social media and uniions column

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INTERVIEW JEAN-PAUL BOMBAERTS C’ est sous le règne de Léopold III que la Bel- gique a connu ses heures les plus graves. Le fossé grandissant entre la mo- narchie et la classe politique va dé- boucher sur la «question royale» qui, lors de la consultation popu- laire de 1950, a placé la Belgique au bord de la guerre civile. Des histo- riens du nord et du sud du pays ont produit une biographie du 4 e roi des Belges, rééditée chez André Versaille et disponible en librairie à partir de ce jeudi. «Le but de cet ou- vrage n’est pas d’enflammer une nou- velle fois les esprits», précise l’édi- teur. Cet ouvrage collectif a été di- rigé par les historiens Vincent Dujardin (UCL), Michel Dumoulin (UCL) et Mark Van den Wijngaert (KU Brussel). Vincent Dujardin analyse, pour «L’Echo», ce règne court (1934-1944) et controversé. Tout avait, semble-t-il, bien com- mencé pour Léopold III. En tant que prince héritier, Léo- pold était, en effet, très populaire. Davantage même que n’importe quel prince héritier. Il avait même le soutien de la gauche suite à son discours de 1933 où il a dénoncé le capitalisme au Congo. Et pourtant, son règne sera le plus court et le plus controversé. Léopold est-il vraiment prêt lorsqu’il monte sur le trône? Non, il dira lui-même, au soir de sa vie, qu’il l’était sur le plan militaire, mais pas sur le plan politique. Son père lui avait très peu parlé de poli- tique. Léopold III, qui connaîtra 12 gouvernements en six ans durant son règne, s’est senti désarmé en la matière. Pendant les années de guerre, quels sont les mobiles de ses choix politiques? Il se demande ce qu’aurait fait son père en des circonstances sembla- bles. Mais il n’a pas perçu qu’on se trouvait dans une tout autre confi- guration qu’en 1914. Je songe évi- demment d’abord à la réalité na- zie, dont il n’a pas rapidement pris la mesure. Il va dès lors pratiquer une politique de neutralité même durant la guerre et n’hésitera pas à mener un voyage de noces en Au- triche, durant un mois, en 1941. Pourquoi la communication est- elle si difficile avec le gouverne- ment belge de Londres? Il y a deux politiques différentes qui sont menées, le roi qui entend rester près de son peuple au pays, mais aussi neutre, alors que le gou- vernement place la Belgique dans le camp des alliés et va faire entrer la Belgique dans l’ère des alliances. Ce sera le Benelux, puis l’Europe au lendemain de la guerre, projets à l’égard desquels Léopold III restera sceptique. Et puis le roi n’a pas par- donné aux ministres les propos désagréables tenus en 1940 au mo- ment de la capitulation, ce qui ren- voie au fameux testament poli- tique. En quoi ce testament politique constitue-t-il une rupture? Ce sera un des motifs majeurs de la rupture entre le roi et son gouver- nement. Par ce texte rédigé en 1944, il se met à dos à la fois les al- liés, le gouvernement, et un grand nombre de dirigeants politiques belges. De par son exigence d’une réparation pour les propos tenus en 1940, mais aussi parce qu’il dé- nonce les accords internationaux pris par le gouvernement de Lon- dres. À mon avis, il s’agit de la cause principale de sa chute en 1950. Quels sont les groupes et les or- ganisations qui prennent sa dé- fense? Du côté du PSC-CVP, il comptera des ardents défenseurs, mais même au sein de ce parti, des gens comme Gaston Eyskens, August De Schyver ou Frans Van Cauwelaert se prononçaient en faveur de l’effa- cement. On parle quand même du Premier ministre, du président du parti ou du président de la Cham- bre de 1949… Il y aura aussi toute une série de mouvements léopol- distes qui soutiendront sa cause, en se montrant parfois plus roya- listes que le roi. Quelles sont les véritables causes de l’abdication? Y a-t-il eu des pressions de la part des alliés? Les alliés étaient contre le retour du roi, les Américains disant même qu’il fallait l’éliminer, sur le plan politique bien entendu. Mais, à mon sens, les véritables causes sont belgo-belges, à savoir le fossé qui s’est créé entre le roi et le monde politique, qui a conduit à l’abdica- tion en deux temps après que le sang eut coulé. Faut-il accréditer la thèse de l’hebdomadaire «Marianne» qui affirme que Léopold III était anti- sémite? Le roi a, de fait, encore au début de la guerre, pu tenir des propos cho- quants, en utilisant le mot «juive- rie» auprès de son secrétaire. Par contre, durant la guerre, il écrit dans son carnet de guerre ainsi que dans des let- tres adressées à Hitler son souci personnel concer- nant le sort des Juifs de Belgique. Léopold III, éd. André Versaille, 400 pg, 20 eur. L’ECHO JEUDI 3 OCTOBRE 2013 13 Agora Participez au débat sur lecho.be/agora «Le testament politique est la cause principale de la chute de Léopold III» Adresse Mediafin Avenue du Port 86c Boîte 309 1000 Bruxelles Tél.: 02/423 16 11 (Les jours ouvrables de 8h30 à 18 h) Abonnements et distribution [email protected] Tél.: 0800/55.050 Fax: 02/423 16 35 Rédaction Tél.:02/423 16 11 - Fax: 02/423 16 77 Numéro de compte - Mediafin s.a. 412-7058051-21 TVA 0404.800.301 Publicité Trustmedia Tél.: 02/422 05 11 Fax: 02/422 05 10 [email protected] www.trustmedia.be Directeur Général Dirk Velghe Directeur des rédactions Frederik Delaplace Manager des rédactions Olivier Ditroia Rédacteur en chef Joan Condijts Editorialiste en chef Martine Maelschalck Rédacteurs en chef adjoints Marc Lambrechts, Nicolas Ghislain Ce journal est protégé par le droit d’auteur. Si vous souhaitez copier un article, une photo, une infographie…, en de nombreux exemplaires, les utiliser commercialement, les scanner, les stocker et/ou les diffuser électroniquement, veuillez contacter Copie presse au 02/558.97.80 ou via [email protected] Plus d’infos : www.copiepresse.be Editeur Responsable: Dirk Velghe Avenue du Port 86c Boîte 309 - 1000 Bruxelles Dans l’entreprise, une communica- tion de qualité contribue à la crois- sance de l’organisation. La communication ouverte à tous les niveaux permet d’avancer dans la même direction, de trans- mettre les contraintes et attentes réciproques, de donner de l’espace à la volonté de ceux qui le souhai- tent de pouvoir participer à la vie de leur organisation, tant au ni- veau des projets que des résultats, de réduire les cloisonnements, de conforter les liens de collaboration entre dirigeants et collaborateurs, de favoriser le dialogue entre par- tenaires sociaux, etc. Si la législation belge fixe un so- cle d’informations concrètes qui doivent être transmises aux repré- sentants du personnel au travers d’instances formelles, celui-ci ne constitue cependant qu’une indi- cation du contenu et de la struc- ture minimum qui, selon nous, ne permet pas d’atteindre les objectifs évoqués ci-avant. Pour être effi- cace, cette base légale doit être améliorée, si pas quantitativement, à tout le moins dans le qualitatif. Les canaux de circulation de l’information sont généralement: La direction générale, directe- ment ou indirectement, par le biais de moyens internes mais aussi via les médias traditionnels externes; La hiérarchie, de façon formelle dans le cadre de réunions ou infor- melle dans le cadre d’autres contacts; Les supports écrits de tous types qui circulent à l’intérieur des orga- nisations (notes de service, publi- cations internes, intranet, tracts syndicaux, etc.); Les représentants du personnel; Enfin, en l’absence de renseigne- ments rapides et fiables, les rumeurs prendront le relais. La qualité de la communication d’une direction ou de l’encadre- ment est conditionnée par leurs aptitudes en la matière, leur dispo- nibilité effective, leur connaissance de l’interlocuteur, mais également par le contenu, qui peut porter sur les matières techniques mais aussi — et peut-être surtout — sur les informations générales en matière de perspectives ou d’objectifs poursuivis par l’organisation, ces dernières étant indispensables à l’engagement individuel des tra- vailleurs. Enfin, la communication est permanente, omniprésente et, sous peine d’en laisser l’initiative à d’autres, dont les représentants du personnel, elle est mise en œuvre par l’entreprise. Elle doit par ail- leurs être congruente et, concrète- ment, il est impératif de dire ce qui se fait et pourquoi mais aussi de faire ce qui est dit. Elle contribuera à la rentabilité si elle génère et maintient un dialogue franc et ouvert entre tous les interlocu- teurs, dialogue qui ne saurait vivre