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Rapport sur la tuberculose dans le monde 2019
Résumé d’orientation
Contexte
La tuberculose, maladie transmissible, est une cause importante de mauvaise santé, l’une des 10 premières
causes de décès dans le monde et la première cause de décès due à un seul agent infectieux (avant le
VIH/sida). Elle est causée par le bacille Mycobacterium tuberculosis, qui se propage lorsque les personnes
atteintes de tuberculose expulsent des bactéries dans l’air, par exemple en toussant. Elle touche généralement
les poumons (tuberculose pulmonaire) mais peut également toucher d’autres sites (tuberculose
extrapulmonaire). Environ un quart de la population mondiale est infectée par M. tuberculosis et donc
exposée au risque de développer la tuberculose.1
Grâce à un diagnostic et à un traitement rapides aux antibiotiques de première intention pendant six mois, la
plupart des personnes qui développent la tuberculose peuvent être guéries et la transmission ultérieure de
l’infection peut être réduite. Le nombre de cas de tuberculose survenant chaque année (et par conséquent le
nombre de décès liés à la tuberculose) peut également être réduit en faisant baisser la prévalence des facteurs
de risque de tuberculose liés à la santé (par exemple le tabagisme, le diabète et l’infection à VIH), en
fournissant un traitement préventif aux personnes atteintes d’une infection à tuberculose latente et en menant
une action multisectorielle sur des déterminants plus larges de l’infection à tuberculose et du développement
de la maladie (pauvreté, qualité du logement et sous-nutrition).
Le rapport
Depuis 1997, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie chaque année un rapport mondial sur la
tuberculose. Son objectif est de fournir une évaluation complète et actualisée de l’épidémie de tuberculose
et des progrès réalisés dans la riposte à l’épidémie, aux niveaux mondial, régional et national, dans le
contexte des engagements et stratégies mondiaux. Le rapport s’appuie principalement sur les données
recueillies par l’OMS lors des séries annuelles de collecte de données et sur les bases de données gérées par
d’autres organismes multilatéraux. En 2019, 202 pays et territoires, qui représentent plus de 99 % de la
population mondiale et du nombre estimé de cas de tuberculose, ont fourni des données.
Engagements mondiaux pour mettre fin à la tuberculose et responsabilisation multisectorielle
Le 26 septembre 2018, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a tenu sa toute première réunion de haut
niveau sur la tuberculose, élevant le débat sur la situation concernant l’épidémie de tuberculose et les moyens
d’y mettre fin au niveau des chefs d’État et de gouvernement. La réunion faisait suite à la première
conférence ministérielle mondiale sur la tuberculose organisée par l’OMS et le Gouvernement russe en
novembre 2017. Le résultat a été une déclaration politique approuvée par l’ensemble des États Membres des
Nations Unies, dans laquelle les engagements existants en faveur des objectifs de développement durable
(ODD) et de la stratégie de l’OMS pour mettre fin à la tuberculose ont été réaffirmés et de nouveaux
engagements ont été ajoutés.
La cible 3.3 des ODD inclut l’éradication de l’épidémie de tuberculose d’ici 2030. La Stratégie de l’OMS
pour mettre fin à la tuberculose définit des objectifs intermédiaires (pour 2020 et 2025) et des cibles (pour
2030 et 2035) pour réduire le nombre de cas de tuberculose et de décès. Les cibles pour 2030 consistent à
réduire de 90 % le nombre de décès imputables à la tuberculose et de réduire de 80 % le taux d’incidence de
la tuberculose (nouveaux cas pour 100 000 habitants par an) par rapport aux niveaux de 2015.
Les objectifs intermédiaires pour 2020 sont une réduction de 35 % du nombre de décès dus à la tuberculose
et une réduction de 20 % du taux d’incidence de la tuberculose. La stratégie comprend également un objectif
intermédiaire pour 2020, à savoir que plus aucun patient ni sa famille ne supporte de coûts
catastrophiques liés à la tuberculose.
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La déclaration politique comportait les quatre nouvelles cibles mondiales suivantes :
• traiter, de 2018 à 2022, 40 millions de personnes atteintes de la tuberculose ;
• faire en sorte qu’au moins 30 millions de personnes reçoivent un traitement préventif contre
l’infection tuberculeuse latente, de 2018 à 2022 ;
• mobiliser au moins US $13 milliards par an pour l’accès universel au diagnostic, au traitement et
aux soins de la tuberculose d’ici 2022 ; et
• mobiliser au moins US $2 milliards par an au titre de la recherche sur la tuberculose.
