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© TNS Sofres – La Lettre de l’opinion | Régionales 2015 : du big bang territorial au big bang politique 1 Le 13 novembre, la France retenait son souffle. A quelques semaines du scrutin, les attentats ont mis en suspens les campagnes dans les régions et vont, probablement, impacter les résultats des élections régionales qui se dérouleront, pour la première fois de la cinquième république, sous le régime de l’état d’urgence. En attendant le verdict des urnes, TNS Sofres-One Point, en partenariat avec la Lettre de l’opinion, fait le point sur ces élections régionales des 6 et 13 décembre. Des élections inédites, qui auront lieu dans les 13 nouvelles régions de métropole et capitales, en tant que dernières élections intermédiaires avant la présidentielle de 2017. Au-delà de l’impact électoral du nouveau découpage, ces régionales constituent un très gros enjeu pour tous les partis : quelle va être la capacité de résistance de la gauche ? Combien de régions les listes d’union de la droite et du centre vont-elles conquérir ? Et quel va être le pouvoir d’attraction des listes Front national après son succès aux européennes de 2014 et surtout, le parti de Marine Le Pen est-il en mesure de gagner une ou plusieurs régions ? Ces régionales ne devraient pas déroger à la règle électorale bien connue selon laquelle les élections intermédiaires favorisent l’opposition. C’est d’ailleurs lors des dernières régionales de 2010, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, que la gauche avait enregistré ses meilleurs résultats depuis 1998. Vague rose à l’issue de laquelle la gauche dirigea 22 des 25 régions françaises, outre-mer compris, et 21 régions en métropole sur 22, c’est-à-dire toutes à l’exception de l’Alsace. Situation hégémonique de la gauche, gouvernement à un niveau d’impopularité record, actualité nationale dramatique qui étouffe les enjeux locaux : tous ces ingrédients laissent présager un big bang politique. Notre analyse repose sur deux axes : une analyse électorale qui permet de dessiner le profil politique des nouvelles régions, réalisée par Carine Marcé de TNS-Sofres et Jean Chiche, du CEVIPOF, publiée dans l’état de l’opinion 2015, aux éditions du Seuil. Et une analyse des intentions de vote publiées depuis septembre qui permet de faire un tour d’horizon des enjeux, région par région. Régionales 2015 : du big bang territorial au big bang politique

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© TNS Sofres – La Lettre de l’opinion | Régionales 2015 : du big bang territorial au big bang politique 1

Le 13 novembre, la France retenait son souffle. A quelques semaines du scrutin, les attentats ont mis en suspens les campagnes dans les régions et vont, probablement, impacter les résultats des élections régionales qui se dérouleront, pour la première fois de la cinquième république, sous le régime de l’état d’urgence.

En attendant le verdict des urnes, TNS Sofres-One Point, en partenariat avec la Lettre de l’opinion, fait le point sur ces élections régionales des 6 et 13 décembre. Des élections inédites, qui auront lieu dans les 13 nouvelles régions de métropole et capitales, en tant que dernières élections intermédiaires avant la présidentielle de 2017.

Au-delà de l’impact électoral du nouveau découpage, ces régionales constituent un très gros enjeu pour tous les partis : quelle va être la capacité de résistance de la gauche ? Combien de régions les listes d’union de la droite et du centre vont-elles conquérir ? Et quel va être le pouvoir d’attraction des listes Front national après son succès aux européennes de 2014 et surtout, le parti de Marine Le Pen est-il en mesure de gagner une ou plusieurs régions ?

Ces régionales ne devraient pas déroger à la règle électorale bien connue selon laquelle les élections intermédiaires favorisent l’opposition. C’est d’ailleurs lors des dernières régionales de 2010, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, que la gauche avait enregistré ses meilleurs résultats depuis 1998. Vague rose à l’issue de laquelle la gauche dirigea 22 des 25 régions françaises, outre-mer compris, et 21 régions en métropole sur 22, c’est-à-dire toutes à l’exception de l’Alsace. Situation hégémonique de la gauche, gouvernement à un niveau d’impopularité record, actualité nationale dramatique qui étouffe les enjeux locaux : tous ces ingrédients laissent présager un big bang politique.

