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Sahara Green Comment la coopération transméditerranéenne durable et l’énergie solaire du Sahara apporteront bien-être, paix et prospérité en Méditerranée … Sahara Green Les Voies de l’Economie Verte en Méditerranée Cas de l’Energie Solaire Nasser Hadroug

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Page 1: Sahara Green Book

Sahara Green

Comment la coopération transméditerranéenne durable et l’énergie

solaire du Sahara apporteront bien-être, paix et prospérité en Méditerranée …

Sahara Green  

Les Voies de l’Economie Verte en Méditerranée

Cas de l’Energie Solaire

Nasser Hadroug

Page 2: Sahara Green Book

Sahara Green 2

OMDD EDITIONS

Réédition 2011

Page 3: Sahara Green Book

Sahara Green 3

SAHARA GREEN

LES VOIES DE L’ECONOMIE VERTE EN MEDITERRANEE

OU

COMMENT LA COOPERATION TRANSMEDITERRANEENNE

DURABLE ET L’ENERGIE SOLAIRE DU SAHARA APPORTERONT

BIEN-ETRE, PAIX ET PROSPERITE EN MEDITERRANEE …

Dr HADROUG Nasser http://fr.linkedin.com/in/nasserhadroug

Président de l’Observatoire Méditerranéen du

Développement Durable. Directeur de programmes : SaharaGreen, RoboticaGreen, Euromed GEI

OMDD EDITIONS

Page 4: Sahara Green Book

Sahara Green 4

« J’utiliserai le sable du désert pour produire des cellules

solaires afin de générer une énorme quantité d’électricité et

transformer ainsi le désert en paradis »

Hassan Kamel Al-Sabbah, 1928.

Chercheur chez General Electric, Inventeur des cellules

photovoltaïques.

« Le Sahara reçoit une énorme quantité d’énergie solaire, que

nous pouvons utiliser pour initier une économie plus

respectueuse de l’environnement méditerranéen. Cette

fabuleuse quantité d’énergie propre permettra de dessaler

massivement l’eau de mer, afin de reverdir le Sahara. Si cette

initiative est reprise dans plusieurs endroits de notre planète,

cela permettra également de freiner la montée des eaux ».

Nasser Hadroug, 2002.

Dr-Ing, MBA. Sustainable Program Director. Président de

SaharaGreen

Page 5: Sahara Green Book

Sahara Green 5

SYNTHESE

Depuis le début de ce millénaire, les dépêches se bousculent à

une vitesse étourdissante. Tempêtes géantes, pollutions,

conflits, crise des matières premières, crise économique,

catastrophes humanitaires, incompréhensions Nord-Sud ; il

semble irréel que toutes ces catastrophes à répétitions aient un

dénominateur commun, et pourtant il est probable que la plupart

auraient une ampleur bien moindre si les principes du

Développement Durable étaient respectés, si les effets

anthropiques était plus canalisés, et si toutes les parties

prenantes étaient prises en compte dans la course effrénée à la

mondialisation.

La mise à l’écart des classes sociales les plus défavorisées a

participé à la formation du terreau sur lequel ont pu se

développer le terrorisme, les guerres civiles, et les récentes

émeutes, du sud de la Méditerranée à l’Angleterre1.

Notre boulimie d’énergies fossiles est un des facteurs

principaux de l’effet anthropique. En quelques mois, il y a eu la

catastrophe de l’or noir au large des Etats-Unis, la catastrophe

1 DANIEL J.M., professeur d'économie à l'ESCP Europe,

http://www.latribune.fr/opinions/20110216trib000601638/revoltes-frumentaires-et-

printemps-arabe.html, 2011

Page 6: Sahara Green Book

Sahara Green 6

nucléaire au Japon, et l’envolée des prix de l’énergie et des

matières premières.

La mondialisation de l’économie par la financiarisation à

l’extrême, a précipité le monde dans la plus grave crise

économique depuis 1929. Depuis la crise des «subprimes» qui a

éclaté aux USA en Aout 2007, la confiance s’est effondrée,

entrainant dans le feu des critiques les hypothèses d’ «efficience

du marché» et d’ «anticipation rationnelle» (donnant raison en

partie au Keynésianisme)2.

Et il n’est plus à démontrer l’effet anthropique sur le

changement climatique et la désertification, entrainant par

ricochet les migrations forcées.

Ces sujets qui font la une de l’actualité sont l’expression

d’enjeux globaux, et nous questionnent sur les politiques de

développement durable à mener à l’échelle mondiale et

territoriale. Ils montrent la nécessité d’une implication réelle et

durable des états développés dans la mise en place d’une

régulation mondiale soutenable et la mise en place de

programmes de coopération Nord-Sud durable.

2 BLINDER A. S., Professor of Economics at Princeton University, « Keynesian

Economics », <http://www.econlib.org/library/Enc/KeynesianEconomics.html>, 2011

Page 7: Sahara Green Book

Sahara Green 7

Abordés dans l’Agenda 21, ces sujets complexes nécessitent

une réflexion et une législation au niveau global mais doivent

également être traités sous l’angle territorial. Afin d’aider à la

réflexion globale, il est nécessaire comme pour toute analyse, de

choisir un terrain d’expérimentation. Ce livre s’inscrit dans cette

perspective en s’intéressant au cadre géographique «espace

méditerranéen». Car la Méditerranée, compte tenu de ses

asymétries sur les plans économique, environnemental, et

social, constitue un véritable laboratoire régional d’innovation,

d’expérimentation, et de coopération en matière de

développement durable (DD).

Le bassin méditerranéen, zone d’échanges et de tensions entre

trois continents, représente un ensemble économique cohérent,

une «économie monde» tel que le décrivait Fernand Braudel.

Mais contrairement à sa description3, la Méditerranée n’est pas

un «lac occidental» et le Sahara n’est pas la «contre

Méditerranée».

Le bassin méditerranéen est une région ouverte sur le monde où

se côtoient des espaces géopolitiques divers, porteurs de valeurs

et d’intérêts souvent différents.

Le Sahara, séparant le Maghreb de l’Afrique sub-saharienne,

fait apparaître le nord de l’Afrique comme une ile entourée de

3 LIAUZU, C., « La méditerranée selon Fernand Braudel », Revues

plurielles, Confluences Méditerranée - N°31, Paris, automne 1999, p.

186

Page 8: Sahara Green Book

Sahara Green 8

deux mers : la mer Méditerranée et la mer de sable. Cette vaste

zone désertique, malgré ses apparences, comporte bien des

atouts qui peuvent être mis au service du bassin méditerranéen,

tel que son gigantesque potentiel d’énergie solaire.

La Méditerranée dispose quant à elle, d’atouts incontestables et

offre des opportunités réelles de développement, grâce

notamment à la coopération transméditerranéenne énergétique.

La récession nous offre une rare opportunité d’effectuer de tels

investissements, car les gouvernements étant conduits à

dépenser davantage pour stimuler l’économie, ils peuvent tout

aussi bien le faire en affectant certaines dépenses à des projets

«verts».

Mais les enjeux financiers sont si énormes qu’ils peuvent attiser

bien des convoitises et emmener les marchés financiers vers ce

qu’on pourrait appeler une «bulle verte». A titre d’exemple, la

chine a alloué 40 % de son plan de relance (586 milliards USD)

à des projets verts, la transformant en premier marché mondial

des énergies renouvelables, alors que Citigroup estime que faute

d’interconnexions, 30% des centrales éoliennes chinoises

n’étaient pas en service en 2009. Cela illustre la nécessité d’une

stratégie de développement durable pour baliser tout chemin

menant à une «économie verte».

L’UE a ainsi lancé sa stratégie pour une croissance verte.

Encore faut-il une institution forte pour mettre en place

Page 9: Sahara Green Book

Sahara Green 9

une politique qui viserait à stimuler l’éco-innovation au service

de la coopération transméditerranéenne tout en abordant les

questions clés de la transition vers une économie verte, comme

l’emploi, les compétences, l’investissement, la fiscalité, les

échanges, le développement.

L’Union Pour la Méditerranée (UfM), a bien été créée dans

cette optique, mais tourne au ralenti. Cette institution, appelée

aujourd’hui «Secrétariat de l’Union Pour la Méditerranée», était

censée être centrale, puisqu’elle regroupe l’Union Européenne

(UE) et 15 pays de l’Adriatique et de la Méditerranée. Devant

les difficultés rencontrées, ces pays se sont mis d’accord pour

une institution légère, ce qui ne facilite guère la mise en œuvre

d’une politique de développement durable dans un espace aussi

tumultueux.

La politique de l’UfM met l’accent sur plusieurs programmes,

dont la coopération scientifique et universitaire. Cette dernière

pourrait s’intéresser à l’étude de la transposition des principes

de l’Agenda 21 à un territoire aussi complexe que la

Méditerranée, afin d’aider l’émergence d’un comité structuré en

collèges, dans lesquels tous les acteurs de la société civile

seraient regroupés. Sa mission serait de contribuer à la mise en

œuvre d’Agenda 21 méditerranéens, d’assurer la cohérence de

ces projets territoriaux de développement durable, et de

renforcer la coopération entre les collectivités et les

Page 10: Sahara Green Book

Sahara Green 10

entreprises du bassin méditerranéen.

Quant au Plan Solaire Méditerranéen (PSM), autre programme

d’importance, il a ouvert la voie à des initiatives industrielles

prometteuses, mais qui ont du mal à se montrer convaincantes.

Malgré leur côté pharaonique et extraordinaire, elles ne

génèrent ni l’espoir des populations du Sud, ni l’enthousiasme

du Nord. L’analyse du cas concret de la coopération énergétique

solaire transméditerranéenne, a permis d’apporter des pistes

d’amélioration de la politique de développement durable de ces

initiatives, ce qui permettrait de gagner une adhésion élargie.

Par ailleurs, de ce balbutiement d’initiatives, un espoir européen

nous illumine. Les citoyens européens vont-ils utiliser leur

nouvel outil de démocratie participative pour remettre l’Union

Méditerranéenne sur les rails, promouvoir des projets

transméditerranéens durables, dans le but d’initier une

« économie verte » dans le bassin Méditerranéen ?

De telles opportunités se présentent rarement.

Ce serait du gaspillage que de l’ignorer …

Page 11: Sahara Green Book

Sahara Green 11

INTRODUCTION

Les évènements décrits dans la presse ces derniers mois

rappellent qu’il est urgent de mettre en place une politique de

développement durable au niveau mondial. Aussi, une initiative

essentielle a été lancé à l’échelle mondiale : le concept

d’Agenda214, dont les résultats des initiatives territoriales

locales peuvent alimenter la conception d’une politique globale.

Et pour initier cette stratégie globale, le bassin méditerranéen,

constitue un terrain d’analyse et d’expérimentation approprié

puisqu’il abrite un écosystème complet, et donc un territoire où

peuvent être élaborées et testées des politiques de

développement durable qui pourront être ensuite transposées à

l’échelle de la planète.

L’ «Union Pour la Méditerranée» aurait pu suffire pour définir

et mettre en œuvre une politique méditerranéenne de

développement durable. Mais elle s’est transformée en

« Secrétariat de l’Union Pour la Méditerranée »5. Et il reste

encore à construire une coopération multilatérale novatrice et

durable pour bâtir un avenir forcément commun à l’Union

4

ONU, « Agenda 21 »,

<http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/french/action0.htm>, 2011 5 Union for the Mediterranean, « The Secretariat of the Union for the Mediterranean »,

<http://www.ufmsecretariat.org>, 2011

Page 12: Sahara Green Book

Sahara Green 12

Européenne, au bassin méditerranéen, et à l’Afrique sub-

saharienne.

Parallèlement, des initiatives privées impulsées par des états de

l’UE, l’Allemagne pour DESERTEC, et la France pour

MedGrid, semblent se faire concurrence. Les responsables de

ces initiatives ont bien tenté de corriger la perception qu’en

avaient les parties prenantes des deux rives, mais la pente reste

difficile à remonter car les détracteurs avaient déjà fait leur

travail. Pour certains il s’agissait de projets néo-colonialistes,

alors que pour d’autres l’UE allaient perdre son indépendance

énergétique. Ces projets semblaient trop focalisés sur les

problèmes de l’UE et ne donnaient pas l’impression de

s’inscrire dans une logique de coopération transméditerranéenne

durable.

C’est en se fondant sur ces convictions que ce livre vise à

dessiner une alternative d’avenir en terme de coopération

énergétique qui réponde aux enjeux des deux rives, et rend

compte de:

- la situation de la coopération transméditerranéenne en

matière de développement durable,

- l’importance géostratégique du bassin méditerranéen et de

l’Afrique Sub-Saharienne pour la survie de l’Europe face à

des géants tels que la Chine par exemple.

Ce travail est basé sur une étude bibliographique traitant de

Page 13: Sahara Green Book

Sahara Green 13

ces sujets, des interviews de personnalités, spécialistes de ces

problématiques, et sur un sondage de type 2.0 afin de prendre en

compte l’avis de toutes les parties prenantes.

L’objectif de la première partie est de poser le contexte de la

problématique du développement durable en Méditerranée, et

de faire le constat des enjeux géostratégiques de l’espace Euro-

méditerranéen. Ce diagnostic est réalisé à partir d’une étude

bibliographique, et de l’analyse qualitative du point de vue de

parties intéressées, réalisée à partir d’interviews, de discussions

autour de tables rondes professionnelles, de réponses à des

questions posées lors de forums spécialisés, et de données

extraites des questionnaires réalisés pour ce livre et mis en ligne

sur un réseau social professionnel. Cette recherche a porté sur

les thèmes de la construction de l’Union Pour la Méditerranée,

de la coopération territoriale ou industrielle

transméditerranéenne, des politiques nationales

environnementales et énergétiques en vigueur.

La seconde partie est consacrée à l’exploration des voies de la

coopération transméditerranéenne. L’objectif est de présenter

une analyse critique du traitement actuel des enjeux, risques et

opportunités de l’espace Euro-méditerranéen, et de proposer des

pistes d’amélioration en matière de gouvernance territoriale, de

coopération, de communication, et de politique participative,

pour la construction d’une stratégie de développement

Page 14: Sahara Green Book

Sahara Green 14

durable méditerranéenne.

Dans la troisième partie, l’analyse du cas concret de la

coopération énergétique, en particulier l’opportunité d’utiliser

l’énergie solaire du Sahara pour répondre aux enjeux qui

intéressent les deux rives de la Méditerranée, apporte un regard

sur les limites des initiatives actuelles, en terme de

communication, de prise en compte des parties prenantes, et de

politique de développement durable. Nous proposons des pistes

d’amélioration qui mettent en avant les bénéfices que cette

coopération peut apporter aux deux rives de la Méditerranée,

afin de gagner l’adhésion de toutes les parties intéressées. Ce

livre présente un nouveau concept qui répond de façon globale

aux défis humains, environnementaux, et économiques de la

Méditerranée.

Page 15: Sahara Green Book

Sahara Green 15

I) Les enjeux géostratégiques méditerranéens et le défi de l’ « économie verte »

L’analyse de la problématique du développement durable en

Méditerranée, nécessite d’examiner les enjeux d’une meilleure

intégration des pays du pourtour de la Méditerranée dans les

domaines de l’environnement, de l’énergie, et des contraintes

géostratégiques.

Le Nord a de gros besoins énergétiques, entre autre, et envisage

demain de s’approvisionner en électricité verte produite au

Maghreb. Le Sud a, quant à lui, une consommation énergétique

en forte croissance et compte sur le Nord pour le transfert de

technologies.

Malgré ces besoins réciproques, il reste de nombreux obstacles

techniques, économiques, et politiques, pour mener à bien une

stratégie de coopération transméditerranéenne durable, et notre

analyse révèle des contraintes externes issues de la stratégie de

pays extérieurs au bassin méditerranéen, mais qui y ont des

intérêts vitaux.

I.1) Les enjeux géostratégiques euro-méditerranéens

Parmi les enjeux et défis, qui entrent dans le cadre de la

coopération transméditerranéenne, il y a ceux auxquels doivent

faire face ensemble les deux rives de la Méditerranée (pollution

de la Méditerranée, stabilité politique), et ceux qui

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Sahara Green 16

n’intéressent que le Nord (migrations, émissions de C02 de

l’UE) ou que le Sud (développement économique et bien être

dans le sud).

Ils peuvent être classés selon quatre catégories :

- Environnement : climat, énergie, eau, pollution et

déchets, désertification, transports ;

- Sociétal : migrations, démographie, démocratie, emploi,

santé, éducation, sécurité ;

- Economique : économie verte, équité macroéconomique

nord-sud ;

- Géopolitique : partenariats Europe / Afrique, intégration

méditerranéenne.

Afin de tenir compte de l’avis des «parties intéressées» sur le

développement humain, des sondages ont été réalisés pour ce

livre (Annexe-1). Selon l’intérêt des parties prenantes aux

questions posées, jusqu’à 251 personnes y ont répondu.

Aux deux sondages ci-dessous, extraits de notre questionnaire

(Annexe-1) et relatifs aux ressentis des parties intéressées sur

les enjeux et défis du bassin méditerranéen, 155 personnes ont

répondu à ceux qui concernent les pays du Nord, et 132

personnes aux enjeux du Sud.

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Sahara Green 17

Le graphique ci-dessus montre que les parties intéressées

pensent que les enjeux les plus importants pour les pays du

Nord de la Méditerranée sont : l’énergie (30%) et les migrations

(30%), puis la pollution (18%) et la géopolitique

méditerranéenne (16%).

Celui qui suit montre que les parties intéressées pensent que les

enjeux les plus important pour les pays du Sud de la

Méditerranée sont : l’emploi (50%), puis l’énergie et l’eau

(25%), et enfin la gouvernance et les droits de l’Homme (11%).

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Sahara Green 18

Ces sondages confirment le sentiment déjà relevé lors des

entretiens réalisés dans le cadre de la réalisation de ce livre,

notamment avec Mr Luc GNACADJA6, Secrétaire général à

l’ONU, qui a confirmé l’importance de l’intégration

méditerranéenne dans la lutte contre la désertification, mais qui

reste surpris que des sujets aussi importants que la

désertification et la dégradation des terres ne soient pas si

souvent traités dans les forums dédiés au développement

durable du Sud.

