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11 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936
Satisfaction des participants aux conférences scientifiques en Afrique : cas des Journées
des Sciences de la Santé de Bobo-Dioulasso (JSSB) au Burkina Faso Satisfaction of participants in scientific conferences in Africa: case of Health Sciences
Journeys in Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
BERTHE-SANOU Lalla1, 2, BERTHE Abdramane1, 2, KONATE Blahima1, 2, DRABO Maxime2, 3,4, BAYALA Eric2, NOUGTARA Adrien2, SOMBIE Issiaka 5,6, MEDA Nicolas7, OUEDRAOGO Jean Bosco3,5 et SOME Mathias2 1 = Auteur principal : Centre Muraz, Burkina Faso, Avenue Mamadou KONATE, Porte 2006 – Lot 218 – 01 B.P. 390 Bobo-Dioulasso 01, N° IFU 000
10 695 A, Standard : (226) 20 97 01 02 – Secrétariat DG : (226) 20 97 13 41, Télécopie : (226) 20 97-04-57 – E-mail : [email protected]
2 = Association Burkinabè de Santé Publique (ABSP), 3= Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), Burkina Faso, 4
= Laboratoire National de Santé Publique (Burkina Faso), 5 = Association pour les Sciences de la Santé du Burkina Faso (ASSB),
6= Organisation Ouest-Africaine de Santé (OOAS), 7 = Ministère de la Santé du Burkina Faso
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Résumé Objectif: Cette étude a été réalisée pour évaluer la
satisfaction des participants aux 15ème Journées des
Sciences de Santé de Bobo-Dioulasso (JSSB) et de
dégager ses forces et faiblesses.
Méthodes : il s’agit une étude descriptive mixte qui
s’est déroulée à Bobo-Dioulasso en mai 2010
principalement durant la période des JSSB. Pour le
volet quantitatif, les données ont été recueillies
auprès de 101 personnes à travers un
échantillonnage exhaustif. La section qualitative a
concerné 20 personnes sélectionnées de façon
raisonnée.
Nous avons procédé à une analyse de contenu pour
les données qualitatives. L’analyse des données
quantitatives a été faite sur Epi Info version 2000.
Résultats: les participants étaient globalement
satisfaits de leur participation aux JSSB qui étaient
perçues comme un cadre d’échange entre
chercheurs et acteurs de terrain, un cadre de
diffusion des connaissances, d’amélioration des
pratiques, de formation continue, d’établissement
de nouveaux contacts. Les participants ont rapporté
quelques problèmes au niveau de l’organisation.
Discussion: L’organisation des JSSB était autant
appréciée par les participants que celle de d’autres
conférences internationales comme les conférences
International AIDS Society, la conférence
européenne sur le cancer. Le problème de la
participation des décideurs aux JSSB reste posé
Conclusion: Au fur et à mesure que le temps passe,
les JSSB se bonifient. Elles constituent un cadre de
promotion des sciences de la santé mais des efforts
restent à fournir pour atteindre leur objectif initial
à savoir « servir de cadre d’échange entre les
décideurs, les chercheurs et les praticiens de terrain
».
Mots clés : satisfaction de l’usager, évaluation,
analyse, conférence, congrès, Afrique
Subsaharienne
Abstract
Objective: This study was conducted to assess the
satisfaction of participants in the 15th Bobo-
Dioulasso Health Science Journeys (JSSB) and to
identify their strengths and weaknesses.
Methods: The study both quantitative and
qualitative took place in Bobo-Dioulasso in May
2010 during the JSSB period. Quantitatively, data
were collected from 101 people through a
comprehensive sampling. Qualitatively, 20 people
were selected in a reasoned way.
A content analysis was used with qualitative data.
The quantitative data was analyzed with Epi Info
2000 version.
Results: Overall, participants were satisfied with
the JSSB celebration which served as platform for
continued formation; creating new contacts;
experiences and, knowledge dissemination or
acquisition ; good practice sharing between
researchers and field workers. Participants
however identified some few problems related to
the organization of the event.
Discussions: The organization of the JSSB was
appreciated by the participants as well as by other
international conferences such as the International
AIDS Society conferences, the European
conference on cancer. Participation of decision-
makers in the JSSB remains an issue
Conclusion: the JSSB provide a framework for the
promotion of health sciences. Though their
participation has been improving, more efforts are
still needed to ensure that they achieve their initial
goal of "providing a platform for experience
sharing between decision-makers, researchers, and
field workers".
Keys words: Evaluation; Analysis, congresses,
conference, Sub-Saharan Africa
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12 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936
Introduction
L’évaluation des rencontres scientifiques
(conférences, colloques, symposium,
congrès, journées) organisées de façon
régulière est devenue de nos jours une
nécessité en vue de s’inscrire dans une
dynamique de qualité. La quasi-totalité des
conférences de renom (conférences
International AIDS Society, conférences
francophones sur le VIH, Conférences
Mondiales de Promotion de la Santé et
d’Education pour la Santé de l’UIPES,
Conférences Internationales sur le Sida et
les IST en Afrique) organisées
régulièrement sont évaluées. De nombreux
sites web, proposent des outils
d’évaluation des conférences
scientifiques, portant le plus souvent sur la
satisfaction des participants et/ou quelques
fois sur la qualité des communications
orales ou affichées (Gil-Nagel, Perucca et
al. 2004; Dorlean and Stroyberg 2011;
Launay-Vacher and Rey 2011).
