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  • 7/25/2019 Rapport Afrique

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    UNIVERSITE DE PARIS 8CENTRE DE RECHERCHES SUR LENSEIGNEMENT SUPERIEUR

    Rapport pourLObservatoire de la Vie tudiante

    mars 2003

    Les tudiants trangers en France: ltat des savoirs

    Alain COULON, Professeur de Sciences de lducation, Universit Paris 8Saeed PAIVANDI, Matre de confrences de Sciences de lducation, Universit

    Paris 8

    2, rue de la Libert, 93526 Saint-Denis Cedex 02

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    Sommaire

    Introduction 4

    1 - Qui sont les tudiants trangers en France? Analyse comparative. Un problme de dfinition: ltudiant tranger. Comparaison internationale. Lanalyse dmographique des tudiants trangers en France. Les tudiants trangers en France selon la discipline dtudes. Les tudiants trangers en France selon le niveau dtudes

    2 - Pourquoi choisir la France comme pays dtudes? 21. Les motivations et les raisons de choisir la France

    . Motivations et origines gographiques

    . Le rle des politiques du Gouvernement franais

    3 - Laccueil des tudiants trangers dans lUniversit de masse 27. Labsence dune politique daccueil. La question de lorientation scolaire des tudiants trangers en France. Les initiatives locales pour un meilleur accueil des trangers

    4 - Parcours universitaire en France et adaptation luniversit franaise 31.Comment sadapter luniversit franaise?. Les difficults scolaires des tudiants trangers

    5 - Les conditions de vie des tudiants trangers en France 37. Le financement des tudes. Le problme du logement

    6 - Vivre une exprience trangre 39.Vivre entre deux cultures. La place de la religion. Ladaptation psychologique et culturelle. La distance culturelle et le problme dadaptation

    . Les aspects positifs de lacculturation

    7 - La question du retour au pays dorigine 45. Le phnomne de la fuite des cerveaux. Le problme de la radaptation culturelle

    Rfrences bibliographiques 48

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    Introduction

    Laccroissement notable du nombre des tudiants trangers dans les universitsconstitue lune des dimensions du dveloppement de lenseignement suprieur en

    France et dans les autres pays de lOCDE. Deux chiffres rsument bien la situationactuelle : 88% des tudiants trangers dans le monde sinscrivent dans un tablissementdenseignement suprieur des pays de lOCDE, et 70% des tudiants trangers sontoriginaires des pays du Sud (non OCDE)1.

    Au niveau mondial, au cours des quatre dernires dcennies, le nombre de jeuneseffectuant des tudes suprieures (universitaires et non universitaires) dans un paystranger a t multipli par 14 : 108000 en 1950, 240000 en 1960, 500000 en 1970,prs dun million en 1985, 1,3 million en 1993 et 1,6 million en 20002. Le rythme decroissance annuel du nombre des tudiants trangers slve 7% pour lensemble de lapriode (1960-2001) et 3% pour la priode 1985-2001. Selon lUNESCO, au niveaumondial, les tudiants trangers reprsentent un peu moins de 2% du nombre desinscrits dans les diffrents tablissements de lenseignement suprieur.

    En France, o il existe depuis trs longtemps une riche exprience daccueildtudiants trangers dans les institutions universitaires, on constate la mme tendancequau niveau mondial depuis des annes 1960: prs de 20000 tudiants trangers en1960, 110800 en 1980, 131700 en 1990 et 159500 en 2001-2002, soit un rythme decroissance annuel de 5% (1,4% pour la priode 1990-2001). Les tudiants trangersconstituaient 11,5% du total de la population tudiante en France en 2001-20023.

    En France et dans les autres pays europens, lUniversit a toujours t uneinstitution pluraliste et ouverte sur le monde, servant de lieu privilgi pour les contactsculturels et scientifiques travers les cinq continents. Les Universits les plus anciennes

    en Europe connaissaient une tradition dchanges qui dbordait largement le vieuxcontinent pour accueillir des tudiants de diffrentes rgions du monde. Dans uneperspective historique, lvolution de la prsence des tudiants trangers en France,comme dans beaucoup de pays europens, a connu quatre temps importants:

    - La premire priode concerne les voyageurs passionns dautrefois enqute du savoir. On peut mentionner lexemple dErasme, lun des savants les plusconnus la veille de la Renaissance: n Rotterdam, il tudia Paris et Oxford,enseigna le grec Cambridge et mourut Ble.

    - Le second temps, partir du milieu du 19e sicle, se caractrise par laprsence dune lite culturelle et scientifique qui opte pour ce mode dapprentissage etdchanges universitaires. En France, on comptait par centaines le nombre dtudiants

    trangers, Paris et en province.- Le troisime temps dans le dveloppement des tudes ltrangercouvre les dcennies qui suivent la deuxime guerre mondiale. Les universits du Nordfont face une demande croissante des pays du Sud pour former leurs cadres nationaux.Labsence ou la faiblesse des universits nationales pour rpondre aux impratifs du

    1Ces deux chiffres sont des estimations faites partir des donnes de lOCDE et de lUNESCO pourlanne 2000.2Estimations faites partir des donnes de lUNESCO (Annuaire statistique) et de lOCDE (Regard surl'ducation).

    3Direction de la Programmation et du Dveloppement (DPD), Ministre de lducation Nationale.Toutes les donnes franaises sont utilises partir des publications de la DPD (Repres et rfrencesstatistiques,Note d'information).

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    dveloppement conduisaient un nombre important des pays du Sud sadresser lenseignement suprieur des pays dvelopps. Les universits franaises eteuropennes voyaient dans ce phnomne une sorte de solidarit envers les pays du Sudpour les aider dans la formation scientifique et technique de leurs cadres. Cest durant

    cette priode, caractrise par cet lan de gnrosit, que le nombre des trangersdans les universits en France et en Europe a augment sensiblement.- Enfin, depuis les annes 1980, commence un temps nouveau dans les

    changes internationaux dtudiants. Avec la mondialisation du march de formation, lecontexte international est en train de changer : la comptition internationale a donn lieu des pratiques peu connues auparavant pour attirer les meilleurs tudiants des autrespays. Dans cette comptition, les universits du Nord ne visent pas uniquement lestudiants des pays du Sud, les pays dvelopps sont largement concerns par cephnomne. E. Cohen (2001) interprte cette volution comme un changement notabledans le temps,qui consiste prendre en considration les tendances du march dutravail.

    Quel que soit le contexte, la mobilit gographique des tudiants au-del desfrontires de leur pays inclut un ensemble de questions concernant le choix du paysdtudes, lorientation et le parcours scolaire, ladaptation scolaire et sociale,lexprience interculturelle, les conditions matrielles de vie ainsi que le rapport avec lepays dorigine. Il est intressant de porter un regard crois et investigateur sur cesaspects en mettant contribution diffrentes recherches et tudes ralises dans cedomaine pour constater quel point les situations matrielles, sociales oupsychologiques influencent la vie des tudiants trangers luniversit. Cet tat deslieux permet galement de mettre en lumire le contexte et les conditions danslesquels les tudiants mettent en place leurs stratgies dtudes dans un nouvelenvironnement o se droule leur exprience interculturelle en France.

    Par ailleurs, le phnomne des tudiants trangers recouvre des ralits parfoisradicalement diffrentes dun tudiant lautre. On observe une grande disparit deleurs conditions car tous les mondes, leurs richesses, leurs fractures, leurs drames serencontrent luniversit (J. -P. Molinari, 1992, p. 72). On peut parler des ingalitssociales, scolaires mais galement gographiques (appartenance un pays, unergion). En fait, on identifie diffrentes figures dtudiants trangers luniversit: les

    jeunes cherchant une qualification ou un diplme ltranger, ceux qui entrent pour lapremire fois luniversit et ceux qui continuent des tudes suprieures djentreprises dans leur propre pays, les tudiants du Sud et ceux des pays du Nord, lesimmigrs et les rfugis politiques ou conomiques qui sont galement considrs

    comme trangers, les tudiants qui sinstallent dans le pays daccueil dans unestratgie rsidentielle, les boursiers, ceux qui travaillent pour gagner leur vie, lestudiants qui se dplacent dans le cadre des programmes dactions intercommunautairescomme ERASMUS4. On observe galement, ct des individus qui ralisent un projetdtudes ltranger de leur propre initiative, les tats, les diffrentes institutionsnationales, rgionales et internationales, qui interviennent en tant quacteurs dans cedomaine. On ne se trouve donc pas face une figure unique de ltudiant tranger, maisdevant plusieurs profils la situation singulire.

    4Programme daction de la Communaut europenne en matire de mobilit des tudiants universitaires,lanc en 1987.

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    Le flux des tudiants trangers dans le monde a donn lieu de nombreuses tudessur diverses questions relatives aux tudes ltranger, notamment aux Etats-Unis.Ces derniers fournissent, eux seuls, une grande partie de la littrature sur les tudiantstrangers. En France, comme le note S. Paivandi (1991) dans sa recherche

    bibliographique comparative, malgr limportance du nombre des tudiants trangers enFrance, les tudes sur ce sujet par rapport aux tats-Unis ne sont pas trs nombreuses.Le prsent travail ractualise ce constat et affirme la tendance observe jusquauxannes 1980. Peut-on expliquer cette abondance dtudes aux tats-Unis par lexistencedune trs riche tradition de recherches sociologiques sur les trangers et lesphnomnes de migration aux Etats-Unis, inities par lEcole de Chicago ? Une analysecomparative des publications sur le thme des tudiants trangers entre la France et lestats-Unis montre que la supriorit amricaine ne se rduit pas aux aspects quantitatifs(le nombre de publications): les thmatiques abordes par les recherches amricainessont galement beaucoup plus varies et plus riches.

    Par ailleurs, les recherches et tudes effectues sur les tudiants trangers en langue

    franaise ne concernent pas uniquement la France. A partir dun inventaire non-exhaustif des textes accessibles en France sur ce sujet, on peut estimer que prs de 55%dentre eux concernent les autres pays ou rgions francophones (Belgique, Suisse,Canada, et les pays francophones du Maghreb et de lAfrique), ainsi que lesorganisations internationales comme lUNESCO (rapports et publications, revuePerspective,Revue internationale des sciences sociales ou revue LEnseignementSuprieur en Europe), ou les institutions de la communaut europenne en languefranaise, ou lOCDE (prs de 15% des documents).

    En France, les tudes et les recherches empiriques sur les tudiants trangers sontessentiellement effectues par des chercheurs trangers, souvent dans le cadre de leurrecherche universitaire (thse, mmoire). Dune manire gnrale, les recherches ettudes sociologiques les plus connues sur les tudiants et lenseignement suprieur enFrance, qui se sont considrablement dveloppes depuis les annes 1980, nesintressent pas particulirement au cas des trangers. Toutefois, comme nous allons levoir, divers documents existent, dont peu ont fait lobjet dune publication sous formedarticles de revues ou douvrages. Parmi les documents existants sur les tudiantstrangers en France, nous avons choisi dexploiter 140 rfrences dont 37% sont desarticles, 42% des thses, 6% des ouvrages, et 15% des rapports ou dautres types dedocument.

