rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Juin 2013 | Numéro 6 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Production animale Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises Page 256 Société Série AlpFUTUR: Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population Page 272 Eclairage Au secours des faons Page 302

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Page 1: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe

J u i n 2 0 1 3 | N u m é r o 6

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Production animale Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises Page 256

Société Série AlpFUTUR: Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population Page 272

Eclairage Au secours des faons Page 302

Page 2: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Des chercheurs d’Agroscope ont comparé la qualité du lait pro-duit dans des exploitations laitières dotées d’un robot de traite et celle du lait produit dans des exploitations avec salle de traite. Il y a de grandes différences au niveau de la qualité du lait entre les exploitations travaillant avec un robot de traite. (Photo: Agroscope)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;

Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

255 Editorial

Production animale

256 Traite robotisée et qualité du lait de froma-gerie: des améliorations sont requises Ernst Jakob, Daniel Goy, John Haldemann et

René Badertscher

Production animale

264 Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux Johanna Besier, Brigitte Strickler, Ruedi von

Niederhäusern et Ueli Wyss

Société – Série AlpFUTUR

272 Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population

Xenia Junge et Marcel Hunziker

Environnement – Série AlpFUTUR

280 Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage

Beatrice Schüpbach, Thomas Walter,

Gabriela Hofer et Felix Herzog

Production végétale

288 Sensibilité de la pomme de terre à la pour-riture molle provoquée par Dickeya spp. David Gerardin et al.

Production végétale

296 Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat Rainer Frick, Eric Mosimann, Daniel Suter et

Hansueli Hirschi

Eclairage

302 Au secours des faons

Nicole Berger

306 Portrait

307 Actualités

311 Manifestations

Liste variétale

Encart Liste recommandée des variétés de céréales pour la récolte 2014

Lilia Levy Häner et al.

SommaireJuin 2013 | Numéro 6

Page 3: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Editorial

255Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 255, 2013

Nouveaux défis – nouvelle structure de recherche: Agroscope

Chère lectrice, cher lecteur,

Hormis le défi de nourrir la population croissante de la planète, le réchauffe-

ment planétaire continue à se traduire par une multiplication d’accidents

climatiques, lesquels induisent inévitablement des fluctuations significatives

de production. L’entrée de la spéculation financière dans le marché des

matières premières agricoles entraîne davantage d’instabilité des cours. Il

nous faut donc des agricultures productives mais aussi résilientes et résis-

tantes aux aléas climatiques, aux attaques subites de maladies, aux variations

des prix et aux limites actuelles de nos savoirs scientifiques. Il nous faut donc

être capables de concevoir des systèmes qui interagissent techniquement et

économiquement avec un grand nombre d’acteurs importants du secteur

agro-alimentaire*.

Centralisation ou décentralisation?

Dans ce contexte, charge aux instances dirigeantes de la recherche helvé-

tique de créer les conditions cadres qui permettent aux quatre instituts

d’Agroscope de continuer à répondre aux attentes de notre société ainsi

qu’aux besoins des différentes branches de l’agroalimentaire, aujourd’hui et

demain. Il s’agit autant de standardiser les processus à travers tout Agroscope

que d’encourager les spécificités de chaque institut. Alors, centralisation ou

décentralisation? Là réside tout le questionnement pour Agroscope! – Il est

clair que toute entité poursuivant un objectif précis a besoin d’un centre de

coordination, pour définir son orientation générale et pour veiller à ce que

les parties qui la constituent suivent cette orientation et contribuent à réali-

ser les objectifs communs.

Certains processus seront donc centralisés. D’intenses discussions ont été

menées sur la façon d’harmoniser les processus d’élaboration des pro-

grammes de recherche, de la communication et de l’image d’entreprise, des

investissements, de l’acquisition/gestion de fonds tiers, de planification et

de budgétisation de même que de règlement de travail. Ces dernières

années, nous avons acquis beaucoup d’expérience dans la mise en place de

tels processus au sein d’une entreprise de grande taille, et de surcroît disper-

sée géographiquement. Nous reprendrons les meilleurs succès de tous ces

processus et les généraliserons, dans la mesure du possible, au sein

d’Agroscope. Néanmoins, il est tout aussi clair que toutes les décisions

importantes ne peuvent pas être prises efficacement par le centre unique-

ment, car celui-ci manque d’informations pertinentes et de temps. L’organi-

sation efficace d’Agroscope doit combiner les avantages qu’offre la décen-

tralisation pour la flexibilité et la mobilisation des ressources, avec ceux

qu’offre la centralisation pour la cohérence. Il s’agit donc d’élaborer une

culture d’entreprise commune. Quelle est la façon la plus constructive de

collaborer? Comment pouvons-nous promouvoir le dialogue au sein

d’Agroscope? Quelle philosophie d’entreprise souhaitons-nous développer?

Autant de questions que les organes dirigeants d’Agroscope ont abordées

de manière ciblée et qu’ils se réjouissent d’implémenter avec l’aide de l’en-

semble de leurs collaboratrices et collaborateurs – d’ores et déjà merci à

toutes et à tous!

Jean-Philippe Mayor, Directeur Agroscope ACW

«Faisons face au temps

comme il vient et change»

Shakespeare

*Hautes écoles suisses et étrangères, FiBL et stations de recherche agronomiques étran-gères, grands distributeurs tels Migros, COOP, Fenaco, entreprises agroalimentaires telles Nestlé et de l’agrochimie bâloise, etc.

Page 4: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

256 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

Vache dans le robot de traite Astronaut A3 de Lely. (Photo: Agroscope)

I n t r o d u c t i o n

L’influence d’une installation de traite robotisée sur la

qualité du lait a fait l’objet d’un grand nombre d’études.

Toutes concordent sur un point: le lait trait par robot

présente des teneurs en acides gras libres sensiblement

plus élevées (Pomiès et al. 1998; Klungel et al. 2000; Sla-

ghuis et al. 2004; Wiking et al. 2006). Différents auteurs

ont démontré que la teneur en acides gras libres dépen-

dait fortement de la fréquence de traite (Jellema 1986;

Slaghuis et al. 2004; Wiking et al. 2006). Or, celle-ci est

plus élevée dans les exploitations avec robot de traite

(RT) que dans celles avec deux traites par jour. En ce qui

concerne la qualité bactériologique du lait, les études

antérieures ont conclu à une influence négative des RT

(Pomiès et al. 1998; Klungel et al. 2000; Rasmussen et al.

2002). Häni (2008) a étudié l’influence de la technique de

traite utilisée sur la qualité du lait de fromagerie sans

ensilages destiné à la production de Gruyère AOC. Le lait

d’exploitations avec RT et celui d’exploitations avec lac-

toduc présentaient des nombres de germes significative-

ment plus élevés et des réductases préincubées significa-

Ernst Jakob, Daniel Goy, John Haldemann et René Badertscher

Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 3003 Berne, Suisse

Renseignements: Ernst Jakob, e-mail: [email protected], tél. +41 31 323 81 45

Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Page 5: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises | Production animale

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Rés

um

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Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

La qualité du lait de dix producteurs travail-

lant avec une installation de traite automati-

sée, ou robot de traite (producteurs avec RT),

et de huit producteurs travaillant avec une

salle de traite (exploitations avec ST) a été

comparée. Pendant trois saisons (été,

automne et hiver), un échantillon de lait du

soir et un échantillon de lait du matin suivant

ont été prélevés une fois par mois chez

chaque producteur. Les teneurs en matière

grasse, en protéines, en cellules somatiques

et en acide butyrique libre des échantillons

ont été analysées. De même, les germes

mésophiles aérobies, les germes psychro-

trophes ainsi que les sporulés anaérobies ont

été dénombrés. D’autres paramètres de

contrôle, tels que le point de congélation, le

test d’acidification après 11 h à 38 °C et la

réductase préincubée au bleu de méthylène

après 11 h de préincubation à 32 °C ont aussi

été relevés. Les valeurs moyennes de tous les

paramètres de contrôle, à l’exception de la

matière grasse et des sporulés anaérobies, se

différenciaient de façon significative entre

exploitations avec et sans RT (P<0,05). Le lait

des producteurs avec RT a montré une

réductase préincubée significativement plus

courte (38,0 vs 47,3 min; P<0,001), une

acidification plus intense (14,5 vs 11,4 °SH;

P<0,001), un nombre de germes mésophiles

aérobies légèrement plus élevé (6800 vs

6000 ufc/ml; P<0,001) et des teneurs en acide

butyrique libre (ABL) sensiblement plus

élevées (0,107 vs 0,061 mmol/L; P<0,001).

Pour tous les critères, excepté l’ABL, l’in-

fluence du producteur était plus importante

que celle de la technique de traite.

tivement plus courtes que le lait de producteurs avec

salle de traite (ST). Comparé à ce dernier, le lait trait au

robot contenait en outre trois fois plus d’acide butyrique

libre. Les producteurs de lait de fromagerie avec RT ont

donc été contraints de limiter les intervalles de traite à

8 h au minimum. La présente étude visait à examiner si

une limitation des intervalles de traite et d’autres amé-

liorations techniques de même que des adaptations dans

la gestion de l’exploitation pouvaient améliorer la qua-

lité du lait.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Exploitations laitières

Pour cet essai, neuf exploitations laitières de la région

de production du Gruyère AOC travaillant avec un sys-

tème RT ont été sélectionnées. S’y est ajoutée une exploi-

tation avec RT dont le lait était transformé en Emmenta-

ler AOC. Le groupe de producteurs avec un RT se

composait donc de dix exploitations réparties dans dix

sociétés de laiterie. Le groupe de comparaison était

formé quant à lui de huit producteurs avec ST affiliés aux

mêmes sociétés de laiterie. Dans le groupe RT, seuls deux

fabricants étaient représentés (4× Lely et 6× DeLaval)

alors que dans le groupe ST, il y en avait cinq (DeLaval,

GEA, SAC, Surge, Westfalia).

Echantillons de lait

Pendant la période d’essai de sept mois (de juillet à jan-

vier), un échantillon de lait du soir et un échantillon de

lait du matin suivant par exploitation ont été prélevés

une fois par mois. Les échantillons ont été prélevés à la

fromagerie où les producteurs de lait livraient leur lait

deux fois par jour. Ils étaient immédiatement refroidis à

<5 °C et apportés au laboratoire dans les quatre heures

pour y être aliquotés en vue des différentes analyses. Les

aliquotes d’échantillons destinés à la détermination des

acides gras libres ont été congelés et entreposés à -20 °C

jusqu’à leur analyse.

Méthode d’analyse

Les teneurs en MG, en protéines de même que le point

de congélation ont été mesurés par spectrométrie infra-

rouge (MilkoScan FT; FOSS, DK-3400 Hillerød). Les cel-

lules somatiques ont été dénombrées par fluorescence

optique (Fossomatic FC; FOSS, DK-3400 Hillerød) de

même que les germes aérobies mésophiles (BactoScan

FC 150; FOSS, DK-3400 Hillerød). Le dénombrement des

germes psychrotrophes a été effectué par cultures micro-

biologiques (Plate Count Agar avec 0,1 % de lait écrémé

en poudre; incubation à 6,5 °C/10 j) de même que les

spores butyriques (méthode MPN avec un milieu de

Page 6: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Production animale | Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises

258 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

culture Bryant-Burkey; incubation à 37 °C/7 j). Le test

d’acidification après 11 h à 38 °C et l’épreuve de réduc-

tase préincubée au bleu de méthylène ont été effectués

conformément aux instructions figurant dans le manuel

de FROMARTE (Anon, 2010). L’acide butyrique libre a été

déterminé après estérification d’acide avec de l’éthanol

(1 ml de lait + 0,2 ml HCl 2,87 M + 0,2 ml d’éthanol; incu-

bation à 95 °C pendant 3 min) par chromatographie en

phase gazeuse (espace de tête) (Badertscher 2009) dans

les échantillons de lait frais, de même qu’après un entre-

posage du lait pendant 24 h à 20 °C (conservation avec

du bronopol).

L’évaluation statistique des résultats a été effectuée

au moyen d’une analyse de variance (General Linear

Model, SYSTAT Version 12) selon le modèle Y = m + α + β

+ γ + δ(γ) + ε, dans lequel m = valeur médiane, α =

influence de la saison (été/automne/hiver), β = influence

de la traite (matin/soir), γ = influence du système de

traite (RT/ST), δ(γ) = influence des producteurs au sein du

groupe RT/ST, ε = variation résiduelle. Les interactions

entre les facteurs saison, traite et système de traite ont

été analysées avec un modèle élargi. Des interactions

sont apparues entre les facteurs traite et système de

traite au niveau de la teneur en MG, du nombre de cel-

lules et de l’acide butyrique libre (C4 0 h) de sorte que

dans ce cas le modèle Y = m + α + β + γ + δ(γ) + β*γ + ε a

été utilisé.

R é s u l t a t s

Pour la plupart des paramètres de qualité du lait, la dis-

persion à l’intérieur du groupe ST était tendanciellement

plus faible qu’au sein du groupe RT. La cause la plus

importante de la dispersion est clairement le facteur

producteur qui a eu une influence hautement significa-

tive sur tous les paramètres de qualité analysés (tabl. 1).

Comme escompté, la saison a influencé les teneurs en

MG, en protéines et en cellules somatiques (CS) de même

que la flore bactérienne du lait. Les teneurs en MG, en

protéines et en germes psychrotrophes étaient plus éle-

vées en hiver qu’en été; par contre, le nombre de cellules

et celui de germes aérobies mésophiles (GAM) étaient

plus bas. En hiver, les échantillons incubés à 38 °C présen-

taient en général des degrés d’acidité plus bas et donc

Facteur d’influence: Saison TraiteProduc-

teurSystème de

traite

LSM(1) LSM(1)

UnitésRT ST

Paramètre de contrôle

MG ** */*** (2) *** n. s. 4,001 4,066 g/100g

Protéines *** n. s. *** * 3,334 3,374 g/100g

Point de congélation n. s. * *** * –0,522 –0,524 °C

Nombre de cellules (CS) *** n. s/* (2) *** ** 5,222 5,141 log cellules/ml

Nombre de germes (GAM) *** n. s. *** *** 3,835 3,777 log ufc/ml

Germes psychrotrophes *** n. s. *** * 2,046 1,821 log ufc/ml

Spores butyriques * n. s. *** n. s. 2,004 2,021 log ufc/ml

Test de réductase préincubée n. s. * *** *** 38,0 47,3 min

Degré d’acidité 11 h/38 °C n. s. * *** *** 14,5 11,4 °SH

A. butyrique libre 0 h (C4 0 h) *** n. s./** (2) *** *** 83 49 μmol/l

A. butyrique libre 24 h (C4 24 h) *** n. s. *** *** 107 61 μmol/l

Augmentation de l’a. butyri. libre * n. s. *** *** 24 13 μmol/l

1LSM = least square means.2Interactions entre traite et système de traite (différence à l’intérieur des groupes de producteurs RT/ST).

n.s. = les valeurs moyennes ne se différencient pas de façon significative (P ≥0,05); * = P <0,05; ** = P <0,01; *** = P <0,001.

Tableau 1 | Analyse de variance de tous les paramètres de qualité du lait (N = 201)

Page 7: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises | Production animale

259Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

teurs avec ST peuvent s’expliquer au moins en partie par

la durée d’entreposage plus longue de 13 h des échantil-

lons de lait, comparé aux échantillons de lait du matin.

Dans les exploitations avec RT, dans lesquels il n’y avait

pas d’heures de traite fixes, cet effet n’a pas été observé.

Des différences significatives entre le groupe de pro-

ducteurs avec RT et le groupe avec ST ont été observées

pour tous les paramètres analysés, à l’exception des

teneurs en MG et en spores butyriques (tabl. 1). Le fac-

teur producteur a eu une influence sensiblement plus

marquée que le facteur système de traite sur tous les

paramètres, à l’exception de l’acide butyrique libre (C4

0 h et C4 24 h), qui a été davantage influencé par le sys-

tème de traite.

Les fromageries suisses qui produisent du fromage

au lait cru contrôlent la qualité bactériologique du lait

livré en premier lieu par le test de la réductase préincu-

bée, après une préincubation de 11 h des échantillons de

lait à 32 °C, et par le test d’acidification après 11 h de

préincubation à 38 °C. La plupart des producteurs avec

RT et avec ST ont rempli les exigences dans le test de la

réductase (t >15 min). Dans deux exploitations avec RT,

la valeur médiane était cependant proche de la limite de

contestation (fig. 1). La situation était moins satisfai-

sante en ce qui concerne le degré d’acidité du lait, un

paramètre de mesure de l’activité des germes acidifiants

une flore d’acidification moins active que les échantil-

lons d’été et d’automne. De même, l’hydrolyse de la MG

s’est avérée fortement dépendante de la saison. De l’été

à l’hiver, la teneur du lait en acide butyrique libre a

baissé de 30 %, ce qui correspond aux observations de

Chazal et Chilliard (1986) sur la saisonnalité des acides

gras libres dans le lait.La traite (soir/matin) avait en général une faible

influence sur la composition du lait. Cependant, l’in-

fluence sur la teneur en MG, le nombre de cellules et la

concentration de l’acide butyrique libre dans le lait frais

(C4 0 h) dépendaient de façon significative du système de

traite (tabl. 1). Dans le groupe RT, le nombre de cellules et

les valeurs de l’acide butyrique ne variaient pas de façon

significative entre le matin et le soir et la teneur moyenne

en MG du lait du matin était de 0,12 g/100 g plus élevée

que dans le lait du soir (P <0,05). Dans le groupe ST, la

teneur en MG du lait du soir était de 0,37 g/100 g plus

élevée que dans le lait du matin (P<0,0001) de même que

le nombre de cellules (5,174 vs 5,109 log cellules/ml;

P<0,05) et la teneur en acide butyrique libre (56 vs

42 μmol/l; P <0,01). D’autres auteurs (Quist et al. 2008)

ont également observé des teneurs en MG et des

nombres de cellules plus élevés dans le lait du soir de

troupeaux traits deux fois par jour. Les teneurs plus éle-

vées en acide butyrique dans le lait du soir des produc-

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Figure 1 | Test de réductase dans le lait après une durée de préincubation de 11 h à 32 °C. La plage verte indique le domaine de valeurs idéales (> 15 min). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane centrale, les traits vers le haut in-diquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi et les traits vers le bas, le 3e quartile – 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes.

Page 8: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Production animale | Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises

260 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

dans le lait cru. Dans trois des dix exploitations avec RT,

au moins 75 % du lait livré a dépassé le degré d’acidité le

plus élevé autorisé, soit 15 °SH (fig. 2). Cinq exploitations

avec RT avaient toutefois un degré d’acidité du lait com-

parable à celui des exploitations avec ST.

Mis à part quelques valeurs aberrantes, le nombre

de germes aérobies mésophiles du lait était conforme

aux exigences légales dans les deux groupes de produc-

teurs (fig. 3). La valeur limite recommandée pour la pro-

duction de fromage au lait cru de <10 000 ufc/ml,  et

dont la stricte observation donne lieu à des primes de

qualité, a été respectée par un grand nombre de pro-

ducteurs. Dans seulement deux exploitations avec RT,

les nombres de germes étaient plus élevés dans la majo-

rité des échantillons.

Bien que faibles, les différences constatées entre les

groupes RT et ST au niveau du nombre de cellules soma-

tiques dans le lait étaient tout de même significatives du

point de vue statistique (P<0,01). Les différences les plus

importantes entre RT et ST se sont manifestées au niveau

de la concentration en acide butyrique libre dans le lait,

et cela tant dans les échantillons frais que dans les

échantillons entreposés pendant 24 h (tabl. 1 et fig. 4).

Le lait des producteurs avec RT contenait en moyenne

1,8 fois plus d’acide butyrique libre que le lait des pro-

ducteurs avec ST. Dans six des dix exploitations avec RT,

la valeur limite de 105 µmol/l recommandée par

Agroscope pour l’acide butyrique libre (C4 24 h) a été

dépassée dans 50 % des livraisons de lait analysées. Une

exploitation avec RT a pourtant enregistré des valeurs

irréprochables, comparables à la moyenne des exploita-

tions avec ST.

D i s c u s s i o n

Comme l’avait constaté Häni (2008) dans son étude

effectuée en 2006, la présente étude montre que le lait

des exploitations avec RT obtient un moins bon résultat

que le lait des exploitations avec ST en ce qui concerne

les critères de qualité microbiologique et hygiénique

usuels dans la pratique fromagère (test de réductase et

test d’acidification après une incubation de 11 h). Dans

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]

Exploitations avec salle de traite

Figure 2 | Test d’acidification du lait après une durée d’incubation de 11 h à 38 °C. La plage verte indique le domaine de valeurs idéales (<15 °SH). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane, les traits vers le haut indiquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi, les traits vers le bas, le 3e quartile - 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane > 1,5 × isi et les cercles, les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane > 3,0 × isi.

Page 9: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises | Production animale

261Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

101

102 11 21 22 31 32 41 42 51 52 61 62 71 81 82 91 92

Exploitation

3

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5

6

Exploitations avec robot de traite

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102 11 21 22 31 32 41 42 51 52 61 62 71 81 82 91 92

Exploitation

3

4

5

6

Nom

bre

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erm

es [l

og u

fc/m

l]

Exploitations avec salle de traite

Nom

bre

de g

erm

es [l

og u

fc/m

l]

Figure 3 | Nombre de germes aérobies mésophiles du lait. La plage verte indique le domaine de valeurs recommandées pour la production de fromages au lait cru (< 10 000 ufc/ml), celle en jaune, les exigences prescrites par l’Ordonnance sur l’hygiène dans la production laitière de ≤ 80 000 ufc/ml (Anonyme 2013). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane, les traits vers le haut indiquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi et les traits vers le bas, le 3e quartile - 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane >1,5 × isi et les cercles, les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane > 3,0 × isi.

101

102 11 21 22 31 32 41 42 51 52 61 62 71 81 82 91 92

Exploitation

0

100

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4 h

[log

µmol

/l]

Exploitations avec robot de traite

101

102 11 21 22 31 32 41 42 51 52 61 62 71 81 82 91 92

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C4 2

4 h

[log

µmol

/l]

Exploitations avec salle de traite

Figure 4 | Acide butyrique libre après 24h dans les échantillons de lait conservés au bronopol. La plage verte indique le domaine de valeurs recommandées par Agroscope pour le lait de fromagerie (< 105 μmol/l). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane, les traits vers le haut indiquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi et les traits vers le bas, le 3e quartile - 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane >1,5 × isi.

Page 10: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

262

Production animale | Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

le lait des producteurs avec RT, Häni (2008) avait relevé

en moyenne 14 500 ufc/ml de germes aérobies méso-

philes contre 4600 ufc/ml dans le lait des exploitations

avec ST (valeurs géométriques moyennes), ce qui

confirme les observations d’autres auteurs (Pomiès et al.

1998; Klungel et al. 2000; Rasmussen et al. 2002). Les

valeurs géométriques moyennes relevées dans la pré-

sente étude s’élèvent à 6800 pour les exploitations avec

RT et à 6000 ufc/ml pour celles avec ST. Une différence si

infime est sans importance du point de vue de la pra-

tique fromagère. Ce qui est important en revanche, c’est

le fait que quelques producteurs avec RT présentaient

assez fréquemment des résultats insuffisants (fig. 2 et 3).

Quant à l’influence des RT sur la santé de la mamelle et

le nombre de cellules somatiques dans le lait, peu de

résultats sont disponibles et ceux-ci sont le plus souvent

contradictoires. Alors que Klungel et al. n’ont constaté

aucune influence lors de leur étude en 2000, Rasmussen

et al. (2002) observaient deux années plus tard une aug-

mentation du nombre de cellules après conversion au

robot de traite. Les producteurs avec RT ayant participé

à la présente étude ont enregistré des nombres de cel-

lules légèrement supérieurs dans leur lait par rapport

aux producteurs avec ST (tabl. 1).

L’augmentation, mise en évidence dans un grand

nombre d’études, des acides gras libres dans le lait après

l’installation d’un RT (Pomiès et al. 1998 ; Klungel et al.

