secteurminierrisquesesg final icmm

Upload: iapas

Post on 06-Apr-2018

223 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    1/61

    Une tude

    en partenariat avec

    SECTEUR MINIER COTET RISQUES ESG

    DE LINFLUENCE DESONG SURLACTIVIT ET LA RPUTATION

    DESENTREPRISES MINIRES

    Septembre

    2011

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    2/61

    2 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Novethic 2011

    Toute reproduction intgrale ou partielle des contenus de ce

    document doit faire lobjet dune autorisation de Novethic.

    Toute citation ou utilisation de donnes doit seffectuer aveclindication de la source

    Auteurs

    Ccilia de Foucaucourt et Juliette Van Wassenhove(BeLinked)Thomas Lafarie et Anne-Catherine Husson-Traore(Novethic)

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    3/61

    3 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    IntroductIonLes grands groupes miniers gnrent un chiffre daffaires annuel colossal lchelle

    plantaire (plus de 386 milliards deuros pour les 23 entreprises du panel de cette

    tude). Ils extraient des matires premires dans de nombreux pays et sont, plus quedautres, confronts des enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG)

    trs importants. Ils sont rgulirement mis en cause, au plan local et international, par

    de nombreuses organisations qui dnoncent dgts environnementaux, captations

    des richesses et manquements aux droits des populations locales. Ce contexte ne

    compromet pas, au premier regard, les performances conomiques exceptionnelles

    de ce secteur qui attire de nombreux investisseurs. Cette tude, focalise sur la

    vingtaine de groupes miniers importants cots sur des marchs europens, a pour

    objet dexaminer leur communication sur leur politique de Responsabilit Socitale

    dEntreprise (RSE), les problmes ESG quils affrontent, leurs modes de collaboration

    avec la socit civile, la gestion de leurs conits avec les ONG ainsi que le mode

    opratoire des diverses organisations qui interpellent le secteur minier sur ses

    responsabilits. Elle permet ainsi dalerter les investisseurs sur les risques ESG qui

    peuvent peser sur les activits de ces entreprises moyen et long terme. Ils sont

    dautant plus importants que leur incidence nancire peut tre non ngligeable.

    Or la faible mdiatisation des groupes miniers, contribue rendre ces risques peu

    lisibles pour les investisseurs. Et pourtant

    Information insufsante

    Lextraction de matires premires est souvent la source principale de revenus dans

    des pays faible gouvernance, et les populations locales peuvent en payer le prix

    fort sans forcment toucher les dividendes des richesses ainsi produites. La cotation

    dentreprises minires fait entrer en lice, dans un univers dj complexe, les attentes

    dactionnaires de toutes sortes. Elle les soumet, en thorie, des exigences de

    transparence auxquelles elles sont loin de se conformer toutes. Or pour investir entoute connaissance de cause et long terme dans une entreprise, il faut tre mme

    de pouvoir valuer les risques quelle court pour les mettre en balance avec les prots

    quelle gnre. Ltude, ralise par Be-linked et Novethic, permet de montrer que

    linformation fournie par ces entreprises nest pas la mesure des problmes et des

    conits quelles doivent affronter et constitue en soi un risque.

    Lintroduction en mai 2011 sur la bourse de Londres de Glencore, gant minier

    domicili en Suisse, jusque-l relativement prserv des feux mdiatiques, symbolise

    le paradoxe du secteur minier. Elle a permis lentreprise de lever 7 milliards deuros

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    4/61

    4 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    en trs peu de temps. Mais la socit, mise en cause au plan comptable, scal,

    social et environnemental par de nombreuses ONG, est aujourdhui attaque pour

    manquement aux principes directeurs de lOCDE et fait lobjet dune enqute de la

    Banque europenne dinvestissement (BEI) ainsi que dune exclusion systmatique detous les portefeuilles de la fondation suisse Ethos. Elle peut donc apparatre comme

    un titre risque pour des actionnaires de long terme, compte tenu de lopacit de sa

    communication.

    Pouvoir dinuence des ONG

    Pour mieux comprendre comment les entreprises travaillent sur ces enjeux, il est

    important danalyser non seulement leur communication mais aussi la nature des

    relations quelles entretiennent avec leurs parties prenantes externes. Ltude

    a permis dtablir une cartographie des organisations de la socit civile qui

    interagissent avec le secteur minier. Ces organisations protiformes (groupements

    communautaires, organisations non gouvernementales, syndicats, organisations

    de populations autochtones, organisations caritatives, organismes confessionnels,

    associations professionnelles et fondations prives) seront regroupes tout au long

    de ltude sous le terme dONG.

    De plus en plus vigilantes sur les impacts environnementaux et socitaux delextraction grce leur expertise technique, les ONG constituent une force de frappe

    mdiatique qui peut au minimum nuire la rputation des entreprises. Leur action

    coordonne peut aussi prsenter un risque oprationnel pour les entreprises minires,

    qui peuvent voir leurs activits locales menaces. Sans oublier les ventuels risques

    juridique et nancier gnrs par des procs intents aux entreprises pour leur

    demander rparation de dommages dont le cot est estim en centaines de millions,

    voire milliards, de dollars.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    5/61

    5 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    PanelLtude analyse la communication de 23 entreprises minires cotes sur les marchs

    europens (17 le sont la bourse de Londres et 6 la bourse de Paris). Ce panel

    reprsente la diversit de lactivit extractive en termes dorigine des entreprises etde zones gographiques dimplantations ainsi que du type de minerais (industriels,

    mtaux prcieux, terres rares, diamants).

    sigessociAuxsiges

    oprAtionnels

    cA 2010(M)

    prsenceinternAtionAle

    AngloAmerican Londres Royaume Uni 23 228 19 pays

    AngloGold Ashanti Johannesburg Afrique du Sud 3 889 10 pays

    Antofagasta Londres Royaume-Uni et Chili 3 227 9 pays

    ArcelorMittal Luxembourg Rotterdam 54 985 60 pays

    Areva Paris France 9 104 43 pays

    BHP Billiton Melbourne Royaume-Uni et Australie 37 194 25 pays

    Boliden Stockholm Sude 4 093 7 pays

    ENRC Londres Kazakhstan 4 652 20 pays

    Eramet Paris France 3 576 8 pays

    Evraz Luxembourg Russie 9 433 12 pays

    Fresnillo Mexico City Mexique 993 1 pays

    Glencore Jersey Zoug, Suisse 102 081 30 pays

    Imerys Paris France 3 347 47 pays

    Kazakhmys Londres Kazakhstan 3 417 1 pays

    Lonmin Londres Afrique du Sud 1 126 5 pays

    Norilsk Nickel Moscou Russie 5 947* 5 pays

    Randgold Jersey Afrique 357 7 pays

    Rio Tinto Londres Londres et Melbourne 39 855 40 pays

    Severstal Russie Russie 9 560 9 pays

    Rusal Jersey Russie 7 728 19 pays

    Vale Rio de Janeiro Brsil 31 887 38 pays

    Vedanta Londres Royaume-Uni et Inde 5 583 4 pays

    Xstrata Zoug, Suisse Suisse 21 473 21 pays

    * Chiffre daffaires 2009

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    6/61

    6 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    les enjeux et rIsquesdusecteurmInIermIsenexergueParles ong

    Ltude recense des ONG particulirement actives sur les thmatiquesminires. Cet chantillon, reprsentatif sans tre exhaustif, permetde dresser un tableau des enjeux environnementaux, socitaux et

    de gouvernance du secteur extractif tels que les ONG les dessinent,mais aussi, travers lanalyse des modes daction et des stratgiesde ces dernires, de qualier les risques que leur action fait peser surlactivit des entreprises minires. Cette analyse a t complte par unrecensement des relations que les entreprises du panel entretiennentavec les ONG. Le constat qui sen dgage est celui dune difcult desentreprises minires rpondre aux attaques des ONG, anticiperet grer les risques crs par ces structures, mais aussi quelquesexceptions prs, cooprer avec elles et utiliser leur expertise,

    notamment dans le domaine socital.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    7/61

    7 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    lesenjeuxenvIronnementaux

    Les ONG qui rpertorient les impacts environnementaux sont souvent soit desorganisations ancrage local manant des communauts directement affectes par

    limplantation dune mine, soit des ONG nationales ou internationales. Lexpertise

    des permanents de ces organisations, qui se partagent entre assistance technique et

    plaidoyer, est comparable celle des ingnieurs de lindustrie extractive, dont certains

    sont parfois issus. De mme, les impacts recenss vont dune ampleur locale, aux

    environs dun site dexploitation, lchelle mondiale.

    Pollutions

    Le traitement insufsant des rsidus de lextraction est la premire cause de pollution

    mise en exergue par les ONG. Ces pollutions varient selon les types de mines et de

    produits extraits. Les principaux types de pollution relevs sont ceux lis aux minerais

    radioactifs, comme luranium ou le thorium, et la pollution au mercure et cyanure lie

    lexploitation de lor et de largent. La plupart des processus extractifs produisent

    galement des rsidus toxiques, notamment du fait de la prsence de mtaux lourds

    ou dautres lments qui se dgradent peu (arsenic, plomb, chrome) ainsi que des

    produits chimiques utiliss pour la sparation des minerais et de la gangue.

    Pollution de lair

    La pollution peut se faire par lair, directement (dispersion du radon, un gaz radioactif

    provenant de la dsintgration de luranium, par exemple, ou de la poussire

    de bauxite quand les mines sont ciel ouvert), ou indirectement lorsque le vent

    disperse des particules arraches aux terrils ou que des panaches de vapeur deau

    et de poussires toxiques se forment au-dessus des piscines de stockage des boues

    dextraction.

    Pollution de leau et des sols

    La pollution de leau est lun des impacts les plus documents par les ONG, que ce

    soit par inltration dans les nappes phratiques ou par rejet des eaux dexploitation

    dans les cours deau. Ces deux types de pollution contaminent leur tour les sols

    dans un primtre plus ou moins important autour des sites.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    8/61

    8 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Dpollution/dcontamination des sites miniers

    Selon la rglementation et les contrles mis en place par les institutions du pays

    dextraction et leur niveau dapplication par les entreprises, les niveaux de pollution

    lis lactivit minire peuvent tre plus ou moins bien matriss. Il nen reste

    pas moins un problme point du doigt par de nombreuses ONG, celui des sites

    exploits et ferms avant la mise en uvre de telles rgulations, ou pour lesquels

    la restauration des sites et le traitement des dchets navaient pas t provisionns.

