solidarité 4/11

11
Le magazine de Numéro 4, novembre 2011 POINT FORT Cinq communes Cinq réalités ACTUALITÉ Du café équitable au travail

Upload: solidar-suisse

Post on 18-Mar-2016

231 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

journal de Solidar Suisse

TRANSCRIPT

Page 1: Solidarité 4/11

Le magazine de

Numéro 4, novembre 2011

POINT FORTCinq communesCinq réalitésACTUALITÉDu café équitableau travail

Page 2: Solidarité 4/11

Éditeur: Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, Postfach 2228, 8031 Zürich Tél. 021 601 21 61, E-mail: [email protected], www.solidar.ch CP 10-14739-9 Lausanne. Membre du réseau européen SolidarRédaction: Katja Schurter (rédactrice responsable), Rosanna Clarelli, Christian Engeli, Alexandre Mariéthoz, Cyrill Rogger

Layout: Binkert Partner, www.binkertpartner.ch / Spinas Civil VoicesTraduction:Irene Bisang, Ursula Gaillard, Walter Rosselli, Jean-François ZurbriggenCorrection: Jeannine Horni, Carol Le CourtoisImpression et expédition: Unionsdruckerei/subito AG, Platz 8, 8201 SchaffhausenParaît quatre fois par an. Tirage 37’000 ex.

Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation (membres individuels 50.– par an minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé.

Page de titre: En Bolivie, Celia Quispe travaille aux champs, tout en s’engageant pour sa commune. Photo: Harold Wolff. Dernière page: Campagne pour du café équitable au travail. Photo: Spinas Civil Voices.

POINT DE VUE L’avenir devra faire rimer démocratie, droits humains, droits sociaux et dévelop-pement durable. 11

RATINGSolidar Suisse a évalué l’engagement des communes vis-à-vis du Sud. Analyse des résultats romands. 17

ACTUALITÉUne campagne fracassante de Solidar exige du café équitable: bilan et activités futures.

e presso13

POINT FORTLes portraits de cinq communes montrent des problèmes similaires, mais des réalités quotidiennes très diverses. 4, 18

IMPRESSUM

12.09.2011Nespresso et l’ONG Solidar ont amorcé un dialogueSolidar a créé un buzz considérable grâce à sa vidéo parodique qui met en scène un faux George Clooney et invite les internautes à lui écrire pour que Nes-presso propose du «café équitable». Le clip a été visionné plus de 600 000 fois en huit jours. Le succès est aussi poli-tique. Vendredi dernier, lors d’une pre-mière rencontre, Nespresso et Solidar ont convenu qu’une étude indépendante serait lancée afin de comparer les diffé-rents labels du café équitable. La qualité de ces labels est la pomme de discorde dans ce dossier.

21.09.2011Moutier relativement bien notée par Solidar SuisseSolidar a évalué l’engagement de 88 com-munes suisses, dont 17 romandes, vis-à-vis des pays du Sud en matière de co-opération au développement et d’achats publics équitables. La commune de Mou-tier s’en sort assez bien et occupe le 33e rang. Dans le domaine de la coopération au développement, la ville obtient 26,3 points sur 50, résultat jugé bon, vu que la moyenne des 88 communes étudiées n’atteint que 17,6 points. «Un tel dyna-misme est rare dans une commune de moins de 10 000 habitant-e-s», note l’ONG dans son rapport.

19.08.2011Un carton jaune pour ses impôtsSepp Blatter, 75 ans, président de la FIFA, est visé par une pétition de la Jeu-nesse socialiste et de Solidar Suisse, qui veulent abolir les privilèges fiscaux accordés à la Fédération internationale de football.Le fooball, c’est un sport fédérateur qui fait rêver des millions de gens. Mais la FIFA est-elle pour autant un organisme d’utilité publique? La Jeunesse socialiste et Solidar en doutent, vu les milliards de bénéfices engrangés. Taxée comme une entreprise, la FIFA aurait dû payer, entre 2007 et 2010, 180 millions d’impôts – et non 3 millions.

Chère lectrice, cher lecteur,Le développement durable est indissociable de la démocratie. Hommes et femmes doivent être les acteurs de leur propre dé-veloppement, s’ils veulent se libérer de la pauvreté et promou-voir la justice sociale. C’est pour cela que Solidar Suisse sou-tient des organisations de la société civile qui défendent la participation dé-mocratique aux décisions. À l’échelon communal, les hommes et les femmes peuvent s’impliquer directement avec une certaine visibilité; c’est un terrain d’action important.

Dans ce numéro de Solidarité, nous pré-sentons des communes de plusieurs pays partenaires qui partagent les mêmes interrogations et soucis: l’emploi, l’égalité entre hommes et femmes, l’accès aux ressources, les infrastructures.

Nous étendons la réflexion jusqu’en Suisse. Avec le fil rouge «penser globalement – agir localement», nous avons mené le rating Solidar 2009/2010 pour savoir si les communes

suisses assument leurs responsabilités sociales sur le plan mon dial. Agissent-elles de manière solidaire en soutenant des projets en faveur des pays émergents et en développement? S’assurent-elles que les produits qu’elles achètent dans des

pays pauvres sont fabriqués dans des conditions décentes?En page 9, nous présentons la ville de Nyon, à savoir la mieux classée des com-munes romandes de moins de 20 000 âmes. La plupart des communes exami-nées sont sensibles à ce qui se passe au-delà de leurs frontières et s’intéressent à des problématiques globales.

Nous aussi, nous persévérons: en soute-nant des projets de développement com-munal dans les pays du Sud et en faisant du lobbying en faveur d’une politique solidaire en Suisse. Votre soutien est

précieux, chère lectrice, cher lecteur: il nous donne des forces et rend notre engagement d’autant plus efficace. Merci! Ruth Daellenbach

Ruth Daellenbach, directrice de Solidar Suisse

2 ÉDITORIAL 3

POINT FORT Cinq communes – cinq réalités quotidiennes 4 Rahovec, Kosovo: l’agriculture, seule alternative au chômage 6 Estaquinha, Mozambique: participation de la population au développement communal 8 Nyon, Suisse: accompagner la croissance tout en pensant global 9 Pir Sabaq, Pakistan: se remettre des dégâts dus aux inondations 10 POINT DE VUECarlo Sommaruga: les droits démocratiques au service du développement 11 ACTUALITÉCampagne pour du café équitable: chez Nestlé et partout au travail 13 Droit sans frontières: les entreprises suisses doivent respecter les droits humains 15 jEU & bAROMèTRE 14 RÉSEAU & RATINGNouvelles des OSEO régionales et du rating Solidar 16 PORTRAITCelia Quispe s’engage pour la commune bolivienne de Malla 18

REVUE DE PRESSE

Page 3: Solidarité 4/11

54 POINT FORT

Le présent numéro s’intéresse à cinq communes de qua-tre continents et décrit la réalité de ces localités très di-verses. Des thèmes comme le chômage, la participation démocratique et l’égalité sont d’actualité partout. Le man-que d’infrastructures est préoccupant dans les pays du Sud: Pir Sabaq doit se relever d’une catastrophe, Rahovec est mise à rude épreuve par la cohabitation de ses minori-tés, Malla veut dispenser une éducation de base à sa po-pulation, alors que la ville d’Estaquinha lutte pour sa sécu-rité alimentaire. Face à de tels défis, les tâches auxquelles doit s’atteler la commune de Nyon semblent dérisoires.