Or tout est lié. L’Europe a besoin du sud pour s’alimenter en

«électricité propre» et ainsi remplir son objectif de réduction de

6 Interview dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr Luc GNACADJA, Secrétaire

Exécutif de l’UNCCD, Desertification, United Nations.

Page 19: Sahara Green Book

Sahara Green 19

CO2. Et en développant des projets de coopération durable avec

le Sud, l’UE participe au développement économique de ce

dernier et à sa stabilité politique, tout en oeuvrant pour un

développement durable de l’espace méditerranéen. Ce qui aura

pour effet positif de freiner les migrations climatiques,

économiques, et politiques.

La «coopération méditerranéenne soutenable et équitable» est

donc une stratégie vertueuse, mais qui devrait s’inscrire dans le

cadre d’un espace méditerranéen unifié, avec comme vision

«une économie verte au service du développement humain dans

le respect de la biocapacité».

L’«économie verte» devient ainsi l’un des enjeux majeurs de

l’espace Euro-méditerranéen. Elle vise à concilier amélioration

«du bien-être collectif», et réduction des «atteintes à

l'environnement» et des «prélèvements sur les ressources».

Thomas Robert Malthus 7 a lancé un débat en 1798, sur le

déséquilibre entre les ressources disponibles et l'accroissement

de la population. Que dirait-il aujourd’hui alors que notre

7 MALTHUS T. « An essay on the principle of population ». 1798. Réédition de la

traduction

Page 20: Sahara Green Book

Sahara Green 20

planète compte presque 7 milliards d'habitants, soit près de sept

fois plus qu'à son époque ?

Pour Adam Smith 8 (1723-1790), la crise malthusienne n’est pas

inévitable, car l’homme peut se sortir d’une crise en utilisant sa

créativité et en laissant le libre marché faire son œuvre.

De l’avertissement de Malthus, et de la théorie néolibérale de

Smith, on peut retenir un enseignement qui alimente les débats

actuels sur l'économie verte.

La théorie de Malthus sur la démographie et la rareté des

ressources, a été mise en défaut, car l’homme par son

ingéniosité a toujours pu repousser les frontières de la pénurie.

Mais cette méconnaissance par Malthus9, du rôle de

l'innovation, ne peut contredire sa théorie qui implique que la

terre est limitée dans sa capacité de production, car notre

capacité à innover n’a essentiellement été utilisée que pour

repousser ces limites. Néanmoins, cette capacité à innover ne

pourra indéfiniment repousser ces limites, car les ressources

offertes par notre planète ne sont pas infinies, et vient s’ajouter

aux craintes de Malthus, le péril climatique.

Il devient donc impératif de prendre en compte les deux

approches de Malthus et Smith, en conciliant relance 8 SMITH A. « An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations »,

Library of Economics and Liberty, 2000 9 RAYSSON V. « La fausse question de la surpopulation », Atlas des Futurs du

Monde, pages 124-125.

Page 21: Sahara Green Book

Sahara Green 21

économique et respect de l’environnement, car l’homme

consomme aujourd’hui au-dessus de la capacité de la terre à

subvenir aux besoins des générations futures.

Pour sortir par le haut du dilemme «ralentissement de la

croissance» vs «épuisement des ressources», l'UE a fait le pari

du découplage entre la croissance économique et la

consommation des ressources. Elle prône ainsi l’économie

verte10, laquelle ne se réduit pas à la lutte contre le changement

climatique, ou à la découverte de technologies propres, mais

représente la mise en œuvre effective du développement durable

dans l'activité économique.

C'est au XXème siècle que la pression exercée par l'homme sur

les ressources s'est amplifiée dans des proportions inouïes, mais

c'est dans le sillage de la crise de 2008 qu'apparurent les débats

sur l' «économie verte» : à l’ONU (Programme des Nations

Unis pour l’Environnement), à l'OCDE (Stratégies pour une

croissante verte), dans les institutions des grands ensembles

10 In rapport PNUE, « Vers une économie verte, vers un développement durable et une

éradication de la pauvreté, synthèse à l'intention des décideurs », page 1, 21 février

2011.

Page 22: Sahara Green Book

Sahara Green 22

économiques régionaux : l’UE (Europe 2020), les USA, ou la

Chine11.

Il s’agit de l'économie dans laquelle le développement est

soutenable et équitable. Une économie verte est « à bas carbone,

efficace en ressources et socialement inclusive »12. Mais

comment formuler les effets anthropiques de façon simple et en

faire une évaluation ?

La «tonne d'équivalent CO2», est devenue l’unité de mesure

pour évaluer le principal impact des actions de l'homme sur le

climat, et a facilité l'émergence de modèles13, débouchant sur

des lignes directrices (scénario 450, Agence Internationale de

l'Energie : concentration CO2 dans l'atmosphère limitée à 450

ppm afin de maintenir le réchauffement à 2°C).

Dans le cas de l'épuisement des ressources, notamment des

métaux14 et des énergies fossiles15, les scientifiques ont

11 Le Figaro, « La pollution menace le développement et la stabilité politique de la

Chine », 30/01/2007. 12 In Rapport PNUE. « What is a green economy ? ». Page 16. 13 BADER N., BLEISCWITZ R., « Comparative analysis of local greenhouse gas

inventory Tools ». Collège d'Europe. Avril 2009. 14 RAISSON V. « USDI/USGS Mineral Commodities Summary 2010 », Atlas des

futurs du monde.

Page 23: Sahara Green Book

Sahara Green 23

rencontré des difficultés méthodologiques de part leur complexe

diversité, mais ont élaboré des méthodes simplificatrices

permettant d'évaluer la pression totale exercée sur les

ressources, telle que «l'empreinte écologique», notion apparue

lors de la conférence de Rio en 1992, puis affinée par

l'association Global Footprint Network.

Appliquée à 7 milliards d'êtres humains, cette empreinte

s'établit à une planète terre et demie, et pourrait atteindre deux

planètes à l’horizon 2040 selon l’ONU.

Parmi les acteurs en pointe dans cette réflexion stratégique,

l’UE s'est distinguée par la publication de plusieurs

communications avec plans d’actions (communications

2011/2516, 2011/2117, 2008/39718, et 2003/57219). Le pari du

15 Meadows D. Rapport Meadows 1972. « The limits to growth » . The 30 year

update ». Club of Rome. 16 Communication 2011/25. « Relever les défis posés par les marchés des produits de

base et les matières premières ». UE. 2011. 17 Communication 2011/21. « Une Europe efficace dans l’utilisation des ressources –

initiative phare relevant de la stratégie Europe 2020». Commission européenne. 26

janvier 2011. 18 Communication 2008/397. « Plan d’action pour une consommation et une

production durables et pour une politique industrielle durable ». Commission

européenne. 16 juillet 2008. 19 Communication 2003/572. « vers une stratégie thématique pour une utilisation

durable des ressources naturelles ». Commission européenne, 1er octobre 2003.

Page 24: Sahara Green Book

Sahara Green 24

découplage que fait l'Union européenne apparaît donc comme

un objectif majeur et ambitieux qui permettrai de sortir par le

haut d'un dilemme dont les deux voies sont inacceptables : «une

économie décroissante qui appauvrirait les individus», ou «une

économie qui continuerait sa route vers des pénuries

prévisibles».

Mais pourquoi n’arrive t’on toujours pas à tirer parti des

convergences et des complémentarités entre les rives de la

Méditerranée ? Il est pourtant crucial pour y promouvoir une

«économie verte», de s’intéresser à la constitution d’un espace

méditerranéen unifié, stable, et prospère.

I.2) Intégration stratégique de l’espace méditerranéen : point

de vue du parlement européen et contraintes externes

Le parlement européen a adopté le 28 avril 2010, une résolution

(2009/2215(INI)), sur l'Union pour la Méditerranée (UfM),

basée sur le rapport réalisé par l’eurodéputé Vincent Peillon.

Cette résolution20 appelle les États à tout mettre en œuvre pour

mettre en route les institutions nécessaires, et progresser dans

tous les chapitres de la coopération euro-méditerranéenne.

20 Parlement Européen, « Résolution du 20 mai 2010 sur l'Union pour la Méditerranée

UfM »,

<http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&language=FR&reference

=P7-TA-2010-0192>, 2011

Page 25: Sahara Green Book

Sahara Green 25

Cependant, l'enlisement perdure pour des raisons qui semblent

être identiques à celles qui entravaient le processus de

Barcelone de 1995 : les tensions régionales de la rive sud

(Sahara occidental, conflit chypriote, conflit israélo-

palestinien). Aussi, le Parlement appelle à ce que les tensions

méditerranéennes ne freinent pas la possibilité d'avancer vers

des coopérations multilatérales, car c’est à travers la réalisation

de grands projets intégrateurs et un dialogue politique ouvert

que l’UfM contribuera à développer un esprit de confiance,

dans un esprit de solidarité et de paix. Le Parlement reconnaît

toutefois qu'il ne pourra y avoir de succès total sans une

résolution des différents conflits régionaux dans le respect du

droit international.

La commission des affaires étrangères du Parlement européen a

ensuite souligné l’importance de cette «union de projets», qui

rassemble un grand nombre de propositions sur les six grands

secteurs stratégiques de l’UfM (protection civile, autoroutes de

la mer et terrestres, dépollution de la Méditerranée, plan solaire

méditerranéen, expansion des affaires en Méditerranée,

université euro-méditerranéenne), tout en soulignant

l’importance d’élargir le champ des coopérations aux domaines

de la culture, de l’agriculture et des migrations. Mais le

Parlement reste préoccupé par l'absence de définition claire de

Page 26: Sahara Green Book

Sahara Green 26

la politique méditerranéenne de l'UE et de vision stratégique à

long terme. Il faut donc que le processus d'intégration euro-

méditerranéen redevienne une priorité politique dans l'agenda

de l'UE.

L’architecture institutionnelle et fonctionnelle de l'UfM

constitue une autre priorité absolue et devrait prendre en compte

les grands axes suivants :

- un secrétariat doté de moyens adéquats, statutaires et

financiers ;

- un mécanisme de décision, de financement et de mise en

œuvre pour les grands projets ;

- représentation adéquate côté UE et participation active

des autres pays méditerranéens ;

- légitimité démocratique : associer le parlement européen

et les parlements nationaux au processus décisionnel ;

- coopérations multilatérales à géométrie variable, ouvertes

aux pays et institutions souhaitant travailler ensemble ;

- coopération entre secrétariat de l’UfM, commission

européenne, et autres pays méditerranéens : clarification

au plan institutionnel ;

- meilleure visibilité des activités de l'UfM ;

- dialogue renforcé avec les parties prenantes (autorités

locales et organisations) avec participation au processus

décisionnel des projets.

Page 27: Sahara Green Book

Sahara Green 27

Le Parlement considère également qu’il est essentiel de

renforcer les échanges Sud-Sud car ils ne représentent que 6%

des échanges commerciaux. Or, l'intérêt pour ces pays est de

parvenir à un pôle économique uni, fort et attractif pour les

investisseurs.

Il souligne la nécessité de la création d’une zone de libre

échange Euro-méditerranéenne conforme à l’OMC, et appelle

l'UfM à sélectionner les projets en fonction des besoins socio-

économiques, et de la réduction de l'impact sur l'environnement,

telle que la coopération énergétique, entre autre. Il évoque

l’énorme potentiel des énergies renouvelables, et soutient les

initiatives telles que le Plan Solaire Méditerranéen et les

interconnexions électriques.

Le Parlement rappelle ensuite les objectifs 20-20-20 en matière

de climat (-20% d'émissions, +20% d'économies d'énergie,

+20% d'énergies renouvelables pour 2020) qui auront des effets

sur le mix énergétique des pays de l’UE.

Enfin, il souligne la nécessité d'élaborer des politiques

industrielles visant les économies d'échelle, tout en soutenant

les PME et en renforçant les secteurs à haute technologie.

Page 28: Sahara Green Book

Sahara Green 28

Tous ces objectifs convergent vers la Coopération

Transméditerranéenne Industrielle en matière d’électricité verte.

Mais ils ne tiennent pas compte des contraintes géopolitiques

extérieures à intégrer dans les stratégies d’intégration de

l’espace euro-méditerranéen.

François Scheer 21 a déclaré, au Forum Mondial du

développement durable, qui s’est déroulé les 27 et 28 juin 2011,

à l’Ecole Militaire de Paris : «Aucune des entreprises impériales

qui ont tenté de rassembler les peuples méditerranéens, n’est

venue à bout des divisions qui aujourd’hui encore, demeurent

comme autant de lignes de fracture entre ces peuples. Et

pourtant, sans une Méditerranée rassemblée, aucun de ces

peuples ne peut prétendre relever la somme des défis qui les

assaillent en ce début de 21ème siècle. Pour la première fois dans

l’histoire de l’espace méditerranéen, une évidente communauté

d’intérêts entre les rives de cet espace peut conduire à la mise

place de partenariats librement consentis, qui seuls

permettraient à l’Europe, à l’Afrique et au Moyen-Orient de ne

pas perdre pied dans un monde multipolaire dont le centre de

gravité s’est déplacé dans le Pacifique. Encore faut-il ne pas

trop tarder du côté européen, car à la faveur de la

21 Interview réalisée dans le cadre de l’élaboration de ce livre : François Scheer

(Ambassadeur de France, Conseiller d’Areva)

Page 29: Sahara Green Book

Sahara Green 29

mondialisation, d’autres partenaires se pressent aujourd’hui

dans cet espace pour contrecarrer les ambitions européennes.»

L’espace méditerranéen, est-il donc une zone où les puissances

qui prétendent avoir une influence mondiale se côtoient,

s’épient et se concurrencent ?

Durant ce forum, Denis Simmoneau 22 a dressé un vaste tableau

de ces différentes influences, et Mohammed Tawfik Mouline 23

a souligné la présence croissante des pays émergents. Durant

cette conférence, plusieurs personnalités et professeurs émérites

sont intervenus, et nous avons pu retenir comme marquantes, les

quatre influences suivantes.

La Turquie a une forte ambition régionale, en laquelle certains

voient poindre un impérialisme néo-ottoman, alors que d’autres

y voient un allier de poids et reconnaissent que sa volonté

d’influence bénéficie d’atouts majeurs : son identité

musulmane, sa force militaire, ses talents d’exportateur, son

ouverture à la modernité, des institutions démocratiques

susceptibles de séduire les jeunes africains épris de changement.

22 Denis Simonneau. Conseiller diplomatique, membre du comité exécutif de GDF-

SUEZ, directeur des relations européennes et internationales. Forum Mondial du

développement durable, 28 Juin 2011, Paris. 23 Mohamed Tawfik Mouline, Directeur général de l’IRES. Forum mondial du

développement durable, 28 Juin 2011, Paris

Page 30: Sahara Green Book

Sahara Green 30

La Turquie peut être un acteur essentiel de la coopération nord-

sud et pour l’UE, un allié de premier plan dans la création d’une

«macrorégion de la Méditerranée». Celle-ci, évoquée par

l’Amiral Jacques Lanxade24, semble très pertinente, à condition

qu’elle puisse aboutir rapidement.

La Chine développe sa présence dans la zone, car les ressources

naturelles du continent africain lui sont vitales. Bien que Jean-

Claude Lévy25 ait relativisé son influence actuelle, il n’en

demeure pas moins que ses atouts sont importants :

«l’exceptionnelle qualité de sa diaspora et le fait que, faute d’un

passé historique commun, elle ne suscite aucun ressentiment

dans les sociétés africaines». Il faut cependant noter que la

Chine, par son aptitude à produire à faible coût, peut constituer

un concurrent redoutable pour l’industrie africaine naissante.

Les Etats-Unis apprennent fort bien à maîtriser leur arrogance et

ils réévaluent leurs intérêts dans la zone, mais leur présence

maritime reste porteuse d’une force militaire considérable.

24 Amiral Jacques Lanxade, Président de la fondation méditerranéenne d’études

stratégiques. Forum mondial du développement durable, 28 Juin 2011, Paris 25 Jean-Claude LEVY, conseiller spécial auprès du délégué pour laction extérieure des

collectivités locales, MAEE. Forum mondial du développement durable, 28 Juin

2011, Paris.

Page 31: Sahara Green Book

Sahara Green 31

La France, compte tenu de son passé et aussi du lien

exceptionnel que constitue la francophonie, se sent très

concernée par le maintien de la stabilité sur une partie du

continent africain. Elle ne s’interdit pas les interventions

militaires, et les risques d’enlisement des conflits existent, ce

qui pourrait aggraver le ressentiment anticolonialiste des

populations.

A ces analyses extraites des discours de spécialistes reconnus,

nous ajouterons l’Allemagne, première puissance économique

de l’espace euro-méditerranéen, et qui a du mal à trouver sa

place, entre, d’une part les pays de l’Est, dont elle doit supporter

le poids du développement, et d’autre part, la Méditerranée dont

elle n’est pas riveraine, mais en laquelle elle voit un espace

prometteur. Elle refuse donc toute construction méditerranéenne

sans elle, et a mis son véto contre la création d’une Union

Méditerranéenne composée uniquement des pays du bassin

méditerranéen, ce qui a conduit à la création d’une union de

projets plutôt qu’une véritable Union. L’Allemagne, a ensuite

saisit l’occasion de multiplier les projets de coopération avec les

pays du Moyen Orient et du Nord de l’Afrique, tels que le projet

DESERTEC par exemple.

Cette analyse montre l’urgence pour l’UE de réaliser

l’intégration méditerranéenne, préalable à la mise en place

Page 32: Sahara Green Book

Sahara Green 32

efficace d’une politique de développement durable visant à

promouvoir une «économie verte» en Méditerranée. Et pour

aider à définir une politique efficace, il est nécessaire de

cartographier le niveau de développement durable en

Méditerranée.

I.3) Analyse de la situation du bassin méditerranéen sur

la voie du Développement Durable

1.3.1) Méthodologie et cadre géographique de l’analyse

Cette analyse nécessite l’étude d’un grand territoire composé

des pays de l’UE, des pays méditerranéens, et de l’Afrique

subsaharienne. Afin de simplifier notre étude, mais sans y

enlever sa substance, nous avons choisi de la focaliser sur un

cadre géographique déjà utilisé pour ce type d’étude, le

«dialogue 5+5»26 composé de cinq pays du nord de la

Méditerranée et cinq du sud, mais que nous élargissons à deux

pays, la Turquie et l’Allemagne, dont l’influence en

Méditerranée est incontestable. Nous appellerons ce cadre

géographique «groupement 6+6», que nous complèterons par

l’Afrique subsaharienne si nécessaire.

