Suisse a-t-elle acceptée l’accord FATCA ?
Imposition / concurrence
Au niveau de la concurrence sur le marché américain, les banques suisses avaient
beaucoup à perdre en cas de refus du Conseil Fédéral de signer l’accord FATCA.
D’une part les banques suisses exerçant sur le sol américain auraient été contraintes
de s’acquitter d’une taxe de 30% sur leurs revenus et d’autre part elles se seraient
mises à dos les autorités américaines.
La conséquence la plus plausible aurait été une perte majeure de compétitivité sur le
marché américain laissant la concurrence prendre d’importantes parts de marché au
profit des banques helvétiques.
En acceptant FATCA, les banques suisses peuvent garder leur accès au marché
américain sans perdre de leur attractivité. De plus, la Suisse lance un signal fort en
matière de coopération et d’échange d’informations concernant l’évasion fiscale qui est
un sujet sensible depuis plusieurs années. Enfin, la Suisse fait office de pionnière en la
matière et elle montre l’exemple à d’autres places financières mondiales (Singapour ou
encore Hong-Kong notamment) qui sont toujours en négociations bien que ces
dernières s’acheminent respectivement vers le modèle 1 et 2 de FATCA.
Activité bancaire importante aux États-Unis
L’activité des institutions financières helvétiques aux États-Unis est importante et ces
dernières ne pourraient pas se passer de ce marché ou alors cette perte engendrerait
un sérieux manque à gagner dans les caisses de ces banques.
Pour démontrer l’importance du marché américain pour les banques suisses nous
pouvons prendre l’exemple de l’UBS qui, en 2013, employait environ 20’000 personnes
aux États-Unis. C’est environ 1’700 de moins qu’en Suisse sur un total d’un peu plus
de 60'000 employés à travers le monde. Le résultat d’exploitation de l’UBS aux USA en
2013 a atteint 9 milliards de francs (2ème meilleur résultat après la Suisse) ce qui
représente 34% du résultat d’exploitation total de l’UBS en 2013 (12).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 10
Sanctions
En ne signant pas cet accord, la Suisse aurait mis directement en péril ses propres
banques présentes aux États-Unis. En effet, les banques suisses s’exposaient dès lors
à des inculpations en cascade sur fond de fraude et d’évasion fiscale comme en a fait
les frais la banque Wegelin qui a été condamnée en 2013 à payer une amende de 74
millions de dollars (2). Selon Me Xavier Oberson5, avocat et professeur de droit fiscal
suisse et international à l’Université de Genève, une inculpation aux États-Unis signifie
pratiquement la mort d’une banque.
Echanges commerciaux avec les USA
La Suisse aurait aussi pu craindre une certaine sanction de la part des États-Unis dans
les échanges commerciaux entre les deux pays. Sachant que les États-Unis est le
deuxième plus important partenaire commercial de la Suisse en 2013 derrière
l’Allemagne, les risques de froisser les américains n’étaient pas à prendre à la légère.
D’autant plus que l’excédent commercial avec ces derniers est le plus important pour la
Suisse avec un gain net de 13,6 milliards de francs en hausse de 4,6 % par rapport à
l’année 2012 (13).
Source : Administration fédérale des douanes – OFS, Neuchâtel 2013 (58) Adapté par Jérôme Fournier
5 Informations reprises d’une interview donnée pour le site rts.ch (2)
54.9
10.5
18.8 15.6
6.8 10.3
41.8
23.5
15 14.9 11.4 7.8
0
10
20
30
40
50
60
Principaux partenaires commerciaux de la Suisse en 2012 en milliards de francs
Importation
Exportation
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 11
La Suisse reste une petite nation
Malgré son économie florissante et l’un des PIB par habitant les plus élevés du monde,
la Suisse reste un petit pays aux yeux de la planète. Celle-ci n’avait pas le pouvoir
d’aller à l’encontre d’un pays comme les États-Unis au contraire de la Chine et de la
Russie qui ont refusé catégoriquement de signer cette loi. En outre, en cas de refus, la
Suisse se serait à nouveau mise à l’écart alors que ses voisins en Europe ont presque
tous signé le texte avec les États-Unis. Le refus de cet accord aurait également fait
couler beaucoup d’encre dans la communauté internationale qui n’aurait pas hésité de
considérer définitivement la Suisse comme un paradis fiscal.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 12
2.5 Chronologie des faits
Il est évident que la signature de l’accord FATCA par la Suisse ne s’est pas fait sans
embûches et sans réactions de la part des associations professionnelles du secteur
financier helvétique. Certains ont évoqué un manque de professionnalisme de la part
des interlocuteurs qui ont négocié cet accord avec les États-Unis sans analyser
correctement les forces et faiblesses de FATCA. D’autres se demandent toujours
pourquoi le Conseil Fédéral n’a pas engagé des avocats chevronnés américains pour
pouvoir contrer ou du moins essayer de rendre cet accord moins nuisible pour
l’économie suisse.
Afin de mieux comprendre la mise en place de FATCA, il est opportun de rappeler la
chronologie des faits ayant débouchée sur cet accord.
Février 2009 : L’UBS évite in extremis de passer devant la justice américaine en
négociant un accord avec les États-Unis portant sur la livraison d’informations
concernant 255 comptes de clients américains de la banque. Les États-Unis
s’engagent de leur côté à retirer leur demande pour l’obtention des données des
quelques 52'000 comptes titulaires de citoyens américains. L’UBS s’en sort avec une
amende de 780 millions de dollars (14) et peut donc continuer son activité sur le
continent américain (15).
Ce premier gros conflit entre la Confédération et les États-Unis sur le thème de
l’évasion fiscale et du secret bancaire n’est que le début des ennuis pour la Suisse et
sa place financière. Dès lors, les États-Unis ont un objectif clair ! Éradiquer le secret
bancaire et récupérer l’argent que le fisc américain perd chaque année à cause de
l’évasion fiscale.
18 mars 2010 : Lors du 111ème Congrès, le parlement américain adopte la loi FATCA
signée par le président Barack Obama avec une entrée en vigueur initialement prévue
le 1er janvier 2013 par les pays signataires.
14 février 2013 : La Suisse, craignant pour l’activité de ses établissements financiers
aux États-Unis et de possibles représailles au niveau des échanges commerciaux,
signe l’accord FATCA malgré un certain scepticisme de la place financière helvétique.
L’accord initial devra être adapté pour être en parfaite conformité avec le droit suisse.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 13
30 septembre 2013 : La Suisse et les États-Unis, par échange de notes, fixent et
adaptent les derniers détails du texte qui sera appliqué lors de l’exécution de l’accord
FATCA en Suisse. Le délai de l’entrée en vigueur est également modifié passant du
1er janvier 2014 au 1er juillet 2014.
8 octobre 2013 : Une semaine après l’adaptation du texte initial par la Suisse et les
États-Unis, un référendum est lancé par un comité de droite. Ce comité réunit
notamment l’UDC, l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), le
Mouvement citoyens genevois et la Lega. Le but de ce référendum est de ralentir
fortement l’entrée en vigueur du texte en Suisse (16). Ce comité a 3 mois pour trouver
50'000 signatures afin que le peuple puisse décider de l’avenir de l’accord FATCA.
9 décembre 2013 : C’est la date butoir pour les établissements de la place financière
helvétique pour s’annoncer auprès de la FINMA6 (Autorité fédérale de surveillance des
marchés financiers) concernant leur participation ou non au programme unilatéral du
département de la justice américaine (17). Ce programme américain vise à mettre fin
au conflit fiscal entre les États-Unis et les banques suisses.
16 janvier 2014 : Le référendum échoue. Le comité ayant lancé ce référendum n’a
récolté que 31'000 signatures sur les 50'000 nécessaires (18). Désormais, plus rien ne
s’oppose à la mise en place de l’accord FATCA en Suisse.
2 juin 2014 : Entrée en vigueur de l’accord FATCA suite à un échange de notes entre
la Suisse et les États-Unis (19).
30 juin 2014 : Le texte entre en vigueur en Suisse et il oblige ainsi les établissements
bancaires à respecter la loi FATCA. Dans le cas contraire, ces derniers s’exposent à
de grosses sanctions financières de la part des États-Unis.
6 Voir glossaire à la page 39
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 14
2.6 Les modèles de l’accord FATCA 1 et 2
Dans le cadre de l’accord FATCA mis en place par les États-Unis, on distingue deux
différents modèles applicables (20), au choix, par les pays ayant accepté et signé cet
accord. Il est important de bien faire la différence entre ces deux modèles pour mieux
comprendre le choix effectué par les pays signataires.
Modèle 1
Dans le premier modèle, celui qui a été choisi par de grandes puissances
économiques (Allemagne, France, Royaume-Uni, etc.), le principe est basé sur
l’échange automatique d’informations avec les autorités fiscales américaines par le
biais des autorités locales. Cela signifie que l’autorité fiscale compétente des pays
signataires de l’accord FATCA collecte elle-même les informations des établissements
financiers sur les clients américains. Ensuite, ce sont également les autorités fiscales
du pays qui transmettent les données obtenues à l’IRS qui, en contrepartie, livrera elle-
même des informations sur les citoyens des pays partenaires.
Modèle 2
Le modèle 2 n’inclut pas l’échange automatique d’informations. En effet, les
établissements financiers collectent et envoient eux-mêmes les informations
concernant les comptes de leurs clients américains au fisc américain. De ce fait, les
institutions financières concernées selon l’accord FATCA communiquent les données
sur la base d’une déclaration de consentement des titulaires de comptes. Les clients
qui refusent de remplir une déclaration de consentement ne seront dans un premier
temps pas inquiétés par le fisc américain bien que les avoirs et le nombre de comptes
de ces derniers seront communiqués (sans le nom du titulaire). L’IRS aura la possibilité
de faire une demande ultérieurement pour obtenir les informations complètes du client
selon ses besoins pour les enquêtes qu’elle mènera.
