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LA CAN

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Table des matires

LACANEncore197273

Ce document de travail a pour sources principales:

Encore, stnotypie incomplte date de 1981.

Encore, version critique tablie par lE.L.P.

Encore, fichiers mp3 des enregistrements de sances, disponibles sur le site de Patrick VALAS.

Encore, (lecture de) de Christian FIERENS.

Pour tre lisible le texte de ce sminaire ncessite linstallation de la police de caractres spcifique, dite Lacan, disponible ici:

http://fr.ffonts.net/LACAN.font.download (placer le fichier Lacan.ttf dans le rpertoire c:\windows\fonts)

Les rfrences bibliographiques privilgient les ditions les plus rcentes. Les schmas sont refaits.

N.B. Ce qui sinscrit entre crochets droits [ ] nest pas de Jacques LACAN.

Table des sances

1 21 novembre 1972 2 12 dcembre 1972 Expos de Franois RCANATI3 19 dcembre 1972 4 09 janvier 1973 5 16 janvier 19736 13 fvrier 1973 7 20 fvrier 19738 13 mars 1973 9 20 mars 1973 10 10 avril 1973 Exposs de Jean-Claude MILNER et de Franois RCANATI 11 08 mai 1973 12 15 mai 1973 13 26 juin 1973

21 Novembre 1972 Table des matires

Il m'est arriv de ne pas publier l'thique de la psychanalyse [footnoteRef:1]. En ce temps-l, c'tait une forme - chez moi - de [1: Jacques Lacan: L'thique de la psychanalyse, livre VII, Paris, Seuil, 1986.]

la politesse : aprs vous, j'vous en prie , jvous en pire , passez donc les prs vous . Avec le temps, j'ai pris l'habitude de m'apercevoir qu'aprs tout je pouvais en dire un peu plus. Et puis, je me suis aperu que ce qui constituait mon cheminement c'tait quelque chose de l'ordre du je n'en veux rien savoir! . C'est sans doute ce qui aussi, avec le temps, fait que - encore - je suis l, et que vous aussi vous tes l, je m'en tonne toujours, encore !Il y a quelque chose depuis quelque temps qui le favorise c'est qu'il y a aussi chez vous, chez la grande masse de ceux qui sont l, un mme - en apparence - un mme je n'en veux rien savoir! .

[le je nen veux rien savoir des auditeurs de Lacan concerne un savoir non su mais dj l, qui peut sacqurir, mme sil ncessite pour cela le dispositif analytique, ce savoir qui ne se savait pas et que lanalyse dvoile, dans la nvrose]

Seulement - tout est l! - est-ce le mme ? Le je n'en veux rien savoir! d'un certain savoir qui vous est transmis par bribes, est-ce bien de cela qu'il s'agit? Je ne crois pas.

[le je nen veux rien savoir de Lacan concerne limpossible dire, le mur de limpossible, le rel qui nest saisissable(begriff) par le symbolique quavec un reste. Le reste, le dchet, dont lanalyste occupe la place (a) dans le dispositif analytique, est ce qui amne Lacan reprendre toujours et encore son travail dlucidation du discours analytique (son frayage: frayer un chemin dun savoir nouveau mais irrmdiablement inachev) par un dire qui doit poser un je nen veux rien savoir de limpossible dire]

Et mme, c'est bien parce que vous me supposez partir d'ailleurs [sinon le dispositif analytique suffirait] dans ce je n'en veux rien savoir! que supposer vous lie moi [Le S2 du savoir sub-pose (sub-jectum) un sujet: S1 S2 (qui nest que suppos): le sujet suppos savoir, lorigine du transfert ].

De sorte que s'il est vrai que je dise qu' votre gard je ne puis tre ici qu'en position d'analysant de mon je n'en veux rien savoir! , d'ici que vous atteigniez le mme, il y aura une paye.

[Lacan a toujours dit quil parlait (dabord et surtout) aux analystes. Son sminaire ressemble un dispositif analytique invers: de trs nombreux analysants sont venus voir (pour une analyse) un analyste: Jacques Lacan dans son sminaire Lacan est en position danalysant (de son je n'en veux rien savoir ), et sadresse de trs nombreux analystes. Il rsulte de ce dispositif le chemin de savoir du sminaire, mais ici cest lanalysant Lacan qui produit seul les interprtations (les analystes coutent mais ne renvoient rien: est-ce ainsi que lon peut entendre ce il y aura une paye quand ils interviendront? )]

Et c'est bien, c'est bien ce qui fait que c'est seulement, que quand le vtre vous apparat suffisant, vous pouvez - si vous tes, inversement mes analysants - vous pouvez normalement vous dtacher de votre analyste. Il n'y a - contrairement ce qui s'met - nulle impasse de ma position d'analyste avec ce que je fais ici votre gard.

[la fin danalyse implique le saut prilleux du rejet de lanalyste comme objet(a), la chute du dchet]

L'anne dernire, j'ai intitul ce que je croyais pouvoir vous dire: ou pire , puis: a s'oupire , (s, apostrophe). a n'a rien faire avec je ou tu: je ne t'oupire pas , ni tu ne m'oupires .

[le titre du sminaire 1971-72 tait Ou pire deux parties htrognes: et Ou pire dire ce titre comporte deux oprations: tenter de dire lindicible , ici reprsent par les points de suspension, ce qui aboutit la tentative pulsionnelle toujours ritre et jamais rsolue, tenter de dire le Ou pire, le savoir non su, mais prsent l quelque part, ce qui aboutit au dispositif analytique, l o a soupire]

Notre chemin, celui du discours analytique, ne progresse que de cette limite troite, de ce tranchant du couteau qui fait qu'ailleurs a ne peut que soupirer.

[ce chemin que Lacan fraye sur un littoral troit(cf. Lituraterre), avec: dun ct lindicible du rel (non soluble dans le symbolique), et de lautre le dj dit, non su, dun inconscient structur comme un langage (dont il faut dcrypter lnigme) ]

C'est ce discours [analytique] qui me supporte et pour le recommencer cette anne, je vais d'abord vous supposer au lit, un lit de plein emploi deux. [Lacan nous place au lit, deux, avec un impratif: Jouis!]

[- le lit de lamour conjugal, celui de la jouissance (sens juridique), de lunion lgale (code civil), - mais aussi le lit de la jouissance inter-dite, le lit suppos du rve qui lie (lit) lanalysant au sujet suppos savoir par lamour de transfert? ]

Ici il faut que je m'excuse auprs de quelqu'un, qui ayant bien voulu s'enqurir de ce qu'est mon discours - un juriste, pour le situer - j'ai cru pouvoir pouvoir pour lui faire sentir ce qui en est le fondementc'est savoir que le langage a n'est pas l'tre parlant [Cf. Fonction et Champ de la parole et du langage] je lui ai dit que je ne me trouvais pas dplac d'avoir parler dans une facult de droit, celle o il est sensiblesensible par ce qu'on appelle l'existence des codes, du code civil, du code pnal et de bien d'autres que le langage a se tient l, c'est part [les nombreux volumes des codes: civil, pnal], et que l'tre parlant ce qu'on appelle les hommes il a affaire a tel que a s'est constitu au cours des ges.

Alors commencer, commencer par vous supposer au lit, bien sr il faut qu' son endroit je m'en excuse ! Je n'en dcollerai pas pourtant aujourd'hui! Et si je peux m'en excuser c'est lui rappeler, lui rappeler que, au fond de tous les droits il y a ce dont je vais parler, savoir la jouissance.

Le droit a parle de a, le droit a ne mconnat pas mme ce dpart, ce bon droit coutumier dont se fonde l'usage du concubinat, ce qui veut dire coucher ensemble. videmment je vais partir d'autre chose, de ce qui dans le droit reste voil, savoir ce qu'on en fait: s'treindre. Mais a c'est parce que je pars de la limite, d'une limite dont en effet il faut partir pour tre srieux, ce que j'ai dj comment : pouvoir tablir la srie [footnoteRef:2], la srie de ce qui s'en approche. [2: La srie de Fibonacci, Cf. sminaireLogique du fantasme (1966-67), sances du 22-02 au 14-06.]

L'usufruit[footnoteRef:3] a c'est bien une notion de droit et qui runit en un seul mot ce que dj j'ai rappel [3: Usufruit : droit rel temporaire d'usage et de jouissance d'un bien appartenant un tiers, le nu-propritaire, charge pour le titulaire de conserver la substance et la destination de ce bien.]

dans ce sminaire sur l' thique dont je parlais tout l'heure savoir la diffrence qu'il y a de l'outil [footnoteRef:4], qu'il y a de l'utile, la jouissance. [4: Outil : au XVIme sicle souvent: util, par croisement avec l'adjectif utile, in O. Bloch et W. Von Wartburg, p. 452.]

L'utile a sert quoi ? C'est ce qui n'a jamais t bien dfini en raison d'un respect d'un respect prodigieux que grce au langage l'tre parlant a pour le moyen. L'usufruit a veut dire qu'on peut jouir de ses moyens mais qu'il faut pas les gaspiller. Quand on a reu un hritage, on en a l'usufruit, on peut en jouir condition de ne pas trop en user. C'est bien l qu'est l'essence du droit: c'est de rpartir, de distribuer, de rtribuer, ce qu'il en est de la jouissance.

Mais qu'est-ce que c'est que la jouissance ? C'est l prcisment ce qui pour l'instant se rduit nous d'une instance ngative: la jouissance c'est ce qui ne sert rien! Seulement a n'en dit pas beaucoup plus long.

Ici je pointe, je pointe la rserve [partie dune toile, protge par de la cire, qui ne sera ni imprime, ni peinte] qu'implique ce champ du droit [la jouissance comme htrogne au champ du droit(limite lusufruit), ce qui ne peut se dire dans ce champ(langagier)], du droit la jouissance. Le droit c'est pas le devoir. Rien ne force personne jouir, sauf le surmoi. Le surmoi c'est l'impratif de la jouissance : jouis !, c'est le commandement qui part d'o ? C'est bien l que se trouve le point tournant [cf. schma] qu'interroge le discours analytique.

[dans le discours analytique lanalyste (en position de semblant: a) interpelle le sujet (S en position dAutre) sur sa jouissance, lanalysant produit des essaims de S1 coups du savoir (S2 en position de vrit). Ces essaims de S1 sont nimporte quels signifiants coups du savoir a-smantiques (dites tout ce qui vous passe par la tte mme si a na aucun sens. Mais ils ne peuvent rejoindre leur vrit, le savoir S2, quaprs un long travail qui permettra de surmonter la barre S1 S2 et de dvoiler un savoir local, mais ce nest pas a (ce nest pas la jouissance attendue) changement de discours]

C'est bien sur ce chemin que j'ai essay dans un temps - le temps de l' aprs-vous - que j'ai laiss passer, pour montrer que si l'analyse nous permet d'avancer dans une certaine question [thique: du droit au devoir (de jouissance)], c'est bien que nous ne pouvons nous en tenir ce dont je suis partiassurment respectueusement ce dont je suis parti, soit de l'thique d'ARISTOTE[footnoteRef:5], pour montrer quel glissement s'tait fait avec le temps. [5: Aristote, thique de Nicomaque, Paris, Vrin, 1990, ou Classiques Garnier, bilingue, 1940.]

