roland berger transformation digitale

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  • 8/10/2019 Roland Berger Transformation Digitale

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    BEYOND MAINSTREAM

    OCTOBRE 2014

    LES CLASSES MOYENNES FACE LA TRANSFORMATION DIGITALE

    Comment anticiper ? Comment accompagner ?

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    THINK ACT

    LES CLASSES MOYENNES FACE LA TRANSFORMATION DIGITALE

    ROLAND BERGER STRATEGY CONSULTANTS

    3

    2

    1

    ROLAND BERGER STRATEGY CONSULTANTS2

    THE BIG 3

    42%Au sein du march de lemploi franais, 42% des mtiers prsentent uneprobabilit dautomatisation forte du fait de la numrisation de lconomie.Pour la premire fois, les mtiers automatisables ne sont pas uniquementles mtiers manuels. Des tches intellectuelles de plus en plus nombreusessont prises en charge par les outils numriques.

    p. 8

    3 millionsCest le nombre demplois qui pourraient tre dtruits par la numrisation lhorizon de 2025. Une telle volution dstabiliserait en profondeur lesclasses moyennes franaises, car de nombreux emplois de services seraient

    touchs.p. 11

    ~30 mdsLa hausse de la productivit lie la numrisation de lconomie pourraitgnrer 30 mds de recettes publiques additionnelles et (environ) 30 mdsdinvestissements privs supplmentaires, la condition que les pouvoirspublics engagent une stratgie volontariste dadaptation de la France auxdfis poss par la rvolution digitale.p. 22-23

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    THINK ACT

    LES CLASSES MOYENNES FACE LA TRANSFORMATION DIGITALE

    ROLAND BERGER STRATEGY CONSULTANTS

    Le remplacement de lhomme par la machine est peu peu devenu une ralit, dans des secteurs aussi va-ris que lautomobile, lagroalimentaire, la ptrochimieou lindustrie pharmaceutique.

    Depuis le dbut des annes 2000, une nouvellevague de transformation digitale est luvre, qui ades impacts sur des mtiers de plus en plus nom-breux. Et pour la premire fois, la production de biensmatriels nest plus la seule concerne. Les services lesont aussi : big data, digitalisation, machine appre-nante, autant de tendances susceptibles de transfor-mer profondment des activits de service, intellec-tuelles, quon croyait jusquici protges delautomatisation.

    Certes la digitalisation de lconomie ouvre denouvelles perspectives de cration demplois, notam-

    ment dans les domaines de lenvironnement, de laperformance des entreprises, de la relation client et bien sr des nouvelles technologies elles-mmes,qui sous-tendent cette volution. On sait galementque les entreprises digitales connaissent la croissancela plus dynamique1). Mais les emplois crs ne sesubstitueront pas aux emplois dtruits, ni en termesde niveau de comptence requis, ni en termes de po-sition sur la chane de valeur, ni en termes de rparti-

    tion gographique.

    La digitalisation de lconomie est porteuse dunrisque de dstabilisation des grands quilibres cono-miques, sociaux et gographiques, dont on voit djles effets (polarisation des revenus et accroissementdes ingalits, polarisation des chanes de valeur).

    La France, qui na pas su adapter son appareil in-dustriel la vague dautomatisation qui a marqu lesecteur secondaire depuis les annes 1990, doit rus-sir la transformation digitale venir, qui aura desconsquences majeures sur le secteur tert iaire. Lin-suffisant investissement dans lautomatisation dans lesecteur manufacturier (visible aujourdhui travers lefaible taux de robotisation du parc franais compar celui de ses concurrents), na pas permis la Francede protger son appareil productif et ses emplois in-dustriels, bien au contraire. La perte de comptitivit

    lie au retard franais a dtruit beaucoup demploi in-dustriel. Il faut viter que lhistoire ne se rpte.

    La seconde moiti du XXe sicle a t

    marque par lessor de lautomatisa-tion industrielle, qui a profondmenttransform les conditions de productiondes biens matriels.

    1) Du rattrapage la transformation. Laventure numrique, une chance pour la France. Roland Berger Strategy Consultants, septembre 2014.

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    THINK ACT

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    ROLAND BERGER STRATEGY CONSULTANTS

    Parmi elles, linformatique avance permet dautomati-ser des tches que lon croyait jusqu peu prserves,car ncessitant rflexion ou ractivit limprvu. Parexemple, le logiciel Quill permet la rdaction de conte-nus factuels et simples, avec des impacts prvisiblesdans le champ du journalisme sportif ou financier B .De mme le robot TUG dAethon, qui sait se dplacerdans un environnement non prvisible, a permis dau-tomatiser des tches non rptitives, telles que la dis-tribution de mdicaments ou de repas dans un hpi-tal, jusquici dvolues aux aides-soignants.140 hpitaux en sont dj quips aux Etats-Unis C .

    Trois grands types dapplications auront, dans les an-nes venir un impact potentiellement important surle march de lemploi, travers les gains de producti-vit quils gnrent.> Linformatique avance ou dcisionnelle toutdabord, qui repose principalement sur les machinesapprenantes , lexploitation du Big Data et du cloud,

    et qui permet de prendre en charge des tchesjusquici dvolues lhomme.> Les objets connects ensuite, qui mettent en relationdes entits numriques avec des objets physiques, etpermettent de rcuprer, stocker, transfrer et traiterde multiples donnes sy rattachant. Les applicationsdj explores dans les secteurs de lassurance (suivreen temps rel les conditions physiques dun individu),ou de lnergie (dveloppement des smartgrids, relev

    et exploitation automatique des donnes de consom-mation dnergie), laissent entrevoir dimportants gainsde productivit dans ces secteurs.

    Aujourdhui, et depuis le dbut des annes 2000, unevague de transformation digitale est luvre, qui ades impacts sur des mtiers de plus en plus nom-breux. Et pour la premire fois, la production de biensmatriels nest plus la seule concerne. Les services lesont aussi.

    1. Un nouveau cycle disruptif est luvre. Il pose la question de laplace de lhomme dans les processus

    de production et de dcisionLa rvolution digitale, qui a commenc avec lessordInternet dans les annes 2000, est aujourdhui una-nimement qualifie de troisime rvolution indus-trielle . Comme les deux prcdentes (celle de la va-peur au XIXe sicle, et celle du moteur explosionassoci la tltransmission au XXe sicle), elleconstitue une transformation radicale des modes deproduction, qui a ensuite des effets en cascade sur

    lensemble de lorganisation conomique et sociale.A chaque rvolution industrielle, les facteurs de pro-duction (le capital mobilis, le travail accomplir)changent de nature. La rvolution digitale se caract-rise par une extension sans prcdent des possibilitsdautomatisation, qui interroge la place de lhommedans les processus de production, voire de dcision.

    Les grandes tendances technologiques qui sous-tendent la rvolution digitale ouvrent un nouveau cycle

    de destruction cratrice, dont on voit dj les pr-misses, en France aussi bien que dans les autres co-nomies dveloppes A .

    Une nouvelle vague dautomatisation

    est luvre,qui ne concerne plus seu-lement les mtiers manuels.