Le modèle 2 offre (théoriquement) aux établissements financiers un allégement des
charges administratives et il permet d’autre part aux pays qui voudraient adopter le
modèle 1, mais qui ne peuvent pas le faire à l’heure actuelle pour des raisons
juridiques, d’appliquer déjà les normes FATCA. Aujourd’hui, seuls quatre pays ont
décidé d’appliquer le modèle 2 (Japon, Chili, Bermuda et la Suisse).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 15
Pourquoi la Suisse a-t-elle choisi le modèle 2 ?
Etant donné que les établissements financiers suisses ne transmettent au fisc
américain que les informations relatives aux clients américains consentants, les États-
Unis ne prévoient pas de réciprocité en matière d’échange d’informations
automatiques. Cette réciprocité serait de plus limitée car seuls les décomptes des
dividendes crédités sur les comptes américains seraient transmis à la Suisse si elle
avait accepté le modèle 1. Ce n’est donc pas très utile et fiscalement peu intéressant
car peu de suisses détiennent des placements au États-Unis. Enfin, le but était aussi
d’alléger les charges administratives pour les établissements financiers en acceptant le
modèle 2 (21).
Cependant, certains partis politiques dont Les Verts avaient demandé en août 2013 au
Conseil Fédéral le renvoi de l’accord FATCA (22). En effet, Les Verts n’étaient pas
satisfaits par le modèle choisi qui n’incluait pas l’échange automatique d’informations
(EAI) et ils le jugeaient unilatéral. En mai dernier, le Conseil Fédéral a proposé de
rendre l’accord FATCA compatible avec l’EAI. Les négociations avec les États-Unis
sont actuellement en cours mais la date à laquelle la Suisse pourrait adopter le modèle
1 reste encore incertaine.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 16
2.7 Types de classifications pour les établissements
On distingue 3 catégories distinctes qui référencent les établissements financiers
suisses (FFI, Foreign Financial Institution) selon les critères de la loi FATCA. Il s’agit
des :
Etablissements financiers rapporteurs (participating FFI)
Quand on parle d’établissements financiers rapporteurs on entend tous les
établissements qui ne sont pas réputés conformes à la loi FATCA. Ces établissements
sont tenus de s’enregistrer impérativement avant le 30 juin 2014 auprès de l’IRS.
Les obligations pour les établissements financiers rapporteurs sont multiples car ce
sont ces derniers qui sont principalement visés par la loi FATCA. Premièrement, les
FFI devront identifier tous les comptes américains en gestion dans leur établissement.
Deuxièmement, ils auront l’obligation de communiquer annuellement à l’IRS toutes les
informations sur les comptes des clients américains (ceux qui désirent coopérer). Les
FFI devront également communiquer le nombre de comptes et le total des avoirs des
clients américains ne souhaitant pas coopérer.
De plus, l’ouverture de nouveaux comptes de clients américains seront autorisés
uniquement avec l’accord de ces derniers concernant la communication des données
de leur compte à l’IRS. Enfin, une demande d’assistance administrative peut être
demandée par les États-Unis. En cas de demande les informations doivent être
transmises dans un délai de 8 mois sinon un impôt à la source sera prélevé.
Etablissements financiers conformes au FATCA (deemed-compliant FFI)
Les établissements financiers conformes au FATCA (deemed-compliant FFI) sont
répartis en 2 catégories distinctes. Il y a d’une part les FFI enregistrés et de l’autre les
FFI certifiés. Les FFI enregistrés regroupent les FFI avec une clientèle locale (au
minimum 98% des fonds de la clientèle doivent provenir de Suisse ou de l’Union
Européenne), les gestionnaire de fortune ou encore les fonds de placement. Ces
différentes entités de FFI enregistrés ont le devoir de s’enregistrer auprès de l’IRS au
plus tard le 30 juin 2014.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 17
Concernant les obligations que doivent respecter les FFI enregistrés, il faut différencier
le type de FFI. Par exemple, pour les FFI avec clientèle locale, si les comptes ont des
titulaires résidant en Suisse, les FFI ne sont pas soumis aux différentes obligations
telles que l’identification du client, la transmission des données ou encore la retenue de
l’impôt à la source. Cependant, ces établissements financiers doivent respecter ces
obligations si les personnes titulaires des comptes ne résident pas en Suisse et si ce
sont des comptes d’entreprises. Alors que pour les gestionnaire de fortune et les fonds
de placement il n’y aucune obligation si un autre établissement financier suisse, par
exemple une banque de dépôt, remplit ces obligations pour eux.
Dans la deuxième catégorie des établissements bancaires conformes à FATCA, on
retrouve les FFI certifiés. Ces FFI certifiés peuvent être à la fois des institutions à but
non-lucratif (FIFA, UEFA par exemple) ou des communautés de copropriétaires par
étages (secteur immobilier). En raison de leur conformité avec FATCA, ces deux types
de FFI certifiés ne sont pas contraints de s’enregistrer auprès de l’IRS et n’ont aucune
obligation à respecter à ce sujet.
Etablissements financiers exemptés du FATCA (Exempt FFI)
Dans cette dernière catégorie, on retrouve les institutions de prévoyance, les
institutions étatiques suisses qu’elles soient gouvernementales, cantonales ou
communales mais encore la Banque nationale suisse et les organisations
internationales ayant leur siège en Suisse. Ces établissement ne sont pas concernés
par l’accord FATCA et donc ne se trouvent devant aucune obligation vis-à-vis de l’IRS.
Pour les établissements financiers « Exempt FFI », il n’y a donc aucune obligation de
s’enregistrer auprès de l’IRS ni aucune prescription à respecter en rapport avec la loi
FATCA (23).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 18
2.8 Critiques envers FATCA
Un des sujets importants de controverse envers FATCA sont les coûts qu’engendrera
l’application de cette loi pour les établissements financiers. Ces coûts seront
inévitablement à la charge des banques et pourraient s’élever à plusieurs millions en
fonction du nombre de comptes appartenant à des clients américains. Une
augmentation des charges pour la banque occasionnera une perte de compétitivité
pour cette dernière ainsi que pour tout le marché financier suisse et cela sans
compensation. En effet, les États-Unis n’ont prévu aucun dédommagement pour les
banques qui se plient à FATCA ni même la rétrocession d’un pourcentage de l’argent
encaissé par l’IRS grâce à l’accord.
Résultats escomptés peu satisfaisants
D’après certaines estimations, l’application de la loi FATCA ne permettrait de récupérer
que 1% de l’argent caché (24) par les citoyens américains à l’étranger ou 8,5 milliards
de dollars sur 10 ans selon d’autres sources (25). Ces chiffres sont aujourd’hui
invérifiables et il faudra sans doute attendre plusieurs années pour avoir des
statistiques concrètes et pouvoir ainsi évaluer les réelles retombées de FATCA pour
l’IRS. Cependant, si l’on prend en compte ces estimations qui semblent concordantes
d’après plusieurs sources, on peut raisonnablement affirmer que cette somme de 850
millions de dollars par année semble dérisoire pour un pays comme les États-Unis.
Pour s’en rendre compte, on peut mesurer ce que représente 850 millions de dollars
dans le budget fédéral américain. En 2012, 3796 milliards de dollars de dépenses
étaient budgétisées alors que les recettes s’élevaient à 2469 milliards pour un déficit
de 1327 milliards (26). Ces 850 millions représentent donc seulement 0.064% du
déficit de la plus grande puissance économique mondiale.
Complexité de la mise en place
La mise en place est un véritable casse-tête pour les gouvernements qui acceptent de
signer l’accord FATCA car ils doivent s’assurer que l’ensemble du texte ne viole pas
les lois en vigueur dans leur pays respectif. Cette complexité a engendré des retards
de calendrier pour l’entrée en vigueur du texte dans les pays signataires car ils
devaient négocier certains points avec les États-Unis pour que FATCA soit conforme
au droit intérieur. L’application du droit américain sur le territoire suisse est complexe
car les différentes entités juridiques présentent en Suisse ne maîtrisent pas forcément
tous les aspects du droit américain.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 19
Cela posera sans aucun doute des problèmes car l’application de la loi FATCA se fera
au quotidien pour les établissements financiers suisses concernés.
Binationaux
Les citoyens américains qui possèdent une seconde nationalité sont soumis à cette loi
même s’ils n’ont jamais mis les pieds aux États-Unis. Dès lors, les expatriés
américains n’hésitent plus à abandonner leur nationalité américaine s’ils sont au
bénéfice d’une seconde nationalité pour éviter d’avoir des problèmes avec l’IRS. Les
chiffres sont éloquents. Au deuxième trimestre 2013, 1’131 américains ont renoncé à
leur citoyenneté soit une augmentation de 492% sur un an (27)! Ces « américains »
peuvent donc légitimement se sentir surveiller et contrôler par le fisc américain alors
que l’on sait que les retombées financières de cette loi seront négligeables pour les
États-Unis.
Perte de souveraineté
L’accord FATCA est une loi américaine applicable directement sur le territoire
helvétique ce qui constitue incontestablement une perte de souveraineté nationale.
Avec la fin du secret bancaire causée par une pression internationale de plus en plus
forte, cette perte de souveraineté est particulièrement mal perçue par les suisses et les
professionnels du secteur. De plus, en acceptant cette loi sur son propre sol, la Suisse
est contrainte d’appliquer tout changement de loi américaine concernant la fiscalité
sans aucun droit de véto. La Suisse sera donc obligée de se conformer au droit
américain en appliquant cette loi sur son propre territoire.
Non-régulation du passé
L’accord FATCA ne prévoit pas une régularisation du passé ce qui signifie que les
banques suisses peuvent toujours être poursuivies aux États-Unis pour des faits
antérieurs. En mai dernier, la banque Crédit Suisse a plaidé coupable dans une affaire
aux États-Unis où elle était accusée d’aide à l’évasion fiscale. La banque helvétique
s’est vue infligée une amende record de près de 2,5 milliards de francs pour éviter un
procès qui aurait probablement été catastrophique pour la suite de ses activités aux
États-Unis. Malheureusement ce n’est pas encore fini pour les établissements
bancaires suisses car on sait que la Banque Cantonale de Zurich (BCZ) est en conflit
avec les États-Unis et qu’une réserve pour une éventuelle amende a d’ores et déjà été
constituée (210 millions en 2013) (28). Notons aussi que la Banque Cantonale de Bâle
(BCB), Julius Baer ou encore la banque genevoise Pictet sont aussi dans le collimateur
de la justice américaine pour des faits similaires (29).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 20
Choix du modèle
Le choix du modèle a aussi été critiqué par certains économistes et politiciens suisses.