26 V E D R I N E H u b e r t , L e c e r c l e d e s é c o n o m i s t e s , 5 + 5 = 3 2 : F e u i l l e

d e r o u t e p o u r u n e U n i o n m é d i t e r r a n é e n n e , P e r r i n , F r a n c e , 2 0 0 7

Page 33: Sahara Green Book

Sahara Green 33

Les enjeux géostratégiques identifiés seront classés en plusieurs

groupes, géopolitique, économique, social, et environnemental,

et seront analysés suivant les trois axes environnement, énergie,

et développement, à travers le prisme des cinq finalités du cadre

de référence français de l’Agenda21 :

- Lutte contre le changement climatique et protection de

l’atmosphère

- Conservation de la biodiversité, protection des milieux et des

ressources

- Cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre

générations

- Epanouissement de tous les êtres humains

- Développement suivant des modes de production et de

consommation responsables.

La déclinaison opérationnelle de ces finalités vise à une

amélioration continue des territoires à long terme et s’appuie sur

l’adaptativité des choix de développement et la solidarité.

L’analyse du contexte du développement durable en

Méditerranée sous l’angle de l’Agenda21, nous apporte ainsi un

regard selon une approche territoriale. Mais afin d’éclaircir sa

grille de lecture, elle se fera selon trois axes traduisant la

«qualité du développement humain», l’ «insécurité

économique», et la «menace du dépassement écologique».

Page 34: Sahara Green Book

Sahara Green 34

Mahbub Ul Haq (1934-1998), fondateur du rapport mondial sur

le développement humain, disait : «L’objectif du

développement est de créer un environnement favorisant

l’épanouissement pour que les gens puissent jouir d’une vie

longue, saine et créative. Mais traduire dans les faits ces

objectifs exige que le progrès soit équitable et bénéficie à tous,

en s’assurant que les succès du présent ne sont pas acquis au

détriment des générations futures».

Les douze pays de notre cadre géographique, seront donc

comparés sur plusieurs composantes clés du bien être et de la

préservation de l’écosystème à travers les indices de

Développement Humain (IDH) et de l’Empreinte Ecologique, et

leurs composantes telle que l’autonomisation, la vulnérabilité, la

soutenabilité et la durabilité, entre autre.

1.3.2) Etude comparative basée sur le Développement Humain

Deux finalités de l’Agenda21 français, «cohésion sociale et

solidarité entre territoires et entre générations», et

«épanouissement de tous les êtres humains», transparaissent

dans l’indice de développement humain IDH. Mais, le

développement humain n’est pas seulement affaire de santé,

d’éducation et de revenu. Il implique également l’engagement

actif des citoyens dans le façonnement du développement, de

l’équité et de la soutenabilité. Le graphique ci-dessous que nous

Page 35: Sahara Green Book

Sahara Green 35

avons réalisé à partir de données issues des Nations Unis27 et de

la Banque Mondiale28, montre qu’il existe de fortes disparités

entre les deux rives, mais ne permet pas d’en tirer d’autres

conclusions.

Nous constatons en effet que cet indice met au même niveau la

Turquie et la Tunisie, et place la Libye en bonne position.

D’autre part, selon la Banque Mondiale, approximativement un

quart des pays dans le monde ont un IDH élevé mais une faible

durabilité, et une tendance similaire bien que moins soutenue

concerne les libertés politiques.

Indice Développement Humain Rang

Développement Humain

27 UNDP, « Human Development Reports », <http://hdr.undp.org/en/countries>, 2011 28 The World Bank, « Data », <http://data.worldbank.org/country>, 2011

Page 36: Sahara Green Book

Sahara Green 36

Graphique réalisé à partir de données issues du programme de

l’ONU (PNUD)

L’indice IDH ne permet donc pas à lui seul de faire un

comparatif sur le «développement humain», et il convient donc

d’analyser plusieurs de ses composantes.

Les changements contribuant à l’autonomisation intègrent de

nettes améliorations en matière éducative, qui ont renforcé la

capacité des individus à prendre des choix avertis et à tenir les

gouvernements pour responsables. Cette autonomisation s’est

élargie grâce à la technologie : téléphonie mobile, télévision par

satellite, accès à l’Internet ; ce qui a augmenté la capacité à

exprimer des opinions. Les évènements actuels au Moyen

Orient, en Afrique du Nord, ou en Angleterre semblent le

confirmer.

La crise actuelle, la plus sévère depuis 1928, a révélé la fragilité

de certaines réussites économiques. Le risque d’une dépression

« à deux creux » demeure et un rétablissement complet pourrait

prendre plusieurs années. En témoignent les récentes actualités

sur la dette des états, en particulier celles de la Grèce et des

USA, et qui ont provoqué début Aout 2011, de très violentes

turbulences sur les marchés boursiers.

Page 37: Sahara Green Book

Sahara Green 37

Mais le plus grand défi pour la perpétuation du progrès en

matière de développement humain vient sans doute du manque

de soutenabilité des modes de production et de consommation.

Rendre le développement humain soutenable implique de

réduire le rapport entre croissance économique, émission de gaz

à effet de serre, et consommation de matières premières.

L’analyse des composantes de l’IDH peut donc orienter la

formulation des politiques de développement durable et les

débats qui les entourent.

Selon la Banque Mondiale, toute faiblesse importante d’IDH du

fait de l’inégalité, montre que renforcer les réformes sur l’équité

apporterait des bénéfices. Un indice de pauvreté élevé couplé à

un faible niveau de pauvreté monétaire, révèle qu’il y aurait à

gagner dans l’amélioration des prestations de services publics

de base.

Dans le tableau ci-dessous réalisé dans le cadre de l’élaboration

de ce livre, à partir des données 2010 récupérées auprès du

PNUD9, le volet «durabilité et soutenabilité» est analysé à

travers le «taux d’épargne net ajustée». Pourcentage du Revenu

National Brut, ce taux appelé TENA représente le taux

d'épargne dans une économie, après avoir tenu compte des

investissements en capital humain, de l'épuisement des

ressources naturelles et des dommages dus à la pollution. Un

Page 38: Sahara Green Book

Sahara Green 38

TENA négatif indique que la richesse totale est en baisse et que

l'économie se situe sur une trajectoire de croissance non

soutenable. Plus cet indice est élevé, et plus l’économie est dite

«soutenable».

Le tableau ci-dessous révèle que le peloton de tête des pays

ayant l’économie la plus soutenable est composé de l’Algérie,

suivi du Maroc, puis de l’Allemagne. Le peloton intermédiaire

est composé de l’Espagne, la France, l’Italie, la Turquie, la

Tunisie. Le restant des pays de notre panel se trouvant en queue

de peloton.

On constate également qu’il ne suffit pas d’avoir une économie

soutenable pour être dans le meilleur rang du développement

humain. L’Algérie ayant l’indicateur de soutenabilité le plus

élevé du panel, n’a pas le meilleur rang en terme d’IDH. A

l’inverse, la France est très bien classée en terme de

développement humain, mais se retrouve dans le milieu du

classement pour ce qui est de la soutenabilité de son économie.

Page 39: Sahara Green Book

Sahara Green 39

Page 40: Sahara Green Book

Sahara Green 40

L’indice d’inégalité de genre montre quant à lui, que l’inégalité

homme-femme est plus élevée au Sud qu’au Nord. Les pays du

Sud gagneraient certainement en Développement Humain,

nécessaire à une bonne coopération Nord-Sud, s’ils mettaient en

place des politiques incitant l’amélioration de la place de la

femme dans la société civile et la sphère privée avec pour

objectif une égalité totale entre la femme et l’homme en termes

de droits et devoirs.

Concernant la pauvreté, seuls le Maroc et la Mauritanie sont

mal classés. C’est ce qui contribue certainement à les

positionner dans le peloton de queue du classement IDH.

1.3.3) Etude comparative basée sur la soutenabilité et la durabilité

Il existe un lien intime entre vulnérabilité et soutenabilité.

Dans le contexte du développement humain, la «vulnérabilité»

est associée à la possibilité du déclin : perte d’emploi pour les

individus, catastrophe naturelle pour les communautés, crise

financière pour les pays, en autre.

Quant à la notion de «soutenabilité», elle implique que les

améliorations du développement humain peuvent être

soutenues. En 1987, la Commission Brundtland définissait le

développement soutenable comme «celui qui répond aux

Page 41: Sahara Green Book

Sahara Green 41

besoins du présent sans compromettre la capacité des

générations futures de répondre aux leurs».

Les finalités suivantes, extraites de l’Agenda21 français,

illustrent la nécessité, dans le bassin méditerranéen et en

Afrique, de lutter contre la vulnérabilité, et de favoriser la

soutenabilité :

- Conservation de la biodiversité, protection des milieux et des

ressources

- Développement suivant des modes de production et de

consommation responsables

- Lutte contre le changement climatique et protection de

l’atmosphère

Ils montrent la nécessité de mettre en place des choix politico-

économiques forts qui favorisent l’avènement de l’économie

verte.

L’objectif du progrès social et de l’épanouissement de chacun

doit orienter les choix économiques et l’innovation, par la prise

en compte d’une consommation et d’une production moins

polluantes, et moins consommatrices en ressources naturelles.

Par ailleurs, la lutte contre le changement climatique nécessite

de limiter l’augmentation de la température moyenne à 2°C par

rapport à l’ère préindustrielle, ce qui suppose de diviser par

Page 42: Sahara Green Book

Sahara Green 42

deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050

par rapport aux niveaux de 1990.

L’effort doit être collectif, mais les objectifs individuels adaptés

à chaque pays. La décision 406/2009/CE29 du parlement

européen fixe les objectifs des États membres pour la période

2013-2020. Les limites de ces émissions fixées pour 2020, aux

six états européens du «groupement 6+6», par rapport aux

niveaux de 2005, sont : «Allemagne -14%», «Espagne -10%»,

«France -14%», «Italie - 13%», «Malte +5%», «Portugal

+1% ».

Prévenir les effets du réchauffement orientera les choix de

développement territorial et obligera à prendre des mesures

d’adaptation dans tous les domaines, notamment celui de

l’énergie.

Afin de traiter ces notions de vulnérabilité et de soutenabilité,

cette étude comparative se focalisera sur l’ «insécurité

économique» et le «dépassement écologique».

29 Journal officiel de l’UE, « Limitation des émissions de CO2 des pays de l’UE », <

http://eur-

lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:140:0136:0148:FR:PDF >,

2009

Page 43: Sahara Green Book

Sahara Green 43

Insécurité économique

La production mondiale continue d’augmenter par rapport au

niveau d’avant crise. Les estimations du PNUD indiquent

également que l’espérance de vie et la scolarisation continuent

d’augmenter, résultant en un IDH mondial qui s’améliore et

atteint 0,68 en 2010, soit 2% de plus qu’en 2007. Cependant,

dans le Nord, l’IDH n’a que légèrement augmenté, les chutes

importantes des revenus ayant fait contrepoids aux gains en

matière de santé et d’éducation.

Dans le même temps, la crise a propulsé la réglementation des

marchés sur le devant de la scène et soulevé des questions

d’importance majeure concernant la soutenabilité du boom

économique des années 2000. Et l’UE peine à réformer le

système financier. Les USA ont bien règlementé les contrats

dérivés qui furent à l’origine de la crise, et l’Allemagne a

interdit les ventes à découvert. Mais cela n’a pas empêché le

retour de la crise durant l’été 2011, et la destruction d’emplois,

ce qui représente pour le plus grand nombre l’un des

événements les plus importants pouvant nuire à leur

développement humain.

Ainsi, toute analyse de la vulnérabilité devrait-elle examiner

attentivement l’insécurité de l’emploi et les sources d’instabilité

économique.

Page 44: Sahara Green Book

Sahara Green 44

Le chômage s’est donc brutalement aggravé, et la hausse des

prix des denrées de base a entrainé bien des familles dans la

pauvreté ; plusieurs millions d'individus se sont retrouvés au

dessous du seuil de pauvreté de 1,25 $ par jour. En 2010, le

chômage a atteint une moyenne de 9% dans les pays

développés, avec une pointe de 20% en Espagne.

Par ailleurs, la reprise amorcée en 2010, est loin d’être garantie :

le risque d’une récession en deux temps est d’actualité, et une

reprise totale pourrait prendre plusieurs années. La rechute des

marchés boursiers début août 2011 est là pour nous le rappeler.

La dégradation de la note Américaine dont la dette n’est plus

cotée AAA par Standards & Poors, la crise de la dette Grecque,

et les graves émeutes en Angleterre ne rassurent pas non plus.

Ceci met en évidence l’importance du niveau de dettes

(publique et privée) d’un Pays dans le volet économique du

développement durable. Comment un Pays, peut-il œuvrer en

faveur d’un développement économique équitable et soutenable,

s’il laisse aux générations futures le soin de rembourser les

dettes actuelles ?

Des interventions politiques imaginatives et d’énormes stimuli

financiers dans de nombreux pays, alliés à une coordination

mondiale rapide, ont permis d’éviter temporairement une crise

de plus grande ampleur, mais nous sommes aujourd’hui à un

tournant, car les marges de manœuvre des états et des banques

Page 45: Sahara Green Book

Sahara Green 45

centrales se sont considérablement réduites. Et il sera de plus en

plus difficile d’assurer un avenir aux futures générations si les

états ne baissent pas drastiquement leurs déficits.

Quelques pays ont réussi à s’imposer une gestion responsable

des deniers publics. On peut citer un pays européen, la Suède, et

un pays du sud de la Méditerranée, l’Algérie. Ce pays a eu

l’audace et l’intelligence de se débarrasser de sa dette, et se

retrouve aujourd’hui dans la petite liste des pays très faiblement

endettés. Mais ceci est dû à ses ressources en hydrocarbures qui

ont fortement augmenté, et aujourd’hui, sa balance commerciale

penche dangereusement du mauvais côté, à cause de son

économie basée essentiellement sur le pétrole et le gaz. Faute de

relais, l’Algérie importe une énorme partie des biens

consommés par ses citoyens. Il s’agit donc bien d’une économie

non soutenable, et l’Algérie, autant que ses voisins, a besoin de

favoriser le développement d’une économie diversifiée et

propre.

L’économie verte en Méditerranée par l’inclusion des principes

du développement durable s’avère donc vital, non seulement

pour l’aspect environnemental, mais également pour les volets

économique et social.

Notre sondage (voire figure du chap. I.1) révèle par ailleurs que

près de la moitié des personnes interrogées estiment que l’enjeu

le plus important est celui de l’économie et de l’emploi. Ces

Page 46: Sahara Green Book

Sahara Green 46

préoccupations au sujet de la sécurité de l’emploi ont bien incité

la plupart des gouvernements à se pencher sur la question, mais

la couverture et les prestations sociales sont souvent partielles et

inadéquates. En l’absence de protection sociale, les individus

qui perdent leur emploi doivent intégrer l’économie informelle,

où les salaires sont inférieurs et la vulnérabilité accrue, tel que

nous pouvons le constater dans le bassin Méditerranéen.

Les effets des crises sur le développement humain vont

évidemment plus loin que les revenus. Les familles pauvres

peuvent décider de déscolariser leurs enfants, au détriment des

débouchés futurs. Les crises économiques font augmenter la

mortalité et la malnutrition infantiles, les retards de croissance

entraînant des coûts très élevés sur le long terme. Les

estimations suggèrent qu’en Afrique, au moins 50.000 enfants

mourront à cause de la crise financière récente, notamment dans

la corne de l’Afrique. Les effets néfastes peuvent s’étendre à

des hausses du nombre d’enfants des rues, des taux de suicide et

de criminalité, des abus et violences domestiques, ainsi que des

tensions ethniques.

Tandis que certains pays en développement, qui disposent

aujourd’hui d’une plus grande marge de manœuvre, ont cette

fois protégé leurs budgets sociaux, d’autres pays d’Afrique

subsaharienne voient leur pouvoir d’achat diminuer d’un tiers.

Page 47: Sahara Green Book

Sahara Green 47

Et alors que les USA30 et la Chine31 (120 milliards USD

d’échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique

subsaharienne en 2010) investissent en Afrique, l’Europe reste

en retard.

Car, même si la croissance des pays africains n’est pas aussi

importante que celles de la Chine ou de l’Inde, elle reste quand

même plus enviable que celle des pays de l’UE.

Et, c’est dans l’Afrique (Afrique du Nord et Afrique

Subsaharienne), plus proche et accessible que l’Asie, et

possédant une grande partie des ressources de la planète, qu’il

faut aller chercher la croissance future de l’UE. Le Président du

Groupe de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a clôturé sa

tournée africaine en août 2009, en affirmant que «malgré les

difficultés issues de la crise, l’Afrique pouvait connaître un

siècle de croissance et d’opportunités»32.

C’est donc une réelle opportunité pour l’UE, que de promouvoir

le développement durable en Méditerranée et en Afrique, en

30 Interview de Hilary Clinton, RDC, « Investir en Afrique : opportunité de croissance

pour les USA, http://www.laconscience.com », 2011 31 Conjoncture, « Comment la Chine soutient la croissance africaine »,

www.lefigaro.fr, 2011 32 ZOELLICK R., Président de la Banque mondiale, « Un siècle de croissance et

d’opportunités en perspective pour l’Afrique », <http://web.worldbank.org>, 2011.

Page 48: Sahara Green Book

Sahara Green 48

investissant dans l’économie verte, ce qui serait une réponse à

l’insécurité économique ressentie par les européens.

La menace du « dépassement écologique »

La principale menace qui pèse sur le développement humain

provient de l’insoutenabilité des modes de production et de

consommation. Le lien étroit entre croissance économique,

émissions de gaz à effet de serre (GES), et surconsommation

doit donc être rompu.

Certains pays développés ont commencé à atténuer les pires

effets en élargissant le recyclage et en investissant dans les

transports en commun et les infrastructures. Cependant, la

majorité des pays en développement sont gênés dans leurs

efforts par les coûts élevés de l’énergie propre.

Les pays développés du nord de la Méditerranée doivent donc

donner l’exemple en matière de découplage et soutenir la

transition des pays du sud vers un développement humain

soutenable.