2000 ; Slaghuis et al. 2004 ; Wiking et al. 2006) est due

avant tout à l’intervalle de traite plus court (Slaghuis et

al. 2004 ; Wiking et al. 2006). Au moment de l’étude de

Häni en 2006, les producteurs avec RT qui ont participé

à l’étude n’en tenaient pas encore compte. Ce n’est

qu’en 2008 que les producteurs de lait de fromagerie

avec RT ont été contraints à respecter des intervalles de

traite d’au moins 8 h. Les teneurs en acide butyrique

libre dans le lait des producteurs avec RT sont en effet

nettement plus basses dans la présente étude que dans

celle de Häni (2008), dans laquelle les valeurs du lait trait

au robot étaient en moyenne 3,5 fois plus élevées que

celles du lait des producteurs avec ST. Dans la présente

étude, les valeurs du lait trait au robot ne sont certes

que de 1,75 fois plus élevées, mais cette différence reste

considérable. Pour réduire encore davantage la dégra-

dation de la MG dans le lait trait au robot, il faudrait

encore prolonger les intervalles minimaux de traite.

Comme l’ont montré Slaghuis et al. (2004), la teneur du

lait en acides gras libres baisse de 40 % si l’on augmente

l’intervalle de traite de 8 h à 12 h.

C o n c l u s i o n s •• En général, l’influence du système de traite sur la

qualité du lait est nettement plus faible que l’in-

fluence du producteur.

•• Comparée à l’étude réalisée en 2006 (Häni 2008), la

qualité du lait de fromagerie trait au robot, en

particulier le nombre de germes et les acides gras

libres, s’est considérablement améliorée.

•• En dépit de l’introduction en 2008 d’intervalles de

traite d’au moins 8 h, le lait trait par robot présente

toujours une dégradation de la graisse en moyenne

deux fois plus importante que le lait des producteurs

avec ST. Il est recommandé aux producteurs de

fromage au lait cru de bien contrôler le lait provenant

de producteurs avec RT.

•• La bonne qualité du lait de trois producteurs avec RT

sur dix montre que les fabricants de robots de traite

ont apporté des améliorations techniques notables

dans l’utilisation de leurs appareils.

•• La dispersion plus importante des résultats du contrôle

du lait dans le groupe des exploitations avec RT

indique que les robots de traite ont été utilisés dans

des conditions parfois inappropriées ou qu’ils ont été

insuffisamment surveillés. n

Page 11: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

263

Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013

▪ Pomiès D., Vimal T., Bony J. & Coulon J. B., 1998. Mise en place d’un ro-bot de traite dans une ferme expérimentale: Premiers résultats obtenus à l’INRA. Rencontres autour des recherches sur les ruminants No 5, Paris F (02/12/1998), no 5, 335-338. ISBN 2-84148-029-1.

▪ Quist M. A., LeBlanc S. J., Hand K. J., Lazenby D., Miglior F. & Kelton D. F., 2008. Milking-to-milking variability for milk yield, fat and protein per-centage, and somatic cell count. J. of Dairy Science 91 (9) 3412–23.

▪ Rasmussen M. D., Bjerring M., Justesen P. & Jepsen L., 2002. Milk quality on Danish farms with automatic milking systems. J. of Dairy Science 85 2869–2878.

▪ Slaghuis B., de Jong O., Bos K., Verstappen-Boerekamp J. & Ferwerda-van Zonneveld R., 2004. Milk quality on farms with an automatic milking system. Free fatty acids and automatic milking systems. Forschungs-bericht zum EU-Projekt QLK5 -2000-31006. Accès: www.automaticmilking.nl [19.03.2013].

▪ Wiking L., Nielsen J. H, Båvius A.-K., Edvardsson A. & Svennersten- Sjaunja K., 2006. Impact of Milking Frequencies on the Level of Free Fatty Acids in Milk, Fat Globule Size, and Fatty Acid Composition, J. of Dairy Science 89, 1004–1009.

Bibliographie ▪ Anonyme, 2010. Manuel FROMARTE (état au 7.4.2010). FROMARTE, Gur-tengasse 6, 3001 Berne.

▪ Anonyme, 2013. Ordonnance du DFI réglant l’hygiène dans la production laitière (OHyPL) du 23 novembre 2005 (état au 1er janvier 2013) RS 916.351.021.1. Accès: www.admin.ch/ch/f/rs/c916_351_021_1.html

▪ Badertscher R., 2009. Flüchtige Carbonsäuren in Milch, direkt Head-space. Methode ALP Nr. 4176 (non publié), Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 3003 Berne.

▪ Chazal M. P., Chilliard Y., 1986. Effect of stage of lactation, stage of preg-nancy, milk yield and herd management on seasonal variation in sponta-neous lipolysis in bovine milk. J. of Dairy Research 53 (4) 529–538.

▪ Häni J.-P., 2008. Influence des installations de traite automatique (robots de traite) sur la fromageabilité du lait à Gruyère AOC. Rapport d’essai Agroscope Liebefeld-Posieux. ALP interne 379, 22.04.2008.

▪ Jellema A., 1986. Some factors affecting the susceptibility of raw cow milk to lipolysis. Milchwissenschaft 41, 553–558.

▪ Klungel G. H., Slaghuis B. A. & Hogeveen H., 2000. The Effect of the int-roduction of automatic milk systems on milk quality. J. of Dairy Science 83, 1998–2003.

Robot di mungitura nella produzione lattifera

con un potenziale di miglioramento

È stata confrontata la qualità del latte di dieci

aziende dotate di un sistema di mungitura

automatica (aziende AMA) con otto aziende

dotate di sala di mungitura (aziende SM).

Durante l’estate, l’autunno e l’inverno è stato

prelevato in ogni azienda, una volta al mese un

campione di latte della mungitura serale e uno

del mattino seguente. I campioni sono stati

analizzati per quanto riguarda il tenore in grassi,

proteine, cellule somatiche e acido butirrico

libero, nonché il numero di germi aerobi mesofili,

germi psicrotrofi e spore anaerobiche. Ulteriori

parametri di esame erano il punto di congela-

mento, l'acidità di titolazione dopo 11 ore a

38 °C e il tempo di riduzione del blu di metilene

dopo 11 ore di incubazione a 32 °C. Per quanto

riguarda tutti i parametri esaminati, a eccezione

dei grassi e delle spore anaerobiche, i valori medi

delle aziende AMA e SM si differenziano in

modo significativo (P<0,05). Il latte delle aziende

AMA ha mostrato un tempo di riduzione del blu

di metilene notevolmente inferiore (38,0 vs.

47,3 min; P<0,001), maggiore acidità di titola-

zione (14,5 vs. 11,4 °SH; P<0,001), un numero di

germi aerobi mesofili leggermente più elevato

(6800 vs. 6000 kbE/mL; P<0,001) e tenori di acido

butirrico libero nettamente superiori (0,107 vs.

0,061 mmol/L; P<0,001). Per tutti i criteri, a

eccezione dell’acido butirrico libero, l'influenza

dei produttori è stata maggiore di quella

esercitata dalla tecnica di mungitura.

Automatic milking systems in cheese milk

production: potential for improvements

The quality of milk produced by ten farms with

an automatic milking system (AMS) and eight

farms with a milking parlour (MP) was compared.

On each farm, two milk samples – one of

evening milk and one taken the following

morning were taken monthly in summer, autumn

and winter. The samples were analysed for fat,

protein, somatic cells, free butyric acid, aerobic

mesophilic germs, psychrotrophic germs and

anaerobic spores. Other test parameters were

freezing point (FP) as well as titratable acidity

and methylene blue reduction time after pre-

incubation for 11h at 38 °C and 32 °C respec-

tively. Mean values for AMS and MP milk were

significantly different for all parameters except

fat and AS (P<0.05). Milk from AMS farms had

significantly shorter methylene blue reduction

time (38,0 vs. 47,3 min; P<0,001), higher titrat-

able acidity (14,5 vs. 11,4 °SH; P<0,001) and

slightly higher counts for aerobic mesophilic

germs (6800 vs. 6000 kbE/mL; P<0,001). Levels of

free butyric acid were much higher in AMS milk

than in MP milk (0,107 vs. 0,061 mmol/L;

P<0,001). For all parameters except free butyric

acid, farm-to-farm variations were more impor-

tant than variations between the milking

systems.

Key words: automatic milking, season, milk

quality, aerobic mesophilic germs, somatic cell

count, lipolysis, free fatty acids.

Page 12: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

264 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

Quel fourrage est le plus approprié pour nourrir les chevaux: foin ou haylage? Les avis des propriétaires de chevaux divergent.

I n t r o d u c t i o n

La production de foin est, dans l’affouragement des

chevaux, la méthode traditionnelle par excellence de

conservation du fourrage (Müller et Uden 2007). Cepen-

dant, ces dernières années en Scandinavie et en Europe

centrale, le foin distribué aux chevaux est de plus en

plus souvent remplacé par des ensilages ou du haylage

(Schwarz et al. 2005; Müller 2012). Le haylage se diffé-

rencie des ensilages conventionnels par une teneur en

matière sèche (MS) plus élevée qui, selon Allen et al.

(2011), devrait être supérieure à 50 % et, selon Kalzen-

dorf et Thaysen (2011), devrait se situer entre 45 et

60 %. Or, dans la pratique, le haylage enregistre sou-

vent des teneurs en MS de plus de 60 % (Nater et al.

2007; Rathjen 2012).

La production de foin de bonne qualité ne dépend

pas seulement de la qualité du fourrage vert, mais aussi

des conditions météorologiques. Souvent instables au

moment de la récolte, elles s’avèrent problématiques

pour la production de foin de bonne qualité, car elles

peuvent entraîner la réduction des valeurs nutritives et

Johanna Besier1, Brigitte Strickler1, Ruedi von Niederhäusern1 et Ueli Wyss2

1Station de recherche, Agroscope ALP-Haras, 1580 Avenches, Suisse2Station de recherche, Agroscope ALP-Haras, 1725 Posieux, Suisse

Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 14

Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Page 13: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale

265

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

Dans l’alimentation des chevaux, le foin est

de plus en plus souvent remplacé par du

haylage. En 2011, dans un essai effectué à

Avenches VD, du foin et du haylage ont été

produits à partir d’une prairie semée de

ray-grass italien et d’une prairie semée d’un

mélange de graminées. Ce dernier était

composé de dix variétés de graminées et de

luzerne. Les propriétés de conservation, les

valeurs nutritives et la qualité microbiolo-

gique des fourrages ont été évaluées en

tenant compte des spécificités de l’alimen-

tation des chevaux.

Par rapport au mélange de graminées, le

ray-grass présentait des teneurs inférieures

en cendres brutes, en matière azotée, en

cellulose brute et en matière azotée

digestible, et des teneurs supérieures en

sucres et en fructanes de même que

davantage d’énergie digestible cheval, qui a

été estimée selon les teneurs en nutriments.

Le type de conservation haylage ou foin

s’est répercuté de façon significative sur la

teneur en matière azotée, en matière

azotée digestible et en fructanes. La teneur

en matière azotée et la teneur en matière

azotée digestible étaient en effet plus

basses dans le foin que dans le haylage. La

teneur en fructanes était en revanche plus

élevée. D’importantes différences ont été

relevées au niveau de la qualité microbiolo-

gique du haylage et du foin. Le foin n’était

pas suffisamment sec au moment du

pressage (MS < 82 %) et présentait donc

après l’entreposage une contamination

importante en moisissures. En raison des

teneurs en fructanes plus basses et de la

contamination en moisissures plus faible, le

haylage s’est révélé dans cet essai plus

avantageux pour les chevaux que le foin.

une mauvaise qualité microbiologique. Or, le foin

devrait présenter lors de son stockage une teneur en MS

d’au moins 85 %, afin d’une part de prévenir la forma-

tion de moisissures et, d’autre part, d’éviter un échauf-

fement (Gregory et al. 1963; Meyer 1986).

Le haylage présente les avantages suivants par rap-

port au foin: la durée de fanage au champ étant réduite,

le risque dû aux conditions météorologiques est plus

faible; Vandenput et al. (1997) ont constaté que le hay-

lage emballé dans un film plastique présentait des quan-

tités de moisissures significativement plus basses, com-

paré au foin; les concentrations de poussière élevées

dans le foin sont souvent à l’origine de maladies des

voies respiratoires chez les chevaux. Le haylage peut

donc être utilisé de façon préventive pour éviter ces

maladies (Müller 2012).

Cet essai avait pour objectif d’une part de clarifier si

des différences existent au niveau des teneurs en nutri-

ments et de la qualité microbiologique entre haylage et

foin produits avec le même fourrage vert. D’autre part,

il visait à étudier si un fourrage composé uniquement de

ray-grass, présentant donc davantage de sucres et de

fructanes, se conserve mieux qu’un fourrage issu d’un

mélange de graminées et de luzerne.

Dans le cadre d’un travail de master, du foin et du

haylage ont été produits à partir d’une prairie de ray-

grass italien et d’une prairie semée avec un mélange de

Figure 1 | Le ray-grass est communément utilisé dans l'alimenta-tion des chevaux, mais il a des teneurs en sucres élevées, en parti-culier en fructanes.

Page 14: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Production animale | Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux

266 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

graminées et de luzerne. Les propriétés de conservation,

les valeurs nutritives et la qualité microbiologique du

fourrage produit ont été évaluées en tenant compte des

spécificités de l’alimentation des chevaux.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

En 2010, à Avenches, on a semé, selon le procédé de semis

en lignes, d’une part un ray-grass italien (Lolium multiflo-

rum) de la variété Ellire (50 kg de semences/ha) et, d’autre

part, un mélange de graminées (38 kg de semences/ha)

comprenant de la luzerne (Medicago sativa), recom-

mandé par le fabricant comme fourrage spécialement

conçu pour les chevaux. La composition du mélange et les

quantités semées figurent dans le tableau 1.

Le fourrage issu du premier cycle a été conservé à la

fois sous la forme de foin et de haylage. L’herbe a été

fauchée le 23 mai 2011 et se trouvait à cette date en

grande partie au stade 6 «floraison». Après deux jours de

séchage au sol et un passage de pirouette quotidien

pour le haylage et deux par jour pour le foin, les balles de

haylage ont été pressées à midi et celles de foin, le soir.

Le haylage a été pressé en balles carrées d’un format

de 170 × 120 × 70 cm, puis emballées dans un film plas-

tique (9 couches). Les balles de haylage composé de ray-

grass pesaient 460 kg et présentaient une teneur en MS

Plantesquantité semée en

kg/ha

Ray-grass d'Italie (Lolium multiflorum) (Oryx) 3,8

Ray-grass anglais (Lolium perenne) (Alligator) 3,0

Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata) (Pizza) 3,8

Fétuque rouge (Festuca rubra) (Echo) 3,4

Fétuque des prés (Festuca pratensis) (Preval) 7,6

Fléole des prés (Phleum pratense) (Anjo) 2,3

Vulpin des prés (Alopecurus pratensis) (Vulpera MS) 0,8

Pâturin des prés (Poa pratensis) (Lato) 1,5

Crételle des prés (Cynosurus cristatus) (Cresta) 1,1

Fromental élevé (Arrhenaterum elatius) (Arone). 6,8

Luzerne (Medicago sativa) (Sanditi-Dormal) 3,8

Total 38,0

Tableau 1 | Composition du mélange et quantités semées

Figure 2 | L’appréciation sensorielle permet de bien estimer la qualité du fourrage.

Page 15: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale

267Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

Afin de déterminer les teneurs en nutriments et la qua-

lité microbiologique des deux types de fourrage, des

échantillons ont été prélevés lors de la mise en conserve

en mai 2011, dans les balles après l’entreposage en jan-

vier/février 2012 et dans les balles de haylage sept jours

après l’ouverture de celles-ci. En outre, les valeurs pH et

les acides fermentaires ont été analysés dans les échan-

tillons de haylage prélevés après l’entreposage et égale-

ment sept jours après l’ouverture des balles. Une ana-

lyse sensorielle a été également réalisé avec ces

fourrages (fig. 2). Les teneurs ont été déterminées au

moyen d’une analyse NIRS et les valeurs nutritives ont

été évaluées en tenant compte des spécificités de l’ali-

mentation des chevaux selon Zeyner et al. (2010).

de 66,2 %. Calculée à partir de ces données, la densité de

pressage s’élevait à 213 kg MS/m3. Quant aux balles de

haylage composé du mélange de graminées, elles

pesaient 485 kg et présentaient une teneur en MS de

71,8 % (densité de pressage: 243 kg MS/m3).

Le foin a été pressé en balles rondes d’un diamètre

de 150 cm et d’une hauteur de 120 cm. Les balles de foin

composé de ray-grass pesaient après l’entreposage

232 kg et enregistraient une teneur en MS de 84,3 %. La

densité de pressage calculée s’élevait à 92 kg MS/m3. Les

balles de foin composé du mélange de graminées

pesaient après l’entreposage 221 kg et présentaient une

teneur en MS de 82,8 %. La densité de pressage calculée

s’élevait à 86 kg MS/m3.

Ray-grass MélangeSD

Seuil de signification

Haylage Foin Haylage Foin C1 F2 C*F3

MS, % 67,2 76,6 76,0 81,5 2,23 *** ** n.s.

Cendres, g/kg MS 66 58 71 74 4,9 n.s. * n.s.

Matière azotée, g/kg MS 54 42 66 59 4,8 n.s. * n.s.

Cellulose brute, g/kg MS 288 282 325 332 21,6 n.s. * n.s.

Matière grasse, g/kg MS 20 17 20 18 1,7 n.s. n.s. n.s.

Sucres, g/kg MS 230 267 180 185 23,5 n.s. * n.s.

Fructanes, g/kg MS 113 162 80 89 17,1 n.s. * n.s.

MADc, g/kg MS 23 10 34 27 5,0 n.s. * n.s.

EDc, MJ/kg MS 9,0 9,2 8,3 8,0 0,51 n.s. n.s. n.s.

Nitrates, g/kg MS 0,03 0,07 0,22 0,37 0,252 n.s. n.s. n.s.

Pouvoir tampon, g/kg MS 41 33 38 39 2,7 n.s. n.s. n.s.

Coefficient de fermentation 112 142 114 120 8,2 * n.s. n.s.

Tableau 2 | Teneurs en nutriments au moment du pressage (haylage et foin n=2)

Ray-grass MélangeSD

Seuil de signification

Haylage Foin Haylage Foin C1 F2 C*F3

MS, % 66,2 84,3 71,8 82,8 3,35 *** n.s. n.s.

Cendres, g/kg MS 78 68 84 82 5,8 n.s. * n.s.

Matière azotée, g/kg MS 53 41 71 61 6,4 * ** n.s.

Cellulose brute, g/kg MS 302 294 322 336 13,8 n.s. ** n.s.

Matière grasse, g/kg MS 17 18 19 18 1,5 n.s. n.s. n.s.

Sucres, g/kg MS 246 242 189 187 21,5 n.s. ** n.s.

Fructanes, g/kg MS 95 139 61 79 12,1 ** *** n.s.

MADc, g/kg MS 21 9 40 29 6,6 * ** n.s.

EDc, MJ/kg MS 8,5 8,8 8,1 7,8 0,29 n.s. ** n.s.

SD: écart type

MS: matière sèche; MADc: matière azotée digestible cheval; EDc: énergie digestible cheval 1décrit le mode de conservation (C) 2décrit le fourrage (F) 3décrit l'interaction entre C et F

Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001

Tableau 3 | Teneurs en nutriments dans le fourrage conservé (haylage et foin n=2)

Page 16: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Production animale | Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux

268 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

En janvier/février 2012, période au cours de laquelle

les balles ont été ouvertes, les températures extérieures

fluctuaient entre -11 et 2 °C.

La mise en valeur statistique a été effectuée au moyen

d’une analyse de variance (programme SYSTAT 12).

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Composants et valeurs nutritives au moment du pressage

Au moment du pressage, le haylage composé de ray-

grass présentait une teneur en MS de 67,2 % et celui

composé de graminées de 76,0 %. Le foin a été pressé

avec des teneurs en MS de respectivement 76,6 % (ray-

grass) et 81,5 % (mélange). De telles teneurs en MS sont

trop faibles pour garantir un entreposage sans pro-

blèmes, comme l’ont aussi démontré les analyses micro-

biologiques effectuées après l’entreposage.

Aucune différence significative entre le haylage et le

foin (tabl. 2) n’a été relevée au niveau des teneurs au

moment de la mise en conserve. Par contre, des diffé-

rences entre le ray-grass et le mélange ont été consta-

tées. Les teneurs en cendres brutes, en matière azotée,

en cellulose brute et en nitrate étaient en effet plus

basses dans le ray-grass que dans le mélange. En

revanche, les teneurs en sucres et en fructanes et l’éner-

gie digestible cheval étaient plus élevées pour le ray-

grass. Les teneurs très basses en matière azotée et en

nitrate s’expliquent par le fait que le printemps a été

très sec et la fumure azotée n’a donc pas pu être absor-

bée par les plantes.

En ce qui concerne le pouvoir tampon, paramètre

important pour l’aptitude à l’ensilage, aucune diffé-

rence significative entre le ray-grass et le mélange n’a

été relevée. En raison des teneurs en MS plus élevées, les

coefficients de fermentation (CF) étaient plus élevés

dans le foin comparé au haylage, tant pour le ray-grass

que pour le mélange. En général, le fourrage avec des

valeurs CF supérieures à 45 est considéré comme facile à

ensiler (Jänike 2011). Toutefois, Kalzendorf et Thaysen

(2011) recommandent d’éviter des teneurs en MS supé-

rieures à 60 %, afin de garantir un minimum d’activité

fermentaire.

Teneurs et valeurs nutritives dans le fourrage conservé

Après l’entreposage, les deux variantes de haylage (ray-

grass et mélange) enregistraient des teneurs en MS de

respectivement 66,2 et 71,8 %. Pour le ray-grass, ces

valeurs étaient inférieures de 1,0 point par rapport aux

valeurs relevées lors de la mise en conserve. Quant aux

valeurs du mélange relevées à la mise en conserve, elles

étaient inférieures de 4,2 points après l’entreposage. En

ce qui concerne les teneurs en MS du foin, elles étaient

de respectivement 84,5 et 82,8 %. Le foin à base de ray-

grass a donc non seulement continué à sécher pendant

l’entreposage, mais il a séché davantage que le foin du

mélange de graminées, étant donné qu’il était plus sec

de 7,7 points après l’entreposage. Pour le mélange, les

valeurs étaient un peu plus élevées (+ 1,3 points) que lors

de la mise en conserve.Le mode de conservation haylage ou foin a eu une

incidence significative sur les nutriments (tabl. 3). Les

teneurs en matière azotée et en matière azotée diges-

tible étaient en effet plus basses dans le foin que dans

le haylage. Quant à la teneur en fructanes, elle était

plus élevée dans le foin. Le mode de conservation n’a

eu en revanche aucune influence sur la teneur en

sucres. Le fourrage était probablement trop sec pour

permettre une fermentation intensive et une dégra-

dation des sucres.

Comme pour le pressage, des différences significa-

tives ont été relevées entre le ray-grass et le mélange

après l’entreposage au niveau des nutriments, à l’excep-

tion de la teneur en matière grasse. Comparé au mélange

de graminées, le ray-grass a enregistré des teneurs infé-

rieures en cendres brutes, en matière azotée, en cellu-

lose brute et en matière azotée digestible, et des teneurs

Ray-grass MélangeSD

Seuil de signification

Haylage Foin Haylage Foin C1 F2 C*F3

Bactéries, log UFC/g 3,9 5,1 4,4 6,6 0,79 ** n.s n.s.

Moisissures, log UFC/g 3,4 7,0 3,1 6,2 0,94 *** n.s. n.s.

Levures, log UFC/g 1,8 3,8 2,1 4,0 0,49 *** n.s. n.s.

SD: écart type; UFC: unité formant colonie 1décrit le mode de conservation (C) 2décrit le fourrage (F) 3décrit l'interaction entre C et F

Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001

Tableau 4 | Qualité microbiologique des haylages et des foins après l'entreposage (haylage n=4, foin n=2)

Page 17: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale

269Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

lage, qui lui a enregistré des valeurs de 95 g (ray-grass) et

de 61 g (mélange). Selon Warren (2013), les fourbures

sont provoquées par une multitude de facteurs: en plus

des fructanes et de l’amidon, un excès généralisé d’élé-

ments nutritifs peut aussi jouer un rôle important.