Glissement qui n'est pas progrs, glissement qui est contour, glissement qui d'une considration au sens propre du termed'une considration de l'tre qui tait celle d'ARISTOTE, a fait venir: au temps de l'utilitarisme de Bentham[footnoteRef:6]: au temps de la Thorie des fictions [footnoteRef:7], [6: Cf. crits, pp. 125-149, et le sminaire L'thique de la psychanalyse , Paris, Seuil, 1986, sances des 18-11-1959 et 11-05-1960. ] [7: Jeremy Bentham, De lontologie et autres textes sur les fictions, Points Seuil Essais n 353, 1997.]

au temps de ce qui du langage [Saussure] a dmontr la valeur d'outil, la valeur d'usage.

[Aristote se situe dans le discours du matre (matre mtre: S1 S2 a), qui est un discours sur la nature de ltre qui se dterminerait du souverain Bien: a, et qui participerait dune cosmologie de lharmonie des sphres: de la sphre sublunaire (le monde humain) la sphre suprme: la sphre immobile qui serait au principe de tout. DAristote (- 384,- 322) Bentham (1748, 1832) puis Saussure (1857, 1913), le langage est conu dans un mme contour homogne, comme outil, dans sa fonction dusage qui est de matrise sociale (Aristote: M), de structure dappropriation des biens (Bentham et sa thorie des fictions : U?) voire de structure de communication du savoir (le signifiant/signifi de Saussure : H). Ces trois discours relvent du mme contour: ils se veulent sphriques (avec un extrieur et un intrieur), et consistants par exclusion (ex-sistence) de lhtrogne (a dans H, S dans M, S1 dans U): soutien du rapport sexuel comme possible + principe de non contradiction ].

Cest ce qui nous laisse enfin revenir interroger ce quil en est de cet tre, de ce Souverain Bien [(a)]pos l comme objet de contemplation, et d'o on avait cru pouvoir difier une thique [fondement dun devoir tre].

Je vous laisse donc sur ce lit vos inspirations. [le lit de ltreinte avec lautre et lAutre le (a) qui dans ltreinte sexuelle et dans lamour, permet la compltude, le rve du Un]Je sors, et une fois de plus jcrirai sur la porte afin qu' la sortie, peut-tre, vous puissiez vous rendre compte des rves que vous aurez, sur ce lit, poursuivisla phrase suivante : la jouissance de l'Autre de l'Autre avec [un grand A] il me semble que depuis le temps hein? a doit suffire que je m'arrte l.Je vous en ai assez rebattu les oreilles de ce grand A qui vient aprs [dans la phrase ( loral): lAutre avec un grand A], vu que maintenant il trane partout, ce grand A mis devant l'Autre, plus ou moins opportunment d'ailleurs, a s'imprime tort et travers la jouissance de l'Autre, du corps de l'Autre qui le lui aussi: avec un grand A du corps de l'Autre qui le symbolise, n'est pas le signe de l'amour. J'cris a et je n'cris pas aprs: termin, ni amen, ni ainsi soit-il. Il n'est pas le signe C'est nanmoins la seule rponse. Le compliqu c'est que la rponse, elle est dj donne au niveau de l'amour, et que la jouissance, de ce fait, reste une question, question en ceci que la rponse qu'elle peut constituer, n'est pas ncessaire d'abord.

C'est pas comme l'amour. L'amour lui fait signe, et comme je l'ai dit depuis longtemps, il est toujours rciproque. J'ai avanc a trs doucement en disant que les sentiments sont toujours rciproques, c'tait pour que a me revienne :

Et alors et alors et l'amour et l'amour il est toujours rciproque ? Mais zoui ! mais zoui ! [Rires]

C'est mme pour a qu'on a invent l'inconscient, c'est pour s'apercevoir que le dsir de l'homme c'est le dsir de l'Autre, et que l'amour c'est une passion qui peut tre l'ignorance de ce dsir, mais qui ne lui laisse pas moins toute sa porte. Quand on y regarde plus prs on en voit le ravage.

Alors bien sr a explique que la jouissance du corps de l'Autre - elle - ne soit pas une rponse ncessaire. [puisque lamour est rciproque, il suffit retrouver la compltude, la plnitude du Un]. a va mme plus loin, c'est pas non plus une rponse suffisante parce que l'amour - lui - demande l'amour, il ne cesse pas de le demander, il le demande encore! [la jouissance: ni ncessaire, ni suffisante]

Encore, c'est le nom propre de cette faille d'o dans l'Autre, part la demande d'amour.[la faille dans lAutre ( S(A) ) est structurelle, permanente lamour qui permet la compltude est demand encore et encore]

Alors d'o part, d'o part a qui est capable, certes - mais de faon non ncessaire, non suffisante de rpondre par la jouissance, jouissance du corps, du corps de l'Autre ? C'est bien ce que l'anne dernireinspir d'une certaine faon par la chapelle de Sainte-Anne, qui me portait sur le systmeje me suis laiss aller appeler l'(a)mur [footnoteRef:8]. [les traces, sur le corps, des objets partiels] [8: Cf. Le savoir du psychanalyste (Entretiens de Sainte-Anne), sance du 06-01-1972 . ]

L'(a)mur c'est ce qui apparat en signes bizarres sur le corps et qui vient d'au-del - du dehors - de cet endroit que nous avons cru, comme a, pouvoir lorgner au microscope sous la forme du germen, dont je vous ferai remarquer qu'on ne peut dire que ce soit l la vie puisqu'aussi bien a porte la mort, la mort du corps, que a le reproduit, que a le rpte, que c'est de l que vient l'en-corps. Il est faux de dire sparation du soma et du germen, puisque de porter ce germen le corps porte des traces.

[les traces dont il sagit sur l(a)mur ne sont pas celles des caractres sexuels, mais des signes bizarres inscrits sur le corps, vtements, bijoux, parures, qui enveloppent le corps et en signifient lunit par la prsence (cach lintrieur) dun [agalma], dun Bien suprme]

Il y a des traces sur l'(a)mur. L'tre du corps est sexu [,], certes, mais c'est secondaire comme on dit. Et comme l'exprience le dmontre, ce ne sont pas de ces traces [,] que dpend la jouissance du corps en tant que l'Autre il symbolise. C'est l ce qu'avance la plus simple considration des choses.

De quoi s'agit-il donc dans l'amour ? Comme la psychanalyse l'avanceavec une audace d'autant plus incroyable que toute son exprience va contre, que ce qu'elle dmontre c'est le contrairel'amour c'est de faire Un.

C'est vrai qu'on ne parle que de a depuis longtemps, de l'Un: la fusion, l' [ros] serait tension vers l'Un. Y a d'l'1 , c'est de a que j'ai support mon discours de l'anne dernire, et certes pas pour confluer dans cette confusion originelle celle du dsir qui ne conduit qu' la vise de la faille o se dmontre que l'1 ne tient que de l'essence du signifiant. Si j'ai interrog FREGE [footnoteRef:9] au dpart c'est pour tenter de dmontrer la bance qu'il y a de cet 1 quelque chose qui tient l'tre et derrire l'tre la jouissance. [9: Cf. sminaire Problmes cruciaux de la psychanalyse sances des 20-01-1965, 27-01-1965, 24-02-65. ]

[la faille est celle de lAutre o sinscrit la trace (S1 trait unaire) de lexprience de jouissance, mais pas la jouissance qui de ce fait est perdue et sera recherche en vain dans la rptition lAutre est trou: incompltude de son savoir (S2). Il y reste la trace du signifiant efface de son signifi (S1 signifiant a-smantique) qui ne renvoie rien]

Je peux quand mme vous dire par un petit exemple: l'exemple d'une perruche [Rires] qui tait amoureuse de PICASSO, a se voyait la faon dont elle lui mordillait le col de sa chemise et les battants de sa veste. Cette perruche tait bien en effet amoureuse de ce qui est essentiel l'homme, savoir son accoutrement.

Cette perruche tait comme DESCARTES, pour qui des hommes c'tait des habits en pro-mnade[footnoteRef:10], [10: Cf. Descartes, Mditations mtaphysiques, Paris, Gallimard, La Pliade, 1953, p. 281 : .. si par hasard je regardais d'une fentre des hommes qui passent dans la rue, la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de mme que je dis que je vois de la cire, et cependant que vois-je de cette fentre sinon des chapeaux et des manteaux .]

si vous me permettez, bien sr c'est pro, a promet la mnade [footnoteRef:11] c'est--dire quand on les quitte [les habits]. [11: Mnades : Nymphes champtres, nourrices puis accompagnatrices de Dyonisos. On les reprsentait cheveles, nues ou vtues de voiles lgers dissimulant peine leur nudit, poussant des hurlements, en proie des passions dchanes ]

Mais ce n'est qu'un mythe, un mythe qui vient converger avec le lit de tout l'heure.

[retirs les habits (i.e. ce qui fait lapparat du corps) il ne reste que le corps les objets partiels (a) et non pas lUn de ltre (S1) impossibilit - deux - de faire deux, do la question ritre propos deS1 S2 : cet essaim, est-ce deux? et la rponse: ce nest pas a]

Jouir d'un corps quand il n'y a plus d'habits c'est quelque chose qui laisse intacte la question de ce qui fait l'Un, c'est--dire de l'identification. La perruche s'identifiait Picasso habill. Il en est de mme de tout ce qui est de l'amour.

Autrement dit, l'habit aime le moine parce que c'est par l qu'ils ne sont tous qu'Un. Autrement dit, ce qu'il y a sous l'habit et que nous appelons le corps, ce n'est peut-tre en l'affaire que ce reste que j'appelle l'objet(a) [les quatre objets partiels]. Ce qui fait tenir l'image [le manteau] c'est un reste [(a): le porte manteau, le portant], et ce que l'analyse dmontre c'est que l'amour dans son essence est narcissique, que le baratin sur l'objectal est quelque chose dont - justement - elle sait dnoncer la substance dans ce qui est reste [rsidu et permanence] dans le dsir, savoir sa cause, et ce qui le soutient de son insatisfaction [Hystrique] voire de son impossibilit [obsessionnel].

L'impuissance de l'amour - quoiqu'il soit rciproque - tient cette ignorance d'tre le dsir d'tre Un. Et ceci nous conduit l'impossible d'tablir la relation d'eux la relation d'eux qui ? deux sexes.

Assurment, ai-je dit, ce qui apparat sur ces corps, sous ces formes nigmatiques que sont les caractres sexuels qui ne sont que secondaires, sans doute fait l'tre sexu. Mais l'tre c'est la jouissance du corps comme tel, c'est--dire comme (a)sexu mettez-le [crivez-le] comme vous voudrez [asexu ou (a)sexu]comme (a)sexu, puisque ce qui est dit jouissance sexuelle est domin, marqu par l'impossibilit d'tablir comme tel, nulle part dans l'nonable, ce seul Un qui nous intresse: l'Un de la relation rapport sexuel. [ viser S1on natteint que (a) ]C'est ce que le discours analytique [A] dmontre, en ceci justement que pour ce qui est d'un de ces tres comme sexu, l'homme en tant qu'il est pourvu de l'organe dit phallique j'ai dit: dit le sexe corporel, le sexe de la femmej'ai dit de La femme: justement il n'y en a pas, il n'y a pas La femme, la femme n'est pas toute le sexe de la femme ne lui dit rien si ce n'est par l'intermdiaire de la jouissance du corps [les objets partiels].

[Discours A: a(Semblant) ? S(lAutrecomme Jouissance)/S1(Produitcomme Plus de Jouir) S2 (Vrit comme jouissance du corps de lAutre: La femme)].