Dans la déclaration politique, l’Assemblée générale des Nations Unies priait également le Secrétaire général,
avec le concours de l’Organisation mondiale de la Santé, de présenter en 2020 un rapport d’activité sur les
progrès accomplis à l’échelle mondiale et nationale, qui servirait de base à un examen d’ensemble de la
question lors d’une réunion de haut niveau prévue en 2023. Le Directeur général de l’OMS a été prié de
continuer à mettre au point le cadre de responsabilisation multisectorielle et d’en assurer la mise en œuvre
dans les meilleurs délais.
Situation de l’épidémie de tuberculose
À l’échelle mondiale, on estime qu’environ 10 millions de personnes (marge d’incertitude : 9,0-11,1 millions)2 ont contracté la tuberculose en 2018, nombre qui est resté relativement stable au cours des dernières années. La charge de morbidité varie considérablement d’un pays à l’autre, allant de moins de cinq à plus de 500 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an, la moyenne mondiale étant d’environ 130 nouveaux cas. Selon les estimations, 1,2 million de décès dus à la tuberculose (entre 1,1 et 1,3 million) ont été enregistrés chez les VIH-négatifs en 2018 (soit une réduction de 27 % par rapport aux 1,7 million de décès enregistrés en 2000), et 251 000 décès supplémentaires (entre 223 000 et 281 000)3 chez les VIH-positifs (soit une réduction de 60 % par rapport aux 620 000 décès enregistrés en 2000). La tuberculose touche les deux sexes dans toutes les tranches d’âge, toutefois la charge est la plus importante chez les hommes (âgés de ≥15 ans) qui représentaient 57 % de l’ensemble des cas de tuberculose en 2018. En comparaison, les femmes et les enfants (âgés de <15 ans) représentaient respectivement 32 % et 11 % des cas. Sur l’ensemble des cas de tuberculose, 8,6 % étaient des personnes vivant avec le VIH. Au plan géographique, la plupart des cas de tuberculose en 2018 se trouvaient dans les Régions OMS de l’Asie du Sud-Est (44 %), de l’Afrique (24 %) et du Pacifique occidental (18 %), avec des pourcentages plus faibles observés dans les Régions OMS de la Méditerranée orientale (8 %), des Amériques (3 %) et de l’Europe (3 %). Huit pays représentaient les deux tiers du total mondial : l’Inde (27 %), la Chine (9 %), l’Indonésie (8 %), les Philippines (6 %), le Pakistan (6 %), le Nigéria (4 %), le Bangladesh (4 %) et l’Afrique du Sud (3 %). Ces pays et 22 autres pays figurant sur la liste de l’OMS des 30 pays où la charge de la tuberculose est élevée représentaient 87 % des cas dans le monde.4 La tuberculose pharmacorésistante demeure une menace pour la santé publique. En 2018, environ un demi-million de nouveaux cas5 de tuberculose résistante à la rifampicine (dont 78 % de cas de tuberculose multirésistante) ont été enregistrés.6 Les trois pays représentant la plus grande part de la charge mondiale étaient l’Inde (27 %), la Chine (14 %) et la Fédération de Russie (9 %). À l’échelle mondiale, 3,4 % des nouveaux cas de tuberculose et 18 % des cas déjà traités présentaient une tuberculose multirésistante ou une tuberculose résistante à la rifampicine (TB-MR/TB-RR), les proportions les plus élevées (>50 % chez les cas déjà traités) étant observées dans les anciens pays soviétiques. Progrès accomplis, par rapport aux objectifs intermédiaires pour 2020, de la Stratégie pour mettre fin à la tuberculose
Actuellement, le monde dans son ensemble, la plupart des Régions de l’OMS et de nombreux pays où la charge de la tuberculose est importante ne sont pas en bonne voie d’atteindre les objectifs intermédiaires pour 2020 de la Stratégie pour mettre fin à la tuberculose. À l’échelle mondiale, le taux moyen de réduction du taux d’incidence de la tuberculose était de 1,6 % par an entre 2000 et 2018, et de 2,0 % entre 2017 et 2018. La baisse cumulée enregistrée entre 2015 et 2018 n’a été que de 6,3 %, soit un chiffre nettement inférieur à l’objectif intermédiaire fixé dans la Stratégie pour mettre fin à la tuberculose consistant à parvenir à une réduction de 20 % entre 2015 et 2020. La réduction mondiale du nombre total de décès dus à la tuberculose7 entre 2015 et 2018 a été de 11 %, soit moins d’un tiers de l’objectif intermédiaire fixé dans la Stratégie pour mettre fin à la tuberculose qui consistait à parvenir à une réduction de 35 % d’ici 2020.