Variabilité de la qualité microbiologique

En ce qui concerne la qualité microbiologique, des diffé-

rences significatives entre le haylage et le foin ont été

relevées tant au niveau des bactéries aérobies méso-

philes que des moisissures et des levures (tabl. 4). Le foin

a enregistré dans tous les cas des valeurs sensiblement

plus élevées que le haylage. Quant aux bactéries aéro-

bies mésophiles et aux levures, elles affichaient des

valeurs correspondant, selon les valeurs indicatives

VDLUFA, au degré I, ce qui est considéré comme normal

(VDLUFA 2012). Pour les moisissures, les valeurs étaient

en revanche dix fois plus élevées que les valeurs indica-

tives VDLUFA (degré IV), ce qui signifie que le foin a subi

une altération. La question se pose de savoir quelles

valeurs le foin aurait présenté s’il avait été stocké avec

une teneur en MS suffisamment élevée.

supérieures en sucres et en fructanes de même que

davantage d’énergie digestible cheval.

Si l’on compare les valeurs relevées à la conservation

avec celles relevées après l’entreposage, on constate

que les teneurs en matière azotée, en matière grasse et

en sucres étaient pratiquement semblables. On constate

également une augmentation de la teneur en cendres

brutes tant pour le ray-grass que pour le mélange et une

augmentation de la teneur en cellulose brute unique-

ment pour le ray-grass. Pendant l’entreposage de sept

jours des balles ouvertes, aucune modification significa-

tive des teneurs n’a été relevée.

Discussion controversée concernant les fructanes

Les fructanes sont controversés dans l’alimentation des

chevaux. Selon Kalzendorf et Thaysen (2011), ils ne

devraient pas dépasser 50 g dans la MS, car des teneurs

en fructanes trop élevées peuvent entraîner des four-

bures. Dans le cas présent, les valeurs étaient supérieures

à cette recommandation tant dans le haylage que dans

le foin. Elles atteignaient pour le foin 139 g (ray-grass) et

79 g (mélange) et étaient plus élevées que dans le hay-

Ray-grass MélangeSD

Seuil de signification

Jour 0 Jour 7 Jour 0 Jour 7 F1 J2 F*J3

Bactéries, log UFC/g 3,9 4,6 4,4 5,3 0,73 n.s * n.s

Moisissures, log UFC/g 3,4 3,2 3,1 3,7 0,81 n.s. n.s. n.s.

Levures, log UFC/g 1,8 2,3 2,1 3,6 1,18 n.s. n.s. n.s.

SD: écart type; UFC: unité formant colonie 1décrit le fourrage (F) 2décrit l'influence de l'air sur les conserves (J) 3décrit l'interaction entre F et J

Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001

Tableau 5 | Qualité microbiologique des haylages à l'ouverture des balles et sept jours plus tard (haylage n=4)

Ray-grass MélangeSD

Seuil de signification

Jour 0 Jour 7 Jour 0 Jour 7 F1 J2 F*J3

MS, % 66,2 69,1 71,8 74,9 4,13 * n.s. n.s.

pH 5,6 5,6 5,5 5,6 0,13 n.s. n.s. n.s.

Acide lactique, g/kg MS 2,0 1,9 2,4 2,3 0,61 n.s. n.s. n.s.

Acide acétique, g/kg MS 0,5 0,5 0,7 0,8 0,12 ** n.s. n.s.

Acide propionique, g/kg MS 1,7 2,0 2,7 2,7 0,81 n.s. n.s. n.s.

Ethanol, g/kg MS 18,8 4,1 5,8 1,0 3,47 *** *** *

N-NH3/N total, % 2,8 3,6 2,8 3,0 0,86 n.s. n.s. n.s.

SD: écart type; MS: matière sèche; N-NH3/N total: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total 1décrit le fourrage (F) 2décrit l'influence de l'air sur les conserves (J) 3décrit l'interaction entre F et J

Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001

Tableau 6 | Paramètres fermentaires à l'ouverture des balles et sept jours plus tard (n=4)

Page 18: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

270

Production animale | Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

Dans les deux haylages, les valeurs relatives aux bacté-

ries aérobies mésophiles et aux levures correspondaient

au degré I, selon les valeurs indicatives pour les ensilages

d’herbe. Dans le cas des moisissures, la moitié des valeurs

étaient de degré I (normal) et l’autre moitié de degré II

(légèrement supérieur). Il faut cependant mentionner

que les valeurs indicatives pour les ensilages de degré I

sont nettement plus basses que celles pour le foin de

même degré.

Aucune différence significative en ce qui concerne

ces trois groupes de germes n’a été relevée entre le ray-

grass et le mélange de graminées.

Pendant l’entreposage de sept jours des balles d’hay-

lage ouvertes, on a observé une augmentation unique-

ment des bactéries mésophiles aérobies tant dans le

ray-grass que dans le mélange (tabl. 5). Dans le cas des

moisissures et des levures, il n’y a eu aucune différence

significative, ce qui est probablement dû aux tempéra-

tures extérieures très basses qui ont régné en janvier et

en février.

Faible fermentation dans les deux haylages

Dans les deux haylages – ray-grass et mélange de grami-

nées – seule une faible fermentation a eu lieu et peu

d’acide lactique s’est formé (tabl. 6), ce qui est probable-

ment dû aux teneurs élevées en MS. En conséquence, les

haylages ont enregistré des valeurs pH de respective-

ment 5,5 et 5,6. Des valeurs similaires ont également été

relevées dans un essai de Wyss et al. (2010).

Pour l’acide acétique, des différences significatives

ont été relevées entre le ray-grass et le mélange. Toute-

fois, ces teneurs étaient généralement très basses. De

même, des teneurs faibles en acide propionique ont été

relevées dans les deux haylages. En revanche, aucune

trace d’acide butyrique n’a été détectée dans aucun des

haylages.

Des différences ont été constatées au niveau de la

teneur en éthanol entre les deux types de fourrage.

Dans le ray-grass, davantage d’éthanol s’est formé en

dépit d’une contamination de levures semblable à celle

du mélange de graminées.

La proportion d’azote ammoniacal par rapport à

l’azote total était en général très basse (inférieure à 5 %).

Pendant l’entreposage de sept jours des balles de hay-

lage ouvertes, les acides fermentaires n’ont pas été

dégradés et la valeur pH est restée stable. Seules les

valeurs d’éthanol ont baissé sensiblement. Dans leurs

essais, Wyss et al. (2010) avaient également constaté que,

dans les balles ouvertes, stockées pendant 14 jours, seul

l’éthanol s’était volatilisé après l’ouverture des balles.

C o n c l u s i o n s

•• L’aptitude à la conservation du haylage s’est avérée

bonne tant pour le ray-grass italien que pour le

mélange de graminées avec luzerne.

•• Le ray-grass italien a enregistré des teneurs en sucres

et en fructanes plus élevées que dans le mélange, aussi

bien lors de la mise en conserve qu’après le stockage.

•• Pendant l’entreposage, les fructanes ont été plus

fortement dégradés dans le haylage que dans le foin.

•• La qualité microbiologique était plus mauvaise dans le

foin que dans le haylage, essentiellement parce que le

foin n’était pas assez sec au moment du pressage.

•• Dans cet essai comparatif, les deux haylages ont

enregistré des teneurs en fructanes plus basses et une

meilleure qualité microbiologique que le foin, ce qui

est considéré comme avantageux pour les chevaux. n

Page 19: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

271

Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013

Hay or haylage for horses: a comparison

In horse diets, hay is getting more and more

replaced by haylage. In 2011, hay and haylage

were produced in Avenches VD from an Italian

ryegrass as well as from a mixture, which

contained ten grasses and alfalfa. The conserva-

tion properties, the nutritional values and the

microbiological quality of the feed were evalu-

ated with regard to the feeding of horses. In

comparison to the mixture, the ryegrass showed

lower crude ash, crude protein, crude fiber and

digestible crude protein contents, but higher

sugar and fructan contents and more digestible

energy for horses, which was estimated on the

basis of the nutritional values.

The conservation systems either hay or haylage,

had a significant effect on the crude protein, the

digestible crude protein and fructan contents.

The crude protein and digestible crude protein in

the hay were lower than in the haylage; how-

ever, the fructan contents were higher. There

were considerable differences in the microbio-

logical quality of hay and haylage. The hay was

not dry enough at baling (DM-content < 82 %)

and therefore, the hay had a high mould

infestation after the storage period. In this

comparison, haylage proved to be more advanta-

geous than hay for horses due to lower fructan

contents and the lower mould infestation.

Key words: hay, haylage, fermentation quality,

microbiological quality, nutritional values.

Confronto tra fieno o fieno-silo nel foraggia-

mento dei cavalli

Nella pratica, il fieno silo sta sostituendo sempre

più l’uso del fieno. Ad Avenches sono stati prodotti

nel 2011 fieno e fieno-silo da loglio italico e da una

miscela composta da 10 varietà di graminacee ed

erba medica.Successivamente sono state valutate,

dal profilo del foraggiamento dei cavalli, le

proprietà di conservazioneivalori nutritivi, come

pure la e qualità microbiologica del foraggio.

Il loglio, rispetto alla miscela, presentava tenori in

cenere grezza, proteina grezza, fibra grezza e

proteina grezza digeribile inferiori e dei tenori in

zucchero e fruttooligosaccaridi superiori, oltre a

contenere più nutrienti digeribili per il cavallo

Il tipo di conservazione fieno-silo o fieno risultava

incidere in maniera significativa sul tenore in

proteina grezza, sulla proteina grezza digeribile e

sul tenore in fruttooligosaccaridi. Il tenore in

proteina grezza e in proteina grezza digeribile nel

fieno era inferiore rispetto al fieno-silo. La concen-

trazione di fruttooligosaccaridi, invece, era supe-

riore. Notevoli differenze sono emerse in relazione

alla qualità microbiologica del fieno-silo e del fieno.

Quest'ultimo alla pressatura non era sufficiente-

mente essiccato (SS < 82 %) e di conseguenza

presentava dopo lo stoccaggio un'elevata forma-

zione di muffa. Nel presente confronto, considerato

il tenore in fruttooligosaccaridi più basso e la

minore formazione di muffa, il fieno-silo è stato

valutato più vantaggioso per i cavalli rispetto al

fieno.

Bibliographie ▪ Allen V. G., Batello C., Berretta E. J., Hodgson J., Kothmann M., Li X., McIvor J., Milne J., Morris C., Peeters A. & Sanderson M., 2011. An inter-national terminology for grazing lands and grazing animals. Grass and Forage Science 66, 2–28.

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Page 20: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

272

Serie AlpFUTUR

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

I n t r o d u c t i o n

L’économie alpestre caractérise le paysage rural de la

Suisse dans les régions d’estivage. Cette forme d’agricul-

ture, d’un aspect encore très traditionnel, évoque sou-

vent un mode de vie idyllique et symbolise l’identité

nationale. On lui attribue donc une grande valeur socié-

tale ainsi qu’une importante fonction identitaire pour la

population suisse. En raison de la mutation des struc-

tures agricoles, l’agriculture a partiellement abandonné

la gestion des alpages. Il en résulte un embroussaille-

ment et un reboisement de terres naguère utilisées

comme pâturages alpestres (Baur et al. 2007).

Peu de données existent sur l’impact du changement

de l’économie alpestre et donc de l’évolution du pay-

sage alpin sur le plan socio-culturel. Il est tout de même

admis que l’économie alpestre, ancrée dans la tradition

et caractérisant la singularité des paysages alpins, revêt

une importance particulière tant pour l’identité de la

population des régions de montagne que pour celle de

Xenia Junge1 et Marcel Hunziker1

1Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, 8903 Birmensdorf, Suisse

Renseignements: Xenia Junge, e-mail: [email protected], tél. + 41 44 739 24 84

Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population

S o c i é t é

Série AlpFUTUR

Des touristes sur un alpage dans le Diemtigtal. (Photo: Xenia Junge, WSL)

Page 21: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

273Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société

Rés

um

é

L’économie alpestre caractérise le paysage rural

de la Suisse dans les régions d’estivage. Cette

forme d’agriculture, d’un aspect encore

traditionnel, revêt une grande valeur culturelle

et joue un important rôle identitaire pour la

population suisse.

Les touristes et habitants de la région du

Diemtigtal, l'une des régions d'étude du projet

AlpFUTUR, ont été interrogés, afin d’étudier

quelles fonctions de l’économie alpestre sont

appréciées par les diverses parties prenantes de

la population et dans quelle mesure cette

économie est source d’identification. En outre,

un sondage a été réalisé dans l’ensemble de la

Suisse. Une grande importance est attribuée à

l’entretien du paysage, notamment en vue de

maintenir la diversité des espèces et la valeur

récréative, ainsi qu’aux produits de l’économie

alpestre. Les offres touristiques dans les Alpes

sont un peu moins bien cotées. Les habitants

des régions de montagne s’identifient davan-

tage à l’économie alpestre que les autres

participants à l’enquête et accordent plus

d’importance à toutes ses fonctions.

Cette étude sert de cadre d’action à la mise en

œuvre, dans les régions d’estivage aussi, des

contributions à la qualité du paysage axées sur

les attentes de la société.

la Suisse (p. ex. Schermer et Kirchengast 2006; Schütz

2010). Les coutumes et autres aspects culturels de l’éco-

nomie alpestre sont certes décrits dans la littérature

populaire (Maeder et Kruker 1983; Niederer 1996), mais

leur signification actuelle pour le peuple suisse (p. ex. en

tant que facteur générateur d’identité) est encore peu

connue et n’est pas non plus évoquée dans les articles de

loi sur l’agriculture (art. 104 CF).

On manque aussi de données sur les attentes de la

population en ce qui concerne les prestations d’intérêt

public de l’économie alpestre, comme la sauvegarde du

paysage rural et le maintien de la biodiversité dans les

régions d’estivage. A l’avenir, les paiements directs

indemnisant les prestations d’intérêt public de l’agricul-

ture devront être accordés de façon encore plus consé-

quente et mieux ciblée sur la base des attentes de la

société, dans les régions d’estivage aussi (Lanz et al.

2010).

Dans le sous-projet AlpFUTUR 15 Société1, l’impor-

tance accordée par la population aux diverses fonctions

de l’économie alpestre (p. ex. les fonctions écologique,

économique, culturelle) a donc été étudié; le rôle que

joue cette économie dans la construction de l’identité

du peuple suisse et de la population des régions de mon-

tagne a également été analysé. Il s’agissait en outre

d’établir une distinction entre les points de vue des

diverses parties prenantes (population suisse en général,

touristes, population locale).

M é t h o d e s

Sondage

Pour répondre aux questions énoncées ci-dessus, deux

sondages écrits ont été réalisés dans le Diemtigtal, l’une

des régions d’étude du projet AlpFUTUR, et un autre à

l’échelle nationale. Un questionnaire standardisé a été

utilisé à cet effet. Celui-ci a été complété par des ana-

lyses bibliographiques, des interviews d’experts semi-

structurées ainsi que des interviews qualitatives plus

approfondies avec des représentants des parties pre-

nantes dans le Diemtigtal.

En automne 2010, 117 touristes ont été interrogés

dans divers restaurants (alpins) du Diemtigtal. Puis au

printemps 2011, 920 questionnaires ont été adressés par

la poste à tous les ménages de la commune de Diem-

tigen. Un total de 273 questionnaires remplis ont été

retournés (30% de réponses). Le questionnaire à

l’échelle de la Suisse a été réalisé en ligne à l’automne

2011 et 1526 personnes y ont participé. La moitié d’entre

1Ce projet de recherche a été soutenu financièrement par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

Page 22: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Société | Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population

274 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

elles a été contactée par le panel en ligne de l’Institut de

sondage LINK et l’autre moitié par le Panelbiz, tous deux

représentatifs pour la Suisse. Les variables socio-démo-

graphiques comprenaient l’âge, le sexe, le degré de for-

mation, le domicile et la région linguistique ainsi que le

rapport avec l’agriculture, les alpages et les régions de

montagne.

Dépouillement

Des analyses factorielles ont été réalisées pour découvrir

les liens entre les variables de chaque bloc de questions.

Cette méthode permet de regrouper les variables forte-

ment corrélées sous forme de facteurs (dimension supé-

rieure). Il est ainsi possible de donner une meilleure vue

d’ensemble des liens observés entre les variables. Afin de

comparer les valeurs des moyennes entre les parties pre-

nantes, des analyses de variances ont été effectuées à

l’aide des comparaisons multiples post hoc.

R é s u l t a t s

Fonctions de l’économie alpestre

Presque toutes les fonctions mentionnées dans le ques-

tionnaire sur l’économie alpestre ont été jugées assez

importantes, tant par la population suisse que par les

touristes et la population locale du Diemtigtal. Les habi-

tants et touristes de la vallée accordent plus d’impor-

tance à toutes ces fonctions, ou à presque toutes pour

les touristes, que la population suisse (fig. 1). Dans la

figure 1, chaque fonction a été classée dans les trois

dimensions «production», «sauvegarde du paysage, de

la nature et de la culture» et «tourisme». Ce classement

thématique est étayé par une analyse factorielle qui

n’est pas présentée plus en détail dans cet article (Junge

et Hunziker 2013).

Pour la population suisse, la dimension supérieure

«sauvegarde du paysage, de la nature et de la culture»,

Figure 1 | Fonctions de l’économie alpestre avec la valeur moyenne accordée par la population suisse, les touristes du Diemtigtal et les habi-tants du Diemtigtal. Valeurs de l’échelle: 1 = pas important, 2 = peu important, 3 = assez important, 4 = important. Les différences entre les groupes sont indiquées en gris (*) p < 0,10, * p < 0,05,

** p < 0,01, *** p < 0,001. Les items du questionnaire ont été classés dans des dimensions supérieures (entourées de jaune). La formulation des items est partiellement abrégée

dans la figure. ✝N’a été pris que dans le questionnaire à l’échelle de la Suisse.

CH<H***, T<H**

CH<H***, CH<T***

CH<H***, CH<T**

CH<H***, T<H***

CH<H***, CH<T***, T<H(*)

CH<H***, T<H**

1

2

3"

4

Pâturages supplémentaires pour lesexploitations de plaine

Maintien de l‘économie alpestre en tantque secteur économique

Maintien d‘un paysage ouvert

Maintien et promotion de la diversité des espèces

Protection des territoires urbaniséscontre les dangers naturels

Sauvegarde de l‘économie alpestre entant que bien culturel

Maintien du paysage cultural en tant qu‘espace récréatif

Visite d‘une exploitation alpestre: p. ex.assister à la fabrication du fromage

Aperçu de la vie d‘un exploitantd‘alpage en participant à son travail

Vivre les coutumes lors d‘événements traditionnels

Affectation accessoirement touristiqued‘une exploitation alpestre

Vente directe de produits d‘alpage✝

Garantie de la production denréesalimentaires (périodes de crises)

Fromage fabriqué directement à l‘alpage

Production de lait, fromage et viande

Fabrication de produits sains

Agriculture proche de la nature,peu modernisée

Quelles fonctions de l’économie alpestre sont importantes à votre avis?

Suisse (CH)

Touristes du Diemtgital (T)

Habitants du Diemtigtal (H)

Sauvegarde du paysage,

de la nature et de la culture

Prod

uctio

n

Tourisme

CH<T **, CH<H***, T<H*

CH<H***, T<H**

CH<H***, T<H(*)

CH<H***, CH<T***

CH<H***, T<H*** CH<H***

CH<H***, T<H***

CH<H***, CH<T***

CH<H***, T<H**

CH<H***, CH<T***

CH<H***, CH<T**

CH<H***, T<H***

CH<H***, CH<T***, T<H(*)

CH<H***, T<H**

1

2

3"

4

Pâturages supplémentaires pour lesexploitations de plaine

Maintien de l‘économie alpestre en tantque secteur économique

Maintien d‘un paysage ouvert

Maintien et promotion de la diversité des espèces

Protection des territoires urbaniséscontre les dangers naturels

Sauvegarde de l‘économie alpestre entant que bien culturel

Maintien du paysage cultural en tant qu‘espace récréatif

Visite d‘une exploitation alpestre: p. ex.assister à la fabrication du fromage

Aperçu de la vie d‘un exploitantd‘alpage en participant à son travail

Vivre les coutumes lors d‘événements traditionnels

Affectation accessoirement touristiqued‘une exploitation alpestre

Vente directe de produits d‘alpage✝

Garantie de la production denréesalimentaires (périodes de crises)

Fromage fabriqué directement à l‘alpage

Production de lait, fromage et viande

Fabrication de produits sains

Agriculture proche de la nature,peu modernisée

Quelles fonctions de l’économie alpestre sont importantes à votre avis?

Suisse (CH)

Touristes du Diemtgital (T)

Habitants du Diemtigtal (H)

Sauvegarde du paysage,

de la nature et de la culture

Prod

uctio

n

Tourisme

CH<T **, CH<H***, T<H*

CH<H***, T<H**

CH<H***, T<H(*)

CH<H***, CH<T***

CH<H***, T<H*** CH<H***

CH<H***, T<H***

CH<H***, CH<T***

Page 23: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société

275Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

alliée au maintien de la diversité des espèces, est l’une

des principales fonctions de l’économie alpestre, suivie

par la production agricole. Les offres touristiques ont un

peu moins d’importance. La population du Diemtigtal

apprécie surtout les fonctions économiques, mais aussi

le maintien d’un paysage ouvert et de la diversité des

espèces. Les touristes se situent entre la population

suisse et celle du Diemtigtal; ils estiment cependant que

les offres de tourisme d’alpage sont les moins impor-

tantes, alors qu’ils trouvent primordial de conserver le

paysage rural comme espace récréatif.

Contrairement à la valeur généralement élevée attri-

buée aux fonctions de l’économie alpestre, le contact

avec cette économie joue un rôle relativement mineur

lors d’une visite en montagne: expérience de la nature,

scénarios et diversité des espèces sont plus importants

que les aspects de l’économie alpestre, tant pour la

population en général que pour les touristes (fig. 2).

L’économie alpestre dans son rôle générateur d’identité

L’économie alpestre est un élément marquant de la typi-

cité ou singularité suisse. La population du Diemtigtal,

tout comme celle de la Suisse en général, se rallient lar-

gement à l’affirmation que «l’économie alpestre appar-

tient à la Suisse» et que «les alpages et chalets d’alpage

1 2 3 4

Voir les exploitants d’alpage

Voir des vaches

Acheter des produits d’alpage

Le réseau routier (funiculaires…)

Voir des animaux sauvages

Faire de l’exercice

Etre éloigné de la vie quotidienne

Les prairies et pâturages en fleurs

Le panorama montagnard

La vue

L’expérience de la nature

Qu’est-ce qui est important pour vous lorsque vous allez en montagne?

SuisseTouristes du Diemtigtal

***

**

*

***

*

Figure 2 | Aspects importants pour les personnes interrogées qui se rendent en montagne. La valeur moyenne de la population suisse est en rouge et celle des touristes du Diemtigtal en bleu. Valeurs de l’échelle: 1 = pas important, 2 = peu important, 3 = assez important, 4 = important.

Niveau de signification: *p < 0,05, ** p <0,01, *** p < 0,001

sont typiquement suisses» (valeur moyenne suisse: 4,48

respectivement 4,05, valeur moyenne de la population

du Diemtigtal: 4,88 respectivement 4,68 sur une échelle

de 5 degrés; 1= pas du tout 5= tout à fait; cette question

n’a pas été posée aux touristes du Diemtigtal).

Des analyses factorielles ont aussi été réalisées afin

de déceler les liens entre les variables décrivant les diffé-

rentes fonctions de l’économie alpestre générant une

identité. Les dimensions supérieures suivantes ont été

créées à cet effet: «L’économie alpestre marque l’iden-

tité personnelle» (facteur 1) et «L’économie alpestre

forge la singularité de la Suisse et un sentiment d’iden-

tité nationale collective» (facteur 2) (tabl. 1).