Des habitantes d’Estaquinha exposent leurs exigences, lors d’une assemblée du comité de développe-ment de la commune.

PIR SAbAq. RAhOveC. eSTAqUINhA. NYON. MALLA.

Page 4: Solidarité 4/11

Des touches rouges parsèment les alen-tours des routes de campagne menant de Pristina à Rahovec. Ce sont des champs de poivrons. «Le maraîchage, la fruiticulture et la viticulture jouissent d’une longue tradition. 70 à 80 pour cent des gens vivent de l’agriculture», explique le maire Smajl Latifi, en fonction depuis huit mois. «Chaque famille compte une personne active dans l’agriculture car, en raison du taux de chômage élevé, ce secteur représente la seule survie possi-

ble.» Mais les subventions trop faibles allouées au paysannat ne lui permettent pas d’être compétitif. Smajl Latifi est per-suadé qu’il y a là un important potentiel en jachère. «La commune n’a toutefois pas les moyens d’octroyer des subven-

tions et des crédits aux paysan-ne-s. Ce serait à notre Ministère de l’agriculture d’intervenir. Il faut des innovations tech-niques, des canaux de distribution clairs et de bons projets afin de réduire le taux de chômage. Sinon, les jeunes partent à l‘étranger.» Au Kosovo, 80 pour cent des jeunes sont sans emploi.

Une organisation pleine d’idéesMise en place après la guerre pour épau-ler les veuves, la coopérative féminine de

Krusha a créé des emplois. En 2005, deux femmes se sont lancées dans la cul-ture et la transformation de divers légumes. Dans l’intervalle, la coopérative compte 25 membres de tous âges et un site produi-

sant de l’ayvar – une purée de poivrons cuite plusieurs heures durant – et des pickles. «Nous sommes parties de rien, dans un bureau vide aux murs ornés de photos de victimes de la guerre. Je m’étonne encore de ce que nous avons

réalisé», se souvient la directrice Pran-vera Spahiu. La culture et la transforma-tion traditionnelle des légumes nourris-sent la plupart des membres.La coopérative a contribué à la participa-tion économique et politique des femmes: «Au début, toutes cuisaient leur purée de poivrons chez elles; entre-temps, elles sont de plus en plus nombreuses à tra-vailler sur notre site de production», raconte Syzane Baja, coordinatrice de Solidar au Kosovo. En la personne de la présidente Fahrije Hoti, une membre de la coopérative siège également au Conseil communal.La coopérative féminine a décroché le premier prix du concours de Solidar ré-compensant les initiatives économiques en milieu rural kosovar. Elle a profité de conseils pour établir un plan d’exploitation et a pu trouver des donateurs addition-nels. Une installation de pasteurisation améliore la conservation des produits. La coopérative a, récemment, conclu des contrats de commercialisation avec des supermarchés de la région.

Mêmes chances pour tous?Questionné sur l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, le maire Smajl Latifi répond: «L’enjeu ne se réduit pas au seul fait d’avoir 30 pour-cent de femmes au sein du parlement communal. L’égalité entre hommes et

femmes passe surtout par l’éducation et l’autonomisation. Par ailleurs, à Rahovec, les départements de la santé et de l’éducation sont dirigés par des femmes.» La minorité serbe vit dans deux des 36 villages de la commune. Dans les autres cohabitent la minorité albanaise et les autres minorités. Que fait la commune pour l’intégration de ses citoyen-ne-s? «Je ne suis pas pour des enclaves ser-bes», lance Smajl Latifi, avant d’ajouter: «La commune encourage plutôt les organisations de la société civile à se mobiliser pour intégrer les différentes communautés.» La stratégie de dévelop-pement et le budget de la commune sont discutés lors de réunions villageoises. Cela permet de renforcer la participation de la population.Interrogé sur sa vision de la Rahovec de demain, Smajl Latifi cite le plein emploi, de bonnes routes et la commercialisation des produits locaux. Il poursuit: «Nous cherchons une cité suisse au profil simi-laire à Rahovec, en vue d’un partena riat bénéficiant aux deux localités.»

«Vu le taux de chômage élevé, l’agriculture constitue souvent le seul moyen de survie.»

THEMA 76 POINT FORT THEMA 7

Hans-Jürg FehrPrésident de Solidar Suisse et conseiller national

Des salaires et des conditions de tra-vail équitables: tel est l’objectif pour lequel nos membres et le PS militent en Suisse, avec l’initiative pour un sa-laire minimum, et pour lequel Solidar Suisse se mobilise avec ses parte-naires dans des pays émergents et en développement. Autant l’objectif est similaire, autant les approches diver-gent. Les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique centrale consacrent toute leur énergie à la lutte pour les droits élémentaires du travail. En font partie l’interdiction du travail des enfants et du travail forcé, ainsi que le droit de s’organiser en syndicats et de conclu-re des contrats collectifs de travail. Dans les États d’Europe du Sud-Est, ces interdictions et ces droits peuvent être considérés comme acquis, mais cela ne signifie pas que l’économie réelle est équitable, loin s’en faut. Pour atteindre cet objectif, il faut de bonnes conventions collectives de travail (CCT), négociées par des organisa-tions capables de défendre les droits des salarié-e-s. On peut apprendre à négocier de bons accords et à insti-tuer des organisations puissantes. Le rôle de Solidar consiste à soutenir les organisations partenaires locales afin qu’elles de viennent de réels parte-naires sociaux. Dans ce contexte, nous pouvons profiter de l’expérience acquise après la guerre dans notre propre pays. Depuis cette année, les fonds paritaires des partenaires so ciaux suisses soutiennent aussi nos activités en Europe du Sud-Est. Ensemble, nous nourrissons l’espoir que la CCT devienne un nouveau bien d’exportation suisse à succès.

CHRONIQUE

CCT, bien d’exportation

7

La commune kosovare de Rahovec doit faire face à un chômage élevé. Des projets agricoles très novateurs ouvrent des perspectives.Texte: Katja Schurter. Photos: Brigit Ruprecht

Fahrije Hoti s’occupe de la produc-tion, Pranvera Spahiu de la vente. La coopérative Ayvar occupe un nombre

croissant de femmes.

