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Qu’un souffle passe... Retraite de Pentecôte 2010 avec les Fraternités de Jérusalem Fraternités de Jérusalem http://jerusalem.cef.fr | © FMJ2010

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Qu’un souffle passe...Retraite de Pentecôte 2010 avec les Fraternités de Jérusalem

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Retraite de Pentecôte 2010Présentation de la retraite

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I

Chers amis, la retraite de Pentecôte 2010, «Qu’un souffle passe...», va bientôt commencer et nous voudrions dès aujourd’hui vous proposer quelques repères pour mieux y entrer.

Le décorCette année, comme vous le savez sans doute déjà, il y a une nouveauté dans le décor : la retraite

de Pentecôte se déroule... au Mont-Saint-Michel ! Imaginez : le pèlerin retraitant que vous êtes ou que allez devenir, vient de traverser la baie et s’apprête à vivre l’ascension du Mont dédié à l’archange. Jour après jour, de lieu en lieu, il accomplit un parcours biblique et spirituel au terme duquel il se trouve, tout en haut de l’Abbaye, au cœur de l’Église qui célèbre la Pentecôte ! Sans dévoiler encore les lieux que nous vous ferons découvrir chaque jour, voici déjà une présentation de ceux que vous serez amenés à fréquenter tout au long de la retraite :

Le Châtelet : c’est la page d’accueil de la retraite. Au Mont-Saint-Michel, ce lieu fortifié sur-montant la salle des gardes permet de passer du Grand degré extérieur à l’abbaye au grand degré intérieur. Pour vous, elle sera toujours ouverte et vous y trouverez en permanence des liens vers tous les contenus de la retraite. La boîte à lettres de la sœur hôtelière (en cas d’urgence) est également disponible sur cette page.

La Salle des Chevaliers : c’est le nom que l’on donne à ce qui devait être le scriptorium du Mont-Saint-Michel ; vous y trouverez la version imprimable (pdf) de chaque jour.

La Salle des hôtes : voisine de la Salle des chevaliers, elle accueillait les pèlerins et hôtes de passage ; vous pourrez y trouver chaque jour une version audio (et podcast) de la retraite. À écouter sur place ou à télécharger (par exemple via iTunes).

La Chapelle des Trente cierges : c’est le lieu où les frères et sœurs célébrent les liturgies hivernales et exposent le Saint-Sacrement (avec la Chapelle axiale en été) ; vous pourrez y confier une intention de prière.

Le Promenoir des moines : proche de la Chapelle des Trente cierges, le Promenoir des moi-nes vous permettra de poser une question biblique ou théologique en lien avec le thème de la retraite.

L’Abbatiale : c’est le lieu où se célèbre la liturgie ; vous trouverez chaque jour sur cette page un nouveau chant à écouter en ligne.

La Terrasse de l’Ouest : au Mont-Saint-Michel, c’est l’un des lieux d’où l’on a les pus belles vues. Vous trouverez sur cette page une série de fonds d’écran pour habiller votre ordinateur aux cou-leurs de la retraite de Pentecôte 2010.

Comment vivre la retraite ?Le courriel quotidien et la formule n°1La retraite est envoyée chaque soir (horaire de Paris) pour le lendemain dans votre boîte aux

lettres. Cela laisse le temps à ceux qui seraient plus pressés le matin de s’organiser pour le lendemain.

Le courriel quotidien vous donne accès immédiat au contenu central de la retraite.• La méditation : C’est un court texte qui éclaire le thème du jour à partir du psaume pro-

posé à la lectio divina.• Le psaume : Chaque jour un psaume guide notre prière.• La prière : Elle permet de reprendre seul ou à plusieurs la thématique de la journée. Cette

prière, partagée en famille, peut être l’occasion de proposer à d’autres de vous rejoindre dans votre préparation à la fête de Pentecôte.

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Retraite de Pentecôte 2010Présentation de la retraite

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IIC’est là l’essentiel de la retraite et vous pouvez vous y arrêter si cela vous suffit ! Ces trois élé-

ments correspondent à la «formule n°1» : «Je n’ai vraiment pas beaucoup de temps mais j’ai envie de faire une retraite» !

Pour aller plus loin sur le portail : la formule n°2Si vous souhaitez prolonger votre temps de retraite quotidien, outre celles qui ont été présen-

tées plus haut, de nombreuses autres ressources vous attendent sur le portail (dans le courriel, elles sont accessibles par le menu qui se trouve dans la colonne de droite de la page que vous recevez. C’est la formule n°2 (en complément de la première, pas à la place !) qui s’adresse à ceux qui auraient envie de dire : «J’ai tout le temps qu’il me faut et j’ai envie de le prendre».

• En parcourant la Bible : 2 textes bibliques pour prolonger la méditation sur le thème du jour.• À l’écoute des Pères : un texte d’un Père de l’Église sur le thème du jour.• Le psaume à la loupe : une explication biblique un peu plus fouillée du psaume du jour.• À la découverte du Mont-Saint-Michel : la visite d’un lieu marquant du Mont en lien

avec le thème du jour.

Comment s’organiser ?Quand vous recevez le courriel, c’est le signal qui annonce la parution de tous les contenus

du jour suivant. Versions imprimables, podcasts, visites du Mont-Saint-Michel... tout est actualisé. Vous pouvez à loisir visiter les nouvelles pages, imprimer ce dont vous avez besoin, déposer une intention de prière si vous le désirez et, pourquoi pas, vous rendre au Promenoir des moines pour y poser une question. À chacun de trouver son rythme et de dessiner les contours de sa retraite. Mais ce ne sont là que les préparatifs : l’essentiel ne se joue pas devant l’ordinateur !

Vient alors, si possible à la même heure chaque jour et au même endroit (une église de quartier, un coin de prière dans votre chambre ?), le temps de la retraite proprement dite. C’est un moment de solitude et de silence (une demi-heure au minimum), sans lequel il ne peut exister de «retraite». Que faire pendant ce temps ? Voici quelques pistes (que chacun pourra adapter si cela ne lui convient pas). Prenez la version imprimée de la retraite et lisez-la, dans l’ordre. Puis reprenez plusieurs fois, pourquoi pas à haute voix, pourquoi pas en le chantant, le psaume du jour. Gardez ensuite un temps de silence et vous pourrez conclure par la prière qui vous est proposée à la fin du parcours du jour. L’essentiel de la retraite est là mais le reste est aussi très alléchant et offre un soutien non négligeable : reportez-vous un peu plus haut (à la formule n°2) pour voir la totalité des propositions.

Une retraite... en ligne ?Il y a une manière particulière de vivre une retraite «en ligne» : on ne se retire pas, on continue la

plupart de ses activités de la même manière... est-ce vraiment une retraite ? À vrai dire, cela dépend de nous ! Une retraite en ligne, c’est un chemin à parcourir non pas seulement en solitaire mais en com-munion avec tous les retraitants qui reçoivent comme vous, les mêmes textes et prient dans l’attente de l’Esprit. Vous êtes en effet, à quelques jours du début de la retraite, un peu plus de 2000 retraitants, en provenance du monde entier : de France, bien sûr, de la Belgique voisine, mais aussi d’Italie, de Po-logne, d’Allemagne, d’Autriche, de Suisse, d’Espagne et du Portugal, du Luxembourg et des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, de Suède, du Canada et des États-Unis, du Brésil et de l’Argentine, de l’Uruguay, de Colombie, du Chili, du Sénégal, d’Afrique du Sud, du Togo, de Côte d’Ivoire, du Liban, de la Réunion, de Polynésie Française, d’Haïti – pour qui nous avons une pensée particulière –, de Nouvelle Calédonie, de l’Île Maurice, et même du Japon et de Hong Kong ! Une universalité qui annonce déjà la Pentecôte !

Bonne retraite à tous au souffle de l’Esprit !L’équipe d’animation de la retraite en ligne

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IIIDécouvrir les psaumes

Prendre en mains le livre des psaumes, c’est prendre en mains une histoire et une variété de textes émanant de sources différentes. Livre de prières, le psautier est une compilation de

textes priés par le peuple juif au long des siècles et par Jésus lui-même.

Un livre, des textes, une histoireLe livre des psaumes a été formé par étapes : on fait remonter les psaumes les plus anciens au roi

David à qui la Bible prête des dons de musicien et de liturge ; mais certains sont plus récents puisqu’ils évoquent, par exemple, l’exil à Babylone. Il s’agit en fait d’un livre composé et utilisé pour la prière, qui a donc fait l’objet de relectures constantes au long de l’histoire d’Israël, entre le Xe et le IIIe siècles avant J.-C. Des collections de psaumes existaient, comme en témoignent certaines mentions : «de David», mais aussi «des fils de Coré» ou «d’Asaf», qui ont été, après l’exil, rassemblées et organisées en cinq grandes parties (sans doute pour rappeler les cinq livres de la Torah).

On a l’habitude de distinguer plusieurs «genres littéraires» dans les psaumes, répondant à des règles de composition assez précises ; on y trouve, par exemple des psaumes de supplication individuel-les ou collectives, des hymnes de louange, des actions des grâces, des psaumes royaux, etc. Beaucoup étaient utilisés dans la liturgie du Temple et des synagogues, comme le montrent les indications concer-nant les fêtes, les instruments d’accompagnement, les mélodies, etc.

Les psaumes, prière chrétienne ?Le livre des psaumes est le livre biblique le plus cité par le Nouveau Testament (368 fois) ; les

évangélistes, en particulier, mettent fréquemment des versets de psaumes sur les lèvres de Jésus. Aussi est-il tout naturellement devenu le livre de prières des premiers chrétiens qui ont prolongé la tradition d’Israël et lui ont ajouté une interprétation christologique des psaumes. Il forme la base de la prière quotidienne de l’Église, en particulier des communautés monastiques, et fait donc entrer dans la com-munion de tous ceux, juifs et chrétiens, qui l’ont prié depuis 3.000 ans et le prient encore aujourd’hui dans le monde entier.

C’est une prière inspirée, œuvre à la fois des hommes et de l’Esprit de Dieu. Œuvre d’hommes avec leur mentalité, leur culture, leur histoire, ce qui suppose, pour s’approprier les psaumes, un effort d’inculturation, de compréhension de leur langage. Et œuvre de l’Esprit, qui donne de contempler le dessein de Dieu dans la création et dans l’histoire, et permet aussi de trouver l’attitude et les mots justes devant Dieu.

Pourquoi les psaumes sont-ils parfois doublement numérotés ?Nos bibles modernes suivent la numérotation hébraïque, de 1 à 150. La traduction latine de saint

Jérôme, la Vulgate, unifie les psaumes 9 et 10 en un seul long psaume 9 ; quelques variantes intervien-nent aussi vers les psaumes 113-115, et la division du psaume 146-147 permet d’arriver finalement au même total de150 psaumes. C’est cette numérotation latine que suivent nos livres liturgiques, qui sont donc, globalement, en retard d’une unité, par rapport à la numérotation des bibles. C’est pourquoi les psaumes seront indiqués avec un double numéro : celui de la Bible hébraïque et, entre parenthèses, celui de la liturgie latine.

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IV

Jour 1 • Dimanche 16 mai«Comme un arbre planté»Méditation avec le Psaume 1Lectio divina : Deutéronome 30,15-20 ; Siracide 15,11-20Visite du Mont-Saint-Michel : La Chapelle Saint-Aubert

Jour 2 • Lundi 17 mai«À peine moindre qu’un dieu»Méditation avec le Psaume 8Lectio divina : Romains 8,28-30 ; Genèse 4b-8.18-20Visite du Mont-Saint-Michel : La flèche de l’abbatiale et la statue de l’archange

Jour 3 • Mardi 18 mai«Vers les eaux du repos»Méditation avec le Psaume 23 (22)Lectio divina : Deutéronome 32,10-14 ; Cantique 1,2-4Visite du Mont-Saint-Michel : Le Grand Degré

Jour 4 • Mercredi 19 mai«Blanc plus que neige»Méditation avec le Psaume 51 (50) Lectio divina : 2 Samuel 12,1-13 ; 1 Jean 1,5-10Visite du Mont-Saint-Michel : Notre-Dame Sous-Terre

Jour 5 • Jeudi 20 mai«Qu’un souffle passe»Méditation avec le Psaume 103 (102)Lectio divina : Isaïe 35,1-10 ; Colossiens 2,6-13Visite du Mont-Saint-Michel : Le réfectoire des moines

Jour 6 • Vendredi 21 mai«Ton souffle bon»Méditation avec le Psaume 143 (142)Lectio divina : Isaïe 40,27-31 ; Galates 5,22-25Visite du Mont-Saint-Michel : Le cloître

Jour 7 • Samedi 22 mai«La vie à jamais»Méditation avec le Psaume 133 (132)Lectio divina : 1 Corinthiens 12,12-21 ; Apocalypse 22,1-5Visite du Mont-Saint-Michel : Le chœur de l’Abbatiale

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Retraite de Pentecôte 2010Jour 1 • Dimanche 16 mai

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Comme un arbre planté

Au début d’une retraite, il faut faire un choix. Tel le pèlerin qui, fatigué par la longue traversée de la baie, hésite à entreprendre l’ascension jusqu’au sommet du rocher de

l’archange, nous sommes peut-être un peu hésitants au seuil de cette retraite... Des marches, des marches, des marches... est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? Après tout, peut-être pas, s’il est vrai qu’en haut il n’y a plus «que des vieilles pierres», comme l’a dit un jour un touriste qui devait être ou malvoyant ou mal-conscient ! Mais nous sommes libres, c’est vrai. Partir à la rencontre du Seigneur coûte nécessairement toujours un peu... Aujourd’hui, il nous faut donc faire un choix.