Les habitants du Diemtigtal accordent une plus

grande importance que la population suisse aux dimen-

sions «L’économie alpestre marque notre identité per-

sonnelle» et «L’économie alpestre forge la singularité de

la Suisse» (fig. 3). D’après un indice donnant une valeur

moyenne par facteur de toutes les variables avec une

saturation factorielle de plus de 0,5 (tabl. 1), la popula-

tion suisse en général ne s’identifie que moyennement à

l’économie alpestre sur le plan personnel, mais elle tend

à approuver que cette économie forge la singularité de

la Suisse (fig. 3). Dans l’ensemble de la population égale-

ment, un sentiment d’identité nationale collective est

Page 24: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Société | Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population

276 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

révélé par la saturation factorielle pour «sentiment

patriotique» et «fierté de l’économie alpestre» dans la

dimension «singularité» (tabl. 1).

D i s c u s s i o n

Pour la population, les principales fonctions de l’écono-

mie alpestre sont le maintien de la diversité des espèces

et d’un paysage favorable aux activités récréatives,

ainsi que la fabrication des produits d’alpage. Cette

option se recoupe avec ses attentes et ses préférences

envers l’agriculture dans son ensemble. L’écologie, les

espaces récréatifs et la production de denrées alimen-

taires ont une grande valeur pour la population (Huber

et al. 2007); celle-ci préfère aussi les paysages agricoles

riches en espèces plutôt que le contraire (Junge et al.

2011). En ce qui concerne la production examinée dans

cette étude, les produits (sains) de haute qualité et les

méthodes de production spécifiques des alpages,

comme les fromages produits sur place, sont appréciés.

Böni et Seidl (2012) relèvent aussi l’attrait pour ces pro-

duits, notamment le fromage d’alpage, ainsi que la

valeur particulière attribuée aux précieux composants

et aux méthodes de production (travail manuel, carac-

tère naturel).

Les aspects culturels et sociaux de l’économie alpestre,

comme les offres touristiques ou les manifestations tra-

ditionnelles, sont un peu moins bien placés dans cette

étude. Les offres de tourisme d’alpage ne sont cepen-

dant pas considérées comme pas importantes, mais

elles sont classées comme étant moins importantes que

les fonctions classiques de l’économie alpestre (produc-

tion et entretien du paysage), notamment par les tou-

ristes du Diemtigtal. Les offres touristiques gagnent

toutefois en importance en tant que pilier de l’écono-

mie alpestre. Le tourisme d’alpage est de plus en plus

demandé d’après les consommateurs interrogés par

Böni et Seidl (2012), mais ce tourisme devrait être

simple et authentique. Du point de vue touristique tou-

tefois, les résultats de notre étude semblent montrer

que le paysage alpin est plus important: pour les tou-

ristes qui se rendent en montagne, l’expérience de la

nature et du paysage est davantage appréciée que le

contact avec l’économie alpestre, dont l’une des fonc-

tions principales est de maintenir un paysage rural en

tant qu’espace récréatif.

La population du Diemtigtal accorde plus de valeur

non seulement aux fonctions de production, mais aussi

aux fonctions touristiques – probablement aussi au

point de vue économique. Kianicka et al. (2006)

constatent également que les aspects de l’économie

locale sont davantage appréciés par les gens de la

région que par ceux de l’extérieur. Pour de nombreux

habitants des régions de montagne, l’économie

alpestre est une part de leurs bases existentielles – soit

directement pour l’exploitant soit indirectement en

tant que branche de l’exploitation liée à d’autres

branches similaires. Pourtant, outre la production, la

multifonctionnalité de l’économie alpestre est plus

importante pour la population du Diemtigtal que pour

les Suisses et les touristes: en effet, cette dernière place

au plus haut degré le maintien d’un paysage ouvert, en

particulier celui de la diversité des espèces. La valeur

écologique et esthétique des alpages riches en espèces

est ancrée dans l’esprit de la population locale; elle est

considérée comme un «produit» de l’économie alpestre

dont on est fier – c’est ce qui ressort des interviews qua-

litatives réalisées avec les représentants locaux au cours

des interrogations préalables.

Les valeurs accordées par les touristes se situent

généralement entre celles de la population locale et de

la population suisse, mais elles se recoupent parfois avec

l’une ou l’autre. En se rendant dans une région alpine,

les touristes créent une relation personnelle avec ces

lieux et donc aussi avec le paysage alpin et l’économie

alpestre. Dès lors, leur point de vue se rapproche de

celui de la population locale; toutefois, des intérêts tou-

1 2 3 4 5

Singularité de la Suisse

Identité personnelle

Suisse Habitants du Diemtigtal

***

***

Figure 3 | Indice pour la notation moyenne des dimensions «L’éco-nomie alpestre renforce l’identité personnelle» et «L’économie al-pestre forge la singularité de la Suisse». Les valeurs moyennes ont été calculées pour les variables avec une saturation factorielle su-périeure à 0,5. Valeurs de l’échelle: 1 = ne correspond pas du tout à mon point vue, 2 = plutôt pas,

3 = ni oui ni non, 4 = plutôt, 5 = tout à fait.

Niveau de signification: *** p < 0,001

Page 25: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société

277Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

à leur lieu et leurs intérêts économiques, les habitants

des régions de montagne ont un lien beaucoup plus

étroit et un sentiment d’appartenance plus fort avec

l’économie alpestre. Ce sentiment joue un rôle essen-

tiel lors de la construction et de la consolidation de

l’identité personnelle et locale (Twigger-Ross et Uzzell

1996; Kianicka et al. 2006).

C o n c l u s i o n s

Au terme de la phase de développement de la politique

agricole prévue pour 2014, les paiements directs seront

ciblés de façon encore plus conséquente sur les besoins

de la société. Selon les résultats de cette étude, les contri-

butions à la qualité du paysage et à la biodiversité seront

axées sur les besoins actuels de la société dans les régions

d’estivage également.

ristiques ainsi qu’une certaine distance subsistant entre

les touristes et la région, peuvent aussi les conduire à

penser comme l’ensemble de la population suisse (Kia-

nicka et al. 2004).

L’identification à l’économie alpestre sur le plan

personnel semble jouer un rôle secondaire pour la

population en général, mais l’économie alpestre éveille

un sentiment d’identité nationale. En tant que bien

culturel et forme d’économie souvent très tradition-

nelle et d’apparence originelle, l’économie alpestre

peut représenter un symbole patriotique lorsqu’elle est

considérée comme un élément forgeant l’identité

locale ou aussi nationale (Kianicka et al. 2006, Scher-

mer et Kirchengast 2006; Kirchengast 2008; Walter

2009; Schütz 2010). D’après cette étude, la population

locale s’identifie nettement mieux avec l’économie

alpestre que la population suisse. De par l’attachement

Fonction génératrice d’identification à l’économie alpestre Facteur 1

«identité personn.»Facteur 2

«singularité suisse»

L’économie alpestre caractérise ma conception de vie 0,832

L’économie alpestre est très importante pour moi 0,796 0,324

L’économie alpestre forge ma personnalité 0,796

Je ressens un profond sentiment d’appartenance à l’économie alpestre 0,748 0,356

Si l’économie alpestre devait être abandonnée, une part importante de moi-même disparaîtrait 0,737

L’économie alpestre me fascine 0,605 0,441

Je suis attaché à l’économie alpestre depuis mes séjours à l’alpage dans mon enfance 0,592 0,339

Si l’économie alpestre devait être abandonnée, cela m’inquiéterait sérieusement 0,577

Les alpages et les chalets d’alpage sont typiquement suisses 0,813

L’économie alpestre appartient à la Suisse 0,794

La vue des pâturages d’alpage éveille en moi un sentiment patriotique1 0,451 0,669

L’économie alpestre renforce mon sentiment patriotique 0,547 0,654

Je suis fier de l’économie alpestre suisse / dans le Diemtigtal 0,476 0,579

Valeur propre 4,84 3,15

Variance (%) 37,3 24,2

1N’a été utilisé que pour l’indice «Singularité».

Tableau 1 | Coefficients de corrélation pour le rapport entre les aspects reflétant une fonction génératrice d’identification à l’économie al-pestre et deux facteurs extrapolés d’une analyse factorielle. Plus la corrélation des variables avec les facteurs est forte (saturation facto-rielle), plus elle contribue à expliquer le facteur. Seules les corrélations dépassant l’indice 0,3 sont représentées. Variance globale expli-quée = 61,5 %; méthode de rotation: Varimax.

Page 26: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

278 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

Société | Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population

Le paysage des régions d’estivage a une plus grande

valeur que les offres de tourisme d’alpage pour la popu-

lation suisse. Cette dernière ne s’identifie guère non plus,

sur le plan personnel, à l’économie alpestre qui caracté-

rise pourtant la singularité de la Suisse et anime un sen-

timent d’identité nationale collective. La «suissitude» de

l’économie alpestre, tout comme l’importance assez éle-

vée accordée à toutes les fonctions économiques des

alpages, signifie qu’on attribue à cette économie une

valeur idéologique forgée par des images, des symboles

et des objets publicitaires suggérant le «paradis de nos

ancêtres» (Kirchengast 2008; Schütz 2010). Cela pourrait

être une autre raison expliquant pourquoi les offres de

tourisme d’alpage qui ne correspondent pas à l’image

typique d’une agriculture purement traditionnelle sont

moins bien cotées. Il serait donc important pour ce tou-

risme de sauvegarder le caractère authentique de l’éco-

nomie alpestre, tel que le public suisse le demande.

La haute estime portée à la production économique de

ces régions montre que les produits d’alpage ont un

potentiel de création de valeur qui pourrait gagner en

importance à l’avenir. Cette tendance se constate aussi

dans l’étude sur les produits d’alpage (Böni et Seidl

2012). Grâce à leur valeur ajoutée, les exploitations d’al-

page pourraient contribuer au développement régional.

n

www.alpfutur.ch

Sondage sur un alpage dans le Diemtigtal. (Photo: Xenia Junge, WSL)

Page 27: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

279Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013

Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Bibliographie ▪ Aigner, S. & Egger, G., 2010. Tourismus – ein wirtschaftliches Standbein für die Almwirtschaft in Österreich. Jahrbuch des Vereins zum Schutz der Bergwelt (München), 74./75. Jahrgang. 17–28.

▪ Baur P., Müller P. & Herzog F., 2007. Alpweiden im Wandel. Agrarfor-schung 14 (6), 254–259.

▪ Böni R. & Seidl I., 2012: Alpprodukte und Alpdienstleistungen: Ergebnis-se einer Nachfrageerhebung bei Konsumenten und einer Befragung von Käsehändlern. Bericht aus dem AlpFUTUR Teilprojekt 10 «Alpprodukte – Untersuchung bestehender Märkte und Identifikation von Innovationen und ihrer Potenziale» WSL, Birmensdorf. 61 p.

▪ Huber R., Haller Th., Weber M. & Lehmann B., 2007. Land(wirt)schaft 2020: Was erwartet die Gesellschaft? Agrarforschung 14 (9), 406–411.

▪ Junge X. & Hunziker M.,2013. Gesellschaftliche Ansprüche an die Alp-wirtschaft und Alplandschaft. Schlussbericht des AlpFUTUR-Teilprojektes 15 «Gesellschaft». Institut fédéral de recherches WSL, Birmensdorf.2

▪ Junge X., Lindemann-Matthies P., Hunziker M. & Schüpbach B., 2011. Aesthetic preferences of non-farmers and farmers for different land-use types and proportions of ecological compensation areas in the Swiss lowlands. Biological Conservation 144, 1430–1440.

▪ Kianicka S., Gehring K., Buchecker M. & Hunziker M., 2004. Wie authen-tisch ist die Schweizer Alpenlandschaft für uns? Bündner Monatsblatt 2004 (2), 196-210.

▪ Kianicka S., Buchecker M., Hunziker M. & Müller-Böker U., 2006 Locals’ and Tourists’ Sense of Place. Mountain Research and Development 26 (1), 55–63.

▪ Kirchengast C., 2008. Über Almen – zwischen Agrikultur und Trashkultur. Innsbruck University Press, Innsbruck, 138 p.

▪ Lanz S., Barth L., Hofer C. & Vogel S., 2010. Développement du système des paiements directs, Recherche Agronomique Suisse 1 (1), 10-17.

▪ Maeder H. & Kruker R., 1983. Hirten und Herden. Walter-Verlag, Olten. 211 p.

▪ Niederer A., 1993. Alpine Alltagskultur zwischen Beharrung und Wandel. Haupt (éd.), Berne. 518 p.

▪ Schermer M. & Kirchengast C., 2006. Perspektiven für die Berglandwirt-schaft. In: alpine space – man & environment, vol. 1: Die Alpen im Jahr 2020 (Eds. R. Psenner, R. Lackner). Innsbruck University Press, Innsbruck. 41–55.

▪ Schütz M., 2010. Die Alp als Ort der Gegenkultur. Lizentiatsarbeit, Universität Basel. 129 p.

▪ Twigger-Ross C. L. & Uzzel D. L., 1996. Place and identity processes. Journal of Environmental Psychology 16, 205–220.

▪ Walter F., 2009. Die Alpen und die schweizerische Identität (Kap. 5.2). In: Alpen (éd. J.-F. Bergier). Dictionnaire historique de la Suisse. Accès: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D8569.php [18.3.2013]

2Cette publication est disponible sous www.alpfutur.ch/publikationen.

Functions of alpine farming from the perspec-

tive of the Swiss public

Alpine summer farming shapes the cultural

landscape in the Alps. Since this form of

agriculture still has a very traditional appear-

ance, a high cultural value and identity-

forming aspects are attributed to alpine

farming. To investigate which functions of

alpine farming are valued by different

stakeholders and to what extent alpine

farming is identity-forming, questionnaire

surveys with tourists as well as residents of

the AlpFUTUR case-study area Diemtigtal and

a Swiss-wide online-survey have been

conducted. The production function of alpine

farming as well as landscape management,

especially for the conservation of species

diversity and for recreation, received high

importance ratings, whereas alp-touristic

offers are slightly less important. Mountain

residents put more importance on all func-

tions of alpine farming and identify them-

selves more strongly with alpine farming.

This study offers a basis for society-oriented

landscape quality payments, which will be

introduced in the alpine pasturing area as

well.

Key words: multifunctionality of alpine

summer farming, society, public goods, Swiss

identity, cultural landscape.

Le funzioni dell'economia alpestre dal punto

di vista della popolazioneIl paesaggio antropico delle zone di

estivazione alpine è caratterizzato dall’eco-

nomia alpestre. Essendo una forma d’eco-

nomia tradizionale, gran parte della

popolazione svizzera ne attribuisce un

alto valore culturale e una forte capacità

d’identificazione.

Per poter esaminare quali funzioni dell’eco-

nomia alpestre sono apprezzate da diversi

gruppi d’interesse nella popolazione e in che

misura essa favorisce l’identità si è condotta

un’inchiesta, rappresentativa presso turisti

e popolazione residente nella regione di

studio «Diemtigtal» del progetto AlpFUTUR.

Lo studio ha evidenziato la maggiore

importanza attribuita ai prodotti alpestri

e alla funzione di tutela del paesaggio, in

particolare per la conservazione della

biodiversità e per scopi ricreativi, mentre

risulta meno importante l’aspetto

agrituristico.I risultati dell’inchiesta dimo-

strano anche che i residenti della zona di

montagna danno più importanza a tutte le

funzioni e si identificano maggiormente con

l’economia alpestre. Questo studio fornisce

una base conoscitiva per la prevista introdu-

zione di contributi per la qualità del paesag-

gio nelle zone di estivazione.

Page 28: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Bildlegende

280 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

E n v i r o n n e m e n t

I n t r o d u c t i o n

Le changement structurel dans l’agriculture de montagne

au cours des dernières décennies a entraîné l’abandon des

terrains agricoles et permet à la forêt de gagner du terrain.

En Suisse, entre 1880 et 2000, la surface occupée par la

forêt a augmenté de 21 % ou de 1940 km² (Ginzler et al.

2011). Le retour des terres en friche et le reboisement sont

des phénomènes qui concernent l’ensemble des Alpes.

Une analyse de l’évolution du paysage dans les Alpes au

cours des 150 dernières années montre toutefois d’impor-

tantes différences entre les Etats qui forment l’arc alpin en

ce qui concerne le pourcentage des terres en friche. La

part des terres en friche représente 20 et 70 % des surfaces

utilisées par l’agriculture (Tasser 2007; Zimmermann et al.

2010). Dans de nombreux cas, laisser les terres en friche

conduit à l’avancée de la forêt avec toutes les consé-

quences négatives que cela implique: acidification des sols

et diminution de la diversité des espèces (Tasser et Tappei-

ner 2007). Sur la base de scénarios, on a simulé à petite

échelle l’évolution du paysage dans la vallée de Stubai

(Tappeiner et al. 2006) et dans la région de Davos (Gret-

Regamey et al. 2008) à l’avenir. Rutherford et al. (2008)

ont établi des modèles représentant les changements pro-

bables de l’utilisation des terres dans les Alpes suisses. La

probabilité de reboisement en est un des aspects.

Le sous-projet d’AlpFUTUR «Biodiversité et paysage»

repose sur ce modèle qui se réfère à l’ensemble de la

Suisse et simule le reboisement potentiel dans le Jura et

les Alpes jusqu’en 2021. Le présent article étudie les

répercussions possibles de ce reboisement sur les espèces

cibles et caractéristiques de l’agriculture.

Beatrice Schüpbach, Thomas Walter, Gabriela Hofer et Felix Herzog

Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse

Renseignements: Beatrice Schüpbach, e-mail: [email protected], tél. +41 377 73 28

Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage

Série AlpFUTUR

Figure 1 | Reboisement dans le Val Cama. (Photo ART)

Page 29: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

281Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement

Rés

um

é

Dans le cadre du projet intégré AlpFUTUR, nous

avons étudié l’influence du reboisement sur la

diversité des espèces dans la région d’estivage.

Une évaluation des espèces cibles et caractéris-

tiques des objectifs environnementaux pour

l’agriculture (espèces OEA) dans la région

d’estivage montre que toutes les régions du Jura

et des Alpes sont aussi importantes les unes que

les autres pour la préservation des espèces OEA.

Le reboisement a été simulé jusqu’en 2021 à partir

d’un modèle représentant les probabilités de

changement du mode d’utilisation des terres.

Dans les «Alpes centrales septentrionales», au

Tessin et dans certaines parties des Grisons, le

pourcentage de reboisement va jusqu’à 50 %.

Pour le maintien des espèces OEA, il est capital de

déterminer au niveau local quelles sont les

surfaces riches en espèces qui risquent d’être

laissées à l’abandon et sont menacées par le

reboisement afin de garantir que ces surfaces

restent ouvertes par un concept d’exploitation

adapté. Dans le Jura et dans les «Alpes septentri-

onales occidentales», la simulation indique un

pourcentage de reboisement ne dépassant pas

1 à 5 %. Il s’agit ici de garantir une exploitation

extensive sur les surfaces de haute diversité

biologique, car l’intensification représente une

menace pour les espèces OEA au même titre que

la cessation d’exploitation et le reboisement.

B a s e s d e d o n n é e s e t m é t h o d e s

Unités de référence

La présence d’espèces OEA tout comme l’avancée de la

forêt sont des phénomènes qui se manifestent de

manière très hétérogène dans l’espace alpin. Par consé-

quent, il est nécessaire de délimiter des unités de réfé-

rence. Les auteurs du projet «Opérationnalisation des

objectifs environnementaux pour l’agriculture» (Walter

et al. 2013) ont délimité des subrégions sur la base de

types de paysages, de niveaux d’altitude, de conditions

climatiques et de la présence potentielle des espèces. Ces

subrégions ont servi à évaluer l’importance des espèces

dans la région d’estivage. La délimitation des subrégions

est illustrée dans la figure 2. L’évaluation du reboise-

ment simulé a montré que cette délimitation ne reflétait

pas l’hétérogénéité du phénomène. Le problème était

notamment posé par les subrégions constituées de plu-

sieurs polygones séparés spatialement, ce qui dans cer-

tains cas faussait la moyenne de reboisement de la

subrégion. C’est pourquoi les subrégions ont été sépa-

rées en polygones qui ont ensuite été utilisés comme

unités de référence. Pour interpréter les résultats de

reboisement, les polygones des subrégions qui étaient

voisins et qui présentaient une tendance de reboisement

similaire ont été regroupés dans un deuxième temps

(Schüpbach et al. 2012). La figure 3 montre comment

sont délimités les polygones des subrégions après le

Figure 2 | Délimitation des unités de référence pour l’évaluation des espèces OEA: subrégions originales. La numérotation des subrégions (SR) correspond à celle du tableau 2.

Légende

SR 1.8SR 2.1SR 2.2

SR 2.3SR 2.4SR 2.5

SR 2.6SR 2.7SR 3.1

SR 3.2SR 3.3SR 3.4

SR 4.1SR 4.2SR 5.3

Autres subrégions

Régions entre 1000 et 2000 m d’altitude

0 25 50 100 km

Page 30: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Environnement | Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage

282 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

regroupement. Dans la suite de l’article, nous parlerons

de «polygones regroupés». Afin d’évaluer l’impact du

reboisement sur les espèces OEA, les régions de distribu-

tion potentielles simulées des espèces OEA devraient en

fait être superposées au reboisement de manière à éva-

luer quel pourcentage des espèces potentiellement pré-

sentes dans les subrégions sont touchées par le reboise-

ment. La simulation de l’aire de distribution potentielle

des espèces OEA ne permet pas de le faire (Schüpbach et

al. 2012), car elle se base uniquement sur des relevés

effectués après 1990. Les régions pour lesquelles on ne

dispose pas de données ou pas assez pour cette période

seraient sous-estimées.

Espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture

Pour l’opérationnalisation des «objectifs environnemen-

taux pour l’agriculture» (OFEV et OFAG 2008; Walter et

al. 2013), l’aire de distribution de quinze groupes d’es-

pèces a été simulée. Les besoins écologiques et la res-

ponsabilité de la subrégion envers chaque espèce ont

été enregistrés dans une base de données. La «responsa-

bilité de la subrégion» pour une espèce OEA signifie que

l’aire de distribution potentielle de l’espèce OEA repré-

sente plus de 10 % de la subrégion ou que l'aire de dis-

tribution potentielle dans la subrégion est supérieure à

5 % de l'aire de distribution potentielle à l'échelle natio-

nale. (Walter et al. 2013). Sur les quinze groupes d’es-

pèces, la présente étude prend en compte les six groupes

présentant la plus haute diversité biologique dans la

région d'estivage: les plantes vasculaires, les lichens, les

mousses, les champignons, les papillons et les sauterelles

(Schüpbach et al. 2012; Walter et al. 2013).

La base de données a permis de sélectionner toutes

les espèces ayant une distribution montagnarde et

subalpine (potentiel total) ainsi que le nombre d’espèces

avec distribution montagnarde et subalpine, envers les-

quelles la région a une responsabilité particulière. La

restriction à la zone montagnarde et subalpine a permis

de s’assurer que les espèces OEA prises en compte soient

présentes dans la région d’estivage. Ces évaluations ont

permis de savoir si les subrégions étaient toutes aussi

importantes les unes que les autres en termes de poten-

tiel total et de responsabilité dans la région d’estivage

ou s’il y avait de grandes différences entre les régions.

Simulation du reboisement

Le projet WaSAlp (Baur 2004) a établi un modèle détaillé

des changements probables d’utilisation des terres

(intensification ou extensification). Il se base sur les

changements observés entre la statistique de la superfi-

Figure 3 | Délimitation des unités de référence pour l’évaluation du reboisement: polygones de subrégions regroupés. La désignation des polygones regroupés correspond à celles des figures 4 et 5.