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    TH IN K ACTLES CLASSES MOYENNES FACE LA TRANSFORMATION DIGI TALE

    AYANT UN IMPACT SUR L'EMPLOITENDANCES TECHNOLOGIQUES

    Aldebaran (robot decompagnie Nao)

    PSA (brevets dposs)

    Renault (modle Next Two)

    Withings Activit(montre connecte)

    Voyages-SNCF, Fnac(commerce via mobile)

    Tendance mergentePlus grande polyvalence,mobilit et autonomie dedcision

    ROBOTIQUEAVANCE

    Tendance mergente

    Applications possibles dici10 ans sur les flottesurbaines captives

    VHICULES

    AUTONOMES

    Tendance mergenteConnectivit accrue desobjets et intercommunication

    OBJETSCONNECTS

    Tendance matureLe trafic internet mobiledpassera en 2015 le traficfixe

    INTERNETMOBILE

    Tendance matureDploiement despaces destockages importants, avecun impact sur le big data

    CLOUD

    Criteo (optimisationdespaces publicitaires)

    Datazoomr (traitementde donnes)

    Tendance mergenteNouvelle vague dautomati-

    sation des fonctionsdanalyse / dcision

    BIG DATA Trs fortFonctions danalyse

    automatisables

    Trs fortTches physiques

    Fort

    Transpor t

    ModrProduits manufacturs

    LimitDistributeurs

    Trs limitSI

    Cloudwatt (stockage dedata, software open source)Numergy (stockage de data)

    A

    TENDANCE DESCRIPTION IMPACTSUR LEMPLOI

    TECHNOLOGIESFRANAISES

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    > La robotique avance enfin, et notamment le dve-loppement des vhicules autonomes, qui bouleverse-ront trs prochainement le secteur des transports.

    2. Vers le bouleversement de mtierset de secteurs que lon croyaitprservs de lautomatisation

    Jusquici et lors des vagues dautomatisation prc-dentes, les mtiers du secteur industriel, plutt peuqualifis, taient les plus concerns. Entre 1980 et2012, les gains de productivit ont reprsent 64%des rductions demplois industriels, soit 1,4 millionsdemplois, loin devant les dlocalisations ou le renfor-cement de la concurrence internationale D .

    Cette tendance se poursuit aujourdhui, et les m-tiers historiquement automatisables , sont de plusen plus menacs. Cest le cas des ouvriers sur leschanes de production, des monteurs dappareils lec-troniques, ou encore des peintres dans les domainesde la construction et de la maintenance.

    Mais la vague dautomatisation actuellement por-te par la rvolution digitale prsente un caractrenouveau, et inattendu. Des emplois qualifis, fortcontenu intellectuel sont maintenant concerns.La frontire qui spare les mtiers automatisables desautres ne recoupe plus la distinction manuel / in-tellectuel comme ctait le cas jusquici. Ce qui rendune tche automatisable lheure du digital, cestavant tout son caractre rptitif, quelle soit manuelleou intellectuelle. Ainsi, des mtiers dont lessentiel

    des tches sont rptitives et ncessitent peu de dci-sion, bien que qualifis, sont dj concerns par lau-tomatisation. A linverse, les tches prserves delautomatisation sont celles qui requirent de la crati-vit, du sens artistique, ou de lintelligence sociale etdu contact humain, quelles se rapportent un mtiermanuel ou intellectuel, peu ou bien qualifi.

    Le mtier de courtier en assurance est un desexemples les plus emblmatiques de mtier qualifi

    touch par la rvolution digitale. Plusieurs innovationstechnologiques ont permis des gains de productivitmajeurs dans le secteur : la distribution et gestion de

    C

    AUTOMATISATION DE TCHES HOSPITALIRES

    VIALE ROBOT TUG DAETHON

    CARACTRISTIQUES

    Robot capable de piloter desflux de livraison couvrant85% des biens transportsdans les structures hospita-lires (mdicaments,produits de laboratoire, linge,repas, dchets)

    Haut de 120 cm, le robot est

    quip de 27 capteursinfrarouge et ultrason, et dunalgorithme de navigationperfectionn qui permet ledplacement y compris enmilieu confin et chaotique

    Capable de dplacer jusqu420 kg

    Autonome, y compris dansles phases de chargement /dchargement

    APPLICATIONS

    140 hpitaux ont t quipsde cet outil aux Etats-Unis

    Potentiel de gnralisationdans les hpitaux

    Au-del des hpitaux,utilisation possible dansdautres environnements

    complexes : usines,restaurants

    B

    EXEMPLES DAPPLICATIONS DU LOGICIEL QUILL

    SERVICESFINANCIERS

    Analyse,structuration etproduction decontenus (texteset graphiques)

    Applications :informationfinancire etboursire,rapports annuels

    dentreprises,rapports degestionnaires deportefeuille

    MARKETING

    Automatisation dela production decontenuspromotionnels

    Spcification finedes supports surla base desdonnes clients

    SERVICES DERECHERCHE

    Production decontenus sur labase derecherchesautomatises etde la structurationde grandsvolumesdinformation(big data)

    Applications :journalisme,tudes de march( market insight )

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    portefeuille en ligne, ou laccs et comparaison facilede loffre de plusieurs assureurs viades sites spciali-ss et accessibles par tous. Plus encore, le cur de

    lactivit de courtage peut maintenant tre gr demanire automatique avec le courtier en ligne (As-sur3D), tandis que le logiciel backoffice de courtagePro CRM tire parti du Big Data pour comparer instanta-nment un trs grand nombre doffres. Des logicielsprdictifs permettant danticiper lvolution des tauxont galement vu le jour. Certes, le mtier de courtierne se rsume pas ces tches, et dautres aspectschapperont durablement lautomatisation, tels quele contact avec les clients pour comprendre au mieuxleur besoin, la ngociation des tarifs avec les assu-reurs, le rle dintermdiaire entre lassureur et lassu-r en cas de contentieux etc. Mais la prise en charge,par des logiciels, de tches toujours plus nombreuses,qui plus est sans besoin dinvestissement massif,pourrait conduire une rduction sensible du nombrede courtiers (impact potentiel de 1 800 emplois enFrance).

    Plus que la disparition pure et simple de certainsmtiers (peu probable moyen terme), la rvolutiondigitale cre de nouvelles polarisations au sein dessecteurs dactivits, entre des mtiers automati-sables, qui seront soumis une plus forte pressionentre travail humain et investissement, et mtiers peuautomatisables, qui au contraire tendront voir leurvaleur mais galement les comptences attenduespour les exercer revalorises. Les mtiers impliquantde forts contenus dcisionnels, de la crativit et de

    lintelligence sociale resteront prservs, voire bnfi-cieront des gains de productivit associs.

    Ainsi dans le secteur mdical, les impacts desnouvelles technologies sur la transformation des m-tiers sont massifs. Lordinateur Watson dIBM permetdtablir des diagnostics mdicaux (fiables plus de90% pour la dtection du cancer du poumon), et pro-pose des conseils sur les traitements adquats enfonction du profil patient. La recherche pidmiolo-

    gique est bouleverse par le Big Data, et limpression3D trouve dj de nombreuses applications avec lesprothses ou les pltres.

    GAINS SUBSTANTIELS DE PRODUCTIVITPRINCIPALEMENT LIS :

    Lautomatisationprogressive des outils de production et desprocessus

    Lamlioration de lefficacit des processusindustriels(optimisation des mthodes, lean, rat ionalisation, etc.)

    Llargissement du champs de comptencesdes employs delindustrie et laugmentation des niveau de qualification

    Les restructurationspermettant une meilleure organisation dutravail et gestion des ressources

    Source : Presse, DG Trsor, analyse Roland Berger

    D

    EMPLOI INDUSTRIEL EN FRANCE

    [# emplois (000) ; 1980-2012]

    Emploiindustrielen 1980

    Transfer t dessous-traitants

    (services)

    Dlocalisa-tions etimpact dela concur-

    rence

    Gains deproducti-vit

    Emploiindustrielen 2012

    5 327 49323%

    27913%

    1 37264%

    3 183

    -40%

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    Le Roland Berger Institute a transpos cette mthodo-logie la France, et tabli que sur le march du travail,cette part tait de 42% E .