sans écoute. Et les médias sociaux? Les médias sociaux — Facebook, Twitter, blogs et plateformes mul- timédias — constituent de nou- veaux canaux de communication, que les entreprises commencent à utiliser dans le cadre de l’«em- ployer branding», mais pas pour des messages destinés à leurs colla- borateurs ou encore, lors d’un conflit social. Par contre les organi- sations syndicales utilisent de plus en plus les médias sociaux comme outils de communication vers leurs membres et les représentants du personnel s’en servent aussi au sein de l’entreprise afin d’augmen- ter leur visibilité, leur influence. Facebook est souvent utilisé pour organiser des actions syndi- cales dans l’entreprise soit en utili- sant un profil personnel (ACV Ford Genk), soit un groupe fermé ou secret (BBTK Volvo Gand) ou encore, une page de fans Facebook (FGTB Bruxelles); Twitter est principalement uti- lisé pour soutenir des actions, des grèves ou des campagnes (@ FGTB Wallonne – #FGTB et ABVV avec #30J); Les blogs donnent aux représen- tants syndicaux une plateforme pour exprimer leurs opinions et mettre leurs idées en avant (ACV De Lijn Oost-Vlaanderen); L’utilisation des plateformes multimédias en est encore à ses débuts mais, grâce à des applica- tions comme Instagram et YouTube, elle est également en hausse. Grand impact, mais pas sans risque! Bien que ces médias sociaux puis- sent avoir un grand impact grâce à leur caractère public, ils ne sont pas sans danger: L’utilisation de Facebook par les représentants du personnel a été importante au cours des dernières élections sociales avec l’utilisation de groupes «fermés» pour faire campagne, groupes qui se sont cependant révélés accessibles à tout le monde; Twitter est un outil puissant. L’ABVV a lancé le hashtag «#30j» qui avait pour but de recueillir des informations sur la grève générale du 30/01/2012 et les adversaires de la grève l’ont utilisé pour essayer de convaincre les gens de ne pas y participer; L’ABVV a perdu le contrôle de la conversation et la discussion s’est retournée contre elle. Les défis? Les entreprises et les organisations syndicales ont deux grands défis: encadrer l’usage des médias so- ciaux et former à leur utilisation. Enfin, aujourd’hui, l’entreprise qui ne s’adresse pas à ses collabora- teurs via ces nouveaux canaux loupe une opportunité de commu- nication directe, rapide, et prend le risque de laisser la place à d’autres, certainement lors de conflits so- ciaux. Une question? Posez-la à [email protected] Relations sociales et médias sociaux L’entreprise qui ne s’adresse pas à ses collaborateurs via les médias sociaux loupe une opportunité de communication directe. PATRICK NAMOTTE & MIC ADAM Consultants indépendants «En tant que prince héritier, Léopold était très populaire.» Vincent Dujardin, professeur à l’UCL Le monde est peut-être en passe de bénéficier des énormes retombées de la prochaine révolution indus- trielle: l’internet industriel. Cette mutation industrielle passionnante sera alimentée par la technologie. Les étudiants d’aujourd’hui peu- vent en être les grands bénéficiaires, à la condition que leurs pouvoirs publics les soutiennent. Pour l’Europe, l’enjeu est considéra- ble. Un rapport publié récemment par GE, intitulé «The Industrial Inter- net — Pushing the Boundaries of Minds and Machines: A European Perspective», révèle que l’internet in- dustriel — un réseau mondial ou- vert permettant une interaction en- tre les personnes, les données et les machines — est susceptible de gon- fler de 2,2 trillions d’euros le PNB européen à l’horizon 2030. Ce mon- tant représente le quart de l’enver- gure actuelle de l’économie de la zone euro. L’ensemble de la sphère économique pourrait, en outre, épargner des milliards d’euros pour tout gain de productivité de 1% par an au cours des 15 prochaines an- nées. Précisons que ces deux esti- mations sont relativement pru- dentes. L’internet industriel pourrait également devenir le catalyseur de la «révolution de la productivité» en Europe. Une révolution qui nous permettrait d’éviter des centaines de milliards d’euros de gaspillage de ressources dans tous les grands secteurs industriels européens, et ce en combinant des machines connectées à internet, le