Notre analyse repose sur deux axes : une analyse électorale qui permet de dessiner le profil politique des nouvelles régions, réalisée par Carine Marcé de TNS-Sofres et Jean Chiche, du CEVIPOF, publiée dans l’état de l’opinion 2015, aux éditions du Seuil. Et une analyse des intentions de vote publiées depuis septembre qui permet de faire un tour d’horizon des enjeux, région par région.

Régionales 2015 :

du big bang territorial au big bang politique

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1. Le profil politique des nouvelles régions

Les résultats électoraux des deux tours de l’élection présidentielle de 2012 et des élections européennes de mai 2014 dessinent le profil politique des nouvelles régions françaises. Un exercice qui donne des points de repère intéressants.

Le vote Hollande majoritaire dans 8 régions, le 6 mai 2012

Le second tour de l’élection présidentielle de 2012 offre une première grille de lecture d’une grande clarté. François Hollande a recueilli 51,3% des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle en métropole et Nicolas Sarkozy 48,7%.

Sur les 13 nouvelles régions, 8 d’entre elles ont voté majoritairement François Hollande et 5 ont voté majoritairement pour Nicolas Sarkozy. Près de 15 points séparent les deux régions extrêmes : les habitants de la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes ont voté à 57,2% en faveur de François Hollande, contre 42,8% pour Nicolas Sarkozy ; les résultats sont quasiment inversés en Provence-Alpes-Côte d’Azur avec 42,4% des suffrages pour François Hollande et 57,6% pour Nicolas Sarkozy. Au-delà de ce ratio, 8 régions “Hollande”, 5 régions “Sarkozy”, les régions s’organisent en trois blocs, avec 4 régions où les résultats sont très proches d’un 50/50 :

n un bloc “Hollande fort” avec 6 régions, à savoir, outre la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (57,2%), la Bretagne (56,3%), la nouvelle région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon (54,7%), l’Île-de- France (53,3%), la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (53,1%) et enfin la nouvelle Normandie (51,8%) ;

n un bloc du “centre” avec 4 régions où la répartition entre le vote Hollande et le vote Sarkozy est proche de l’équilibre : les Pays de la Loire (51,1% pour François Hollande), la Bourgogne-Franche-Comté (50%), la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes (49,7%) et enfin la région Centre (49,4%) ;

n un bloc “Sarkozy fort” avec 3 régions qui ont voté majoritairement pour lui : la Provence-Alpes-Côte d’Azur à 57,6%, la Corse (55,8%) et la nouvelle région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne avec 55,9% de votes pour Nicolas Sarkozy.

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Marine Le Pen, du simple au double le 22 avril 2012

Au premier tour de l’élection présidentielle, François Hollande a devancé Nicolas Sarkozy : 28,1% pour François Hollande et 27% pour Nicolas Sarkozy en métropole. Région par région, les résultats du second tour reproduisent à une exception près l’ordre d’arrivée du premier tour entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. C’est en effet 7 régions qui ont placé François Hollande en tête au premier tour de la présidentielle (contre 8 au second tour) et 6 régions qui ont placé en tête Nicolas Sarkozy.

Comme au second tour, c’est en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes que l’on a le plus voté François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle (32% contre 24,3% pour Nicolas Sarkozy), suivi de très près par l’Île-de-France (31,75%) et la Bretagne (31,74%). Nicolas Sarkozy a fait son meilleur score en Corse au premier tour avec 31,4% des voix, suivie de très près par la Provence-Alpes-Côte d’Azur avec 31,1% des voix. La région Pays de la Loire est la seule région où l’ordre d’arrivée s’inverse entre les deux tours : Nicolas Sarkozy, très légèrement en tête au premier tour de la présidentielle (avec 28,6% des voix contre 28,4% pour François Hollande) est devancé par François Hollande au second tour (51,1% contre 48,9%).

Au-delà des votes pour les deux finalistes de la présidentielle, l’analyse des résultats du premier tour met en avant un vote FN très différencié selon les régions. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, le vote en faveur de Marine Le Pen varie en effet de plus de 12 points entre l’Île-de- France, où il se situe à 12,3%, et la Corse, où il atteint 24,4%.