Le psaume 1 convoque deux images qu’il présente comme deux «voies» : il y a tout d’abord l’«arbre planté au bord des eaux» : c’est le portrait de l’homme qui a choisi de se tourner vers Dieu. Op-timiste, le psalmiste le présente en premier. À l’opposé, la deuxième image, plus confuse, est celle de la «bale», ces petits fétus de paille ou d’herbe charriés par le vent, incapables qu’ils sont, faute de racines, de porter du fruit. À nous de choisir, semble dire le psaume ! Le Souffle de l’Esprit ou le vent de perdi-tion ! Prenons le temps d’y penser aujourd’hui. Choisir Dieu ne se décide pas à la légère. Choisir Dieu, pourtant, c’est «choisir la vie», nous rappelle le livre du Deutéronome, dont nous lirons un passage dans la lectio de ce jour. Tout dépend de notre liberté, comme le rappelle aussi le sage, au livre du Siracide : «Devant toi il a mis le feu et l’eau, selon ton désir étends la main».

Au premier jour de cette retraite, nous voici au pied des remparts ; la chapelle Saint-Aubert nous accueille pour y prier un moment (c’est le lieu du Mont-Saint-Michel que nous vous proposons de visiter aujourd’hui). Les pieds encore tout encollés de la tangue grise de la baie, les oreilles emplies du vent qui souffle en rafales au pied du rocher, cherchons à retrouver en nous cette capacité baptismale que nous avons de dire «oui» à Dieu. Le temps n’est pas encore venu de monter mais de se laisser appeler.

Psaume 1

Prier

Seigneur, j’ai traversé le courant d’une existence trop remplie et pourtant si souvent vide de toi. Les membres lourds de mon errance et la gorge sèche de ma soif de toi, j’implore la venue

de ton Esprit de force et de bonté. Qu’il ressuscite en moi la foi et le désir de te suivre, Seigneur. Qu’il embrase mon cœur et me fasse monter les montées de ton amour jusqu’à ce que paraisse l’ho-rizon ultime : ton visage de miséricorde et de lumière. Amen.

[1] Heureux est l’homme celui-là,qui ne va pas au conseil des impies,

ni dans la voie des égarés ne s’arrête,ni au banc des rieurs ne s’assied,

[2] mais se plaît dans la loi du Seigneur,mais murmure sa loi jour et nuit !

[3] Il est comme un arbre plantéprès du cours des eaux ;

qui porte du fruit en son tempset jamais son feuillage ne sèche ;

tout ce qu’il fait réussit :[4] rien de tel pour les impies, rien de tel !

Non ils sont comme la baleemportée par le vent de sur la terre.

[5] Au Jugement, les impies ne tiendront,les égarés, à l’assemblée des justes.

[6] Car le Seigneur connaît la voie des justes,mais la voie des impies va se perdre.

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2Pour aller Plus loin

En parcourant la BibleDeutéronome 30,15-20[15] Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. [16] Si tu écoutes les

commandements du Seigneur ton Dieu que je te prescris aujourd’hui, et que tu aimes le Seigneur ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras et tu multiplieras, le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays où tu entres pour en prendre possession. [17] Mais si ton cœur se détourne, si tu n’écoutes point et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, [18] je vous déclare aujourd’hui que vous périrez cer-tainement et que vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre où vous pénétrerez pour en prendre possession en passant le Jourdain. [19] Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, [20] aimant le Seigneur ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui ; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que le Seigneur a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner.

Siracide (Ecclésiastique) 15,11-20[11] Ne dis pas : «C’est le Seigneur qui m’a fait pécher», car il ne fait pas ce qu’il a en horreur.

[12] Ne dis pas : «C’est lui qui m’a égaré», car il n’a que faire d’un pécheur. [13] Le Seigneur hait toute espèce d’abomination et aucune n’est aimée de ceux qui le craignent. [14] C’est lui qui au commence-ment a fait l’homme et il l’a laissé à son conseil. [15] Si tu le veux, tu garderas les commandements pour rester fidèle à son bon plaisir. [16] Devant toi il a mis le feu et l’eau, selon ton désir étends la main. [17] Devant les hommes sont la vie et la mort, à leur gré l’une ou l’autre leur est donnée. [18] Car grande est la sagesse du Seigneur, il est tout-puissant et voit tout. [19] Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît lui-même toutes les œuvres des hommes. [20] Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne licence de pécher.

À l’écoute des Pères de l’ÉgliseDe Diadoque, évêque de Photicé au Ve siècle

Il y a une lumière de la vraie connaissance, qui consiste à discerner le bien du mal. Alors, en effet, le chemin de la justice, qui conduit l’intelligence vers le soleil de justice, la fait entrer progressi-

vement dans l’illumination sans limites de la connaissance, puisque, désormais, elle cherche hardiment la charité.

Il faut que ceux qui luttent gardent toujours leur pensée à l’abri des tempêtes, afin que l’enten-dement discerne les suggestions qui le traversent ; il faut déposer dans les celliers de la mémoire celles qui sont bonnes et envoyées par Dieu, mais il faut rejeter celles qui sont mauvaises hors des entrepôts de notre nature. En effet, lorsque la mer est tranquille, le regard des pécheurs la traverse jusqu’au fond, en sorte que presque rien ne leur échappe du va et vient des poissons ; mais lorsqu’elle est agitée par le vent, elle cache par sa sinistre agitation ce qu’elle laissait voir dans sa tranquillité. C’est pourquoi nous constatons alors que les engins fabriqués par les pêcheurs ne servent plus à rien.

La purification de l’entendement appartient au Saint Esprit. Il faut donc, par tous les moyens, et surtout par la paix de l’âme, permettre au Saint-Esprit de se reposer, afin que nous ayons toujours la

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3lampe de la connaissance brillant en nous. Si elle rayonne sans cesse dans les profondeurs de notre âme, non seulement toutes ces attaques cruelles et ténébreuses lancées par les démons se trouvent dénoncées, mais encore elles perdent beaucoup de leur vigueur quand elles sont prises sur le fait par cette lumière sainte et glorieuse.

C’est ce qui fait dire à l’Apôtre : «N’éteignez pas l’Esprit», c’est-à-dire : ne contristez pas la bonté du Saint-Esprit par des actions et des pensées mauvaises, pour n’être pas privés de cette clarté victo-rieuse. Car ce n’est pas l’Être éternel et vivifiant qui s’éteint, mais sa tristesse, c’est-à-dire son éloigne-ment, laisse l’entendement dans l’obscurité, sans la lumière de la connaissance.

La perfection spirituelle 6, 26-28

Le psaume à la loupe

Le psaume 1 constitue – avec le psaume 2 – comme une préface à l’ensemble du psautier, ajoutée sans doute assez tardivement. Il fait partie des psaumes dits sapientiels, car leur

vocabulaire et leur propos de méditation sur la condition de l’homme, à la lumière de la Loi (Torah), s’apparentent à ceux des livres de sagesse. Ce premier psaume – et donc tout le psautier – commence par une béatitude : «Heureux l’homme…». Dès le premier mot, le terme est visé et le chemin tracé : si l’on vit conformément à la loi de Dieu, la récompense du bonheur est assurée.

La structure très simple mais caractéristique de la poésie sémitique, oppose en deux tableaux : le portrait du juste (v. 1-3), plus développé puisqu’il est décrit d’abord négativement par ce qu’il ne fait pas (v. 1), puis positivement par ce qu’il accomplit (v. 2) et qui est promesse de fécondité (v. 3) ; et le sort de l’impie (v. 4-5), décrit seulement de façon négative. Double tableau qui amène à une conclusion explicative (v. 6). On remarque qu’entre les deux parties, les mots se répondent : «voie» et «impie», par exemple, en inclusion aux v. 1 et 6 ; ou qu’ils s’opposent pour faire sentir l’antagonisme des destins du juste et de l’impie : l’arbre qui donne du fruit (v. 3) et la bale qui s’envole (v. 4), l’eau et le vent, le conseil des impies (v. 1) et le jugement de Dieu (v. 5).

Le psaume 1 présente d’emblée des protagonistes qu’on va retrouver tout au long du psautier : les justes, définis par leur droiture et leur humilité, qui se manifeste ici par leur amour de la Loi du Seigneur qu’ils prient sans cesse (v. 2) ; les impies qui complotent et ricanent (v. 1), ne respectant pas la Loi et devenant ainsi des «égarés» (v. 1.5) (puisque la racine du mot Torah renvoie à ce qui va droit vers sa cible) ; et, entre eux, ou plutôt au-dessus d’eux, Dieu qui, dans sa justice, rétribue chacun.

Selon le langage concret et imagé du psautier, justes et impies figurent ici les deux voies qui s’ouvrent devant l’homme : l’une, appuyée sur l’enseignement de Dieu, mène au bonheur ; l’autre, à la perdition (cf. aussi ce thème des deux voies en Deutéronome 30,15-20). À chacun de choisir son che-min pour devenir cet «homme heureux» sous le regard de Dieu !

À la découverte du Mont-Saint-MichelLa chapelle Saint-Aubert

À la base du rocher, au nord ouest du Mont-Saint-Michel, se trouve une petite chapelle, érigée au XVe siècle en l’honneur de saint Aubert. C’est à cet endroit, d’après la légende, que serait

tombé un rocher, jusque là inamovible pendant les travaux d’édification du premier sanctuaire au Mont en 708.

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4L’histoire du Mont-Saint-Michel commence par une

légende dont saint Aubert, dixième évêque d’Avranches, est le héros. D’après cette légende, saint Aubert aurait éle-vé au Mont un oratoire à saint Michel qui lui serait apparu en songe à plusieurs reprises. Le saint évêque aurait résisté longtemps ; mais devant les injonctions réitérées de l’Ar-change, il se serait finalement décidé, en 708, à faire ériger sur le Mont, qui portait alors le nom de «Mont Tombe», une chapelle sur un emplacement désigné par le Prince de la Milice céleste. Il est probable que cet oratoire n’était qu’une sorte de grotte creusée dans le flanc du rocher et dont les derniers vestiges ont fait place aux constructions de la collégiale qui lui succéda. D’après la même légende, au cours des démolitions auxquelles il fit procéder pour faire disparaître les derniers monuments du paganisme gaulois, les efforts des travailleurs ayant échoué devant un énorme menhir couronnant le sommet de la montagne, saint Aubert se serait fait amener un enfant au berceau, dont il aurait appuyé le pied sur la lourde roche qui aurait roulé incontinent au bas de la montagne. Lorsque la voix populaire déclara saint cet évêque, on éleva sur ce point, en commémoration de ce prodige, la Chapelle, dite de Saint-Aubert, campée d’une façon si pittoresque sur la crête d’un amoncellement de roches.

Pour nous, l’intérêt de ce lieu aujourd’hui, c’est essentiellement sa situation : tout en bas du Mont ! Il nous faut partir de la terre de notre vie quotidienne, à basse altitude, consentir à ne pas tout de suite prendre de la hauteur, garder sur nos pieds la trace de la tangue, signe que, déjà, nous avons traversé. Cette petite chapelle sera pour nous aujourd’hui le symbole de notre désir d’intériorité, avant même de commencer l’ascension. Ce sera pour demain !

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À peine moindre qu’un dieu

Le psaume 8, que nous méditons aujourd’hui, nous invite à contempler comme en un mi-roir et la grandeur de Dieu et celle de l’homme qu’il a créé «à peine moindre qu’un dieu»

et «couronné de gloire et de splendeur». C’est la figure lumineuse de l’archange Michel, dont la statue dorée domine l’ensemble du rocher qui lui est dédié, qui va nous aider à trouver la juste attitude de cette deuxième journée de retraite.