L’évaluation permet à chaque nouvelle
édition d’être une version améliorée de la
précédente et aident davantage les
organisateurs à atteindre les objectifs
fixées. Elle permet aussi d’améliorer la
qualité de rencontres similaires.
Excepté la littérature grise, la littérature
internationale, africaine ou burkinabè a
rarement documenté, ou publié sur les
satisfactions des participants aux
rencontres scientifiques. Ainsi, l’on
continue de méconnaitre si ces rencontres
atteignent leurs objectifs et/ou si les
participants en sont satisfaits.
Au Burkina Faso, les Journées des
sciences de la santé de Bobo-Dioulasso
(JSSB) sont organisées depuis 1992. Elles
visent à «servir de cadre d’échange entre
les décideurs, les chercheurs et les
praticiens de terrain » du Burkina Faso et
d’ailleurs. Chaque partie est fortement
encouragée à venir partager ses
expériences locales, nationales ou
internationales avec les autres parties.
Elles constituent les seules journées
scientifiques exclusivement réservées aux
sciences de la santé et l’une des plus
vieilles rencontres internationales qui se
tiennent régulièrement. Elles sont
organisées par le secteur communautaire
(l’Association des Sciences de la Santé du
Burkina Faso) en collaboration avec les
centres de recherche, le Ministère de la
santé et ses différents niveaux de la
pyramide sanitaire (administratif ou
opérationnel).
Cette spécificité des JSSB lui fait prendre
en compte l’insuffisance de la
coordination de la recherche en santé, de la
diffusion et de l’utilisation des résultats
unanimement reconnue par tous les acteurs
et les documents officiels tels que la
politique nationale sanitaire(Ministère de
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la Santé 2011), le plan national de
développement sanitaire 2001-
2010(Ministère de la Santé 2011) et le
cadre stratégique de lutte contre le sida
2006-2010(CNLS-IST 2010)
Depuis ces premières éditions, les JSSB
n’avaient pas encore été évaluées de façon
indépendante et les parties prenantes
continuaient de méconnaître si elles
atteignaient ses objectifs et/ou si les
participants en étaient satisfaits. Or, la
survie et la pérennisation des JSSB
dépendent largement de la satisfaction de
ces parties. Les 15èmes JSSB ont eu lieu à
Bobo-Dioulasso du 4 au 7 mai 2010. Au
cours de ce forum scientifique, 120
communications orales, 87 posters, et 14
flashs avaient été programmés à travers 24
sessions. En rappel lors de la 14èmes édition
des JSSB, tenue du 06 au 09 mai 2008 on
avait enregistré 91 communications orales
et 59 posters repartis en 15 sessions. La
présente étude a pour objectif d’évaluer la
satisfaction des participants aux 15èmes
JSSB et de cerner ses forces et faiblesses.
Les résultats orienteront davantage les
futures JSSB et d’autres rencontres
scientifiques similaires.
I-Méthodes
Il s’agissait d’une étude descriptive qui
avait combiné une méthode quantitative et
une méthode qualitative. Elle a été réalisé
à Bobo-Dioulasso où a toujours eu lieu les
JSSB. Cette ville abrite des institutions de
recherche et/ou de formation comme le
Centre Muraz, l’Institut de Recherche en
Sciences de la Santé (IRSS), l’Institut de
l’Environnement et des Recherches
Agricoles (INERA), Le Centre
International de Recherche-
Développement sur l’Elevage en zone
Subhumide (CIRDES), l’Université
polytechnique de Bobo-Dioulasso (UPB)
et son Institut supérieur des sciences de la
santé (INSSA), le Centre Hospitalier
Universitaire Souro Sanou (CHUSS), etc.
La ville abrite aussi des centres de santé de
tous les niveaux de la pyramide sanitaire
du pays. Elle est aussi cette ville carrefour
un peu au cœur de l’Afrique de l’ouest et
accessible aux chercheurs, décideurs et
praticiens de l’Afrique de l’Ouest.
La participation au volet quantitatif avait
été proposée à toutes les personnes
physiques inscrites aux 15èmes JSSB
comme participants. L’échantillonnage
était donc exhaustif. Le principal critère
d’inclusion dans ce volet était d’être
participants aux 15ème JSSB et d’accepter
de participer à l’étude. Pour collecter les
données, un questionnaire semi structuré
avait été utilisé. Ce questionnaire comptait
73 questions reparties en 8 sections qui
portaient entre autre sur les informations
générales sur le répondant (12 questions),
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l’évaluation de l’organisation (8
questions), de la qualité de l’espace, des
participants et des communicants (11
questions), des communications faites (15
questions), des effets possibles des 15èmes
JSSB (11 questions), des aménagements (6
questions), la comparaison de la 15ème
édition à la précédente (3 questions) et
l’évaluation générale et finale (7
questions).
La collecte des données s’est déroulée
durant la période des 15èmes JSSB. Le
questionnaire a été auto administré. Il avait
été joint à chaque sac documentaire des
participants qui avaient été invités à le
remplir après la dernière présentation orale
des JSSB et à le remettre dans une urne ou
à l’équipe d’enquête. Sur les 252
questionnaires distribués, 101 ont été
remis soit un taux de retour de 40%. Les
données ont été traitées et analysés avec le
logiciel Epi Info version 2000.
Pour le volet qualitatif, la participation a
été proposée aux pères fondateurs des
JSSB, aux partenaires techniques ou
financiers, aux responsables de
programmes, aux chercheurs ou décideurs
participant régulièrement aux JSSB. Ces
enquêtés ont été identifiés avec l’aide des
organisateurs. Ils ont été sélectionnés de
façon raisonnée jusqu’à la saturation des
informations recherchées. Aucun nombre
ou échantillon n’a été prédéfini. La
saturation a été atteinte avec une vingtaine
de personnes.