Ce que le discours analytique dmontre c'est permettez-moi de le dire sous cette formeque le phallus [S1] c'est l'objection de conscience, faite par un des deux tres sexus, au service rendre l'Autre. [le S2 ne peut fonder le S1 impuissance retrouver le Un de lamour]

[Il ny a pas de rapport sexuel, la sexualit vise S1 mais natteint que les objets partiels prgnitaux: oral, anal, vocal, scopique: Sur la question de lamour cet S1, est-ce deux? (S1 S2?) ce nest pas a Je te demande de refuser ce que je t'offre, parce que a n'est pas a. Sur la question de la jouissance cet S1, est-ce deux? or S1S2 ce nest pas a (pas de jouissance du corps de lAutre L femme, non La femme)]

Et qu'on ne me parle pas des caractres sexuels secondaires de la femme parce que, jusqu' nouvel ordre, ce sont ceux de la mre qui priment chez elle. Rien ne distingue comme tre sexu la femme, sinon justement le sexe. Que tout tourne autour de la jouissance phallique c'est trs prcisment ce dont l'exprience analytique tmoigne, et tmoigne en ceci que L femme se dfinit d'une position que j'ai pointe du pas toute l'endroit de la jouissance phallique. Je vais un peu plus loin : la jouissance phallique est l'obstacle par quoi l'homme n'arrive pas - dirai-je - jouir du corps de la femme prcisment parce que ce dont il jouit c'est de cette jouissance, celle de l'organe. [la jouissance de lhomme sarrte la jouissance phallique (de lorgane) impuissance jouir du corps de la femme: S1S2]

Et c'est pourquoi le surmoi, tel que je l'ai point tout l'heure du jouis ! , est corrlat de la castration qui est le signe dont se pare l'aveu que la jouissance de l'Autre, du corps de l'Autre, ne se promeut que de l'infinitude, je vais dire laquelle : celle que supporte le paradoxe de ZNON - ni plus ni moins - lui-mme.ACHILLE et la tortue, tel est le schme du jouir, d'un ct de l'tre sexu. Quand ACHILLE a fait son pas, tir son coup auprs de BRISIS, telle la tortue, elle aussi a avanc d'un peu, ceci parce qu'elle n'est pas toute, pas toute lui, il en reste, et il faut qu'ACHILLE fasse le second pas, comme vous savez, et ainsi de suite.

C'est mme comme a que de nos jours - mais de nos jours seulement - on est arriv dfinir le nombre, le vrai, ou pour mieux dire, le [nombre] rel. Parce que ce que ZNON n'avait pas vu, c'est que la tortue non plus n'est prserve de cette fatalit d'ACHILLE, c'est que comme son pas elle est de plus en plus petit, elle n'arrivera non plus jamais la limite. Et c'est en a que se dfinit un nombre quel qu'il soit s'il est rel. Un nombre a une limite, et c'est dans cette mesure qu'il est infini. [ ex. : la suite gomtrique de raison et de premier terme 1(1 + + + converge ( linfini) vers 2 (sans jamais latteindre) ] ACHILLE, c'est bien clair, ne peut que dpasser la tortue, il ne peut pas la rejoindre, mais il ne la rejoint que dans l'infinitude.

Seulement en voil, de dit pour ce qui est de la jouissance en tant qu'elle est sexuelle: la jouissance est marque d'un ct par ce trou qui ne l'assure que d'autre voie que de la jouissance phallique, est-ce que de l'autre ct [du ct de lAutre], quelque chose ne peut s'atteindre qui nous dirait comment ce qui jusqu'ici n'est que faille, bance dans la jouissance [faille de la jouissance phallique, non ncessaire et non suffisante], serait ralis ? [ jouissance du corps de lAutre] C'est ce qui chose singulire ne peut tre suggr que par des aperus trs tranges. trange c'est un mot qui peut se dcomposer: l'tre ange.

[Cf. LAnnonciation, mais surtout les vangiles du grec (euanglion: bonne nouvelle) le message de lamour (divin). Laccent est mis sur le message, sur le sens, sur le signifi, sur un savoir (S2) tre ange cest viser lAutre comme savoir (et la jouissance du corps de lAutre)]

C'est bien quelque chose contre quoi nous met en garde l'alternative d'tre aussi bte que la perruche de tout l'heure.

[Il sagit ici de S1 le signifiant a-smantique, priv de signifi donc de sens: tre bte cest viser le signifiant viser la rptition de la jouissance de lidiot, qui ne mne qu lobjet partiel et la jouissance phallique (a ? S S1), mais ferme laccs S2 (impuissance atteindre la jouissance du corps de lAutre: S1S2) La btise ce sont les paroles prives de sens, ou ayant trait lamour (qui visent S1). Cf. le dbut de la sance suivante sur le discours analytique et la dimension de la btise. Cf. Hugo: faisons cette btise, L'amour, et livrons-nous navement Dieu(La Lgende des sicles). Cf. le petit Hans et son approche de la btise. Cf. Pascal: L'homme n'est ni ange, ni bte, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bte. la perruche amoureuse de Picasso vise lamour (S1), atteint les signes bizarres sur l(a)mur et nobtient quune jouissance phallique (ni ncessaire ni suffisante)]

Mais nanmoins, regardons de prs ce que nous inspire l'ide que dans la jouissance - dans la jouissance des corps - la jouissance sexuelle ait ce privilge de pouvoir tre interroge comme tant spcifie - au moins - par une impasse.

C'est, dans cet espace - espace de la jouissance:

prendre quelque chose de born, ferm: c'est un lieu [gomtrie], [le langage comme lieu de lAutre htrognit de ltre et de lAutre gomtrie]

et en parler: c'est une topologie [la parole parcourt le lieu ltre dans lAutre topologie ].

Ici nous guide ce quedans quelque chose que vous verrez paratre en pointe de mon discours de l'anne dernireje crois dmontrer: la stricte quivalence de topologie et structure [footnoteRef:12], ce qui distingue l'anonymat de ce dont on parle comme jouissance, savoir ce quordonne le droit: une gomtrie justement, l'htrognit du lieu, [12: Jacques Lacan, L'tourdit , Scilicet 4, Paris, Seuil, le champ freudien, 1973.]

c'est qu'il y a un lieu de l'Autre.

De ce lieu de l'Autred'un sexe comme Autre, comme Autre absoluque nous permet d'avancer le plus rcent dveloppement de cette topologie. J'avancerai ici le terme de compacit.

Rien de plus compact quune faille, sil est bien clair que quelque part, il est donn que lintersection de tout ce qui sy ferme tant admise comme existante en un nombre fini densembles [ au moins deux], il en rsulte - cest une hypothse que lintersection existe en un nombre infini []. Ceci est la dfinition mme de la compacit [footnoteRef:13]. [13: Cf. SminaireLa logique du fantasme: la srie de Fibonacci, comme forme de l'incommensurabilit de (a) 1.]

[la faille inclut sa limite espace ferm. Dans cette faille si deux (au moins) sous-espaces ferms ont une intersection non vide, alors il existe une infinit despaces ferms (cf. Thorme de Borel-Lebesgue sur les rels) qui ont une intersection non vide, ce qui - appliqu ici - montre une infinit de jouissances phalliques connectes entre elles (intersections non vides) couverture de la faille possible jusquaux bornes (sans les atteindre) par une infinit de jouissancesfermes interconnectes par (jouissances phalliques masculines)]

Et cette intersection dont je parle [] c'est celle que j'ai avance tout l'heure comme tant ce qui couvre ce qui fait obstacle au rapport sexuel suppos, savoir: ce dont j'nonceque l'avance du discours analytique tient prcisment en ceci: que ce qu'il dmontre c'est que son discours ne se soutenant que de l'nonc qu'il n'y a pas, qu'il est impossible de poser le rapport sexuel, c'est de par l qu'il dtermine ce qu'il en est rellement aussi du statut de tous les autres discours.

[seul le discours A soutient limpossibilit du rapport sexuel [S1S2], les autres discoursen soutiennent la possibilit (couverture de la faille par la jouissance phallique) :

le discours M : avec S1 S2: rapport matre-esclave production de a mais au prix de lincompltude du discours (exclusion de S),

le discours H : avec S S1: S1 S2 contingent: production dun savoir S2 mais au prix de linconsistance du discours, (exclusion de a)

le discours U : avec S2 a: S1 S2 ncessaire et production de sujets de la connaissance mais au prix de lindmontrable du discours (exclusion de S1)].

Tel est dnomm, le point qui couvre, qui couvre l'impossibilit du rapport sexuel comme tel.

La jouissance en tant que sexuelle est phallique, c'est--dire qu'elle ne se rapporte pas l'Autre comme tel.

Suivons l, le complment de cette hypothse de compacit. Une formule nous est donne par la topologie que j'ai qualifie de la plus rcente, savoir d'une logique construite, construite prcisment sur l'interrogation du nombre et de ce vers quoi il conduit: d'une restauration d'un lieu qui n'est pas celui d'un espace homogne.[ la faille: ensemble ferm incluant sa propre limite, tel le nombre ]

Le complment de cette hypothse de compacit est celui-ci : dans le mme espace born, ferm, suppos institu, l'quivalent de ce que tout l'heure j'ai avanc de l'intersection passant du fini l'infini est celui-ci: c'est qu' supposer ce mme espace born, ferm, recouvert d'ensembles ouvertsc'est--dire de ce qui se dfinit comme excluant sa limite, de ce qui se dfinit comme plus grand qu'un point, plus petit qu'un autre, mais en aucun cas gal ni au point de dpart ni au point d'arrive, pour vous l'imager rapidementle mme espace donc tant suppos recouvert d'espaces ouverts, il est quivalent a se dmontre de dire que l'ensemble de ces espaces ouverts s'offre toujours un sous-recouvrement d'espaces ouverts, eux tous constituant une finitude, savoir que la suite des dits lments constitue une suite finie.

[ce mme espace ferm de la faille (incluant sa limite) peut tre recouvert par des espaces ouverts (chacun nincluant pas de limite). Dans cette configuration un nombre fini despaces ouverts (jouissances fminines) peut assurer la couverture de cet espace ferm quest la faille et mme le dborder]

Vous pouvez remarquer que je n'ai pas dit qu'ils sont comptables[footnoteRef:14], et pourtant c'est ce que le terme fini implique. [14: Lacan utilise ici le terme de comptable au sens de dnombrable. ]

Pour tre comptables, il faut qu'on y trouve un ordre, et nous devons marquer un temps avant de supposer que cet ordre soit trouvable [les espaces ouverts (sans limite) nimpliquent pas lordinal, alors quavec les espaces ferms la convergence de la srie vers une limite produit un ordre ].

Mais ce que veut dire en tout cas la finitude, dmontrable, des espaces ouverts, capables de recouvrir cet espace born, ferm - en l'occasion - de la jouissance sexuelle, ce quil implique en tout cas, c'est que les dits espaceset puisqu'il s'agit de l'Autre ct mettons les au fmininpeuvent tre pris 1 par 1ou bien encore une par une . Or, c'est cela qui se produit dans cet espace de la jouissance sexuelle qui de ce fait s'avre compact.

Ces femmes pas toutes [elles ne sont pas toutes dans le rapport sexuel phallique, une part delles peut le dborder ], telles qu'elles s'isolent dans leur tre sexu, lequel donc ne passe pas par le corps [lequel naboutit quaux objets partiels (a)sexu]mais par ce qui rsulte d'une exigence dans la parole, d'une exigence logique, et ce trs prcisment en ceci que la logique, la cohrence inscrite dans le fait qu'ex-siste le langage, qu'il soit hors de ces corps qui en sont agits, l'Autrel'Autre avec un grand Amaintenant qui s'incarne [le S2 de la femme comme S(A)]- si l'on peut dire - comme tre sexu exige cet une par une .

