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NOUVeLLes ROUMANIe SOMMAIRE Actualité Vie internationale, Voisins Politique Economie, Agriculture Social Société Evénements Vie quotidienne Enseignement Minorités, Santé Religion Environnement, Sports Insolite Connaissance et découverte Littérature, Musique, Parutions, Bande dessinée Cinéma, Sciences Histoire Echanges Tourisme Humour, Infos pratiques Coup de coeur Numéro 21 - janvier - février 2004 Lettre d’information bimestrielle Les de E n 2004, les Roumains vont être appelés à renouveler tout le personnel poli- tique, des maires au Président de la République. Si, trois ans après son retour aux commandes la majorité caracole en tête des sondages avec un score supérieur à celui des élections de 2000, cette performance ne doit pas faire illu- sion… Le gouvernement enregistre là le bénéfice de succès internationaux : l'adhé- sion à l'OTAN, la marche vers l'UE et l'ouverture des frontières de l'Espace Schengen. Mais la réalité est autrement ressentie: celle d'un pouvoir qui a laissé se dévelop- per la corruption et étendu son emprise sur tous les rouages de la société, dans un pays enfoncé dans la crise et la pauvreté, qui ne voit son avenir qu'en regardant vers l'exté- rieur. Nombre d'observateurs estiment que les Roumains ne croient plus en rien, sont amorphes - établissant un parallèle avec la période précédant la chute de Ceausescu - ou bien choisissent de partir. Certains anticipent le comportement d'électeurs, dont le désarroi moral est aggravé par la faillite d'une opposition qui n'arrive pas à se remettre de sa débâcle du précédent scrutin et à apparaître comme une alternative. Il leur restera alors la tentation Vadim Tudor. Arrivé deuxième, derrière Ion Iliescu, en 2000, avant d'être balayé au second tour, le candidat ultra-nationaliste avait fait frémir tous les démocrates du Vieux Continent. Aujourd'hui, sans avoir mené de campagne, et alors qu'il est boudé par les médias, ce démagogue xénophobe est cré- dité de 28 % des intentions de vote et talonnerait Adrian Nastase. Le renouvellement du scénario de l'élection précédente -affronter au second tour un candidat repoussoir - paraît tenter le gouvernement, qui s'acharne à déconsidérer les leaders de l'opposition démocratique. Mais, c’est jouer avec le feu. De nombreux élec- teurs démocrates préféreront s'abstenir plutôt que de rallier une seconde fois un pou- voir exécré, et Corneliu Vadim Tudor apparaît comme un homme neuf. Même si son itinéraire passe par la Securitate, le Parti communiste, la Nomenklatura, une ancienne collaboration avec Ion Iliescu, et si l'origine de sa fortune demeure inconnue. Pour une bonne partie des Roumains, il est celui qui dénonce la corruption, l'Etat omnipotent et arrogant, celui qui incarne la poigne de fer qui peut remettre de l'ordre dans le pays. Aujourd'hui, le risque n'est plus seulement de le voir figurer au second tour, mais tout bonnement élu. Si, d'aventure, l'UE avait la mauvaise idée de repousser l'échéan- ce de l'entrée de la Roumanie, prévue en 2007, comme des voix le suggèrent, ou de céder aux pressions autrichiennes demandant le rétablissement des visas Schengen pour les Roumains, les replongeant dans l'isolement et le désespoir… alors, les élé- ments seraient réunis pour que 2004 soit l'année de tous les dangers. Henri Gillet L'année de tous les dangers 2 à 6 7 à 10 11 à 13 14 à 16 17 à 23 24 à 27 28 29 30 31 et 32 33 34 à 37 38 à 41 42 43 44 et 45 46 à 48 49 à 51 52

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Page 1: SOMMAIRE - LES NOUVELLES DE ROUMANIE · 2010-11-22 · 5 2 C e n'est pas toujours dans les bandes dessinées que l'on trouve les personnages les plus étonnants. Dodo Nita en est

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Ce n'est pas toujours dans les bandes dessinées quel'on trouve les personnages les plus étonnants.Dodo Nita en est un exemple vivant. Enfant, il a

appris le français en déchiffrant son "Pif-gadget" qui lui arri-vait d'au-delà du Rideau de fer. Un peu plus grand, il l'a per-fectionné en parlant d'Astérix et Tintin avec des ingénieursenvoyés par Citroën pour installer dans sa ville de Craiova les chaînes de montage de l'usineOlcit, produisant ces épouvantables caricatures des Visas : la BD était le seul sujet de conver-

sation qui pouvait échapper à la vigilance de la Securitate.Le jeune homme, devenu étudiant à la Faculté de

Sciences économiques de Craiova et aujourd'hui, à 39 ans, toujours fidèle à sa ville où il est chef-comptable à la SNCF roumaine, s'était ainsi transformé en spécialiste de la bande dessinée maisaussi en grand francophone. La "Révolution" décupla son énergie et sa soif d'en savoir plus.Dodo - prénom hérité de sa mère, subjuguée par un personnage de théâtre le portant - fouilla,chercha et découvrit que la BD roumaine avait eu aussi son âge d'or, dans les années trente. Chezles antiquaires, il retrouva l'essentiel des BD publiées dans son pays, près de 80 albums sur unecentaine, ce qui fait qu'il possède la bibliothèque la plus riche de Roumanie dans ce domaine.

Dès 1991, il lui redonna vie, créant le premier salon de la BD roumaine, qui en est à sa12ème édition, et dont il est le directeur, comme il est président des bédéphiles roumains. Lamanifestation attire bon an-mal an 5000 passionnés, dans un pays où le genre n’est pas considérécomme majeur. Pour réussir son pari, Dodo avait une carte en main : sa francophilie qui l'a faitdevenir secrétaire et trésorier de l'Alliance Française de Craiova et lui a assuré l'appui de la mou-

vance francophone, ambassade comprise. Celle-ci n'a pas eu à s'en plaindre: la jeune génération de dessinateurs roumains et descaricaturistes, souvent issus des concours organisés par le salon, est aujourd'hui imbibée de l'esprit de la BD franco-belge.

Préfaceur d'un roman de San Antonio et grand admirateur de Jules Verne

Dodo avait une autre idée en tête. A force de tourner et retourner les pages du Sceptre d'Ottokar et de L'affaire Tournesol,une évidence s'imposait : Tintin était bien venu en Roumanie. Il travailla d'arrache-pied pour retrouver des preuves de son passa-ge, en fit une brochure-plaidoirie et une remarquable exposition qui a déjà circulé dans plusieurs villes européennes. Devenu "tin-tinologue", reconnu et apprécié par les experts bruxellois, le Craiovean, dont la réputation dépassait désormais les frontières de sonpays, fut convié à participer aux plus grands salons de la BD européenne : Angoulême, Charleroi, Luxembourg, Turin, Grenoble,Lisbonne… Sur place, sa paie de cheminot ne lui permet pas d'acheter les ouvrages dont il rêve. Qu'importe ! Devenus son ami,les plus grands dessinateurs lui remettent un dessin original qui lui est spécialement destiné (voir ci-dessus) A faire pâlir de jalou-sie le plus riche des collectionneurs…

La soif de Dodo de tout connaître sur l'histoire de la BD et de la Roumanie est inextinguible. Il a ainsi découvert que Pelos,en 1976, avait fait venir les Pieds Nickelés à Bucarest, à l'occasion d'un match de rugby. Le trio infernal s'était perdu… pour seretrouver dans le château de Dracula où, les poches vides, il se déguisait en vampires pour se faire de l'argent en faisant peur auxtouristes. Dans le sens inverse, il prépare un dictionnaire des personnages roumains dans la BD française, où ceux-ci on fait leurapparition dès 1942, pour culminer avec l'album La Fille aux ibis, de Lax et Giroud (Editions Dupuis) dont l'action se déroulependant la "Révolution" de décembre 1989.

Dodo Nita s'intéresse aussi au roman policier. Il a préfacé un roman de San-Antonio; Frédéric Dard, bien que n'ayant jamaismis les pieds en Roumanie, est un auteur très apprécié des jeunes, l'argot de 80 de ses livres ayant été adaptés en roumain. Simenonet Boileau-Narcejac sont également traduits. Gérard de Villiers a campé une action de SAS en Roumanie. Mais son écrivain fétichedemeure Jules Verne, dont il possède la collection complète des œuvres et au sujet duquel, il achève de préparer une expositionconcernant ses personnages repris dans la bande dessinée européenne.

Pas étonnant que ce grand francophile soit devenu en mai 2000, à l'âge de 36 ans, l'un des plus jeunes chevaliers dans l'ordredes Palmes académiques, sur décision de Jack Lang, alors ministre de l'Education nationale.

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ROUMANIeSOMMAIRE

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Vie internationale, VoisinsPolitiqueEconomie, Agriculture Social

Société

EvénementsVie quotidienneEnseignement Minorités, SantéReligion Environnement, Sports Insolite

Connaissance et découverte

Littérature, Musique, Parutions,Bande dessinéeCinéma, SciencesHistoire EchangesTourisme Humour, Infos pratiques Coup de coeur

Numéro 21 - janvier - février 2004

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

En 2004, les Roumains vont être appelés à renouveler tout le personnel poli-tique, des maires au Président de la République. Si, trois ans après sonretour aux commandes la majorité caracole en tête des sondages avec un

score supérieur à celui des élections de 2000, cette performance ne doit pas faire illu-sion… Le gouvernement enregistre là le bénéfice de succès internationaux : l'adhé-sion à l'OTAN, la marche vers l'UE et l'ouverture des frontières de l'Espace Schengen.

Mais la réalité est autrement ressentie: celle d'un pouvoir qui a laissé se dévelop-per la corruption et étendu son emprise sur tous les rouages de la société, dans un paysenfoncé dans la crise et la pauvreté, qui ne voit son avenir qu'en regardant vers l'exté-rieur. Nombre d'observateurs estiment que les Roumains ne croient plus en rien, sontamorphes - établissant un parallèle avec la période précédant la chute de Ceausescu -ou bien choisissent de partir. Certains anticipent le comportement d'électeurs, dont ledésarroi moral est aggravé par la faillite d'une opposition qui n'arrive pas à se remettrede sa débâcle du précédent scrutin et à apparaître comme une alternative.

Il leur restera alors la tentation Vadim Tudor. Arrivé deuxième, derrière IonIliescu, en 2000, avant d'être balayé au second tour, le candidat ultra-nationaliste avaitfait frémir tous les démocrates du Vieux Continent. Aujourd'hui, sans avoir mené decampagne, et alors qu'il est boudé par les médias, ce démagogue xénophobe est cré-dité de 28 % des intentions de vote et talonnerait Adrian Nastase.

Le renouvellement du scénario de l'élection précédente -affronter au second tourun candidat repoussoir - paraît tenter le gouvernement, qui s'acharne à déconsidérer lesleaders de l'opposition démocratique. Mais, c’est jouer avec le feu. De nombreux élec-teurs démocrates préféreront s'abstenir plutôt que de rallier une seconde fois un pou-voir exécré, et Corneliu Vadim Tudor apparaît comme un homme neuf. Même si sonitinéraire passe par la Securitate, le Parti communiste, la Nomenklatura, une anciennecollaboration avec Ion Iliescu, et si l'origine de sa fortune demeure inconnue. Pour unebonne partie des Roumains, il est celui qui dénonce la corruption, l'Etat omnipotent etarrogant, celui qui incarne la poigne de fer qui peut remettre de l'ordre dans le pays.

Aujourd'hui, le risque n'est plus seulement de le voir figurer au second tour, maistout bonnement élu. Si, d'aventure, l'UE avait la mauvaise idée de repousser l'échéan-ce de l'entrée de la Roumanie, prévue en 2007, comme des voix le suggèrent, ou decéder aux pressions autrichiennes demandant le rétablissement des visas Schengenpour les Roumains, les replongeant dans l'isolement et le désespoir… alors, les élé-ments seraient réunis pour que 2004 soit l'année de tous les dangers.

Henri Gillet

L'année de tous les dangers2 à 6

7 à 1011 à 1314 à 16

17 à 2324 à 27

282930

31 et 3233

34 à 3738 à 41

4243

44 et 4546 à 4849 à 51

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Dodo, dévoreur de BD,de Tintin, Astérix et Pif...chevalier dans l'ordredes Palmes académiques

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L'ancien ministre de l'Intérieur bri-tannique, Michael Howard, 62 ans, aété désigné par ses pairs du PartiConservateur pour prendre sa tête, àla suite de la démission de Ian DucanSmith. Le nouveau leader del'Opposition de Sa Majesté, quideviendrait automatiquement Premierministre si son parti remportait lesélections prévues dans deux ans etdemi, est d'origine roumaine. Sonpère, Bernard Hecht, Juif, avait quittéla Roumanie en 1939 pour laGrande-Bretagne, s'y mariant, angli-cisant son nom, Michael naissant en1941.

DEVACLUJ

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Infos ppratiques

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*Au 17 décembre 2003

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,pour un an / 6 numéros, port compris

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8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France

Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 21, janvier - fevrier 2004

Très attendu, le rapport de pays de l'UE sur l'état de la Roumanie, rendupublic fin octobre, n'a apporté aucun élément qui ne soit déjà connu, repre-nant toutes les critiques déjà émises par Bruxelles et les autres organismes

internationaux (voir les numéros précédents des Nouvelles de Roumanie).Corruption, réformes trop lentes, manque de transparence, administration trop lourde,figurent parmi les principales tares de la gouvernance roumaine, l'UE louant toutefoisles efforts entrepris pour y remédier mais indiquant qu'ils n'entraient que trop diffici-lement en application.

Bucarest se montrait impatient de sevoir reconnaître le statut d'économie demarché, à l'instar de la Bulgarie, qui se l'é-tait vu accordé l'année précédente. Legouvernement a dû déchanter, le rapport,dans une formule alambiquée et diploma-tique, visant à ménager les susceptibilités,évoquant un pays sur la voie de l'écono-mie de marché. Dans un Premier temps, lePremier ministre a crié victoire, avant definalement admettre que le compte n'yétait pas. Il faut rappeler que les USA ontreconnu à la Roumanie ce statut, aumoment du déclenchement de la guerre enIrak, pour s'assurer de son soutien et de saparticipation… mais ont fait marche arriè-re, une fois ceux-ci acquis.

Le principal était toutefois que laporte ne soit pas fermée pour l'adhésionde la Roumanie à l'UE, en 2007, maiscelle-ci a été invitée à redoubler d'efforts.A suite de la publication du rapport, la Bulgarie a réitéré sa demande de voir sa can-didature de l'UE traitée indépendamment de celle de sa voisine, estimant que celle-cirisquait de lui faire perdre au moins dix-huit mois, mais elle s'est heurtée à une fin denon-recevoir de Bruxelles qui a maintenu le même échéancier pour les deux pays.

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901

Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94Fax: 02 40 49 79 49E-Mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Bernard Camboulives, Noël Tamini,Martine et Jean Bovon-Dumoulin,Aline Nogues, Dodo Nita, MariaTronea, Alvaro Rocchetti, LianaLungu, Elena Ovidiu.

Autres sources : agences de presseet presse roumaines, françaises etfrancophones, télévisions rou-maines, sites internet, fonds dedocumentation ADICA

Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1102 G 80172ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro : mars

VASLUI

SINAIA

Un Roumain à la têtedes conservateurs britanniques

Le statut d'économie de marché toujours

pas reconnu par Bruxelles

La Roumanie siège à partir du 1er janvier 2004, et pour une période de deuxans, au Conseil de Sécurité de l'ONU, remplaçant la Bulgarie. Un tiers desquinze membres non permanents du Conseil sont renouvelés chaque année,

leur choix étant effectué par les groupes régionaux des pays et s'étant révèlé, pour lapremière fois unanime. Ainsi, l'Algérie remplace la Guinée pour l'Afrique du Nord; le

Bénin, le Cameroun; leBrésil, le Mexique; lesPhilippines, la Syrie.La fin 2004 marqueral'échéance des mandatsde l'Angola, du Chili,de l'Allemagne, del'Espagne ainsi que du

Pakistan. Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, avec droit de veto,sont la Chine, les USA, la Russie, la France et la Grande-Bretagne.

La Roumanie membre du Conseil de Sécurité de l'ONU

Bruxelles à Adrian Nastase: “On regrette, on ne peut pas vous accorder le statut

d’économie de marché fonctionnelle, mais on vous donne celui de corruption

fonctionnelle sans aucun problème.” (Vali, “Jurnalul National”).

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Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à laformule choisie.

Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscritpar les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pasabonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédéra-tion).

Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule per-sonne et un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adres-se, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.

(* dans la limite, au total, de quatre personnes)

Le chef du Parti conservateur acommencé sa carrière politique en1983, comme député, devenantministre sept ans plus tard. Il s'esttaillé une réputation de dur du gouver-nement, dans la lignée de MargaretThatcher, introduisant les prisonsprivées, s'opposant à l'intégrationeuropéenne, luttant contre l'immigra-tion. Il est aussi le père de la fameuse"Poll Tax", taxe d'habitation qui mettaitsur un même pied les contribuables,quelque soient leurs revenus. Le gou-vernement Major avait été obligé dereculer devant la vague d'indignationsoulevée par ce projet.

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Actualité

Progrès rapides pour les dix futurs membres de l`UE

Demande intérieure et exportations dynamiques,taux de croissance à faire rêver la "VieilleEurope": à en croire les dernières prévisions de la

Commission de Bruxelles, très critique en comparaison àl`égard des "Quinze", les dix futurs membres de l`Union pro-gressent à bon pas dans la voie du rattrapage économique.Leur poids demeure modeste - à peine l`équivalent de la seuleéconomie néerlandaise - , avec un revenu moyen par habitantde seulement 40 % de celui des "Quinze" en 2001. Mais ils ontconnu une croissance de 3,1 % en 2003, contre 0,4 % pourl`Union. Et le produit intérieur brut des Dix doit encore pro-gresser à bonne allure en 2004 et en 2005 (3,8 % et 4,2 %).

A l`exception de Malte et deChypre, tous appartenaient au bloc del`Est, la Roumanie et la Bulgarie ne fai-sant pas partie du lot qui deviendramembre au 1er mai prochain, leur inté-gration étant prévue en 2007.

Leurs efforts vers l`économie demarché ont été constants depuis ledémantèlement du Rideau de fer, en1989. Au lendemain de la chute desrégimes communistes, la première phasede la transition a été très coûteuse, entermes de pertes d`emplois, de produc-tion et de revenus. Mais les choses sesont sensiblement améliorées. Tous lescandidats ont retrouvé des taux de crois-sance positifs au fil de la décennie 1990.

"Une large partie du chemin a étéfaite, les économies se ressemblent de plus en plus, avec lamontée en puissance des activités de service" estiment plu-sieurs observateurs.

Bien que les restructurations soient allées plus ou moinsvite, selon les pays, des pans entiers de l`ancienne économieplanifiée ont été privatisés. En parallèle, l`industrie et les ser-vices se sont ouverts aux capitaux internationaux, européensen premier lieu. Assurances, mais surtout banques: on consta-te que le secteur financier est passé en grande partie sous lecontrôle d'investisseurs étrangers.

Pologne, République Tchèque ou Hongrie, les pays voi-sins de l`Allemagne ou de l`Autriche n`ont pas attendu l`élar-gissement pour bénéficier de la proximité géographique. Les

états baltes sont, eux aussi, très en forme.

Plus de 70 % des exportations vers l`UE

D`ores et déjà, plus de 70 % de leurs exportations sontdestinées à l`Union Européenne. 58 % de leurs importationsproviennent des Quinze. "La force des pays adhérents résidedans la flexibilité et la capacité d`adaptation du secteur éco-nomique. A celà s`ajoute une vraie force de travail accompa-gnée d`une qualification professionnelle solide" notait laFondation Robert Schuman , voilà un an.

Dans la perspective de l`adoption de l`euro, au plus tôt en2007-2008 pour les mieux préparés,Bruxelles se réjouit d`enregistrer de netsprogrès en matière de convergencenominale: au fil de la décennie 1990,l'inflation a été stabilisée à des niveaux àpeine supérieurs aux standards en vigeurchez les fondateurs de la zone euro:2,4 % contre 2,1 % en 2003.

Mais le chantier est loin d`êtreachevé. Bruxelles s`inquiète de la dété-rioration des équilibres budgétaires, enparticulier en Pologne,du chômage, 14,8% en 2002, et ce chiffre ne devrait pas,s'améliorer à court terme. "Bien quel`emploi dans le secteur des services aitprogressé, celà n`a pas compensé lespertes causées par les restructurationsmises en oeuvre dans les secteurs indus-

triels et agricoles" soulignait un rapport en janvier 2003. Le chômage des jeunes est deux fois supérieur à celui des

Quinze. L’agriculture est loin d`avoir achevée sa mue. Enoutre, les différentes économies investissent encore moins queleurs futurs partenaires dans la recherche et le développement.

De l`avis général, la phase de rattrapage risque encore dedurer une ou deux décennies, malgré l`impulsion donnée parl'élargissement. La mutation de l`appareil productif et lamodernisation des infrastructures ne sont pas terminées. Lesbesoins en capitaux demeurent colossaux. La Pologne, dispo-sait à la fin des années 1990 d`un réseau autoroutier plus petitque celui de la Slovaquie. En dix ans, il n`a été agrandi que dequelques kilomètres, faute de moyens.

Vie internationale

A la suite d'un accord passé entreles deux pays, les citoyens roumainspourront désormais voyager sansvisa en Suisse. Il s'agit du dernierrideau qui se lève pour qu'ils puissentaccéder librement à l'ensemble despays continentaux européens, du CapNord à Gibraltar. Seules leur restentfermer, pour l'instant, les portes desîles britanniques (Grande Bretagne etIrlande), bien que Londres laisseentendre régulièrement qu'il suppri-mera prochainement l'obligation devisa.

Mais pour une liberté retrouvée àl'Ouest... d'autres risquent de seperdre à l'Est. Pour sécuriser sesfrontières, dans le cadre de sonaccession à l'UE, en 2007, laRoumanie va exiger, à son tour, desvisas pour les Russes et lesUkrainiens entrant sur son territoireainsi que pour les Turcs, à moins queceux-ci ne disposent d'un visaSchengen sur leur passeport. Cesmesures doivent entrer en applica-tion, respectivement le 1er avril et le1er juin 2004. En rétorsion, lesRoumains doivent s'attendre à devoirdemander également un visa pour serendre dans ces pays.

Les frontières se ferment égale-ment, peu à peu, pour les citoyens dela République Moldave sœur. Alorsque ceux-ci pouvaient circuler libre-ment jusqu'à l'an passé enRoumanie, ils doivent désormais pré-senter un passeport. A partir de ce1er janvier, les Moldaves sont obligésde préciser l'objet de leur voyage etdisposer d'une somme de 500 €. En2007, l'obtention d'un visa leur seraobligatoire, la Roumanie entrant dansl'Espace Schengen.

Les 85 employés roumains de l'antenne de l'Union Européenne à Bucarest ont observé unegrève d'avertissement à la fin octobre pour obtenir que leurs salaires ne soient plus versés endollars mais en euro, dont le cours est devenu plus avantageux. Fin novembre, le cours de

l’euro franchissait le seuil des 40 000 lei, alors que le dollar plafonnait aux environs de 33 000 lei. Lesobservateurs se sont amusés du fait que Bruxelles continue à payer son personnel en monnaie américai-ne, deux ans après l'introduction de sa rivale européenne, dont elle est chargée d'assurer la réussite et lapromotion.

L'euro victime de son succès

Depuis le 3 novembre dernier, les tarifs postaux roumains ont augmenté de21 %. Désormais, il en coûte 4000 lei (0,1 €, 0,65 F) pour envoyer unelettre de moins de 20 g à travers le pays, 2000 lei pour une carte postale,

6000 lei (0,15 €, 1 F) pour une lettre recommandée, et 4000 lei par kilo pour un colis.Les lettres pour l'étranger de moins de 20 g sont taxées à 16 000 lei (0,4 €, 2,60 F).

+ 21 % pour les tarifs postaux

La Grande-Bretagne, avec l'Irlande, reste le dernier pays européen auquel lescitoyens roumains n'ont pas accès librement, devant solliciter l'obtentiond'un visa, puisque ces deux états ne font pas partie de l'Espace Schengen.

Pourtant, lors de la dernière visite de dirigeants britanniques dans la capitale roumai-ne, Bucarest avait espéré que cet obstacle serait prochainement levé. Tout sourire, aumoment de la guerre d'Irak et trop content d'enfoncer un coin dans les relations fran-co-germano-roumaines qui traversaient une phase délicate à ce moment-là, Londresavait assuré la Roumanie de son appui et s'était déclaré favorable à l'ouverture pro-chaine de ses frontières, laissant entendre que l'échéance pourrait se situer en 2004.

Les Roumains devront déchanter. L'ambassadeur de Grande-Bretagne a indiquéque cette perspective ne pourrait prendre corps que lorsque le problème des entréesillégales serait réglé, la renvoyant à plusieurs années en ajoutant que, de toutes façons,son pays serait obligé de lever cette entrave à la libre circulation en 2007, si laRoumanie devient membre de l'UE. Selon les estimations, l'entrée annuelle de clan-destins roumains sur le sol britannique est passée de 2200 en 2000 à 1500 en 2002.

Visas toujours obligatoirespour la Grande-Bretagne

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Le prix est de 25 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui devotre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnementnormal, à 75 €, qui veut abonner un ami roumain, à 25 €, paiera donc 100 €).Cette somme représente les seuls coûts de fabrication, d'impression et d'expédi-tion de la revue, soit le tiers de son budget, "Les Nouvelles de Roumanie" ayantdécidé de ne pas répercuter les autres postes de dépenses dans cette formule.

Par cette initiative, "Les Nouvelles de Roumanie" souhaitent contribuer àune meilleure compréhension entre Francophones et Roumains et ainsi renfor-cer leurs liens.

* Formule strictement réservée aux abonnés ou personnes s'abonnant, et à des-tination exclusive de Roumains demeurant en Roumanie. Indiquer les coordonnéesdu ou des bénéficiaires et joindre un chèque correspondant au nombre d'abonne-ments souscrits.

Scène de joie à Varsovie après la victoire du “oui”, au référendum

entérinant l’adhésion de la Pologne à l’UE.

Sans visa en Suisse

Leur poids économique cumulé représente à peine celui des Pays Bas

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Mieux vaut se taireBula se plaint auprès de sa mère.- Papa m'a battu deux fois aujourd'hui- Mais qu'est-ce-que tu avais donc fait ?- Rien. La première fois, je lui ai montré le carnet de

notes… la deuxième, je lui ai dit que c'était le sien, quand ilétait élève.

Reconnaître ses fautes

Comme cela était habituel sous le régime communiste,l'institutrice demande à ses élèves de montrer leur solidaritéinternationale en apportant le lendemain de l'argent pour aiderles camarades du syndicat du Bangladesh.

Le jour suivant, la maîtresse collecte les sommes,recueillant chaque fois cinq lei. Arrivé devant Bula, elle s'é-tonne:

- Mais toi, Bula, tu ne donnes rien ?- Non, mon papa m'a dit qu'il n'y avait pas de syndicats au

Bengladesh.Quelques semaines plus tard, nouvelle collecte, cette fois-

ci pour les camarades du Parti communiste du Bangladesh etmême étonnement de l'institutrice :

- Bula, tu ne donnes encore rien ?- Non, mon papa m'a dit qu'il n'y avait pas de Parti com-

muniste au Bangladesh.

Un peu plus tard dans l'année, les élèves sont sollicitéspour aider les enfants qui meurent de faim au Bangladesh.Sans illusion, l'institutrice se dirige vers Bula qui, à sa stupé-faction, lui remet 15 lei.

- Mais qu'est ce qui te prend, Bula ?- Eh bien, mon papa m'a dit qu'il devait s'être trompé. S'il

y a des enfants qui meurent de faim au Bangladesh, c'est bienparce qu'il doit exister un syndicat et un Parti communiste…

Illusions

Sous Ceausescu, deux copains de Craiova discutent dansla rue. Ion ouvre le coffre de sa Dacia pour y ranger un paquet,provoquant un cri d'émerveillement de Cornel devant l'empi-lement de saucissons de Sibiu, de jambons, de paquets de café,de plaquettes de beurre, de litres d'huile, autant de denréesintrouvables ou sévèrement rationnées.

- Mais où as-tu trouvé tout çà ?- A Iasi, bien sûr, tu trouves tout ce que tu veux et tout le

monde y va.A peine remis de son émotion, envieux et frustré, Cornel

s'exclame :- Je te laisse là; je file tout de suite à la gare prendre mon

billet de train pour Iasi.- Surtout pas ! Prends le seulement jusqu'à Bârlad

(130 km au sud)… c'est là que commence la queue.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2249

Connaissance eet ddécouverte

Blagues à la roumaineHumour

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

224

Actualité

Les USA ont prolongé de six mois le délai qu`ils avaient donné à laRoumanie pour que son parlement ratifie l`accord passé en août 2002 quiinterdit l`extradition de citoyens américains à la demande du Tribunal

Pénal International. Washington avait fixé fin octobre comme date buttoir, menaçantde retirer son aide militaire, si on ne se pliait pas à sa volonté. La Roumanie avait étéle premier pays à souscrire aux exigences américaines, après de très fortes pressions…et trois mois avant que ne soit décidée son adhésion à l`OTAN. Elle est aussi le seulpays candidat à l`UE a avoir adopté cette attitude qui a été sévèrement jugée sur leVieux Continent et assimilée à un manque de solidarité européenne. En ne respectantpas les critères politiques définis lors du sommet de Copenhague, Bucarest s`est misdans un mauvais pas alors qu`elle négocie son adhésion avec Bruxelles.

Pour sortir de cette situation embar-rassante, le gouvernement roumain ajoué la montre en espérant faire traînerl`adoption de l`accord jusqu`à son entréedéfinitive dans l`OTAN prévue le 1eravril prochain et, sans-doute, ensuite,revenir à un comportement davantage enphase avec l`UE. La manœuvre a réussi,car les injonctions américaines sontaujourd'hui formelles. Dans trois mois,la Roumanie sera membre à part entièrede l`Alliance Atlantique et, selon lefonctionnement de celle-ci, aucun paysne peut retirer ou suspendre son assis-tance militaire à ses alliés, ce qui annulela menace brandie par les USA.

Au cours de sa visite officielle enAmérique, le Président Iliescu n`a pas eutrop de mal à amener Washington à plusde souplesse: les troupes roumainescombattent aux côtés des GI`s enAfghanistan et en Irak…

Sa visite aura également été mar-quée par une gaffe diplomatique commise par le Département d`Etat américain à laDéfense. Invités à déjeuner par son Secrétaire, Donald Rumsfeld, Ion Iliescu et sonministre des Affaires Etrangères, Mircea Geoana, ancien ambassadeur à Washington,ont eu la surprise de découvrir sur la table des drapeaux américains… et russes. Il nes`agissait sans-doute pas de rappeler au président roumain son passé fortement lié àMoscou, mais davantage d`une attitude assez coutumière dans l`administration amé-ricaine dont l`intérêt et la connaissance se limitent souvent aux frontières du pays. Lesofficiels roumains sont habitués à ce genre de méprises: Bucarest que l`on confondavec Budapest… et jusqu`au président Constantinescu qui, lors de son élection, en1996, avait reçu un télégramme de félicitations au nom de Ceausescu.

Vie internationale

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

L'ancien président du FondsRoumano-Américain pourl'Investissement a estimé que laRoumanie a manqué une grandechance d'attirer les investisseurs en1996, à la suite du changement demajorité et de l'accession au pouvoirdes mouvements démocratiquesregroupés autours du président EmilConstantinescu. "Attirés par le poten-tiel de développement du pays et ducoût réduit de sa main d'oeuvre, leshommes d'affaires étrangers ont misésur le changement pour apporter desfonds, mais le rythme beaucoup troplent des réformes, l'inefficacité dunouveau gouvernement, les ontdécouragés et beaucoup se sontretirés" a déclaré Joël Hayes, quisouligne que la forte crise écono-mique subie par la Russie à cetteépoque a également eu des réper-cussions négatives sur l'attrait exercépar les pays voisins.

CHISINAU

Investissements: la chance manquée de 1996

TURDA

TPI : Bucarest résiste aux pressions américaines

Gaffe diplomatique: le Pentagone a confondules drapeaux russe et roumain. Ion Iliescu à

son ministre des affaires étrangères: ”Ecoute, Geoana, à mon avis, il faut négocieren position de force et se casser rapidement,avant qu’ils ne se rendent compte que tu n’es

pas Ivanov et moi Poutine”(Vali, “Jurnalul national”)

Plusieurs journaux roumains ontrappelé dans leurs colonnes lesdémarches que leurs compa-

triotes devaient effectuer pour venir tra-vailler légalement en France. Il faut toutd'abord trouver une offre d'emploi, soitpar relation, soit par l'intermédiaired'Internet ou des petites annonces, et quele profil du demandeur corresponde àcelui défini par l'employeur, celui-ci netrouvant pas sur le marché français une

réponse à ses besoins. L'employeur doitalors remplir un dossier auprès del'ANPE (Agence Nationale pourl'Emploi), transmis à l'OMI (Office desMigrations Internationales), visé par leministère de l'Intérieur qui vérifie que ledemandeur ne possède pas des antécé-dents judiciaires ou de police.

Ce dossier est envoyé au bureau del'OMI en Roumanie, où sont remplies lesformalités pour obtenir un visa de travail,

sans passer par l'ambassade de France.Arrivé en France, le demandeur devra semanifester auprès de l'OMI qui entamerala procédure pour l'attribution d'un per-mis de travail. Si toutes les conditionssont remplies, l'ensemble de cesdémarches demandent en général troismois. Les journaux signalent qu'enFrance, ce sont les informaticiens et lestravailleurs du bâtiment qui sont les plusrecherchés.

Démarches pour travailler en France

L'association roumaine des professeurs de français,dont un certain nombre jouent le rôle de correspon-dants locaux d'Amitié-Partage en Roumanie, a sol-

licité celle-ci car elle est à la recherche de professeurs franco-phones, retraités, en congés de fin d'activité ou tout simple-ment disponibles, qui accepteraient de donner un peu de leurtemps pour aider de jeunes professeurs de français enRoumanie. Les bonnes volontés sont invitées à se manifesterauprès d'Amitié-Partage.

Par ailleurs, ces professeurs, heureux de rencontrer des

Francophones et de partager le plaisir de parler leur langue(certains ne connaissent nos pays que par les livres ou lesmédias) souhaitent constituer une bibliothèque pour leursélèves. Si vous avez des livres en très bon état, n'hésitez pas àles faire parvenir dans les écoles roumaines où ils seront lesbienvenus. On peut y ajouter des dictionnaires de français (pastrop vieux tout de même… Amitié-Partage en a reçu un datantde 1923 !).

Amitié-Partage, 46 rue de la Providence, 29 000 Quimper,France. Tel : 02 98 53 71 91.

Des professeurs francophones recherchés

Infos pratiques

Un autre élément avancé par lesinvestisseurs pour expliquer leursréticences à engager des fonds enRoumanie est le cadre perpétuelle-ment changeant de la réglementa-tion. "Ce qui était valable six moisavant, ne l'est soudain plus" expliquel'un d'entre-eux qui déclare sansambages "Si en Afrique les lois sontsouvent aberrantes, au moins nebougent-elles pas et apprend-on àcomposer avec. En Rroumanie, cen'est pas possible".

“Si en Afrique les lois sontaberrantes... au moins elles

ne changent pas.”

Deuxième minorité nationale,après les Russes, les 425 000Roumains d'Ukraine sont

confrontés à une série de mesures quiempêchent leur communauté de s'expri-mer: fermeture d'écoles et refus d'enouvrir de nouvelles, livres envoyés par

des fondations roumaines saisis à la fron-tière ou confisqués dans les établisse-ments scolaires, prêtres orthodoxes de larégion d'Odessa expulsés parce qu'ils ontfait connaître leur ralliement à l'église deBessarabie, reconnaissant le patriarcheroumain…

Difficultés pour les Roumains d'Ukraine

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Tourisme La Roumanie authentique

Depuis peu, grâce au dynamisme de Marilena Stoïca, ancienne directrice del'école, et un groupe d'habitants engagés, le village de Valea Lunga, dansle judet d'Alba, est un des fleurons du réseau OVR, là où la Charte Retea

turistica est très bien appliquée. Le village qui s'étend sur plus de 5 km perpendicu-lairement à la route principale, assure la tran-quillité de vos nuits, mais attention qu'ellesne soient courtes car situé dans le début de larégion viticole de Târnave cela donne encoreplus qu'ailleurs, le sens de l'hospitalité.

A Faget, un touriste çà se fête

L' hospitalité des hôtes est non seulementremarquables mais elle s'enrichit presque tou-jours d'une particularité: une famille seraférue de légendes et de musique folklorique,une autre vous apprendra des danses popu-laires et vous emmènera faire des balades encharrette, ou encore sera amatrice de musiqued'orgue; certaines vous feront découvrir la vieà la ferme, chez d'autres, vous trouverez debons guides, etc... Dans le centre du village,vous visiterez l'église fortifiée saxonne, sur lacolline Tutuman, les vestiges d'une cité dace,et tout près, le monastère du "Manteau de laSainte Vierge". C'est en visitant les autres vil-lages de la commune, assez éloignés, qu'on découvre les richesses de Valea Lunga:Lodroman, Lunca, Glogovet, et Tauni où le moulin est dirigé par une femme !

Plus loin dans les collines, les troupeaux de moutons et les bergers, encore plusloin alors que la route est une piste depuis longtemps, Faget, le village le plus authen-tique avec ses maisons peintes de couleurs vives. Là, dans cet endroit du bout dumonde où en hiver, les habitants sont ravitaillés en hélicoptère, chaque visite est unévénement qui se fête… alors quand c'est un touriste !

L’hospitalité des Saxes et Hongrois

L' hospitalité roumaine nous est bien connue, mais à Valea Lunga nous avonsrencontré des habitants roumains, Saxes et Hongrois vivant en parfaite harmonie, quise "mettent en quatre" pour faire de vous des amis de longue date. Inoubliable lasoirée passée dans une cour de ferme en dansant sur des airs du folklore authentiquede Transylvanie… Une excellente étape à ne pas manquer, au centre de laTransylvanie proche de multiples lieux culturellement intéressants à découvrir.

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

BUCAREST

ORADEA

SATU MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVAVALEALUNGA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Les Russes voulaient y garder leurs troupes jusqu'en 2020Voisins

Valea Lunga: danser sur des airs de folklore transylvain en dégustant le bon vin de Târnave

Vice-présidente de l'OMT

Sur proposition de la France, lesecrétaire d'Etat roumain auTourisme, Nicu Radulescu, a été éluvice-président de l'OrganisationMondiale du Tourisme, lors de sonassemblée générale, qui s'est tenueen octobre à Pékin. La Roumanie sepropose par ailleurs d'ouvrir unbureau de tourisme en Chine.

Relents de guerre froide en Moldova avec l'échec de la conférence de l'OSCEBARLAD

Le Conseil Ministériel de l'OSCE (Organisation pourla Sécurité et la Coopération en Europe) réuni àMaastricht les 1er et 2 décembre derniers n'est pas

parvenu à un accord sur la question de la Transnistrie, provin-ce sécessionniste de laRépublique Moldave (Moldova)depuis 1991. Le ministre russedes affaires étrangères IgorIvanov a quitté la conférence désle premier soir, refusant le retraitdes troupes russes stationnéessur place. Colin Powell, le secré-taire d'Etat américain a néan-moins rappelé à la Russie sesengagements de 1999 (accordsd'Istanbul) concernant le retraitde ses troupes et de son matériel

militaire de la Transnistrie d'ici décembre 2003. A l'issue de laconférence, l'OSCE n'avait pris aucune décision.

Le volte-face du Président Voronine, pourtant fidèle allié de Moscou

L'emportement d'Igor Ivanov s'explique par le refus inat-tendu le 25 novembre dernier du président moldave VladimirVoronine - communiste et pourtant fidèle allié de Moscou - designer l'acte de fédéralisation de laMoldavie, élaboré par le Kremlin. Ce plan,censé résoudre le conflit larvé transnistriendonnait une grande autonomie aux terri-toires de Transnistrie, à majorité russe et deGagaouzie (150 000 habitants turcophones)au sein d'une "République fédérative deMoldavie" qui devait rester "protégée" parles troupes russes jusqu'à l'horizon 2020. Ilétait également prévu que le russe deviennela deuxième langue officielle, à côté du mol-dave (roumain). Sous la pression de la rue -entre 25 et 50 000 manifestants à Chisinaubrûlant portraits de Poutine et drapeauxrusses aux cris de "Poutine occupant,Voronine traître" - et face aux réserves del'OSCE (manque de clarté dans la répartition des compétencesentre autorités centrales et régionales, droit de veto accordé defacto à la Transnistrie au sein du Sénat, absence d'un systèmede garanties internationales), Voronine a finalement fait volte-face et refuser de signer le plan de Moscou. La visite prévuedu président russe Vladimir Poutine a alors été annulée et IgorIvanov s'est empressé de dénoncer "des pressions exercées parcertains Etats et organisations internationales".

L'OSCE, malgré sa position critique face au plan russe n'a

pas osé attaquer de front la Russie - même silence que dans leconflit, sanglant celui-là, de Tchétchénie - et n'a proposé aucunplan alternatif. C'est Colin Powell qui est intervenu endénonçant fermement le refus russe de quitter le territoire deTransnistrie et en déclarant que les Etats-Unis sont prêts àaccorder l'assistance nécessaire pour l'implication de l'OSCEdans cette région.

Des relents de guerre froide émanent donc de Bessarabie.Les Etats-Unis surveillent avec vigilance ce qui se passe auxlimites Est du bloc euroatlantique, (la Roumanie sera la fron-tière orientale de l'OTAN en 2004) et la Russie semble encoreconsidérer l'ancienne République de Moldavie comme sondomaine réservé. Cette petit phrase récente de SergueïChoïgou, membre actif du parti de Vladimir Poutine, suffirapour s'en convaincre : "J'espère qu'au final, nous vivrons assezlongtemps pour voir le jour où nous aurons à nouveau unimmense pays à l'intérieur des frontières de l'UnionSoviétique."

Appel du pied de l'UE

Trois jours après l'échec de la conférence de l'OSCE, uneautre voie semblai s'ouvrir à la République de Moldavie, nirusse, ni américaine: un rapprochement avec l'UnionEuropéenne.

Le Commissaire Européen pour l'élargissement,Günter Verheugen s'est en effet, rendu à Chisinau afin de pro-

poser aux autorisés moldaves l'élaborationen commun d'un plan qui définirait lesobjectifs nécessaires au resserrement desliens avec ce pays. Selon lui, "bien que laRépublique de Moldavie soit confrontée àde nombreux problèmes, la république mol-dave a une perspective crédible car elle aune vocation européenne et est une partiede l'Europe".

Mais une intégration n'est pas pourdemain, de nombreux problèmes devrontêtre résolus, au premier rang desquels figu-re le statut de la Transnistrie, mais aussi l'é-tablissement d'une véritable démocratie etd'une économie de marché. Lors du récentXème congrès du Parti communiste molda-

ve, revenu aux commandes du pays en 2001, et qui s'estdéroulé sous un immense portrait de Lénine, comme on envoyait autrefois lors des grandes messes communistes de ladéfunte URSS, le président Voronine, dans un discours pro-noncé en russe, a promis "un miracle économique communis-te", sans préciser toutefois comment il comptait y arriver dansun pays où l'économie a sombré et où le salaire moyen atteintà peine 30 € (200 F).

Aline Noguès

Des manifestations regroupant 50 000opposants à la politique de russification

menée par les autorités communistes sesont déroulées à Chisinau en décembre.

Le président moldaveVladimir Voronine.

La Cathédrale de la Trinité, de la métropolie de Blaj, centre

des gréco-catholiques de Roumanie.

BLAJ

Proche de Valea Lunga, Blaj,centre des gréco-catholiques rou-mains, possède une cathédralemétropolitaine, rendue depuis peu àses fidèles. Le champ de la libertérappelle qu'en 1848, 40 000 paysansse rassemblèrent là pour soutenirl'unité de la Roumanie. Demandez àvos hôtes de visiter le musée privéde M. Muresan: durant des années,patiemment, il a reconstruit en minia-ture le village de son enfance dispa-ru aujourd'hui, en y rajoutant desscènes de la vie quotidienne. C'estun vrai petit bijou.

Le "chai" de Jidvei, se trouve à20km de Blaj, dans la plus granderégion viticole de Transylvanie. Vousy dégusterez les meilleurs crûs:Premiat, Riesling, Traminer, Muscat.Dans le village de Balcaciu, malheu-reusement déserté par les Saxes,une belle église fortifiée est à décou-vrir. Montez dans sa tour pour voir lepanorama sur les collines couvertesde vignes. Encore quelques km etvous arrivez à Cetate de Balta, lechâteau de Stephan le Brave, lieu deproduction d'un bon petit cham-pagne et qui possède une vino-thèque assez intéressante…

Blaj, centre desgréco-catholiques

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumainsqui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en cou-leurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CHSuisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

On l'a appeléaussi CasaRepublicii,

c’est à dire Maison de laRépublique), puis CasaPopurului (Maison duPeuple) et enfin PalatulParlamentului (Palaisdu Parlement) depuisqu'il y accueille laChambre des députés,en attendant le Sénat,lorsque les travauxseront terminés… Maisil est fort à parier queles générations à venirlui donneront le nomque lui attribuent les

touristes étrangers, à savoir le Palais de Ceausescu.Mais enfin, quelque soit son appellation et les réticences

de vos amis roumains, remués par les mauvais souvenirs, àvous emmener le découvrir, il ne faut pas manquer la visite dece lieu, sans conteste l'endroit le plus impressionnant de lacapitale. Ses immenses salles de marbre, ses lustres de cristaltentaculaires, ses escaliers majestueux vous laisseront sansvoix. Le cinéaste Costa-Gavras ne s'y est pas trompé en lechoisissant pour y tourner les scènes figurant le Vatican dansson film "Amen".