Les premiers travaux du PNUD traitaient habituellement des

menaces environnementales, et se sont penchés plus récemment

sur le changement climatique et la pénurie d’eau. Des études ont

abordé ces problèmes, certaines d’un point de vue international

(le changement climatique) et d’autres d’importance locale

Page 49: Sahara Green Book

Sahara Green 49

(l’énergie et les ressources d’eau). Cependant, un des défis de la

soutenabilité, celui de l’utilisation des ressources et de leur

répartition mérite une attention particulière face aux menaces

courantes.

Comment aborder les divergences observées entre les hausses

de l’IDH et les indicateurs environnementaux ? Comment les

prescriptions stratégiques pour l’économie verte peuvent-elles

prendre en compte développement durable et redistribution ?

Une partie de la difficulté en ce qui concerne la soutenabilité au

niveau mondial et national réside dans la notion de mesure.

Certains analystes préconisent une mesure exhaustive de la

soutenabilité, qui détermine si l’économie appauvrit à la fois les

actifs naturels et les actifs matériels, tandis que d’autres

préconisent de séparer la soutenabilité environnementale

d’autres types de soutenabilité. Ils sont donc en désaccord sur la

question de savoir si une accumulation d’actifs matériels peut

compenser la dégradation de l'environnement.

Le taux d’épargne net ajusté (TENA) de la Banque mondiale

repose sur une mesure du capital synthétisant tous types

d’actifs, partant du principe qu’ils peuvent se substituer les uns

aux autres. Tandis que les empreintes carbone et écologique du

Global Footprint Network et l’indice de soutenabilité

Page 50: Sahara Green Book

Sahara Green 50

environnementale de l’Université de Yale33 se concentrent

uniquement sur l’environnement, mais montrent néanmoins que

le monde est devenu moins soutenable.

De 1970 à 2008, le TENA mondial a chuté de moitié, de 19%

du RNB à 7%, tandis que les émissions de CO2 ont doublé. La

situation pose des défis énormes, et il est impératif que les pays

à faible IDH atteignent des niveaux de croissance et des revenus

convenables, mais la croissance verte dépendra avant tout de la

richesse des idées et des innovations technologiques.

Notre étude comparative, sur l’origine des effets anthropiques,

utilise également «l'empreinte écologique», qui comptabilise la

demande exercée par les hommes envers les «services fournis

par la nature». Cet indicateur mesure les surfaces de terre et

d´eau biologiquement productives, nécessaires pour produire les

ressources de consommation et pour absorber les déchets

générés. Il s´efforce ainsi de répondre à une question

scientifique précise, et non à tous les aspects de la durabilité, ni

à toutes les préoccupations environnementales ; il part de

l'hypothèse que la capacité de régénération de la Terre pourrait

33 Yale & Columbia Universities, « Environmental Sustainability Index »,

http://www.yale.edu/esi/ESI2005_Main_Report.pdf, 2011

Page 51: Sahara Green Book

Sahara Green 51

être le facteur limitant pour le développement humain, en cas de

surexploitation de ce que la biosphère est capable de renouveler.

Tel que souligné au chapitre 1.2, nous vivons dans un monde

fini où la population croît, et plus l’empreinte anthropique est

large, plus on s’éloigne de l’optimum de soutenabilité et de

durabilité du développement. Cet écart, le «dépassement

écologique», signifie que l´on déprécie du capital naturel (en

puisant dans les stocks plutôt que dans le surplus généré), ou

que l´on accumule des déchets dans l´environnement (plus que

ce que la nature peut assimiler).

Il peut être évalué en soustrayant la «biocapacité» de

l’ «empreinte écologique», à partir du tableau ci-dessous, réalisé

dans le cadre de l’élaboration de ce livre, à partir de données

issue de la banque mondiale, de l’ONU, et du « footprint

network »34.

Le tableau qui suit montre ainsi une partie des indicateurs

utilisés pour cette étude, destinée à fournir une réponse à la

question « Les pays Méditerranéens progressent-ils sur la voie

du développement durable ? ».

34

Footprint Network, « Ecological Footprint Atlas »,

<http://www.footprintnetwork.org/images/uploads/Ecological_Footprint_Atlas_200

9.pdf, 2011

Page 52: Sahara Green Book

Sahara Green 52

Page 53: Sahara Green Book

Sahara Green 53

I.4) Résultats de l’étude. Vers quels partenariats durables ?

En analysant la problématique du développement durable en

Méditerranée, à partir des bases de données du PNUD, du

Gobal Footprint Network, de la Banque Mondiale, de FAO-

Aquastat, et de United Nations Statistical Division, cette étude

permettra également de répondre à la question «Vers quels

partenariats durables ?». Pour faciliter la lisibilité des résultats

ceux-ci sont présentés sous la forme de réponse aux questions

ci-dessous.

Progrès des pays méditerranéens sur la voie du développement

durable ?

Les trajectoires des pays méditerranéens selon les axes

socioéconomique et environnemental représentés par l’IDH et

l’EE (empreinte écologique), sont habituellement analysées en

prenant comme hypothèse que la situation d’un pays est

compatible avec le développement durable si son IDH est

supérieur à 0,8 et que son EE est inférieure à la moyenne

globale de la «biocapacité disponible par habitant» de 1,8

hectare.

En 2007, aucun pays méditerranéens n’est en situation de

développement durable. Seul l’EE du Maroc est inférieure à 1,8.

Et de 2000 à 2007, tous les pays augmentent leur EE, excepté

Malte. Deux groupes de pays de notre panel se distinguent et

correspondent à la classification des pays utilisée par la Banque

Page 54: Sahara Green Book

Sahara Green 54

Mondiale :

- PSEM (pays Sud et Est de la Méditerranée) : revenu

intermédiaire (RNB par habitant en 2007 de 936 à 11 455

USD) avec IDH et EE faibles, mais avec IDH qui

s’améliore ;

- pays de l’UE : revenu élevé (RNB ≥ 11 456 USD en

2007) avec IDH et EE élevés.

Le défi des PSEM sera donc de poursuivre leur développement

économique en accroissant leur IDH sans augmenter l’EE,

tandis que celui des pays membres de l’UE sera de diminuer

l’EE en maintenant l’IDH à un niveau élevé.

Les écarts des revenus entre le Sud et le Nord de la

Méditerranée se réduisent-ils ?

En 2009, le revenu annuel moyen par habitant dans les PSEM

(8000 USD) est 3,5 fois inférieur à celui de l’UE, qui représente

plus de 68 % du Produit Intérieur Brut (PIB) méditerranéen.

Bien que les taux de croissance du PIB dans les PSEM sont

supérieurs à ceux des pays méditerranéens de l’UE, ils restent

faibles au regard de leur croissance démographique. La part du

PIB de la Méditerranée dans le PIB mondial a enregistré un

léger recul en l’espace de 15 ans, passant de 13,5 % en 1990 à

11,5 % en 2009. Or dans le même temps, la population de la

Méditerranée a gardé une part constante dans la population

mondiale (autour de 7%).

Page 55: Sahara Green Book

Sahara Green 55

Le bien être social progresse t-il autant en Méditerranée que

dans le reste du monde ?

En Méditerranée, l’IDH est en constant progrès depuis 1980.

Avec un IDH moyen de 0,734 en 2010, la région

Méditerranéenne se situe au dessus de la moyenne mondiale

(0,624). Cependant, tel que présenté au chapitre I.4.2, de fortes

disparités entre les rives Sud et Nord sont observées.

L’espérance de vie à la naissance présente un écart de plus de

dix ans, entre les deux rives. Les écarts en terme de taux brut de

scolarisation combiné sont de l’ordre de 35%.

Quel est l’impact des activités humaines sur l’environnement ?

Tous les pays méditerranéens de notre panel enregistrent un

déficit écologique en 2007, excepté la Mauritanie. Le capital

environnemental de la région est dépensé plus vite qu’il ne se

renouvelle (2.5 pour la région méditerranéenne vs 1.5 planète).

De 1995 à 2007, l’EE a diminué à Malte, et depuis 2000 en

France. En 2007, l’EE globale des pays méditerranéens a atteint

1,5 milliards d’hectares globaux (gha) soit près de 8,4% de l’EE

mondiale alors que la population méditerranéenne est de 7 % de

la population mondiale. L’EE méditerranéenne (3,3 gha/hab) est

donc supérieure à l’EE mondiale (2,7 gha/hab). Le Déficit

Ecologique (DE) du bassin méditerranéen (2 gha/hab) est 2 fois

supérieur au DE mondial (0,9 gha/hab). L’EE des pays du Nord

Page 56: Sahara Green Book

Sahara Green 56

(4,5 gha/hab) ainsi que leur DE (2,7 gha/hab), sont très

important, plus de 2 fois celui des PSEM. Les écarts entre les

pays en termes de «DE / unité de PIB» sont alors inversés. La

France consomme 160 gha par millions USD, l’Italie en

consomme 179, et l’Algérie 228.

L’efficience d’utilisation de l’eau 35, s’améliore t’elle ?

L’efficience totale d’utilisation de l’eau en Méditerranée va de

40-50% (Italie, Tunisie, Turquie) à 60%-70% (Algérie,

Espagne, France, Libye). C’est l’une des plus fortes asymétries

du bassin méditerranéen. Dans certains pays (Maroc, Tunisie,

Italie) l’efficience de l’eau d’irrigation est plus faible que celle

de l’eau potable, alors que c’est l’inverse pour Malte. Pour la

France et l’Espagne, elles sont presque équivalentes. Depuis

1995, la plupart des pays ont apporté des progrès importants en

matière d’efficience, mais il reste du chemin à parcourir.

La demande en eau se modère t-elle ?

La part de l’eau agricole reste importante dans tous les pays,

souvent supérieure à 50 % et atteint près de 90 % au Maroc. Les

quantités d’eau agricole utilisées pour produire 1000 USD de

valeur ajoutée agricole sont d’environ 300 m3 en Tunisie, autour

de 500 m3 au Maroc et 1900 en Libye. Il y a donc de fortes

35 FAO-Aquastat, http://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/indexfra.stm, 2011

Page 57: Sahara Green Book

Sahara Green 57

disparités au Sud. La demande en eau potable par habitant

couvre un large éventail, d’environ 40 m3/an/hab (100

litres/jour) au Maroc et en Tunisie à près de 140 (400 litres/jour)

en Italie. Cela montre qu’il est difficile de découpler la

croissance du PIB et la consommation d’eau.

Les pressions sur les ressources en eau naturelles

renouvelables diminuent-elles ?

Les pays méditerranéens peuvent se classer selon l’indice

d’exploitation (pression de la consommation sur la quantité

renouvelable en eau) en trois groupes :

1- très forte tension (prélèvements > volume renouvelable

de l’eau) : Malte, Libye ;

2- forte tension (prélèvements < volume renouvelable),

mais avec indice d’exploitation supérieur à 25% :

Tunisie, Maroc, Algérie, Espagne ;

3- tension moyenne : indice d’exploitation < 25% : Italie,

Turquie, France.

La situation au regard des ressources disponibles par habitant

est légèrement différente :

1- pays en situation de pénurie : ressource annuelle < 500

m3/hab : Malte (80 m3/hab), Libye, Algérie et Tunisie

(400 m3/hab).

2- pays pauvres en eau : ressource annuelle entre 500 et

1000 m3/hab : Maroc (700).

Page 58: Sahara Green Book

Sahara Green 58

3- pays considérés comme riches en eau : ressource

annuelle > 1000 m3/hab.

L’accès à l’eau potable augmente-t-il ? 36

La proportion de la population disposant d’un accès durable à

une source d’eau améliorée est de plus de 80% dans la majorité

des pays méditerranéens en 2008. Les pays de l’UE, ont déjà

atteint un taux d’accès à l’eau potable égal à 100 %. Dans les

zones rurales, plus de 23 millions de méditerranéens (du sud),

n’ont pas accès à l’eau potable en 2008. De 1990 à 2008, le

Maroc, la Tunisie, et la Turquie affichent des progrès

encourageants, mais pas l’Algérie. L’accès à l’eau potable en

zone urbaine se situe à un niveau élevé, plus de 97 %, dans la

plupart des pays. Il se situe entre 85% et 95 % en Algérie.

L’accès à l’eau potable dans les PSEM (93 %) est supérieur à la

moyenne mondiale. C’est également le cas pour l’accès en zone

urbaine (96 %) et en zone rurale (88%).

Progresse t-on dans l'utilisation rationnelle de l’énergie ?

Alors qu’un début de découplage partiel entre consommation

d’énergie et développement économique est observable au

niveau mondial et européen (depuis 2000, la croissance de la

consommation d’énergie est 2 fois moins rapide que celle du 36 United Nations Statistical Division, « The Millennium Indicators Database ».

http://mdgs.un.org/unsd/mdg/Data.aspx, 2011

Page 59: Sahara Green Book

Sahara Green 59

PIB), ce n’est pas le cas en Méditerranée où l’on observe plutôt

une parité, notamment dans le sud. L’ «intensité énergétique»

(IE) en 2008 des pays méditerranéens (135 kep/1000 USD) est

supérieure au niveau moyen européen (123), et en dessous du

niveau mondial (183). Mais les disparités entre les pays restent

importantes, même à niveau de revenu équivalent. Ainsi l’IE en

Tunisie atteint 150, tandis qu’elle est inférieure à 100 à Malte.

Dans les pays à très forte consommation (rive Nord), les gains

en IE, s’ils sont suffisants, pourraient aussi se traduire par un

ralentissement de la croissance de la consommation d’énergie

par habitant. Celle-ci est encore très importante dans les pays

méditerranéens de l’UE (3550 kep/hab) et atteint même 4280 en

France. La consommation d’énergie dans les PSEM est

inférieure à 1500 kep/hab (Moyenne mondiale 1800) mais les

taux de croissance sont très différents selon les pays.

La part des énergies renouvelables progresse t-elle ?

La part des énergies renouvelables (ER) dans le Mix

énergétique des pays méditerranéens ne progresse pas depuis

2000 (3,2% des approvisionnements totaux en énergie).

Néanmoins, la production d’énergie renouvelable progresse en

volume. La part des ER en Méditerranée, hors hydraulique et

géothermie, est de 21 %. Dans les PSEM, elle est de 23 %.

Depuis 1995, les ER connaissent une croissance de +2,2% / an

en Méditerranée, légèrement supérieure à celle des

Page 60: Sahara Green Book

Sahara Green 60

approvisionnements en énergie primaire (+2%). Les ER (hors

hydroélectricité et biomasse) connaissent une très forte

progression (+7,9 %). La part du charbon se maintient, celle du

nucléaire se stabilise et celle du gaz progresse fortement. En

2008, ces ressources dominent l’approvisionnement énergétique

en Méditerranée : 72 % de la consommation au Nord (hors

électricité nucléaire : 20%) et 95% dans les PSEM.

Les pays méditerranéens maîtrisent-ils leurs émissions de CO2 ?

Les émissions de CO2 issues des combustibles continuent

d’augmenter. La croissance des émissions de CO2 due à

l’énergie entre 1990 et 2007 est supérieure aux objectifs

nationaux des pays de l’UE, excepté en France où elles ont

baissé. Elles ont doublé en Turquie et au Maroc.

En 2007, un méditerranéen émet 5 tonnes de CO2/an, peu plus

que la moyenne mondiale (4,5 tonnes), mais 2 fois moins qu’un

habitant de l’UE (8) et 4 fois moins qu’un américain (19).

Coopération: l’aide publique au développement est-elle à la

hauteur des enjeux ?

L’aide publique au développement (APD) en Méditerranée est

essentielle pour atteindre les objectifs de développement

durable du millénaire. Le Maroc, la Turquie et l’Egypte ont reçu

en 2009 les 2/3 de l’APD à destination des pays méditerranéens.

Page 61: Sahara Green Book

Sahara Green 61

La solidarité euro-méditerranéenne est-elle à la hauteur des

défis du Sud ?

En 2009, l’UE et ses pays membres sont encore les plus

importants donateurs internationaux, fournissant 60% de l’aide

totale. Les pays méditerranéens ont reçu en 2009 1,7 milliards €

de l’UE. Les montants par tête reçus dans les PSEM (6 €) sont

trois fois inférieurs à ceux reçus par les habitants des pays des

Balkans (18€). La part des financements de la catégorie

«Infrastructures et services sociaux» est de 50%.

Les PME, peuvent-elles bénéficier de crédits pour financer

leurs investissements ?

Dans les PSEM, le secteur public accapare une grande partie du

crédit domestique. Depuis 1995, Le crédit domestique alloué au

secteur privé est en augmentation dans la plupart des pays

méditerranéens de notre panel, excepté en Tunisie et en Libye.

La part des crédits bancaires alloués au secteur privé en 2009

est faible en Libye (11%) et en Tunisie (68%). En 2009, le

crédit domestique alloué au secteur privé est supérieur au PIB

dans 5 pays, atteignant 316% à Malte et 212% en Espagne. En

2009, le crédit domestique fourni par le secteur bancaire est

supérieur au PIB dans 7 pays, dont Malte, Espagne, Italie,

France, et Maroc.

Le microcrédit, très répandu en Asie, est encore peu utilisé dans

les pays méditerranéens.

Page 62: Sahara Green Book

Sahara Green 62

L'effort financier pour la Recherche et développement

augmente-il ?

Au niveau mondial, la plupart des pays dépensent entre 0,25%

et 1% de leur PIB en recherche et développement, et 2% dans

l’UE. Ce pourcentage augmente dans tous les pays

méditerranéens, mais reste globalement faible. De 1 à 2 % en

France, Espagne, Italie, Tunisie et moins de 1% dans les autres

pays méditerranéens.

Vers quels partenariats durables ?

Cette étude a permis d’identifier les cas prioritaires, qui

nécessitent un renforcement de la coopération Nord-Sud, et qui

répondent aux enjeux géostratégiques méditerranéens :

- gestion coordonnée des ressources naturelles et de la

protection environnementale : «désalinisation d’eau de

mer»

- énergie et changement climatique : «coopération

transméditerranéenne en matière d’énergie solaire»

- désertification et développement agricole durable :

«désertification et permaculture»

- coopération équitable en faveur du développement

durable à l’échelle territoriale : « transferts de

technologies et partenariats industriels, coopération

scientifique »

Page 63: Sahara Green Book

Sahara Green 63

- relations entre pays méditerranéens et Afrique sub-

saharienne : « l’espace Eurafricain »

Avant d’analyser les chemins qui mènent à la coopération

transméditerranéenne durable, il est nécessaire d’identifier le

moment présent et de comprendre les enjeux immédiats, cerner

les mutations en cours et rendre intelligible cette réalité

apparemment complexe qui semble nous dépasser.