diagnostic des produits, le génie logiciel et une analyse approfondie, en vue de conférer à l’activité économique un surcroît d’efficacité, de proactivité, de prédictibilité et d’automatisa- tion stratégique. Manque de cerveaux Ce rapport souligne la question de la disponibilité d’un réservoir de ta- lents suffisant, qui représente un défi majeur pour l’Europe et pour la Belgique. Selon les projections ef- fectuées sur la base des chiffres ac- tuels, on observera un déficit de 700.000 ingénieurs et techniciens qualifiés dans la haute technologie européenne en 2015. L’internet industriel reposera sur les nouvelles technologies, mais son succès dépendra étroitement de la disponibilité des compétences et des talents requis. Pour exploiter pleinement le potentiel de l’inter- net industriel en Belgique, il faudra cultiver de nouveaux savoir-faire, non seulement en formant davan- tage de jeunes aux sciences, à l’ingé- nierie et à l’informatique, mais aussi en développant de nouvelles synergies de compétences combi- nant la maîtrise logicielle à diverses expertises en ingénierie. Il faudra aussi mettre en place un dispositif transfrontalier qui favorise ces avancées, ainsi qu’une plus grande mobilité des travailleurs qualifiés. Dans le concert européen Eu égard à l’ampleur des retombées potentielles de l’internet industriel, la Belgique a tout avantage à se po- sitionner le plus favorablement possible, en s’associant à d’autres États membres européens, pour ajuster sa politique d’investisse- ment dans le but d’intégrer rapide- ment les nouvelles technologies dans son tissu économique, de créer et de développer le réservoir de talents requis, ainsi que d’instau- rer un cadre favorisant la transmis- sion sûre et aisée des données par- delà les frontières. Aucun État ne réussira cet exercice isolément. Une action concertée et syner- gique dans l’optique du marché unique engendrera trois avantages majeurs. D’abord, elle favorisera l’harmonisation des systèmes juri- diques et institutionnels concernés. Ensuite, cette harmonisation maxi- malisera les économies d’échelle qui sont de longue date l’essence même de l’intégration économique et financière européenne. Enfin, elle contribuera à réduire les déséquili- bres de croissance et macroécono- miques entre les pays européens – des déséquilibres qui ont joué un rôle majeur dans la récente crise économique. À l’heure de profiler la stratégie européenne en matière d’internet industriel, les décideurs politiques devront surmonter leurs réflexes et clivages nationaux et confession- nels. Ils devront, à l’inverse, mettre l’accent sur l’interaction entre les nations et les secteurs industriels. Aujourd’hui, comment créer des conditions aussi propices que possi- ble à cette prochaine révolution, afin d’en cueillir les fruits au maxi- mum? Primo, les États européens doi- vent mettre en place un cadre poli- tique solide favorisant la libre cir- culation des données dans un envi- ronnement sécurisé, excluant toute différenciation des normes et des règles selon les pays ou les types de données. Faute d’une bonne ap- proche, les nouvelles règles instau- rées dans ce domaine pourraient se muer en obstacles majeurs à l’éco- nomie numérique. Secundo, de multiples initiatives doivent être prises dans le but d’en- courager le déploiement de l’in- ternet industriel en Europe. Parmi ces initiatives, épinglons une poli- tique d’achats intelligents, notam- ment des pouvoirs publics, pro- mouvant les investissements dans les technologies et les talents géné- rant le plus de retombées à long terme, la réorientation des méca- nismes de financement actuels, l’instauration d’un cadre européen pour le capital à risque pour les in- vestissements transfrontaliers, ainsi que la création d’incitants régle- mentaires et financiers à l’investis- sement privé. L’Europe est à l’aube d’une nou- velle ère de croissance, qui ne se concrétisera toutefois pas en vase clos. Le moment est venu de tout mettre en œuvre pour ne pas rater une telle opportunité. Comment accueillir au mieux la prochaine révolution industrielle? L’internet industriel, la nouvelle révolution HENDRIK BOURGEOIS Vice-président European Affairs General Electric (GE), président AmCham EU