Rappelons que la Suisse est un des seuls pays à avoir accepté de signer un « FATCA
bis » qui n’inclut pas la réciprocité de l’échange d’informations sur les citoyens suisses
possédant un compte dans des banques américaines. Si on peut douter du réel intérêt
concernant les retombées financières que procurerait l’échange d’informations pour la
Suisse, on ne peut pas dire que cela aurait coûté grand-chose à notre pays de
l’accepter. D’autant plus que dans certains États américains, l’échange d’informations
est très mal perçu et est même jugée inconstitutionnelle. Il paraît évident que ces
opposants (dont le célèbre avocat américain Jim Bopp) ont peu de chance d’obtenir
gain de cause car les États et le gouvernement américain auraient beaucoup à perdre
(30).
En effet, en l’absence d’échange d’informations de la part des États-Unis, tous les pays
signataires de FATCA 1 ne se verront pas obligés d’appliquer la loi FATCA. Seuls les
pays signataires de FATCA 2, dont la Suisse et le Japon, devraient donc l’appliquer car
ces derniers n’ont pas demandé la réciprocité d’échange d’informations. Bien que ce
scénario paraisse quasiment impossible, cela démontre quand même l’absurdité
d’avoir choisi le modèle 2 au détriment du modèle « de base » que presque tous les
autres pays ont signé.
Il faut tout de même préciser que face à cette absurdité, le Conseil Fédéral a décidé de
faire marche arrière et il négocie actuellement pour obtenir le modèle 1 de FATCA
incluant l’échange automatique d’informations. Cependant, la date de ce passage au
modèle 1 demeure pour l’heure inconnue.
Effets rétroactifs
La loi FATCA ne concerne pas que les nouveaux comptes ouverts dans les
établissements bancaires suisses à partir de l’entrée en vigueur de la loi mais
également tous les comptes qui appartiennent ou qui pourraient appartenir à des
citoyens américains. Cette rétroactivité alourdira considérablement la charge des
établissements suisses qui devront faire de minutieuses recherches pour déterminer si
des comptes ouverts il y a des dizaines d’années ne cacheraient pas un citoyen
américain possédant une double nationalité.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 21
Sanctions
Pour les établissements financiers suisses qui ont une activité sur le sol américain et
qui ne se soumettraient pas à la loi FATCA, les sanctions seront lourdes et non
négociables. Il s’agit d’une retenue à la source à hauteur de 30% sur toutes les
activités (revenus et produits) aux États-Unis. Cette sur-taxation n’est quasiment pas
viable pour les banques ce qui n’incitent pas ces dernières à aller à l’encontre de
FATCA et du gouvernement américain. En ce qui concerne les clients américains
récalcitrants qui ne voudront pas se déclarer à l’IRS, la sanction est identique à celle
des banques avec un prélèvement à la source de 30% sur toutes les transactions
financières ayant comme intermédiaire les États-Unis.
Pour les gestionnaires de fortune ainsi que les employés des banques en Suisse, des
sanctions peuvent aussi être prises à l’encontre de ces personnes de manière
individuelle. Ces dernières peuvent être punies d’une amende qui peut s’élever jusqu’à
250'000 francs si elles violent de manière intentionnelle certaines obligations. Par
exemple l’obligation d’enregistrement, de communication, de prélèvement d’impôt à la
source ou encore l’obligation découlant d’un contrat FFI. Cependant, l’amende est au
plus de 100'000 francs si l’individu a agi par négligence.
Il est également prévu dans la loi FATCA d’infliger des amendes si un collaborateur
n’observe pas l’obligation de demander des documents aux titulaires de comptes
« américains » comme par exemple d’essayer d’obtenir son consentement pour la
communication des données de son compte ou d’indiquer son numéro TIN. L’amende
prévue dans ce cas est au plus de 20'000 francs si cela se fait de manière
intentionnelle et de 10'000 francs par négligence. Enfin, une amende de 5000 francs
au plus punit les infractions administratives.
Il est important de noter également que l’Administration fédérale des contributions peut
renoncer à engager des poursuites pénales si les autorités américaines ont déjà
entamé des poursuites pour la même infraction (31) et (annexe 1).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 22
3. Analyses et développement
L’analyse de ce travail consiste à déterminer l’impact de l’application de la loi FATCA
dans les établissements financiers helvétiques. Il est également intéressant de tenter
d’évaluer les impacts en termes de coûts et de ressources humaines pour les banques
qui seront soumises aux obligations de cette nouvelle loi. Pour des raisons de
confidentialité et de stratégie bancaire, peu de chiffres précis peuvent être avancés
dans cette analyse car les différents intervenants interrogés n’étaient pas en mesure
ou n’avaient pas l’autorisation de divulguer certains chiffres. De plus, l’entrée en
vigueur de la loi FATCA étant récente (1er juillet 2014), les coûts qui devront être
supportés par les banques ne sont pas chiffrables de manière précise à ce jour, ils ne
peuvent qu’être estimés. Afin de mener au mieux cette analyse, celle-ci est divisée en
4 catégories distinctes reprenant les principaux éléments qui sont impactés par la loi
FATCA. Ces 4 catégories sont :
1) Coûts et ressources humaines
2) Réaction de la clientèle américaine
3) Image pour la place financière suisse
4) Perspectives d’avenir
Cette liste non-exhaustive des domaines impactés par FATCA sert de fil conducteur
pour le développement de l’analyse qui mènera à la conclusion de ce travail. Chaque
sujet est analysé indépendamment des autres (hypothèses, éléments de réponses,
conclusions) puis une conclusion globale pour terminer cette analyse. Il est important
de préciser qu’en l’absence d’éléments de réponses définitifs, cette analyse est
principalement portée sur des hypothèses personnelles. Ces dernières sont néanmoins
basées sur des données et des informations récoltées lors de la rédaction de ce travail.
Ces hypothèses seront développées pour chacun des points listés précédemment.
Afin de procéder au développement de mon analyse, je me suis entretenu avec des
professionnels du secteur pour avoir des réponses concrètes sur le sujet et pour savoir
comment se déroulait la mise en application de la loi dans leurs établissements
respectifs. Les deux professionnels que j’ai rencontrés travaillent dans des banques, le
premier dans une célèbre banque privée genevoise alors que le second est employé
dans une grande banque suisse. Je tiens à préciser que ces deux personnes ont
requis l’anonymat au vu des informations communiquées et de la sensibilité du sujet.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 23
3.1 Coûts et ressources humaines
Hypothèses prises en compte pour l’analyse
Au niveau de l’impact sur les coûts et les ressources humaines, on peut
raisonnablement envisager que l’impact est directement lié avec la taille de la banque
et il est incontestablement dépendant du nombre de comptes américains gérés par
cette dernière. En prenant en compte ces éléments, il est probable que les coûts à
supporter pour des banques comme l’UBS et le Crédit Suisse soient importants au vue
de la taille de leur institution (environ 50% du total des bilans de toutes les banques en
Suisse) (32). De plus, les banques présentes sur le sol américain seront probablement
plus impactées que les autres banques car l’accessibilité pour les citoyens américains
est plus aisée que pour les banques cantonales par exemple.
Il est probable également que les banques ayant déjà eu dans le passé un conflit avec
la justice américaine au sujet de l’évasion fiscale (UBS, Crédit Suisse entre autres)
soient plus significativement touchées. En effet, ces banques ont été condamnées à de
fortes amendes (33) ce qui laisse présager que des clients américains cacheraient leur
argent dans une de ces deux banques sans le déclarer à l’administration fiscale
américaine.
En ce qui concerne les ressources humaines, on peut légitimement penser que le
service juridique (legal & compliance) des banques suisses s’est ou sera renforcé afin
d’appliquer la loi FATCA de manière la plus adéquate possible. Etant donnée la
complexité d’appliquer une loi américaine sur le sol suisse, les banques ont peut-être
fait appel à des juristes ou avocats spécialisés dans le droit américain.
Enfin, la charge administrative des banques devrait significativement augmenter afin
de débusquer tous les comptes potentiellement américains ainsi que pour rassembler
les informations et les envoyer à l’IRS. Encore une fois, cette charge administrative
devrait être lié à la taille de la banque et au nombre de comptes américains qui sont
sous gestion. Pour parer à cette augmentation de charge de travail, les banques ont le
choix d’engager du personnel supplémentaire ou de demander à leurs employés de
subir cette charge en plus de leur travail habituel. Les banques les plus touchées par
FATCA auront tout intérêt à engager du personnel supplémentaire plutôt que de
demander à leurs employés d’assumer cette charge administrative en plus de leur
travail quotidien.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 24
Éléments de réponses
Les chiffres concernant les coûts ne sont pas encore précis mais nous pouvons
néanmoins nous baser sur des estimations effectuées par l’ASB7. Pour l’association
suisse des banquiers dans un article de l’ATS repris par le « 20 minutes » le 27 juin
2014 (34), les coûts liés à l’introduction de la loi FATCA pour les établissements
financiers suisses devraient se chiffrer à plus de 300 millions de francs. On a aussi
évoqué dans la presse un surcoût de l’ordre de 10 dollars par compte « américains »
ou supposés l’être (estimation de la Fédération européenne des banques) alors que
d’autres banques comme la Société Générale laissaient présager un surcoût se situant
entre 20 et 50 dollars (35).
