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Octobre - novembre - décembre 1986 - 10 F. 2
LIBERTAIRES CHRONIQUES Abonnement et soutien
cio 5 numéros: 45 F. étranger : 55 F
13'tfi#J·I'J;.NilliS.f.I·J41MarnU1RW;c.f!Nimt1 C.P.C.A. C.C.P. 33777 75K La Source
B.P. 21. 94190 VILLENEUVE-SAINT-GEORGES
Au secours!
Notre dernier appel pour un e "mutacion ascend a nt e '' n 'a pas
été entendu.
Ce numéro 2 de "Chr o nique s liber tai res'' vous parvient alors
que nos caisses sont vides.
Nous avons cru qu'après l'envoi du numéro 1, nouvelle série,
vous réagiriez favora b le ment. ERR EUR Maladresse peut-être
que d'avoir envoyé ce numéro au mi lieu d e s vacances d'été
Notre tentative n'a pas recueilli l'intérêt souhaité
volonté d'aller de l'a vant n'a pas été comprise.
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"Chroniques libertaires" vit de ses a bonn és, de ses ventes
et du soutien du groupe rédacteur
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fois négligents (mise s à part de brillantes ex c e p tions).
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0 Notre so u t i e n p ropr e se fait au ~ieux, et c 'est la moindre
des choses.
Puisque nous n'arri von s p lus à assume r co rrectement nos
charges financières, faut -il reme ttre e n cau se n o tre raison
d'être ? notre formule ? Pou vons- nous r éuni r s uf fisamment de
lecteurs intéressés, mo ti vés, pour con ti nu er ? Es t-il trop
tard pour se poser des questions ?
Vos réponses nous diront si "Chr oni ques libert a ires" a une
chance de survie. En attendant,
nous coulons •••
Pour le numéro suivant, les textes. les informations. etc. doivent être envoyés avant le :
D.L.: 45668 Responsable de la publication : J. -L. Phan-Van O Ce numéro a été tiré à 500 exemplaires I.S.S.N.: 0181-7191
C.P.P.: 42.638 Imprimerie Utopie: 14-16, passage des Soupirs. 75020 Paris • Nombre d'abonnés à ce jour: 110
2
du côté de la presse libertaire
tii) Additif à la période précédente (1 1 3. au 1. 6. 86)
• VOIE LIBRE : 1 2 • ELAN : 102 •~CAHIERS DU VENT DU CH'MIN : 8
tiii) Période considérée (1.6 au 15.9.86) •SUR LE POUCE 13 et 14 •LA LETTRE D'INFORMATION : 36 à 41 •ÇOURANT ALTERNATIF : 57 et 58 •LE MONDE LIBERTAIRE : 622 à 629 •LE MAGAZINE LIBERTAIRE : 9 •LE LIBERTAIRE : 67 et 68 •L'ARBRE EST DANS LA GRAINE •LA COMMUNE LIBERTAIRE : 18_ •LA TORCHE : 3 •ALTERNATIVE LIBERTAIRE 49 :· 8 •TERTULIA : 44 à 48 •INFOS ET ANALYSES LIBERTAIRES 17/18 •INFORMATION AOA : juin 86 •RAMASSIS D'INFOS 13 •ZERO DE CONDUITE : 19 •LE CHAT NOIR l •INITIATIVE : 3 •KANAI : 7 •ANTENNE : 24 •L'HOMME LIBRE : 108 •CONTRE VENTS ET MAREES 30 et 31 •AGORA LIBERTAIRE : 33 • FRAGA : 2 • IRL : 68/69 • CAMOUFLAGE 13 et 13 bis • CHRONIQUES LIBERTAIRES : l •t'ANARCHIE: 137 et 138 •LUTTER ! : 16 • NOIR ET ROUGE : l
OEILLETS ROUGES. Cahiers de téfle~ipn anarchiste.
Abonnement : 120 Frs pour quatre numéros Chèques à l'ordre de Jean-Març Raynqud~ CCP Bordeaux n° 5786 33 T, à a~resser à~ 11 les Oeillets rouges" 122, rue Henri,.,.Barr busse 95l00 Argenteuil.
tiREFLEXES. Bulletin édité par l'associa~ tion REFLEX. Réseau d'Etudes, de formation et de Liaison contre :'Fxtr~Ge-droite et la Xénophobie. Abonnement 1 .::m ,1() numéros : 70 Frs. Chèques à l'ordre de A. Po, Adress~ postale : REFLEX c/o CLE, BP 84, 92800 Puteaux cedex.
tl NOIR & ROUGE : Abonnement 6 numéros : lOO Frs. Libeller les chèques à l'orqre de Cares, et le& retourner à Noir et Rouge, chez Félix 65 rue Bichat, 75010 Paris.
tiBLACK FLAG et ses lecteurs
" ns le CPCA n°2l, n.ous avons donné les
résultats d'une enquête auprès de nos leçteurs. La revue britannique BLACK FLAG (BF) (voir CPCA n°30) a fait également un sondage, dont elle donne un survol ~ans son numéro du 10 mars 86. Il y a eu environ 400 réponses. La plupart des lecteurs lisent Bf depuis 2 ou 4 ans; la major~té a entre 15 et 23 ans, et la plupart sont anarchistes ·depuis 5 ans. Les lecteurs ont connu BF par une autre publication anarchiste, ou un ami 80% pensent_ que c'est la meilleure publicaT tion anarchiste actuelle (de langue aqglaiT se).
_Les critiques et propositions semblent très contrastées (depuis la demande de mots croisés, d'une page d~ sport, de la revendication du bouddhisme,etc) et la rédaction espère pouvoir en tenir compte.
BLACK FLAG BH Hurricane, London WCIN 3XX
Association des amis d'Aristide La~ peyre : 7 rue du Muguet à Bordeau~~
tiRécemment créée, cette association a pour but notamment de recueillir, archiver, fai~e connaître d'une part tous documents ou témoignages relatifs à l'action d'Aristide,et d'au-r. tre pa~t tout ce qui concerne l'hi~~ toire régionale dans les domaines ~els que les activités libertaires, libres penseuses, pacifistes, humanistes, néo-malthusiennes, syndicales, etc.
Deu~ numéros des cahiers ont déj~ paru. Le numéro 3 devrait êtr~ dédié aux relations d'Aristide avec le mou• vement espagnol, principalement pen~ dant la période révolutionnaire.
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1-
L.
LA PRESSE ANARCHISTE dans rentre-deux-guerres
• s'est d'abord trouvée conservée, dans les pays où elle était autorisée, un peu au hasard:
-celui des dons, bien sûr -mais d'autres encore, souvent difficiles à repérer aujourd'hui, comme par
exemple le voyage d'un camarade à l'étranger, et qui incitait ensuite une bibliothèque locale à s'abonner à telle ou telle revue.
~ Mais il y eut aussi des initiatives plus organisées, comme ce communiqué publié dans le n°5 (Sept.28) d"'Eresia di oggi e di domani" (New-York):
-Important
Dans notre camp c'est la doléance générale sous prétexte que notre presse n' est lue que par les seuls anarchistes; mais nous ne faisons pas grand'chose pour en propager la lecture et la diffusion ailleurs. Un des moyens les plus efficaces, et des plus co~1odes, pour faire connaître nos conceptions à un public plus vaste et d'une grande curiosité, consisterait à envoyer régulièrement nos journaux aux bibliothèques des grandes villes du monde. Tant de nos exemplaires sont gaspillés et perdus sans utilite aucune, que nous pourrions bien (et la dé~ense ne serait pas im~ossible à affronter) envoyer 40 ou 50 exemplaires aux princi~ales bibliothèques dans le monde.
Dans une lettre de remerciements aue la bibliothèque de New-York nous adress~ pour lui avoir fait parvenir "Eresia", celle-ci nous faisait à juste titre ressortir les avantages qu'elle nous offrait pour ce qui est de faire connaître nos journaux:
l 0 )la salle de lecture des périodiques en cours est visitée chaque année par des milliers de chercheurs avides de consulter et de connaître tout ce publie, sans préjuger du courant d'idées reflété~
2°)notre presse étant par la suite assurée d'une conservation nermanente.
Ce dernier point est d'une importance capitale pour tous ceux qui depuis dix ans, vingt ans ou plus ont entrepris de se documenter sur les diverses activités anarchistes de notre époque. Etant donnée la condition instabl~ de la majorité des anarchistes, bien peu sont ceux qui réussissent à faire la collection de nos journaux, tant et si bien que si un d'entre nous désirait les consulter même sur un passs récent, il ne saurait pas où se diriger. Si au contraire on savait que dans telle ou telle bibliothèque dans le monde notre presse de toutes langues est conservée, on imagine l'énorme facilité de recherche qui nous en s~rait offerte.