Sur la base des résultats de Marine Le Pen dans les 13 nouvelles régions se dessine une répartition des régions un peu différente de celle obtenue en les classant selon leur vote de deuxième tour :

n Les régions qui ont voté FN moins que la moyenne des Français (en dessous de 16%). Se retrouvent dans ce bloc des régions qui ont fortement voté pour François Hollande : l’Île-de-France (12,3%), la Bretagne (13,2%) et la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (15,8%) mais également les Pays de la Loire (14,4%) avec un vote Hollande majoritaire mais d’assez peu ;

n Les régions qui ont voté FN “à la moyenne” : la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes (18,1%), la nouvelle Normandie (18,8%), le Centre-Val de Loire (19,4%), la nouvelle région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon (19,6%), soit deux régions sur les quatre avec un vote “Hollande fort au second tour” : Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon et la nouvelle Normandie ;

n Les régions qui ont voté FN plus que la moyenne (au-delà de 20%). On retrouve dans ce bloc les régions qui ont fortement voté Nicolas Sarkozy : la Corse (24,4%), Provence-Alpes-Côte d’Azur (23,9%), Alsace-Lorraine- Champagne-Ardenne (23,2%), mais également la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (23,9%), qui a voté majoritairement François Hollande, et la Bourgogne-Franche-Comté (20,7%), qui a voté de façon strictement égale entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Dans une moindre mesure, le vote Bayrou est également assez différencié selon les régions, passant de 5% en Corse et 6,7% en Provence-Alpes- Côte d’Azur à plus de 10% dans deux régions de l’Ouest : Pays de la Loire (11,6%) et Bretagne (11,4%). Inversement, les autres candidats obtiennent des résultats assez similaires dans les différentes régions.

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Élections européennes : les listes Front national en tête dans 9 régions sur 13

Aux élections européennes, le Front national obtenu 24,95% des suffrages devant l’UMP (20,79%) et le PS (13,98%). Les listes UDI-MoDem 9,9% des suffrages exprimés, EELV 8,91%, le Front de gauche 6,34% et enfin Debout la République 3,82%.

En tête nationalement, le Front national l’est également dans 9 régions obtenant son meilleur score dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (36,2%) et son score le plus faible en Bretagne (17,1%). Au final, seules les régions Bretagne, Île-de-France, Pays de la Loire et Corse ne placent pas le Front national en première position.

Le vote Front national dans les régions aux élections européennes reproduit de façon très proche la répartition du vote Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle :

n les régions qui ont voté FN moins que la moyenne des Français (en dessous de 22%) : comme au premier tour de la présidentielle, on retrouve dans ce bloc l’Île-de-France (17,3%), la Bretagne (17,1%), les Pays de la Loire (19,5%) et la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (21,8%) ;

n les régions qui ont voté FN “à la moyenne” : Corse (23,3%), seule région à avoir moins voté FN aux élections européennes qu’à la présidentielle, nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes (23,8%), le Centre-Val de Loire (26,5%) et la nouvelle région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon (26,6%) ;

n les régions qui ont davantage voté Front national que la moyenne. Comme au premier tour de la présidentielle, on retrouve la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (36,2%), Provence-Alpes-Côte d’Azur (33,2%), la nouvelle région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne (29,6%), la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté (27,8%) ; et également la nouvelle Normandie (29,2%), qui était dans le groupe des régions à la moyenne au premier tour de la présidentielle.

Au-delà de ce constat, il est intéressant de comparer région par région les résultats en termes de blocs. Bloc de gauche en agrégeant les voix Front de gauche/PS/ DVG/EELV et bloc de droite, en agrégeant les voix de droite hors FN : UDI-MoDem/UMP/DVD.

Sur la base de ces agrégats, les rapports de force sont alors différents quand on les examine région par région :

n le Front national est toujours - mais uniquement - en tête dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (36,2%), devant la droite (32,8%) et la gauche (26,6%) ; dans toutes les autres régions, le Front national n’est plus en première position ;

n l’ensemble gauche est en tête dans deux régions seulement : la nouvelle région Midi-Pyrénées-Languedoc Roussillon et la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes ;

n l’ensemble de droite hors FN est en tête dans les 10 autres régions.