LégendePolygones des sub-régions regroupés:

Hautes Alpes

Zones d’altitude du Jura plissé

Alpes grisonnes septentrionales

Alpes centrales septentrionales

Alpes grisonnes méridionales

Sud du Tessin

Fonds des vallées valaisannes

Alpes tessinoises 0 25 50 100 km

Valais

Alpes septentrionales occidentales

Bordure des Alpes occidentales

et vallées alpines

Bordure des Alpes centrales et vallées alpines

Alpes septentrionales orientales

Alpes septentrionales orientales et vallées alpines

Autres régions

Page 31: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement

283Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

ont une responsabilité particulière envers près de la moi-

tié de ces espèces (244 à 672 espèces). La répartition de

la taille des subrégions, du pourcentage de région d’esti-

vage qu’elles représentent et du nombre d’espèces

qu’elles abritent montre qu’il est difficile de classer les

régions par ordre de priorité en fonction des espèces. Les

grandes subrégions ne contiennent pas forcément plus

d’espèces que les petites subrégions. Un potentiel total

supérieur à celui d’une autre subrégion ne signifie pas

obligatoirement que le nombre d’espèces envers les-

quelles la subrégion a une responsabilité particulière est

lui aussi plus élevé et inversement. Toutes les régions

sont aussi importantes les unes que les autres pour la

préservation des espèces OEA.

Si l’on considère que les espèces OEA sont réparties

de manière plus ou moins homogène entre les subré-

gions qui les abritent, le pourcentage de reboisement est

un indicateur direct du danger que représente l’avancée

de la forêt pour les espèces OEA. Toutefois, il existe aussi

de nombreuses espèces OEA dont la distribution est

ponctuelle. Le chapitre suivant décrit la distribution du

reboisement et son impact sur les espèces OEA.

Simulation du reboisement

Les évaluations du reboisement simulé avec la statistique

de la superficie 2004/09 ont montré que le reboisement

selon le modèle (taux de variation originaux) à une alti-

tude comprise entre 1000 et 2000 m, c’est-à-dire à l’alti-

tude à laquelle la forêt risque de gagner du terrain dans

les estives, avait tendance à être surestimé. C’est surtout

le cas de la surface occupée par les «broussailles» dans le

modèle (Schüpbach et al. 2012).

La figure 4 indique les pourcentages de reboisement

selon le modèle jusqu’en 2021 (taux de variation

doubles) dans les «polygones regroupés». Le «reboise-

ment total» (en haut à gauche) est dominé par la «forêt

fermée» (en haut à droite). Cette dernière est présente

dans l’ensemble de l’espace alpin et également dans le

Jura. Toutefois, les pourcentages sont généralement

plus élevés dans la partie méridionale et orientale des

Alpes que dans la partie septentrionale occidentale ou

cie 1979/85 et celle de 1992/97 ainsi que sur les données

relatives aux propriétés du sol, au climat, au relief et aux

distances par rapport aux routes et aux agglomérations

(Rutherford et al. 2008). La présente étude a repris les

éléments qui décrivent l’avancée de la forêt (change-

ment de l’utilisation des terres de «prairie extensive» ou

«intensive» à «broussailles», «forêt ouverte» ou «forêt

fermée») et les a compilés pour obtenir un jeu de don-

nées. Pour chacune des catégories de reboisement

«broussailles», «forêt ouverte» ou «forêt fermée»), ce

jeu de données identifie les cases du quadrillage présen-

tant la plus grande probabilité de changement d’exploi-

tation des terres selon le modèle initial de Rutherford et

al. (2008). Ces cases ont été extraites selon les taux de

variation des différentes catégories d’utilisation des

terres (tabl. 1). Le jeu de données obtenu décrit la proba-

bilité de reboisement jusqu’en 2009. La qualité de ces

données a été contrôlée à l’aide des données de la statis-

tique de la superficie 2004/09 disponibles jusqu’en

automne 2012.

Par la suite, compte tenu des doubles taux de varia-

tion (tabl. 1), un modèle de reboisement a été établi

pour l’année 2021. Ce modèle a permis de calculer la

part de reboisement dans les polygones de la région

d’estivage (entre 1000 et 2000 m d’altitude) ainsi qu’une

série chronologique du développement des surfaces

d’estivage. Pour ce faire, le reboisement simulé a été

superposé aux polygones des subrégions décrits plus

haut et au modèle numérique de terrain (DHM²5 ©Direc-

tion fédérale des mensurations cadastrales, DV002207.1).

Ensuite, le pourcentage de reboisement de chaque poly-

gone a été calculé.

R é s u l t a t s

Espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture

Le tableau 2 indique qu’un grand nombre de subrégions

présente une part considérable de zones d’estivage; en

outre, celles-ci constituent toutes un milieu naturel pour

de nombreuses espèces OEA (potentiel total compris

entre 642 et 1028 espèces). Les subrégions concernées

Changement en:«Broussailles» [%] «Forêt ouverte» [%] «Forêt fermée» [%]

Utilisation initiale

Prairie intensive 0,11 0,25 0,13

Prairie extensive 1,60 0,63 0,27

Broussailles 3,9 8,70

Forêt ouverte 7,60

Tableau 1 | Taux de variation des différentes catégories d’utilisation des terres entre les statistiques de la superficie 1979/85 et 1992/97 utilisées comme base pour la simulation du reboisement.

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Environnement | Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage

284 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

dans le Jura. C’est dans les «Alpes centrales septentrio-

nales», dans les «Alpes tessinoises», en Haute-Engadine,

dans le Bergell, le Val Poschiavo et dans certaines parties

des «Alpes grisonnes septentrionales» («polygones

regroupés»; fig. 3) que le reboisement est le plus mar-

qué; dans un cas extrême, il touche plus de 50 % de la

superficie (il faut cependant signaler que c’est le cas

d’un petit polygone). La répartition en «broussailles»,

«forêt ouverte» et «forêt fermée» donne des informa-

tions supplémentaires pour la protection des espèces.

Tandis que la «forêt fermée» ne constitue pas un milieu

naturel adapté aux espèces OEA typiques des herbages

ouverts, ce n’est pas forcément le cas des «broussailles»

et de la «forêt ouverte». Deux études montrent que la

diversité des espèces peut même être plus élevée avec

un pourcentage moyen de broussailles que sans brous-

sailles du tout (Koch et al. 2012; Walter et al. 2007). Cela

signifie toutefois que la progression des broussailles

doit être contrôlée. Selon le modèle, les broussailles se

développent notamment dans les «Alpes centrales sep-

Grande région OEA Subrégion OEA (SR)

Potentiel région mon-

tagne ou sub-alpine [nomb-re d’espèces]

Nombre d’espèces en-vers lesquelles la région (montagne ou subalpine)

a une responsabilité particulière

Surface totale de la région

[km2]

Pourcentage de région

d’estivage selon le plan

des zones agricoles [%]

Plateau, basse altitude du Jura, plaines du versant nord des Alpes

Chablais (SR 1.8) 763 394 142 1

AlpesPaysages de montagne du versant nord des

Alpes (zones des Klippes) et zones de moyenne altitude du nord des Alpes (SR 2.1)

980 491 4121 80

AlpesZones de haute altitude du nord des Alpes, Faulhorn, Titlis, Clariden, Kärpf, Tödi, Pi-zol, Alpes grisonnes médianes (SR 2.2)

770 304 3167 96

AlpesZones de haute altitude des Alpes centrales, ouest et nord des Alpes valaisannes (SR 2.3)

962 350 3328 97

AlpesZones de haute altitude des Alpes engadi-

noises (SR 2.4)642 268 2119 93

AlpesBasse-Engadine, Val Müstair

(SR 2.5)694 424 928 84

AlpesBergell, Val Poschiavo, zones de moyenne

altitude des Alpes tessinoises (SR 2.6)863 405 1826 74

Alpes Sud-est des Alpes valaisannes (SR 2.7) 761 244 1265 99

Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes

Région des collines molassiques, vallées du nord des Alpes (SR 3.1)

974 399 3806 13

Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes

Fonds des vallées du Rhin antérieur et pos-térieur et de la Landquart (SR 3.2)

813 445 811 13

Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes

Région de montagne molassique, Rigi, lac de Sihl, Speer, Hochalp (SR 3.3)

659 271 682 48

Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes

Zones de haute altitude du Jura plissé (SR 3.4) 811 468 1127 44

Basse altitude du Valais Fonds des vallées valaisannes (SR 4.1) 1022 672 843 4

Basse altitude du Valais Versants des vallées valaisannes (SR 4.2) 1028 589 1230 61

Alpes Sud du Tessin (SR 5.3) 674 459 268 1

Tableau 2 | Subrégions dans les zones de haute altitude des Alpes et du Jura avec leur potentiel total d’espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture (OEA), leur responsabilité envers ces espèces ainsi que la part représentée par région d’estivage dans la surface totale de la subrégion. Groupes d’espèces pris en compte: plantes vasculaires, lichens, mousses, champignons, papillons diurnes, sauterelles. Les noms et les numéros des subrégions correspondent à ceux de Walter et al. (2013).

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Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement

285Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

déjà inférieur au pourcentage pronostiqué pour 2021.

Ici, le modèle a sous-estimé l’avancée de la forêt au

détriment des pâturages d’estivage.

D i s c u s s i o n

Le choix des unités de référence est déterminant pour trai-

ter la question. Le reboisement est un phénomène hétéro-

gène. Par conséquent, l’unité de référence utilisée pour

son évaluation ne doit pas être trop grande et ne devrait

pas non plus s’étendre sur plusieurs polygones, séparés

dans l’espace. Les unités de référence des espèces OEA en

revanche doivent refléter la distribution et les besoins éco-

logiques des espèces. Enfin, la délimitation à la zone d’alti-

tude comprise entre 1000 et 2000 m représente une autre

restriction. La dernière évaluation de l’Office fédéral de la

statistique montre que la progression la plus importante

de la forêt entre 1992/97 et 2004/09 s’est produite à une

attitude comprise entre 2200 et 2400 m (OFS 2012). Cela

explique aussi pourquoi dans certaines régions, les sur-

faces d’estivage étaient déjà plus touchées par le reboise-

ment en 2004/09 que ne le prévoyait le modèle.

C o n c l u s i o n s

Les résultats montrent que la forêt va gagner du terrain

d’ici en 2021, dans le Jura comme dans l’ensemble de

tentrionales», dans les «Alpes tessinoises» et dans cer-

taines parties des «Alpes grisonnes septentrionales»,

avec des pourcentages compris entre 1 et 5 %, pouvant

atteindre 10 % dans les cas extrêmes. La «forêt ouverte»

se concentre sur les «Alpes tessinoises», le Bergell et la

Haute-Engadine, ainsi que sur certains secteurs des

«Alpes grisonnes septentrionales» (pourcentages allant

de 1 à 5 %). Là aussi, un développement contrôlé de la

«forêt ouverte» peut peut-être permettre de préserver

une part des espèces OEA.

La figure 5 montre l’évolution des pâturages d’esti-

vage entre 1979/85 et 2004/09 ainsi que les pronostics

pour 2021 exprimés en pourcentages de la surface des

pâturages d’estivage selon la statistique de la superficie

1979/85. Les résultats classés par «polygones regroupés»

(fig. 3) donnent de nouveau un tableau géographique-

ment très hétérogène. Dans certains cas, le pourcentage

par rapport à la surface de 1979/85 diminue en continu,

comme prévu. Dans d’autres cas («Zones d’altitude du

Jura plissé», «Bordure des Alpes centrales et vallées

alpines» ou «Bordure des Alpes occidentales et vallées

alpines») il augmente à nouveau entre 1992/97 et

2004/09. Dans les «Alpes septentrionales occidentales»,

les «Alpes grisonnes septentrionales», dans le «Sud du

Tessin», les «Alpes tessinoises» et les «Fonds des vallées

valaisannes», le pourcentage observé dans la statistique

de la superficie par rapport à la surface de 1979/85 est

Figure 4 | Pourcentages de reboisement total, de «forêt fermée», de «broussailles» et de «forêt ouverte» dans la surface des polygones située entre 1000 et 2000 m d’attitude.

«Reboisement total» «Forêt fermée»

«Broussailles» «Forêt ouverte»

LégendePourcentage de surface touchée par le reboisement

< 1 %

>= 1 % – 5 %

>= 5 % – 10 %

>= 10 % – 20 %

>= 20 % – 50 %

>= 50 %

Zone située à moins de 1000 m ou à plus de 2000 m

0 25 50 100

Page 34: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

286 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

Environnement | Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage

l’espace alpin. Cependant, les différences régionales

sont importantes: le modèle prévoit que les pourcen-

tages les plus élevés de reboisement soient atteints dans

les «Alpes centrales septentrionales», au «Tessin» et

dans certaines parties du canton des Grisons (Bergell,

Haute-Engadine, Val Poschiavo et secteur au Nord des

Grisons).

Bien que les données disponibles n’aient pas permis

de superposer la distribution des espèces et le reboise-

ment et d’établir des bilans, les résultats obtenus ont

tout de même permis de tirer deux conclusions quant

aux espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture:

d’une part, les espèces cibles et caractéristiques pour

l’agriculture sont présentes en grand nombre dans

toutes les régions, de sorte que toutes les régions sont

importantes pour le maintien des espèces OEA et la réa-

lisation des objectifs environnementaux. D’autre part,

l’avancée de la forêt ne pose pas un problème de la

même acuité dans toutes les régions. Là où le modèle

prévoit un pourcentage de reboisement élevé (Tessin,

«Alpes septentrionales centrales», Grisons), il est recom-

mandé de surveiller davantage le maintien des surfaces

ouvertes. Le reboisement de toute la surface ne conduit

pas seulement à la disparition des terres cultivées, mais

aussi à la perte de la diversité des espèces et des pay-

sages. C’est pourquoi il faut l’éviter (Tasser et Tappeiner

2007). Dans ces régions, il s’agit donc d’identifier les sur-

faces à haute diversité biologique très touchées par

l’abandon et le reboisement. Un concept d’utilisation

adapté doit être appliqué à ces surfaces.

Par contre, dans les régions moins touchées par le

reboisement («Alpes septentrionales occidentales» et

«Jura»), le maintien d’une exploitation extensive notam-

ment dans les surfaces à haute diversité biologique est

prioritaire, tandis que le maintien des terres ouvertes

joue un rôle plutôt secondaire. L’intensification a un

impact tout aussi négatif sur le nombre des espèces OEA

que le fait de laisser les terres à l’abandon. Walter et al.

(2013) ont montré qu’outre la région de plaine et celle

des collines, les zones de montagne I et II n’atteignaient

pas non plus le pourcentage cible recommandé de sur-

faces à haute diversité biologique.

Si l’on veut conserver encore suffisamment de sur-

faces de qualité OEA dans les zones de montagne III et IV

et dans la région d’estivage, des efforts doivent être

faits en conséquence. Il est tout aussi important de frei-

ner l’intensification graduelle que le retour incontrôlé

des terres en friche. La politique agricole va mettre en

place des mesures incitatives permettant d’annoncer

également des surfaces de promotion de la biodiversité

dans les régions d’estivage. L’avenir dira si ces mesures

contribueront à remplir les objectifs environnementaux

pour l’agriculture. n

www.alpfutur.ch

Remerciements

L’étude fait partie du sous-projet 5 «Paysage» d’AlpFUTUR et a bénéficié du soutien financier d’Armasuisse Immobilien, de la fondation Sophie et Karl Binding, de la société Ricola AG et du canton des Grisons.

50 55 60 65 70 75 80 85 90 95

Zones d’altitude du Jura plissé

Bordure des Alpes centrales et vallées alpines

Bordure des Alpes occidentales et vallées alpines

Alpes septentrionales orientales

Bordure des Alpes orientales et vallées alpines

Alpes septentrionales occidentales

Hautes Alpes

Alpes centrales septentrionales

Alpes grisonnes septentrionales

Valais

Alpes tessinoises

Sud du Tessin

Fonds des vallées valaisannes

Pourcentage prévisions 2021 Pourcentage 2009 Pourcentage 1997

100

Figure 5 | Evolution de la surface des pâturages d’estivage en 1992/97 et 2004/09 selon les statistiques de la superficie, et prévisions pour 2021 selon le reboisement simulé exprimé en pourcentage de la surface 1979/85. Polygones regroupés; la surface de 1979/85 correspond à 100 %.

Page 35: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

287Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013

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Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Modelled forest regrowth in 2021 and biodiversity

in alpine summer pastures

The influence of forest regrowth on biodiversity in

alpine summer pastures was investigated as part of

the joint research project AlpFUTUR. An evaluation

of the target and indicator species of the

agriculture-related environmental objectives

(AEO species) for the alpine summer pastures

shows that all regions of the Jura and the Alps are

of equal importance for the conservation of AEO

species. Forest regrowth up to 2021 was estimated

on the basis of a model describing probabilities of

land-use change. In the «North-Central Alps», the

Tessin and parts of Graubünden, the percentage of

forest regrowth can be as high as 50 %. For the

conservation of AEO species, it is crucial for the

species-rich meadows and pastures threatened by

abandonment and forest regrowth to be identified

locally, and for a locally adapted land-use concept

to ensure that they remain under agricultural

management. In the Jura mountains and in the

«Northwestern Alps», the percentage of modelled

forest regrowth is only between 1 and 5 %. Here, it

is important to ensure extensive (i.e. low-input)

land use on species-rich land, since intensification

threatens the AEO species as much as abandon-

ment and forest regrowth.

Key words: forest re-growth, impact on species,

Swiss Alps, summer pastures, Swiss land-use

statistics, modeling.

Delineati l'avanzamento del bosco nel 2021 e la

biodiversità nella regione d'estivazione

Nell'ambito del progetto collettivo AlpFUTUR è

stato analizzato l'influsso dell'avanzamento del

bosco sulla biodiversità nella regione d'estiva-

zione. Una valutazione delle specie bersaglio e

faro degli obiettivi ambientali nell'agricoltura

(specie degli OAA) per la regione d'estivazione

mostra che tutte le regioni del Giura e dell'arco

alpino sono importanti per il mantenimento

delle specie degli OAA. Sulla base di un modello

probabilistico di modifiche dell'utilizzo dei

terreni è stato delineato l'avanzamento del

bosco fino al 2021. Nelle «Alpi centro-settentrio-

nali», in Ticino e in parte dei Grigioni la quota

dell'avanzamento del bosco arriva fino al 50 per

cento. Per la salvaguardia delle specie degli

OAA è fondamentale che a livello locale siano

individuate le superfici ricche di specie minac-

ciate dalla cessazione della gestione e dall'avan-

zamento del bosco e sia garantita la loro

preservazione con un piano di utilizzazione

adeguato. Nel Giura e nelle «Alpi nord-occiden-

tali» la quota dell'avanzamento del bosco

stimata si aggira soltanto tra l'1 e il 5 per cento.

Si tratta pertanto di garantire un'utilizzazione

estensiva sulle superfici ricche di specie, in

quanto l'intensificazione minaccia le specie

degli OAA allo stesso modo della cessazione

della gestione e dell'avanzamento del bosco.

Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement

Page 36: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

288 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

I n t r o d u c t i o n

Les bactéries du genre Erwinia peuvent être à l’origine

de plusieurs maladies de la pomme de terre, comme des

pourritures de tiges appelées «jambes noires» et des

pourritures de tubercules appelées «pourritures molles».

Les symptômes de jambe noire induits varient d’une

pourriture humide à sèche des tiges selon les conditions

climatiques, alors que les tubercules peuvent être

atteints de pourritures molles au champ et en conserva-

tion (Helias 2008). De récents travaux de taxonomie ont

abouti à un remaniement de la nomenclature des patho-

gènes responsables de ces symptômes, qui appartiennent

dorénavant à deux genres: Pectobacterium (ancienne-

David Gerardin1, Jérémie Rouffiange2, Isabelle Kellenberger3, Santiago Schaerer3 et Brice Dupuis3

1UFR PEPS, Université de Haute Alsace, 68000 Colmar, France2Institut Supérieur Industriel agronomique Huy-Gembloux, 4500 Huy, Belgique3Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse

Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 48

Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Elimination de la pourriture molle sur tranche de tubercule. (Photo D. Gerardin)

Page 37: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

289

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

Les bactéries des genres Pectobacterium et

Dickeya sont à l’origine du développement

de pourritures molles sur tubercules de

pommes de terre. Sur la base de l’analyse

d’échantillons de plantes malades, Dickeya

solani et Dickeya dianthicola sont les espèces

les plus couramment détectées dans les lots

de pommes de terre suisses. Des essais en

laboratoire sur tranches de pommes de terre

ont été mis en place afin d’identifier des

différences de sensibilité variétale au

développement de pourritures molles et des

différences d’agressivité entre isolats de D.

dianthicola et D. solani. Sur les 5 variétés de

pomme de terre en comparaison, Agria s’est

montrée plus sensible qu’Annabelle. Sur les

5 isolats de Dickeya testés, les 3 isolats de

D. solani se sont avérés en moyenne plus

virulents que les 2 isolats de D. dianthicola.

Plusieurs hypothèses visant à expliquer ces

différences sont discutées dans cet article.

Les résultats de cette étude devraient

permettre d’optimiser le stockage des

pommes de terre en tenant compte de la

sensibilité variétale et de la virulence des

espèces bactériennes présentes et de

diminuer les impacts de la pourriture molle

en cours de stockage.

ment Erwinia carotovora) et Dickeya (anciennement

Erwinia chrysanthemi) (Helias 2008). Si on se réfère aux

analyses réalisées sur 718 échantillons de plantes malades

prélevés en Suisse (tiges et tubercules) entre 1986 et

2010, on isole en moyenne 66 % de Dickeya et 34 % de

Pectobacterium (Cazelles et Schwaerzel 1992; Dupuis et

al. 2010). Les Dickeya pénètrent dans le tubercule par les

lenticelles, le stolon ou des blessures. Des contamina-

tions peuvent également avoir lieu au cours du stockage,

notamment si un tubercule malade est en contact avec

un tubercule sain (Rousselle et al. 1996). Cependant, les

bactéries peuvent rester à l’état latent dans le tubercule

et se multiplier une fois que les conditions du milieu

deviennent favorables (Hélias 2008). Weber et al. (1996)

ont synthétisé les mécanismes mis en œuvre dans le

développement de pourritures molles. Ces mécanismes

sont représentés dans la figure 2.

Premièrement, la bactérie synthétise des enzymes

pectinolytiques (EP), principalement des pectates lyases

et des polygalacturonases (McMillan et al. 1993), qui

vont dépolymériser la pectine des parois cellulaires des

tissus de la pomme de terre. Les oligogalacturonates

(OGS) résultant de cette dépolymérisation sont absor-

bés par la bactérie et dégradés en 5-keto-4-deoxyuro-

nate (DKI), 2,5-diketo-3-deoxy-gluconate (DKII) ainsi

qu’en acide galacturonique (AG) par l’action des oli-

gogalacturonide lyases. Les DKI, DKII ainsi que d’autre

composés résultant de la dégradation des parois cellu-

laires vont entraîner une réaction en chaîne aboutissant

à une augmentation de la production d’EP et ainsi,

accroître la virulence de la bactérie (Yang et al. 1992).

Les OGS résultant de la dégradation de la pectine par les

EP vont induire des mécanismes de résistance de la

plante contre ces attaques tels que la production d’inhi-

biteurs de protéases (IP) et autres phytoalexines (Weber

et al. 1996).

Quelques travaux ont permis de mettre en évidence

l’existence de différences de sensibilité variétale au

développement de jambes noires au champ (Allefs et al.

1996; Radtke et Rieckmann 1991). En revanche, l’étude

menée par Haynes et al. (1997) sur tranches de tuber-

cules inoculées n’a pas permis de démontrer qu’il exis-

tait une différence de sensibilité variétale au développe-

ment de pourritures molles. Il est difficile de déterminer

si l’absence de différence de sensibilité entre variétés

est à imputer à la méthode utilisée, ou si les variétés

testées (Atlantic, Norchip et Supérior) appartiennent

à un même groupe de sensibilité. Cette même étude a

comparé la virulence de deux isolats de Pectobacterium

et d’un isolat de Dickeya sur les trois mêmes variétés.

Aucune différence significative n’a pu être observée

entre les isolats testés en ce qui concerne la rapidité de

Page 38: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

290 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.

développement des pourritures molles sur tranches de

tubercules. Cependant, l’espèce de Dickeya utilisée pour

le test n’est pas connue. Il semble donc pertinent de

comparer l’agressivité des deux espèces de Dickeya pré-

sentes en Suisse, à savoir Dickeya dianthicola et Dickeya

solani (Dupuis et al. 2010).