Je me souviens d'un épisode à ce sujet. Il y a quelques années de celÈt je me trouvais en Argentine. Je souhaitais consulter nos journaux d'il y a 15 ou 20 ans, mais je ne réussissais pas à les. trouver, à part quelques nur.1éros, lorsqu'un camarade informé de mon désir me conduisit à la Bibliothèaue de Buenos-Ayres et me montra la collection complète de la "Protesta", ~t d' autres journaux à nous conservés avec soin et par ordre d'années.
Que pourrions-nous désirer de plus, en échange de ces quelques sous que nous coûterait l'envoi de nos journaux et de nos revues?
Nous prions donc lef:) camarades qui habitent dans les principales villes du monde de bien vouloir nous envoyer l'adresse de la bibliothèque la plus importante s'y trouvant, pour que de notre c8té nous commencions à envoyer "Eresia" et à constituer une liste complète de. ces bibliothèques, que nous transmettrons bien volontiers aux autres journaux qui nous en feront la demande.; que de lPur côté ils fassent de même s'ils le jugent utile.
Le même appÊü est adressé aux journaux et aux revues d'autres langues (que l'italien, NdT).
L'adresse de la Bibliothèque de l~ew-York est: ' 5
"THE NEW-YORK PUBLIC LIBRARY" 5 th Avenue and 42 nd Street, New-York City
On peut consulter dans cette biblioth~que : "Eresia", "Il Risveglio","The Raad to Freedom", "Der An,archist".
Dès le numéro suivant (Oct.28) était publiée une liste d'adresse assez complète, et la réponse de Max Nettlau ne fit pas non plus attendre, enthousiaste (cf.n°7, nov.28), avec en prime un petit commentaire malicieux(compte tenu des ortentations affichées de la revue) et terminé ain~i : " ..• ce qui prouve en dernière analyse, que l'individualisme de :bon aloi et le sentiment social authentique se complètent et sont inséparables."
Au tour de "Chroniques Libertaires" de donner la même liste, sous sa forme d'origine pour les camarades intéressés, en attendant la vérification une par une des adresses indiquées.
L.NEMETH, 9/1986.
Los Angeles Publiç Library - Los Angeles, Cal.
Boston Library - Boston, Mass. Chicago Publie Library - Chicago, Ill. Montreal Art Association - Montreal ( Quepec).
Universidad Nacional- Habana (Cuba). Biblioteca Naeional - Calle Mexico, 560 - Buenos Aires
(Argentlna).
Biblioteca Nacional- Rio Branco 219 - Rio Janiero (Brasil).
Biblioteca Nacional - Eduardo Acevedo 1475 - Montevideo (Uruguay).
Nauyang University - Zakawai Ooi - 862 Avenue Haig, Shan gai (China) .
Imperial Library- Uyeno Park- Tokyo (Japan).
Santinikotan - Bengala (lndia). Imperial Library- Calcutta (lndia). Biblioteque Publique- 20 South El Attarin, Tunis (Africa). Nationalbibliothek- Iosefplatz, Viena I (Austria).
Biblioteque Royale- Place du Musèe -Bruxelles (Belgium). National Library- Rokowsky Str. III- Belgracio (Jugoslavia)
Bluminklyke Akademia - Van Wutenschappen - Amsterdam (Holland).
Biblioteca y Museos Nacionales- 20 Paseo Recoletos- Madrid (Spain).
Universidad de Barcelona - Barcelona (Spain). Swedish Academia - Stockholm ( Sweden). Societe' des Arts - Geneva (Switzerland). Antiquarische Geselschaft - Zurich ( Switzerland). Polish Central Museum of Archeology - Agrikola 9 - Warsaw
(Poland). Universidade de Lisboa - Rua da Escola Politecnica • Lisboa
(Portugal).
Biblioteca Academici Romane- Bucharest (Rumania).
Kralovka Ceska Spoleenost Nauk - Ce1etna 69 .,. Praga ( Cecoslovaca) .
Blbliotheque Nationale- 58 Rue Richelieu- Paris (France).
Preussische Staats Bibliothek - Unter den Lillclen 37, . Berlin ( Germany) .
British Museum - Gt. Russell Street W. C. Lonclon Engl (England).
National Odos - Panopistimion - Athenes ( Greece). Magyar Tudomanyos Akademia - Academia Utea 2 -
(Hungary).
R. Biblioteca Vittorio Emanuele - Roma (Italy).
R. Biblioteca Nazionale - Turin (Italy).
Biblioteca Brera- Milano (Italy). Bibliotheque Nationale - 10 Rue Notre Dame -
(Luxemburg). Museum of Constantinopla- Constantinopla (Turkey).
The Tolstoy Museum- Kropotkinskaya II- Moscow (Russia) The State P. Library - Pl. 25 Oktyabrya 37 - Leni
(Russia).
LA MORT DE JEANNE HUMBERT
Jeanne Humbert est morte à Paris le 1 août dernier à l'âge de 96 ans. Elle avait milité très tôt au sein de la Ligue de la Régénération humaine fondée en 1896 par Paul Robin.
le y rencontrait Eugène Humbert qui fit aucoup pour gagner à la cause néo-malthu
sienne des anarchistes réticents ou hostiles r.omme Sébastien Faure. Toujours proche des
lieux libertaires puisqu'elle avait secondé May Picqueray au Réfractaire, elle ne se définissait pas elle-même comme anarchiste.
Les livres introuvables On consultera
de Jeanne Humbert sont tous ailleurs qu'en bibliothèque.
notamment Eugène Humbert-La et l'oeuvre d'un néo-malthusien, 194 7,
is, La Grande Réforme.
Deux ouvrages plus récents: La libre materni té de Roger-Henri Guerrand, Casterman poche, collee. VIA, comiquement dédié, en 1971 ! "à la mémoire de Jeanne Humbert".
La grève des ventres de Francis Ronsin qui a rencontré J. Humbert à maintes reprises.
. Aubier, 1980.
DOSSIER TOLSTOÏ
suite (VOIR NUMÉRO 33 DU C.P.C.A)
Onans sa "Lettre aux libéraux"(!), il dit :"Pour atteindre les buts aux· quels tendent aussi bien les révolu~ tionnaires que les libéraux, le seul moyen efficace est de vivre selon sa conscience. Mais cela ne signifie pas que nous puissions commencer à vivre suivant notre conscience en vue de ces buts. Il est impossible de commencer à vivre ainsi pour un but extérieur quelconque. On ne peut vi~ vre conformément à sa conscience qu'en vertu de convictionsreligieuses nettes et solides. Et si ces convictions sont établies, leurs bonnes conséquences dans la vie p~atique viendront d'elles-mêmes."
Ainsi le but social devient secon~ daire et le perfectionnement indivi· duel se place au premier plan, perfectionnement qui ne se justifie même pas par le but à atteindre et se réduit ainsi à une satisfaction dans laquelle entre une bonne part d'égo· ïsme.
Et malgré tout cela, Tolstoï jouit incontestablement d'une grande esti~ me parmi les partis extrêmes. Il le doit surtout à sa critique de la so· ciété actuelle, de l'Eglise existan· te, de l'Etat, du militarisme, bref de tous les organes et de toutes les fonctions du régime actuel.Il faut y ajouter sa critique des classes dominantes et de leur parasitisme, et ses sympathies pour les travailleurs en général et les paysans en particulier. Ses articles sur la fa~ mine en Russie, comme ses articles ~ritiques, auraient pu être signés par n'importe quel révolutionnaire et souvent font oublier, surtout grâce au talent de l'auteur, toutes les divergences théoriques qui peuvent nous séparer de lui.
( ... ) Pour tout homme, vivre est syno
nyme de rechercher le bonheur, et l'homme ne considère que sa propre vie, que son propre bonheur individuel. Mais il s'aperçoit tous les jours que ce bonheur est intimement
(1) Revue Blanche, 1890.
lié à la vie, au bonheur de tout ce qui l'·entoure.
Ainsi donc l'homme ne s'attache qu'à la vie individuelle ~ elle seu· le existe pour lui ~ mais sa conscience réfléchie lui montre tous les jours que les souffr9nces le mena~ent et qu'il mourra.
Quel bonh~ur peut donc donner une ~xistence qui n'est qu'une mort lente ?
relle est la difficulté fondamentale que Tolstoï se proposa de résoudre. Il chercha dans toutes les sciences, sans la trouver, la définition de la vie."La science et la philosop~e traite de tout ce qu'on voudra, sauf de ce que l'homme a à faire pour de· venir meilleur, pour mieux vivre." (1).
