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Société Francophone de Neurologie pédiatrique
Cours : Encéphalites aiguës
Marc Tardieu
Université Paris Sud
Centre de référence National des maladies inflammatoires du cerveau
Encéphalite aigüe : vue classique.Une définition clinico-radiologique
Clinique : Atteinte neurologique aiguë, fébrile chez un enfant normal auparavant.
LCR : méningite et hyper protéinorachie.
IRM : anomalies de la substance blanche, parfois du cortex.
ne répond pas à 3 questions :
traitement immédiat,
prédiction d’évolution,
physiologie-pathologie.
Encéphalite aigüe : vue classique une distinction physio-pathologique et thérapeutique entre
2 grands types d’encéphalites. Encéphalites avec réplication virale (type herpes)
Traitement : anti-viraux
Encéphalites post infectieuses.
(type post rougeole, varicelle ou EBV)
L’encéphalomyélite aiguë disséminée.
Traitement anti-inflammatoire
une opposition fragile!
Encéphalites aiguës Un essai de classification pathophysiologique
Immunité innée: encéphalomyélite aiguë disséminée (acute disseminated encephalomyelitis = ADEM).
Immunité innée ou à une réplication virale contrôlée: encéphalites aiguës « simple ».
Réplication virale incontrôlée: encéphalite herpétique.
Syndrome auto-inflammatoire ou auto-immun: - Médiation T : SEP, - Médiation par auto anticorps: encéphalites à auto-anticorps
Vascularite.
Diagnostic différentiel : maladie immunogénétique.
International Pediatric MS study group
Définition de l’ADEM
Mult. Scler. 2013 in press • Une première atteinte polyfocale du cerveau
« probablement de cause inflammatoire » (Anomalie du LCR : 70%)
• Troubles de la conscience.
• IRM: grande lésions à bords floues, diffuses dans la substance blanche
(Gd+: 14-30%)
ADEM : clinique initiale
Infection dans le mois précédent : 57%
Atteintes du tronc cérébrale : 48%
Névrite optique associée : 10%
Crises convulsives associées : 28%
ADEM : IRMPlages : 72% ; limites floues 90%
Cortex 19% Nx gris 58%, tronc 63%
Protocole corticoïdes hautes doses
1. injection de méthylprednisolone
30 mg/kg/J I.V. 3 jours de suite.
Maximum 1g/J
Peut être répété.
2. Corticoïdes per os ?
1 mg/kg pendant 14 jours
ADEM : problèmes principaux
• Le traitement des formes graves:– répétition des injections de
methylprednisolone après 15 J– Plasmaphérèse
• Evolution : le risque de récidive.
Entre 10 et 18% des ADEM récidives.L’Adem est un syndrome et peut être le
mode d’entrée dans la SEP.
Evolution des ADEM
En étude « multivariée » le risque de récidive
est lié à :
Atteinte demyélinisante famille : HR 7.8
Névrite optique associée : HR 5.3
Absence séquelles après A1 : HR 3.8
Critère IRM de « Barkhof » : HR 2.5
Encéphalites aiguës Un essai de classification pathophysiologique
Immunité innée: encéphalomyélite aiguë disséminée (acute disseminated encephalomyelitis = ADEM).
Immunité innée ou à une réplication virale contrôlée: encéphalites aiguës « simples ».
Réplication virale incontrôlée: encéphalite herpétique.
Syndrome auto-inflammatoire ou auto-immun: - Médiation T : SEP, - médiation à auto anticorps.
Vascularite.
Diagnostic différentiel : maladie immunogénétique.
Les « encéphalites aiguës »(prédominant sur la substance grise ?)
1. Début brutal : coma, état de mal convulsif
pas de signe de localisation
2. EEG : ondes lentes diffuses
3. LCR : 50 à 100 cellules, hyperprotéinorachie modérée
pas de signe de réplication virale
4. IRM : normale ou hypersignaux corticaux
5. Post-infectieux non récidivant
Etiologies possibles très nombreuses> 100 ; dépendant de la géographie.
Enterovirus, HHV6 (7)
Mycoplasme,
Oreillons, VZV, Adenovirus
Arthropod-borne virus: Dengue, Encéphalite japonaise, West-Nile….
(Maladie de Lyme)
Atteintes purement inflammatoires?
Encéphalites aiguës Un essai de classification pathophysiologique
Immunité innée: encéphalomyélite aiguë disséminée (acute disseminated encephalomyelitis = ADEM).
Immunité innée ou à une réplication virale contrôlée. encéphalites aiguës « simple ».
Réplication virale incontrôlée: encéphalite herpétique.