    Il sagit, par cette approche, de mesurer un risque :tout le potentiel dautomatisation ne se ralisera pas,dans la mesure o lanalyse effectue ne prend pas encompte les arbitrages conomiques sous-jacents lasubstitution du travail humain, la difficult de mise enuvre, ou bien les facteurs extrieurs (sociaux, rgle-mentaires) qui limiteront forcment cette tendance.Il nen reste pas moins que lanalyse montre quelquesrsultats frappants :> la fragilisation des emplois industriels peu qualifisse poursuivra ;> plus largement les bas salaires, associs aux faiblesniveaux de qualification, sont les plus exposs, danslindustrie comme dans le secteur tertiaire (services faible contenu cognitif) ;> mais des emplois intermdiaires sont galement risque. Il sagit notamment des fonctions administra-tives en entreprise, des mtiers juridiques, ou de nom-breuses fonctions dencadrement intermdiaire,constitus majoritairement dactivits facilement au-tomatisables.

    La ralisation dune fraction limite de cette ten-dance pourrait reprsenter un nombre demploisconsidrable. Pour tablir une projection raisonnabledes effets disruptifs de lautomatisation, le RolandBerger Institute est parti des projections demploistablies par la DARES, qui tablent sur 27 millionsdemplois horizon 2020. Ces projections intgrent

    des transformations dans les modes de consomma-tion ainsi que des variables macro-conomiques(gains de productivit de 1,4% / an et PIB de 1,9% /an). Par rapport ces hypothses, le scnario du Ro-land Berger Institute table sur une baisse de lemploiplus importante que celle prvue par la DARES, en fai-sant lhypothse que les gains de productivit seront, moyen-terme, nettement suprieurs.

    On considre que lautomatisation touchera da-

    vantage les emplois crs sur la priode 2015-2025(qui sont ainsi moins nombreux que dans le scnariode la DARES).

    Ces volutions transformeront le mtier de mdecin.Mais celui-ci ne disparatra pas, et le nombre de m-decins ne diminuera vraisemblablement pas. Ceux-ci

    se recentreront sur des tches qui acquerront une va-leur supplmentaire : importance du contact humainpour certains jugements thrapeutiques, encadrementde la rechercheEn revanche, les mtiers paramdi-caux plus faible valeur ajoute seront directementtouchs : par exemple les personnels des laboratoiresdanalyse via le dveloppement des logiciels, ou lepersonnel hospitalier via le dveloppement de robots.

    Les mtiers du secteur juridique connatront unepolarisation semblable. Le dveloppement de basesde donnes en ligne, de logiciels tels que Lex Machina,capables deffectuer des analyses juridiques (re-cherche de cas juridiques similaires, traitement de lin-formation et formulation dune recommandation) ouLegaLife, qui rdige des actes juridiques basiques,dplacent la valeur ajoute des professions juridiquesvers dautres tches telles que la plaidoirie, lcoutedu client, la constitution dun rseau dinfluenceMais les mtiers plus faible valeur ajoute, telsquanalyste junior ou assistant juridique, seront beau-coup moins ncessaires.

    3. 42% des emplois franais sontpotentiellement automatisables lhorizon de 20 ans

    Une quipe de luniversit dOxford a men en 2013une tude visant quantifier la part des emplois po-

    tentiellement automatisables. Lanalyse est base surune dcomposition analytique des emplois en activi-ts lmentaires (incluant connaissances, comp-tences, capacits requises) effectues par lquivalentbritannique de lINSEE, et dont le potentiel dautomati-sation est valu laune des tendances technolo-giques discernables moyen / long terme. Sur cettebase, les emplois, rpartis en 702 catgories, sevoient affecter une probabilit dautomatisation allant

    de 0 1. Les rsultats ont fait apparatre que 47% desemplois aux Etats-Unis connaissent un risque lev(plus de 70%) dtre automatiss lhorizon de 20 ans.

    1

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    ROLAND BERGER STRATEGY CONSULTANTS

    PART DES MTIERSSUSCEPTIBLES DTRE FORTEMENT INFORMATISS ET AUTOMATISS

    [% ; 2013]

    E

    Source : INSEE, Carl Benedikt Frey and Michael A. Osborne, The Future of Employment, Oxford Mart in School, 2013, analyse Roland Berger

    Note : probalits dautomatisation par mtier tablies par C. B. Frey et M. A. Osborne, appliques la structure de lemploi franais (INSEE)

    %

    Secteur primaire Secteur / fonctions ter tiaires Professions intermdiaires et supr ieures Secteur industriel

    Part des mtiers trs automatisables (>70%) au sein de chaque groupe de mtiers

    Mtiers peuautomatisables

    Mtiers partiellementautomatisables via le dploiement

    de linformatisation, la robotisationet le big data

    Mtiers trs fortementinformatisables / automatisables

    Servicessociaux

    Encadrementsuprieur

    Professionsmdicalessuprieures

    Professionsartistiques et mdia

    Auxiliairesmdicaux

    Services la personne

    Encadrementintermdiaire

    Industriesmcaniques,lectriques et

    lectroniques

    Commerceet distribution

    Construction

    Transpor t etmanutention

    Fonctionsadministratives

    Industries detransformation

    Agricultureet secteurprimaire

    Alimen-tation

    Enseignants Ingnierie

    Mtiers juridiques

    Recherche

    Surveillance,fonctionsrgaliennes

    Cadres techniques,programmation

    Probabilit moyenne dautomatisation

    0 40 8020 6010 50 9030 70

    100

    90

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    3,3%

    tot

    41,7%

    18,6%

    19,8%

    3% Part de lemploi total emploi automatisable

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    THINK ACT

    LES CLASSES MOYENNES FACE LA TRANSFORMATION DIGITALE

    ROLAND BERGER STRATEGY CONSULTANTS

    A linverse, on considre que seulement 20% du stock,cest--dire des emplois existants, seront concernspar lautomatisation. Le modle estime ainsi que 3

    millions demplois seront touchsF

    .Prises tellesquelles, ces pertes demploi signifieraient une crois-sance insoutenable du niveau de chmage en France.Cependant, il sagit l dune perte brute , qui neprend pas en compte lmergence de nouvelles activi-ts et de nouveaux mtiers, non plus que leffet retouren lien avec les gains de productivit (qui stimule parailleurs lconomie, sous certaines conditions). Toutlenjeu repose donc sur la capacit de lconomie fran-aise produire les nouvelles activits qui se substi-tueront celles o les gains de productivit ont rduitle nombre demploi, de manire similaire la substitu-tion de lindustrie par les services au XXme sicle.

    Comme tout processus de destruction cratrice, ladigitalisation de lconomie, tout en fragilisant cer-taines catgories demplois, en fait merger de nou-velles2). Quatre grands domaines se dveloppent par-ticulirement et profitent pleinement de la rvolutiondigitale. Le domaine de lenvironnement, celui de laperformance des entreprises, de la relation client, etbien sr des nouvelles technologies elles-mmes, quiportent ces transformations. Mais les emplois crsne se substitueront pas aux emplois dtruits, ni entermes de comptences requises, ni en termes de po-sitionnement sur la chane de valeur, ni mme entermes de rpartition gographique. Cest pourquoi latransformation digitale est porteuse dun risque dedstabilisation des grands quilibres conomiques,

    sociaux et gographiques.