    La rpartition des rfrences selon la date de publication montre que plus de 42% desdocuments ont paru aprs 1990, 32% entre 1980 et 1989, 26% portent une date

    antrieure 1980. Un croisement entre le type de document et leur date de publicationnous permet de constater que les thses sont proportionnellement plus rcentes quedautres rfrences : 80% des thses sont soutenues aprs 1980, dont 42% partir de1990. Ce qui traduit lintrt croissant des tudiants pour ce type de travail dans lesdiffrentes disciplines.

    Par ailleurs, environ 60% des documents de notre bibliographie sont des recherchesfondes sur une enqute empirique, et 75% de ces travaux sont des thses dtudiants(54 thses). Par consquent, on peut dire que les travaux des tudiants constituent unegrande partie des tudes effectues sur ce sujet. Les 54 thses se repartissentprincipalement entre cinq disciplines : linguistique, sociologie, psychologie, sciences delducation et histoire.

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    Les rsultats descriptifs dune premire analyse thmatique des documents nousamnent donner des lments de rponse aux questions concernant lorientation et lecontenu de ces recherches.

    On note par exemple que les recherches sont effectues autour de sujets comme la

    vie tudiante et la vie sociale des tudiants trangers, linsertion et ladaptation sociale,ladaptation scolaire et pdagogique, la performance universitaire, la diffrenceculturelle et le conflit culturel, et les problmes dapprentissage de la langue. Cesdocuments sintressent aux politiques daccueil des tudiants trangers en France, lacomparaison internationale, au problme du retour des tudiants dans leur pays, auxconsquences des tudes ltranger sur le pays dorigine et aux aspects historiques duvoyage ducatif. Toutes les rgions, lAfrique Noire (21 documents), lAmrique Latine(10), les pays du Maghreb (14), lEurope (15) et lAsie (8) sont concerns par cesrecherches. Les thses sont trs souvent des monographies sur les ressortissants dunpays ou dune rgion gographique. Le fait que la majorit des chercheurs engags dansces tudes soient des tudiants trangers des universits franaises peut expliquer cette

    tendance.Enfin, il faut noter que, depuis 1995, on assiste la multiplication des rapports

    officiels demands par le Ministre de lducation nationale, le Ministre des affairestrangres, ou lAssemble Nationale. Ces rapports, qui tentent de faire le point sur laprsence des trangers dans les universits franaises, sont lorigine des changementsnotables dans les orientations des pouvoirs publics en France face aux tudiantstrangers.

    1 - Qui sont les tudiants trangers en France? Une analyse comparativeSelon les dernires statistiques publies par la DPD (dcembre 2002), 196000

    tudiants trangers se sont inscrits dans les tablissements denseignement suprieurfranais en 2001-2002, dont 159500 dans les universits. Les trangers constituent 9%de la population tudiante de lensemble des tablissements denseignement suprieur(2160000 inscrits en 2001-2002), et 11,5% des effectifs de lUniversit franaise (1,4million).

    . Un problme de dfinition: ltudiant trangerAvant de prsenter les dtails sur la prsence des trangers en France, une remarque

    mthodologique simpose : les donnes statistiques publies en France et dans uncertain nombre de pays ne refltent pas compltement la ralit concernant les tudiantstrangers. Dans la grande majorit des pays, on continue considrer la nationalit

    comme le seul facteur pour dfinir lorigine dun tudiant. Or, un tudiant peut trs bienavoir une nationalit trangre mais tre un rsident non-permanent du pays daccueil,ou issu dune famille trangre qui rside dans le pays daccueil. De mme, lestudiants rfugis politiques, recenss comme trangers, ne sont pas trs souventceux qui se sont dplacs pour continuer leurs tudes. Mme si ces tudiants rfugis nesont pas trs loin de la ralit des tudiants trangers en mobilit, leurs conditions de vieet leur statut sont assez particuliers. Le trait commun de tous ces tudiants est sansdoute leur origine trangre, mais il faudrait pouvoir les distinguer.

    Les tudiants trangers qui correspondent effectivement la mobilit sont denationalit trangre, de parents de nationalit trangre et rsidant ltranger, nset ayant effectu leur scolarit ltranger, titulaires dun titre tranger daccs luniversit (F. Aubert, M. Tripier, F. Vourch, 1996). LUNESCO adopte la mmeposition en mettant laccent sur la mobilit gographique transnationale de lindividu:

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    un tudiant tranger est une personne inscrite dans un tablissement suprieur dunpays ou dun territoire o elle na pas sa rsidence permanente (1999). Cettedistinction entre trangers rsidents et trangers en situation de mobilit existegalement dans la base de donnes de lOCDE, mais trs peu de pays fournissent des

    donnes dtailles sur ce thme.Plusieurs rapports et recherches sintressent cette difficult relative ltudianttranger. La question la plus frquemment pose concerne le poids respectif dechacun de ces deux sous-ensembles dans la population trangre luniversit. Lerapport Prvos publi en 1999 sur laccueil des tudiants trangers sappuie sur lesdonnes de lINED pour montrer que 30% des ressortissants trangers inscrits danslenseignement suprieur franais sont des rsidents. Les tudiants trangers quisinscrivent dans le cadre dune vritable mobilit ne dpassent pas les 70%. Malgr cesdifficults dfinir le statut de ltudiant tranger, les effectifs publis au niveaunational et international traduisent bien les tendances en cours depuis plusieursdcennies.

    On peut trouver galement la mme tendance dans les autres recherches quisintressent cette question. Selon S. Slama (1999), les tudiants trangers mobilesconstituaient, en 1993-1994, plus de 65% des tudiants de nationalit trangre desuniversits franaises. Lauteur mentionne une tude de lADRI (Borgogno, Steiff-Fenart, Vollenweider-Andresen, Simon, 1996) selon laquelle 69% des tudiants taientofficiellement rpertoris comme trangers au lieu de 82% dix ans auparavant. Selonlauteur, la croissance de la population des jeunes issus de limmigration au sein desuniversits depuis le dbut des annes 1980 a, semble-t-il, permis de compenser labaisse des tudiants trangers venus en France spcifiquement pour faire des tudes. Cephnomne ne concerne pas que la France: la majorit des pays de lOCDE sont dans lamme situation.

    . Comparaison internationaleLa France occupait, pendant une longue priode, la deuxime place parmi les pays

    daccueil des tudiants trangers dans le monde, et la premire place en Europe devantlAllemagne, le Royaume-Uni. Depuis 1993, avec la baisse notable au cours des annes1990 du nombre dtudiants trangers en France (122000 en 1998 contre 136300 en1990) ces deux pays ont dpass la France (graphique 1). Une comparaisoninternationale de la situation des trangers dans les universits des pays dveloppsnous permet de mieux comprendre la position franaise.

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    Graphique 1: Lvolution du nombre des tudiants trangers (les chiffres reprsentent le taux moyen decroissance annuel pour la priode 1975-2001)

    Source : UNESCO, OCDE

    En nous appuyant sur une srie de donnes statistiques, nous avons identifiplusieurs tendances qui caractrisent la mobilit tudiante au niveau mondial.

    - Les tats-Unis restent de loin le premier pays daccueil des tudiantstrangers avec prs de 545000 personnes en 2001-2002. Prs dun tudianttranger sur trois dans le monde fait donc ses tudes dans une universitamricaine.

    - Le Royaume-Uni (220000 tudiants en 2000-2001) et lAllemagne(203800 en 2001-2002) arrivent respectivement en deuxime et troisime placesau niveau mondial. On observe galement lmergence de nouveaux acteursrgionaux comme lAustralie (106000 tudiants en 2000-2001 contre seulement

    27000 en 1993 et 18000 en 1988) ou le Japon (60000 en 2000-2001 contre20000 en 1988), qui ont ralis une importante perce au cours de vingtdernires annes. Les volutions de ces deux derniers pays doivent trecomprises dans le cadre du dveloppement des cooprations rgionales de lazone Pacifique et du Sud-est asiatique avec deux grands centres (Japon etAustralie) qui attirent de plus en plus dtudiants originaires de cette rgion. LeCanada a connu une augmentation moins spectaculaire du nombre dtudiantstrangers : 40000 en 2000-2001 contre 29000 en 1988. La Russie est le seulgrand pays daccueil avoir connu une baisse notable, qui sexplique par lesvnements politiques survenus depuis 1989 : prs de 64000 en 2000-2001contre plus de 115000 en 1988 (pour lex URSS).

    - Le rythme de croissance annuel du nombre des tudiants trangers de lapriode 1990-2001 traduit le sens des volutions de ces dernires annes : 1,4%

    10000

    100000

    1000000

    1975

    1976

    1977

    1978

    1979

    1980

    1981

    1982

    1983

    1984

    1985

    1986

    1987

    1988

    1989

    1990

    1991

    1992

    1993

    1994

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    2000

    2001

    Allemagne (5,3%)

    Royaume-Uni (6%)

    France (2,4%)

    Etats-Unis (4,4%)

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    pour la France contre 2,7% pour les tats-Unis, 6% pour lAllemagne et 10%pour le Royaume-Uni (voir le graphique 1).

    - Si lon pondre ces chiffres en prenant en compte limportance relativede la population tudiante dans chacun de ces pays, on se trouve devant une

    autre ralit statistique : la proportion des trangers dans la population tudiantedans les universits amricaines, canadiennes ou japonaises ne dpassent pas lechiffre de 3%, contre 11% en Allemagne, 12,5% en France (pour les universits)ou encore 6% au Royaume-Uni.

    - Dans lensemble, on peut dire que 62% des tudiants trangers dans lemonde sont originaires des pays du Sud et poursuivent leurs tudes dans les paysdu Nord (changes Sud --> Nord); 30% de ces tudiants viennent dun pays duNord et se dplacent dans un autre pays du Nord (changes Nord-->Nord) et 8%des tudiants trangers du Sud tudient dans un autre pays du Sud (changesSud-->Sud).

    - Pour ce qui concerne le pays dorigine, les disparits sont trs

    importantes : daprs des estimations faites pour lanne 2000-2001, prs de46% des tudiants trangers viennent des pays dAsie, 27% dEurope et 14%dAfrique. Le nombre dtudiants originaires des pays europens qui tudient ltranger a augment selon un rythme annuel moyen de 4,5% durant les deuxdernires dcennies, contre 3% pour les tudiants originaires des pays dAsie et1,2% pour les Africains.

    - Les universits europennes connaissent une dynamique des changestrs importante : prs de 450000 jeunes europens sont en situation de mobilitet les universits europennes accueillent prs de 400000 tudiants des autrescontinents.