Page 64: Sahara Green Book

Sahara Green 64

II) Les voies de la coopération transméditerranéenne durable et équitable

Les économistes continuent de faire référence aux modèles

d’une époque révolue, inadaptés à la conjoncture actuelle, tel

que le modèle économique libéral élaboré par Adam Smith, et

auquel nous devons renoncer, car nous assistons aujourd’hui à

une mutation technologique comparable à l’invention de la

machine à vapeur dont la révolution industrielle est issue.

Depuis une quarantaine d’années, l’arrivée massive des

«nouvelles technologies» a induit un profond bouleversement

de la société. Certains tentent d’établir un lien entre l’évolution

du chômage de masse et cette mutation, mais la réalité est plus

complexe car si ces innovations étaient mises à la disposition

d’une économie soutenable, ses effets seraient plus bénéfiques

pour le «développement humain».

La révolution numérique, partie intégrante de cette rupture

technologique, a entre autre entraîné un bouleversement

culturel, mais a surtout favorisé la multiplication des échanges

informels. Cette facilité devait amplifier les échanges

économiques et permettre l’essor du bien être, mais a eu pour

effet la globalisation financière et son surdimensionnement par

rapport au reste de l’économie. Il y a un siècle, la part de

l’économie matérielle (produits manufacturés) était de 95 %

Page 65: Sahara Green Book

Sahara Green 65

tandis que la part de l’économie immatérielle (la finance) était

de 5 %. A l’heure actuelle, nous assistons à une inversion totale

de ce rapport.

Nous remarquons donc que la phase de transition de l’ère

industrielle vers l’ère de la mondialisation et de l’immatériel,

n’a pas eu les effets bénéfiques escomptés, et a conduit par

ailleurs à une mutation des «acteurs géopolitiques» et une «crise

des identités». Cette mondialisation, a redistribué les cartes de

la gouvernance mondiale et a donné encore plus d’importance à

quelques organisations multilatérales telles que l’OMC, le FMI,

et l’OCDE qui instaurent une concurrence économique

mondiale entre les pays. Il en a résulté un morcellement

d’anciennes puissances (éclatement de l’URSS, et de la

Yougoslavie) et le développement de firmes globales, dont les

activités couvrent tous les champs économiques.

Aujourd’hui, les USA et la Chine tentent de tirer profit de cette

redistribution. Les Etats-Unis dominent la planète dans tous les

domaines : hégémonie politique et militaire, économique,

scientifique, et culturelle. Demain ce sera probablement au tour

de la Chine.

Parmi ces géants, seuls d’autres grands espaces économiques

pourront s’épanouir. C’est dans ce contexte que l’espace

Page 66: Sahara Green Book

Sahara Green 66

méditerranéen prend tous son sens. Mais quelle identité

fédératrice pour toutes ces populations ? Finalement, un des

phénomènes révélateurs des transformations actuelles est la

crise des identités. Auparavant, les citoyens dans les pays

industrialisés se définissaient par rapport à un groupe social ou

politique, «je suis ouvrier» ou «je suis communiste» ;

aujourd’hui, elles sont de type ethnique ou religieux, voire

même de type tribal «je suis de telle ou telle cité», «je supporte

telle ou telle équipe de foot». Nous assistons donc à la naissance

d’identités provisoires, qui montrent la nécessité d’affirmer une

identité méditerranéenne au delà des identités nationales. La

création d’une Union Méditerranéenne permettra de donner ce

sentiment d’appartenance à un ensemble fort et prospère, et

favorisera ainsi les échanges et la coopération

transméditerranéenne durable.

La construction d’un espace méditerranéen unifié, où

prospèrerait une nouvelle forme d’économie, nécessite avant

tout d’apporter des solutions qui répondent aux enjeux

géostratégiques méditerranéens, et c’est ce que j’ai tenté de

faire dans cette analyse en apportant des pistes de réflexion :

- sur la coopération décentralisée et territoriale ;

- sur la manière de promouvoir des projets

transméditerranéens durables ;

Page 67: Sahara Green Book

Sahara Green 67

- sur les choix technologiques prioritaires qui permettent

de rapprocher les deux rives par l’innovation et le

transfert de technologies.

Le graphique ci-dessous représente le résultat d’une des

questions posées dans le cadre de l’étude de terrain (voire

annexe-1), dont le but est de prendre en compte l’avis des

parties intéressées par la question du développement durable en

Méditerranée.

Ce sondage révèle que 50% des 119 personnes qui ont répondu

à cette question, estiment que plus de coopération territoriale

Page 68: Sahara Green Book

Sahara Green 68

serait bénéfique au développement durable en Méditerranée, et

42% préconisent plus de projets transméditerranéens.

Les parties prenantes estiment donc que la coopération

transméditerranéenne, est une question centrale, mais cela

nécessite des initiatives, outils et méthodes, qui sont présentés

dans ce qui suit. Nous ferons ensuite la transition avec la

troisième partie, en choisissant un cas concret à traiter en

matière de coopération transméditerranéenne Nord-Sud durable.

II.1) L’Union Méditerranéenne, au service d’un

développement durable en Méditerranée

A défaut d’une réelle intégration méditerranéenne, l’originalité

de l’Union Pour la Méditerranée, dont le secrétariat a été créé

en Juillet 2008, est de bâtir une coopération régionale autour de

projets concrets ; les besoins en infrastructures ont été évalués à

200 milliards d'euros par la Banque européenne

d'investissement (BEI).

Lors de la création de l’UfM, les ministres ont examiné deux

cents projets et annoncé le lancement de cinq d'entre eux, pour

un montant d'un milliard d'euros. Cela paraît insuffisant, mais

l’important est que le processus avance. Un de ses projets phare,

le «Plan Solaire Méditerranéen», a un peu avancé en juillet

2011, alors qu’il était en suspend depuis fin 2008.

Page 69: Sahara Green Book

Sahara Green 69

Le chemin de la création d’un « espace méditerranéen » unifié

reste long et difficile, malgré les bénéfices qu’apporterait

l’intégration méditerranéenne, dont le premier serait de sortir

par le haut du processus de Barcelone («dialogue 5+5»). Avec

l’Union Méditerranéenne, le dialogue se poursuivrait dans le

cadre de deux institutions distinctes (Union Européenne et

Union Méditerranéenne), avec l’objectif de les rapprocher par

une zone de coopération économique, technologique,

environnementale, et diplomatique, et atténuera ainsi les

tensions et rivalités entre les pays du bassin méditerranéen

(Grèce-Turquie, Algérie-Maroc, Palestine-Israel).

Une seconde vertu : proposer un rapprochement de type

géographique favorisant l’homogénéité économique et

environnementale, plutôt que selon leurs identités culturelle ou

religieuse. Par exemple, des pays du monde musulman tels que

l’Indonésie et la Malaisie pourraient s’insérer dans un nouvel

ensemble avec la Chine et le Japon ; le Pakistan et le

Bangladesh pourraient réintégrer leur ancien espace de

civilisation avec l’Inde, lequel était d’ailleurs unifié avant sa

partition en 1947. C’est dans cette optique, que les pays du

bassin méditerranéen devraient s’unir pour un destin commun,

quelque soient leurs traditions ou religion principale, et

promouvoir une identité méditerranéenne.

Page 70: Sahara Green Book

Sahara Green 70

Ainsi, à travers ce mécanisme, nous pourrions entrevoir une

troisième opportunité, celle de voir Israël et ses voisins se

reconnaître mutuellement et se respecter, condition d’accès aux

importants et proches marchés européens.

Ensuite, le quatrième bienfait que pourrait apporter cette

« Union méditerranéenne », est la création d’un «précédent»,

pour la réalisation de l’Eurafrique, dont la conclusion serait un

atout stratégique majeur en faveur de l’UE, du bassin

méditerranéen, et de l’Afrique sub-saharienne.

Enfin, nous pouvons souligner également, la nécessaire

coopération transméditerranéenne en faveur du développement

durable en Méditerranée, qui peut être largement facilitée par

une «Union» active sur les réponses à apporter aux enjeux

géostratégiques communs.

Pourtant, malgré ces différents avantages, l’intégration

méditerranéenne stagne et a du mal à émerger de façon

significative, en partie à cause des moyens mis en œuvre, du

véto de l’Allemagne, et de la communication sur ce sujet. Bien

que d’une importance majeure et stratégique, une telle Union ne

suscite aucun enthousiasme de la part des deux rives. Il en va de

même des projets transméditerranéens, qui de part leurs

Page 71: Sahara Green Book

Sahara Green 71

dimensions pharaoniques et extraordinaires devraient au moins

susciter le rêve de la part des populations concernées.

Ce projet d’Union peut paraître également selon les

observateurs, comme une formidable opportunité de stabilité et

de prospérité, ou une occasion d’éloigner la Turquie d’une

candidature à l’UE. Rappelons que si la question maghrébine

est un impératif pour la France, l'entrée de la Turquie dans un

vaste ensemble Euro-méditerranéen semble être hautement

stratégique pour assurer la stabilité de cette région (voire

chapitre I.2).

Enfin, ce sentiment de nécessité d’intégration de l’espace

méditerranéen, a été renforcé par le résultat de notre étude qui a

révélé que 60% des personnes interrogées seraient favorables à

la création d’un espace Euro-méditerranéen (voire graphique du

chapitre II.5).

II.2) Politique de développement durable en Méditerranée :

Nécessité d’un Observatoire Méditerranéen du Développement

Durable ?

Afin d’éviter l’utilisation de politiques «standards» de

développement durable, lesquelles sont vouées à l’échec, il est

nécessaire de poser certaines bases :

Page 72: Sahara Green Book

Sahara Green 72

- identifier les axes d’évaluation des différentes alternatives

possibles (équité, pauvreté, par exemple), en fonction de

l’expérience et des contraintes propres à chaque pays ;

- ne pas sous-estimer l’importance du contexte (économie

politique locale par exemple), et de toutes les parties

prenantes ;

- faire évoluer les politiques mondiales, et leur déclinaison

territoriale, car de nombreux défis et enjeux dépassent la

capacité des seuls États et sont de niveau planétaire.

-

C’est dans cet esprit, qu’a été réalisée cette étude, qui révèle

l’importance d’une organisation chargée de centraliser tous les

tenants et aboutissants de la mise en œuvre d’une économie

verte dans l’espace méditerranéen.

II.2.1) Initiatives actuelles de développement durable en Méditerranée

Les prévisions économiques montrent que le bassin

méditerranéen a tous les atouts pour devenir une économie

avancée, avec un large potentiel d’investissements à la clé.

Cela nécessite un minimum de stabilité d’une part pour que les

pays méditerranéens puissent avancer avec une vision partagée

pour un intérêt commun et une approche proactive du

développement durable, et la volonté de la population à un

respect total de l'environnement méditerranéen dans leurs vies

quotidiennes, d’autre part.

Page 73: Sahara Green Book

Sahara Green 73

L’objectif est non seulement de changer les attitudes mais aussi

de motiver et donner les moyens aux citoyens d’agir en faveur

de l’environnement dans le bassin méditerranéen. L’analyse des

plans d’actions en faveur d’une «économie verte» en

Méditerranée révèle que les initiatives de l’UfM sont restées

longtemps timides face à celles d’organisations plus anciennes

et globales, telles que l’ONU, la Banque Mondiale, ou venant

de l’UE ou des pays du versant Sud de la Méditerranée. Mais la

dynamique des projets de l'UfM reprend.

Initiatives de l’ONU

- « Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement

(PNUE) » : Le PNUE prône la réaffectation de 2% du PIB

mondial (10% des investissements mondiaux), en faveur

d' «investissements verts» dans dix secteurs clés, dont

l’énergie et l‘eau, entre autre.

- « Mediterranean Action Plan (MAP II) » : Ce programme, à

l’origine dédié au contrôle de la pollution marine, s’est

dirigé vers un plan MAP II, intégrant plus de facettes du

Développement Durable, dont le développement socio-

économique durable.

- « Medpartnership » : Cette initiative a pour but de protéger

les côtes méditerranéennes et les eaux territoriales sur le plan

environnemental, et comporte deux lignes directrices : le

Page 74: Sahara Green Book

Sahara Green 74

support technique et législatif de l’UNEP/MAP (projets

régionaux), et le financement des projets par la Banque

Mondiale (Investment Fund / Sustainable MED).

- « UNCCD » : Les NAP (National Action Program) sont

l’une des clés du programme de lutte contre la

désertification, sont renforcées par une approche

participative impliquant les parties prenantes locales à

travers des programmes régionaux RAP et sous-régionaux

SRAP, et proposent des actions en tenant compte des

spécificités écosystémiques locales.

Initiatives de l’OCDE

- Recommandations stratégiques de l'OCDE en mai 2010,

pour une croissance verte : recommandations techniques,

telles que la mise en place de signaux ou instruments de

marché pour faire payer la pollution, ou la mise en place de

nouveaux indicateurs.

Initiatives de l’Union Européenne

- « Europe 2020 » : Présentée en mars 2010, et destinée à

relancer l'économie européenne par la promotion d’une

«économie verte», cette initiative vise à développer une

croissance durable et inclusive. L’accent est mis sur les

technologies vertes et de communication, la lutte contre le

changement climatique, et les questions énergétiques.

Page 75: Sahara Green Book

Sahara Green 75

- « Plan Bleu » : mise en œuvre du « Mediterranean Action

Plan » établit par l’ONU.

Initiative de la Banque Mondiale

- «Sustainable Med» : succède au METAP, pour accélérer la

réduction de la pollution transfrontalière, à améliorer la

gestion des ressources en eau, et à développer des mesures

de conservation de la biodiversité dans les zones sensibles

prioritaires méditerranéennes.

Initiatives de l’Union Pour la Méditerranée

- 7 programmes ont été sélectionnés mi-2008 : Plan Solaire

Méditerranéen (PSM : 20 Gigawatt en 2020), Stratégie pour

l'Eau, Dépollution de la Méditerranée (Horizon 2020),

Autoroutes marines et terrestres, Protection civile, Université

méditerranéenne, Développement des affaires. Sur les 4

programmes d'infrastructures, 252 projets ont été identifiés,

pour un coût total de 38,5 Md€, dont les ¾ ont été affectés à

Horizon2020 et au PSM. L’UE mobilise 0,2 % pour soutenir

ces projets, reste à financer 99,8 %. Une partie des projets

correspond déjà aux plans nationaux de développement des

pays du sud, et donc déjà financés par le Sud, notamment les

plans solaires (voire chap. III).

Page 76: Sahara Green Book

Sahara Green 76

II.2.2) L’ «Union Pour la Méditerranée» visible et accessible aux citoyens des deux rives ?

La commission Barroso a tenté de rendre l’Europe plus lisible et

accessible aux citoyens, et malgré le nombre important de

colloques pour sensibiliser l'opinion aux enjeux européens, elle

ne s’est pas approprié le sujet. C’est le cas de l’UfM (voire

notre sondage ci-dessous).

Le graphique ci-dessus élaboré à partir du sondage réalisé dans

le cadre de l’élaboration de ce livre, montre bien que la

définition de l’UfM n’est pas très connue. L’UfM est bien une

communauté euro-méditerranéenne de partenariat, et pas encore

une Union Méditerranéenne.

Page 77: Sahara Green Book

Sahara Green

L’existence d’un «Observatoire Méditerranéen du

Développement Durable», tel que mentionné au début de ce

chapitre, semble donc nécessaire. Rattaché à une «Union

Méditerranéenne» plus représentative, elle aurait pour mission

de coordonner toutes les initiatives, et serait reconnue par les

méditerranéens comme l’institution qui défend leur bien-être, et

leur environnement.

II.3) Coopération décentralisée et approche territoriale: vers

un Agenda21 méditerranéen ?

La décentralisation a t’elle une place à jouer dans la réponse aux

défis de la Méditerranée ? Quel rôle peut jouer la coopération

entre collectivités des deux rives de la Méditerranée ? Quels

projets concrets de coopération territoriale peut-on privilégier ?

Autant de questions qui mettent l’accent sur la portée de la

coopération territoriale comme appui au développement durable

en Méditerranée.

Face aux enjeux globaux du développement durable et

considérant le rôle majeur des territoires vis-à-vis de ces enjeux,

il est nécessaire de mettre à la disposition des acteurs, réflexions

et outils leur permettant de développer des stratégies et d’en

mesurer les effets.

Page 78: Sahara Green Book

Sahara Green 78

Par ailleurs, tel que décrit au chapitre I.2, si l’Europe souhaite

pouvoir peser sur la scène internationale, elle ne peut ignorer le

bassin méditerranéen. Et la nature multidimensionnelle de ses

enjeux milite pour que soit initiée une mobilisation euro-

méditerranéenne afin de favoriser la convergence d’actions pour

y répondre, et soient développées des coopérations

mobilisatrices car solidaires et mutuellement profitables aux

deux rives de la Méditerranée.

La coopération décentralisée et la promotion de projets

transméditerranéens durables apparaissent donc comme

nécessaires. L’Assemblée des Régions d’Europe (ARE), a

d’ailleurs réalisé une étude37 qui donne un aperçu de la manière

dont la décentralisation et l’application du «principe de

subsidiarité descendante» peut aboutir à une réussite

économique (plus de responsabilités au niveau régional que

national). Elle révèle que la décentralisation a un impact très

positif sur les résultats économiques et la capacité d’innovation

appliquée (R&D) des pays et des régions. Par contre, la

recherche universitaire ou fondamentale aurait tendance à

profiter d’un système plus centralisé. Compte tenu de la

spécificité des pays et des régions examinés dans l’étude, les

37 Assemblée des Régions d’Europe, « De la subsidiarité à la réussite : « l‘impact de la décentralisation sur la croissance économique », <http://www.aer.eu/fileadmin/user_upload/PressComm/Publications/AER_Study_on_decentralisation/Studies/FR-FINAL+cover.pdf>, 2009

Page 79: Sahara Green Book

Sahara Green 79

conclusions semblent indiquer que les résultats économiques

d’un pays peuvent être améliorés grâce à :

- plus d’influence et indépendance des régions, de

compétences et ressources financières ;

- plus de compétences : loisirs, culture, infrastructures,

éducation, recherche, santé.