    2) Voir ltude exclusive ralise par le Roland Berger Institute pourlhebdomadaire Le Point Les nouveaux Jobs , parue le 3 juillet 2014.

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    TH IN K ACTLES CLASSES MOYENNES FACE LA TRANSFORMATION DIGI TALE

    PAR FILIRE EN LIEN AVEC LA NUMRISATION HORS PRISE EN COMPTEDES NOUVELLES CRATIONS DEMPLOIS [000 EMPLOIS; 2010-2025]

    EVOLUTION DE LEMPLOI

    EN FRANCE

    F

    2

    Source : Roland Berger, INSEE

    Projections effectuespar secteur

    Gains de productivitde 1,4%/an et PIB de1,9%/an

    Impact sur lesnouveau emplois

    Automatisation de20% des emploistrs automatisables

    Agriculture

    Services auxentreprises

    Administration publique,arme, police

    Education, sant,culture

    Services auxparticuliers

    Industrie

    Transpor ts etmanutention

    Commerce, htellerieet restauration

    Btiment

    925

    1 891

    3 388

    1 887

    3 962

    4 211

    3 029

    4 163

    2 237

    25 693

    7611 720

    3 247

    1 708

    3 633

    4 054

    2 928

    4 377

    2 061

    24 489

    Secteur en baisse vs. 2010

    EMPLOI 2010 EMPLOI 2020 EMPLOI 2020 EMPLOI 2025

    DARES Projection Roland Berger

    Hypothses

    910

    2 027

    3 425

    1 948

    4 250

    4 563

    3 320

    4 578

    2 128

    27 149

    7621 676

    3 241

    1 690

    3 541

    3 968

    2 855

    4 337

    2 062

    24 131

    3 017 000 demploistouchs par la numrisation

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    THINK ACT

    LES CLASSES MOYENNES FACE LA TRANSFORMATION DIGITALE

    ROLAND BERGER STRATEGY CONSULTANTS

    paradigme. Le secteur a connu, au niveau mondial, unecontraction du fait de la crise. Le volume des primesmises, en hausse constante depuis une vingtainedannes, est pass de 4 500 4 200 mds US $.Cependant, leffet de la conjoncture conomique ses-tompe partir de 2001, et les primes mises dpassentds 2011 leur niveau historique (4 600 mds US $).

    Pourtant, lvolution de lemploi chez les principauxassureurs mondiaux suit un tout autre schma. Aprsla phase de contraction du volume daffaires, ces en-treprises nont pas embauch hauteur de leurs effec-tifs davant la crise. Axa est pass de 214 160 000employs entre 2008 et 2012, Allianz de 183 144,AIG de 116 63 (baisses de respectivement 25%,21% et 46%) G .

    La reprise conomique agit en fait comme un rv-lateur des gains de productivit engags durant lacrise, lis au moins trois phnomnes :> le dveloppement de modles prdictifs, parexemple pay as you drive : fixation des taux sur labase du comportement actuel, en temps rel (cap-teurs fixs sur les vhicules) ;> la dmatrialisation : distribution et gestion de por-

    tefeuille en ligne, via un portail internet, ou migrationdes formulaires de demandes / constats de sinistrevers internet, voire des applications mobiles;> lexternalisation massive du dveloppement infor-matique mtier ( Cloud ).

    2. Un double dfi,conomique et social

    La transformation massive du secteur tertiaire sousleffet des nouvelles technologies prsente un doubledfi : celui de la comptitivit dune part, celui de

    Jusqu aujourdhui, le mcanisme de partage de lavaleur dans les conomies dveloppes tait fond surune transformation des gains de productivit indus-trielle en pouvoir dachat et en emploi dans les ser-vices. Les nouvelles technologies portent un risque demise larrt de ce mcanisme, avec des effets desta-bilisateurs sur le modle conomique et social despays dvelopps, et notamment de la France.

    1. Vers une transformation massivedu secteur tertiaire

    Historiquement, le secteur tertiaire a t marqu parune croissance dynamique, qui a masqu les gains deproductivit lis par exemple linformatisation mas-sive des entreprises dans les annes 1980-1990.Dans une banque, larrive doutils permettant dacc-lrer le traitement du back-office ne se soldait pasforcment par des contractions deffectifs, elle per-mettait de dgager des marges supplmentaires pouramliorer la relation avec le client, proposer des pres-tations plus personnalises, etc.

    Ce phnomne tait vrai jusqu rcemment. Entre

    1990 et 2000, les gains de productivit dans lindus-trie ont t plus de deux fois suprieurs ceux du sec-teur tertiaire (4,1% vs. 1,9%). Ce diffrentiel se rduitprogressivement. Entre 2010 et 2012, le ratio tombe 0,6% pour lindustrie, tandis quil se maintient mal-gr la crise 1,2% pour les services, voire 2,2%pour les seuls services financiers. De mme, les ser-vices techniques et administratifs, qui navaient pasengrang de gains de productivit significatifs

    jusquaux annes 2010 (-0,5% par an) connaissentune hausse de 1,2% depuis 2010.Lassurance est un bon exemple de ce changement de

    Vers une dstabilisation des classes

    moyennes

    http://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/200.Cependanthttp://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/200.Cependanthttp://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/200.Cependanthttp://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/200.Cependant
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    ladaptation du modle social dautre part.Dun ct, les services sont une composante im-

    portante de la comptitivit de lconomie hexago-

    nale. La France compte un certain nombre dentre-prises leaders sur plusieurs secteurs de services traditionnels : banque et finance (Axa, BNP, SocitGnrale), ingnierie et services collectifs (Bouygues,Vinci, Veolia), nergie (EDF, GDF-Suez), grandeconsommation (Carrefour), transports (Air France). B-nficiant de positions fortes au sein des marchshexagonaux, ces acteurs ont su btir des positions in-ternationales solides, et sont directement concernspar lenjeu de lautomatisation, cest--dire par lacc-lration des gains de productivit tirs par la technolo-gie dans des secteurs jusquici peu concerns. Lco-nomie franaise est un des principaux exportateurs deservices au niveau mondial, avec 140 mds dexporta-tions et un solde positif de ~25 mds. Il stend gale-ment la comptitivit des exportations de biens, quiintgrent environs 25 mds de services sous forme deconsommations intermdiaires, selon lOFCE. A lacondition dtre parties-prenantes de la vague dauto-matisation en cours, les acteurs franais des servicespeuvent maintenir, voire amliorer la place de laFrance dans lconomie mondiale.

    Lautre versant est celui des effets dstabilisantsde la transition. Les emplois crs par les nouvellestendances technologiques ne se substitueront pas auxemplois dtruits en termes :DE COMPTENCES.Comme toutes les vagues degains de productivit, la prochaine tendra accrotre

    les besoins en emploi qualifi au dtriment de lemploipeu qualifi. De manire plus prcise, les nouveauxprofils valoriss seront diffrents de ceux que produitle systme de formation actuel. Ce dernier spare for-tement les mtiers de back-office et technologiquesdune part, de front-office et de relation commercialedautre part. Les nouveaux mtiers mleront de ma-nire plus intime ces deux types de capacits.DE STRUCTURE DE LA CHANE DE VALEUR ET DE

    RPARTITION SECTORIELLE DE LA RICHESSE.Des effets de substitution auront lieu. Les activitsmatures tendront voir leur part de la valeur ajoute

    Source : rapport s annuels dAxa, Allianz, AIG, roboteconomics.com,InsurEye.com, analyse Roland Berger

    G

    VOLUTION DES EMPLOIS ET DES CHIFFRES

    DAFFAIRES DANS LASSURANCE

    Nombre demplois de trois principaux assureurs (000)

    Chiffres daffaires des trois principaux assureurs

    (Mds US $, 000)

    Axa Allianz AIG

    214

    160

    183

    144

    116

    63

    -25,2% -21,3% -45,7%

    Axa Allianz AIG

    91,2 90,1 92,5

    106,4

    95,7

    65,7

    -1,2% +15,0% -31,3%

    2008 2012

    http://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/roboteconomics.comhttp://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/InsurEye.comhttp://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/InsurEye.comhttp://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_4/roboteconomics.com
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    rduite au profit des fournisseurs de services fortedimension technologique, dont elles seront plus d-pendantes que par le pass.