Faisant son mea-culpa, après sa libération, Albert Speer,l'architecte de Hitler, regrettait "l'inhumanité, la violence, ladémesure" qui s'exprimait dans les bâtiments qu'il avaitconstruit, "bien avant qu'on s'en prenne au juifs". Le sentimentest mêlé devant le Palais de Ceausescu qui, lui, s'en est pris àson peuple pour l'édifier. Mais devant ce grandiose édifice, ledeuxième du monde après le Pentagone pour la superficie, onest loin des volumes, des cubes, des parallélépipèdes sans âmedu nazisme.

Le "Conducator" a réquisitionné tout ce que la Roumaniecomptait de génie et de talent pour réaliser son rêve fou : desnonnes des monastères de Bucovine chargées de tisser les filsd'or des rideaux qui ornent les immenses baies vitrées, auxbûcherons, menuisiers du Maramures, tailleurs de pierre descarrières de marbre de Transylvanie, sommés de mettre envaleur ce que le pays comptait de plus beau. Le résultat en eststupéfiant.

Le palais se visite tous les jours, y compris le dimanche,de 10 h à 14 h, sauf s'il est retenu pour accueillir un congrèsinternational. Un guide parlant votre langue vous accompagneet il en coûte 70 000 lei (1,7 €, 11 F) par personne. Attendezvous à marcher pendant une heure et demie. A la sortie, bala-dez vous dans le quartier pour apprécier les immenses pers-pectives que le "Conducator" a fait aménager par les quelques700 architectes mobilisés pour la réalisation de cet ensemble et

découvrir les rares vestiges du passé qui ont survécu aux bull-dozers. Un conseil : si vous ne tenez pas à vous fatiguer inuti-lement et voulez éviter d'avoir deux kilomètres à arpenteravant de découvrir la bonne entrée du palais… faites vous yconduire en taxi.

Des lieux autrefois sévèrement gardés

Une bonne idée peut être de prolonger cette visite (comp-ter la matinée) en "journée Ceausescu". Pour qu'il n'y ait pasd'ambiguïté, mettez y les formes auprès de vos amis roumainsen leur expliquant que vous voulez vous représenter les lieuxqui ont marqué leur histoire et déterminé leurs souffrances.

Alors, allez vous promenez dans le quartier qui abritait lanomenklatura de l'époque, tout près du lac Herastrau, et oùdemeure celle d'aujourd'hui, plus portée vers l'affairisme quevers l'idéologie. Vous serez surpris par le nombre de villas cos-sues qui s'y trouvent. Au bord du lac vous trouverezd'agréables petits restaurants sur pilotis.

Des passants qui ont bien connu l'époque, vous indique-ront où se trouvent la résidence des Ceausescu et de leursenfants, boulevard Primaverii, et celle de son prédécesseur,Gheorghiu-Dej, qui se situe juste en face, mais est totalementinvisible. Autrefois les lieux étaient sévèrement gardés et desautorisations nécessaires pour y pénétrer… ce qui explique lesindications parfois approximatives que l'on vous donne.Quand aux jeunes, ne comptez pas obtenir de renseigne-ments… ils s'en fichent !

Comme si la page était déjà tournée…

Vous conclurez cette journée, en faisant une visite aucimetière Ghencea où les Ceausescu sont enterrés. Prenez untaxi pour vous rendre sur les lieux, éloignés des précédents. Latombe du "Conducator" est à gauche de l'allée principale,assez près de l'entrée donnant sur le boulevard Ghencea, cellede sa femme, à droite, à peu près à la même hauteur, à une cin-quantaine de mètres.

L'impression est étrange. Les gens passent à côté dans l'in-différence, alors que voici un peu plus d'une décennie ilsvouaient aux gémonies ce couple qui avait détruit une partie deleur vie. Comme si la page était déjà tournée…

Certes, quelques nostalgiques viennent allumer des bou-gies, déposer un bouquet, surtout aux dates anniversaires, etbien plus sur la tombe de Nicolae que sur celle d'Elena,considérée comme l'égérie malfaisante, à l'égard de laquelle larancœur reste tenace. Mais en y regardant de plus près, on serend compte qu'il s'agit souvent de pauvres personnes, désem-parées par le cours des évènements, sans repères, sans res-sources… finalement des victimes de l'ancien régime qui les arendues inaptes aux changements. Ceux qui ont profité des pri-vilèges de l'époque n'ont pas le temps de se recueillir sur latombe de leur bienfaiteur… Ils font des affaires.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

226

Actualité

Voisins

Un foie gras exporté à plus de 90% vers la France

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

IASI

Du Palais du Parlement au cimetière Ghencea, en passant par le quartier réservé à la nomenklaturaTourisme

Quelque 67% des Polonais s'op-posent à la participation de leurs sol-dats à la mission de stabilisation enIrak, contre 57% en octobre, selon unsondage de l'institut CBOS publiévendredi 28 novembre.En sens inver-se, 28% des 1.088 personnes inter-rogées dans cette étude soutiennentla présence d'unités polonaises enIrak, soit une baisse de neuf pointsde pourcentage en un mois.

Le sondage a été réalisé du 7 au10 novembre, soit après le premierdécès d'un soldat polonais dans cepays, lors d'une attaque contre unconvoi le 6 novembre.

Dans ce contexte, 75% desPolonais craignent que leur pays nedevienne la cible d'attaques terro-ristes, soit une hausse de 5% parrapport à octobre. La Pologne aenvoyé près de 2.500 soldats en Irakoù elle administre une zone située ausud de Bagdad.

Elle a sous son commandementune division multinationale dequelque 9.000 hommes, dont 1.640Ukrainiens, 1.300 Espagnols, 1.100Latino-américains et 500 Bulgares.

Exporté à raison de 1600 tonnes par an, le foie gras de Hongrie est le pre-mier sur le marché international. Ce produit est livré en premier lieu sur lemarché français et nippon. Cependant, les normes communautaires inter-

disent désormais le mode de production traditionnel en Hongrie: l'engraissage des oiespar gavage pour obtenir du foie gras de qualité supérieure. D'ailleurs, l'UE déconseilleaussi la plumaison du volatile par arrachage. Sur la production hongroise de foie grasannuelle de 1800 à 1900 tonnes, 1600 tonnes vont à l'exportation, dont 1450 à 1470en France, soit 91 % de la production, et le reste au Japon. Les États-Unis, grandsconsommateurs, s'approvisionnent surtout… en France, sous forme de conserves et lefoie gras non exporté est acheté par les restaurants.

Le contingent de 1600 tonnes par an a été institué en 1995 avec la conviction quel'augmentation des exportations entraînerait la baisse des prix. A l'heure actuelle, lefoie gras coûte environ 29 € (190 F) le kilo. L'engraissage, l'abattage et l'exportationd'oies sont continus, mais la grande saison est l'automne, de septembre à décembre. Lefoie gras hongrois de qualité supérieure est de grande dimension, unicolore et étoffé.Celui pesant 650 à 700 grammes est le plus apprécié. Les foies de 1000 grammes etplus sont surtout recherchés par les acheteurs nippons.

En Hongrie la loi sur la protection des animaux permet le gavage des oies et descanards. Ce mode de production a des traditions multiséculaires. Cependant, le projetde recommandation de l'UE le qualifie d'alimentation forcée et propose son interdic-tion d'ici à 15 ans. En attendant, elle plaide pour l'adoption de règles transitoires. Larecommandation communautaire prend position d'autre part contre l'arrachage desplumes qui est effectué deux ou trois fois par an en Hongrie.

Selon les spécialistes hongrois, la technologie actuellement utilisée pour la pro-duction de cet aliment de haute valeur gastronomique n'a pas d'alternative. La cessa-tion du gavage réduirait au chômage de 30 à 38 000 familles spécialisées dans l'en-graissage d'oies, et causerait un manque à gagner de 40 à 50 M€ (265 à 330 MF) aupays. La suppression de la plumaison par arrachage et de la transformation des plumesentraîneraient, elles, 50 M€ supplémentaires de perte.

On cherche donc un compromis par une reconversion dans des technologies avi-coles nouvelles, moins agressives. Dans le cas de l'arrachage et du commerce desplumes, on a élaboré de nouvelles normes. Comme les prescriptions de l'UE en matiè-re de protection des animaux n'interdisent pas la tonte, les producteurs de Hongrie nesont pas obligés d'y renoncer. Lors de la supervision des normes avicoles, on observedésormais dans 190 fermes d'élevage d'oies les recommandations concernant l'arra-chage des plumes. A en croire les spécialistes du ministère de l'Agriculture hongrois,l'adhésion du pays à l'Union européenne ne réduira pas de façon drastique la produc-tion hongroise de foie gras. Des règles de droit défendent désormais en Hongrie les"droits des animaux" et assurent la protection nécessaire des êtres vivants.

(MTI, Le Journal Francophone de Budapest)

Deux tiers des Polonais contre la présence de leurs soldats en Irak

PIATRANEAMT

Le tribunal régional de Lodz (centre de la Pologne) adurci la peine prononcée par un tribunal d'instancecontre un prêtre catholique de 39 ans condamné

pour pédophile, la portant de 20 mois à trois ans de prisonferme.Le prêtre, vicaire dans une paroisse près de Leczyca(centre), a été condamné pour "avoir contraint aux relationssexuelles" cinq garçons âgés de mois de 15 ans. Les faits incri-minés remontent à 1998 et 1999.Le prêtre avait été interpellé

en novembre 2002 à la frontière polono-ukrainienne. Lors d'unprocès qui s'est déroulé à huis clos, le prêtre a plaidé coupable.

Plusieurs prêtres catholiques ont été condamnés ou sontpoursuivis pour pédophilie en Pologne. Mgr Juliusz Paetz,archevêque de Poznan (ouest), a été démis de ses fonctions enmars 2002 par le pape Jean Paul II à la suite de révélations surson penchant homosexuel et harcèlement sexuel de prêtres etséminaristes de son archidiocèse.

Une "journée Ceausescu" à Bucarest

Le faste du Palais du Parlement, plus communément appelé

Palais de Ceausescu.

La Hongrie, numéro unsur le marché international,

Un tribunal polonais durcit la peine contre un prêtre pédophile

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Alors qu'elle est le pays d'Europe de l'Est disposant de loin des plus grandeset plus complètes richesses naturelles ou humaines, la Roumanie se traî-ne en queue de peloton dans le domaine du tourisme, occupant même

l'avant-dernière place en 2000 pour le chiffre d'affaires généré, devant la Lettonie, etétant précédée par l'Estonie et la Lituanie, selon les statistiques de l'OrganisationMondiale du Tourisme (OMT). Infrastructures défaillantes, désintérêt de l'Etat, retarddes privatisations, manque de confiance des investisseurs étrangers sont autant de rai-sons invoquées pour expliquer cette mauvaise performance.

Avec 364 M€ (2,4 milliards de francs) de rentrées et 3,3 millions de visiteursétrangers, le tourisme n'a représenté que 0,9 % du Produit intérieur brut roumain en2000, alors que dans la Hongrie voisine, au potentiel touristique très limité en dehorsde Budapest et du lac Balaton, il atteignait 3,4 milliards d'euros (22 milliards defrancs), avait attiré 15,6 millions d'étrangers, participant à hauteur de 8 à 9 % au PIB,comme en Bulgarie et en Estonie. Plus de 17 millions d'étrangers ont visité la Pologneen 2000, chiffre qui a été multiplié par six en dix ans, ce pays étant devenu une desquinze premières destinations mondiales touristiques.

Autre exemple de développement qui souligne encore plus la médiocrité de la per-formance roumaine dans ce domaine : la Bulgarie qui a enregistré un taux de crois-sance du tourisme de 8,6 %, l'an passé, alors que la moyenne européenne se situait à+ 2,8 %, et tablait sur + 10 à 12 % en 2003. Grâce au rapport qualité-prix remarquablede son hôtellerie, les touristes de l'UE, en particulier allemands, grecs et anglais, sefont de plus en plus nombreux sur les plages de la Mer Noire, constituant 42 % de lafréquentation.

Trois grands tour-opérateurs alle-mands, le leader mondial TUI, Neckermanet ITS, ont décidé d'investir dans la rénova-tion des hôtels et ont déclaré vouloir attirerun demi-million de vacanciers dans cepays. L'ensemble des pays de l'Est ont sudépasser le choc de 1990, avec la dispari-tion de la clientèle soviétique, remplacéetrès avantageusement en matière de pouvoird'achat par les touristes occidentaux. Unechance que n'a pas su saisir la Roumanie.

Un secteur très prometteur

Pourtant, entre Delta du Danube, Mer Noire, Bucovine, Carpates, stations ther-males, le tourisme est potentiellement un des points forts de la Roumanie. On peut touty faire - sports de neige, aquatiques, randonnées pédestres, bi-cross, enduro, 4x4, tou-risme rural, culturel - mais les infra-structures laissent beaucoup à désirer et les inves-tissements nécessaires sont très importants.

Pour autant, malgré toutes ces carences, une étude de l'Institut des Recherches etde Développement du Tourisme (IRDT) estime qu'en 2010 ce secteur engendrera unerecette de plus de trois milliards d'euros. Elle prévoit que le nombre de touristes étran-gers, au sens strict du terme - différent de visiteur - dépassera 1,7 millions de per-sonnes, le double du chiffre enregistré en 2001. En 2004, 1,2 millions de touristes sontattendus en Roumanie. L'étude montre, que cette même année, le nombre de vacan-ciers sur le littoral de la Mer Noire dépassera le million (670 000 en 2000). Les étran-gers pourraient constituer 10 % de ce contingent. Actuellement, ils ne dépassent pasles 3 % (20-30 000 personnes).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

227

Actualité

Alui seul, Arcadie Ciuruc résume bien toutes lesinterrogations que les observateurs se posent surla réalité du résultat du référendum du 19 octobre

portant sur la modification de la constitution, en vue de l'adap-ter aux normes européennes (55,7 % de votants, 89,7 % deoui). Si personne ne conteste que le oui l'ait emporté large-ment, des doutes se font jour sur le chiffre réel de participation.

A 78 ans, ce pensionnaire d'un dispensaire pour personnesâgées a été le seul habitant de Bacau, non engagé politique-ment, a saisir le bureau électoral du judet pour irrégularités :dans son établissement, la directrice avait voté pour tout lemonde, sans demander son avis à quiconque. Cette plainte luia valu d'être mis à la porte de l'établissement, deux jours après,et transféré de force dans un autre lieu, d'où,malheureux, il a réussi à s'échapper, seretrouvant à la rue pour finalement échoirchez un ami.

Interrogée par la presse, la directrice aparlé d'une simple coïncidence : le sep-tuagénaire posait des problèmes, elle cher-chait depuis longtemps une autre solutionpour lui. Elle l'avait déjà fait interner "pourtroubles psychiques" et déclarait que son état s'était encoreaggravé. Apparemment, à Bacau, en 2003 on se souvenait despratiques de la médecine psychiatrique en cours dans l'exURSS des années 60-80, à l'égard des opposants…

Miracle : en deux heures la barre des 50 % est largement dépassée !

Avant même le déroulement du scrutin, le référendum aété l'occasion de toutes formes de pressions pour parer à lamenace grandissante de l'abstention : maires dont on menacede leur couper les subventions si les chiffres de participationne sont pas bons; popes, médecins et enseignants qu'on enrôledans leur cadre professionnel pour appeler à voter, contingentde bois de chauffage gratuit offert par la Régie Nationale desForêts aux communes ayant enregistré le plus grand nombrede votants, tombola organisée par la mairie de Bacau avec 78

postes de télévision à la clé à gagner par les électeurs qui sesont déplacés pour voter, autre tombola organisée par laLoterie Nationale, à Bucarest, etc… Autant de pratiques quiauraient entraîné l'invalidation de la consultation dans les paysoccidentaux.

Mais le pire était à venir le jour même du vote. Dans plu-sieurs communes, il est arrivé que des morts votent, que desabstentionnistes soient déclarés comme ayant voté, que le tauxde participation ait dépassé 100 % des inscrits. Des journa-listes ont réussi à voter plusieurs fois dans le même bureau.

Deux heures avant la clôture du scrutin, le chiffre de par-ticipation d'un scrutin exceptionnellement étalé sur deux jourspour permettre au plus grand nombre d'électeurs de se dépla-

cer et qui ne pouvait être validé que si labarre des 50 % était atteinte, se révélait par-ticulièrement inquiétant, avec 44 %. Mais,lorsque les bureaux fermaient…il avaitsubitement atteint 55 % ! Ce miracle avaitpu se réaliser grâce à l'intervention expres-se des urnes mobiles que les autorités pou-vaient déplacer à l'extérieur pour aller à larencontre des non-votants, sans aucun

contrôle réel.

Mircea Toma : “Une minériade électorale”

Au lendemain du référendum, le Président Iliescu a pestécontre les abstentionnistes avançant une idée bien à lui sur saconception de la démocratie : que le résultat de toutes les élec-tions soit validé quelque soit le taux de participation. MirceaToma, directeur de l'Agence indépendante chargée de veillersur les entraves à la liberté de la presse a estimé, pour sa part,que "le référendum avait été en fait une minériade électorale",en référence à la descente des mineurs sur Bucarest en juin1990 pour mettre brutalement un terme à la contestation desétudiants et des démocrates.

Voilà de quoi laisser interrogateur, en ce début d'année2004 au cours de laquelle, le Président, le Parlement, lesconseils de judets et les mairies doivent être renouvelés.

Un référendum en forme de malaise

Politique

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Pressions sur les électeurs, "urnes mobiles",fraudes et chiffre de participation laissent interrogateur…

Le classement de l'OrganisationMondiale du Tourisme

Voici le classement des pays del'Est effectué par l'OrganisationMondiale du tourisme, concernantl'année 2000 :

1ère : Pologne (3,4 millions devisiteurs étrangers - touristes etsimples visiteurs - en 1990, 17,4 mil-lions en 2000 ; chiffre d'affairesgénéré par le tourisme : 6,1 milliardsd'euros)

2ème : Hongrie (20,5 millions,15,6 millions, 3,4 milliards d'euros)

3ème : République Tchèque (7,3millions, 5,7 millions, 2,9 milliardsd'euros)

4ème : Croatie (7 millions, 5,8millions, 2,6 milliards d'euros)

5ème : Bulgarie (1,6 millions, 2,8millions, 1,1 milliards d'euros)

6ème : Slovénie (600 000, 900000, un milliard d'euros)

7ème : Estonie (500 000, 1,1 mil-lions, 500 M€)

8ème : Slovaquie (600 000, 700000, 430 M€)

9ème : Lituanie (600 000, 1,2 mil-lions, 390 M€)

10ème : Roumanie (3 millions,3,3 millions, 360 M€)

11ème : Lettonie (500 000, 700000, 130 M€).

SIBIU

Le Delta du Danube est l’un des meilleursatouts touristiques de la Roumanie.

Tourisme

La Roumanie en queue de peloton, loin derrière la Hongrie et la Bulgarie

Condamné déjà à 18 ans de prison pour les "minériades" qu'il avait conduites en 1990 et1991, aboutissant à la démission de Petre Roman, et incarcéré depuis 1999, le leader syn-dicaliste des mineurs de la Vallée de Jiu, Miron Cozma a écopé d'une peine supplémen-

taire de dix ans pour avoir tenté de renverser le pouvoir, cette année là, au cours d'une marche qu'ilavait conduite vers Bucarest. Cinq de ses lieutenants ont été condamnés à cinq ans de prison.

Brièvement incarcéré en 1998, Cozma, dès sa libération, avait immédiatement adhéré au PRM(parti de l'ultra-nationaliste Vadim Tudor) et avait engagé une deuxième minériade pour faire pres-sion sur le gouvernement du président Constantinescu, afin qu'il renonce à des poursuites. Une récen-te demande de grâce du leader syndicaliste a été rejetée. Cozma a décidé de s'adresser à la CourEuropéenne des droits de l'Homme. Toutefois, lorsque toutes les procédures engagées à son encontreauront été épuisées, le Président Iliescu pourrait décider de son élargissement.

Miron Cozma : dix ans de prison supplémentaires

Le pays dispose pourtant du plus grand potentiel touristique d'Europe de l'Est

La Pologne, Ière destination de l’Est.

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Une langue parfois plus développée que le français ou l'espagnol

Alvero Rocchetti a collaboré avec Gheorghe Doca, à lamise au point de cette méthode. Bien français, mais Vénitiend'origine, marié à une femme professeur d'espagnol, ce spé-cialiste des langues romanes qui, à 66 ans, se consacre main-tenant entièrement à la recherche linguistique, nourrit unevéritable tendresse pour le roumain qu'il maîtrise parfaitement.Il dissèque aussi au scalpel le chinois, l'arabe, le turc, et se pas-sionne pour l'étude du processus d'acquisition des langues,

L'une des énigmes qu'il n'arrive pas à résoudre, est la per-sistance du "r" fortement roulé chez les Roumains parlantpourtant couramment le français. Certains y échappent… maisle retrouvent dès qu'ils retournent dans leur pays. "Cela n'arien à voir avec le "r" rocailleux des Bourguignons, illustréautrefois par Waldeck-Rochet… je dirais presque que c'estdevenu une spécificité régionale de chez nous", confie-t-il, mi-plaisant, tout en ajoutant que des Roumains souffrent d'êtreidentifiés de la sorte.

Pour le chercheur, pas de doute, le roumain est une languenéo-latine développée et, à ce titre, il mérite d'être défendu.Dans certains domaines, comme le système verbal, il est mêmeparfois plus évolué que le français ou l'espagnol, même si ceslangues sont plus avancées par ailleurs.

Alvero Rochetti cite plusieurs exemples où le roumainapporte des nuances : le futur normal français, "je chanterai"s'est transformé en conditionnel, et a été remplacé récemmentpar "Je voudrais chanter". Voici belle lurette que les Roumainsemploient cette dernière forme ("As vrea sa cânt").

Comme l'anglais (to sing), le roumain dispose d'une formeavancée de l'infinitif, avec une particule (a cânta), alors quel'italien (cantare) et le français (chanter), n'ont pas encoredéveloppé celle-ci. Le Roumain peut dire "Je veux que jechante" ("Vreau sa cânt"), ce que le français ne peut pas enco-re, se contentant de “Je veux chanter", alors que cette conju-gaison lui est possible à d'autres personnes ("Je veux que tu

chantes, que nous chantions" etc…).

L'effet boomerang de l'image de la Roumanie

La Sorbonne nouvelle assure également l'apprentissage duroumain dans le cadre du DEUG, en complément à une optionprincipale (lettre, anglais, cinéma…). Langue de base (1er et2ème niveau), éléments de civilisation, linguistique et littéra-ture sont enseignés pendant deux années, aboutissant à unereconnaissance spécifique, le DLCR (Diplôme de Langue etde Civilisation Roumaine) qui atteste d'une assez bonneconnaissance du roumain. Moins d'une centaine d'étudiants (lemaximum a été de 90) sont inscrits, suivant les cours d'un lec-teur et de deux ou trois autres enseignants.

Ce nombre peut paraître décevant dans une des plusgrandes et plus développées agglomérations du monde, au seinde laquelle vivaient au moins 30 000 Roumains dans lesannées 90, chiffre qui s'est amplifié depuis. Mais il témoigneaussi de la propension de cette communauté à vouloir sefondre dans la société française et à oublier ses origines, phé-nomène accentué par l'image déplorable de la Roumanie.

Voici quelques années, encouragée par les pouvoirspublics qui lui ont donné l'habilitation pour un cursus completde quatre ans jusqu'à la maîtrise, la Sorbonne a voulu ouvrirune formation LEA (Langues Etrangères Appliquées) en rou-main, conjointement avec une autre langue (anglais, etc…).Malheureusement, peu poussés par leur milieu, leur famille, netrouvant sans-doute pas leur langue valorisante, les candidatsne se sont pas bousculés pour s'inscrire et le projet est restélettre morte.

Parallèlement, les enseignants de hongrois n'avaient obte-nu l'aval pour le lancement d'un enseignement de LEA dansleur langue qu'uniquement pour la première année. Mais lacommunauté hongroise de Paris, beaucoup moins importantepourtant, s'est mobilisée, a envoyé ses enfants en masse à laSorbonne et, aujourd'hui, la formation à ce diplôme est assuréeen totalité.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2245

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Arrivé en seconde position lors du premier tour de l'élection présidentiellede décembre 2000 avec 28 % des voix, et ainsi qualifié pour le secondtour (33 %), l'ultra-nationaliste Corneliu Vadim Tudor était crédité de 26

% des intentions de vote, en cas de nouveauscrutin, par un sondage réalisé à la mi-octobrepar l'Institut Public de Politique et l'InstitutGallup, en très nette hausse par rapport auxenquêtes précédentes.

Figurant toujours à la deuxième place der-rière le Premier ministre, Adrian Nastase (33,9%, soit 10 % de moins que les intentions de voteà l'égard de son parti, le Parti Social Démocrate),le leader du parti de la Grande Roumanie (PRM)distancerait les deux ténors de l'opposition,Theodor Stolojan (Parti National Libéral, 20,2%) et Traian Basescu (Parti Démocrate, 11,6 %),lesquels réaliseraient 2-3 points de mieux queleurs partis respectifs.

Un fort courant autoritariste, conservateur, intolérant et nostalgique

Ce sondage montre par ailleurs l'existence d'un courant autoritariste et conserva-teur parmi la population. Un quart des Roumains se prononcent pour un régime mili-taire à la tête du pays, un tiers pour un parti unique, 84 % réclamant un leader fort quiremette de l'ordre dans le pays. 54 % des personnes interrogées donnent priorité aumaintien de l'ordre public sur le respect des libertés individuelles et 36 % admettentqu'on interdise des livres nuisant à l'autorité de l'Etat.

Une large majorité est pour le retour de la peine de mort (95 % en cas de meurtre,64 % pour pédophilie, 54 % pour viol) ; 40 % estiment que les homosexuels, hommeset femmes n'ont pas leur place en Roumanie, le même rejet étant exprimé à l'égard desTémoins de Jéhovah par un quart des personnes sondées.

La moitié des Roumains souhaitent que le gouvernement prenne des mesures pourstopper la croissance du nombre des Tsiganes et deux tiers qu'on leur interdise de serendre à l'étranger. 80 % ne veulent pas que les Magyars s'expriment dans leur langue,comme le prévoit la loi, dans leurs relations avec les pouvoirs publics dans les régionsoù ils sont majoritaires, et 88 % ne veulent pas entendre parler de région autonomehongroise. Enfin si 70 % pensent que les partis sont faits uniquement pour que lespoliticiens se servent, et 80 % sont d'accord pour l'économie de marché… 67 % desRoumains estiment que du temps du communisme, ils avaient davantage confiancedans l'avenir.

La montée de Vadim Tudordans les sondages

Politique

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARADDEVA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TIAGU MURES

GALATI

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Constantin Simirad, le très contro-versé maire de Iasi a donné sadémission au début du mois dedécembre pour endosser son nou-veau statut d'ambassadeur. Sonmandat est de quatre ans mais il ad'ores et déjà l'intention de revenird'ici deux ans pour devenir profes-seur à la faculté. Simirad avait fondéen 1997 le Parti des Moldaves(Partidul Moldovenilor), proche de

l'ancienne majorité dans un premiertemps, mais rallié puis absorbé cinqans plus tard par le PSD. Après plusde dix ans passés à la mairie deIasi, Constantin SIMIRAD ne laissepas que des bons souvenirs. Accuséde trafic d'influence, de corruption etde détournements de fonds, il a misa mal le budget de la ville en lançantd'importants projets restésinachevés: l'Athénée, maison de laculture comprenant des salles despectacle, de cinéma et des ateliersde création (le tout pour 70 milliardsde lei soit 1,75 M€, 11,5 MF), destravaux de modernisation du tram-way…Le nouveau maire de Iasi estdésormais Gheorghe Nichita,membre du PSD.

Le maire de Iasi,ambassadeur à Cuba

SATU MARE

Depuis treize ans et la fin ducommunisme, l'emplace-ment ou triomphait autrefois

l'imposante statue de Lénine restaitdéserté, après que celle-ci ait été mise àbas. Cette dernière trônait devant l'im-mense "Casa preseï", la Maison de laPresse de Bucarest, à l'architecture typi-quement stalinienne, où étaient regroupés

tous les journaux que l'ancien régimepouvait ainsi mieux contrôler.

A leur grande majorité, ceux-ci sontrestés sur place, mais sur le socle dumonument demeuré vide, c'est une statuedédiée à la liberté de parole qui va êtreérigée, conçue par le sculpteur AdrianIlfoveanu. Elle sera inaugurée le 4 mai2005, jour qui lui est consacré.

Une statue de la Liberté à la place de celle de Lénine Qu'allais-je découvrir, ce prin-

temps-ci, dans ce coin deRoumanie où j'ai choisi de

vivre la bonne saison ? L'autre jour, uneRoumaine qui vit en France m'a dit, enme parlant de son dernier séjour dans sonpays: - Il y a encore un tel laisser-aller,sans parler de la corruption qui est par-tout, du haut en bas, il y a tant de "ce safac?" ("qu'est-ce qu'on peut y faire ?"), etdonc toujours la même résignation, le

même fatalisme, que je me dis qu'ils n'ontpas encore touché le fond. Quand viendraun vrai sursaut ? Je ne sais pas...

Cette Roumaine alors amère estpourtant connue pour son optimisme. Samère, en visite, a évoqué un moment deson enfance, dont la conclusion en ditlong sur le sursaut espéré par sa fille.

- Quand j'étais écolière, a dit cetteseptuagénaire, la maîtresse d'école nous abien sûr conté un jour l'histoire de

Mioritsa, la brebis de la ballade nationa-le. On sait qu'il s'agit de trois bergers, unriche, et deux très pauvres. Or, Mioritsa,une petite brebis douée de pouvoirs sur-naturels, a entendu les deux bergerspauvres comploter en vue de tuer le ber-ger riche et de lui ravir ses biens. Mioritsaayant dévoilé ce plan au condamné, celui-ci dit qu'il préfère que son destin s'ac-complisse: et il est assassiné... Moi,gamine, cette histoire m'avait révoltée !Je ne pouvais pas comprendre que le ber-ger menacé ait préféré attendre la mortsans rien faire. Je l'ai dit à la maîtresse. Etelle de me faire cette réponse que je n'ou-blierai jamais: "Pourquoi le berger avertin'a pas réagi? Ma petite, ça c'est laRoumanie..."

"Ma petite, çà c'est la Roumanie…"Ecrivain et journaliste, Noël Tamini connaît bien la Roumanie où il passe les

beaux jours dans sa petite maison du Maramures. Comme les Roumains, ce Suisseest capable d'y vivre avec un euro par jour, troquant avec ses voisins et amis pay-sans les courgettes, tomates et haricots qu'il cultive dans son jardin contre des œufs,du lait, du vin, de la farine. Noël Tamini nous raconte les histoires de son village,Circâlau.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2244

Connaissance eet ddécouverte

Où peut-on apprendre le roumain en France ? Des associations proposentdes cours, misant sur les bonnes volontés d'adhérents d'origine roumaine,souvent professeurs, ou de leurs membres qui, après en voir acquis les

rudiments et les avoir expérimentés en Roumanie, en font profiter leur entourage.Surun plan plus académique, plusieurs universités organisent un enseignement qui vienten complément d'une formation ayant un autre thème majeur.

C'est le cas à Aix en Provence, qui compte le plus grand nombre d'étudiants enroumain du pays, à Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg. Il y arrivemême que des doctorants soutiennent des thèses de roumain. Paris est bien sûr égale-ment concerné. L'école des Langes orientales délivre son diplôme de formation com-plète en roumain, l'un de ses professeurs étant Catherine Durandin, l'éminente rouma-nalogue et écrivaine française.

Mais, depuis la fin des années soixante, sous l'impulsion notamment du profes-seur de langues romanes, Alvaro Rocchetti, la Sorbonne a développé non seulementl'apprentissage du roumain - dépendant du département de l'enseignement de l'italien- mais aussi la recherche sur cette branche néo-latine qu'est le roumain, au même titreque l'italien, l'espagnol, le portugais, le français, l'occitan, le provençal et le sarde.

Une des plus belles bibliothèques roumaines de France

Ainsi est né en 1975, à Paris III ou Sorbonne Nouvelle (l'ancienne Sorbonne, rat-tachée à Paris IV, située dans les mêmes lieux, conserve aussi une petite activité rou-maine), le CIRER : Centre Inter-universitaire de Recherches et d'Etudes Roumaines.Destiné au troisième cycle, celui qui conduit au doctorat et aux publications post-uni-versitaires, il a accueilli de prestigieux noms, principalement roumains, mais aussid'horizons divers, au cours de son quart de siècle d'existence.

Cela n'a pas été sans peine car, au fur et à mesure que le délire du régimeCeausescu s'amplifiait, la collaboration devenait de plus en plus aléatoire et, dans lesdernières années, il se révélait pratiquement impossible de recruter un lecteur rou-main. Mais les liens et les échanges ont toujours été maintenus avec la BibliothèqueCentrale de Bucarest, ce qui permet à La Sorbonne de posséder aujourd'hui dans sabibliothèque roumaine un des plus beaux fonds de livres roumains disponibles enFrance et consultable sur le site du CIRER ( http://cirrmi.univ-paris3.fr, cliquer surita-lia). Depuis sa création, le CIRER a assuré de nombreuses publications, organisédes colloques, portant sur la présence de la Roumanie en France et en Italie, dont lesplus émouvants se sont déroulés au lendemain de la "Révolution" de 1989, desdizaines de professeurs roumains pouvant enfin découvrir cette France dont il rêvait.

Cependant, le fleuron du CERER demeure la publication d'une méthode d'ap-prentissage du roumain, due au professeur Gheorghe Doca, de l'université deBucarest, qui a enseigné plusieurs années à la Sorbonne, avant de rejoindre récemmentson pays. Cette méthode originale, pédagogique, comprenant schémas, exercices,portant aussi sur la découverte de la civilisation et de l'histoire roumaine, accompa-gnée de CD permettant de maîtriser la prononciation est, sans-doute, avec ses cinqvolumes, la plus complète qui existe à l'heure actuelle. Traduite en Italien, en anglais,par différents canaux, elle s'impose peu à peu comme référence dans le mondeentier… et même en Roumanie, où elle est aussi diffusée.

Son succès - "çà part bien le roumain" commente-t-on à la Sorbonne - amène àenvisager une nouvelle édition, rajeunie pour tenir compte des évolutions récentes dela langue: les chambardements de la "Révolution" et la chute de Ceausescu ont conduità l'abandon du î en milieu de mot, remplacé par â ("marele gînditor" -le grand pen-seur- est ainsi devenu, post-mortem, le "marele gânditor"). Et le "sunt" ("je suis")d'autrefois a détrôné le "sînt", utilisé ces dernières décennies.

"La nouvelle méthode de roumainpour francophones", dont les auteurssont Gheorghe Duca et AlvatoRocchetti, publiée par la Sorbonne,est une méthode d’apprentissageunique. Originale, avec ses cinqvolumes, illustrés par de nombreuxtableaux, elle est sans-doute laméthode la plus complète disponibleactuellement; comprenant de nom-breux exercices grammaticaux,accompagnée de CD permettant detravailler accent et intonation, ellepermet une approche pédagogique,accessible à une grande majorité, siy consacre un peu de temps.

Le premier manuel (Comprendreet pratiquer le roumain, 376 pages,15 €) en est le pivot . Ses explica-tions sont suivies de 275 exercices etun vocabulaire roumain-français de850 pages est inclus à la fin.

Quatre autres manuels viennents'y greffer, utilisables conjointement :

2 - Roumain: exercices de pro-nonciation et de grammaire, à utili-ser en laboratoire de langue ou avecun lecteur de cassettes (246 pages +cassettes, 13 €),

3 - Roumain: manuel de conver-sation courante (161 pages, 11 €),

4 - Converser en roumain: tren-te dialogues sur des thèmes deculture et de civilisation rou-maines* (261 pages, 13 €)

5 - L'histoire des Roumains endialogues bi-lingues* (393 p. + 11p. d'illustrations, 16 €)

Commandes à effectuer auprès de laBibliothèque d'italien et de roumain,Université de la Sorbonne Nouvelle-ParisIII, 13 rue de Santeuil, 75 005 Paris (tel :01 45 87 41 78 ou 79).

Une méthode d'apprentissageunique

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

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BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

PITESTI

DEVA

CLUJ

CICARLAU

EchangesLa prestigieuse université

développe l'étude et la recherche sur la langue roumaine

A la Sorbonne, on aime le roumain

Politique

La Roumanie est une démocratie faible à cause del'absence d'une opposition forte et constructive, sonsystème politique est clientéliste et basé sur la per-

sonnalité du candidat, non sur son programme, tandis que lesmas-médias subissent des pressions économiques, leur indé-pendance étant relative, la situation s'étant aggravée en2002"… Telles sont les conclusions concernant la Roumanie,contenues dans le rapport 2002 sur les pays de l'Est de laFondation américaine "Freedom House".

L'organisation non gouvernementale, fondée en 1944 parEleanore Roosevelt, la femme du président américain,considère que le regroupement des élections générales lamême année n'encourage pas le débat politique (à partir de2008, les élections présidentielles et parlementaires serontdécouplées, à la suite de la modification de la constitution), cequi explique la place prépondérante de la personnalité quil'emporte sur l'idéologie.

Le PSD : un règne pratiquement sans partage

"Freedom House" classe l'échiquier politique roumain dela façon suivante : le PSD (Parti Social Démocrate) à gauche,le PD (Parti Démocrate) et PNL (Parti National Libéral), aucentre-gauche, l'UDMR (Union Démocratique des Magyars deRoumanie) représentant d'une minorité, le PRM (Parti de laGrande Roumanie), ultra-nationa-liste. "L'absence d'un parti decentre-droit au Parlement laisse lepays sans une véritable opposition,dans le sens où le PRM et le PNLsont connus pour avoir flirté dansle passé avec le PSD, et que le PD,avec 9 % des voix et des sièges peutdifficilement se faire entendre".

Le PSD est décrit comme laformation la mieux structurée, héri-tière de nombreux cadres de l'an-cien Parti Communiste Roumain (PCR). Avec 36 % des siègesau Parlement, plus de 600 maires, quasiment la totalité desprésidences de judets, il règne pratiquement sans partage.

Le PD semble pêcher par manque d'une stratégie claire,son incapacité à organiser des campagnes publiques efficaces;les cadres locaux lui font défaut, ainsi que des voix qui se fontentendre au Parlement. Son leader, Traian Basescu, maire deBucarest, "est très populaire… populiste, bavard, et il croit enlui". Il doit faire face à l'entreprise de minage qu'a lancéecontre lui le PSD pour attirer ses membres, sous le prétexte deréunifier la famille sociale-démocrate.

Le Parti National Libéral se déclare social-libéral et n'apas de concurrent sérieux sur sa droite. Le PNTCD (PartiNational Paysan Chrétien Démocrate), principal parti gouver-nemental entre 1996 et 2000 (présidence de Emil

Constantinescu) n'est plus représenté au Parlement et est entrédans un processus de scissions.

Pas assez de ressources publicitaires et trop de journaux

Evoquant la situation des médias, "Freedom House" esti-me qu'elle n'est pas en harmonie avec les standards européens.Entre 300 et 400 poursuites sont en cours contre des journa-listes pour "insultes" ou "calomnies", motifs qui figurent enco-re dans le code pénal, même si les peines ont été réduites. "Latolérance gouvernementale à la critique est limite" note-t-elle,rappelant les propos du Premier ministre, Adrian Nastase,reprochant à "Antena 1" de se montrer trop critique à l'égarddu gouvernement.

Selon l'organisation, le plus grave problème de la pressedemeure sa situation économique. "Sans protection dans cedomaine, elle est vulnérable aux intérêts économiques ou poli-tiques" juge-t-elle. Les gros contrats publicitaires viennent leplus souvent des entreprises d'Etat. "Dans un pays où lesdépenses de publicité annuelles sont de 7 € (45 F) par per-sonne, on peut dire qu'il n'y a pas assez de publicité… et tropde journaux. Cela conduit certains d'entre-eux à pratiquer lechantage, demander des cadeaux, faire sponsoriser desarticles" rapporte-t-elle.

Effets d'annonce

"Freedom House" voit tout de même un point positif dansl'adoption de la loi permettant l'accès aux informationspubliques, mais c'est pour rappeler que le mérite en revient auxONG qui avaient mené une forte campagne sur ce thème.

Par contre, elle déplore la loi sur les informations secrètesvotée par le Parlement "sous une forme qui est une atteinte auxlibertés fondamentales et destinée à en empêcher l'accès". Ellerelève que la pratique courante des porte-paroles ou desbureaux de presse de l'Etat, est toujours de cacher les informa-tions et de pratiquer la langue de bois.

Le rapport mentionne aussi l'usage excessif des ordon-nances d'urgence par le gouvernement, les problèmes de laJustice, le népotisme de l'administration centrale, la situationinsatisfaisante de la rétrocession des biens à leurs anciens pro-priétaires, notamment vers l'Eglise, et le nombre de procès quecela entraîne devant la Cour Européenne des Droits del'Homme.

Enfin, le rapport souligne l'importance de la corruption,notant que "les mesures pour lutter contre, annoncées avectambours et trompettes sont peu suivies d'effet". "FreedomHouse" relève que le corps de contrôle contre la corruptioncréé par le Premier ministre est, en théorie, un instrumentimportant… mais qu'on n'a pas vu encore, d'une manière pra-tique, son efficacité .

"Freedom House": l'absence d'une opposition forte et constructive

est préjudiciable à la démocratie en Roumanie

Traian Basescu, maire de Bucarest.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Carol Iancu, dans son ouvrage intitulé La Shoah enRoumanie, les Juifs sous le régime d'Antonescu(1940-1944), publié par l'Université Paul Valéry

de Montpellier en 1998, tente de dresser un bilan du génocidejuif en Roumanie. L'auteur, spécialiste des Juifs en Roumanieavec plusieurs ouvrages à son actif, précise toutefois que "la

s t a t i s t i q u eexacte des vic-times de laShoah roumai-ne n'a pasencore pu êtreétablie aveccertitude" etqu'il s'appuiesur "MatatiasCarp, auteurdu premier (età ce jour leplus important)ouvrage sur lesJuifs roumainspendant laseconde guerremondiale".

Cela dit,Carol Iancucomptabi l ise264 000 morts

(43 % de la population juive de Roumanie sans la Transylvaniedu nord sous autorité hongroise pendant la guerre). A quois'ajoutent justement les 110 530 morts à Auschwitz en prove-nance de Transylvanie du nord. Les régions roumaines n'ontpas toutes payé le même tribut au génocide. Si les Juifs deValachie, de Moldavie et de Transylvanie du sud ont échappéaux déportations, par contre ceux de Bucovine et deBessarabie ont été largement massacrés.

“Tant pis si on nous prend pour des barbares”

Si Carol Iancu observe avec Raul Hilberg (spécialisteaméricain de l'histoire de l'Holocauste): "Aucun pays,Allemagne exceptée, ne participa aussi massivement au mas-sacre des Juifs…", il note également que nulle part ailleursqu'en Roumanie il n'y a eu autant de survivants (355 972).Alors à quoi tient ce paradoxe, cette "Shoah inachevée… qui avu commencé plus tôt le processus d'anéantissement des Juifsen Roumanie, mais qui l'a vu aussi cessé plus tôt, dès l'été1942" ?

La responsabilité des autorités roumaines, dès 1941, esttotalement impliquée dans le génocide. Mihai Antonescu,vice-premier ministre dans le gouvernement du conducator IonAntonescu, déclare ainsi le 8 juillet 1941 devant le Conseil des

ministres: "Au risque de n'être pas compris de certains tradi-tionalistes qui pourraient encore être parmi vous, je suis pourla migration forcée de tout l'élément juif de Bessarabie et deBucovine, qui doit être jeté au-delà des frontières… Cela m'estégal si dans l'histoire nous serons considérés comme des bar-bares… Il n'existe pas dans notre histoire un moment plusfavorable… Si c'est nécessaire, tirez avec la mitrailleuse…"(Florence Heymann attribue pour sa part ce propos à IonAntonescu avec cette différence finale : "Si besoin est, tirezavec des pistolets, et je dis qu'il n'y a pas de loi!").

Un nettoyage ethnique fait par la Gendarmerie,de jeunes soldats et des volontaires

Le nettoyage ethnique va être réalisé par la gendarmerieroumaine et par l'administration civile de l'armée auxquellesvont être adjoints de jeunes soldats mobilisés et des volon-taires. Une traque politique double le nettoyage ethniquepuisque l'opération prévoit également l'arrestation des suspectscomme activistes soviétiques.

Quant à dire pourquoi cette politique s'infléchit nettementà partir de 1942, Carol Iancu propose quelques hypothèses. Ceserait tout d'abord la prise de conscience par Ion Antonescud'une probable défaite nazie à venir. Ce serait aussi la pressionexercée par tout un courant qui s'opposait à cette solution de laquestion juive (les autorités juives roumaines elles-mêmesmais aussi des politiques - Iuliu Maniu, Ion Mihalache du Partinational-paysan, Const. I. C. Bratianu - des religieux commele métropolite Balan deTransylvanie, la reine-mèreHélène, Traian Popovici, lemaire de Cernauti, etc.).

Reste également l'hypothèsede la corruption des dirigeantsqui, suivant l’exemple de RaduLecca, Commissaire aux ques-tions juives, "permettait" l'émi-gration de Juifs vers la Palestinecontre des sommes d'argent.Toujours est-il que lors duConseil des ministres du 13octobre 1942 fut entérinée ladécision de ne pas déporter vers la Pologne - contre la deman-de persistante de l'Allemagne nazie - les Juifs survivants deRoumanie.

Matatias Carp, Cartea neagra; Fapte si documente,Suferintele Evreilor din Romania, 1940-1944 (Le livre noir, faits etdocuments, les souffrances des Juifs de Roumanie, 1940-1944),vol.III: Transnistria, Bucarest, 1947.