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INTERVIEWJEAN-PAUL BOMBAERTS

C’ est sous le règne deLéopold III que la Bel-gique a connu sesheures les plus graves.

Le fossé grandissant entre lamo-narchie et la classe politique va dé-boucher sur la «question royale»qui, lors de la consultationpopu-laire de 1950, a placé la Belgique aubordde la guerre civile. Des histo-riens dunord et du suddupaysont produit une biographie du 4e

roi des Belges, rééditée chezAndréVersaille et disponible en librairie àpartir de ce jeudi. «Le but de cet ou-vrage n’est pas d’enflammer une nou-velle fois les esprits», précise l’édi-teur. Cet ouvrage collectif a été di-rigé par les historiens VincentDujardin (UCL),Michel Dumoulin(UCL) etMarkVandenWijngaert(KUBrussel). VincentDujardinanalyse, pour «L’Echo», ce règnecourt (1934-1944) et controversé.

Tout avait, semble-t-il, bien com-mencépour Léopold III.En tant que prince héritier, Léo-pold était, en effet, très populaire.Davantagemêmequen’importequel prince héritier. Il avaitmêmele soutien de la gauche suite à sondiscours de 1933 où il a dénoncé lecapitalisme auCongo. Et pourtant,son règne sera le plus court et leplus controversé.

Léopold est-il vraiment prêtlorsqu’ilmonte sur le trône?Non, il dira lui-même, au soir de savie, qu’il l’était sur le planmilitaire,

mais pas sur le planpolitique. Sonpère lui avait très peuparlé de poli-tique. Léopold III, qui connaîtra 12gouvernements en six ans durantson règne, s’est senti désarmé en lamatière.

Pendant les années de guerre,quels sont lesmobiles de seschoix politiques?Il se demande ce qu’aurait fait sonpère endes circonstances sembla-bles.Mais il n’a pas perçu qu’on setrouvait dans une tout autre confi-guration qu’en 1914. Je songe évi-demment d’abord à la réalité na-zie, dont il n’a pas rapidement prislamesure. Il va dès lors pratiquerune politique de neutralitémêmedurant la guerre et n’hésitera pas àmener un voyage de noces enAu-triche, durant unmois, en 1941.

Pourquoi la communication est-elle si difficile avec le gouverne-ment belge de Londres?Il y a deuxpolitiques différentesqui sontmenées, le roi qui entendrester près de sonpeuple aupays,mais aussi neutre, alors que le gou-vernement place la Belgique dansle campdes alliés et va faire entrerla Belgique dans l’ère des alliances.Ce sera le Benelux, puis l’Europe aulendemainde la guerre, projets àl’égard desquels Léopold III resterasceptique. Et puis le roi n’a pas par-donné auxministres les proposdésagréables tenus en 1940 aumo-ment de la capitulation, ce qui ren-voie au fameux testament poli-tique.

Enquoi ce testament politiqueconstitue-t-il une rupture?

Ce sera undesmotifsmajeurs de larupture entre le roi et son gouver-nement. Par ce texte rédigé en1944, il semet à dos à la fois les al-liés, le gouvernement, et un grandnombre de dirigeants politiquesbelges. De par son exigence d’uneréparationpour les propos tenusen 1940,mais aussi parce qu’il dé-nonce les accords internationauxpris par le gouvernement de Lon-dres. Àmon avis, il s’agit de lacause principale de sa chute en1950.

Quels sont les groupes et les or-ganisations qui prennent sa dé-fense?Du côté du PSC-CVP, il compterades ardents défenseurs,maismême au sein de ce parti, des genscommeGaston Eyskens, AugustDe

Schyver ou Frans VanCauwelaertse prononçaient en faveur de l’effa-cement. Onparle quandmêmeduPremierministre, duprésident duparti ouduprésident de la Cham-bre de 1949… Il y aura aussi touteune série demouvements léopol-distes qui soutiendront sa cause,en semontrant parfois plus roya-listes que le roi.

Quelles sont les véritables causesde l’abdication? Y a-t-il eudespressions de la part des alliés?Les alliés étaient contre le retourdu roi, les Américains disantmêmequ’il fallait l’éliminer, sur le planpolitique bien entendu.Mais, àmon sens, les véritables causes sontbelgo-belges, à savoir le fossé quis’est créé entre le roi et lemondepolitique, qui a conduit à l’abdica-tion endeux temps après que lesang eut coulé.

Faut-il accréditer la thèse del’hebdomadaire «Marianne» quiaffirmeque Léopold III était anti-sémite?Le roi a, de fait, encore audébut dela guerre, pu tenir des propos cho-quants, en utilisant lemot «juive-rie» auprès de son secrétaire. Parcontre, durant la guerre, il écritdans son carnet de guerre ainsique dans des let-tres adressées àHitler son soucipersonnel concer-nant le sort desJuifs de Belgique.