    Souvent document et dnonc par des organisations locales, alliant des associations

    dhabitants, des mouvements cologistes et des organisations confessionnelles

    locaux, ce point de xation se retrouve tant dans les pays en dveloppement que

    dans les anciennes rpubliques sovitiques ou aux tats-Unis. Seuls les moyens et

    la volont politique de traitement diffrent. Le Superfundamricain, cr en 1980,reste lun des exemples les plus notables de lgislation nationale permettant soit

    dobliger les industries responsables nancer la dcontamination des sites les plus

    dangereux pour lenvironnement et la sant (miniers et chimiques), soit lEtat de

    se substituer aux entreprises insolvables (30% des cas).

    Destruction de la biodiversit

    Lexploitation minire peut potentiellement affecter la biodiversit tout au long

    du cycle de vie dun projet. En raison de la demande croissante de mtaux et de

    minerais et de lamenuisement des ressources dans les zones facilement accessibles,

    lexploitation minire est de plus en plus souvent dveloppe dans des cosystmes

    isols et riches en biodiversit, qui demeuraient jusqualors inexploits. Cette

    situation touche particulirement les pays en dveloppement, qui ont encourag les

    investissements directs de ltranger et accueilli de nombreuses entreprises minires

    sur leurs territoires, au prix parfois dune dgradation des forts, des cours deau et

    de la faune et de la ore que ceux-ci abritent.

    Dforestation

    Le dveloppement des activits minires est une des causes principales de la

    dforestation, qui touche des rgions riches en forts et en biodiversit comme

    lIndonsie. On peut notamment citer le dveloppement des activits de BHP

    Billiton dans le cur de Borno , une rgion connue pour abriter de nombreuses

    espces menaces, et particulirement des orangs-outans pour la dfense desquels

    lentreprise se serait engage. Ce comportement a suscit la critique de nombreux

    experts environnementaux et dONG, parmi lesquelles Mines and Communities et le

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    9/61

    9 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    WWF (de faon plus modre) qui accusent BHP Billiton davoir fait pression sur le

    gouvernement pour que le statut daire protge de la rgion soit lev.

    Atteintes la biodiversit terrestre et aquatique

    De nombreuses espces de la faune sont fortement dpendantes de la vgtation.Toute activit qui dtruit les forts ou la vgtation prs des cours deau et des

    marcages rduit ainsi la qualit et la quantit de lhabitat essentiel pour les espces

    terrestres et aquatiques. Il est intressant de noter que cest dans ce domaine que

    lon trouve le plus de collaborations entre ONG et entreprises minires. Rio Tinto et

    BirdLife International se sont ainsi rcemment associes pour protger les habitats

    des oiseaux dans certaines zones aux Etats-Unis et en Afrique. Autre exemple,

    lUnion internationale pour la conservation de la nature (UICN) a sign en 2002 un

    partenariat avec le Conseil international des mines et mtaux (ICMM), dans le cadreduquel lorganisation (largement considre comme une ONG) participe au dialogue

    sur lextraction minire et la biodiversit. LUICN a par ailleurs mis en place un groupe

    de travail intitul Extractive Industries and Biodiversity an de mettre en lien les

    intrts des organisations de conservation et ceux du secteur minier.

    Concurrence pour laccs leau

    Leau est une ressource unique aux usages concurrents. Elle est particulirement

    indispensable lindustrie minire, qui a besoin de quantits deau importantes pour

    le traitement des minerais.

    OCLA, Barrick Gold et leau des Andes

    LObservatoire latino-amricain des conits environnementaux (OCLA) observe

    depuis le milieu des annes 2000 le dploiement des oprations minires de Barrick

    Gold dans la rgion de Pascua Lama (Chili et Argentine) concernant un gisement

    dor (mais aussi dargent et de cuivre) important entour de cinq glaciers.

    Lun des principaux problmes soulevs par lOCLA est celui de la concurrence

    entre les activits pour la ressource en eau. La rgion, surtout agricole, est en

    stress hydrique (demande en eau excdant les ressources disponibles), et 50 %

    des rserves deau dpendent non pas des glaciers de surface mais des glaciers

    de roche, situs en profondeur, pour lesquels le plan dexploitation ne semble

    pas prvoir de dispositions particulires. OCLA rapporte que depuis 2009 leau

    disponible pour lagriculture a diminu, voire quasiment disparu. Or les procds

    dextraction envisags requerraient lusage de 370 litres deau par seconde unefois le site en activit

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    10/61

    10 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    lesenjeuxsocItaux

    Comme pour les enjeux environnementaux, les ONG qui travaillent sur les enjeux

    sociaux et socitaux sont soit trs locales, soit denvergure internationale, mais lies

    aux ONG locales par des activits dappui et de renforcement des capacits. Les

    impacts sociaux des projets miniers quelles tudient sont controverss et complexes.

    Certes, lactivit minire peut potentiellement crer des richesses (cration demplois,de revenus, dinfrastructures, dveloppement conomique dune rgion pauvre ou

    enclave), mais elles sont souvent ingalement partages. De nombreuses ONG

    dnoncent notamment lappropriation des terres des communauts locales et leur

    dplacement forc, les impacts sur la sant, la modication des rapports sociaux,

    la destruction des moyens de subsistance et des modes de vie des populations, la

    dsagrgation sociale, ainsi que les tensions et conits parfois violents lis lactivit

    minire.

    Emissions de gaz effet de serre

    Beaucoup de projets miniers sont dvelopps dans les zones fortement boises des

    rgions tropicales qui sont cruciales pour labsorption de CO2. Or, en plus de la pertedabsorption de CO2 lie la dforestation des sites dimplantation, lexploitation

    minire et la transformation des minerais gurent parmi les activits les plus

    mettrices de gaz effet de serre (GES).

    Xstrata devant la justice australienne

    Xstrata Coal Queensland souhaite ouvrir une mine australienne visant une production

    annuelle de 30 millions de tonnes de charbon qui devraient, lors de leur utilisation,

    reprsenter environ 0,15% des missions mondiales de GES. Friends of the Earth

    Australia et dix leveurs propritaires de terrains situs proximit du projet ont

    donc intent une action judiciaire en annulation. Pour la premire fois, largument

    voqu est le changement climatique et limpact quaurait cette exploitation sur la

    grande barrire de corail qui reoit chaque anne un million de visiteurs. La justice

    australienne doit dire, dici quelques mois, si les impacts environnementaux et

    conomiques sont sufsamment ngatifs pour annuler louverture de cette mine.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    11/61

    11 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Impacts sur la sant

    Les substances dangereuses et la pollution de leau, de lair et des sols mentionnes

    prcdemment peuvent, lorsquelles ne sont pas matrises, avoir des rpercussions

    graves sur lenvironnement, mais aussi sur la sant des travailleurs et des communauts

    situes proximit des sites dextraction.

    Effets directs

    Le travail dans les mines est dangereux, et les conditions de travail y sont souvent trs

    difciles. Les risques daccidents du travail sont multiples : boulements, explosions,

    inondations, incendies

    Effets indirects

    Les effets indirects de lexploitation minire incluent lincidence accrue de pathologies

    chroniques et de maladies respiratoires (silicose, pneumoconiose) lies la poussire

    ou la pollution de leau. Les villes minires improvises et les camps menacent

    galement la disponibilit et la scurit alimentaire, augmentant le risque de

    malnutrition.

    Prostitution et propagation de maladies sexuellement transmissibles

    Larrive en masse de main-duvre essentiellement masculine et clibataire

    dans une rgion minire cre des conditions trs favorables pour la prostitution,

    phnomne synonyme en gnral dune augmentation de la prvalence des maladies

    sexuellement transmissibles. Cet enjeu commence tre pris en compte par les

    entreprises minires, notamment en Afrique, o certaines dentre elles dveloppent

    des programmes de prvention et de lutte contre le VIH/SIDA.

    Impacts sur lagriculture

    En dehors des possibles pollutions dj voques, le dmarrage dun projet minier

    sur un territoire agricole prive la communaut de la possibilit de lutiliser pour la

    culture ou le pturage du btail. Les compensations nancires, lorsquelles existent,

    sufsent rarement, daprs les ONG, compenser la destruction des moyens de

    subsistance et les postes de travail perdus dans lagriculture ou la pche.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    12/61

    12 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Atteintes aux droits humains et aux droits des travailleurs

    Le secteur minier est rgulirement accus par les ONG denfreindre les droits

    humains et, dans certains pays, les droits des travailleurs. LONG International Rivers

    et la Confdration syndicale internationale en donnent une illustration rcente :

    en octobre 2010, alors que des centaines de mineurs zambiens participaient une

    marche de protestation en direction de la mine de charbon de Collum (dtenue et

    dirige par des investisseurs chinois), deux contrematres chinois ont tir sur 13

    mineurs zambiens. Si aucun tir na t fatal, la dcision des procureurs zambiens

    dabandonner les charges contre les deux contrematres qui, ne parlant pas la

    langue, nauraient pas compris les revendications des mineurs a t ressentie

    comme un outrage par la population zambienne.

    Alimentation des conits

    Les ONG, et notamment World Rainforest Movement, soulignent le nombre croissant

    de mercenaires, anciens soldats et ofciers de larme recruts dans les services de

    scurit des entreprises minires la prsence accrue de ces professionnels de la

    guerre participant au climat de violence et de tension.

    Les conits lis aux diamants du sang (notamment au Liberia et en Sierra Leonependant la guerre civile, mais aussi en Rpublique dmocratique du Congo) illustrent

    galement le rle que peut tenir lexploitation minire dans lalimentation de la

    violence. Les logiques conomiques et politiques de tels conits peuvent devenir

    difcilement matrisables pour les entreprises minires, do la remise en question

    du processus de Kimberley (voir page 34) par lONG qui lavait initi, Global Witness.