Abandonnant la science et la phi-losophie, il demande la solution à
~a vie même ~ il recherche comment font et ont fait les hommes de son ~onde. Il trouve "quatre issues" à cette affreuse situation dans laquelle nous nous trouvons tous~" (2).
D'abord, celle de l'ignorance: elle :onsiste à ne pas savoir que la vie est un mal~ puis 1' issue épicurienne : nous profitons des biens qui s'offrent à nous. La troisième issue "est :elle de la force et de l'énergie": :'est le suicide. "La quatrième est la faiblesse. Elle consiste à tramer sa vie tout en comprenant le mal et le non-sens."
C'était dans ce dernier état que se trouvait l'âme de Tolstoï quand il s'aperçut que les gens du monde n' exis tent pas seuls, que des milliards d'êtres ont demandé le sens de la vie à la foi. Il se tourne vers elle; mais elle lui demande le sacrifice de la raison. Il n'y peut consentir, puisque la raison est la base unique qui unit tous les êtres vivants. Il recherche une ~royance raisonnable, étudie les religions, se lie avec les théologiens et ne retire de leur commerce qu'un "douloureux sentiment de terreur" : les croyants se conduisent plus mal que les incrédules.
Tolstoï commence alors à se " rapprocher des croyants parmi le peuple hommes simples et ignorants, pauvres pèlerins, moines sectataires, paysans
(2) Ma Confession, page 116 et suivantes. '
7
(3)". Ce sont les simples qui l'éclairent ils lui donnent la solution, ·ils lui apprennent que la contradiction de la vie se résout par I'amour. Tout devient clair pour lui.
Il se crée ainsi une religion dans laquelle l'idée de Dieu se confond avec celle de la vie elle-même et qui est la religion de l'amour. C'est pour lui la doctrine du Christ réta-blie dans toute sa pureté. L'examen détaillé de la fqçon'dont éette doc
~rine est intP.rprétée p~r Tolsto! sort de notre question; aussi ne don-
.nerons-nous ici que les cinq commandements qui la r~sument pour lui : "Le premier défend le mépris et la colère : vis en paix avec chacun, ne considère jamais la colère contre qui que ce soit comme légitime." Le second conseille la chasteté, interdit l'adultère et le divorc~. Le troisiè· me interdit le serment.:Le quatrième proscrit la violence. Si on te bat, endure ; si on te fait travailler, travaille. Le cinquième défend la 3uerre : il faut aimer même ses enne· nis et ne considérer personne comme .m étranger.
( . . . ) Parmi les règles qu'il faut s'ap
?liquer à suivre, il y en a une qui ?st importante à notre point de vue, c'est la loi du .. travail : il faut tra v ai 11er et s'in ter.di re d'exploiter le travail d'autrui. Cette dernière habitude va à l'encontre de l'utili-
·té : on satisfait ses passions et on en.devient esclave au point de ne plus pouvoir les sat.isfaire à 1 'encontre de la justice: ·"il est mal de bénéficier pour .son agrément du travail d'individus qui, par le fait même de leur con.di ti on, ne peuvent pas se donne~ la centième partie des jouissances qu'ils ~encourent à procurer à celui qui les emploie." Au point de vue chrétien, "l'homme qui aime son prochain, loin de se servir du travail d'autrui pour son plaisir donnera plutôt sa part d'activité pour aider au bien-être des .autres." L'homme doit donc travailler suivant ses forces physiques, intellectuelles ·et morales. Mais prétendre 6tre le cerveau pour vivre du travail d'autrui, ce n'est point là une division du travail, c'est uniquement l'usurpation du travail d'autrui. Le travail intellectuel ne dispense pas du travail physique. Le travail manuel est la condition indispensable du
(3) Ma Confession, page 167, etc.
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bonheur de 1' être humain. Chacun doit assurer sa vie s'il le peut.
Si l'homme peut librement prat~uer l'abstinence et le travail, il n'en est pas de même pour l'amour. Il se heurte s'il veut le faire, à un obstacle extérieur, l'organisation socia~e qui consacre l'inégalité et la violence au moyen de la propriété et de 1 ' auto ri té 1 de 1 ' argent et de 1 'Etat.
Que faut-il donc faire pour se débarrasser de ces obstacles ? La question "que faire ?" est résolue pour Tolstoi par l'homme qui dit : "Pour moi je n'ai plus besoin de l'Etat! ••• je sais ·que je n'ai pas besoin de toutes les institut ions gouvernementales actuelles, c!~st pourquoi je ne puis, en privant les hommes qui ont besoin de mon travail, le donner sous forme d'impôt au profit d'ins-
• • • • . • • 1 • t1tut1ons; Je sa1s que,mol, Je n a1 besoin ni d'administration ni de tri bunaux basés sur la violence; je saü que,moi, je n'ai pas besoin d'attaquer les hommes des autres nations, de les tuer, c'est pourquoi je n'ai pas besoin de participer à la gu.erre ni de ~·y préparer." - "L'amélioration des conditions de la vie, l'accord de la réalité et de la conscience se fera non par une réorganisation violehte de la société, mais par suite des efforts personnels d'individus isolés." 1
Mais il nous apprend qu'il ne faut pas aimer la violerice en elle-même. Il y a beaucoup à retenir de cette critique du droit de défense; et d'abord il nous montre ·que la haine est toujours mauvaise, et que dans aucun cas, il ne faur obéir à un sentiment de colère ou de vengeance, même contre un ennemi de ce que nouE croyons être le bien. La violence ne devra donc être employée qu'avec di& cernement et en vue d'éviter une autre violence plus grande.
Pour pr~parer le ~ègne de l'amour, Tolstoï recommande à l'individu de s'abstenir des plaisirs du corps; Certes il a raison lor:squ' il d~ t que l'individu ~ui en est capable doit sacrif{er à l'amour des hommes des plaisiis immédiats et matériels. Celui qui ne sait pas retenir ses passions ne pourra jamais arriver à l'~ tat de perfection nécessaire pour vivre en paix avec les autres hommes. Mais o~ Tolstoï nous parait exagérer c'est lorsqu'il considère le plaisir individuel et corporel comme tout à fait et absolument mauvais, et qu'il
~ous pousse à supprimer de nos exigences tous les plaisirs que nous pourrons supprimer.
On voit que Tolstoï est assez loin de nous.
Il ne recherche pas la société la plus heureuse possible, mais celle qui répond le mieux aux préceptes du Christ. Or le Christ ayant vécu dans des époques fort lointaines, et Tol· stoï ayant conservé son idéal social il s'ensuit que la solution qu'il adopte peut être bonne pour des ~
ques reculées, mais nullement la nôtre. Nous croyons que la division du travail est utile, nous croyons que le machinisme a un grand avenirsocial Tolstoï est l'ennemi de tout cela,il veut nous ramener tous à la vie des champs, aux société de pasteurs, où tous les individus faisaient la même besogne~ s'il croyait au diable, Thlstoï, comme les vieilles paysannes, L<i attribuerait le développement de la civilisation.
Cette société amorphe que demande Tolstoï est actuellement irréalisable. Comme dit M. Gide :"Tolstoï nous demande là quelque chose d'impossible aussi impossible que de redevenir enfant.
D'ailleurs la d1v1s1on du travali et les autres avantages de la civili· sation entravent-ils la marche des principes communistes ? Comme le fait fort bien remarquer Grave, toutes ces choses, qui servent maintenant à l'ex ploitation mutuelle des hommes, formeront plus tard entre eux des liens étroits. Dans une société libre où existera la division du travail, l'homme sera rapproché de son semblable par son intérêt même.
Nous nous sommes attachés, dans les pages qui précèdent à montrer ce qui sépare Tolstoï des aharchistes, persuadés que les rapports du Tolstoïsme et de 1' anarchie sont suffisamment apparents par eux-mêmes. Néanmoins,
il serait peut-être utile d'indiquer quel précieux concours peut apporter la lecture des oeuvres de Tolstoï à la propagande communiste, anarchiste
Et d'abord Tolstoï sera très utile contre ceux des réactionnaires qui fondent leurs convictions sur la morale chrétienne, ou prétendue telle
(puisque Tolstoï lui conteste ce titre). Car il fait admirablement ressortir les contradictions de cette morale. Mieux que tout autre, il peut faire réfléchir les croyants (si des croyants peuvent réfléchir ) sur la légitimité de nos institutions, du service militaire, du jugement, de l'Etat, de l'Eglise elle-même, et peut-être - si cela est possible -sur ce qu'il y a d'enfantin dans les dogmes de la religion et de contradiction avec la morale de l'amour.