Hier, nous avons fait un choix (même imparfait, même incomplet, peu importe : Dieu s’y retrouve et ce qui compte c’est que nous nous soyons mis en chemin) ; et aujourd’hui, voilà que nous sommes invités à scruter l’horizon de cet appel auquel nous avons choisi de répondre. Un horizon vaste, infini, comme le ciel dans lequel brille la statue de l’archange, tout en haut de l’abbatiale. L’ascension en vaut la peine si elle nous permet de découvrir qui nous sommes aux yeux de Dieu : des vivants faits pour vivre de lui et avec lui. Son «souffle», ruah, – par ce mot très concret, la Bible désigne l’Esprit Saint – nous ha-bite, comme le dit la Genèse (2,7). Et nous n’allons pas tant lui demander de venir en nous que de nous révéler sa présence cachée au plus profond de nous. «À peine moindre qu’un dieu», l’homme, la femme, que je suis a pour vocation de «reproduire l’image du Fils» de Dieu (cf. Romains 8,29), de se laisser non seulement «appeler» mais encore «justifier» et «glorifier» par lui. Rien ne «soucie» davantage Dieu, selon l’expression du psalmiste, autrement dit rien ne l’intéresse autant, que la glorification de l’homme. Sou-venons-nous d’Irénée de Lyon : «La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant». Le monde et son contenu nous sont confiés, jusqu’aux bestiaux et aux bestioles de toutes sortes, mais notre cœur est fait pour Dieu et il n’aura «pas de repos tant qu’il ne reposera en lui», pour le dire avec saint Augustin. N’ayons donc pas peur de regarder – et de désirer – loin et haut !

Psaume 8

Prier

Seigneur, ton Esprit Saint me remplit déjà puisque tu as fait de moi un être vivant et que tu m’as appelé à te rendre gloire. S’il est ma vie, Seigneur, qu’il me fasse aussi agir ! Le monde que tu

as mis «sous mes pieds» est si fascinant que j’en oublie parfois de lever les yeux vers toi pour te rendre grâces. Qu’à la prière de l’archange saint Michel, je puisse me tourner toujours plus vers toi et apprendre ainsi de toi et de ton Fils, dans l’Esprit Saint qui révèle toutes choses, quel est mon vrai visage : celui de ton enfant bien-aimé. Amen.

[2] Ô Seigneur notre Maître,qu’il est grand ton nom, par tout l’univers !

Ta majesté suprême est chantée[3] par des lèvres d’enfants, de tout-petits ;tu opposes ton lieu fort à l’agresseurpour réduire ennemis et rebelles.

[4] À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,la lune et les étoiles que tu fixas,[5] qu’est-ce que l’homme que tu en gardes mémoire,le fils d’Adam que tu en prennes souci ?

[6] À peine le fis-tu moindre qu’un dieu,le couronnant de gloire et de splendeur ;[7] tu l’établis sur l’œuvre de tes mains,tout fut mis par toi sous ses pieds.

[8] Brebis et bœufs, tous ensemble,les bêtes même sauvages,[9] oiseaux du ciel et poissons de la merparcourant les sentiers des eaux.

[10] Ô Seigneur notre Maître,qu’il est grand ton nom, par tout l’univers !

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6Pour aller Plus loin

En parcourant la BibleGenèse 2,4b-8.18-20[4] Telle fut l’histoire du ciel et de la terre, quand ils furent créés. Au temps où le Seigneur

Dieu fit la terre et le ciel, [5] il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé, car le Seigneur Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol. [6] Toutefois, un flot montait de terre et arrosait toute la surface du sol. [7] Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant.

[18] Le Seigneur Dieu dit : «Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie.» [19] Le Seigneur Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné. [20] L’homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, mais, pour un homme, il ne trouva pas l’aide qui lui fût assortie.

Romains 8,28-30[28] Et nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux

qu’il a appelés selon son dessein. [29] Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères ; [30] et ceux qu’il a pré-destinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

À l’écoute des Pères de l’ÉgliseDe saint Irénée, évêque de Lyon au IIe siècle

Ils auront part à la vie ceux qui voient Dieu, car elle est vivifiante la splendeur de Dieu. Tel est le motif pour lequel celui qui est insaisissable, incompréhensible et invisible s’offre à être vu,

compris et saisi par les hommes : c’est afin de vivifier ceux qui le saisissent et qui le voient. Car, si sa grandeur est inscrutable, sa bonté aussi est inexprimable, et c’est grâce à elle qu’il se fait voir et qu’il donne la vie à ceux qui le voient. Il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par la parti-cipation à Dieu, participation qui consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté.

Ainsi donc les hommes verront Dieu afin de vivre, devenant immortels par cette vue et attei-gnant jusqu’à Dieu. C’est là ce qui était annoncé d’une manière figurative par les prophètes, à savoir que Dieu serait vu par les hommes qui portent son Esprit et attendent sans cesse sa venue.

Ainsi dès le commencement le Fils est le Révélateur du Père, puisqu’il est dès le commencement avec le Père : les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses ministères, la glorification du Père, tout cela, à la façon d’une mélodie bien composée et harmonieuse, il l’a déroulé devant les hommes, au temps voulu, pour leur profit. Le Verbe s’est fait le dispensateur de la grâce du Père pour le profit des hommes pour lesquels il a accompli de si grands mystères, montrant Dieu aux hommes et présentant l’homme à Dieu, sauvegardant l’invisibilité du Père pour que l’homme eût toujours vers quoi progresser et en même temps rendant Dieu visible aux hommes par de nombreux mystères, de peur que, privé

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7totalement de Dieu, l’homme ne perdît jusqu’à l’existence. Car la gloire de Dieu, c’est l‘homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. Si déjà la révélation de Dieu par la création donne la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe donne-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu !

Contre les hérésies IV, 5, 7

Le psaume à la loupe

Le psaume 8 se présente comme un hymne de louange, célébrant l’œuvre créatrice de Dieu dont l’homme est le couronnement. On est ici dans un climat proche de Genèse 1. Une ac-

clamation ouvre et conclut le psaume (v. 2 et 10), de la même façon que le Nom du Seigneur étend sa puissance efficace sur toute la création. Mais toute la construction du psaume place l’homme au centre.

Il est formé en effet de deux parties qui, toutes deux, décrivent «l’ouvrage des doigts», «l’œuvre des mains» de Dieu – les deux expressions se répondent aux versets 4 et 7. La première partie évoque le cosmos (v. 2-3) et se termine par une interrogation sur la place qu’y tient l’homme (v. 5). La deuxième partie (v. 6-9) part de l’homme, cette fois affirmé dans le rang que lui a assigné Dieu, pour évoquer la terre et les êtres vivants que l’homme a vocation à dominer.

Cette structure dite en «chiasme» (à cause de la forme de la lettre grecque chi : X) fixe l’atten-tion sur ce qui est en son cœur : l’homme.

A - Dieu (v. 1) C’ - l’homme (v. 6)B - la création (v. 2-4) B’ - la création (v. 7-9)C - l’homme (v. 5) A’ - Dieu (v. 10)

Une sorte de fausse symétrie apparaît : dans la première partie, Dieu, maître du cosmos, pré-side à la création (les tout-petits du verset 1c renvoient aux êtres vivants à leur origine, lorsque tout l’univers était enfant, cf. Job 38,17) ; il «fixe» les astres (v. 4) qui sont donc bien de simples créatures. Dans la deuxième partie, l’homme, de la même manière, est maître de la terre (v. 7) dont il domine les animaux sauvages et domestiques. Mais si l’hymne célèbre à la fois la grandeur de Dieu et la grandeur de l’homme, celles-ci ne sont cependant pas équivalentes : c’est Dieu qui a confié à l’homme ce pouvoir de domination (il est le sujet de tous les verbes des versets 6 et 7). La louange admirative qui enserre le psaume en inclusion (v. 1 et 10) montre bien que la gloire appartient à Dieu qui, dans sa bonté, a choisi d’y faire participer l’homme.

À la découverte du Mont-Saint-MichelLa flèche et la statue de l’archange

Avec la silhouette du mont qui se détache comme en ombres chinoises sur la vaste scène de la baie, la figure élevée de l’archange aux ailes de feu est celle qui frappe le plus au Mont-Saint-

Michel. Il attire les regards, surtout depuis qu’il a été entièrement restauré et redoré en 1987. Placée au sommet d’une fine flèche néo-gothique en cuivre culminant à 160 mètres au-dessus des grèves, réalisée par Victor Petitgrand en 1897, la statue dorée (en plaques de cuivres soudées et d’une hauteur de 3,5 mètres) est due au sculpteur Frémiet, qui l’a réalisée la même année.

Les sanctuaires dédiés à l’archange sont nombreux et anciens en Europe : qu’on pense seulement au Puy et à Saint-Michel de l’Aiguille ou au Monte Gargano en Italie. Ce succès ne doit pas faire oublier

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8que les anges sont d’abord, comme le dit l’Écriture, des «esprits chargés d’un ministère» (Hébreux 1,14), autrement dit des serviteurs des desseins de Dieu. La mission propre de saint Michel est peut-être essentiellement contenue dans son nom qui signifie : «Qui est comme Dieu ?». Il nous apprend à nous tourner vers le Seigneur et, très concrè-tement sur ce Mont qui porte son nom, à lever les yeux vers le ciel. Il nous apprend que le salut vient en quelque sorte «à la verticale» et que nous pouvons et devons tout espérer de Dieu.

En ce deuxième jour de notre retraite, alors que nous n’avons toujours pas entamé notre ascension, l’heure est à ce regard jeté vers les «les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu» (Colossiens 3,1) : nous y sommes aussi attendus, il nous a préparé une pla-ce !

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Retraite de Pentecôte 2010Jour 3 • Mardi 18 mai

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Vers les eaux du repos

Nous sommes en route ! Le pas léger du pèlerin qui vient de commencer son ascension – même d’un petit mont ! – est déjà assuré par les promesses divines telles que nous

les rapporte aujourd’hui le psaume 23 (22) : le berger promet déjà «les eaux du repos» ; «son bâton et sa houlette» rassurent contre les dangers de toutes sortes ; et il conduit vers la «demeure» où le repas est prêt, qui réjouira le cœur – et le corps – de qui s’y laissera guider. Nul «ravin de ténèbres» – au Mont-Saint-Michel, c’est même un «gouffre» ! – n’engloutira les brebis du Seigneur. L’amour du Seigneur est concret. Son Esprit est aussi l’Esprit Paraclet : celui qui défend et protège. «Tel un aigle qui veille sur son nid, plane au-dessus de ses petits ; il déploie ses ailes et me prend», rappelle le Deutéronome (32,7). Puis-que «je ne manque de rien» et que «je ne crains aucun mal», je peux donc m’avancer sans inquiétude vers la «demeure» où Dieu m’attend. «Entraîne-moi sur tes pas, courons !», crie l’amante du Cantique (1,4).

Courir n’est pas nécessairement la bonne solution – à moins d’un entraînement particulier ! –, cherchons donc plutôt le pas calme et cadencé du pèlerin que l’envolée des marches du Grand De-gré rappelle inexorablement à l’humilité. La vie, notre vie, est ce pèlerinage que nous contemplons aujourd’hui. Ça monte un peu, c’est vrai, et nous pourrions avoir le sentiment que parfois «la vie est difficile», mais, comme le dit Etty Hillesum avec autant de sérieux que de candeur, quelques mois avant sa mort à Auschwitz, «ça n’est pas grave». L’Esprit du Dieu vivant nous accompagne et nous conduit ; telle une huile, il apaise et fortifie, panse les blessures et assouplit toute raideur. Qu’il vienne sur nous en ce jour !

Psaume 23 (22)

Prier

Seigneur, la route est belle par laquelle tu as choisi de me faire venir à toi. Certains jours, j’y rencontre le brouillard et le doute ; d’autres, la chaleur et la foule de mes pensées bruyantes

et agitées ; mais tu es toujours là, bon berger, qui me guides et me rassures. Ton Esprit me pré-cède et me porte ; qu’il augmente en moi la confiance en ton amour et le désir de monter toujours plus à ta rencontre, jour après jour, marche après marche, jusqu’en ta demeure où tu m’as préparé une place. Amen.

[1] Le Seigneur est mon berger,je ne manque de rien ;

[2] sur des prés d’herbe fraîcheil me fait reposer ;vers les eaux du repos il me mène[3] pour y refaire mon âme.