    Tableau 1: La rpartition des tudiants trangers dans le monde selon leur origine (continent)1970 1980 1990 2000

    Afrique 12% 18% 17% 14%

    Asie 42% 44% 44% 46%

    Europe 21% 18% 21% 27%

    Amrique 24% 19% 16% 12%

    autres 1% 1% 2% 1%

    Ensemble 100% 100% 100% 100%

    Source: UNECO - OCDE

    - Laccueil des tudiants trangers selon lorigine gographique est trsdiffrent dun pays lautre. Les tudiants dAsie vont essentiellement auxtats-Unis ou en Australie, au Japon et au Royaume-Uni, les Africainssadressent aux universits franaises, les Europens vont au Royaume-Uni, enAllemagne et aux tats-Unis.

    - Les tats-Unis constituent la destination numro un pour les tudiantsdAsie: 40% dentre eux y vont. Pour les autres pays daccueil, une proportionleve de leurs tudiants trangers viennent dAsie: 31% au Royaume-Uni(31%), 64% en Australie, 35% en Allemagne, 91% au Japon. Par rapport auxautres grands pays daccueil, la France absorbe trs peu dtudiants originairesdAsie: seulement 15% des tudiants trangers en France viennent dAsie. Atitre de comparaison, lexemple anglais est intressant: les universits anglaisesaccueillaient en 2000 prs de 10000 tudiants de Malaisie et 8300 de Hong

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    Kong, tandis que ces nationalits sont trs peu prsentes dans les universitsfranaises.

    - Les pays asiatiques sont donc les plus grands exportateurs dtudiantsdans le monde : la Chine, avec prs de 130000 tudiants ltranger occupe le

    premier rang mondial, suivie par la Core du Sud (72000), le Japon (65000), laMalaisie (42000), lInde (40000), Hong Kong (35000). Les tudiants chinois ltranger vont essentiellement aux tats-Unis (plus de 65%), au Japon, enAllemagne et en Australie, au Royaume-Uni et en France. Les tudiants japonais ltranger sinscrivent massivement dans les universits amricaines(75% en2000).

    Tableau 2: La rpartition des tudiants trangers dans les grands pays daccueil selon leur origine(continent) en 2000-2001

    Afrique Amrique Asie Europe autres total

    Allemagne 10% 5% 35% 50% 0% 100%

    tats-Unis 6% 16% 62% 15% 1% 100%Royaume-Uni 8% 9% 31% 51% 1% 100%

    France 51% 7% 15% 26% 1% 100%

    Australie 4% 6% 78% 13% 0% 100%

    Monde 14% 12% 46% 27% 1% 100%

    Source: OCDE

    - Les pays europens ont connu une forte croissance du nombre destudiants trangers au cours de ces dernires annes. Deux phnomnesexpliquent cette augmentation rapide : le dveloppement des changes lintrieur des 15 pays europens, et le flux de plus en plus important destudiants dEurope de lEst. Selon les donnes de lOCDE (2002), seulement untudiant tranger europen sur six va aux Etats-Unis, et le continent europenconnat une forte mobilit interne ; le Royaume-Uni accueille chaque anne plusde 100000 tudiants originaires des 15 pays europens dont 30000 venant deGrce, 14500 dIrlande, 13500 dAllemagne, 7500 dEspagne et 6000 dItalie.LAllemagne constitue un autre cas notable avec plus de 45000 tudiants de laCommunaut europenne (France, Grce, Italie et Espagne), mais surtout prsde 50000 tudiants des autres pays europens tudient en Allemagne (Pologneavec 9000 et Russie avec 6500, ou Turquie avec 26500 tudiants en Allemagne).

    - LAllemagne est un grand pays daccueil, mais il est galement, avec la

    Grce, lun des deux plus grands pays exportateurs dtudiants, avec chacun plusde 45000 tudiants ltranger, suivis par lItalie (36000) et la France (32000).Les pays de lEst, y compris la Russie, sont en train de gonfler rapidement leurseffectifs depuis 1990. Pour le moment, les universits allemandes sontdavantage sollicites par les tudiants de lEurope de lEst que les autres payseuropens.

    - LAfrique envoie ses tudiants essentiellement en France : 41% destudiants africains ltranger choisissent la France, 14% vont aux tats-Unis,9% en Allemagne et 8% au Royaume-Uni. Tandis que 51% des tudiantstrangers dans les universits franaises sont africains, ils ne sont que 6% auxEtats-Unis, 8% en Royaume-Uni, et 10% en Allemagne. Le Canada et la

    Belgique comptent galement beaucoup dafricains parmi leurs tudiants

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    trangers : un tiers des tudiants trangers en Belgique et 17% au Canadaviennent des pays africains.

    Graphique 2 : Le rapport entre les tudiants ltranger et les tudiants dans le pays en 1990 et en2000

    Source : UNESCO, OCDE

    - Une lecture pondre des donnes sur les tudiants trangers selon lepays dorigine nous permet de dcouvrir une autre version de ce phnomne. Eneffet, si lon abandonne la logique des effectifs bruts et si lon prend enconsidration le poids de la population des pays, ou le nombre des tudiantsinscrits lintrieur de chaque pays, le schma de la prsence des diffrentes

    nationalits devient trs diffrent (graphique 2). Par exemple, un pays comme leTogo envoie moins de 2000 tudiants ltranger, mais cet effectif reprsente17% des tudiants inscrits dans les institutions universitaires togolaises. Alinverse, la proportion ne slve qu 2% dans le cas du Japon (plus de 65000tudiants ltranger) et de lAllemagne (plus de 45000 tudiants ltranger),ou 4,5% pour la Chine qui est le premier pays exportateur dtudiants versles pays trangers (130 000 tudiants ltranger contre prs de 3 millions dansles universits chinoises). Le graphique 2 nous permet de constater la proportiondes tudiants ltranger par rapport aux tudiants lintrieur de leur pays en1990 et en 2000 (estimation). La comparaison de ce rapport en 1990 et en 2000nous permet dobserver que, excepts le Japon, la Chine, lAllemagne, lAlgrie

    et Madagascar, la prsence des tudiants ltranger des autres pays tait plusimportante en 1990; en valeur absolue, leur nombre augmente souvent, mais le

    0 %

    5 %

    10%

    15%

    20%

    25%

    30%

    0 % 10% 20% 30% 40% 50%

    1990

    2000

    Congo

    Togo

    MalaisieSngal

    Grce

    MarocMadagascar

    Algri

    Cte d'IvoireChine

    Core du Sud

    Japon

    allema ne

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    13

    rythme de croissance du nombre des tudiants dans le pays dorigine est plusfort. Sur les 14 pays qui figurent sur le graphique 2, nous remarquons que,malgr sa diminution globale, le rapport tudiants ltranger / tudiants dansle pays pour la priode 1990-2000 slve en moyenne plus de 15% pour les

    pays africains. Cette proportion relativement leve des tudiants ltrangermontre bien le rle des pays importateurs dtudiants dans la satisfaction dela demande sociale denseignement suprieur dans ces pays. On observegalement, pour plusieurs pays mergents, quune partie importante destudiants mne ses tudes ltranger. Enfin, il faut noter que des paysdvelopps comme lAllemagne, ou plusieurs autres pays europens,connaissent une croissance relative de leurs tudiants ltranger.

    . Lanalyse dmographique des tudiants trangers en FranceLanalyse globale de la prsence des tudiants trangers dans le monde nous permet

    de mieux comprendre la situation franaise et de la situer au niveau des pays

    dvelopps. La rpartition des tudiants trangers en France na pas beaucoup chang travers les dcennies prcdentes (tableau 3, graphique 3) : les universits franaisescontinuent accueillir un nombre important dtudiants originaires des trois pays duMaghreb et des pays africains (51% en 2001 contre 56% en 1990 et 48% en 1975).Malgr une baisse relative de leur poids depuis 1990, les trois pays maghrbinsfournissent le plus grand contingent des tudiants trangers en France (47000 en 2001contre 48000 en 1990). Le poids relatif des Europens a connu la plus forteaugmentation depuis 1975, sans pouvoir atteindre le niveau des pays comme leRoyaume-Uni ou lAllemagne. En revanche, la part des tudiants de deux continentsmarginaux (Asie et Amrique) a nettement diminu au profit des Europens(programmes ERASMUS et SOCRATES).

    Tableau 3 : La rpartition des tudiants trangers en France selon le continent dorigineMaghreb Afrique Noire Asie Europe Amrique total

    1975 25% 23% 20% 20% 12% 100%

    1980 31% 23% 17% 18% 9% 100%

    1985 33% 25% 16% 17% 8% 100%

    1990 35% 21% 16% 20% 8% 100%

    1995 32% 20% 14% 28% 7% 100%

    2000 28% 21% 14% 29% 7% 100%

    2001 29% 22% 15% 26% 7% 100%

    Source: DPD

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    14

    Graphique 3 : Lvolution du nombre des tudiants trangers en France selon lorigine

    Source : DPD

    Au total, en 2001-2002, la DPD a recens les tudiants originaires de 187 pays dansles universits franaises: 101 dentre eux comptent plus de 100 tudiants, 54 pays plus

    de 500 et 37 plus de 1000 tudiants en France. Le tableau 4 illustre le cas des 23 paysqui ont plus de 2000 tudiants en France en 2001-2002 avec lindice dvolution deleurs effectifs depuis 1980 (= 100). Le tableau 4 nous permet de reprer quatre types depays selon limportance de leur volution quantitative :

    - Les pays mergents, avec une trs forte augmentation de leurstudiants en France: Chine, Roumanie, Bulgarie, Pologne, Russie ;

    - Les pays avec une croissance forte: Gabon, Sngal, Allemagne,Italie, Belgique;

    - Les pays avec une croissance faible, infrieure ou gale lamoyenne: Maroc, Algrie, Espagne, Madagascar, Royaume-Uni, Congo,Portugal. Ces pays ont un nombre lev dtudiants dans les universits

    franaises ;- Les pays qui affichent une baisse nette de leurs effectifs: tats-

    Unis, Grce, Liban, Tunisie.

    8000

    13000

    18000

    23000

    28000

    33000

    38000

    43000

    48000

    1974

    1975

    1976

    1977

    1978

    1979

    1980

    1981

    1982

    1983

    1984

    1985

    1986

    1987

    1988

    1989

    1990

    1991

    1992

    1993

    1994

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    2000

    2001

    Maghreb

    Europe

    As i e

    Amrique

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    15

    Tableau 4: Lindice dvolution des effectifs des tudiants trangers en France selon la nationalit (1980= indice 100)

    1990 1995 2001Maroc 150 99 151Algrie 159 201 143

    Tunisie 88 63 90Sngal 126 152 282Chine 679 340 1586Allemagne 185 210 207Italie 144 236 260Cameroun 138 111 101Espagne 141 152 158Roumanie 577 1281 2625Liban 118 66 73Cte dIvoire 90 88 117Madagascar 132 100 126Royaume-Uni 125 182 123

    tats-Unis 130 90 89Congo 145 132 134Grce 66 69 58Pologne 328 436 725Bulgarie 300 1182 3492Gabon 92 144 243Portugal 205 206 135Belgique 159 228 286Russie 210 1100 2310

    Ensemble 123 117 143Source: DPD

    Malgr ces volutions quantitatives notables depuis 1990, la part de chaque rgion oucontinent na pas beaucoup chang, compte tenu du poids trs important des tudiantsmaghrbins et africains en France. Le souhait des pouvoirs publics, exprim au milieudes annes 1970, daccueillir davantage dtudiants des pays dvelopps au dtrimentdes tudiants du Sud, ne sest pas traduit dans les faits et le schma reste relativement lemme. La France, malgr les efforts considrables de ces dernires annes, na pasencore su attirer massivement les tudiants issus des pays mergents ou dvelopps. Cesvolutions doivent tre analyses dans un contexte internationalcaractris par unecomptition ouverte des systmes denseignement suprieur des pays dvelopps poursduire les meilleurs tudiants et chercheurs trangers. La prise de conscience franaiseest assez rcente, et il faut peut-tre attendre encore plusieurs annes pour que cesnouvelles orientations produisent leurs effets concrets.