Des entretiens individuels ont été réalisés
avec les répondants disponibles pendant
les 3 journées de présentation des
communications ou juste après. Ces
entretiens ont été conduits à partir d’un
guide standard qui s’adaptait à chaque
profit. Le même guide a été envoyé par
mail aux répondants non disponibles
pendant les JSSB ou aux répondants ayant
beaucoup d’expériences de participations
aux JSSB mais n’ayant pas participer à ces
15èmesJSSB. Les entretiens ont porté sur
divers thèmes dont l’expérience du
répondant en matière de participation aux
JSSB, la pertinence des JSSB,
l’appréciation de l’implication des acteurs,
l’appréciation des JSSB en termes
d’évolution, l’évaluation des effets
(impacts) possibles, l’appréciation de
l’utilité/ applicabilité des résultats
présentés aux JSSB, etc. Un enquêteur a
collecté les données.
Les données ont été enregistrées à l’aide de
dictaphone, puis transcrites et saisies avec
le logiciel Word. Le traitement des
données a été fait manuellement et nous
avons procédé à une analyse de contenu
thématique.
Depuis sa conception, cette étude s’est
déroulée selon les principes éthiques ou les
bonnes pratiques de recherche.
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Conformément à la position relativiste de
l’éthique de la recherche en science sociale
(Mucchielli 2009), qui affirme qu’il ne
peut y avoir de principes éthiques absolus,
le principe éthique de base dans cette étude
était la conscience professionnelle qui
avait guidé l’équipe de recherche. Ainsi, la
participation à l’étude a été libre, le
consentement a été éclairé, l’anonymat et
la confidentialité ont été garantis tout au
long de l’étude et ses différentes formes de
restitutions ou valorisations. Les résultats
de l’évaluation avaient été restitués lors
des 16èmesJSSB en présence des différentes
parties prenantes.
II-Résultats
1- Bref aperçu du profil des
enquêtés
Au total 101 participants aux JSSB ont
répondu au questionnaire dont 54,5%
d’homme. L’âge des enquêtés variait entre
24 et 56 ans avec une moyenne de 36,9 ans
et un écart type de 8,6 ans. Le tableau I ci-
dessous résume les principales
caractéristiques des personnes enquêtées.
Tableau I: Principales caractéristiques des participants à l’étude
Caractéristiques des participants Pourcentage (%)
Sexe (n=101)
Homme 54,5
Femme 45,5
Age (n=95)
24-33 44,2
34-43 32,6
44-53 17,9
54 et + 5,3
Statut de participation (n=97)
Communicant 37,1
Non communicant 62,9
Ancienneté dans la participation aux JSSB (n=100)
Première participation 62,0
Plus de la deuxième participation 38,0
Lieu de résidence (n=100)
Bobo-Dioulasso 46,0
Autre localité du Burkina Faso 36,0
Extérieur du Burkina Faso 18,0
Expérience de participation à d’autres conférences (n=101)
Niveau sous régional 46,5
Niveau international
Aucune expérience antérieure
32,7
20,8
Tous les répondants au volet qualitatif (10
hommes et 10 femmes) étaient des anciens
participants et/ou des pères fondateurs des
JSSB. Plus de la moitié d’entre eux ont
participé aux JSSB en tant que modérateur
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de sessions et animateur des conférences
inaugurales ou introductives.
2- Source d’information sur les
JSSB et les préparatifs de
l’évènement
Selon les participants à l’étude, leurs
sources d’informations sur les JSSB
étaient : les amis ou les collègues
professionnels pour 73,3%, l’email des
organisateurs pour 13,9%, le site des JSSB
(http://www.jssb.org/) pour 4,0% ; et
d’autres sources comme les affiches, le site
de médecine tropicale et la télévision pour
8,8%.
Le graphique 1 suivant montre que 50 à
80% des répondants trouvait
l’organisation (la publicité, l’appel à
communication, la sélection des abstracts,
leur répartition en communication orales
ou affichées, les tarifs d’inscription) des
15èmes JSSB excellente ou bonne ; 24,0 à
36,0% la trouvait acceptable. Au total
8,2% trouvaient qu’elle était médiocre
surtout au niveau de la publicité et 15,0%
ont jugé les tarifs d’inscription chers
contre 4,0% qui les trouvaient très chers.
Les frais de participations aux 15èmes JSSB
étaient de 15000 FCFA pour les
communicants (soit près de la moitié du
salaire minimum interprofessionnel
garanti –SMIG- qui était de 33.139 F
CFA), 5000 FCFA (soit 1/6 du SMIG)
pour les médecins et assimilés non
communicants, 2500 FCFA (1/14ème du
SMIG) pour les paramédicaux et étudiants
non communicants. Selon les enquêtés,
pour améliorer la participation des agents
de terrain, il faut réduire le coût de la
participation aux JSSB qui devrait être
davantage subventionné par l’Etat.
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Figure 1: répartition des répondants selon leur appréciation de l’organisation
a. Appréciations des espaces des
communications
La principale salle ou salle pour les
conférences inaugurales était très bien
appréciée pour 46,5% des enquêtés, bien
pour 45,5%, moyennement pour 8,0%.
Aucune critique n’a été émise en rapport
avec la principale salle. Les deux salles
secondaires ont été relativement bien
appréciées. Certains enquêtés ont trouvé
ces salles secondaires exigües avec des
sonorisations souvent défaillantes.