POIvRONS eT vIgNeS

Dans la commune, 56 000 âmes co-habitent sur une superficie de 470 kilomètres carrés. 36 villages, dont Krusha, sont rattachés au chef-lieu. 95 pour cent des habitant-e-s sont albanais, la plus grande minorité étant serbe. Suivent les Roms, Aschkalis et Égyptiens. Les principales branches d’activité sont l’agriculture et la viticul-ture, ainsi que la fabrication de plas-tique et le petit artisanat. Le revenu minimal est de 180 francs. En 2011, des recettes fiscales de 860 000 francs sont inscrites au budget.

Rahovec en chiffres

Page 5: Solidarité 4/11

rendre», explique Ernsto Sitoe. Mais la situation des femmes commence à chan-ger peu à peu: elles participent de plus en plus aux débats publics, pratiquent le petit commerce, créent des groupes d’épargne et de crédit, et sont nommées déléguées des tables rondes. Lors de la récente amélioration de la route rurale, les femmes ont également retroussé leurs manches.

Quasiment pas d’activité formelleLes engagements formels sont rares à Estaquinha. L’administration surtout pro-pose aux femmes et aux hommes des postes fixes dans l’enseignement, les soins infirmiers et la police. La plantation de canne à sucre de la Companhia de Búzi propose aussi quelques emplois. La majorité de la population pratique l’agriculture ou tient des petits magasins de produits d’usage courant. On sème en octobre pour récolter en mars. En cas de mauvaise récolte, les réserves suffisent jusqu’en novembre seulement, puis les aliments viennent à manquer. La commu-

aussi par de solides efforts en vue d’achats publics équitables.

Une approche pragmatique«Dans son engagement en faveur d’un

développement durable, la Municipalité agit de manière pragmatique et se concentre sur des actions concrètes qui correspondent à ses compé-tences», explique Sarah Huber, déléguée au dévelop-

pement durable de la Ville de Nyon. Et de citer un exemple: «La problématique du commerce équitable est internationale, mais la Commune peut veiller à ce que les produits qu’elle achète ne soient pas issus de l’exploitation.»La solidarité se manifeste également sur le plan local, notamment en matière de chômage. La Commune s’engage en faveur des jeunes par des actions visant à favoriser le passage de l’école au monde professionnel. Elle soutient aussi financièrement l’agence de placement Inter-Face – initiée par l’OSEO Vaud.

«Nous discutons de la meilleure manière de remédier aux problèmes de la com-mune», lance Ana Lourenço pour expli-quer la tâche du comité faisant participer la population au développement local. «Par exemple, la répartition des terres: certains ne veulent ni utiliser leurs ter-rains, ni les rendre. D’autres aimeraient les répartir plus équitablement.» Ana Lourenço défend les intérêts de la popu-lation au sein du comité de la commune d’Estaquinha, créé en 2009 avec l’appui de Solidar Suisse. Cet organe adopte le plan de développement et le budget de la commune. Douze hommes et huit femmes y prennent part.

L’homme décideLa tradition veut que les femmes soient exclues des décisions. La femme a be-soin de l’accord de l’homme même pour les décisions urgentes. Cela peut occa-sionner des situations terribles: «Certai-nes femmes accouchent sur le chemin de l’hôpital, parce que leurs maris ont décidé trop tard qu’elles devaient s’y

«C’est un paradoxe! Les citoyen-ne-s at-tendent d’autorités locales qu’elles agis-sent aussi au niveau global», s’exclame Daniel Rossellat, syndic de Nyon. Cette ville vaudoise de 19 200 âmes a décidé,

en juillet dernier, d’augmenter sa contri-bution à la coopération au développe-ment de 16 000 à 46 000 francs par an. Un geste fort, qui contribuera à améliorer les conditions de vie dans le Sud.

Achats publics équitablesNyon a participé au récent Rating Solidar des communes. Elle se classe en tête de peloton, au 16e rang (sur 88 communes). En se basant sur le budget 2011, et non sur les comptes 2009 et 2010, la ville vaudoise se hisserait même au 7e rang. Le très bon résultat de Nyon s’explique

nauté villageoise soutient malgré tout les enfants orphelins, en leur fournissant nourriture et matériel scolaire.

Que veut la population?«Comme il n’y a pas de puits, les gens vont chercher l’eau à la rivière, infestée de crocodiles. Estaquinha a besoin d’un approvisionnement en eau et en électri-cité, et doit être reliée au téléphone. Elle doit devenir une authentique ville, estime Ana Lourenço. En outre, nombre de per-sonnes ont besoin d’un emploi fixe.»

8 POINT FORT POINT FORT 9

Estaquinha compte 36 100 âmes, réparties dans 29 villages. Elle ne bénéficie pas encore de l’électricité. L’approvisionnement en eau potable par des puits est rudimentaire. Les principales branches d’activité sont l’agriculture et le petit artisanat. Le re-venu national moyen de 35 francs par mois n’est pas atteint, loin s’en faut.

Estaquinha en chiffres

Nyon se situe sur la Côte vaudoise, près de Genève. Son économie est surtout tertiaire (pharmaceutique, agroalimen-taire, technologie de précision, servi-ces financiers). Nyon compte 19 200 âmes. Le revenu moyen par habitant-e est de 130 000 francs dans le district. Cela dit, 40% des familles disposent d’un revenu inférieur à 70 000 francs.

Nyon en chiffres

9

L’amélioration des infrastructures et la création d’emplois sont prioritaires pour la population de la commune mozambicaine d’Estaquinha. Texte: Natalia Domingos et Jorge Lampião. Photo: Yunas Vally

La petite ville de Nyon contribue, dans la mesure de ses possibilités, à une amélioration des conditions de vie dans le Sud. Eclairage. Texte: Alexandre Mariéthoz. Photos: Ville de Nyon

Le comité de développement se réunit pour discuter des futurs

projets à Estaquinha.

Nyon se soucie de la qualité de vie de ses habitant-e-s, tout en portant un regard global sur le monde.

eAU NON POTAbLe eT CROCOdILeS SeCTeUR bANCAIRe

eT SOLIdARITÉ

Accompagner la croissanceEt le futur? Nyon bénéficie d’une attracti-vité économique forte. Cela implique plu-sieurs défis afin d’accompagner la crois-sance. «Il faudra notamment, explique Sarah Huber, garantir que la croissance économique apporte des emplois à la ré-gion et que les entreprises participent aux efforts pour la qualité de vie locale.»La Ville veut aussi favoriser la mobilité douce et la construction de logements à prix abordables. Tout en continuant à porter un regard solidaire sur le monde.

«Nyon veille à ne pas acheter de produits issus de l’exploitation.»