Ne connaissant pas le nombre précis de comptes « américains » dans les banques
suisses (confidentialité oblige) nous ne pouvons pas nous servir de ces chiffres pour
évaluer l’impact du coût sur les établissements financiers. De plus, l’estimation du
surcoût étant très imprécis (estimation passant du simple au quintuple) il est difficile de
prendre en considération cette donnée (coût unitaire par compte) pour effectuer une
analyse la plus juste possible. Ce que nous savons en revanche suite aux divers
entretiens effectués avec des professionnels de la branche, c’est qu’une cellule
spéciale spécifiquement affectée à l’examen de tous les comptes a été mise en place
dans la banque privée genevoise. Pour l’autre banque, une entité distincte de
l’institution principale a été créée pour pouvoir gérer tous les clients américains en
dehors de la filiale mère. D’un point de vue humain, les heures supplémentaires ont
malheureusement entrainé des burnouts chez certains employés qui devaient absorber
seul la charge supplémentaire de travail. Les coûts totaux restent pour l’heure
inconnus à cause de la mise en place récente de la loi FATCA mais selon le
collaborateur de la grande banque suisse, cela pourrait se chiffrer à une centaine de
millions de francs uniquement pour sa banque.
Nous pouvons malgré tout nous baser sur l’estimation de l’association suisse des
banquiers qui est reconnu pour son sérieux et la qualité de son travail au niveau la
place financière helvétique. L’ASB a donc estimé à environ 300 millions de francs le
surcoût qui sera à la charge des établissements financiers. Dans ces 300 millions sont
compris l’augmentation du personnel ainsi que les mises à jour des systèmes
informatique des banques pour pouvoir traiter les données à transmettre à l’IRS. C’est
à ce jour le seul chiffre que l’on peut lire dans la presse concernant les coûts de la
mise en application de la loi FATCA en Suisse.
7 Voir glossaire à la page 38
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 25
Ce chiffre de 300 millions de francs est estimé pour la première année de la mise en
place de FATCA. Dès lors, on peut légitimement imaginer que ce coût global de mise
en service devrait baisser d’année en année une fois que les outils informatiques, les
procédures et les contrôles des comptes seront ajustés. Cependant, des coûts
récurrents liés aux contrôles des comptes (renouvellement de la documentation des
clients tous les trois ans) resteront à la charge des banques (rémunération du
personnel). Difficile néanmoins de savoir quelles banques ou plutôt quels types
d’établissements financiers supporteront ces 300 millions. Les deux grandes banques,
au vu de leur taille et de leurs activités aux États-Unis devraient payer entre 150 et 200
millions de francs (50% du total des bilans de toutes les banques et grosse présence
aux USA)8. Sachant que l’UBS a réalisé un bénéfice net de 3,17 milliards de francs en
2013 (36), ces 75 à 100 millions de francs de charge supplémentaire semble
négligeable car elle représente entre 2.36% et 3.15% du bénéfice net annuel. Pour sa
part, Raiffeisen, le numéro 3 des banques en Suisse a annoncé que l’application de la
loi FATCA lui coûterait plusieurs millions de francs (34) sans toutefois en préciser le
montant.
Enfin, nous pouvons également évaluer ce que représentent ces 300 millions de francs
par rapport au PIB qui est produit par le secteur financier en Suisse. En 2012, la valeur
ajoutée brute de la place financière s’élevait à 62 milliards de francs (37) soit 11% du
PIB d’après les chiffres de l’Office fédéral de la statistique. En pourcentage, cela
représente 0.5% du PIB produit par la place financière et 0.05% du PIB du pays entier.
Conclusion
Comme le démontre les estimations de l’ASB en comparaison des bilans et des
bénéfices des banques helvétiques, il est peu probable que l’impact financier soit très
important et qu’il entraine de grosses répercussions sur les résultats financiers des
banques en Suisse. De plus, nous pouvons soulever un point positif dans l’application
de cette loi qui est la probable création d’emplois. En effet, les banques
(particulièrement les grandes banques) seront contraintes d’engager du personnel pour
pouvoir absorber la charge administrative supplémentaire pour le contrôle et le
reporting des comptes. Certains de mes interlocuteurs m’ont fait remarquer que la
surcharge de travail pouvait avoir des répercussions néfastes sur le personnel en place
(burnout), ce qui n’est pas négligeable pour les banques. D’où la nécessité de créer de
nouveaux emplois dans ce secteur.
8 Voir glossaire à la page 46
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 26
A l’échelle de l’économie nationale, la comparaison des coûts rapportée au PIB
(chiffres de 2012), confirme que l’impact de cette augmentation de charges pour le
secteur financier est somme toute négligeable et ne devrait donc pas avoir de grosses
conséquences sur la croissance et l’économie du pays.
En outre, il est intéressant de comparer ce coût extraordinaire en comparaison du
montant de l’amende infligée au Crédit Suisse en 2014. Pour rappel, la justice
américaine a amendé le Crédit Suisse pour un montant de plus de 2,5 milliards de
francs pour avoir facilité l’évasion fiscale de ses clients américains (3). Avec le montant
de cette amende, le Crédit Suisse aurait pu payer la charge supplémentaire (estimée)
pour l’ensemble de la place financière helvétique suite à l’introduction de la loi FATCA,
pour les 8 prochaines années si le coût de 300 millions de francs (34) s’avère correct.
De plus, lors de mes différents entretiens j’ai évoqué une possible perte de
compétitivité à cause des coûts liés à la mise en place des normes de FATCA. On m’a
répondu que la perte de compétitivité ne sera pas de facto liée aux coûts
supplémentaires mais plutôt liée au fait d’étoffer ou de créer de nouveaux services
concernant le reporting.
Enfin, d’un point de vue des ressources humaines, les services legal & compliance
étaient déjà en quelques sortes préparés depuis la mise en place du « Qualified
Intermediary »9 en 2001 (38). Par contre, avec la FATCA, ces équipes et ces structures
se sont renforcées et des procédures spécialement conçues pour FATCA ont été
élaborées. Des « US Policy » sont en place depuis des années dans la grande banque
suisse pour informer les employés de ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire avec un
client américain. Afin de vérifier que les informations sont bien retenues pas les
employés, des tests sont effectués tous les 3 ans pour l’ensemble du personnel. Dès
lors, les employés ne craignent pas vraiment les sanctions possibles de la loi FATCA
même si les voyages aux États-Unis restent déconseillés pour une partie du personnel
en lien avec la gestion de fortune ou du patrimoine par exemple.
9 Voir glossaire à la page 43
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 27
3.2 Réaction de la clientèle américaine
Hypothèses prises en compte pour l’analyse
Depuis l’annonce de la mise en place de la loi FATCA par les États-Unis en 2010 ainsi
que la signature de cet accord par la Suisse en février 2013, les établissements
financiers ont eu le temps de se préparer. Cependant, quid des dizaines de milliers
d’américains ou de binationaux établis en Suisse ou encore des citoyens américains
possédant un compte dans une des banques du pays ? L’hypothèse la plus plausible
est que l’annonce de cette guerre menée contre l’évasion fiscale a probablement eu un
effet d’autorégulation de la part des citoyens américains pour qu’ils se déclarent auprès
de l’IRS bien avant l’entrée en vigueur de cette loi. En effet, la loi FATCA ne laisse pas
réellement d’échappatoires pour les fraudeurs américains ce qui n’incitent pas ces
derniers à continuer de cacher leur fortune aux autorités américaines. Dès lors, il ne
devrait plus y avoir beaucoup de clients « non-coopératifs » avec l’IRS car au final, les
autorités fiscales américaines auront le dernier mot même si le client refuse la
transmission de ses données.
Il est difficile d’estimer et de prévoir une éventuelle baisse de clients et par conséquent
une baisse des capitaux « américains » dans les banques suisses. Dans sa publication
des résultats du deuxième trimestre 2014, UBS a précisé que sa banque avait subi un
reflux de capitaux américains à hauteur de 2,5 milliards de dollars. Cependant, la
banque explique cette sortie de capitaux à cause du paiement d’impôts saisonniers sur
le revenu et non à cause de l’entrée en vigueur de FATCA. Pour preuve, lors des 3
premiers mois de l’année 2014, la banque avait enregistré un afflux de plus de 2
milliards de dollars pour son entité « Gestion de fortune Amérique » rapporte « Le
Temps » dans un article daté du 29 juillet 2014 (56). Néanmoins, la Suisse garde des
atouts majeurs pour pouvoir garder ses clients même si fiscalement il est moins
intéressant pour les citoyens américains d’avoir un compte en Suisse après l’entrée
vigueur de la loi FATCA. Forte de son expérience et de son savoir-faire (surtout dans
la gestion de patrimoine me rappelle l’un de mes interlocuteurs), la place financière
helvétique a toutes les cartes en main pour rester l’une des plus attractives du monde
malgré les attaques répétées contre le secret bancaire. Le résultat global de toutes les
banques suisses en 2013 démontre bien la bonne santé de la place financière avec un
bénéfice de près de 12 milliards de francs contre 7,1 milliards une année auparavant
(57).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 28
Éléments de réponses
Pour le cas des binationaux, les États-Unis font actuellement face à une augmentation
importante d’abandon de la nationalité américaine de la part de ses citoyens ayant une
seconde nationalité. En effet ce n’est pas compliqué de renoncer à la nationalité
américaine pour autant que l’on prouve que l’on soit bien intégré dans un autre pays et
que l’on démontre qu’il n’y a pas plus d’attaches familiales ou autres avec les États-
Unis (27). D’ailleurs les employés que j’ai rencontrés ne m’ont pas caché que certains
de leurs clients binationaux désiraient abandonner leur nationalité américaine. De plus,
la mise en place de FATCA n’a pas incité les clients américains à quitter les banques
helvétiques et les professionnels m’ont assuré qu’il n’y avait pas eu de pertes de
capitaux pour leur banque respective.