L’espace réservé aux communications
affichées a été très bien apprécié par 5,2%
des enquêtés, bien par 16,5%,
moyennement par 42,3%. Au total 36,0%
des enquêtés ont trouvé que l’espace était
exigu et inadapté à l’affichage des posters.
A l’unanimité, les répondants (100%)
étaient satisfaits de l’accessibilité du site
des JSSB.
b. Appréciations du déroulement des
15èmes JSSB
Tous les participants étaient satisfaits du
programme des 15èmes JSSB, de la période
de déroulement des activités, de la qualité
des séances plénières, de la qualité des
participants et des thèmes abordés. Ils
étaient 98,0% satisfaits de la qualité des
communicants 99,0% de la qualité des
modérateurs et 98,0% des échanges et
discussions.
Au total, 2,0% des enquêtés trouvaient que
la qualité des échanges et des
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communicants était médiocre. Ces
derniers ont illustré leur propos en citant la
non maîtrise de la technique de la
communication orale par certains
présentateurs et/ou leur incapacité à
répondre aux questions et/ou leur non-
respect du temps (10 minutes) alloué à leur
communication. Aussi, ces répondants
n’ont pas bien apprécié l’absence de cadre
d’échange avec les présentateurs en dehors
des moments de communication. Ils ont
enfin trouvé que la durée des
communications était très courte.
Les participants étaient aussi satisfaits du
nombre de participants (94,0%) et de la
durée des journées (85,0%). Cependant,
une minorité était restée insatisfaite sur ces
deux points. Ces derniers suggéraient une
réduction du nombre et l’allongement de la
durée des journées pour permettre de
mieux discuter.
c. Appréciations des communications
Pour 85,0% des enquêtés, la qualité des
communications orales était bonne ou
excellente et pour 83,0%, les
communications affichées étaient de
qualité excellente ou bonne. Toutefois,
1,1% des enquêtés ont jugé médiocre la
qualité des communications orales et
affichées.
Au total 23 communications ont été
positivement appréciées et 4
communications ont été négativement
appréciées par les 101 enquêtés. Une
communication orale était positivement
apprécié par les enquêtés quand : i) elle
était originale ou fournissait de nouvelles
connaissances ou beaucoup d’information
utiles; ii) elle traitait d’un problème
commun jugé pertinent; iii) elle avait des
diapositives claires, respectant les normes
de conception; iv) elle présentait des
références bibliographiques ; v) elle avait
une rigueur méthodologique, une approche
applicable dans d’autres contextes; vi) elle
avait des apports pratiques ou contribuait à
l’amélioration de la situation ou de l’objet
étudié ou incitait à l’action. A l’inverse,
une communication orale était
négativement appréciée, quand elle ne
respecte pas tout ou partie des critères ci-
dessus évoqués, s’il y a une incohérence
entre le titre et le contenu ou si le
présentateur était peu convaincant.
Au total 91,0% des enquêtés ont trouvé la
quantité des communications satisfaisante.
d. Comparaison des 15èmes et 14èmes JSSB
Les enquêtés affirmaient que les 15èmes
journées ont été « meilleures » aux 14èmes
du point de vue de l’organisation,
l’adéquation et l’aménagement de
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l’espace, la qualité des communicants, des
participants et des communications. Au
total 20/101 enquêtés ont trouvé que les
14èmes ont été meilleurs aux 15èmes surtout
au niveau de l’organisation (4/20) et de
l’aménagement de l’espace (3/21). Ces
résultats sont présentés dans le graphique
2 ci-contre :
Figure 2: répartition des enquêtés selon leur appréciation des 15èmes JSSB aux 14èmes
La grande majorité des répondants
reconnaissent que les 15èmes journées ont
été « meilleures » aux 14èmes du point de
vue organisation, adéquation et
aménagement de l’espace, qualité des
communicants, des participants et des
communications.
e. Les effets ou apports des JSSB aux
participants
Pour 73% des enquêtés, les JSSB ont
permis d’échanger leurs résultats
verbalement ou par mail avec aux moins
un autre participant. Au-delà des résultats,
les participants (83,3%), avaient aussi
échangé avec au moins un autre
communicant des JSSB sur divers sujets.
Selon les enquêté (voir graphique 3
suivant), l’apport des JSSB dans
l’amélioration de leurs connaissances ou
de leurs pratiques est important ou très
important et les JSSB ont été des occasions
de diffusion et d’acquisition de nouvelles
connaissances sur la méthodologie de
recherche, les pratiques cliniques, les
résistances aux médicaments, la santé de la
reproduction, etc.
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Figure 3: répartition des enquêtés selon leur appréciation des effets possible des JSSB
f. Les JSSB et leur but initial
En rappel, l’objectif primaire et primordial
des JSSB est de «servir de cadre
d’échange entre les décideurs, les
chercheurs et les praticiens de terrain ». A
ce sujet, les répondants étaient unanimes
pour affirmer que les JSSB avaient
partiellement atteint leur objectif : « Les
JSSB ont constitué un tremplin pour les
jeunes chercheurs et un cadre d’échange
entre les décideurs, les chercheurs et les
praticiens du terrain. Elles ont également
servi à stimuler la recherche-action
auprès de praticiens de terrains »
(entretien avec un responsable d’une
institution onusienne). Pour ces enquêtés,
les JSSB constituaient un cadre d’échange
d’abord, entre les chercheurs et les
praticiens, ensuite entre les chercheurs.