Page 6: Solidarité 4/11

10 POINT FORT

La commune compte 34 000 âmes et ses villages s’étendent sur une super-ficie de 80 kilomètres carrés. 60 % de la population vit de l’agriculture (blé, maïs et canne à sucre), 40 % travaille dans les marbreries. Le revenu moyen oscille entre 60 et 80 francs par mois.

Pir Sabaq en chiffres

Dans la ville pakistanaise de Pir Sabaq, la solidarité est très forte. Mais inondations et chômage mettent la commune à rude épreuve.Texte et photo: Debora Neumann

bLÉ eT MARbRe

dÉMOCRATIe eTdÉveLOPPeMeNTLa démocratie et le respect des droits fondamentaux sont garants d’un dévelop-pement durable – et social. L’exemple de l’Amérique latine le démontre.Texte: Carlo Sommaruga, conseiller national PS

En Suisse, la démocratie et le respect des droits humains sont des acquis fai-sant partie intégrante du consensus poli-tique national. À ce titre, ces principes sont reconnus comme des éléments essentiels à la cohésion sociale, à la sta-bilité politique et au développement éco-nomique de notre pays. Par ailleurs, la démocratie suisse, de par sa nature même, engendre une participation active de la société civile au débat politique. Cette véritable culture participative s’exprime sous de nombreuses formes, par exemple lorsque le parlement intègre dans le débat politique des revendica-tions issues de la société civile. Cet espace démocratique laissé à la société civile est fondamental. Il est la seule voie pour contrecarrer l’hégémonie de l’économie, renforcer les droits sociaux et orienter la société vers un développe-ment durable.

Manque total de cohérenceDe façon assez paradoxale, la Suisse est incapable de transposer les fondements de sa culture politique dans sa politique économique extérieure. Ainsi, depuis toujours, les milieux économiques et le Conseil fédéral ont sacrifié sur l’autel du libre-échange commercial les droits hu-mains, les droits sociaux et le développe-

ment durable. Des accords commerciaux ont systématiquement été conclus avec des régimes autoritaires, peu préoccu-pés par les droits humains et les normes du travail. L’idée d’une cohérence entre les sphères économique, sociale et environnementale reste aujourd’hui en-core totalement incomprise par le Secré-tariat d’État à l’économie (SECO) et la majorité bourgeoise des deux Chambres.

Partage des richessesL’équation entre démocratie, droits fon-damentaux, renforcement des droits sociaux et développement socioécono-mique, s’impose pourtant comme nou-veau paradigme. En Amérique latine, la chute des régimes autoritaires a permis, par la démocratisa-tion croissante des socié-tés, de voir les droits so-ciaux et le développement socialement partagé se consolider. Au Brésil et en Bolivie, les mouvements syndicaux, des sans-terre et des peu ples indigènes, peuvent mieux faire entendre leurs voix et exiger le partage des richesses. L’intégration, parfois balbutiante, de leurs revendications dans les politiques pub-liques aboutit à une amé lioration du pro-

11POINT DE VUE

La Suisse conclut des ac-cords commerciaux avec des régimes autoritaires, peu préoccupés par les droits humains et du travail.

cessus démocratique et, par ricochet, des conditions de vie de l’ensemble de la population.

Un lien indissociableCe que le Printemps arabe renvoie lui aussi avec force aux démocraties occi-dentales, c’est la nécessité du lien indis-sociable, de l’imbrication même, entre les sphères économiques et sociales. Ces mouvements brisent la logique du libéra-lisme purement économique, imposée par le Fonds monétaire international (FMI) et les pays du Nord, qui avait trans-formé les régimes à parti unique en appareils de protection des élites locales

prédatrices des ressources nationales.La vieille dichotomie entre économie et social est une vision du passé. L’avenir s’inscrit dans un projet intégrant démo-cratie, droits humains, droits sociaux et développement durable.

d’activité va de soi pour la population de Pir Sabaq. Les femmes sont des figures de proue de la famille, mais elles n’ont aucune influence dans la vie publique. Elles ne peuvent exercer qu’une incidence indirecte, via l’éducation des enfants ou via les époux et les frères.

Défis de tailleMais la solidarité n’a pas suffi pour faire face aux derniers événements: les graves inondations de 2010 ont paralysé la vie économique et, une année après, la moitié des infrastructures seulement est à nou-veau fonctionnelle. Les plus touchés sont les paysan-ne-s, car le bétail a péri en nombre et les canaux d’irrigation n’ont toujours pas été reconstruits.Avant la catastrophe déjà, la commune luttait pour améliorer ses infrastructures. Comme elle se situe à l’extrême limite du district, les mauvaises routes compliquent le transport des biens agricoles vers les marchés et font obstacle au développe-ment économique.

Chômage et exodeCe sont avant tout l’agriculture et l’industrie du marbre qui offrent des emplois; de plus, de petites entreprises fabriquent des allumettes, réalisent des travaux de couture, gèrent des magasins

Pir Sabaq se trouve au nord du Pakistan et comprend plusieurs villages, tous dotés de leur propre «jirga» (assemblée) tradi-tionnelle. Celle-ci réunit des anciens, des enseignants et des représentants de la communauté religieuse, uniquement des hommes. Ils sont nommés à vie par la ma-jorité masculine du village et sont bénévo-les. La «jirga» prend des décisions sur tous les aspects de la vie quotidienne, comme la sécurité sociale, la répartition des terres ou les questions religieuses.

Solidarité sans égalitéSe serrer les coudes dans l’ensemble des situations de la vie et des secteurs

ou élèvent du menu bétail. À Pir Sabaq, le taux de chômage est élevé et touche essentiellement les jeunes. L’absence d’industrie et le faible niveau d’éducation ne leur permettent pas de s’insérer sur le marché du travail. Ils deviennent souvent des salarié-e-s à la périphérie des gran-des villes.Pour mieux utiliser le potentiel existant, notre organisation partenaire Labour Education Foundation (LEF) aide les travailleurs des marbreries à s’organiser en coopératives. Par ailleurs, main dans la main avec LEF, Solidar Suisse a conçu des projets ouvrant des perspectives aux jeunes sans emploi. Ces initiatives met-tent l’accent sur la formation continue des jeunes femmes pour leur faciliter l’accès à des activités rémunérées.

Le four à pain de Pir Sabaq a été construit avec le soutien de Solidar Suisse.

Avec un don de 50 francs, une femme reçoit une formation continue et du matériel. Elle pourra ainsi ouvrir un commerce qui l’aidera à subvenir aux besoins de sa famille. Avec un don de 100 francs, un bou-langer peut proposer une place d’apprentissage à des jeunes sans emploi, ce qui leur offre des perspec-tives sur le marché du travail.