    Droits des peuples autochtones

    La dcouverte de ressources minires dans les sous-sols de territoires habits par

    des peuples autochtones peut entraner le dplacement et le dracinement de ces

    populations, dans des conditions de consultation pralable et de ddommagement

    dnonces comme rarement satisfaisantes par les ONG. Lexploitation minire

    entrane galement le remplacement des conomies de subsistance spciques aux

    peuples autochtones par une nouvelle conomie de march, qui peut conduire la

    dtrioration ou la disparition des valeurs et des coutumes traditionnelles de ces

    peuples.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    13/61

    13 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Si de plus en plus dentreprises minires se penchent sur la question des relations

    avec les communauts avoisinant les sites miniers, il est opportun davoir une

    politique adapte pour ces communauts qui ncessitent un traitement spcique.

    Leur peuplement est bien souvent dispers et enclav, leur langue est souvent

    diffrente de la langue nationale et leur culture peut tre lorigine du rejet dun

    projet dinfrastructure (route, mine, barrage). Le droit spcique des peuples

    autochtones est encadr par une dclaration des Nations Unies.

    Un consentement pralable, libre et clair

    Les peuples autochtones ne peuvent tre enlevs de force leurs terres ou

    territoires. Aucune rinstallation ne peut avoir lieu sans le consentement pralable

    donn librement et en connaissance de cause des peuples autochtones concerns

    et un accord sur une indemnisation juste et quitable et, lorsque cela est possible,

    la facult de retour .

    Article 10, Dclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones

    adopte en 2007.

    Droit la terre

    Laccaparement des terres est un phnomne de plus en plus dnonc par les ONG.

    Si traditionnellement les terres appartiennent aux communauts paysannes locales

    qui les cultivent, le sous-sol est proprit de lEtat dans la plupart des pays, ce

    qui lui permet de lattribuer diffrentes entreprises minires. Or il est impossible

    dexploiter le sous-sol sans occuper le sol, ce qui entrane le dplacement des

    communauts locales ou des peuples autochtones qui loccupent. On peut citer un

    exemple de co-entreprise entre AngloAmerican, Xstrata et BHP Billiton autour dune

    mine de charbon dans la rgion de Cerrejon (Colombie), qui a donn lieu de vives

    critiques de la part dONG depuis 2006. Friends of the Earth Australia, PressurePoint

    et le Mineral Policy Institute accusent en effet les trois entreprises minires davoir

    expropri les peuples autochtones, de les avoir dplacs sans consultation pralable,

    puis de leur avoir vers des compensations inadaptes. Elles ont dpos une plainte

    auprs du point de contact national australien de lOCDE.

    Protection des pratiques culturelles

    En bouleversant les modes de vie traditionnels des peuples autochtones, les entreprises

    minires mettent galement en pril leurs pratiques culturelles. Certaines, comme

    Vale, sengagent ponctuellement protger ces pratiques qui font lidentit des

    peuples autochtones, mais cest encore rarement le cas.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    14/61

    14 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    lesenjeuxdegouvernance

    Les ONG concernes par ces enjeux sont assez spciques. La problmatique delextraction est souvent venue dans un second temps pour des ONG qui historiquement

    sintressent au niveau mondial la critique des institutions nancires internationales

    (FMI, Banque mondiale), aux ux nanciers, la dette, aux paradis scaux Ces ONG

    de plaidoyer, professionnelles du lobbying, sont dailleurs lorigine des campagnes

    et des efforts de rgulation les plus remarquables au niveau du secteur, comme la

    campagne Publiez ce que vous payez et lInitiative pour la transparence des

    industries extractives (ITIE). Rcemment, linstitut associatif Revenue Watch, a

    dvelopp le Revenue Watch Index , qui mesure le degr de transparence de

    41 gouvernements dans leur gestion des activits lies lextraction du ptrole,

    du gaz et des minerais. La question de la transparence du montant des revenus

    lis lextraction et de leurs modes de redistribution est lun des leviers cruciaux

    identis par la socit civile pour amliorer les impacts locaux de lextraction pour

    les populations locales.

    Financement

    Pauvres en capitaux, les pays en voie de dveloppement riches en gisements miniersne peuvent se passer de la coopration avec des groupes miniers internationaux

    pour nancer lexploitation minire. Mais plusieurs ONG estiment quau travers de la

    promotion du dveloppement conomique via la libralisation du march, lajustement

    structurel et laugmentation du volume des investissements directs ltranger

    (IDE), la Banque mondiale, le FMI ou mme les instances bancaires europennes ont

    contribu au dveloppement de lexploitation minire par des entreprises trangres

    au dtriment des populations locales.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    15/61

    15 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Glencore et lexploitation du cuivre en Zambie : une campagne active

    Cinq ONG, parmi lesquelles Sherpa et les Amis de la Terre, ont rcemment engag

    une plainte auprs de lOCDE contre Glencore, au motif que sa liale zambienne,Mopani Copper Mine, aurait priv ltat zambien denviron 550 millions de dollars

    de recettes scales entre 2005 et 2008, en manipulant les prix de transfert. Mopani

    Copper Mine aurait vendu une partie importante de sa production de cuivre

    un prix trs infrieur celui du march sa maison mre, base en Suisse, qui

    laurait ensuite revendue au prix du march. Ainsi, Glencore ne ralise aucun prot

    imposable en Zambie, mais seulement l o est situ son sige social, dans le

    canton de Zoug, un paradis scal selon les ONG.

    Les ONG interpellent galement la Banque europenne dinvestissement (BEI) sur

    le rle quelle a jou dans laffaire, lui reprochant davoir accord un prt de 48

    millions deuros Glencore en 2005, alors mme quil nest pas du rle dune

    banque publique daider une multinationale prive base dans un paradis scal et

    ralisant dimportants bnces.

    Corruption

    Lexploitation minire devrait gnrer, sous forme de droits dexploitation et dimpts,

    une rente nancire utile tout pays en dveloppement pour investir dans lducation,

    lagriculture et lindustrie de base. Malheureusement, ce modle de dveloppement

    demeure thorique et on assiste au contraire lmergence dune conomie reposant

    uniquement sur un secteur dominant ainsi quune captation de la manne nancire par

    loligarchie locale. Loctroi de permis dexploitation, la xation de leur montant ou du

    taux dimposition des revenus miniers, la suppression de contraintes rglementaires

    (sociales ou environnementales) sont autant doccasions offertes aux dirigeants locaux

    pour monnayer leur pouvoir de dcision auprs des groupes miniers. Par exemple

    en 2008, selon la Banque mondiale, pour une production minire nationale estime

    2 milliards de dollars, seulement 26,7 millions de dollars de recettes scales ont

    t rellement verss sur les comptes bancaires de la Rpublique dmocratique du

    Congo. Le taux rel dimposition (droits, redevances et impts divers) y est pourtant

    ofciellement gal 46%... Cest pourquoi lITIE incite gouvernements et entreprises

    communiquer lensemble des ux nanciers gnrs par lexploitation minire,

    tandis que le rseau dONG Publiez ce que vous payez encourage les entreprises

    extractives publier ce quelles versent aux tats, an que toute corruption soit

    aisment dcelable par les ONG et les citoyens.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    16/61

    16 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Lgislations concernant les activits extractives

    Plusieurs ONG ont choisi de se concentrer sur les problmatiques lies la lgislation

    concernant les activits extractives, soit au travers de la dnonciation des atteintes

    la loi existante, soit au travers du lobbying pour la promulgation de lois plus

    contraignantes.

    Dnonciation du non-respect de la lgislation en vigueur

    Sherpa, dont la mission est daccompagner les populations victimes de crimes

    conomiques dans leur qute de justice , est lONG la plus active sur cette question.

    Lassociation apporte actuellement son soutien juridique aux travailleurs des sites

    miniers dAreva au Gabon et au Niger ainsi quau collectif des anciens travailleurs

    de la COMILOG - une socit minire gabonaise appartenant la multinationale

    franaise Eramet.

    Lobbying pour la promulgation de lois plus contraignantes

    LONG Dveloppement et Paix a mis en place une campagne de plaidoyer pour

    amliorer le projet de loi canadienne sur lexploitation minire responsable

    (notamment la suite dun rapport sur les impacts sociaux et environnementaux

    dans les mines dor au Honduras), devant la Chambre des Communes au Canada.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    17/61

    17 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    PanoramadesrelatIonsong /entrePrIsessurInternetlt 2011

    EntrEprisEs ong typEdErElation

    angloamErican

    Conservation international

    CollaborationearthwatCh institute (europe)

    Fauna & Flora international

    aCtionaid

    dnonCiationearthworks

    FriendsoFthe earth uk

    natural resourCes deFenCe CounCil

    waron want

    anglogold ashanti

    Conservation international CollaborationpaCt

    aCtionaid

    dnonCiation

    CaFod

    CCFd terre solidaire

    dClarationde berne

    Ghana CoalitionoF nGosin health

    GreenpeaCe suisse

    human riGhts watCh

    les amisdela terre

    waCam

    arcElormittal

    Conservation international CollaborationCee bankwatCh network

    dnonCiation

    european CoalitionFor Corporate JustiCe

    FranCe nature environnement

    FriendsoFthe earth international

    Global witness

    Green salvation

    Groundwork (FriendsoFthe earth south aFriCa)

    one world trust

    oxFamsandbaG

    southern aFriCa revenue watCh

    sustainable development institute liberia

    vaal environmental JustiCe allianCe

    arEva

    habitatFor humanity

    Collaborationpartenariatspourles ComptenCesetl'emploidesautoChtones

    alhak-n-akal

    dnonCiation

    brainForest

    Commissionde reCherCheetd'inFormationindpendantessurla radioaCtivit (Criirad)

    dClarationde berne

    rseaudes orGanisationspourla transparenCeetl'analyse budGtaire

    Les ONG mnent de multiples campagnes lies la diversit des enjeux, mais

    peuvent aussi collaborer avec les entreprises.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    18/61

    18 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    EntrEprisEs ong typEdErElation