    DE RPARTITION GOGRAPHIQUE.Les nouveauxemplois tendront tre plus concentrs gographi-quement et moins diffus sur le territoire. La dmatria-lisation des prestations rduira les besoins en proximi-t physique pour assurer la relation avec les clients,avec pour consquence une concentration territorialede la cration de valeur autour des mtropoles plusdenses en comptences.

    3. Un changement de modlede partage de la valeur

    Jusquici, les services ont constitu un rservoir dacti-vit qui a absorber les baisses demploi dans le secteurindustriel, selon le mcanisme suivant :

    > les gains de productivit dans lindustrie permettentde rduire le prix des biens et donc dorienter le pouvoirdachat des mnages vers le secteur tertiaire, sous la

    forme de services nouveaux ou dun dveloppementdes services la personne, moindre valeur ajouteou de proximit ;> ces transferts sont doubls de mcanismes lgaux :ainsi, la hausse du SMIC est indexe sur un indice fon-d sur lvolution du salaire horaire moyen ouvrier (pris 50%) ;> Cette extension de la demande en services constituegalement le moteur dun dveloppement du tertiaire, mme de compenser la baisse de lemploi industriel ;

    Ce mcanisme de transfert parat aujourdhui moinsefficient que par le pass, du fait dune disparition de lacorrlation entre gains de productivit et pouvoirdachat dans un contexte de sortie de crise. Le phno-mne est plus net aux Etats-Unis quen Europe H .

    H

    LES GAINS DE PRODUCTIVIT NE SE TRANSFORMENT PLUS MCANIQUEMENT EN HAUSSE DU NIVEAU DE VIE

    Source : OCDE, analyse Roland Berger

    1980 - 1990INFORMATISATION ETPOURSUITE DE LAUTO-MATISATION

    1990-2009ACCLRATION DE LAMONDIALISATION

    2009POURSUITE DE LAUTOMATISATION,BIG DATA

    1980

    1,32%/an

    0,68%/an

    0,64%/an

    0,34%/an

    1990 20142007 20202009

    Croissance du PIB / hab.en ligne avec la croissancede la productivit horaire

    Schma classique deredistribution des gains deproductivit industrielle

    Stagnation du PIB / hab. :rsorption incomplte de limpactde la crise

    Des gains en pouvoir dachat gnrs par le cyclede dlocalisation massif

    Productivit horaire Union EuropennePIB / hab. Union Europenne

    Productivit horaire FrancePIB / hab. France

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    ment de paradigme apparaissent dans lvolution dela rpartition des richesses aux Etats-Unis mais aussien Europe I .

    Les Etats-Unis sont confronts une rosion visible entermes de revenus intermdiaires. Lvolution de la r-partition de la richesse montre ainsi un accroissementdes ingalits, avec un coefficient de Gini de 0,41, aumme niveau que la Russie. Dans le dtail, la part derichesse nationale du premier quintile est pass de 44% 51% et de 17% 22% pour les 5% les plus riches. Alautre extrmit, la part du dernier quintile a peu volu(de 4,2% 3,2%). Ce sont les quintiles intermdiaires,qui constituent les classes moyennes , qui ont fait lesfrais de cette concentration de la richesse.

    Cette tendance parat mergente en Europe, o lesvolutions sont htrognes (le coefficient de Gini aaugment dans les pays comme le Royaume-Uni, laFrance ou la Sude, et baiss en Allemagne). Si lon seconcentre sur la France, cependant, on constate quelvolution du revenu est plus favorable pour les cadressuprieurs (+1,9% par an) que pour les professions in-termdiaires (+1,5%), et surtout les employs (-0,4%),les ouvriers (-1%) entre 2008 et 2012, et ce malgr lesmcanismes de transferts sociaux J .

    5. Vers une polarisationdes chanes de valeur

    Cette volution dfavorable aux classes moyennes se-rait, selon certains auteurs, lie la polarisation deschanes de valeur par larrive des nouvelles technolo-

    gies. Cette tendance serait dj visible dans la trans-formation des canaux de distribution sous leffet de ladmatrialisation.Comme le souligne Jaron Lanier dans Who Owns TheFuture?3), le dveloppement dinternet entrane un d-placement de la valeur cre du producteur et de lin-termdiaire vers lagrgateur ou distributeur final, dontla rmunration est en grande partie lie aux volumesimportants dinformation collecte et traite dans le

    cours des activits des utilisateurs. Une telle analysese vrifie dans lindustrie culturelle, mais galementdans des secteurs plus traditionnels.

    La crise de 2007 a t marque par un recul du pro-duit intrieur brut par habitant. Ainsi, parit de pou-voir dachat, ce dernier est pass, en France, de

    30 576 $ 29 279 $ US entre 2007 et 2009, soit unebaisse de 5,5%. Aux Etats-Unis, le phnomne estquivalent, avec un passage de 45 361 $ 43 169 $,avant de repartir la hausse avec la reprise progres-sive de lconomie mondiale. Ce tassement a pourpendant celui de la productivit, mesure comme larichesse produite par heure travaille. Cette dernireavait connu une hausse importante depuis les annes1980 (1,4% par an en France, 2,1% aux E.-U., entre2000 et 2007, contre respectivement 1,8% et 2%entre 1990 et 2000).

    En Europe, le ralentissement de linvestissementli la crise a eu pour consquence un tassement desgains de productivit. Ces derniers ont recul de 2,5%pour lensemble de la zone Euro et de 0,7% pour laFrance, avant de repartir la hausse de manire mo-deste partir de 2009. Aux Etats-Unis, en revanche,alors mme que le pays connaissait une stagnation dela richesse par habitant, les gains de productivit nontpas cess. Au contraire, ces derniers se sont pluttacclrs ds la sortie de crise, alors quils stagnaientde lautre ct de lAtlantique : 2,5% / an entre 2007et 2012, et mme 1,8% / an entre 2009 et 2011, aupire de la crise. Pour autant, ces taux levs ne se sontpas traduits, la sortie de crise, par une croissance dela richesse globale. Le PIB par habitant de 2012 y re-trouve peine, aux Etats-Unis, son niveau de 2006.Leffet est donc net aux Etats-Unis, il reste masqu en

    Europe, et en particulier en France, parce que la sortiede crise ny est pas encore termine.