Il me guide par le juste cheminpour l’amour de son nom ;[4] passerais-je un ravin de ténèbres,je ne crains aucun mal ;

près de moi ton bâton, ta houlettesont là qui me consolent.

[5] Devant moi tu apprêtes une tableface à mes adversaires ;d’une onction tu me parfumes la têteet ma coupe déborde.

[6] Grâce et bonheur m’accompagnenttous les jours de ma vie ;ma demeure est la maison du Seigneuren la longueur des jours.

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10Pour aller Plus loin

En parcourant la BibleDeutéronome 32,10-14[10] Au pays du désert, il le trouve, dans la solitude lugubre de la steppe. Il l’entoure, il l’élève,

il le garde comme la prunelle de son œil. [11] Tel un aigle qui veille sur son nid, plane au-dessus de ses petits ; il déploie ses ailes et le prend, il le soutient sur son pennage. [12] Le Seigneur est seul pour le conduire ; point de dieu étranger avec lui. [13] Il lui fait chevaucher les hauteurs de la terre, il le nourrit des produits des montagnes, il lui fait goûter le miel du rocher et l’huile de la pierre dure ; [14] le lait caillé des vaches et le lait des brebis avec la graisse des pâturages, les béliers, race du Bashân, et les boucs avec la graisse des grains du froment, et pour boisson le sang de la grappe qui fermente.

Cantique 1,2-4[2] Qu’il me baise des baisers de sa bouche. Tes amours sont plus délicieuses que le vin ; [3] l’arôme

de tes parfums est exquis ; ton nom est une huile qui s’épanche, c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment. [4] Entraîne-moi sur tes pas, courons ! Le roi m’a introduite en ses appartements ; tu seras notre joie et notre allégresse. Nous célébrerons tes amours plus que le vin ; comme on a raison de t’aimer !

À l’écoute des Pères de l’ÉgliseDe saint Augustin, évêque d’Hippone au IVe siècle

Celui qui décrit le pèlerinage dans le psaume chante la Jérusalem de l’attente. C’est en effet un cantique des degrés : je l’ai souvent dit, ces degrés qui descendent, ils montent.

Le pèlerin veut monter. Où monter ? Au ciel ? Que trouvera-t-il ? Désire-t-il atteindre le soleil, la lune, les étoiles ? Non. Le ciel est une Jérusalem éternelle, où demeurent les anges, avec qui nous vivrons. Sur cette terre, nous sommes en exil, loin d’eux. En route, nous poussons des soupirs, dans la patrie nous tressaillerons d’allégresse. Au cours de notre voyage nous trouverons des compagnons : déjà ils ont vu la cité et nous adjurent d’y porter nos pas. Ils ont arraché à David un cri de joie : «J’ai tressailli quand on m’a dit : Nous irons dans la maison du Seigneur.»

Courons, courons, «nous irons dans la maison du Seigneur». Courons sans nous lasser : là-bas il n’est pas de lassitude. Courons vers la maison du Seigneur et tressaillons d’allégresse avec ceux qui nous ont appelés, qui les premiers ont contemplé notre patrie. «Nous irons dans la maison du Seigneur», crient-ils de loin à ceux qui les suivent. Marchez, courez même ! Les apôtres ont vu cette maison et nous hèlent : marchez, suivez ! Nous irons dans la maison de Dieu.

Que répond chacun de nous ? Les paroles entendues m’ont fait tressaillir : «Nous irons dans la maison du Seigneur». Prophètes et apôtres ont mis mon cœur en émoi, tous m’ont dit : «Allons dans la maison du Seigneur».

Commentaire du Psaume 121,2

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11Le psaume à la loupe

Le psaume 23, comme le psaume 8, s’ouvre et se ferme sur le nom du Seigneur ; et il est de la même façon partagé en deux sections. Mais il s’agit ici d’un psaume de confiance, qui ne

loue plus le Dieu créateur, mais s’organise autour de deux images : le Dieu berger (v. 1-4) et le Dieu hôte (v. 5-6).

La métaphore pastorale commence par une négation (v.1), mais c’est pour mieux affirmer la sé-curité qu’assure le berger, qui permet d’échapper à la faim et à la soif (v. 2), à la fatigue et à l’égarement (v. 3), à tous les dangers de l’ennemi (v. 4). Les allusions à l’exode, ce temps où le Seigneur guidait son peuple au désert et prenait soin de lui, sont nombreuses en ces quelques versets. La métaphore hospi-talière, centrée sur la table (v. 5), utilise les symboles de la joie et de l’abondance (la coupe et l’onction d’huile), ainsi que de la maison (v. 6) pour décrire le bonheur apporté par la présence de Dieu.

Le dynamisme du psaume, en même temps que l’unité entre ses deux parties, est assuré par le double passage du «il» (v. 1-3) au «tu» (v. 4 et v. 5), puis de nouveau au «il» (v. 6). Comme si, dans la stabilité de la sécurité apportée par le berger et du bonheur donné par l’hôte, il y avait place pour des événements périlleux (le «ravin de ténèbres» du v. 4a), des moments de crise, qui sont vite surmontés (v. 4bc) et donnent lieu à un bonheur renouvelé «face aux adversaires» (v. 5a). Ainsi de l’enclos des «prés d’herbe fraîche» (v. 2) à la «maison du Seigneur» (v. 10), un itinéraire spirituel se dessine, qui passe par les «ravins de la mort» (v. 4), mais donne aussi de se réconforter à «la table» préparée (v. 5).

La notion de retour – que la traduction française ne parvient pas à rendre – apparaît deux fois : aux versets 3 et 10, suggérant le retour à la vie que permettent la sollicitude du berger et la générosité de l’hôte. À une vie aussi heureuse et durable qu’elle peut l’être avec Dieu.

À la découverte du Mont-Saint-MichelLe Grand Degré

Il faudrait plutôt le dire au pluriel : les Grands De-grés, puisqu’ils sont d’abord extérieurs puis, une

fois passé le «Châtelet», intérieurs à l’abbaye. En tout, il faut compter un peu plus de 360 marches.

C’est dans le village, à l’extrémité de la grand rue, que démarre le grand degré extérieur, série imposante de marches construite au XIVe siècle, pour conduire à l’entrée de l’abbaye. Large de 4 mètres, il était barré à mi-rampe par une porte pivotante, défendant l’entrée de l’abbaye.

Au bout de ce premier ensemble, relativement recti-ligne, le Châtelet constitue l’unique entrée de l’abbaye. Il fut construit durant l’abbatiat de Pierre Le Roy vers la fin du XIVe siècle. Entre les deux tours cylindriques qui le compo-sent, un passage cintré permet de s’engager dans un som-bre escalier portant le surnom de «Gouffre» et d’arriver à la salle des gardes. Étagé sur trois niveaux, le sol de cette salle particulièrement sonore suit la pente du rocher. Une grande cheminée construite au XVe siècle permettait de

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12chauffer convenablement ce lieu où les gardiens passaient de longues nuits à attendre d’hypothé-tiques assaillants.

Une fois franchi ce seuil, on peut aborder l’ultime envolée de marches : le grand degré in-térieur. Ultime défense de l’abbaye (grâce aux deux ponts qui le surmontent), le grand degré intérieur est aussi le lieu de passage obligé des processions liturgiques : au bout, ce sera l’en-trée dans l’abbatiale. En l’empruntant, on lon-ge, à main gauche, les logis abbatiaux où sont aujourd’hui en partie installées les Fraternités de Jérusalem. Qu’on n’imagine pas des lieux luxueux. Si certaines salles sont de belle dimen-sion et pourvues de grandes cheminées, l’en-semble est plutôt spartiate !

Cette journée est donc pour nous celle de l’ascension... Aucune belle vue ne la récom-pense en route – le grand degré intérieur a quelque chose d’un tunnel qui aurait perdu son toit ! –, il faut attendre le terme, l’entrée dans l’abbatiale et le passage par la très belle terrasse

de l’ouest pour retrouver un terrain plat et un horizon dégagé. Pour ne pas nous décourager, nous ferons l’ascension en deux temps : demain, pause à Notre-Dame sous-Terre !

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13

Blanc plus que neige

L’une des expériences les plus communes, lors d’un pèlerinage ou même d’une simple marche, c’est le poids du sac. Et si le chemin est ascendant, c’est encore plus frappant.

Si encore on était dans la baie, que ce soit celle des vacances ou celle du quotidien, distrait par le vent avec lequel dansent les mouettes, réjoui par les vastes horizons et les jeux de lumière entre sable et eau, on pourrait peut-être oublier, mais là, entre les deux murs épais du Grand Degré, dans le passage étroit et resserré de la Salle des Gardes, là où résonnent toutes les pensées même les plus secrètes et les plus cachées, il n’y a rien à faire : la vérité s’impose. Celle de notre faiblesse, celle de notre péché peut-être.

L’Esprit est d’abord «l’Esprit de vérité», comme le dit le quatrième évangile (Jean 14,17 ; 15,26 ; 16,13). Et «si nous disons : ‘Nous n’avons pas de péché’, nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous» (1 Jean 1,8). Profitant de la pénombre bienfaisante de la plus ancienne chapelle édifiée sur le rocher, Notre-Dame-sous-Terre (qu’il nous est proposé de visiter), prenons le temps aujourd’hui de nous laisser sonder par l’Esprit de vérité, comme David s’est laissé sonder par l’Esprit qui lui parlait par la bouche du prophète Natân. «Cet homme», celui qui a pris l’unique brebis du pauvre pour en faire un festin, «c’est toi !». Alors, de la bouche de David, brisé par le repentir, jaillit le psaume que nous méditons en ce jour, le «Miserere».

Il s’agit d’une confession à tous les sens du terme : confession de son péché, bien sûr – David le connaît et le reconnaît comme le sien – mais aussi confession de la miséricorde de Dieu : dès les pre-miers versets, c’est à la «tendresse» et à la «bonté» de Dieu qu’en appelle David pour être lavé et purifié de son péché. Le pécheur qui se reconnaît tel ne découvre jamais seulement son péché mais aussi et toujours la tendresse du Dieu de miséricorde. Non seulement il ne «retire pas de lui son esprit saint», mais encore il le décharge de son fardeau, le prend sur son cœur et souffle sur lui l’Esprit de pardon et de réconciliation, lui qui «restaure en notre âme un esprit ferme» ! Alors, dit saint Bernard, «dans la contemplation de Dieu, nous respirons et la joie du Saint-Esprit nous procure la consolation». Qu’il en soit ainsi pour nous aujourd’hui !

Psaume 51 (50)[3] Pitié pour moi, Seigneur, en ta bonté,en ta tendresse efface mon péché ;

[4] lave-moi de toute maliceet de ma faute, Seigneur, purifie-moi.

[5] Car mon péché, moi, je le connais,ma faute est devant moi sans relâche ;[6] contre toi, toi seul, j’ai péché,ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Ainsi tu es juste quand tu prononces,sans reproche lorsque tu juges.[7] Vois : mauvais, je suis né,pécheur, ma mère m’a conçu.

[8] Mais tu aimes la vérité au fond du cœur,instruis-moi des profondeurs de la sagesse ;[9] purifie-moi avec l’hysope : je serai net ;lave-moi : je serai blanc plus que neige.

[10] Rends-moi le son de la joie et de la fête,et qu’ils dansent, les os que tu broyas ;[11] détourne ta face de mes fautes,efface de moi toute malice.

[12] Ô Dieu, crée pour moi un cœur pur,restaure en ma poitrine un esprit ferme ;[13] ne me repousse jamais loin de ta face,ne retire pas de moi ton esprit saint.

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Prier

Seigneur, tu connais mon cœur. Tu m’attends sur le rocher de la vérité, là où je peine si souvent à me rendre. Tu m’attends non pour me culpabiliser mais pour me relever ; non

pour m’accabler mais pour me décharger ; non pour me juger mais pour me pardonner. Que ton Esprit de douceur et de miséricorde ôte de moi toute peur et tout faux-semblant pour que je me présente devant toi dans la vérité et de ma faiblesse et de mon désir, et de mon péché et de mon amour de toi. Seigneur, toi qui viens nous réconcilier avec nous-même, avec notre prochain et avec toi, béni sois-tu !