Les résultats de l’étude de l’ARE indiquent que les

gouvernements nationaux devraient se concentrer sur la

prestation de services qui répondent aux besoins qui dépassent

ceux du territoire et à économies d’échelle substantielles, tout

en définissant une politique générale dans les autres domaines et

en surveillant la conformité. Toutes les autres compétences, à

savoir la prise de décisions (pouvoir législatif) et la mise en

œuvre (pouvoir exécutif), doivent incomber aux autorités

infranationales.

La création d’un Agenda21 méditerranéen, avec déclinaisons

locales, rentre bien dans ce cadre de décentralisation, et de

coopération territoriale, et nous pouvons déjà avancer quelques

pistes de coopération territoriale transméditerranéenne à

privilégier et qui correspondent au sujet de ce livre: «énergies

renouvelables», «accès à l’eau», «lutte contre la désertification

et agriculture en zone aride», «émissions de CO2», «freiner la

montée du niveau de la mer».

Page 80: Sahara Green Book

Sahara Green 80

II.4) La diplomatie d’entreprise et la gouvernance par projet,

au service du développement durable en Méditerranée.

En deux décennies, la mondialisation de l’économie a provoqué

de profonds chamboulements sur le plan diplomatique, au

niveau des relations commerciales et économiques :

- Dialogue avec la société civile : La société civile est passée

de contre-pouvoir au statut de partenaire stratégique de

l’entreprise, ce qui a révélé l’importance des entreprises à

dialoguer avec elle, et à entreprendre des actions et des

politiques qui facilitent des relations plus équilibrées,

estompent les relations conflictuelles, et créent des liens de

confiance.

- Accompagnement des collectivités dans la décentralisation :

Les mouvements de décentralisation confèrent aux

collectivités territoriales un rôle accru dans le processus de

décision publique, d’où l’intérêt des entreprises à créer des

équilibres économiques vertueux qui profitent à tous, en

accompagnant les collectivités dans leur développement.

- Coopération avec les gouvernements : La négociation de

grands contrats, les décisions d’investissement majeur ou

d’implantation dans un pays étranger nécessitent de

dialoguer habilement avec les gouvernements locaux.

Page 81: Sahara Green Book

Sahara Green 81

Les affaires publiques s’imposent donc comme une fonction

stratégique dans la gouvernance d’entreprise. Mais comment

bâtir une politique de relations institutionnelles efficace qui

réponde aux attentes des différentes parties prenantes ?

Comment la pratique de la diplomatie d’entreprise développe-t-

elle la performance des organisations ?

Création de valeur, diplomatie d’entreprise et gouvernance par

projets, tels étaient les maitres mots des personnalités

interrogées, dans le cadre de l’élaboration de ce livre, lors du

Forum Choiseul dédié aux «nouveaux pouvoirs», qui s’est tenu

le 8 juin 2011 au CESE (Conseil Economique, Social, et

Environnemental, au palais d’Iena à Paris), sous le haut

patronage de Jean Pierre Raffarin.

D’entrée de jeu, Jean-Paul DELEVOYE (président du CESE),

Pascal LOROT (président de l’institut Choiseul), et Pierre

LELLOUCH (secrétaire d’Etat au commerce extérieur), ont fixé

le décor en utilisant plusieurs formules visant à alerter : «le

monde est de plus en plus brutal et complexe», «notre modèle

occidental est de plus en plus contesté», « il faut bâtir un

modèle d’intelligence relationnelle pour faire face».

Page 82: Sahara Green Book

Sahara Green 82

Ce modèle d’intelligence relationnelle, passe par la «diplomatie

d’entreprise», dont le but est de faire de la coopération

industrielle un outil stratégique «gagnant/gagnant» d’influence

et de création de valeur, à travers une «gouvernance par

projets».

C’est ce type de stratégie et de gouvernance en matière de

coopération économique, qui a permis à l’ancien Premier

ministre Jean-Pierre Raffarin de relancer la coopération franco-

algérienne en mai 2011, lors d’un forum de deux jours à Alger

réunissant 700 entreprises des deux pays. Nous avons choisi de

traiter cet exemple car il explique bien les atouts de la

diplomatie d’entreprise.

Les affaires reprennent donc entre l’Algérie et la France, sur

fond de pragmatisme économique, et il ne restait plus qu’à

transformer cette reprise en croissance et emplois. Ainsi, deux

gros accords en négociation depuis plusieurs années sont venus

couronner le forum, l’autorisation à AXA d’opérer en Algérie,

et le rachat par Saint-Gobain du leader de la verrerie algérienne.

Signe d'une grande impatience entre les partenaires des deux

pays, 4 500 rendez-vous ont été fixés entre eux, ce qui confirme

l’importance de la «diplomatie d’entreprise» dans la négociation

de gros contrats, dans une optique «gagnant/ gagnant».

Page 83: Sahara Green Book

Sahara Green 83

Dans le cas de cette coopération bilatérale, cette stratégie

permettra aux deux pays de répondre positivement et

équitablement à leurs enjeux respectifs :

- L’Algérie, confrontée à taux de chômage des jeunes de plus

de 20%, s’intéresse aux investisseurs et aux transferts de

technologies. Elle veut créer diversifier son économie pour

réduire sa dépendance vis à vis des hydrocarbures (98 % de

ses recettes actuelles).

- La France souhaite avant tout sécuriser un accès stratégique

aux ressources naturelles, en pétrole et en gaz. Mais la

France, dont 420 filiales d'entreprises opèrent en Algérie, est

le premier investisseur hors hydrocarbures. En 2009, les

échanges commerciaux bilatéraux ont atteint 9 milliards €,

au bénéfice de la France en terme de balance commerciale.

Enfin, les contacts les plus importants et les plus fructueux ont

été enregistrés dans huit filières , dont le BTP, l'agro-

alimentaire, l'équipement industriel et les TIC, ce qui conforte

le rôle bénéfique que peut jouer la «diplomatie d’entreprise»

dans la promotion de projets transméditerranéens.

Des initiatives industrielles de coopération

transméditerranéenne durable commencent à aller dans ce sens,

Page 84: Sahara Green Book

Sahara Green 84

et travaillent en «grappes d’entreprises », telles que Desertec

Industrial Initiative (Allemagne), et MedGrid (France),

exemples intéressant à étudier en matière de «diplomatie

d’entreprise» et de «management du développement durable par

projets» (voire chap. III).

II.5) L’Initiative Citoyenne Européenne au service de

l’intégration méditerranéenne

Que souhaitent vraiment les européens ? Moins d’impôts ?

Moins de dettes ? Plus de partage ? Plus de démocratie ? Plus de

participation à l’orientation de leur destin commun ?

Nous le saurons grâce à la nouvelle initiative européenne ECI

(European Citizen Initiative).

« Il s’agit de prendre ce qui est en dehors du périphérique de

Bruxelles et de lui donner une complète expression

démocratique », a précisé Maros Sefcovic, Commissaire de

l’UE chargé de mettre en place l’initiative ECI38. Il ajoute

«l ‘UE est souvent accusée de complexité et d’éloignement des

citoyens ; favoriser un débat animé transfrontalier sur ce qui est

38 Time Magazine, « Direct Democracy : Citizen Initiatives Come to

Europe »,

<http://www.time.com/time/world/article/0,8599,1978069,00.html>,

2011

Page 85: Sahara Green Book

Sahara Green 85

fait à Bruxelles mènera à une meilleure réglementation, inspirée

par la base.»

L'ECI, Initiative Citoyenne Européenne39, instaurée par le traité

de Lisbonne, est une nouvelle forme de démocratie

participative. Elle permet à compter du 1er avril 2012, à des

citoyens de l’UE, au nombre d'un million au moins et

ressortissants d'un nombre significatif d'États membres,

d'appeler directement la Commission à soumettre une

proposition sur des questions présentant pour eux un intérêt et

relevant des domaines de compétence de l'UE. Il n’y a

cependant pas de restrictions sur la collecte des signatures de la

pétition, qui peut être faite dans la rue, ou sur les réseaux

sociaux. L’ECI pourrait donc être mise au service de l’UfM, en

soumettant une pétition en ligne de type 2.0, en faveur de la

mise en œuvre de l’Union Méditerranéenne et des projets qui

rapprochent les deux rives de la Méditerranée.

Un million de signature peut sembler énorme, mais il ne s’agit

que de 0,2 % de la population. De plus, quand on voit que des

39 Commission Européenne, « Initiative citoyenne européenne »,

http://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/citizens_initiative/index_fr.

htm, 2011

Page 86: Sahara Green Book

Sahara Green 86

stars du showbiz peuvent avoir plus d’un million de «suiveurs»

sur certains réseaux sociaux, cela ne semble pas insurmontable.

Un groupe représentant plusieurs ONG, telle que Greenpace, a

salué cette initiative qui représente un nouveau pas vers

l’augmentation de la participation publique dans la prise de

décisions au sein de l’UE. Tandis que d’autres restent septiques,

tel que Janis Emmanouilidis, analyste chez «the European

Policy Center», qui dit : «Un million de citoyens est un seuil

bas, et cela risque de conduire à une tyrannie des minorités

soutenues par des groupes d’intérêts puissants40 ». D’autres

détracteurs disent que de tels schémas existent en Suisse et en

Californie, et que certaines initiatives échouent par manque de

débat et de participation.

Mais ces critiques semblent défaitistes, et si un ou deux

passionnés arrivent à gérer la collecte d’un million de

signatures, ils prouveraient que ces craintes ne sont pas fondées.

Et si en plus, ces passionnés d’Europe sont aussi passionnés de

Méditerranée, cette initiative permettrait de faire participer les

méditerranéens de l’UE dans la définition de la politique de

40 Time magazine, « Is the European Union Exporting Torture

Devices ? »,

<http://www.time.com/time/world/article/0,8599,1976495,00.html>,

2011

Page 87: Sahara Green Book

Sahara Green 87

développement durable en Méditerranée, d’affirmer leur

appartenance aux deux espaces Europe et Méditerranée, et leur

permettre de sélectionner les projets transméditerranéens qui

présentent le plus d’intérêts pour toutes les parties prenantes,

celles du Nord comme celles du Sud.

En tout cas les résultats ci-dessous du sondage réalisé dans le

cadre de l’élaboration de ce livre (annexe-1), montrent l’intérêt

des citoyens européens sur cette question. Ils révèlent que 71%

des 81 personnes qui ont répondu, souhaitent participer à l’ECI,

notamment pour demander plus de coopération

transméditerranéenne durable, ainsi que l’intégration Euro-

méditerranéenne.

Mais 23% soutiennent cette initiative mais sont contre

l’intégration Euro-méditerranéenne.

Page 88: Sahara Green Book

Sahara Green 88

II.6) « Financement de l’Economie verte méditerranéenne »

vs « Bulle verte » ?

Côté financements des grands projets transméditerranéens, le

Parlement Européen41 demande qu’ils soient garantis par des

montages financiers alliant fonds publics et privés. Les fonds

nécessaires devraient être coordonnés avec les moyens offerts

41 Parlement Européen, « Résolution du 20 mai 2010 sur l'Union pour la Méditerranée

UfM »,

<http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&language=FR&referen

ce=P7-TA-2010-0192>, 2011

Page 89: Sahara Green Book

Sahara Green 89

par la Banque Européenne d’Investissement, et des fonds

d’investissement tels qu’InfraMed, mais on peut regretter

l’absence d’une banque Euro-méditerranéenne de

développement.

Cette institution pourrait structurer les investissements en

direction du bassin méditerranéen, afin de mettre en place une

«économie méditerranéenne verte». Par ailleurs, la nouvelle

donne régionale impose une reconsidération des rapports entre

les deux rives de la Méditerranée qui soient fondés sur un réel

partenariat. Les besoins de la région méditerranéenne en

investissements, infrastructures et emplois sont considérables, et

une telle banque permettrait de passer d’une logique de transfert

de fonds à une logique d’intégration régionale durable.

Mais il faudra également tenir compte des effets de la crise

économique actuelle. Allons nous vers une «révolution

technologique verte», ou une «bulle spéculative verte» ?

Depuis la prise de conscience du réchauffement climatique et du

gaspillage des services rendus par la nature, nous avons assisté à

une véritable ruée vers l’ «or vert». Malheureusement toute ruée

vers la martingale engendre de la spéculation, et au final une

«bulle spéculative» qui ne manquera pas d’éclater, comme cela

a été le cas de la bulle immobilière récente aux USA et en

Espagne, ou de la «bulle internet» des années 2000.

Page 90: Sahara Green Book

Sahara Green 90

Après l’explosion de cette «bulle verte», beaucoup

d’investisseurs auront perdu une grande partie de leurs

économies, mais auront payé le passage de l’ «économie brune»

à l’ «économie verte», comme c’est le cas en général des bulles

spéculatives liées à une rupture technologique.

Mais une crise sans précédent depuis 1928, a enrayé cette belle

«mécanique verte» ; celle-ci se construisait depuis trente ans,

grâce aux experts en «réchauffement climatique» et «ressources

naturelles». Ces sujets sont passés d’inquiétude scientifique à

opportunité commerciale, grâce à la reconnaissance par les

assureurs du fait que le changement climatique est une réalité et

qu’il résulte en grande partie des activités humaines. Cette

reconnaissance a notamment été faite par AIG en 2006

(American International Group). Alors que les agents

d’assurances et conseillés financiers de ces grands groupes

s’apprêtaient sans doute à vendre des «produits financiers

verts», la crise de 2007 a surgit et fait vaciller la plupart de ces

grands financiers.

Nous avons alors assisté à une chute spectaculaire des valeurs

«cleantech», en témoigne les graphiques boursiers ci-dessous

sur les marchés de l’environnement et des énergies

renouvelables, réalisés dans le cadre de l’élaboration de ce livre.

Page 91: Sahara Green Book

Sahara Green 91

Cette crise qui sévit depuis 2007, aura eu raison pour un temps

du financement de l’économie verte qui devait se faire par la

spéculation boursière et l’endettement des états. Il ne reste qu’à

espérer que les dirigeants de la planète sauront sortir le monde

de la crise, et financer cette transition de l’ «économie brune»

vers l’ «économie verte».

Action VEOLIA ENVIRONNEMENT

Action THEOLIA

Page 92: Sahara Green Book

Sahara Green 92

Tracker ISHARES SUSTAINABLE

Tracker POWERSHARE Green Energy

II.7) Coopération Nord-Sud : technologies et développement

durable au delà des frontières

Si la devise «un problème, un impôt» est spontanément

appliquée en France, le paradigme Américain va plutôt à «un

problème, une technologie». Nous utiliserons ce pragmatisme

Page 93: Sahara Green Book

Sahara Green 93

américain pour accompagner notre analyse d’une réponse

technologique à chaque défi.

II.7.1) Quelles opportunités pour le développement durable en Méditerranée ?

95 spécialistes ont répondu la question du choix des réponses

technologiques à apporter pour faire face aux enjeux

méditerranéens. L’histogramme ci-dessous est le résultat de ce

sondage.

Celui-ci montre que 52% sont favorables à une coopération

dans les énergies renouvelables, et les réseaux intelligents, que

28% préconisent la désalinisation de l’eau de mer, et 14% se

sentent concernés par la lutte contre la désertification. Ces

résultats sont certainement dû à la composition des personnes

qui ont répondu au questionnaire ; les méditerranéens du Nord

s’intéressant aux objectifs de réduction des émissions de CO2

de l’UE, tandis que ceux du Sud, aux problèmes que pose la

désertification et le manque d’eau potable.

Ces résultats montrent également que les citoyens du Nord

comme ceux du Sud, ont des difficultés à extrapoler les

bienfaits que pourrait apporter une coopération technico-

économique accrue.

Page 94: Sahara Green Book

Sahara Green

Les migrations peuvent par exemple être causées à court terme

par les technologies du «cyberespace» : télévision par satellite,

téléphonie mobile, internet. Elles apportent un vent de

démocratie au sud, mais apportent également des révolutions

qui entrainent des migrations à court terme, mais stabilité et

liberté à moyen terme, préalable à toute prospérité, et donc à

toute coopération transméditerranéenne profitable et équitable.

L’accès à l’eau potable peut également être utilisée comme

courroie de transmission vers la paix ; c’est ce qu’on appelle

«hydro-diplomatie» au Moyen Orient. Mais quelles sont les

solutions à apporter au stress hydrique ?

Page 95: Sahara Green Book

Sahara Green 95

Cela passe par une gestion plus économe de l’eau à l'échelon

des villes et des territoires. Les technologies disponibles

permettent la réutilisation des eaux usées, selon les usages

souhaités par les autorités locales ; irrigation principalement,

mais il est possible de produire de l'eau potable par le recyclage

des eaux usées. Quant à la mer, elle constitue une ressource en

eau potentiellement inépuisable, dans la mesure où les progrès

technologiques permettent de limiter la consommation d'énergie

et les rejets excessifs de saumure des usines de dessalement. Au

bout du compte si la gestion efficiente de l'eau doit toujours se

concentrer en premier lieu sur les eaux de surface et

souterraines, par la lutte contre le gaspillage et le bon entretien

des réseaux, les voies du dessalement et du recyclage des eaux

usées offrent de belles opportunités.

Cependant, l’accès à l’eau potable pour tous, ne peut être

garantie sans une énergie bon marché. Alors quel MIX

énergétique pour l’espace Euro-méditerranéen ? Quel sera le

rôle des énergies renouvelables dans la croissance du Moyen

Orient, de l’Afrique du Nord, et du Sahel ? Comment les

différentes technologies et initiatives existantes peuvent elles

assurer la transition énergétique sans trop de turbulences, tout

en évitant la prolifération du nucléaire civil ? Le futur appartient

probablement à la «fusion nucléaire» qui peut permettre de

produire directement de l’électricité sans passer par la phase

thermodynamique, sans pollution radiative, avec des centrales

Page 96: Sahara Green Book

Sahara Green 96

de petites tailles. Mais sa mise au point risque de prendre des

décennies. D’ici là, il faut une énergie de transition, propre et

disponible à volonté, et l’énergie solaire semble la plus indiquée

en Afrique du Nord.