    Bhp Billiton

    Fauna & Flora internationalCollaboration

    GreeninG australia

    arbeitsGruppe sChweiz-kolumbien

    dnonCiationFriendsoFthe earth australia

    FriendsoFthe earth international

    international rivers

    EramEt

    brainForest

    dnonCiationCoordinationde dFensedu sudles amisdela terre

    glEncorE

    aCtionde Carme

    dnonCiationdClarationde berne

    les amisdela terre

    painpourleproChain

    sherpa FranCe

    KazaKhmys Global witness dnonCiation

    norilsK nicKEl bellona dnonCiation

    randgoldFdration internationaledes liGuesdes droitsdel'homme

    dnonCiation

    rio tinto

    birdliFe international

    Collaboration

    Conservation international

    earthwatCh institute (europe)

    Fauna & Flora international

    the royal botaniC Gardens, kew

    union internationalepourla Conservationdelanature

    FriendsoFthe earth uk

    dnonCiationnational wildliFe Federationoyu toGloi watCh

    rusal elora Collaboration

    valE

    Fdration internationaledes liGuesdes droitsdel'homme dnonCiationsandy pond allianCe

    vEdanta

    aCtionFor southern aFriCa

    dnonCiationaCtionaid

    amnesty international

    peuplessolidaires

    suvival international

    Xstrata

    aurum Collaborationles amisdela terre

    dnonCiationnorthern land CounCilrhb n

    Antofagasta, Boliden, ENRC, Evraz, Fresnillo, Imerys, Lonmin et Severstal ne gurent pas

    dans ce tableau non exhaustif, dans la mesure o elles ne font lobjet daucune campagne de

    dnonciation visible sur Internet lt 2011.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    19/61

    19 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    lesrIsqueslIslactIvItdesongIl existe un nombre considrable dONG qui sintressent aux enjeux de lindustrieextractive, les rpertorient, les analysent. Dans leur grande majorit elles sont hostiles

    aux entreprises du secteur. Quelques-unes ont une position neutre parce quelles se

    focalisent sur lappui au dveloppement des communauts locales, et une minorit

    dentre elles collaborent de manire plus ou moins ponctuelle avec les entreprises.

    Cette hostilit est un facteur cl qui dtermine les modes daction des ONG, fait peser

    un certain nombre de risques sur lindustrie minire, et inuence lenvironnement

    normatif de lactivit extractive.

    desanglesdattaquemultIPlesPourdesenjeuxdePlusenPlusIntgrs

    Les ONG sinscrivent dans une analyse globale des enjeux de lextraction, popularise

    par lexpression la maldiction des ressources . Celle-ci dsigne, dans les travaux

    conomiques acadmiques ou des institutions internationales, le paradoxe par lequelles populations des pays riches en ressources naturelles et dpendants des industries

    extractives, ne protent pas de cette manne et restent pauvres. Dans ce mcanisme,

    les bnces nanciers sont accapars par les rmes multinationales qui exploitent ces

    ressources, les gouvernements des pays producteurs et certains groupes dintrts

    aux dpends dune redistribution vers le dveloppement, lducation et la sant de

    toute la population.

    Un travail en rseau sur des chelles gographiquesvaries

    Lactivit de lindustrie minire, notamment en ce qui concerne les multinationales du

    panel, se dploie de lchelle locale, celle du site minier, une chelle internationale,

    en particulier pour ce qui concerne laccs aux nancements publics et privs. Les

    ONG interviennent tous ces niveaux, qui impliquent des modes dactions spciques.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    20/61

    20 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Lefcacit des ONG face au secteur minier rside dans celle des rseaux auxquels

    elles collaborent. Par leurs dimensions gographique, thmatique, militante,

    personnelle, ils permettent la circulation de linformation, soutiennent lorganisation

    des contestations locales et organisent les actions plus larges. De nombreusescoalitions ont mme dsormais un statut dONG comme Publiez ce que vous

    payez dont le secrtariat est bas Londres. Elle regroupe aujourdhui des ONG

    membres dans une soixantaine de pays.

    Typologie des modes daction critiques des entreprisesminires

    Plaidoyer

    Cest lun des modes daction classiques des ONG, et sans doute le plus visible. Les

    ONG de plaidoyer prennent au nom de lintrt gnral la dfense dune cause, dune

    politique ou dun groupe de personnes, au service desquels elles mettent en uvre

    une varit de techniques de communication, notamment de campagnes mdiatiques

    globales relayes par les membres de leurs rseaux. Elles agissent alors comme un

    groupe de pression qui tente dinuencer les pratiques des entreprises, llaboration

    des lois, des rglementations et des normes (industrielles par exemple).

    Renforcement des capacits des communauts et ONG locales

    Cest un mode daction gnralement peu connu du grand public, par lequel des

    ONG, souvent de stature nationale ou internationale, contribuent (par la formation,

    la diffusion de procdures, linformation, etc.) au processus damlioration des

    comptences des individus et au renforcement institutionnel dune ou plusieurs

    organisations locales an de rendre leur action plus efcace.

    Ces deux modes daction sont majoritaires au sein des ONG du panel, toutes chelles

    confondues ; quasiment toutes font lun, lautre ou les deux, en combinaison avec lesmodes daction suivants :

    Action judiciaire

    Les ONG portent une action en justice devant les juridictions du site minier ou du

    sige de lentreprise ou sy associent. On assimile laction judiciaire les plaintes

    devant les points de contact nationaux (PCN) pour les Principes directeurs de lOCDE

    lintention des entreprises multinationales, bien que leur rle soit essentiellement

    un rle de mdiation entre les entreprises et les ONG ou syndicats qui les alertent.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    21/61

    21 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Le recours en justice, sil est minoritaire, a un impact mdiatique important et peut

    avoir des impacts nanciers considrables.

    Gabon : COMILOG contre ONG et collectif dhabitants

    En avril 2011, la justice gabonaise a considr comme recevable la plainte dun

    collectif dhabitants, de quatre ONG dont Brainforest et dun dput de lopposition

    contre la COMILOG, liale dEramet au Gabon, pour la pollution prsume due

    lexploitation du minerai de manganse Moanda dans la Province du Haut-

    Ogoou. Ce collectif rclame 490 milliards de francs CFA (746 millions deuros) de

    ddommagements.

    Diffusion dinformation

    Les ONG produisent de linformation en continu, sous la forme dagrgation

    dinformations locales ou de travaux denqute sur les impacts ESG des entreprises

    et du secteur minier. Ces rapports de recherche, tudes, lettres dinformation forment

    le socle des actions judiciaires ou des campagnes mdiatiques.

    Typologie des modes de collaboration

    Ltude dimpact

    Cest lun des savoir-faire des ONG les mieux mobiliss par les entreprises, qui font

    raliser des tudes dvaluation en amont de lexploitation dun site, mais aussi des

    tudes dimpacts environnementaux sur des sites actifs et polluants, ainsi que des

    tudes dimpact social. Les modalits contractuelles sont diverses, mais impliquent

    souvent une publication totale des rsultats par les ONG, ce qui garantit leur

    indpendance et leur crdibilit.

    Appui la gestion des impacts

    De nombreux partenariats sont centrs sur la valorisation de la biodiversit et

    lintgration de celle-ci dans les processus de management de lentreprise, mais

    on trouve galement des partenariats concernant la dpollution petite et grande

    chelle ainsi que la rhabilitation de sites en n de vie. Il existe encore peu de travaux

    communs sur la gestion des impacts sociaux. On peut citer quelques rares cas comme

    les observatoires pluralistes de la sant entre Areva, Mdecins du Monde et Sherpa et

    le travail de lONG CDA Collaborative Learning Projects.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    22/61

    22 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    du rIsque oPratIonnel local au rIsquederPutatIonglobal

    Les pratiques de rseau des ONG, dcrites prcdemment, fonctionnent sur le

    mode dune chane militante liant les ONG locales (parfois animes par une poigne

    seulement de gens engags) et les ONG globales, au sein de laquelle les informations,

    les savoir-faire et les types de mobilisations circulent. Par ailleurs, si les campagnes

    des ONG ont pour objectif de faire changer une situation locale, lide sous-jacente

    est aussi de faire voluer les pratiques dun groupe ou dune entreprise dans son

    ensemble. Tant au niveau des objectifs des campagnes que de leur fonctionnement,

    laction des ONG imbrique risques local et global pour les entreprises extractives.

    On peut citer lexemple de la campagne mene par CEE Bankwatch Network (rseau

    international bas en Europe de lest) contre ArcelorMittal. En mai 2008, elle a publi

    un rapport au moment de lassemble gnrale dArcelorMittal intitul Dans le

    sillage dArcelorMittal : les impacts locaux du gant global de lacier . Son avant-

    propos rsume la philosophie dans laquelle sinscrivent bon nombre dONG qui

    combattent le secteur minier : Les ds que doivent affronter les communauts

    vivant prs des installations dArcelorMittal que nous dcrivons ne sont pas seulement

    les problmatiques environnementales sexy qui font la une des mdias, tels que le

    changement climatique ou la fonte des calottes polaires. Ils consistent plutt, comme

    nous le prsentons ici, en des luttes au quotidien pour une justice environnementale

    et pour un environnement dpourvu de pollution et qui ne soit pas dangereux pour la

    sant. Pendant que le monde se proccupe des impacts globaux, noublions pas que

    tout commence au niveau local les entreprises qui ont des impacts locaux ayant

    invariablement des impacts lchelle mondiale et que sans une forte mobilisation

    qui part du terrain, nos rponses globales nont aucun effet. Cest ce que nous

    prsentons ici aujourdhui, une mobilisation mondiale concerte qui part de la ralitde terrain .

    Les risques provoqus par les ONG

    Risque oprationnel

    Outre les problmes de fonctionnement et les surcots occasionns par une forte

    mobilisation locale des populations locales, laction sur les sites miniers eux-mmes

    des ONG peut entrainer le blocage de la construction ou des oprations, ce qui peut

    avoir des consquences nancires importantes.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    23/61

    23 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Risque juridique

    Il peut se matrialiser devant les juridictions nationales des pays dimplantation et

    par le dpt de plaintes auprs de PCN de lOCDE. La tendance actuelle est plutt

    au dveloppement dactions collectives devant les juridictions des pays dvelopps

    qui le permettent contre des maisons mres qui y ont leur sige. La condamnation

    nancire potentielle est alors accompagne dun risque mdiatique pour lentreprise

    beaucoup plus consquent.