A noter la parution récente en français de La Roumanie et laShoah, Destruction et survie des Juifs et des Tsiganes sous le régi-me Antonescu (1940-1944), de Radu Ioanid, Ed. de la Maison dessciences de l'homme, 383 pages, 29 euros.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2210

Actualité

Le gouvernement a proposé comme dates pour les scrutins qui doivent sedérouler cette année, le 6 juin pour les élections municipales et départe-mentales, le 12 décembre pour les élections législatives, sénatoriales et

présidentielles, un second tour étant prévu pour cette dernière le 19 ou 26 décembre. Aucune décision définitive n'a été prise, l'opposition, qui n'a aucune objection à

formuler contre la première date, ayant manifesté son désaccord et menacé de ne pasprendre part aux élections locales, si celles-ci étaient réduites à un seul tour, commele Premier ministre en avait exprimé l'intention, au lieu de deux, comme c'était le casjusqu'ici. Sur ce point, le gouvernement semblait prêt à lâcher du lest.

Autre litige : la date tardive des élections générales qui les fait chevaucher lapériode de Noël, peu propice à la mobilisation… ou, aux yeux de l'opposition, touteindiquée pour la démobilisation des esprits et des revendications. Pour justifier cecalendrier, le Pouvoir se retranche derrière l'obligation de respecter la durée du man-dat des assemblées, qui se termine début décembre… à moins de provoquer une dis-solution et des élections anticipées qui pourraient avoir lieu en juin, répondant au sou-hait manifesté depuis longtemps par Adrian Nastase mais qui n'a pas reçu l'agrémentde Ion Iliescu. L'ensemble des partis d'opposition, ainsi que le Président de laRépublique, penchent pour des élections générales en novembre.

Un autre sujet d'importance n'a pas encore été tranché : le mode de scrutin.Jusqu'ici, toutes les élections se déroulaient au scrutin de liste proportionnel, assurantautomatiquement un siège aux candidats bien placés sur les listes; mais, pour respon-sabiliser les élus, de nombreuses voix se sont élevées réclamant l'introduction dusystème uninominal pour les parlementaires. Aucune décision n'a encore été prise.

Le PSD membre de l'InternationaleSocialiste

Le PartiSocialDémocrated'AdrianNastase(notre photo)et Ion Iliescua obtenu lareconnais-sance inter-

nationale à laquelle il aspirait depuisplusieurs années, en devenantmembre de l'Internationale Socialiste,ce qui permet à ses leaders de sié-ger désormais dans cette instanceaux côtés de Tony Blair, GherardtSchröder, Felipe Gonzales, MarioSuarez, Lula da Silva… La décision aété prise à l'unanimité, moins unevoix, lors du congrès qui s'estdéroulé à Sao Paulo, fin octobre, enprésence de plusieurs chefs d'Etat oude gouvernements. Seul le PartiDémocrate créé par Petre Roman etdirigé par Traian Basescu, membrede cette organisation depuis 1996 etfrère ennemi du PSD, dont sesmembres fondateurs ont fait scission,s'est opposé à cet adoubement, ten-tant en vain d'y faire barrage.

Pour l'événement, Adrian Nastaseavait effectué le déplacement dans lacapitale économique brésilienne à latête d'une forte délégation, compre-nant sept ministres, ancien ministresou personnalités de premier plan.Parmi elles, Hildegard Puwak etSerban Mihailescu qui venaient d'êtrelimogés deux jours plus tôt de leursposte ministériels, à la suite de cam-pagnes médiatiques les accusant demalversation ou de corruption.

Politique Elections locales le 6 juin,

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

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TARGUMURES

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FOCSANI

HUNEDOARA

Histoire Un ouvrage paru à Montpellier comptabilise 365 000 victimes juives et autant de survivants pendant la Seconde Guerre mondiale

Al'instard e sambas

sadeurs des USA,Michael Guest, deGrande-Bretagne,et du représentantsur place de l'UE,

Philippe Etienne, ambassadeur de Franceà Bucarest, a stigmatisé en termes sansambiguïté la corruption qui affecte lasociété roumaine jusqu'à ses niveaux lesplus hauts, dans une interview à l'agencede presse Mediafax. Indiquant qu'il nemanifestait aucune compréhension face àce phénomène qui entrave l'avenir dupays, le diplomate a réclamé "une actionsérieuse et durable pour le sanctionner"soulignant qu'"il ne fallait plus se conten-ter de mots, mais passer aux actes".

Philippe Etienne a demandé une véri-table accélération des réformes com-mencées, surtout dans les domaines de lajustice, de l'administration publique et del'économie, secteurs particulièrement

touchés par la corruption et qui sontessentiels dans le cadre de l'adhésion àl'Union Européenne.

L'ambassadeur, se félicitant du déve-loppement des relations économiquesentre les deux pays, a cependant attirél'attention sur les contrôles excessifs etinjustifiés auxquels étaient soumises lesentreprises étrangères par une adminis-tration au fonctionnement bureaucratiqueexagéré et source de corruption. Il a pré-cisé qu'il avait saisi les autorités rou-maines de ce problème et qu'il suivaitavec attention les démarches effectuéespour améliorer la situation.

Enfin, le diplomate a tenu à souleverla question du rôle de la société civile,notamment dans la lutte contre la corrup-tion, pour souligner les difficultés que lesassociations rencontraient lors de leurconstitution, soumises à un avis préalableet à de multiples contrôles, leur mode definancement devant, en outre, à ses yeux,être bien séparé de celui des activitéspolitiques pour ne pas prêter à confusion.

Philippe Etienne, ambassadeur de France, stigmatise la corruption qui règne dans le pays

" Parler moins et agir plus "

La Shoah en Roumanie, tentative de bilangénérales, sans-doute en décembre

Le sinistre ministre de l’Intérieur, Mihai Antonescu

Déportation des Juifs en Transylvanie.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2242

Connaissance eet ddécouverte

L'actrice Marie-Josée Nat est revenue àBucarest pour tourner un film policierfrançais, après avoir interprété un des

rôles principaux du film "Le train de la vie" dumetteur en scène Radu Mihaileanu, en 1998.Marie-José Nat est particulièrement connue enRoumanie pour avoir joué le rôle de la fille deDecebal dans un des films les plus importants durépertoire roumain "Les Dacs", réalisé par legrand metteur en scène, Sergiu Nicolaescu.Depuis, l'actrice est restée aux yeux des cinéphilesroumains "La Princesse des Dacs". Marie-JoséeNat avait obtenu le Prix d'Interprétation fémininedu Festival de Cannes, en 1974, pour son rôle aux cotés de Jean-Louis Trintignantdans "Les violons du bal".

Cinéma Marie-Josée Nat de retour à Bucarest

Charles Aznavour, qui vient de lan-cer un nouvel album, et fêtera ses 80ans, le 22 mai prochain, était attendudébut janvier dans les studios decinéma Buftea de Bucarest pourtourner "Le père Goriot" de Balzac,une production de France 2, signéeJean-Claude Carrière, dans laquelle ilinterprétera le rôle principal.

Charles Aznavourtourne à Buftea

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2211

Actualité

La Garde financière est aussi bien redoutée par lesentreprises roumaines qu'étrangères pour l'ampleurde ses pouvoirs inquisitoriaux. Equivalente du fisc,

elle possède une sphère d'intervention beaucoup plus impor-tante, ses attributions judiciaires lui permettant de perquisi-tionner 24 heures sur 24. Lorsqu'une de ses brigades, parfoisformée de quarante inspecteurs, s'abat sur une entreprise, peti-te ou grande, celle-ci, qu'elle soit en règle ou non, sait déjàqu'elle ne s'en sortira qu'au prix minimum d'une amende.

Voici des témoignages simples vécus par des Roumains, àtravers leur pays.

"J'ai inventé une infraction pour payer une amende"

Stefan F., 62 ans, est cadre dirigeant à Bucarest dans uneentreprise allemande de transports, où il a découvert la rigueurde la gestion qu'il pratique aujourd'hui. Voici quelques mois, leministère roumain de l'Economie lui fait parvenir, ainsi qu'àl'ensemble des firmes internationales, un questionnaire sur lesdifficultés rencontrées avec l'administration. Rendu très pru-dent par l'expérience, Stefan répond cependant, en termes toutà fait diplomatiques, évoquant "l'environnement pas trèsfiable" pour la corruption, "la distorsion de la concurrence"pour toutes les magouilles pratiquées par les entreprises d'Etat.

"J'ai été vraiment trop naïf" se repent-il aujourd'hui.Hasard… Trois semaines plus tard, une brigade de la GardeFinancière s'installe dans ses locaux et fouille, fouille, desjournées entières sans rien trouver. "Ils devaient absolumentdécouvrir quelque chose" confie-t-il, "alors, j'ai été obligéd'inventer une infraction pour pouvoir payer une amende etm'en débarrasser", philosophant "Ici, toute personne quientreprend est considérée automatiquement comme un frau-deur ou un délinquant potentiel".

Un peu plus tard, un des camions de l'entreprise estcontrôlé par l'autorité routière d'un judet de l'Ouest du pays quiconclut à une surcharge de poids. "Faux" s'indigne le chauf-feur qui n'a sans-doute pas voulu payer la "spaga" (pourboire)attendue. Sûre de son bon droit, l'entreprise a entamé un procèscontre l'administration, qu'elle a gagné après plus d'un an.Dans le mois qui suivit, tous ses camions étaient contrôléssystématiquement sur les routes de ce judet et immanquable-ment verbalisés.

En désespoir de cause, son patron est allé voir le chef del'administration concernée et, par miracle, toutes ces tracasse-

ries se sont arrêtées. Par pudeur - ou par prudence - Stefan neprécise pas si un cadeau a permis d'arranger l'affaire, mais il nedécolère pas : "Avant on connaissait les communistes bêtes etdurs, maintenant, ce sont les communistes voleurs", ajoutant,"On ne peut s'en sortir que de l'extérieur; il faut que nosjeunes partent à l'étranger, y apprennent et reviennent ensuitenous redonner de bonnes habitudes".

Et de conclure : "Faudrait que l'Union Européenne fassecomme les Soviétiques en 1945, quand on va entrer dedans :mettre un commissaire dans chaque judet pour tout contrô-ler… Mais maintenant, on est en démocratie".

"Pour éviter de perdre du temps,je demande directement: combien ?"

Marian L. , 32 ans, est garagiste dans une petite communede Vrancea (Focsani). Cet été, entre deux dépannages à l'exté-rieur, il repasse à son garage et voit ses deux ouvriers auxprises avec un automobiliste qui exige que l'on répare sonvéhicule immédiatement. "Il faut attendre un peu, on a du tra-vail” lui précisent-ils. "Non, on peut faire çà toute de suite"intervient Marian qui reconnaît un inspecteur de la redoutableadministration de la concurrence et de la protection desconsommateurs.

"Quelle chance que j'ai été là" se dit le garagiste qui biensûr ne fait pas payer la réparation, mai se doute qu'il n'est pasau bout de ses peines. En effet, l'inspecteur, retardé dans sonprogramme et qui comptait aller dans la ville voisine, ne veutpas rentrer à son bureau sans rien se mettre sous la dent. Ildemande donc à voir la comptabilité de l'entreprise."D'habitude, dans ce cas-là, pour éviter de perdre du temps, jedemande directement combien ? 500 000 - 800 000 lei (13 €-85 F, 21 €- 140 F) ? Et j'indique même un motif d'amende"confie-t-il, habitué au scénario.

Mais cette fois-ci, les choses se présentent différemment.Ne trouvant rien au niveau du garage, l'inspecteur demande àvisiter les trois chambres d'hôte que la famille de Marian tient.Il dressera un procès-verbal, en s'excusant presque car il devaittrouver quelque chose, pour "absence de trousse de secours etd'extincteur dans les chambres".

Marian ne proteste pas, bien que son classement, "deuxmarguerites" ne l'oblige absolument pas à disposer de ce maté-riel. Il est trop content. Cette fois-ci, il s'en est tiré avec unsimple avertissement et estime devoir être tranquille jusqu'àl'an prochain.

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DEVACLUJ

Economie

Elève duc o l l è g eC o s t a c h e

Negruzzi de Iasi, HoriaMihai Teodorescu, 15ans, avait envoyé parInternet à la NASA, lerésultat des travauxqu'il avait effectuésavec un camarade sur"l'analyse non linéaired'un ballon dans l'at-mosphère martienne àl'interface du niveaud'inversion". Intriguée, l'agence améri-caine, qui développe avec l'AgenceSpatiale Européenne un projet de stationspatiale du futur, pratiquement indépen-dante du point de vue énergétique de laterre, l'a dirigé vers cette dernière… cequi a valu à l'adolescent d'être invité à latroisième conférence de la SociétéEuropéenne sur Mars, laquelle s'est tenuecette année à Brême, en Allemagne.

Le jeune Roumain s'est ainsiretrouvé parmi toute une assemblée dechercheurs ainsi qu'au milieu d'une cen-taine d'étudiants européens triés sur levolet. Il était le seul à représenter sonpays, bien qu'il n'ait reçu aucune aidegouvernementale et ne disposa pas deressources propres, ne serait-ce que pour

payer les frais de par-ticipation à la confé-rence qui s'élevaient à70 €.

La prestation deHoria sur les change-ments qui peuventapparaître quand s'ef-fectue le passage à unniveau d'inversiondans l'atmosphèremartienne a vivementintéressé l'AgenceSpatiale Européenne

qui l'a convié depuis à se joindre aux tra-vaux et conférences de la cinquantaine despécialistes chargés du projet"Archimède", dont le lancement est prévuen 2007. En outre, à la suite de son inter-vention, il a été décidé que la 4èmeconférence de la Société Européenne surMars se déroulerait à Iasi, du 17 au 21juillet 2004.

Fortement aidé par son professeur dephysique, Horia s'est également lancédans d'autres travaux, préparant unconcours organisé par la NASA. A sesheures perdues, l'adolescent pratique l'as-tronomie et a entrepris la constructiond'une lunette sophistiquée "qui devrait luipermettre de démontrer l'existence detraces de vie dans les autres galaxies".

Un élève de 15 ans de Iasi associé aux projets de découverte de Mars par l'Agence Spatiale Européenne

Une Garde Financière redoutée pour ses pouvoirs inquisitoriaux

A 78 ans, Tony Curtis a enregistrégratuitement une série de clips vidéo,entouré d'une kyrielle de belles filles,pour vanter les richesses touristiquesde la Hongrie, son sens de l'accueil…Une bonne raison a poussé l'acteuraméricain à faire ce geste: sesparents étaient des juifs hongrois, arti-sans tailleurs, qui ont fui leur paysquand l'antisémitisme y est devenumenaçant. Tony Curtis, est né en1925 dans le Bronx, à New York, sonvéritable nom étant Bernard Schwartz.

Tony Curtis, le Hongrois

Ala suite de la fermeture des réseaux de fournis-seurs dans de très nombreuses communes et vil-lages, la vente de bouteilles de gaz a été divisée

par deux, ces dernières années. En 1996, il s'en commerciali-sait encore 480 000 par an, ce chiffre étant tombé à 235 000 en2001.

Consommation de gaz en baisse

La production de pétrole roumain a chuté de 10 % encinq ans, passant de 6 626 000 tonnes en 1996 à 6011 000 tonnes en 2001. La restructuration du per-

sonnel d'exploitation dans le domaine de l'extraction pourraitêtre la principale cause de cette baisse.

Diminution de la production de pétrole depuis cinq ans

Sciences

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2241

Connaissance eet ddécouverte

Tous les jeudis, jeguettais le fac-teur comme l'ar-

change Gabriel. Je savaisqu'il allait m'apporter monPif… Avec trois mois deretard sur la France, maisçà n'avait pas d'importan-ce. Il fallait que je le lisevite, car les copains l'atten-

daient". Dodo Nita était un privilégié. Pour s'abonner au seulhebdomadaire de BD étranger mis en vente dans le pays, il fal-lait du piston : seulement 10 000 exemplaires étaient diffusésen Roumanie, par la poste… et son père était justement postier.Qui plus est, la célèbre revue éditée par les éditions Vaillant,une maison d'édition chapeautée par le Parti communistefrançais - sans aucun contenu idéologique car il s'agissait avanttout de gagner de l'argent - était imprimée dans sa ville natale,Craiova, par souci d'économie… Déjà la délocalisation et tantpis, s'il s'agissait là d'une entorse aux principes affichés parGeorges Marchais et la CGT qui réclamaient alors, haut et fort,le rapatriement en France des travaux faits à l'étranger.

Qu'importe! Depuis l'âge de onze ans, Dodo dévoraitchaque semaine son "Pif". Il y avait apprisle français. Son premier numéro, le gaminavait mis six heures à le lire, dictionnaire àportée de main. Plus tard, il ne lui faudra plusque vingt minutes. Sa revue avait un côtémagique : papier et impression étaient d'unequalité incomparable par rapport aux publi-cations roumaines, elle venait de l'autre côtédu "rideau de fer" et avait ce parfum de fruitdéfendu que représentait la liberté… uncadeau du Parti communiste français !Quand au fameux gadget qu'elle s'étaitadjoint et lui avait fait dépasser le seuil dumillion d'exemplaires, au début des années 70, il lui paraissaitcomme une innovation inimaginable.

Le succès phénoménal de “Pif”, arrivé en Roumanie en1967, s'explique aussi par la prééminence du français qui étaitdemeurée la principale langue étrangère apprise dans le pays,en dehors du russe dont l'apprentissage était fortementconseillé, et qui représentait l'aspiration à liberté face à l'op-presseur.

Le délire de Ceausescu et la chute du Mur de Berlin fatals au personnage

La déception ne fut que plus grande quand le régimeCeausescu sombra dans le délire. Voulant se débarrasser de sesdettes et avoir les mains libres, le dictateur réduisit au mini-

mum les importations qu'il fallait payer en devises, et Pif passaà la trappe, au début des années 80. Il ne réapparaîtra qu'aprèsla "Révolution", pour peu de temps, car la publication cesseraen 1992, à la mort de son créateur. Une théorie court d'ailleurs,disant que c'est la chute du "Mur de Berlin" qui lui a été fata-le, en lui faisant perdre tous ses lecteurs qu'il avait à l'Est…

Mais la nostalgie de Pif le chien et de son ami Hercule lechat est si grande en Roumanie, qu'il s'agit du seul pays où uneréédition de leurs aventures - en langue roumaine - ait étéentreprise. Quand aux collectionneurs, il peuvent trouver despiles d'albums dans les "anticariat" ou magasins de vieuxlivres.

“Minitechnicus” et le paradis communiste

En 1970, le dessinateur franco-espagnol du journall'Humanité, José Cabrero Arnal, combattant républicain pen-dant la guerre d'Espagne et rescapé du camp de concentrationde Mauthausen, créateur du personnage de Pif en 1945, avaitlancé un cours de dessin à l'intention de ses lecteurs roumains.Le succès avait dépassé toutes les espérances: plus de 4000personnes avaient répondu, ce qui est très rare dans le domai-ne de la BD. L'initiative avait permis de révéler des talents et

vocations et de créer une génération dejeunes dessinateurs, dont quatre ou cinqgrands qui publient toujours aujourd'hui.

Arnal, sans-doute sur commande, avaitcréé un autre personnage, à usage interneroumain: Minitechnicus . Ce petit robot,plein de pouvoirs, dont les magazines pourjeunes, à la lecture encouragée par les ensei-gnants, rapportaient les aventures, représen-tait l'idéal de la société communiste. On yfaisait miroiter aux enfants la vie paradi-siaque qui les attendait : pleine de robots quieffectueraient les tâches ménagères dans la

maison, on ne travaillerait plus que trois heures par jour, onirait au travail dans son avion…

Plus tard, alors que les lecteurs de "Pif" auront grandi, cerêve sera remplacé par un autre. Dans les années 80, sur lesbancs de l'Université, on enseigna "l'euro-communisme".François Mitterrand avait remporté les élections en France,Felipe Gonzalès en Espagne, Mario Soares, au Portugal,Helmut Schmidt était au pouvoir en RFA, Olof Palme enSuède, Bettino Craxi allait y accéder en Italie, GeorgesPapandréou en Grèce… Tous ces "euro-socialistes" étaientprésentés comme l'avant-garde d'une marche en avant inéluc-table vers le "socialisme scientifique" et l'établissement d'unesociété euro-communiste. "Chouette" se disaient les étudiantsroumains qui se voyaient déjà se promenant à Paris, Rome ouMadrid, le "rideau de fer" n'ayant plus de justification !

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2212

Actualité

Pour la Ière fois depuis 1989, laRoumanie a finalisé un accordavec le Fonds Monétaire

International après deux années de négo-ciations difficiles. Moyennant des enga-

gements d'une politique de rigueur sala-riale, Bucarest a obtenu le versementd'une dernière tranche de 157 M€ (unmilliard de francs) sur un programme de431 M€ (2,8 milliards de francs).

Sur une année, fin octobre, lechiffre d'affaires de OrangeRoumanie (filiale de France Télécom)se montait à 400 M€ (2,6 milliards deF), en progression de 41 % surdouze mois. Au cours de la mêmepériode, le nombre d'abonnés àOrange a dépassé les 3 millions(+44%), la firme occupant 48 % dumarché roumain du téléphone mobi-le. C'est dans le domaine du service"pré-pay" (carte) que la progressionla plus importante est enregistrée(+50 %).

Economie

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

BRAILA

Le célèbre chien du dessinateur franco-espagnol Arnal apportait un parfum de la liberté et a suscité de nombreuses vocations

Des billets de un million delei, en attendant le leu lourd

Orange: plus de troismillions de clients

ZALAU

Contrairement au gouverne-ment qui mise sur une infla-tion de 9 %, l'an prochain,

l'Institut d'études Human Resource esti-me que celle-ci s'élèvera a 13 %. Ce der-nier évalue également à 15,5 % la hausse

moyenne des salaires, ce qui limiterait à2,5 % le gain du pouvoir d'achat, au lieude 7 à 9 % pour 2004. La Bulgarie, dontl'inflation en 2003 s'est limitée a 3,9 %,devrait faire mieux, le pouvoir d'achat yprogressant de 5% en 2004.

Ralentissement prévisible du gain du pouvoir d'achat

Bande dessinée

La Banque Nationale de Roumanie s'apprête à mettre en circulation un billetde un million de lei (26 euros, 170 F). Jusqu'ici, la plus grosse coupure étaitde 500 000 lei. La BNR hésitait a prendre cette décision, redoutant de pro-

voquer un choc psychologique et un encouragement aux comportements inflation-nistes, mais il s'est rendu aux arguments des agents économiques, notamment desbanques d'affaires dont les transferts defonds devenaient trop volumineux.

Ce nouveau billet mauve pourrait,d'ailleurs, avoir une existence éphémè-re, le gouvernement laissant à nouveauentendre qu'il procèdera à une réformemonétaire après les élections de fin2004, introduisant un leu lourd, avec sans-doute quatre zéros en moins (un leu vau-drait 0,26 euro ou 1,70 F actuels). La nouvelle coupure sera illustrée par un portrait del'écrivain Ion Luca Caragiale, qui a été finalement préféré à Nadia Comaneci et à lareine Maria, épouse du roi Ferdinand 1er, promotrice de la Grande Roumanie.

"Pif" a fait rêver d'un autre monde toute une génération de jeunes Roumains

Seulement 5 % des Roumainspaient leurs achats avec une cartebancaire a révélé Patrick Gelin, le

directeur général du groupe BRD-SociétéGénérale, soulignant que cela était insuffi-sant pour rendre cette activité rentable et qu'ilfallait sans-doute attendre encore 3 à 4 ansavant d'assister à un réel développement. "Iln'est pas rare de voir encore un client veniracheter sa voiture avec une valise pleine de

billets" a-t-il indiqué, rappelant que 2091 magasins acceptaient ce mode de paiementdans le pays, à la fin du premier semestre 2002, chiffre très modeste mais en haussede 30 % par rapport à l'année précédente. La banque a lancé une campagne de pro-motion tout au long de l'été. Pour autant, l'usage de la carte bancaire entre de plus enplus dans les mœurs, mais ses usagers, à 93 % se limitent à faire des retraits d'argentaux distributeurs. Une grande partie des salariés sont payés par ce mode là, que les ser-vices sociaux utilisent aussi volontiers pour régler allocations et pensions.

Peu d'achats par carte bancaire

Accord conclu avec le FMI

Le père de Pif, José Cabrero ArnalDepuis le 1er décembre, le mono-

pole de RomTelecom - firme d'Etatprivatisée au profit du grec OTE - avécu. La concurrence à l'opérateurnational a été longue à se dessiner,mais, finalement la firme, AstralTelefix, numéro un du câble TV sur lemarché roumain, a décidé de franchirla pas, proposant des prix déjà infé-rieurs de 30 % à celui du marché.

Le nouveau-venu n'intervient, pourl'instant, que sur le réseau local etdans la capitale, ainsi qu'à Braila,Cluj et Galati, mais il compte étendreses services à tout le pays aussi bienqu'aux communications internatio-nales, dans l'année qui vient. Le sec-teur du câble semble particulièrementbien placé pour le développement dela téléphonie fixe et son marché s'estdéveloppé de façon impressionnanteces dernières années, atteignant lechiffre de 3,75 millions d'abonnés àla fin 2003.

Téléphone fixe : le monopole deRomTelecom a vécu

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2240

Connaissance eet ddécouverte

Bande dessinée

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2213

Actualité

Inventeur du personnage deHaplea, Nicolae Batzaria est né le 20novembre 1874, à Crusevo, enMacédoine, et décédé le 28 janvier1952, à Bucarest. Prosateur et publi-ciste, il a fondé à Salonique, en1908, le premier journal aroumain,"Desteptarea" ("L'Eveil"). Il estconnu surtout par la littérature pourles enfants: la série Haplea, CoanaFrossa (Mémère Frossa), Plici etPlum, Rila Iepurila, Lir et Tibisir,Bucuria copiilor (La joie desenfants), 1922; Clopotul fermecat(La cloche magique), 1925, Uitucila,1939. Il a écrit aussi des romansdestinés aux enfants, comme JertfaAdrianei (Le sacrifice d'Adrienne,1941) et Rapirea celor doua fetite(L'enlèvement des deux fillettes,1943). N. Batzaria a dirigé les revues"Dimineafa copiilor" ("Le matin desenfants") où il signait Mos Nae (PèreNaé) et "Universul copiilor"("L'univers des enfants").

Représentant typique de la littéra-ture de colportage, il s'est affirmésurtout par ses qualités de conteurdoué d'humour, dans la lignée deCreanga, de même que par ses donsd'observateur lucide de l'âme et ducomportement humains. Connaisseurraffiné du monde balkanique, il peutêtre placé à côté de Anton Pann.

Nicolae Batzaria, auteur pour enfants

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

SIGHISOARA

BISTRITA Haplea, héros chéri par les petits et les grands

La récente parution de l'album B.D. Haplea à Bucarest aux éditions ALLFA(Bucarest, 2002) sort de l'oubli un héros chéri autrefois par les petits et parles grands. Le texte appartient à Mos Nae (Père Nae), le pseudonyme de N.

Batzaria, les dessins qui l'illustrent étant de Iordache et de Géo. Les aventures du per-sonnage y sont sériées: le lecteur, de même que l'auteur, l'accompagnent en visite àBucarest, ensuite chez lui, à Haplesti. Et parce que Haplea a une famille (voir dessin),on ne néglige pas les évolutions de ses membres. Ce qui frappe tout d'abord à la lec-ture du texte est le réalisme fruste, même s'il est assaisonné de l'humour. Les protago-nistes appartiennent à l'humanité moyenne et l'auteur, qui s'insinue parmi eux, les trai-te avec sympathie, mais la satire et l'ironie se font deviner à chaque pas.

Haplea s'inscrit dans la normalité bourgeoise. Comme son nom le montre (Haplea= nigaud), il est un peu niais, même si dans les moments critiques il fait preuve deperspicacité. Il semble être le produit du jumelage des deux héros du folklore roumainTândala et Pacala. Sa femme est sa moitié parfaite parce qu'elle lui ressemble en tout:une femme forte et grossière, mais qui veut passer pour femme émancipée. Voulantêtre dans le vent, elle s'attife de robes prétentieuses et de chapeaux drôles, parés d'oi-seaux (elle manifeste une préférence spéciale pour les corneilles). Le portrait sombredans la caricature, admirablementréalisée par les dessinateurs.

Un vague air de Caragiale

Le milieu où évolue le coupleHaplea est le faubourg, toutcomme chez Caragiale. Outre lasatire, on constate la sympathie del'auteur pour ces faubouriens dési-reux de dépasser les limites deleur pitoyable condition. Ils fontappel aux conquêtes techniques dutemps: ils voyagent par le train à Bucarest (même s'ils ne se séparent pas de leur âne),ils aiment se promener en voiture et en tramway et fréquentent le cinéma et le théâtreet partout ils se rendent ridicules sans qu'ils s'en soucient.

En accompagnant ses personnages dans leurs pérégrinations, Batzaria recrée uneatmosphère spécifique d'un Bucarest engagé sur la voie du progrès, mais gardantencore le goût des plaisirs vulgaires. On peut y mentionner la grande foire tradition-nelle "La Mosi" (évoquée par Caragiale aussi) où le couple Haplea-Frossa se déchaî-ne: ils s'y empiffrent et boivent à leur gré, grimpent en… montagnes russes et font tantde folies que Haplea risque d'être emprisonné.

Assoiffés d'émancipation, Haplea et son épouse veulent être dans le vent. Ilsadoptent la mode "charleston": elle se fait couper les cheveux et raccourcit sa robe enmontrant ses grosses jambes. Ils visitent le Parc de Cismigiu où ils ne ratent pas unepromenade en barque…terminée par un bon bain. Pour oublier cette mésaventure, ilsse rendent avec leurs compagnons à une taverne "A la rue tortue" où ils dansent laronde de Haplesti ( leur village). Tout cela pour montrer que bien qu'ils soient "despersonnes émancipées", ils n'oublient pas pour autant leurs racines.

Les aventures de Haplea portent la marque de l'authenticité. Elles réussissent àmaintenir vif l'intérêt du lecteur attiré par la dynamique du récit et le pittoresque despersonnages. Parmi ceux-ci figure aussi "Père Noé", l'auteur-personnage-narrateur,qui gagne la sympathie par l'ironie de ses commentaires.

Maria Tronea

De plus en plus, et de plus en plus vite, l'agricultureroumaine se laisse envahir par la cultured'Organismes Génétiquement Modifiés (OGM),

au mépris de ses intérêts mais au bénéfice des grandes compa-gnies américaines, et à la grande inquiétude de l'Europe, par-tagée sur cette technique… Tel est, en substance, le cri d'alar-me lancé par Philippe Boin, chef de la mission économique del'ambassade de France en Roumanie, dans un article publiédans sa revue mensuelle, "La lettre de Roumanie"(www.dree.org/roumanie).

L'économiste rappelle que la Roumanie a commencé, dès1999, à produire des OGM, particulièrement du soja, dont lasuperficie est passée de 20 % des surfaces cultivées à cetteépoque à 50-75 % en 2002, ce qui représente entre 50 000 et75 000 hectares. "Ces surfaces devraient encore augmenter"note Philippe Boin, "puisqu'à l'automne 2002, le permis decommercialisation des semences OGM accordées à la firmeaméricaine Monsanto a été renouvelé pour cinq ans". Etd'ajouter : "La situation serait la même pour les pommes deterre, cultivées elles aussi en OGM Monsanto".

Programme OGM financé par la Banque Mondiale

Un panorama qui s'est aggravé à cause des mauvaisesconditions climatiques qu'affronte le pays, depuis 2000, et dela sécheresse qui en découle, ce qui l'amène à importer desUSA et de l'Argentine du maïs, à 30 % OGM, et du soja, entotalité OGM. La situation est encore plus inquiétante en 2003,avec l'effondrement de la production des céréales, dont le blé,et les importations attendues des USA pour la compenser.Opportunément, la Banque Mondiale finance en Roumanie unprogramme de promotion des pommes de terre OGMMonsanto.

Pour l'économiste, la réponse aux questions que l'on peutse poser ne fait pas de doute : "Les Etats Unis cherchent à pro-fiter de la faiblesse des institutions roumaines en ce quiconcerne la mise en œuvre de la politique européenne (trèsréservée sur cette question) et de la corruptibilité de l'admi-nistration roumaine pour promouvoir les intérêts commer-ciaux des laboratoires américains Monsanto et Pionner".

En janvier 2000, les autorités roumaines ont bien tenté deréagir en créant une Commission Nationale de SécuritéAgricole chargée d'autoriser la production et la commerciali-sation de des produits OGM. Mais, constituée d'expertsnommés par le ministère de l'Agriculture, sans participationextérieure, ni d'ONG, et donc sans indépendance, elle n'a, deplus, qu'un rôle consultatif et n'informe en rien le grand public.

Une situation lourde de conséquences

S'agissant des cultures OGM elles-mêmes, le dispositifadopté en janvier 2000 ne prévoit pas de suivi sur le terrain.

"L'administration roumaine ne connaît donc pas l'ampleur dela situation, en particulier l'étendue des contaminations par lepollen" en conclut Philippe Boin.

La situation est identique en ce qui concerne la traçabilitédes produits OGM mis sur le marché. Les administrationschargées de faire appliquer la réglementation adoptée en 2002n'en n'ont pas les moyens, à commencer par les laboratoirescertifiés permettant de la suivre.

Cette situation est lourde de conséquences aux yeux de l'é-conomiste qui s'efforce des les évaluer :

- Au regard de la santé publique, la situation actuelle faitpeser des risques, non seulement en Roumanie même, maisaussi au sein de l'UE, à travers les exportations de produitsagricoles ou agro-alimentaires roumains vers l'Union, mêmes'ils sont limités par leur faiblesse actuelle.

Outre les risques environnementaux, les risques écono-miques, commerciaux, financiers, sont de plusieurs ordre etd'importance égale :

- Risque de dépendance commerciale et financière accruedes agriculteurs - mais aussi du pays à travers les importations- vis à vis des laboratoires fournisseurs, notamment desemences stériles.

- Risque de rendre particulièrement difficile l'intégrationde la Roumanie dans la Politique Agricole Commune (PAC)européenne, du moins aussi longtemps que l'UE ne changerapas de politique sur les OGM. Et, une fois intégrée dans l'UE,la Roumanie fera l'objet de contrôles plus stricts.

- Risque de rendre impropres pour longtemps (la questionfait toujours débat) à toutes cultures les surfaces cultivées enOGM et leurs voisines, et de voir la Roumanie, pays au poten-tiel agricole réel, dans la situation surréaliste de dépendre desimportations.

Peu importe que l'agriculture roumaine soit sacrifiée

Certains dirigeants roumains ont conscience de la gravitéde la situation, reconnaissant l'insuffisance de moyens pour lescontrôles, le suivi, la traçabilité, l'absence de laboratoires cer-tifiés, et reconnaissent l'existence d'un malaise sur ce sujet.Mais le gouvernement s'en tient au discours officiel, affirmantque les OGM ne présentent pas de danger pour la Roumanie.

Cette question, essentielle, ne fait l'objet d'aucun débat, niau sein du ministère de l'Agriculture, qui paraît singulièrementdépassé, ni dans le public, laissé dans l'ignorance.

Philippe Boin relève qu'"il n'y a aucun doute sur la straté-gie américaine de chercher à obtenir à terme une levée desinterdictions pesant sur les OGM au sein de l'UE, et ce enagissant sur les maillons faibles que constituent certains payscandidats singulièrement la Roumanie". Et l'économiste deconclure : "Il importe peu à ces groupes de pression que lesintérêts à long terme de l'agriculture roumaine soient sacri-fiés, en cas de maintien des interdictions européennes ".

AgricultureUne dépendance de l'agriculture roumaine

de plus en plus forte vis à vis des compagnies américaines

Organismes génétiquement modifiés : signal d'alarme

Le personnage central de la BD roumaine, à nouveau publié

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2239

Connaissance eet ddécouverte

Tout autant sinon plus que dans la littérature, l'in-fluence franco-belge s'est toujours faite ressentirdans l'histoire de la BD roumaine. D'ailleurs le pre-

mier album publié en Roumanie était une bande dessinéefrançaise traduite. La date est révélatrice: 1916, soit l'année oùle pays est entré en guerreaux côtés des Alliés. Dans lesannées 30, les meilleureslibrairies du pays proposaientdes albums en français deBécassine, Zig et Puce,Professeur Nimbus.

Mais déjà, dès 1924, unpersonnage typiquement rou-main avait fait son apparition,Haplea (voir par ailleurs),sous le trait de crayon deMarin Iorda et imaginé par lescénariste Nicolae Batzaria,lequel mourra en prison sousle communisme, au début desannées 50, accusé d'espionna-ge au profit des Allemands.

Au travers d'une vingtai-ne d'albums, aujourd'hui réé-dités ou repris, et vendus aufil des décennies à des mil-lions d'exemplaires, leurhéros, caricature d'un Roumain qui se veut débrouillard etmoderne, manquant toujours son coup, ce qui ne le découra-geait pas de recommencer, était devenu aussi célèbrequ'Astérix. Des dessins animés et même une pièce de théâtrelui ont été consacrés.

Haplea est aussi devenu un nom commun et unverbe dans le dictionnaire, désignant une personneniaise qui se goinfre ou une action qui s'y rapporte.

Instrumentalisée pour la propagande par les communistes

Les années 30 marquent l'âge d'or de la BD rou-maine. S'il n'existe pas de revues spécialisées, chaquejournal ou magazine publie alors une ou deuxplanches. On compte près de 150 dessinateurs. Mais,arrivés au pouvoir, les communistes condamnent cetart "décadent et capitaliste", et l'interdisent. Il dispa-raît totalement entre 1947 et 1953. Plusieurs auteursde BD seront emprisonnés, disparaîtront dans desconditions mystérieuses ou se suicideront par déses-poir, n'ayant plus aucune chance d'être publié et desurvivre. Ce fut le cas de Neagu Radulescu.

La mort de Staline entraîne un certain dégel. Dès 1954, laBD fait sa réapparition à travers une ou deux planches dans

des magazines. Tout comme l'avaient fait les nazis, le pouvoircommuniste se rend compte qu'elle peut être instrumentaliséeau service de sa propagande. Des albums d'une qualité certai-ne sont publiés, historiques, mettant en valeur des héroscomme Stefan Cel Mare, reliant leurs faits et gestes à ceux du

nouveau régime, humoristique, racontant la vie quoti-dienne, des blagues, mais se gardant bien de caricatu-rer les dirigeants.

On peut y voir des policiers qui arrêtent desvoleurs, les magnifiques réalisations des pionniers,tout cela étant évidemment à porter au crédit du pou-voir. Même Ceausescu s'y mettra en scène ! Parfois,mais peu souvent, quelques dessinateurs s'essayèrent àla science-fiction, mais à condition qu'elle soit sage etqu'on n'y voit pas de scènes d'apocalypse.

Dans les années 70, une dizaine de revues propo-saient des planches. En 40 ans, une cinquantaine d'al-bums seront publiés, vendus à 100 000 exemplaires,les enfants se précipitant pour les acheter.

Destin tragique

De grands dessinateurs émergèrent, toujoursréputés aujourd'hui, comme Sandu Florea, le seul àvivre uniquement de son art, aujourd'hui installé àNew-York et l'un des grands noms du cartoon améri-cain. Les autres, comme Valentin Tanase, NicolaeNobilescu, Puiu Manu devaient trouver un autre tra-

vail pour vivre. Nicu Russu est un cas tragique, illustrant les difficultés

affrontés par tous ces artistes. Après avoir publié cinq albums,et malgré les promesses qui lui avaient été faites, il n'avait pasété payé, car il avait refusé d'être membre de l'Union des

Artistes Roumains,chapeautée par lescommunistes. Ledessinateur s'estsuicidé en 1974,affecté égalementpar des problèmesfamiliaux.

Après 1983, ladérive paranoïaquedu régime n'épar-gna pas la BD. Plusaucun album ne fûtpublié . Sans inspi-ration, sans lemoindre espace deliberté, le dessindevint mauvais, les

dessinateurs médiocres, et le public la bouda. Là aussiCeausescu avait fait son œuvre, tuant talent et créativité.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2214

Actualité

Leader du syndicat Cartel Alfa, Bogdan Hossu est l'un des principaux per-sonnages de la scène sociale roumaine, le plus respecté par les salariés etle plus craint par ses interlocuteurs patronaux et gouvernementaux (voir les

Nouvelles de Roumanie, n° 12 ). Il est aussi celui qui imagine et propose de nouveauxmodes de relations sociales, dans un pays où la transition a bouleversé les repères etoù le capitalisme sauvage n'est pas seulement une tentation. Henri Gillet l'a longue-ment rencontré, pour faire un tour d'horizon de la situation sociale en Roumanie.

"Actuellement, la retraite ne représente que 35 % du salaire moyen"

Henri Gillet: Tout comme en Europe Occidentale, les retraites sont au centredes préoccupations syndicales roumaines. Le système actuel est-il satisfaisant?

Bogdan Hossu: Les retraites sont régies par la loi d'avril 2001 qui ne donne passatisfaction, car elle devait être universelle et trop d' ordonnances d'urgence ont beau-coup réduit son champ d'application, aboutissant à une absence de justice entre lessalariés.

Il existe de nombreux régimes spéciaux concernant plusieurs catégories de fonc-tionnaires qui ne paient pas de cotisations ou peu, ne contribuent pas à alimenter lefonds des retraites, tout en bénéficiant de ses avantages. Avant, les retraites étaient cal-culées sur les cinq meilleures des dix dernières années. Les employés partaient enretraite à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes. Dorénavant, les retraitessont ou vont être constituées à partir de trois sources:

- la première est le système universel, prenant en compte l'ensemble de la carriè-re; des points sont attribués que le retraité peut utiliser comme il veut. Par exemple,pour que toute sa pension lui soit versée sur dix ans - elle sera alors plus élevée - oubien étalée jusqu'à la fin de ses jours. Actuellement, ce dispositif, qui est le seul opé-rationnel, n'assure que 35 % du salaire moyen (38 €, 250 F). Il devrait se situer auniveau de 60 %.

C'est très insuffisant pour des retraités dont le seul budget d'entretien de leur loge-ment dépasse de deux fois le montant de leur pension et qui ont des dépenses impor-tantes de santé. Ils doivent réduire leur nourriture, l'achat de médicaments, se priventparfois de chauffage, de téléphone, coupant ainsi le lien social.

Par ailleurs, l'âge de la retraite a été repoussé à 62 ans pour les hommes et à 57ans pour les femmes - un départ anticipé de cinq ans est possible dans le cas de condi-tions de travail difficiles - et sera porté à 65 ans pour les hommes, en 2009, et à 60 anspour les femmes en 2013.

- la deuxième source sera la retraite par capitalisation, dont la mise en place estprévue au 1er janvier 2005, et qui concernera le salarié pendant la durée entière de savie active. Elle devrait assurer normalement un revenu décent au retraité et seradéductible des impôts jusqu'à 200 € (1300 F) par an. Mais les fonds collectés ainsisont très faibles actuellement.

- la troisième source sera constituée par ce qu'on appelle la "pension occupation-nelle". Des entreprises pourront cotiser pour leurs employés. Comme il est conçu, cedernier dispositif manque cependant de flexibilité pour le marché du travail: quandl'employé change d'entreprise, ses droits acquis ne le suivent pas. Il les perd. En outre,ces deux derniers volets ont été imaginés sur les modèles anglo-saxons de fonds depension... et on sait ce qui est arrivé avec Enron, sa faillite frauduleuse entraînant laperte des droits des cotisants.

Social

Les salariés roumains voient envi-ron 35 % de leur salaire brut amputépar les cotisations sociales et la rete-nue de l'impôt sur les revenus à lasource. Les premières représentent lamoitié des prélèvement, soit 17 %,dont 9,5 % au titre de l'assurancesociale (retraite, maternité, enfants,

congés maladie), 6,5 % à celui de lasanté, et 1 % pour le chômage. Lescotisations patronales, elles, attei-gnent 35 % (assurance sociale:23,6 %, santé: 7 %, chômage: 4,5 %).Au total, les cotisations représentent52,7 % de la masse salariale.

Avec les impôts d'Etat (sur lesrevenus, sur les bénéfices, etc.), onestime que pour dégager un salairenet de 100 €, le patron et l'employédoivent en gagner 200. Grosso-modo,une personne qui a un revenu infé-rieur à 3,8 millions de lei (100 €) nepaie pas d'impôts à l'Etat; mais tousles Roumains, indifféremment deleurs ressources, doivent acquitter lestaxes locales, lesquelles ne sont pasretenues directement sur le salaire.

Un système de retraite à deux vitesses et des écarts de pensions

allant de un à trois cents

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARADHUNEDOARA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJ

200 euros à gagnerpour un salaire net de 100 euros

SIGHISOARA

BISTRITA

ORSOVA

Bande dessinée Les années 30 ont marqué son âge d'or, Bécassine, Zig et Puce, Professeur Nimbus, contribuant à lui donner son essor

Bogdan Hossu: les pays candidats à l'UE y introduisent des modèles sociaux américains

Une bande dessinée sous influence franco-belge

Des héros de la BD francophone ont aussi fait des incursions en Roumanie.

Installé aujourd’hui à New York, Sandu Florea (ci-dessus) est le plus grand dessinateur roumain.

Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa, s’inquiète des énormes

disparités engendrées par le nouveau système des retraites.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2238

Bande dessinée

Connaissance eet ddécouverte

La bande dessinée est toujours une forme d'expression considérée commemarginale en Roumanie. Une dizaine d'albums paraissent chaque année…contre 1000 à 2000 en Belgique et en France. Pourtant, la "Révolution" de

1989 a réveillé un genre qui avait disparu dans les dernières années de Ceausescu, pro-voquant un enthousiasme extraordinaire chez ses amateurs. Soudain, tout le monde seprenait à rêver d'être éditeur et chaque grande ville du pays possédait sa BD. Ce mou-vement a duré une ou deux années et a été tué par l'hyper inflation de 1993 ( 300 %)rendant les coûts de l'impression prohibitifs.

Les frontières étant ouvertes, les première BD étrangères traduites firent leurapparition avec, en tête, Astérix, suivi de Lucky Luke, les Schtroumfs, Batman etSpiderman. Depuis 2003, on trouve dans les librairies des albums de Tintin et Astérixen français. Parallèlement, elle a refait surface dans les journaux et les magazines,sous forme de planches ou de cartons. Pourtant, hormis le journal de Mickey, person-nage le plus connu, aucune revue pour enfant ne lui est consacrée.