Afin de mieux appréhender le risque de développe-

ment de pourritures au stockage, cette étude comporte

deux objectifs principaux; d’une part, déterminer si des

différences de sensibilité variétale au développement

des macérations peuvent être mises en évidence pour les

principales variétés de pommes de terre cultivées en

Suisse. D’autre part, déterminer si certains isolats de

Dickeya, appartenant à des espèces distinctes, sont plus

virulents que d’autres par rapport au développement

des pourritures molles.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Deux essais ont été réalisés dans le cadre de cette

recherche.

Dans le premier essai (essai A), l’agressivité de 5 iso-

lats de Dickeya est observée sur la variété Agria. Pour cet

essai, 2 isolats de D. dianthicola et 3 isolats de D. solani

sont choisis, nomément: D. dianthicola 980, D. dianthi-

cola 8823, D. solani 07044, D. solani 05026 et D. solani

2222. Pour le deuxième essai (essai B), la sensibilité de

cinq variétés de pomme de terre est étudiée: Agria, Vic-

toria, Charlotte, Innovator et Annabelle. Ces cinq varié-

tés sont inoculées avec la souche D. dianthicola 8823.

Chacun de ces deux essais a été répété 3 fois dans le

temps.

Le protocole utilisé pour réaliser ces deux essais est

inspiré de celui de Haynes et al. (1997). Les tubercules

sont d’abord stérilisés en surface par trempage dans de

l’éthanol à 70 % et bref passage sous la flamme d’un bec

Bunsen. Une tranche, d’environ 5 mm d’épaisseur, est

coupée au centre du tubercule, puis placée dans une

boîte de Pétri contenant 1 ml d’eau stérile. Un papier

filtre de 1 cm² est placé au centre de la tranche. Une

première pesée est alors réalisée afin de déterminer le

poids initial. Ensuite, 100 µl de suspension bactérienne

(107 ufc/ml) sont déposés sur le papier filtre. Les dilutions

sont réalisées dans du tampon phosphate salin (PBS). La

boîte est ensuite entourée avec du Parafilm pour limiter

les échanges gazeux et incubée dans une étuve à 27 °C

pendant 48 heures. Au terme de l’incubation, la pourri-

ture causée par les bactéries est enlevée (fig. 1). Une

DKI

DKII

OGS

EP

IP

AG

Grains d’amidon

Bactérie Cellule de pomme de terre

Figure 2 | Représentation schématique des mécanismes mis en œuvre lors de l’attaque de tissus de pommes de terre par Dickeya spp. (voir texte pour la légende des abréviations).

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291Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

histologiques de parenchyme médullaire à partir de

4 tubercules par variété ont été effectuées. Ces coupes

ont été observées au microscope avec un grossissement

400X (Leica DMLB) et des clichés ont été réalisés (Leica

DFC 490) pour pouvoir mesurer les parois cellulaires et

comparer l’épaisseur de celles-ci entre les différentes

variétés (ANOVA à 1 facteur).

R é s u l t a t s

Agressivité des isolats

Les résultats obtenus dans l’essai A nous enseignent que

le développement de pourritures sur tranches est émi-

nemment variable (coefficient de variation de l’essai =

60 %). Les tranches témoin (PBS) n’ont pas développé de

pourritures, preuve que les tubercules utilisés étaient

sains. Considérant l’ensemble des répétitions de l’essai

(essais A1, A2 et A3), on constate des différences de sen-

sibilité entre les isolats. Les deux isolats de D. dianthicola

testés sont moins agressifs que les trois isolats de

D.  solani (F(4; 485)=98,21; p<0,001). A titre d’exemple,

D. solani 07044 a entraîné une perte de poids moyenne

environ quatre fois plus élevée que D. dianthicola 980.

Considérant l’ensemble des isolats, la perte de poids

moyenne s’est avérée plus élevée pour la seconde répé-

tition de l’essai, avec 7,39 g par tranche de tubercule,

que pour la première et la troisième répétitions qui sont

statistiquement identiques avec respectivement 5,64 g

et 5,27 g (F(2;485)=31,66; p<0,001).

seconde pesée est alors réalisée pour obtenir le poids

final et calculer la perte de poids. Cette perte de poids

correspond à la part de la tranche dégradée par la bac-

térie.

Pour l’essai portant sur l’étude de l’agressivité des

isolats, 250 tranches de pommes de terre sont coupées.

Chaque isolat est testé sur 40 tranches et 10 tranches

témoin sont utilisées pour l’ensemble de l’essai. Sur ces

dernières, on applique du PBS à la place de la suspension

bactérienne. Pour l’essai portant sur la résistance varié-

tale, 50 tranches de pommes de terre par variété sont

coupées. 40 tranches sont inoculées et 10 servent de

témoin (du PBS est appliqué à la place de la suspension

bactérienne). Pour les deux essais, chaque tranche pro-

vient d’un tubercule distinct.

L’analyse statistique est réalisée avec le logiciel STA-

TISTICA (StatSoft, Tulsa, USA). Pour chaque essai, une

analyse de la variance (ANOVA) à deux facteurs est

effectuée (α=0,05). Le premier facteur correspond à la

répétition de l’essai dans le temps. Le deuxième facteur

est l’objet de l’étude, c’est-à-dire l’isolat de Dickeya pour

l’essai A et la variété pour l’essai B. Enfin, l’interaction

entre les deux facteurs est également testée. Si pour

l’un des facteurs de l’étude une différence significative

est décelée, un test de comparaison de moyennes est

effectué (test de Newman & Keuls).

Une observation de la structure cellulaire du tuber-

cule des 5 variétés de pommes de terre testées dans ces

essais a également été réalisée. Pour cela, des coupes

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

D. dianthicola 980 D. dianthicola 8823 D. solani 05026 D. solani 2222 D. solani 07044

Pert

e de

poi

ds (g

)

Essai A1

Essai A2

Essai A3

a

b

b

c c c c

d d d

cd cd cd

e

f

Figure 3 | Perte de poids (g) moyenne par isolat de Dickeya spp. suite au développement de pourritures molles sur tranche de tubercule de variété Agria. La variabilité est représentée par l’erreur standard (n= 40) et les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres mi-nuscules au sommet des barres d’erreur.

Page 40: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

292 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.

Enfin, une interaction entre les isolats testés et la répéti-

tion de l’essai est observée (F(8; 485)=9,63; p<0,05). Celle-

ci s’explique par le fait que les résultats obtenus avec les

isolats D. dianthicola 980, D. solani 05026 et D. solani

01044 diffèrent entre les répétitions de l’essai (fig. 3).

Sensibilité variétale

La variabilité de l’essai B est supérieure à celle de l’essai A

(coefficient de variation de l’essai = 76 %). Tout comme

pour l’essai A, les tranches témoin (PBS) n’ont subi aucune

perte de poids ce qui prouve que les tubercules utilisés

étaient sains au départ. Considérant l’ensemble des répé-

titions de l’essai (essais B1, B2 et B3), des différences de

sensibilité entre les variétés sont apparues (F(4;

559)=27,50; p<0,001) et trois groupes distincts de sensibi-

lité sont observés. Le premier comprend les variétés les

moins sensibles, à savoir Annabelle et Innovator. Les

pertes de poids moyennes respectives sont de 2,59 g et

3,19 g par tranche de tubercule. Viennent ensuite Char-

lotte et Victoria avec 4,33 g et 4,78 g. Enfin, Agria est la

variété la plus sensible avec une perte moyenne de 5,61 g,

c’est-à-dire plus du double de la variété Annabelle.

La perte moyenne, toutes variétés confondues, a été

la plus importante lors de la seconde répétition de l’es-

sai, avec 6,20 g par tranche de tubercule, contre 4,06 g

pour la première répétition et 2,32 g pour la troisième

répétition (F(2; 559)=114,59; p<0,001).

Lors de cet essai, une interaction entre la variété et la

répétition de l’essai est apparue (F(8; 559)=3,63; p<0,001).

Malgré cette interaction, on constate que la variété

Agria développe significativement plus de pourritures

que la variété Annabelle quel que soit la répétition de

l’essai (fig. 4).

Observation microscopique

Des différences d’épaisseur de parois cellulaires ont été

observées entre les variétés (F(4; 29)=5,33; p<0,01). La

variété Victoria est pourvue de parois cellulaires plus

fines que les autres variétés testées (tabl. 1).

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

Annabelle Innovator Charlotte Victoria Agria

Pert

e de

poi

ds (g

)

b

b b

b

b b

cd

cd

cd

a

c

cde cde de

e

Essai B1

Essai B2

Essai B3

Figure 4 | Perte de poids (g) moyenne par variété sur tranche de tubercule suite au développement de pourritures molles dues à D. dianthicola 8823. La variabilité est représentée par l’écart type (n= 40) et les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres minuscules au sommet des barres d’erreur.

Variété Epaisseur de parois (µm)

Victoria 12,5 ± 2,2 a

Agria 15,6 ± 1,9 b

Innovator 16,2 ± 3,3 b

Charlotte 17,3 ± 2,8 b

Annabelle 18,8 ± 2,3 b

Tableau 1 | Epaisseur moyenne et écart type des parois du paren-chyme médullaire des différentes variété testées. Les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres minuscules (test de Newman & Keuls).

Page 41: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

293Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

Les essais menés ont permis de démontrer qu’il existe

bien des différences de sensibilité variétale au dévelop-

pement de pourritures molles causées par Dickeya. En

effet, la variété Annabelle s’est montrée moins sensible

à ce pathogène que la variété Agria. Deux hypothèses

peuvent être proposées pour expliquer cette différence.

Premièrement, les parois cellulaires de la variété Agria

seraient plus riches en pectine que celles de la variété

Annabelle, ce qui signifierait que la dégradation des

parois d’Agria par les EP de la bactérie produirait plus

d’OGS, accélérant le processus de dégradation des tissus

du tubercule. En effet, des études préalables menées sur

d’autres variétés ont permis de démontrer que des diffé-

rences de teneur en pectine pouvaient exister entre

variétés (Potter et McComb 1957; Tajner-Czopek 2003;

Tajner-Czopek et Figiel 2003). La seconde hypothèse

serait que la variété Annabelle produirait plus d’IP que

la variété Agria grâce à un mécanisme de résistance à

l’infection plus efficace.

Afin de vérifier la première hypothèse, nous avons

comparé l’épaisseur des parois cellulaires des 5 variétés

de l’essai (fig. 5), partant de l’hypothèse selon laquelle

D i s c u s s i o n

Une différence de virulence entre les deux espèces de

Dickeya a été observée, les isolats de D. solani se sont

avérés dans la plupart des cas plus agressifs que les iso-

lats de D. dianthicola. Une étude rapportée par Toth et

al. (2011) a permis de démontrer que la température

joue un rôle déterminant dans le développement des

symptômes. Cette étude a mis en évidence que D. solani

est plus agressive que D. dianthicola à température éle-

vée. Il est donc possible qu’à la température utilisée dans

ces essais (27 °C), les isolats de D. solani dégradent plus

rapidement les parenchymes cortical et médullaire du

tubercule grâce à une activité enzymatique plus intense

ou à une multiplication bactérienne plus élevée. Des dif-

férences de virulence au sein d’une même espèce ont

également été observées, principalement pour l’espèce

D. dianthicola. Ces différences pourraient s’expliquer en

raison de la diversité génétique plus importante obser-

vée chez D. dianthicola par rapport à D. solani (Saddler

G., Science and Advice for Scottish Agriculture SASA,

communication personnelle).

Figure 5 | Coupe histologique de parenchyme médullaire de la variété Victoria (grossissement 400x).

Grain d'amidon

Paroi cellulaire

Page 42: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

294 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.

des parois plus épaisses pourraient refléter un contenu en

pectine plus important (ainsi qu’un contenu plus élevé en

celluloses et hémicelluloses). Cependant, les résultats

obtenus ne nous permettent pas de valider la première

hypothèse car l’épaisseur des parois cellulaires des varié-

tés Agria et Annabelle sont comparables (tabl. 1).

La variété Annabelle pourrait être moins attaquée

suite à une production plus importante d’IP et autres

phytoalexines. Cette hypothèse pourrait être confirmée

par une étude comparative de l’accumulation d’ARN

messagers codant pour ces phytoalexines (Yang et al.

1992).

Les résultats de cette étude s’appuient sur des essais

de laboratoire réalisés avec des tranches de tubercule.

Par conséquent, nous ne pouvons généraliser ces conclu-

sions au tubercule entier, mais seulement supposer que

les résultats obtenus sont un reflet fidèle de la sensibi-

lité variétale au développement de pourritures molles

ainsi que de la virulence des isolats de Dickeya spp sur

tubercule de pomme de terre. Toutefois, suite aux

études menées sur la propagation de D. solani, notam-

ment via le commerce de plants de pommes de terre

(Toth et al. 2011; Cazelles et Schwaerzel 1992), on peut

s’inquiéter des conséquences que peut engendrer cette

bactérie sur la culture de pomme de terre, notamment

sur le développement de pourritures molles. Ces consé-

quences pourraient en outre être aggravées du fait du

réchauffement climatique, qui favoriserait le dévelop-

pement de ces bactéries (Toth et al. 2011).

C o n c l u s i o n s

Ainsi, dans l’optique d’un stockage optimal, l’organisme

stockeur pourra prendre en compte la sensibilité varié-

tale et la virulence de l’espèce bactérienne éventuelle-

ment présente afin de diminuer le risque d’apparition

de symptômes de pourriture molle. Par exemple, en cas

de réception de lots de deux variétés suspectés de forte

infection, l’une sensible et l’autre moins sensible, l’orga-

nisme stockeur pourra alors choisir d’écouler en priorité

le lot de la variété sensible. n

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier Swissem, Swisspatat et la commission pour la technologie et l'innovation CTI qui ont contribué au financement de cette étude.

Page 43: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

295

Ria

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Sum

mar

y

Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013

Potato susceptibility to soft rot caused

by Dickeya spp.

Soft rot on potato tubers is caused by

bacteria belonging to the genus

Pectobacterium and Dickeya. The most

often detected species in rotting tubers

or plants sampled from Swiss potato

lots are Dickeya dianthicola and

Dickeya solani. Laboratory tests on

tuber slices were set up to determine

differences in cultivar susceptibility

and isolate aggressiveness. Among the

five cultivars tested, Agria was more

susceptible than Annabelle. Among the

five bacterial isolates tested, the

3 D. solani isolates were in most cases

more virulent than the 2 D. dianthicola

isolates. Several hypothesis are

discussed in this article to explain the

differences in cultivar susceptibility

and isolate virulence. The results of

this study should allow an optimiza-

tion of the potato storage, after

considering the susceptibility of a

given cultivar to soft rot development

and the aggressiveness of the Dickeya

specie which infected the lot.

Key words: Dickeya, potato, soft rot,

bacteria, Pectobacterium.

Sensibilità della patata al marciume

molle provocato da Dickeya spp.

I batteri del genere Pectobacterium e

Dickeya sono all’origine dello sviluppo

dei marciumi molli sui tuberi della

patata. In base all’analisi di campioni

prelevati da piante ammalate Dickeya

solani e Dickeya dianthicola risultano

essere le specie più correntemente

rilevate nei lotti di patate svizzeri. Si

sono condotte delle prove in laborato-

rio su fette di patate in modo da

individuare delle differenze di sensibi-

lità varietale allo sviluppo di marciumi

molli e delle differenze di aggressività

tra isolati di D. dianthicola e D. solani.

Sulle 5 varietà di patate confrontate

Agria si è dimostrata più sensibile di

Annabelle. Sui 5 isolati di Dickeya

testati i 3 isolati di D. solani si sono

rivelati in media più virulenti dei

2 isolati di D. dianthicola. In questo

articolo sono discusse diverse ipotesi

miranti a spiegare queste differenze.

I risultati di questo studio dovrebbero

permettere di ottimizzare lo stoccaggio

delle patate tenendo conto della

sensibilità varietale e della virulenza

delle specie batteriche presenti e di

diminuire gli impatti del marciume

molle durante lo stoccaggio.

Bibliographie ▪ Allefs J., Vandooijeweert W., Prummel W., Keizer L. C. P. & Hoogendoorn J., 1996. Components of partial resistance to potato blackleg caused by pectolytic Erwinia carotovora subsp atroseptica and E-chrysanthemi. In: Plant Pathology 45, 486–96.

▪ Cazelles O. & Schwaerzel R., 1992. Enquête sur les bactérioses causées par Erwinia dans les cultures de plants de pommes de terre en Suisse romande. Revue suisse Agric 24, 215–8.

▪ Dupuis B., Schaerer S., Gilliand H. & Cazelles O. The Dickeya and Pecto-bacterium situation in Switzerland. Proceedings of the Dickeya Work-shop, 2010. Emmeloord, The Netherlands.

▪ Haynes K. G., Potts M. J. E. & Goth R. W., 1997. Evaluation of the reliabi-lity of determining soft rot resistance in potatoes by the tuber slice method. American Potato Journal 74, 265–75.

▪ Helias V., 2008. Pectobacterium spp. and Dickeya spp. on potato: a new nomenclature for Erwinia spp., symptoms, epidemiology and disease pre-vention. In: Cahiers Agricultures 17, 349–54.

▪ Mcmillan G. P., Hedley D., Fyffe L. & Perombelon M. C. M., 1993. Potato resistance to soft-rot Erwinias is related to cell-wall pectin esterification. Physiological and Molecular Plant Pathology 42, 279–89.

▪ Potter A. L. & Mccomb A., 1957. Carbohydrate composition of potatoes. Pectin content. American Journal of Potato Research 34, 342–6.

▪ Radtke W. & Rieckmann W., 1991. Maladies et ravageurs de la pomme de terre. Gelsenkircher-Buer: Th. Mann.

▪ Rousselle P., Robert Y.& Crosnier J. C., 1996. La pomme de terre. INRA, Paris. ▪ Tajner-Czopek A., 2003. Changes of pectic substances concentration in potatoes and French fries and the effect of these substances on the tex-ture of the final product. Nahrung-Food 47, 228–31.

▪ Tajner-Czopek A. & Figiel A., 2003. Effect of the content of potato non-starch polysaccharides (NSP) and lignin on the mechanical properties of french fries. Polish journal of food and nutrition sciences 12/53, 136–40.

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Page 44: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

296 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013

I n t r o d u c t i o n

Le trèfle d’Alexandrie et le trèfle Incarnat sont deux

légumineuses à croissance rapide préférant un climat

doux. Elles proviennent de la région méditerranéenne.

Caractérisées par une levée rapide, une bonne couver-

ture du sol et une production de racines importante, les

deux espèces sont surtout utilisées comme culture déro-

bée, et depuis récemment comme culture intermédiaire

associée à la phacélie. Plusieurs variétés de trèfle

d’Alexandrie figurent dans la Liste des variétés recom-

mandées de plantes fourragères (Frick et al. 2012), tan-

dis que, pour le trèfle Incarnat, il n’y a actuellement pas

encore d’inscription.

Trèfle d’Alexandrie

Le trèfle d’Alexandrie (Trifiolium alexandrinum L.) est

une légumineuse imposante à port dressé, dont la hau-

teur peut atteindre un mètre (fig. 1). Sa croissance est

similaire à celle de la luzerne. Les fleurs sont de couleur

jaune-blanc et disposées à la tête des tiges. Le trèfle

d’Alexandrie est une plante des climats doux, il nécessite

des températures de germination élevées (optimum près

de 25 °C) et est sensible au gel. Dans des situations rudes,

sa culture n’est pas recommandée. Il préfère des sols plu-

tôt légers et calcaires et ses exigences par rapport au

régime en eau sont assez élevées (Gujer et al. 1983). Au

cours des années plutôt humides, l’anthracnose des

trèfles (Gloeosporium caulivorum Kirchn.) peut occasion-

Rainer Frick1 , Eric Mosimann1, Philippe Aebi1, Daniel Suter2 et Hansueli Hirschi2

1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse

Renseignements: Rainer Frick, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 46 87

Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Le trèfle d’Alexandrie est une légumineuse importante dans les mélanges de culture dérobée non-hivernante fournissant un fourrage riche en protéines.

Page 45: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat | Production végétale

297

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013

De 2010 à 2012, les stations de recherche

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et

Changins-Wädenswil ACW ont examiné la

valeur agronomique de huit variétés de trèfle

d’Alexandrie et de trois variétés de trèfle

Incarnat. Les caractéristiques suivantes ont

été évaluées: rendement en matière sèche,

vitesse d’installation, impression générale,

force de concurrence, persistance, résistance

aux maladies ainsi qu’aux conditions hiver-

nales et teneur en matière sèche. Le classe-

ment des variétés s’est effectué sur la base

du calcul d’un indice global pondérant

l’ensemble de ces critères. Pour le trèfle

d’Alexandrie, l’assortiment des variétés

recommandées est désormais complété par la

nouvelle obtention Bluegold. En revanche,

l’ancienne variété Elite II a été radiée. Des

trois variétés de trèfle incarnat nouvellement

testées, seule Contea sera inscrite dans la

liste des variétés recommandées de plantes

fourragères. Clo et Carmina, les deux autres

variétés testées, pourront encore être

employées dans les mélanges standard

jusqu’au 31 décembre 2015.

ner des dégâts importants (Raynal et al. 1989); (fig. 2).

Les semis peuvent être effectués de mi-avril à mi-août,

en mélange avec des graminées. En conditions favo-

rables, les semis du printemps permettent de réaliser

trois coupes. Les mises en place plus tardives fournissent

des rendements plus faibles. Les semis d’été après mois-

son donnent en général une seule coupe avec un rende-

ment d’environ 30 à 40 dt de matière sèche par ha. La

durée de développement du semis jusqu’à la première

coupe est de 60 à 70 jours. Afin de ne pas couper les tiges

latérales et d’assurer une repousse intacte, une fauche

précoce (stade des boutons floraux) et pas trop rase est

indispensable pour son maintien (Nösberger 1984). Le

trèfle d’Alexandrie est employé dans les mélanges

annuels Mst 106 et 108 ainsi que dans le mélange de

deux ans Mst 210 (Mosimann et al. 2012). Ces mélanges

garantissent des rendements élevés et un fourrage appé-

tant. Celui-ci est utilisé idéalement pour l’affouragement

en vert ou pour la conservation en ensilage.

Trèfle Incarnat

Comparable au trèfle d’Alexandrie, le trèfle Incarnat

(Trifiolium incarnatum L.) se plaît uniquement dans des

régions à climat doux et supporte mal les gels (fig. 3).

Durant son développement, il demande des conditions

clémentes, suffisamment chaudes et humides. Ses tiges

et ses feuilles sont fortement poilues et ses fleurs sont

rouge foncé. Ses racines peuvent atteindre des profon-

deurs allant jusqu’à 60 cm. La hauteur de croissance

varie entre 20 et 40 cm au maximum. Il n’a pas d’exi-

gence spécifique au niveau du sol, mais préfère tout de

même les terres profondes avec un pH neutre (Gujer et

al. 1983). Après le semis, le trèfle Incarnat s’installe rapi-

dement et son développement du semis jusqu’à la florai-

Figure 2 | En conditions humides, l’anthracnose des trèfles peut endommager les pétioles et les tiges du trèfle d’Alexandrie et occasionner des pertes de rendement importantes. Les variétés résistantes à cette maladie sont à préférer.

Figure 3 | Le trèfle Incarnat est employé dans les mélanges de cultures dérobées hivernantes (p. ex. mélange de Landsberg). Au printemps, afin de d’avoir un fourrage de haute qualité, cette légumineuse doit être fauchée au plus tard au début de la floraison.

Page 46: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Production végétale | Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat

298 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013

son dure environ 60 jours. Dans le cas d’un semis oppor-

tun en fin d’été, on peut réaliser une coupe en automne

et une deuxième après l’hiver, puis il meurt. Le trèfle

Incarnat est utilisé dans les mélanges de dérobées hiver-

nantes, par exemple dans le Mst 151 (mélange de Lands-

berg) avec vesce d’hiver et ray-grass ou dans le Mst 155

avec luzerne et ray-grass (Mosimann et al. 2012). Ces

deux mélanges standard sont destinés à l’affouragement

en vert et à la conservation en ensilage. Les mélanges

contenant du trèfle Incarnat doivent être fauchés à

temps et pas trop bas. La deuxième coupe se fait relati-

vement tard au printemps suivant et ne permet de

mettre en place pratiquement que du maïs pour la suite.