    Risque Investisseur

    Des grandes ONG de plaidoyer (Amnesty International, Greenpeace, les Amis de la

    Terre, etc.) font de lactivisme actionnarial ou des actions spciques pour toucher les

    investisseurs et les convaincre de faire pression soit directement soit en se retirantdu capital des entreprises dont elles estiment les comportements irresponsables.

    Vedanta, ArcelorMittal ou Rio Tinto ont t confronts ce type dactions. Rio Tinto fait

    par exemple partie des entreprises exclues par le fonds du gouvernement norvgien.

    Risque de rputation

    Lorsque que plusieurs risques se conjuguent, les pratiques dnonces par les ONG

    nissent par constituer une menace sur les actifs intangibles de lentreprise, qui

    constituent une part importante de la valorisation dune entreprise cote (sa marqueglobale, la ert dappartenance des salaris, la facilit recruter) mais aussi sur

    sa capacit daccs aux nancements.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    24/61

    24 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Bougainville : du risque oprationnel local au risque juridique global

    Entre 1972 et 1989, via sa liale Bougainville Copper, le groupe Rio Tinto a exploit

    une des plus grandes mines de cuivre ciel ouvert Panguna en Papouasie Nouvelle-Guine. Le comportement du groupe (dgradation massive de lenvironnement,

    discrimination raciale) a provoqu une rbellion des habitants de lle et conduit

    la fermeture de la mine en 1989. Daprs plusieurs ONG, relayes par le London

    Mining Network, lentreprise aurait jou un rle important dans la guerre civile qui

    a suivi, fournissant la police et larme des hlicoptres de combat, des pilotes,

    de lessence et des baraquements pour les soldats, et poussant le gouvernement

    la rpression. Lobjectif aurait t dobtenir la rouverture de la mine avec le

    soutien du gouvernement en place. Le groupe est actuellement vis aux tats-Unispar une plainte collective (class action) mene par les habitants de Bougainville, qui

    laccusent davoir particip au conit ayant fait entre 10 000 et 15 000 morts lors

    de la guerre civile qui a dur de 1990 1997, et dtre indirectement responsable

    de crimes contre lhumanit. Si Rio Tinto dment ces accusations, laction judiciaire

    pourrait lui porter un srieux prjudice si elle donnait raison aux habitants de

    Bougainville, soutenus par leur actuel gouvernement.

    FaIble rPonse PublIque des entrePrIsessurleursrIsquesavrs

    Si les conits opposant les ONG et les entreprises du panel sont nombreux, seule

    une minorit dentre elles communique sur ces conits et les ventuelles actions

    judiciaires quils provoquent. Antofagasta, BHP Billiton, Vale et Xstrata y font

    notamment rfrence dans leurs rapports, mais la plupart sont muettes sur la question

    et prfrent voquer ce quelles font pour les communauts (voir tableau p.17).

    On peut citer Vedanta qui pousse cette stratgie lextrme : malgr le conit trs

    mdiatis qui loppose la tribu des Dongria Kondh depuis plusieurs annes, Vedanta

    parle des Dongria Kondh dans ses rapports 2010 uniquement pour insister sur toutes

    les actions positives que lentreprise mne en leur faveur (amlioration de leur qualit

    de vie, aide la conservation de leur culture), sans faire aucune allusion au conit

    qui les oppose. Il a pourtant fait lobjet dun dbat lors de son assemble gnrale en

    2010 et conduit au gel du projet par le gouvernement indien.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    25/61

    25 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Vedanta, les ONG et la montagne sacre

    Le conit remonte 2002, date laquelle Sterlite, liale indienne de Vedanta, avait

    obtenu une licence lautorisant installer une usine pour transformer la bauxite enaluminium dans ltat dOrissa. Vedanta comptait en effet exploiter des gisements

    de bauxite se trouvant dans le Niyamgiri, une montagne constituant le territoire

    de la tribu des Dongria Kondh, et transformer directement la bauxite dans lusine

    situe proximit. La Cour suprme indienne a conrm en aot 2008 le droit de

    Sterlite dexploiter la montagne sacre des Dongria Kondh, ce qui a suscit une

    forte mobilisation des ONG, et notamment de Survival International qui a relay

    lhistoire des Dongria Kondh sur la scne internationale. Les Dongria Kondh veulent

    empcher Vedanta dexploiter la bauxite situe dans la montagne, vnre commeun temple car elle abrite pour eux lesprit du dieu Niyam Raja. Le 24 aot 2010, le

    ministre indien de lenvironnement a pris la dcision de geler le projet.

    La pression exerce par Survival International et dautres ONG, comme Amnesty

    International, a conduit lglise dAngleterre se retirer du capital de Vedanta

    (elle en detenait environ 6 millions de dollars en actions), suivie par dautres

    investisseurs. Enn, lusine construite au pied des collines est loin dtre amortie

    par Vedanta.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    26/61

    26 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    analysedelacommunIcatIondesentrePrIsesmInIres

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    27/61

    27 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    mthodologIeLa communication de 23 entreprises minires cotes a t passe en revue pour

    analyser ce quelles disent des enjeux ESG auxquelles elles sont confrontes et de

    leurs rapports avec la socit civile.

    Recherche dans la communication des entreprises

    Ont t passes en revue les sources publiques de communication des entreprises

    sur Internet uniquement (rapports annuels 2010 ou 2009 quand la version 2010

    ntait pas encore disponible, rapports consacrs au dveloppement durable ou la

    responsabilit socitale dentreprise, sites internet de lentreprise, en franais et en

    anglais).

    Recensement des enjeux de lextraction minire mis enexergue par la socit civile

    Ont t passes en revue des sources publiques sur Internet, uniquement en franais

    et en anglais entre mars et aot 2011. Les problmatiques lies lindustrie extractive

    et les initiatives sectorielles ont t systmatiquement recenses sur les sites Internet

    des ONG et rseaux internationaux dONG (WWF, Friends of the Earth, Oxfam)

    faisant rfrence dans le secteur, ainsi quau sein des Forums sociaux mondiaux etrgionaux.

    Recensement des relations entre les entreprises miniresdu panel et la socit civile

    Recherches croises sur Internet partir de mots cls (ONG, socit civile) et du nom

    de lentreprise ou du groupe, en franais et en anglais.

    Les organisations qui travaillent sur les impacts de lindustrie extractive sont de taille

    htrogne, de la petite organisation communautaire autour dun enjeu trs local

    lONG internationale reconnue qui utilise son capital mdiatique pour mener des

    campagnes sur les enjeux globaux du secteur. Leur nombre important, les relations

    quelles entretiennent entre elles et avec les entreprises, la diversit de leurs modes

    daction et des thmatiques quelles traitent, forment un paysage complexe.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    28/61

    28 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Les travaux de la socit civile dans certaines zones, russophones en particulier, se

    sont rvls peu accessibles.

    Le mode de recherche ne permet pas dapprhender certaines organisations locales

    mais trs actives du fait de leur absence de visibilit sur Internet (dans les pays en

    voie de dveloppement notamment).

    Grille dvaluation

    Pour valuer la transparence des entreprises minires sur leurs enjeux ESG et qualier

    leurs relations avec les ONG, une grille de 18 critres listant les lments requis

    dans leur communication a t tablie. Les questions poses sont classes en quatre

    catgories : Rglementations et initiatives sectorielles, Parties prenantes externes,Environnement et Socit. Elles recouvrent les points essentiels de relation entre

    ONG et entreprises du secteur minier. Elles sont dtailles de la page 32 la page 46.

    Le questionnaire initial comptait deux autres questions dont les rponses ne

    gurent pas dans ltude : Lentreprise a-t-elle un poste ddi aux relations avec les

    ONG ? Lentreprise collabore-t-elle avec des ONG spcialises dans la lutte contre la

    corruption ? Labsence dinformations sur ces deux sujets a conduit les retirer

    de lanalyse mais ces points sont pourtant cls. Dans le premier cas, lexistence

    dun poste ddi aux relations avec les ONG est souvent le signe visible dune

    stratgie de relation spcique avec la socit civile. Dans le second, labsence dune

    communication spcique sur la lutte contre la corruption en partenariat avec des ONG

    illustre la difcult pour ces entreprises aborder de front dans leur communication

    le sujet de la corruption.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    29/61

    29 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    classe

    ment

    des

    entreP

    rIses

    entreprise AyAnt entre 15 et 10rponsespositives

    On retrouve dans cette catgorie lesmeilleures entreprises du secteur entermes de communication. Elles fontrgulirement rfrence aux ONG dansleurs rapports annuels et dveloppementdurable et les ont intgres commeparties prenantes part entire dansleur stratgie de RSE. Les six entreprisesde ce groupe (AngloAmerican, BHPBilliton, Lonmin, Rio Tinto, Vale, Xstrata)rpondent positivement plus de lamoiti des questions listes dans la grille

    dvaluation mais restent lacunaires surcertains enjeux ESG cls comme la luttecontre la corruption.

    entreprises AyAnt entre 4 et 9rponsespositives

    Cette catgorie regroupe des entreprisesqui communiquent sur leurs relationsavec les ONG et ont pu mettre en

    place des partenariats intressants(ArcelorMittal, Areva), mais aussi desentreprises qui, si elles mentionnenttrs peu les ONG, ont une stratgie deRSE dveloppe (Boliden en tant lameilleure illustration), sans oublier, enbas de tableau de cette catgorie, desentreprises qui communiquent peu nonseulement sur leur stratgie de RSEmais aussi sur leur relation aux ONG.

    entreprises AyAnt entre 1 et 2rponsespositives

    Cette dernire catgorie runit desentreprises franchement opaques(ENRC, Evraz, Glencore, Kazakmys,Severstal) qui ne mentionnent quasimentpas les ONG et ont une stratgie deRSE balbutiante, voire inexistante. Ellesnont aucun rapport de dveloppementdurable et les chapitres Responsabilitsocitale de lentreprise du site ou du

    rapport annuel sont particulirementpauvres.