[LUn de ltre rencontre l1 du nombre? La femme Mais lautre est barr( S(A) ) L femme]Et c'est bien l qu'il est trange, qu'il est fascinantc'est le cas de le dire: Autre fascination, Autre fascinum [sens propre: charme, malfice; sens figur: phallus (des mystres antiques)]cette exigence de l'Un, comme dj trangement le Parmnide [footnoteRef:15] pouvait nous le faire prvoir, c'est de l'Autre qu'elle sort. L o est l'tre, c'est l'exigence de l'infinitude. Je commenterai, j'y reviendrai, sur ce qu'il en est de ce lieu de l'Autre. [15: Rfrence au concept de lUn chez Parmnide ( cf. Le pome ) et ce quen a trait Platon dans le Parmnide.]

Mais ds maintenant pour faire image, et parce qu'aprs tout, je peux bien supposer que quelque chose dans ce que j'avance puisse vous lasser, je vais vous l'illustrer. On sait assez combien les analystes se sont amuss autour de ce Don JUAN dont ils ont tout fait, y compris ce qui est un comble un homosexuel!

Est-ce qu' le centrer sur ce que je viens de vous imager de cet espace de la jouissance sexuelle, tre recouvert de l'Autre ct [footnoteRef:16], par des ensembles ouverts et aboutissant cette finitude [16: Autre avec un grand A Autre ct pour bien marquer que c'est du ct de la jouissance de l'Autre, considre comme un espace compact o se dploient des recouvrements ouverts l'infini dont on peut, prcisment parce que cet espace est compact, extraire un sous- recouvrement fini (donc extraire du une par une de l'infini). La jouissance de l'Autre ct est ici oppose la jouissance phallique, elle aussi considre comme un espace compact mais o se dploie cette fois une sous-famille finie d'espaces ferms dont l'intersection est non vide, ce qui permet, toujours parce que l'espace est compact, de conclure que toutes les familles - y compris donc les familles infinies - ont elles- mmes une intersection non vide (donc tirer une conclusion sur de l'infini l o l'hypothse porte sur du fini). [Note de ldition critique E.L.P.]]

j'ai bien marqu que je n'ai pas dit que c'tait le nombre, et pourtant, bien sr que a se passe: finalement on les compte.

Ce qui est l'essentiel dans le mythe fminin de Don JUAN c'est bien a, c'est qu'il les a une par une, et c'est cela qu'est l'Autre sexe, le sexe masculin pour ce qu'il en est des femmes. C'est bien en cela que l'image de Don JUAN est capitale, c'est dans ce qui s'indique de ceci qu'aprs tout il peut en faire une liste, et qu' partir [du moment] o il y a les noms, on peut les compter: s'il y en a mille e tre c'est bien qu'on peut les prendre une par une , et c'est l l'essentiel.

Vous le voyez, il y a l tout autre chose que l'Un de la fusion universelle. Si la femme n'tait pas pas toute, si dans son corps ce n'tait pas pas toute qu'elle est, comme tre sexu, rien de tout cela ne tiendrait.

Quest-ce dire?

Que j'aie pu pour imager des faits qui sont des faits de discours, ce discours dont nous sollicitons dans l'analyse la sortie au nom de quoi ? du lchage de tout ce qu'il en est d'autres discours, l'apparition de quelque chose o le sujet se manifeste dans sa bance [la faille dans lAutre: S(A)], dans ce qui cause son dsir.

S'il n'y avait pas a, je ne pourrais faire le joint, la couture, la jonction, avec quelque chose qui nous vient bien tellement d'ailleurs : une topologie dont pourtant nous ne pouvons dire qu'elle ne relve pas du mme ressort, savoir d'un autre discours, d'un discours combien plus pur, combien plus manifeste dans le fait qu'il n'est gense que de discours. Que cela converge avec une exprience ce point, que cela nous permette de l'articuler.

Est-ce qu'il n'y a pas l quelque chose de fait aussi pour nous faire revenir, et justifier dans le mme temps ce qui, dans ce que j'avance, se supporte, se s'oupire: de ne jamais recourir aucune substance, de ne jamais se rfrer aucun tre, d'tre en rupture de ce fait avec quoi que ce soit qui s'nonce comme philosophie.

[la philosophie sinscrit, comme question sur la Vrit, dans le discours du matre, typiquementplatonicien ou aristotlicien: la philosophie occidentale n'est qu'une suite de notes de bas de page aux dialogues de Platon (A. Whitehead). ce titre son objet est la question de ltre - Produit du discours du matre et de la substance de ltre (lIde, le Bien suprme etc.)Lacan runit le discours mathmatique (do provient la topologie) et le discours analytique, comme discours jumeaux en ce que lun comme lautre sont coups de tout objet: La mathmatique est une science o lon ne sait pas de quoi lon parle, ni si ce que lon dit est vrai. (B. Russell) le discours analytique produit du signifiant pur, asmantique (S1) coup de tout savoir (S2) ]

Est-ce que cela n'est pas justifi? Je le suggre c'est plus tard que je l'avancerai plus loinje le suggre de ceci que tout ce qui s'est articul de l'tretout ce qui le fait de se refuser au prdicat, de dire l'homme est par exemple sans dire quoi que l'indication par l nous est donne que tout ce qui est de l'tre est troitement reli prcisment cette section du prdicat et indique que rien en somme, ne peut tre ditsinon par ces dtours en impasse, par ces dmonstrations d'impossibilit logique par o aucun prdicat ne suffit et que ce qui est de l'tred'un tre qui se poserait comme absolu n'est jamais que la fracture, la cassure, l'interruption de la formule tre sexu en tant que l'tre sexu est intress dans la jouissance.

[chaque discours, soutenir lImpossible, vient butter sur des apories logiques (impasses), sur limpuissance atteindre la Vrit, sur un ce nest pas a, (ce nest pas la jouissance attendue) et enclenche son dpassement par le passage un autre discours:

discours Hystrique : soutien de S S1: (impossible) impuissance de S2 rejoindre (a) inconsistance logique du discours (exclusion de a),

discours du Matre : soutien de S1 S2(impossible) impuissance de (a) rejoindre S incompltude logique du discours (exclusion de S),

discours Universitaire : soutien de S2 a: (impossible) impuissance de S rejoindre S1 indmontrabilit logique du discours (exclusion de S1),

discours Analytique : soutien de a S : (impossible) impuissance de S1 rejoindre S2 indcidabilit logique du discours (exclusion de S2).]

12 Dcembre 1972 Table des matires

RCANATI

LACAN

LACAN parat-il, pour son premier sminaire - comme on l'appelle - de cette anne, aurait parl - je vous le donne en mille - de l'amour, pas moins ! La nouvelle s'est propage! Elle m'est revenue mme de pas trs loin bien sr, d'une petite ville de l'Europe [Amsterdam] o on l'avait envoye en message.

Comme c'est sur mon divan que a m'est revenu, je ne peux pas croire que la personne qui me l'a rapporte y crt vraiment, vu qu'elle sait bien que ce que je dis de l'amour c'est assurment qu'on peut pas en parler. Parlez-moi d'amour , a veut dire des chansonnettes. J'ai parl de la lettre d'amour, de la dclaration d'amour, c'est pas la mme chose que la parole d'amour.

Enfin je pense qu'il est clairmme si vous ne vous l'tes pas formulil est clair que dans ce premier sminaire j'ai parl de la btise, de celle qui conditionne ce dont j'ai donn cette anne le titre mon sminaire, et qui se dit Encore. Vous voyez le risque !

Je vous dis a uniquement pour vous dire ce qui fait ici le poids, le poids de ma prsence, c'est que vous en jouissez: ma prsence seule, du moins j'ose le croire, ma prsence seule dans mon discours, ma prsence seule est ma btise.

Je devrais savoir que j'ai mieux faire que d'tre l. C'est bien pour a que je peux avoir envie tout simplement qu'elle ne vous soit pas assure en tout tat de cause. Nanmoins, il est clair que je ne peux pas me mettre dans une position de retrait, de direquencore!et que a dure c'est une la btise, puisque moi-mme j'y collabore.

videmment je ne peux me placer que dans le champ de cet Encore. Et peut-tre remonter un certain discours qui est le discours analytique jusqu' ce qui fait le conditionnement de ce discours, savoir cette vritla seule qui puisse tre incontestable de ce qu'elle n'est pasquil n'y a pas de rapport sexuel, ceci ne permet d'aucune faon de juger de ce qui est ou n'est pas de la btise.

Et pourtant il ne se peut pas vu l'exprience qu' propos du discours analytique quelque chose ne soit pas interrog, qui est de savoir s'il ne tient pas essentiellement de s'en supporter de cette dimension de la btise. Et pourquoi pas, aprs tout, ne pas se demander quel est le statut de cette dimension pourtant bien prsente. Car enfin il n'y a pas eu besoin du discours analytique pour que c'est l la nuance comme vrit soit annonc quil n'y a pas de rapport sexuel.

Ne croyez pas que moi j'hsite me mouiller. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je parlerai de Saint PAUL, je l'ai dj fait. C'est pas a qui me fait peur, mme de me compromettre avec des gens dont le statut, la descendance n'est pas proprement parler ce que je frquente. Nanmoins les hommes d'un ct, les femmes de l'autre, ce fut la consquence du message, voil ce qui au cours des ges a eu quelques rpercussions. a n'a pas empch le monde de se reproduire votre mesure. La btise tient bon, en tout cas.

C'est pas tout fait comme a que s'tablit le discours analytique, ce que je vous ai formul du (a) et de lS2 qui est en dessous et de ce que a interroge du ct du sujet. Pour produire quoi ?

C'est bien videmment que a s'installe l-dedans, dans la btise pourquoi pas? et que a n'a pas ce recul, que je n'ai pas pris moi non plus, de dire que si a continue c'est de la btise. Au nom de quoi le dirais-je ? Comment sortir de la btise ?

Il n'en est pas moins vrai qu'il y a quelque chose, un statut donner de ce qu'il en est de ce neuf discours, de son approche de la btise, quelque chose s'en renouvelle. Srement quil va plus prs, car dans les autres c'est bien ce qu'on fuit.

Le discours vise toujours la moindre btise, ce qu'on appelle la btise sublime, car sublime veut dire a: c'est le point le plus lev de ce qui est en bas. O est dans le discours analytique le sublime de la btise ? Voil en quoi je suis en mme temps lgitim mettre au repos ma participation la btise en tant qu'ici elle nous englobe, et invoquer qui pourra m'apporter la rplique de ce qui sans doute dans d'autres champs mais non bien sr !... puisqu'il s'agit de quelqu'un qui ici m'coute, qui de ce fait est suffisamment introduit au discours analytique. Comment ?

C'est l ce que dj au terme de l'anne dernire[footnoteRef:17], j'ai eu le bonheur de recueillir d'une bouche qui va se trouver la mme. [17: Intervention de Franois Rcanati le 14 juin 1972, publie sous le titre : Intervention au sminaire du Docteur Lacan, Scilicet 4, Paris, Seuil, Le champ freudien, 1973, pp. 55 73.]

C'est l que ds le dbut de l'anne j'entends que quelqu'un m'apporte - ses risques et prils - la rplique de ce qui dans un discours, nommment le philosophique, rsout, oblique, mne sa voie, la fraye d'un certain statut, l'gard de la moindre btise.