Cependant, les JSSB ne constituaient pas
un véritable cadre d’échange entre les trois
types d’acteurs car les décideurs étaient
souvent faiblement représentés:
« L’objectif est partiellement atteint parce
que les vrais décideurs sont le plus souvent
absents. De plus du fait du nombre de plus
en plus important des participants, les
échanges sur les présentations entre
chercheurs et acteurs de terrain semblent
limités.» affirme un chercheur burkinabè.
Pour plus de la moitié de ces enquêtés du
volet qualitatif, les JSSB demeuraient de
potentielles sources d’information et de
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formation des praticiens de la santé et les
échanges d’expériences étaient
enrichissants pour les praticiens qui étaient
les premiers bénéficiaires. Ainsi, les JSSB
demeuraient un cadre de « renforcement
des compétences des acteurs en matière de
méthodologie de recherche ou de mise en
œuvre d’interventions ». Elles étaient aussi
un cadre de partage d’expériences, de
connaissances et de nouvelles démarches
ou solutions trouvées, un cadre de
renforcement des capacités techniques et
une opportunité de préparer des
publications: «Les JSSB favorisent les
échanges entre les chercheurs. Tout un
chacun trouve son compte. Chacun de
nous crée ses relations avec ses collègues.
C’est un forum qui va permettre d’engager
des travaux en commun, au niveau
régional, sur le même sujet voir qu’est ce
qui, au Burkina et au Mali, est fait sur le
même protocole » avait affirmé un
chercheur malien.
Pour 07/20 enquêtés, les JSSB
représentaient pour les décideurs une
potentielle source d’évidence,
d’information pour la prise de décision ou
d’orientation stratégique en matière de
santé publique.
Tout en reconnaissant la faible
participation des décideurs aux JSSB, plus
de la moitié des enquêtés au volet qualitatif
affirmaient qu’à des degrés différents, les
résultats des travaux présentés étaient
appliqués par les différents acteurs ou
participants aux JSSB. Elles jouaient
positivement sur les manières de penser,
d’agir et d’être de ses participants : «Ça me
permet de revoir mes pratiques, (…). Les
JSSB m’ont permis d’instituer, avec mes
patrons et mes collègues, une forme de
journée scientifique en anesthésie. Parce
que je me suis rendu compte qu’il y a très
peu de communications en anesthésie aux
JSSB (…) En tout cas l’idée m’est venue à
partir des journées scientifiques. »
(Praticien de la santé, 3ème participation
aux JSSB).
g. Les forces et les faiblesses des JSSB
Dans le tableau II suivant sont résumés les
forces et les faiblesses des 15èmes
JSSB selon les participants :
Tableau II : Synthèse des forces et faiblesses des 15èmes JSSB
Forces Faiblesses
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Permet de nouer de nouveaux
contacts professionnels
Rétention systématique de tout abstract soumis ou
répartition non objectif des communications en
orale ou affichées, et oublie de programmer certains
communications
Renforce les contacts existant Négligence des sciences sociales
Cadre de formation continue Faible participation décideurs
Permet l’acquisition de nouvelles
connaissances et compétences
Faible publicité
Cadre d’échange entre chercheurs et
acteurs de terrain
Temps de débat ou d’échange limité
Exigüité des espaces posters, des salles secondaires
mauvaises sonorisation
Coût élevé des hôtels et absence de partenariat entre
les JSSB et les hôtels
Malgré les imperfections relevées lors de
ces 15èmes JSSB, les attentes des
répondants étaient satisfaites (96,6%).
Pour la prochaine édition, les enquêtés aux
15èmes JSSB étaient aptes à revenir, sans
conditions pour 46,1%, probablement pour
49,4% et sous réserve qu’ils aient les
moyens financiers, que leurs abstracts
soient sélectionnés ou encore qu’ils aient
le temps pour 3,4%. Quelques-uns (1,1%)
n’y seront pas parce qu’ils seront absent du
pays durant la période.
III- Discussion
Pour cette évaluation, nous avons combiné
un questionnaire et un guide d’entretien.
Le questionnaire qui comprenait 73
questions a été auto-administré. Ce mode
d’administration ainsi que le nombre élevé
de questions pourrait expliquer le faible
taux de retour des questionnaires (40%).
En 2009, le questionnaire d’évaluation de
l’IAS (www.ias2009.org) comprenait 40
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questions et a été administré à travers
internet (IAS 2009). A l’évaluation de
AIDS 2014 (www.aids2014.org), le
questionnaire comptait 35 questions, il a
été aussi administré à travers internet et le
taux de réponse était de 25% (contre 36%
en 2012, 31% en 2010 et 26% en 2008)
(IAS 2014). Le faible taux de retour des
questionnaires (40%) pourrait aussi
s’expliquer par le fait que les répondants
potentiels devaient s’auto-administrer le
questionnaire le dernier jour pour mieux
répondre à tous les items. Ils devaient le
faire pendant les sessions de
communications orales ou affichées ou
lors des pauses ou espaces d’échanges
avec d’autres participants. Or, pour éviter
des frais d’hôtels supplémentaires, la
plupart des participants non-résidents
libèrent leur chambre à partir de 12 heures
et commencent à quitter la ville de Bobo-
Dioulasso pour ne pas arriver à destination
la nuit. Ces répondants potentiels ne
participent donc pas à la cérémonie
officielle de clôture qui est une des
principales opportunités de collecte des
questionnaires remplis. En outre,
l’expérience de notre équipe en matière
d’enquête, nous permet d’affirmer que le
secteur de la santé (les agents de santé,
surtout les médecins) (MURAZ. 2005;
Kirakoya-Samadoulougou, Yaro et al.