Pour la planification de la rotation des cultures, il faut

tenir compte du fait que le trèfle Incarnat est très sen-

sible à la sclérotiniose (Sclerotinia trifoliorum). Les

mélanges contenant du trèfle Incarnat retirent une cer-

taine quantité d’eau à la culture suivante, ce qui peut

être un inconvénient en situation de sécheresse. De plus,

pour le bétail, les feuilles poilues peuvent occasionner

des problèmes de digestion, spécialement dans les cas de

sur-maturité des plantes (Nösberger 1984).

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

De 2010 à 2012, les Stations de recherche Agroscope Rec-

kenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont

examiné la valeur agronomique de huit variétés de trèfle

d’Alexandrie et de trois variétés de trèfle Incarnat dans

des essais comparatifs. Les semis ont eu lieu, selon le lieu

d’essai, principalement en été et partiellement au prin-

temps. Le tableau 1 fournit des indications sur les lieux,

les dates de semis et le nombre de coupes pesées. Les

variétés à tester ont été semées en culture pure et en

association avec les ray-grass d’Italie et Westerwold sur

des parcelles d’une grandeur de 9 m². Ces mélanges ont

permis d’apprécier la force de concurrence des variétés

testées. Ni les cultures pures ni les mélanges n’ont été

fertilisés avec de l’azote. Les cultures pures ont fait l’ob-

jet de plusieurs observations, telles que la vitesse d’ins-

tallation, l’aspect général (impression générale, densité,

capacité de repousse), la résistance aux maladies foliaires

(trèfle Incarnat), à l’anthracnose des trèfles (trèfle

Nombre de répétitions Nombre de coupes pesées

Lieu (canton) AltitudeDate de semis

pur mélange 2010 2011 2012

TA1 TI2 TA3 TI4 TA TI TA TI TA TI

Changins (VD) 43004/08/201002/08/2011

33

33

33

33

1–

1–

–2

–1

––

––

Reckenholz (ZH) 44017/04/201030/04/2012

44

44

–3

–3

3–

3–

––

––

–3

–1

Seebach (ZH) 440 19/04/2010 – – 3 – – 4 – – – –

Rümlang (ZH) 45006/09/201029/07/2011

44

44

33

33

––

––

–1

11

––

––

Oensingen (SO) 460 16/04/2010 – – – – – 2 – – – –

Ellighausen (TG) 52026/08/201020/08/2011

44

44

33

33

1–

1–

–1

11

––

––

Goumoens (VD) 63010/08/201005/08/2011

33

33

33

33

1–

1–

–2

–1

––

––

Densité de semis:1250 g/a trèfle d'Alexandrie (variété témoin «Winner») 2300 g/a trèfle Incarnat (variété témoin «Carmina») 3200 g/a trèfle d'Alexandrie (variété témoin «Winner»)

+ 100 g/a ray-grass d'Italie «Ellire»

+ 100 g/a ray-grass Westerwold «Primora» 4120 g/a trèfle Incarnat (variété témoin «Carmina»)

+ 100 g/a ray-grass d'Italie «Ellire»

+ 100 g/a ray-grass Westerwold «Primora»

Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de trèfle d'Alexandrie (TA) et de trèfle Incarnat (TI) 2010-2012

N° Variété Obtenteur, pays Catégorie1

1 Tigri Mediterranea, IT 1

2 Sacromonte CRA-FLC, IT 1

3 Winner Freudenberger, DE 1

4 Miriam Sumeran, IT 1

5 Elite II Seedmark, AU 2/3

6 Tabor* Agridera, IL 1

7 Bluegold Ferri, IT 1

8 Alex Continental, IT 3

Variétés en caractère gras = anciennes variétés recommandées

* Variété mono-coupe

1Classement des variétés basé sur les résultats des essais:

catégorie 1:

Variété recommandée en Suisse

catégorie 2/3:

Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2016

catégorie 3:

Variété moyenne et non recommandée en Suisse, sans caractéristiques particulière-

ment intéressantes

Tableau 2 | Essais variétaux de trèfle d'Alexandrie: provenance et classement des variétés testées

Page 47: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat | Production végétale

299Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013

R é s u l t a t s

Pour le trèfle d’Alexandrie, six variétés déjà recomman-

dées et deux nouvelles (Bluegold et Alex) ont été testées

(tabl. 2). Les deux nouvelles obtentions proviennent

d’Italie. A l’exception de Tabor, toutes les variétés testées

sont multi-coupes et permettent, dans le cas d’un semis

au printemps, d’effectuer trois coupes - quoi qu’il en

résulte pour la dernière coupe un rendement médiocre.

Pour la variété Tabor, la persistance n’a pas été évaluée

en raison de son caractère mono-coupe; de même pour

les attaques par l’anthracnose des trèfles, cette maladie

n’apparaissant qu’à l’automne et uniquement dans les

semis de printemps (site de Reckenholz en 2010). Pour

ces raisons, un indice global spécifique a dû être établi,

afin d’évaluer et de classer la variété Tabor.

Le meilleur indice a été atteint par la nouvelle obten-

tion Bluegold (tabl. 3). Elle était non seulement la meil-

d’Alexandrie) ainsi qu’aux conditions hivernales et la

persistance. De plus, la matière sèche à la récolte a été

analysée, car des teneurs faibles en matière sèche

peuvent causer des problèmes à l’affouragement et à la

conservation. Les notations ont été faites selon une

échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note et 9 la moins

bonne. Les récoltes des parcelles ont été pesées et les

rendements annuels en matière sèche ont été convertis

en notes de 1 à 9 selon un traitement statistique. Une

distinction a été faite entre le rendement de la première

coupe et le rendement total.

Pour le classement des variétés, toutes les notations

ont été prises en compte sous forme d’un indice global.

Certaines caractéristiques ont un poids plus important

dans cette évaluation finale. Pour le trèfle d’Alexandrie,

les notes pour le rendement, l’aspect général, la persis-

tance et la résistance à l’anthracnose des trèfles comp-

tent double par rapport aux autres caractéristiques.

Pour le trèfle Incarnat, il s’agit du rendement, de l’aspect

général et de la résistance aux maladies foliaires. Une

nouvelle variété est recommandée si sa valeur d’indice

global est de 0,20 points en dessous (valeur inférieure =

meilleure) à la moyenne des variétés témoins, ancienne-

ment inscrites dans la liste des variétés recommandées.

Une ancienne variété est éliminée si son indice global est

de 0,20 points supérieur (valeur supérieure = résultats

moins bons) à la moyenne des témoins. L’espèce du

trèfle Incarnat étant examinée pour la première fois

dans le cadre de l’étude variétale, aucune variété témoin

n’était disponible. Nous nous sommes donc basés sur la

moyenne des valeurs des trois nouvelles variétés testées

pour calculer l’indice global.

N° VariétéRendement 1ère coupe*

Rendement total1*

Aspect général*

Vitesse d'installation

Force de concur-rence

Persis-tance*

Résistance à l'anthracnose*

Teneur en

matière sèche

Indice

1 Tigri 4,8 4,3 3,0 3,8 5,1 4,8 3,3 3,9 4,08

2 Sacromonte 4,6 4,4 2,8 3,9 5,1 4,8 3,8 5,4 4,24

3 Winner 5,2 4,7 3,1 4,3 5,5 5,0 3,3 4,8 4,39

4 Miriam 5,2 5,2 3,1 4,2 5,3 4,9 4,0 4,9 4,55

5 Elite II 5,1 4,9 3,6 5,3 5,9 4,5 4,4 5,0 4,71

Moyenne des témoins 5,0 4,7 3,1 4,3 5,4 4,8 3,7 4,8 4,39

6 Tabor*** 4,0 5,5 3,0 3,0 5,0 ** ** 4,7 4,17***

7 Bluegold 4,7 4,2 3,2 4,4 5,7 4,2 2,4 5,2 4,04

8 Alex 6,3 5,5 3,3 4,4 5,2 5,0 4,4 6,0 4,97

Variétés en caractère gras = anciennes variétés recommandées

Notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais 1Notes de rendement de 4 lieux avec 1 à 3 coupes pesées en 2010 et 1 à 2 coupes pesées en 2011 ainsi que d'un lieu avec 3 coupes pesées en 2012

* Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice global

** Aucune observation possible

*** Variété mono-coupe, moyenne (témoin): 4,41

Tableau 3 | Résultats des essais variétaux de trèfle d'Alexandrie 2010–2012

N° Variété Obtenteur Catégorie1

1 Contea Continental, IT 1

2 Clo Ferri, IT 3*

3 Carmina Carneau, FR 3*

Variétés en caractère gras = anciennes variétés recommandées

1Classement des variétés basé sur les résultats des essais:

catégorie 1:

Variété recommandée en Suisse

catégorie 3:

Variété moyenne et non recommandée en Suisse, sans caractéristiques particulièrement

intéressantes *Peut encore être utilisée à la place de Contea jusqu'au 31 décembre 2015

Tableau 4 | Essais variétaux de trèfle Incarnat: provenance et classement des variétés testées

Page 48: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

300

Production végétale | Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013

leure pour le rendement total, mais s’est également

distinguée par de bonnes notes pour la résistance à

l’anthracnose des trèfles, pour la persistance et pour

l’aspect général. En revanche, elle était moins satisfai-

sante au niveau de la levée, de la force de concurrence et

de la teneur en matière sèche. Comme ces caractéris-

tiques ne comptent qu’une fois dans le calcul de l’indice

global, Bluegold a tout de même atteint une valeur lui

permettant d’être inscrite dans la Liste des variétés

recommandées. La deuxième nouvelle obtention testée,

Alex, ne peut pas être recommandée, car son indice glo-

bal excède largement la moyenne du standard. Parmi les

anciennes variétés recommandées, Tigri a réalisé le meil-

leur indice global. Cette variété a obtenu des valeurs

favorables pour tous les critères, en particulier pour son

potentiel de rendement et ses teneurs élevées en

matière sèche. Sacromonte aussi se distingue par une

bonne productivité et le meilleur résultat pour l’aspect

général. Ses teneurs en matière sèche sont plutôt faibles.

Tabor, la seule variété mono-coupe, n’a pas pu être com-

parée aux autres variétés. Son indice global de 4,17 se

réfère à un standard, dans lequel la persistance et la

résistance à l’anthracnose des trèfles ne sont pas prises

en compte. Tabor présente des atouts surtout au niveau

du rendement de la première pousse. L’aspect général et

la vitesse d’installation sont d’autres critères avec les-

quels elle se distingue. Comme Winner, Tabor est une

variété qui pousse en hauteur, ce qui la rend sensible à la

verse. La variété Elite II sera radiée de la liste des variétés

recommandées, en raison de notes insuffisantes pour la

plupart des critères.

Pour le trèfle Incarnat, trois variétés ont été testées:

Contea, Clo et Carmina (tabl. 4). Comme ces trois varié-

tés n’ont pas encore été recommandées, la moyenne de

leurs indices a servi comme référence de comparaison.

Contea s’est montrée la plus performante non seule-

ment au niveau du rendement, de l’aspect général et de

la vitesse d’installation, mais également par une force

de concurrence élevée, une bonne persistance et des

teneurs élevées en matière sèche (tabl. 5). Seules les

résistances aux conditions hivernales et aux maladies

foliaires ont été moins satisfaisantes. Sur la base de ces

résultats, Contea figurera sur la liste des variétés recom-

mandées et pourra être utilisée dans les mélanges

standard. Clo et Carmina, actuellement commercialisées

en  Suisse, pourront encore être utilisées jusqu’au

31 décembre 2015.

C o n c l u s i o n s

Sur la base des résultats obtenus dans les essais variétaux

de 2010 à 2012, la liste des variétés recommandées de

plantes fourragères sera modifiée comme suit:

•• Trèfle d’Alexandrie: l’ancienne variété recommandée

Elite II sera retirée de l’assortiment à partir du 1er

janvier 2016 et est remplacée par la nouvelle obten-

tion Bluegold.

•• Trèfle Incarnat: des trois variétés nouvellement testées,

Contea sera ajoutée à la liste des variétés recomman-

dées. Les deux variétés Clo et Carmina, actuellement

commercialisées en Suisse, pourront encore être

utilisées jusqu’au 31 décembre 2015.� n

N° VariétéRendement 1re coupe*

Rendement total1*

Aspect général*

Vitesse d'installation

Force de concurrence

Persis-tance

Tolérances/résistances Teneur en

matière sèche

IndiceConditions hivernales

Maladies foliaires*

1 Contea 2,6 2,8 3,6 1,8 6,1 5,7 6,4 5,1 4,6 3,94

2 Clo 5,5 5,8 4,0 3,1 6,8 6,8 5,4 4,3 5,4 5,07

3 Carmina 7,1 6,8 4,8 4,5 6,8 5,8 4,6 3,5 5,0 5,48

Moyenne des témoins** 5,1 5,1 4,1 3,1 6,6 6,1 5,5 4,3 5,0 4,83

Notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais 1Notes de rendement de 6 lieux avec 1 à 4 coupes pesées en 2010 et 1 coupe pesée en 2011 ainsi que d'un lieu avec 1 coupe pesée en 2012

*Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice global **La moyenne des témoins correspond à la moyenne des trois variétés testées, car aucune variété recommandée disponible

Tableau 5 | Résultats des essais variétaux de trèfle Incarnat 2010-2012

Page 49: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

301

Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Berseem clover and Crimson clover

variety trials (2010-2012)

From 2010 through 2012, the Agro-

scope Reckenholz-Tänikon ART and

Agroscope Changins-Wädenswil ACW

research stations tested in total eight

varieties of Berseem clover and three

varieties of Crimson clover in compara-

tive variety trials at seven experimen-

tal sites. All varieties were grown in

pure stands and in mixture with

grasses. The parameters assessed were

dry matter yield, juvenile develop-

ment, vigour, competitive ability,

persistence, resistance to leaf diseases

and winter conditions and dry matter

content. For each variety, an index-

value based on field measurements

and observations was calculated,

allowing an accurate comparison of

the varieties. According to the results,

one new variety of Berseem clover

(Bluegold) will be added to the «List of

recommended varieties of forage

plants». The previously recommended

variety Elite II has been disqualified.

With Crimson clover, one of the three

breeds tested (Contea) reached the

index-value required for recommenda-

tion. The two other varieties Clo and

Carmina will not be recommended, but

can still be used in standard mixtures

until the end of 2015.

Key words: Trifolium alexandrinum L.,

Trifolium incarnatum L., variety test,

list of recommended varieties.

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013

Bibliographie ▪ Frick R., Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U., 2012. Liste 2013–2014 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 3 (10), 1–8.

▪ Gujer H., Rotacher A., Röthlisberger K. & Studer H., 1983. Pflanzen unse-rer Wiesen und Weiden. Landwirtschaftliche Lehrmittelzentrale LMZ, Zollikofen, 16–19.

▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2012. Mélanges standard pour la production fourragère 2013-2016. Recherche Agronomique Suisse 3 (10), 1–12.

▪ Nösberger J., 1984. Futterbau I – Unterlagen zur Vorlesung, Institut für Pflanzenbau, ETH-Zurich, 91.

▪ Raynal G., Gondran J., Bournoville R. & Courtillot M., 1989. Ennemis et maladies des prairies. Institut national de la Recherche agronomique INRA éd. Paris, 109-110.

Trifoglio alessandrino e incarnato:

Risultati delle prove varietali da 2010 a

2012

Le Stazioni di ricerca Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART e Changins-

Wädenswil ACW tramite delle prove

varietali hanno esaminato le attitudini

di coltura di otto varietà di trifoglio

alessandrino e tre varietà di trifoglio

incarnato. Sono state appurate

seguenti caratteristiche: produttività,

vigore giovanile, bontà della cotica,

concorrenzialità, persistenza, e

resistenza alle malattie e allo sverna-

mento e contenuto di sostanza secca.

Per valutare e comparare le varietà è

stato calcolato un indice per ogni

varietà che corrisponde alla media di

tutti parametri analizzati. Per il

trifoglio alessandrino la lista delle

varietà consigliate viene completata

con la varietà Bluegold, mentre la

varietà Elite II sarà stralciata dal 2016.

Tra le tre varietà di trifoglio incarnato è

la nuova selezione Contea che viene

aggiunta alla lista delle varietà

consigliate. Le altre due varietà Clo e

Carmina possono essere utilizzate fino

alla fine 2015 al posto di Contea.

Page 50: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

302 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013

Nicole Berger, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse

Renseignements: Nicole Berger, e-mail: [email protected], tél. +41 31 910 22 29

Au secours des faons

En Suisse, plusieurs milliers de faons meurent chaque

année lors des travaux de fenaison. Les méthodes tra-

ditionnelles de détection des faons sont peu efficaces

et peu probantes. Dans le cadre d’un projet de

recherche mené par la Haute école des sciences agro-

nomiques, forestières et alimentaires (HAFL), des solu-

tions techniques ont été cherchées afin de réduire la

souffrance des faons et le risque d’intoxication des

animaux de rente par du fourrage contaminé avec des

restes de cadavre.

De mi-avril à mi-juin, les chevreuils (Capreolus capreolus)

privilégient les prés pour y installer leurs faons. La plu-

part du temps, ils donnent naissance à des jumeaux.

E c l a i r a g e

Figure 1 | Faon de près de deux semaines se terrant en cas de danger au lieu de s’enfuir. Cet instinct leur est fatal lors de la fauche des prés. (Photo: Walter Berger)

Page 51: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Au secours des faons | Eclairage

303Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013

Les nouveau-nés se cherchent une place dans la prairie,

indépendamment l’un de l’autre (Stubbe 2008). Pendant

les deux ou trois premières semaines, les faons se

tapissent instinctivement au sol (fig. 1) et, en cas de dan-

ger, s’enfouissent dans la végétation au lieu de s’enfuir.

Grâce à leur pelage tacheté, ils sont bien camouflés et

leur mère s’efforcent de les garder propres et inodores;

ils sont ainsi protégés des renards, chiens ou lynx, qui

chassent à l’odorat (Menzel 2007). Durant la même

période, les prairies sont fauchées et il arrive fréquem-

ment que des faons soient accidentellement mutilés ou

tués par les faucheuses.

Les méthodes traditionnelles

Chasseurs et agriculteurs font des efforts importants

pour détecter ou déloger les jeunes animaux avant la

fauche. Afin de les effrayer et de les troubler, des fanions

colorés ou réfléchissants ainsi que des odeurs répulsives

sont installés dans les champs. Le repérage ciblé des

faons est aussi pratiqué, comme le ratissage de la prairie

par battues humaines avec ou sans chien. Beaucoup de

faons peuvent être ainsi sauvés, mais ces efforts n‘ap-

portent pas un succès total.

Pour éviter les accidents et leurs fâcheuses consé-

quences, la Haute école des sciences agronomiques,

forestières et alimentaires HAFL a lancé un projet de

détection et de sauvetage des faons dans les herbages.

Le Département technique et informatique de la HESB à

Burgdorf (BFH-TI), l’Institut de géodésie et de photo-

grammétrie (IGP) de l’Ecole polytechnique fédérale de

Zurich (EPFZ) et l’Office fédéral de l’environnement

(OFEV) y ont également participé.

Comportement des chevreuils

L’efficacité des différentes mesures, telles que l’effarou-

chement ou le dérangement, pourrait s’expliquer par le

comportement d’anxiété individuel des chevreuils. Alors

que des chevrettes audacieuses reconduisent leurs faons

dans le pré le soir même du placement des banderoles,

d’autres plus peureuses attendent deux à trois jours pour

réinvestir le pré. Les chevreuils courageux reviennent

dans le pré un à deux jours plus tard s’il ne s’y passe rien

(Jarnemo 2002). Il faudrait donc connaître le caractère

de chaque animal pour fixer le moment le plus adéquat

pour le déranger et l’effaroucher.

Lors des travaux du projet, il a été constaté que l’ob-

servation précise et de longue durée des parcelles est la

méthode la plus sûre, mais également la plus lourde et

coûteuse, pour repérer la présence de faons dans un pré.

La chevrette revient souvent sur la parcelle où se

trouvent son ou ses petits. Elle s’y immobilise plusieurs

minutes afin de nettoyer et faire téter son faon. Il s’est

également avéré que les chevrettes ne mettent pas bas

au même endroit chaque année, ce qui constitue une

difficulté supplémentaire pour les pronostics de zones

et de dates critiques. En outre, des faons ont été trouvés

à des endroits où aucun faon n’avait jamais été repéré.

Par conséquent, les surfaces à faucher devraient et

doivent toujours être inspectées.

Détection high-tech depuis les airs

Un multicoptère équipé d’une caméra thermique est la

méthode la plus efficace pour détecter les faons dans les

hautes herbes (fig. 2). Les prairies de fauche ont été ins-

pectées systématiquement (pilote automatique) avec le

Figure 2 | Quadricoptère avec caméra thermique fixée sur une arma-ture mobile en deux dimensions pour détecter les faons. (Photo: Nicole Berger)

Hauteur de vol Visibilité, distinction thermique

100 m ElevéeVégétation maigre et érigéePas de soleil, température fraîche

50 m

NormaleVégétation majoritairement érigée Sol presque visible Pas, peu de soleil, plutôt frais

30-40 m MauvaiseVégétation dense ou verséeEnsoleillé et chaud

Vol inutile

Très mauvaiseVégétation lacunaire avec sol à nu (> 18 °C) ou herbes sèchesTrès ensoleillé et chaud

Tableau 1 | La hauteur de vol dépend de la température ambiante, du degré d’ensoleillement et des caractéristiques de la végétation

Page 52: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Eclairage | Au secours des faons

304 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013

multicoptère à une hauteur de 50 m et un angle de

caméra horizontal de 28 ° et vertical de 21 ° (tabl. 1). La

caméra était orientée à angle droit par rapport au sol

grâce à une armature mobile à deux dimensions. La

vidéo thermique réalisée était transmise en temps réel

sur les écrans au sol et interprétée par le sauveteur. Les

faons étaient visibles sous la forme de taches claires sur

le film en raison de leur température corporelle (fig. 3).

Quand un tel point chaud était détecté, la position du

multicoptère était enregistrée en appuyant sur un bou-

ton de l’ordinateur portable. En fin de vol, les coordon-

nées sauvegardées étaient délibérément à nouveau

survolées et marquées par un vol stationnaire du multi-

coptère. Le sauveteur se dirigeait vers le faon à l’aide

d’un deuxième écran, sur lequel il était aussi visible

comme un point chaud lumineux. Ce projet de recherche

et cette méthode ont permis de découvrir 21 faons,

10 chevreuils et un jeune lièvre sur 14 des 100 champs

survolés en 26 jours de recherche. Consécutivement aux

recherches, douze parcelles ont été fauchées et tous les

faons y avaient été détectés auparavant. Avec cette

méthode, les faons ne doivent pratiquement pas être

cherchés, mais ils sont rapidement et facilement détec-

tés, puis sauvés.

Les coûts d’un tel système avoisinent CHF 25 000.–.

En y ajoutant le salaire, on obtient un coût de CHF 140.–

par parcelle. Par parcelle (env. 2 ha), il faut compter 20 à

30 minutes pour la préparation, la détection et le sauve-

tage. Sur de grandes surfaces bien remaniées, le temps

de travail peut être réduit à 7,5 minutes par hectare.

Cette méthode permet donc de contrôler une surface

trois à quatre fois plus grande que le système par détec-

tion infrarouge ISA-Wildretter (fig. 4). L’avantage de

l'ISA-Wildretter est que le porteur de l’appareil peut

directement vérifier dans le champ s’il s’agit d’un faon

ou si un autre élément a déclenché le signal, par exemple

une pierre chauffée au soleil, une fourmilière, une butte

de campagnol, des herbes sèches, etc.

Stratégies de sauvetage

Parallèlement à l’utilisation d’une nouvelle technique

pour la détection des faons, de nouvelles connaissances

ont été acquises sur le comportement des chevreuils.

Ainsi, on a observé que les animaux adultes se reposent

aussi dans les champs. Les prairies servent donc d’habitat

tant aux jeunes qu’aux animaux plus âgés. Lors de fortes

précipitations, on a remarqué que les faons se déplacent

dans les herbages abrités par le feuillage des arbres.

Après une pluie, la fauche des prés en lisière de forêts

augmenterait les accidents mortels avec les faons.