    Comme les statistiques comparatives lindiquent, quelques facteurs majeurscontinuent influencer les grandes tendances de la mobilit internationale destudiants: la langue, les liens historiques, politiques et culturels, la proximitgographique, les diffrentes possibilits offertes par des pays daccueil, la visibilit deloffre, la compatibilit des systmes et des diplmes, et les nouvelles formes decooprations rgionales et intergouvernementales fortement dveloppes depuis desannes 1980.

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    16

    Graphique 4 : Lvolution du nombre des tudiants selon lorigine (pays)

    Source: DPD

    Loffre universitaire franaise, depuis la Deuxime Guerre Mondiale, profitelargement ses clients traditionnels(graphique 4) : 89% des Algriens quitudiaient ltranger en 2001-2002, 75% des Gabonais, 74% des Malgaches, 70% desCongolais, 68% des Sngalais, 65% des Togolais, 60% des Marocains et Tunisiens,55% des Camerounais, taient inscrits dans les Universits franaises. A loppos, lamme proportion nest que de 1,5% pour les Japonais, 5% pour les Chinois, 6% pour lesGrecs, 11% pour les Allemands, 12% pour les Brsiliens, les Italiens, et les Espagnols.Ces tendances affirment clairement que, pour certains pays africains francophones,luniversit franaise constitue lunique destination et la diversification des tudiantstrangers se fait trs lentement.

    Le dveloppement des changes rgionaux ont permis aux Europens daccrotreleurs effectifs en France (graphique 5), mais dans une proportion moins importante parrapport lAllemagne et au Royaume-Uni. Des programmes dchanges trsimportants, comme ERASMUS (avec prs de 18000 tudiants europens en France en1999-2000), TEMPUS (pour la coopration avec les universits et les entreprises delEst europen), LINGUA (relatif lenseignement des langues) ont jou un rle

    important dans la croissance des tudiants europens en France. Les derniresstatistiques publies par lAgence Socrates-Leonardo da Vinci (Vie Universitaire, n 48,mars 2002) montrent que la France reste une destination trs apprcie par les tudiantsdes pays de lUnion Europenne, en occupant la deuxime place en Europe pourlaccueil des tudiants Erasmus aprs le Royaume-Uni en 1999-2000 (21 000 auRoyaume-Uni, 18000 en France et 15000 en Espagne).

    1000

    10000

    100000

    1985

    1986

    1987

    1988

    1989

    1990

    1991

    1992

    1993

    1994

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    2000

    2001

    Maroc (0,2%)

    Algrie (1,6%)

    Tunisie (-0,3%)

    Chine (11%)

    Sngal (5,3%)

    Allemagne (2,3%)

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    Graphique 5 : Lvolution du nombre des tudiants europens en France depuis 1990

    Source : DPD

    Un point intressant dans les volutions en cours est la part des femmesdans leschanges internationaux : leur proportion augmente dune faon soutenue dans lapopulation trangre des universits franaises (49% en 2001, contre 44% en 1996 et32% en 1980). Cependant, la fminisation concerne avant tout certains pays, sansoublier le rle croissant des universits trangres dans la formation des femmes despays o lenseignement suprieur demeure largement masculin. En France, les

    femmes sont largement majoritaires parmi les tudiants des pays du Nord: 71% pourles Amricains, 65% pour lensemble des Europens (71% pour les tudiants des paysde lEurope hors union europenne), 80% des Polonais, 79% des Russes, 61% desBrsiliens, 55% des Chinois, 45% des Gabonais, 42% des Algriens, 35% desMarocains sont des femmes. La progression des femmes sexplique par une prsenceplus importante des tudiants europens (dont la majorit sont des femmes), maisgalement par la croissance du nombre de femmes dans la population tudiante des paysafricains: 38% en moyenne en 2001 contre 32% en 1990.

    . Les tudiants trangers en France selon la discipline dtudesLes donnes concernant les filires dtudes des trangers et leur niveau nous

    fournissent des informations complmentaires sur la situation de ces derniers selon leurorigine gographique. Examinons dabord la situation de lensemble destrangersdepuis 20 ans(tableau 5) : les tudiants trangers sorientent dune faonrelativement quilibre en 2001 vers les trois ples de formation en France: 30% dansles disciplines juridiques et conomiques, 35% en lettres et sciences humaines et 30%vers les disciplines scientifiques et techniques (y compris la mdecine). Le plus grandchangement concerne la baisse sensible des disciplines de sant (10% dinscrits en 2001contre 20% en 1980) et la place grandissante des disciplines conomiques (18%dinscrits en 2001 contre seulement 10% en 1980).

    1000

    2000

    3000

    4000

    5000

    6000

    7000

    199

    0

    199

    1

    199

    2

    199

    3

    199

    4

    199

    5

    199

    6

    199

    7

    199

    8

    199

    9

    200

    0

    200

    1

    Allemagne (1%)

    Italie (4,6%)

    Roumanie (11%)

    Ro aume-Uni -1%

    Espagne (1%)

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    18

    Tableau 5: La rpartition des tudiants trangers en France selon la discipline dtudes1980 1990 2001

    Droit 11% 11% 12%

    conomie 10% 10% 18%

    Lettres 36% 34% 35%Sciences 22% 22% 20%

    Sant 20% 17% 10%

    autres (IUT, ) 2% 2% 4%

    Total 100% 100% 100%

    Effectifs 136311 131654 159463

    Sources: DPD (MEN)

    Les tudiants trangers, selon leur origine, ne font pas le mme choix au niveau desfilires dtudes (tableau 6). Les Amricains (59%) et les Europens (48%) sorientent

    principalement vers les Lettres et les Sciences Humaines, tandis que les filiresscientifiques et techniques sont trs recherches par les tudiants dorigine maghrbine(43%) et les disciplines conomiques, juridiques et de gestion par les Africains (41%).

    Tableau 6: La rpartition des tudiants trangers en France selon la discipline dtudes et lorigine en2001-2002

    Maghreb Afrique Europe Asie Amrique ensemble

    Droit 10% 15% 16% 8% 12% 12%

    conomie 18% 26% 14% 17% 8% 18%

    Lettres 24% 25% 48% 40% 59% 35%

    Sciences 29% 21% 13% 18% 14% 21%

    Sant 14% 9% 8% 13% 6% 10%autres (IUT, ) 6% 5% 2% 3% 1% 4%

    Total 100% 100% 100% 100% 100% 100%

    Effectifs 46926 35080 41907 23751 11372 159463

    Source: DPD

    Les tudes ltranger selon lorigine de ltudiant refltent des projets trsdiffrents : la qute de connaissance gnrale est beaucoup plus frquemment observedans le cas des tudiants issus des pays dvelopps, comme le montre le tableau 7. Lesfilires littraires et les sciences humaines sont choisies massivement par les Amricains(73% inscrits en Lettres et Langues), les Grecs (56%), les Italiens (55%), les Polonais(55%), les Espagnols (50%), les Anglais (48%) et les Allemands (48%).

    En revanche, les connaissances scientifiques et les comptences techniques fontpartie de la demande des pays du Sud. Les trois pays du Maghreb et le Liban ont lesproportions les plus leves dans ces disciplines; les tudes mdicales sontparticulirement apprcies par les Libanais, les Algriens, les Malgaches, lesRoumains et les Camerounais, les Tunisiens et les Belges. Enfin, les disciplinesconomiques sont trs investies par les tudiants Africains : Cte dIvoire, Madagascar,Sngal. Il existe deux exceptions pour les tudes conomiques: la Chine et la Bulgarie.

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    Tableau 7: La rpartition des tudiants trangers en France selon la discipline et la nationalit en 2001-2002

    SciencesMdicales

    AESSces

    Economiques

    Lettres,langues

    ScesHumaines et

    Sociales

    Sces Technpour

    lIngnieur

    Droit,Sciences Po

    autres total

    Maroc 9% 21% 13% 9% 24% 11% 13% 100%Algrie 23% 11% 13% 12% 23% 8% 9% 100%

    Tunisie 14% 20% 14% 11% 24% 10% 8% 100%

    Sngal 3% 26% 13% 16% 17% 14% 11% 100%

    Cameroun 14% 19% 10% 9% 19% 18% 11% 100%

    Cte dIvoire 9% 32% 10% 7% 14% 21% 7% 100%

    Madagascar 19% 30% 12% 8% 15% 8% 8% 100%

    Congo 10% 23% 9% 14% 12% 19% 14% 100%

    Gabon 5% 21% 14% 16% 14% 15% 15% 100%

    Chine 2% 36% 36% 3% 14% 3% 6% 100%

    Espagne 8% 10% 39% 11% 12% 13% 7% 100%Roumanie 21% 17% 17% 10% 14% 16% 5% 100%

    Liban 31% 12% 10% 8% 20% 10% 8% 100%

    Royaume-Uni 3% 11% 49% 7% 5% 19% 7% 100%

    Allemagne 8% 11% 34% 14% 11% 17% 6% 100%

    Italie 7% 9% 37% 18% 9% 13% 7% 100%

    Grce 4% 9% 36% 20% 4% 21% 5% 100%

    Pologne 4% 13% 42% 13% 6% 16% 6% 100%

    Bulgarie 5% 28% 22% 15% 8% 18% 4% 100%

    Belgique 15% 13% 21% 18% 7% 15% 10% 100%

    Portugal 6% 13% 34% 13% 9% 14% 11% 100%tats-Unis 1% 4% 73% 8% 3% 9% 2% 100%

    Total France

    entire 10% 18% 24% 12% 15% 12% 9% 100%

    Source: DPD

    Les disparits observes sur les trois derniers tableaux ne doivent pas treinterprtes seulement en termes de projets individuels diffrents des tudiants dechaque pays. Ces diffrences entre les pays ou les rgions sexpliquent galement parleur situation propre et le niveau du dveloppement et les besoins de leur enseignementsuprieur. Pour certains pays, en labsence dun systme suprieur dvelopp, le recours

    aux universits trangres est une dmarche indispensable pour communiquer avec lacommunaut scientifique et intellectuelle du monde, ou acqurir les comptencesncessaires pour pouvoir grer leur dveloppement ou rpondre aux aspirations de lanouvelle gnration.