Votre don

est une aide réelle

Page 7: Solidarité 4/11

12

Nicaragua: dialogue social dans le secteur du caféEn août 2011, le syndicat du personnel agricole ATC, le Ministère du travail et une représentation des employeurs ont

Rating des communes: meilleur résultat pour KönizLe rating des communes effectué par Solidar a examiné l’engagement soli-daire, vis-à-vis du Sud, de 88 communes suisses (voir article en page 17).L’évaluation de la commune de Köniz, parue dans Solidarité 3/11, a été ulté-rieurement adaptée. La commune a, en effet, mis en place des directives pour des achats durables sur le plan social,

Efforts pour les jeunes en Europe du Sud-EstEn septembre, des représentant-e-s d’organisations et de syndicats de Bosnie-Herzégovine, du Kosovo et de Serbie, se sont rencontrés à Zenica. Leurs projets pour intégrer la jeunesse au marché du travail ont fait l’objet d’intenses discus-sions. Ces projets portent leurs fruits. Ainsi, le centre de conseil professionnel du Youth Communication Centre à Banja Luka est particulièrement apprécié par les élèves, les parents et les autorités locales. www.solidar.ch/europesudest

constitué une commission chargée, dans le département de Jinotega, d’améliorer les conditions de travail et d’éradiquer le travail des enfants. Cet événement historique fait suite à de longues négociations entre l’ATC et Eduardo Rizo, le plus important dé-tenteur de plantations de café et prési-dent de l’Union des entreprises produc-trices de café de la région.70 pour cent du café produit au Nicara-gua provient de Jinotega. Cette conven-tion entre le syndicat ATC et l’employeur le plus important de la branche aura une influence positive dans toute la région.www.solidar.ch/nicaragua

Un million de maisons détruites au PakistanÀ la mi-septembre, le Pakistan a été à nouveau confronté à de très graves inondations. Environ cinq millions de personnes, dont un tiers d’enfants, ont été touchées.Selon les informations du gouverne-ment, dans le sud du pays, un million de maisons ont été détruites. Dans le dis-trict de Badin, 40 pour cent des terres

sont inondés. Toute la population a dû être évacuée.Grâce à ses partenaires locaux sur place, Solidar Suisse a pu aménager des logements temporaires et distri-buer des paquets pour subvenir aux besoins quotidiens des victimes.Selon les services météorologiques pakistanais, ces nouvelles inondations, dues à la violente mousson, sont une conséquence du réchauffement clima-tique. Durant ces prochaines décen-nies, ce pays sera très exposé à ce gen-re de catastrophes. Solidar ne fournit donc pas qu’une aide d’urgence, mais contribue aussi à la reconstruction. À l’avenir, les maisons devront mieux ré-sister à de telles inondations. On pourra ainsi éviter beaucoup de souffrances.www.solidar.ch/news

bRèVES

juste avant la fin de l’évaluation de Solidar. De plus, suite à un malentendu, nous n’avions reçu que des données par-tielles en matière d’aide humanitaire et de partenariats avec des communes de pays émergents ou en développement.Nous sommes ravis du nouveau résultat de Köniz, qui s’améliore nettement:www.solidar.ch/rating-solidar-des-communes

PAUSe CAFÉ: AveC UN gOûT d’exPLOITATION?

Début septembre, sur www.solidar.ch, la parodie d’un spot de Nespresso invitait à adresser un e-mail à George Clooney. Cette campagne devait mettre Nespresso devant un choix clair: du café équitable ou plus jamais de publicité pour Nespresso avec la star. La campagne s’est propagée à la vitesse de l’éclair, via les médias so-ciaux: un mois plus tard, 800 000 person-nes ont vu notre parodie de spot. 40 728 personnes ont répondu à notre action et envoyé un e-mail à George Clooney. 10 000 personnes ont, de plus, écrit un message personnel au célèbre acteur

Réaction de NespressoNespresso a réagi sans délai: cinq jours après le lancement de la campagne, nous avons commencé à négocier avec une délégation de Nespresso. Résultat:1. La multinationale juge son café suffi-samment social et durable. Chaque label aurait ses atouts et ses faiblesses. Il serait impossible de prétendre que le café issu du commerce équitable serait plus social que l’actuel café Nespresso.

Nous nous inscrivons en faux contre une telle déclaration.2. Mais Nespresso est prête à charger une instance indépendante d’examiner la question de la fiabilité des divers labels.À première vue, ce résultat peut sembler peu spectaculaire. Mais nous en sommes convaincus: un jalon essentiel a été posé. Il s’agit d’une importante victoire d’étape vers un café équitable.

Du café équitable au travailNous sommes très heureux que nos exi-gences, à savoir une offre adaptée de café équitable de la part de Nestlé et de Nespresso, soient soutenues par autant de personnes. Aussi tenons-nous à ne pas en rester là. Comme consommateurs et consommatrices, nous pouvons contri-buer à des conditions de travail décentes dans les pays émergents et en dévelop-pement – dans la mesure où nous n’achetons plus que des biens produits dans des conditions équitables.En Suisse, nous buvons en moyenne 1300 tasses de café par an, dont une

part considérable au travail, à l’école, à l’université, etc. Avec votre aide, nous voulons faire en sorte que votre entre-prise, votre école, votre commune pro-pose uniquement du café équitable.

Un clic contre l’exploitationVous pouvez contribuer à la réalisation de cet objectif sur notre site internet:

• Votre lieu de travail propose-t-il déjà du café équitable? Si oui, inscrivez votre employeur sur notre site web. Les exemples positifs peuvent motiver des employeurs.

• Le café que vous buvez à la pause a encore un arrière-goût d’exploitation? Alors, faites changer les choses! Sur notre site internet, vous pouvez nous charger d’approcher votre employeur – ou télécharger notre lettre-type et écrire vous-même une lettre à la per-sonne responsable au sein de votre entreprise.

Merci de tout cœur pour votre précieux engagement!www.solidar.ch/commerceequitable

Plus de 40 000 personnes se sont associées à la campagne de Solidar pour un Nepresso équitable. Faisons maintenant pression pour que du café équitable soit servi à votre travail!Texte: Christian Engeli. Photos: Solidar

ACTUALITÉ 13

bolivie: le gouvernement contre les indigènesEn août, la population autochtone du Parc national de Tipnis, dans les plaines amazoniennes, a entamé une marche de protestation vers La Paz. Cette commu-nauté s’insurge contre le projet d’une route transnationale vers le Brésil, qui traverserait leur territoire et une zone naturelle protégée. Les autochtones craignent à la fois des dégâts environne-mentaux et un afflux de petites exploita-tions paysannes vers leur territoire.À Yucumo, la marche a été stoppée par la police et des groupes favorables au projet, mobilisés par le gouvernement. Le 25 septembre, les forces policières s’en sont prises brutalement aux auto-chtones. Cela a soulevé une vague de protestation dans tout le pays. L’Église catholique, les organisations de défense des droits humains et l’ONU ont protesté contre la façon d’agir du gouvernement. Le président Evo Morales a ordonné l’arrêt provisoire du chantier et a décidé de soumettre le projet à un référendum.