La tentation de l’émigration pour les meilleurs dessinateurs

Depuis une dizaine d'années, une cen-taine de dessinateurs se consacrent à cegenre, ce qui correspond à son âge d'or,avant-guerre, vivant de leurs caricaturesdans la presse et les albums qu'ils publient,parfois à l'étranger, ou d'autres facettes deleurs talents, comme la peinture. L'accent aété mis sur la qualité et sur la spécialisation.Ainsi trouve-t-on des BD chrétiennes,racontant l'histoire de la Bible, érotiques,policières, politiques, ninja ou consacréesaux samouraïs.

Mais, pour des raisons économiques,plusieurs grands dessinateurs ont émigré,aux USA, en France ou en Belgique, enHongrie, en Israël. Le plus important,Sandu Florea, s'est installé à New Yorkvoici dix ans, à l'âge de 45 ans, où il tra-vaille pour le marché américain des"comics". Bien que vivant en Roumanie, Valentin Tanase, qui est aussi un peintreréputé, édite en France, Belgique et au Canada où les albums de Calin Stoicanescusont également diffusés. Il s'agit là des trois principaux auteurs de BD, mais d'autressont aussi publiés en Italie, Espagne, Danemark.

Beaucoup ont été révélés par les salons internationaux de la BD que Dodo Nita amis en place en 1991, avec l'appui de l'Alliance Française de sa ville, Craiova. Cesrencontres annuelles, aidées par l'ambassade de France, s'étalent sur trois jours et atti-rent jusqu'à 5000 personnes, le public pouvant acquérir des BD françaises neuves àmoitié prix. La première a eu lieu à Bucarest, la dernière, en 2003, à Craiova, et ellesse déplacent à travers tout le pays, dans les grandes villes qui disposent d'une AllianceFrançaise ou d'un centre culturel français. Elles ont surtout permis de mettre encontact de grands noms de la BD franco-belge avec une pépinière de jeunes talentsroumains, âgés aujourd'hui de 20-30 ans, qui en a été fortement influencée, et formela dernière génération de dessinateurs roumains.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2215

Actualité

Les albums ont fait leur réapparition dans les librairies

après la "Révolution" de 1989

"Un système injuste"

- Comment réagissent les retraités et futurs retraités ?- B.H.: Ils ressentent durement les conséquences de ces

réformes et les injustices générées. Les gens sont actuellementsous deux systèmes différents. Ceux qui ont pris leur retraiteavant 2001, et sont épargnés par les réformes, et les autres. Lesdifférences sont considérables, pouvant aller jusqu'à trois foisle montant de la pension. Il arrive qu'un professeur d'universitétouche moins qu'une femme de ménage ayant passé sa carriè-re à Hydro Electrica (EDF roumain).

La plus basse pension dans le pays, présentement - celled'un agriculteur, dans certaines conditions - est de 540 000 leipar mois (14 €, 90 F); la plus grande de 148 millions de lei(3835 €, 25 000 F) concerne des directeurs de banque d'Etatqui ont pris leur retraite avant 2001 et ont bénéficié de l'effetboule de neige de l'hyper inflation. Soit une différence de un àtrois cents ! A notre demande, le gouvernement a promis d'ef-fectuer une corrélation des deux systèmes, en les rapprochantpar étapes, mais elle ne touche que 5 % des cas et l'adminis-tration rechigne à recalculer les droits de tout le monde.

- Le gouvernement a proposéd'introduire un taux unique d'impo-sition,à 23 %? Etes vous d'accord ?

- Avec ce projet, on pourraitenregistrer subitement des diffé-rences d'imposition allant du simpleau double sur l'année précédente pourles petits contribuables qui ont prisdeux emplois pour survivre. Noussommes résolument contre... et lespatrons aussi d'ailleurs.

"Le chômage est plus proche de 13 % que des 8,6 % officiels"

- Le gouvernement indique toujours que le chiffre duchômage est en baisse, alors que les vagues de licenciementsse succèdent... Qu'en est-il exactement ?

- Le gouvernement annonce un taux officiel de 8,6 %.13 % serait plus proche de la réalité. Rien qu'en septembre,plus de 80 000 travailleurs ont été licenciés, dans les cheminsde fer, les grandes usines de Brasov, Hunedoara, Galati. Enfait, le chiffre avancé par les autorités ne retient que les chô-meurs "actifs", ceux qui, pendant leur période d'indemnisation- 9 à 12 mois - continuent à se faire enregistrer.

Beaucoup renoncent. Il faut faire la queue pendant 6 à 8heures pour pointer, dans le froid, la canicule. En outre, aucu-ne solution, aucune formation, ne sont proposées aux deman-deurs d'emplois, ou bien des travaux très peu qualifiés. Alors,chacun essaie de se débrouiller par soi-même. C'est ainsi quese développe le travail au noir... 2,5 à 3 millions de personnes,selon les propres chiffres du ministre Blanculescu.

Parallèlement se répand également, le "travail au gris".De nombreux patrons, surtout dans le textile et la construction,ne paient leurs employés qu'au minimum, leur versant desprimes sous la table. Outre la mentalité de corruption et de

fraude fiscale que cela perpétue, ce procédé est aussi néfasteque le travail au noir, sur le plan économique et social. Il s'agitd'une distorsion dans la concurrence pour les entreprises quirespectent la réglementation et d'une menace pour les régimessociaux dont l'avenir est menacé et qui se voient obligés d'aug-menter les cotisations des autres employés.

Nous avons demandé au gouvernement de prendre desmesures répressives, mais aussi incitatives. Créer un systèmede primes au nouveaux emplois, baisser la TVA pour certainesactivités, assurer une déductibilité d'impôts pour les personnesentreprenant des travaux touchant à l'habitat...

"Carrefour ne veut pas de sections syndicales dans ses magasins"

- Les investisseurs étrangers respectent-ils une forme depacte social ?

- Ce ne sont pas des gens portés naturellement à faire dusentiment. Leur premier objectif est souvent de maximaliserleurs profits. Le système "lohn" s'est mis en place dans le payset ce n'est pas bénéfique pour notre économie. Dans certaines

entreprises, on multiplie les heuressupplémentaires, faisant pressionsur les employés pour qu'ils fassentjusqu'à 70 heures par semaine,licenciant en même temps - c'est lecas à Rom Telecom, repris par legrec OTE - ou n'embauchant pas.Les grandes chaînes de distributionfont travailler leur personnel ledimanche, se retranchant derrière laconcurrence qui fait la même chose.Carrefour (deux magasins àBucarest, une vingtaine prévus enRoumanie dans les prochainesannées) a licencié une douzaine

d'employés qu'elle suspectait de vouloir créer un syndicat.En général, les gros investisseurs sont les meilleurs, prin-

cipalement les Allemands et les Autrichiens. Ils viennent pourle long terme, s'inscrivent dans la durée. Ils sont clairs sur leursprojets. Avec eux, on a une prédictibilité et une stabilité.

"L'Europe ne se focalise plus sur son modèle social"

- Dans tout cela, quel rôle joue l'UE ?- Les pays de l'Est candidats introduisent, des fonctionne-

ments américains dans ce qui est le modèle social européen etqui fait sa spécificité. Ils n'ont pas de vraie composante socia-le-démocrate et prônent le libéralisme à tous crins, comme onle voit sur le sujet des retraites. Ils en sont un peu le cheval deTroie, suivent sans sourciller les recommandations du FondsMonétaire International - quelqu'en soit le coût social - et laBanque Centrale Européenne est sur la même longueur d'onde.L'élargissement de l'UE amène une grande dispersion et il n'ya plus de convergence sur le modèle social.

On a le sentiment que l'Europe a perdu sa focalisation surce qui a fait sa fierté et manque d'ambition dans ce domaine.

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

CLUJ

A quand un Astérix roumain ?

Il ne faut pas se faire trop d’illu-sions, la BD est loin d'être un phé-nomène ancré dans la culture rou-maine et est toujours décriée par lesenseignants - comme cela a étélongtemps le cas en France - quin'en distinguent que le côté réduc-teur par rapport aux livres… sans sepréoccuper cependant des ravagesfaits par la télévision.

Ainsi, les auteurs de BD réfléchis-sent longuement avant de se lancerdans l'aventure d'un album, dont lesuccès n'est garanti en rien.

Sans-doute est-ce là la principaleraison expliquant l'absence enRoumanie d'un personnage équiva-lent à Astérix, dans un pays où ilaurait toute sa place, où l'on estdébrouillard par nature, et où unObélix local, à la tête de ses Daces,n'aurait que le choix pour tomber"abraracourcix" sur ses "Romains"préférés, qui sont légion au paysdes Carpates : Turcs, Russes,Hongrois, Autrichiens ou commu-nistes…Pour la seconde fois, uneéquipe de cinq dessinateurs rou-mains doit assister au festival de labande dessinée d’Angoulême, à lafin du mois de janvier. Peut-êtrecette rencontre permettra-t-elle d’en-traîner le déclic donnant naissance àce genre de héros ?

Malgré son renouveau, la BD reste toujours marginale

Le magasin Carrefour “Orhideea” de Bucarest.

ValentinTanase, un des

meilleursdessinateurs

roumains.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Parutions

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2216

Actualité

Social

1,7 millions de Roumains travaillent à l'étranger, trois quarts bénéficiant d'uncontrat en bonne et due forme, un quart travaillant au noir. Dans l'ordredécroissant, les pays les plus prisés sont l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne,

Israël, la Hongrie, la Grèce, la Belgique et l'Autriche. Les trois premiers pays ont attiréa eux seuls nettement plus de la moitié des candidats au travail à l'étranger depuis ledébut des années 1990.

Ceux ci jugent qu'un emploi avec un contrat est important (41,7 % des personnesinterrogées par l'OMI, facteur suivi par la connaissance de la langue du pays d'accueil(31,2 %), une bonne qualification professionnelle (26,3 %), l'argent pour le voyage(22,6 %), la présence d'amis ou de connaissances sur place, 20,9%).

Leur plus grande crainte est d'être pris sans visa de séjour ou sans carte de travail(59,5 %), d'avoir des problèmes à leur retour dans le pays pour avoir effectuer desséjours irréguliers. Parmi les travailleurs interrogés, notamment en Belgique, beau-coup confondaient le fait de pouvoir séjourner dans un pays de l'UE trois mois sansvisa et la possibilité d'y travailler sans contrat.

D'après la Commission deBruxelles, le revenu par tête d'habi-tant en Roumanie se situe loin der-rière celui de la moyenne européen-ne, n'en représentant qu'un quart. LaCommission note également que lefossé s'élargit entre la capitale, où cerevenu est plus de deux fois supé-rieur à la moyenne nationale etatteint trois fois celui des régionspauvres, lesquelles se situent à àpeine un dixième de la moyenneeuropéenne.

Loin derrière l'UE

BUCAREST

ORADEA

BAIA

TIMISOARA

CLUJ

ARADTEIUS

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

TARGU-JIU

La Roumanie passée au scanner par quatre universitaires français et roumains

Les éditions Alvik viennent de publier un livre quipermet de se faire une solide idée de la Roumanied'aujourd'hui et d'hier, qui ne ressemble en rien à la

caricature proposée par les médias. Cette approche géopoli-tique est le fruit des regards croisés et de la collaboration dequatre universitaires français et roumains, le professeurJacques Barrat, l'académicien Dan Berindei, le professeurJean-Paul Bled et le chercheur Claudia Moisei qui travaillentensemble, depuis la chute de Ceausescu, à resserrer encore lesliens privilégiés qui unissent traditionnellement les deux pays.

Toute une partie de l'ouvrage évoque l'histoire difficile dela Roumanie, bastion avancé de la latinité à l'Est, située néan-moins au cœur de l'Europe, et qui a subi la pression desempires austro-hongrois, ottoman et russe. Les auteurs rappel-lent que, francophile et francophone depuis toujours, laRoumanie a été particulièrement prospère et brillante dansl'entre-deux-guerres. Ils soulignent son rôle de pont culturelnaturel entre l'Occident et l'Orient dans ce début du XXIesiècle, avant de s'attaquer au nombre considérable de défisqu'elle doit affronter afin de pouvoir adhérer à l'Unioneuropéenne en 2007, alors qu'elle doit effacer les séquelles de45 ans d'un marxisme particulièrement paranoïaque.

Sous la plume des quatre chercheurs, la Roumanie estpassée au scanner : agriculture, industrie, transports, banques,régions, minorités, religions, partis politiques, enseignement,médias, politique étrangère, etc… rien n'échappe à leur analy-se, et en fermant l'ouvrage, le lecteur peut s'estimer armé pouraller découvrir sur place la réalité du pays.

Ce qui ne sera pas inutile, car comme toute recherche,cette étude universitaire se révèle parfois livresque et n'ose pasaborder de front les problèmes qui font mal, ravageant lasociété, comme la corruption, trop vite évacuée par une for-mule indiquant que l'Etat a engagé contre elle une lutte réelle.

Le post-communisme, le pouvoir arrogant de la nouvellenomenklatura, l'origine de ses fortunes, est très peu abordé. Demême, il paraît un peu rapide de dire que le problème desminorités est en voie d'être résolu, à moins de ne pas prendreen compte le sort de la communauté tsigane. Il n'empêche, celivre se révèle précieux et sérieux . Il a d'ailleurs reçu le prixThorlet de l'Institut de France (Académie des SciencesMorales et Politiques).

Les auteurs:- Jacques Barrat : universitaire, professeur à Panthéon-

Assas Paris 2 et à l’ex Ecole Supérieure de Guerre; membrefondateur de la Fondation Titulescu, directeur de l’Institutfrançais de Bucarest (1999-2001), président français du Forumfranco-roumain, auteur de nombreux ouvrages.

- Dan Berindei : membre de l’Académie roumaine, prési-dent du Comité national des historiens roumains, présidentroumain du Forum franco-roumain, auteur d’une cinquantained’ouvrages.

- Jean-Paul Bled : universitaire, professeur à laSorbonne-Paris IV, spécialiste de l’histoire de l’Europe Centrale, direc-teur de la revue “Etudes danubiennes”, auteur des biographiesde François Jospeh (1987) et de Marie-Thérèse d’Autriche(2001).

- Claudia Moisei : universitaire, chargée de mission àParis III-Sorbonne nouvelle, chargée pendant huit ans de lacoopération technique et scientifique auprès de l’ambassade deFrance à Bucarest, auteur de nombreux articles sur la franco-phonie en Roumanie et les problèmes liés à l’adhésion de sonpays à l’UE.

Géopolitique de la Roumanie, Regards croisés par JacquesBarrat, Jean-Paul Bled, Dan Berindei, Claudia Moisei; préface duPrésident de l'Académie Roumaine Eugen Simion, (Editions Alvik).21 €, 352 pages

BOTOSANI

1,7 millions de Roumainstravaillent à l'étranger

La Documentation françaisepublie chaque mois "Le cour-rier des Pays de l'Est", consa-

cré à la vie politique, économique et de lasociété de cette partie du Vieux continent.De nombreux articles concernent laRoumanie, notamment sous la plumed'Edith Lhomel. En voici une sélectionportant sur ces deux dernières années:

Roumanie 2002-2003, EdithLhomel, n° 1036, juin-juillet 2003.

Roumanie-France. Vers une coopé-ration décentralisée exemplaire entrela région de Cluj et l'Auvergne ? EdithLhomel, n° 1035, mai 2003.

La préparation aux fonds structu-rels de l'UE. Les exemples de laPologne et de la Roumanie. François

Bafoil, Edith Lhomel, n° 1033, mars2003.

Firmes roumaines. Actionnariat etperformance dans la post-privatisa-tion. Jean-Claude Hulot, n° 1031, Janvier2003.

Michelin en Roumanie. Une opéra-tion réussie. Edith Lhomel, n° 1029,octobre 2002.

Roumanie. Un exemple de coopé-ration avec la France. Régis Vouaux-Massel, n° 1028, septembre 2002.

Roumanie. Des efforts qui appel-lent récompense. Edith Lhomel, n°1026, juin-juillet 2002.

Un chantier décisif. Le développe-ment régional dans les pays candidatsà l'Union Européenne. Edith Lhomel, n°

1024, avril 2002.Les systèmes bancaires bulgare et

roumain. Défis de la transformation.Stephan Barisitz, n° 1021, janvier 2002.

La vie associative. Les cas roumainet tchèque. Edith Lhomel, SandrineDevaux, n° 1019, octobre 2001.

Le numéro simple: 12,30 €; lenuméro double: 18,50 €; l'abonnementd'un an (10 numéros): France, 110 €,Europe, 117 €.

Commandes: www. ladocumenta-tionfrançaise.fr ; fax: 01 40 15 68 00

La Documentation française: 124 rueHenri Barbusse, 93 308 Aubervillierscédex

Renseignements: cpe@ladocumen-tationfrançaise.fr

La Roumanie dans "Le courrier des Pays de l'Est"

Trois cents femmes de ménage de Botosani, au service de diverses associa-tions de propriétaires de la ville, ont décidé de créer un syndicat afin dedéfendre leurs intérêts. Elles estiment être exploitées, travaillant dans des

conditions difficiles, particulièrement l'hiver, ne bénéficiant pas de primes d'ancien-neté, ne recevant parfois que la moitié du salaire minimum, et se voyant fréquemmentobligées de faire gratuitement le ménage chez les présidents d'associations, de viderles greniers, caves ou garages.

Femmes de ménage mécontentes

La classe aisée représente 10 %de la population urbaine,d'après une enquête réalisée

sur un an par un institut de recherche etportant sur 10 000 personnes de plus de18 ans. 48 % de ces Roumains sans sou-cis financiers ont entre 18 et 34 ans, lamoitié d'entre-eux ayant moins de 24 ans.29 % ont entre 35 et 44 ans. 47 % ont unniveau d'études secondaires, et 44 % d'é-tudes supérieures. S'ils sont 37 % à regar-der assidûment la télévision, 25 % lisentun quotidien national, 17 % la presse sati-rique et 13 % la presse économique. 50 %fument régulièrement (contre 37 % pour

l'ensemble des Roumains), 62 %consomment du vin bouché (41%), et99 % ont une voiture (31 %). 11 % vontau restaurant au moins une fois parsemaine (4 %), 18 % dans un fast-food(6%), 11 % dans des bars (3 %), et 11 %au cinéma au moins une fois par mois(4%). Cette classe est prête à payer pluspour la qualité, s'habille à la dernièremode, considère son emploi comme unecarrière et non comme un simple travail,se déclare contente de son niveau de vieet pense… que c'est beaucoup mieuxd'être riche, beau, jeune et bien portantque pauvre, laid, vieux et malade.

La classe aisée aime le vin et fume davantage

Le gouvernement a remis au syn-dicat CNSLR-Fratia (ConfédérationNationale des Syndicats Libres deRoumanie-Fraternité) une propriétéen plein Bucarest d'une superficie deprès de 9000 m2, comprenant, outreles bâtiments, trois terrains de tennis,une piste de danse en plein air, unparking, des espaces verts, afin d'youvrir un Institut d'Education etd'Etudes Syndicales.

La CNSLR-Fratia qui est créditéede 700 000 adhérents et est présidéepar Marius Petcu, est une véritablepépinière de cadres pour le PartiSocial Démocrate au pouvoir aveclequel il collabore. Deux de ses lea-ders sont devenus ministres lors dela formation du gouvernementNastase (Miron Mitrea, Transports,Construction et Tourisme, MarianSârbu, Relation avec les partenairessociaux), deux autres secrétairesd'Etat, plusieurs sont membres decabinets ministériels, et douze sontdéputés ou sénateurs PSD, dont lamoitié ont conservé leurs fonctionssyndicales.

Récompense gouvernementale

Ramasseurs de champignons recherchés en Espagne

Satisfaits des services des tra-vailleurs roumains engagéspour le ramassage des fraises,

depuis trois ans, les propriétaires agri-coles espagnols, qui s'apprêtent à lesréembaucher, ont décidé d'avoir égale-

ment recours à leurs compatriotes pourles champignons. 65 d'entre-eux ont étésélectionnés pour un contrat de neufmois, avec un salaire mensuel de 920 €(6000 F), logés-nourris, les frais de trans-port étant cependant à leur charge.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

2236

Littérature

MihailSadoveanu(1880-1961)

Ecrivain roumain né à Pascani enMoldavie. Il débute sa carrière littérai-re en 1904 pour la terminer un demi-siècle plus tard. Près de cent-vingtlivres ont été écrits par cet écrivainprolifique dont la plupart sont desromans historiques. Conteur dans lalignée de son grand prédécesseurmoldave Ion Creanga (1839-1889), ils'inspire aussi des chroniquesanciennes de Dimitri Cantemir (1673-1723) et de Ion Neculce (1672-1745)pour écrire ses nombreux ouvragesmettant bien souvent en scène laMoldavie. On trouve parmi ceux-làL'auberge d'Ancoutsa de 1928, Lesigne du cancer de 1929, une Vied'Etienne le Grand de 1934, la trilo-gie Les frères Jderi écrite entre 1935et 1943, etc. Le hachereau(Baltagul) de 1930, ouvrage danslequel il donne une suite à la célèbreballade roumaine Mioritsa, lui vaudraune grande notoriété dans le pays.

Sa collaboration avec le régimecommuniste après la seconde guerremondiale lui permettra d'occuper leposte de Président du Présidium de laGrande Assemblée Nationale à partirde 1948. Dès ce moment-là, sesromans s'inspirent du réalisme socia-liste. Ainsi Mitrea Cocor écrit en 1949.Il meurt en 1961 célébré par les auto-rités comme il l'avait déjà été avantguerre. Son œuvre, aujourd'hui, faitl'objet d'une réévaluation pour la sortirde l'interprétation que les commu-nistes en ont donnée.

Le lieu est superbe à proximité du monastère de Neamt dans le départementdu même nom en Moldavie du nord. Sadoveanu le présentait lui-mêmeainsi: "une nature charmante, à la lisière de vieilles forêts, au pied de la

montagne". Et il ajoutait aussi que "la paix de cette région s'installait dans l'âme deceux qui y vivaient". Sadoveanu ne vécut toutefois pas à Vovidenia. Mais il y passade nombreux étés durant la fin de sa vie. En 1947, l'Etat roumain avait mis à sa dis-position l'ermitage (schitul Vovidenia) construit quelques années plus tôt par VisarionPuiu, métropolite de Bucovine. Pour cause d'installation du régime communiste dansle pays, le bâtiment (une bâtisse somme toute confortable) avait été confisqué àl'Eglise orthodoxe. Condamné à mort par le tribunal populaire de Bucarest en février1946, le métropolite avait alors fait le choix de fuir la Roumanie nouvelle pour s'exi-ler en France où il devait mourir en 1964.

Le visiteur de Vovidenia est ainsi confronté lors deson parcours dans les lieux à une coexistence demémoires pour le moins contradictoire. En effet, l'er-mitage sert tout d'abord de casa memoriala (maisonmémoriale) à Visarion Puiu. Une salle lui est consacréeet une courte brochure rappelle que "le brave prélat aeu une attitude tranchante vis-à-vis de la nouvelleidéologie, défendant, au prix de son expulsion, ladignité de l'Eglise et du peuple roumain". Notons éga-lement, dans la biographie du "brave prélat" qu'il a étémétropolite de Transnistrie entre 1942 et 1944.

Triste époque pour une région entre Bug et Dniestrqui a été confiée par les Nazis à l'administration rou-maine pour être le lieu de déportation et d'extermina-tion des Juifs de Roumanie. Il est vrai qu'après 1942les déportations roumaines vers la Transnistrie ont en grande partie cessé mais biendes Juifs roumains, déjà sur place, ont dû rester dans les camps jusqu'en 1944. Quel adès lors été le rôle de ce métropolite dans cette région de souffrance ?

Le "maître" Sadoveanu célébré avec affection

L'ermitage abrite ensuite un musée Mihail Sadoveanu. Plusieurs pièces permet-tent de retrouver l'écrivain roumain dans quelques unes de ses attitudes favorites àVovidenia : le bureau où il écrivait, la bibliothèque où il accumulait les livres histo-riques, le salon où il prenait du repos, etc. Des objets aussi rappellent sa mémoire : unfusil, un chapeau, de nombreuses photos. Et puis il y a sa voix qui suit le visiteur avecla diffusion d'un de ses enregistrements. Au total, le "maître Sadoveanu" est célébréici avec affection et considération. Sa participation à la mise en place du communis-me dans le pays ne semble pas lui être reprochée. Il reste toujours, par le biais de lamême brochure mise à la disposition du visiteur, celui qui "par sa présence et par saplume a ennobli la maison et ses alentours".

Les deux hommes vivant aujourd'hui, et se retrouvant à Vovidenia par-delà l'his-toire mouvementée de leur pays, pourraient parler du calme des lieux et du charme decette bâtisse. Ils pourraient aussi se rappeler quelques souvenirs d'enfance puisquetous deux sont nés à Pascani à quelques mois de distance. Pour le reste, ils auraientpeut-être du mal à s'entendre sur le fond de leurs idées. A moins que l'âme roumainen'opère sur eux cette étrange alchimie dont semble être victimes les responsablesmuséographiques de Vovidenia … la conciliation des extrêmes.

Bernard Camboulives

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2217

SSociété

Bien que parrapport àl ' a n n é e

précédente, le nombred'accidents de la routeet de leurs victimes aitdiminué de près de10 %, la gravité deceux-ci semble s'ag-

graver, comme l'illustre une série d'entre-eux survenus à l'au-tomne. Près de Teius (Alba), huit jeunes entassés dans uneDacia et sortant d'une discothèque ont péri après que leur véhi-cule non éclairé, s'étant déporté à gauche et roulant trop vite,soit entré en collision frontale avec un TIR. Son conducteur,âgé de 20 ans, avait été verbalisé à quatre reprises pour excèsde vitesse, le mois précédent.

A Iratos (Arad), ce sont quatre autres jeunes de 20 à 23ans, revenant également de discothèque, qui ont perdu la vie.Leur véhicule, circulant à trop grande vitesse, est sorti d'unecourbe pour aller s'empaler sur le parapet d'un pont. Sur cetteroute peu passagère, les victimes n'ont été découvertes qu'aupetit matin, par un berger.

L’arrogance de la jeunesse dorée

Ces accidents mettent en évidence la dangerosité du com-portement de nombre de jeunes conducteurs. A un apprentis-sage de la conduite souvent insuffisant s'ajoute un comporte-ment où l'inconscience de l'âge se double d'arrogance. Pour l'é-norme majorité des jeunes, s'offrir une voiture demeure unrêve et seuls ceux issus de milieux aisés peuvent y accéder. Latentation d'étaler sa supériorité devant les autres et de brilleraux yeux des filles est grande. Cela se traduit par des prises derisques énormes et par le mépris des autres conducteurs : rienn'est plus dangereux sur les routes roumaines que d'être dou-blé ou de croiser une grosse cylindrée, notamment les 4x4bardés de pare-chocs rutilants, où ont pris place des spécimensde cette jeunesse dorée. Par ailleurs, sortir en boite et en voi-ture, est un phénomène relativement récent dont les autoritéset les familles n'ont pas pris toute la mesure.

Le triple de voitures et le double de permis depuis 1990

Toutefois, les accidents causant de nombreuses victimesne sont pas le seul fait des jeunes. Il arrive que des mini-buschargés de passagers, l'un des moyens de transport en communles plus usités, s'écrasent contre un arbre. Sept policiers sontmorts en octobre, à la suite de collisions frontales. A Botosani,le chauffeur d'une voiture de la prison, roulant à gauche et sousl'emprise de la boisson, a tué six personnes. Près de Timisoara,

cinq personnes sont mortes et quatre autres blessées griève-ment, après que leur voiture se soit encastrée dans un arbre.

L'état des routes, des véhicules, la vitesse, peuvent êtreinvoqués pour expliquer globalement ce phénomène. Mais ilfaut aussi y ajouter le fait que l'essence est extrêmement chèreet que se déplacer en voiture est encore un privilège enRoumanie, ce qui explique que celles-ci soient parfoisbondées, alourdissant le bilan.

Pourtant, bien que le nombre de véhicules ait triplé depuis1990 et celui des permis de conduire doublé, le nombre d'ac-cidents est en régression. A l'époque, il était de 9700 annuelle-ment, faisant 3800 morts et 6100 blessés graves.

Les autorités ont décidé cependant de réagir, en signali-sant mieux les zones dangereuses des routes nationales, en leséquipant de dispositifs visant à ralentir la vitesse et en instal-lant des glissières de sécurité là où se produisent les collisionsfrontales, les plus meurtrières. L'entrée dans le pays de véhi-cules en mauvais état sera interdite, des écoles d'apprentissagede la conduite créée où l'examen se fera par ordinateur, pourcouper court à la tentation de "spaga" (pôt de vin).

Par ailleurs, le système d'amendes devrait être révisé, enmars, pour être remplacé par une cotation des infractions parpoints, le minimum, un point, correspondant à 10 % du salai-re brut (750 000 lei, 20 €, 130 F), le maximum pouvant arri-ver à 25 millions de lei (600 €, 4000 F).

Prêtres, instituteurs et journalistes appelés à la rescousse

Devant le nombre d'accidents graves ayant endeuillé sonjudet (11 morts en plus en 2003, bien que l'on ait enregistré 25accidents en moins), le chef de la Sécurité routière deTimisoara a décidé de ne pas attendre l'application de cesmesures. Il a mobilisé les prêtres pour qu'ils appellent à la pru-dence dans leurs sermons du dimanche, particulièrement à lacampagne, et s'est tourné vers les enseignants pour qu'ils fas-sent de la sensibilisation.

Enfin, pour que les contraventions ne soient pluscontestées, il a décidé de faire effectuer des contrôles à partirde voitures banalisées dans lesquelles prendraient place desjournalistes filmant les contrevenants, certaines séquencesétant susceptibles d'être montrées à la télévision commeexemple négatif de comportement.

L'ermitage de Vovidenia témoin des ambiguïtés idéologiques roumaines

PLOIESTI

Le "brave" prélat ennemi des "Rouges"et le romancier du réalisme socialiste

PASCANI

Evénements Revenant d'une discothèque, huit jeunes entassés dans une Dacia se tuent près d'Alba Iulia

Moins nombreux, les accidents de la route se font plus meurtriers

Excédé d'être arrêté et verbalisé sans arrêt par le seulpolicier en fonction dans sa commune, lorsqu'ilpart ou revient d'une course, un chauffeur de taxi

du judet de Gorj a été déposé plainte auprès du commissariatprincipal de Târgu Jiu… pour harcèlement policier.

Harcèlement policier

Mgr Visarion Puiu

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Devenu plus sage avec l'âge, c'est sa vigne qui se met àjouer le rôle essentiel dans sa vie. Et c'est d'ailleurs en elle queréside le fameux secret de longue vie que Manole va accepterde livrer au jeune juge avant son départ; départ vers une affec-tation lointaine provoqué par la jalousie des autorités localesdevant la complicité des deux hommes.

Une vision idyllique de la société rurale rêvée

La description du travail sur la propriété et dans le cellierde Maître Manole est un des moments forts de ce roman. Si leboyard n'est pas parvenu, à son retour de Paris, à transformerla société moldave, il réussit tout de même, par la suite, à créerun monde plein d'harmonie sur ses propres terres; l'occasionpour N. D. Cocea de préciser quelque peu sa perception de ceque devrait être l'ordre social par le biais d'un socialisme uto-pique: "Et dans la lumière spectrale du jour filtré à travers lesbranches, exactement comme sur une scène de théâtre, desfiles de jeunes gens et de jeunes filles, portant sur leursépaules des paniers bien remplis, descendaient en chantantvers les bâtiments à notre gauche… Là, par une porte gigan-tesque, vraie porte de ville fortifiée, avec ses deux battants enchêne massif garnis de ferrures, et largement ouverte sur lescôtés, j'aperçus un village entier au travail. Des jeunes fillesrieuses passaient les corbeilles aux garçons. Ceux-ci, à leurtour, juchés sur des escabeaux improvisés, les vidaient danstrois pressoirs, de chacun quatre mètres de long, installés entravers du cellier. Les paniers vides volaient dans l'air, accom-pagnés de cris et de plaisanteries lestes… Cependant que,dans les trois énormes pressoirs, filles et femmes, robestroussées dans la ceinture et montrant leurs cuisses jusqu'auxhanches, écrasaient les grains en rythme, tantôt lent et coulé,tantôt saccadé et rapide, suivant la mesure de la danse… Lecellier grondait et vibrait sur ses bases. Il flottait dans l'air deseffluves, à la fois doux et âcres, enivrants et irritants, de fruitfoulé, de sueur et de femme".

Le fameux secret de longévité

Et c'est dans ce lieu magique que, quelques années plustôt, s'est opérée l'alchimie conduisant à la production du vin delongue vie (le fameux secret de longévité) que le vieillard pro-pose alors au jugement de son jeune disciple : "un Cotnari delongue vie dans un flacon dont l'intérieur était couleur derouille et l'extérieur revêtu d'une chape de sable durci… Un

Cotnari blanc qui pourtant, dans la coupe de cristal, sous l'é-clat des bougies, avait des reflets de pourpre et de sang". Lejeune juge apprend ainsi que ce vin résulte de l'amour pas-sionné que Maître Manole accomplit dans un des pressoirs deson cellier avec une jeune tsigane dont il s'était violemmentépris. Parvenu à ses fins, le boyard n'aura de cesse de respirersur le corps de la jeune Rada "l'arôme de sa chair tout impré-gnée de cette fragrance de basilic qu'ont les grappes foulées".

Le cellier sera devenu pour l'occasion "une crypte et unealcôve où ne s'entendaient alors que le suintement monotonedu vin et un murmure ininterrompu de mots sans suite, de chu-chotements dénués de sens". La fin tragique de la jeune tziga-ne ajoutera la mort à ce chant élégiaque pour la vie, l'amour,les sens et la pensée la plus élevée qu'est Le Vin de longue devie de N. D Cocea; mort sans laquelle, semble vouloir nousdire in fine l'auteur, la vie et tout le reste n'auraient assurémentpas la même valeur.

L'influence des "bonjouristes", revenus de Paris

Les éléments autobiographiques ne manquent pas dans cepremier roman (ou longue nouvelle) de N. D. Cocea. En effet,né en 1880 à Bârlad, près de Iasi en Moldavie, dans une famil-le de petite noblesse provinciale, Cocea a lui-même fait levoyage à Paris pour y étudier le droit. Le monde occidentals'apprêtait alors à changer de siècle et le jeune homme entraitdans sa vingtième année. Nul doute qu'à ce moment-là sapensée s'est tournée vers ses prédécesseurs roumains ayantvécu et étudié un temps à Paris, tels les bonjouristes qu'il meten scène dans son texte par l'intermédiaire de Maître Manole.

Jean de Palacio, traducteur du Vin de longue vie, précisedans une note ajoutée qu'il a traduit ce terme par le mot libéralet que ces bonjouristes sont de jeunes aristocrates revenus d'unséjour en France tout imbus d'idées libérales et progressistes(notamment ceux marqués par la révolution française de1848). Comme ils avaient conservé de leurs voyages l'habitu-de de saluer en disant "bonjour", ce nom leur est resté. Sansavoir donc appartenu à cette génération romantique des bon-jouristes, Cocea se plaît toutefois à la faire revivre et à en rap-peler combien les idéaux restent en 1931, selon lui, trèsaudibles.

Bernard CamboulivesN. D. Cocea, Le Vin de longue vie (Vinul de viatà lungà), Le

Serpent à Plumes, 2000. Traduit du roumain avec une postface parJean de Palacio. 150 pages, 5,34 euros.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2218

SSociété

Après les enfants abandonnés, les enfants des rues, un nouveau feuilleton -hélas réel et dont la Roumanie se serait bien passé - est venu alimenter, enoctobre-novembre, la chronique de l'enfance malheureuse, choquant

nombre de Roumains : les "enfants-esclaves", ces enfants que leurs parents louent ouvendent pour une bouchée de pain et un cochon pour Noël à des "patrons" qui les met-tent au travail et qui, de ce fait, leur font abandonner l'école. Ce phénomène touche lesfamilles très pauvres, désintégrées ou marginales, et particulièrement la Moldavie,région la plus déshéritée du pays. Dans son numéro 20, "Les Nouvelles ” avaient déjàsoulevé le problème, mais, ironie du sort, il s'agissait du cas d'enfants de Républiquemoldave, envoyés travailler dans la Moldavie roumaine, plus riche…

Le cas de Cristina, 8 ans, a révolté les consciences. La fillette, originaire du judetde Teleorman (Alexandria) avait été vendue à une famille de Tsiganes par sa mère etson concubin, en 1999, à l'âge de 4 ans, pour unmillion de lei de l'époque (75 €, 500 F). Elle avaitété immédiatement envoyée mendier dans les bus etle métro de la capitale. Cristina a été récupérée parla police, dans un état physique épouvantable - il luimanquait une partie du mollet, comme si on avaitvoulu l'estropier - et profondément traumatisée.Elle a été confiée aux services sociaux. Sa mère estsuspectée 'avoir vendue deux autres enfant

Loués pour 5 euros par mois

Le scandale des "enfants esclaves" a éclatédébut novembre, quand un adolescent de 13 ans aété hospitalisé dans un état grave, dans le judet deGeorgiu. Venant du judet de Iasi, il avait été louépar ses parents, ainsi que son frère, âgé de 12 ans, àun fermier du village de Gostin, pour 600 000 lei(15 €, 100 F) par mois et une "avance" de 100 000 lei (2,5 €, 16,50 F). Les deuxfrères s'occupaient de la porcherie et travaillaient 14 heures par jour. L'enquête déclen-chée aboutissait à la découverte de 47 familles employant des enfants d'âge scolaire,dont 19 venant des judets moldaves de Iasi, Neamt et Vaslui.

A la même époque, une autre affaire défrayait la chronique. Habitant une masu-re, à quelques mètres seulement du célèbre monastère Hadambu (Iasi), une mère avaitloué ses trois enfants, de 14, 10 et 7 ans, à différents voisins, pour 200 000 lei chacunpar mois et un morceau de fromage - remplacés souvent par des bouteilles de tsuica etde la mamaliga - afin qu'ils gardent vaches et moutons. Bien qu'ils aient abandonnél'école, leurs absences n'étaient pas signalés sur les registres. Questionnée par les jour-nalistes, la mère s'est justifiée en disant qu'elle vivait seule, son mari étant mort, qu'el-le devait élever neuf enfants, personne ne l'aidant. Puis, elle a indiqué qu'elle allaitdemander 500 000 lei au "patron" de l'aîné "qui était devenu presque un homme".

L'adjoint au chef de la police du judet a déclaré que ce cas n'était pas le seul, etétait révélateur de ce qui pouvait se passer dans le milieu rural de toute la Moldavie,confirmant que les enfants victimes n'étaient pas le plus souvent déclarés absents del'école - ce qui ne permettait pas de les repérer - afin que les parents puissent conti-nuer à bénéficier des allocations familiales. Pour prévenir ces pratiques, le Conseil dujudet de Iasi a décidé de faire répertorier toutes les familles nécessiteuses du départe-ment et de mettre en place une surveillance de la scolarisation de leurs enfants.

D'après l'Institut National deRecherche Scientifique, sur lesquatre millions d'enfants entre 5 et17 ans que compte la Roumanie,20 % travaillent et peuvent êtreconsidérés comme faisant partie ducircuit économique.

Ce pourcentage passe même à60 %, si les enfants amenés à fairedes tâches ménagères ou à aiderleurs parents sont pris en compte.

Le phénomène est naturellementbeaucoup plus accentué en milieurural et il peut conduire à l'abandondu cycle scolaire, les parents préfé-rant parfois envoyer leurs enfantstravailler pour ramener quelques leiet améliorer les maigres revenus dela famille.

D'après les chercheurs del'Institut, cette pratique est à mettresur le compte de l'extrême pauvreté,et non sur un désintérêt de leursenfants par les parents ou une quel-conque maltraitance, et ne peutprendre fin qu'avec la disparition decelle-ci.

La situation est beaucoup plusgrave pour les enfants tsiganes,notamment en ville, où des famillesn'hésitent pas à les envoyer mendier,dès leur plus jeune âge, et les filles àse prostituer quand elles sont ado-lescentes.

Le code du travail roumain prévoitqu'un enfant ne peut travailler qu'àpartir de 15 ans, avec l'autorisationde ses parents, et peut se passer deleur accord dès qu'il a atteint ses 16ans. Les contrevenants encourrentdes peines de prison.

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

ALEXANDRIA

A quatre ans, vendue par ses parentsà des Tsiganes et envoyée mendier

dans le métro de BucarestEvénements

Les Roumains stupéfaits à la découverte d'enfants esclaves

Un enfant sur cinq travaille

Le 26 novembre, à la Cité de lamusique, à Paris, on est venuen famille entendre la fanfare

d'enfants roumains Rotaria. AlexandraCantea, dix ans, joue de son tambourd'enfant avec un sérieux confondant.Comme si la réussite du concert reposaitsur les épaules de ce garçon, fils deCristinel Cantea, un des meilleurs trom-pettistes de la Moldavie centrale. La fan-

fare, dix garçons et deux filles, comptetrois trompettes, un tambour, quatre clari-nettes, un tuba, un hélicon, une flûte.Agés de 10 à 17 ans, ces enfants sontpour la plupart issus de familles où lamusique est une tradition. Mais c'est lapremière fois qu'ils se produisaient dansune aussi grande salle, à l'occasion dufestival des musiques des Balkans. Lesjeunes Roumains ont atterri à Paris la

veille de leur spectacle, pour répéter aus-sitôt. Ils étaient partis à l'aube de Vasluipour rejoindre en bus Bucarest, située à230 km. L'enjeu pour eux est de perpé-tuer une tradition populaire menacée dedisparition depuis les années 1990 par ladiminution des fêtes de mariage, sur fondde crise économique. Mais aussi par l'at-trait pour les musiques occidentales et laconcurrence des synthétiseurs.

Des enfants en fanfare pour perpétuer la tradition

VASLUIP. NEAMT

Musique

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

34

S'il s'inspire lui aussi de sa province natale, la Moldavie, l'écrivain NicolaeDimitri Cocea n'en tire toutefois pas le même suc littéraire que son contem-porain Sadoveanu ou même qu'un autre de ses contemporains, Ibraileanu, à

qui une vision utopique de la société le rapproche toutefois par certains aspects intel-lectuels. Avec son roman principal, écrit comme Ibraileanu sur le tard de sa vie, Cocease révèle assurément peu ancré dans la tradition du "spécifique roumain paysan" àlaquelle sont plus attachés les deux autres auteurs moldaves. En effet, et bien que res-tant très lié affectivement à la Moldavie, il ne manque pas, avec ce Vin de longue vieécrit en 1931, de remettre en question les bases intellectuelles du roumanisme ambiantde l'époque.

Cocea met en scène comme principal personnage un vieillard, Maître ManoleArcasch, que les personnalités locales se plaisent à présenter comme "un vieillard dequelque quatre-vingt-dix ans, propriétaire de vignobles dans la région, immensémentriche mais vivant comme un ours, hargneux, revêche, bizarre, simple, le timbre un peufêlé…". Un jeune juge auxiliaire, fraîchement débarqué dans cette province deCotnari, près de Iasi, où se déroule le roman, va rencontrer le boyard en question etdécouvrir une réalité toute autre avec, à la clef, un secret quant aux raisons de la longé-vité de Maître Manole Arcasch.

"J'ai pleinement goûté la vie, du moment que j'en ai extirpé Dieu"

Lorsque les deux hommes, le vieillard et le juge auxiliaire, se rencontrent dans lacampagne sur un poème de Baudelaire (le nouveau venu est un lecteur passionné desFleurs du mal qu'il emporte toujours dans ses promenades), le plus jeune des deuxobserve avec stupéfaction combien son interlocuteur sent la poésie moderne et com-bien "à cet âge, il a dans les yeux, dans la voix, dans la souplesse du corps, une jeu-nesse qui fait honte à ma génération désenchantée et lasse". Dès lors, plus rien ne letracassera autant que de savoir les raisons de cet état de jeunesse chez un vieillard deplus de quatre-vingt-dix ans.

Une première explication est donnée par Maître Manole Arcasch devant l'insis-tance des questions du jeune homme : "Je me suis gardé des sots comme de la peste",lui avoue alors le vieillard. Et, de fait, le vieil homme ne regagne jamais l'arrière-sallede l'auberge du père Anghel où se retrouvent régulièrement, deux fois par jour, les per-sonnalités médisantes que sont le greffier, l'archiviste, le juge, le maire, le fonction-naire de police et le médecin. A ceux-là, Manole préfère l'observation de la nature et"écouter chanter les grillons sous l'éclat innombrable des étoiles".

A la question portant sur Dieu, ensuite, le vieillard est tout autant affirmatif : "J'aipleinement goûté la vie, du moment que j'en ai extirpé Dieu". Les ancêtres, peut-être,se demande alors le juge, peuvent jouer un rôle dans la longévité ? Mais là encoreMaître Manole est sans détours : "Qui peut naître du ventre d'une femme sans parentsqui eurent à leur tour des parents? Et pourquoi te croire pour autant issu de la cuis-se de Jupiter ?".

Au total, le boyard se démarque nettement de son environnement par sa manièrede penser. Sa nature d'artiste lui fait préférer les chansons, les couleurs, les parfums,les femmes et la poésie plutôt qu'un relatif pouvoir sur les hommes. Dans sa jeunessepourtant, il avait tenté de s'affronter à l'ordre social incarné par son père pour imposersa vision du monde. De retour de Paris, après les événements de 1848, il avait voulutout chambouler en Moldavie (abolir le servage des Tsiganes, distribuer la terre et don-ner la liberté aux paysans, etc.). Son père lui avait alors fait faire un petit détour parle monastère de Neamt ou il avait dû s'abîmer en prières pour se calmer.

Littérature

Comme le jeune juge, principalinterlocuteur du héros du Vin delongue vie, Cocea a lui aussi étéjuge de paix et lui aussi a rencontrébien des difficultés avec ses autoritésde tutelle pour sa liberté de pensée.Militant socialiste, il goûtera même àla prison pour ses prises de positiondans la presse socialiste et ouvrièreet pour ses activités (en 1907, il estnotamment présent au congrès socia-liste de Stuttgart).