Les employés interrogés ont aussi remarqué qu’il y avait peu de clients qui se
montraient récalcitrant à coopérer. Les clients sont conscients qu’ils ne peuvent plus
échapper à l’IRS alors ils collaborent dans la majorité des cas. Ceux qui ne le font pas
tentent certainement de « jouer la montre » en ne collaborant pas dans l’immédiat avec
les banques et l’IRS bien qu’ils savent pertinemment qu’ils seront vraisemblablement
inquiétés dans un avenir proche. Contrairement à l’hypothèse avancée précédemment,
l’annonce de la signature de cet accord par la Suisse n’a pas eu un effet d’auto-
régularisation de la part des clients visés par FATCA. Les professionnels du secteur
ont remarqué que les clients ne veulent pas faire l’effort de contacter la banque et l’IRS
d’eux-mêmes pour s’auto-régulariser. Dès lors, c’est à la banque de faire ces
démarches ce qui augmente la charge administrative de celle-ci lorsque les clients
désirent se faire régulariser à cause des documents à fournir (prestation fiscale/rapport
sur les gains en capitaux).
Concernant l’impact sur les capitaux des clients américains, les banques suisses n’ont
pas attendu l’application de la loi FATCA pour mettre en place des structures
permettant d’accueillir la clientèle américaine. Le quotidien Le Temps nous apprend
dans un article intitulé : « Les banques suisses accueillent à nouveau l’incontournable
clientèle américaine » daté du 4 août 2014, qu’une soixantaine d’établissements
financiers suisses ont créé une entité spéciale pour gérer la clientèle américaine. Ces
entités sont enregistrées auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC),
l’équivalent de la FINMA en Suisse et peuvent donc traiter avec les clients qualifiés de
« US Persons » en toute transparence.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 29
Mathilde Farine, l’auteur de cette article rapporte que l’UBS Swiss Financial Advisors
(entité externe de l’UBS) est numéro un en Suisse avec 5,35 milliards de dollars sous
gestion et environ 1800 clients américains. En revanche, la deuxième banque de
Suisse, le Crédit Suisse, a fermé sa filiale en 2008. Désormais, tous les clients
américains de la banque sont gérés directement depuis les banques Crédit Suisse aux
États-Unis. La force de ces entités c’est que 100% des clients sont déclarés. Même la
banque privée genevoise Pictet a mis en place cette structure en 2006 et gère
actuellement 4,3 milliards de dollars ce qui en fait la troisième banque la plus
importante dans la gestion des capitaux des « US Persons ».
Lorsque l’on se pose la question de savoir si les clients américains sont toujours les
bienvenus dans les établissements financiers suisses, la réponse est oui mais à partir
d’un certain apport minimum. Pour la banque privée genevoise, la mise en place de la
loi FATCA a permis à sa banque de mieux se structurer et donc d’accueillir les clients
américains dans les meilleures conditions possibles. La seule chose qui a changé,
c’est que la banque demande plus de fonds lors de l’ouverture d’un compte par un
client américain. La raison de ce changement d’apport initial minimum est que les
comptes américains engendrent désormais des coûts supplémentaires ce qui
impliquent des exigences plus élevées lorsqu’un client désire ouvrir un compte. Pour la
grande banque helvétique, les petits clients américains ne sont plus vraiment les
bienvenus car ce n’est plus rentable de les accueillir avec la charge administrative
supplémentaire qui résulte de FATCA. Enfin, comme expliqué précédemment, ces
clients sont de toute manière redirigés vers une entité annexe à la banque principale
chargée de s’occuper de toute la clientèle américaine.
Conclusion
Lors de mes entretiens, les différents professionnels du secteur ont pu m’affirmer que
les clients ne quittaient pas les banques suisses à cause de cette loi et qu’il n’y avait
pas de pertes de capitaux liés à FATCA. C’est une chose positive pour la place
financière suisse car la mise en place de cette loi aurait pu pousser les clients
américains à se tourner vers les derniers paradis fiscaux qui n’ont pas encore signé
l’accord avec les États-Unis. Seul un apport initial plus important pour l’ouverture d’un
compte est exigé pour certaines banques afin de mieux « couvrir » les services
supplémentaires (reporting) que nécessitent les comptes américains.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 30
A la lecture de plusieurs articles et en écoutant les employés des banques, on se rend
compte que la place financière helvétique ne peut pas se passer du juteux marché
américain. En effet, le Boston Consulting Group a évalué la fortune globale des
américains à quelque 48'000 milliards de dollars (63), ce qui représente un marché
énorme en matière de gestion de fortune. Les banques l’ont bien compris et se sont
donc tournées vers ces entités « externes » à la société mère pour pouvoir gérer ces
clients qui demandent un contrôle accru pour satisfaire les exigences du fisc américain.
Bien que « seulement » 30 milliards de francs (63) soient gérés en Suisse sur les 800
milliards de dollars placés par les citoyens américains à l’étranger, les banques suisses
attirent toujours plus la clientèle américaine. D’autres établissements financiers autres
que des banques ont flairé cette opportunité ce qui démontre une nouvelle fois
l’importance de la clientèle américaine pour la place financière en Suisse.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 31
3.3 Image pour la place financière suisse
Hypothèses prises en compte pour l’analyse
Constamment attaquée depuis la crise financière de 2007, la place financière suisse
souffre d’une image de paradis fiscal au milieu d’une Europe en pleine crise. Avec
l’acceptation de la loi FATCA, la Suisse redore un peu son image auprès de la plus
grande puissance mondiale et lance un signal fort à ses détracteurs en démontrant
qu’elle est prête à collaborer dans la lutte contre l’évasion fiscale. Le récent abandon
du secret bancaire (39) prouve que la Suisse veut se débarrasser de cette mauvaise
image qui lui colle à la peau depuis des décennies et cela se confirme encore plus
avec l’échange automatique de renseignements bancaires à des fins fiscales accepté
par la Suisse en mai dernier (40).
Éléments de réponses
Il est difficile d’évaluer à l’heure actuelle les retombées positives en termes d’image
pour la place financière helvétique suite à l’entrée en vigueur de cet accord. Les
retombées et les éventuels effets positifs ne pourront être visibles que dans quelques
années une fois que les comptes américains des banques suisses auront été tous
régularisés et que le fisc américain aura reçu toutes les données qu’il exige pour tenter
de récupérer l’argent caché. Certains collaborateurs des banques ont cependant déjà
pu remarquer les premiers effets positifs de l’instauration de la loi FATCA.
Premièrement, la Suisse sera moins perçue comme le mouton noir pour les autres
pays même si, selon certains de mes interlocuteurs, la Suisse a sacrifié peut-être un
peu tôt ce qui faisait sa force. Ensuite, cette loi offre des opportunités pour les banques
d’élargir leur palette de services. Par exemple, les clients américains devront à présent
avoir un reporting fiscal aux normes américaines c’est-à-dire, en conformité avec les
exigences de l’IRS. Ces clients souhaitent donc avoir les mêmes services qu’ils
pourraient trouver dans une banque américaine. Dès lors, c’est une opportunité à saisir
pour « séduire » les clients et ainsi éviter de les perdre. Le but n’est pas forcément
d’attirer de nouveaux clients avec ce type de services mais de conserver et de
consolider l’existant.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 32
Conclusion
Au premier abord, il était quasiment impossible de se passer de l’accord FATCA, du
moins à court terme comme me l’a expliqué l’un mes interlocuteurs travaillant dans une
banque privée de la place. Cela aurait peut-être pu être possible à terme par la mise
en place de l’échange automatique d’informations, de ce fait la loi FATCA aurait été un
peu superflu. Dans le contexte actuel la Suisse ne pouvait absolument pas se passer
de cet accord auquel cas les établissements financiers helvétiques auraient dû se
passer du marché américain. Chose qui n’est économiquement pas viable pour les
banques vu l’importance de ce marché. Dès lors, la coopération avec les États-Unis
suite à la signature de cet accord ne peut être que bénéfique pour l’image de la place
financière suisse.
Enfin, il y a tout de même des aspects positifs à en tirer pour les banques avec la loi
FATCA. Premièrement, une régularisation au sujet de l’évasion fiscale de ses clients
américains mais aussi l’opportunité d’étoffer ou d’offrir d’autres services pour sa
clientèle américaine. Ces nouveaux services serviront à mieux gérer les clients actuels
et accueillir de la meilleure des manières les nouveaux clients américains. Cette
nouvelle transparence de la part des banques suisses permettra peut-être d’attirer de
nouveaux clients américains ou non qui désirent profiter du savoir-faire helvétique en
matière de gestion de fortune sans avoir de problèmes avec le fisc de son pays. D’un
point de vue politique, le Conseil Fédéral aura probablement à l’avenir moins de conflit
à régler avec les autorités politiques d’autres pays (États-Unis, France et Allemagne
principalement) ce qui permettra à la Suisse de garder des bonnes relations avec ses
principaux partenaires commerciaux.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 33
3.4 Perspectives d’avenir
Hypothèses
La Suisse, et plus particulièrement la place financière peut légitimement espérer que la
signature de la loi FATCA devrait apaiser les tensions avec les américains. Dès lors,
les banques suisses ne devraient plus connaître de gros conflits avec la justice
américaine suite à la mise en place des règles de la loi FATCA. Néanmoins, la
signature de cet accord n’inclue pas la régularisation du passé. Cela signifie que les
établissements financiers pourront encore être poursuivis pour des faits antérieurs à la
mise en conformité avec la loi FATCA.
En dehors des relations entre les autorités américaines et les établissements financiers
suisses, on peut se demander si cette loi FATCA ne pourrait pas donner des idées à
d’autres grandes puissances mondiales. Il n’est pas improbable que d’autres États
décident à leur tour de mettre en place leur propre loi FATCA applicable à l’ensemble
des pays du monde pour tenter eux-aussi de mettre la main sur une partie de l’argent
qui échappe au fisc à cause de l’évasion fiscale.