Je donne la parole Franois RCANATI que vous connaissez dj.

Expos de Franois RCANATI

Je remercie le docteur LACAN de me donner la parole une deuxime fois, parce que a va m'introduire directement ce dont je vais parler, en ce sens que ce n'est pas sans rapport avec la rptition. Mais d'autre part, je voudrais aussi bien prvenir que cette rptition c'est une rptition infinie, mais que ce que je vais dire, l aussi a ne sera pas fini en ce sens que je n'aurai absolument pas le temps de venir au terme de ce que j'ai prpar.

C'est--dire qu'ici, en quelque sorte, c'est vritablement au bouclage de la boucle que devait prendre sens ce qui comme prliminaire va m'y amener. L je vais tre oblig cause du temps et moins de reprendre a une autre fois, de m'en tenir aux prliminaires, c'est--dire proprement de ne pas encore entrer de plain-pied dans cette btise dont a parl le Docteur LACAN.

Vous vous souvenez que ce que la dernire fois j'avais essay de vous montrer, c'est que la rptition ne se produit qu'au troisime coup, qui tait le coup de l'interprtant. a veut dire que la rptition, c'est la rptition d'une opration, en ce sens que pour qu'il y ait du terme rpter, il faut qu'il y ait une opration qui produise le terme, c'est--dire que ce qui doit se rpter, il faut bien que a s'inscrive et l'inscription de cet objet ne peut se faire elle-mme qu'au terme de quelque chose de l'ordre d'une rptition.

Il y a l quelque chose qui ressemble un cercle logique, et qui est en fait un peu diffrent, plutt quelque chose de l'ordre d'une spirale, en ce sens o le terme d'arrive et le terme de dpart, on ne peut pas dire que ce soit la mme chose: ce qui est donn, c'est que le terme d'arrive est le mme que le terme de dpart, mais le terme de dpart lui-mme n'est pas dj le mme, il devient le mme, mais seulement aprs coup.

Il y a donc deux rptitions envisager, dissymtriques, la premire qui est le procs par o se donne cet objet qui doit se rpter, et on peut appeler a en quelque sorte l'identification de l'objet au sens o il s'agit du dclin de son identit, et on voit trs bien ce que a veut dire : quand on dcline cette identit de l'objet, cette identit dcline aussi sec.

Et la tautologie initiale A est A dont on se souvient que WITTGENSTEIN dit que c'est un coup de force dnu de sensc'est proprement ce qui institue le sens, car il passe quelque chose l-dedans.

C'est--dire que dans le A est A , A se prsente tout d'abord comme le support indiffrenci tout fait potentiel de tout ce qui peut lui arriver comme dtermination. Mais ds qu'une dtermination effective lui est donne, ds que c'est d'existence qu'il s'agit et pas du n'importe quoi de toutes ses dterminations possibles, alors prcisment il y a une sorte de transmission de pouvoir.

C'est--dire que ce qui devait faire fonction de support, en l'occurrence ce A indtermin, ce A potentiel est en quelque sorte marqu par le fait qu'il y a de l'tre tout d'un coup qui s'intercale entre lui et lui-mme, c'est--dire que lui-mme se rpte, et il se rpte sous la forme d'un prdicat.

C'estdire qu'il y a une espce d'amoindrissement, et cet amoindrissement se symbolise par ceci que dans A est A , le A qui avait fonction de support tout d'un coup se voit luimme support par quelque chose de l'ordre de l'tre qui le supporte, qui le dpasse, qui l'englobe, et luimme n'est dans cette relation que ce qui prdique la prdication en tant que la prdication, c'est ce que supporte l'tre. Sur ceci je vais revenir

LACAN: D'ailleurs chacun sait que La guerre est la guerre n'est pas une tautologie, non plus que un sou est un sou !

Franois RCANATI

Exactement. Je vais revenir l-dessus parce que c'est peu prs le nerf de toute l'affaire et que je voudrais parlerc'est de a que je crains de n'avoir pas le temps de le fairede la logique de Port-Royal [footnoteRef:18], parce que c'est une thorie de la substance, justement, et qu'il a t dit la dernire fois qu'on ne se rfre pas ici aucune substance. Mais j'y viendrai tout l'heure. [18: Antoine Arnauld(1612-1694), Pierre Nicole(1625-1695): La logique ou L'art de penser, Paris, Gallimard, 1992.]

Qu'on sache simplement que la rptition effectivement, la premire, rpte l'indtermination initiale de cet objet qui se donne comme potentiel, mais qu'en rptant cette indtermination, l'indtermination se trouve soudain dtermine d'une certaine faon.

C'est--dire qu'on peut bien poser que la rptition du vide ou la rptition de l'impossibleenfin que ce type de rptition de quelque chose qui n'est pas donn et qu'il faut donc produire dans le temps qu'on voudrait le rpteron peut bien poser que c'est l'impossible, et c'est ce que dit peu prs tout le monde, mais il suffit que ce soit impossible pour qu'il y ait quelque chose l d'assur, et que cette assurance permette justement une rptition, c'est d'ailleurs une deuxime rptition.

Plutt que de m'taler l-dessus, je cite cette phrase de KIERKEGAARD :

La seule chose qui se rpte, c'est l'impossibilit de la rptition .

a fait trs bien voir ce qu'il en est, et a fait le joint avec ce que j'avais dit l'anne dernire de la triade qui supporte toute rptition: la triade objet - representamen - interprtant. C'est--dire qu'entre l'objet et le representamen on change en quelque sorte d'espace, ou au moins il y a quelque chose comme un trou qui fait justement l'objet et le representamen, inapprochables dans cette relation.

Mais ce trou, en tant qu'il insiste, ceci permet de fonder une vraie rptition dans ce sens que le coup d'aprs, il y a quelque chose qui va incarner ce trou qui sera l'interprtant, et qui pourra en quelque sorte rpter de deux faons ce qui passait entre l'objet et le representamen : d'une part l'inscrire en disant : il y avait du trou et en permettant que cette impossibilit ou ce trou, a se rpte.

Mais d'autre part il va non pas seulement le signifier mais le rpter parce que, entre l'impossibilit de dpart qui passait entre l'objet et le representamen et son signifiant qui est l'interprtant, il y a le mme rapport impossible qu'il y avait justement entre l'objet et le representamen, c'est--dire qu'il faudra un deuxime interprtant pour prendre en charge la rptition de cette impossibilit.

Dans l'interprtant, il y a quelque chose comme l'effectuation d'une impossibilit jusque l potentielle, et l'impossibilit inscrite par l'interprtant c'est disons le premier terme de cette existence dont le zro potentiel tait porteur, au sens o de quelque manire, le tout conduit au il existe et j'y reviendrai galement.

Ce qui est important, c'est que l'impossibilit du rapport objet - representamen se donne comme telle pour l'interprtant. L'interprtant dit : a, c'est impossible mais, dans la mesure o elle se donne pour l'interprtant comme telle, ds que l'interprtant lui-mme se donne pour un autre interprtant, c'est alors que cette impossibilit est vraiment un terme, terme fondateur d'une srie.

C'estdire que a permet au nouvel interprtant d'assurer quelque chose de solide, comme si cette solidit, c'tait l'interprtant premier qui l'avait fonde partir de quelque chose originairement fluide.Ce qui chappait dans le rapport objet - representamen, a vient s'emprisonner dans l'interprtant.

Mais on voit bien, et je l'ai dj dit, que ce qui s'emprisonne dans l'interprtant et ce qui chappait dans le rapport objet - representamen, ce n'est pas exactement la mme chose, puisque prcisment ce qui chappait dans le rapport objet - representamen, a continue chapper dans le rapport entre ce rapport et l'interprtant. C'est--dire que de toute faon, il y a le mme dcalage, la mme inadquation.

Et c'est bien l'impossibilit de la rptition sur laquelle je vais maintenant appuyer un peu, qui produit ce qui se passe et qu'on peut constater, c'estdire la rptition de l'impossibilit.

Ce qui institue le dcalagece dcalage d'o s'origine la rptitionc'est l'impossibilit pour quelque chose d'tre la fois ce quelque chose et en mme temps de l'inscrire. C'est--dire que l'existence de quelque chose ne s'inscrit que pour autre chose et, par suite, a ne s'inscrit que quand c'est autre chose qui est donn. Et si tant est que c'est d'existence ponctuelle qu'il s'agit, l'existence de quelque chose ne s'inscrit qu'au moment o elle dcline justement, du moment o c'est d'une autre existence qu'il est question.

Cette disjonction, c'est peu prs ce qui passe entre l'tre et l'tre prdiqu, et j'espre avoir le temps d'arriver jusqu' la logique de Port-Royal qui tait thoriquement le noyau de mon expos, mais c'est douteux.

Vous vous souvenez que la dernire fois, LACAN a caractris l'tre comme tant section de prdicat. Et c'est proprement parler de cela qu'il est question. Et tout de suite je vais donner quelques rflexions sur ne fut-ce que cette formule section de prdicat qui fait sentir immdiatement la rcurrence o se construit ce qui justement est suppos supporter tout prdicat, c'estdire l'tre, ce qui supporte les prdicats avant, a se donne aprs les prdicats.

Et d'une certaine manire, s'il y a section de prdicat pour trouver l'tre, a veut dire que ce qui supporte les prdicats, c'est ce qui n'est pas dans les prdicats. C'est justement ce qui est absent des prdicats, ce qui est absent dans la prdication.C'est donc l'absence d'tre, d'une certaine manire, qui porte les prdicats, ce qui implique aussi et de faon un peu indirecte que les prdicats ne sont eux-mmes prdicats que de cette absence.

Que le prdicat puisse tre coup, c'est comme si en quelque sorte il y avait dj une partition lmentaire, comme si une ligne tait donne en pointill, une frontire et qu'il suffit de dcouper comme dans certains emballages.

LACAN

Articulez bien la notion de section de prdicat puisque c'est ce que vous avez accroch dans ce que j'ai laiss, et j'ai juste presque achopp l-dessus.

Franois RCANATI

La section de prdicat, c'est proprement le noyau de mon expos. On peut imaginer a comme une vibration, c'est--dire que c'est partir d'une espce de halo que je vais essayer, en faisant le tour vritablement, de cerner ce noyau qui va apparatre dans tous les exemples que je vais donner.

Section de prdicat, c'est donc comme si a pouvait tre coup. Je n'insiste pas l-dessus, sinon qu'il est vident que ce n'est pas d'avoir coup la coupure qu'on va retrouver l'inscable, et que la frontire, une fois qu'on a taillad dedans, elle insiste d'autant plus qu'elle se manifeste comme trou.

Disons que la section, pour prendre les sens qui viennent, c'est aussi bien faire deux de ce qui tait un, et si je signale ce sens qui n'est pas ce qui se reoit ici, c'est parce que c'est celui que GRODDECK donne un de ses concepts, qui s'appelle justement la sexion, c'est--dire que a n'est pas sans intresser le sexe, d'une certaine manire. Et a, c'est la manire pour GRODDECK de faire rfrence PLATON, et quand je dis PLATON, il ne s'agit pas du Parmnide mais du Banquet.

Vous vous souvenez que dans le discours d'ARISTOPHANE, est soulev le problme de ce mythe de l'androgyne originaire qui aurait t coup en deux. 'aurait t a, la sexion avec un x.