    AngloAmericanValeBHP BillitonRio TintoXstrataLonmin

    COMMUNICATIONETDIALOGUE

    ENRCKazakhmys

    EvrazGlencoreSeverstal

    COMMMUNICATIONPARTIELLE

    AngloGold AshantiArcelorMittalArevaFresnilloAntofagastaNorilsk NickelRandgoldVedantaErametRusalBoliden

    Imerys

    OPACIT

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    30/61

    30 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Les grandes multinationales communiquent mieux que les

    entreprises de taille plus rduite

    Parmi les entreprises qui rpondent positivement plus de la moiti

    des critres identis, on retrouve 5 des 7 entreprises aux chiffres

    daffaires 2010 les plus levs (AngloAmerican, BHP Billiton, Rio

    Tinto, Vale, et Xstrata). La taille et la diversit dimplantation de

    ces entreprises minires les exposent en effet davantage. Il parat

    donc logique quelles aient des lments de rponse plus nombreux.

    Certaines entreprises de taille modeste peuvent malgr tout, limage

    de Lonmin, communiquer de faon satisfaisante sur leurs enjeux et

    leurs risques.

    mais Glencore est lexception qui confrme la rgle.

    Le n1 du secteur minier se classe dernier ex-quo pour sa

    communication sur les enjeux ESG, en obtenant une seule rponse

    positive et 17 ngatives. Bas en Suisse, cot Londres et gnrant

    un chiffre daffaires annuel suprieur 100 milliards deuros, prsent

    dans de nombreux pays, le groupe ne publie paradoxalement, lheureactuelle, ni rapport annuel, ni rapport de dveloppement durable.

    Les entreprises du panel ont des relations oues et limites

    avec les organisations reprsentant la socit civile.

    En dehors des entreprises qui ne mentionnent jamais le terme

    mme dONG, les relations entre les entreprises et les organisationsde la socit civile sinscrivent dans un large ventail qui va dune

    simple interaction pour certaines, jusquau partenariat stratgique

    de long terme pour dautres. La qualit de linformation sur ces

    dimensions est par ailleurs ingale. Si plusieurs entreprises analysent

    les proccupations des parties prenantes (notamment des ONG) en

    fonction des impacts que celles-ci ont sur leurs activits ou dressent

    des descriptions circonstancies des partenariats mis en place avec

    elles, dautres se contentent de se rfrer aux ONG de faon gnriquesans donner de prcisions.

    a retenIr

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    31/61

    31 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Les entreprises franaises ne se diffrencient pas.

    Depuis dix ans, les entreprises franaises cotes ont une obligation

    lgale dinformations de leurs actionnaires sur des enjeux ESG (article

    116 de la loi sur les Nouvelles rgulations conomiques) mais cela ne

    conduit pas les entreprises franaises du panel faire preuve dune

    transparence plus grande que les autres. Les trois entreprises franaises

    du panel (Areva, Eramet et Imerys) se situent dans la moyenne. Elles

    communiquent notamment peu sur leur relation aux ONG, Imerys ne

    les mentionnant pas du tout.

    Les entreprises minires russes et kazakhes sont plus

    silencieuses.

    Les socits bases en Russie ou au Kazakhstan communiquent

    trs peu sur les questions de RSE et ne mentionnent quasiment pas

    les ONG. En tant quentreprises cotes en Europe occidentale, elles

    devraient pourtant tre en mesure de fournir une communication sur

    ce plan en anglais destination de leurs actionnaires. Sur les quatre

    entreprises russes du panel, seule Norilsk Nickel publie un Rapport

    sur la responsabilit socitale de lentreprise en anglais, dans lequel

    des lments de sa relation aux ONG sur lanne 2009 sont dcrits.

    Il faut noter nanmoins que plusieurs des collaborations mises en

    place avec les ONG lont t sur le site minier de Stillwater Mining

    Company aux Etats-Unis, dont Norilsk Nickel dtient 53 % du capital.

    Le dveloppement doprations dans des territoires autres que lesanciennes rpubliques sovitiques semblerait donc dcisif pour pousser

    lentreprise communiquer sur ces questions. Par ailleurs, les grandes

    socits minires russes ont souvent, aprs leur privatisation dans les

    annes 1990, continu assurer une fonction sociale importante auprs

    des communauts (ducation, sant); elles tmoignent toutes dune

    forme dengagement socital, dnis en termes de philanthropie ,

    de charity ou de mcnat , qui traduisent une approche des

    relations avec la socit civile qui nest pas dordre stratgique.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    32/61

    32 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    analysedtaIlleParthmatIque esg

    rglementatIonetInItIatIvessectorIelles

    Ltude se penche ici sur le degr dautorgulation du secteur au travers de ladhsion

    volontaire des entreprises du panel diffrents standards, initiatives et systmes de

    reporting.

    Lentreprise encourage-t-elle la mise en place de lInitiative pour la transparence

    des industries extractives (ITIE) dans ses pays dimplantation (hors OCDE) ?

    Lentreprise publie-t-elle le montant des impts et droits dexploitation verss

    dans ses pays dimplantation ?

    Si son activit comprend lextraction de diamants, lentreprise applique-t-elle les

    principes du processus de Kimberley ou dautres standards existants ?

    Lentreprise est-elle signataires des Principes volontaires sur la scurit et les

    droits humains ?

    Lentreprise applique-t-elle les principes du Pacte mondial ou le rfrentiel de

    la Global Reporting Initiative (GRI), notamment les directives du supplment

    Mining and Metals ?

    Lentreprise a-t-elle une position ofcielle sur le respect des principes, textes et

    conventions de lOrganisation internationale du travail (OIT) ?

    Les rfrentiels dengagement volontaire

    Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE)

    LITIE a t lance linitiative du gouvernement anglais. Elle fdre des tats, des

    entreprises, des investisseurs et des ONG, lune des principales tant Transparency

    international. Elle a publi en 2003 des principes dont la nalit est daccrotre la

    transparence des paiements et revenus dans le secteur des industries extractives.

    Les Etats signataires de ces principes sengagent rendre publics les montants desrevenus lis lextraction quils reoivent, et les entreprises les montants verss an

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    33/61

    33 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    que les populations locales puissent en avoir connaissance. Elle partage lobjectif

    de la campagne Publiez ce que vous payez que les ONG mnent destination

    des entreprises an de permettre aux citoyens dexiger des comptes quant lusage

    que leur gouvernement fait de la rente extractive an de rduire les risques dedtournement de fonds et de corruption.

    LITIE a trouv un prolongement dans Dodd Frank Act, une loi amricaine signe le

    21 juillet 2010 par le prsident amricain Barack Obama. Celle-ci impose en effet aux

    compagnies ptrolires, gazires et minires enregistres auprs de la Securities and

    Exchange Commission (SEC), de rvler publiquement leurs revenus ainsi que les

    versements, pays par pays, quelles effectuent auprs des gouvernements concerns.

    Toutefois, les principales compagnies ptrolires cotes Wall Street font aujourdhui

    pression sur la SEC et ladministration amricaine an que des drogations soient

    autorises pour certains pays (Angola, Chine, Qatar).

    Pacte mondial

    Le Pacte mondial, ou Global Compact, a t lanc par les Nations Unies. Il comprend

    10 principes que les entreprises signataires sengagent respecter, dans les domaines

    de lenvironnement, des droits humains, des droits du travail et de la lutte contre la

    corruption. Elles sont pour cela tenues de publier annuellement une Communication

    on Progress (CoP) , cest--dire un document prsentant les progrs raliss au

    cours de lanne pour le respect des 10 principes.

    Global Reporting Initiative (GRI)

    Cre en 1997, la GRI a pour vocation de dnir des standards de reporting de

    dveloppement durable avec des dclinaisons sectorielles. La GRI publie des lignes

    directrices, rgulirement mises jour, qui servent de rfrentiel aux entreprises

    pour llaboration de leur rapport annuel ou de dveloppement durable. Il sagit dunedmarche volontaire pour chaque entreprise, mais la vrication du respect de ses

    lignes directrices par la GRI est facultative.

    La GRI comporte un supplment spcique au secteur minier, Mining and Metals .

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    34/61

    34 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Principes volontaires sur la scurit et les droits humains

    Ils ont t lancs en 2000 pour rpondre une problmatique spcique du secteur

    extractif qui concernait les abus commis par des entreprises de scurit et desarmes nationales employes par les entreprises minires pour scuriser les sites

    dexploitation.

    Seules 6 entreprises du panel sur 23 ont sign les Principes volontaires sur la scurit

    et les droits humains : AngloAmerican, AngloGold Ashanti, BHP Billiton, Lonmin, Rio

    Tinto et Xstrata.

    Processus de Kimberley

    Ce programme international de certication, lanc en 2003, a rassembl

    gouvernements, entreprises diamantifres et organisations de la socit civile pour

    viter que les pierres prcieuses ne nancent guerres et gurillas, comme cela

    avait t le cas au Liberia et en Sierra Leone. Il a galement permis damliorer

    les rentres scales de gouvernements prouvs par le trac illgal de diamants.

    En Sierra Leone par exemple, suite lapplication du processus de Kimberley, les

    exportations ofcielles de diamants propres sont passes de 10 millions de dollars

    en 2000 140 millions en 2005. Mais il est aujourdhui remis en question depuis la

    certication donne au Zimbabwe et la Rpublique dmocratique du Congo qui

    vendraient des diamants extraits de mines o larme est accuse dexactions par de

    nombreuses ONG.

    Sur les trois entreprises qui extraient des diamants (AngloAmerican, BHP Billiton et

    Rio Tinto), seule la liale dAngloAmerican, De Beers, fait rfrence au processus de

    Kimberley, auquel elle afrme se conformer.