Pour compléter notre analyse, Sid Ahmed Ghozali42, ex premier

ministre algérien, nous a livré son analyse lors d’un entretien :

« La possession de ressources naturelles est une bénédiction

qu’il serait souhaitable d’utiliser comme un catalyseur de

développement durable, un puissant levier pour réformer

l’économie, et tenter d’éradiquer le chômage, la pauvreté et

l’injustice. Malheureusement, elle est aujourd’hui exploitée

pour financer les deux tiers du budget de fonctionnement des

Etats producteurs ou leurs importations aux fins de

consommation immédiate. Il devient donc vital d’investir dans

d’autres alternatives. De plus l’Afrique du Nord offre une

opportunité : un territoire immense, 300 millions de personnes

en 2040 avec 600 Milliards € d’échanges commerciaux.»

Parmi les enjeux, la lutte contre la désertification et la sécurité

alimentaire sont étroitement liées. Nous pouvons citer plusieurs

techniques utilisées ou en cours de développement, telles que la

42 Interview réalisée dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr Sid Ahmed

GHOZALI, Consultant, Ex premier ministre Algérien.

Page 97: Sahara Green Book

Sahara Green 97

Permaculture (technique agricole et de verdissage des zones

arides), ou la robotisation.

Mohamed ZAOUI 43, a déclaré lors d’un entretien réalisé dans

le cadre de l’élaboration de ce livre :

«La télédétection par satellite permet de suivre à moindre coût

et à long terme les zones à risque, tandis que la géolocalisation

offre le moyen de déployer des systèmes dans les régions

dépourvues d’infrastructures de communication. Des robots de

petite taille, alimentés en énergie solaire, peuvent assurer une

meilleure protection des sols et de la flore. Une nouvelle

approche basée sur la synergie de ces techniques constitue donc

un facteur d’intégration des régions à faible densité de

population, au sein de la communauté euro-méditerranéenne.

C’est aussi un moyen de réinvestir les territoires désertiques ou

en voie de désertification. »

II.7.2) Cas concrets de projets interrégionaux

Les «Projets méditerranéens de recherche scientifique

interuniversitaire» (MeRSI) ont pour but de renforcer la

recherche et la coopération scientifique du bassin

méditerranéen. Cette action fait l’objet d’un appel d’offres

auquel peuvent candidater les 413 institutions membres de

43 Interview dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr Mohamed ZAOUI,

Responsable r.stepps (Robots nomades de protection écosystèmes et lutte contre

désertification), Collège de France, CNRS.

Page 98: Sahara Green Book

Sahara Green 98

l’Agence Universitaire de la Francophonie, notamment les pays

du sud de la Méditerranée. Ces projets devront être conformes

aux thématiques qui entrent dans le cadre de l’Union pour la

Méditerranée. Parmi les projets industriels en cours, nous

pouvons citer les plus emblématiques et qui concernent le cas

de la coopération énergétique transméditerranéenne : le Plan

Solaire Méditerranéen, DESERTEC, et MedGrid, que nous

présentons dans le prochain chapitre.

Page 99: Sahara Green Book

Sahara Green 99

III) Le cas de la coopération énergétique transméditerranéenne : l’électricité verte

Dans les décennies à venir l’humanité fera face au considérable

défi de composer avec les besoins de la population mondiale

sans cesse croissante. Seule la réduction des asymétries en

termes de « développement humain » aura une chance de

prévenir les conflits potentiels qui tirailleront le futur. Cela

conduira à une énorme augmentation de la demande

énergétique, laquelle ne devra pas être couverte par des énergies

polluantes.

Par ailleurs, le monde ne fait pas face uniquement à des réserves

fossiles limitées, mais également aux risques climatiques et à la

dégradation des sols. Dans une « économie verte» nous pouvons

résoudre ce dilemme en employant les technologies actuelles

pour exploiter l’énorme potentiel d’énergies solaire et éolienne

qu’offre le Sud méditerranéen.

En même temps, les systèmes modernes de transport de

l’électricité et le processus de globalisation, offrent de nouvelles

options de coopération transrégionale avec d’importantes

synergies en terme de développement et de lutte contre le

changement climatique.

Page 100: Sahara Green Book

Sahara Green 100

Des initiatives pour la production d’électricité à partir de

l’énergie solaire du Sahara, ou encore pour la désalinisation

solaire de l’eau de mer existent, mais ne se sont pas mariées

pour faire face à la lutte contre la désertification.

C’est dans ce contexte que ce livre propose un concept qui

permet d’élargir la réponse aux besoins des deux rives, parmi

lesquelles le reverdissage du Sahara et la contribution à la

limitation de la montée du niveau de la mer Méditerranée,

favorisant ainsi une coopération énergétique

transméditerranéenne durable et équitable.

III.1) Avantages et limites des initiatives et plans solaires

actuels

Un pas important dans le sens de la stabilité, de la durabilité, et

de la paix, peut être fait grâce à la coopération énergétique

transméditerranéenne durable. Le nord a besoin du Sud pour

s’approvisionner en énergie, et le fait déjà en ressources

fossiles, mais a également besoin de réduire ses émissions de

gaz à effets de serre.

Et tandis que le Nord voit son pic de demande énergétique

durant l’hiver, le Sud a surtout besoin d’énergie électrique en

été. D’autant plus que l’énergie solaire est plus intense en été

Page 101: Sahara Green Book

Sahara Green 101

pendant que l’énergie éolienne donne tout son potentiel en

hiver.

La complémentarité saisonnière du rayonnement solaire et du

vent, et des besoins énergétiques du Nord face à ceux du Sud,

fait de cette coopération tout son intérêt économique.

Par ailleurs, l’intensité de ces énergies dans le Sud

méditerranéen, les effets d’échelle et l’efficacité des

technologies qui ne cesse d’augmenter, les rend rentable dès

aujourd’hui.

Selon le German Aerospace Center44, le Sahara possède l’un des

plus gigantesque potentiel énergétique mondial. Ce centre de

recherche a estimé que cinq pour cent de sa surface suffirait à

extraire assez de rayonnement solaire en 2009 pour

approvisionner la planète entière en électricité verte (18 000

TWh/an en 2009), ce qui réduirait les émissions de CO2 de 4,7

milliards de tonnes d’ici 2050, soit six fois la production

annuelle de l’Allemagne d’aujourd'hui.

Ces avantages correspondent à ceux des initiatives et plans

solaires actuels, mais ceux-ci n’intègrent pas toute la

potentialité de cette énergie en termes de développement

44 German Aerospace Center, « AQUA-CSP Concentrating Solar Power for Seawater

Desalination », novembre 2007.

Page 102: Sahara Green Book

Sahara Green 102

humain, et de lutte contre le changement climatique et la

désertification.

III.1.1) Coup d'envoi d’un nouveau partenariat énergétique euro-méditerranéen : le Plan Solaire Méditerranéen

Lors de la 5ème conférence ministérielle euro-méditerranéenne

de l'énergie qui s’est tenue à Chypre le 17 décembre 2007,

Andris Piebalgs, membre de la Commission européenne chargé

de l'énergie, a donné le coup d'envoi à un nouveau partenariat

énergétique euro-méditerranéen45. Les ministres et le

commissaire ont approuvé son plan d'action prioritaire 2008-

2013 pour une coopération euro-méditerranéenne dans le

domaine de l'énergie :

- favoriser l'intégration énergétique : harmoniser les marchés

et les législations sur l'énergie ;

- encourager le développement durable dans le secteur de

l'énergie ;

- élaborer des initiatives d'intérêt commun dans des domaines

clés tels que les infrastructures.

Ce coup d’envoi au partenariat énergétique méditerranéen, a été

suivi du lancement du programme « Plan Solaire

45 Europa, «IP/07/1945 : Commissioner Piebalgs launches the new Euro-Mediterranean

energy partnership»,

<http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/07/1945>, 2007.

Page 103: Sahara Green Book

Sahara Green 103

Méditerranéen » 46, projet phare de l’Union Pour la

Méditerranée.

Il vise officiellement à « accroître l'utilisation des énergies

renouvelables et à renforcer l'efficacité énergétique de la région

», permettant ainsi « de limiter les émissions de gaz à effet de

serre et de réduire la vulnérabilité du système énergétique de

chaque pays et de la région dans son ensemble». Il procure

également «des avantages financiers liés aux économies de

CO2».

Le Plan Solaire Méditerranéen (PSM) vise à produire 20 GW

d' «électricité verte» à l'horizon 2020. Ses centrales électriques,

principalement solaires, seraient basées sur les rives Sud et Est

de la Méditerranée.

Une part de l'électricité ainsi produite serait acheminée vers

l'Union Européenne qu'elle alimenterait en partie « afin de

garantir la rentabilité des projets ». L'autre partie serait destinée

à la consommation locale.

En décembre 2009, la Banque Mondiale a déclaré qu'elle

investirait lourdement dans la construction de centrales

46 Interview réalisée dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr Antoine-Tristan

MOCILNIKAR, Responsable Environnement & Développement Durable à la

mission Union Pour La Méditerranée, Présidence de la République.

Page 104: Sahara Green Book

Sahara Green 104

thermodynamiques solaires dans cinq pays du Sud de la

Méditerranée (Algérie, Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie).

Bénéficiant du concours conséquent d'autres investisseurs, le

montant des fonds alloués au renforcement du programme

solaire sur les rives du bassin méditerranéen s'élèverait à plus de

5,5 milliards USD.

Enfin, le PSM a ouvert la voie à plusieurs initiatives

industrielles, et il règne déjà une certaine effervescence autour

du PSM : de multiples évènements naissent en vue de s'y

greffer, telles que Desertec et Medgrid.

III.1.2) Les initiatives industrielles actuelles

L’initiative allemande « Desertec » 47

Le PSM a ouvert la brèche du marché solaire euro-

méditerranéen, et l'un des premiers à s'y être engouffré est le

programme d'initiative allemande Desertec.

Ce projet, initié par le « Club of Rome », et dévoilé par la

fondation DESERTEC en Juillet 2009, est ambitieux : il s'agit

47 Interviews réalisées dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr Oliver

STEINMETZ (Membre du conseil d’administration de la fondation DESERTEC),

et Mr Paul VAN SON (PDG de Dii Gmbh (Desertec Industrial Initiative), Munich).

Page 105: Sahara Green Book

Sahara Green 105

de relier le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Europe via un

gigantesque réseau d'installations éoliennes et de centrales

solaires.

Les responsables de la fondation DESERTEC résument la

situation : «Les déserts de notre planète reçoivent en six heures

plus d'énergie solaire que n'en consomme l'humanité en une

année. Le soleil dispense quotidiennement une quantité

considérable d'énergie qu'il convient d'exploiter en vue

d'alimenter proprement l’Europe, l’Afrique du Nord et le

Moyen Orient».

L'électricité verte, produite par une trentaine de centrales

thermiques dans le Sahara, pourrait être acheminée vers

l'Europe pour couvrir au moins 15% de ses besoins énergétiques

à l'horizon 2050. Selon la presse allemande, 400 milliards

d'euros seraient nécessaires à la réalisation du projet et à la

construction des centrales thermodynamiques (85 à 90% du

budget) et des interconnexions (10 à 15 %).

Afin de mettre en œuvre ce projet le consortium indusriel

Desertec Industrial Initiative (Dii) fût créé par la fondation et de

grands groupes allemands essentiellement. Mr Paul Van Son,

PDG de Dii, est convaincu que «cette initiative favorisera le

développement de tous les pays méditerranéens et contribuera à

une prospérité croissante tant au Nord qu'au Sud ».

Page 106: Sahara Green Book

Sahara Green 106

Mais cette initiative pourrait, comme ce livre le propose,

apporter plus de bénéfices environnementaux, et donc humains

par ricochet, si elle allait au delà du seul besoin d’énergie

propre auquel elle tente d’y répondre.

MEDGRID 48, une initiative industrielle française

Comme pour Desertec, la démarche de MedGrid est

d'acheminer vers l'Europe l'énergie solaire qui sera produite au

Moyen Orient et au Nord de l’Afrique, mais ne concerne que le

lot «interconnexions » : lignes de transmission en CCTH

(courant continu haute tension), qui limite les pertes de courant

électrique à moins de 3% pour 1000 km.

L’objectif prioritaire du consortium MedGrid, qui réunit les

principaux industriels européens spécialistes de la construction

des grands réseaux électriques, sera d’élaborer un schéma

directeur du système électrique euro-méditerranéen à l’horizon

2020 et d’établir la faisabilité ainsi que la rentabilité de ce

projet.

48 Interviews réalisés dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr André MERLIN

(PDG de MedGrid, Président conseils de surveillance de RTE et d'ErDF), et Mr

Gassan ANBAR, Vice Président de MEDGRID.

Page 107: Sahara Green Book

Sahara Green 107

Mr André MERLIN et Mr Gassan Anbar, ont déclaré lors d’une

interview réalisée dans le cadre de l’élaboration de ce livre :

«Les pays d’Afrique du Nord et du Proche Orient connaissent

un fort développement de leur consommation d’électricité (7% /

an), et ont des plans de développement d’énergies alternatives et

notamment d’énergie solaire. Ces énergies étant plus chères

pour les pays exportateurs de ressources fossiles, que les

énergies conventionnelles, il paraît judicieux d’en exporter une

partie vers l’Europe, qui elle-même s’est fixé des objectifs

ambitieux en matière de réduction d’émissions de CO2 et

d’accroissement de la part des énergies renouvelables dans son

mix énergétique, et qui est prête à acheter cette électricité verte

aux mêmes prix que ceux pratiqués dans chacun des Etats

membres (Article 9 du troisième paquet énergétique). »

Les avantages que procure le projet MedGrid, seraient donc de

sécuriser l’alimentation en électricité de l’ensemble du bassin

méditerranéen et réduire les coûts de production, mais certains

«problèmes» pourraient jalonner son parcours, telles que des

difficultés politiques ou avec des organismes et associations

écologistes. En effet, la Méditerranée est un écosystème fragile

et il faudra prendre toutes les précautions environnementales

pour faire passer autant de câbles sous les eaux.

Enfin, ce consortium souhaite devenir le fer de lance d’un

partenariat renforcé, entre l’Europe et les autres pays

Page 108: Sahara Green Book

Sahara Green 108

méditerranéens, dans le domaine de l’énergie et ainsi préfigurer

l’amorce d’une Communauté Méditerranéenne de l’Energie.

Cependant, comme pour DESERTEC, les bénéfices humains et

environnementaux pourraient être bien plus globaux si MedGrid

allait au delà de la simple préoccupation énergétique.

III.1.3) Les plans solaires des pays du Maghreb

Pour faire face au Peak Oil, l’Algérie doit diversifier son mix

énergétique et trouver un substitut aux revenus pétroliers et

gaziers. Pour le Maroc et la Tunisie, pays non producteur

d’hydrocarbures, leur préoccupation est plutôt l’augmentation

des prix des énergies fossiles, et cherchent à utiliser leur

potentiel en énergies renouvelables pour y faire face.

Le Plan Solaire Marocain (PSM)

Le Plan Solaire Marocain repose essentiellement sur la mise en

place d'un important réseau de production électrique utilisant

l'énergie solaire à hauteur de 2 GW entre 2015 et 2019. Le

Maroc prévoit en outre qu'à l'horizon 2020 la part de la

puissance électrique provenant des énergies renouvelables

(solaire, éolienne, hydraulique) représentera 42% du parc total.

Le Plan Solaire Tunisien (PST)

Le programme annoncé permettrait d'éviter l'émission de 1,3

Page 109: Sahara Green Book

Sahara Green 109

millions de tonnes par an de CO2, et économiserait 100 millions

de Tonnes Equivalent Pétrole à l'horizon 2030. Le PST coûterait

2 Milliards d'€ pour une quarantaine de projets : énergies solaire

et éolienne, efficacité énergétique, interconnexion électrique

avec l'Italie, fabrication de panneaux photovoltaïques.

Les projets solaires en Algérie

L'Algérie s'annonce comme un interlocuteur incontournable

dans la mise en œuvre des plans solaires transméditerranéens,

car il est le pays au plus important potentiel d'ensoleillement de

par l'immensité de son territoire. L’Algérie ambitionne de

produire 40% de son électricité à l’horizon 2030 à partir des

énergies renouvelables, et de se positionner comme fournisseur

majeur d’électricité verte en direction du marché européen en se

fixant un objectif d’exportation de 10 Gigawatt. En 2020 et

2030, la consommation d’électricité devrait se situer

respectivement à 80 TWh et 150 TWh. L’objectif global du

programme consiste dans l’installation de 22 Gigawatt à

l’horizon 2030, dont 10 gigawatt seraient dédiés à l’exportation.

La première centrale « hybride solaire/gaz » de 160 MW

opérationnelle au niveau mondial, a été mise en route en 2011,

et une usine de production de panneaux photovoltaïques est en

construction.

Page 110: Sahara Green Book

Sahara Green 110

III.2) Proposition d’un concept qui réponde aux enjeux de

façon globale et locale

Si l'on n'observe pas de lien officiellement assumé entre

Desertec et l'UfM, le projet MedGrid tente de s’ancrer dans le

processus du Plan Solaire Méditerranéen (PSM).

Les gouvernements du Sud étaient donc sceptiques au départ,

sur la viabilité de ces initiatives industrielles, sachant qu’il

existait déjà le Plan Solaire Méditerranéen. Mais le PSM ne

parlait pas de l’énergie solaire du Sahara, ni d’un «Super Smart

Grid» comme l’envisage MedGrid.

Le PSM apparaît donc finalement comme pas assez ambitieux,

tandis que DESERTEC et MedGrid ne répondent pas à tous les

enjeux.

La préoccupation première de l’Allemagne, étant de sortir du

nucléaire, est de trouver une énergie propre pour faire face à ses

objectifs de réduction de CO2.

Quant à MedGrid, ce projet donne l’impression que la France

tente de contrecarrer le projet Allemand en lançant une initiative

industrielle qui complète le Plan Solaire Méditerranéen, dont

elle est l’instigatrice.

D’après les critiques du Sud de la Méditerranée : «ces tensions

révèlent un néocolonianisme ambiant, qui vise à profiter du

soleil Africain sans bénéfices réels pour ce continent».