Le classement entre la deuxième et à la troisième place est également fondamental. Le Front national conserve la deuxième place dans trois régions : la Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Corse et la nouvelle région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Dans les 9 autres régions, le Front national n’est donc plus qu’en troisième position.

Au total, aux élections européennes, si l’on compare le total gauche (hors extrême-gauche), le total droite (hors extrême-droite), et le Front national, le parti de Marine Le Pen arrive :

n en tête : dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie ;

n en deuxième position : en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans la nouvelle région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne et en Corse ;

n en troisième position dans les 9 autres régions.

On comprend avec la lecture de ces chiffres l’enjeu que constitue, pour la gauche en général et le PS en particulier, l’unité au premier tour. Notamment dans les 3 régions – hors Corse – où le FN est arrivé soit en tête, soit deuxième.

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2. Régionales 2015 : tour d’horizon des enjeux du scrutin, région par région

Notes n Pour les régionales 2010 : scores des listes du PS et alliés au

premier tour, des listes de la majorité présidentielle pour la droite (UMP et alliés).

n Pour la présidentielle 2012 : scores de François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.

n Pour les européennes 2014, scores droite / gauche / FN

n Pour les sondages régionales 2015, il s’agit des moyennes premier tour de toutes les intentions de vote publiées depuis septembre et jusqu’au 29 novembre inclus (64 en tout).

n Le point de couleur correspond à la couleur politique du département

Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine

Plus de 5,5 millions d’habitants, 57 400 km2 pour cette grande région ACAL (soit la superficie de la Croatie et la population du Danemark), fusion de 3 anciennes régions, qui abrite désormais 5 grandes métropoles de plus de 200 000 habitants : Metz, Nancy, Mulhouse, Reims et Strasbourg (la capitale) et qui compte 10 départements, dont un seul à gauche (la Meurthe-et-Moselle). Philippe Richert, président sortant de la seule région aujourd’hui à droite, l’Alsace, mène la liste d’union

de la droite et du centre, face à Jean-Pierre Masseret (PS) qui préside l’exécutif de la Lorraine. Le FN a investi son Vice-président et député européen, Florian Philippot. Fait partie des 5 régions ou l’union de la droite et du centre est donnée gagnante, mais avec un faible écart : 37,67% pour la droite contre 34,33% pour le FN.

Devrait être à droite.

Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes

Plus grande région de France en superficie avec 84 000 km², cette région compte près de 6 millions d’habitants et 12 départements. La gauche est historiquement forte ici, même si la droite a fait basculer des départements en mars dernier : Corrèze, Creuse, Charente et Deux-Sèvres. Le rapport de force des Conseils départementaux s’établit désormais à 7/5 pour la droite. Les 3 régions actuelles sont dirigées par la gauche. Les écarts se resserrent entre Alain Rousset et Virginie Calmels : si le premier bénéficie de six points d’avance dans la moyenne des trois sondages publiés (41,33% contre 35%

au second tour), la dynamique est en faveur de la candidate des Républicains qui progresse de quatre points depuis la fin du mois d’octobre quand Alain Rousset en perd sept.

Devrait rester à gauche.

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Auvergne-Rhône-Alpes

Plus de 7,8 millions d’habitants, 12 départements (dont deux à gauche, le Puy-de-Dôme et Ardèche) ainsi que des agglomérations parmi les plus grandes de France : Lyon, Grenoble, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand composent cette nouvelle région. Président sortant du conseil régional de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, élu pour la première fois en 2004 où il avait repris la Région à la droite, brigue un troisième mandat. Laurent Wauquiez dispose d’un

point d’avance au second tour sur la moyenne des huit sondages publiés : 38% contre 37% pour Jean-Jack Queyranne et les quatre sondages les plus récents les placent à égalité.