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La bonne nouvelle est que la Région européenne de l’OMS est en voie d’atteindre les objectifs intermédiaires pour 2020 de réduction du nombre de cas et de décès. Entre 2015 et 2018, le taux d’incidence a chuté de 15 % et le nombre de décès dus à la tuberculose a baissé de 24 %. L’incidence et le nombre de décès diminuent également relativement rapidement dans la Région africaine de l’OMS (4,1 % et 5,6 %, respectivement, par an), avec des réductions cumulées de 12 % pour l’incidence et de 16 % pour les décès entre 2015 et 2018. Sept pays où la charge de la tuberculose est importante sont en voie d’atteindre les objectifs intermédiaires pour 2020 : Afrique du Sud, Fédération de Russie, Kenya, Lesotho, Myanmar, République-Unie de Tanzanie et Zimbabwe.
De 2016 à 2019, 14 pays (dont sept pays où la charge de la tuberculose est importante) ont mené une enquête
nationale dans des établissements sur les coûts supportés par les patients atteints de la tuberculose et leur
famille. Les meilleures estimations du pourcentage de patients confrontés à des coûts totaux catastrophiques
variaient de 27 % à 83 % pour toutes les formes de tuberculose, et de 67 % à 100 % pour la tuberculose
pharmacorésistante. Les résultats de l’enquête sont utilisés pour éclairer les approches en matière de
financement, de prestation de services et de protection sociale qui permettront de réduire ces coûts.
Trente-sept autres études sont en cours ou prévues en 2019-2020.
Diagnostic et traitement de la tuberculose
Pour atteindre la cible fixée lors la réunion de haut niveau des Nations Unies consistant à traiter 40 millions
de personnes atteintes de tuberculose entre 2018 et 2022, il faudra traiter environ 7 millions de personnes
en 2018 et environ 8 millions de personnes les années suivantes. Les cibles ont été établies sur la base de
l’initiative phare de l’OMS intitulée « Find. Treat. All. #EndTB ».
Sur la base des données relatives à la notification des cas communiquées à l’OMS, la cible pour 2018 a été
atteinte. À l’échelle mondiale, 7,0 millions de nouveaux cas de tuberculose ont été notifiés en 2018, contre
6,4 millions en 2017 et 5,7 à 5,8 millions par an au cours de la période 2009-2012 correspondant à une forte
augmentation.
L’augmentation du nombre de notifications mondiales de cas de tuberculose depuis 2013 s’explique en
grande partie par les tendances observées en Inde et en Indonésie, les deux pays qui se classent au premier
et au troisième rang mondial en termes de cas incidents estimés par an.8 En Inde, les notifications de
nouveaux cas sont passées de 1,2 million à 2,0 millions entre 2013 et 2018 (+60 %). En Indonésie, les
notifications sont passées de 331 703 en 2015 à 563 879 en 2018 (+70 %), dont 121 707 (+28 %) entre 2017
et 2018.
Malgré l’augmentation du nombre de notifications de cas de tuberculose, il existe toujours un écart important
entre le nombre de nouveaux cas signalés (7,0 millions) et le nombre estimé de cas incidents en 2018
(de 9,0 à 11,1 millions). Cet écart est dû à une combinaison de facteurs à savoir la sous-notification des cas
détectés et le sous-diagnostic (c’est-à-dire que les personnes atteintes de tuberculose n’ont pas accès aux
soins de santé ou lorsqu’elles y ont accès, elles ne reçoivent pas de diagnostic).