Il sera très utile aussi contre ceux qui se sont débarrassésdes principes religieux, mais qui défendent l'état des choses actuel, au nom de la lutte pour l'existence, et de la raison du plus fort. Il leur montrera avec une évidence capable de troubler les plus endurcis, que l'individu égoïste n'existe réellement pas, que sa vie, se mettant en opposition avec celle de tout l'univers, n'a plus aucune signification, qu'il est un être incomplet, condamne a ne goûter jamais la joie~ que sans le secours des hommes, il ne peut être heureux~ que sans l'amour il ne peut être un homme.
En résumé, nous pensons que la propagande de Tolstoï a une utilité théorique incontestable, surtout quand elle s'attaque au militarisme et à l'Etat.
Mais elle présente aussi à notre avis de grands dangers. Tolstoï, qui n'a pas d'idéal social, qui ne préconise pas de moyens d'améliorer l'état actuel, ne _peut manquer d'écarter les esprit du mouvement social et de tout ce qui constitue le socialisme.
Extrait des "Temps nouveaux", supplément littéraire, n°29, 1900.
10
gengis.khan qui dispose du télégraphe
8 Il est vrai qu'il y a des gens qui
affirment au malheureux tzar que tout le peuple lui est devoué,qu'elle est inébranlable cette foi de jadis qu'avait le peuple en Dieu et en le tzar.
Or, ces gens-là ne croient pas eux-mêmes ce qu'ils affirment au tzar, et, par leur mensonge effronté, ne font que lui fermer les yeux sur la situation réelle. Mais, les croyant, le souverain poursuit son activité néfaste, violente, et ainsi détruit définitivement les dernières ba. > sur lesquelles son pouvoir pourrait se maintenir.
L'inutilité, la stupidité, la malfaisance du pouvoir despotique, de plus en plus, pénètrent la conscience de l'immense majorité du peuple. Il est difficile de prévoir quelles en seront les conséquences, mais cee conséquences, absolument fâcheuses pour le gouvernement, sont inévitables.
Peut-être - bien que peu probable - le pouvoir, s'appuyant sur ses moyens matériels, se maintiendra-til encore quelque temps. Peut-être s'allumera-t-il une révolution de nouveau étouffée puisque les r •. oyens de combat sont trop inégaux. Mais, dans les deux cas, il arr~vera inévitablement que, la conscience de l'inutilité et de la criminalité du gouvernement deviendra de plus en plus claire parmi.le peuple russe. Le résultat en sera que l'immense majorité, non en vue de buts extérieurs quelconques, mais par un phénomène de conscience, ne pourra déjà plus obéir au gouvernement, ni exécuter ses exigences immorales par lesquelles il le soutient. Aussitôt que le peuple en sera arrivé là, aussitôt que pour chacun il sera clair que ce qu'on appelle le gouvernement n'est qu'un groupement d'hommes qui défendent leur situation par une série de crimesincessants, alors, inévitablement, on cessera d'obéir à un pouvoir pareil et de participer à l'activité du gouvernement qui seule le soutient.
"On exige de moi que je part:~ipe aux actes du gouvernement - se dira un homme affranchi de la tromperie g(Jvernementale (et de pareils affranchissements s'opèrent maintenam par milliers) - que je participe au paiement des impôts, à leur perception~ on me propose de prendre part à des actes administratifs, judiciaires, pédagogiques, policiers ~ on exige de moi que je subisse le service militaire, mais pourquoi fe• rais-je tout cela quand je sais que ~out ces actes me privent de ma for• tune et de ma liberté, et principalement sont contraires au bon sens et aux exigences de la morale la plus élémentaire."
9 Les hommes qui ont compris quepar
l'obéissance au pouvoir ilsiasservissent eux-mêmes et se privent du bonheur spirituel le plus élémentaire, ne peuvent répondre aux exigences du gouvernement qu'une seule chose :"Tant que la force est entre vos mains vous pouvez faire de moi ce que vous voulez : m'emprisonner, me déporter, me tuer. Je sais que je ne puis pas vous résister et je ne le ferai point. Mais je sais aus• si que je ne puis pas participer à vos oeuvres mauvaises quelle que soit votre justification, et quelques menaces que vous exerciez envers moi."
Un tel sentiment envers ce que l'on appelle le gouvernement russe existe déjà, dans la conscience de la majorité des Russes, et si le gouvernement poursuit son activité. folle, inhumaine et cruelle, ce qu1 n'est maintenant que dans la conscience passera inévitablement aux actes.
Et dès qu'il en sera ainsi, c'est• à-dire dès que la majorité des hommes cessera d'obéir au gouvernement et de participer à ses actes, de soi-même, sans lutte, se détruira cet horrible édifice gouvernemental russe, dont l'existence depuis long• temps, ne correspond plus aux exigences morales des hommes de notre temps.
6-19 décembre 1909.
Léon Tolstoï Traduit du manuscrit russe par
w. Bienstock.) C<l>I\LEHCNT PUBLiÉ PIIR Lll REVUE lltiiiRCHÏSTf: 1
•D;tLO "TRUI>R • PROtojdenie• ~.SI , n•5~ ___j
biologie et
anarchisme
"L'Anarchisme est-il conscient de l'importance fondamentale des phénomènes biologi~ues pour le grand problème social? En tient-il compte? Peut-être pas suffisamment encore". Cette phrase de Valine parue dans l'Encyclopédie anarchisteœe semble revêtir une résonance particulière en ces années 80 où le "Biologisme triophe pour le pire et le meilleur. Abondons en citations pour essayer d'appréhender l'importance des enjeux actuels entre biologie et anarchisme: "Nous savons déjà, pour prendre deux exemples extrêmes et opposés, ~ue les mondes de William Graham Summer, le sociologue ultra-darwiniste, et celui de Mikhail Bakounine, l'anarchiste, sont biologi~uement impossible"(• L'Humaine nature" d'Edward 0. Wilson, 1978, p.293). "Le marxisme et le freudisme jus~u' ici dominaient sans rivaux; maintenant, d'autres théories prétendent les supplanter. Parmi elles citons le gauchisme anarchiste ~ui ne s'est pas encore donné un corps de doctrine logique et cohérent" ("L'homme en accusation"de Pierre-Paul Grassé, 1980, p.10). Enfin lorsque vous parcourez ~·index des noms cités de deux ouvrages récents comme "Le:; biologistes vont-ils prendre le pouvoir," de Pierre Thuillier ou "Nous ne sommes pas programmés" de Lewontin, Rose et Kamin et que vous y trouvez cité Kropotkine ou Lecoin, il est nécessaire de se poser des questions. Je vous avais déjà entretenu dans les colonnes du CPCA d'ouvrages que je jugeais comme importants pour la pensée libertaire sans chercher bien sûr à annexer ces auteurs : Stephen Jay Gould, Albert Jacquard, Pierre Thuillier ou Marshall Sahlins. Des auteurs marxisants comme Lewontin aux USA ou Tort en France interpellent également nos analyses dans le domaine des hiérarchies, du déterminisme biologique et de la normalisation de la société par le biologisme. Notre camarade Bookchin a déjà entamé ce travail de réflexion, de situation vis à vis de la science biologique; mais ce tra~ vail n'est qu'une ébauche et mérite d'être approfondi et notamment grâce aux auteurs précités ••.. et aux lecteurs de "CHRONIQUES LIBERTAIRES" •
Nous allons donc essayer dans les colonnes de ce bulletin d'impulser un échange d 1 idées qui pourra se faire à partir de critiques de livres, par exemple, mais aussi par la mise sur pied d'une réflexi~n plus profonde et plus vaste sur ce quest~onne-ment de Valine à propos de la biologie et qui rappelons-le date de 1935! Voici dans un premier temps un essai de bibliographie sur le sujet qui permettra peut être au lecteur(trice) intéressé.de s'orienter dans sa recherche. Cette l~ste est donnée à titre indicatif et sans prétention à l'exhaustivité évidemment.
- "Les biologistes vont-ils prendre le pouvoir?". Pierre Thuillier. Complexe, 1981. - "Darwin et C0
". Pierre 'l'buillier. Complexe, 1981. - "Critique de la sociobiologie; Aspects anthropologiques". Marshall Sablins. Gallimard, 1980. - "Nous ne sommes pas programmés". Richard Lewontin, Stephen Rose et Léon Kamin. La Découverte, 1985. - "Les biocrates, manipulateurs de la vie" G. Leach. Seuil, 1973. - "Le droit à 1' intelligence. Génétique et égalité". Theodor Dcbzhansky. Cor.1ple.xe, 1978. . -· "Les &.pprentis sorciers. Demain la b~ologie". T. Howard et ,T. Rifkin. Ra!llsay, 1979· - "La mal-mesure d.e l'homme". Stephen Jay Gould. Ramsay, 1983. -'"Le darwinisme aujourd'hui". groupe d' auteurs. Seuil, 1979· - "Intelligence et berédité"; groupe d'auteurs. Raiso:J. présente N°53· - "Le matin des biologistes?". Groupe d' auteûrs. Raison présente N°57. - "Au peril de la science?". Albert Jacquard. Seuil, 1982. -"Discours biologique et ordre social". Groupe d'auteurs. Seuil, 1977.