Syndrome auto-inflammatoire ou auto-immun: - Médiation T : SEP, - mediation à auto anticorps.
Vascularite.
Diagnostic différentiel : maladie immunogénétique.
Encéphalite herpétique J. Pediatr 157:623-9, 2010
Recrutement initial de 104 enfants (21 centres de neuropédiatrie)
19 exclusions
85 enfants en 20 ans
(PCR n=65, Ag n=3, Ab n=17)
1 à 9 enfants /an; 5/années récentes
Signes initiaux : 85 patientsAbel et al J Pediatr 2010
Fièvre > 38.5°C 93%
>40°C 15%
Convulsions 92%
(Etat de Mal 48%)
Confusion, coma 60%
Biologie et radiologie
LCR initial:Cellules : 40/l (0-1200) >10:
72% Protéines: 0.34g/l (0.10-4.80) >0.4: 37%IFN : 25UI/ml (0-768) <4 : 30%
Imagerie initiale (7 jours):Scanner pathologique: 71%IRM pathologique: 100%
Temporal 52%, Parietal 36%, bilat 28%
Imagerie initiale (7 jours)
EEG initial
Asymétrique : 83%
Foyer : 67%
Périodicité : 58%
Evolution au long cours (51 patients, tous traités)
Traitement par Acyclovir: temps médian : 2j/début fièvre doses : 15 to 75mg/kg/J pour 10 à 30J…
Suivi médian : 7.8 ans (6mo-21a)
Scolarité normale : 27% Scolarité difficile en école normale: 31% Etablissements médico-sociaux: 25% Grand handicap: 17% Epilepsie 56%
«rechute» précoce: 2 «rechute» tardive: 6
Distribution des 85 patients selon l’âge
64% < 3 ans comparé à 21% de séro+ à 3 ans dans la population générale (p<0.0001)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 150
5
10
15
20
25
30
Age of onset
Nu
mb
er o
f H
SE
pat
ien
ts
Hypothèse
• La vulnérabilité à l’encéphalite herpétique est le résultat d’un déficit immuno-génétique monogénique touchant spécifiquement l’immunité anti HSV1 dans le système nerveux central.
• Ce déficit est dans la voie de production ou de réception de l’IFN, c’est-à-dire l’immunité innée plutôt que par exemple la voie NK.
Les signaux TLR et la présentation d’antigène
HSV-1
IFN-/βR(IFN-R)STAT-1
TYK-2
UNC-93B
TLR3
IRF-3
TRIF
TBK1 NEMO
NF-κB
IFN-/β(and -)
TRAF3
Cinq mutations liées à la voie TLR Unc93B Science 2006; 314:308-312
TLR3 Science 2007; 317: 522-527; J Exp Med 2011; 208:2083-98
TRAF3 Immunity 2010; 33: 400-11TRIF J Clin Invest 2011; 121:4889-902.TBK1 J Exp Med 2012; 209:1567-82.
Nature 2012; 491:760-73.
Encéphalites aiguës Un essai de classification pathophysiologique
Immunité innée: encéphalomyélite aiguë disséminée (acute disseminated encephalomyelitis = ADEM).
Immunité innée ou à une réplication virale contrôlée. encéphalites aiguës « simple ».
Réplication virale incontrôlée: encéphalite herpétique.
Syndrome auto-inflammatoire ou auto-immun: - Médiation T : SEP,
- encéphalites à Autoanticorps Vascularite.
Diagnostic différentiel : maladie immunogénétique.
Critères IPMSSG pour:neuromyélite optique Maladie de Devic
Mult Scler 2013 in press
Névrite optique Myélite aiguë Au moins 2 de 3
Atteinte médulaire contigue sur 3 vertèbres. IRM cérébrale non SEP Anticorps anti aquaporin IgG dans le sang (ou
LCR).
Traitement : corticoides, plasmaphérèses, Rituximab, azathioprine, mycophenolate mophetil
Neuromyelite optique
Encéphalite d’HashimotoEur J Paediatr Neurol 2013 17:280-7.
Pathologie progressive isolée : trouble de conscience, coma, déficit moteur etc;
LCR : peut être normal ; 80% hyperproteinorachieIRM : peut être normal, 50% lésions de la substance
blanche.
Un seul marqueur : anticorps anti Thyroperoxydase (anti TPO); 80% anti TG ; T3 T4 TSH peuvent être normaux
Traitement : methylprednisolone, Cyclophosphamide, Méthotrexate, Echanges plasmatiques
12ans : ataxie progressive corticosensible, Anticorps anti-TPO > 1000 U/ml.