Dix pays représentaient environ 80 % de l’écart constaté, l’Inde (25 %), le Nigéria (12 %), l’Indonésie (10 %)
et les Philippines (8 %) représentant plus de la moitié du total.9 Dans ces pays en particulier, des efforts
accrus sont nécessaires pour améliorer la notification des cas de tuberculose détectés ainsi que l’accès au
diagnostic et au traitement.
Alors que les pays intensifient leurs efforts pour améliorer le diagnostic et le traitement de la tuberculose et
combler les écarts entre l’incidence et les notifications, la proportion de cas notifiés confirmés
bactériologiquement doit faire l’objet d’un suivi afin de veiller à ce que les populations bénéficient d’un
diagnostic correct et entament le schéma thérapeutique le plus efficace dès que possible. L’objectif doit être
d’augmenter le pourcentage de cas confirmés bactériologiquement en utilisant davantage les outils de
diagnostic recommandés (par exemple, les tests moléculaires rapides) qui sont plus sensibles que l’examen
microscopique de frottis. En 2018, 55 % des cas pulmonaires étaient confirmés bactériologiquement, soit
une légère diminution par rapport à 2017 (56 %). Dans les pays à revenu élevé où l’accès aux tests de
diagnostic les plus sensibles est largement répandu, environ 80 % des cas de tuberculose pulmonaire sont
confirmés bactériologiquement.
Le pourcentage de patients signalés comme atteints de tuberculose apportant la preuve d’un résultat de test
de dépistage du VIH en 2018 était de 64 %, soit une augmentation par rapport aux 60 % enregistrés en 2017.
Dans la Région africaine de l’OMS, où la charge de la tuberculose associée au VIH est la plus importante,
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87 % des patients souffrant de tuberculose avaient effectué un test de dépistage du VIH. Au total, 477 461 cas
de tuberculose ont été signalés parmi les personnes séropositives pour le VIH, dont 86 % suivaient un
traitement antirétroviral.
Les données les plus récentes sur les résultats en termes de traitement des nouveaux cas de tuberculose
indiquent un taux de guérison mondial de 85 % en 2017, contre 81 % en 2016. Cette amélioration s’explique
principalement par les progrès réalisés en Inde.
Tuberculose pharmacorésistante : diagnostic et traitement
La déclaration politique adoptée lors de la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose comprenait des engagements visant à améliorer la couverture et la qualité du diagnostic, du traitement et des soins pour les personnes atteintes de tuberculose pharmacorésistante. La détection de la TB-MR/TB-RR nécessite une confirmation bactériologique de la maladie ainsi que des tests permettant d’identifier une résistance aux médicaments à l’aide de tests moléculaires rapides, de méthodes de culture ou de technologies de séquençage. Le traitement comporte des schémas thérapeutiques de seconde intention pendant au moins neuf mois et jusqu’à 20 mois, appuyé par des services de conseil et de suivi des effets indésirables. Entre 2017 et 2018, quelques progrès ont été réalisés dans le dépistage, la détection et le traitement de la TB-MR/TB-RR. À l’échelle mondiale, en 2018, 51 % des personnes atteintes de tuberculose confirmée bactériologiquement ont subi un test de dépistage de la résistance à la rifampicine, contre 41 % en 2017.10 La couverture par le dépistage était de 46 % chez les nouveaux patients et de 83 % chez les patients déjà traités. Au total, 186 772 cas de TB-MR/TB-RR ont été détectés et notifiés en 2018, soit une augmentation par rapport aux 160 684 enregistrés en 2017, et 156 071 cas ont été inscrits dans des programmes de traitement, contre 139 114 en 2017. Malgré ces améliorations, le nombre de personnes inscrites dans des programmes de traitement en 2018 ne représentait l’équivalent que d’une personne sur trois parmi le demi-million de personnes environ qui ont développé une TB-MR/TB-RR en 2018. Pour combler cet écart important, il faut augmenter l’un ou plusieurs des éléments suivants : la détection des cas de tuberculose, la proportion de cas de tuberculose confirmés bactériologiquement, la couverture du dépistage de la résistance aux médicaments parmi les cas confirmés bactériologiquement et la couverture du traitement pour les patients chez lesquels on a diagnostiqué une TB-MR/TB-RR. En 2018, 10 pays représentaient 75 % de l’écart mondial entre le nombre d’inscriptions aux programmes de traitement et le nombre estimé de nouveaux cas de TB-MR et de TB-RR, par conséquent ceux-ci influeront fortement sur les progrès à réaliser pour combler cet écart. Ces 10 pays étaient la Chine, la Fédération de Russie, l’Inde, l’Indonésie, le Mozambique, le Myanmar, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines, le Viet Nam. La Chine et l’Inde représentaient à elles seules 43 % de l’écart mondial. Les données les plus récentes sur les résultats du traitement chez les personnes atteintes de TB-MR ou de TB-RR indiquent un taux de guérison global de 56 %. Le Bangladesh, l’Éthiopie, le Kazakhstan et le Myanmar sont des exemples de pays où le taux de guérison pour les cas de tuberculose multirésistante est plus élevé (>70 %).