Page 8: Solidarité 4/11

SOLUTION:

LE SUDOKU DE SOLIDAR

Règles du jeu

Complétez les cases de la grille avec les chiffres de 1 à 9, afin qu’il n’y ait aucune répétition et aucun doublon dans chaque colonne, ligne et carré de 3x3.La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement, selon l’équivalence ci-dessous: 1=U, 2=B, 3=A, 4=I, 5=Q, 6=E, 7=L, 8=E, 9=T.

Envoyez la solution à Solidar Suisse via le talon-réponse ci-joint, sur une carte postale, ou par e-mail à [email protected], sujet «sudoku». Toutes les réponses correctes participent au tirage au sort.

Prix: 1er prix: un verre «Paprika-Pickles» de la coopérative de femmes Krusha2e prix: un verre «Ayvar» de la coopérative de femmes Krusha

2 91

3 7 2

6

3 4

6

3

5

5

47

1

7 2 3

9

4

7 3

5

1 7

8

8 5

8

La date limite d’envoi est le 12 décembre 2011. Le nom des gagnant-e-s sera publié dans Solidarité 1/2012. Le concours ne donne lieu à aucune correspondance, ni à aucun recours. Le personnel de Solidar n’a pas le droit d’y participer.

Le sudoku du dernier Solidarité était impossible à résoudre, en raison d’un problème technique. Nous adressons toutes nos excuses aux participant-e-s, et vous souhaitons bonne chance pour le présent sudoku.

ACTUALITÉ 15

dROIT SANS FRONTIèReSLe Conseil fédéral et le Parlement doivent veiller à ce que les entreprises sises en Suisse respectent, partout dans le monde, les droits humains. Telle est la revendication de la campagne «Droit sans frontières».Texte: Pepo Hofstetter, Alliance Sud. Photo: Marion Nitsch

Quand Glencore pollue des cours d’eau et se rend complice de violences poli-cières pour acquérir des matières pre-mières au Congo… Quand Syngenta empoche des bénéfices dans des pays en développement avec des pesticides interdits en Europe et qu’il met en péril la santé des paysan-ne-s… À chaque fois, ces firmes n’assument pas leur respon-sabilité pour les droits humains et l’environnement. La campagne «Droit sans frontières» entend mettre un terme à tout cela, en exigeant le respect de règles claires pour les entreprises suisses, partout dans le monde.

La Suisse, paradisdes multinationalesLa Suisse porte une responsabilité parti-culière, car elle appartient au peloton de tête. Elle est, par habitant-e, le numéro un en densité de multinationales et le numéro deux en investissements directs à l’étranger. Les cadeaux fiscaux et le droit des actionnaires ne rendent pas

seulement notre pays attrayant pour des sociétés comme Nestlé ou Holcim, mais aussi pour des sociétés étrangères comme Xstrata et Transocean, proprié-taire de la plateforme de forage BP qui a explosé dans le golfe du Mexique. Plus de 300 nouvelles firmes se sont instal-lées en Suisse depuis 2003.

Initiatives insuffisantesLa nécessité de mieux réguler les activi-tés des entreprises est reconnue depuis longtemps. Les initiatives visant à en-diguer les atteintes aux droits humains se sont multipliées. Toutes ces démarches ont cepen-dant un point faible: elles sont volontaires, et non contraig-nantes juridiquement. Il man-que souvent une instance pour vérifier leur mise en œuvre de manière indépendante. Les violations ne sont pas sanctionnées et les victimes ne peuvent déposer plainte. Les organisations internationales tentent d’y remédier. Récemment, l’ONU a adop-té le cadre de référence élaboré par John Ruggie, son représentant spécial pour les questions des droits humains. Ce concept comprend trois piliers:1. Les Etats doivent aussi assurer une protection contre les violations des droits humains commises par des entreprises.2. Les entreprises doivent respecter les droits humains dans leurs activités.3. Les victimes de violations des droits humains commises par des entreprises doivent absolument avoir accès à une défense juridique.

La Suisse doit jouerun rôle pionnierUne alliance de quelque 50 organisa-tions, dont Solidar Suisse, entend chan-ger cette situation. Elle exige, du Conseil fédéral et du Parlement, des règles juridi-quement contraignantes afin que les entreprises sises en Suisse soient obli-gées de respecter les droits humains et l’environnement partout dans le monde. La Suisse a refusé jusqu’ici toute règle contraignante, se limitant au soutien à des initiatives volontaires d’autorégula-tion. Plus grave encore, le droit suisse

actuel empêche de rendre les maisons-mères responsables des violations com-mises par leurs filiales. La campagne «Droit sans frontières» veut changer cela. Merci de la soutenir:

www.droitsansfrontières.ch

À la maison, buvez-vous du café issu du commerce équitable? Oui Non, je ne bois pas de café. Non, car

Votre employeur propose-t-il, à la cafétéria, du café issu du commerce équitable?

Oui Non Ne sais pas

Participez à notre sondage en renvoyant le talon-réponse joint au présent numéro de Solidarité.Vous trouverez des arguments pour convaincre votre entreprise d’acheter du café équitable sous: www.solidar.ch/commerceequitable

14 jEU & bAROMèTRE

La Suisse a, jusqu’ici, refusé toute règle contraignante pour les entreprises.

Utilisation de pesticides au Pakistan: en recourant à des produits interdits en Europe, Syngenta fait peser une grave menace sur la santé des travailleurs et travailleuses.

Des règles contraignantes pour les multinationales suisses.

DROITSANS

FRONTIÈRES

ÉVALUATION DU bAROMèTRE

bAROMèTRE DE LA SOLIDARITÉ

39 Oui, elles doivent proposer uniquement du café produit dans des conditions équitables.

8 Oui, mais. Elles doivent inclure le café équitable dans toutes les lignes de produits – et laisser ainsi le choix à la clientèle.

0 Non.

Les multinationales, comme Nestlé, doivent-elles proposer une offre conséquente de café équitable?

Les remarques oscillaient entre: «Excellente campagne, continuez!», «Un vœu pieux?», «Des conditions équitables et la qualité doivent aller de pair» jusqu’à «Tous les produits doivent être équitables, pas seulement le café». Ou simplement: «What else!».