Éléments de réponses
Lors de mes entretiens, les collaborateurs employés dans les banques m’ont expliqué
qu’il fallait bien distinguer les problématiques différentes qui concernent deux entités
américaines distinctes. D’un côté l’IRS (fiscalité) et de l’autre le Department of justice
(DOJ). La loi FATCA sous l'égide de l'IRS recherche à faire en sorte que tous les
contribuables américains déclarent l'intégralité de leurs revenus/gains en capitaux. Le
DOJ quant à lui s'attaque aux banques qui ont détenu des clients américains
potentiellement non déclarés. Il s'attaque donc aux banques pour les événements du
passé comme il le fait actuellement avec des plaintes contre les banques suisses qui
se retrouvent classées dans différentes catégories. Aucun établissement bancaire n’est
à l’abri de se retrouver une nouvelle fois mêlée à des plaintes émanant de la justice
américaine comme en a fait les frais l’UBS en 2011 suite au scandale provoqué par la
manipulation du taux Libor (61). La plus grande banque de Suisse avait en effet été
condamnée à verser 1,4 milliards de francs aux autorités américaines, britanniques et
suisses dont 1,1 milliards de francs uniquement pour l’affaire qui concernait les États-
Unis.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 34
Concernant les émules provoqués par la loi FATCA, le Royaume-Uni a lui aussi décidé
de mettre en place son « UK FATCA » (60). Ce dérivé de la loi FATCA servira à
identifier les comptes des personnes fiscalement rattachées au Royaume-Uni dans les
établissements bancaires localisés sur des territoires réputés pour leur taux
d’imposition très bas (Iles Caïmans, Jersey ou Guernsey notamment).
Conclusion
A première vue, il semblerait que les banques essayent de faire les choses
correctement dans la mise en place de cet accord car certaines sont sous le coup
d’une plainte de la part des États-Unis. Comme précédemment expliqué, FATCA ne
régularisera pas le passé. En revanche, cela devrait apaiser les tensions à l’avenir
avec la plus grande puissance mondiale. En attendant, les banques doivent faire le
nécessaire et coopérer avec les États-Unis afin de tourner la page et se concentrer sur
leurs activités futures.
A l’échelle internationale, mis à part les États-Unis et le Royaume-Uni, la loi FATCA ne
devrait pas provoquer une réaction en chaîne et inciter les grandes puissances
économiques et politiques mondiales à en faire de même. D’une part, car
probablement aucun autre pays n’a le même poids que les États-Unis dans les
négociations pour pouvoir imposer une loi dans un autre pays que le sien et d’autre
part car l’échange automatique d’informations (EAI) (62) va se généraliser ces
prochaines années. En effet, avec l’EAI aux standards de l’Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE)10, il serait contraignant pour les
pays d’imposer en plus leur propre FATCA aux autres États avec les complications
juridiques et les coûts que cela implique. D’autant plus que les territoires visés par le
FATCA UK se sont dit prêts à adopter l’EAI ainsi que la Suisse, le Luxembourg ou
encore le Liechtenstein (64).
10
Voir glossaire à la page 45
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 35
3.5 Synthèse des résultats de l’analyse
Suite à cette analyse portant sur les impacts de la loi FATCA et au développement des
4 sujets principaux concernés par l’application de la loi, nous pouvons en tirer des
conclusions qui pourront être comparé d’ici quelques années à la réalité des chiffres
rapportés par les banques et l’ASB. On peut estimer après avoir analysé les
informations obtenues auprès des différents professionnels de la branche ainsi que les
données disponibles dans la presse que l’impact général sur la place financière
helvétique ne sera pas aussi catastrophique que prévu. Il est vrai que l’annonce de la
signature de cette loi avait plongé les établissements financiers suisses dans le doute.
Tout d’abord, ce qu’on peut retenir de cette analyse c’est que les banques n’ont pas
attendu que la loi FATCA entre en vigueur pour prendre des mesures. Les services
legal & compliance s’étaient déjà renforcés lors de l’introduction du « Qualified
Intermediary" en 2001. Plusieurs dizaines de banques ont ensuite décidé de mettre sur
pied une structure externe à la banque principale pour gérer la clientèle américaine qui
demande plus de contrôles. Dès lors, les résultats de cette analyse démontre qu’il n’y
pas eu de perte de capitaux suite à l’application de la loi FATCA et que les clients
américains sont toujours les bienvenus pour autant que l’apport initial soit conséquent
lors de l’ouverture d’un compte.
Ensuite, au niveau des coûts, les professionnels en sont encore au stade des
estimations mais cela se chiffrera probablement en plusieurs centaines de millions de
francs par année. Néanmoins, comparé à des indicateurs comme les bénéfices des
banques, le PIB du secteur financier et le PIB national, ce montant ne devrait pas être
préjudiciable pour la place financière. La question qui reste en suspens est de savoir
qui paiera les coûts supplémentaires liés à l’application de la loi FATCA dans les
banques suisses (clients américains ? clients suisses ? la banque elle-même ?).
Enfin, il semble évident que la Suisse ne pouvait pas se passer de l’accord FATCA car
cela aurait privé les banques suisses d’une certaine manière au marché américain qui
reste l’un des plus lucratifs au monde. Avec l’échange automatique d’informations qui
va se généraliser dans le monde, la Suisse était contrainte de faire preuve de plus de
transparence au sujet du secret bancaire. Malgré cela, la place financière helvétique
pour s’appuyer sur une réputation mondialement reconnue dans le secteur bancaire et
devrait rester attractive pour les investisseurs du monde entier, y compris ceux des
États-Unis.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 36
4. Conclusion
Depuis l’annonce de la signature de la loi FATCA par notre pays, la place financière
helvétique s’interrogeait sur les éventuelles répercussions que cela auraient sur les
établissements financiers. Dès lors, j’ai décidé d’en faire le sujet de mon travail de
bachelor pour évaluer les impacts de la loi FATCA en y apportant mon analyse.
Il est évident que je n’ai pas eu l’opportunité d’aller aussi loin que je le souhaitais dans
mes analyses et dans le développement de mes hypothèses. La faute à une loi entrée
en vigueur trop récemment pour connaître les premiers chiffres des dépenses liées à la
mise en place de FATCA et à la confidentialité des données des banques.
Cependant, à l’aide des informations et des données récoltées auprès des
professionnels du secteur rencontré, j’ai pu effectuer une analyse qui se rapproche le
plus possible de la réalité. Cela a d’ailleurs été une réelle surprise de me rendre
compte que les impacts ne devraient pas être trop préjudiciables pour les banques
helvétiques et que la mise en place de cette loi aura même selon certains, des
retombées positives comme la création de nouveaux services.
Toujours lors de mes interviews, je me suis rendu compte à quel point le sujet est
sensible et comme les banques se méfient des éventuelles fuites (informations,
données) qui pourraient être divulguées en dehors de leurs établissements. D’ailleurs,
les deux collaborateurs que j’ai interviewés m’ont demandé de ne pas dévoiler le nom
de leur employeur respectif ni de citer leur nom dans ce travail.
Pour conclure, malgré la charge de travail et financière que devront assumer les
établissements financiers suisses, il est peu probable que la loi FATCA ait un impact
majeur sur les résultats et la compétitivité de ce secteur important de l’économie
nationale. La place financière suisse peut de toute manière s’appuyer sur une forte
confiance envers ses banques et une stabilité politique et sociale reconnue
internationalement. Forte de ses principaux atouts, la Suisse devrait rester un acteur
important du secteur bancaire à l’échelle mondiale.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 37
5. Glossaire
5.1 Les acteurs de la place financière suisse
Banque Nationale Suisse
La Banque Nationale Suisse (BNS), qui a son siège à Berne et Zurich, joue un rôle
essentiel dans le fonctionnement des banques helvétiques et dans l’économie suisse
en générale. En effet, la BNS conduit la politique monétaire du pays conformément à la
Constitution et à la loi. Il est important de préciser que la Banque Nationale Suisse est
totalement indépendante et peut donc théoriquement librement agir sans subir de
pressions politiques afin de mener à bien ses missions. La BNS s’assure de la stabilité
des prix dans notre pays (on parle d’une hausse annuelle de l’inflation inférieur à 2%).
Son activité principale est l’approvisionnement en numéraire (dont elle a le monopole
de la fabrication) au marché suisse (41).
Source : Banque nationale suisse (41) Adapté par Jérôme Fournier
Depuis le 6 septembre 2011, la BNS assure une nouvelle mission qui consiste à
maintenir un taux plancher sur le cours de change avec l’Euro (1.20 CHF pour 1 Euro).
Le but est que la cherté du Franc n’impact pas dramatiquement les exportations (qui
représentaient quasiment 50% du PIB du pays en 2012) ainsi que le tourisme. Pour
maintenir ce taux plancher, la BNS achète massivement de l’euro contre du franc
suisse afin de dévaluer ce dernier et garder un taux de change jugé acceptable par les
milieux économiques suisses.
207
270
346
499 490
95
204
258
432 443
0
100
200
300
400
500
600
2009 2010 2011 2012 2013
Taille du bilan de la BNS avec le poids des devises
Actifs en milliards de CHF
Devises en milliards de CHF
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 38
Cette mesure n’est pas sans conséquence sur les avoirs (actifs) que possèdent
dorénavant la Banque Nationale Suisse. Au 30 septembre 2013, les actifs de la
banque s’élevaient à 491 milliards de francs dont 443 milliards en réserves de devises
avec près de 218 milliards d’euros (valeur en franc suisse) (42).
Swissbanking
Fondé en 1912 à Bâle, l’association suisse des banquiers (ASB) occupe une place
prépondérante sur l’échiquier du système bancaire helvétique. En effet, l’ASB a pour
missions de garantir et promouvoir des conditions-cadres optimales pour la place
financière suisse que ce soit en Suisse ou à l’étranger. Les missions de l’ASB sont
multiples et couvrent un vaste panel d’activités. En effet, la défense des banques vis-à-
vis des autorités suisses et étrangères ainsi que la promotion de l’image de la place
financière suisse à l’échelle mondiale est pris en charge par l’ASB. En outre,
l’encouragement à la formation de la relève mais aussi des cadres ainsi que la
coordination des services communs des banques suisses font parties des missions de
l’association suisse des banquiers. L’ASB compte aujourd’hui 333 banques membres
et près de 18'700 membres à titre individuel. L’association est régie par des statuts
qu’il faut respecter si l’on entend adhérer à l’ASB (43).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 39
LA FINMA
L’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) est une société de
droit public suisse indépendante. Son but est de surveiller les marchés financiers
helvétiques et veiller à son bon fonctionnement en protégeant les investisseurs, les
créanciers et les assurés. Elle collabore de manière directe avec le Département
Fédérale des Finances (DFF) et la BNS.