Pour aller Plus loin

En parcourant la Bible2 Samuel 12,1-13[1] Le Seigneur envoya le prophète Natân vers David. Il entra chez lui et lui dit : «Il y avait

deux hommes dans la même ville, l’un riche et l’autre pauvre. [2] Le riche avait petit et gros bétail en très grande abondance. [3] Le pauvre n’avait rien du tout qu’une brebis, une seule petite qu’il avait achetée. Il la nourrissait et elle grandissait avec lui et avec ses enfants, mangeant son pain, buvant dans sa coupe, dormant dans son sein : c’était comme sa fille. [4] Un hôte se présenta chez l’homme riche qui épargna de prendre sur son petit ou gros bétail de quoi servir au voyageur arrivé chez lui. Il vola la brebis de l’homme pauvre et l’apprêta pour son visiteur.» [5] David entra en grande colère contre cette homme et dit à Natân : «Aussi vrai que le Seigneur est vivant, l’homme qui a fait cela est passible de mort ! [6] Il remboursera la brebis au quadruple, pour avoir commis cette action et n’avoir pas eu de pitié.»

[7] Natân dit alors à David : «Cet homme, c’est toi ! Ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Je t’ai oint comme roi d’Israël, je t’ai sauvé de la main de Saül, [8] je t’ai livré la maison de ton maître, j’ai mis dans tes bras les femmes de ton maître, je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si ce n’est pas assez, j’ajouterai pour toi n’importe quoi. [9] Pourquoi as-tu méprisé le Seigneur et fait ce qui lui déplaît ? Tu as frappé par l’épée Urie le Hittite, sa femme tu l’as prise pour ta femme, lui tu l’as fait périr par l’épée des Ammonites. [10] Maintenant l’épée ne se détournera plus jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour qu’elle devienne ta femme. [11] «Ainsi parle le Seigneur : Je vais, de ta propre maison, faire surgir contre toi le malheur. Je prendrai tes femmes sous tes yeux et je les livrerai à ton prochain, qui couchera avec tes femmes à la vue de ce soleil. [12] Toi, tu as agi dans le secret, mais moi j’accomplirai cela à la face de tout Israël et à la face du soleil !» [13] David dit à Natân : «J’ai péché contre le Seigneur !» Alors Natân dit à David : «De son côté, le Seigneur pardonne ta faute, tu ne mourras pas.

[14] Rends-moi la joie de ton salut,assure en moi un esprit magnanime ;[15] aux pécheurs j’enseignerai tes voies,à toi se rendront les égarés.

[16] Affranchis-moi du sang, Dieu mon Sauveur,et ma langue acclamera ta justice ;[17] Seigneur, ouvre mes lèvreset ma bouche publiera ta louange.

[18] Tu ne prendrais aucun plaisir au sacrifice,si j’offre un holocauste, tu n’en veux pas ;[19] mon sacrifice, c’est un esprit brisé,d’un cœur broyé tu n’as point de mépris.

[20] Veuille accorder à Sion le bonheur,et rebâtir Jérusalem en ses murailles ;[21] tu te plairas aux justes sacrifices,on offrira des taureaux sur ton autel.

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151 Jean 1,5-10[5] Or voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons : Dieu est

Lumière, en lui point de ténèbres. [6] Si nous disons que nous sommes en communion avec lui alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous ne faisons pas la vérité. [7] Mais si nous mar-chons dans la lumière comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. [8] Si nous disons : «Nous n’avons pas de péché», nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous. [9] Si nous confessons nos péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. [10] Si nous disons : «Nous n’avons pas péché», nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous.

À l’écoute des Pères de l’ÉgliseDe saint Bernard, abbé de Clairvaux au XIIe siècle

Soyons toujours sur nos gardes, car c’est le temps de la lutte. Fixons-nous solidement au rempart ; appuyons-nous de toutes nos forces sur le roc inébranlable qu’est le Christ, selon

cette parole de l’Écriture : «Il a posé mes pieds sur le roc, il a raffermi mes pas» (Ps 39,5). Ainsi établis et réconfortés, mettons-nous à contempler : nous verrons ce qu’il nous dit et ce que nous répondrons à qui nous fait reproche. Humilions-nous sous la main puissante du Dieu très haut et hâtons nous d’ex-poser toute notre misère devant les yeux de sa miséricorde en disant : «Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri, sauve-moi et je serai sauvé» (Jr 17,4) ; et encore : «Prends pitié de moi, Seigneur, guéris mon âme, car j’ai péché contre toi» (Ps 40,5).

Lorsque l’œil du cœur est purifié par ce genre de pensées, nous ne vivons plus le cœur plein d’amertume mais dans les délices qui se trouvent en l’Esprit de Dieu. Déjà nous ne considérons plus quelle est la volonté de Dieu sur nous, mais quelle est cette volonté en elle-même. Or Dieu veut la vie, et rien absolument n’est plus utile et plus avantageux que de s’accorder à sa volonté. Et c’est pourquoi l’empressement que nous mettons à vouloir conserver notre vie, mettons-le aussi, dans la mesure du possible, à ne point dévier du chemin qui y mène.

Ensuite, lorsque nous aurons progressé quelque peu dans l’ascèse spirituelle en suivant comme guide l’Esprit Saint qui scrute les profondeurs mêmes de Dieu, représentons-nous combien le Seigneur est doux, combien il est bon en lui-même. Demandons avec le prophète de voir la volonté du Seigneur, demandons-lui de nous faire visiter non plus notre cœur, mais son temple. Et avec lui nous dirons en-core : «Mon âme s’est troublée, c’est pourquoi je me souviendrai de toi» (Ps 41,7).

Ces deux choses résument le contenu de toute la vie spirituelle : au spectacle de nous-mêmes nous sommes troublés et contrits pour notre salut, tandis que dans la contemplation de Dieu nous respirons et la joie du Saint-Esprit nous procure la consolation. D’une part, crainte et humilité ; d’autre part, espérance et charité.

Sermon De diversis 5, 4-5

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16Le psaume à la loupe

Le psaume 51, comme plusieurs autres dans le psautier, commence par une suscription très précise qui relate l’occasion de sa rédaction, au moins dans sa forme première : «Quand Natân

le prophète vint à lui parce qu’il était allé vers Bethsabée» (v.2). Cet épisode est relaté en 2 Samuel 12,1-14, le prophète allant trouver le roi David pour lui faire prendre conscience, à l’aide d’une parabole, de son péché (il avait fait tuer Urie le Hittite, pour épouser sa femme Bethsabée). L’histoire est identique : confession et repentir de David, pardon accordé par le Seigneur, reprise du culte avec de justes sacri-fices (2 S 12,20 et Ps 51,21) ; et elle s’exprime en des termes semblables (cf. 2 S 12,13 et Ps 51,6a ; 2 S 12,9 et Ps 51,6b…)

Il s’agit donc d’un psaume de pénitence, construit selon les règles des supplications : demande d’intervention (v. 3-4), exposé de la situation qui est ici confession des péchés (v. 5-8), supplique qui est ici demande d’absolution (v. 9-11) et de recréation (v. 12-14), et enfin action de grâces qui comporte ici un vœu (v. 15-19) et une intercession pour Jérusalem (v. 20-21).

De façon plus précise, le psaume est structuré en deux parties : la première tournée vers le passé marqué par le péché (v. 3-11) ; la seconde, vers l’avenir ouvert par le pardon et la rénovation (v. 12-21). La première partie s’organise comme un diptyque, scandé par le vocabulaire du péché et de la faute, et plaçant au centre la justice de Dieu qui se révèle salvifique (v. 6cd). La seconde, plus complexe, compor-te quatre petites unités : les v. 12-13 mettent en parallèle l’esprit de l’homme à restaurer et l’esprit de Dieu ; les v. 14-16a, construits en chiasme, indiquent que le pardon donné au pécheur le transformera en un enseignant pour les autres (v. 15a) ; les v. 16b-17 ont une structure concentrique qui montre que c’est Dieu lui-même qui fait éclore la louange qui lui est rendue ; enfin les v. 18-21 mettent en parallèle le sacrifice d’un esprit brisé (v. 19a) et les justes sacrifices du Temple (v. 21a), tous deux agréés par Dieu.

Un vocabulaire commun unifie les deux parties qui, cependant, de l’aveu initial à l’action de grâces finale, sont portées par le dynamisme puissant du pardon de Dieu qui renouvelle toutes choses.

À la découverte du Mont-Saint-MichelNotre-Dame-sous-Terre

Cette église carolin-gienne aux propor-

tions modestes (11 mètres sur 13) est la partie la plus an-cienne des bâtiments de l’ab-baye.  Édifiée  vers  966,  elle  a remplacé l’oratoire que saint Aubert avait élevé au début du VIIIe siècle et fut recou-verte par les constructions postérieures. Des fouilles ont permis de la redécouvrir à la fin du XIXe siècle. Prenant directement appui sur le ro-cher, elle offre toutes les ca-ractéristiques et la sobriété

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Retraite de Pentecôte 2010Jour 4 • Mercredi 19 mai

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17de l’art préroman avec ses larges murs de 2 mètres d’épaisseur, constitués de moellons de granit gros-sièrement équarris, et ses arcs appareillés de briques plates. Un mur médian percé de deux arcades dé-limite deux nefs parallèles se terminant chacune par un petit sanctuaire surmonté d’une tribune. Cette construction inhabituelle a dû être ajoutée pour soutenir l’église abbatiale édifiée au niveau supérieur.

On n’accède pas de façon évidente à cette chapelle. Pas d’escalier dans l’abbatiale pour y conduire directement : il faut se retrouver dans un dédale de couloirs avant d’y parvenir et monter presque tout le Grand Degré pour se retrouver finalement au plus bas de l’édifice ! Ce lieu est sym-bolique à plus d’un titre : son ancienneté tout d’abord : on se situe en quelque sorte à l’origine, on aurait presque envie de dire à la racine, de l’édifice spirituel du Mont-Saint-Michel. C’est aussi ce que dit la proximité du rocher. Tout y invite à l’intériorité et au silence, à la vérité : pas de décorations, pas de distractions possibles en ce sanctuaire dépouillé que n’éclaire aucune ouverture vers le ciel. Enfin, il s’agit d’un lieu de soutènement ; on l’a dit : l’abbatiale s’appuie sur cette chapelle. Le cœur obscur de tout l’ensemble architectural est encore – même s’il n’est plus guère fréquenté pour cela aujourd’hui – un lieu de prière.

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Qu’un souffle passe

Le psaume que nous méditons aujourd’hui est un psaume tout entier habité par l’action de grâces. Avec lui, nous passons sans transition, tout recréés que nous sommes par le

pardon du Seigneur, des profondeurs de Notre-Dame-sous-Terre à la magnifique et vaste salle située au niveau même de l’abbatiale, tout en haut du Mont : le réfectoire des moines. Comme le fils prodigue accueilli par la tendresse de son Père, nous y goûtons aujourd’hui au banquet de la récon-ciliation, enfants rachetés de toutes les «fosses» qui nous menaçaient, bénis de tous les «bienfaits» du Seigneur.

C’est l’Esprit de joie et de louange que nous invoquons aujourd’hui. Comme le peuple en exil qui court avec allégresse et arrive «à Sion criant de joie, portant avec eux une joie éternelle», accueillons aujourd’hui cette joie qui nous habite au plus profond et qui a nom «Esprit Saint». Pour autant la joie dont nous parlons n’est ni une joie magique ni une joie automatique. Être chrétien, ce n’est pas néces-sairement être enthousiaste ou optimiste, mais c’est connaître cette source de la joie profonde qu’est l’Esprit Saint et s’y abreuver dans la foi.

En passant de Notre-Dame-sous-Terre au réfectoire des moines, notre vie n’a probablement pas été visiblement ni sensiblement transformée ! Nos souffrances et nos doutes nous habitent peut-être toujours. Mais une porte a été ouverte – c’est saint Paul qui nous aide à le comprendre aujourd’hui : «Vous qui étiez morts du fait de vos fautes, il vous a fait revivre avec lui !» (Colossiens 2,13). La joie chrétien-ne est d’abord la joie de la résurrection du Premier-né d’entre les morts : Jésus. Et cette joie n’ignore aucune des souffrances qui pèsent sur notre monde et sur chacune de nos vies. Au contraire : c’est aux pauvres, aux malades, aux désespérés, à tous ceux dont «les mains» sont «affaiblies», et dont «les genoux chancellent», comme le dit Isaïe, aux «cœurs défaillants», qu’elle est promise, comme une source qui jaillit en plein désert. Oui, on a bien raison de le chanter : «Bénis le Seigneur, ô mon âme !».

Psaume 103 (102)

[1] Bénis le Seigneur, ô mon âme,et, du fond de mon être, son saint nom ;

[2] bénis le Seigneur, ô mon âme,n’oublie aucun de ses bienfaits.