    . Les tudiants trangers en France selon le niveau dtudesLe mme phnomne sobserve pour le niveau dtudes des tudiants trangers

    comme on peut le constater la lecture du tableau 8. Au fil du temps, on constate unebaisse relative des tudiants trangers inscrits en troisime cycle (37% en 1980 contre31% en 2001) au profit des filires du premier cycle (36% en 2001 contre 34% en 1980)ou du deuxime cycle (33% en 2001 contre 28% en 1980). Ces changements sont dusessentiellement lvolution des diffrentes composantes de la population trangre desuniversits. Par exemple, les changes europens seffectuent davantage au niveau des

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    20

    premiers et deuximes cycles, ce qui explique laugmentation du poids respectif de cesdeux cycles depuis 20 ans.

    Tableau 8: La rpartition des tudiants trangers en France selon le cycle dtudes

    1 cycle 2 cycle 3 cycle ensemble effectifs1980 34% 28% 37% 100% 131654

    1990 34% 29% 37% 100% 136311

    2001 36% 33% 31% 100% 159562

    Source: DPD (MEN)

    Le tableau 9 montre que lorigine des tudiants trangers est un facteur dterminantdans la rpartition selon le cycle dtudes. Les Africains sinscrivent plus massivementau niveau du premier cycle, les Europens sont davantage au niveau du deuxime cycle,et les Asiatiques et les Maghrbins se trouvent au troisime cycle. Cependant, il fauttre prudent dans linterprtation des rsultats car le niveau dtudes prcise uniquement

    la situation de ces tudiants un moment donn, sans fournir des informations sur leniveau de leur premire inscription en France. Ainsi, parmi les tudiants inscrits en2001-2002 en deuxime cycle, on peut trouver aussi bien des tudiants qui commencentleur deuxime cycle en France, et dautres qui ont dj fait un premier cycle en Franceet poursuivent leurs tudes en deuxime cycle.

    Tableau 9: La rpartition des tudiants trangers en France selon lorigine et le niveau dtudes en 2001-2002

    1 cycle 2 cycle 3 cycle total

    Afrique 45% 30% 24% 100%

    Maghreb 32% 32% 36% 100%

    Amrique 38% 28% 35% 100%

    Asie 36% 25% 39% 100%

    Europe 34% 41% 25% 100%

    autres 57% 28% 15% 100%

    Ensemble 36% 33% 31% 100%

    Source: DPD (MEN)

    Le tableau 10 prsente le cas des pays les plus importants au niveau du nombredtudiants en France (plus de 2000 tudiants). Selon ce tableau, les tendances ne sontpas les mmes lintrieur de chaque rgion. Par exemple, on note une diffrence assez

    nette entre les trois pays maghrbins ou certains pays europens: les filires de premiercycle intressent davantage les Amricains, les Chinois, les Sngalais, lesCamerounais, les Ivoiriens, les Bulgares ou les Portugais. Le nombre dtudiantsEuropens sinscrivant en deuxime cycle est plus important : il sagit, le plus souvent,des Espagnols, des Italiens, des Allemands, des Polonais et des Anglais. Enfin, pour lesfilires de troisime cycle, il faut citer les Algriens et les Tunisiens, les Libanais(surtout inscrits en Mdecine), les Grecs et les Roumains.

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    21

    Tableau 10: Les tudiants trangers en France selon la nationalit et le niveau dtudes en 2001-2002

    Nationalit1er cycle 2nd cycle 3eme cycle total effectifs

    Maroc 36% 37% 27% 100% 26 076

    Algrie 27% 27% 46% 100% 13 602

    Tunisie 28% 23% 49% 100% 7 251

    Sngal 45% 36% 19% 100% 6 166

    Cameroun 44% 30% 26% 100% 3 666

    Cte dIvoire 48% 28% 24% 100% 3 125

    Madagascar 42% 28% 30% 100% 2 953

    Congo 43% 32% 25% 100% 2 569

    Gabon 35% 31% 33% 100% 2 267

    Chine 46% 32% 23% 100% 5 536

    Liban 20% 19% 61% 100% 3 233

    Allemagne 28% 55% 17% 100% 5 412

    Espagne 26% 51% 23% 100% 3 383

    Roumanie 23% 27% 50% 100% 3 255

    Royaume-Uni 42% 48% 10% 100% 2 661

    Etats-Unis 60% 31% 10% 100% 2 624

    Grce 19% 36% 46% 100% 2 329

    Pologne 33% 42% 26% 100% 2 326

    Bulgarie 52% 28% 20% 100% 2 270

    Italie 23% 43% 34% 100% 3 781

    Portugal 47% 34% 19% 100% 2 143

    Belgique 37% 34% 29% 100% 2 116Ensemble 36% 33% 31% 100% 159 562

    Source: DPD

    Il faut encore noter que la prsence des tudiants trangers varie considrablementselon les diffrentes universits: dune faon gnrale, lIle-de-France constitue le plele plus important daccueil des tudiants trangers en France. Prs de 60000 tudiants(38% du total des tudiants trangers) sont inscrits dans une universit de la rgionparisienne, et en moyenne 16,5% des tudiants dIle-de-France sont trangers.LAcadmie de Crteil accueille proportionnellement le nombre le plus importantdtudiants trangers en France: 21% de la population tudiante dans les trois

    universits de cette acadmie sont trangers ( lUniversit Paris 8, cette proportionfrle les 30%). A loppos, on remarque que dans certaines acadmies, la part destrangers est un tiers de celle observe Crteil. Par exemple, en 2001-2002,lacadmie de Rennes, avec 6,1% dtrangers, Limoges avec 7,1%, Lille avec 7,3%, etRouen avec 7,4%, constituaient les acadmies recevant le moins dtrangers. On notegalement le cas des acadmies de Strasbourg (17,1%) et de Montpellier (13,2%) quiaccueillent des trangers dans les proportions suprieures la moyenne nationale.

    2 - Pourquoi choisir la France comme pays dtudes?Pour mieux comprendre le choix de la France par les tudiants trangers, il faut

    sintresser lensemble des acteurs institutionnels et individuels : le pays dorigine, lepays daccueil, les universits daccueil, les agents intermdiaires, le rseau des parents

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    et amis, le candidat et son entourage. Les motivations des tudiants pour choisir laFrance constituent une thmatique prsente dans les recherches sur les tudiantstrangers. Ces motivations nous permettent de mieux comprendre la prparation, lesstratgies, les attentes, les projets des tudiants trangers en France. Pourquoi la France

    et pas un autre pays pour effectuer ses tudes ? Quest ce quon privilgie en choisissantla France comme pays dtudes ? Quelles sont les attractions de lenseignementsuprieur franais et quelles sont les attentes de ces tudiants ?

    Ces questions trouvent toute leur importance si lon regarde la composition destudiants trangers en France, dtaille dans la premire partie :

    - La zone francophone en Afrique reste largement majoritaireparmi les tudiants trangers en France (51% des trangers en 2001-2002).La langue, les liens historiques, lexistence en France dune communaut enprovenance de ces pays, et les bourses offertes par la France ou le paysdorigine, semblent expliquer cette prsence massive ;

    - Les tudiants issus de la communaut europenne sont le

    deuxime groupe dtudiants trangers en France. Ces tudiants poursuiventleurs tudes en France dans le cadre des programmes europens de mobilit,ou de leur propre initiative.

    - Il existe un troisime groupe dtudiants trangers issus des paysnon-habitus, dont la part ne cesse daugmenter. On voit, par exemple, laChine, la Core du Sud, les pays dEurope de lEst comme la Roumanie, laPologne, la Bulgarie et la Russie, qui ont augment leur part durant lesannes 1990.

    La population dtudiants trangers en France est compose de plusieurs catgoriesen fonction de leur situation et du cadre de leur voyage en France. On peut identifiercinq types dtudiants trangers :a) les tudiants en situation de mobilit :

    1. les tudiants boursiers (bourse franaise, bourse du pays dorigine)2. les tudiants dans un systme dchanges3. les tudiants prenant des initiatives individuelles

    b) les tudiants trangers rsidents4. les tudiants rfugis politiques5. les tudiants trangers rsidents, temporairement ou non

    . Les motivations et les raisons de choisir la FranceChaque composante de la population trangre des universits a ses propres

    motivations pour sinscrire dans une universit franaise. Si lon se rfre aux tudesfaites sur ce sujet, on repre un ensemble de variables qui peuvent tre considrescomme des facteurs dattraction : le prestige associ aux tudes ltranger, la qualitsuprieure de lenseignement, et, pour certaines disciplines, la valeur du diplmetranger sur le march du travail local ou international, loffre de bourses, laconnaissance de la langue, les conditions ou facilits favorisant laccs des trangers lUniversit, la connaissance pralable du pays o lon va suivre des tudes suprieures,limage positive du pays daccueil.

    On peut souligner galement une deuxime catgorie de facteurs centrifuges, telsque la mauvaise qualit des universits locales, la dfaillance de loffre de formationdans une discipline et un niveau donn, les conseils des parents, la dcision dune

    instance suprieure (tat, employeur, institution scolaire), ou des situations particulires

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    (guerre, crise politique ou conomique) qui expliquent les dcisions dtudier ltranger.

    Dans leur ensemble, les enqutes sur les tudiants trangers mettent davantagelaccent sur la premire catgorie de facteurs. Par exemple une enqute sur les tudiants

    helvtiques en France montre que limage de marque de la France, la connaissance dufranais, le fait dy avoir des amis ou de la famille, lenseignement gratuit et le rejet destats-Unis ( cause de la distance ou de lidologie), constituent les motivations les plusimportantes pour le choix de la France. On trouve galement une grande partie de cesmotivations chez les Libanais avec une diffrence importante : la guerre civile a t unfacteur important de sortie chez 48% de lchantillon (H. Jumma, 1981).

    Les rponses obtenues dans ltude de S. Paivandi (1991) sur les Iraniens sontbeaucoup plus diversifies et recouvrent les deux catgories de facteurs: lescommodits pour venir en France (visa dentre), la connaissance pralable de ce pays,les liberts universitaires et le fait dy avoir des amis ou de la famille ont jou un rledcisif dans le choix des jeunes qui voulaient trouver un pays dtudes le plus tt

    possible dans la situation de crise socio-politique. Quelques annes auparavant(Movahadi Nia, 1979), les tudiants du mme pays, lors dune autre enqute, avaientmis laccent sur lenseignement gratuit, le fait davoir des amis en France, et la libertdans le choix des disciplines dtudes, pour justifier leur venue en France.

    Parmi les facteurs dits centrifuges, on peut voquer le cas de lafflux croissant derfugis (conomiques ou politiques) qui fuient un climat dhostilit ou de violencepolitique, le droulement dune guerre, la crise conomique ou la misre. Par exemple,en France, le nombre des tudiants iraniens a connu une croissance rapide durant larvolution de 1979 et la guerre Iran/Irak (6400 en 1981 contre 3225 en 1977). Cestgalement le cas des tudiants libanais aprs le dbut de la guerre civile et des Algriensaprs la crise politique (12948 en 1989 contre 17380 tudiants en 1996).