Pour mener à bien sa mission, la FINMA applique la loi sur l’Autorité fédérale de
surveillance des marchés financiers (LFINMA) dont elle est l’unique société
compétente concernant son application. La LFINMA est une loi qui en chapeaute 7 et
qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2009 après avoir été adoptée par les Chambres
Fédérales le 22 juin 2007. Les sept lois régissant les marchés financiers sont les
suivantes :
Loi sur les banques
Loi sur les bourses
Loi sur le blanchiment d'argent
Loi sur les placements collectifs
Loi sur l'émission de lettres de gage
Loi sur la surveillance des assurances
Loi sur le contrat d'assurance
La LFINMA (qui chapeaute ces sept lois) a été adoptée pour réguler les marchés
financiers en prévoyant des sanctions harmonisées, des instruments de surveillance
ainsi que des dispositions concernant la responsabilité des différents acteurs du
système financier. De plus, la FINMA peut s’appuyer sur deux ordonnances qui
complètent la LFINMA. L’une d’entre-elle concerne la perception des émoluments et de
taxes par la FINMA alors que l’autre les audits des marchés financiers (44).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 40
SIX Group
Six Group est un acteur incontournable du système bancaire et plus largement des
marchés financiers suisses. Ses principaux secteurs d’activités sont au nombre de
quatre. Il s’agit de :
Swiss Exchange
Avec l’aide de ce service, SIX gère l’une des principales Bourse réglementées
d’Europe. Cette Bourse indépendante est le marché de référence pour plus de
40'000 titres suisses. SIX Swiss Exchange remplit également les tâches suivantes :
admission de titres, gestion de la plateforme de négoce et sa surveillance mais
aussi la diffusion d’informations relatives au marché. SIX propose un lieu de cotation
idéale pour les entreprises quelles que soient leur taille ou leur origine ainsi que des
conditions très intéressantes en ce qui concerne la cotation et le négoce dans des
segments très liquides (actions, warrants, ETF, etc.).
Doté de la technologie de négoce X- stream INET, SIX garantie à ses clients des
conditions de négoce impeccables car elle possède la technologie la plus rapide du
monde. Enfin, SIX permet à ses clients d’accéder à un vaste réseau mondial à
travers ses différents produits tels que SIX Repo AG (négoce marché monétaire) ou
encore STOXX, un fournisseur d’indices.
Securities Services
Via ce service, SIX intervient à titre de contrepartie entre les vendeurs et les
acheteurs pour réduire le risque de non-paiements entre les différents acteurs du
marché suisse et des places boursières mondiales. Le service principal proposé par
SIX est de soumettre des solutions complètes pour ce qui est des règlements et de
la conservation de titres en Suisse mais également sur 65 autres marchés.
SIX Securities Services possède également la plus grande chambre-forte
automatisée d’Europe et se distingue dans d’autres services comme l’organisation
d’assemblées générales ou la tenue des registres des actions.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 41
Financial Information
Ce service fournit des informations financières à travers le monde. La qualité des
informations est reconnue mondialement ce qui en fait l’un des principaux
fournisseurs. Les informations délivrées concernent principalement les cotations en
Suisse, les données de marché (cours, indices, statistiques) et négoce en bourse
(plateforme, connectivité).
Payment Services
Leader dans le traitement des cartes en Suisses, SIX offrent à sa clientèle des
moyens de paiements sans numéraires (acceptation de carte sur place, vente sur
Internet) mais aussi des prestations pour les établissements financiers (émission
des cartes de paiement, traitement des transactions par cartes) (45).
L’Ombudsman des banques
L’Ombudsman des banques est une institution neutre servant de médiateur entre les
clients et les banques ayant leur siège social en Suisse en cas de conflit. Près de 2000
demandes par année sont traités gratuitement par l’Ombudsman des banques et la
tendance est à la hausse. Créée en 1993, cette institution gère également la centrale
de recherche d'avoirs non réclamés (comptes en déshérence). Bien entendu,
L'ombudsman des banques est tenu à l'obligation de discrétion (46).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 42
Autorités politiques
Les autorités politiques suisses ne jouent pas un rôle majeur dans le fonctionnement
du marché financier helvétique. En effet, les autorités délèguent une grande partie de
leur pouvoir à différentes institutions ou organisations qui ont pour mission de réguler,
gérer et surveiller la place financière helvétique. Par exemple, la BNS conduit la
politique monétaire du pays en étant indépendante du Conseil Fédéral alors que la
FINMA régule et surveille les marchés.
Les autorités politiques suisses entrent en action essentiellement lors de la signature
d’accords (fiscaux, financiers, commerciaux, etc.) entre pays (FATCA, Rubik, etc.) ou
lors de conflits impliquant une entreprise suisse qui pourrait avoir de fâcheuse
répercussion pour l’économie du pays (affaire UBS aux États-Unis). Lors de l’affaire
UBS en 2009 , le Conseil Fédéral s’était rendu plusieurs fois eux États-Unis afin de
trouver une issue favorable au conflit mettant aux prises l’UBS et les autorités fiscales
américaines. Cela avait débouché sur un accord après de longs mois de négociations
et donc éviter à UBS de passer devant la justice américaine pour incitation à l’évasion
fiscale (47).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 43
5.2 Informations complémentaires
Le cadre légal suisse
Les établissements bancaires sont soumis à des lois ou des règlements relevant de
diverses sources et entités différentes. Ces règlements sont essentiellement axés sur
des articles de lois visant le blanchiment d’argent (CPS et LBA) et la Convention
relative à la diligence des banques (CDDB 08). On dénombre 4 principales sources qui
sont listées ci-dessous avec les bases légales qu’elles contiennent.
Droit privé
Code des obligations, Droit privé, Droit successoral, Droit réels, Droit des personnes,
Registre du commerce, Sociétés commerciales, Sociétés coopératives, etc.
Organes de surveillances
FINMA, Association suisse des banques (ASB) et Association suisse des assurances
(SVV).
Loi sur la surveillance bancaire
Loi fédérale sur les banques (LB), Loi fédérale sur les bourses et le commerce des
valeurs mobilières (LBVM), Loi fédérale sur la lutte contre le blanchiment d’argent
(LBA), Loi sur l’autorité de surveillance des marchés financiers (LAUFIN), etc.
Autres domaines du droit
Droit de la concurrence, Droit fiscal, Droit de protection du consommateur, etc.
Qualified Intermediary (QI)
Le « Qualified Intermediary » est le premier accord liant les banques non américaines
du monde entier et l’IRS. Entré en vigueur en 2001, cet accord permet aux banques
qui ont obtenu le statut « d’intermédiaire agréé » d’exonérer les impôts à la source sur
les dividendes et intérêts de valeurs mobilières américaines versées à leurs clients qui
ne sont pas de nationalité américaine. En contrepartie, le but recherché par les États-
Unis avec le QI est de s’assurer que les clients des banques étrangères qualifiés de
« US Persons » soient connus de l’administration fiscale américaine (59).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 44
Différents types de banques
La Banque Nationale Suisse classe les établissements bancaires en Suisse dans
différentes catégories. Les 328 institutions bancaires recensées par la BNS sont
réparties comme suit :
Grandes banques
Au nombre de deux (UBS et Crédit Suisse), les grandes banques offrent un vaste
choix de prestations que ce soit en Suisse ou à l’étranger ce qui n’est pas le cas pour
la plupart des banques des autres catégories. La catégorisation « grandes banques »
résulte de l’importance des bilans de ces deux mastodontes de l’économie suisse (voir
graphique à la page 46), des bénéfices réalisés et de la taille des effectifs. A elles
seules, ces deux banques représentent plus de 50% du total du bilan de toutes les
banques en Suisses et sont présentes dans plus de 50 pays.
Banques cantonales
Généralement, les banques cantonales sont dites « universelles » comme celles de la
catégorie des « grandes banques ». Cela signifie que ces institutions exploitent tous
les segments des opérations bancaires. Enfin, plus d’un tiers du capital social des
banques cantonales et plus d’un tiers des droits de vote sont détenus par le canton.
Banques régionales et caisses d’épargne
Ce sont des établissements indépendants qui ont comme principales activités les
dépôts d’épargne et les prêts hypothécaires.
Banques Raiffeisen
Ces banques régionales n’offrent pas une vaste palette de services comme les
banques cantonales ou les grandes banques. Les banques Raiffeisen se concentrent
sur les prêts hypothécaires et les crédits aux entreprises mais aussi des fonds de la
clientèle (épargne et placement).
Succursales de banques étrangères
Ces banques sont en mains étrangères (plus de 50%) mais sont régies par le droit
suisse. Quant aux succursales de banques étrangères, elles sont juridiquement
dépendantes de banques étrangères. Leurs principales caractéristiques sont une
relation avec une clientèle étrangère mais aussi de nombreuses opérations bancaires
internationales. Elles sont environ 120 en Suisse.
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 45
Banquiers privés
Les banques privées ont les formes juridiques suivantes : Raisons individuelles,
sociétés en nom collectif ou encore sociétés en commandite. La principale activité de
ces banques est la gestion de fortune et ces institutions répondent solidairement des
engagements de leur établissement.
Autres banques
Dans cette dernière catégorie, on retrouve les banques commerciales (banques
universelles) et banques boursières (opérations boursières, opérations sur titres, etc.).
Enfin, les autres banques regroupent aussi les banques en mains étrangères (48).
L'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
Fondé en 1961, l'organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE), est une organisation internationale économique qui a pour mission de
« promouvoir les politiques améliorant le bien-être économique et social partout dans
le monde ». En effet, l’OCDE permet à ses États membres de dialoguer et échanger
entre eux afin de trouver des solutions réalisables au sujet des changements
environnementaux, économiques et sociaux.