2013) et/ou de la recherche (les
chercheurs) (Berthé and Konaté 2009) sont
ces secteurs réticents à participer aux
enquêtes. Or, les participants aux JSSB
proviennent essentiellement de ces 2
secteurs.
L’évaluation des 15èmes JSSB montre que
54,5% des enquêtés sont des hommes et
45,5% des femmes. Ces résultats se
rapprochent de ceux de l’évaluation des
conférences IAS 2007 et 2009 où l’on
notait la participation de 57,0% d’hommes
à chacune de ces éditions (ASSB 2008). La
conférence AIDS 2014 avait aussi attirée
plus d’hommes (avec 46,0% contre 40,0%
de femmes et 15,0% n’avait pas spécifié
leur sexe) (IAS 2014). En général, dans
chacune des éditions des JSSB, il y’a plus
de participation masculine. Cette situation
s’expliquerait par le fait que les hommes
travaillent plus dans la santé et/ou la
recherche que les femmes.
Parmi nos enquêtés, les nouveaux
participants au JSSB étaient les plus
nombreux (62,0%). Ce résultat est
similaire à celui de la conférence de l’IAS
2009 où 63,0% des répondants étaient à
leur première participation (IAS 2009). En
général, les nouveaux participants sont
aussi plus enclins à prendre part aux études
de satisfaction que les anciens. Les
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nouveaux participants assurent une forme
de renouvellement constant de la
population bénéficiaire des JSSB et une
forme de pérennisation de la conférence.
Par ailleurs, le fait que près de 40,0% sont
des anciens participants traduit une forme
de régularité, d’assiduité et d’adhésion à
l’esprit « JSSB ». L’interaction des anciens
et nouveaux participants garantit une
forme de transfert et de conservation des
acquis de la conférence.
Près de la moitié (46,6%) des
répondants/participants aux 15èmes JSSB
résidaient à Bobo-Dioulasso. Les JSSB
connaissent une large participation de
personnes résidant au Burkina Faso
(82,0%). L’évaluation des 14ème JSSB en
2008 avait aussi montré cette massive
participation de personne résidant à Bobo-
Dioulasso (38,9%) ou au Burkina Faso
(ASSB 2008). La participation des «non-
Burkinabè» aux JSSB n’est pas
négligeable. Aussi, dans un contexte à
ressources financières limitées, les non-
résidents sont plus enclins à quitter la
conférence dès qu’ils jugent que l’essentiel
(les concernant) a été réalisé. Ils
participent moins aux activités du dernier
jour (donc à l’évaluation), à la cérémonie
de clôture et au cocktail d’au revoir suivant
cette clôture. La participation régulière des
non Burkinabè (Béninois, Canadiens,
Français, Ivoiriens, Maliens, Nigériens,
Togolais, etc.) depuis les 1ères éditions des
JSSB illustrent le caractère internationale
de cette conférence ouest-africaine.
Au regard de nos résultats, l’information
sur les JSSB se transmet principalement de
« bouche à oreilles ». Ces résultats sont
différents de ceux des 5ème IAS 2009 où
les amis et collègues venaient en deuxième
position avec 28% de répondants et le site
web pour 12% (IAS 2009). Pour la
conférence AIDS de 2014, les amis et
collègues venaient en dernière position
avec 10% et le site web pour 14 % et 18%
avaient déjà connaissance à partir de leur
participation à l’édition précédente (IAS
2014). En réalité, pour le cas des JSSB, les
amis et les collègues reçoivent les
informations (appels à abstracts) via les
courriers électroniques envoyés par les
organisateurs aux anciens participants
et/ou aux participants potentiels. L’envoi
de courriers électroniques et l’animation
du site web JSSB constituent les
principaux moyens ou stratégies
d’informations des participants potentiels
aux différentes éditions des JSSB.
Les enquêtés trouvaient que les préparatifs
des 15èmes JSSB ont été excellents ou bons.
Les expériences antérieures d’organisation
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25 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936
des éditions 1 à 14 expliqueraient la
réussite de l’organisation des 15èmes JSSB.
Chaque édition des JSSB est
systématiquement autoévaluée par les
organisateurs qui prennent en compte les
opinions des participants pour améliorer la
prochaine édition.
Quelques-uns ont apprécié négativement
ces préparatifs notamment la faiblesse de
la publicité et les tarifs d’inscription
élevés. Au sujet de ces tarifs les enquêtés
se répartissent en trois groupes : ceux qui
pensent que les tarifs d’inscription sont
bons, acceptables ou appropriés, ceux qui
pensent qu’ils sont bas et ceux qui les
trouvent chers ou très chers. L’avis des
organisateurs est tout autre. En effet pour
eux, les tarifs étaient bas et permettaient à
peine de supporter les coûts
incompressibles de la conférence. Et une
augmentation était indispensable pour
garantir la continuité de l’évènement.
Effectivement, dans un contexte de
ressources financières limitées, la
pérennisation d’une telle conférence est
intimement liée à la capacité des
différentes parties prenantes
(organisateurs et leurs partenaires
techniques et financiers, participants tout
profil aux JSSB, autorités locales de Bobo-
Dioulasso) à pouvoir mobiliser les fonds
nécessaires pour faire face aux coûts
incompressibles.