Services de prévention de la tuberculose
Le traitement préventif de la tuberculose est la principale intervention sanitaire disponible pour réduire le risque qu’une infection tuberculeuse latente évolue vers une tuberculose active.11 La vaccination des enfants par le BCG (bacille Calmette-Guérin) peut également conférer une protection, en particulier contre les formes graves de tuberculose chez les enfants. Les lignes directrices de l’OMS publiées en 2018 recommandent de fournir un traitement préventif contre la tuberculose aux personnes vivant avec le VIH, aux personnes vivant au contact de personnes atteintes de tuberculose pulmonaire confirmés bactériologiquement dans leur foyer et aux groupes exposés à un risque clinique (par exemple, les patients sous dialyse). La cible fixée lors de la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose pour la période 2018-2022 consiste à faire en sorte que 30 millions de personnes reçoivent un traitement préventif de la tuberculose, dont 6 millions de personnes vivant avec le VIH et 24 millions de personnes vivant au contact de personnes atteintes de tuberculose dans leur foyer (4 millions d’enfants de moins de cinq ans et 20 autres millions de personnes vivant au contact de personnes atteintes de tuberculose dans leur foyer).
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En 2018, 65 pays dans le monde ont déclaré avoir commencé à fournir un traitement préventif contre la tuberculose aux 1,8 million de personnes vivant avec le VIH (61 % en Afrique du Sud), contre un peu moins de 1 million en 2017. Le chiffre de 2018 suggère que la cible des 6 millions pour la période 2018-2022 peut être atteinte. Dans les 16 pays où la charge de la tuberculose ou de la tuberculose associée au VIH est importante et qui ont indiqué fournir un traitement, la couverture allait de 10 % des personnes vivant avec le VIH bénéficiant nouvellement des soins en Indonésie à 97 % en Fédération de Russie. Globalement, dans les 66 pays où elle a pu être calculée, la couverture était de 49 %.
Le nombre de personnes vivant au contact de personnes atteintes de tuberculose dans leur foyer auxquelles
un traitement préventif de la tuberculose a été administré en 2018 était beaucoup plus faible : 349 487 enfants
de moins de cinq ans (une augmentation de 20 % par rapport aux 292 182 de 2017), soit 27 % des 1,3 million
remplissant les critères ; et 79 195 personnes dans les autres tranches d’âge (une diminution de 30 % par
rapport aux 103 344 en 2017). Il faudra considérablement renforcer les efforts pour atteindre les cibles fixées
lors de la réunion de haut niveau des Nations Unies.
En 2018, 153 pays ont déclaré que la vaccination par le BCG faisait partie intégrante des programmes de
vaccination des enfants, dont 113 ont notifié une couverture de ≥90 %.
Financement des services de prévention, de diagnostic et de traitement de la tuberculose
Le financement des services de prévention, de diagnostic et de traitement de la tuberculose a doublé
depuis 2006, toutefois il est bien loin de répondre aux besoins.
Dans 119 pays à revenu faible ou intermédiaire qui ont notifié des données (et qui ont représenté 97 % des
cas de tuberculose déclarés dans le monde), le financement a atteint US $6,8 milliards en 2019, contre
US $6,4 milliards en 2018 et US $3,5 milliards en 2006. Cependant, le montant en 2019 est inférieur de
US $3,3 milliards aux US $10,1 milliards estimés nécessaires dans le Plan mondial pour éliminer la
tuberculose 2018-2022 du Partenariat Halte à la tuberculose, et à peine plus de la moitié de la cible mondiale
consistant à mobiliser au moins US $13 milliards par an d’ici 2022 dont il a été convenu lors de la réunion
de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose.