[3] Lui qui pardonne toutes tes offenses,qui te guérit de toute maladie,[4] qui rachète à la fosse ta vie,qui te couronne d’amour et de tendresse,

[5] qui rassasie de biens tes années,et ta jeunesse comme l’aigle se renouvelle.[6] Le Seigneur qui fait œuvre de justice,qui fait droit à tous les opprimés,

[7] révéla ses desseins à Moïse,aux enfants d’Israël ses hauts faits.

[8] Le Seigneur est tendresse et pitié,lent à la colère et plein d’amour ;

[9] elle n’est pas jusqu’à la fin, sa querelle,elle n’est pas pour toujours, sa rancune ;[10] il n’agit pas envers nous selon nos fautes,ne nous rend pas selon nos offenses.

[11] Comme est la hauteur des cieux sur la terre,puissant est son amour pour qui le craint ;[12] comme est loin l’Orient de l’Occident,il éloigne de nous nos péchés.

[13] Comme est la tendresse d’un père pour ses fils,tendre est le Seigneur pour qui le craint ;[14] il sait de quoi nous sommes façonnés,il se souvient que poussière nous sommes.

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Prier

Dieu de tendresse et de bonté, sois béni pour tous tes bienfaits. Dans l’allégresse de l’Esprit de sainteté, je chante ton amour et ta miséricorde qui m’ont relevé et introduit dans la salle

du banquet où ton Fils a préparé le festin de la joie. Je te bénis, Père, pour ton amour qui est de toujours à toujours. Je te bénis, Christ Jésus, toi qui es descendu dans l’abîme de la mort pour que nul n’en reste à jamais prisonnier. Je te bénis, ô Esprit d’une sainte allégresse : souffle en mon âme la brise de ta joie !

Pour aller Plus loin

En parcourant la BibleIsaïe 35,1-10[1] Que soient pleins d’allégresse désert et terre aride, que la steppe exulte et fleurisse ;

comme l’asphodèle [2] qu’elle se couvre de fleurs, qu’elle exulte de joie et pousse des cris, la gloire du Liban lui a été donnée, la splendeur du Carmel et de Saron. C’est eux qui verront la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. [3] Fortifiez les mains affaiblies, affermissez les genoux qui chancellent. [4] Dites aux cœurs défaillants : «Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu. C’est la vengeance qui vient, la rétribution divine. C’est lui qui vient vous sauver.» [5] Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds s’ouvriront. [6] Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet criera sa joie. Parce qu’auront jailli les eaux dans le désert et les torrents dans la steppe. [7] La terre brûlée deviendra un marécage, et le pays de la soif, des eaux jaillissantes ; dans les repaires où gîtaient les chacals on verra des enclos de roseaux et de papyrus. [8] Il y aura là une chaussée et un chemin, on l’appellera la voie sacrée ; l’impur n’y passera pas ; c’est Lui qui pour eux ira par ce chemin, et les insensés ne s’y égareront pas. [9] Il n’y aura pas de lion et la plus féroce des bêtes n’y montera pas, on ne l’y rencontrera pas, mais les rachetés y marcheront. [10] Ceux qu’a libérés le Seigneur reviendront, ils arriveront à Sion criant de joie, portant avec eux une joie éternelle. La joie et l’allégresse les accom-pagneront, la douleur et les plaintes cesseront.

Colossiens 2,6-7.9-13[6] Le Christ tel que vous l’avez reçu, Jésus le Seigneur, c’est en lui qu’il vous faut marcher, [7]

enracinés et édifiés en lui, appuyés sur la foi telle qu’on vous l’a enseignée, et débordant d’action de grâces. [...] [9] Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité, [10] et vous vous

[15] L’homme ! Ses jours sont comme l’herbeet la fleur des champs qui fleurit :[16] sur lui, qu’un souffle passe, il n’est plus,jamais plus ne le connaîtra sa place.

[17] Mais l’amour du Seigneur pour qui le craintest de toujours à toujours,et sa justice, [18] pour ceux qui gardent son alliance,qui se souviennent d’accomplir ses volontés.

[19] Le Seigneur a mis son trône dans les cieux,par-dessus tout sa royauté domine.

[20] Bénissez le Seigneur, tous ses anges,hérauts puissants, ouvriers de sa parole.

[21] Bénissez le Seigneur, ses armées,serviteurs ouvriers de son désir.

[22] Bénissez le Seigneur, toutes ses œuvres,partout où s’étend son empire.

Bénis le Seigneur, ô mon âme !et du fond de mon êtreson saint nom.

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20trouvez en lui associés à sa plénitude, lui qui est la Tête de toute Principauté et de toute Puissance. [11] C’est en lui que vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’est pas de main d’homme, par l’entier dépouillement de votre corps charnel ; telle est la circoncision du Christ : [12] ensevelis avec lui lors du baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts. [13] Vous qui étiez morts du fait de vos fautes et de votre chair incirconcise, Il vous a fait revivre avec lui ! Il nous a pardonné toutes nos fautes !

À l’écoute des Pères de l’ÉgliseDe Guillaume, abbé de Saint-Thierry au XIIe siècle

Toi seul es vraiment Seigneur, mon Dieu, toi pour qui dominer sur nous, c’est nous sauver, tandis que pour nous te servir, ce n’est pas autre chose que d’être sauvés par toi. Comment

donc en effet sommes-nous sauvés par toi, Seigneur, «de qui vient le salut et qui répands sur ton peuple ta bénédiction» (Ps 3,9), si ce n’est en recevant de toi de t’aimer et d’être aimés de toi ? Et pour cela, Seigneur, tu as voulu que le Fils de ta droite soit appelé Jésus, c’est-à-dire Sauveur. «C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés» (Mt 1,21). C’est lui qui nous a appris à l’aimer quand, le premier, il nous a aimés, et jusqu’à la mort de la croix. Par son amour et sa dilection, il éveille en nous l’amour pour lui, lui qui le premier nous a aimés jusqu’à l’extrême.

Oui, c’est bien ainsi : tu nous as aimés le premier, pour que nous t’aimions. Tu n’as pas besoin de notre amour, mais nous ne pouvons parvenir à la fin que tu nous avais donnée qu’en t’aimant. C’est pour-quoi, «ayant jadis parlé à nos pères par les prophètes, bien des fois et de bien des manières, en ces derniers jours, tu nous as parlé par le Fils» (He 1,1-2), ton Verbe : «c’est par lui que les cieux ont été faits et par le souffle de sa bouche toute leur puissance» (Ps 32,6). Parler par ton Fils, pour toi, ce n’est pas autre chose que de mettre en plein soleil, de faire voir avec éclat combien et comment tu nous as aimés, puisque tu n’as pas épargné ton propre Fils, mais l’as livré pour nous. Et lui aussi, il nous a aimés, et il s’est livré lui-même pour nous.

Et ton amour, ta bonté, ô Dieu souverainement bon et souverain bien, c’est l’Esprit Saint qui pro-cède du Père et du Fils. Depuis le début de la création, il se tient au-dessus des eaux, c’est-à-dire des esprits fluctuants des fils des hommes ; il s’offre à nous, il attire tout à lui ; inspirant, aspirant, écartant ce qui est nuisible, pourvoyant de ce qui est utile, il unit Dieu à nous et nous à Dieu.

La contemplation de Dieu 12-14

Le psaume à la loupe

Le psaume 103 est un hymne qui s’ouvre selon les règles, par un invitatoire (v. 1-2) ; mais ici l’invitatoire est repris en inclusion à la fin (v. 20-22), avec une tout autre amplitude, puisqu’au

début le psalmiste s’exhortait lui-même à bénir tandis qu’à la fin, il incite à la louange toutes les œuvres du Seigneur. Le psaume commence au singulier (je, tu, v. 1-5), se poursuit au pluriel (nous, v. 10-14) et tend à l’universel (l’homme et tout le cosmos, v. 15-22a) pour revenir, en conclusion, au singulier (v. 22b).

Tout le psaume va donc être construit pour justifier cet impératif de bénédiction, en deux par-ties qui tournent autour des mêmes thèmes : amour et tendresse (v. 4 et v. 11-13), connaissance (v. 7 et v. 14), et de nouveau amour (v. 8 et 17). Dans les deux parties sont donc affirmés l’amour de Dieu et la connaissance qu’il a de la fragilité de l’homme (v. 14), qui l’a conduit à se révéler à lui (v. 7). Mais la

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211e partie (v. 3-10) est globalement plutôt centrée sur l’œuvre de Dieu (par exemple v. 6.10), et la 2e (v. 11-19) sur la réponse que les créatures doivent lui apporter (par exemple v. 18.21).

De façon plus fine, on remarque que les deux parties sont disposées selon la même structure concentrique mettant en valeur le verset central : pour la 1e partie, offenses et rétribution (v. 3 et v. 9-10, amour et tendresse (v. 4-5 et v. 8), avec au centre l’œuvre de révélation divine (v. 6-7) ; pour la 2e, cieux (v. 11 et v. 19), amour et crainte de Dieu (v. 11-13 et v. 17-18), avec au centre le constat de la faiblesse de l’homme que connaît Dieu (v. 14-16).

Le psaume comporte 22 versets, soit autant que de lettres dans l’alphabet hébraïque, et paraît proche en plusieurs points des écrits de sagesse (v. 15-16, par exemple). On peut noter la richesse des verbes qualifiant l’œuvre de Dieu : pardonner, guérir, racheter, couronner rassasier… qui aboutit à la définition : «Le Seigneur est tendresse et pitié» (le nom révélé à Moïse en Exode 34,6) ; ainsi que la déme-sure entre l’infini de la puissance et de l’amour de Dieu, s’étendant à tout le cosmos, et la petitesse et la fragilité de l’homme que cependant il aime «comme un père».

À la découverte du Mont-Saint-MichelLe réfectoire des moines

Couvert d’une char-pente lambrissée

en berceau plein cintre, le ré-fectoire, achevé vers 1215, est peut-être la plus belle salle de la Merveille. Il faut faire cette expérience de se tenir sur le seuil de cette très grande salle, située sur le côté sud du cloître, de se sentir inondé de lumière et, pourtant, de ne voir aucune ouverture per-mettant au soleil de darder aussi puissamment ses rayons jusqu’au centre de la pièce. En avançant ne serait-ce que de quelques pas, on se rend alors compte que les murs sont en réalité tout du long ajourés de hautes baies – profondément enchâssées entre les contreforts intérieurs constituant les murs latéraux – dont l’étroitesse n’arrête pas la lumière tant elles sont nombreuses. Le rythme créé par ces arcatures très élevées se répète sur toute la longueur des murs, sans même s’interrompre au niveau de la chaire du lecteur aménagée dans l’épaisseur du mur méridional. C’est là que les moines venaient prendre leur repas en silence, en écoutant la lecture de vies de saints. La voix y porte de façon étonnante, on peut en faire aujourd’hui encore l’expérience.

Le réfectoire, c’est le lieu de la parole écoutée et du pain partagé. Une sorte d’image séculière de ce qu’est l’abbatiale dans l’ordre sacramentel. Réconciliés avec Dieu, nous pénétrons aujourd’hui dans la salle du banquet. La lumière cachée de l’Esprit de sainteté emplit la salle de ses feux et nous emplit aussi. La Parole retentit et nous sommes capables de l’entendre et de l’accueillir. Le Pain est rompu et nous le recevons comme gage de la vie éternelle.

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Ton souffle bon

«Le cheminement de l’homme ne lui appartient pas, mais dépend de l’initiative de l’Esprit son maître», nous dit aujourd’hui saint Bernard. Ces deux derniers jours de retraite seront

pour nous à la fois un terme et un commencement. Parvenus tout en haut du rocher, nous ne sommes pas pour autant – et heureusement ! – au bout de l’aventure. L’Esprit Saint est un bon com-pagnon de route et la route ne fait que commencer !

Avec le psalmiste, nous prions aujourd’hui en demandant : «Que ton souffle de bonté me conduise par une terre unie» (Psaume 143,10). Cette terre, c’est l’image de notre vie. À quoi servirait une retraite si elle ne nous transformait pas au moins un peu ? En six strophes, le psalmiste semble parcourir toute sa vie sous le regard de Dieu : un cri de confiance et d’humilité, un appel au secours, une anamnèse des œuvres de Dieu, et puis, tourné vers l’avenir cette fois, une profession de foi qui l’engage résolument sur le chemin de la confiance : «Je compte sur toi (…), je suis ton serviteur» (Psaume 143,8.12). Et s’il arrivait qu’il soit «à bout de souffle», il ne craindrait pas car il sait que le «souffle bon» de l’Esprit de tendresse toujours le conduira.