La sélection des abstracts a été
négativement critiquée plus par les
enquêtés du volet qualitatif qui la
trouvaient peu rigoureuse. Pour ceux-ci,
non seulement il faut rendre explicites les
critères de sélection mais aussi et surtout
rester rigoureux dans l’application de ces
critères. Effectivement tout porte à croire
que les organisateurs des JSSB tablent plus
sur la quantité des communications orales
ou affichées que sur leur qualité. En effet,
aux 14èmes JSSB, très peu d’abstracts
avaient été refusés. En fin mars 2008,
environ 150 abstracts ont été reçus par le
secrétariat dont 91 ont été retenus pour
communication orale et 59 pour être
communiqués sous forme de posters
(ASSB 2008).
Les 10 critères de sélection des abstracts
soumis aux JSSB ont été : clarté des
motivations et formulation des objectifs de
l’étude; description de la zone d’étude et
du type d’échantillonnage; description du
type d’étude; description des principales
variables de l’étude; clarté de présentation
des résultats; adéquation entre résultats;
argumentation dans l’interprétation des
résultats; conclusion adaptée; intérêt
général; qualité de rédaction. Si on se
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26 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936
réfère au contenu des appels à
communication, le seul critère explicité
reste qu’un résumé comportant au
maximum de 250 mots est recevable. Ce
premier et principal critère n’est pas pris
en compte à la sélection des abstracts. Or
il reste tout à fait évident qu’un abstract
respectant les 250 mots a moins de chance
de respecter les 10 critères. Les abstracts
respectant les 250 mots ont moins de
chance d’être sélectionnés en
communication orale que ceux qui ne les
respectent pas. Si les JSSB se veulent
formatrices et internationales, elles
doivent rigoureusement prendre en compte
les critères de 250 mots.
La majorité (64,0%) des répondants
étaient satisfaits de l’aménagement de
l’espace pour les communications
affichées. Ces résultats sont similaires à
ceux de la conférence de l’IAS 2009 où la
majorité des répondants a affirmé que
l’espace d’affichage des posters était
excellent (23,0%) ou bon (55,0%) (IAS
2009) . Les récriminations relatives à la
gestion de l’espace, s’expliquerait par le
fait que les JSSB étaient à leur première
expérience évènementielle dans un
nouveau site (le Centre Muraz). Depuis ses
1ères éditions, les JSSB avaient toujours
lieu à la Chambre de commerce,
d’industrie et d’artisanat de Bobo-
Dioulasso. Les posters étaient affichés sur
des tableaux dans la grande cour pavée de
cette chambre où avait aussi lieu les pauses
café et déjeuner. Les heures de ces pauses
étaient des moments privilégiés pour
visiter les posters. Aux 15èmes JSSB,
l’espace d’affichage des posters était non
seulement restreint par rapport à la
chambre de commerce mais aussi isolé de
l’espace des pauses café et déjeuner. Cette
situation n’a pas facilité la visite des
posters.
La qualité des échanges/discussions a été
jugée excellente par la grande majorité des
enquêtés. Le même résultat a été observé
lors des 5èmes IAS (IAS 2009), d’AIDS
2014 (IAS 2014), de la conférence
européenne sur le cancer (Dorlean and
Stroyberg 2011). Les JSSB constitueraient
ainsi un espace sous régional de
discussions scientifiques de haut niveau.
Cette situation s’expliquerait par le fait
que les participants aux JSSB ont des
expériences antérieures de participation à
des rencontres scientifiques
internationales (32,7%) et sous régionales
(38,0%). Par ailleurs, l’organisation de
conférences inaugurales par des
chercheurs ou des acteurs/décideurs
expérimentés et la participation de
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27 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936
chercheurs et/ou de praticiens confirmés
contribueraient aussi à rehausser la qualité
des débats.
Les répondants/participants sont aussi
globalement satisfaits du niveau ou de la
qualité, des communications. Cette
satisfaction s’expliquerait par le fait que
les JSSB constituent un cadre de formation
directe et/ou indirecte aux bonnes
techniques de la communication orale ou
affichée et un cadre qui stimule cette
formation. Les parties prenantes aux JSSB
sont conscientes qu’elles présentent et
défendent leur image/réputation. Elles sont
donc plus enclines à se former, à concevoir
des communications de qualité pour
construire ou consolider leur renommée.
Certaines structures n’hésitent pas à
organiser des séances de répétition avant le
rendez-vous officiel. Par ailleurs, quelques
jours avant les 15èmes JSSB, une sorte de
mini-JSSB eut lieu à Ouagadougou et a
consisté à appuyer les jeunes
communicants dans la conception de leur
présentation orale. Sur la demi-dizaine de
participants à cette mini-JSSB, deux ont vu
leur présentation sélectionnée pour être
proposé sous forme d’articles
scientifiques. Au cours des JSSB, des
rencontres avec des chercheurs confirmés
dénommées petit déjeuner avec un
professeur, sont organisées et servent
d’espaces de renforcement des
compétences des jeunes chercheurs. Ces
différentes situations contribuent à
rehausser la qualité des communicants et
des communications JSSB. Ces genres de
rencontres étant des rendez-vous
scientifiques de donner et de recevoir, les
parties prenantes n’en sortent jamais
neutre, elles influencent les unes, les
manières de penser d’agir et d’être des
autres. Et, les acquis d’une conférence
précédente renforcent la qualité de la
conférence suivante.
La qualité des communicants et des
modérateurs a été bien appréciée par les
participants quel que soit leur profil.