En 1920, il est élu député et durantquelques années il dirige ou collaboreà de nombreux journaux (directeurentre autres de “Viata socialà” (LaVie sociale). Cet engagement l'amèneà se faire une réputation de polémisteet de pamphlétaire redouté.Dreyfusard lors de son passage enFrance, il est antimonarchiste enRoumanie.

Durant la première guerre mondia-le il est un farouche partisan del'Entente (formée de la France,l'Angleterre et la Russie) et se réfu-giera à Iasi lorsque Bucarest et lepays, à l'exception de la Moldavie,seront occupés par l'armée alleman-de. Il gagnera ensuite Petrograd, lacapitale russe passée aux mains desrévolutionnaires.

Son œuvre littéraire date essentiel-lement des années 30 qui s'ouvrentpour lui avec le succès de ce Vin delongue vie (Vinul de viatà lungà).Trois romans suivront entre 1933 et1936 qui ne connaîtront pas le mêmeaccueil, la critique jugeant trop lestel'érotisme déployé alors par Cocea. Ilpoursuit, par ailleurs, son activité jour-nalistique puisqu'il est directeur de1944 à 1946 du journal “Victoria” (LaVictoire). Il meurt en 1949.

Dreyfusard et antimonarchiste

Marina est institutrice dans une petite communedu judet de Iasi. Cette femme sensible de 48 ans,mariée à Ionel, 51 ans, vétérinaire dans un abat-

toir public, souffre de voir la pauvreté dans laquelle grandis-sent nombre de ses élèves et entreprend beaucoup pour lesaider : ici, un goûter offert, là des cours particuliers bénévolesou des interventions auprès de parents pour atténuer la lour-deur des tâches demandées aux enfants.

L'enseignante aimerait pour eux un autre avenir que celuide son fils, Florin, 24 ans et de sa fille, Corina, 22 ans, exilésaux USA depuis deux ans, à la faveur d'un travail d'été et quine sont pas revenus, faute de perspectives sur place. Touchéedans son cœur de mère, Marina ne veut pas se cacher la réalitéde l'enfance dans sa région. Elle a répondu aux questions deHenri Gillet.

"Pas beaucoup de temps pour jouer"

- Henri Gillet : Qu'en est-il de la réalité des enfants quitravaillent ?

- Marina : A la campagne, ils commencent dès l'âge de 7-8 ans. Ils gardent les moutons, soignent le bétail, balaient l'é-table, sortent le fumier. Aux beaux jours, ils surveillent lestroupeaux, ce qu'ils aiment parce qu'ils se sentent en liberté. Ilss'arrangent pour se retrouver à trois ou quatre copains dans lescollines. Les meilleurs emmènent parfois un livre et décou-vrent Sadoveanu ou Rebreanu. Leurs parents les envoientaussi chercher, couper et débarder le bois. Ils doivent égale-ment planter et récolter les pommes de terre. Les garçons fau-chent et les filles ramassent le foin. Pendant les vacances d'été,ils sont requis pour les travaux agricoles.

A la maison, les filles font les travaux ménagers, la cuisi-ne, la lessive, le raccommodage. Elles doivent éplucher lemaïs pour nourrir le bétail, ce qui est dur et long et prend plu-sieurs semaines. On les envoie aussi sur le marché, parfoistous les jours, pour vendre le lait ou bien elles vont ramasserframboises, fraises des bois, champignons qu'elles proposentaux automobilistes sur le bord de la route.

- Quelle est leur vie d'enfant ?- Il se lèvent à 6 heures le matin, surtout ceux dont les

parents sont partis travailler à l'étranger et dont les plus grands,devenus chefs de famille, s'occupent. Ils leur faut survivre,s'occuper des animaux, des récoltes. Je les reconnais à leursmains calleuses. Ils sont fatigués, ne dorment pas assez. Je lesvois bailler. Je leur demande : "Tu as regardé la télé tard, hiersoir?" et ils me répondent "Non, j'étais avec papa à traire lesvaches jusqu'à minuit". Ils se montent aussi très agités, ner-veux, désorientés par leurs conditions de vie. Ils crient beau-coup à la récréation.

Chez eux, ils n'ont pas beaucoup de temps pour jouer. Aucours d’une classe, un jour, je leur ai posé la question: "Queferiez-vous si vous étiez naufragé sur une île déserte?", l'unm'a répondu: "J'aimerais jouer".

- L'école les change-telle ?- C'est un peu une soupape de sécurité. Ils y redeviennent

des enfants. A la récréation, garçons et filles mélangées, ils yfont du foot ou jouent à l'élastique. En classe, ils sont pleins debonne volonté mais ils n'ont pas confiance en eux. Ils font bienles exercices si on est derrière leur dos, mais pas s'ils sontseuls. Pour cela, je donne peu de devoirs à la maison, car seu-lement la moitié les font, sauf si je brandis la menace de puni-tions. J'ai noté que ceux qui les font, travaillent bien à la fois àla maison et à l'école.

"Dès l'âge de dix ou douze ans, l'avenir… c'est partir à l'étranger"

- Comment considèrent-ils les enseignants ?- On est regardés comme un rouage de l'autorité, qui impo-

se son pouvoir, et l'enseignement est considéré, aussi bien parles enfants que les parents, comme une obligation et non unepromotion, une libération.

Cette distance est encore plus marquée avec les jeunesenseignants qui ont reçu une formation théorique et nonhumaine. Beaucoup d'enfants de la campagne sont blessésquand ils entrent au lycée par les propos de professeurs quileur font honte devant la classe en les traitant de "Tarani" ou"paure" (paysans ou "ploucs").

- Comment voient-ils l'avenir ?- Dès l'âge de dix ou douze ans, l'avenir c'est faire comme

la moitié du village : partir travailler à l'étranger., en Europeoccidenatale, surtout en Italie ou en Espagne, où sont déjàleurs parents; les USA font un peu peur, c'est l'inconnu. Avant,quand la femme du pope demandait "qui veut devenir prêtre?",la moitié des mains se levaient… maintenant, il n'y en a plusune seule.

-Quelles sont vos relations avec les parents à problèmes?- Pour éviter l'absentéisme et le travail des enfants à la

ferme, un contrôle des présence est effectué. En début d'année,un carnet à souche est remis aux parents, avec des bons pourpercevoir les allocations familiales, que le professeur principaldoit signer chaque mois, le directeur apposant son cachet.

Le maximum d'absence autorisé est de dix heures ou unjour par mois, ou trois jours par semestre. Un registre est tenuà la disposition des autorités. Mais des médecins délivrent descertificats médicaux de complaisance pour 100 000 lei (2,5 €,16,50 F) de pourboire ou les enfants viennent pleurer devantleurs profs.

En ville, dans les lycées, les professeurs demandent auxfamilles de contribuer à l'entretien des classes, pour repeindreles murs, acheter du matériel. Il leur faut verser 500 000 lei ouplus. Si elles n'ont pas d'argent, elles empruntent auprès deleurs proches car ne pas participer est très mal vu : l'enfant sesent exclu du groupe et ses notes peuvent s'en ressentir, tom-bant parfois de 9 sur 10, à 7…

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2219

SSociété

BUCAREST

ORADEABAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJ

La rencontre d'un vieux boyard philosophe et d'un jeune juge

dans le vignoble de CotnariBARLAD

ALBA IULIA

Evénements Marina, institutrice en Moldavie: "Je reconnaisles élèves qui travaillent à leurs mains calleuses"

Le Vin de longue vie de N. D. Cocea (1880-1941)

COTNARI

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2233

SSociété

L'administration de la chambre des députés, ancienpalais de Ceausescu, a constaté la disparition dequelques 2461 bouteilles de vin, de cognac et

vieille tsuica datant des années 1970, provenant des réservesdu dictateur et stockées dans les caves du bâtiment. Elle vou-lait vérifier leur état de conservation, envisageant de les mettreen vente auprès de réseaux de collectionneurs où elle se négo-cient entre 50 et 100 € l'unité, de les donner comme cadeau duprotocole… ou bien, si leur qualité s'était altérée, de les pro-poser au restaurant de la Chambre.

Une enquête a conclu que leur contenu avait été versé dansles égouts, à la suite d'une décision d'une sous-commission, en2002. Le service du protocole avait déclaré alors que leuremballage, fait de velours s'était abîmé, et deux barmen de laChambre, détachés comme expert avaient décrété que les vinss'étaient oxydés, les eaux de vie avaient perdu leurs degrésd'alcool, à cause de la mauvaise qualité des bouchons. Le rap-porteur n'a toutefois pas répondu clairement à l'allusion d'unjournaliste demandant si ces liquides n'avaient pas pris plutôtle chemin des gosiers des membres de la sous-commission.

Les bouteilles de vin et de cognac de Ceausescu ont disparu

Insolite

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2220

SSociété

Le quotidien "Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a recueilli letémoignage d'un Roumain établi depuis de très longues années à New-York. Gabriel Teodorescu, consultant dans une grande agence de tourisme,

est habitué à voyager pour sa profession, notamment en Europe, et ne s'étonne plus d'yrencontrer dans les capitales ou grandes villes, des escouades de Tsiganes mendiants.

Mais quelle ne fut pas sa surprise, cet été, de découvrir sur la prestigieuseCinquième Avenue de Manhattan, une vieille femme, enveloppée dans ses jupes, unchâle usé sur la tête, s'appuyant sur une canne et tendant de l'autre main un gobelet enplastique pour recevoir l'aumône ! Sa présence sur l'une des artères les plus huppéesdu monde, où se côtoient les plus grandes enseignes du luxe, provoqua les commen-taires de touristes étrangers, dugenre "On ne savait pas qu'il y avaittant de misère en Amérique". Lamendiante s'était postée devant lemagasin Rollex et quémandaitauprès des passants pressés, dans unmélange d'anglais et de roumain :"Pliz, help, maica, si pe mine !" (S'ilte plait, je t'en prie, aide-moi !").

Entre 50 et 80 dollars par jour

Pensant qu'il s'agissait d'un simple hasard, Gabriel Teodorescu, a voulu cependanten avoir le cœur net. Deux jours plus tard, il décidait de descendre la CinquièmeAvenue, de la 59 ème Rue à la 36 ème. Et là, stupéfaction, à presque chaque intersec-tion, il découvrait soit un Tsigane estropié, soit encore une vieille femme éteinte, soitencore une jeune avec un bébé dans les bras… tous tendant la main.

En observant de plus près, il remarquait que tous ces mendiants avaient été posi-tionnés de manière experte par une femme qui les dirigeait, à proximité de lieux straté-giques : banques, magasins de luxe, cathédrale Saint-Patrick. S'adressant à une femmeavec son enfant pour tenter de la convaincre d'arrêter cette pratique qui lui faisait ris-quer la prison, il se heurtait à son incompréhension. Le lendemain, il la retrouvait aumême endroit, sans son bébé qu'elle déclarait avoir prêté à sa sœur.

L'année passée, le FBI avait arrêté quelques hommes qui avaient réussi à faireentrer plusieurs Tsiganes de Roumanie pour les faire mendier. A cette occasion, sesinspecteurs avaient appris qu'ils gagnaient ainsi chacun 50 à 80 $ par jour (300 à500 F), rapportant quotidiennement au patron du réseau 300-400 $ (2000-2600 F), ettravaillaient cinq jours par semaine.

Des mendiants tsiganessur la Cinquième Avenue

Evénements

Plusieurs prostituées de Cluj sesont reconverties, abandonnant letrottoir pour la scène. Après avoirpassé des petites annonces dans unhebdomadaire, elles ont ouvert unthéâtre érotique de poche dans unappartement. Là, elles interprètentdes scènes de sexe "live", principale-ment avec des femmes mais aussiavec des hommes. Les spectateurspeuvent demander à participer auspectacle et influer sur le scénario.

La modeste salle est comble - ilfaut réserver par téléphone - et lesactrices assurent deux ou trois repré-sentations par jour. Le prix du billetest de 35 € (235 F), avec un supplé-ment de 15 € (100 F) pour celui quisouhaite s'impliquer dans le show.

Du trottoir à la scène

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

GALATI

SUCEAVA

PITESTI

CLUJ

BRAILA

CRAIOVA

La mairie de Sfântu Gheorghe (département à majoritémagyare de Covasna) a décidé de ne plus distribuerles allocations d'aide sociale à ses guichets, leurs

bénéficiaires étant invités à retirer leur montant aux distributeursde billets des banques, lesquels sont pris d'assaut le jour où ellessont versées. Premiers concernés par ces aides, les Tsiganes doi-vent se familiariser avec l'usage des "bancomat" qu'ils n'ont pasl'habitude d'utiliser. Pour être sûrs de ne pas oublier leur codesecret, nombre d'entre eux se le sont fait tatouer sur l'avant-bras,lançant une véritable mode dans leur communauté.

Tatouage bancaire

Manque de chanceDeux frères du village de Popesti,

après avoir arrosé plus que de raisonleur soirée, ont décidé de cambriolerla pharmacie. Pénétrant dans sacour, ils ont cassé un carreau, l'un sehissant dans l'officine par la fenêtretandis que l'autre faisait le guet.

C'était sans compter sur le policierde service qui effectuait sa ronde. Asa vue, le guetteur, effrayé, s'en-fuyait. Le policier n'aurait rien remar-qué de particulier, s'il n'avait entenduune voix l'interpellant: "Prends les!"…Et de tendre les bras, et de recevoirun écran d'ordinateur, suivi de l'unitécentrale, du clavier, d'une caméra…et d'une paire d'Adidas. La moissonlui paraissant satisfaisante, l'appren-ti-cambioleur réapparaissait par lafenêtre, se laissant tomber dans lacouse en se félicitant de son butin…jusqu'à ce qu'une paire de menottesle fasse revenir sur terre.

Des propos du Premierministres, fin novembre,laissant entendre qu'il fallait

donner un tour de vis aux facilités de cré-dit pour éviter un dérapage monétaire etdes risques accrus d'inflation poussés parune trop grande consommation, ontentraîné la propagation d'une rumeur,selon laquelle celui-ci serait strictementencadré à partir du 1er janvier.

Du coup, d'immenses queues se sontformées devant certains magasins, sur-

tout d'électro-ménagers, en fin d'année,notamment dans la capitale, les clientsattendant jusqu'à trois heures dehors. Lesuns anticipaient l'achat d'un téléviseurqu'ils n'avaient pas les moyens de s'offrircomptant, les autres, un réfrigérateur ouun cassetophone.

Une future mariée, voulant équiperson ménage, patientait, en compagnie desa mère, avec l'intention de commanderun fer à repasser, un aspirateur, une gazi-nière, et un robot de cuisine.

Une rumeur provoque des queues devant les magasins

Le comte Ottomar Rodolphe Vlad Dracula, prince Kretulescu, plus connu sous lenom de "Comte Dracula" a obtenu un titre supplémentaire dans sa région deBrandebourg, en Allemagne, en se faisant élire conseiller municipal de

Schenkendorf, sous l'étiquette FDP (libérale). Se disant descendant de Vlad Tepes, mort en1457, dont le personnage de Dracula est inspiré, le comte s'appelle en fait Ottomar Berbiget est un simple pâtissier d'origine berlinoise. Il a ouvert depuis un restaurant spécialisédans la cuisine médiévale et organise fréquemment des campagnes de don de sang, en asso-ciation avec la Croix Rouge.

Les femmes portant un stériletne peuvent plus entrer aupalais de Justice de Craiova,

depuis que les gardiens ont reçu un maté-riel de détection de métaux hyper-sen-sible pour contrôler les personnes quidésirent y pénétrer et dont l'alarme sedéclenche pour un simple billet debanque ou paquet de cigarettes possédantun timbre ou des fils contenant des élé-ments métalliques… mais aussi au passa-ge des femmes qui on choisi ce moyen decontraception. Comme il n'est pas pos-sible d'envisager une fouille… le person-nel féminin et les visiteuses ont étéinvitées à présenter un certificat médicalattestant de leur "équipement" !

Un paysan des environs de Slatina, circulant encharrette tirée par son vieux cheval, a eu la gran-de surprise d'être convoqué par la police où on lui

a expliqué qu'il était verbalisé pour excès de vitesse aprèsavoir été contrôlé à 70 km/h alors qu'il ne fallait pas dépasser50 km/h. Malgré ses protestations, le contrevenant a dû s'ac-quitter d'une amende de 600 000 lei (15 €, 100 F). Ne goû-tant pas le sens de l'absurde si cher à l'enfant prodige natif dela ville, Eugen Ionesco, que semblaient partagé les policiers,il a décidé de contester cette décision en justice.

Excès de vitesse

Dracula, conseiller municipal

Détecteur sensible

Vasile Riszis, 33 ans,après avoir étéexpulsé et reconduit

d'Allemagne en Roumanie poury avoir dépassé la durée limite deséjour autorisée, était bien déter-miné à retourner travailler àl'Ouest, mais son passeport luiavait été retiré. Il décida alors defranchir clandestinement la fron-tière hongroise par ses propresmoyens, prit un train de Vasluijusqu'à Satu Mare et réussit àgagner le village frontalier deDorolt. Là, pour se donner ducourage et après s'être procuréplusieurs cartes détaillées du sec-teur, il absorba verres de tsuicaaprès verres dans un bar et partità travers champs à la tombée dela nuit, titubant mais prenant toutde même la direction de laHongrie. En faisant leur ronde aupetit matin, les policiers rou-mains l'ont trouvé affalé dans unfossé, dormant paisiblement… àmoins de 80 mètres de la ligne dedémarcation.

Reprendre courage

Photo prise par l’association “Les amis de Ciolpani”.

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La langue de bois, mais aussi lesentraves mises à l'accès à l'infor-mation étant une caractéristique

du fonctionnement de la démocratie roumai-ne, les journaux multiplient les reportages etenquêtes destinées à rapporter la réalité des

faits. Ils tentent de piéger les principaux acteurs de la société,au premier rang desquels la nouvelle nomenklatura et la clas-se dirigeante, pour que leurs confidences révèlent un compor-tement significatif de ses rouages essentiels, le plus souventaccablant pour la population qui les subit.

Ainsi, l'hebdomadaire de Cluj, "Clujeanul" ("LeClujois"), a réalisé une enquête locale portant sur le trafic d'in-fluence dans la haute administration. La reporter, Bety Blagu,est partie du principe qu'en Roumanie tout le monde connaîtun fils, une nièce, un gendre de "quelqu'un", bien placé, quipourra résoudre ses problèmes. Reprenant la blague qui cour-rait du temps de Ceausescu sur les initiales du Parti ComunisteRoumain, transformé en "Pila, Cunostinte, Relatii" ("Piston,Connaissances, Relations"), le jeune femme a constaté qu'elleétait plus que jamais de circonstance.

Se recommandant de hautes personnalités

Pendant trois jours, elle a appelé au téléphone 30 hautsfonctionnaires territoriaux ou de l'Etat, en poste à Cluj, réus-sissant finalement à en joindre 15, dont elle révèle les noms etles fonctions… le journal les accompagnant de leurs photos.Se recommandant de hautes personnalités ("Je suis une amiedu fils de Gheorghe Funar (maire de Cluj) qui m'a donné votrenuméro"; "Je suis la nièce du ministre de l'Intérieur", "Uneamie du Préfet", "Je vous téléphone de la part du député PSD(parti au pouvoir)", "du directeur général des Chemins de fer","du vice-président du Conseil du judet"…) la jeune femme ademandé un "petit" service aux directeurs des principalesadministrations de la ville, aussi différentes que la Sécuritéroutière, l'Inspection d'académie, l'Agriculture etl'Alimentation, la distribution du gaz, la Santé publique, laredoutable Garde financière (le fisc), la Protection du consom-

mateur, de l'Environnement, la sous-préfecture, les Cheminsde fer, la Jeunesse et les Sports, le Service des forêts.

Bien que dans chacune des sollicitations, il s'agissait detrouver une solution permettant de contourner la loi ou laréglementation, d'obtenir un passe-droit, l'accueil fait à lademande a toujours été attentif, débouchant dans treize cas surquinze sur un rendez-vous pour qu'elle soit examinée plussérieusement ou bien qu'elle ne soit pas trop évoquée au télé-phone. Seuls deux directeurs ont refusé d'aller plus en avant,celui de la Régie de chauffage, à qui il était demandé d'acheterau-dessus du prix du marché des compteurs, et de la Caisse deretraite, sollicité pour verser une pension vieillesse à une per-sonne de 47 ans.

Le piston ("pila") a encore de beaux jours devant lui

Grâce aux introductions avancées, des contacts ont ainsiété noués pour fournir en matériel de signalisation routière lamairie de Cluj, obtenir les autorisations nécessaires pourouvrir une boulangerie ne répondant pas aux normes, fairemuter d'une bourgade de campagne à Cluj un professeur demaths, bien que l'année scolaire ait débuté, obtenir un contin-gent supplémentaire de gas-oil au prix subventionné pourl'agriculture - la possibilité d'une aide européenne étant mêmeavancée par le haut-fonctionnaire interrogé -, mettre un termeà un contrat publicitaire avec un journal local dont les articledérangeaient un ministère. D'autres demandes paraîtraient plusfamilières aux Occidentaux: effacer des amendes économiquesdressées pour diverses infractions, conserver un permis deconduire à la suite d'un accident aux torts du conducteur, béné-ficier d'un passe-droit pour raccourcir des délais d'attenteadministratifs…

La journaliste a arrêté son enquête à ce premier niveau,constant que le piston marchait, sans chercher à concrétiser sesdemandes pour savoir si de "pila", on pouvait passer à "spaga"(dessous de table). Les lecteurs de "Clujeanul" ont étéconviés à venir écouter au siège du journal l'enregistrementintégral des interviews réalisées par Bety Blagu.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

IASI

SF. GHEORGHE

VASLUI

SSociété

3221

Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Evénements Dessous de table: une journaliste de Cluj piège de nombreuses administrations locales

"Pouvez-vous me rendre un service ?Je téléphone de la part du fils du maire…"

Hagi meilleur sur le terrainque comme entraîneur

Sports

L'Euro 2004 sansarbitres roumains

Non seulement la Roumanie seraabsente de la phase finale de l'Euro2004, qui doit se dérouler en juinprochain au Portugal, mais l'UEFAn'a retenu aucun de ses arbitrespour officier lors de cette compéti-tion, comme ce fut déjà le cas pourla FIFA, lors de la Coupe du mondede football de 2002. Le dernierRoumain a avoir arbitré une phasefinale à ce niveau est NicolaeGrigorescu (Euro 2000).

L'arbitrage roumain paie là lamauvaise réputation qu'il traîne,accusé de corruption par les prési-dents de clubs, lesquels sont le plussouvent de richissimes potentatslocaux, dont l'origine des fortunes estdouteuse. Ion Craciunescu, prési-dent de la Commission Centrale desarbitres, a déploré cette situation :

Gica Hagi a fait ses valises quatremois après avoir pris les rênes del'équipe turque Bursasports,

comme entraîneur. Il a présenté sa démissionaprès douze journées de championnat, sonéquipe figurant en bas du classement, à la15ème place, avec seulement dix points etdeux victoires. Le célèbre joueur qui avait faitles beaux jours du Galatasaraï d'Istanbul, luipermettant de remporter une coupe d'Europe,était attendu comme le messie en Anatolie. Endébut de saison, il était arrivé dans son nou-veau club en compagnie de quatre joueursroumains qu'il souhaitait voir figurer dans son effectif, acceptant de réduire son salai-re de 50 % - avec promesse de remboursement ultérieur - pour que Bursasports puis-se les acheter.

Mais, sur le terrain, le miracle ne s'est pas produit. Les compatriotes du "Rege"("Le Roi", comme l'a baptisé la presse roumaine) ne se sont pas montrés à la hauteurde l'espoir mis en eux et l'équipe s'est prise à douter à la suite d'une série de défaites,entraînant des commentaires acerbes dans les médias. Un psychologue turc y estmême allé de son diagnostic : "Hagi n'est pas fait pour être entraîneur ; il est tropautoritaire, ne sait pas parler au cœur des joueurs et donc les motiver. Ceux-ci ontpeur de lui et, en outre, il les critique publiquement après chaque rencontre".

Ce second échec cinglant hypothèque sérieusement la carrière que le plus grandjoueur roumain de tous les temps espérait faire sur le banc de touche. Après quelquesmois comme sélectionneur national de l'équipe roumaine, Hagi avait renoncé à sonposte, ne réussissant pas à obtenir sa qualification pour la coupe du monde 1982.

Le palmarès des sportifs roumains les plus riches

La revue "Capital" a publié,pour la deuxième annéeconsécutive, le palmarès des

plus grosses fortunes de Roumanie,effectuant un classement à part pour lessportifs, lesquels sont guère les seuls àpouvoir justifier clairement leur origine.

Ion Tiriac, deuxième fortune du pays(600 M€, 4 milliards de F) mis horsconcours, ayant bâti son empire financierdans les affaires, c'est Gheorghe Hagi quiarrive en tête (35 M€, 230 MF). Il est

suivi de Mircea Lucescu, entraîneur deGalatasaraï (28 M€, 183 MF), GheorghePopescu (22 M€, 145 MF), Adrian Ilie(13 M€, 85 M€), Anghel Iordanescu,sélectionneur de l'équipe nationale(idem), Dan Petrescu (10 M€, 65 MF),Ilie Dumitrescu (9 M€, 60 MF), ViorelMoldovan (idem), Adrian Mutu (6 M€,40 MF), Christian Chivu (5 M€, 33 MF),ces deux derniers joueurs étant au débutde leur carrière. L'ensemble des ces for-tunes ont été réalisées dans le football.

Bety Blagu,apiégé de

nombreusespersonnalités“compréhen-

sives”.

La Fédération Canine Internationale a donné un avis favorable à l'ho-mologation des trois premières races de chien roumain, connues sousle nom de ciobanesc (berger). Il s'agit du ciobanesc românesc des

Carpates, du ciobanesc românesc de Bucovine, du ciobanesc românesc Mioritic.Ce chien intelligent, affectueux et fidèle (voir les Nouvelles, n° 20), peut se révé-ler féroce lorsqu'on lui confie la garde d'un troupeau et qu'il a été éduqué dansce sens, ce qui est le plus fréquent.

Le ciobanesc, premier chien roumain reconnu internationalement

Le tirage au sort pour établir les poules de qualification en vue de la coupedu monde de football 2006, qui se déroulera en Allemagne, a désigné lesPays Bas, la République Tchèque, la Finlande, la Macédoine, l'Arménie et

Andorre comme adversaires de la Roumanie, dans le groupe I. Le premier de chacune des huit poules européennes sera qualifié pour la phase

finale, ainsi que les deux meilleurs deuxièmes, les six autres disputant des barrages.Le continent européen dispose de treize places qualificatives, plus celle attribuée aupays organisateur.

Mondial 2006: la Roumanie connaît ses adversaires

“Nous avons de très bons arbitres,mais l'UEFA n'est ni sourde, niaveugle: elle lit sur Internet les accu-sations lancées à leur égard et se faitainsi une mauvaise idée de notrearbitrage".

A l'heure actuelle, SorinCorpodean et Alexandru Tudor sontles arbitres roumains les mieux côtésau plan européen, mais ils sont cata-logués en 2ème classe. Parmi lesarbitres retenus par l'UEFA pourl'Euro 2004, citons: Frank DeBleeckere (Belgique), Alain Hamer(Luxembourg), Urs Meier, FrancescoBuragina, Rudolf Kappeli (Suisse),Gilles Veissière, Frédéric Arnault,Serge Vallin (France).

Accusé de corruption, l’arbitrage roumain paie sa mauvaise réputation

SLATINA

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Il n'existe plus qu'une centained'exemplaires du "Pestisor deaur", le "petit poisson d'or",

découvert et identifié en 1957, que l'ontrouve uniquement en Roumanie, dansson dernier refuge, la rivière Valsan.Autrefois ce carnassier fréquentait aussi l'Arges et le râulDoamnei, se plaisant dans les zones de moyenne montagne, leseaux rapides, caché sous les pierres, chassant la nuit, se nour-rissant également d'insectes et de larves. Les males délimi-taient leur territoire qu'ils défendaient contre leurs rivaux.

Mais, aujourd'hui, le "poisson d'or" est en voie de dispari-

tion, à la suite de la construction d'unbarrage près de la localité de Bradet,qui a entraîné la destruction de sonhabitat et la stérilisation de l'espèce.Des mesures d'urgence ont été prisespour le sauver: la rivière Valsan a été

déclarée zone protégée, la pêche interdite ainsi que les acti-vités menaçant le cours d'eau, les rives nettoyées, les stationsd'épuration modernisées, le débit d'eau assuré et des gardesengagés pour la surveillance. Ce projet de réhabilitation a étéfinancé aux trois quarts par l'UE, son budget étant de 200 000€ (1,3 MF)… soit 1000 € le "poisson d'or".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Aplusieurs reprises, "Les Nouvelles de Roumanie" ont évoqué le problè-me des Roumains qui ont abandonné leur nationalité en Allemagne, espé-rant s'intégrer dans ce pays. Les autorités allemandes s'efforcent de les

rapatrier vers leur pays d'origine, avec désormais l'accord de Bucarest, bien qu'ilssoient apatrides et n'aient pas de papiers. Certains, embarqués de force dans un avion,refusent de pénétrer sur le territoire roumain et vivent pendant des mois dans la zone"no man's land" de l'aéroport Otopeni de Bucarest. Dans un récent article, sous laplume d'Adrien de Tricornot, le quotidien "Le Monde" évoque le sort d'une familleconfrontée à cette situation.

Incarcérés depuis le 8 octobre aucentre de détention de Rottenburg, dans leBade-Wurtenberg, Vasile Demeter ris-quait d'être explusé d'Allemagne dans lesjours suivants, vers la Roumanie. Commesa femme, Maria, et leurs deux enfants,Carina, 13 ans, et Daniel 12 ans, il étaitsous le coup d'une procédure d'expulsion.

Une tentative avait échoué, une dizai-ne de jours auparavant, quand le pilote del'avion chargé de les transporter avaitrefusé de garder la famille à bord, devant les cris et les pleurs du père. "La police avaitfait irruption à 3 h 20 du matin pour les prendre dans leur appartement alors qu'ilsne se cachent pas" a raconté, choqué, un proche. Les enfants, scolarisés à l'école deSigmaringen, où réside la famille, ne connaissent pas plus Bucarest que Baia Mare, oùils sont nés comme leur père, mais qu'ils ont quitté en 1992 pour l'Allemagne.

Depuis un an, Vasile et Maria Demeter, qui travaillaient dans la restauration,étaient réduits à vivre avec l'aide sociale car leur permis de travail leur avait été retiré.Après plusieurs années passées dans un statut d'attente, ni régularisables, ni expul-sables, "ils ne percevaient pas d'allocations familiales, mais payaient leurs impôts"affirme leur entourage.

L'histoire kafkaïenne, a débuté lorsque le couple a débarqué à Sigmaringen avecses deus bébés et déposé une demande d'asile, refusée en 1992. Les autorités alle-mandes avaient expulsé une première fois la famille Demeter, en 1994, vers laRoumanie. Mais le voyage s'était achevé par un retour-surprise : l'Etat roumain refu-sait ses anciens ressortissants qui venaient d'obtenir la déchéance de leur nationalité."L'Etat roumain n'aurait pas dû, à l'époque, accepter de déchoir des ressortissants deleur nationalité, alors qu'ils n'en avaient pas acquis une nouvelle" a-t-on expliqué ausiège du gouvernement régional, à Tübingen, ajoutant, "Nous connaissons aussi ceproblème avec des personnes du Kosovo".

Une froide machinerie administrative

En septembre 1998, les ministères de l'Intérieur allemand et roumain passaientcependant un accord autorisant l'expulsion d'apatrides d'origine roumaine versBucarest. Au début 2002, l'ambassade envoie au ministère de l'Intérieur du Bade-Wurtemberg une liste de personnes apatrides d'origine roumaine et dont l'expulsion estacceptée à Bucarest. La liste administrative comprend la famille Demeter. La procé-dure se met en marche.

"Mais comment peut-on laisser des gens faire leur vie autant d'années dans unstatut provisoire et finalement tout arrêter ?" s'insurge leur avocat, Me DanielPetrovich. "Il n'y a aucun fondement juridique pour que la famille reste en Allemagne"répond de son côté un porte-parole des autorités à Tübingen".

Des Roumains inventeurs hors pair

Les Roumains sont connus pourêtre des bricoleurs hors pair… maisce sont, en outre, de prodigieuxinventeurs comme le montrent lespalmarès des derniers salonseuropéens qui se sont tenus l'annéepassée. Au salon Eureka deBruxelles, aussi bien qu'à Genève, laRoumanie a obtenu la première placealors que, respectivement, 25 et 44pays étaient en compétition, et celapour la quatrième fois consécutive.

Dans la capitale belge, sur les 81inventions roumaines présentées,pour un total de 800, 46 ont reçu unemédaille d'or, dont 5 avec une men-tion spéciale, 21, une médaille d'ar-gent et neuf, une médaille de bronze.En Suisse, les représentants rou-mains ont reçu 67 médailles, dont 15d'or et 3 prix spéciaux.

La Roumanie est d'ailleurs le pre-mier pays d'Europe pour le nombrede brevets d'invention déposésannuellement (15 000), devantl'Allemagne (13 380), l'Angleterre (13200), la France (12 600), l'Autriche(11 560), la Russie (11 500), laHongrie (11 200), la Pologne (8000).L'OSIM (Office d'Etat pour lesInventions et les Marques) détenait,en 1999, un catalogue, réalisé au fildes ans, de 16 millions de demandesd'homologation d'inventions et dedocuments. Ce chiffre était passé à20,6 millions en 2002 !

Parmi les inventions primées : deschaussons anti-stress, un produitanti-oxydant et anti-radiation pour lapeau, de la vodka écologique, unprocédé pour obtenir des dérivésstables de la vitamine U, anti-ulcé-reux que l'on trouve dans le chou.

Une famille apatride d'Allemagne

Evénements Environnement 200 000 € pour sauver le "poisson d'or"

La Roumanie a terminé quatrième de son groupe (5 pts), lors de larécente coupe du monde de rugby qui s'est déroulée en Australie,après trois défaites, respectivement contre l'Irlande 45-17),

l'Australie (90-8), l'Argentine (50-3), et une victoire devant la Namibie (37-7), qui lui a valu d'éviter la dernière place et aux joueurs de la sélection natio-nale - surnommés "stejari", les chênes, en référence à la feuille de chênequ'ils portent sur leur maillot - de recevoir une prime de 500 € (3300 F).

A la suite de la compétition, l'entraîneur français, Bernard Charreyre aété remercié. Il ne souhaitait pas, de toutes façons, prolonger son contrat quiarrivait à échéance, ayant eu des difficultés à former son équipe, certainsjoueurs, parmi les ténors opérant en France, ayant préféré rester à la maison.Pour le remplacer, la Fédération Roumaine de Rugby a contacté un autre entraîneur français, moins connu, Philippe Santon, 40ans, ancien international junior, qui a opéré en première division et a entraîné les clubs de Mont de Marsan et Toulon.

Sélection nationale de rugby : un entraîneur français en remplace un autreSports

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

BISTRITA

SINAIA

rejetée vers sa Roumanie natale

L'Administration de la Réserve Biosphère du Danube (ARBDD) a décidé, avant l'hiver, d'aménager un centre pourrécupérer les oiseaux aquatiques en difficulté. Ce "dispensaire" est l'un des premiers du genre en Roumanie et sa miseen place a été nécessitée par les conditions météorologiques difficiles de l'année écoulée : fortes périodes de froid, les

glaces ne permettant pas aux oiseaux de se nourrir convenablement, suivies d'une grande sécheresse, restreignant également lespossibilités dans ce domaine. Du coup, de nombreuses espèces ont souffert, dont les pélicans, les aigrettes, hérons, et les jeunessujets n'ont souvent pas assez de force pour la longue migration vers des terres plus clémentes qui les attend à l'automne. Certainesont même tendance à ne plus vouloir quitter leurs nids et à se sédentariser, d'où la nécessité d'une assistance.

Dispensaire pour pélicans du Danube

Depuis trois ans, l'encadrement médical de l'équipe de gymnastiqueroumaine fait face à une crise due au manque d'argent. Devant la fai-blesse des salaires qui leur sont versés et l'exigence du travail

demandé, de nombreux médecins ne résistent pas, se succédant les uns aux autres,après quelques mois, voire quelques semaines de contrat.

Cette situation a conduit le Dr Carmen Dumitru, ancienne doctoresse affectéeauprès de Nadia Comaneci lors de la carrière sportive de celle-ci, voici trente ans,a sortir de sa retraite et a reprendre du service. Le Dr Dumitru a pris en charge, finoctobre, les onze gymnastes qui s'entraînent au Centre Olympique de Deva sousla direction d'Octavian Belu, avec l'objectif de faire de la Roumanie la premièrenation mondiale de gymnastique féminine, lors des prochains J.O. d'Athènes.

L'ancien tennisman Ion Tiriac, pré-sident du Comité OlympiqueRoumain, a pris au mot le Premier

ministre qui a promis la construction dequatre cents salles de sports d'ici la fin 2004,pariant avec lui une Mercedes neuve qu'il nepourrait tenir ses engagements. Devenurichissime homme d'affaires, Ion Tiriac adéclaré qu'il serait enchanté de perdre sonpari, lequel représente pour Adrian Nastase,plus de deux ans de son salaire officiel.

Retour du médecin de Nadia Comaneci auprès des gymnastes roumaines

Mercedes contre promesse tenue

L’aéroport Otopeni de Bucarest, destination finale pour les Roumains

expulsés des pays occidentaux.

BORSA

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SSociété

Fin octobre, Diana Moldovan, journaliste, 29 ans, aépousé Dorel Vidican, 31 ans, ancien détenu de la pri-son de Bistrita. Diana, dans l'attente d'une transplanta-

tion de rein, était depuis douze ans sous dialyse, dépassant l'espé-rance de survie de dix ans définie par les spécialistes, quand le des-tin lui a fait croiser le chemin de Dorel. Son cas était désespéré carson groupe sanguin était rare, son père avait déjà donné un de sesreins à son frère et sa mère n'était pas compatible. La jeune jour-naliste de Cluj avait fait passé une petite annonce dans le journal,cherchant un donneur, comme on jette une bouteille à la mer.

Condamné à quatre ans de prison pour un vol d'un million delei (26 €, 170 F) et ayant déjà effectué les trois quarts de sa peine,Dorel, compatible avec Diana alors qu'il n'y avait qu'une chance

sur seize millions que ce soit le cas, avait décidé de "se racheter de ses fautes" en lui offrant son rein. "Prenez le meilleur" avait-il dit au chirurgien avant d'entrer dans la salle d'opération. L'intervention avait été un succès et le détenu gracié par le PrésidentIliescu. Toutefois, les deux jeunes gens ne se connaissaient pas et il n'avait jamais été question d'amour entre-eux. La vie en a fina-lement décidé autrement, d'autant plus qu'ils partagent un profond sentiment religieux. "Il m'aide sur le plan physique et moral etmoi sur le plan spirituel" a confié Diana. Le couple veut ouvrir un petit commerce et vendre des légumes. "Je crois que je seraisle seul sur le marché qui ne trafiquera pas sa balance", s'amuse Dorel.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

30 Al'exception des fêtes de fin d'année et du moisd'août, on ne rencontre guère que des femmes, desvieillards et des enfants dans les rues de Borsa.

Située dans le Maramures, la ville a été désertée par leshommes, au fur et à mesure que les mines fermaient. Sur les5600 ouvriers qui y travaillaient, seulement 1600 y sont enco-re employés et ceux-ci attendent d'une année sur l'autre d'êtrelicenciés.

Environ un tiers de la population a émigré en Italie.Comme ces hommes sont partis par leurs propres moyens,sans être recensés, il est difficile d'estimer exactement leurnombre qui se situerait entre 10 000 et 15 000 pour toute larégion. La destination la plus prisée est, de très loin, l'Italie.

Les premiers à partir, dans les années 90-92, s'installèrentà Milan. Au début, ils n'étaient qu'une poignée. Bien reçus,comprenant facilement l'italien, ils s'intégrèrent rapidement.Les hommes travaillaient dans le bâtiment et les femmes fai-saient des ménages, le plus souvent au noir. Au bout de 2-3ans, ils reçurent un permis de travail, s'achetèrent une voiture

et même un logement. La famille, les amis, puis les amis desamis les ont suivis au rythme des fermetures des mines, aupoint qu'il partait chaque jour de Borsa un micro-bus pleinpour l'Italie. Un quartier entier d'émigrés originaires de larégion s'est même constitué dans la banlieue de Milan.

Aujourd'hui, grâce à leurs salaires de 800 à 2000 € (5000à 13 000 F), soit de 8 à 20 fois le salaire moyen roumain, beau-coup se font construire des maisons dans leur ville natale, devéritables petits palais aux yeux de ceux qui sont restés surplace… et qui ont fait s'envoler le prix du mètre carré. Mais ilsdoivent faire avec les moyens du bord. Il n'y a pas de réseau dedistribution de gaz et la centrale thermique ne fournit plus nichauffage, ni eau chaude, depuis quinze ans.

L'été et à Noël, les rues sont envahies de voitures imma-triculées à l'étranger, ce qui redonne un peu de vie à la ville.Pour autant, le maire de Borsa n'est pas mécontent de voir sesanciens administrés reprendre le chemin de l'Italie après leurscongés. "Qu'est-ce que je ferais avec tous ces chômeurs sur lesbras, s'ils restaient ici ?" soupire-t-il.

Borsa désertée par ses hommes partis travailler en Italie

La jeune journaliste épouse son sauveur, ancien détenu

EvénementsReligion Huit évêques représentant 300 000 fidèles réunis à la Tousaint

Les chrétiens orthodoxes de France progressent lentement mais sûrement surle long chemin de l`unité. Leur deuxième journée de l`orthodoxie s`esttenue le samedi 1er novembre à Paris. Une liturgie eucharistique solennel-

le a été concélébrée en la cathédrale grecque Saint-Stéphane de la rue Georges Bizet,suivie d`une rencontre et d`une série de conférences. Dans un article consacré à l`évè-nement, le journal "Le Monde" rappelle que la première journée de ce genre avait eulieu le 24 mai 2001, jour de l`Ascension. Rien en 2002. Cette année le rendez-vousavait été fixé à la Toussaint, une fête catholique qui n`est pas célébrée dans le calen-drier orthodoxe.

"Ces débuts un peu erratiques traduisent-ils la difficulté à réunir les différentescomposantes de l`orthodoxie en France" se demande le journaliste. “L`évolution estbien engagée” assure Carol Saba, porte-parole de l`assemblée des évêques orthodoxesde France, constatant cependant “qu`il n`est pas évident de faire évoluer différentesjuridictions dans une logique de conver-gence…".

Une mosaïque de diasporas

L'orthodoxie en France ne compte pasmoins de huit évêques et évêques auxi-liaires, pour une communauté de croyantsd`un peu plus de 300 000 personnes. Cettemosaïque est le reflet des différentes dia-sporas. Les orthodoxes grecs sont sous laresponsabilité de Mgr Emmanuel, repré-sentant du patriarche oecuménique deConstantinople. Les croyants d`originerusse se répartissent entre le patriarcat deMoscou et celui de Constantinople. Lesserbes dépendent du patriarcat de Serbie,les Roumains de celui de Roumanie. Enfin,les Irakiens, les Syriens et les Libanais sontrattachés au patriarcat d`Antioche, installé àDamas. Sans compter "l'Eglise hors fron-tières" , dont dépendent certains Russes, qui n'est pas reconnue canoniquement par sescousines.

Le patriarche de Moscou, Alexis II, a lancé, en avril, un appel en direction desdifférentes paroisses de tradition russe en diaspora, afin qu`ils rejoignent sa juridic-tion. En France, cette offre est en discussion.

Vers la constitution d`une véritable église de France

Le but avoué de cette journée de l`orthodoxie était d`avancer vers la constitutiond`une véritable église locale. L`assemblée des évêques de France a vu le jour en 1997.Elle travaille actuellement sur plusieurs dossiers. Première conséquence, une traduc-tion en français de la divine liturgie de Saint-Jean-Crysostome, le texte employé pourles célébrations orthodoxes, est en voie de publication. "Cet outil sera proposé àtoutes les paroisses orthodoxes; il intègre les particularismes des différentes églises",souligne M. Saba.

L`Assemblée des évêques orthodoxes souhaite aussi mettre en place un bulletin etun site Internet. Tous se félicitent que Mgr Emmanuel ait été entendu par la commis-sion sur la laïcité, présidée par Bernard Stasi. C`est pour eux la preuve qu'ils mani-festent "un témoignage paisible et serein dans la société française".

Distinction pontificalepour Doïna Cornea

Jean-Paul II a accordé plusieursdistinctions pontificales à une dizainede prêtres et laïcs de l'éparchie(diocèse) gréco-catholique de Cluj-Gherla, à l'occasion du 150 èmeanniversaire de sa fondation, pourleur fidélité et la résistance qu'ils ontmontrées face aux persécutions com-munistes. En compagnie de MagdaPandrea, Viorica Lascu, VioaraDoïna Lupu et du Docteur EugenLupu, Doïna Cornea a ainsi étéélevée au rang de chevalier del'Ordre du Saint Pape Sylvestre, laplus haute distinction accordée à deslaïcs, lesquels sont alors considéréscomme des "gardiens du chemin quimène vers Dieu". La célèbre dissi-dente a déclaré qu'elle était trèshonorée et ne pouvait pas être plusheureuse, "le saint Père étant la per-sonnalité la plus important dumonde" pour elle.

Par ailleurs, le Pape a nommé unnouvel évêque gréco-catholique àl'archevêché de Bucarest. Il s'agit deMgr Cornel Damian, 43 ans, né àZalau, jusqu'ici vicaire général dansla capitale et professeur de droitcanonique après avoir suivi les coursde l'Université grégorienne de Rome.

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Nicolae et Elena Ceausescudorment tranquillement, dumoins leurs statues, dans le

parc de la propriété de Harlan R. Crow,un homme d'affaires texan passionnéd'histoire et d'aventures.

Celui-ci a chargé un de ses jeunescompatriotes de négocier et d'acquérir lesbustes et autres représentations sculptu-rales des principaux anciens dirigeants du

monde communiste, lorsqu'ils sont misen vente dans leurs pays d'origine... leursprix variant de quelques centaines de dol-lars à des milliers.