Au centre du psaume, un verset nous donne la clef de cette sixième journée de retraite : «Je me redis toutes tes œuvres» (Psaume 143,5). Puisque nous sommes aujourd’hui dans le cloître de l’abbaye, mettons à profit la grâce particulière de ce lieu de méditation et de lent cheminement pour nous «redire toutes les œuvres» de Dieu en notre vie. Son Esprit, qui va à nouveau nous être donné en plénitude en cette fête de Pentecôte, ne viendra pas nous distraire de la réalité concrète, quotidienne, de notre vie, mais la féconder : à nous donc de la rassembler tout entière sous le regard de Celui qui a promis de nous envoyer l’Esprit Consolateur et qui nous fera porter des fruits de «charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi», comme l’écrit saint Paul aux chrétiens de Galatie (Galates 5,22-23). Si l’Esprit est notre vie, qu’il nous fasse agir !

Psaume 143 (142)

[1] Seigneur, écoute ma prière,prête l’oreille à mes appels.

Seigneur, écoute ma prière,tu es fidèle, réponds-moi, tu es juste ;[2] ne cite pas en jugement ton serviteur,nul vivant n’est justifié devant toi.

[3] L’ennemi pourchasse mon âme,contre terre il écrase ma vie ;il me fait habiter dans les ténèbrescomme ceux qui sont morts à jamais ;[4] le souffle en moi s’éteint,mon cœur au fond de moi s’épouvante.

[5] Je me souviens des jours d’autrefois,je me redis toutes tes œuvres,sur l’ouvrage de tes mains je médite ;je me redis toutes tes œuvres,

[6] je tends les mains vers toi,mon âme est une terre assoiffée de toi.

[7] Viens vite, réponds-moi, Seigneur,je suis à bout de souffle ;ne cache pas loin de moi ta face,je serais de ceux qui tombent dans la fosse.[8] Fais que j’entende au matin ton amour,car je compte sur toi ;fais que je sache la route à suivre,car vers toi j’élève mon âme.

[9] Délivre-moi de tous mes ennemis,Seigneur, c’est vers toi, que j’ai fui ;[10] enseigne-moi à faire tes volontés,car c’est toi mon Dieu ;que ton souffle de bonté me conduisepar une terre unie.

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Prier

Seigneur, je te présente aujourd’hui toute ma vie. Souffle sur elle ton Esprit de force et de douceur : qu’il me conduise par la terre unie de tes volontés et me fasse porter le fruit que tu

désires. C’est derrière toi que je veux marcher, à toi que je veux me donner, pour toi que je veux chanter le chant de mon action de grâce et de ma joie. Pour ton Esprit qui nous guide et nous conduit, et nous donne de marcher à ta suite sans nous lasser, Seigneur, béni sois-tu !

Pour aller Plus loin

En parcourant la BibleIsaïe 40,27-31[27] Pourquoi dis-tu, Jacob, et répètes-tu, Israël : «Ma voie est cachée au Seigneur, et mon

droit échappe à mon Dieu ?» [28] Ne le sais-tu pas ? Ne l’as-tu pas entendu dire ? Le Seigneur est un Dieu éternel, créateur des extrémités de la terre. Il ne se fatigue ni ne se lasse, insondable est son intel-ligence. [29] Il donne la force à celui qui est fatigué, à celui qui est sans vigueur il prodigue le réconfort. [30] Les adolescents se fatiguent et s’épuisent, les jeunes ne font que chanceler, [31] mais ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s’épuiser, ils marchent sans se fatiguer.

Galates 5,22-25[22] Le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les

autres, [23] douceur, maîtrise de soi : contre de telles choses il n’y a pas de loi. [24] Or ceux qui appar-tiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. [25] Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse agir.

À l’écoute des Pères de l’ÉgliseDe saint Bernard, abbé de Clairvaux au XIIe siècle

Celui qui marche sous la conduite de l’Esprit ne demeure pas constamment dans le même état et ne progresse pas toujours avec la même aisance. Le cheminement de l’homme ne lui

appartient pas, mais dépend de l’initiative de l’Esprit son maître, qui lui donne à son gré d’oublier ce qui est en arrière et d’aller de l’avant, tantôt avec lenteur, tantôt avec élan. Je pense que, si vous y prêtez attention, votre expérience intérieure confirmera ce que je viens d’exprimer.

Si tu te sens atteint de torpeur, de chagrin ou de dégoût, ne perds pas confiance pour autant et n’abandonne pas ton projet de vie spirituelle. Cherche plutôt la main de celui qui est ton secours. Im-plore-le de t’entraîner à sa suite jusqu’à ce que, attiré par la grâce, tu retrouves la rapidité et l’allégresse

[11] À cause de ton nom, Seigneur,fais que je vive en ta justice ;tire de l’oppression mon âme,

[12] en ton amour anéantis mes ennemis ;détruis les oppresseurs de mon âme,car moi je suis ton serviteur.

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24de ta course. Alors tu pourras dire : «J’ai couru dans la voie de tes commandements : tu as dilaté mon cœur» (Ps 118,32). Tant que la grâce est là, réjouis-toi ; mais ce don de Dieu, ne va pas croire que tu le possè-des par droit, comme si tu étais assuré de ne jamais devoir le perdre. Sinon, pour peu que Dieu éloigne sa main et retire son don, tu perdras courage et tu tomberas dans une tristesse exagérée. Lorsque tu es comblé, ne dis pas : «Rien à jamais ne m’ébranlera», afin de n’avoir pas à dire en gémissant la suite du psaume : «Tu as détourné de moi ton visage et je me suis effondré» (Ps 29,7-8).

Ainsi au jour où tu seras fort, ne t’installe pas dans la sécurité, mais crie vers Dieu avec le pro-phète : «Quand déclineront mes forces, ne m’abandonne pas» (Ps 70,9). Au moment de l’épreuve, redis-toi pour prendre courage : «Entraîne-moi, Seigneur, à ta suite ; nous courrons à l’odeur de tes parfums» (Ct 1,3). Ainsi l’espoir ne te manquera pas au temps du malheur, ni la prévoyance au jour du bonheur. Au milieu des réussites et des échecs de ces temps instables, tu garderas comme l’image de l’éternité, une solide égalité d’âme. Tu béniras le Seigneur en tout temps et ainsi, au cœur d’un monde vacillant, tu trouveras la paix, une paix pour ainsi dire inébranlable ; tu commenceras de te renouveler et de te réformer à l’image et à la ressemblance d’un Dieu dont la sérénité demeure éternellement.

Sermons sur le Cantique 21, 4-6

Le psaume à la loupe

Avec le psaume 143, nous voici de nouveau devant un psaume de supplication attribué à Da-vid dans une circonstance particulière de sa vie : «Quand son fils le poursuivait» (cf. la révolte

d’Absalon contre son père David en 2 Samuel 15-16 où plusieurs expressions du psaume se retrou-vent). Le plan suit la structure habituelle des supplications : une invocation initiale (v. 1-2) ; l’exposé de la situation : le danger encouru (v. 3-4) et l’attitude de prière en réaction (v. 5-6) ; la demande (v. 7-11), mêlée d’affirmations de confiance ; une imprécation finale assortie d’une confession de foi (v. 12).

Le psaume se divise en deux parties (v. 1-6 et 7-12) – séparées dans le texte hébraïque par une pause – et forme un vaste chiasme. Les expressions des premiers versets se retrouvent en effet dans les derniers : les mots «Seigneur» et «en ta justice» sont employés aux v. 1 et 11 ; «serviteur» et «vivant» ou «vivre» aux v. 2 et 11-12 ; «fidélité» ou «amour» (deux notions très voisines en hébreu) aux v. 1 et 12. Tandis que les expressions des versets centraux se répondent : «ennemi» (v. 3 et 9), «âme» (v. 3.6 et 9), «souffle» (v. 4 et 7.10), «terre» (v. 3.6 et 10).

Au début de chaque volet de ce diptyque (v. 1-2 et 7-10), les demandes se multiplient, avec des verbes à l’impératif pressant Dieu d’écouter et d’agir, et une inclusion du mot «souffle» (v. 7.10). Tandis qu’ensuite (v. 3-6 et 11-12), les phrases deviennent affirmatives pour exposer la situation (v. 3-6), avec une inclusion des mots «âme» et «terre», et pour affirmer la confiance du psalmiste dans le salut de Dieu (v. 11-12). Il s’agit bien en effet d’une expérience de salut puisque tout, dans la situation de détresse, peut être retourné : l’âme pourchassée (v. 3) et assoiffée (v. 6) s’élève vers Dieu (v. 8) ; le souffle défaillant (v. 4) et épuisé (v. 7) est guidé par le souffle de Dieu (v. 10) ; la terre où la vie est écrasée (v. 3) devient une terre vivifiée par Dieu (v. 10).

Peut-être récité au Temple pour obtenir un oracle, après une veillée de prière (cf. v. 8), le psaume réaffirme dans les deux derniers versets justificatifs la foi en l’alliance établie entre Dieu (v. 10b) et son serviteur (v. 12d).

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25À la découverte du Mont-Saint-MichelLe cloître

Commencé par Thomas des Chambres et terminé en 1228 par Raoul de Villedieu, le cloître de l’abbaye du Mont-Saint-Michel semble être posé entre ciel et mer. Sa forme générale est

celle d’un quadrilatère irrégulier, composé de quatre galeries peu élevées, aux colonnettes disposées en quinconce et reliées à leur sommet par des arcs diagonaux. Si cette disposition très particulière a pour but de soutenir plus aisément le poids de la voûte, elle produit en plus une impression unique à la fois d’espace et d’infini.

Les colonnettes, en granitelle, et leurs chapiteaux ont été pour la plupart refaits à la fin du XIXe siècle. Ces petits supports reçoivent des arcs finement moulurés qui délimitent des écoinçons offrant un décor continu de rinceaux et de rosaces de feuillage. Au milieu de ce décor végétal, quelques représentations, malheureusement mutilées à la Révolution : une scène de vendange figurant le pressoir mys-tique, l’une des plus anciennes repré-sentations de saint François d’Assise. Et, sous trois têtes très abîmées, appa-raissent les noms des maîtres d’œu-vre : Maîtres Roger, Garin et Jehan.

Dans l’architecture monastique, le cloître, lieu de passage vers l’église, est aussi un lieu de pas-sage spirituel : du tumulte des activités à l’écoute de la Parole de Dieu, de l’agitation du monde (ou du monastère !) au recueillement de la prière. On ne demeure pas dans un cloître, on le parcourt, on le traverse, on y marche en procession : c’est vraiment l’image de la sequela Christi, la suite du Christ. Une marche qui n’est pas close sur elle-même (contrairement à ce que la forme quadrilatère pourrait laisser croire) mais toujours faite pour conduire ailleurs, à travers l’une des nombreuses portes qui l’encadrent. Au Mont-Saint-Michel, le cloître est tout particulièrement un espace ouvert puisque les trois arches de la galerie occidentale (qui devaient conduire à la salle capitulaire qui ne fut jamais construite) permet-tent au regard de qui y chemine d’atteindre directement le ciel et la mer.

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La vie à jamais

Nous voici au terme de notre parcours. C’est un petit psaume, le psaume 133, que nous méditons et prions aujourd’hui : un psaume de bénédiction dans lequel deux images –

l’«huile» qui ruisselle le long de la barbe, et la «rosée de l’Hermon» – évoquent avec force l’Esprit qui va descendre sur l’Église comme une onction de douceur et de fécondité. Notre découverte du Mont-Saint-Michel nous fait entrer aujourd’hui – enfin ! –, pleins de joie, dans l’abbatiale dont nous remontons l’allée centrale jusqu’à nous trouver dans le chœur. Là tout est clarté. Le feu de l’Esprit pour-rait descendre ici et maintenant qu’on ne s’en étonnerait pas ! À moins qu’il ne coule plutôt comme un «fleuve de Vie», comme le décrivent les dernières lignes du Livre de l’Apocalypse (22,1). Émerveillement, louange : nous vivons dans la joie la Pentecôte au cœur de l’Église.