L’évaluation des 5ème IAS et celle de la
conférence européenne multidisciplinaire
sur le cancer ont donné des résultats
similaires (IAS 2009; Dorlean and
Stroyberg 2011). Habituellement, la
modération et le rapportage des sessions
des JSSB sont assurés par des chercheurs,
des décideurs ou responsables de
programmes de santé. Ceux-ci sont
expérimentés dans ce domaine et restent
conscients des enjeux individuels et
collectifs des JSSB.
La quasi-totalité des enquêtés du volet
quantitatif voudraient participer aux
prochaines JSSB si les conditions sont
réunies (moyens financiers, sélection de
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28 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936
leurs abstracts). Les enquêtés du volet
qualitatif, plus familiers aux JSSB, ne
participent pas tous et systématiquement à
des éditions consécutives, mais suivent les
JSSB avec intérêt et attention. Tout
compte fait, le comportement des anciens
ou nouveaux participants aux JSSB
pourraient s’apparenter à celle de
« l’homoéconomicus ». Comme l’affirmait
Gossen (Gossen 1854)« l'intensité d'un
bien plaisir qui se prolonge diminue et finit
par disparaître quand l'individu parvient à
satiété. ». Ainsi pour les JSSB, certains
praticiens, chercheurs et décideurs
continueront à participer, d’autres
suspendront et reviendront, et d’autres
enfin abandonneront. L’offre et la
demande de JSSB s’influenceront
toujours, la demande resterait pérenne et
l’offre devrait l’être aussi.
Les JSSB ont été des occasions d’échanges
d’informations, de la création de réseaux et
de partenariats de travail, d’acquisition de
nouvelles connaissances. Elles améliorent
les pratiques des participants, créent ou
renforcent leurs relations. L’évaluation des
conférences IAS (IAS 2009; IAS 2014), la
conférence européenne, multidisciplinaire
sur le cancer (Dorlean and Stroyberg
2011) avaient aussi montré cela.
Autrement dit, on apprend toujours
quelque chose en participant à une
rencontre scientifique.
Cependant, du fait de la faible
participation des décideurs, les JSSB
demeurent plus un espace de rencontre
entre les chercheurs et les praticiens de la
santé. Plusieurs situations expliqueraient
la faible participation des décideurs
nationaux ou sous régionaux aux
différentes éditions des JSSB. D’abord,
contrairement aux chercheurs et aux
praticiens qui cherchent à faire carrières
dans leur domaine, les décideurs
constituent un groupe que les autorités
politiques renouvellent constamment.
Entre deux ou trois JSSB, ces décideurs
changent et il est donc difficile d’assurer
une certaine régularité aux JSSB. Ensuite,
certains décideurs méconnaissent les
potentialités et les enjeux des JSSB. Enfin
aux JSSB, peu d’espaces d’expression sont
accordés aux décideurs qui ne présentent
pas systématiquement leurs programmes,
leurs bilans ou leurs besoins d’évidences
scientifiques. Ainsi, les décideurs
pourraient mal percevoir leur utilité
scientifique ou pratique à participer
pleinement à de telle rencontre. Des
stratégies efficaces et innovantes devraient
être trouvées pour mobiliser et retenir les
décideurs durant toute la durée des JSSB.
Par exemple, chaque session JSSB
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29 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936
pourrait commencer par la présentation
d’un décideur sur les besoins en évidences
scientifiques relatif au thème de ladite
session.
Conclusion
Cette évaluation externe portant sur les
aspects organisationnels des 15èmes JSSB
est une première depuis 1992. Elle pourra
être améliorée à la prochaine évaluation
externe dans plusieurs années. Dans
l’ensemble, la grande majorité des
participants sont satisfaits de la grande
majorité des items abordés. La faible
participation quantitative et qualitative des
décideurs a été la principale insuffisance
de ces journées. Ainsi, ces 15èmes JSSB
sont restées plus une affaire de praticiens
de terrain, de chercheurs, d’étudiants que
de décideurs.
L’importance des JSSB dans le
développement sanitaire du pays est
largement démontrée par l’intérêt que
manifestent les différentes catégories
d’acteurs du développement sanitaire et le
nombre important de communications
présentées. Elles doivent faire l’objet de
plus d’intérêt de la part des pouvoirs
publics tant en ce qui concerne leur
ancrage institutionnel que leur
pérennisation. A l’unanimité, les parties
prenantes s’accordent pour dire qu’une
telle conférence reste un espace de
formation, de renforcement des
connaissances et des compétences des
parties prenantes, un espace d’échange
biennal entres les détenteurs d’enjeux de
santé publique.
Remerciement
Nous remercions chaleureusement 1) l’Association
pour les Sciences de la Santé du Burkina Faso
(ASSB), principale organisatrice des JSSB pour sa
contribution à l’organisation de la collecte des
données, 2) les participants aux 15èmes JSSB, les
membres fondateurs, les enquêtés, pour leur
participation à cette étude, le personnel d’appui et
les chercheurs de l’Equipe Sociétés et Santé du
Centre Muraz notamment Issiaka Bamba pour la
collecte des données et Kounouma Héma pour
l’encodage des données, qui ont travaillé
gratuitement pour rendre effective cette évaluation,
3) l’Association Burkinabè de Santé publique
(ABSP) pour avoir initié cette évaluation externe.
Conflit d’intérêt : Ce manuscrit n’a pas été
soumis simultanément à une autre revue n’a donc
jamais été publié. Nous (les auteurs) ne notons
aucun conflit d’intérêt dans ce travail. Il a été
approuvé par tous ses auteurs.
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