8

39

Offrez cette belle carte de Solidar: vous soutiendrez ainsi nos programmes de développement partout dans le monde.Depuis la fin de la guerre civile au Sri Lanka, en 2009, Solidar Suisse sou-tient les personnes réfugiées qui rentrent chez elles, afin qu’elles puissent reconstruire leur vie: 600 familles reçoivent une contribution financière pour se procurer des moyens d’existence. Les familles peuvent ainsi subvenir à leurs besoins quotidiens, pendant qu’elles mettent sur pied un petit atelier pour s’assurer des revenus à long terme. En achetant une machine à coudre, une famille peut ouvrir un atelier de couture dans son village et, ainsi, assurer sa subsistance.Commandez cette carte-cadeau et d’autres articles, au moyen du formu-laire en annexe ou sur www.solidar.ch/cadeau

OFFRez UNe MAChINe à COUdRe

Page 9: Solidarité 4/11

16

AMIE ZurichLes jeunes femmes qui mettent au monde un enfant avant la fin de leur for-mation professionnelle ont moins de chances sur le marché du travail. On ne leur propose généralement que des postes à temps partiel de bas niveau. Dans les démarches de postulation, elles sont désavantagées par rapport aux femmes sans enfants. Les jeunes mères risquent d’être longtemps dé-pendantes de l’aide sociale, notamment si elles sont célibataires.Le programme AMIE de Solidar Zurich, qui débute le 1er novembre, intervient dans ces situations. Il prépare indivi-duellement de jeunes mères entre 16 et 25 ans à accéder au monde du travail, les accompagne dans leur quotidien professionnel et les soutient dans l’aménagement des conditions-cadres nécessaires. AMIE Zurich est un projet novateur, taillé sur mesure pour s’adapter à toute situation, besoin, et compétence particulière des jeunes mères. www.sah-zh.ch

Colloque du réseau OSEO Le vendredi 16 septembre, le réseau OSEO a pris le temps de la réflexion, à Bienne. 400 collègues de l’OSEO, des collaborateurs et collaboratrices de Solidar Suisse, ainsi que plus de 50 personnes externes, ont échangé sur le thème du travail décent. Cet événement était organisé à l’occasion du jubilé des 75 ans.Un exposé de Daniel Lampart a tracé les tendances économiques dominan-tes des dernières années. L’économiste en chef de l’USS a également donné quelques pistes relatives aux dévelop-pements futurs de notre économie.Dans un deuxième temps, le Professeur Giuliano Bonoli, de l’IDHEAP, a exposé des études sur les effets des mesures

d’insertion en Suisse et dans le monde. Si toutes les mesures ne sont pas effi-caces en terme de retour rapide en emploi, force est de constater que ces programmes ont aussi des effets moins visibles, mais bien réels!Ensuite, Yves Ecœur a évoqué divers enjeux, en lien avec les programmes de l’OSEO, liés à la réinsertion en Suisse.La matinée s’est terminée par un expo-sé de Christoph Baumann, qui a déve-loppé et illustré le thème du travail décent avec des exemples tirés de la pratique de Solidar Suisse.L’après-midi a vu un débat reprendre ces questions et les approfondir. En plus des intervenant-e-s du matin, Ruth Derrer Balladore, de l’Union patronale suisse, et l’entrepreneuse Paola Ghillani se sont jointes aux échanges. La table ronde animée par Ueli Mäder a essayé de contextua liser et problématiser la question du travail décent.Suite à l’apéritif aimablement offert par la Municipalité de Bienne, la soirée s’est prolongée au Foyer du Centre des Congrès. Les collaborateurs et collabo-ratrices du réseau OSEO et de Solidar Suisse ont fêté dignement le jubilé des 75 ans. www.oseo.ch

Vaud: Yannick Noah sou-tient de jeunes chômeursYannick Noah, vainqueur de Roland-Garros en 1983, était présent début septembre à Villeneuve, afin de soute-nir l’enseigne Cooqpit. Ce programme implique une association (l’OSEO Vaud), le Service vaudois de prévoyance et d’aide sociale, ainsi qu’un privé. Près de 30 jeunes au chômage ou à l’aide so-ciale ont pu réaliser un apprentissage ou un préapprentissage au sein de l’enseigne Cooqpit.«Si l’on peut aider les jeunes par les temps qui courent, je trouve cela judici-eux», a expliqué Yannick Noah à 24 Heures. L’ancien sportif, très engagé sur le plan social, était déjà présent en février 2008, lors de l’inauguration de Cooqpit. www.oseo-vd.ch

RÉSEAU 17RATING

vOTRe COMMUNe eST-eLLe SOLIdAIRe dU SUd? Solidar Suisse a évalué l’engagement solidaire des communes vis-à-vis des pays du Sud. Analyse des résultats romands. Texte et graphique: Alexandre Mariéthoz

Le rating Solidar 2009/2010 a examiné dans quelle mesure les communes suisses assument leurs responsabilités sociales, vis-à-vis des pays du Sud, en matière de coopération au développe-ment et d’achats publics équitables. 50 points peuvent être obtenus pour chacun des deux volets de l’évaluation.

Coopération: podium genevoisEn matière de coopération au dévelop-pement, les communes genevoises obtiennent des résultats exceptionnels.

Les trois communes étudiées dans ce canton se classent sur le podium. Genè-ve et Vernier se partagent la médaille d’or, juste devant Carouge. Mention très bien également à Delémont, Yverdon-les-Bains et Lausanne, qui obtiennent plus de 35 points.Bienne, La Chaux-de-Fonds, Bulle, Por-rentruy et Villars-sur-Glâne se situent en dessous de la moyenne suisse. Les ré-sultats de Bienne et La Chaux-de-Fonds, villes de plus de 35 000 habitant-e-s, sont particulièrement décevants.

Les communes romandes s’avèrent, dans l’ensemble, plus généreuses que leurs homologues alémaniques.

Achats: plus écolo que socioS’agissant des achats publics équitables, Genève mène le bal. Lausanne, Nyon et Bienne décrochent de très bons résul-tats. Les autres communes romandes recueillent entre 2,5 et 17 points. Mon-treux écope de la lanterne rouge.La moyenne des communes suisses est de 10,3 points. La plupart d’entre elles veillent davantage au respect des normes écologiques que sociales. En l’occurrence, il n’existe pas de différence notoire entre Suisses romande et alémanique.

Genève championneAu classement général, Genève caracole en tête. Lausanne se situe légèrement en dessous du seuil (75 pts) où une commune assume pleinement ses res-ponsabilités vis-à-vis du Sud. Yverdon-les-Bains, Vernier, Carouge, Nyon et De-lémont obtiennent plus de 50 points – ce qui constitue un score très honorable.Les résultats de Bulle, La Chaux-de-Fonds, Porrentruy et Villars-sur-Glâne sont largement insatisfaisants. Ces com-munes ont toutefois promis d’améliorer leur politique.

Le Valais absentEn Valais, les trois villes sollicitées (Mar-tigny, Sierre et Sion) ont refusé de parti-ciper au rating de Solidar.