Page 111: Sahara Green Book

Sahara Green 111

Et au Nord, les détracteurs fustigent la perte d’indépendance

énergétique que cela procurerait, alors que l’UE est déjà

dépendante en termes de Gaz naturel, Pétrole, ou Uranium.

En fait, ces « différents » traduisent tout simplement le besoin

vital de l’UE de coopérer et d’intégrer totalement cette région

pour faire face aux enjeux du XXIème siècle.

Enfin, l’un des objectifs de ce livre, étant de faire la promotion

au niveau mondial du concept qui vise à utiliser le soleil des

déserts pour créer une énorme quantité d’énergie, la création

d’un site internet et de plusieurs forums de discussion a permis

à plus de 4000 professionnels de participer quotidiennement au

débat. Au total, 249 personnes ont répondu au sondage 2.0

réalisé en ligne dans le cadre de l’élaboration de ce livre, ce qui

a révélé par ailleurs qu’une partie des citoyens du Nord comme

du Sud de la Méditerranée, a revu sa position qui n’était pas

forcément favorable au départ à la promotion de ces projets.

En effet, certaines informations sont difficilement accessibles

auprès des organisations chargées de ces programmes : plan de

développement, répartition territoriale, mix énergétique,

forces/faiblesses et risques/opportunités de chaque pays du sud

concernant un éventuel transfert de technologies ayant pour

objectif la production des composants des stations solaires et

éoliennes sur place. Ces projets ayant été annoncés très tôt, ont

eu un effet «Buzz», ayant entrainé une déception pour les

«parties intéressées» qui voulaient en savoir plus, ce qui a

Page 112: Sahara Green Book

Sahara Green 112

généré chez les « enthousiastes de départ » un sentiment

dubitatif.

Pour mesurer l’évolution du ressenti des parties prenantes, nous

avons réalisé un questionnaire en ligne : 117 personnes répondu

au sondage ci-desous sur la pertinence du projet DESERTEC.

Le graphique ci-dessous, résultat d’un de nos sondages, révèle

que 71% pensent que DESERTEC est un bon projet pour le

Développement Durable du Sud, et 14% pensent qu’il n’est

bénéfique qu’à la réduction des émissions de CO2 de l’UE.

Cette communication de type 2.0, montre bien la nécessité de

mieux communiquer et de prendre en compte toutes les parties

prenantes dans un débat ouvert à tous, sans négliger leurs

Page 113: Sahara Green Book

Sahara Green 113

aspirations. Parmi elles, nous avons noté leur attachement à la

lutte contre la désertification, l’emploi au Sud et l’accès à l’eau.

Pour que ces initiatives industrielles soient acceptées et

soutenues, il faut donc un concept qui réponde à ces besoins.

L’étude réalisée dans le cadre de l’élaboration de ce livre

montre que 41% préconisent plus d’investissements dans la

zone MENA (Middle East and North of Africa), 25% une

coopération accrue, et pour 23%, plus d’objectifs DD

bénéfiques à la zone MENA.

Pour gagner l’adhésion des citoyens du Sud, il faudrait donc un

programme qui réponde à leurs attentes, à savoir, utiliser

l’énergie du désert pour :

Page 114: Sahara Green Book

Sahara Green 114

- assurer la sécurité énergétique dans l’espace méditerranéen,

- dessaler l’eau de mer,

- lutter contre la désertification,

- initier l’économie de l’hydrogène,

- créer des emplois au Sud,

- rétablir la balance commerciale entre l’UE et le Sud de la

Méditerranée.

Ces objectifs viendraient alors compléter le transfert de

technologies vers le sud, et l’exportation de l’électricité verte

vers l’UE, pour garantir, entre autre, l’objectif de réduction des

émissions de C02 de l’UE. Le développement du sud apportant

également d’autres bénéfices, tel que le fort ralentissement des

migrations climatiques ou économiques, verrait s’y rallier plus

de soutien de la part des populations du Nord.

Pour répondre à ces objectifs, il faudrait un concept d’une autre

dimension : un système qui utiliserait l’énorme quantité de

soleil du Sahara, pour reverdir ce dernier et freiner la montée du

niveau de la mer. Et dessaler l’eau de mer à très grande échelle,

peut permettre d’atteindre cet objectif. Il permettrait de produire

des quantités considérables d’eau potable, ce qui freinerait la

montée du niveau de la mer, et qui seraient acheminées au

Sahara par pipelines, pour le verdir.

Il y a donc d’excellentes raisons à la mise en œuvre à très

grande échelle, de stations de désalinisation alimentées par

l’énergie solaire thermique (CSP-SWD) :

Page 115: Sahara Green Book

Sahara Green 115

- grâce aux capacités de stockage par sels fondues, et

l’utilisation hybride (gaz naturel, hydrogène), les centrales

solaires à concentration (CSP) peuvent fournir de

l’électricité en continu aux stations de désalinisation

(SWD) ;

- les stations CSP-SWD de très grande capacité peuvent

fournir jusqu’à 100000 m³/jour ;

- l’énorme potentiel solaire du Sahara, peut aisément

permettre de combler le déficit en eau potable, qui risque

de passer de 50 milliards, à 150 milliards de m3 en 2050;

- en 2020, les stations CSP-SWD pourraient devenir la

source d’électricité la moins chère (0,04 €/kWh) et fournir

une eau propre économique (0,4 €/m³) 49;

- combiner l’efficacité d’utilisation de la ressource en eau la

désalinisation à grande échelle, d’ici 2030 (la seule

efficacité ne permettrait de combler que 50% du déficit de

la région ;

- on peut utiliser les techniques avancées de désalinisation à

drain horizontal et nano-filtration pour éviter les impacts

environnementaux, et éviter le rejet d’eau saumâtre ;

49 German Aerospace Center, « AQUA-CSP Concentrating Solar Power for Seawater

Desalination », novembre 2007.

Page 116: Sahara Green Book

Sahara Green 116

- ces stations peuvent produire de l’Hydrogène, utile

notamment pour le “transport propre” ;

- l’eau potable produite en très grande quantité peut

permettre le “reverdissage” du Sahara, et participer à

contrebalancer la montée du niveau de la mer.

Il faudrait donc construire des stations disséminées entre le

Sahara et le rivage méditerranéen, regroupant à la fois des

unités de dessalement d’eau de mer, de production d’hydrogène,

et de permaculture, le tout alimenté par une station solaire

thermodynamique à concentration (CSP).

Ces stations, sorte d’ «Oasis Power» fournirait de l’eau potable,

participeraient au reverdissage du Sahara et à l’agriculture en

zone aride, donc finalement à la lutte contre la désertification et

la dépendance alimentaire, enjeux importants pour les

populations du Sud.

Ces «Oasis Power» reliés par un «Super Smart Grid»

intelligent, alimenteraient toute la région, et relié à l’Europe par

des lignes «HVDC» fourniraient à l’UE l’électricité verte dont

elle a besoin pour atteindre ses objectifs de réduction de CO2.

Enfin, si le matériel nécessaire est construit sur place, avec une

réelle coopération technologique, cela créerait des milliers

d’emplois au Sud, y améliorerait le développement humain,

réduisant ainsi les migrations.

Il s’agirait, en somme, d’une stratégie de développement

durable gagnant/gagnant, qui ferait entrer durablement l’espace

méditerranéen dans la nouvelle ère de l’ «économique verte ».

Page 117: Sahara Green Book

Sahara Green 117

CONCLUSION

Les recommandations énoncées dans ce livre sont destinées au

développement durable en Méditerranée, et comme nous

l’avons abordé dans la première partie de ce document, celle-ci

constitue un laboratoire à partir duquel nous pouvons élaborer

une politique plus globale, mondiale, en faveur de la

«mondialisation de l’économie verte».

Cette politique globale devra intégrer un processus de

gouvernance locale des territoires, ce qui représente une tache

immense et appelle des évolutions considérables à court terme,

notamment sur le plan de la démocratisation. Celle-ci doit

progresser dans de nombreux pays ; les évènements actuels dans

les pays arabes en sont peut-être les prémices.

Les systèmes d’éducation doivent également s’adapter à la

nouvelle donne pour répondre à la demande de connaissances

qui permettra à une nouvelle génération d’entrer de façon

compétitive dans une économie verte dominée par l’information

et l’innovation.

Des politiques urbaines d’un genre nouveau doivent être

conçues pour maitriser les immenses mouvements de population

que le monde, connaîtra dans les prochaines décennies, et que

nous commençons déjà à en voire les effets en Méditerranée.

Les politiques démographiques et de santé doivent être

améliorées pour mieux contrôler les effets anthropiques et le

déficit écologique d’une part, et assoir le développement

humain sur de bonnes bases d’autre part.

Page 118: Sahara Green Book

Sahara Green 118

Toutes ces tâches qui nous attendent, et bien d’autres, nous

lancent un défi majeur. Elles ne pourront être entreprises et

apporter des bénéfices à l’écosystème et au développement

humain, qu’avec des mécanismes de meilleure gouvernance et

un regard plus lucide sur notre façon de vivre au quotidien. La

responsabilisation collective pour la gestion des écosystèmes

terrestres est indispensable. Nous devons donc changer de

«paradigme». La gouvernance territoriale en sera l’instrument

public.

Cependant, cette gouvernance territoriale ne pourra éclore dans

le sud de la Méditerranée, que grâce à une solidarité

méditerranéenne qui sera le reflet de la «coopération

transméditerranéenne équitable» dont ce livre fait la promotion.

Celle-ci nécessitera plus de visibilité de la part de l’Union Pour

la Méditerranée sur la politique de développement durable à

mettre en œuvre. Il faudra donc donner plus d’audience aux

initiatives transméditerranéennes durables, et la création d’un

Observatoire Méditerranéen du Développement Durable peut en

constituer un des éléments porteurs ; il aura pour vision : «une

économie méditerranéenne verte basée sur un partenariat

transméditerranéen équitable». Cet observatoire sera très utile

pour notamment :

- faire des études visant à faire face aux enjeux

géostratégiques méditerranéens ;

- identifier des financements possibles pour les projets

transméditerranéens ;

Page 119: Sahara Green Book

Sahara Green 119

- créer une boite à outils pour : aider les entreprises à se réunir

en «Clusters» et les organisations territoriales à mettre en

place l’Agenda21 méditerranéen ; les aider à rédiger leur

politique DD et leur charte achat ; les soutenir dans la mise

en place d’actions respectant l’essence du «global compact»

et les recommandations de l’ISO26000 ;

- noter le niveau de responsabilité sociétale des organisations

souhaitant participer à ces projets transméditerranéens ;

- rendre visible et lisible la problématique du développement

durable en Méditerranée :

. réaliser des formations 2.0 en ligne, des partenariats

universitaires, des forums ;

. utiliser l’Initiative Citoyenne Européenne en faveur d’une

«économie verte équitable» ;

- promouvoir des projets transméditerranéens durables par

l’approche «parties prenantes» ; en particulier l’utilisation de

l’énergie solaire du Sahara pour une «croissance verte

durable» dans le bassin méditerranéen, tel que décrit dans le

troisième chapitre de ce document ;

- promouvoir les approches «territoriale» et «écosystémique»

en Méditerranée.

L’opinion publique des pays riches et des pays émergents, doit

prendre conscience du dividende que payera la solidarité. Les

écosystèmes terrestres et marins sont un bien public commun de

l’humanité. Leur restauration incombe en très grande partie à

des populations déshéritées. Elle apporte cependant des

Page 120: Sahara Green Book

Sahara Green 120

améliorations globales dont tous les citoyens de la planète

bénéficient. Cet effet justifie amplement la solidarité Nord Sud,

et le principe de «coopération transméditerranéenne équitable».

Les instances européennes doivent prendre conscience du

manque d’initiative positive «concrète» en faveur des

populations du sud, et de l’importance géostratégique du

ralliement du nord de l’Afrique et de l’Afrique sub-saharienne à

l’Union Européenne, pour faire face à de grands ensembles

économiques tels que l’Amérique, la Chine, l’Inde, la Russie,

par exemple.

Alors, l’Union Européenne et les Pays du bassin méditerranéen,

vont-ils s’unir pour mettre en place une «politique économique

verte», basée sur un «développement humain équitable», et un

«fonctionnement écosystémique équilibré» ? Cet ensemble

économique, va t’il s’unir à l’Afrique sub-saharienne pour un

avenir commun forcément meilleur ? Les citoyens européens

vont-ils user de leur nouveau droit de démocratie participative,

pour relancer cette fabuleuse aventure de construction

méditerranéenne ?

Page 121: Sahara Green Book

Sahara Green 121

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Mediterranean», <http://www.ufmsecretariat.org>, 2011.

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Sahara Green 126

- United Nations Statistical Division, «The Millennium Indicators

Database». <http://mdgs.un.org/unsd/mdg/Data.aspx>, 2011.

- Sahara Green, « News », <http://desertec-mediterranee.over-

blog.com>, 2011.

Page 127: Sahara Green Book

Sahara Green 127

ANNEXE-1 : Questionnaire sur la « coopération transméditerranéenne durable », réalisé par N. Hadroug

Page 128: Sahara Green Book

Sahara Green 128

Page 129: Sahara Green Book

Sahara Green 129

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Sahara Green 130

ANNEXE-2 : LIENS VERS NOS FORUMS

Plus de 7000 membres internationaux participent à nos forums :

professionnels du Développement Durable, des CleanTechs, de

l’énergie, de l’eau, et des questions géostratégiques du bassin

Méditerranéen :

Site Internet SaharaGreen

http://desertec-mediterranee.over-blog.com

International Green List

http://www.linkedin.com/groups?gid=3971464

Blog SaharaGreen

http://www.linkedin.com/groups/SaharaGreen-Sahar-Green-

Sahara-Green-2685545

Sahara Green sur Twitter

http://twitter.com/Sahara_Green

Blog Aqua-CSP

http://www.linkedin.com/groups?gid=3453372

Blog Euromed

http://www.linkedin.com/groups/EUROMED-Union-

Mediterranean-UfM-Union-3944477

Blog DESERTEC

http://www.linkedin.com/groups/DESERTEC-2113510

The New Energy Manager

http://www.linkedin.com/groups/New-Energy-Manager-500000-3882429?gid=3882429

Page 131: Sahara Green Book

Sahara Green 131

The Green MBA http://www.linkedin.com/groups/Green-MBA-2779128?gid=2779128

Blog de l’Observatoire Méditerranéen du Développement Durable : OMDD http://www.linkedin.com/groups?gid=4046591

The Green Project manager http://www.linkedin.com/groups?gid=4024952

Green Business International Managers http://www.linkedin.com/groups/Green-Business-International-Manager-2398682

Blog de l’Initiative « Robotica Green » http://www.linkedin.com/groups/Robotic-Green-Robotica-Green-RoboticaGreen-1932429

Blog de l’initiative « Euromed GEI » http://www.linkedin.com/groups/GEIEuromed-Mediterranean-Green-Economy-Initiative-2700054

Blog « Plan Solaire Méditerranéen » http://www.linkedin.com/groups?gid=2694468

Blog « Initiatives SaharaGreen, DESERTEC, MedGrid, PSM » http://www.linkedin.com/groups?gid=2944372

International Green Jobs http://www.linkedin.com/groups/Linked-JOB-2693317

MdF « Managers de France » http://www.linkedin.com/groups?gid=2389859

Green Open Networker http://www.linkedin.com/groups/Green-Open-Networkers-Lets-reach-4034238

Page 132: Sahara Green Book

Sahara Green 132

REMERCIEMENTS

Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance aux

professeurs Karen Delchet-Cochet et Olivier Soria pour avoir

bien voulu participer à la relecture de ce livre.

J'adresse mes plus vifs remerciements à Monsieur Paul

Van Son, PDG de Dii Gmbh (Desertec Industrial Initiative), de

m’avoir donné l’occasion de m’impliquer dans la promotion du

concept DESERTEC au niveau international, et à Monsieur

Gerry Wolff, coordinateur DESERTEC UK et TREC UK

(Trans-mediterranean Renewable Energy Cooperation, initiative

du Club de Rome) pour m’avoir invité à intégrer son équipe

(http://www.trec-uk.org.uk/members.html).

Je remercie également Monsieur Philippe Mangeard,

Vice Président d’UBIFRANCE, et Monsieur Antoine-Tristan

Mocilnikar, responsable Environnement et Développement

Durable de la mission Union Pour la Méditerranée à la

Présidence de la République, pour l'attention qu'ils ont prêté à

mes travaux en m’ayant invité à des conférences de haut niveau,

lesquelles m’ont permis d’enrichir cet ouvrage.

Enfin, je tiens à remercier les membres du think tank

international Sahar@Green et tous ceux qui participent à ses

blogs et forums, ainsi que toutes les personnes qui ont bien

voulu répondre à mes interviews et questionnaires, en

particulier Monsieur Gassan Anbar, Vice président de Medgrid,

et Monsieur André Merlin, PDG de MedGrid et Président des

conseils de surveillance de RTE et d'ErDF.

Page 133: Sahara Green Book

Sahara Green

OMDD EDITIONS

Réédition 2011

Page 134: Sahara Green Book

Sahara Green

Let's implement Green Economy in the Mediterranean.

Let's re-green the deserts. Let's use the solar energy from deserts for a sustainable growth. Let's promote Trans-mediterranean sustainable projects. The goals of Sahar@Green are to promote the vision SaharaGreen (since 1928 this dream was to use Solar Energy to transform the deserts into paradise), and to help professionals to share Scientific & Technologic & Market informations about Sustainable Development, CSR, Green Business, Renewable Energy, Smart Grids, Energy storage, Greenhouse Gas Emission, Desalination, HVDC, Desertification, Agenda21, ISO26000, and to promote Renewable Energy Projects / initiatives, as DESERTEC, MedGrid, Mediterranean Solar Plan, Sahara Green vision.

Many thanks to everyone who is helping us to reduce our climate impact, to preserve the biosphere, by helping all the stakeholders to do business with the respect of the three Bottom Lines : Economic, Environment, Social.

Dr HADROUG Nasser

http://fr.linkedin.com/in/nasserhadroug

Chairman of OMDD (Observatoire Méditerranéen du Développement Durable - Mediterranean Observatory of Sustaibale Development) link

Program Director of SaharaGreen,

RoboticaGreen, Euromed GEI.