Or, ce sur quoi je voudrais insister, c'est sur quelque chose qui ressort trs bien du Banquet, non pas spcifiquement du discours d'ARISTOPHANE mais un peu de tous les discours, mme ceux qui sont supposs contradictoires, et je vais ne prendre que deux exemples : le discours de DIOTIME d'une part, celui d'ARISTOPHANE de l'autre. Et le Banquet, a porte sur l'amour. L'amour, dit DIOTIME, c'est ce qui, partout o il y a du deux, fait office de frontire, de milieu, d'intermdiaire, c'est--dire d'interprtant.

Quand je dis interprtant , c'est parce qu'on peut trs bien traduire comme a le mot que PLATON emploie, qui est un mot driv de [mantik], qui veut dire l'interprtation et PLATON dit que ce mot vient de [manik] qui veut dire le dlire. C'est ce qui fait office d'interprtant.

Mais le seul intrt de cette formuleparce que somme toute, personne dans l'assemble du Banquet ne la contestec'est ce qui permet de s'ensuivre ceci: que l'amour en aucun cas ne saurait tre beauparce que ce qui se pose comme objet de l'amour, ce qui comme srie tombe sous le coup de l'amour, l'amour tant comme une marque qui fait dfiler, qui instaure une espce de couloir o une srie d'objets va passer, les objets qu'il a marqusl'amour ne peut pas tre beau parce que ses objets sont beaux, et il est dit qu'en aucun cas, ce qui est l'agent d'une srie, l'instance mme de la srie ou le terme ultime de srie, ce qui chapeaute une srie ne peut avoir les mmes caractres que les objets qui sont dans cette sriation, c'estdire que les objets de l'amour sont beaux, l'amour ne peut pas tre beau.

C'est l proprement parler un caractre de cette instance de sriation, un caractre de l'interprtant que personne, parmi les polmistes prsents dans l'assemble du Banquet, ne remet en question.

Et on peut voir assez facilement le rapport qu'il y a avec ARISTOPHANE, mme si a parat plus lointain, c'est que quand il dit qu' l'origine, les hommes avaient quatre jambes, quatre bras, deux visages et deux sexes, ils devenaient un peu trop arrogants parce qu'ils n'avaient plus vraiment de dsir, il ne leur manquait pas grand-chose, alors ZEUS a dcid de les couper en deux pour qu'ils deviennent humilis.

Mais ce qu'a dit ZEUS, c'est que a ne compte pas, une coupure, s'il n'y a pas des effets de coupure, c'est--dire que si la coupure est ponctuelle et qu'aprs a continue comme avant, a ne sert rien.

Alors ce qu'il a voulu, c'est que a reste, qu'il y ait un effet, et pour cela, il a tourn les visages, qui taient alors comme les sexes dans le doset l'endroit de la coupure, c'tait proprement le ventre puisqu'il y a le nombril qui est l'indice de la coupureil a dcid de tourner les visages du ct du nombril, pour que les hommes s'en souviennent, de cette coupure. Et puis pendant qu'il y tait, il a tourn les sexes galement, pour qu'ils puissent essayer de se recoller et que a les occupe.

Mais l'important et ce pourquoi j'ai droul tout a, en rapport avec le discours de DIOTIMEc'est que le rsultat de toute cette opration, qui peut apparatre drisoire, c'est simplement que l'homme, on lui a tourn le visage, il ne peut plus regarder derrire lui, il ne voit plus qu'en avant, il voit seulement ce qui le prcde.

Est-ce qu'on voit bien que c'est prcisment galement ce que dit DIOTIME, c'est--dire que c'est a la fin de tout, c'est--dire la fin du tout en tant qu' toute srie, il manquera le terme ultime de la sriation, le point de vue: ce d'o la sriation se construit.

LACAN C'est bien ce que je disais tout l'heure : qu'il ne voit pas l'encore.

Franois RCANATI

Ce que je viens l d'isoler partir de deux discours, on va le retrouver comme deux points trs lis propos des ordinaux.Ce qui fait l'ordinal on vous l'a dj dit c'est quelque chose de l'ordre d'un nom de nom et on va voir plus prcisment de quoi il retourne en ce sens que l'ordinal, c'est un nom, mais si c'est un nom, la fonction de ce mot, c'est de nommer quelque chose qui n'est pas, justement, son propre nom.

C'est en quelque sorte le nom second de ce qui prcde, du nom qui prcde et qui comme nom luimme est bien un nom, mais ne sert qu' nommer quelque chose qui prcde etc. Voil le rapport avec ARISTOPHANE. Je n'insiste pas. Il y a un problme qui va se poser tout de suite, et je tcherai de l'aborder, c'est que le premier ordinal, lui n'est pas vraiment un nom de nom, parce qu'il n'y a pas de nom qui le prcde, si tant est qu'il soit le premier. C'est pourquoi j'ai crit ct le nom du nom parce que c'est a le premier ordinal.

Et je dirai mme : si c'est cela qui se passe au dbut, c'est cause de a qu'aprs il y a du nom de nom, parce que justement, ds lors qu'on donne un nom ce qui n'en a pas, c'est dans l'identification justement quelque chose comme le dclin de l'identit en ce sens qu'on en dit un peu plus, et que ce plus qu'on dit, il va falloir lui-mme non pas tant le rsorber mais l'identifier, lui donner un nom, et partir de l c'est le dcalage infini.

Nommer, en gnral, c'est faire le point de ce qui prcde dans la srie. Mais le point, en tant que lui-mme fonctionne comme nom, prcde quelque chose venir galement, et ce quelque chose venir, si on le considre absolument, ce qui est toujours venir, ce sera ce qu'on pourrait appeler l' encore qui lui, ne prcde rien qui ne soit lui-mme, c'est--dire ne dtient pas de nom, innommable de ce fait.

On voit que de ce point de vue l, ce que j'appelle l'encore, c'est l'index de l'infini. Et d'autre part, on peut dire que l'infini est dj l: il est donn ds le dpart dans l'homonymie du nom et du non.

C'est--dire que le nom, c'est quelque chose comme la propagation du non plus radical quiavant toute nomination, dans l'instant de toute nomination se donne comme quelque chose d'infini. On voit donc quelque chose se dtacher comme deux bornes, le non d'une part et l'encore, et l'ordination, c'est ce qui passe entre les deux.

C'est--dire que ce qui va m'intresseret on peut voir le rapport de ceci avec la section de prdicatc'est--dire avec cette expression et cette rcurrencec'est le rapport entre les deux. Le systme de la nomination en gnral, vous voyez peu prs comment on peut l'apprhender : c'est l'enrobage d'un impossible de dpart, enrobage qui justement dans ce rapport l'impossible, ne se soutient que de l'encore comme indice de cette transcendance de l'impossible par rapport tout enrobage.

Et si l'impossible, c'est ce qui dit nonce qui n'est pas vident et je regrette de n'avoir pas le temps de dvelopper ce pointil faudra l'entendre peu prs comme une dngation radicale, en tant que la dngation, c'est quelque chose qui est dj infini.

C'est--dire que, en tant que c'est dj infini, la dngation se moque pas mal de ce qui arrive, en quelque sorte, derrire elle, ce qu'elle supporte, c'est--dire tout le jeu de prdication, tout le jeu d'objectivation prdicative qui prend la dngation par exemple pour la nier, en disant non ou en disant oui. a ne donne jamais de oui. La dngation reste intacte, avec des petits jeux qui se passent sur son corps, pourrait-on dire. Et alors ce n'est mme pas, pour l'infini de la dngation, une chatouille.

Alors ceci nous amne penser c'est une parenthse que mme si ce que j'ai appel la manipulation logique sur fond d'infini, a devient infini son tour, a ne veut pas dire qu'on va gurir l'infini coup d'infini et que a va donner tout d'un coup du fini, ou quelque chose comme du oui.

Au contraire, a va devenir pire en ce sens que ce qui, dans la nomination, peut devenir infini, ce n'est pas la mme chose que ce qui est dj l comme infini dans ce que j'appelle cette dngation initiale, en ce sens que ce qui, dans la manipulation logique, vient comme infini, c'est la nomination de l'infini, et que ce qui est dj l comme dngation infinie, c'est ce qui infinitise toute nomination. C'est l'infini de la nomination.

Ce qui fait que la nomination de l'infini, elle sera une nomination comme les autres, c'est--dire qu'elle sera aussi bien sujette cette infinitisation qui est dj l, qui part d'une source qui est au dbut. C'est--dire que a ne va rien changer et qu'on peut poser quelque chose comme omga, le plus petit ordinal infini, a ne va pas s'arrter l, a continue dans l'ensemble des parties d'omga, dans les alephs etc.

Ds lors que l'infini est donn dans cette position l, il faut que l'infini lui-mme soit infini, c'est--dire qu'on continue ces passages d'infini l'infini, etc., qu'on continue encore . Comme si ce qui veut s'atteindre dans cette histoire, c'est prcisment l'encore lui-mme.

L'encore a donn comme la limite de l'extension de ce non radical dont j'ai parl, et je vais maintenant parler du rapport entre le non radical et l'encore, puisque c'est a que va m'introduire rtroactivement ce sur quoi je vais revenir, c'est--dire la section de prdicat. La section de prdicat on le voit immdiatement c'est la fois ce qu'il y a aprs toute prdication, c'est--dire une fois qu'on peut dire il n'y en a plus, des prdicats et c'est aussi bien ce qui, avant toute prdication, la supporte.

Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que cet avant et cet aprs, c'est la mme chose, c'est--dire que c'est ce qui constitue, ce qui soutient la prdication comme l'enrobage d'une impossibilit, cette impossibilit qu'il faut comprendre comme l'impossibilit mme de la prdication, c'est--dire l'impossibilit de fournir tous les prdicats, de les mettre ensemble, sans qu'aumoins un se dtache comme reprsentant dans l'impossibilit, dans l'existence l'impossibilit ou si l'on veut l'encore.

Plus prcisment quant aux ordinaux, l'ordinal nomme le nom de celui qui le prcde. Cela veut dire deux choses : qu'un ordinal ne se nomme pas lui-mme mais est nomm par son successeur, et qu' chaque ordinal appartient la sommation mcanique de tous ceux qui le prcdent. Puisqu'un ordinal nomme son prcdent, son prcdent nomme son prcdent etc., c'est--dire qu'il y a, accroche chaque ordinal, la srie de tous les ordinaux qui l'ont prcd.

Or, dj ces deux points impliquent une discordance essentielle entre le nom et le nom de nom, et c'est ce que j'appellerai un effet d'crasement. Ce qui vient identifier le zro par exemple, dans une dfinition du zro, comme quelque chose comme l'lment unique de l'ensemble identique zro, ou pour l'ensemble vide on peut trs bien dire : ce qui est lment unique de l'ensemble de ses parties, ou simplement cet ensemble de ses parties dont il est l'lment qu'il vient identifier proprement, ceci se donne comme prdicat du zro. Or, on voit bien que dans ce prdicat, il y a quelque chose en plus qui est donn, en plus que l'ensemble vide, en plus que le zro. Et c'est tellement tangible.

La preuve en est que justement le 0 et le 1 qui n'est cens tre autre que l'identification du 0, a fait justement 2. On voit qu'on change de niveau, que a n'a aucun rapport, que a ne se situe pas il y a un dcalage, on passe d'un niveau un niveau suprieur. Mais ce qui est remarquable, c'est que ce 0 et ce 1 qui n'ont rien voir, qui ne se situent pas au mme niveau, on les met ensemble comme les lments de ce nouvel ensemble constitu par l'ordinal 2.