    4. Un risque de fragilisation accruepour les classes moyennes

    Les services, et plus largement les activits dites ter-tiaires (par exemple, administratives et commerciales),ont jusquici, constitu un pourvoyeur demplois quali-

    fis et bien rmunrs, formant lossature des classes moyennes . Les implications de ce change-3) Jaron Lanier, Who Owns The Future?, 2013, Penguin UK, Londres

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    I

    RPARTITION DU REVENU DES FOYERS PAR QUINTILE ET 5% PLUS RICHES AUX TATS-UNIS

    [1970-2012]

    J

    VOLUTION DU REVENU PAR CSP - FRANCE

    (2000-2010 et 2008-2010)

    Source : US census, analyse Roland Berger

    Source : INSEE, analyse Roland Berger

    1970 1980 1990 2000 2010 2012

    4%11%

    17%

    25%

    43%

    4%10%

    17%

    25%

    44%

    4%10%

    16%

    24%

    47%

    4%9%

    15%

    23%

    50%

    3%8%

    15%

    23%

    50%

    3%8%

    14%

    23%

    51%

    Quintile 1Quintile 2

    Quintile 3

    Quintile 4

    Quintile 5

    PART DU

    REVENU DES 5%LES PLUS LEVS

    PART DU QUINTILE2012 VS. 1970(points)

    17% 17% 19% 22% 21% 22%

    -1

    -2

    -3

    -1

    +8

    1,9%0,0%

    0,0%

    0,0%

    0,0%

    0,1%0,2%

    1,5%

    -0,4%

    -1,0%

    Cadres suprieurs

    Professions intermdiaires

    Employs

    Ouvriers

    Retraits

    Evolution du revenu 2000-2010 Evolution du revenu 2008-2010

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    Ces volutions tendent rduire considrablement lamarge capte par les maillons intermdiaires de lachane de valeur, et dans une certaine mesure celle

    des producteurs. Par ailleurs, de nouvelles transfor-mations attendent encore lindustrie touristique. Unedeuxime vague de digitalisation est en cours, liecette fois-ci au renforcement de la place dacteurs telsque Google dans lconomie du secteur. Dans la me-sure o le moteur de recherche devient le vecteur privi-lgi pour la commercialisation des biens et des ser-vices, les dpenses en rfrencement des acteurstendent augmenter, de manire sassurer la visibi-lit ncessaire et attirer des flux de clients. Ce ph-nomne de Google dpendance tend ainsi rduirela marge des producteurs (hteliers, agences en ligne).La distribution viainternet a galement des cons-quences gographiques. Elle tend concentrer les fluxtouristiques et accrotre la polarisation territoriale :les destinations les plus connues disposent dune visi-bilit suprieure et sont mme de drainer des fluxtoujours plus importants de touristes. Paradoxale-ment, il existe plus dinformation disponible pour untouriste franais pour la Thalande que pour des desti-nations une heure de Paris.

    Le dveloppement de la distribution sur internetimplique une recomposition des chanes de valeurpour lensemble des secteurs des services, y comprisles plus traditionnels. Au passage, la valeur cre parla rcolte de quantits importantes dinformation nyest pas montise, au-del de laccs des services gratuits , ainsi qu la baisse des cots lis la d-

    sintermdiation, pour le consommateur. Sexerce ainsiune double pression sur le producteur, en termes detransfert de valeur vers lagrgateur sur internet, et entermes daccroissement de la concurrence avecdautres producteurs.

    Ainsi, lessor de sites tels quExpedia a profondmenttransform le secteur du tourisme, en crant un dpla-cement de la valeur cre. Dans le schma tradition-

    nel, lconomie du tourisme de masse tait dominepar des tour-oprateurs intgrs. Ceux-ci sont souventdirectement propritaires dune partie des actifs com-mercialiss (chanes htelires, flottes ariennes etbateaux de croisires, comme ctait le cas du leadermondial du secteur, lallemand TUI). Lactivit curdes tour-oprateurs restait cependant dacheter desvolumes importants de prestations de transport ettouristiques, de les assembler et de les commerciali-ser sous la forme de package en bnficiant aupassage dune baisse des prix en change dune ga-rantie de remplissage pour les oprateurs (compa-gnies ariennes, htels, rceptifs). Outre le prix, lepackage garantit pour le touriste la qualit du serviceachet, dans un secteur o laccs linformation estrendu complexe par lloignement gographique, labarrire de la langue ou la mauvaise qualit des clas-sements officiels .

    Le modle des sites de rservation en ligne est dif-frent. Expedia met disposition linformation tra-vers un systme de notation par les utilisateurs sur laqualit de la prestation. Le service est gratuit pourlutilisateur : les cots sont en ralits ports par les producteurs sur la base des transactions ralises,mais galement par les recettes lies lexploitationdes quantits importantes de donnes rcoltes par lesite (habitudes des touristes). Le service offre ensuite ses clients la possibilit de construire intgralement

    leur produit touristique ( dynamic packaging ) en fai-sant disparatre une grande part des cots dinterm-diation et en accroissant le niveau de concurrenceentre acteurs (viala transparence des prix). Ainsi, lac-tivit de packaging et de commercialisation tradition-nelle nest plus pertinente que pour les offres position-nes haut de gamme. Enfin, la diffrence destour-oprateurs traditionnels, les sites tels quExpediane prennent pas part au risque dexploitation K .

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    Source : PhoCusWright, analyse Roland Berger

    K

    TAUX DE CROISSANCE ET PART DES VOLUMES DAFFAIRES DES AGENCES DE TOURISME EN LIGNE

    EN EUROPE (2011- 2012)

    Booking.com

    Expedia eDreamsOdigeo

    Orbitz Unister Travel

    7 acteurssuivants

    Autresacteurs

    31

    15

    11

    4

    14

    22

    3

    TAUX DECROISSANCE(%)

    PART DESVOLUMESDAFFAIRES(%)

    43 15 5 10 9 7 2

    http://-/?-http://-/?-http://-/?-http://-/?-
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    de prix lies lamlioration de la performance desentreprises. Le soutien public tendrait sorienter versles activits dclinantes, ce qui reviendrait ponction-ner les acteurs conomiques les plus performants poursoutenir les secteurs matures, en perte de vitesse.A plus long terme, la France serait confronte :> une trop lente adaptation, qui creuserait lcart decomptitivit avec le reste du monde ;> une moindre capacit conserver en France les b-nfices lis aux gains de productivit ;> une trop faible capacit enclencher le cycle ver-tueux dmergence du nouveau tissu conomique mme de se substituer lancien.

    Ce scnario serait synonyme dune dstabilisationmassive en termes de rpartition du revenu sur le plansocial et sur le plan gographique, avec la cl unebaisse significative de la consommation intrieure.Dans ce contexte, les entreprises tendront adopterdes stratgies dadaptation par le bas face au res-

    serrement du pouvoir dachat des classes moyennes,qui sinspireraient des recettes exprimentes par denombreux acteurs internationaux dans les pays mer-gents, notablement en Inde (Nestl, P&G), tels que lepackaging individuel ou la mise en place de nouveauxcanaux de distribution, partiellement transfrs desparticuliers. Cette tendance au dveloppementdoffres low-cost , adaptes au resserrement dupouvoir dachat des mnages, est dj en marche en

    Europe. Le lancement de Dacia par Renault, et le suc-cs que cette offre a rencontr, en est un exemple ma-nifeste dans le secteur industriel.

    Ladaptation de lconomie franaise peut tre subie,ou engage de manire volontariste. Dans le premiercas, la France ne serait pas mme dintgrer rapide-ment les transformations technologiques, et reprodui-rait la situation de dcrochage qua dj connu lindus-trie hexagonale. Ce scnario nest pas une fatalit : laFrance dispose des atouts ncessaires pour saisir lesdividendes de lautomatisation et sen servir pouradapter son modle conomique et social tout en ac-compagnant la transition technologique.