Encéphalite d’ Hashimoto
Les encéphalites avec anticorps
anti-récepteurs glutamatergiques de type NMDA : clinique chez l’enfant
Trouble de la personnalité, convulsions, dyskinésies, troubles du sommeil, absence de parole (mutisme).
Un syndrome déjà connu :Syndrome de Sébire : J. Pediatr 1992, 121, 845-51
Encéphalite léthargique : 1931; Ann Neurol 2009,66,704-9
Encéphalite limbique : Ann Neurol 2009, 66:11-18.
Plus de 50 cas décrits
Les encéphalites avec anticorps
anti-récepteurs glutamatergiques de type NMDA :
LCR : peut être normal. Majorité : méningite,
possibilité de bandes oligoclonales
IRM : peut être normale ou encéphalite limbique ou lésion temporale/hippocampe puis atrophie
2 cas pédiatriques avec tumeur (tératome ovarien, neuroblastome).
Image T2 Axiale: 4 ans, crise convulsive, troubles de comportement .
Les encéphalites NMDAr : Imagerie
Les encéphalites NMDAr : Traitement.
(résection tumorale)
Très probable nécessité d’une immunosuppression initiale :
Methylprednisolone + Mabthera? (plasmaphérèse)
puisCyclophosphamide?
– Antigènes intra-cellulaire : anti-Hu, anti-Yo, anti-Tr..
– Antigènes de surface :
anti recepteur au glutamate de type NMDA
anti recepteur au glutamate de type AMPA
anti recepteur de type GABA
anti canaux potassium voltage dependant.
Les anticorps anti neuronaux
Encéphalites aiguës Un essai de classification pathophysiologique
Immunité innée: encéphalomyélite aiguë disséminée (acute disseminated encephalomyelitis = ADEM).
Immunité innée ou à une réplication virale contrôlée. encéphalites aiguës « simple ».
Réplication virale incontrôlée: encéphalite herpétique.
Syndrome auto-inflammatoire ou auto-immun: - Médiation T : SEP, - encéphalites à Autoanticorps
Vascularite.
Diagnostic différentiel : maladie immunogénétique.
Diagnostic differentiel des encéphalites aiguës
Autres atteintes aiguës inflammatoires touchant la substance blanche? Lymphohistiocytose familiale hemophagocytaire
Vascularite isolée du SNC ou générale
Lymphome
Lymphohistiocytose maligne.
Maladie de même aspect non inflammatoires Maladies de la chaine respiratoire mitochondriale (Leigh, maladie de Leber …)
Autres maladies métaboliques (X-ALD..) Lysosomal diseases
Autres angiopathies (cadasil , syndrome coats+ ..)
Certaines maladies génétiques (Aicardi-Goutière, mutation RANSET2..)
Tumeurrs : oligodendrogliome, astrocytome, lymphome.
Lymphohistiocytose familialeDiagnostic « habituel »
1. Fièvre et atteinte périphérique (foie, rate…).
2. Antécédents familiaux (42%);
consanguinité (32%).
3. Hémodilution, thrombopénie,
transaminases, triglycérides,
ferritine élevées, fibrine basse.
4. Hémophagocytose médullaire.
Atteinte neurologique initiale (n=46)Deiva et al Neurology 2012.
1.D’emblée : 63%; isolée 7% Crises : 35%; Syndrome Méningé : 31%;
somnolence : 31%;Microcéphalie : 15%.
2. Récidive si traitement insuffisant; nécrose parenchymateuse.
3. LCR : pathologique 50% : hypercytose (46%), hyperprotéinorachie 37%, hémophag. 24%.
4. IRM : Normale : 67% des cas (dont 16 patients avec signes neurologiques).
Différents aspects initiaux de syndromes
d’activation du macrophage
LYMPHOHISTIOCYTOSE FAMILIALETraitement
1. Mise en rémission.
2. Greffe de moelle osseuse : efficace
dans la prévention des atteintes
parenchymateuses.
« Infection-triggered familial or recurrent cases of
acute necrotizing encephalopathy caused by mutations in a component of
the nuclear pore, RANBP2. »
Neilson DE et al. Amer J Hum Genet 84, 44-51, 2009.
Un facteur de risque génétique dans une maladie neurologique déclenchée par un facteur d’environnement : virus influenza.
Acute necrotizing encephalopathy:coma, crises convulsives, LCR normal, lésions symétriques : thalamus, pont,
tronc.
Conclusion
• Plusieurs nouveaux chapitres dont les limites sont encore inconnues.
• De larges possibilités de traitement : antiviraux, methylprednisolone, Immunosuppresseurs.