" ., . tl'" lt' Il - "La pensee hJ.erarchlque e evo u ~on • Patrick Tort. Aubier, 1982.
_, 1'" 1 + • n" - "Le comportement moteur ù.e HVO u..,:~.o · Jean Piaget. Gallimard, 1976. - "Misère de la sociobiologie". Patrick Tort. PL"'F,. 1985. - "Les manipulations génétiques". Agata Mendel. Seuil, 1980. -"Inventer l'homme". Albert Jacquard. Complexe, 1984.
Dans un prochain numéro, nous dresseron~ un inYentaire bibliographique des partisans de la. sociobiologie t-)t dE: ees défen-
.Groupe de reflexion sur la biologie.
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/"anarchie ~ dans tous leurs états • "Nous voulions des armes pour lutter contre le régime vendu à l'impérialisme français et américain, créer l'anarchie et un climat propice à la révolution islamique."
Déclaration de Habib Dahoui devant le tribunal militaire de Tunis. Le Monde, 12 juil. 1986.
"Tunisie. Deux "anarchistes islamistes ont été fusillés"
Le Monde, 2 août 1986.
"Alors: Picabia, un double volubile de Duchamp ? Il s'en faut. Cet anarchiste exhausif, inventeur de l'éclectisme assassin
' cet ennemi de l'éloquence a sa faiblesse, qui déçoit et rend presque vaines ses professions de foi d'iconoclaste."
Philippe Dagen in Le Monde.
"Le titre /The return of the Durutti Column/,et l'idée de la pochette en papier de verre, viennent des situationnistes. Ils avaient publié un livre avec une couverture comme ça. Ca nous semblait assez anarchiste de sortir alors un album de guitare très douce, de musique très personnelle( ... ). Nous avions lu, dans un livre de Guy Debord je crois, que la colonne Durruti passait à travers les villes, en les détruisant, pour rebâtir un monde nouveau. Ca correspondait bien à notre idée. Même si le nom tel que nous ~'utilisons est mal orthographié mais c'était ainsi dans l'Internationale 'si tua-tionniste."
Etrange en effet: Durruti, le légendaire anarchiste e1::lpagnol, appelé à la rescousse pour rallumer le brasier punk! Durruti, destroy!?( ... ) Si l'on veut s'amuser au jeu des affinités imprévues à travers les époques, on peut citer ce jugement, q~'on dirait écrit tout exprès pour définir ce qui émane de Durutti Column: "La musique seule ·a une place dans le monde contemporain, précisément parce qu'elle ne prétend pas dire des choses déterminées et n'exprime que l'état d'âme géneral, la grande et douloureuse nostalgie qui règne dans le présent ( ... ) "Qui donc a écrit cela ? Bakounine, dont la doctrine a été le ferment de l'anarchisme espagnol et a inspiré l'action de Durruti."
Interview de Vini Reilly in Libération 19 juin 1986.
"LIBAN: la vie quotidienne à BeyrouthOuest.
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Au soleil de l'anarchie ... " Le Monde, 6-7 juil. 1986.
.,..La Fédération autonome des syndicats de police a institué "une véritable hiérarchie parallèle( ... ), conduisant à l'anarchie".
Char les Pasqua à l'uni ver si té d'été du RPR. Le Monde 29 août 1986 .
. -CINENIA 1'---=---~ • •
~----------~~ DE L.,HISTOIRE ESPAGNE 1936-39'""-----1 r
• FESTIVAL CINEMATOGRAPHIQUE présenté par Ghassan Productions. Du 21 au 27 janvier 1987. Au cinéma UTOPIA-CHAMPOLLION 9 rue Champollion Paris 5è.
Juillet 1936 : Dans la plus grande partie de l'Espagne républicaine, les secteurs clés de l•économie (industrie, agriculture, transport ••• ) vont être directement géré~ par les travailleurs. L1 industrie cinématographique est, elle aussi, rernise en cause. Fait sans précédent, une organisation ouvrière et paysanne de tendance anarchiste la.CN~ (~onfédéracion Nacional del Trabajo), maJor1ta1re dans ce secteur s•emploie à re- ' définir les objectifs et à poursuivre les activités de la production cinématographique, très prospère avant le soulèvement franquiste.
Il reste de cette période un ensemble, presque totalement inédit en france, de longs métrages de fiction et de documentaires produits par la C.N.T à Barcelone et à Madrid.
A partir de 1970, plusieurs cinéastes,de nationalités diverses, se sont attachés à recueillir les témoignages des protagonistes survivants (très souvent militants de la C~N.T). Films souvent confidentiels, ils forment un complément indispensable à la production de 1•époque pour une meilleure compréhension de ces événements.
Outre la projection de ces films, le festival prévoit une série de tables rondes sur des thèmes précis, ceci afin d•éviter le ressassement des débats qui depuis 50 ans ont du mal à évoluer.
Une aide financière complémentaire permettrait d•organiser ce festival dans de meilleures conditions : Vous pouvez témoigner votre soutien en adressant vos chèques libellés à 1•ordre de 1•association CinéLatin, chez Ghassan Productions 151, rue ~on~martr~ 75002 Paris. Cette souscription equ,vaut a un achat, par avance, de billets d1 Hlxée. Pour toute somme égale ou supérieure à 200 Frs, une invitation permanente sera envoyée. Pour tout renseignement vous pouvez téléphoner au : (1)43 38 74 47.
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Après la dissolution de la Fédération anarchiste japonaise au déb~t des années '70, les groupes qui la composaient se soht scindés, éparpil· lés ou regroupés selon leurs affinités. Les renseignements que j'ai recueillis au cours de trois réunions avec des camarades de Tokyo en juin 1985 m'ont permis d'établir l'inventaire suivant : géographiquement, il apparaît que des groupes se trouvent dans les localités de Tokvo, Osaka, Hiroshima, Kobe, Kyoto, F~jinomia, Saitama et Kochi, p}us des camarades individuels dans d'autres villes. Au point de vue groupes et publications on peut mentionner :
l. Le "Club anarchiste", fondé par Sakutaru Iwasa (qui a vé~u·aux Etats U~is pendant dix ans) et animé par M1sato Toda (qui a passé deux ans en Italie et a écrit une thèse de docto~at sur Errico Malatesta) est ouvert a toutes les tendances. les camarades se réunissent une fois par mois pour des repas en commun au cours desquels ils échangent des idees et proposent des plans d'études.
2. La revue "Libertaire" qui existe depuis 1970. Elle est publiée mensuellement et tire à 500 exemplaire& dont 150 sont envoyés à l'étranger. S~n r~dacte~r /est le cùmarade Augustin M1ura, age de 83 ans (mais très actif) aidé par un petit groupe de collaborateurs fixes.
3. Le journal "Libero", lancé comme organe du CIRA-NIPPON avec le titre de "Baobab", a été publié dans plusieurs villes, mais depuis sept ans il pa~aît à Tokyo. Au début le journal était traduit en espéranto
(d'où le titre), mais après la mort du camarade Taiji Yamaga, la partie espérantiste est tombée faute de ~o~ laborateurs. Le journal paraît tous ~es mois (108 numéros ont été publiés a cette date). et tire à 250 exem plaires.
4. Le CIRA-NIPPON. Cette étiquette a ~té ado~té~ par plusieurs groupes, ma1s la B1bl1othèque du CIRA, fondée par Yamaga (ancien représentant du Japon au sein du CIRA international) est située à Fujino-mia et administrée par le camarade Rio, qui a mis à disposition un chalet pour conserver les collections. Le catal~gue i~ primé (trois numéros entre 1976 et 1979) contient plusieurs milliers de
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titres de périodiques et livres en japonais aussi bien que dans la plupart des langues occidentales. Il n'est fait mention draucun manuscrit
5. La Kyogaku Bunko est une bibiiothèque de 1500 volumes sur l'anarchisme, mais tous en japonais. Elle est administrée bénévolement par le camarade Oshima (80 ans). Les livres étaient sa propriété mais ont été mis à disposition des camarades et autres lecteurs. La bibliothèque est ouverte le dimanche après-midi et compte 54 membres.