    Fuir une situation de crise sociale ou politique constitue galement une motivationimportante des tudiants de certains pays africains, o les universits ont connu desannes blanches, cest--dire des priodes entires sans scolarit cause des grves rptition (J.P.NGoupand, 1995, p. 119). Selon lauteur, daprs leur bilanpdagogique, la plupart des universits ne sont pas arrives totaliser plus de 10semaines effectives denseignement. Lune des destinations privilgies, pour les jeunesafricains qui fuient cette crise, est la France. La France symbolise une sortedEldorado, comme le prcise lauteur, pour ceux qui sont la qute de diplmes envue dune promotion sociale.

    Ltude de V. Borgogno et L. Vollenweider-Andresen (1998) sur les tudiants

    maghrbins montre que la raison du dpart est toujours double pour eux: la raisonproprement universitaire se trouve toujours associe une raison socitale. Il estdonc possible de distinguer trois types de migrations tudiantesselon les auteurs : unemigration dont la dimension socitale est dominante conomique et sociale, unemigration culturelle, et une migration politique et idologique. La dimension culturelleest motive par celles de dcouverte ou daventure. La diversit des raisons qui sont lorigine du choix de la France dans le cas des Maghrbins rvle la diffrence entre lestudiants des pays du Sud et ceux qui des pays du Nord, qui expliquent souvent leurchoix par des raisons scolaires ou par la dimension culturelle du voyage ducatif.

    Par ailleurs, une large majorit (74%) des tudiants interrogs dans lenqute djcite dclare avoir eu de la famille en France avant son arrive. Pour prs dun

    tudiant sur deux, la prsence de la famille ou de compatriotes est la raison principaledu choix de la ville dtudes. Ce constat est galement affirm par A. Latreche qui

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    montre dans son enqute que les populations rsidentes en France sont considrescomme socles des migrations tudiantes (1999, p. 221).

    A travers les tudes sur les tudiants, on dcouvre galement des facteurs atypiquesou mme le hasard qui ont conduit un certain nombre dtudiants sinscrire dans une

    universit trangre. Lenqute de S. Paivandi (1991) sur les tudiants iraniens montreque, pour prs dun tiers dentre eux, la France aurait servi descale, de passage vers ladestination finale (souvent les tats-Unis) qui na jamais eu lieu.

    Dans une perspective diffrente, V. Simon (1997) propose une analyse destransformations de la migration tudiante maghrbine, lvolution de sa significationtant au niveau des pays de dpart que darrive, et met en vidence les diffrents acteursqui ont particip modifier ce phnomne. Selon lauteur, la venue dtudiantsmaghrbins en France nest pas seulement le fait de comportements individuels, ellersulte aussi de lhistoire gnrale des pays du Maghreb, des liens entretenus avec laFrance, et des stratgies dveloppes par les pouvoirs en place. Parmi les facteurs quiinfluent sur la mobilit des tudiants, figurent, par exemple, les politiques nationales en

    matire denseignement et dattribution de bourses pour ltranger, les politiquesbilatrales de coopration, et lvolution des conditions administratives dans lesquellesseffectuent la migration.

    Parmi les raisons expliquant le choix de la France, il ne faut pas oublier le rle desdiffrentes aides financires franaises aux pays africains (y compris les boursesdtudes), considres par R. Ratsihorimana (1985) comme une publicit pourlenseignement franais qui constitue un facteur dcisif dans le choix des tudiants deces pays. Cependant, il faut rappeler que les tudiants boursiers ne constituent pas uneproportion trs leve des trangers.

    A. Latreche note que le mouvement libre (non-boursiers) dtudiants maghrbins estdevenu majoritaire (1999, p. 10). Cest la demande sociale de formation, ainsi que lesaspirations personnelles et familiales, qui poussent des jeunes vers ltranger mme silsne bnficient pas dune bourse ou dun soutien financier institutionnel.

    Dans une perspective conomique, S. Sefrioui propose un modle danalyse cots-bnfices appliqu aux migrations tudiantes vers la France partir de la thorie ducapital humain pour expliquer le choix de la France. Pour lauteur, les tudes ltranger impliquent la fois une dcision dinvestissement en formation et un choix demigration en fonction des rendements de leur systme denseignement suprieur (1997,p. 5). Lauteur fonde son travail sur lhypothse selon laquelle les flux dtudiants nesont que la rsultante dune ingale rpartition de loffre de formation. Ils exprimentalors la composante de la demande non satisfaite par loffre locale (1997, p. 95). Cette

    recherche nous permet de reprer un ensemble de facteurs expliquant le dpart destudiants maghrbins vers la France : les insuffisances locales en matire de formationde pointe ou spcialise, le dveloppement de recherches, une demande suprieure loffre de formation suprieure, le march du travail satur, le transfert de technologies.Selon S. Sefrioui, les contraintes pesant sur les systmes de formation dans les paysdorigine expliquent la prsence dun tudiant sur deux en 1990 (1997, p. 400). Unepartie de ces rsultats sont confirms par le travail de Latreche sur un autre groupe deMaghrbins, montrant que les migrations sexpliquent par lacquisition dune formationuniversitaire et une qualification valorise (1999, p. 219).

    . Motivations et origines gographiques

    Par ailleurs, plusieurs enqutes menes en France montrent que si pour les tudiantsinscrits dans les disciplines littraires et artistiques, le choix des tudes ltranger

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    sexplique souvent par le dsir dexpriences interculturelles, pour ceux qui sont inscritsdans les disciplines scientifiques et techniques, linsuffisance de moyens de formationuniversitaire, et labsence de cycles de formation du type dsir dans leur propre pays,constituent les raisons les plus importantes qui poussent ces jeunes quitter leur pays et

    sinstaller ltranger. Pour ce qui concerne les sciences humaines et sociales, et lesdisciplines conomiques et juridiques, les tudiants du Sud voquent labsence, dansleur pays, de formations avances (3e cycle), ou la valeur du diplme tranger, commeles motivations principales pour choisir la France.

    La motivation des tudiants choisir la France a t historiquement conditionne parleur origine gographique. M. C. Viguier (1966) avait dj montr, dans son enqute surun chantillon dtudiants trangers Toulouse, que trs peu, parmi les tudiants duTiers-Monde, sont venus dans le seul but de connatre la culture franaise, alors que cemotif est invoqu par la quasi-totalit des tudiants occidentaux. Cependant, il ne fautpas attribuer cet intrt pour les filires littraires et artistiques aux seuls tudiantseuropens ou amricains ; dans une proportion moins importante, les tudiants des

    autres pays sont galement intresss par les filires non scientifiques et non techniques.Par exemple, plusieurs enqutes menes sur les tudiants taiwanais (Wang, 1993), lesIraniens (Paivandi, 1991), les Brsiliens (Pinon Navarro, 1988, Xavier de Brito, 1991)et les Asiatiques (Kim, 2000) montrent quune bonne partie dentre eux a choisi laFrance pour le dsir de vivre une autre exprience culturelle, ou celui dobtenir undiplme franais, prestigieux dans certaines disciplines artistiques et littraires.

    Ltude dA. Xavier de Brito (1991) qui examine le choix dtudes des tudiantsbrsiliens quittant leur pays pour sinscrire dans les universits trangres, est unexemple intressant dans ce domaine. Selon lauteur, lorganisation progressive destudes universitaires brsiliennes selon le modle amricain a eu pour effet, sur le planinstitutionnel, une rorientation des boursiers brsiliens vers les tats-Unis et, sur leplan personnel, une qute des diplmes amricains, censs tre plus valoriss sur lemarch du travail brsilien. Nanmoins, il existe une population fidle la France,dont les caractristiques semblent tre stables. Selon lauteur, pour comprendre lesraisons qui les font venir en France, il fallait rendre aux tudiants leur positiondacteurs. Cette dcision, si souvent qualifie dirrationnelle, ne peut tre compriseque par lanalyse dune situation dans laquelle se conjuguent les divers moments dechaque parcours individuel, et par les modifications que laction de ces vnementsapporte dans la personnalit de lindividu, dans sa perception de soi-mme et du monde.Lauteur a travaill sur le concept de carrire morale pour construire trois profilsdtudiants brsiliens : ceux qui viennent acqurir un deuxime souffle, les

    parieurs et les oiseaux migrateurs.

    . Le rle des politiques du Gouvernement franaisEnfin, il faut souligner la part des orientations entreprises par les pouvoirs publics,

    ainsi que par les institutions universitaires, en matire daccueil des tudiants trangers.Louverture des annes 1960 et 1970, la mise en cause des politiques daccueil partirdes annes 1980, et le changement dorientation dcid au milieu des annes 1990, ontconsidrablement modifi les conditions dentre des trangers dans les universits,comme on a pu le voir travers lvolution des effectifs.

    Rappelons quaprs une longue priode douverture, le gouvernement franais sestinterrog, la fin des annes 1970, sur la pertinence de ses orientations vis--vis des

    trangers. En effet, la crise conomique et la dgradation des conditions dtudes lasuite de la croissance importante des effectifs dtudiants franais, semblent avoir

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    conditionn lattitude du gouvernement en matire daccueil des tudiants trangers. Cefut la fin dun lan de gnrosit qui avait conduit les pays dvelopps accueillir ungrand nombre dtudiants des pays du Sud. Cette nouvelle orientation est clairementsoutenue dans le rapport de la Confrence des prsidents dUniversit ds les annes

    1970. Le rapport Dischamps (1974) propose de donner la priorit aux tudiants des payseuropens et des grands pays technologie avance, avec lesquels il y a la possibilitdobtenir la rciprocit des avantages (cit dans V. Borgogno, J. Steiff-Fenart, L.Vollenweider-Andresen, V. Simon, 1996). Le dcret de 31 dcembre 1979, dit dcretImbert, traduit la volont de contrle et impose une procdure de pr-inscription enFrance pour les trangers qui sinscrivent pour la premire fois dans lenseignementsuprieur. Le Ministre de lducation nationale de lpoque, M. Beullac, justifie cesmesures en affirmant que le pourcentage dtudiants trangers en France est lun desplus levs. Encore faut-il quils veuillent rellement faire des tudes, acqurir unminimum de connaissances, sinon, ils sont chez nous pour tout autre chose (Le

    Monde, 9 mai 1980). Le rapport de Pascal Clment, fait au nom de la commission

    denqute sur la langue franaise (1981), souligne une situation sensiblementmodifie propos des trangers en France : le nombre des tudiants trangers sesten effet accru dans des proportions considrables, posant ainsi de trs srieuxproblmes, et notamment celui du nombre de ces tudiants (1981, p. 74). Lauteurnote que lattrait pour les tudiants venus des pays du Sud est sensiblement renforc parcertaines facilits dont les tudiants trangers peuvent profiter en France : des droitsdinscription relativement faibles, des avantages matriels tels que les restaurantsuniversitaires, le droit la scurit sociale et aux mutuelles tudiantes. Le rapportClment reflte bien les inquitudes exprimes en France, dans les annes 1970, face laugmentation du nombre des tudiants trangers originaires des pays du Sud. Selon cerapport, il semble que dans certains cas, les tudiants qui viennent en France sont ceuxqui nont pas t admis dans les universits de leur pays dorigine. Ces interrogationssont lorigine dun ensemble de mesures qui visent mieux contrler le flux destrangers. La baisse relative du nombre des tudiants trangers au cours de la priode1985-1995 sexplique, entre autres, par ces mesures restrictives.