Harlan R. Crow a ainsi réussi à réu-nir une vingtaine de statues, faisant deson jardin le deuxième site du monde enla matière après un musée de Budapestqui en présente trente.

Dans leur retraite du Texas, le couple

de dictateurs roumains voisine avecLénine, Staline, Mao Tse Tung,Dzerjinski, le fondateur de la policesecrète soviétique, et le terroriste serbeGavrilo Princip, qui n'était pas commu-niste mais nationaliste, auteur de l'attentatde Sarajevo, en juillet 1914, lequel a pré-cipité le déclenchement de la PremièreGuerre mondiale et l'avènement du totali-tarisme soviétique.

Ceausescu dort tranquillement au Texas aux côtés de Lénine et Mao

Les orthodoxes français se rapprochent

Le Métropolite Emmanuel Adamakis, président de l’Assemblée

des évêques orthodoxes de France.

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Il ne reste plus que 7000-9000 Juifs en Roumanie, laplupart vieux et vivant avec l'aide sociale, contre 400000 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'é-

norme majorité d'entre-eux ayant émigré depuis cette date enIsraël ou aux USA.

Dans son rapport annuel, le MCA Romania (Mouvementcontre l'anti-sémitisme) énumère les actes hostiles aux Juifsqui ont été enregistrés l'an passé en Roumanie, malgré la faiblecommunauté qui y vit, tout en s'abstenant de classifier directe-ment le pays comme antisémite: malveillances et déprédationsdans les synagogues de Falticeni et de Vatra Dornei, graffitissur le Théâtre juif de Bucarest et les bâtiments de la commu-nauté juive de Cluj, faits qui n'ont pas l'air d'avoir provoquéune grande réaction de la part de la police, au niveau desenquêtes.

Le rapport dénonce également les "attaques violentes etprimitives" du leader du PRM (Parti de la Grande Roumanie),

l'ultra-nationaliste Cornel Vadim Tudor, à l'encontre des Juifs,et s'inquiète de la popularité de celui-ci dans une large catégo-rie de la population où son discours contre la corruption de laclasse politique est bien reçu. Il déplore aussi la complaisancede certains intellectuels qui "nient contre toute évidence l'exis-tence d'un sentiment antisémite chez des hommes de cultureroumains prestigieux".

Enfin, le MCA Romania fait référence à la campagne derelations publiques lancée l'an passé par le gouvernement pourobtenir le soutien des puissantes organisations juives améri-caines auprès de la Maison Blanche, en vue de faciliter la can-didature de la Roumanie à l'OTAN.

En contrepartie, Bucarest s'était engagé à mettre un termeà toutes les manifestations à la mémoire du maréchalAntonescu, dictateur de la Roumanie de 1940 à 1944, et à faireadopter une loi permettant aux Juifs spoliés par le communis-me de récupérer leurs biens et propriétés.

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Explosion du marché de vêtements "second hand"

Le visiteur francophone se montre frappé par le nombre impressionnant demagasins portant la mention "Second hand" qu'il découvre dans l'ensembledes villes roumaines, même de petite importance. Son étonnement se ren-

force encore quand il va sur les marchés. Ces boutiques ou ces étals proposent desvêtements d'occasion, parfois des chaussures ou même des sous-vêtements, bienqu'une mesure prise par le gouvernement interdise le commerce des dessous usagés,pour raison d'hygiène.

Apparu dans les années 92, le marché du "second-hand" a explosé depuis, à causede la pauvreté ambiante, passant de 3 M€ (10 MF) en 1994 à 24 M€ en 2000 (160MF). Par manque d'argent, les Roumains se précipitent sur ces marchandises demédiocre qualité, pour la plupart du temps importées, venant à 80 % de Chine et deTurquie. A elle seule, la Roumanie, qui représente 0,35 % de la population du globe,absorbe 1,7 % de l'importation mondiale dans ce domaine, soit cinq fois la moyenne.

Signe des temps difficiles : d'après les statistiques de l'industrie de la confectionroumaine, les Roumains qui achetaient encore plus d'un costume, d'un tailleur ou d'unvêtement neufs par an, voici 13 ans (1,16 exactement), n'en acquièrent plus désormaisqu'un seul tous les trois ans et demi (0,29 par an). Actuellement, une famille de troispersonnes dépense 120 € (800 F) par an pour s'habiller; ce poste budgétaire est de770 € (5000 F) chez les Italiens, les plus coquets des Européens, 510 € (3350 F) chezles Allemands et de 425 € (2800 F) chez les Français et les Espagnols.

Confection: un quart de la main d'œuvre de l'industrie

Le paradoxe est que, si lesRoumains s'habillent chinois outurc, ils fabriquent beaucoup devêtements qu'ils n'ont pas lesmoyens de s'acheter et sont destinésà l'exportation. Le chiffre d'affairesde industrie de la confection à l'ex-port s'est élevé à 2,8 milliards d'eu-ros, l'an passé. Ce secteur représentele tiers des exportations roumaineset le quart des effectifs de l'industrie,avec 457 000 travailleurs.

Mais la perspective de l'entrée dans l'UE fait planer une ombre sur l'essor de cetteactivité qui compte 4560 entreprises. Les investisseurs, notamment italiens, sontvenus en Roumanie, voici quatre-cinq ans, attirés par la faiblesse des salaires qui ris-quent de s'envoler comme ce fut le cas de la Pologne qu'ils ont quitté et où ils attei-gnaient 300 € (2000 F) par mois. Déjà, on note une délocalisation des entreprises del'Ouest du pays (Sibiu, Oradea, la Transylvanie) où le coût horaire atteint 4,2 € (28 F)et de Bucarest (5,4 €, 35 F), vers l'Est et la Moldavie (3,6 €, 24 F). La suppressiondes barrières douanières permettra en outre l'entrée de marchandises moins coûteuses,en provenance de pays plus pauvres et donc plus compétitifs.

La profession se donne encore deux ou trois années avant d'affronter une crise.Elle estime pouvoir supporter un salaire minimum de 100 €, comme le réclame lessyndicats, et affronter la concurrence de la République Moldave : malgré ses salairesde 10-20 €, celle-ci est trop petite pour lui faire de l'ombre et son régime trop instable.Les patrons fixent à 300 € le seuil critique, mais certains pensent qu'il leur faudra seu-lement changer d'activité et passer à un domaine où ils pourront s'aligner comme lafilature.

Chaussures en carton bouilli

Une jeune élégante de Brasovétait très fière de la paire de chaus-sures italienne de luxe achetée pour80 € (525 F) dans un magasin à lamode du centre-ville. Mais, après lesavoir portées quatre heures, elleobservait avec stupéfaction que lessemelles se décollaient et qu'ellescommençaient à se déliter en petitmorceaux… pour finalement consta-ter qu'elle étaient faites en cartonbouilli ! Abasourdie, elle retournait aumagasin, tentant en vain de se fairerembourser à l'amiable. "Le délai degaranti est dépassé" lui opposa-t-on.Furieuse, la jeune femme a saisil'OPC de Brasov (Service desFraudes et de la Concurrence) qui aeffectué une descente dans la bou-tique, ses inspecteurs saisissantdeux douzaines de chaussures dumême genre. Le propriétaire dumagasin s'en est bien tiré, avec uneamende de 5 millions de lei (120 €,800 F).

Vie quotidienne

Gros exportateurs de confection, les Roumains s'habillent chinois ou turc

Minorités Moins de 10 000 Juifs, au lieu de 400 000 en 1945

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La secrétaire d'Etat RovanaPlumb a décidé que le pain nedevrait être vendu que dans descommerces spécialisés ou dans deslocaux adaptés, les vendeurs devantporter obligatoirement des gants afinde préserver l'hygiène face à lamanipulation des billets de banque.La vente sur les marchés ou dansdes lieux où la réglementation nesera pas respectée, sera interdite.Les contrevenants s'exposeront àdes amendes comprises entre 50 et500 € (330 et 3300 F).

Le pain vendu avec des gants

D'après une étude de l'associa-tion Internationale deMédecine, un Roumain ne

peut consacrer annuellement, en moyen-ne, que 25 € (164 F) pour l'achat demédicaments, 11 € venant de sa poche et14 € de l'assurance maladie, somme àcomparer avec les 1000 € par habitantdans les pays occidentaux, qui se montejusqu'à 3000 € aux USA.

Cette étude rejoint celle menée par

un laboratoire pharmaceutique qui situe à5 € par mois la somme maximum quepeut dépenser un patient.

La faiblesse de leurs moyens ne per-met donc pas aux Roumains de se soignercomplètement. "S'ils sont malades chro-niques, ils prendront leur traitement lepremier mois, car ils sont remboursés, lepaieront eux-mêmes le second, puis arrê-teront le traitement le troisième parmanque d'argent" résume un médecin

interrogé lors de la présentation de cetteétude, ajoutant "quand son état auraempiré, on le retrouvera à l'hôpital et sontraitement coûtera beaucoup plus cher".

Les professionnels de la Santé propo-sent comme mesure permettant d'amélio-rer la situation, la réduction du taux deTVA sur les médicaments de 19 % à 0 %(le gouvernement envisage de le porter à8 %), le recours aux médicaments rou-mains, beaucoup moins chers.

Des médicaments trop chers

En consommant entre 135 et 155 kg depain par an (370 à 425 g par jour), lesRoumains en sont les seconds plus gros

mangeurs du continent, derrière les Grecs (178 kg,490 g), la moyenne européenne étant de 200 g parjour (73 kg par an).

Cette habitude alimentaire, qui traduit aussi lepeu de ressources dont disposent les familles, estaggravée par la consommation en même quantité depommes de terre, ce qui amène les médecins à insis-ter sur les risques pour la santé qu'elle fait peser àcause de la faible qualité nutritive du pain et des pro-blèmes d'obésité.

Le ministère de l'Agriculture a annoncé la miseau point d'un plan, dont il n'a pas précisé les moda-lités, pour amener la population à en manger moinset à le remplacer par davantage de viande, de fruitset légumes.

Les Roumains, gros mangeurs de pain

Les dents des Roumains se portent de plus en plus mal. 68,8 %d'entre-eux soufrent d'une affection dentaire; ce pourcentagemonte à 90 % chez les adultes - avec une pointe chez les 41-

50 ans… Plus vieux, on a généralement perdu ses dents ! - et atteint50 % chez les enfants. Ce phénomène, aux graves conséquences sur l'é-tat de santé générale de la population et l'état psychologique des per-sonnes qui en souffrent, est dû au manque d'éducation sanitaire dans ledomaine de l'hygiène buccale, aux carences du système de rembourse-ment des assurances sociales et à la situation économique précaire desRoumains. La suppression de la gratuité des interventions d'urgence, lalimitation du remboursement des soins de 60 à 40 % ne peuvent qu'ag-graver le tableau, d'après les spécialistes.

Actuellement, un patient doit payer de sa poche entre 8 et 10 € (52et 65 F) une extraction dentaire, entre 5 et 15 € (33 et 100 F), suivant lematériau utilisé, un plombage, entre 40 € (265 F) - plus 10 € pour lepivot - une couronne, montant qui passe à 100 € (650 F) pour une denten porcelaine. Pour avoir la correspondance en prix occidentaux, il fautmultiplier ces tarifs par 10 ou 15.

90 % des adultes souffrent de leurs dents

Santé

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Tous les ans, à l'entrée de l'hi-ver, de très nombreuxRoumains sont confrontés au

même problème : se chauffer dans unpays où le thermomètre peut descendre àmoins trente degrés. Cette questiondevient dramatique pour un quart des 2,4millions de familles qui vivent dans desblocs : elles se sont débranchées elles-mêmes des réseaux de chauffage parcequ'elles n'avaient pas les moyens derégler leurs factures, ou bien les compa-gnies les ont radiées pour impayés, àmoins que celles-ci n'aient fait faillite etaient mis la clé sous la porte.

La moitié des familles concernées ont mis en place unesolution de fortune: radiateurs au fuel, poêles, chauffage aubois ou au gaz, bien que cela soit interdit et dangereux. Maiselles ne peuvent bénéficier des subventions que le gouverne-ment s'est décidé à accorder aux familles modestes qui sontreliées au système de chauffage collectif, fonctionnant princi-palement dans les grandes villes.

L'autre moitié, soit 300 000 familles ou un million de per-sonnes, survit dans des appartements glacés, sans aucune aide,s'emmitouflant dans des couvertures en attendant les beaux

jours. Bien sûr ces personnes sont lesplus exposées à la mortalité hivernale,même si aucun chiffre ne permet demesurer l'ampleur du phénomène.

85 villes dans le froid

La facture du chauffage représentela moitié des dépenses d'entretien, les-quelles absorbent les deux tiers des reve-nus des familles pauvres. En octobre, lesdettes à l'égard des compagnies fournis-seurs d'énergie, des particuliers maisaussi des écoles, des hôpitaux, les hos-

pices pour vieux, s'élevaient à 200 M€ (1,3 milliards de F). Plus d'un tiers des 220 sociétés qui opéraient sur le mar-

ché ont arrêté leurs activité, entraînant souvent le débranche-ment de villes entières, 85 au total, ou des restrictions. Parmielles, à l'entrée de l'hiver: Câmpulung Muscel, Curtea deArges, Târgu Ocna, Slanic Moldova, Salonta, Dorohoi,Victoria-Brasov, Predeal, Zarnesti, Ghimbav, Sacele, Faurei,Lehliu, Pucioasa, Rovinari, Carbunesti, Orastie, Vulcan,Urziceni, Tandarei, Orsova, Ludus, Târgu Neamt, Draganesti,Bals, Busteni, Avrig, Copsa Mica, Medias, Buzias, Badadag,Isaccea, Calimanesti, Scornicesti.

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Un quart des familles vivant dans les blocs sont débranchées des réseaux de chauffageVie quotidienneEnseignement

Coiffeurs… Danger !

L'Autorité Nationale pour laProtection du Consommateura effectué une descente dans

679 salons de coiffure du pays, constatantque 78 % d'entre-eux étaient en infrac-tion, dont près de 40 % pour leurs condi-tions d'hygiène et sanitaires, délivrantpour 53 000 € (350 000 F) d'amendes.

Murs mangés par les moisissures,rongés par les infiltrations d'eau, installa-tions sanitaires dans un état déplorable,mobilier usé et sale, serviettes usagées,tâchées et pleines de cheveux, ciseaux etrasoirs rouillés, portant des traces decrème à raser ou de sang, peignes non

nettoyés, accessoire non désinfectés ouavec des produits non identifiés, sontautant de remarques consignées dans lesprocès-verbaux, qui indiquent que denombreux coiffeurs ne se lavent pas lesmains avant de passer à un autre client etne portent pas de protection.

Les inspecteurs ont également noté laprésence de produits cosmétiques rem-ballés, ce qui rendait impossible leuridentification et le terme de validité. Il enétait de même pour des solutions désin-fectantes, de permanentes, et produits demaquillage, transvasés de leur emballageoriginal dans des récipients sans indica-

tions, ne permettant aucun contrôle. Dans plusieurs cas, les rouleaux à fri-

ser étaient rouillés et chauffés directe-ment à la flamme, un coiffeur indiquantavec naïveté qu'il vérifiait leur températu-re… en les rapprochant de son nez. Lesprises électriques n'étaient pas fixées cor-rectement, faisant courir le risque d'uneélectrocution. Instruments de manucureet de pédicure n'étaient pas stérilisés, lepersonnel ignorant qu'il devait le faire.

L'ANPC a fermé définitivement 23salons, 41 pour une période plus de sixmois et 254 temporairement, soit autotal… 47% des établissement contrôlés !

Près de 30 000 enfants ont

Selon les statistiques du ministère de l'Education nationale, 21 000 enfants demoins de seize ans avaient abandonné l'école - obligatoire jusqu'à cet âge -en 2000, ce chiffre étant tombé à 15 000 en 2001, pour bondir à 28 000 en

2002. Les autorités reconnaissaient, en même temps qu'aucune sanction n'avait étéprise à l'encontre des parents, alors que des amendes de 500 000 à 2 000 000 de lei(12,5 à 50 €, 82 à 330 F) sont prévues.

Interrogés, des inspecteurs de l'enseignement ont indiqué que les cas d'abandonscolaire provenaient le plus souvent de famille décomposées ou touchées par l'alcoo-lisme, ou bien qui gardent leurs enfants pour les faire travailler. Jusqu'ici, lesministères de l'Education Nationale et de l'Intérieur n'ont mis en place aucune mesurepréventive ou répressive pour contrer ce phénomène qui se traduit aussi par la vented' "enfants esclaves" par leurs parents pour quelques centaines de milliers de lei(moins de 25 €, 165 F) et un cochon pour Noël.

Sans horizon, les chercheurs vont voir ailleurs

"Un jeune chercheur ne gagneque 75 € (500 F) par mois et n'estpas payé régulièrement; quant àcelui qui a 20 ans d'ancienneté, iltouchera tout juste le double et sonsalaire sera versé avec plusieursmois de retard "…Le président de laFédération des ChercheursRoumains a qualifié de désastreusela situation de la recherche, indi-quant que nombre de jeunesl'abandonnent pour une activité pluslucrative ou,dans majorité des cas,partent à l'étranger finir leurs études,passer un doctorat, sont embauchéspar des instituts ou des laboratoireset ne reviennent plus. "En outre" a-t-il souligné " obtenir un contrat derecherche est si compliqué et si diffi-cile en Roumanie que beaucouprenoncent ".

Le rêve américain

Plus de quatre mille étudiants ont franchi les portes de leur maison de la cul-ture, à Cluj, lors du dernier week-end d'octobre pendant lequel était orga-nisé une bourse du travail à l'étranger pour les prochaines grandes vacances

et qui, devant son succès, a dû être prolongée de quelques heures. Trente sept firmesproposaient des emplois, les droits d'inscription avec le voyage et les frais de visaspouvant coûter jusqu'à 1000 €.

Les USA étaient la destination la plus recherchée, les jeunes Roumains ayant lapossibilité d'y travailler pendant quatre mois pour des salaires horaires variant entre 7à 12 dollars (50 à 85 F).

L'Amérique du Nord est devenue à la mode depuis deux ans, car elle permet d'ytravailler facilement, de voyager et de revenir avec des économies substantielles. Lamajorité des jeunes Clujois qui ont effectué cette expérience l'été dernier ont regagnéleur pays… et sont d'ores et déjà partants pour un autre séjour. Par ailleurs, des firmesaméricaines recrutaient des étudiants pour des stages de spécialisation de 18 mois.

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Un hiver glacial pour un million de personnes abandonné l'école, l'an passé

L'Ecole Nationale d'Administrationaccueille jusqu'en juillet prochain 26stagiaires roumains, sélectionnésdans leur pays, pour suivre un pro-gramme de formation approfondiedans le domaine des relations inter-nationales, de l'administration, de l'é-conomie et des finances. A l'issuede leur stage, ceux-ci devront tra-vailler au moins cinq ans dans l'ad-ministration roumaine. Par ailleurs,l'ENA s'est déclarée prête à accepterdirectement les candidatures d'étu-diants roumains qui passeraientl'examen d'entrée à Paris, en mêmetemps que leurs homologuesfrançais, avec possibilité d'intégrerl'administration française.

L'ENA accueille desstagiaires roumains

Une professeur de 40 ans, chefde travaux à l'Université deMédecine et de Pharmacie de

Timisoara, a été arrêtée, début novembre,pour avoir exigé des dessous de table afinde faciliter la réussite de ses étudiants auxexamens. Elle a été démasquée par desinspecteurs du PNA (Parquet NationalAnti-corruption), après le dépôt d'uneplainte par 67 étudiants indiens. En juindernier, ceux-ci avaient été ulcérés de sevoir réclamer un triple pourboire, qu'ilsdevaient payer en argent liquide, avant depasser les épreuves d'anatomie.

L'enquête a démontré que l'ensei-gnante mise en cause ne se bornait pas àrecevoir ces sommes, mais réclamaitaussi à ses étudiants indiens la remise debijoux en or ou d'autres présents. Elleavait même demandé à l'un d'entre-eux

d'acquérir dans la société de son maritoute sortes d'articles de papeterie, qu'el-le avait récupérés, s'en servant pour édi-ter ses cours d'anatomie en anglais… lesrevendant ensuite aux étudiants pour plu-sieurs centaines de dollars.

Les enquêteurs ont retrouvé au domi-cile de l'accusée une partie des bijoux quilui avaient été remis et ont évalué à6000 € (40 000 F) le montant des "pres-tations" qu'elle avait perçues entre 2001et 2003, sans exclure le dépôt de nou-velles plaintes d'étudiants roumainsencouragés par la démarche de leurscamarades indiens. Il est très rare, eneffet, que ceux-ci se risquent à dénoncerpubliquement ces pratiques, de peurd'une réaction de solidarité du corps pro-fessoral et du retour de bâton qui ne man-querait pas d'en découler pour eux.

Des étudiants rançonnés par leur professeur pour passer leurs examens

Budapest et Bucarest, Austria (Autriche) et Australia,ne sont pas les seules destinations à prêter à confu-sion. Une passagère africaine venant du Mali et se

rendant à une conférence du Corps de la Paix à Chisinau enMoldova s'est finalement retrouvée en Norvège, dirigée vers laville de Molde… proche du Cercle polaire. A l'escale de Paris,les employés de l'aéroport l'ont enregistré sur un vol pour Oslo

où, là, on s'apprêtait à l'embarquer dans un avion vers ce petitport de la Mer de Norvège. L'absence de ses bagages a cepen-dant attiré l'attention du personnel qui a découvert l'erreurd'acheminement, mise sur le compte de l'informatique qui,paraît-il ne fait pas toujours bon ménage avec la géographie. LaCompagnie scandinave SAS a réexpédiée l'infortunée voyageu-se vers Paris d'où elle a pu enfin gagner sa destination finale.

Confusion géographique

Ce sont des sociétés exploitant des centrales thermiques qui alimentent

en chauffage les immeubles des grandes villes.

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- Bon, ce n'était pas si grave, je lui ai expliqué. Je me suisfâché pour la première fois quand la maîtresse a passé un ques-tionnaire avec cette seule question: ton pays ? Thomas a écritCanada. La maîtresse lui a dit non. Pas Canada. Roumanie. Cesoir-là, il est revenu à la maison, et il me dit: papa, qu'est-ceque je suis, moi ? Canada ou Roumanie ? Dans ses yeux il y aavait un point d'interrogation et un rien d'impatience: bran-chez-vous !

Une autre fois, il dit à sa mère: demain, il faut que j'ap-porte un objet de mon pays à l'école. La mère lui réitère queson pays c'est le Canada, et elle lui suggère, plaisamment,d'apporter à l'école une bouteille de Coca-Cola. Finalement,l'enfant apportera un nounours habillé d'un t-shirt avec unefeuille d'érable. La maîtresse n'a pas du tout apprécié.

Sur les 437 élèves, neuf sont d'origine québécoise

Récemment, lors d'une soirée de parents, M. Anghel entredans la classe de son fils, et découvre, avec effarement, que lespupitres sont identifiés avec des petits drapeaux correspondantau pays d'origine des enfants. Sur celui de son fils, le drapeaude la Roumanie, évidemment. Un bâtonnet fiché dans de laplasticine, le drapeau lui-même fait de papier colorié et collésur le bâton.

"Cela avait l'air du fanion sur la voiture officielle deCeausescu," s'irrite M. Anghel, qui se demande si c'est l'école.Serais-je tombé sur des intégristes du multiculturalisme ? Ousi c'est la commission scolaire ? Je ne suis qu'un pauvre immi-gré, M. Foglia, on répond pas à mes questions. On répondrasûrement aux vôtres...

C'est un peu l'école, M. Anghel. Il y a là 437 élèvres, dontneuf de souche québécoise. La langue la plus parlée à cetteécole est le tamoul, devant le bengali et le tagalog(Philippines), puis l'espagnol, le vietnamien, etc. Au contrairede vous, M. Anghel, la plupart des parents, M. Anghel, sontplutôt très satisfaits de cette mise en valeur de l'héritage cultu-rel particulier de leurs enfants. (...) Quant à la commission sco-laire, la pauvre, elle essaie de trouver un modus vivendi quipermettra à ces enfants de toutes les couleurs, de toutes lesnations, de s'intégrer harmonieusement à leur société d'accueilmontréalaise.

"Le modèle canadien, c'est une minestrone"

Excusez? Ai-je dit s'intégrer? Ciel, je m'en excuse. Surtoutpas s'intégrer. Très laid, l'intégration. Wouache. Beurk.Eurocentriste. Disons: partager l'espace commun en gardanttoutes leurs particularités culturelles. Pensez à une soupe. Il nefaut pas que ce soit un potage à la moulinette. Le modèle cana-dien c'est une minestrone, cette soupe italienne dans laquellechaque légume garde sa forme, sa couleur, sa saveur. Ça faitun joli pays, non ?

Cette minestrone, M. Anghel, on nous la sert depuis ledébut des années 70, depuis que le Premier ministre libérald'alors, M. Trudeau, a découvert que les Ukrainiens, lesItaliens, les Grecs votant très globalement pour son parti, ilconvenait de les encourager à rester Ukrainiens, Italiens etGrecs le plus longemps possible pour qu'ils votent libéral leplus longemps possible (surtout au Québec). Le multicultura-lisme était né. Il s'est trouvé une âme depuis, Dieu merci, pourcacher un peu son utilité politicienne. Son âme ? L'ouverture àl'autre. L'ouverture à son costume. L'ouverture à son kirpan. Etl'ouverture de son restaurant.

- Mais pas l'ouverture à la fessée, m'a interrompu M.Anghel.

- Pardon ?- Je vous dis: pas l'ouverture à la fessée. Un jour, mon fils

est arrivé de l'école, toujours la même école, il était en pre-mière année je crois, peut-être même à la maternelle, trèssolennellement il nous a dit: papa, maman, vous n'avez pas ledroit de me donner la fessée et vous n'avez pas le droit de criersur moi.

- Et si je le fais ? a dit sa mère.- Je téléphone au 911.- C'est ce que tu as appris à l'école aujourd 'hui ? - Oui.- Et quoi d'autre ?- J'ai appris à faire 911 au téléphone.- Je suis allé à l'école pour leur expliquer qu'en Roumanie

c'est pas comme ça qu'on élevait les enfants.Ils m'ont répondu qu'ici on est au Canada ".

Pierre Foglia, La Presse (Montréal)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Les efforts d'intégration mal récompensés d'une famille

partie s'installer Outre-Atlantique

En hiver, l'entretiend'une Dacia coûte prèsd'un salaire et demi

Il ne fait pas bon être une Dacialorsque l'hiver approche. Si son pro-priétaire parvient à débourser les 150euros nécessaires à sa préparationhivernale, il risque encore de lui fairerendre l'âme en lui faisant ingurgiterdes produits d'entretien d'une qualitéplus que douteuse.

En Roumanie, l'hiver est très long -parfois six mois entiers comme l'anpassé - et très rigoureux : moins vingtdegrés dans le nord du pays. LesDacia un peu usées doivent donc êtrebien préparées : régler l'allumage,changer l'huile et les bougies, rempla-cer l'antigel, vérifier les systèmes derefroidissement et d'électricité, chan-ger la batterie si elle est en mauvaisétat, équiper la voiture en pneus d'hi-ver… Coût total de l'opération : 150euros, somme nettement supérieureau salaire roumain moyen (100euros).

Autre problème, dénoncé parl'Autorité Nationale pour la Protectiondu Consommateur: plus de 97% desproduits utilisés pour le fonctionne-ment et l'entretien des automobilessont des contrefaçons. Liquide defrein, huile pour le moteur, antigel etadditifs pour l'essence sont coupésavec de l'eau, mélangés avec d'autressubstances et sont souvent périmés.Un cocktail détonnant que de nom-breuses Dacia ne digéreront pas. Cesproduits n'ont pourtant pas le certificatd'homologation du Registre AutoRoumain (RAR) mais les consomma-teurs sont égarés par une multituded'étiquettes multicolores écrites dansdes langues de faible circulation. Durd'être une Dacia…

Dans le numéro de janvier- février (supplément du n° 15), Pierre Foglia,journaliste d'une espèce rare -- impertinent, critique ou bienveillant, maistoujours tout à fait libre - nous avait fait partager sa découverte de la

Roumanie à l'occasion d'un match de boxe. Aujourd'hui, Pierre Foglia, qui tient unecélébrissime chronique dans le grand quotidien "La Presse" de Montréal, aborde unautre thème, avec sa manière personnelle d'appréhender choses et gens: l'étonnementd'une famille roumaine émigrée au Canada devant ses efforts d'intégration mal récom-pensés ou incompris. Le journaliste, d'origine italienne, a vécu en France avant de s'é-tablir au Québec.

"Je ne suis pas content de cette école"

"J'avais à faire dans Côte-des-Neiges et je me suis dit: tiens, je vais aller dire bon-jour aux Anghel. Ce sont des Roumains. Enfin, ils sont Canadiens maintenant. Quandje suis allé en Roumanie ce printemps, M. Arthur Anghel m'avait envoyé un mot, etpuis voilà, on cause des fois. Je connais sa femme, Sylvia, et son fils, Thomas.

Je suis arrivé chez eux à peu près en même temps que Thomas, qui revenait de l'é-cole. Bonjour, Thomas. Un beau gamin. Ça va l'école, Thomas ? Il est né enRoumanie. Il avait un an quand il est arrivé ici. Son père, Arthur Anghel, a fui le régi-me Ceausescu au début des années 80. Il a passé un an dans un camp de réfugiés enItalie, puis il est arrivé ici. Il est retourné vivre en Roumanie après la chute deCeausescu, en 89. Il s'est marié.

Au bout de cinq ans, impatienté comme bien d'autres Roumains par la lenteur desréformes, le couple Anghel est revenu à Montréal. Thomas avait un an à ce moment-là, il en a neuf aujourd'hui, il parle français comme vous et moi.

- Alors l'école, Thomas ? Ça va ou ça va pas ? Le père a répondu pour lui:- Thomas, ça va. L'école, ça va pas. Je ne suis pas content de cette école. - Ce n'est pas une bonne école ? - Je peux vous poser une question avant de vous expliquer, M. Foglia ? Qu'est-ce

que vous êtes, vous ?- Ce que je suis ? - Êtes-vous Italien ?- Non, je suis Québécois, enfin, Canadien, si vous voulez.- O. K., demandez à Thomas ce qu'il est: vous allez avoir la réponse. - Thomas, t'es quoi ?- Je suis Roumain, dit le gamin en défiant son père.

"Papa, tu sais que Dracula est Roumain comme toi ?"

- Et voilà, dit le père, complètement découragé. C'est ce qu'on lui apprend à l'é-cole. Quand je suis revenu au Canada avec ma femme, on a fait les choses très sérieu-sement, comme il est recommandé aux immigrants de les faire pour s'intégrer dansleur société d'accueil. Ma femme a appris le français et on a parlé français à la mai-son, pour habituer les oreilles du petit.

À mesure qu'il grandissait, quand on lui parlait du pays, c'était toujours le Québec,le Canada. Il est allé à la garderie, puis à la prématernelle de cette école, où il est entroisième année maintenant. Un jour, il était en deuxième année, il revient de l'école,il me dit: papa, tu sais que Dracula est Roumain comme toi ? Et que c'était un vampi-re ?

- Qui t'a dit ça ?- On en a parlé en classe.

Vie quotidienne

D'après une étude de l'Institut National de la Statistique, lesMoldaves sont les plus grands "mamaligari" ("mangeurs demamaliga" - polenta ou farine de maïs -) de Roumanie. Ils

en consomment environ quatre kilos par mois, soit sept fois plus que lesBucarestois et douze fois plus que les Transylvains.

Ces statistiques constituent un véritable baromètre de la qualité del'alimentation et, au-delà des habitudes alimentaires, de la richesse ou dela pauvreté des régions. Ainsi, dans le Banat (Timisoara), une des régionsles plus développées du pays, les habitants consomment 12,6 kg de painpar mois - record en Roumanie - dont le prix est beaucoup plus élevé,contre 7 kg en Moldavie. Dans les villages de cette dernière région, lamamaliga constitue, avec le fromage, parfois la seule nourriture servielors des repas. Le pain, très cher, ne fait son apparition qu'à l'occasion deNoël et de Pâques.

La mamaliga, baromètre de la qualité de l'alimentation

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

SIGHISOARARoumanie ou Canada ?

La mamaliga (à droite), accompagne les plats traditionnels, remplaçant le pain.

Page 27: SOMMAIRE - LES NOUVELLES DE ROUMANIE · 2010-11-22 · 5 2 C e n'est pas toujours dans les bandes dessinées que l'on trouve les personnages les plus étonnants. Dodo Nita en est

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SSociété

- Bon, ce n'était pas si grave, je lui ai expliqué. Je me suisfâché pour la première fois quand la maîtresse a passé un ques-tionnaire avec cette seule question: ton pays ? Thomas a écritCanada. La maîtresse lui a dit non. Pas Canada. Roumanie. Cesoir-là, il est revenu à la maison, et il me dit: papa, qu'est-ceque je suis, moi ? Canada ou Roumanie ? Dans ses yeux il y aavait un point d'interrogation et un rien d'impatience: bran-chez-vous !

Une autre fois, il dit à sa mère: demain, il faut que j'ap-porte un objet de mon pays à l'école. La mère lui réitère queson pays c'est le Canada, et elle lui suggère, plaisamment,d'apporter à l'école une bouteille de Coca-Cola. Finalement,l'enfant apportera un nounours habillé d'un t-shirt avec unefeuille d'érable. La maîtresse n'a pas du tout apprécié.

Sur les 437 élèves, neuf sont d'origine québécoise

Récemment, lors d'une soirée de parents, M. Anghel entredans la classe de son fils, et découvre, avec effarement, que lespupitres sont identifiés avec des petits drapeaux correspondantau pays d'origine des enfants. Sur celui de son fils, le drapeaude la Roumanie, évidemment. Un bâtonnet fiché dans de laplasticine, le drapeau lui-même fait de papier colorié et collésur le bâton.

"Cela avait l'air du fanion sur la voiture officielle deCeausescu," s'irrite M. Anghel, qui se demande si c'est l'école.Serais-je tombé sur des intégristes du multiculturalisme ? Ousi c'est la commission scolaire ? Je ne suis qu'un pauvre immi-gré, M. Foglia, on répond pas à mes questions. On répondrasûrement aux vôtres...

C'est un peu l'école, M. Anghel. Il y a là 437 élèvres, dontneuf de souche québécoise. La langue la plus parlée à cetteécole est le tamoul, devant le bengali et le tagalog(Philippines), puis l'espagnol, le vietnamien, etc. Au contrairede vous, M. Anghel, la plupart des parents, M. Anghel, sontplutôt très satisfaits de cette mise en valeur de l'héritage cultu-rel particulier de leurs enfants. (...) Quant à la commission sco-laire, la pauvre, elle essaie de trouver un modus vivendi quipermettra à ces enfants de toutes les couleurs, de toutes lesnations, de s'intégrer harmonieusement à leur société d'accueilmontréalaise.

"Le modèle canadien, c'est une minestrone"

Excusez? Ai-je dit s'intégrer? Ciel, je m'en excuse. Surtoutpas s'intégrer. Très laid, l'intégration. Wouache. Beurk.Eurocentriste. Disons: partager l'espace commun en gardanttoutes leurs particularités culturelles. Pensez à une soupe. Il nefaut pas que ce soit un potage à la moulinette. Le modèle cana-dien c'est une minestrone, cette soupe italienne dans laquellechaque légume garde sa forme, sa couleur, sa saveur. Ça faitun joli pays, non ?

Cette minestrone, M. Anghel, on nous la sert depuis ledébut des années 70, depuis que le Premier ministre libérald'alors, M. Trudeau, a découvert que les Ukrainiens, lesItaliens, les Grecs votant très globalement pour son parti, ilconvenait de les encourager à rester Ukrainiens, Italiens etGrecs le plus longemps possible pour qu'ils votent libéral leplus longemps possible (surtout au Québec). Le multicultura-lisme était né. Il s'est trouvé une âme depuis, Dieu merci, pourcacher un peu son utilité politicienne. Son âme ? L'ouverture àl'autre. L'ouverture à son costume. L'ouverture à son kirpan. Etl'ouverture de son restaurant.

- Mais pas l'ouverture à la fessée, m'a interrompu M.Anghel.

- Pardon ?- Je vous dis: pas l'ouverture à la fessée. Un jour, mon fils

est arrivé de l'école, toujours la même école, il était en pre-mière année je crois, peut-être même à la maternelle, trèssolennellement il nous a dit: papa, maman, vous n'avez pas ledroit de me donner la fessée et vous n'avez pas le droit de criersur moi.

- Et si je le fais ? a dit sa mère.- Je téléphone au 911.- C'est ce que tu as appris à l'école aujourd 'hui ? - Oui.- Et quoi d'autre ?- J'ai appris à faire 911 au téléphone.- Je suis allé à l'école pour leur expliquer qu'en Roumanie

c'est pas comme ça qu'on élevait les enfants.Ils m'ont répondu qu'ici on est au Canada ".

Pierre Foglia, La Presse (Montréal)

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Les efforts d'intégration mal récompensés d'une famille

partie s'installer Outre-Atlantique

En hiver, l'entretiend'une Dacia coûte prèsd'un salaire et demi

Il ne fait pas bon être une Dacialorsque l'hiver approche. Si son pro-priétaire parvient à débourser les 150euros nécessaires à sa préparationhivernale, il risque encore de lui fairerendre l'âme en lui faisant ingurgiterdes produits d'entretien d'une qualitéplus que douteuse.

En Roumanie, l'hiver est très long -parfois six mois entiers comme l'anpassé - et très rigoureux : moins vingtdegrés dans le nord du pays. LesDacia un peu usées doivent donc êtrebien préparées : régler l'allumage,changer l'huile et les bougies, rempla-cer l'antigel, vérifier les systèmes derefroidissement et d'électricité, chan-ger la batterie si elle est en mauvaisétat, équiper la voiture en pneus d'hi-ver… Coût total de l'opération : 150euros, somme nettement supérieureau salaire roumain moyen (100euros).

Autre problème, dénoncé parl'Autorité Nationale pour la Protectiondu Consommateur: plus de 97% desproduits utilisés pour le fonctionne-ment et l'entretien des automobilessont des contrefaçons. Liquide defrein, huile pour le moteur, antigel etadditifs pour l'essence sont coupésavec de l'eau, mélangés avec d'autressubstances et sont souvent périmés.Un cocktail détonnant que de nom-breuses Dacia ne digéreront pas. Cesproduits n'ont pourtant pas le certificatd'homologation du Registre AutoRoumain (RAR) mais les consomma-teurs sont égarés par une multituded'étiquettes multicolores écrites dansdes langues de faible circulation. Durd'être une Dacia…

Dans le numéro de janvier- février (supplément du n° 15), Pierre Foglia,journaliste d'une espèce rare -- impertinent, critique ou bienveillant, maistoujours tout à fait libre - nous avait fait partager sa découverte de la

Roumanie à l'occasion d'un match de boxe. Aujourd'hui, Pierre Foglia, qui tient unecélébrissime chronique dans le grand quotidien "La Presse" de Montréal, aborde unautre thème, avec sa manière personnelle d'appréhender choses et gens: l'étonnementd'une famille roumaine émigrée au Canada devant ses efforts d'intégration mal récom-pensés ou incompris. Le journaliste, d'origine italienne, a vécu en France avant de s'é-tablir au Québec.

"Je ne suis pas content de cette école"

"J'avais à faire dans Côte-des-Neiges et je me suis dit: tiens, je vais aller dire bon-jour aux Anghel. Ce sont des Roumains. Enfin, ils sont Canadiens maintenant. Quandje suis allé en Roumanie ce printemps, M. Arthur Anghel m'avait envoyé un mot, etpuis voilà, on cause des fois. Je connais sa femme, Sylvia, et son fils, Thomas.

Je suis arrivé chez eux à peu près en même temps que Thomas, qui revenait de l'é-cole. Bonjour, Thomas. Un beau gamin. Ça va l'école, Thomas ? Il est né enRoumanie. Il avait un an quand il est arrivé ici. Son père, Arthur Anghel, a fui le régi-me Ceausescu au début des années 80. Il a passé un an dans un camp de réfugiés enItalie, puis il est arrivé ici. Il est retourné vivre en Roumanie après la chute deCeausescu, en 89. Il s'est marié.

Au bout de cinq ans, impatienté comme bien d'autres Roumains par la lenteur desréformes, le couple Anghel est revenu à Montréal. Thomas avait un an à ce moment-là, il en a neuf aujourd'hui, il parle français comme vous et moi.

- Alors l'école, Thomas ? Ça va ou ça va pas ? Le père a répondu pour lui:- Thomas, ça va. L'école, ça va pas. Je ne suis pas content de cette école. - Ce n'est pas une bonne école ? - Je peux vous poser une question avant de vous expliquer, M. Foglia ? Qu'est-ce

que vous êtes, vous ?- Ce que je suis ? - Êtes-vous Italien ?- Non, je suis Québécois, enfin, Canadien, si vous voulez.- O. K., demandez à Thomas ce qu'il est: vous allez avoir la réponse. - Thomas, t'es quoi ?- Je suis Roumain, dit le gamin en défiant son père.

"Papa, tu sais que Dracula est Roumain comme toi ?"

- Et voilà, dit le père, complètement découragé. C'est ce qu'on lui apprend à l'é-cole. Quand je suis revenu au Canada avec ma femme, on a fait les choses très sérieu-sement, comme il est recommandé aux immigrants de les faire pour s'intégrer dansleur société d'accueil. Ma femme a appris le français et on a parlé français à la mai-son, pour habituer les oreilles du petit.

À mesure qu'il grandissait, quand on lui parlait du pays, c'était toujours le Québec,le Canada. Il est allé à la garderie, puis à la prématernelle de cette école, où il est entroisième année maintenant. Un jour, il était en deuxième année, il revient de l'école,il me dit: papa, tu sais que Dracula est Roumain comme toi ? Et que c'était un vampi-re ?

- Qui t'a dit ça ?- On en a parlé en classe.

Vie quotidienne

D'après une étude de l'Institut National de la Statistique, lesMoldaves sont les plus grands "mamaligari" ("mangeurs demamaliga" - polenta ou farine de maïs -) de Roumanie. Ils

en consomment environ quatre kilos par mois, soit sept fois plus que lesBucarestois et douze fois plus que les Transylvains.

Ces statistiques constituent un véritable baromètre de la qualité del'alimentation et, au-delà des habitudes alimentaires, de la richesse ou dela pauvreté des régions. Ainsi, dans le Banat (Timisoara), une des régionsles plus développées du pays, les habitants consomment 12,6 kg de painpar mois - record en Roumanie - dont le prix est beaucoup plus élevé,contre 7 kg en Moldavie. Dans les villages de cette dernière région, lamamaliga constitue, avec le fromage, parfois la seule nourriture servielors des repas. Le pain, très cher, ne fait son apparition qu'à l'occasion deNoël et de Pâques.

La mamaliga, baromètre de la qualité de l'alimentation

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

SIGHISOARARoumanie ou Canada ?

La mamaliga (à droite), accompagne les plats traditionnels, remplaçant le pain.

Page 28: SOMMAIRE - LES NOUVELLES DE ROUMANIE · 2010-11-22 · 5 2 C e n'est pas toujours dans les bandes dessinées que l'on trouve les personnages les plus étonnants. Dodo Nita en est

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Tous les ans, à l'entrée de l'hi-ver, de très nombreuxRoumains sont confrontés au

même problème : se chauffer dans unpays où le thermomètre peut descendre àmoins trente degrés. Cette questiondevient dramatique pour un quart des 2,4millions de familles qui vivent dans desblocs : elles se sont débranchées elles-mêmes des réseaux de chauffage parcequ'elles n'avaient pas les moyens derégler leurs factures, ou bien les compa-gnies les ont radiées pour impayés, àmoins que celles-ci n'aient fait faillite etaient mis la clé sous la porte.

La moitié des familles concernées ont mis en place unesolution de fortune: radiateurs au fuel, poêles, chauffage aubois ou au gaz, bien que cela soit interdit et dangereux. Maiselles ne peuvent bénéficier des subventions que le gouverne-ment s'est décidé à accorder aux familles modestes qui sontreliées au système de chauffage collectif, fonctionnant princi-palement dans les grandes villes.

L'autre moitié, soit 300 000 familles ou un million de per-sonnes, survit dans des appartements glacés, sans aucune aide,s'emmitouflant dans des couvertures en attendant les beaux

jours. Bien sûr ces personnes sont lesplus exposées à la mortalité hivernale,même si aucun chiffre ne permet demesurer l'ampleur du phénomène.

85 villes dans le froid

La facture du chauffage représentela moitié des dépenses d'entretien, les-quelles absorbent les deux tiers des reve-nus des familles pauvres. En octobre, lesdettes à l'égard des compagnies fournis-seurs d'énergie, des particuliers maisaussi des écoles, des hôpitaux, les hos-

pices pour vieux, s'élevaient à 200 M€ (1,3 milliards de F). Plus d'un tiers des 220 sociétés qui opéraient sur le mar-

ché ont arrêté leurs activité, entraînant souvent le débranche-ment de villes entières, 85 au total, ou des restrictions. Parmielles, à l'entrée de l'hiver: Câmpulung Muscel, Curtea deArges, Târgu Ocna, Slanic Moldova, Salonta, Dorohoi,Victoria-Brasov, Predeal, Zarnesti, Ghimbav, Sacele, Faurei,Lehliu, Pucioasa, Rovinari, Carbunesti, Orastie, Vulcan,Urziceni, Tandarei, Orsova, Ludus, Târgu Neamt, Draganesti,Bals, Busteni, Avrig, Copsa Mica, Medias, Buzias, Badadag,Isaccea, Calimanesti, Scornicesti.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

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Un quart des familles vivant dans les blocs sont débranchées des réseaux de chauffageVie quotidienneEnseignement

Coiffeurs… Danger !

L'Autorité Nationale pour laProtection du Consommateura effectué une descente dans

679 salons de coiffure du pays, constatantque 78 % d'entre-eux étaient en infrac-tion, dont près de 40 % pour leurs condi-tions d'hygiène et sanitaires, délivrantpour 53 000 € (350 000 F) d'amendes.