6. La maison d'édition "Front noir" est également administrée et financée principalement par le camarade Oshima (ancien paysan qui a vendu ses terres et s'est mis prématurément à la retraite pour pouvoir vivre pour la cause). Une cinquantaine de titres sont au catalogue, dont la brochure "Entre paysans" de MalateLta. Misato Toda nous raconte avoir acheté cette brochure dans l'ancien siège de la maison d'éditiofi (le bâtiment portait le nom d' Errico) et avoir découvert ainsi l'anarchisme, ainsi que son sujetde thèse.
7. Le g~oupe ana~cho-syndicaliste de l'AIT publie le bulletin "Rentai" (Solidarité) à 500 exemplaires, tous les 2-3 mois, depuis 1981. La mise •en page est faite par la camarade Emiko Hukusawa~ qui a vécu en Espagne et au Brésil,et l'impression est aux soins de Masahiro Saito. Le groupe encore que minoritaire semble très dynamique et est actif dans quelques syndicats mixtes (avec des communistes et des trotskistes). Il est présent dans les syndicats minoritaires de la santé et des transports. Des sections locales· existent dans cinq villes japonaises. Les càmaranes de l'AIT se réunissent chaque semaine et maintiennent des contacts avec les camarades de l'étranger.
Voilà un bilan un tant soi peu correct des ac ti vi tés anarchistes à Tokyo. A ma question (c'est Marzocchi qui me rappelle constamment de la poser) sur une possible réorganisation du mouvement sur des bases fédératives, on me répond que cela est à l'étude, qu'il y a justement uneproposition en ce sens présentée parun camarade français (ou francophone) du groupe d'Hiroshima. Nul doute que dans ce cas la nouvelle FAJ se dépê~
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-cherait d~adhérer à la CRIFA,
L'impression générale retenue par le camarade de passage e~t excellen~ te. Les camarades semblent être tien préparés, très renseignés sùr 1~ si~ tuation internationale, très ~v1de$ de contact avec l'étranger. Toutes· les générations sont représentéeset il est réconfortant de retrouv~·r côte à côte· (la ~Pux~èrne réunion à la· quelle assistent une ~rectaine de~ camarades dure qQatra heures et me-me les plus affamé~ attendent jusqu'à 23 heures pour pouvoir diner) des camarades jeunes avec les plus dévoués de la vieille garde. A part Oshima et Miura déjà mentionnés, j'ai ... rnerais présenter la camarade YuJi Mochizuki. Sa vie est gassionnante (elle a vécu en France dans les années '30 et a été l'hôte de Paul et de Jacques Reclus; a vécu en Mongolie et a enduré toutes sortes de persécutions). A l'âge de 85 ans elle
commence a étudier l'espéranto pour se rendre au congrès de l'DEA qui aura lieu en Chine en 1986. Elle nourrit aussi le projet d'écrire la biographie du camarade Oshima que, très modestement, elle trouve plu$ intéressante que la sienne. Chez la génération plu$ ~eune, ~n .;r~\,lve surtout des "intellectuels (J al rencontré un médecin, un dessinateur, un psychologue, un technicien, un. poête, des professeurs, etc.), rna1s aussi des "rnanuels"(un jardinier, deux gardiens de nuit, etc.). Les femmes sQnt moins nombreuses que les hommes mais elles m'ont semblé très dynamiques, peut-êt~e par~e que ~·étaient Misato et Em1ko qul servalent d'interprètes. On peut correspondre avec les camarades japonais en anglais, espagnol, français, italien, et en espéranto.
Pietro FERRUA
)00000000000000QOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOQOOOOOOOOOQOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOC
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•.•'ITALIENNE "ANARCI:IIE ET NON-VIOLENCE" e• .... . . ~ .... •-•-•-• ......... ··•·•······•·•• •.•.•.•.•.vérone, 10-11 mai 1986 • • • • • • • ····························~·~·~·!·~·······················
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Tout d'abord, G. Trapan1 rappelle que la vraie révolution est fondamentalement éthique ; pour cela il est nécessaire de tendre vers une anarchie non seqlernent exaltante, mais qui aurait pour bases unefort:e contre-culture établie sur des travaux à longue échéance.
Sergio Pagliai résume le débat paru dans la revue "Senzapatria", ainsi que le texte écrit par luimême sur 1 'absurdité de prévoir une révolution anarchiste violente pour un proche futur, révolution antianarcniste par exc~llence parçe que elle présuppose une organisation militaire.
Le protesseur Butturini de l'uni~ versité de Vérone expose les composants de la pédagogie libertaire de Tolstoï : l'école de Jasnaia Poliana se voulait d'une permissivité totale. Tant et si bien qu'en 1863, elle fut fermée par les autorités sous le préte~te que son statut n'avait pas d'existence légale.
Stéfano $chierano met en évidence la passivité de Tolstoï par rapport à l'activisme de Gandhi. Les "nonviolents" sont préoccupés par l'é-
thique, les anarchistes par le social. C'est un dualisme à éviter. L'affrontement du quotidien avec ses problèmes réels devrait permettre d'unir des efforts complémentaires •
Giovanni Trapani rappelle que l'a· narchie est une construction de cha~ que jour qui peut être anéantie rapidement parce que très fragile, c'est un perpétuel devenir, une con tinuelle remise en cause et jamais une position aisée.
Véronica Vaccaro témoigne d'un beP soin de culture anarchiste non violente, en particulier de mieux connaître des auteurs comme Devaldès, Han Ryner, De Ligt, Hern Day, E. Armand, etc.
Léone Sticcotti s'exprime longuement sur l'éthique et l'idéologie de Tolstoï, se demandant s'il est JUstifié pour des anarchistes(athées ?) de faire référence à des activistes religieux comme Gandhi ou Tolstoï G. Trapani lui répond que le danger de religiosité existe dans tout crédo quand bien même ce serait un crédo anarchiste. Tolstoï avait été choisi parce qu'il luttait vraiment contre l'Autorité et parce qu'il se disait anarchiste.
Prochaine rencontre à Brescia, le deuxième week-end de septembre.
Pour tous renseignements Véronica Vaccaro C.P. 6130 00195 Roma Prati (Italie).
'1 ·- -- .. - . ·-t•• ~ du côté ;,~il - 1 -~--l- --~1~ l'_ l'· ·y-=1·t~~.-. · . Il 1 . . "' . 1 1 l l ~- _c. · .. ~ijt ... 1-
. J _j ., J _ _; ~ J des livres
L'AMOUR A MORT
Dans "Boudu sauvé des eaux" Michel Simon conservait dans le formol la main d'un ami. Cohn-Bendi t a beaucoup d'amis et c'est la révolution toute entière qu' il met en conserve. Le bocal est plaisant mais cher: 148 F pour un grand format, une mise en page aérée et des photos pleine page.
Cohn-Bendit croit à la démocratie, une démocratie jeune et dynamique s'entend. Il l'a découverte dit-il en 1968. Allons, 1 'histoire ne s'est pas faite pour rien •. L'ex-militant du "22 mars" a interrogé une vingtaine d'anciens gauchistes de diverses obédiences. Le résultat est assez triste comme on pouvait s'y attendre. Non seulement la démocratie est une valeur qui monte chez les anciens proscrits que 1 'Etat a gracié mais aussi chez ceux . qui croupissent encore en taule. Le.témoignage le plus poignant est sans doute celui d'Adriana Farranda condamnée _à 30 ans commf.. brigadiste: "Je pense que, quand j'étais libre, j'ai commis toute une série d'erreurs qui m'ont menée en prison. Je n'arrive plus à me considérer comme prisonnière de 1 'Etat. Je ne suis plus en conflit contre 1' Etat, et je ne vois pas mon emprisonnement comme un acte politique de 1 'Etat contre moi."
On pourra se détendre en apprenant que Jerry Rubin, l'auteur de Doit • organise des "parties" pour cadres dynamiques et qu'il affronte trois ou quatre fois par mois Abbie Hoffmann, censé être resté fidèle à ses engagements juvéniles,. dans des débats publics grassement ~émunérés. Etant donné notre lectorat particulier: je me dois de signaler une interview de J.P. Duteuil, ancien du "22 mars" lui aussi, resté libertaire et militant dans le "mouvement autonomiste basque" qu'il juge "très sympa, très chouette".
Au total, un tour d'horizon peu instructif et brossé dans les tons grisâtLes.
C. Guillon
Nousl'avons tant aimée,la révolution B. Barrault éditeur,191 p. 148 F.