Pour que cette organisation fonctionne, il est primordial que les pays membres aient un
système de démocratie commun et une économie de marché. Les États qui forment
l’OCDE sont principalement des pays développés et européens (24 États). Le plan
d’action de l’organisation pour accomplir ses missions consiste à récolter de grandes
quantités de données économiques et d’informations de la part de ses membres.
Ensuite, ces informations sont analysées et discutées par les spécialistes de l’OCDE,
avant qu’une décision soit prise.
Ces décisions et leurs misent en œuvre débouchent sur des accords, normes et
recommandations à l’échelle internationale qui ont pour but de réguler les marché et
même d’introduire un modèle concernant la fiscalité internationale. Enfin, l’OCDE
publie également des perspectives économiques (tendances majeures), des
statistiques, des études économiques par pays et enfin les objectifs de croissance (49).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 46
Forte aujourd’hui de 34 pays membres à travers le monde (dont la Suisse depuis sa
fondation en 1961), l’OCDE à son siège à Paris. Le budget de cette organisation (354
millions d’euros en 2013) est financé par ses membres et les contributions par pays
sont calculées à l’aide d’une formule prenant en compte la taille de l’économie des
États. Les États-Unis avec une contribution de 21.58% en 2013 et le Japon (12.88%)
sont les plus importants participants au budget de l’OCDE. La Suisse se classe-elle au
13ème rang avec une contribution s’élevant à 1,79% du budget total (50).
Total des actifs des banques en Suisse
En 2012, le total des bilans des banques en Suisse s’élevait à 2778 milliards de francs.
Comme nous pouvons le constater sur le graphique suivant, les grandes banques
(UBS et Crédit Suisse) ont une énorme part dans cette répartition car à elles seules
elles possèdent près de la moitié du total des bilans (32).
Source : Association suisse des banquiers (48) Adapté par Jérôme Fournier
49.0%
17.4%
14.6%
6.0%
4.5% 3.7% 2.2% 2.5%
Part des banques dans le total des bilans
Grandes banques
Banques cantonales
Banques étrangères
Banques Raiffeisen
Banques de gestion de fortune
Banques régionales et caissesd'épargne
Banques privées
Autres banques
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Secret bancaire
Quand on parle de secret bancaire, on assimile très souvent la Suisse à cette pratique
qui dérange de plus en plus l’Union Européenne et les États-Unis. Cependant, le
secret bancaire n’est pas une marque de fabrique helvétique car ce dernier est
appliqué dans d’autres pays avec dans certain cas, des lois bien plus strictes qu’en
Suisse. Toutefois, on peut relever quelque spécificité dans l’application du secret
bancaire helvétique par rapport aux autres pays qui l’applique. Comme dans les autres
pays appliquant le secret bancaire, il n’est possible pour les autorités d’avoir des
informations sur les clients des banques seulement en cas d’actes délictueux. Dans le
cas contraire, ces données sont protégées et seule la banque et son client ont accès
aux informations dudit client.
La spécificité du secret bancaire suisse réside qu’au sens de la loi, l’évasion fiscale
n’est pas considérée comme un délit au contraire de la fraude fiscale. Cela signifie
qu’un individu étranger ouvrant un compte en Suisse avec de l’argent gagné
légalement dans son pays ne pourra pas être inquiété par les autorités suisses car
l’évasion fiscale ne constitue pas un délit. Par conséquent, le devoir d’entraide entre
États ne peut pas être appliqué au sens de la loi suisse car l’évasion fiscale constitue
un délit administratif et non pénal (51).
C’est à cause de cette opacité sur les clients des pays étrangers que les États ont
violemment pointé du doigt la Suisse lorsque la crise financière mettait à mal les
grandes puissances économiques en 2009. La Suisse a même évité au dernier
moment d’être blacklistée fin 2009 (52) par l’Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE) ce qui aurait eu de fâcheuses conséquences sur
les échanges commerciaux internationaux. Pour remédier à cela, la Suisse a du
assouplir son secret bancaire et qu’elle se conformera à la réglementation de l’OCDE
pour l’échange d’informations fiscales.
Depuis, d’autres accords fiscaux ont été signés (les accords Rubik) avec le Royaume-
Uni et l’Autriche sans oublier avec les États-Unis et l’accord FATCA (53).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 48
Paradis fiscaux
Considérée comme un paradis fiscal par beaucoup d’observateurs, la Suisse est
actuellement sur la liste « blanche » des paradis fiscaux définit par (OCDE) après avoir
évité de justesse la liste « noire » fin 2009 et fait un passage sur la liste « grise » fin
2011. Ces trois classifications définissent le degré d’implication des États en termes
d’évasions fiscales selon les critères définit par l’OCDE. Les critères retenus par
l’OCDE sont les suivants : Impôts insignifiants ou inexistants, absence de transparence
sur le régime fiscal, absence d’échanges de renseignements fiscaux avec d’autres
États et le fait d’attirer des sociétés écrans ayant une activité fictive. Il faut noter que le
dernier critère n’est plus pris en compte depuis 2001. L’OCDE analyse ensuite le
régime fiscal des états selon ces critères et les classe en 3 listes distinctes : Blanche
(États coopératifs), grise (pays ayant pris des dispositions mais ne les appliquent pas
assez rapidement), noire (pays non coopératifs) (54).
Difficile cependant de donner des chiffres précis concernant les montants de l’évasion
fiscale et la perte potentielle des recettes fiscales par pays tant cela reste flou.
Toutefois, le Fond Monétaire International (FMI) annonçait en 2013 que le montant de
l’évasion fiscale s’élevait à 5500 milliards d’euros dans le monde (55).
La place financière helvétique en chiffres
Selon Swissbanking, près de 200'000 personnes en Suisse travaillent dans le secteur
financier ce qui représente 5,7% du tous les emplois en Suisse. Sur ces 200'000
personnes, près de 110'000 sont employés directement par un établissement bancaire.
Toujours selon Swissbanking, pour 100 emplois dans le secteur bancaire, 115 autres
emplois dépendant de ce secteur sont créés. De plus, le secteur financier participe à
hauteur de 10,3 % du PIB suisse ce qui représente presque 60 milliards de francs.
Concernant les recettes fiscales (Confédérations, canton et communes) cela
représente entre 14 et 18 milliards soit 12 à 15 % du total des contributions. Enfin, la
Suisse possède la part la plus importante des actifs sous gestions mondiaux soit 5566
milliards de francs (25,9% du total mondial) (32).
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 49
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Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 55
Annexe 1 : Loi fédérale sur la mise en œuvre de l’accord FATCA entre la Suisse et les États-Unis
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 56
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Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 62
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 63
Annexe 2 : Questionnaire utilisé pour les entretiens
Questions générales par rapport à FATCA
1) D'une manière générale, que pensez-vous de l'accord FATCA?
2) Quels sont les points de l'accord qui vous posent le plus de problèmes dans
l'exécution de vos tâches dans le cadre de votre travail quotidien?
3) Selon vous, la Suisse et donc plus précisément les banques suisses auraient-elles
pu se passer de cet accord?
4) Comment s'est préparé le service legal et compliance de la banque pour appliquer
une loi américaine dans une banque suisse sur le sol helvétique?
5) Avec la mise en place de FATCA, pensez-vous que les banques suisses n'auront à
l'avenir plus de problèmes avec l'administration fiscale américaine?
6) Quelles sont les réactions des clients visés par FATCA?
7) Comprenez-vous le choix de la Suisse d'avoir privilégié le choix du modèle 2
n'incluant pas l'échange automatique d'informations? La charge administrative est-elle
vraiment moins importante pour les banques que pour le modèle incluant l'échange
d'informations (modèle 1) ?
8) Votre banque est-elle plus réticente à accepter de nouveaux clients américains?
Est-ce encore rentable et profitable pour la banque d'accepter de petits clients
américains (par rapport aux coûts que cela engendre) ?
9) Quels sont les effets positifs que peut apporter l'accord FATCA pour votre banque et
la place financière suisse? (Image, transparence vis-à-vis des autres pays)?
10) Comment ont réagis les actionnaires face à cette nouvelle loi?
Quels impacts pour les établissements financiers suisses suite à l’introduction de la loi FATCA ? FOURNIER Jérôme 64
Questions sur les impacts de FATCA
1) Quels sont les premiers impacts visibles de l'entrée en vigueur de FATCA?
2) L'annonce de la signature de l'accord FATCA avec les États-Unis en février 2013
n'a-t-elle pas déjà eu un effet positif concernant l'autorégulation des titulaires de
comptes "américains" avant que l'accord n'entre en vigueur le 1er juillet dernier? Cela
a-t ’il réduit en amont la charge administrative pour votre banque?
3) A combien estimez-vous le nombre de comptes "américains" dans votre banque (en
pourcentage)?
4) A combien estimez-vous le nombre de titulaires de comptes "américains" ne voulant
pas coopérer avec l'IRS? (En pourcentage)
5) Quels ont été les impacts en termes de coûts pour la banque? Heures
supplémentaires? Engagement de personnel? Tâches administratives?
6) Avez-vous subi une forte perte de capitaux et de clients depuis la signature de cet
accord?
7) Selon vous, la qualité suisse dans le domaine des banques et de la gestion de
fortune peut-elle permettre à la place financière helvétique de rester l'une des plus
attractives du monde malgré la fin du secret bancaire?
8) Certains de vos clients ont-ils envisagé ou ont-ils abandonné leur nationalité
américaine pour éviter de se déclarer à l'IRS?
9) Les coûts liés à la mise en conformité avec l'accord FATCA sont-ils négligeables
pour votre banque ou au contraire cela pourrait engendrer une perte de compétitivité ?
10) Avez-vous eu des retours ou des feedback des activités de votre banque aux
États-Unis?
11) Les employés de votre banque ont-ils peur des sanctions auxquelles ils pourraient faire face comme le prévoit la loi FATCA ? 12) Les employés ont-ils reçu des consignes ou eu des séances d’informations pour qu’ils soient attentifs aux nouvelles règles édictées par FATCA ?