    Depuis la deuxime moiti des annes 1990, on constate un revirement dans laposition du gouvernement franais. Plusieurs rapports officiels critiquent la positionfranaise. Depuis, un certain nombre de mesures voient le jour : le nombre de boursesdtude attribues par le gouvernement franais saccrot, notamment avec la mise enplace de nouveaux programmes dexcellence. On peut citer, par exemple, le programmeEIFFEL, lanc en 1998, dont lobjectif tait dattirer llite, surtout des pays mergents

    dAsie et dAmrique Latine. Cette volution dans la politique franaise rsultait dunconstat au niveau mondial : plusieurs rapports de cette priode mettaient laccent sur leretard franais et ses lacunes pour trouver sa place dans un march mondial delenseignement suprieur, tout en soutenant que les universits doivent accueillir debons tudiants trangers.

    Le rapport dEric Flitti (2000) considre que la politique daccueil en France destudiants trangers est trop timide en comparaison de celle mene par certaines grandespuissances (Allemagne, Royaume-Uni, tats-Unis) qui en ont fait une vritable priorit.Lauteur constate un manque de stratgies offensives des universits: il nexiste pas destructures spcialises dans laccueil des tudiants trangers. Selon ce rapport, lapolitique dchange avec lattribution de bourses par la France pourrait tre dveloppe.

    Une telle politique est un investissement finalement peu coteux car elle conforte

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    linfluence de la France ltranger, et forme les meilleurs ambassadeurs de la cultureartistique ou scientifique franaise (E. Flitti, 2000, p. 37).

    Le rapport Dufourg (1999) pour la Chambre de Commerce et dIndustrie de Paris(CCIP) prsente une analyse dtaille des stratgies de positionnement international

    dployes par les principaux systmes ducatifs des pays dvelopps. Lauteur durapport identifie trois segments dun march de lducation fortement concurrentiel: laformation initiale, la formation continue et les prestations dingnierie ducative. Selonce rapport, pour les pays mergents, lenjeu majeur des changes ducatifs porte surlimportation dun savoir et de savoir-faire ports un niveau plus avanc ltranger.

    Le rapport Dufourg note galement les faiblessesde lenseignement suprieurfranais qui le rend moins attractif que celui dautres grands pays daccueil : unemassification trop brutale, la faible lisibilit des formations suprieures, une politique decommunication linternational insuffisante ; une faible capacit de lenseignement deslangues et cultures (trangres). Lauteur insiste sur la ncessit dune adaptation dusystme franais de formation suprieure aux rfrences et normes mondiales

    dominantes. Le rapport de la CCIP sinquite aussi des insuffisances de lenseignementsuprieur franais : Sur le march mondial de la formation, la comptitivit ducativede la France diminue. Selon la CCIP, la France voit la place quelle dtient sur unmarch de lducation et de la formation en cours de mondialisation tre remise encause, alors quelle dispose de trs srieux atouts pour en demeurer lun des principauxacteurs. Pour la CCIP, cette attractivit moindre de notre systme ducatif appelle unepolitique cohrente et cible damlioration de notre comptitivit ducative. Autrementdit, il faut orienter laction ducative de la France travers le monde dans une directiontant conomique que culturelle. En conclusion dune analyse des forces etfaiblesses du systme ducatif franais, la CCIP identifie deux facteurs-cls de russite:ladaptation de loffre de formation la demande mondiale dune part, la promotion dusystme ducatif franais comme modle complmentaire du modle anglo-saxon,dautre part.

    Le rapport Cohen (2001) souligne la faiblesse des effectifs tudiants issus des paysdAsie et dAmrique Latine, le trs faible impact des universits et des colessuprieures franaises dans des zones gographiques porteuses dune importantedemande de formation suprieure ltranger (2001, p. 20). G. Thill (1988) insistedavantage sur la ncessit dune coopration interuniversitaire avec les pays africainsfonde sur le dveloppement, en critiquant le sens des changes actuels.

    Le rapport Claeys (1999)soutient que les tudiants trangers individuels forment, eneffet, la majorit des tudiants du marchde la formation et constituent la principale

    cible des stratgies des universits anglo-saxonnes.Lensemble de ces propositions a conduit le gouvernement revoir ses politiquesvis--vis des tudiants trangers. La communiqu commun du ministre de lEducationnationale et du ministre des Affaires trangres, en aot 2001, se proposait damliorerlaccueil des tudiants trangers en France, considr comme une priorit de leuraction. Le communiqu voque une srie de mesures pour dvelopper et faciliterlouverture internationale des tablissements denseignement suprieur. Les deuxministres proposent une restructuration des programmes de bourses, la cration deguichets uniques dans les universits, et plus de lisibilit internationale.

    3 - Laccueil des tudiants trangers dans lUniversit de masseLe thme de laccueil recouvre lensemble des dmarches conues pour informer,

    conseiller, orienter, accompagner et aider les tudiants trangers avant leur entre en

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    France et, surtout, durant les premiers mois de leur sjour. A la lecture des diffrentesrecherches, on peut dire que cest la priode la plus dure dans lexprience destudiants trangers. La thmatique de laccueil est trs prsente dans les rapportsofficiels des annes 1990, ainsi que dans les tudes sur les diffrentes populations

    trangres des universits franaises.A la lecture des documents (rapports, thses, articles, ouvrages) qui voquent laquestion de laccueil, on peut dire que les universits franaises ne sont pas bienprpares pour accueillir leurs tudiants trangers. Dune faon gnrale, il nexiste pasde dmarches conues pour faire entrer ltudiant tranger dans la vie universitaire enFrance. Cependant, tout le monde ne donne pas le mme sens cette notion daccueil,comme le souligne E. Cohen (2001) dans son rapport, en notant une certaineambigut dans les diffrents textes. Selon lauteur, cela peut comprendre la prise encharge de ltudiant laroport ou la gare, lapport dinformations pratiques sur lesconditions de vie, le systme ducatif, ou lassistance administrative pour intgrer lemonde universitaire.

    La question de laccueil des tudiants trangers doit tre comprise dans le contexteactuel de lenseignement suprieur franais et de ses volutions depuis plus de troisdcennies. En effet, laccroissement considrable du nombre des tudiants, et lecaractre de plus en plus complexe de lorganisation de lenseignement suprieurfranais, posent des problmes de tous ordres, notamment des problmes daccueil,dinformation et dorientation. Cette question ne concerne dailleurs pas uniquement lestrangers: les tudiants franais prouvent galement de vritables difficults pourrussir leur insertion dans lenseignement suprieur.

    Dans une telle perspective, comment un candidat tranger peut-il devenir tudianten apprenant son mtier dtudiant et en russissant son affiliation au sein delinstitution universitaire? En fait, la question de laffiliation (laffiliationinstitutionnelle qui prcde laffiliation intellectuelle des tudiants lors de leur passage luniversit), mise en vidence dans les travaux dA. Coulon (1997) sur les tudiants depremire anne, trouve doublement sa pertinence dans le cas des tudiants trangers.

    . Labsence dune politique daccueilE. Cohen affirme dans son rapport que les tablissements franais denseignement

    suprieur paraissent rencontrer des difficults pour identifier de faon prcise lademande des tudiants trangers au niveau de laccueil (2001, p. 56). Ces difficults,qui perdurent depuis plus de 30 ans, montrent que les universits tardent prendre toutela mesure des enjeux conomiques, sociaux et culturels de la mobilit internationale des

    tudiants. Les analyses et les apprciations quon repre dans les diffrentes tudes sontassez critiques et ngatives. Celles-ci concernent aussi bien des rapports officiels que lesenqutes de terrain ralises par les chercheurs universitaires. Elles mettent laccent surle manque de moyens matriels et humains, labsence dune structure spcialisedaccueil des tudiants trangers pour les aider dans leurs diffrentes dmarchesadministratives et scolaires, le problme de la lisibilit de loffre ducative, unenvironnement gographique et social de luniversit trs peu accueillant.

    Plusieurs enqutes identifient lexistence de problmes notables chez les tudiantstrangers et leurs consquences ngatives sur leur parcours scolaire. Ainsi, les tudiantstrangers se plaignent des mauvaises conditions daccueil dans les universitsfranaises, o rien nest prvu pour faciliter leur adaptation et o les professeurs,

    souvent les seuls interlocuteurs visibles , se montrent en gnral peu disponibles leur gard.

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    Il faut noter que les tudiants boursiers sont souvent mieux accompagns et informs.De mme, ceux qui arrivent en France dans le cadre des changes bilatraux oumultilatraux bnficient dun certain soutien. Toutefois, ces tudiants trangers mieuxaccueillis et plus protgs sont largement minoritaires dans la population

    trangre des universits. Par exemple, les Africains boursiers des universits franaisesne sont que 5000 sur plus de 45000 tudiants originaires dAfrique. Le rapport Claeysaffirme que les tudiants trangers individuels ou privs ne bnficient pas dunsystme de prise en charge spcifique en France. Cette situation se traduit par un fortisolement, que ces tudiants dplorent frquemment quelque temps aprs leur arrive enFrance (A. Claeys, 1999, p. 65).

    Le rapport dEric Flitti (2000) remarque galement la faiblesse grandissante delaccueil des tudiants trangers et, selon lui, la France semble tre la trane vis--visde ses voisins.

    Les chercheurs lUniversit avaient commenc voquer depuis les annes 1970les problmes lis laccueil des tudiants trangers.

    M. Kane (1984) dans son enqute sur les tudiants sngalais, sintresse avant tout linstitution universitaire en concluant quil nexiste pas de vritable politiquedaccueil. R. Rahimi (1991), S. Wang (1993) et Rabenadimby (1985) considrent queces difficults sont accentues par le problme de la matrise de la langue chez lesindividus, ce qui constitue une source de situations dincomprhension, qui peuvent trefortement anxiognes.

    En sappuyant sur les tmoignages et les vcus des tudiants trangers, S. Sefrioui(1997) considre que linsertion des flux dtudiants trangers en France est dramatiqueet dysfonctionnel. J.-L. Joubert, F. Baritaud et M. Lhuillier (1985) reprent les pratiquesdaccueil des tudiants trangers des universits en France dans lesquelles le servicedaccueil pour non-nationaux se rduit un simple bureau purement administratif etstatistique. Selon le rapport dEric Flitti (2000), la principale difficult tient lacomplexit du dispositif daccueil, la disparit des acteurs intervenants dans cedomaine, qui conduisent un dfaut de lisibilit.