Léopold III, éd.

André Versaille,

400 pg, 20 eur.

L’ECHO JEUDI 3 OCTOBRE 2013 13

AgoraParticipez au débat surlecho.be/agora

«Le testamentpolitiqueest la causeprincipalede la chutedeLéopold III»

AdresseMediafinAvenue du Port 86c Boîte 3091000 BruxellesTél.: 02/423 16 11(Les jours ouvrablesde 8h30 à 18 h)

Abonnementset [email protected]él.: 0800/55.050Fax: 02/423 16 35

RédactionTél.:02/423 16 11 - Fax: 02/423 16 77Numéro de compte - Mediafin s.a.412-7058051-21

TVA0404.800.301

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Directeur des rédactionsFrederik Delaplace

Manager des rédactionsOlivier Ditroia

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Editorialiste en chefMartine Maelschalck

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Ce journal est protégé par le droit d’auteur.Si vous souhaitez copier un article, une photo,une infographie…, en de nombreux exemplaires,les utiliser commercialement, les scanner, les stockeret/ou les diffuser électroniquement, veuillez contacterCopie presse au 02/558.97.80 ou via [email protected] d’infos : www.copiepresse.beEditeur Responsable: Dirk VelgheAvenue du Port 86c Boîte 309 - 1000 Bruxelles

Dans l’entreprise, une communica-tionde qualité contribue à la crois-sance de l’organisation.La communication ouverte à

tous les niveaux permet d’avancerdans lamêmedirection, de trans-mettre les contraintes et attentesréciproques, de donner de l’espaceà la volonté de ceux qui le souhai-tent de pouvoir participer à la viede leur organisation, tant auni-veaudes projets que des résultats,de réduire les cloisonnements, deconforter les liens de collaborationentre dirigeants et collaborateurs,de favoriser le dialogue entre par-tenaires sociaux, etc.Si la législation belge fixe un so-

cle d’informations concrètes quidoivent être transmises aux repré-sentants dupersonnel au traversd’instances formelles, celui-ci neconstitue cependant qu’une indi-cationdu contenu et de la struc-tureminimumqui, selonnous, nepermet pas d’atteindre les objectifsévoqués ci-avant. Pour être effi-cace, cette base légale doit êtreaméliorée, si pas quantitativement,à tout lemoins dans le qualitatif.Les canauxde circulationde

l’information sont généralement:_ Ladirectiongénérale, directe-ment ou indirectement, par le biaisdemoyens internesmais aussi vialesmédias traditionnels externes;_ La hiérarchie, de façon formelledans le cadre de réunions ou infor-melle dans le cadre d’autrescontacts;_ Les supports écrits de tous typesqui circulent à l’intérieur des orga-nisations (notes de service, publi-cations internes, intranet, tractssyndicaux, etc.);_ Les représentants du personnel;_ Enfin, en l’absence de renseigne-ments rapides et fiables, lesrumeurs prendront le relais.La qualité de la communication

d’une direction ou de l’encadre-ment est conditionnée par leursaptitudes en lamatière, leur dispo-nibilité effective, leur connaissancede l’interlocuteur, mais égalementpar le contenu, qui peut porter surlesmatières techniquesmais aussi— et peut-être surtout — sur lesinformations générales enmatièrede perspectives ou d’objectifspoursuivis par l’organisation, cesdernières étant indispensables àl’engagement individuel des tra-vailleurs.Enfin, la communication est

permanente, omniprésente et,sous peine d’en laisser l’initiative àd’autres, dont les représentants dupersonnel, elle estmise enœuvrepar l’entreprise. Elle doit par ail-leurs être congruente et, concrète-ment, il est impératif de dire ce quise fait et pourquoimais aussi defaire ce qui est dit. Elle contribueraà la rentabilité si elle génère et

maintient un dialogue franc etouvert entre tous les interlocu-teurs, dialogue qui ne saurait vivresans écoute.