Incertitude, ballotage favorable à droite

Bourgogne-Franche-Comté

2,8 millions d’habitants pour près de 48 000 km² dans cette nouvelle région, parmi les moins urbanisées de France. En 2004, la gauche avait repris ces deux régions à la droite. Aux dernières départementales, 4 départements ont basculé de gauche à droite : le Doubs, la Saône-et-Loire, le Jura et le Territoire de Belfort, ce qui porte à deux le nombre de départements actuellement dirigés par la gauche (Nièvre et Haute-Saône). Pour la gauche, c’est Marie-Guite Dufay,

présidente de l’actuelle région Franche-Comté, qui mène la bataille tandis qu’à droite, c’est François Sauvadet qui a été investi, selon l’accord national passé entre LR et l’UDI. Le FN est représentée par Sophie Montel, députée européenne qui avait failli emporter la législative partielle dans le Doubs (circonscription de Moscovici). A noter que le MoDem part seul dans cette région. Fait partie des 5 régions ou l’union de la droite et du centre est donnée gagnante, mais avec un faible écart : 35,5% pour l’alliance LR-UDI de François Sauvadet contre 32,0% pour le FN de Sophie Montel.

Devrait basculer à droite.

Bretagne

3,3 millions d’habitants pour cette Région dont le périmètre reste inchangé, composée de 4 départements (deux à droite, Morbihan et Côtes-d’Armor qui a basculé en mars dernier, deux à gauche Finistère et Ille-et-Vilaine). Jean-Yves Le Drian, président de Région de 2004 à 2012 (a démissionné à sa nomination comme ministre de la Défense) est le candidat de la gauche et paraît en mesure de conserver

la Bretagne dans l’escarcelle de la gauche. Pour Jean-Yves le Drian, l’avance semble confortable puisqu’il est même le seul candidat socialiste à pouvoir espérer être en tête dès le premier tour (29% contre 28,67% en moyenne pour la droite) : au second tour, il creuse nettement l’écart avec une moyenne des trois sondages publiés qui lui donne 44,67% contre 35,67% pour Marc Le Fur et 19,67% pour le FN.

Devrait rester à gauche.

Centre-Val de Loire

7% du territoire national et quelque 2,6 millions d’habitants. La région est aux mains de la gauche depuis 1998 passant notamment de Michel Sapin à François Bonneau, aujourd’hui candidat à sa propre succession dans cette région dont le nom a changé, mais pas le périmètre. La droite dirige les six départements après en avoir fait basculer deux en mars dernier (le Cher et l’Indre-

et-Loire). La tête de liste est revenue à l’UDI (Philippe Vigier), selon les accords nationaux passés au niveau national entre le parti centriste et Les Républicains. La victoire s’annoncerait nette pour la droite et le contre, au-delà des marges d’erreur sondagières : 39,67% pour la droite contre 33% pour la gauche.

Devrait basculer à droite.

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Ile-de-France

Région qui produit le plus de richesses en France (48 400€ de PIB/habitant) et la plus peuplée avec 12 millions d’habitants soit 18,8% de la population de la France métropolitaine. A gauche depuis 1998 et présidée par Jean-Paul Huchon, les 209 élus sont ainsi répartis : 142 élus de gauche pour 67 de la droite et du centre. Législatives : 53 députés de gauche, 44 de la droite et du centre. Claude Bartolone, président de l’Assemblée

nationale, représente le PS. Valérie Pécresse (battue par 56,7% vs 43,3% en 2010 par Huchon) peut s’appuyer sur les vagues bleues des municipales et des départementales qui ont mis fin à la domination de la gauche en IDF. Les Républicains sont désormais à la tête de 54 villes de plus de 30 000 habitants (sur 82) et de 5 départements sur 8 (Paris inclus). Fait partie des 5 régions ou l’union de la droite et du centre est donnée gagnante, mais avec un faible écart : 40,33% pour Valérie Pécresse contre 37,67% pour Claude Bartolone.

Devrait basculer à droite.

Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées

72 000 kilomètres carrés pour cette région qui abrite 14 villes de plus de 50 000 habitants et qui compte le plus grand nombre de départements, 13, dont un seul est à droite, l’Aveyron. A gauche, la liste PS est emmenée par l’ancienne Secrétaire d’Etat Carole Delga, tandis qu’à droite, c’est le politologue Dominique Reynié qui a été investi pour mener la liste d’union de la droite et du centre. Le FN est représenté par Louis Aliot. La liste PS-PRG subirait, en revanche, une vraie alerte au 1er tour, ne se classant que troisième (21,13%

en moyenne des huit sondages publiés, derrière la droite avec 23,31% et le FN avec 29,38%) ; mais le total des voix de gauche et le bon report des autres listes lui permettraient de l’emporter au second tour avec une avance solide de plus de huit points : 39,75% pour Carole Delga contre 31,13% pour Louis Aliot et 29,13% pour Dominique Reynié. Il s’agit de la seule région qui pourrait connaître une quadrangulaire, avec une moyenne pour la liste EELV-FG de 12,63%.

Devrait rester à gauche.

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Nord-Pas-de-Calais Picardie

Troisième région française en nombre d’habitants (près de six millions) avec 5 départements, dont 4 gérés par la droite qui ont tous été conquis lors des dernières départementales. Fief de la gauche sans interruption depuis 1986, ces élections devraient confirmer la perte d’influence vertigineuse de la gauche sur ces terres où le FN est toujours plus conquérant : plus de 34% aux dernières départementales. Marine Le Pen est donnée gagnante dans les dix sondages publiés au 1er comme au 2nd tour : 38,25%

en moyenne au 1er tour et 40,2% au 2nd tour. Elle devance la liste menée par Xavier Bertrand (30,6%) de près de dix points au second tour du scrutin. La gauche est distancée (29,1%).

Devrait basculer au FN.

Normandie

L’Eure et la Seine-Maritime ont basculé à droite aux dernières départementales, la droite dirige désormais les 5 départements de Normandie. Le PS dirige les 2 régions actuelles. Le Parti socialiste est emmené par Nicolas Mayer-Rossignol, président sortant du conseil général de Haute-Normandie. La Normandie fait partie des 3 régions (avec le Centre-Val de Loire et la Bourgogne Franche-Comté) dont la tête de liste a été

attribuée à l’UDI, conformément à l’accord national LR-UDI. Ici, Hervé Morin, député de l’Eure et ancien ministre de la Défense, mène la bataille. Au FN, c’est Nicolas Bay, député européen et Conseiller régional de Haute-Normandie qui est investi dans cette région où les scores frontistes prennent de l’ampleur : 31,4% aux départementales de mars dernier. Selon les 2 sondages publiés, l’écart est très serré au second tour avec 34,5% pour Hervé Morin (contre 34% pour la gauche et 31,5% pour le FN).

Devrait basculer à droite.

Pays de la Loire

Bastion de la gauche depuis 2004 et la présidence de Jacques Auxiette, la région voit son périmètre inchangé après le redécoupage. La gauche peut s’inquiéter d’un retour de la droite à la tête de la région dans laquelle elle a perdu les villes de Laval et d’Angers en mars 2014.Elle conserve toutefois la capitale, Nantes, ainsi que le département de Loire-Atlantique. La victoire s’annoncerait nette pour la droite et le centre, au-

delà des marges d’erreur sondagières : 43,5% pour la droite contre 35,5% pour la gauche. BVA résume ainsi la situation politique dans les Pays de la Loire, en passe de perdre la région de Jacques Auxiette : “tout se passe comme si son successeur pâtissait des mauvais résultats de la gauche à l’échelle nationale sans parvenir pour l’heure à capitaliser sur le bon bilan de son charismatique prédécesseur.”

Devrait basculer à droite.

PACA

Après trois mandats Vauzelle (PS), l’heure est au changement. Le PS a investi Christophe Castaner député des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Forcalquier, qui mène une rude bataille face à Christian Estrosi et Marion Maréchal-Le Pen. Si l’exécutif est à gauche depuis 18 ans, la droite domine dans la région. Sur les 36 villes de plus de 20 000 habitants, 26 sont à droite, 8 à gauche, 1 au FN (Fréjus, dont le maire est

également sénateur). Sur les 7 départements, un seul est à gauche. La liste conduite par Marion Maréchal-Le Pen obtient la victoire dans huit sondages sur neuf avec une moyenne de 38,67%, même si l’avance face au maire de Nice est plus modeste que dans le Nord : quatre points, soit 34,44% pour Christian Estrosi. La gauche est distancée (27%).

Bascule à droite ou au FN