    Les standards de durabilit sociale et environnementale de la Banquemondiale

    Les consquences environnementales et sociales de lexploitation minire trs

    grande chelle, telle que la pratiquent les multinationales, les conduisent aujourdhui

    devoir prendre des engagements de conformit des standards minimum qui leur

    permettent dassurer et de nancer leurs projets. Ceux de lInternational Finance

    Corporation (IFC) jouent ce rle dans le secteur minier.

    Institution de la Banque mondiale charge des oprations avec le secteur priv, LIFC

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    35/61

    35 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    a mis en place un cadre dvaluation sociale et environnementale des projets,

    accompagn de 8 critres de performance. Cette valuation constitue un facteur

    dterminant dans sa dcision de nancement et dnit le primtre des conditions

    sociales et environnementales de ce nancement .

    Ces standards, qui thoriquement sappliquent stricto sensu aux projets nancs par

    lIFC, constituent une rfrence internationale en matire de matrise dimpacts en

    gnral.

    Les critres, entrs en vigueur en 2006 et mis jour en 2011, valuent les aspects

    suivants de la vie dun projet et de ses impacts :

    1. Systme dvaluation et de matrise des risques et impacts sociaux etenvironnementaux

    2. Conditions de travail

    3. Optimisation des ressources et prvention de la pollution

    4. Sant et scurit de la collectivit

    5. Acquisition foncire et dplacement involontaire.

    6. Biodiversit et gestion des ressources naturelles vivantes

    7. Populations autochtones

    8. Patrimoine culturel

    Depuis 2010, les grandes lignes de ces standards sont intgres aux lignes directrices

    pour le secteur minier de la GRI, ce qui permet de faire converger en partie les

    rfrentiels volontaires dengagement dans ce domaine.

    Principes volontaires sur la scurit et les droits humains

    LICMM, Conseil international des mines et mtaux, a t cr en 2001 et regroupe :

    20 entreprises minires et mtallurgiques, dont AngloAmerican, AngloGold

    Ashanti, Areva, BHP Billiton, Lonmin, Rio Tinto, Vale et Xstrata, qui font partie du

    panel de ltude ;

    31 fdrations nationales ou continentales dentreprises minires ou

    mtallurgiques, parmi lesquelles Euromines, Euromtaux, lInternational Copper

    Association et le World Gold Council.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    36/61

    36 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Sa mission est de promouvoir la mise en place de bonnes pratiques de dveloppement

    durable parmi ses membres, notamment grce des publications concernant les

    peuples autochtones, les droits humains, la planication de fermeture de mine

    intgre ou la gestion des risques lis au mercure. LICMM exige par ailleurs unecertication par un tiers du bilan ralis annuellement par chaque entreprise sur le

    respect des 10 principes de lorganisation :

    1. Adopter et maintenir des pratiques commerciales thiques et des systmes

    rigoureux de gouvernement dentreprise

    2. Intgrer les questions de dveloppement durable au processus dcisionnel

    de lentreprise

    3. Dfendre les droits fondamentaux de la personne et le respect des cultures,

    des coutumes et des valeurs dans les rapports avec nos employs et toutes

    les personnes touches par nos activits

    4. Mettre en uvre des stratgies de gestion des risques fondes sur des

    donnes valables et des principes scientiques objectifs

    5. Chercher amliorer continuellement notre performance en matire de

    sant et de scurit

    6. Chercher amliorer continuellement notre performance environnementale

    7. Contribuer la conservation de la biodiversit et aux approches intgres

    la planication de lutilisation du sol

    8. Faciliter et promouvoir la conception, lutilisation, la rutilisation, le recyclageet llimination responsables de nos produits

    9. Contribuer au dveloppement social, conomique et institutionnel des

    collectivits dans lesquelles nous menons des activits

    10. Mettre en uvre, avec nos intervenants, des dispositions dengagement,

    de communication et de production de rapports indpendants qui soient

    efcaces et transparentes

    Lappartenance lICMM repose sur le principe de la cooptation et seules les entreprises

    sengageant formellement respecter ces principes peuvent intgrer lorganisation.

    En conclusion, si ces initiatives et normes volontaires ont un effet dentrainement

    incontestable, ils exposent les entreprises une pression plus forte de leurs parties

    prenantes. En effet, les ONG contrlent la ralit des engagements afchs et

    dnoncent avec dautant plus de virulence des pratiques qui leur semblent contraires

    aux dits engagements. Dans le cas des entreprises silencieuses comme Glencore et

    les groupes russes et kazakhes, leur rle est ax sur la dnonciation des pratiques

    existantes et le lobbying pour obliger les entreprises les changer et devenir plus

    transparentes.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    37/61

    37 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    itiE

    Entreprises adhrentes

    pactE mondial

    Entreprises signataires

    gri

    Entreprises utilisant leslignes directrices

    angloamErican

    anglogold ashanti

    antofagasta

    arcElormittal

    arEva

    Bhp Billiton

    BolidEn

    EramEt

    Enrc

    Evraz

    frEsnillo

    glEncorE

    imErys

    KazaKhmys

    lonmin

    norilsK nicKEl

    randgold

    rio tinto

    sEvErstal

    rusal

    valE

    vEdanta

    Xstrata

    23 10 12 12

    Panorama des initiatives sectorielles auxquelles adhrentles entreprises du panel

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    38/61

    38 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    PartIesPrenantesexternes : unecommunIcatIonlacunaIrequIreFltelesdIFFIcultsdIntgrerlesongcommedesPartIesPrenantesPartentIre

    Ces questions ont pour objectif dvaluer le degr de reconnaissance des organisations

    de la socit civile par les entreprises minires, en cherchant savoir si les ONG

    taient intgres comme des parties prenantes stratgiques prendre en compte

    dans les politiques et les pratiques de lentreprise, et si ctait le cas, comprendre

    la manire dont cette reconnaissance tait formalise.

    Lentreprise a-t-elle mis en place un processus formalis de consultation desparties prenantes incluant des ONG ?

    Lentreprise a-t-elle mis en place une stratgie de relation aux ONG, incluant

    toute la chane de projet (des tudes en amont lvaluation) ?

    Lentreprise a-t-elle des partenariats avec des ONG sur des questions de RSE ?

    Processus de consultation formalis des ONG et stratgie

    de relations avec les ONG

    11 entreprises sur 23, soit la moiti du panel, ont mis en place un processus de

    consultation formalis des parties prenantes incluant des ONG. Une seule entreprise,

    AngloAmerican, obtient 3 rponses positives en ayant mis en place des partenariats

    avec des ONG sur des questions de RSE, un processus de consultation des parties

    prenantes, et une stratgie de relations aux ONG incluant toute la chane de projet.

    Elle a mis en place un processus dit SEAT ( AngloAmericans Socio-Economic

    Assessment Toolbox ), qui dnit pour chaque projet les tapes respecter et inclutla consultation dONG.

    En revanche, de nombreuses entreprises ont procd une forme de consultation des

    parties prenantes un moment ou un autre du cycle de vie dun projet. Onze dentre

    elles dveloppent des exemples ponctuels de consultation des parties prenantes.

    Xstrata, par exemple, fournit une information plus dtaille en sappuyant sur

    des donnes chiffres. Le processus de consultation des communauts locales

    a reprsent une activit particulirement importante ces deux dernires annes,

    puisque nous avons acclr notre rythme de dveloppement de projets et dexpansion

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    39/61

    39 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    des installations existantes. () Nous avons tenu prs de 3000 runions avec les

    parties prenantes en 2010, avec plus de 34 000 personnes prsentes (p. 89 du

    rapport de dveloppement durable 2010).

    Partenariats sur des stratgies de RSE

    Si quasiment la moiti du panel (11 rponses positives et 12 rponses ngatives)

    afche lexistence de partenariats de RSE, ils ne sont pas tous de la mme envergure.

    Ceux mis en place par AngloAmerican, Areva ou Vale semblent plus dvelopps que

    les collaborations moins stratgiques et plus ponctuelles organises par Fresnillo ou

    Norilsk Nickel.

    AngloAmerican, en plus de programmes de formation et dducation la performance

    sociale assez novateurs mis en place pour ses employs, travaille en partenariat

    avec lONG Care dans plusieurs rgions du monde depuis 2003. Elles collaborent sur

    des programmes de lutte contre le VIH/SIDA au Lesotho et en Afrique du Sud, les

    deux acteurs partageant leur expertise en matire de prvention et de lutte contre

    la pandmie. Care sappuie galement sur son exprience du terrain pour aider

    AngloAmerican mieux rpondre aux besoins et aux attentes des communauts

    dans les rgions o lentreprise est implante.

    Le groupe Areva a quant lui conclu un accord avec les associations Sherpa et

    Mdecins du Monde portant sur la cration, en 2009, dobservatoires pluralistes

    de la sant autour de ses sites miniers au Niger et au Gabon. Bien que contest

    par certaines ONG, notamment par la Commission de recherche et dinformation

    indpendante sur la radioactivit (CRIIRAD), ce dispositif, plac sous lgide des

    autorits des pays concerns, est une premire mondiale. Il a pour objet ltude de

    la sant des travailleurs dans les mines duranium dAreva et de limpact potentiel

    de celles-ci sur la sant des populations voisines. Si des cas de maladies imputables ces activits minires taient mis en vidence, les soins correspondants devraient

    tre pris en charge par le groupe en respectant le taux de couverture mdicale

    franaise.

    Vale, assist par des ONG, a dvelopp de nombreuses collaborations avec des

    communauts autochtones travers le monde. En Nouvelle-Caldonie, par exemple,

    lentreprise a sign un pacte de dveloppement durable avec la population kanake

    en octobre 2009, qui garantit la participation de celle-ci au suivi environnemental de

    Vale. Le partenariat porte aussi sur la prservation de la culture kanake en Nouvelle-

    Caldonie.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    40/61

    40 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    envIronnement : unecommunIcatIondveloPPemaIsIncluantPeules ong

    Ces questions permettent non seulement davoir une ide gnrale de la stratgie de

    RSE des entreprises en matire de communication sur leur politique environnementale,

    mais aussi de regarder si elles mnent les politiques de matrise des impacts

    spciques leur industrie en intgrant lexpertise des ONG environnementales, en

    particulier sur lvaluation des impacts de leur activit.