Zro et un, a fait deux justement au sens o le zro et le un sont en quelque sorte nivels, mis sur un mme plan dans le deux. Et pour le deux luimme, l'opration va se rpter dans ce passage du deux au trois etc.Le representamen n'a l avec l'objet pas de rapport possible, et c'est toujours ce cursus de l'interprtant qui intervient, c'estdire que c'est incarn par quelque chose, et dans la mesure o c'est incarn, o le quelque chose qui chappe est brid, il resurgit galement juste aprs cette incarnation. On peut prendre la formule d'un ordinal pour mieux voir ce dont il est question.

LACAN Rendez-le CANTOR quand mme !

Franois RCANATI

Voici la formule qu'on peut considrer comme la formule du 4. 0 0 I : 0 I 2 0, { 0 }, { 0, { 0 } } : { 0, { 0 }, { 0, { 0 }}} 0 I 2 : 3

Dans cette formule, que se passe-t-il ? On sait que c'est le terme ultime de cette srie qui compte. On voit que dans le 4, ce qui est rpt, c'est le 3. Et on voit que le 3 rpte lui-mme le 2, qui lui-mme rpte le 1, qui luimme rpte le 0.

Mais ce qui est important, c'est que le 4 n'est pas seulement la mise entre parenthses, la nomination du 3 qui lui-mme met entre parenthses et nomme le 2 etc. Ce n'est pas seulement l'exposition, mme rptitive, c'est--dire avec des parenthses en plus, de ce qui dj se donnait dans le 3.

C'est la mise dans un mme ensemble du 3 dj comme crasement, comme ensemblisation de termes htrognes, c'est--dire la mme chose que dans le 2, le fait qu'il y ait le 0 et le 1 qui soient mis absolument sur le mme plan. Dans le 3, c'est dj un crasement du 0, du 1 et du 2, c'est--dire qu'on les met dans un mme ensemble. Et le 4, c'est ici prcisment la mise en rapport dans un mme ensemble du 3 comme crasement, comme cette ensemblisation force, avec les lments que le 3 a crass, spars du 3, hors du 3.

C'est--dire que c'est une rptition. On voit que la partie de gauche et la partie de droite, c'est la mme chose, part qu' droite, il y a des parenthses en plus. C'est ici - entre 2 et 3 - qu'il y a comme une barre de clivage, ce qui me permet de dire qu'on peut voir dans cette formule que si le 3 dj est la dsignation de ce qui s'est pass, d'un passage-crasement, entre le 0 et le 1, et du 0 et du 1 au 2, si le 3 est dj cet crasement, c'est--dire une manire de dsigner ce qui s'est pass d'une rupture avant, d'une rupture qui est prcisment le passage du 0 au 1, d'une rupture c'est--dire d'un clatement des parties de ce qui dj se donnait comme ensemble, on voit que ce qui se dsigne dans la formule du 4, c'est prcisment cette dsignation mme, en tant qu'on peut voir exposs sur le mme plan d'une part toutes les parties de ce qui forme le 3, et d'autre part le 3 luimme.

C'est--dire que l'crasement lui-mme, le fait de mettre des parenthses en plus, ce n'est pas suffisant comme rsultat pour laisser prgnant ce passage du 0 son crasement dans le 1, du 1 son crasement dans le 2 etc., le 2 ou le 1 comme rsultat n'exprimant plus ce passage.

Il faut que dans l'ensemble constitu par le 4 soient prsents la fois les termes spars des diffrents passages et la srie des passages-crasements, pour que le 4, comme nomination de tous ces passages impossibles mais effectifs, prenne en charge dans sa propre formule, l'histoire de la progression qu'on voit ici rpte, c'est--dire laisse ouvert ce qui se pose comme question, comme irrsolution dans ce mouvement, c'est--dire l'insistance dans cette course de ce qui, travers les diffrentes limites successives qui font en quelque sorte opposition au passage du 0 au 1, du 1 au 2 etc., l'insistance travers ces limites successives de ce qui se donne comme limite absolue et qui serait l'encore.

Et si le 4, comme crasement totalitaire c'est--dire comme sommation de tout ce qui s'est pass avant lui, de tous les crasements impuissants s'acheversi le 4 laisse ouverte cette question, c'est bien parce que lui-mme, en tant qu'crasement, rpondant cette faille qui appelle une fermeture impossible, il ne peut son tour que s'craser encore, c'est--dire reproduire la faille, nommment dans la nouvelle formule qui l'inclut comme lment, et c'est--dire le 5, et qui pour ce faire le confronte tous les lments qu'il contient, mis ct de lui, pour faire surgir entre tous ces lments et leur crasement dans le 1 l'impossible identit.

Il suffirait donc de rpter tout ce qu'il y a l ici et de remettre les parenthses pour obtenir le 5. L'impossible identit, c'est ce qui se rpte chaque nouvel crasement avec ceci que dans la suite, dans la confrontation, l'intrieur du 4, du 3 constitu et de tous ses lments, c'est dj les crasements qui s'crasent encore un peu.

Alors que le paradigme de l'crasement, on peut le trouver au dbut dans le passage du 0 au 1 et, cet crasement, il faut le comprendre de faon tout fait concrte, comme celui d'ICARE, c'est--dire qu'il y a quelque chose qui prend son vol et qui s'crase misrablement, et qui ne s'crase pas dans le trou qui devait tre survol, qui s'crase sur la falaise de l'autre ct en quelque sorte.

On peut considrer qu'entre un ordinal et un autre, ou plutt entre le rien de l'ensemble vide et son inscription dans le 1, il y a quelque chose comme une barrire, une frontire, ou bien un trou. Mais ce trou, on ne peut pas l'atteindre, exactement dans le sens o, comme le rappelait LACAN la dernire fois, comme dans le cas d'ACHILLE, on peut dpasser a mais on ne peut pas l'atteindre. Si une fois qu'un crasement est donn, il se rpte, c'est justement parce que ce qui se pose comme frontire n'a pas t atteint, elle est toujours l, cette frontire, existante. On n'est jamais dans l'entre-deux, l'entre deux ordinaux, mais toujours dans l'un ou dans l'autre, l'un tant l'ensemble qui prend en charge mais n'est pas soi-mme compt, et l'autre tant ce qui prend l'ensemble premier mais n'est toujours pas lui-mme compt.

C'est dire que la limite dont je parle et qui s'atomise et qui se fragmente en une srie de frontires qu'on ne peut jamais atteindre et qui donc se reproduit, se pose comme limite absolue, c'est donc le tout, le tout c'est--dire le quelque chose qui se soutient tout seul, qui n'a pas besoin d'autre chose et qui est pour la philosophie la substance, ou encore la substance des substances, c'est--dire l'tre.

Cette limite insiste comme toujours ailleurs, et le passage qui la manifeste comme trou, entre quelque chose et son support, ce passage pas un instant ne peut tre saisi comme entre deux. On le voit en ce qui concerne le passage du fini l'infini par exemple car, comme je l'ai dit, on peut poser le plus petit ordinal infini.

Nanmoins, cela ne se prsente pas de faon harmonieuse comme prcd justement du plus grand fini ou prcd de quelque chose de fini, parce que cet infini ne serait ds lors que du fini plus un. Entre les deux, il y a vritablement ce trou qui n'a pas pu tre atteint, et qui se rpte ds lors dans l'infinitisation des infinis.

Cela dit, cette insistance de la limite en tant qu'elle est exclue, en tant qu'elle ex-siste, plus exactement, a ne fait pas qu'exprimer qu'il y a un foss entre le 0 et le 1, mais c'est bien plutt leur crasement dans le 2 qui implique une certaine mconnaissance de ce foss, un refus vritablement, quelque chose qui ressemble un dni ou une dngation c'est--dire quelque chose qui participe de ces procds inconscients qui dfinit la logique formelle d'une certaine faon puisqu'ils mettent en uvre l'infini, et que mettre en uvre l'infini, c'est vritablement dsarmer la plupart des procds de la logique.

Je cite un exemple que j'ai lu dans un article rcent sur les mathmatiques modernes o il tait dit que dans une classe d'cole, quand on demande un exemple d'ensemble infini, il n'est jamais rpondu par quelque chose comme les entiers , il n'est jamais rpondu numriquement, mais toujours par un ensemble fini, un grand ensemble fini comme les cailloux de la terre ou quelque chose comme a.

a montre bien que pour ce qui est justement du nombre, il y a quelque chose qui fait croire que a peut s'arrter, et en mme temps c'est trs juste, parce que a n'arrte pas de s'arrter.

Mais si je dis a n'arrte pas de s'arrter , c'est bien a, c'est--dire que a n'arrtera jamais de s'arrter.

La limite dont j'ai parl, on peut la concevoir en analogie avec la mort, avec le silence, et je regrette de n'avoir pas beaucoup le temps de le dvelopper, mais en gnral c'est ce vers quoi converge le discours, c'est--dire que la rptition, c'est le representamen de la mort. Et je voudrais montrer, en prenant un minimum d'exemples, que dans le rve par exemple, on l'a dj dit, il y a quelque chose qui se manifeste comme quation du dsir = 0.

Mais cette quation du dsir, elle est en plus, elle est en retrait. C'est celui qui interprte le rve qui dit : c'est l'quation du dsir qui se dbrouille pour faire zro. Le rve lui-mme, il est dans du zro, c'est--dire que a s'quilibre.

En mme temps quation du dsir = 0 , a ne s'arrte videmment pas l. a ne peut pas s'arrter l, parce que le rve justement, continue produire des noncs, a continue parler. Et bien sr, a voudrait bien tre gal zro, mais il faudrait pour a que a se taise, ce qui n'est pas le cas.

Or, le zro, s'il est insr dans cette quation, quation du dsir = 0, a signifie qu'il est support, qu'il est dsign par l'quation qui le produit comme ce quoi elle aboutit.

Or, le fait qu'il soit dsign, qu'il soit support, c'est proprement la transformation dj de ce 0 en 1. Le 0, quand on lui met des accolades, a devient du 1. Or, c'est prcisment la tche de l'interprtation que de rendre sensible dans ce 0 le 1 dont il est porteur, le 1 dont en tant que le 0 se manifeste,en tant qu'il est dsign, c'est alors qu'il se produit partir du 1.

Et on peut comprendre comment il se fait que l'interprtation soit comme un wagon rajout une quation dj donne, c'est que prcisment, le rve lui-mme c'est le terme ultime de la srie, c'est par exemple le 1.

Mais quand on est dans le 1, le 1 porte tout entier, il est focalis sur ce 0 qu'il inscrit, et s'il fait lui-mme 1, c'est pour autre chose, c'est--dire pour la venue de quelque chose d'autre qui arrive dans l'interprtation. Ce qui se donne comme rsistance l'interprtation du rve dans une analyse, cette espce d'ennui parler d'un rve, comme si c'tait dj pas mal tel quel, comme si tel quel c'tait bien, et comme s'il ne faut rien y rajouter, a a voir avec la barre rsistante la signification qui est cense sparer le signifiant du signifi.

se laisser garder, dans la mesure o il est question d'interprtation, par PIERCE plutts'il y a une opposition entre euxque par SAUSSURE, il faut bien se souvenir que le signifi dont on parle, ce n'est pas autre chose que du signifiant, mais dans une srie, au sens o prcisment il y a des fonctions dans cette srie, des rles qui s'changent, et qu'on peut dire qu'effectivement il y a un rle de signifi par rapport un rle de signifiant.