Le projet a aussi révélé qu’il était nécessaire d’établir

deux différentes stratégies de sauvetage selon l’âge du

faon (fig. 5). En effet, il ne faut pas négliger les animaux

plus âgés, qui ont tendance à fuir juste au-devant du

danger en comptant sur leur camouflage. Ces derniers

bondissent au dernier moment et sont mutilés par la

machine. A l’inverse, se tapissant par instinct, les jeunes

faons sont écrasés par la machine et sont généralement

tués sur le coup.

Toucher un faon?

Lors de leur sauvetage, les jeunes faons sont forcément

en contact avec les humains et risquent de se charger

d’odeurs étrangères. Selon Hespeler (2006), le risque est

faible qu’ils soient abandonnés par leurs mères. Cepen-

dant, une odeur aussi naturelle que possible est vitale

Figure 3 | Image thermique d’un faon tapi au sol. Les points les plus chauds sont les yeux et les parties du corps où la tête est appuyée. (Source: Nicole Berger)

Figure 4 | Le système de détection à capteurs infrarouges ISA- Wildretter permet aussi de déceler les faons. (Photo: Nicole Berger)

Page 53: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

Au secours des faons | Eclairage

305Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013

Dans le cadre du projet, un système automatique de

géolocalisation a été développé pour la localisation des

faons au sein de la prairie. Ce système détermine dans

un rayon de 2 à 3 m la position d’un faon dans un pré. Les

coordonnées peuvent être recherchées à l’aide d’un

simple récepteur GPS. Afin de repérer rapidement et

précisément le faon si bien camouflé, un appareil porta-

tif de détection a été accessoirement développé à l’ins-

tar d’un détecteur de métal. Le système de géolocalisa-

tion et l’appareil portatif de détection sont encore des

prototypes qui doivent être développés dans un projet

consécutif en vue d’une production en série. n

pour les faons, sinon ils ne sont plus protégés des préda-

teurs (Hess 2012). Le plus sûr est de se frotter les mains

avec de la terre et de l’herbe fraîchement arrachée, de

tenir des gerbes en saisissant le faon afin d’éviter un

contact direct avec lui

Perspectives

La technologie thermique est fondamentalement bien

adaptée pour le sauvetage des faons. Il s’est avéré

qu’elle a mieux fonctionné lors de températures fraîches

et en l’absence de soleil. Pour plus de sûreté, les

recherches étaient planifiées et conduites entre 5h00 et

8h30 heures du matin.

Les futures recherches à grande échelle devraient

être assurées par des équipes de recherche coordonnées.

Actuellement, des projets sont en préparation à la HAFL

en vue de la formation des équipes et de l’acquisition du

matériel.

Les courtes périodes où les recherches sont possibles

ont limité les performances de la méthode au niveau des

surfaces traitées. Pour cette raison, et afin de diminuer

les coûts. Les nouveaux systèmes de détection des faons

doivent être développés, et les recherches concentrées,

dans les prairies òu la présence de faons est établie.

Bibliographie ▪ Hespeler B, 2006. Die Kitze kommen … . DJZ 5/2006, 41–43. ▪ Hess S, 2012. Den Rehkitzen auf der Spur. Neue Zuger Zeitung, 26.05.2012. Accès: www.zugerzeitung.ch [26.05.2012]

▪ Jarnemo A, 2002. Roe deer Capreolus capreolus fawns and mowing – mortality rates and countermeasures. Wildl. Biol. 8, 211–218

▪ Menzel K, 2007. Hege und Bejagung des Rehwildes. Franckh-Kosmos, Stuttgart, p. 17, 18, 37/139.

▪ Stubbe C, 2008. Rehwild. Franckh-Kosmos, Stuttgart, p. 171-177/391.

Immobilisédans une

caisse

En lisièrede forêt

Surplacemarquage bienvisible pour le

chauffeur

Déplacé dans un

autre habitat

Marcherdevant lafaucheuse

Faucherà la vitesse

du pas(à tester)

Refouleren forêt

Faucherde suite

Faucherplus tard(mesure

d’effarouchement)

Stratégies desauvetage

Le faon setapit au sol

Le faons’enfuit

Figure 5 | L’élaboration de deux stratégies différentes de sauvetage, l’une pour les jeunes faons qui se tapissent au sol et l’autre pour les faons plus âgés qui tentent de fuir.

Page 54: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

306

P o r t r a i t

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 306, 2013

Stefan Lauber: un citadin dévoué à la zone alpine

Nous nous retrouvons à l’ETH, le vélo pliable est garé

devant la porte. Stefan Lauber se défait de son harnache-

ment de citoyen urbain et mobile: il pose son sac à dos et

retire son survêtement imperméable. «Combiner vélo et

train pour me rendre de mon domicile à Lucerne jusqu’à

mon lieu de travail au WSL de Birmensdorf, c’est ma façon

de rester en forme», s’excuse-t-il brièvement, «car entre

ma famille et mon métier, il ne me reste pratiquement

plus de temps pour le sport». Il sort son laptop – acces-

soire du chercheur nomade.

La phase finale du projet intégré lui demande beau-

coup de temps et d’organisation en sa qualité de co-

responsable et de coordinateur d’AlpFUTUR en plus de

la participation active à l’éducation de ses deux jeunes

enfants, déclare-t-il, d’autant que sa femme occupe

comme lui un poste à 70 % en tant que responsable de

programme. Actuellement, la version allemande du

manuel de synthèse est en cours de rédaction et diffé-

rentes autres publications et travaux d’application sont

encore en cours, explique-t-il avec un intérêt manifeste

pour cette phase du projet. Une version italienne et fran-

çaise de la synthèse suivront.

Le projet intégré de A à Z

«AlpFUTUR était en fait un projet de recherche de type

bottom-up: après avoir interrogé les parties prenantes

sur les questions de recherche possibles dans la région

d’estivage, nous avons esquissé un programme de

recherche. Puis, des ébauches de projets concrètes ont

suivi et nous avons commencé à chercher le finance-

ment», se souvient Lauber. «L’acquisition des fonds

aurait été quasiment impossible sans notre propre site

Internet (www.alpfutur.ch)». L’ingénieur en est per-

suadé. «Ce site est pour nous un instrument capital pour

faire connaître les progrès et les résultats de notre tra-

vail». L’excellente collaboration au sein de l’équipe a

également joué un rôle décisif dans la réussite du projet.

En 2013 et 2014, des manifestations suivront dans les

régions participantes, en collaboration avec Agridea.

«Enfin, pour clore le projet, une fête sera organisée

durant l’été 2014 avec tous les participants» car, selon

Stefan Lauber «AlpFUTUR n’a pu réussir que grâce à eux

tous, à leur motivation et à leur engagement».

Le management de projet ouvre de nouvelles perspectives

Stefan Lauber déclare avoir pu ainsi poursuivre avec ce

travail le thème de sa thèse dans le domaine de l’écono-

mie de l’environnement et des ressources1, thèse qu’il a

rédigée à Agroscope à Tänikon dans le cadre du Pro-

gramme national de recherche PNR 48. «Les Alpes sont

une des principales ressources naturelles de la Suisse»,

ajoute-t-il, et leur exploitation est une question capti-

vante de la politique agricole et sociale; il s’y est d’ail-

leurs intéressé très tôt dans sa carrière. «Grâce à mon

rôle d’organisateur, j’ai pu combiner de manière pas-

sionnante le management et mon sujet de recherche»,

explique-t-il encore.

Pendant son temps libre, Stefan Lauber aime faire

des randonnées en montagne avec sa famille, randon-

nées qui le conduisent souvent dans la zone alpine. «Il

n’y a que l’escalade qui ne me dise rien après les nom-

breuses heures passées devant l’ordinateur» déclare-t-il,

car il a besoin d’espace et d’un horizon dégagé et non

pas d’une autre paroi verticale devant son nez.

Etel Keller-Doroszlai, station de recherche Agroscope Reckenholz-

Tänikon ART, 8046 Zurich

1Changement structurel agricole en région de montagne: Modélisation de la structure agricole et de l’utilisation des terres par les agents pour deux régions du canton des Grisons de manière spatialement explicite. ART-Schriftenreihe 2 (2006), Agroscope, Ettenhausen. Disponible uniquement en allemand, avec résumé en français]

Page 55: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

307

A c t u a l i t é s

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013

Produits phytosanitaires dans l’agriculture2013

Produits phytosanitairesdans l’agriculture

Un module de l’aide à l’exécution pour la protection de l’environnement dans l’agriculture

> L’environnement pratique > Agriculture

Un module de l’aide à l’exécution pour la protection de

l’environnement dans l’agriculture

Ce module d'aide à l’exécution présente les bases légales

relatives à la protection des eaux et de l’environnement,

aux produits chimiques et en partie à l’agriculture régis-

sant l’utilisation de produits phytosanitaires dans les

exploitations agricoles. Elle concrétise les notions juri-

diques non précisées, en particulier dans le domaine de

l’entreposage et de l’utilisation des produits phytosani-

taires et dans celui du nettoyage des pulvérisateurs. Elle

est destinée avant tout aux autorités d’exécution ainsi

qu’aux vulgarisateurs agricoles.

Christian Leu, Office fédéral de l'environnement OFEV

Ruth Badertscher, Office fédéral de l’agriculture OFAG

L’aide à l’exécution «Produits phytosanitaires dans l’agriculture»

n’est publiée que sous forme électronique.

Téléchargement: www.bafu.admin.ch/UV-1312-F

Bactéries du sol: une aide efficace dans la lutte contre les maladies de la pomme de terre

Lors de la conférence annuelle du groupe de travail «Lutte

biologique contre les maladies des plantes» de la Société

allemande de phytomédecine, plus de trente scientifiques

se sont retrouvés à Witzenhausen, en Allemagne.

Différents aspects de la lutte biologique contre les

maladies ont été discutés et l’accent a été mis sur le

potentiel que représentent les bactéries du sol pour la

régulation des principales maladies des pommes de

terre comme le mildiou, le flétrissement bactérien ou le

rhizoctone noir. Les résultats positifs obtenus en utili-

sant différentes bactéries (du genre Pseudomonas ou

Bacillus) ont été présentés lors de la conférence. Ils per-

mettent d’espérer qu’à l’avenir, une meilleure compré-

hension des interactions entre organismes utiles et

organismes nocifs permettra de stimuler de manière

sélective les espèces de bactéries favorables dans le sol

ou de les inoculer de manière ciblée, pour réguler dura-

blement et efficacement les maladies des plantes dans

les cultures biologiques.

Laure Weisskopf, Station de recherche Agroscope Reckenholz-

Tänikon ART

Page 56: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

308 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013

Actualités

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

emblématiques, ainsi que des milieux naturels à encou-

rager selon l’OFEV et l’OFAG. On parle de qualité des

objectifs environnementaux pour l’agriculture ou qua-

lité OEA. La deuxième étape a consisté à estimer le pour-

centage actuel de surfaces de qualité OEA dans les diffé-

rentes zones agricoles et dans les cinq régions principales.

Une étape ultérieure a permis de proposer des objectifs.

Ils se fondent sur des exemples de cas tirés de projets

intégrés ainsi que sur différentes études déjà publiées.

Dans les zones de montagne III et IV ainsi que dans la

zone d’estivage, il existe encore suffisamment de sur-

faces de qualité OEA aujourd’hui. On constate cepen-

dant un déficit en surfaces de qualité OEA dans la région

de plaine et dans les zones de montagne I et II. Avec les

surfaces de compensation écologique (SCE) actuelles, les

pourcentages nominaux sont presque atteints en quan-

tité. Pour pallier aux déficits qualitatifs et arriver aux

valeurs nominales proposées, il faudrait tripler le pour-

centage de surfaces de qualité OEA dans ces zones agri-

coles – notamment en ce qui concerne la compensation

écologique dans les grandes cultures. En outre, pour sti-

muler la diversité des espèces, des mesures d’encourage-

ment spécifiques doivent être prises dans toutes les

régions en faveur des espèces cibles et des espèces

emblématiques prioritaires à l’échelle nationale. Pour 24

subrégions, quelques points forts des milieux naturels à

préserver et encourager ont été spécifiés. En outre, des

exemples d’espèces cibles et emblématiques ont été cités

pour lesquelles ces milieux naturels sont d’une impor-

tance cruciale.

Thomas Walter et al., ART

Cette publication n’existe qu’en allemand (résumé en français).

Operationalisierung derUmweltziele LandwirtschaftBereich Ziel- und Leitarten, Lebensräume(OPAL)

Autorschaft:

Thomas Walter, Stefan Eggenberg, Yves Gonseth, Fabien Fivaz,

Christian Hedinger, Gabriela Hofer, Andrea Klieber-Kühne, Nina Richner,

Karin Schneider, Erich Szerencsits, Sebastian Wolf

ART-Schriftenreihe 18 | Januar 2013

Opérationnalisation des objectifs environnementaux pour l’agricultureDomaine des espèces cibles et espèces

emblématiques, milieux naturels (OPAL)

Cahiers d‘ART 18

En 2008, l’Office fédéral de l’environnement OFEV et

l’Office fédéral de l’agriculture OFAG ont formulé des

objectifs environnementaux pour l’agriculture. Afin de

concrétiser ces objectifs dans le domaine des espèces et

des milieux naturels, une quantification et une régiona-

lisation s’avèrent nécessaires. Le présent document pro-

pose des objectifs quantitatifs et qualitatifs pour les dif-

férentes zones et régions agricoles. Les régions ont été

délimitées sur la base des potentiels de distribution des

espèces cibles et emblématiques. Lors d’une première

étape et à partir des instruments existants, tels que les

inventaires nationaux et l’Ordonnance sur la qualité éco-

logique, des critères de qualité ont été définis pour les

surfaces et les régions sur la base des espèces cibles et

Page 57: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

309Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013

Actualités

Impressum

Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Rédaction: Etel Keller,ARTTraduction: RegulaWolz,ART

Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d’abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661–7576

Autrices

Nina M. Keil, Office vétérinairefédéral, Centre spécialisé dans ladétention convenable des rumi-nants et des porcs,ART,8356 Ettenhausen, Suisse,E-mail: [email protected]

Sandra Hilfiker et Edna Hillmann,Comportement, santé & bien-être,EPF, 8092 Zurich, Suisse

Eva Nordmann et SusanneWaiblinger, Université demédecine vétérinaire de Vienne,Institut de production animaleet de protection des animaux,1210 Vienne,Autriche

Rapport ART 757

Aménagement de l‘aire d’affourragement des chèvres

Les cornadis à palissades, les séparations avant des places d’alimentation et une gestion adaptée de

l’affourragement réduisent les conflits

Octobre 2012

En raison du comportement social déve-loppé des chèvres et de la concurrence quis’exerce lors des repas, l’aire d’affourrage-ment est un secteur de l’étable qui est sou-vent le théâtre d’affrontements. Cela peutavoir des répercussions négatives sur lebien-être et la productivité des animaux,surtout lorsque les chèvres sont détenuesen petits effectifs. Deux expériences réali-sées à la station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART ont étudié diffé-rents types de cornadis et l’importance desséparations avant des places d’affourage-ment dans des situations avec et sansimmobilisation au cornadis. Les comporte-ments ont été observés dans des groupes

de chèvres avec et sans cornes. Le but del’étude était d’optimiser l’aménagementde l’aire d’affourragement pour minimiserles affrontements et faciliter l’accès à lanourriture des animaux d’un rang hiérar-chique inférieur. Les résultats montrentque les cornadis à palissades sont les mieuxadaptés, que les chèvres aient des cornesou non. Les séparations avant des placesd’affouragement ont un effet positif sur lecomportement des chèvres, lorsque cesdernières sont immobilisées pendant lesrepas. En raison du risque de blessures,l’utilisation de séparations avant des placesd’affouragement est particulièrement re-commandée avec les chèvres à cornes.

Fig. 1: Un cornadis adapté à la détention des chèvres doit avoir des places d’affourragementclairement subdivisées et permettre à l’animal d’entrer et de sortir le plus aisément possible.

Aménagement de l‘aire d’affourragement des chèvres

Rapport ART 757

En raison du comportement social développé des chèvres

et de la concurrence qui s’exerce lors des repas, l’aire

d’affourragement est un secteur de l’étable qui est sou-

vent le théâtre d’affrontements. Cela peut avoir des

répercussions négatives sur le bien-être et la producti-

vité des animaux, surtout lorsque les chèvres sont déte-

nues en petits effectifs. Deux expériences réalisées à la

station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART ont étudié différents types de cornadis et l’impor-

tance des séparations devant les places d’affourage-

ment dans des situations avec et sans immobilisation au

cornadis. Les comportements ont été observés dans des

groupes de chèvres avec et sans cornes. Le but de l’étude

était d’optimiser l’aménagement de l’aire d’affourrage-

ment pour minimiser les affrontements et faciliter l’ac-

cès à la nourriture des animaux d’un rang hiérarchique

inférieur. Les résultats montrent que les cornadis à palis-

sades sont les mieux adaptés, que les chèvres aient des

cornes ou non. Les séparations devant les places d’affou-

ragement ont un effet positif sur le comportement des

chèvres, lorsque ces dernières sont immobilisées pen-

dant les repas. En raison du risque de blessures, l’utilisa-

tion de séparations devant les places d’affouragement

est particulièrement recommandée avec les chèvres à

cornes.

Nina M. Keil, ART; Sandra Hilfiker et Edna Hillmann, EPF Zurich; Eva

Nordmann et Susanne Waiblinger, Université de médecine vétérinaire

de Vienne

Page 58: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

310

M e d i e n m i t t e i l u n g e n

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013

31.05.2013Le bachelor en agriculture biologique suscite un grand intérêt – L’enseignement bénéficie de la recherche appliquéeLes premiers étudiants de la nouvelle spécialisation

«Agriculture biologique et horticulture» dans le cadre

des études d’ingénieur en environnement à la Haute

école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) sont sur

le point d’obtenir leur diplôme. Ces études axées sur la

pratique se caractérisent par la proximité avec les mul-

tiples acteurs du monde agricole et de la recherche. A

Agroscope, les étudiants sont venus acquérir le savoir-

faire en grandes cultures et en cultures fourragères bio-

logiques.

30.05.2013Pertes hivernales de colonies d’abeilles: les api-cultrices et apiculteurs peuvent respirerAprès les pertes catastrophiques de colonies d’abeilles

au cours de l’hiver 2011/12, près d’une colonie sur quatre

manque à l’appel pour la miellée de ce printemps. Ces

chiffres correspondent à la moyenne annuelle de ces

dernières années. Le problème des pertes de colonies en

hiver reste cependant irrésolu.

27.05.2013 Une maladie de l’orge menace le blé Depuis les années 1990, les feuilles d’orge sont de plus

en plus affectées par des grillures. Ces lésions sont

souvent dues à un nouveau champignon pathogène

de l’orge, Ramularia collo-cygni, mis en évidence par

Agroscope et responsable d’importantes pertes de

rendement. En 2012, un test moléculaire développé

par Agroscope a permis de détecter et d’identifier

R.  collo-cygni sur les feuilles de plusieurs variétés de

blé de printemps, avec deux questions à la clé: la

menace va-t-elle se répéter sur le blé et le pathogène

se transmet-il aussi par les semences, comme pour

l’orge?

16.05.2013 Plantation retardée des pommes de terre: quels sont les risques? Les pluies incessantes de ce printemps ont retardé la

plantation des pommes de terre de 3 à 4 semaines en

moyenne. Certaines parcelles difficiles devront proba-

blement être plantées en juin, ce qui est tout à fait

exceptionnel. Une plantation tardive est exposée à des

risques sur le plan physiologique, phytosanitaire et cli-

matique, avec des conséquences probables sur le rende-

ment. Des informations sur la sensibilité des différentes

variétés à ces problèmes sont mises à disposition par

Agroscope. L’impact de ce mauvais départ pourra toute-

fois s’alléger si les conditions de culture et de récolte de

2013 sont favorables. Cependant, l’offre en variétés pré-

coces pourrait être amoindrie, en particulier au début

de la nouvelle campagne de commercialisation.

13.05.2013Fétuque rouge: une plante antistress pour les pâturages Les mécanismes de survie des plantes au sein des com-

munautés végétales intéressent les chercheurs. La

fétuque rouge, une petite graminée présente dans

toutes nos régions, s’illustre par son incroyable résis-

tance aux stress et, pour cette raison, figure dans de

nombreuses formules de mélanges pour gazons et prai-

ries. Agroscope lève le voile sur cette plante discrète qui

contribue à la stabilité du rendement des pâturages.

07.05.2013Information sur le mildiou via Smartphone – 25 ans de PhytoPRE En Suisse, les producteurs de pommes de terre ont accès

à des informations sur le développement du mildiou

grâce à la nouvelle WebApp PhytoPRE via Smartphone.

Cette application permet d’obtenir une carte des foyers,

les principales périodes critiques d’infection (PCIs), le

risque régional d’infection ainsi que différents bulletins

phytosanitaires. Le système d’information et de pronos-

tic PhytoPRE a commencé à être développé en 1988.

Depuis lors, il a connu de nombreuses améliorations.

Pour célébrer les 25 ans du système, Agroscope offre

cette saison le service gratuit sur Smartphone.

www.agroscope.admin.ch/communiques

Page 59: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

311

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s I n t e r n e t

Politique agricole 2014–2017

www.focus-ap-pa.ch

La plateforme «Focus AP-PA.ch» fournit aux multiplica-

trices et multiplicateurs de l’agriculture et de l’espace

rural des informations de première main, documentation

et outils sur les nouveautés pour faciliter la mise en œuvre

de la Politique agricole 2014–2017.

Juin 2013

19. – 20.06.2013Agrartechniktage TänikonAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen

Juillet 2013

02. – 05.07.2013ISHS Fireblight 2013Agroscope Changins-Wädenswil ACW et ETH ZurichETH Zurich

Août 2013

23.08.2013Journée d'information plantes médicinales et aromatiquesAgroscope Changins-Wädenswil ACWAttiswil BE

29.08.2013AGFF-StrickhoftagungAgroscope ART, AGFF

Septembre 2013

05.09.2013Informationstagung AgrarökonomieAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen

Octobre 2013

01.10.2013AlpFUTUR - wissenschaftliche SchlusstagungAlpFUTUR Verbund (Agroscope, WSL)Schüpfheim LU

02.10.20137. ÖkobilanzplattformAgroscopeAgroscope, 8046 Zurich

V o r s c h a u

Juillet–Août 2013 / Numéro 7–8

La production de seigle est en augmentation en Suisse. La quali-té meunière et boulangère des variétés de seigle est étudiée par les chercheurs d’Agroscope, afin de mieux répondre aux exigences des utilisateurs de cette céréale. (Photo: Agroscope)

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

•• Qualité boulangère du seigle en Suisse, Cécile

Brabant et al., ACW

•• Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés,

Daniel Suter et al., ART et ACW

•• 20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse,

Alice Baux et Jürg Hiltbrunner, ACW et ART

•• Influence de la variété de maïs et du stade de

développement sur la stabilité aérobie de l’ensilage,

Ueli Wyss et Yves Arrigo, ALP-Haras

•• Série Proficrops: Le colza HOLL en Suisse: de la

production pilote à la production à grande échelle,

Alice Baux et al., ACW

•• Les micro-organismes – contribution à la fumure de

demain, Antonia Maria Müller et al., ETH Zurich

•• Performance d’engraissement, qualité des carcasses

et qualité de la viande de différentes lignées

d’hybrides de chair, Cédric Hoffmann et al.,

Micarna SA et Fondation Aviforum

•• Lignées d’hybrides de chair: utilisation de l’aire à

climat extérieur, qualité de la litière et du plumage,

Cédric Hoffmann et al., Micarna SA et Fondation

Aviforum

Page 60: Rechercheagronomiquesuisse numéro 6, juin 2013

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tion des stations de recherche agronomique

Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-

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ofAg, la haute école des sciences agrono-

miques, forestières et alimentaires hAfL,

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polytechnique fédérale de zurich eTh zürich,

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l’environnement. Agroscope est l’éditeur.

cette publication paraît en allemand et en

français. elle s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie,

enseignants, organisations de conseil et de

vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,

praticiens, politiciens et autres personnes

intéressées.