    1. Le scnario dadaptationpar le bas

    Dans cette hypothse, sur le modle quont connu cer-tains secteurs industriels, lEtat sorienterait vers lamise en place de garde-fous rglementaires pour sau-vegarder certaines professions menaces par les nou-velles technologies.

    Linsuffisant investissement dans lautomatisation

    du secteur manufacturier (visible aujourdhui traversle faible taux de robotisation du parc franais, de 1,25robots pour 1 000 salaris contre 1,49 aux Etats-Unis,1,55 en Italie et 2,70 en Allemagne), na pas permis la France de protger son appareil productif et ses em-plois industriels, bien au contraire. La perte de comp-titivit lie au retard franais a dtruit beaucoup dem-plois industriels.

    Une telle stratgie nest efficace que sur le trs

    court terme, la fois parce que la France est soumise la concurrence internationale, et du fait de la pressiondes consommateurs pour bnficier des rductions

    Transformer le risque en opportunit :

    deux scnarios pour le futur de lco-nomie franaise.

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    Le secteur tertiaire embrasse galement cette dyna-mique. Ainsi le low cost bancaire attire de plus en plusde clients. La part dentre eux ayant souscrit un produit

    bancaire en ligne est pass de 13% 21% entre 2008et 2013, en parallle, la part des dpenses bancairesdes mnages stablit aujourdhui 0,66% et connaitune baisse constante dans les dernires annes.

    Dans un tel scnario, les dividendes lis lautoma-tisation ne se ralisent pas. La trop lente adaptation delconomie franaise entrane, dans un contexte dau-tomatisation croissante, un double phnomne :> perte de comptitivit des entreprises qui peinent maintenir leur avantage comparatif face leursconcurrents internationaux ;> insuffisantes crations demplois lis au numrique,qui ne compensent pas les destructions demplois .

    De ce fait, le surcrot de recettes fiscales ou dinves-tissement qui aurait pu tre rendu disponible par lac-croissement de la productivit, se trouve absorb par lacharge croissante du systme de protection sociale. Eneffet dans ce scnario le chmage crot, inluctable-ment, jusqu toucher entre 13 et 18% de la population.

    2. Un scnario alternatif est possible,mais sa ralisation est difficile

    Le scnario dadaptation par le bas nest cependantpas une fatalit. Il faut viter que lhistoire ne se r-pte. La France, qui na pas su adapter son appareilindustriel la vague dautomatisation du secteur se-condaire, doit russir la transformation digitale venir,

    qui aura des consquences majeures sur le secteurtertiaire. La France dispose datouts pour faire face la transformation venir dans les services :

    Un secteur tertiaire solide,dot de championsmondiaux et encore relativement protg pour cer-taines de ses composantes cls, mme de mener lesvolutions ncessaires pour bnficier des gains deproductivit et les rinjecter dans lconomie ;

    Un systme de protection sociale efficace la

    diffrence des pays anglo-saxons, qui sont le rfren-tiel dauteurs tels que Lanier, la part importante du sec-teur public et des transferts sociaux dans lconomie a

    dmontr la capacit de la France absorber les chocsstructurels.A contrario de ladaptation par le bas, une stratgie

    volontariste viserait permettre une transformationrapide de lappareil productif franais, mme de d-gager les marges de manuvre pour investir et am-liorer les marges. Cette volution serait compltedun accompagnement cibl des secteurs et des per-sonnes touches par les consquences ngatives dela transition. Les conditions de succs dun tel accom-pagnement sont connues et documentes par ungrand nombre danalyses nationales et internatio-nales, commencer par celles de lOCDE. Ellespeuvent tre rparties en plusieurs axes.

    Soutien la R&D et amlioration de la coopra-tion entre recherche publique et prive pour acclrerle rythme de mise sur le march de linnovation ; d-veloppement de clusters dots dune taille crit iquepour tre significatifs au sein de la concurrence inter-nationale.

    Renforcement de lintgration europenne,de manire accrotre laccs des innovations unmarch suffisant en taille pour en accrotre le dvelop-pement.

    Adaptation du systme de formation initial, enparticulier en assurant une monte en comptencesgnrale et une meilleure adquation avec les besoinsdes entreprises. A cet gard, lapproche franaise, trsdisciplinaire, qui conduit sparer fortement les m-tiers techniques et de back-office et les mtiers decontact humain et de relation commerciale, sera re-

    mise en cause par les volutions technologiques.Renforcement de la mobilit de la main duvre,

    la fois sur le plan de lemploi et de lemployabilit(accs de nouvelles comptences, formation tout aulong de la vie), et sur le plan gographique (rduc-tion des incitations laccs la proprit, aide lamobilit gographique).

    Investissement dans les infrastructures num-riques ;rationalisation du dveloppement des outils

    de soutien au numrique au niveau de lEtat et dansles collectivits locales, meilleure priorisation desplans dquipement.

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    3. Les dividendes destransformations technologiques

    Mener ces rformes structurelles et renforcer notre ca-pacit collective dadaptation aux nouvelles tendancestechnologiques est pourtant essentiel. La numrisa-tion prsente en effet deux facettes. Dune part, ellesignifie des destructions demplois. Dautre part, ce-pendant, elle permet aux entreprises damliorer leurcomptitivit, et donc daugmenter leur performance.Le scnario alternatif permet ainsi, la conditiondtre men de manire rapide, de rcolter ces divi-dendes L .De manire vertueuse, ceux-ci peuventpermettre de financer le moment dlicat de ladapta-tion la transition technologique.

    Du point de vue micro-conomique une entreprisene dclenche lautomatisation dune tche que si lesdpenses dinvestissement affrentes (CapEx) per-mettent de raliser une conomie dans les dpensesdexploitation (OpEx) ncessaires laccomplissementde cette mme tche par du travail humain.

    Cette conomie doit tre substantielle, dans lamesure o la mise en place de logiciels ou de ma-chines est souvent une tche complexe, consomma-trice de temps, qui exige une rvision des processusinternes lentreprise et, ventuellement, lidentifica-tion de solutions RH pour les salaris concerns.

    Sur la base de lexpertise acquise dans laccompa-gnement de nombreux plans de performance dploysdans diffrents secteurs (industrie de processus,banque et assurance, transport arien, nergie, etc.),

    le Roland Berger Institute value le gain li lautoma-tisation (vs. recours au travail humain) 40% descots dans les socits de services, et 20% danslindustrie et le secteur primaire, dores et dj davan-tage automatiss. Ce bnfice direct ne doit pas faireoublier que les cots lis lautomatisation repr-sentent du chiffre daffaires pour les prestataires encharge de la mise en uvre de lautomatisation, dont75% demeurent en France (contre 25% transfrs

    ltranger sous forme dimportation).

    Soutien linvestissement des entrepriseset mon-te en gamme du positionnement de celles-ci ; mobili-sation du capital priv et de linvestissement public en

    direction des secteurs conomiques les plus innovantsrenforcement des sources de financement du capi-tal-risque ; meilleure orientation du Crdit Impt Re-cherche et refonte du statut de lentreprise innovante.

    Russir ce scnario entrane un cercle vertueux.Les destructions demploi lies lautomatisation sontabsorbes par une conomie plus mobile, agile etcrative. De plus les gains de productivit des entre-prises accroissent les recettes de lEtat et renforcentla capacit dinvestissement des acteurs cono-miques, ce qui, en retour, accrot encore les crationsdemplois et permet lmergence de nouvelles catgo-ries dactivits. Nous estimons que limpact dun telscnario est en mesure de compenser les destructionsdemplois lies la numrisation. On ne proposenanmoins pas de chiffrer ces crations demploisdans la mesure o, au-del des phnomnes techno-logiques, de nombreuses variables exognes au sujetrentrent en compte.