Comme les années précédentes, la majeure partie du financement disponible en 2019 (87 %) provient de
ressources internes. Les pays du Groupe BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du
Sud) influent fortement sur ce chiffre global. Ils représentent en effet 53 % du financement disponible
en 2019, et 95 % de leur financement proviennent de ressources internes. En Inde, le financement national a
quadruplé entre 2016 et 2019.
Dans d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire, le financement des donateurs internationaux demeure
crucial, représentant 38 % du financement disponible dans les 25 pays où la charge de la tuberculose est
importante, en dehors des pays du Groupe BRICS, et 49 % du financement disponible dans les pays à revenu
faible.
En 2019, le financement des donateurs internationaux s’élève à US $0,9 milliard, dont 73 % proviennent du
Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial). Ce total est bien en
deçà des besoins annuels de US $2,7 milliards, selon les estimations du Plan mondial. Le principal donateur
bilatéral est le Gouvernement des États-Unis d’Amérique, qui fournit près de 50 % du financement total des
donateurs internationaux pour la lutte contre la tuberculose, lorsqu’il est combiné aux fonds versés par
l’intermédiaire du Fonds mondial et alloués par celui-ci.
Couverture sanitaire universelle, action multisectorielle et déterminants sociaux
Les objectifs intermédiaires de 2020 et 2025 de la Stratégie pour mettre fin à la tuberculose ne pourront être
atteints que si les services de diagnostic, de traitement et de prévention de la tuberculose sont fournis dans
le cadre de progrès vers la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU) et si une action
multisectorielle est menée pour agir sur les déterminants plus larges qui influent sur l’épidémie de
tuberculose et son impact socioéconomique.
La CSU signifie que chacun peut obtenir les services de santé dont il a besoin sans être confronté à des
difficultés financières. La cible 3.8 des objectifs de développement durable (ODD) consiste à réaliser la
couverture sanitaire universelle d’ici 2030 ; les deux indicateurs permettant de suivre les progrès sont l’indice
de couverture des services pour la CSU et le pourcentage de la population pour laquelle les dépenses des
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ménages consacrées aux soins de santé sont importantes par rapport aux dépenses ou aux revenus des
ménages.
L’indice de couverture des services a augmenté régulièrement entre 2000 et 2017, passant d’une valeur
globale de 45 (sur 100) en 2000 à 66 en 2017. Dans les 30 pays où la charge de la tuberculose est importante
(87 % des cas de tuberculose dans le monde), l’indice de couverture des services se situait surtout entre 40
et 60, ce qui indique qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre la couverture sanitaire universelle dans ces
contextes. Des valeurs plus élevées constatées au Brésil (79), en Chine (79) et en Thaïlande (80) sont
encourageantes.
En 2015, au moins 930 millions de personnes, soit 12,7 % de la population mondiale, ont dû faire face à des
dépenses de soins de santé catastrophiques (définies comme 10 % ou plus des dépenses ou revenus annuels
du ménage), contre 9,4 % en 2010.
En 2018, environ 2,3 millions de cas de tuberculose étaient attribuables à la sous-alimentation, 0,9 million
au tabagisme (dont 0,8 million chez les hommes), 0,8 million à l’abus d’alcool, 0,8 million au VIH et
0,4 million au diabète.
Pour faire suite à la demande adressée au Directeur général de l’OMS lors de la réunion de haut niveau des
Nations Unies, un cadre de responsabilisation multisectoriel pour progresser plus vite en vue de mettre fin à
la tuberculose a été publié en mai 2019. Les pays bénéficient d’un soutien pour adapter et utiliser le cadre.
Recherche-développement sur la tuberculose
Les cibles des ODD et de la Stratégie pour mettre fin à la tuberculose fixées pour 2030 ne peuvent être
atteintes sans une intensification de la recherche-développement. Il faut réaliser des avancées technologiques
d’ici 2025 pour que la baisse annuelle du taux d’incidence de la tuberculose dans le monde puisse être
accélérée et que l’on puisse atteindre une moyenne de 17 % par an. Parmi les priorités dans ce domaine
figurent notamment la mise au point d’un vaccin pour réduire le risque d’infection, un vaccin ou un nouveau
traitement médicamenteux pour réduire le risque de développement de la maladie chez les 1,7 milliard de
personnes présentent une infection latente, des tests de diagnostic rapide à utiliser sur le lieu des soins ainsi
que des schémas thérapeutiques plus simples et plus courts pour traiter la maladie.