    Si la communication sur la politique environnementale en gnral prsente des

    lments de reporting relativement dvelopps, elle intgre peu les ONG expertes sur

    le sujet. Le nombre de rponses ngatives (79) est six fois suprieur au nombre de

    rponses positives (13). Seule Vale rpond positivement 3 des 4 questions, suivie

    par AngloAmerican et Rio Tinto. Dans la mesure o les pratiques environnementales de

    ces entreprises sont particulirement dnonces par les ONG, il nest pas surprenant

    de constater que le secteur est trs loin de quitter le terrain de la confrontation pour

    rejoindre celui de la collaboration.

    Politique de matrise de leau et de lnergie

    La plupart des entreprises ont des politiques environnementales dnies

    leur initiative, mais trs rarement avec des ONG. Le meilleur exemple de cette

    stratgie est lentreprise sudoise Boliden qui a une attitude proactive en matire

    environnementale bien quelle ne mentionne pas une seule fois les ONG dans son

    rapport de dveloppement durable. Ceci sexplique sans doute par les conits quellea affronts la n des annes 1990 et au dbut des annes 2000. Boliden a en effet

    Lentreprise a-t-elle une politique de matrise de leau et de lnergie sur ses sites

    en partenariat avec des ONG ?

    Lentreprise a-t-elle une politique de rhabilitation des sites en n dexploitation

    en partenariat avec des ONG ?

    Lentreprise ralise-t-elle des valuations dimpact de son activit sur

    lenvironnement et la biodiversit en partenariat avec des ONG ?

    Lentreprise travaille-t-elle avec des ONG sur le traitement de ses impacts sur

    lenvironnement et la biodiversit ?

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    41/61

    41 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    t attaque par le WWF et Greenpeace la suite de la rupture de barrages lis

    aux mines que lentreprise exploitait en Espagne et en zone arctique. Ces accidents

    mdiatiss et leurs consquences dsastreuses (raz de mare de boues contenant

    des rsidus mtalliques hautement toxiques) ont incit Boliden revoir sa politiqueenvironnementale et en tirer les leons qui simposaient.

    Sur la question de la matrise de leau et de lnergie, ArcelorMittal fait exception

    puisquelle a form un comit de pilotage sur leau, auquel ont particip des

    ONG engages dans linitiative CDP Water Disclosure. Avec laide de celles-ci et

    dautres parties prenantes cls, ArcelorMittal a pu identier les axes prioritaires

    de dveloppement pour sa stratgie de matrise de leau. Vale fait gure dacteur

    particulirement engag sur la question de la matrise de lnergie. Avec linstitut

    Ethos et le Sustainable Amazonia Forum, le groupe brsilien a supervis la publication

    dune lettre ouverte au gouvernement brsilien pour le changement climatique

    , dans laquelle, pour la premire fois, des entreprises industrielles brsiliennes

    sengageaient conjointement rduire leurs missions de gaz effet de serre. Sous

    limpulsion de Vale, 30 entreprises avaient sign le document n 2009. Le groupe

    travaille galement avec des ONG sur les questions de matrise de leau et de lnergie

    dans le cadre dun fonds ddi, le Vale Fund for Sustainable Development.

    Evaluations et traitement des impacts de lactivit delentreprise sur lenvironnement en partenariat avec desONG

    7 entreprises (AngloAmerican, BHP Billiton, Fresnillo, Norilsk Nickel, Rio Tinto, Vale,

    Xstrata) afrment travailler sur le terrain avec des ONG pour matriser leurs impacts

    sur lenvironnement et la biodiversit, mais seulement deux (AngloAmerican et Vale)

    communiquent clairement sur les valuations des oprations ralises en partenariat

    avec des ONG.

    AngloAmerican a inclus une norme de performance en matire de biodiversit au sein

    de sa politique environnementale ( The Environment Way ), qui requiert de tous

    les projets et oprations quelle mne des valuations rgulires de leurs impacts

    sur lenvironnement. Plusieurs ont t menes en partenariat avec Fauna & Flora

    International, qui a aid AngloAmerican valuer les risques auxquels ses sites

    taient exposs en termes de destruction de biodiversit. Mais cest surtout Vale qui

    se distingue sur la question des partenariats environnementaux avec des ONG.

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    42/61

    42 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    Au travers du Vale Fund for Sustainable Development, Vale mne rgulirement des

    valuations dimpacts et dveloppe des programmes de conservation et de protection

    de la biodiversit avec les organisations locales.

    Rio Tinto travaille sur ses impacts directs avec des ONG mais recourt galement

    au systme de land swaps(voir encadr). Le groupe a en effet mis en place des

    partenariats avec les ONG Conservation International, BirdLife International et

    Earthwatch Institute, qui laident intgrer les problmatiques de biodiversit dans

    sa politique environnementale et mieux grer ses impacts directs. Fauna and Flora

    International doit pour sa part aider Rio Tinto avoir un impact net positif sur la

    biodiversit.

    Le principe controvers des land swaps

    Les land swaps reposent sur lide de compensation. Cela consiste pour lentreprise

    acheter des parcelles possdant les mmes qualits en termes de biodiversit

    que celles qui sont exploites et en coner la gestion une ONG pour compenser

    la dtrioration de la parcelle exploite par lentreprise. Ce principe fait dbat

    au sein des ONG environnementales. Certaines ny voient quun subterfuge de

    la part des entreprises minires pour verdir leur image sans avoir rduire

    leurs impacts directs sur leurs sites dexploitation. Pour dautres, les programmes

    de compensation comme les land swaps peuvent avoir du sens condition dtre

    accompagns dun travail parallle de lentreprise sur ses impacts directs.

    Politique de rhabilitation des sites avec des ONG

    Seules 2 entreprises sur 23, Randgold et Rio Tinto, ont mis en place une politique de

    rhabilitation des sites en partenariat avec des ONG. Randgold, entreprise spcialise

    dans lextraction aurifre et implante principalement en Afrique, a commenc

    dvelopper un projet agricole en partenariat avec des ONG (dont les noms ne sontpas cits dans le rapport annuel 2010), an de rduire limpact de la fermeture de la

    mine de Morila au Mali. Ce projet pilote devrait, daprs Randgold, permettre doffrir

    des alternatives conomiques intressantes au travail de la mine et dvelopper le

    commerce local. Rio Tinto a galement mis en place plusieurs partenariats avec des

    ONG autour de projets de rhabilitation de sites miniers. En plus de travailler avec

    les Royal Botanic Gardens sur des techniques spciques de rhabilitation, Rio Tinto

    participe lEden Project, un jardin dattraction vise ducative situ dans le

    sud-ouest de lAngleterre, dont lobjectif est de promouvoir une utilisation durable

    des ressources de la plante. Le projet a t dvelopp sur un ancien site minier pour

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    43/61

    43 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    fournir un exemple de rhabilitation de site aprs exploitation. Lobjectif de ce

    partenariat est de dvelopper un centre global pour la rhabilitation post mine.

    Dautres entreprises (Areva, Lonmin) dveloppent des exemples de rhabilitation

    de sites mens avec les communauts locales, mais sans prciser si des ONG sont

    associes ou pas la dmarche.

    Lentreprise dmontre-t-elle lexistence dun dialogue social local avec des

    interlocuteurs identis, syndicats ou ONG ?

    Lentreprise a-t-elle une position ofcielle sur le respect des droits humains

    (rfrence aux conventions et textes internationaux standards ou existence

    dune charte interne) ? Et/ou sur le respect des droits des peuples autochtones

    (rfrence aux conventions et textes internationaux standards ou existence dune

    charte interne) ?

    Lentreprise ralise-t-elle des valuations dimpacts de son activit sur les

    communauts locales (sant, scurit alimentaire, sites et patrimoines intangibles)

    en partenariat avec des ONG ?

    Lentreprise a-t-elle mis en place une politique de consultation et de compensation

    en cas de dplacement de population par rapport la zone dimplantation du site

    minier ?

    Lentreprise a-t-elle des pratiques dengagement socital avec des ONG ?

    socIt : unecommunIcatIonInsuFFIsammentlIeauxImPactsdesactIvItsdelentrePrIseetIncluantPeules ong

    Lacceptabilit des activits minires repose en grande partie sur la capacit des

    entreprises sintgrer dans un territoire (respect des lieux, communauts et modes

    de vie) et respecter les rglementations en vigueur mais aussi les droits humains

    et plus particulirement ceux des populations autochtones. Les questions ci-dessus

    reoivent un peu plus de rponses ngatives que positives (67 rponses positives pour

    71 rponses ngatives), AngloAmerican, Areva, BHP Billiton, Eramet, Lonmin, Rio

    Tinto, Vale et Xstrata tant les entreprises les plus actives avec 4 rponses positives

  • 8/3/2019 SecteurMinierRisquesESG Final ICMM

    44/61

    44 Novethic 2011. Secteur minier cot et risques ESG

    ou plus sur les 6 questions.

    Existence dun dialogue social

    18 entreprises sur 23 dclarent avoir tabli un dialogue social mondial et local. La

    grande majorit des entreprises afrme consulter leurs salaris au travers des syndicats

    et dialoguer avec eux, et le justie en sappuyant sur le taux de syndicalisation.

    Certaines, comme Areva, font galement rfrence aux cartographies des parties

    prenantes mises en place pour consulter les interlocuteurs cls, parmi lesquelles les

    ONG.

    Politique de consultation et de compensation en cas dedplacement de population

    6 entreprises sur 23 afrment avoir mis en place ce type de politique. Des

    rglementations nationales existent en matire de consultation et de compensation,

    mais leurs limites sont souvent pointes par les ONG, notamment en ce qui concerne

    les populations autochtones. Un quart du panel seulement afrme avoir mis en

    place une politique de consultation et de compensation en cas de dplacements de

    populations par rapport la zone dimplantation du site minier (AngloAmerican, BHP

    Billiton, Lonmin, Randgold, Vale et Xstrata), alors que ce point est essentiel au regard

    des impacts socitaux de limplantation minire. De plus, il sagit le plus souvent

    dexemples ponct