Rating Solidar: résultats des com- munes romandes

Genève

Lausanne

Yverdon-les-Bains

Vernier

Carouge

Nyon

Delémont

Bienne

Neuchâtel

Moutier

Fribourg

Le Locle

Montreux

Bulle

La Chaux-de-Fonds

Porrentruy

Villars-sur-Glâne

Moyenne suisse

Maximum possible

Population

191400

134800

27100

33000

19900

19200

11600

52500

33000

7600

35200

10100

24900

18900

37500

6700

11600

CAD

43.2

36.0

39.8

43.2

43.0

22.5

40.9

11.0

33.9

26.3

22.2

18.5

22.3

8.1

11.0

7.3

5.4

17.6

50.0

Achats

42.0

34.1

17.0

13.0

13.0

31.5

11.0

28.0

4.5

7.5

10.5

11.0

2.5

7.5

4.0

6.0

6.0

10.3

50.0

Total

85.2

70.1

56.8

56.2

56.0

54.0

51.9

39.0

38.4

33.8

32.7

29.5

24.8

15.6

15.0

13.3

11.4

27.9

100.0

Page 10: Solidarité 4/11

«Je me démène pour la commune depuis cinq ans», raconte Celia Quispe Mamani. S’investir pour la communauté fait partie de la culture aymara, qui est celle des habitant-e-s de la commune de Malla, située à huit heures de route de La Paz. En l’absence d’infrastructures sanitaires, scolaires, d’emplois, et de toute sécurité sociale, la commune est obligée de miser sur l’engagement de la population.Cette localité bolivienne peut compter sur des citoyen-ne-s bien informés, qui assistent les autorités communales et les font bénéficier de leurs connaissances, qu’il s’agisse de comprendre une loi, de faire participer activement la population à l’élaboration d’un plan ou d’améliorer l’efficacité de la gestion communale. Formés par Solidar Suisse, beaucoup de ces activistes sont des femmes.

Retour à l’écoleMais la tâche n’est pas facile dans un contexte mal préparé à voir des femmes aux commandes. «’’Tu n’es qu’une fille, ici il faut des gens qui ont de l’expérience, et puis, de toute façon, ce n’est pas l’affaire des femmes’’, voilà ce que j’ai entendu lorsque je me suis annoncée», se sou-vient Celia Quispe. Elle a 28 ans et sa scolarité s’est arrêtée à la fin de la 4e année. Ses parents avaient décidé que sa place serait à la maison et aux champs, que seuls ses frères continue-raient à aller à l’école. Mais ce qui repré-sente pour bien des jeunes filles la fin de leur carrière scolaire ne pouvait arrêter Celia Quispe. Après avoir consacré son enfance et son adolescence à soutenir sa famille, elle est retournée à l’école, à 18 ans. «En 2004, j’ai fini mon cursus dans une école alternative et j’ai fait des études d’infirmière.»

Une organisation qui a du succèsContrairement à la tradition, Celia Quispe a décidé de rester célibataire pour se consacrer à sa formation et se mettre au service de la population. Avec d’autres femmes, elle a fondé l’association Kantu-titas. Malgré son jeune âge, Celia a assu-mé la responsabilité des contacts institu-tionnels: elle a incité un nombre grandissant de femmes à coopérer et a réussi à obtenir le soutien financier des collectivités locales. L’association a pu construire un orphelinat et en assumer la gestion, sous la haute surveillance des autorités communales de Malla.

Conseils aux maires«Nous continuons à nous former en per-manence, alors que les autorités commu-nales changent périodiquement», ex-plique Celia Quispe pour expliquer l’importance des activistes communau-taires. «Au début de leur mandat, les maires ne savent pas comment gérer les affaires communales. Ils ont besoin de notre soutien, ce qui ne signifie pas qu’ils en soient reconnaissants pour autant.»

«TU eS UNe FILLe»Celia Quispe lutte, avec succès, pour améliorer les conditions de vie dans la commune bolivienne de Malla. Son engagement heurte les conceptions traditionnelles de la communauté aymara.Texte: Martín Perez. Photo: Harold Wolff

Comme ils n’y connaissent pas grand-chose, ils perçoivent l’expérience des bénévoles comme une menace. Cette jeune femme a dû lutter contre bien des préjugés pour pouvoir travailler efficace-ment. «Sans formation, je n’y serais ja-mais arrivée», dit-elle avec conviction. «Même si le machisme perdure, nous

avons marqué des points: nous avons acquis un savoir-faire et des connais-sances pratiques. Et, surtout, nous parti-cipons à la gouvernance de la commune. J’en suis fière.»

Améliorer le système scolaireRien d’étonnant donc si Celia Quispe s’est lancée dans un nouveau projet: améliorer les écoles. «Cela signifie que nous devons recueillir des informations sur le niveau de chaque école de Malla, ainsi que sur la qualité du personnel enseignant, propager l’idée que la popu-lation a son mot à dire et créer un poste au budget de l’administration communale pour l’amélioration de la formation. Grâce à notre initiative, l’école est enfin en voie d’acquérir des ordinateurs», se réjouit Celia Quispe.

18

La commune de Malla compte 4000 âmes vivant dans 19 villages dis persés sur une surface de 320 kilomètres carrés. Les gens y vivent principale-ment de l’agriculture, du petit commer-ce et de l’extraction de l’étain. Le travail formel est pratiquement inexistant. Beaucoup travaillent à leur compte dans les mines, tiennent une échoppe ou cultivent leur lopin de terre. Le reve-nu moyen est de 150 à 200 francs.

Malla en chiffres

À côté de son travail, Celia Quispe s’engage pour de meilleures conditions de

vie dans sa commune.

PORTRAIT 19

«Au début de leur mandat, les maires ont besoin de notre soutien.»

Page 11: Solidarité 4/11

Madame la directrice,

Notre cafétéria ne propose pas de café équitable – contrairement à

beaucoup d’autres cafétérias. Je trouve cela regrettable. Le café équi

ta-

ble coûte à peine plus cher que du café ordinaire. Il est tout aussi

bon, voire même meilleur. Et il ne laisse pas un arrière-goût

d’exploitation.

Les cultivateurs et cueilleurs de café sont très souvent maltraités et

exploités. Dans le secteur du café, près de 100 millions de personnes

luttent pour survivre. Des cas de travail des enfants ont même été

prouvés.

En consommant du café équitable, nous pouvons contribuer à réparer

cette injustice. Et permettre ainsi à des cueilleurs de café d’être

payés et traités décemment. C’est pourquoi je serais très heureux que

notre cafétéria propose uniquement du café équitable.

En vous remerciant d’avance pour votre engagement, je vous adresse,

Madame la directrice, mes meilleures salutations.

Jean-Claude Généreux

vOTRe eNTRePRISe Ne PROPOSe PAS de CAFÉ ÉqUITAbLe? Vous pouvez changer cela: www.solidar.ch/commerceequitable