    Si ces diffrentes recommandations sont connues,leur mise en uvre se heurte dimportants freinsculturels en France, qui rendent difficiles certaines r-formes, en particulier autour de la mobilit des travail-leurs et de lvolution du systme de formation conti-nue. Ce dernier en particulier reprsente une dpenseannuelle de 25 mds, avec une efficacit relativementlimite en comparaison dautres pays europens.Sur ces sujets, il nexiste pas de solution simple.

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    LIMPACT DE LA NUMRISATION

    Emplois concerns parlautomatisation (000)

    SECTEUR PRIMAIRE INDUSTRIE

    Cots lis lautomatisation etautres flux conomiques [mds]hors cots lis aux baisses

    demplois

    Principales hypothses et sources du

    modle dimpact :Gains lis lautomatisation calculs sur labase du salaire moyen par secteur (sourceINSEE)

    Cots dimplmentation lis lautomatisa-tion : 60% des gains bruts

    Baisse de prix lis au revenus supplmen-taires dgags dans lconomie : 5% desgains bruts

    Montant des cots dimplmentationreprsentant des prestations effectues pardes entreprises ltranger : 20% des cotsdimplmentation

    Part des cots dimplmentation facturs enFrance reprsentant des revenus nets pourles entreprises franaises (engendrant donceux-mme des recettes fiscales pour lEtatainsi que des investissements) : 10% descots dimplmentation France

    Taux dimposit ion rel moyen : 18%

    Taux de TVA moyen : 18%

    Distribution de dividendes (hors secteurpublic) : 30% des gains nets

    Part des dividendes restant en France : 66%

    Gains nets du secteur public (i.e. aprs

    dduction des cots dautomatisation)considrs comme des recettes fiscales

    Dividendes

    Investissements

    Pouvoirdachat

    Source : analyse Roland Berger

    5,9

    22,7

    30,4

    124,9

    Impact surlinvestissement priv 28,7

    Comptitivitprix6,3

    7,1

    L

    Gains lis lautomatisation

    Transferts vers international

    Flux dinvestissement

    Impact sur les comptes publics

    148 536

    3

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    SERVICES SECTEUR PUBLIC

    Flux versinternational

    Investissementsncessaires pourlautomatisation

    Economiesbudgtaires

    Recettesfiscales

    Investissements

    Flux versconomie franaise

    83,8

    Impact pourles comptes publics 28,6

    62,9

    20,9

    88,7

    13,2 Recettesfiscales

    9,7

    14,1

    5,6

    5,9

    2 027 306

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    Au final, les dividendes de lautomatisation sont detrois ordres :

    Un rehaussement des marges des entreprises

    du fait dune amlioration de la structure de cots.Ces marges seront elles-mmes distribues entreamlioration de la comptitivit prix (avec un effet b-nfique sur le consommateur national et sur la posi-tion lexport), accroissement des dividendes pour lesactionnaires et investissement.

    Des rentres fiscales :celles-ci sont lies aux b-nfices supplmentaires des entreprises, qui accrois-sent proportionnellement limpt sur les socits per-u par lEtat, mais galement la taxation desdividendes ;

    Un accroissement de la performance de lEtat.Dans un pays comme la France, o la place du secteurpublic est importante, un certain nombre dadminis-trations et doprateurs publics peuvent bnficier degains de productivit importants, commencer par lesecteur hospitalier, lducation et les activits de ges-tion au sein des administrations.Pour valuer le plein effet de lautomatisation, nousfaisons lhypothse que des volutions auraient lieuselon le mme rythme dans les secteurs marchand etnon-marchand.

    Des crations de nouvelles catgories demplois.Celles-ci seront de deux ordres. Dune part, celleslies directement la mise en uvre de lautomatisa-tion (qui reprsentent ~10% des emplois supprims).Dautre part, de nouvelles catgories demplois, dontla nature est difficilement prvisible, mergeront.

    Celles-ci seront caractrises par un plus haut niveaude technicit, tout la fois que par une plus grandeexigence de relation client ou front-office . Une tellevolution, comme on la dj soulign, exige de fairevoluer lapproche franaise en matire de formationet de comptences.

    Sur la base du scnario retenu (3 millions demploissubstitus en dix ans), le gain brut (avant dpenses

    requises pour lautomatisation) pour les entreprisesconcernes reprsente autour de 140 mds.

    CE GAIN SE VENTILE ENTRE :

    80 mdsdinvestissements dans lautomatisation et

    les gains de productivit associs ;30 mdsde recettes fiscales additionnelles ;30 mds dinvestissements privs additionnels ;

    Au final, le dividende potentiel reprsente plus de60 mds, qui pourront tre rinjects dans lconomieet le systme productif franais, condition que cedernier volue rapidement. Faute de quoi ce dividendeschappera, comme ce fut le cas dans lindustrie.

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    Conclusion

    Les progrs technologiques dplacent la frontire

    entre les mtiers que lon savait automatisables etceux que lon croyait prservs. Big data, machine ap-prenante, Internet des objets, transforment aujourdhuides activits de nature intellectuelle. La nouveaut estque des emplois intermdiaires sont galement risque. Il sagit notamment des fonctions administra-tives en entreprise, de mtiers juridiques, ou de nom-breuses fonctions dencadrement, qui ont historique-ment t pourvoyeuses demploi pour la classemoyenne.

    Il serait inutile, et mme dangereux, de combattrecette volution technologique. Elle est dj en marche.Il faut en revanche que les pouvoirs publics enprennent la mesure, ds maintenant. La France, qui aadapt avec difficult son appareil industriel lavague dautomatisation qui a marqu le secteur se-condaire depuis les annes 1990, a les moyens derussir la transformation digitale si elle engage rapide-ment les mutations structurelles qui lui permettront decapter le dividende de la numrisation, pour le rin-vestir dans son appareil productif. Une telle adapta-tion passe ncessairement par la mise en uvre dunestratgie volontariste par les pouvoirs publics. Elleexige galement de prendre bras le corps un certainnombre de blocages de nature culturelle, dont la r-forme de la formation continue constitue un bonexemple.

    La vague de trans-

    formation digitale luvre depuis lesannes 2000pourrait tre auxcols blancs dans

    la dcennie venir,ce que la mondiali-sation et lautoma-tisation industrielle

    ont t aux colsbleus dans les an-nes 1980-1990.

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    Roland Berger Strategy Consultants

    Fond en 1967, Roland Berger Strategy Consultants est lun des leaders mondiaux du conseil en DirectionGnrale et le seul dorigine europenne. Le cabinet conseille les Directions Gnrales des plus grandes entre-prises franaises et internationales sur lensemble des problmatiques de stratgie, de management, damlio-ration de la performance des entreprises et sattache proposer des solutions innovantes, avec une attentionparticulire porte lobtention de rsultats concrets et mesurables. Le cabinet compte 2400 collaborateurs etbnficie dun rseau international constitu de 50 bureaux dans 36 pays en Europe, aux Etats-Unis, en Amriquedu Sud, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie. Prsent en France depuis 1990, le bureau de Paris avec330 collaborateurs dont 250 consultants et 30 Partners, est reconnu comme une rfrence par les plus grandsgroupes industriels et de services. WWW.ROLANDBERGER.COM

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