L'ECHAPPEE BELLE
Il vous est peut-être arrivé de passer des vacances avec des amis et leurs enfants. De là à transformer la "soirée diapos" en dissertation sur la révolution de la vie quotidienne, il y a un pas que vous vous êtes, je 1 'espère, abstenus de franchir. Les militants de la F. A. qui sont à l'origine de la cole li bert aire "L' Echappée belle" ne se sont pas ,hélas, abstenus.
Je crois volontiers que les adultes et les enfants qui ont passé quelques semaines de vacances ensemble un de ces quatre derniers été.s se sont bien amusés .. J'en suis ravi . Mais puisque l'on me parle sur la couverture de ce cahier de l'Institut d'Histoire des pédagogies libertaires d'u~ "moment d'éducation libertaire", j'ai à examiner les documents fournis à l'appui de cette sympathique et audacieuse appréciation.
"Révolution totale", "en toute liberté", les formules lyriques et radicales ne manquent pas dans la présentation du projet. A peine sont-elles confrontées à la réalité que l'on'scimbre dans le_ridicule: "il a été individuellement et collectivement décidé de n'établir aucune relation sexuelle adulte/enfant." Le seul choix des termes me fait déjà frémir. Il est vrai que ce qui est présenté comme une mesure de réalisme prise la mort ·dans i 'âme apparaîtrait crûment comme un discours de curé si nos libertaires avaient écrit': "Il a été décidé de ne pas être . amoureux( se)." Heureusement on parle 1
ici comme_ dans un procès verb~l d~ gend~rrne-~ rie. Au fait, que se passe-t-ll Sl un mlneur fait part de "ce genre de désir" ? Eh bien, ccomme dans n'importe quelle aumon~rie moderne: . "il n'est nullement question de réprim~~.L~ discussion est au contraire fortement favorisée." On notera que drogue et "sexualité" sont expédiées d'un seul bloc et en l'espace d'une page.
A lire en détail les textes de présentation et de bilan de L'Echappée, on comprend mieux ces énormités. Ne nous dit-on pas que L'Echappée aurait aussi bien pu être un restaurant ou une librairie ? C'est & dire n'importe quoi où les enfants n'auraient eu aucune place particulière. Il s'agissait avant tout, et tous les textes y insistent, de dépasser le militantisme traditionnel et de se rencontrer plus longuement et plus ch.aleureusement que lors d'un congrès annuel .. Souci fort compr6~ensible au demeurant. Mais le regard de ces militants sur le mili-tantisme reste fort militant. Le simple fait qu'il'~ aient jugé bon de publier d'aussi ternes dissertations le montre bien. Je terminerai . sur le témoignage de Prisca et la ques·Üon qu' ~lie pose aux camarades parents libert~ires~ "Pourquoi les adultes pourraient se coucher à l'heure qu'ils veulent et
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... pourquoi nous nous devons aller nou~ a0uaher à une heure précise?" Le cas éçhé.lilr)t, re li-. sez L; question et médite;;:. POl.fi' moi je suis oien content d'être grand et que ~'est pas les anars qui z'ont le pouvoir, \
1
C.Guil1on
•L'Echappée belle "Un moment d'6ducation ~.ibertaire", Cahier de 1' l H P L· 102 ••. , • ,P• bO F.
I.H.P.L. Caradeuc, La Harmoye, 22320 CO~· LAY.
.. '
"J.iJ3G, -~_J:fa_v~F:~- '1_~ ~i beJta~re • '' « édité par le vent du-ch1-min~'-5-bi::;, ru~ Roland,... V achet, t~, 93200 Saint-Penis, 95 p. 50 F.
• ~ l s'agit de la repr i.se d•~:u;t;i~.!l~:i publiés par "le Libertait.'e'' t. o~g~n~ de l'Union anarchiste •. En av~ll 36« le journal hebdomadaire ti~~ à en~ viron 10.000 exemplaire•, ,
Au moment o~ se f'te le ~inquan~ tenaire du Front popula~rèf :il nh~st pas sans intérêt d'avoir spu~ les yeux ce que disaient nos ~amarades d'alors qui ne se privaienÇ pa$ oe
dénoncQ_r la trahison des. gpuvcr,n;nants socialistes alliés aux "na~os" (na-tional-communistes). '
L'action directe oes souvent 1llégale, une T r ynJ e~. comptan~ cinq millions d'adhe~ent~~ obtient des résultats d~p~~~ant sauvent ceux obtenus par; les ac~Qrds Matignon. Tant et si bien qqe l~s pe~ trons poprrant s'appuyer su~ çe;;; ac; .. cards pour faire march~ !~fi.re, '
Il ne fait pas de doute,qu~ le gouvernement de Front pop" lff~~y• par les initiatives de la bas~ proh létar ienne avaient chats i de ~•appuye~ sur la bourgeoisie. CitQns eet ex~ trait d'un discours d.u · mif\~stt:e ge l'Intérieur Salengro ; "L~ gPqver~ nement est résolu • assurer l'or~ dre public, et si demain, des oçç"pations de magasins~ de bUre~ux 4 d~. chantiers, d'usines, de fe~mee étaient tentées, il entend pa~ tpu~ les moyens y mettre un terme.~
Par ail!E;~urs, ~ noter upe erq~tJêJ;~ du groupe Mas lejos (Pll,ls lc;>+n}, de Barcelone, à laquelle répon~ SépasT tien Faure sur l'ab~ten~ionni$me électoral. Brillant, c•téga~iqu~~ il dénonce par avance to~te~ les compramissi9ns tpturesp '
Saluons au passage Nic;QlO~ fanu::iet (86 ans) qui signait déjl ~uelq"~s
Hi ........ -~-. ·-·~~
papiers ~-I~i ,U---;ous donne mainte- 1
nant une préface et quelques indications sur les différents signataires
F.P.
DES ANARCHlSTES CHlNOIS EN FRANCE A LA BELLE EPOQUE
.C'est dans un numéro déjà ancien (janv.~ fév. 1986) de la revue Gavroche que Philippe Videlier s'interesse à un conflit qui opposa dans les années vingt de jeunes chinois névolutionnaires aux pouvoirs en place.
C'est à Paris entre 1907 et 1910 que Li Shizeng, biologiste et traducteur de Kropotkine et Wu Zhihui, un autre universitaire, f~ndent le premier groupe anarchiste chinois autour de la revue L e Siècle nouveau. De retour en Chine, ils organisent des groupes "travail-études" et posent les bases d'un Institut fran~o~chinois à Lyon. En 1921, le directeur de l'institut ramène de Chine 125 étudi~nts re:rutés sur conco~rs .. Wu Zhiui ·1 car c est lu1, se heurte aux etud1ants/trav-[
:aillf:ur,s ins_tallés. en .Fra_nce. r:Aux-ci occu-~ ;pent 1 lnst1tut, 1nstalle danb les locaux :du . fort ~aint-lrénée. Le sous~ irecteur, i an:1en an1matellr du groupe anarchiste chi-) no1s au .Japon, _fai.t ~ppel à,la polife. Lesl rebe-lles sont Internes au fort de ~1ontluc
puis expulsés de France par bateau. Parmi. eux, des militants libertaires et de futurs animateurs du parti communiste. Ni les mandarins libertaires ni les républicains fran-çais (Herriot et Briand) n'ont tenu leur parole.
L'article de Videlier est intéressant et documenté. On peut s'agacer du parti pris pittoresque et anecdotique qui en affaiblit la portée.
.Gavroche, Revue d'histoire populaire, Ed. Floréal, BP 872, 27008 Evreux Cedex. N" 25, 25 F,
"Explosions de liberté" par Frank M1ntz, Ed1t1ons Acrat1e et Atelier de création libertaire, 202 pages, 78 F.
C'est un panorama des luttes ouvri· ères et paysannes de 1936 à 1956 qùi rtiontre, à 1 'encontre des théories prônant la nécessité du parti dirigeant ou de l'avant-garde ouvrant le che
min,que les producteurs , les travai~ leurs sont parfaitem~nt capables de diriger leurs luttes,de promouvoir des structures ncuvelles et de réorganiser la société.
Cette capacité d'autogérer est illustrée d'exemples maintenant assez bien connus de nous comme l'Ukraine de Makhno ou l'Espagne de 1936.
Un épisode ignoré, c'est la première insurrection paysanne anarchiste au Mexique de 1863 à 1869 que décrit J. Rosas-Ribeyre, un autre c'est l'in· surrection macédonienne de 1903 brisée par la répression turque.
L'ensemble se termine par 1 'évocation des conseils ouvriers hongrois de 1956. Un certain nombre de documents inéditsaccompagne ce travail.