Murs mangés par les moisissures,rongés par les infiltrations d'eau, installa-tions sanitaires dans un état déplorable,mobilier usé et sale, serviettes usagées,tâchées et pleines de cheveux, ciseaux etrasoirs rouillés, portant des traces decrème à raser ou de sang, peignes non

nettoyés, accessoire non désinfectés ouavec des produits non identifiés, sontautant de remarques consignées dans lesprocès-verbaux, qui indiquent que denombreux coiffeurs ne se lavent pas lesmains avant de passer à un autre client etne portent pas de protection.

Les inspecteurs ont également noté laprésence de produits cosmétiques rem-ballés, ce qui rendait impossible leuridentification et le terme de validité. Il enétait de même pour des solutions désin-fectantes, de permanentes, et produits demaquillage, transvasés de leur emballageoriginal dans des récipients sans indica-

tions, ne permettant aucun contrôle. Dans plusieurs cas, les rouleaux à fri-

ser étaient rouillés et chauffés directe-ment à la flamme, un coiffeur indiquantavec naïveté qu'il vérifiait leur températu-re… en les rapprochant de son nez. Lesprises électriques n'étaient pas fixées cor-rectement, faisant courir le risque d'uneélectrocution. Instruments de manucureet de pédicure n'étaient pas stérilisés, lepersonnel ignorant qu'il devait le faire.

L'ANPC a fermé définitivement 23salons, 41 pour une période plus de sixmois et 254 temporairement, soit autotal… 47% des établissement contrôlés !

Près de 30 000 enfants ont

Selon les statistiques du ministère de l'Education nationale, 21 000 enfants demoins de seize ans avaient abandonné l'école - obligatoire jusqu'à cet âge -en 2000, ce chiffre étant tombé à 15 000 en 2001, pour bondir à 28 000 en

2002. Les autorités reconnaissaient, en même temps qu'aucune sanction n'avait étéprise à l'encontre des parents, alors que des amendes de 500 000 à 2 000 000 de lei(12,5 à 50 €, 82 à 330 F) sont prévues.

Interrogés, des inspecteurs de l'enseignement ont indiqué que les cas d'abandonscolaire provenaient le plus souvent de famille décomposées ou touchées par l'alcoo-lisme, ou bien qui gardent leurs enfants pour les faire travailler. Jusqu'ici, lesministères de l'Education Nationale et de l'Intérieur n'ont mis en place aucune mesurepréventive ou répressive pour contrer ce phénomène qui se traduit aussi par la vented' "enfants esclaves" par leurs parents pour quelques centaines de milliers de lei(moins de 25 €, 165 F) et un cochon pour Noël.

Sans horizon, les chercheurs vont voir ailleurs

"Un jeune chercheur ne gagneque 75 € (500 F) par mois et n'estpas payé régulièrement; quant àcelui qui a 20 ans d'ancienneté, iltouchera tout juste le double et sonsalaire sera versé avec plusieursmois de retard "…Le président de laFédération des ChercheursRoumains a qualifié de désastreusela situation de la recherche, indi-quant que nombre de jeunesl'abandonnent pour une activité pluslucrative ou,dans majorité des cas,partent à l'étranger finir leurs études,passer un doctorat, sont embauchéspar des instituts ou des laboratoireset ne reviennent plus. "En outre" a-t-il souligné " obtenir un contrat derecherche est si compliqué et si diffi-cile en Roumanie que beaucouprenoncent ".

Le rêve américain

Plus de quatre mille étudiants ont franchi les portes de leur maison de la cul-ture, à Cluj, lors du dernier week-end d'octobre pendant lequel était orga-nisé une bourse du travail à l'étranger pour les prochaines grandes vacances

et qui, devant son succès, a dû être prolongée de quelques heures. Trente sept firmesproposaient des emplois, les droits d'inscription avec le voyage et les frais de visaspouvant coûter jusqu'à 1000 €.

Les USA étaient la destination la plus recherchée, les jeunes Roumains ayant lapossibilité d'y travailler pendant quatre mois pour des salaires horaires variant entre 7à 12 dollars (50 à 85 F).

L'Amérique du Nord est devenue à la mode depuis deux ans, car elle permet d'ytravailler facilement, de voyager et de revenir avec des économies substantielles. Lamajorité des jeunes Clujois qui ont effectué cette expérience l'été dernier ont regagnéleur pays… et sont d'ores et déjà partants pour un autre séjour. Par ailleurs, des firmesaméricaines recrutaient des étudiants pour des stages de spécialisation de 18 mois.

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GALATI

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DEVACLUJ

VASLUI

SINAIA

Un hiver glacial pour un million de personnes abandonné l'école, l'an passé

L'Ecole Nationale d'Administrationaccueille jusqu'en juillet prochain 26stagiaires roumains, sélectionnésdans leur pays, pour suivre un pro-gramme de formation approfondiedans le domaine des relations inter-nationales, de l'administration, de l'é-conomie et des finances. A l'issuede leur stage, ceux-ci devront tra-vailler au moins cinq ans dans l'ad-ministration roumaine. Par ailleurs,l'ENA s'est déclarée prête à accepterdirectement les candidatures d'étu-diants roumains qui passeraientl'examen d'entrée à Paris, en mêmetemps que leurs homologuesfrançais, avec possibilité d'intégrerl'administration française.

L'ENA accueille desstagiaires roumains

Une professeur de 40 ans, chefde travaux à l'Université deMédecine et de Pharmacie de

Timisoara, a été arrêtée, début novembre,pour avoir exigé des dessous de table afinde faciliter la réussite de ses étudiants auxexamens. Elle a été démasquée par desinspecteurs du PNA (Parquet NationalAnti-corruption), après le dépôt d'uneplainte par 67 étudiants indiens. En juindernier, ceux-ci avaient été ulcérés de sevoir réclamer un triple pourboire, qu'ilsdevaient payer en argent liquide, avant depasser les épreuves d'anatomie.

L'enquête a démontré que l'ensei-gnante mise en cause ne se bornait pas àrecevoir ces sommes, mais réclamaitaussi à ses étudiants indiens la remise debijoux en or ou d'autres présents. Elleavait même demandé à l'un d'entre-eux

d'acquérir dans la société de son maritoute sortes d'articles de papeterie, qu'el-le avait récupérés, s'en servant pour édi-ter ses cours d'anatomie en anglais… lesrevendant ensuite aux étudiants pour plu-sieurs centaines de dollars.

Les enquêteurs ont retrouvé au domi-cile de l'accusée une partie des bijoux quilui avaient été remis et ont évalué à6000 € (40 000 F) le montant des "pres-tations" qu'elle avait perçues entre 2001et 2003, sans exclure le dépôt de nou-velles plaintes d'étudiants roumainsencouragés par la démarche de leurscamarades indiens. Il est très rare, eneffet, que ceux-ci se risquent à dénoncerpubliquement ces pratiques, de peurd'une réaction de solidarité du corps pro-fessoral et du retour de bâton qui ne man-querait pas d'en découler pour eux.

Des étudiants rançonnés par leur professeur pour passer leurs examens

Budapest et Bucarest, Austria (Autriche) et Australia,ne sont pas les seules destinations à prêter à confu-sion. Une passagère africaine venant du Mali et se

rendant à une conférence du Corps de la Paix à Chisinau enMoldova s'est finalement retrouvée en Norvège, dirigée vers laville de Molde… proche du Cercle polaire. A l'escale de Paris,les employés de l'aéroport l'ont enregistré sur un vol pour Oslo

où, là, on s'apprêtait à l'embarquer dans un avion vers ce petitport de la Mer de Norvège. L'absence de ses bagages a cepen-dant attiré l'attention du personnel qui a découvert l'erreurd'acheminement, mise sur le compte de l'informatique qui,paraît-il ne fait pas toujours bon ménage avec la géographie. LaCompagnie scandinave SAS a réexpédiée l'infortunée voyageu-se vers Paris d'où elle a pu enfin gagner sa destination finale.

Confusion géographique

Ce sont des sociétés exploitant des centrales thermiques qui alimentent

en chauffage les immeubles des grandes villes.

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SSociété

Il ne reste plus que 7000-9000 Juifs en Roumanie, laplupart vieux et vivant avec l'aide sociale, contre 400000 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'é-

norme majorité d'entre-eux ayant émigré depuis cette date enIsraël ou aux USA.

Dans son rapport annuel, le MCA Romania (Mouvementcontre l'anti-sémitisme) énumère les actes hostiles aux Juifsqui ont été enregistrés l'an passé en Roumanie, malgré la faiblecommunauté qui y vit, tout en s'abstenant de classifier directe-ment le pays comme antisémite: malveillances et déprédationsdans les synagogues de Falticeni et de Vatra Dornei, graffitissur le Théâtre juif de Bucarest et les bâtiments de la commu-nauté juive de Cluj, faits qui n'ont pas l'air d'avoir provoquéune grande réaction de la part de la police, au niveau desenquêtes.

Le rapport dénonce également les "attaques violentes etprimitives" du leader du PRM (Parti de la Grande Roumanie),

l'ultra-nationaliste Cornel Vadim Tudor, à l'encontre des Juifs,et s'inquiète de la popularité de celui-ci dans une large catégo-rie de la population où son discours contre la corruption de laclasse politique est bien reçu. Il déplore aussi la complaisancede certains intellectuels qui "nient contre toute évidence l'exis-tence d'un sentiment antisémite chez des hommes de cultureroumains prestigieux".

Enfin, le MCA Romania fait référence à la campagne derelations publiques lancée l'an passé par le gouvernement pourobtenir le soutien des puissantes organisations juives améri-caines auprès de la Maison Blanche, en vue de faciliter la can-didature de la Roumanie à l'OTAN.

En contrepartie, Bucarest s'était engagé à mettre un termeà toutes les manifestations à la mémoire du maréchalAntonescu, dictateur de la Roumanie de 1940 à 1944, et à faireadopter une loi permettant aux Juifs spoliés par le communis-me de récupérer leurs biens et propriétés.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Explosion du marché de vêtements "second hand"

Le visiteur francophone se montre frappé par le nombre impressionnant demagasins portant la mention "Second hand" qu'il découvre dans l'ensembledes villes roumaines, même de petite importance. Son étonnement se ren-

force encore quand il va sur les marchés. Ces boutiques ou ces étals proposent desvêtements d'occasion, parfois des chaussures ou même des sous-vêtements, bienqu'une mesure prise par le gouvernement interdise le commerce des dessous usagés,pour raison d'hygiène.

Apparu dans les années 92, le marché du "second-hand" a explosé depuis, à causede la pauvreté ambiante, passant de 3 M€ (10 MF) en 1994 à 24 M€ en 2000 (160MF). Par manque d'argent, les Roumains se précipitent sur ces marchandises demédiocre qualité, pour la plupart du temps importées, venant à 80 % de Chine et deTurquie. A elle seule, la Roumanie, qui représente 0,35 % de la population du globe,absorbe 1,7 % de l'importation mondiale dans ce domaine, soit cinq fois la moyenne.

Signe des temps difficiles : d'après les statistiques de l'industrie de la confectionroumaine, les Roumains qui achetaient encore plus d'un costume, d'un tailleur ou d'unvêtement neufs par an, voici 13 ans (1,16 exactement), n'en acquièrent plus désormaisqu'un seul tous les trois ans et demi (0,29 par an). Actuellement, une famille de troispersonnes dépense 120 € (800 F) par an pour s'habiller; ce poste budgétaire est de770 € (5000 F) chez les Italiens, les plus coquets des Européens, 510 € (3350 F) chezles Allemands et de 425 € (2800 F) chez les Français et les Espagnols.

Confection: un quart de la main d'œuvre de l'industrie

Le paradoxe est que, si lesRoumains s'habillent chinois outurc, ils fabriquent beaucoup devêtements qu'ils n'ont pas lesmoyens de s'acheter et sont destinésà l'exportation. Le chiffre d'affairesde industrie de la confection à l'ex-port s'est élevé à 2,8 milliards d'eu-ros, l'an passé. Ce secteur représentele tiers des exportations roumaineset le quart des effectifs de l'industrie,avec 457 000 travailleurs.

Mais la perspective de l'entrée dans l'UE fait planer une ombre sur l'essor de cetteactivité qui compte 4560 entreprises. Les investisseurs, notamment italiens, sontvenus en Roumanie, voici quatre-cinq ans, attirés par la faiblesse des salaires qui ris-quent de s'envoler comme ce fut le cas de la Pologne qu'ils ont quitté et où ils attei-gnaient 300 € (2000 F) par mois. Déjà, on note une délocalisation des entreprises del'Ouest du pays (Sibiu, Oradea, la Transylvanie) où le coût horaire atteint 4,2 € (28 F)et de Bucarest (5,4 €, 35 F), vers l'Est et la Moldavie (3,6 €, 24 F). La suppressiondes barrières douanières permettra en outre l'entrée de marchandises moins coûteuses,en provenance de pays plus pauvres et donc plus compétitifs.

La profession se donne encore deux ou trois années avant d'affronter une crise.Elle estime pouvoir supporter un salaire minimum de 100 €, comme le réclame lessyndicats, et affronter la concurrence de la République Moldave : malgré ses salairesde 10-20 €, celle-ci est trop petite pour lui faire de l'ombre et son régime trop instable.Les patrons fixent à 300 € le seuil critique, mais certains pensent qu'il leur faudra seu-lement changer d'activité et passer à un domaine où ils pourront s'aligner comme lafilature.

Chaussures en carton bouilli

Une jeune élégante de Brasovétait très fière de la paire de chaus-sures italienne de luxe achetée pour80 € (525 F) dans un magasin à lamode du centre-ville. Mais, après lesavoir portées quatre heures, elleobservait avec stupéfaction que lessemelles se décollaient et qu'ellescommençaient à se déliter en petitmorceaux… pour finalement consta-ter qu'elle étaient faites en cartonbouilli ! Abasourdie, elle retournait aumagasin, tentant en vain de se fairerembourser à l'amiable. "Le délai degaranti est dépassé" lui opposa-t-on.Furieuse, la jeune femme a saisil'OPC de Brasov (Service desFraudes et de la Concurrence) qui aeffectué une descente dans la bou-tique, ses inspecteurs saisissantdeux douzaines de chaussures dumême genre. Le propriétaire dumagasin s'en est bien tiré, avec uneamende de 5 millions de lei (120 €,800 F).

Vie quotidienne

Gros exportateurs de confection, les Roumains s'habillent chinois ou turc

Minorités Moins de 10 000 Juifs, au lieu de 400 000 en 1945

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La secrétaire d'Etat RovanaPlumb a décidé que le pain nedevrait être vendu que dans descommerces spécialisés ou dans deslocaux adaptés, les vendeurs devantporter obligatoirement des gants afinde préserver l'hygiène face à lamanipulation des billets de banque.La vente sur les marchés ou dansdes lieux où la réglementation nesera pas respectée, sera interdite.Les contrevenants s'exposeront àdes amendes comprises entre 50 et500 € (330 et 3300 F).

Le pain vendu avec des gants

D'après une étude de l'associa-tion Internationale deMédecine, un Roumain ne

peut consacrer annuellement, en moyen-ne, que 25 € (164 F) pour l'achat demédicaments, 11 € venant de sa poche et14 € de l'assurance maladie, somme àcomparer avec les 1000 € par habitantdans les pays occidentaux, qui se montejusqu'à 3000 € aux USA.

Cette étude rejoint celle menée par

un laboratoire pharmaceutique qui situe à5 € par mois la somme maximum quepeut dépenser un patient.

La faiblesse de leurs moyens ne per-met donc pas aux Roumains de se soignercomplètement. "S'ils sont malades chro-niques, ils prendront leur traitement lepremier mois, car ils sont remboursés, lepaieront eux-mêmes le second, puis arrê-teront le traitement le troisième parmanque d'argent" résume un médecin

interrogé lors de la présentation de cetteétude, ajoutant "quand son état auraempiré, on le retrouvera à l'hôpital et sontraitement coûtera beaucoup plus cher".

Les professionnels de la Santé propo-sent comme mesure permettant d'amélio-rer la situation, la réduction du taux deTVA sur les médicaments de 19 % à 0 %(le gouvernement envisage de le porter à8 %), le recours aux médicaments rou-mains, beaucoup moins chers.

Des médicaments trop chers

En consommant entre 135 et 155 kg depain par an (370 à 425 g par jour), lesRoumains en sont les seconds plus gros

mangeurs du continent, derrière les Grecs (178 kg,490 g), la moyenne européenne étant de 200 g parjour (73 kg par an).

Cette habitude alimentaire, qui traduit aussi lepeu de ressources dont disposent les familles, estaggravée par la consommation en même quantité depommes de terre, ce qui amène les médecins à insis-ter sur les risques pour la santé qu'elle fait peser àcause de la faible qualité nutritive du pain et des pro-blèmes d'obésité.

Le ministère de l'Agriculture a annoncé la miseau point d'un plan, dont il n'a pas précisé les moda-lités, pour amener la population à en manger moinset à le remplacer par davantage de viande, de fruitset légumes.

Les Roumains, gros mangeurs de pain

Les dents des Roumains se portent de plus en plus mal. 68,8 %d'entre-eux soufrent d'une affection dentaire; ce pourcentagemonte à 90 % chez les adultes - avec une pointe chez les 41-

50 ans… Plus vieux, on a généralement perdu ses dents ! - et atteint50 % chez les enfants. Ce phénomène, aux graves conséquences sur l'é-tat de santé générale de la population et l'état psychologique des per-sonnes qui en souffrent, est dû au manque d'éducation sanitaire dans ledomaine de l'hygiène buccale, aux carences du système de rembourse-ment des assurances sociales et à la situation économique précaire desRoumains. La suppression de la gratuité des interventions d'urgence, lalimitation du remboursement des soins de 60 à 40 % ne peuvent qu'ag-graver le tableau, d'après les spécialistes.

Actuellement, un patient doit payer de sa poche entre 8 et 10 € (52et 65 F) une extraction dentaire, entre 5 et 15 € (33 et 100 F), suivant lematériau utilisé, un plombage, entre 40 € (265 F) - plus 10 € pour lepivot - une couronne, montant qui passe à 100 € (650 F) pour une denten porcelaine. Pour avoir la correspondance en prix occidentaux, il fautmultiplier ces tarifs par 10 ou 15.

90 % des adultes souffrent de leurs dents

Santé

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Fin octobre, Diana Moldovan, journaliste, 29 ans, aépousé Dorel Vidican, 31 ans, ancien détenu de la pri-son de Bistrita. Diana, dans l'attente d'une transplanta-

tion de rein, était depuis douze ans sous dialyse, dépassant l'espé-rance de survie de dix ans définie par les spécialistes, quand le des-tin lui a fait croiser le chemin de Dorel. Son cas était désespéré carson groupe sanguin était rare, son père avait déjà donné un de sesreins à son frère et sa mère n'était pas compatible. La jeune jour-naliste de Cluj avait fait passé une petite annonce dans le journal,cherchant un donneur, comme on jette une bouteille à la mer.

Condamné à quatre ans de prison pour un vol d'un million delei (26 €, 170 F) et ayant déjà effectué les trois quarts de sa peine,Dorel, compatible avec Diana alors qu'il n'y avait qu'une chance

sur seize millions que ce soit le cas, avait décidé de "se racheter de ses fautes" en lui offrant son rein. "Prenez le meilleur" avait-il dit au chirurgien avant d'entrer dans la salle d'opération. L'intervention avait été un succès et le détenu gracié par le PrésidentIliescu. Toutefois, les deux jeunes gens ne se connaissaient pas et il n'avait jamais été question d'amour entre-eux. La vie en a fina-lement décidé autrement, d'autant plus qu'ils partagent un profond sentiment religieux. "Il m'aide sur le plan physique et moral etmoi sur le plan spirituel" a confié Diana. Le couple veut ouvrir un petit commerce et vendre des légumes. "Je crois que je seraisle seul sur le marché qui ne trafiquera pas sa balance", s'amuse Dorel.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

30 Al'exception des fêtes de fin d'année et du moisd'août, on ne rencontre guère que des femmes, desvieillards et des enfants dans les rues de Borsa.

Située dans le Maramures, la ville a été désertée par leshommes, au fur et à mesure que les mines fermaient. Sur les5600 ouvriers qui y travaillaient, seulement 1600 y sont enco-re employés et ceux-ci attendent d'une année sur l'autre d'êtrelicenciés.

Environ un tiers de la population a émigré en Italie.Comme ces hommes sont partis par leurs propres moyens,sans être recensés, il est difficile d'estimer exactement leurnombre qui se situerait entre 10 000 et 15 000 pour toute larégion. La destination la plus prisée est, de très loin, l'Italie.

Les premiers à partir, dans les années 90-92, s'installèrentà Milan. Au début, ils n'étaient qu'une poignée. Bien reçus,comprenant facilement l'italien, ils s'intégrèrent rapidement.Les hommes travaillaient dans le bâtiment et les femmes fai-saient des ménages, le plus souvent au noir. Au bout de 2-3ans, ils reçurent un permis de travail, s'achetèrent une voiture

et même un logement. La famille, les amis, puis les amis desamis les ont suivis au rythme des fermetures des mines, aupoint qu'il partait chaque jour de Borsa un micro-bus pleinpour l'Italie. Un quartier entier d'émigrés originaires de larégion s'est même constitué dans la banlieue de Milan.

Aujourd'hui, grâce à leurs salaires de 800 à 2000 € (5000à 13 000 F), soit de 8 à 20 fois le salaire moyen roumain, beau-coup se font construire des maisons dans leur ville natale, devéritables petits palais aux yeux de ceux qui sont restés surplace… et qui ont fait s'envoler le prix du mètre carré. Mais ilsdoivent faire avec les moyens du bord. Il n'y a pas de réseau dedistribution de gaz et la centrale thermique ne fournit plus nichauffage, ni eau chaude, depuis quinze ans.

L'été et à Noël, les rues sont envahies de voitures imma-triculées à l'étranger, ce qui redonne un peu de vie à la ville.Pour autant, le maire de Borsa n'est pas mécontent de voir sesanciens administrés reprendre le chemin de l'Italie après leurscongés. "Qu'est-ce que je ferais avec tous ces chômeurs sur lesbras, s'ils restaient ici ?" soupire-t-il.

Borsa désertée par ses hommes partis travailler en Italie

La jeune journaliste épouse son sauveur, ancien détenu

EvénementsReligion Huit évêques représentant 300 000 fidèles réunis à la Tousaint

Les chrétiens orthodoxes de France progressent lentement mais sûrement surle long chemin de l`unité. Leur deuxième journée de l`orthodoxie s`esttenue le samedi 1er novembre à Paris. Une liturgie eucharistique solennel-

le a été concélébrée en la cathédrale grecque Saint-Stéphane de la rue Georges Bizet,suivie d`une rencontre et d`une série de conférences. Dans un article consacré à l`évè-nement, le journal "Le Monde" rappelle que la première journée de ce genre avait eulieu le 24 mai 2001, jour de l`Ascension. Rien en 2002. Cette année le rendez-vousavait été fixé à la Toussaint, une fête catholique qui n`est pas célébrée dans le calen-drier orthodoxe.

"Ces débuts un peu erratiques traduisent-ils la difficulté à réunir les différentescomposantes de l`orthodoxie en France" se demande le journaliste. “L`évolution estbien engagée” assure Carol Saba, porte-parole de l`assemblée des évêques orthodoxesde France, constatant cependant “qu`il n`est pas évident de faire évoluer différentesjuridictions dans une logique de conver-gence…".

Une mosaïque de diasporas

L'orthodoxie en France ne compte pasmoins de huit évêques et évêques auxi-liaires, pour une communauté de croyantsd`un peu plus de 300 000 personnes. Cettemosaïque est le reflet des différentes dia-sporas. Les orthodoxes grecs sont sous laresponsabilité de Mgr Emmanuel, repré-sentant du patriarche oecuménique deConstantinople. Les croyants d`originerusse se répartissent entre le patriarcat deMoscou et celui de Constantinople. Lesserbes dépendent du patriarcat de Serbie,les Roumains de celui de Roumanie. Enfin,les Irakiens, les Syriens et les Libanais sontrattachés au patriarcat d`Antioche, installé àDamas. Sans compter "l'Eglise hors fron-tières" , dont dépendent certains Russes, qui n'est pas reconnue canoniquement par sescousines.

Le patriarche de Moscou, Alexis II, a lancé, en avril, un appel en direction desdifférentes paroisses de tradition russe en diaspora, afin qu`ils rejoignent sa juridic-tion. En France, cette offre est en discussion.

Vers la constitution d`une véritable église de France

Le but avoué de cette journée de l`orthodoxie était d`avancer vers la constitutiond`une véritable église locale. L`assemblée des évêques de France a vu le jour en 1997.Elle travaille actuellement sur plusieurs dossiers. Première conséquence, une traduc-tion en français de la divine liturgie de Saint-Jean-Crysostome, le texte employé pourles célébrations orthodoxes, est en voie de publication. "Cet outil sera proposé àtoutes les paroisses orthodoxes; il intègre les particularismes des différentes églises",souligne M. Saba.

L`Assemblée des évêques orthodoxes souhaite aussi mettre en place un bulletin etun site Internet. Tous se félicitent que Mgr Emmanuel ait été entendu par la commis-sion sur la laïcité, présidée par Bernard Stasi. C`est pour eux la preuve qu'ils mani-festent "un témoignage paisible et serein dans la société française".

Distinction pontificalepour Doïna Cornea

Jean-Paul II a accordé plusieursdistinctions pontificales à une dizainede prêtres et laïcs de l'éparchie(diocèse) gréco-catholique de Cluj-Gherla, à l'occasion du 150 èmeanniversaire de sa fondation, pourleur fidélité et la résistance qu'ils ontmontrées face aux persécutions com-munistes. En compagnie de MagdaPandrea, Viorica Lascu, VioaraDoïna Lupu et du Docteur EugenLupu, Doïna Cornea a ainsi étéélevée au rang de chevalier del'Ordre du Saint Pape Sylvestre, laplus haute distinction accordée à deslaïcs, lesquels sont alors considéréscomme des "gardiens du chemin quimène vers Dieu". La célèbre dissi-dente a déclaré qu'elle était trèshonorée et ne pouvait pas être plusheureuse, "le saint Père étant la per-sonnalité la plus important dumonde" pour elle.

Par ailleurs, le Pape a nommé unnouvel évêque gréco-catholique àl'archevêché de Bucarest. Il s'agit deMgr Cornel Damian, 43 ans, né àZalau, jusqu'ici vicaire général dansla capitale et professeur de droitcanonique après avoir suivi les coursde l'Université grégorienne de Rome.

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Nicolae et Elena Ceausescudorment tranquillement, dumoins leurs statues, dans le

parc de la propriété de Harlan R. Crow,un homme d'affaires texan passionnéd'histoire et d'aventures.

Celui-ci a chargé un de ses jeunescompatriotes de négocier et d'acquérir lesbustes et autres représentations sculptu-rales des principaux anciens dirigeants du

monde communiste, lorsqu'ils sont misen vente dans leurs pays d'origine... leursprix variant de quelques centaines de dol-lars à des milliers.

Harlan R. Crow a ainsi réussi à réu-nir une vingtaine de statues, faisant deson jardin le deuxième site du monde enla matière après un musée de Budapestqui en présente trente.

Dans leur retraite du Texas, le couple

de dictateurs roumains voisine avecLénine, Staline, Mao Tse Tung,Dzerjinski, le fondateur de la policesecrète soviétique, et le terroriste serbeGavrilo Princip, qui n'était pas commu-niste mais nationaliste, auteur de l'attentatde Sarajevo, en juillet 1914, lequel a pré-cipité le déclenchement de la PremièreGuerre mondiale et l'avènement du totali-tarisme soviétique.

Ceausescu dort tranquillement au Texas aux côtés de Lénine et Mao

Les orthodoxes français se rapprochent

Le Métropolite Emmanuel Adamakis, président de l’Assemblée

des évêques orthodoxes de France.

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Il n'existe plus qu'une centained'exemplaires du "Pestisor deaur", le "petit poisson d'or",

découvert et identifié en 1957, que l'ontrouve uniquement en Roumanie, dansson dernier refuge, la rivière Valsan.Autrefois ce carnassier fréquentait aussi l'Arges et le râulDoamnei, se plaisant dans les zones de moyenne montagne, leseaux rapides, caché sous les pierres, chassant la nuit, se nour-rissant également d'insectes et de larves. Les males délimi-taient leur territoire qu'ils défendaient contre leurs rivaux.

Mais, aujourd'hui, le "poisson d'or" est en voie de dispari-

tion, à la suite de la construction d'unbarrage près de la localité de Bradet,qui a entraîné la destruction de sonhabitat et la stérilisation de l'espèce.Des mesures d'urgence ont été prisespour le sauver: la rivière Valsan a été

déclarée zone protégée, la pêche interdite ainsi que les acti-vités menaçant le cours d'eau, les rives nettoyées, les stationsd'épuration modernisées, le débit d'eau assuré et des gardesengagés pour la surveillance. Ce projet de réhabilitation a étéfinancé aux trois quarts par l'UE, son budget étant de 200 000€ (1,3 MF)… soit 1000 € le "poisson d'or".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Aplusieurs reprises, "Les Nouvelles de Roumanie" ont évoqué le problè-me des Roumains qui ont abandonné leur nationalité en Allemagne, espé-rant s'intégrer dans ce pays. Les autorités allemandes s'efforcent de les

rapatrier vers leur pays d'origine, avec désormais l'accord de Bucarest, bien qu'ilssoient apatrides et n'aient pas de papiers. Certains, embarqués de force dans un avion,refusent de pénétrer sur le territoire roumain et vivent pendant des mois dans la zone"no man's land" de l'aéroport Otopeni de Bucarest. Dans un récent article, sous laplume d'Adrien de Tricornot, le quotidien "Le Monde" évoque le sort d'une familleconfrontée à cette situation.

Incarcérés depuis le 8 octobre aucentre de détention de Rottenburg, dans leBade-Wurtenberg, Vasile Demeter ris-quait d'être explusé d'Allemagne dans lesjours suivants, vers la Roumanie. Commesa femme, Maria, et leurs deux enfants,Carina, 13 ans, et Daniel 12 ans, il étaitsous le coup d'une procédure d'expulsion.

Une tentative avait échoué, une dizai-ne de jours auparavant, quand le pilote del'avion chargé de les transporter avaitrefusé de garder la famille à bord, devant les cris et les pleurs du père. "La police avaitfait irruption à 3 h 20 du matin pour les prendre dans leur appartement alors qu'ilsne se cachent pas" a raconté, choqué, un proche. Les enfants, scolarisés à l'école deSigmaringen, où réside la famille, ne connaissent pas plus Bucarest que Baia Mare, oùils sont nés comme leur père, mais qu'ils ont quitté en 1992 pour l'Allemagne.

Depuis un an, Vasile et Maria Demeter, qui travaillaient dans la restauration,étaient réduits à vivre avec l'aide sociale car leur permis de travail leur avait été retiré.Après plusieurs années passées dans un statut d'attente, ni régularisables, ni expul-sables, "ils ne percevaient pas d'allocations familiales, mais payaient leurs impôts"affirme leur entourage.

L'histoire kafkaïenne, a débuté lorsque le couple a débarqué à Sigmaringen avecses deus bébés et déposé une demande d'asile, refusée en 1992. Les autorités alle-mandes avaient expulsé une première fois la famille Demeter, en 1994, vers laRoumanie. Mais le voyage s'était achevé par un retour-surprise : l'Etat roumain refu-sait ses anciens ressortissants qui venaient d'obtenir la déchéance de leur nationalité."L'Etat roumain n'aurait pas dû, à l'époque, accepter de déchoir des ressortissants deleur nationalité, alors qu'ils n'en avaient pas acquis une nouvelle" a-t-on expliqué ausiège du gouvernement régional, à Tübingen, ajoutant, "Nous connaissons aussi ceproblème avec des personnes du Kosovo".

Une froide machinerie administrative

En septembre 1998, les ministères de l'Intérieur allemand et roumain passaientcependant un accord autorisant l'expulsion d'apatrides d'origine roumaine versBucarest. Au début 2002, l'ambassade envoie au ministère de l'Intérieur du Bade-Wurtemberg une liste de personnes apatrides d'origine roumaine et dont l'expulsion estacceptée à Bucarest. La liste administrative comprend la famille Demeter. La procé-dure se met en marche.

"Mais comment peut-on laisser des gens faire leur vie autant d'années dans unstatut provisoire et finalement tout arrêter ?" s'insurge leur avocat, Me DanielPetrovich. "Il n'y a aucun fondement juridique pour que la famille reste en Allemagne"répond de son côté un porte-parole des autorités à Tübingen".

Des Roumains inventeurs hors pair

Les Roumains sont connus pourêtre des bricoleurs hors pair… maisce sont, en outre, de prodigieuxinventeurs comme le montrent lespalmarès des derniers salonseuropéens qui se sont tenus l'annéepassée. Au salon Eureka deBruxelles, aussi bien qu'à Genève, laRoumanie a obtenu la première placealors que, respectivement, 25 et 44pays étaient en compétition, et celapour la quatrième fois consécutive.

Dans la capitale belge, sur les 81inventions roumaines présentées,pour un total de 800, 46 ont reçu unemédaille d'or, dont 5 avec une men-tion spéciale, 21, une médaille d'ar-gent et neuf, une médaille de bronze.En Suisse, les représentants rou-mains ont reçu 67 médailles, dont 15d'or et 3 prix spéciaux.

La Roumanie est d'ailleurs le pre-mier pays d'Europe pour le nombrede brevets d'invention déposésannuellement (15 000), devantl'Allemagne (13 380), l'Angleterre (13200), la France (12 600), l'Autriche(11 560), la Russie (11 500), laHongrie (11 200), la Pologne (8000).L'OSIM (Office d'Etat pour lesInventions et les Marques) détenait,en 1999, un catalogue, réalisé au fildes ans, de 16 millions de demandesd'homologation d'inventions et dedocuments. Ce chiffre était passé à20,6 millions en 2002 !

Parmi les inventions primées : deschaussons anti-stress, un produitanti-oxydant et anti-radiation pour lapeau, de la vodka écologique, unprocédé pour obtenir des dérivésstables de la vitamine U, anti-ulcé-reux que l'on trouve dans le chou.

Une famille apatride d'Allemagne

Evénements Environnement 200 000 € pour sauver le "poisson d'or"

La Roumanie a terminé quatrième de son groupe (5 pts), lors de larécente coupe du monde de rugby qui s'est déroulée en Australie,après trois défaites, respectivement contre l'Irlande 45-17),

l'Australie (90-8), l'Argentine (50-3), et une victoire devant la Namibie (37-7), qui lui a valu d'éviter la dernière place et aux joueurs de la sélection natio-nale - surnommés "stejari", les chênes, en référence à la feuille de chênequ'ils portent sur leur maillot - de recevoir une prime de 500 € (3300 F).

A la suite de la compétition, l'entraîneur français, Bernard Charreyre aété remercié. Il ne souhaitait pas, de toutes façons, prolonger son contrat quiarrivait à échéance, ayant eu des difficultés à former son équipe, certainsjoueurs, parmi les ténors opérant en France, ayant préféré rester à la maison.Pour le remplacer, la Fédération Roumaine de Rugby a contacté un autre entraîneur français, moins connu, Philippe Santon, 40ans, ancien international junior, qui a opéré en première division et a entraîné les clubs de Mont de Marsan et Toulon.

Sélection nationale de rugby : un entraîneur français en remplace un autreSports

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SINAIA

rejetée vers sa Roumanie natale

L'Administration de la Réserve Biosphère du Danube (ARBDD) a décidé, avant l'hiver, d'aménager un centre pourrécupérer les oiseaux aquatiques en difficulté. Ce "dispensaire" est l'un des premiers du genre en Roumanie et sa miseen place a été nécessitée par les conditions météorologiques difficiles de l'année écoulée : fortes périodes de froid, les

glaces ne permettant pas aux oiseaux de se nourrir convenablement, suivies d'une grande sécheresse, restreignant également lespossibilités dans ce domaine. Du coup, de nombreuses espèces ont souffert, dont les pélicans, les aigrettes, hérons, et les jeunessujets n'ont souvent pas assez de force pour la longue migration vers des terres plus clémentes qui les attend à l'automne. Certainesont même tendance à ne plus vouloir quitter leurs nids et à se sédentariser, d'où la nécessité d'une assistance.

Dispensaire pour pélicans du Danube

Depuis trois ans, l'encadrement médical de l'équipe de gymnastiqueroumaine fait face à une crise due au manque d'argent. Devant la fai-blesse des salaires qui leur sont versés et l'exigence du travail

demandé, de nombreux médecins ne résistent pas, se succédant les uns aux autres,après quelques mois, voire quelques semaines de contrat.

Cette situation a conduit le Dr Carmen Dumitru, ancienne doctoresse affectéeauprès de Nadia Comaneci lors de la carrière sportive de celle-ci, voici trente ans,a sortir de sa retraite et a reprendre du service. Le Dr Dumitru a pris en charge, finoctobre, les onze gymnastes qui s'entraînent au Centre Olympique de Deva sousla direction d'Octavian Belu, avec l'objectif de faire de la Roumanie la premièrenation mondiale de gymnastique féminine, lors des prochains J.O. d'Athènes.

L'ancien tennisman Ion Tiriac, pré-sident du Comité OlympiqueRoumain, a pris au mot le Premier

ministre qui a promis la construction dequatre cents salles de sports d'ici la fin 2004,pariant avec lui une Mercedes neuve qu'il nepourrait tenir ses engagements. Devenurichissime homme d'affaires, Ion Tiriac adéclaré qu'il serait enchanté de perdre sonpari, lequel représente pour Adrian Nastase,plus de deux ans de son salaire officiel.

Retour du médecin de Nadia Comaneci auprès des gymnastes roumaines

Mercedes contre promesse tenue

L’aéroport Otopeni de Bucarest, destination finale pour les Roumains

expulsés des pays occidentaux.

BORSA

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La langue de bois, mais aussi lesentraves mises à l'accès à l'infor-mation étant une caractéristique

du fonctionnement de la démocratie roumai-ne, les journaux multiplient les reportages etenquêtes destinées à rapporter la réalité des

faits. Ils tentent de piéger les principaux acteurs de la société,au premier rang desquels la nouvelle nomenklatura et la clas-se dirigeante, pour que leurs confidences révèlent un compor-tement significatif de ses rouages essentiels, le plus souventaccablant pour la population qui les subit.

Ainsi, l'hebdomadaire de Cluj, "Clujeanul" ("LeClujois"), a réalisé une enquête locale portant sur le trafic d'in-fluence dans la haute administration. La reporter, Bety Blagu,est partie du principe qu'en Roumanie tout le monde connaîtun fils, une nièce, un gendre de "quelqu'un", bien placé, quipourra résoudre ses problèmes. Reprenant la blague qui cour-rait du temps de Ceausescu sur les initiales du Parti ComunisteRoumain, transformé en "Pila, Cunostinte, Relatii" ("Piston,Connaissances, Relations"), le jeune femme a constaté qu'elleétait plus que jamais de circonstance.

Se recommandant de hautes personnalités

Pendant trois jours, elle a appelé au téléphone 30 hautsfonctionnaires territoriaux ou de l'Etat, en poste à Cluj, réus-sissant finalement à en joindre 15, dont elle révèle les noms etles fonctions… le journal les accompagnant de leurs photos.Se recommandant de hautes personnalités ("Je suis une amiedu fils de Gheorghe Funar (maire de Cluj) qui m'a donné votrenuméro"; "Je suis la nièce du ministre de l'Intérieur", "Uneamie du Préfet", "Je vous téléphone de la part du député PSD(parti au pouvoir)", "du directeur général des Chemins de fer","du vice-président du Conseil du judet"…) la jeune femme ademandé un "petit" service aux directeurs des principalesadministrations de la ville, aussi différentes que la Sécuritéroutière, l'Inspection d'académie, l'Agriculture etl'Alimentation, la distribution du gaz, la Santé publique, laredoutable Garde financière (le fisc), la Protection du consom-

mateur, de l'Environnement, la sous-préfecture, les Cheminsde fer, la Jeunesse et les Sports, le Service des forêts.

Bien que dans chacune des sollicitations, il s'agissait detrouver une solution permettant de contourner la loi ou laréglementation, d'obtenir un passe-droit, l'accueil fait à lademande a toujours été attentif, débouchant dans treize cas surquinze sur un rendez-vous pour qu'elle soit examinée plussérieusement ou bien qu'elle ne soit pas trop évoquée au télé-phone. Seuls deux directeurs ont refusé d'aller plus en avant,celui de la Régie de chauffage, à qui il était demandé d'acheterau-dessus du prix du marché des compteurs, et de la Caisse deretraite, sollicité pour verser une pension vieillesse à une per-sonne de 47 ans.

Le piston ("pila") a encore de beaux jours devant lui

Grâce aux introductions avancées, des contacts ont ainsiété noués pour fournir en matériel de signalisation routière lamairie de Cluj, obtenir les autorisations nécessaires pourouvrir une boulangerie ne répondant pas aux normes, fairemuter d'une bourgade de campagne à Cluj un professeur demaths, bien que l'année scolaire ait débuté, obtenir un contin-gent supplémentaire de gas-oil au prix subventionné pourl'agriculture - la possibilité d'une aide européenne étant mêmeavancée par le haut-fonctionnaire interrogé -, mettre un termeà un contrat publicitaire avec un journal local dont les articledérangeaient un ministère. D'autres demandes paraîtraient plusfamilières aux Occidentaux: effacer des amendes économiquesdressées pour diverses infractions, conserver un permis deconduire à la suite d'un accident aux torts du conducteur, béné-ficier d'un passe-droit pour raccourcir des délais d'attenteadministratifs…

La journaliste a arrêté son enquête à ce premier niveau,constant que le piston marchait, sans chercher à concrétiser sesdemandes pour savoir si de "pila", on pouvait passer à "spaga"(dessous de table). Les lecteurs de "Clujeanul" ont étéconviés à venir écouter au siège du journal l'enregistrementintégral des interviews réalisées par Bety Blagu.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

IASI

SF. GHEORGHE

VASLUI

SSociété

3221

Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Evénements Dessous de table: une journaliste de Cluj piège de nombreuses administrations locales

"Pouvez-vous me rendre un service ?Je téléphone de la part du fils du maire…"

Hagi meilleur sur le terrainque comme entraîneur

Sports

L'Euro 2004 sansarbitres roumains

Non seulement la Roumanie seraabsente de la phase finale de l'Euro2004, qui doit se dérouler en juinprochain au Portugal, mais l'UEFAn'a retenu aucun de ses arbitrespour officier lors de cette compéti-tion, comme ce fut déjà le cas pourla FIFA, lors de la Coupe du mondede football de 2002. Le dernierRoumain a avoir arbitré une phasefinale à ce niveau est NicolaeGrigorescu (Euro 2000).

L'arbitrage roumain paie là lamauvaise réputation qu'il traîne,accusé de corruption par les prési-dents de clubs, lesquels sont le plussouvent de richissimes potentatslocaux, dont l'origine des fortunes estdouteuse. Ion Craciunescu, prési-dent de la Commission Centrale desarbitres, a déploré cette situation :

Gica Hagi a fait ses valises quatremois après avoir pris les rênes del'équipe turque Bursasports,

comme entraîneur. Il a présenté sa démissionaprès douze journées de championnat, sonéquipe figurant en bas du classement, à la15ème place, avec seulement dix points etdeux victoires. Le célèbre joueur qui avait faitles beaux jours du Galatasaraï d'Istanbul, luipermettant de remporter une coupe d'Europe,était attendu comme le messie en Anatolie. Endébut de saison, il était arrivé dans son nou-veau club en compagnie de quatre joueursroumains qu'il souhaitait voir figurer dans son effectif, acceptant de réduire son salai-re de 50 % - avec promesse de remboursement ultérieur - pour que Bursasports puis-se les acheter.

Mais, sur le terrain, le miracle ne s'est pas produit. Les compatriotes du "Rege"("Le Roi", comme l'a baptisé la presse roumaine) ne se sont pas montrés à la hauteurde l'espoir mis en eux et l'équipe s'est prise à douter à la suite d'une série de défaites,entraînant des commentaires acerbes dans les médias. Un psychologue turc y estmême allé de son diagnostic : "Hagi n'est pas fait pour être entraîneur ; il est tropautoritaire, ne sait pas parler au cœur des joueurs et donc les motiver. Ceux-ci ontpeur de lui et, en outre, il les critique publiquement après chaque rencontre".

Ce second échec cinglant hypothèque sérieusement la carrière que le plus grandjoueur roumain de tous les temps espérait faire sur le banc de touche. Après quelquesmois comme sélectionneur national de l'équipe roumaine, Hagi avait renoncé à sonposte, ne réussissant pas à obtenir sa qualification pour la coupe du monde 1982.

Le palmarès des sportifs roumains les plus riches

La revue "Capital" a publié,pour la deuxième annéeconsécutive, le palmarès des

plus grosses fortunes de Roumanie,effectuant un classement à part pour lessportifs, lesquels sont guère les seuls àpouvoir justifier clairement leur origine.

Ion Tiriac, deuxième fortune du pays(600 M€, 4 milliards de F) mis horsconcours, ayant bâti son empire financierdans les affaires, c'est Gheorghe Hagi quiarrive en tête (35 M€, 230 MF). Il est

suivi de Mircea Lucescu, entraîneur deGalatasaraï (28 M€, 183 MF), GheorghePopescu (22 M€, 145 MF), Adrian Ilie(13 M€, 85 M€), Anghel Iordanescu,sélectionneur de l'équipe nationale(idem), Dan Petrescu (10 M€, 65 MF),Ilie Dumitrescu (9 M€, 60 MF), ViorelMoldovan (idem), Adrian Mutu (6 M€,40 MF), Christian Chivu (5 M€, 33 MF),ces deux derniers joueurs étant au débutde leur carrière. L'ensemble des ces for-tunes ont été réalisées dans le football.

Bety Blagu,apiégé de

nombreusespersonnalités“compréhen-

sives”.