Mais voilà que le psaume de ce jour nous invite à considérer un autre aspect de notre joie. Car l’Esprit ne descend pas d’abord, pas seulement, dans mon propre cœur pour y répandre le feu de son amour et de sa joie mais sur toute l’Église dont il veut faire le flambeau rayonnant de l’amour de Dieu pour tous les hommes. C’est ensemble que nous recevons l’Esprit, en Église, parce que c’est ensemble que nous manifestons l’amour de Dieu. Paul le résume très clairement : «À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun» (1 Corinthiens 12,7). La retraite ne nous conduit pas vers nous-mêmes mais vers Dieu et Dieu nous donne des frères et des sœurs à aimer et avec qui faire grandir le Royaume. «Par la foi nous recevons l’unité, et par la charité nous recevons la vie», écrit Hugues de Saint-Victor. Nul ne peut donc dire aux autres membres du Corps qu’est l’Église : «Je n’ai pas besoin de vous» (1 Corinthiens 12,21). Au jour de Pentecôte, c’est rassemblés dans la Chambre haute du Cénacle que les apôtres ont reçu l’effusion de l’Esprit : courons donc vers l’Église notre Mère pour y boire au «Fleuve de vie qui jaillit du trône et de l’agneau» (Apocalypse 22,1) ! Courons vers nos frères pour re-cevoir avec eux la flamme qui porte la joie et la tendresse de Dieu. «Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble !»

Psaume 133 (132)

Prier

Esprit de sainteté, d’amour et d’allégresse, aujourd’hui, en cette nuit bénie de Pentecôte, tu descends sur l’Église qui exulte en toi. Béni sois-tu pour ce Corps que nous formons auquel tu

donnes vie et joie. Béni sois-tu pour les frères et les sœurs que tu nous donnes à aimer et qui sont pour nous les visages de ton Visage. Fais-nous tous grandir dans l’unité et dans la paix. Remplis-nous de ta bonté, de ta charité. Oui, viens Esprit Saint ! Viens Esprit de Pentecôte !

[1] Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est douxd’habiter en frères tous ensemble !

[2] C’est une huile excellente sur la tête,qui descend sur la barbe,qui descend sur la barbe d’Aaron,sur le col de ses tuniques.

[3] C’est la rosée de l’Hermon qui descendraitsur les hauteurs de Sion ;

car le Seigneur y a voulu la bénédiction,la vie à jamais.

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27Pour aller Plus loin

En parcourant la Bible1 Corinthiens 12,1-21[1] Pour ce qui est des dons spirituels, frères, je ne veux pas vous voir dans l’ignorance.

[2] Quand vous étiez païens, vous le savez, vous étiez entraînés irrésistiblement vers les idoles muettes. [3] C’est pourquoi, je vous le déclare: personne, parlant avec l’Esprit de Dieu, ne dit : «Anathème à Jé-sus», et nul ne peut dire : «Jésus est Seigneur», s’il n’est avec l’Esprit Saint. [4] Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit ; [5] diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; [6] diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. [7] À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun. [8] À l’un, c’est un discours de sagesse qui est donné par l’Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; [9] à un autre la foi, dans le même Esprit ; à tel autre les dons de guérisons, dans l’unique Esprit ; [10] à tel autre la puissance d’opérer des miracles; à tel autre la prophétie; à tel autre le discernement des esprits ; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. [11] Mais tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend. [12] De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. [13] Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit. [14] Aussi bien le corps n’est-il pas un seul membre, mais plusieurs. [15] Si le pied disait : «Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps», il n’en serait pas moins du corps pour cela. [16] Et si l’oreille disait : «Parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis pas du corps», elle n’en serait pas moins du corps pour cela. [17] Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat ? [18] Mais, de fait, Dieu a placé les membres, et chacun d’eux dans le corps, selon qu’il a voulu. [19] Si le tout était un seul membre, où serait le corps ? [20] Mais, de fait, il y a plusieurs membres, et cependant un seul corps. [21] L’œil ne peut donc dire à la main : «Je n’ai pas besoin de toi», ni la tête à son tour dire aux pieds : «Je n’ai pas besoin de vous.»

Apocalypse 22,1-5[1] Puis l’Ange me montra le fleuve de Vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de

Dieu et de l’Agneau. [2] Au milieu de la place, de part et d’autre du fleuve, il y a des arbres de Vie qui fructifient douze fois, une fois chaque mois ; et leurs feuilles peuvent guérir les païens. [3] De malédic-tion, il n’y en aura plus ; le trône de Dieu et de l’Agneau sera dressé dans la ville, et les serviteurs de Dieu l’adoreront ; [4] ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. [5] De nuit, il n’y en aura plus ; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s’éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles.

À l’écoute des Pères de l’ÉgliseDe Hugues, moine de Saint-Victor au XIIe siècle

De même que le souffle de l’homme passe par la tête pour descendre vers les membres et les vivifier, ainsi l’Esprit Saint vient aux chrétiens par le Christ. La tête, c’est le Christ ; le membre,

c’est le chrétien. Il y a une tête et de nombreux membres, un seul corps formé de la tête et des mem-bres, et dans ce seul corps un unique Esprit qui est en plénitude dans la tête et en participation dans les membres. Si donc il n’y a qu’un corps, il n’y a aussi qu’un seul esprit. Qui n’est pas dans le corps ne

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28peut être vivifié par l’Esprit, selon cette parole de l’Écriture : «Qui n’a pas l’Esprit du Christ, celui-là n’est pas du Christ» (Rm 8,9), car celui qui n’a pas l’Esprit du Christ n’est pas membre du Christ. Rien de ce qui fait partie du corps n’est mort ; rien de ce qui est séparé du corps n’est vivant. C’est par la foi que nous devenons membres, c’est par l’amour que nous sommes vivifiés. Par la foi nous recevons l’unité, par la charité nous recevons la vie.

Par analogie avec le corps humain, la sainte Église, c’est-à-dire l’ensemble des croyants, est appelée Corps du Christ, et parce qu’elle a reçu l’Esprit du Christ, dont la présence chez un homme est indiquée par le nom de chrétien que le Christ lui donne. Ce nom désigne en effet les membres du Christ, ceux qui participent à l’Esprit du Christ, ceux qui reçoivent l’onction de celui qui est oint ; car c’est du Christ que vient le nom de chrétien, et Christ veut dire oint ; oint de cette huile de joie qu’il a reçu en plénitude pour la donner en partage à tous ses compagnons, comme la tête aux membres du corps. «C’est comme l’huile qui, versée sur la tête, descend sur la barbe, et de là s’écoule jusqu’au bord – c’est-à-dire jusqu’à l’extré-mité – du vêtement» (Ps 132,2), pour se répandre partout et tout vivifier. Quand donc tu deviens chrétien, tu deviens membre du Christ, membre du Corps du Christ, participant de l’Esprit du Christ.

Traité des sacrements de la foi chrétienne II, 1-2

Le psaume à la loupe

Le psaume 133 appartient à un ensemble (Ps 120-134) nommé «cantiques des montées», sans doute parce qu’ils étaient chantés lors de «degrés», d’étapes, du pèlerinage vers Jérusalem et

le Temple. Leur style évoque aussi l’idée de montée puisque souvent un mot ou une expression utilisés dans un verset sont répétés au verset suivant comme point de départ pour progresser dans la pensée. Dans ce recueil aux genres littéraires au demeurant assez divers, le psaume 133 se présente comme une bénédiction qui met en scène Aaron, frère de Moïse, en évoquant l’onction d’huile qui l’a consacré grand prêtre ; et Sion (c’est-à-dire Jérusalem, désignée par le nom de la seule colline de Sion), présentée comme source de la bénédiction divine.

Le psaume est construit en deux tableaux symétriques : une explication et une image (v. 1-2) ; une image et une conclusion explicative (v. 3). De nouveau il s’agit d’une structure en chiasme (cf. la présen-tation du Ps 8) : les mots «bon» (v. 1a) et «bénédiction» (v. 3c), qui ont la même racine, s’y répondent au début et à la fin ; au centre du psaume, ce sont deux images qui sont mises en parallèle, avec au cœur de chacune d’elles le verbe «descendre» (v. 2b et 3 a). Le rythme graduel se note dans la répétition des expressions : on passe d’une marche à l’autre par la reprise des mots «bon» aux versets 1 et 2 (où la tra-duction française choisit de dire «excellent») ; «comme» (du moins en hébreu, la traduction française dit : «c’est») aux versets 2 et 3 ; «qui descend», aux versets 2a, 2b et 3a ; «barbe» aux versets 2a et 2b…

La pointe du psaume, ce vers quoi il tend, se situe cependant dans le dernier verset explicatif : la bénédiction du Seigneur sur Jérusalem donne la vie (v. 3) ; et c’est ce qui permet au peuple de vivre dans l’unité et la fraternité (v. 1) ; bonheur qui se compare à l’huile de consécration ruisselant sur la tête du grand prêtre, et à l’eau, source de fécondité, dévalant du Mont Hermon, qui culmine au nord de la Galilée, pour arroser Jérusalem, en Judée. Les deux comparaisons sous-entendent l’unité du peuple tout entier béni par l’onction du grand prêtre, et de la terre tout entière parcourue par la rosée fer-tile, symboles d’abondance et de prospérité pour toutes les tribus rassemblées à Jérusalem, lieu de la présence divine.

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Retraite de Pentecôte 2010Jour 7 • Samedi 22 mai

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29À la découverte du Mont-Saint-MichelLe chœur

Quand, vers la fin du premier millénai-re, les pèlerinages vont s’intensifiant,

les moines décident d’agrandir l’abbaye en édifiant, tout en haut du rocher, une nouvelle église abbatiale à la place des bâtiments abbatiaux qui sont alors transférés au nord de Notre-Dame-Sous-Terre. L’abbé Ranulphe commence l’édification de la nef en 1060. Mais, mal consolidées, trois travées occi-dentales s’écroulent sur les bâtiments conventuels en 1103. Ils seront reconstruits par l’abbé Roger II entre 1115 et 1125. Trois siècles plus tard, en 1421, c’est au tour du chœur roman de s’écrouler. Plus de soixante-dix ans seront nécessaires pour le rempla-cer. Commencé en 1446 par Guillaume d’Estoute-ville, le nouveau chœur, véritable chef d’œuvre du gothique flamboyant, ne sera achevé qu’en 1521 par l’abbé Jean de Lamps. Le résultat est un magnifique ouvrage haut de 25 mètres, plein de luminosité, rythmé par de fines colonnes ciselées ceinturant les larges piliers. Sous les clés de voûtes, de hautes et larges verrières laissent entrer une abondante lu-mière. Le triforium, à claire voie, est ajouré de petits arcs trilobés et contourne les piliers, au lieu de les traverser. Autour, le déambulatoire permet l’accès aux sept chapelles. La finesse et la légèreté de l’en-semble produisent une sensation unique d’élévation et de lumière.

Le chœur, dans une église, c’est le point de jonction entre la terre et le ciel : l’autel de l’eucharistie y occupe la place d’honneur – le sanctuaire – tandis que les fidèles reçoivent à plein la lumière qui vient d’en-haut. C’est en ce lieu de lumière fait pour la louange et la communion que nous achevons notre parcours, tout remplis de la présence vivifiante du Souffle de Dieu !

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Retraite de Pentecôte 2010Dimanche de Pentecôte • 23 mai

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Dans la joie de l’Esprit

Viens, lumière véritable.Viens, vie éternelle.

Viens, mystère caché.Viens, trésor sans nom.Viens, réalité ineffable.Viens, personne inconcevable.Viens, félicité sans fin.Viens, lumière sans couchant.Viens, attente infaillible de tous ceux qui doivent être sauvés.Viens, réveil de ceux qui sont couchés.Viens, résurrection des morts.Viens, ô Puissant, qui toujours tout fais et refaiset transformes par ton seul vouloir (…).Viens, joie éternelle.Viens, toi qui m’as séparé de tout et fait solitaire en ce monde.Viens, toi devenu toi-même en moi désir, qui m’as fait te désirer,toi l’au-delà de tout.Viens, mon souffle et ma vie.Viens, consolation de mon âme.Viens, ma joie, ma gloire, mes délices sans fin.

Je te rends grâce d’être devenu un seul esprit avec moi, sans confusion, sans mutation, sans transformation, toi le Dieu au-dessus de tout, et d’être pour moi devenu tout en tous, nourriture inexprimable et parfaitement gratuite, qui sans fin débordes inépuisablement aux lèvres de mon âme et rejaillis à la source de mon cœur, purification qui me baignes de ces impérissables et saintes larmes, que ta présence apporte à ceux que tu visites.

Je te rends grâce d’être pour moi devenu lumière sans couchant, soleil sans dé-clin, car tu n’as pas où te cacher, toi dont la gloire emplit l’univers. Non, jamais à personne tu n’es caché, mais c’est nous qui toujours nous cachons de toi, en refusant d’aller à toi.

Viens donc, ô Maître, aujourd’hui dresse en moi ta tente ; fais ta maison et demeure continuellement, inséparablement, jusqu’au bout, en moi, ô très bon, et que moi aussi, à ma sortie de ce monde, je me retrouve en toi et règne avec toi, Dieu, qui es au-dessus de tout.

De saint Syméon le Nouveau Théologien, au XIe siècle