    . La question de lorientation scolaire des tudiants trangers en FranceParmi les problmes concernant les diffrents aspects de laccueil des tudiants

    trangers, la question de linformation et de lorientation occupe une place importante.Les tudiants trangers qui viennent en France sans bnficier dune bourse ou duncadre minimum daccueil (programmes dchanges) prouvent de relles difficultspour trouver leur chemin dans la structure de lenseignement suprieur franais.

    On connat bien le casse-tte que reprsente, pour les tudiants nationaux,lorientation scolaire dans lenseignement suprieur franais. Les chercheurs ont mis envidence limportance des stratgies familiales et de la connaissance du fonctionnementdu systme ducatif, de la matrise des informations relatives lorientation dans leprocessus du passage de lenseignement secondaire vers le suprieur (Berthelot, 1993;Duru-Bellat, 1988). Ces travaux sur le fonctionnement de lorientation dans le systmeducatif franais montrent comment les lves et leur famille sont acteurs et stratgesdevant les divers choix qui leur sont offerts. Ainsi, pour ces auteurs, ct des facteursconcernant lorigine sociale des lves, la connaissance du systme ducatif et desdiffrentes astuces pour adopter une stratgie approprie contribue la gense et lafabrication des ingalits devant lorientation.

    En France, comme le souligne Berthelot (1993, p. 7), cette question est devenue aufil des ans un sujet dangoisse pour lensemble des jeunes et leur familles, traduisant

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    la relle difficult de matriser les itinraires de plus en plus complexes que scrtentles systmes scolaires contemporains. Il sagit dune srie dinteractions entre lademande sociale, dune ducation de plus en plus diversifie sadressant des publicsdiffrents, aux contenus trs diffrencis. Ces recherches rvlent galement que

    lorientation des lves peut entraner plus dingalit encore entre, dune part, ceux quisavent et peuvent utiliser un systme de plus en plus complexe et, dautre part, ceux quine savent pas ou ne peuvent pas, entre ceux qui ont la possibilit dlaborer desstratgies et ceux qui sont davantage astreints subir les phnomnes structurels danslesquels se droule le processus dorientation.

    La complexit du processus et des dmarches dorientation dans lenseignementsuprieur a conduit les diffrents acteurs institutionnels du ministre de lEducationnationale mettre en place progressivement, depuis des annes 1980, des structurespour informer, conseiller et accompagner les jeunes dans llaboration dune stratgiedtudes aprs leurs tudes secondaires. Les observations faites par les recherches surles tudiants trangers en France nous informent que lensemble de ces dispositifs ne

    concerne pas, ou trs peu, les trangers, et que parfois ils ne les connaissent mme pas.Les consquences de ce dysfonctionnement ne sont pas sans effets ngatifs sur leparcours universitaire des trangers. Les enqutes montrent que le manquedinformations et/ou une mauvaise orientation sont les problmes les plus importantsque rencontrent les tudiants trangers, et constituent lune des causes dchec scolaire.

    En effet, en demandant dentrer lUniversit en France, le candidat trangersouhaite sorienter vers une filire. Mais son choix nest pas systmatiquement acceptpar luniversit. Ltudiant est ainsi galement orient par linstitution qui met en placeun ensemble de rgles et doutils pour valuer son dossier. De ce fait, on observe deuxcatgories de facteurs qui interviennent dans le processus dorientation : les facteursconcernant lindividu et ceux de la structure (lensemble des contraintes et des rgles defonctionnement de linstitution), selon lesquels soprent les ajustements ncessairesentre les souhaits exprims par le candidat et les possibilits offertes par linstitution.Cela exige une matrise des informations pertinentes concernant les filires, leurscontenus et leurs dbouchs, si lon veut adopter une stratgie objective et vitercertains changements non souhaits.

    A. Xavier de Brito (1991), R. Rahimi (1991), A. Latreche (1999). V. Simon (1997),dans leurs recherches sur les tudiants issus des pays du Sud, pointent les insuffisanceset les difficults lies lorientation scolaire des trangers. H. Jomaa (1981), dans sontude sur les tudiants libanais en France, conclut que les services daide etdorientation fournis aux tudiants trangers ne correspondent pas aux besoins et aux

    ncessits de ces derniers. Il montre que ce problme touche plus de 50% de sonchantillon (p. 356). J.-L. Joubert, F. Baritaud et M. Lhuillier (1985) soulignentgalement le problme dorientation, la contradiction parfois releve, et mal vcue parles intresss, entre les voeux des tudiants et les disciplines o ils doivent rellementsinscrire.

    S. Paivandi (1991) souligne les consquences ngatives du manque dinformation etde la mauvaise orientation sur le parcours scolaire des tudiants iraniens en France.Leur premire source dinformation demeure le rseau des compatriotes qui sont dj lUniversit, comme lexplique lun dentre eux : mon compatriote ne transmet passeulement des informations utiles, mais galement son vcu et ses expriences enFrance. Lauteur rvle quune catgorie de ces tudiants a t oblige de changer

    plusieurs fois de discipline dtudes, ainsi que duniversit, pour pouvoir enfin obtenirun diplme ou une qualification. Le travail de S. Paivandi pose galement la question

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    du rapport aux tudes chez les trangers: comment les ajustements permanentseffectus dans le choix de la filire dtudes loignent progressivement ltudianttranger de son projet initial. Dans cette perspective, ce nest pas toujours lintrtintellectuel, ou personnel, ou professionnel, qui prime mais la faisabilit du projet.

    Ces rsultats confirment ceux dune autre enqute ralise au dbut des annes1970: O. Klineberg et J. Ben Brida (1972), dans leur enqute sur les tudiants du Tiers-Monde dans plusieurs pays europens, identifient les checs dus un dfautdorientation et un manque dinformations prcises. De mme, on peut voir dans larecherche de D. Martins (1970) que la mauvaise orientation occasionne lchec chez lestudiants trangers.

    . Les initiatives locales pour un meilleur accueil des trangersCependant, depuis plusieurs annes, on observe plusieurs initiatives nationales et

    locales pour amliorer la qualit daccueil des tudiants trangers. Selon le rapportdE.Cohen, la cration de lagence Edufrance a contribu au renforcement des outils

    institutionnels de promotion de loffre franaise de formation suprieure ltranger(2001, p.24). Un des premiers objectifs de cette structure est de rendre plus accessibleet plus lisible linformation sur les formations proposes en France.

    Le rapport dE. Flitti (2000) souligne plusieurs initiatives locales pour favoriserlintgration des tudiants trangers : un guide conu pour les tudiants trangers, lescours de langue au dbut de lanne pour soutenir les tudiants, laccueil des tudiantstrangers ds leur arrive laroport ou la gare, laide distance par courrierlectronique pour conseiller et informer, la semaine daccueil pour prsenter lesdiffrents dispositifs de luniversit et son environnement, la visite de la ville, laccueilpar la ville, weed-end dintgration pour les nouveaux arrivs, le service de consultationpsychologique, lentretien individuel pour tre lcoute des tudiants trangers, faireles dmarches pour obtenir la carte de sjour, la remise niveau pendant un mois, laidepdagogique au dbut de lanne.

    Les diffrents rapports remis depuis 1997 (le rapport de Patrick Weil en 1997, lerapport dAlbert Prvos, en 1999, le rapport de Bernard Dufourg en 1999, le rapportdAlain Claeys en 1999, le rapport dE. Flitti en 2000, et celui dE. Cohen en 2001)prconisent des mesures pour mieux organiser laccueil: faciliter lobtention du visa,laccs aux informations scolaires et pratiques, la participation aux concours, accueilparticulier et un vrai statut dtudiant pour les personnes participant des programmesde formation continue, un service daide distance et prsentielle pour informer etconseiller les tudiants trangers.

    Joubert, Baritaud et Lhuillier (1985) avaient pos la question de ladaptationventuelle des universits des demandes trangres. Celle-ci est devenue une questiondactualit. Continuer augmenter le nombre dtrangers dans les universits sans leurproposer une structure accueillante pour faciliter leur intgration doit tre considrcomme un dysfonctionnement de lenseignement suprieur. Dans le souci de faireamliorer les pratiques actuelles, E. Cohen parle dune chane de laccueil quiconstituerait une squence continue en amont de la formation, durant la formation, et enaval de la formation (aide laccs lemploi, suivi aprs le retour).

    4 - Parcours universitaire en France et adaptation lUniversit franaise

    Les questions concernant les parcours universitaires et les difficults scolaires nesont pas trs nombreuses si on les compare aux thmatiques sociales qui sont

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    dominantes dans les recherches sur les tudiants trangers. Les recherches sur lesquestions scolaires ont souvent privilgi deux axes importants:

    - Le premier concerne le vcu des tudiants au sein dun systme ducatiftranger, et les adaptations ncessaires pour y mener leurs tudes : on voque

    lenvironnement universitaire, les mthodes et modesdenseignement,lorganisation pdagogique, lutilisation des nouvelles technologies, lesmodalits dvaluation, la relation avec les enseignants et les tudiants.Ltudiant tranger est tenu de sinitier et de sadapter une nouvelle culturescolaire exigeant les savoirs et savoir-faire mthodologiques. Il sagit dunprocessus au cours duquel ltudiant vit une socialisation secondaire surle plan pdagogique et scolaire, dans ses relations avec les autres acteursuniversitaires, afin dapprendre ou de rapprendre son mtier dtudianten dehors de son pays et dans un nouvel environnement. Le premier axeaborde les conditions de ladaptation de ltudiant tranger.- Le deuxime axe examine les difficults scolaires proprement dites en

    rapport avec leurs effets les plus symboliques, cest--dire lchec ou leretard scolaire et ses consquences sur le parcours et le devenir des tudiants.

    . Comment sadapter luniversit franaise?Les tudes qui sintressent au premier axe sont souvent faites sur des tudiants issus

    dun systme ducatif qui ressemble peu celui de la France (les pays non-francophones). Patel (1975, p. 30), dans son enqute sur les tudiants indiens en France,prsente un cas intressant des problmes engendrs par un systme ducatif tranger auleur. En soulignant que le systme moderne indien de lducation, fond sur lemodle anglais, est trs diffrent de celui de la France, lauteur estime que la plusgrande divergence est ressentie par les tudiants dans le domaine des conditionsscolaires. Pour confirmer cette constatation, Patel compare les rsultats de son enquteavec ceux dune autre effectue en Angleterre qui tmoigne dun jugement trsdiffrent: 68% des tudiants interrogs nont pas trouv de divergences entre le systmeanglais et celui de leur propre pays.

    D. Martins, dans son travail sur un chantillon dtudiants trangers, pense queladaptation scolaire et sociale de ltudiant sera facilite sil ny a pas une trop grandedisparit entre lenseignement reu dans le pays dorigine et lenseignementuniversitaire, et si ltudiant tranger est convenablement orient ds le dpart de sonsjour en France (Martins, 1974, p 22). Les rsultats de lenqute de M. Ali (1982) surles tudiants irakiens en France confirment les conclusions de Martins propos des

    diffrences observes entre le systme ducatif