Le 1 iv re avait commencé par une "Définition de l'autogestion" très ouverte et nuancée. Je note en particulier qu'il détermine une catégorie libertaire des partisans de l'âutogestion qui va du chrétien J. Ellul aux marxistes Pannekoek et R. Luxembourg en passant par le situationnis te Vaneigem. Sont cités également noE
classiques Bakounine, Kropotkine, Tolstoï, Santillan, Chomsky, etc.
Ce front libertaire dans les luttes alliant des chrétiens et des marxis-' tes,pourrait-il se concrétiser actuellement dans une organisation commune ? Est-il envisageable qu'un anarchiste chrétien adhère à la F.A.? Peut-on imaginer une publication où les uns et les autres pourraient collaborer autrement que comme des invi tés ?
L'expérience, la pratique quotienne ont montré à chacun de nous maintes fois qu'il était parfois plus facile d'avoir une conduite libertaire avec certaines personnes théorique-
ment très éloignées de nos thèses qu'avec certains "camarades" par définition pourtant nos proches.
Lecteur, qu'en penses-tu ? F.P.
''La 7e Wilaya",la guerre du F.L.N. en France, 1954-1962, par Ali Haroun, au Seuil, 523 pages, 119 F.
C'est une contribution importante à l'histoire de la guerre d'Algérie par un ancien dirigeant haut placé du FLN combattant dans la métropole. Ce témoignage concret et précis relate entres autres événements dramatiques la façon dont le FLN s'est imposé par rapport au MNA, comment était récolté et transporté l'argent, les différents trafics d'armes, le rôle des "porteurs de valises", la manière de se procurer des faux papiers, la vie dans les prisons, les exécutions (quelque 300 têtes tombèrent de 1954 à 1960).
Rappelons que quelques anarchistes participèrent à cette lutte de libération sans pourtant partager complétement le projet révolutionnaire des Algériens.
Nous noterons quelques phrases dans la conclusion qui expriment quasiment comme une amertume d'un combat non terminé ou détourné :
"La formation sur le tas, assurée par une lutte multiforme en milieu hostile, la compétence des cadres dont la fréquentation des syndicats ouvriers français avait indiscutablement développé la conscience militante, laissaient présager pour l'émigration un rôle important dans 1' Édification de l'Algérie décolonisée. "Il n'en fut rien. "Et ce phénomène n'a pas jusqu'à ce
jour suscité la curiosité des chercheurs algérien.s."
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F.P.
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LE GOÛT DE L'~TRE B.P. no 403
80004 Amiens Cedex
C'est une maison d'édition débutante et pour le moins proche de nous. La preuve ? A la lecture du catalogue nol, nous retrouvons des noms d'auteurs qui nous sont très familiers. En voici la liste sans plus, d'autant qu'elle est encore très courte :
- Jules Vallès :"les Blouses", 50 F. - Gérard Dupré :"Et des étincelles
jaillirent de mes orties", 25 F.
-Gabriel Veillard :"Garde à vous", 39 F.
- Thierry Maricourt : "Ballage" ,42F. - Gérard Dupré : "1'1es automnes dif-
ficiles", 20 F. -Yves Badin :" Sens", 45 F.
18
-Jean-louis Phan-Van :"Laminoir", 35 F.
Le dernier texte de Gérard Dupré: "Et des étincelles ..• "n'est peutêtre pas d'une approche transparente de prime abord. C'est un écrit poétique qu'il faut pénétrer d'un oeil libéré ••• ou plutôt, nous dirons avec plus de justesse qu'il faut le lire avec des yeux au féminin. La Femme y est aimée parce que Femme exaltée dans sa liberté ! Et la vision qu'il nous en donne est sûrement celle qu'Elle voudrait que l'on ait d'Elle.
La temme est à recréée dans la tête des hommes.
C'est une femme-paysage que l'on parcourt, une femme à découvrir •.•
N'empêche que la préoccupation poétique de Gérard peut être entendue en ouvrant une autre porte, d'autres portes ! Par exemple quand il évoque l'exil et le vide, deux thèmes quasiment lancinants.
1
CLAUDE ANDRE
que la vie absorba entre deux blessures:
la BEAUTE et le VIDE.
Elle le reçut comme une terre assoiffée reçoit une pluie soudaine et
couler entre tes doigts.
intense.
J'émergerai de tes vagues pour accoster
ton corps battu par les mots.
.VOLINE LA REVOLUTION INCONNUE. BELFOND. 1986> avec une conclusion inédite.
eon ne peut que se réjouir de cette réédition en regrettant le prix élevé et l'absence de note pour indiquer que le deuxième tome n'est jamais paru.
On peut se demander pourquoi la conclusion paraît 40 ans après la première édition. En fait, il me semble qu'il y a un décalage entre le livre de Voline qui résume une matière énorme et le style de la conclu-
k sion, qui présente des longueurs et n'apporte pas d'éléments théoriques nouveaux.
' Elle débute par une anecdote à propos de
Trotsky, qui aurait affirmé avant son départ pour la Russie vouloir éviter les excès, pour ensuite les provoquer en URSS. Voline oppose ensuite la capacité de résistance des masses, avec les libertaires,par opposition aux tactiques socialistes et bolcheviques en Italie et en Allemagne, in~ efficaces contre les fascismes. Enfin Voline affirme que la crise de l'époque annonce la révolution définitive et il répond par avance à des objections sur la capacité constructives des masses et la liberté pendant la révolution.
F. MINTZ
VEILLElJH 2 01.! EN EST IA NUIT ? -· Bernard DARRICAU.
Les livrcP 5. c:o:npL•:::: d 1 a.uteTC' o:;,t t.ou.-i.J 0ur s du ma.l à st·: ft::t~.!-" (~ c:c.:n.•.taî'·!:,:r ::: ~ ~.-:: ~~
si ::.orsf1ue nous recevons une telle publi<~atim', nous y ::?crr.m:=s to'J.jours attentif, Ce roma.n èP HUi pages, mêle d'O'Scriptions, intrigues pcljticc•-:poli-· cière;~ et ~entin:.ertales, tf.moign10.ges <.mr la vie ê 'un l;rcée de J:rmrir.;e:e et nurtout ]_J. c-onstitue une approche en termes simplr::s de la. question du nationalisme et des l]'_ir,crités nationales Il r:eut inciter à la reflexion et avertir d'un danger. Une lee: ture de va.canc es.
fl. 8omma."1der à LA RONDE - Daguerrenia -64520 3AHDOS.
- . POESIE
"l11QNTSEGUR EN'rRE L' t<;NVOL ET LA CHUTE" de Bernand LA.REYNIE
Cinq_ tableau.x à peine entrecoupés d'appels à la mémoire; la poésie profcnde de Bernard n'a rien perdu d.e son intensité dont je vous avais dé,jà entretenue lors de la panrtion de "La mel'. ... cette délicatE:' sa-J ope" en 1 :'182 et sur'~ :::mt "Entre l'automne et l'anarchie'' de 1984. Da.ns ce nouveau recueil, on reste un peu s11r sa soif pa.r rapport aux précédents; acceptons ,~e deferlement de mots comme un interlude, comme une courte tranche de vie en attendant, a.vec impatience, de nouveaux. textes pl'J.s concistants dans l'avenir. Ma critiq,ue peut para.itre injuste mais un poète q_ui ''porte en son ventre calciné
suffisannnent de b2-·aises peur :caviv•:::r mille bûchers" est un semeur de tempêtes qui ne peut s'arrêter au spectacle d'une brise passagère. En attente .... pour des autom11es plus denses.
Prj x: : 1 l-1- ?rs port compris à : LE FUNA.\1-BULE - BF 71 - 41 1~00 TONNEINS. --·--
"Le. mer ... cette delicate salope"- 2')l' "Entre l' autonu1e et l'anarchie" - 25F "Montsêt:;"Lo_r, entre 1 1 envol. et ..t.a cln:te" ''LE I'tAIS:.'::R SAllVAGE" - 28F
Les 4 recueils 80F, port conpri:3 ( c~1èq_ue à. l. 'cr~~.re :le B.- La:re:ynie) ..
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19
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•QUAND LE COQ ROUGE CHANTERA. Il s'agit d'une bibliographie aussi exhaustiv-e qu e poss ible sur les anarchistes français et i tali en s aux Etats Unis d'Amérique due aux recherches de René BIAN CO, Ronald GREAGH et Nicole RIF FAUT- PERROT.
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Cet ouvrage est publié par les Ed it i ons CUL TURE et LIBERTE avec le concours de l 'univ er sité Pau l VALERY de Montpellier et du Centre Inte rnat iona l 1
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