Et lesmédias sociaux?Lesmédias sociaux—Facebook,Twitter, blogs et plateformesmul-timédias— constituent de nou-veaux canauxde communication,que les entreprises commencent àutiliser dans le cadre de l’«em-ployer branding»,mais pas pourdesmessages destinés à leurs colla-borateurs ou encore, lors d’unconflit social. Par contre les organi-sations syndicales utilisent de plusenplus lesmédias sociaux commeoutils de communication versleursmembres et les représentantsdupersonnel s’en servent aussi ausein de l’entreprise afin d’augmen-ter leur visibilité, leur influence._ Facebook est souvent utilisépour organiser des actions syndi-cales dans l’entreprise soit en utili-sant un profil personnel (ACV FordGenk), soit un groupe fermé ousecret (BBTK Volvo Gand) ouencore, une page de fans Facebook(FGTB Bruxelles);_ Twitter est principalement uti-lisé pour soutenir des actions, desgrèves ou des campagnes (@ FGTBWallonne – #FGTB et ABVV avec#30J);_ Les blogs donnent aux représen-tants syndicaux une plateformepour exprimer leurs opinions etmettre leurs idées en avant (ACVDe Lijn Oost-Vlaanderen);_ L’utilisation des plateformesmultimédias en est encore à sesdébutsmais, grâce à des applica-tions comme Instagram etYouTube, elle est également enhausse.

Grand impact,mais pas sans risque!Bien que cesmédias sociaux puis-sent avoir un grand impact grâce àleur caractère public, ils ne sontpas sans danger:_ L’utilisation de Facebook par lesreprésentants du personnel a étéimportante au cours des dernièresélections sociales avec l’utilisation

de groupes «fermés» pour fairecampagne, groupes qui se sontcependant révélés accessibles àtout lemonde;_ Twitter est un outil puissant.L’ABVV a lancé le hashtag «#30j»qui avait pour but de recueillir desinformations sur la grève généraledu 30/01/2012 et les adversaires dela grève l’ont utilisé pour essayerde convaincre les gens de ne pas yparticiper; L’ABVV a perdu lecontrôle de la conversation et ladiscussion s’est retournée contreelle.

Les défis?Les entreprises et les organisationssyndicales ont deux grands défis:encadrer l’usage desmédias so-ciaux et former à leur utilisation.Enfin, aujourd’hui, l’entreprise

qui ne s’adresse pas à ses collabora-teurs via ces nouveaux canauxloupe une opportunité de commu-nicationdirecte, rapide, et prend lerisque de laisser la place à d’autres,certainement lors de conflits so-ciaux.

Une question? Posez-la à[email protected]

Relationssocialesetmédias sociaux

L’entreprisequine s’adressepasà ses collaborateursvia lesmédiassociaux loupeuneopportunitéde communicationdirecte.

PATRICK NAMOTTE& MIC ADAM

Consultants indépendants

«En tantqueprincehéritier,Léopoldétait trèspopulaire.»Vincent Dujardin,

professeur à l’UCL

Lemondeestpeut-être enpassedebénéficierdes énormes retombéesde laprochaine révolution indus-trielle: l’internet industriel. Cettemutation industriellepassionnantesera alimentéepar la technologie.Les étudiantsd’aujourd’huipeu-vent enêtre les grandsbénéficiaires,à la conditionque leurspouvoirspublics les soutiennent.Pour l’Europe, l’enjeuest considéra-ble.Un rapportpublié récemmentparGE, intitulé «The Industrial Inter-net—Pushing theBoundaries ofMinds andMachines: AEuropeanPerspective», révèleque l’internet in-dustriel—un réseaumondial ou-vert permettantune interactionen-tre lespersonnes, lesdonnées et lesmachines—est susceptibledegon-flerde 2,2 trillionsd’euros le PNBeuropéenà l’horizon2030.Cemon-tant représente lequartde l’enver-gure actuellede l’économiede lazoneeuro. L’ensemblede la sphèreéconomiquepourrait, enoutre,épargnerdesmilliardsd’eurospourtoutgaindeproductivitéde 1%paranaucoursdes 15prochaines an-nées. Précisonsque cesdeuxesti-

mations sont relativementpru-dentes.L’internet industriel pourrait

égalementdevenir le catalyseurdela «révolutionde laproductivité» enEurope.Une révolutionquinouspermettrait d’éviterdes centainesdemilliardsd’eurosdegaspillagede ressourcesdans tous les grandssecteurs industriels européens, et ceen combinantdesmachinesconnectées à internet, lediagnosticdesproduits, le génie logiciel et uneanalyse approfondie, en vuedeconférer à l’activité économiqueunsurcroît d’efficacité, deproactivité,deprédictibilité etd’automatisa-tion stratégique.