La filière diagnostique semble solide eu égard au nombre de tests, cependant aucune nouvelle technologie
n’a vu le jour en 2019. En août 2019, on dénombrait 23 médicaments, divers schémas utilisant diverses
associations médicamenteuses et 14 vaccins candidats en essais cliniques. Récemment, un essai de phase IIb
chez des personnes présentant une infection latente a montré que le vaccin candidat M72/AS01E conférait
une protection contre la tuberculose. Si les résultats sont confirmés dans un essai de phase III, ce vaccin
pourrait transformer les efforts mondiaux de prévention de la tuberculose.
Selon les dernières données publiées par le Treatment Action Group, le financement en faveur de la
recherche-développement sur la tuberculose s’élèverait à US $772 millions en 2017, soit un montant
inférieur à la cible consistant à mobiliser au moins US $2 milliards par an fixé lors de la réunion de haut
niveau des Nations Unies sur la tuberculose.
Conclusion
Les dirigeants de tous les États Membres des Nations Unies se sont engagés à « mettre fin à l’épidémie
mondiale de tuberculose » d’ici 2030 en s’appuyant sur des objectifs intermédiaires et des cibles concrets.
Des progrès ont été accomplis. Les indicateurs mondiaux de réduction du nombre de cas et de décès
imputables à la tuberculose, d’amélioration de l’accès aux services de prévention et aux soins et
d’augmentation du financement vont dans la bonne direction. Une Région de l’OMS et sept pays où la charge
de la tuberculose est importante sont en bonne voie pour atteindre les objectifs intermédiaires de 2020 en
matière de réduction du nombre de cas de tuberculose et de décès imputables à la maladie.
Néanmoins, le rythme des progrès à l’échelle mondiale et dans la plupart des régions et des pays n’est pas
encore assez rapide. Au cours des trois prochaines années, il sera nécessaire de pratiquement doubler le
financement annuel en faveur de la prévention et des soins de la tuberculose ainsi que la recherche sur la
maladie, d’élargir l’accès aux soins et au traitement préventif de la tuberculose, d’atténuer les coûts
considérables supportés par les personnes atteintes de tuberculose et leurs ménages et d’intensifier l’action
multisectorielle sur les déterminants plus larges de l’épidémie.
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Le rapport du Secrétaire général des Nations Unies à l’Assemblée générale en 2020, qui doit être élaboré
avec le soutien de l’OMS, fournira la prochaine occasion d’évaluer les progrès accomplis dans la réalisation
des cibles et objectifs intermédiaires convenus en matière de lutte contre la tuberculose.
1 Le risque vie entière est d’environ 5 à 10 %. 2 Il s’agit ici et dans l’intégralité du document de l’intervalle d’incertitude à 95 %. 3 Lorsqu’un VIH-positif meurt de la tuberculose, la cause sous-jacente est codée comme étant le VIH dans le système de la
Classification internationale des maladies. 4 Les 22 autres pays sont les suivants : Angola, Brésil, Cambodge, Congo, Éthiopie, Fédération de Russie, Kenya, Lesotho,
Libéria, Mozambique, Myanmar, Namibie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, République centrafricaine, République
démocratique du Congo, République populaire démocratique de Corée, République-Unie de Tanzanie, Sierra Leone,
Thaïlande, Viet Nam, Zambie et Zimbabwe. 5 L’intervalle d’incertitude à 95 % est de 420 000-560 000. 6 Défini comme la résistance à la rifampicine et à l’isoniazide. 7 Y compris les décès imputables à la tuberculose chez les VIH-positifs et les VIH-négatifs. 8 La figure 4.2 montre d’autres pays ayant enregistré des augmentations relatives importantes en 2016-2018. 9 La figure 4.20 montre les six autres pays. 10 Les chiffres cités se réfèrent à des cas de tuberculose pulmonaire. 11 Les quatre schémas thérapeutiques actuellement recommandés par l’OMS sont expliqués au chapitre 5.