Mais le signifi, c'est un signifiant plong dans l'interprtation au sens de PIERCE, et qui se trouve en quelque sorte cras, minimis, amoindri, singularis, dans le surgissement d'un autre signifiant, surgissement d'un autre qui permet, par cette confrontation qui est la mme qu'on voit ici de comprendre qu'on a affaire des units d'un autre ensemble, des lments d'un ensemble plus large.

Et cet crasement a lieu sans que ce qui fait trou entre les deux, dans le surgissement de ce nouveau signifiant entre les deux signifiants, soit proprement parler produit, mais c'est dans la rptition de ce phnomne, dans son caractre infini qu'est donn quelque chose comme la limite de l'interprtation.

Et la limite de l'interprtation ou de la signification pour PIERCE, c'est la bance du potentiel, c'estdire quelque chose qu'il faut mettre en rapport avec le sujet et, quitte le mettre en rapport avec quelque chose, on peut galement voir s'il est en liaison avec ce qu'on appelle l'ensemble de tous les ensembles. Parce que l'ensemble de tous les ensembles peut-tre, prcisment c'est ce potentiel infiniment silencieux dont parle PIERCE et qui se trouve au dbut et la fin de toute srie.

Dire qu'il n'existe pas, c'est aussi bien dire qu'il existe comme limite de toute inscription, et aussi bien comme grain de sable dans la machinerie de toute quation qui veut s'galer zro, car dans le temps de cet gal 0 le zro se produit comme ce terme, et ds lors il peut tre confront quelque chose d'autre qu'on prendrait dans l'quation qui lui a donn naissance, et qui le singulariserait dans un autre ensemble plus gnral o il figurait titre d'un lment.

Si je dis cela, c'est parce que j'ai entendu, il n'y a pas longtemps, un analyste dclarer que la plupart du temps, les futurs analysants viennent le voir pour un entretien prliminaire ds lors qu'il s'est pass quelque chose, c'est--dire ds lors qu'un grain de sable, un petit quelque chose de rien du tout est venu enrayer, est venu rendre insupportable une conomie jusque l trs bien supporte.

Or ce grain de sable, ce n'est pas autre chose que ce 1 dont j'ai parl, c'est--dire qu'il se constitue de la prise en compte globale de cette quation, de cette conomie trs satisfaisante dans leur extrme singularit qui n'est pas rien, c'est--dire en opposition quelque chose d'autre, quelque chose qu'on peut ventuellement prendre au dedans de cette quation, et singulariser c'est--dire poser comme actuellement en face de l'quation toute entire.

Il suffit qu'un seul trait de l'quation soit produit isolment pour qu'il brise l'quilibre de l'quation ellemme qui tait un quilibre de repli sur soi-mme et pour qu'il fonctionne comme grain de sable. Il suffit d'un lger glissementje ne peux pas ici citer d'exemples et c'est dommage car cela parat extrmement biend'un changement de niveau tout fait drisoire, c'est--dire d'un transport, d'un transport de ce qui se donne comme quation dans quelque chose d'autre, o il y a d'autres lments qui sont en jeu pour que cette quation satisfaite d'elle-mme, cet ensemble ferm, devienne tout d'un coup autre chose, c'est--dire pour qu'on se rende compte qu'il peut aussi bien fonctionner comme un lment d'un autre ensemble, comme partie d'un autre ensemble qui peut prcisment tre l'ensemble de ses parties comme ici on le voit, c'est--dire comme un lment d'un ensemble o le tout de l'quation prcdente figure ct de n'importe quoi, ct de n'importe quel trait et au mme titre que l'ensemble vide par exemple.

Il n'est pas de tout qui ne puisse tre raval, tre clat au rang de singularit lmentaire dans quelque chose qui se donne comme un ensemble plus grand, c'est--dire l'ensemble de ses parties.

Et cette singularit, ds lors qu'elle se donne, prcisment dans un instant de flottement, appelle aussi bien l'crasement, le nivellement dans un nouvel ensemble, qui lui garantit, elle, cette nouvelle singularit, une place en propre, une fonction, quelque chose comme un emploi.

Le passage d'un ensemble l'ensemble de ses parties, c'est donc la dbandade de tout. Mais cette dbandade prend des formes singulires, ds lors qu'elle n'a lieu, qu'il ne se produit d'parpillement que pour reformer un nouveau tout, que pour se r-craser immdiatement dans un nouveau tout, c'est--dire pour que ce qui s'parpille se reconsolide, mais de manire qui ne revient pas au point de dpart mais suivant une progression, se consolide dans autre chose qui cette fois forme un ensemble compact.

Peuttre en dfinitive la victoire va l'parpillement en ce sens que si l'impossibilit de la rptition peut se rpter, l'impossibilit de la totalisation ne peut pas, elle, se totaliser.

Puisque si l'on prend l'ensemble de tous ces tout dont la totalisation est rompue par leur fractionnement dans l'ensemble de leurs parties, si vritablement cet ensemble se constitue de tous ces tout comme de ses parties, alors il subit le mme destin, c'est--dire que lui-mme peut se fractionner, ce qui implique que jamais tous ces tout ne pourront se totaliser, sinon ce serait autre chose que l'ensemble de ses parties, autre chose que ce que l'on connat d'une totalisation ou d'un crasement possibles.

On voit que les ruptures d'ensembles a conduit la constitution de nouveaux ensembles, l'crasement, et ces nouveaux ensembles tendent, eux aussi, vers la rupture, ce qui permet de dire qu'en dfinitive et je n'insisterai pas l-dessus quoique ce soit importanttout est une question de rythmes.

un niveau tant soit peu gnral, il n'est de systme que de rupture, et je regrette aussi de ne pas pouvoir m'taler un peu l-dessus, mais ce fut une des erreurs du linguicisme contemporain de postuler quelque chose comme une rgulation intra-systmatique dans un ensemble, sans la poser fonction de quelque chose qui participe un ordre, fonction d'une limite exclue.

LACAN Fonction d'une ?

Fonction d'une limite exclue. Quelque chose comme l'interprtation de PIERCE a t peru en linguistique comme seulement une partie de ce que pour PIERCE est l'interprtation, c'est--dire la possibilit par exemple dans un systme de passer d'un signifiant un autre, alors que ce sur quoi cette opration lmentaire fait fond, c'est sur un travail smiotique plus essentiel je ne fais que le mentionner qui est prcisment, pour un mme signifiant ou pour un mme ensemble de signifiants, le passage d'un systme un autre de type diffrent.

Il y a l quelque chose comme la torsion, l'crasement du signifiant et au demeurant il suffit de regarder le rve pour s'apercevoir de ce que a peut signifier.

C'est--dire e que la surdtermination doit se comprendre non pas seulement comme surdtermination smantique dans un systme, mais plus proprement comme surdtermination smiotique, comme possibilit d'un passage pour un mme signifiant d'un systme un autre, comme crasement du signifiant.

La remarque d'un tel processuslie quelque chose d'autre qui est intressant, que je vais direon la trouve chez BACON qui, partir de ses rflexions sur le langage, a fond un procd de cryptographie.Ce procd consiste passer d'une lettre intrieure une lettre extrieure et faire le trajet dans les deux sens, c'est--dire sauter une frontire que ce passage met en relief.

Je ne vais pas insister sur ce en quoi il y a changement de systme chez BACON, mais j'en donne l'exemple pour voir quelque chose qui est proprement ce qui dj insistait dans cet exemple ici, quelque chose qu'on retrouve tous les carrefours, qui est nommment quelque chose comme l'omission des parenthses, et qui permet justement le passage de la frontire. Quelque chose qui a rapport avec la possibilit d'une substitution de deux termes, c'est--dire que, dans la substitution de deux termes, tout est fonction des parenthses, et si je me suis permis d'ignorer les parenthses ou de changer la place des parenthses ou des accolades, ce moment l tout est possible.

C'est d'ailleurs ce que reprochait FREGE LEIBNIZ, ce qu'il lui reprochait d'avoir fait, et c'est ce qu'on retrouve chez BACON dans son procd cryptographique dont je vous donne l'exemple.

chaque lettre de l'alphabetlatin en l'occurrence c'est--dire de 24 lettreson fait correspondre un groupe de cinq lettres. Et ce groupe est form uniquement de a et de b, selon une des 32 combinaisons possibles.

C'est l le premier temps : c'est une interprtation simple.Dans le deuxime temps, c'est le message qu'on va transformer par le biais de cette transposition. Le message qui est uniquement en a et en b va tre retransform en alphabet latin selon une autre interprtation, selon une autre loi de transformation.

A B C (aaaaa) (aaaab) (aaaba)

LACAN ?

Franois RCANATI

La premire opration est donc celle-ci. Maintenant, le phnomne essentiel du changement de systmequoique je ne pointe pas que ce soit prcisment un changement de systme, mais ce qui fait qu'il y a interprtationc'est qu'une fois qu'on a un message form uniquement en a et en b par la transcription partir de chacune des lettres dans ce tableau, on va retranscrire dans l'alphabet originel latinen prenant non pas chaque groupe de 5 a ou de 5 b, parce que ce serait proprement r-effectuer ce dcoupage qu'il s'agit de masqueron va prendre chaque a et chaque b sparment, et chaque a et chaque b, comme ce sont les deux seules lettres dont est form le message moyen, le message frontire, il pourra correspondre chacun un nombre norme de lettres de l'alphabet latin.

Si on prend un alphabet latin compliqu de majuscules et d'italiques, chaque lettre apparaissant en majuscule et majuscule italique, minuscule et minuscule italique, on aura 4 fois 24 lettres, et le a et le b auront chacun la moiti de ces lettres comme traduction possible. C'est--dire que la seule chose qui va compter, ce sera l'ordre des lettres du message, dans la mesure o le dcodeur sait qu'il faut couper le message en portions de 5.

Par exemple, on se donne une srie ordonne de manire trs simple de a et de b, dans l'ordre, et on fait correspondre ensuite l'alphabet chaque a et chaque b, ce qui fait qu' chaque fois qu'on aura un a, on pourra mettre ce qu'on voudra qui lui correspond, et chaque fois qu'on aura un b, ce sera la mme chose. L'essentiel, ce sera la position des italiques et l'ordre gnral des lettres.

a b a b a b a b

A . a . B . b .

Ce qui s'est pass entre les deux, c'est justement qu'on a fait tomber ces parenthses qui regroupaient les groupes de 5. On les a fait tomber, et c'est l l'essentiel. Cela dit, je regrette de n'avoir pas le temps de dvelopper ce point.

Ce qui permet la rupture et l'clatement dont j'ai parl, c'est donc la structure ouverte de l'ordination. C'est d'ailleurs ce fait que le terme, l'agent de la sriec'est ce que je disais au dbutest absent de la srie qu'il agence, c'est--dire qu'il n'y sera prsent qu'un coup d'aprs. De cela, de cette absence nat la possibilit du dcalage qui est la robjectivation de la srie toute entire.

Il est trs sensible dans un rcit de cas que le grain de sable dont nous avons parl, s'il manifeste un changement de niveau, c'est que ce qui tait proprement l'agent totalisant de la formation prcdente, c'est--dire ce qui tait les dernires parenthses, en quelque sorte, de la formation prcdant le grain de sable, cela devient un lment, cela est compt dans la srie pour un nouvel agent totalisant.

C'est--dire qu'il est clair que le point de fuite ou le point de chute d'une formation en gnral, d'une formation inconsciente par exemple, ce point est absent de la formation au niveau du dsign, au niveau de ce qu'elle dsigne, de ce qu'