ManquedecerveauxCe rapport souligne laquestiondeladisponibilitéd’un réservoirde ta-lents suffisant, qui représenteundéfimajeurpour l’Europeetpour laBelgique. Selon lesprojections ef-fectuées sur labasedes chiffres ac-tuels, onobserveraundéficit de700.000 ingénieurs et techniciensqualifiésdans lahaute technologieeuropéenneen2015.L’internet industriel reposera sur

lesnouvelles technologies,mais sonsuccèsdépendra étroitementde ladisponibilitédes compétences etdes talents requis. Pour exploiterpleinement lepotentiel de l’inter-net industriel enBelgique, il faudracultiverdenouveaux savoir-faire,non seulement en formantdavan-tagede jeunes aux sciences, à l’ingé-nierie et à l’informatique,maisaussi endéveloppantdenouvellessynergiesde compétences combi-nant lamaîtrise logicielle àdiversesexpertises en ingénierie. Il faudraaussimettre enplaceundispositiftransfrontalierqui favorise ces

avancées, ainsi qu’uneplusgrandemobilitédes travailleursqualifiés.

Dans le concert européenEuégardà l’ampleurdes retombéespotentiellesde l’internet industriel,la Belgiquea tout avantageà sepo-sitionner leplus favorablementpossible, en s’associant àd’autresÉtatsmembres européens, pourajuster sapolitiqued’investisse-mentdans lebutd’intégrer rapide-ment lesnouvelles technologiesdans son tissu économique, decréer etdedévelopper le réservoirde talents requis, ainsi qued’instau-reruncadre favorisant la transmis-sion sûre et aiséedesdonnéespar-delà les frontières. AucunÉtatneréussira cet exercice isolément.Uneaction concertée et syner-

giquedans l’optiquedumarchéuniqueengendrera trois avantagesmajeurs.D’abord, elle favoriseral’harmonisationdes systèmes juri-diques et institutionnels concernés.Ensuite, cetteharmonisationmaxi-malisera les économiesd’échellequi sontde longuedate l’essencemêmede l’intégrationéconomiqueet financière européenne. Enfin, ellecontribuera à réduire lesdéséquili-bresde croissance etmacroécono-miques entre lespays européens –desdéséquilibresquiont jouéunrôlemajeurdans la récente criseéconomique.À l’heuredeprofiler la stratégie

européenneenmatièred’internet

industriel, lesdécideurspolitiquesdevront surmonter leurs réflexes etclivagesnationauxet confession-nels. Ils devront, à l’inverse,mettrel’accent sur l’interactionentre lesnations et les secteurs industriels.Aujourd’hui, comment créerdesconditions aussi propicesquepossi-ble à cetteprochaine révolution,afind’en cueillir les fruits aumaxi-mum?Primo, les États européensdoi-

ventmettre enplaceuncadrepoli-tique solide favorisant la libre cir-culationdesdonnéesdansunenvi-ronnement sécurisé, excluant toutedifférenciationdesnormes etdesrègles selon lespaysou les typesdedonnées. Fauted’unebonneap-proche, lesnouvelles règles instau-réesdans cedomainepourraient semuer enobstaclesmajeurs à l’éco-nomienumérique.Secundo,demultiples initiatives

doivent êtreprisesdans lebutd’en-courager ledéploiementde l’in-ternet industriel enEurope.Parmices initiatives, épinglonsunepoli-tiqued’achats intelligents, notam-mentdespouvoirspublics, pro-mouvant les investissementsdansles technologies et les talents géné-rant leplusde retombées à longterme, la réorientationdesméca-nismesde financement actuels,l’instaurationd’uncadre européenpour le capital à risquepour les in-vestissements transfrontaliers, ainsique la créationd’incitants régle-mentaires et financiers à l’investis-sementprivé.L’Europeest à l’aubed’unenou-

velle èrede croissance, quine seconcrétisera toutefoispas envaseclos. Lemoment est venude toutmettre enœuvrepournepas raterune telle opportunité.

Commentaccueilliraumieux laprochaine révolutionindustrielle?

L’internet industriel, lanouvelle révolution

HENDRIK BOURGEOIS

Vice-président EuropeanAffairsGeneral Electric (GE), présidentAmChamEU