La Fédération Canine Internationale a donné un avis favorable à l'ho-mologation des trois premières races de chien roumain, connues sousle nom de ciobanesc (berger). Il s'agit du ciobanesc românesc des

Carpates, du ciobanesc românesc de Bucovine, du ciobanesc românesc Mioritic.Ce chien intelligent, affectueux et fidèle (voir les Nouvelles, n° 20), peut se révé-ler féroce lorsqu'on lui confie la garde d'un troupeau et qu'il a été éduqué dansce sens, ce qui est le plus fréquent.

Le ciobanesc, premier chien roumain reconnu internationalement

Le tirage au sort pour établir les poules de qualification en vue de la coupedu monde de football 2006, qui se déroulera en Allemagne, a désigné lesPays Bas, la République Tchèque, la Finlande, la Macédoine, l'Arménie et

Andorre comme adversaires de la Roumanie, dans le groupe I. Le premier de chacune des huit poules européennes sera qualifié pour la phase

finale, ainsi que les deux meilleurs deuxièmes, les six autres disputant des barrages.Le continent européen dispose de treize places qualificatives, plus celle attribuée aupays organisateur.

Mondial 2006: la Roumanie connaît ses adversaires

“Nous avons de très bons arbitres,mais l'UEFA n'est ni sourde, niaveugle: elle lit sur Internet les accu-sations lancées à leur égard et se faitainsi une mauvaise idée de notrearbitrage".

A l'heure actuelle, SorinCorpodean et Alexandru Tudor sontles arbitres roumains les mieux côtésau plan européen, mais ils sont cata-logués en 2ème classe. Parmi lesarbitres retenus par l'UEFA pourl'Euro 2004, citons: Frank DeBleeckere (Belgique), Alain Hamer(Luxembourg), Urs Meier, FrancescoBuragina, Rudolf Kappeli (Suisse),Gilles Veissière, Frédéric Arnault,Serge Vallin (France).

Accusé de corruption, l’arbitrage roumain paie sa mauvaise réputation

SLATINA

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2233

SSociété

L'administration de la chambre des députés, ancienpalais de Ceausescu, a constaté la disparition dequelques 2461 bouteilles de vin, de cognac et

vieille tsuica datant des années 1970, provenant des réservesdu dictateur et stockées dans les caves du bâtiment. Elle vou-lait vérifier leur état de conservation, envisageant de les mettreen vente auprès de réseaux de collectionneurs où elle se négo-cient entre 50 et 100 € l'unité, de les donner comme cadeau duprotocole… ou bien, si leur qualité s'était altérée, de les pro-poser au restaurant de la Chambre.

Une enquête a conclu que leur contenu avait été versé dansles égouts, à la suite d'une décision d'une sous-commission, en2002. Le service du protocole avait déclaré alors que leuremballage, fait de velours s'était abîmé, et deux barmen de laChambre, détachés comme expert avaient décrété que les vinss'étaient oxydés, les eaux de vie avaient perdu leurs degrésd'alcool, à cause de la mauvaise qualité des bouchons. Le rap-porteur n'a toutefois pas répondu clairement à l'allusion d'unjournaliste demandant si ces liquides n'avaient pas pris plutôtle chemin des gosiers des membres de la sous-commission.

Les bouteilles de vin et de cognac de Ceausescu ont disparu

Insolite

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Le quotidien "Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a recueilli letémoignage d'un Roumain établi depuis de très longues années à New-York. Gabriel Teodorescu, consultant dans une grande agence de tourisme,

est habitué à voyager pour sa profession, notamment en Europe, et ne s'étonne plus d'yrencontrer dans les capitales ou grandes villes, des escouades de Tsiganes mendiants.

Mais quelle ne fut pas sa surprise, cet été, de découvrir sur la prestigieuseCinquième Avenue de Manhattan, une vieille femme, enveloppée dans ses jupes, unchâle usé sur la tête, s'appuyant sur une canne et tendant de l'autre main un gobelet enplastique pour recevoir l'aumône ! Sa présence sur l'une des artères les plus huppéesdu monde, où se côtoient les plus grandes enseignes du luxe, provoqua les commen-taires de touristes étrangers, dugenre "On ne savait pas qu'il y avaittant de misère en Amérique". Lamendiante s'était postée devant lemagasin Rollex et quémandaitauprès des passants pressés, dans unmélange d'anglais et de roumain :"Pliz, help, maica, si pe mine !" (S'ilte plait, je t'en prie, aide-moi !").

Entre 50 et 80 dollars par jour

Pensant qu'il s'agissait d'un simple hasard, Gabriel Teodorescu, a voulu cependanten avoir le cœur net. Deux jours plus tard, il décidait de descendre la CinquièmeAvenue, de la 59 ème Rue à la 36 ème. Et là, stupéfaction, à presque chaque intersec-tion, il découvrait soit un Tsigane estropié, soit encore une vieille femme éteinte, soitencore une jeune avec un bébé dans les bras… tous tendant la main.

En observant de plus près, il remarquait que tous ces mendiants avaient été posi-tionnés de manière experte par une femme qui les dirigeait, à proximité de lieux straté-giques : banques, magasins de luxe, cathédrale Saint-Patrick. S'adressant à une femmeavec son enfant pour tenter de la convaincre d'arrêter cette pratique qui lui faisait ris-quer la prison, il se heurtait à son incompréhension. Le lendemain, il la retrouvait aumême endroit, sans son bébé qu'elle déclarait avoir prêté à sa sœur.

L'année passée, le FBI avait arrêté quelques hommes qui avaient réussi à faireentrer plusieurs Tsiganes de Roumanie pour les faire mendier. A cette occasion, sesinspecteurs avaient appris qu'ils gagnaient ainsi chacun 50 à 80 $ par jour (300 à500 F), rapportant quotidiennement au patron du réseau 300-400 $ (2000-2600 F), ettravaillaient cinq jours par semaine.

Des mendiants tsiganessur la Cinquième Avenue

Evénements

Plusieurs prostituées de Cluj sesont reconverties, abandonnant letrottoir pour la scène. Après avoirpassé des petites annonces dans unhebdomadaire, elles ont ouvert unthéâtre érotique de poche dans unappartement. Là, elles interprètentdes scènes de sexe "live", principale-ment avec des femmes mais aussiavec des hommes. Les spectateurspeuvent demander à participer auspectacle et influer sur le scénario.

La modeste salle est comble - ilfaut réserver par téléphone - et lesactrices assurent deux ou trois repré-sentations par jour. Le prix du billetest de 35 € (235 F), avec un supplé-ment de 15 € (100 F) pour celui quisouhaite s'impliquer dans le show.

Du trottoir à la scène

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

GALATI

SUCEAVA

PITESTI

CLUJ

BRAILA

CRAIOVA

La mairie de Sfântu Gheorghe (département à majoritémagyare de Covasna) a décidé de ne plus distribuerles allocations d'aide sociale à ses guichets, leurs

bénéficiaires étant invités à retirer leur montant aux distributeursde billets des banques, lesquels sont pris d'assaut le jour où ellessont versées. Premiers concernés par ces aides, les Tsiganes doi-vent se familiariser avec l'usage des "bancomat" qu'ils n'ont pasl'habitude d'utiliser. Pour être sûrs de ne pas oublier leur codesecret, nombre d'entre eux se le sont fait tatouer sur l'avant-bras,lançant une véritable mode dans leur communauté.

Tatouage bancaire

Manque de chanceDeux frères du village de Popesti,

après avoir arrosé plus que de raisonleur soirée, ont décidé de cambriolerla pharmacie. Pénétrant dans sacour, ils ont cassé un carreau, l'un sehissant dans l'officine par la fenêtretandis que l'autre faisait le guet.

C'était sans compter sur le policierde service qui effectuait sa ronde. Asa vue, le guetteur, effrayé, s'en-fuyait. Le policier n'aurait rien remar-qué de particulier, s'il n'avait entenduune voix l'interpellant: "Prends les!"…Et de tendre les bras, et de recevoirun écran d'ordinateur, suivi de l'unitécentrale, du clavier, d'une caméra…et d'une paire d'Adidas. La moissonlui paraissant satisfaisante, l'appren-ti-cambioleur réapparaissait par lafenêtre, se laissant tomber dans lacouse en se félicitant de son butin…jusqu'à ce qu'une paire de menottesle fasse revenir sur terre.

Des propos du Premierministres, fin novembre,laissant entendre qu'il fallait

donner un tour de vis aux facilités de cré-dit pour éviter un dérapage monétaire etdes risques accrus d'inflation poussés parune trop grande consommation, ontentraîné la propagation d'une rumeur,selon laquelle celui-ci serait strictementencadré à partir du 1er janvier.

Du coup, d'immenses queues se sontformées devant certains magasins, sur-

tout d'électro-ménagers, en fin d'année,notamment dans la capitale, les clientsattendant jusqu'à trois heures dehors. Lesuns anticipaient l'achat d'un téléviseurqu'ils n'avaient pas les moyens de s'offrircomptant, les autres, un réfrigérateur ouun cassetophone.

Une future mariée, voulant équiperson ménage, patientait, en compagnie desa mère, avec l'intention de commanderun fer à repasser, un aspirateur, une gazi-nière, et un robot de cuisine.

Une rumeur provoque des queues devant les magasins

Le comte Ottomar Rodolphe Vlad Dracula, prince Kretulescu, plus connu sous lenom de "Comte Dracula" a obtenu un titre supplémentaire dans sa région deBrandebourg, en Allemagne, en se faisant élire conseiller municipal de

Schenkendorf, sous l'étiquette FDP (libérale). Se disant descendant de Vlad Tepes, mort en1457, dont le personnage de Dracula est inspiré, le comte s'appelle en fait Ottomar Berbiget est un simple pâtissier d'origine berlinoise. Il a ouvert depuis un restaurant spécialisédans la cuisine médiévale et organise fréquemment des campagnes de don de sang, en asso-ciation avec la Croix Rouge.

Les femmes portant un stériletne peuvent plus entrer aupalais de Justice de Craiova,

depuis que les gardiens ont reçu un maté-riel de détection de métaux hyper-sen-sible pour contrôler les personnes quidésirent y pénétrer et dont l'alarme sedéclenche pour un simple billet debanque ou paquet de cigarettes possédantun timbre ou des fils contenant des élé-ments métalliques… mais aussi au passa-ge des femmes qui on choisi ce moyen decontraception. Comme il n'est pas pos-sible d'envisager une fouille… le person-nel féminin et les visiteuses ont étéinvitées à présenter un certificat médicalattestant de leur "équipement" !

Un paysan des environs de Slatina, circulant encharrette tirée par son vieux cheval, a eu la gran-de surprise d'être convoqué par la police où on lui

a expliqué qu'il était verbalisé pour excès de vitesse aprèsavoir été contrôlé à 70 km/h alors qu'il ne fallait pas dépasser50 km/h. Malgré ses protestations, le contrevenant a dû s'ac-quitter d'une amende de 600 000 lei (15 €, 100 F). Ne goû-tant pas le sens de l'absurde si cher à l'enfant prodige natif dela ville, Eugen Ionesco, que semblaient partagé les policiers,il a décidé de contester cette décision en justice.

Excès de vitesse

Dracula, conseiller municipal

Détecteur sensible

Vasile Riszis, 33 ans,après avoir étéexpulsé et reconduit

d'Allemagne en Roumanie poury avoir dépassé la durée limite deséjour autorisée, était bien déter-miné à retourner travailler àl'Ouest, mais son passeport luiavait été retiré. Il décida alors defranchir clandestinement la fron-tière hongroise par ses propresmoyens, prit un train de Vasluijusqu'à Satu Mare et réussit àgagner le village frontalier deDorolt. Là, pour se donner ducourage et après s'être procuréplusieurs cartes détaillées du sec-teur, il absorba verres de tsuicaaprès verres dans un bar et partità travers champs à la tombée dela nuit, titubant mais prenant toutde même la direction de laHongrie. En faisant leur ronde aupetit matin, les policiers rou-mains l'ont trouvé affalé dans unfossé, dormant paisiblement… àmoins de 80 mètres de la ligne dedémarcation.

Reprendre courage

Photo prise par l’association “Les amis de Ciolpani”.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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S'il s'inspire lui aussi de sa province natale, la Moldavie, l'écrivain NicolaeDimitri Cocea n'en tire toutefois pas le même suc littéraire que son contem-porain Sadoveanu ou même qu'un autre de ses contemporains, Ibraileanu, à

qui une vision utopique de la société le rapproche toutefois par certains aspects intel-lectuels. Avec son roman principal, écrit comme Ibraileanu sur le tard de sa vie, Cocease révèle assurément peu ancré dans la tradition du "spécifique roumain paysan" àlaquelle sont plus attachés les deux autres auteurs moldaves. En effet, et bien que res-tant très lié affectivement à la Moldavie, il ne manque pas, avec ce Vin de longue vieécrit en 1931, de remettre en question les bases intellectuelles du roumanisme ambiantde l'époque.

Cocea met en scène comme principal personnage un vieillard, Maître ManoleArcasch, que les personnalités locales se plaisent à présenter comme "un vieillard dequelque quatre-vingt-dix ans, propriétaire de vignobles dans la région, immensémentriche mais vivant comme un ours, hargneux, revêche, bizarre, simple, le timbre un peufêlé…". Un jeune juge auxiliaire, fraîchement débarqué dans cette province deCotnari, près de Iasi, où se déroule le roman, va rencontrer le boyard en question etdécouvrir une réalité toute autre avec, à la clef, un secret quant aux raisons de la longé-vité de Maître Manole Arcasch.

"J'ai pleinement goûté la vie, du moment que j'en ai extirpé Dieu"

Lorsque les deux hommes, le vieillard et le juge auxiliaire, se rencontrent dans lacampagne sur un poème de Baudelaire (le nouveau venu est un lecteur passionné desFleurs du mal qu'il emporte toujours dans ses promenades), le plus jeune des deuxobserve avec stupéfaction combien son interlocuteur sent la poésie moderne et com-bien "à cet âge, il a dans les yeux, dans la voix, dans la souplesse du corps, une jeu-nesse qui fait honte à ma génération désenchantée et lasse". Dès lors, plus rien ne letracassera autant que de savoir les raisons de cet état de jeunesse chez un vieillard deplus de quatre-vingt-dix ans.

Une première explication est donnée par Maître Manole Arcasch devant l'insis-tance des questions du jeune homme : "Je me suis gardé des sots comme de la peste",lui avoue alors le vieillard. Et, de fait, le vieil homme ne regagne jamais l'arrière-sallede l'auberge du père Anghel où se retrouvent régulièrement, deux fois par jour, les per-sonnalités médisantes que sont le greffier, l'archiviste, le juge, le maire, le fonction-naire de police et le médecin. A ceux-là, Manole préfère l'observation de la nature et"écouter chanter les grillons sous l'éclat innombrable des étoiles".

A la question portant sur Dieu, ensuite, le vieillard est tout autant affirmatif : "J'aipleinement goûté la vie, du moment que j'en ai extirpé Dieu". Les ancêtres, peut-être,se demande alors le juge, peuvent jouer un rôle dans la longévité ? Mais là encoreMaître Manole est sans détours : "Qui peut naître du ventre d'une femme sans parentsqui eurent à leur tour des parents? Et pourquoi te croire pour autant issu de la cuis-se de Jupiter ?".

Au total, le boyard se démarque nettement de son environnement par sa manièrede penser. Sa nature d'artiste lui fait préférer les chansons, les couleurs, les parfums,les femmes et la poésie plutôt qu'un relatif pouvoir sur les hommes. Dans sa jeunessepourtant, il avait tenté de s'affronter à l'ordre social incarné par son père pour imposersa vision du monde. De retour de Paris, après les événements de 1848, il avait voulutout chambouler en Moldavie (abolir le servage des Tsiganes, distribuer la terre et don-ner la liberté aux paysans, etc.). Son père lui avait alors fait faire un petit détour parle monastère de Neamt ou il avait dû s'abîmer en prières pour se calmer.

Littérature

Comme le jeune juge, principalinterlocuteur du héros du Vin delongue vie, Cocea a lui aussi étéjuge de paix et lui aussi a rencontrébien des difficultés avec ses autoritésde tutelle pour sa liberté de pensée.Militant socialiste, il goûtera même àla prison pour ses prises de positiondans la presse socialiste et ouvrièreet pour ses activités (en 1907, il estnotamment présent au congrès socia-liste de Stuttgart).

En 1920, il est élu député et durantquelques années il dirige ou collaboreà de nombreux journaux (directeurentre autres de “Viata socialà” (LaVie sociale). Cet engagement l'amèneà se faire une réputation de polémisteet de pamphlétaire redouté.Dreyfusard lors de son passage enFrance, il est antimonarchiste enRoumanie.

Durant la première guerre mondia-le il est un farouche partisan del'Entente (formée de la France,l'Angleterre et la Russie) et se réfu-giera à Iasi lorsque Bucarest et lepays, à l'exception de la Moldavie,seront occupés par l'armée alleman-de. Il gagnera ensuite Petrograd, lacapitale russe passée aux mains desrévolutionnaires.

Son œuvre littéraire date essentiel-lement des années 30 qui s'ouvrentpour lui avec le succès de ce Vin delongue vie (Vinul de viatà lungà).Trois romans suivront entre 1933 et1936 qui ne connaîtront pas le mêmeaccueil, la critique jugeant trop lestel'érotisme déployé alors par Cocea. Ilpoursuit, par ailleurs, son activité jour-nalistique puisqu'il est directeur de1944 à 1946 du journal “Victoria” (LaVictoire). Il meurt en 1949.

Dreyfusard et antimonarchiste

Marina est institutrice dans une petite communedu judet de Iasi. Cette femme sensible de 48 ans,mariée à Ionel, 51 ans, vétérinaire dans un abat-

toir public, souffre de voir la pauvreté dans laquelle grandis-sent nombre de ses élèves et entreprend beaucoup pour lesaider : ici, un goûter offert, là des cours particuliers bénévolesou des interventions auprès de parents pour atténuer la lour-deur des tâches demandées aux enfants.

L'enseignante aimerait pour eux un autre avenir que celuide son fils, Florin, 24 ans et de sa fille, Corina, 22 ans, exilésaux USA depuis deux ans, à la faveur d'un travail d'été et quine sont pas revenus, faute de perspectives sur place. Touchéedans son cœur de mère, Marina ne veut pas se cacher la réalitéde l'enfance dans sa région. Elle a répondu aux questions deHenri Gillet.

"Pas beaucoup de temps pour jouer"

- Henri Gillet : Qu'en est-il de la réalité des enfants quitravaillent ?

- Marina : A la campagne, ils commencent dès l'âge de 7-8 ans. Ils gardent les moutons, soignent le bétail, balaient l'é-table, sortent le fumier. Aux beaux jours, ils surveillent lestroupeaux, ce qu'ils aiment parce qu'ils se sentent en liberté. Ilss'arrangent pour se retrouver à trois ou quatre copains dans lescollines. Les meilleurs emmènent parfois un livre et décou-vrent Sadoveanu ou Rebreanu. Leurs parents les envoientaussi chercher, couper et débarder le bois. Ils doivent égale-ment planter et récolter les pommes de terre. Les garçons fau-chent et les filles ramassent le foin. Pendant les vacances d'été,ils sont requis pour les travaux agricoles.

A la maison, les filles font les travaux ménagers, la cuisi-ne, la lessive, le raccommodage. Elles doivent éplucher lemaïs pour nourrir le bétail, ce qui est dur et long et prend plu-sieurs semaines. On les envoie aussi sur le marché, parfoistous les jours, pour vendre le lait ou bien elles vont ramasserframboises, fraises des bois, champignons qu'elles proposentaux automobilistes sur le bord de la route.

- Quelle est leur vie d'enfant ?- Il se lèvent à 6 heures le matin, surtout ceux dont les

parents sont partis travailler à l'étranger et dont les plus grands,devenus chefs de famille, s'occupent. Ils leur faut survivre,s'occuper des animaux, des récoltes. Je les reconnais à leursmains calleuses. Ils sont fatigués, ne dorment pas assez. Je lesvois bailler. Je leur demande : "Tu as regardé la télé tard, hiersoir?" et ils me répondent "Non, j'étais avec papa à traire lesvaches jusqu'à minuit". Ils se montent aussi très agités, ner-veux, désorientés par leurs conditions de vie. Ils crient beau-coup à la récréation.

Chez eux, ils n'ont pas beaucoup de temps pour jouer. Aucours d’une classe, un jour, je leur ai posé la question: "Queferiez-vous si vous étiez naufragé sur une île déserte?", l'unm'a répondu: "J'aimerais jouer".

- L'école les change-telle ?- C'est un peu une soupape de sécurité. Ils y redeviennent

des enfants. A la récréation, garçons et filles mélangées, ils yfont du foot ou jouent à l'élastique. En classe, ils sont pleins debonne volonté mais ils n'ont pas confiance en eux. Ils font bienles exercices si on est derrière leur dos, mais pas s'ils sontseuls. Pour cela, je donne peu de devoirs à la maison, car seu-lement la moitié les font, sauf si je brandis la menace de puni-tions. J'ai noté que ceux qui les font, travaillent bien à la fois àla maison et à l'école.

"Dès l'âge de dix ou douze ans, l'avenir… c'est partir à l'étranger"

- Comment considèrent-ils les enseignants ?- On est regardés comme un rouage de l'autorité, qui impo-

se son pouvoir, et l'enseignement est considéré, aussi bien parles enfants que les parents, comme une obligation et non unepromotion, une libération.

Cette distance est encore plus marquée avec les jeunesenseignants qui ont reçu une formation théorique et nonhumaine. Beaucoup d'enfants de la campagne sont blessésquand ils entrent au lycée par les propos de professeurs quileur font honte devant la classe en les traitant de "Tarani" ou"paure" (paysans ou "ploucs").

- Comment voient-ils l'avenir ?- Dès l'âge de dix ou douze ans, l'avenir c'est faire comme

la moitié du village : partir travailler à l'étranger., en Europeoccidenatale, surtout en Italie ou en Espagne, où sont déjàleurs parents; les USA font un peu peur, c'est l'inconnu. Avant,quand la femme du pope demandait "qui veut devenir prêtre?",la moitié des mains se levaient… maintenant, il n'y en a plusune seule.

-Quelles sont vos relations avec les parents à problèmes?- Pour éviter l'absentéisme et le travail des enfants à la

ferme, un contrôle des présence est effectué. En début d'année,un carnet à souche est remis aux parents, avec des bons pourpercevoir les allocations familiales, que le professeur principaldoit signer chaque mois, le directeur apposant son cachet.

Le maximum d'absence autorisé est de dix heures ou unjour par mois, ou trois jours par semestre. Un registre est tenuà la disposition des autorités. Mais des médecins délivrent descertificats médicaux de complaisance pour 100 000 lei (2,5 €,16,50 F) de pourboire ou les enfants viennent pleurer devantleurs profs.

En ville, dans les lycées, les professeurs demandent auxfamilles de contribuer à l'entretien des classes, pour repeindreles murs, acheter du matériel. Il leur faut verser 500 000 lei ouplus. Si elles n'ont pas d'argent, elles empruntent auprès deleurs proches car ne pas participer est très mal vu : l'enfant sesent exclu du groupe et ses notes peuvent s'en ressentir, tom-bant parfois de 9 sur 10, à 7…

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

BUCAREST

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CLUJ

La rencontre d'un vieux boyard philosophe et d'un jeune juge

dans le vignoble de CotnariBARLAD

ALBA IULIA

Evénements Marina, institutrice en Moldavie: "Je reconnaisles élèves qui travaillent à leurs mains calleuses"

Le Vin de longue vie de N. D. Cocea (1880-1941)

COTNARI

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2235

Devenu plus sage avec l'âge, c'est sa vigne qui se met àjouer le rôle essentiel dans sa vie. Et c'est d'ailleurs en elle queréside le fameux secret de longue vie que Manole va accepterde livrer au jeune juge avant son départ; départ vers une affec-tation lointaine provoqué par la jalousie des autorités localesdevant la complicité des deux hommes.

Une vision idyllique de la société rurale rêvée

La description du travail sur la propriété et dans le cellierde Maître Manole est un des moments forts de ce roman. Si leboyard n'est pas parvenu, à son retour de Paris, à transformerla société moldave, il réussit tout de même, par la suite, à créerun monde plein d'harmonie sur ses propres terres; l'occasionpour N. D. Cocea de préciser quelque peu sa perception de ceque devrait être l'ordre social par le biais d'un socialisme uto-pique: "Et dans la lumière spectrale du jour filtré à travers lesbranches, exactement comme sur une scène de théâtre, desfiles de jeunes gens et de jeunes filles, portant sur leursépaules des paniers bien remplis, descendaient en chantantvers les bâtiments à notre gauche… Là, par une porte gigan-tesque, vraie porte de ville fortifiée, avec ses deux battants enchêne massif garnis de ferrures, et largement ouverte sur lescôtés, j'aperçus un village entier au travail. Des jeunes fillesrieuses passaient les corbeilles aux garçons. Ceux-ci, à leurtour, juchés sur des escabeaux improvisés, les vidaient danstrois pressoirs, de chacun quatre mètres de long, installés entravers du cellier. Les paniers vides volaient dans l'air, accom-pagnés de cris et de plaisanteries lestes… Cependant que,dans les trois énormes pressoirs, filles et femmes, robestroussées dans la ceinture et montrant leurs cuisses jusqu'auxhanches, écrasaient les grains en rythme, tantôt lent et coulé,tantôt saccadé et rapide, suivant la mesure de la danse… Lecellier grondait et vibrait sur ses bases. Il flottait dans l'air deseffluves, à la fois doux et âcres, enivrants et irritants, de fruitfoulé, de sueur et de femme".

Le fameux secret de longévité

Et c'est dans ce lieu magique que, quelques années plustôt, s'est opérée l'alchimie conduisant à la production du vin delongue vie (le fameux secret de longévité) que le vieillard pro-pose alors au jugement de son jeune disciple : "un Cotnari delongue vie dans un flacon dont l'intérieur était couleur derouille et l'extérieur revêtu d'une chape de sable durci… Un

Cotnari blanc qui pourtant, dans la coupe de cristal, sous l'é-clat des bougies, avait des reflets de pourpre et de sang". Lejeune juge apprend ainsi que ce vin résulte de l'amour pas-sionné que Maître Manole accomplit dans un des pressoirs deson cellier avec une jeune tsigane dont il s'était violemmentépris. Parvenu à ses fins, le boyard n'aura de cesse de respirersur le corps de la jeune Rada "l'arôme de sa chair tout impré-gnée de cette fragrance de basilic qu'ont les grappes foulées".

Le cellier sera devenu pour l'occasion "une crypte et unealcôve où ne s'entendaient alors que le suintement monotonedu vin et un murmure ininterrompu de mots sans suite, de chu-chotements dénués de sens". La fin tragique de la jeune tziga-ne ajoutera la mort à ce chant élégiaque pour la vie, l'amour,les sens et la pensée la plus élevée qu'est Le Vin de longue devie de N. D Cocea; mort sans laquelle, semble vouloir nousdire in fine l'auteur, la vie et tout le reste n'auraient assurémentpas la même valeur.

L'influence des "bonjouristes", revenus de Paris

Les éléments autobiographiques ne manquent pas dans cepremier roman (ou longue nouvelle) de N. D. Cocea. En effet,né en 1880 à Bârlad, près de Iasi en Moldavie, dans une famil-le de petite noblesse provinciale, Cocea a lui-même fait levoyage à Paris pour y étudier le droit. Le monde occidentals'apprêtait alors à changer de siècle et le jeune homme entraitdans sa vingtième année. Nul doute qu'à ce moment-là sapensée s'est tournée vers ses prédécesseurs roumains ayantvécu et étudié un temps à Paris, tels les bonjouristes qu'il meten scène dans son texte par l'intermédiaire de Maître Manole.

Jean de Palacio, traducteur du Vin de longue vie, précisedans une note ajoutée qu'il a traduit ce terme par le mot libéralet que ces bonjouristes sont de jeunes aristocrates revenus d'unséjour en France tout imbus d'idées libérales et progressistes(notamment ceux marqués par la révolution française de1848). Comme ils avaient conservé de leurs voyages l'habitu-de de saluer en disant "bonjour", ce nom leur est resté. Sansavoir donc appartenu à cette génération romantique des bon-jouristes, Cocea se plaît toutefois à la faire revivre et à en rap-peler combien les idéaux restent en 1931, selon lui, trèsaudibles.

Bernard CamboulivesN. D. Cocea, Le Vin de longue vie (Vinul de viatà lungà), Le

Serpent à Plumes, 2000. Traduit du roumain avec une postface parJean de Palacio. 150 pages, 5,34 euros.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2218

SSociété

Après les enfants abandonnés, les enfants des rues, un nouveau feuilleton -hélas réel et dont la Roumanie se serait bien passé - est venu alimenter, enoctobre-novembre, la chronique de l'enfance malheureuse, choquant

nombre de Roumains : les "enfants-esclaves", ces enfants que leurs parents louent ouvendent pour une bouchée de pain et un cochon pour Noël à des "patrons" qui les met-tent au travail et qui, de ce fait, leur font abandonner l'école. Ce phénomène touche lesfamilles très pauvres, désintégrées ou marginales, et particulièrement la Moldavie,région la plus déshéritée du pays. Dans son numéro 20, "Les Nouvelles ” avaient déjàsoulevé le problème, mais, ironie du sort, il s'agissait du cas d'enfants de Républiquemoldave, envoyés travailler dans la Moldavie roumaine, plus riche…

Le cas de Cristina, 8 ans, a révolté les consciences. La fillette, originaire du judetde Teleorman (Alexandria) avait été vendue à une famille de Tsiganes par sa mère etson concubin, en 1999, à l'âge de 4 ans, pour unmillion de lei de l'époque (75 €, 500 F). Elle avaitété immédiatement envoyée mendier dans les bus etle métro de la capitale. Cristina a été récupérée parla police, dans un état physique épouvantable - il luimanquait une partie du mollet, comme si on avaitvoulu l'estropier - et profondément traumatisée.Elle a été confiée aux services sociaux. Sa mère estsuspectée 'avoir vendue deux autres enfant

Loués pour 5 euros par mois

Le scandale des "enfants esclaves" a éclatédébut novembre, quand un adolescent de 13 ans aété hospitalisé dans un état grave, dans le judet deGeorgiu. Venant du judet de Iasi, il avait été louépar ses parents, ainsi que son frère, âgé de 12 ans, àun fermier du village de Gostin, pour 600 000 lei(15 €, 100 F) par mois et une "avance" de 100 000 lei (2,5 €, 16,50 F). Les deuxfrères s'occupaient de la porcherie et travaillaient 14 heures par jour. L'enquête déclen-chée aboutissait à la découverte de 47 familles employant des enfants d'âge scolaire,dont 19 venant des judets moldaves de Iasi, Neamt et Vaslui.

A la même époque, une autre affaire défrayait la chronique. Habitant une masu-re, à quelques mètres seulement du célèbre monastère Hadambu (Iasi), une mère avaitloué ses trois enfants, de 14, 10 et 7 ans, à différents voisins, pour 200 000 lei chacunpar mois et un morceau de fromage - remplacés souvent par des bouteilles de tsuica etde la mamaliga - afin qu'ils gardent vaches et moutons. Bien qu'ils aient abandonnél'école, leurs absences n'étaient pas signalés sur les registres. Questionnée par les jour-nalistes, la mère s'est justifiée en disant qu'elle vivait seule, son mari étant mort, qu'el-le devait élever neuf enfants, personne ne l'aidant. Puis, elle a indiqué qu'elle allaitdemander 500 000 lei au "patron" de l'aîné "qui était devenu presque un homme".

L'adjoint au chef de la police du judet a déclaré que ce cas n'était pas le seul, etétait révélateur de ce qui pouvait se passer dans le milieu rural de toute la Moldavie,confirmant que les enfants victimes n'étaient pas le plus souvent déclarés absents del'école - ce qui ne permettait pas de les repérer - afin que les parents puissent conti-nuer à bénéficier des allocations familiales. Pour prévenir ces pratiques, le Conseil dujudet de Iasi a décidé de faire répertorier toutes les familles nécessiteuses du départe-ment et de mettre en place une surveillance de la scolarisation de leurs enfants.

D'après l'Institut National deRecherche Scientifique, sur lesquatre millions d'enfants entre 5 et17 ans que compte la Roumanie,20 % travaillent et peuvent êtreconsidérés comme faisant partie ducircuit économique.

Ce pourcentage passe même à60 %, si les enfants amenés à fairedes tâches ménagères ou à aiderleurs parents sont pris en compte.

Le phénomène est naturellementbeaucoup plus accentué en milieurural et il peut conduire à l'abandondu cycle scolaire, les parents préfé-rant parfois envoyer leurs enfantstravailler pour ramener quelques leiet améliorer les maigres revenus dela famille.

D'après les chercheurs del'Institut, cette pratique est à mettresur le compte de l'extrême pauvreté,et non sur un désintérêt de leursenfants par les parents ou une quel-conque maltraitance, et ne peutprendre fin qu'avec la disparition decelle-ci.

La situation est beaucoup plusgrave pour les enfants tsiganes,notamment en ville, où des famillesn'hésitent pas à les envoyer mendier,dès leur plus jeune âge, et les filles àse prostituer quand elles sont ado-lescentes.

Le code du travail roumain prévoitqu'un enfant ne peut travailler qu'àpartir de 15 ans, avec l'autorisationde ses parents, et peut se passer deleur accord dès qu'il a atteint ses 16ans. Les contrevenants encourrentdes peines de prison.

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ALEXANDRIA

A quatre ans, vendue par ses parentsà des Tsiganes et envoyée mendier

dans le métro de BucarestEvénements

Les Roumains stupéfaits à la découverte d'enfants esclaves

Un enfant sur cinq travaille

Le 26 novembre, à la Cité de lamusique, à Paris, on est venuen famille entendre la fanfare

d'enfants roumains Rotaria. AlexandraCantea, dix ans, joue de son tambourd'enfant avec un sérieux confondant.Comme si la réussite du concert reposaitsur les épaules de ce garçon, fils deCristinel Cantea, un des meilleurs trom-pettistes de la Moldavie centrale. La fan-

fare, dix garçons et deux filles, comptetrois trompettes, un tambour, quatre clari-nettes, un tuba, un hélicon, une flûte.Agés de 10 à 17 ans, ces enfants sontpour la plupart issus de familles où lamusique est une tradition. Mais c'est lapremière fois qu'ils se produisaient dansune aussi grande salle, à l'occasion dufestival des musiques des Balkans. Lesjeunes Roumains ont atterri à Paris la

veille de leur spectacle, pour répéter aus-sitôt. Ils étaient partis à l'aube de Vasluipour rejoindre en bus Bucarest, située à230 km. L'enjeu pour eux est de perpé-tuer une tradition populaire menacée dedisparition depuis les années 1990 par ladiminution des fêtes de mariage, sur fondde crise économique. Mais aussi par l'at-trait pour les musiques occidentales et laconcurrence des synthétiseurs.

Des enfants en fanfare pour perpétuer la tradition

VASLUIP. NEAMT

Musique

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Littérature

MihailSadoveanu(1880-1961)

Ecrivain roumain né à Pascani enMoldavie. Il débute sa carrière littérai-re en 1904 pour la terminer un demi-siècle plus tard. Près de cent-vingtlivres ont été écrits par cet écrivainprolifique dont la plupart sont desromans historiques. Conteur dans lalignée de son grand prédécesseurmoldave Ion Creanga (1839-1889), ils'inspire aussi des chroniquesanciennes de Dimitri Cantemir (1673-1723) et de Ion Neculce (1672-1745)pour écrire ses nombreux ouvragesmettant bien souvent en scène laMoldavie. On trouve parmi ceux-làL'auberge d'Ancoutsa de 1928, Lesigne du cancer de 1929, une Vied'Etienne le Grand de 1934, la trilo-gie Les frères Jderi écrite entre 1935et 1943, etc. Le hachereau(Baltagul) de 1930, ouvrage danslequel il donne une suite à la célèbreballade roumaine Mioritsa, lui vaudraune grande notoriété dans le pays.

Sa collaboration avec le régimecommuniste après la seconde guerremondiale lui permettra d'occuper leposte de Président du Présidium de laGrande Assemblée Nationale à partirde 1948. Dès ce moment-là, sesromans s'inspirent du réalisme socia-liste. Ainsi Mitrea Cocor écrit en 1949.Il meurt en 1961 célébré par les auto-rités comme il l'avait déjà été avantguerre. Son œuvre, aujourd'hui, faitl'objet d'une réévaluation pour la sortirde l'interprétation que les commu-nistes en ont donnée.

Le lieu est superbe à proximité du monastère de Neamt dans le départementdu même nom en Moldavie du nord. Sadoveanu le présentait lui-mêmeainsi: "une nature charmante, à la lisière de vieilles forêts, au pied de la

montagne". Et il ajoutait aussi que "la paix de cette région s'installait dans l'âme deceux qui y vivaient". Sadoveanu ne vécut toutefois pas à Vovidenia. Mais il y passade nombreux étés durant la fin de sa vie. En 1947, l'Etat roumain avait mis à sa dis-position l'ermitage (schitul Vovidenia) construit quelques années plus tôt par VisarionPuiu, métropolite de Bucovine. Pour cause d'installation du régime communiste dansle pays, le bâtiment (une bâtisse somme toute confortable) avait été confisqué àl'Eglise orthodoxe. Condamné à mort par le tribunal populaire de Bucarest en février1946, le métropolite avait alors fait le choix de fuir la Roumanie nouvelle pour s'exi-ler en France où il devait mourir en 1964.

Le visiteur de Vovidenia est ainsi confronté lors deson parcours dans les lieux à une coexistence demémoires pour le moins contradictoire. En effet, l'er-mitage sert tout d'abord de casa memoriala (maisonmémoriale) à Visarion Puiu. Une salle lui est consacréeet une courte brochure rappelle que "le brave prélat aeu une attitude tranchante vis-à-vis de la nouvelleidéologie, défendant, au prix de son expulsion, ladignité de l'Eglise et du peuple roumain". Notons éga-lement, dans la biographie du "brave prélat" qu'il a étémétropolite de Transnistrie entre 1942 et 1944.

Triste époque pour une région entre Bug et Dniestrqui a été confiée par les Nazis à l'administration rou-maine pour être le lieu de déportation et d'extermina-tion des Juifs de Roumanie. Il est vrai qu'après 1942les déportations roumaines vers la Transnistrie ont en grande partie cessé mais biendes Juifs roumains, déjà sur place, ont dû rester dans les camps jusqu'en 1944. Quel adès lors été le rôle de ce métropolite dans cette région de souffrance ?

Le "maître" Sadoveanu célébré avec affection

L'ermitage abrite ensuite un musée Mihail Sadoveanu. Plusieurs pièces permet-tent de retrouver l'écrivain roumain dans quelques unes de ses attitudes favorites àVovidenia : le bureau où il écrivait, la bibliothèque où il accumulait les livres histo-riques, le salon où il prenait du repos, etc. Des objets aussi rappellent sa mémoire : unfusil, un chapeau, de nombreuses photos. Et puis il y a sa voix qui suit le visiteur avecla diffusion d'un de ses enregistrements. Au total, le "maître Sadoveanu" est célébréici avec affection et considération. Sa participation à la mise en place du communis-me dans le pays ne semble pas lui être reprochée. Il reste toujours, par le biais de lamême brochure mise à la disposition du visiteur, celui qui "par sa présence et par saplume a ennobli la maison et ses alentours".

Les deux hommes vivant aujourd'hui, et se retrouvant à Vovidenia par-delà l'his-toire mouvementée de leur pays, pourraient parler du calme des lieux et du charme decette bâtisse. Ils pourraient aussi se rappeler quelques souvenirs d'enfance puisquetous deux sont nés à Pascani à quelques mois de distance. Pour le reste, ils auraientpeut-être du mal à s'entendre sur le fond de leurs idées. A moins que l'âme roumainen'opère sur eux cette étrange alchimie dont semble être victimes les responsablesmuséographiques de Vovidenia … la conciliation des extrêmes.

Bernard Camboulives

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Bien que parrapport àl ' a n n é e

précédente, le nombred'accidents de la routeet de leurs victimes aitdiminué de près de10 %, la gravité deceux-ci semble s'ag-

graver, comme l'illustre une série d'entre-eux survenus à l'au-tomne. Près de Teius (Alba), huit jeunes entassés dans uneDacia et sortant d'une discothèque ont péri après que leur véhi-cule non éclairé, s'étant déporté à gauche et roulant trop vite,soit entré en collision frontale avec un TIR. Son conducteur,âgé de 20 ans, avait été verbalisé à quatre reprises pour excèsde vitesse, le mois précédent.

A Iratos (Arad), ce sont quatre autres jeunes de 20 à 23ans, revenant également de discothèque, qui ont perdu la vie.Leur véhicule, circulant à trop grande vitesse, est sorti d'unecourbe pour aller s'empaler sur le parapet d'un pont. Sur cetteroute peu passagère, les victimes n'ont été découvertes qu'aupetit matin, par un berger.

L’arrogance de la jeunesse dorée

Ces accidents mettent en évidence la dangerosité du com-portement de nombre de jeunes conducteurs. A un apprentis-sage de la conduite souvent insuffisant s'ajoute un comporte-ment où l'inconscience de l'âge se double d'arrogance. Pour l'é-norme majorité des jeunes, s'offrir une voiture demeure unrêve et seuls ceux issus de milieux aisés peuvent y accéder. Latentation d'étaler sa supériorité devant les autres et de brilleraux yeux des filles est grande. Cela se traduit par des prises derisques énormes et par le mépris des autres conducteurs : rienn'est plus dangereux sur les routes roumaines que d'être dou-blé ou de croiser une grosse cylindrée, notamment les 4x4bardés de pare-chocs rutilants, où ont pris place des spécimensde cette jeunesse dorée. Par ailleurs, sortir en boite et en voi-ture, est un phénomène relativement récent dont les autoritéset les familles n'ont pas pris toute la mesure.

Le triple de voitures et le double de permis depuis 1990

Toutefois, les accidents causant de nombreuses victimesne sont pas le seul fait des jeunes. Il arrive que des mini-buschargés de passagers, l'un des moyens de transport en communles plus usités, s'écrasent contre un arbre. Sept policiers sontmorts en octobre, à la suite de collisions frontales. A Botosani,le chauffeur d'une voiture de la prison, roulant à gauche et sousl'emprise de la boisson, a tué six personnes. Près de Timisoara,

cinq personnes sont mortes et quatre autres blessées griève-ment, après que leur voiture se soit encastrée dans un arbre.

L'état des routes, des véhicules, la vitesse, peuvent êtreinvoqués pour expliquer globalement ce phénomène. Mais ilfaut aussi y ajouter le fait que l'essence est extrêmement chèreet que se déplacer en voiture est encore un privilège enRoumanie, ce qui explique que celles-ci soient parfoisbondées, alourdissant le bilan.

Pourtant, bien que le nombre de véhicules ait triplé depuis1990 et celui des permis de conduire doublé, le nombre d'ac-cidents est en régression. A l'époque, il était de 9700 annuelle-ment, faisant 3800 morts et 6100 blessés graves.

Les autorités ont décidé cependant de réagir, en signali-sant mieux les zones dangereuses des routes nationales, en leséquipant de dispositifs visant à ralentir la vitesse et en instal-lant des glissières de sécurité là où se produisent les collisionsfrontales, les plus meurtrières. L'entrée dans le pays de véhi-cules en mauvais état sera interdite, des écoles d'apprentissagede la conduite créée où l'examen se fera par ordinateur, pourcouper court à la tentation de "spaga" (pôt de vin).

Par ailleurs, le système d'amendes devrait être révisé, enmars, pour être remplacé par une cotation des infractions parpoints, le minimum, un point, correspondant à 10 % du salai-re brut (750 000 lei, 20 €, 130 F), le maximum pouvant arri-ver à 25 millions de lei (600 €, 4000 F).

Prêtres, instituteurs et journalistes appelés à la rescousse

Devant le nombre d'accidents graves ayant endeuillé sonjudet (11 morts en plus en 2003, bien que l'on ait enregistré 25accidents en moins), le chef de la Sécurité routière deTimisoara a décidé de ne pas attendre l'application de cesmesures. Il a mobilisé les prêtres pour qu'ils appellent à la pru-dence dans leurs sermons du dimanche, particulièrement à lacampagne, et s'est tourné vers les enseignants pour qu'ils fas-sent de la sensibilisation.

Enfin, pour que les contraventions ne soient pluscontestées, il a décidé de faire effectuer des contrôles à partirde voitures banalisées dans lesquelles prendraient place desjournalistes filmant les contrevenants, certaines séquencesétant susceptibles d'être montrées à la télévision commeexemple négatif de comportement.

L'ermitage de Vovidenia témoin des ambiguïtés idéologiques roumaines

PLOIESTI

Le "brave" prélat ennemi des "Rouges"et le romancier du réalisme socialiste

PASCANI

Evénements Revenant d'une discothèque, huit jeunes entassés dans une Dacia se tuent près d'Alba Iulia

Moins nombreux, les accidents de la route se font plus meurtriers

Excédé d'être arrêté et verbalisé sans arrêt par le seulpolicier en fonction dans sa commune, lorsqu'ilpart ou revient d'une course, un chauffeur de taxi

du judet de Gorj a été déposé plainte auprès du commissariatprincipal de Târgu Jiu… pour harcèlement policier.

Harcèlement policier

Mgr Visarion Puiu

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Parutions

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2216

Actualité

Social

1,7 millions de Roumains travaillent à l'étranger, trois quarts bénéficiant d'uncontrat en bonne et due forme, un quart travaillant au noir. Dans l'ordredécroissant, les pays les plus prisés sont l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne,

Israël, la Hongrie, la Grèce, la Belgique et l'Autriche. Les trois premiers pays ont attiréa eux seuls nettement plus de la moitié des candidats au travail à l'étranger depuis ledébut des années 1990.

Ceux ci jugent qu'un emploi avec un contrat est important (41,7 % des personnesinterrogées par l'OMI, facteur suivi par la connaissance de la langue du pays d'accueil(31,2 %), une bonne qualification professionnelle (26,3 %), l'argent pour le voyage(22,6 %), la présence d'amis ou de connaissances sur place, 20,9%).

Leur plus grande crainte est d'être pris sans visa de séjour ou sans carte de travail(59,5 %), d'avoir des problèmes à leur retour dans le pays pour avoir effectuer desséjours irréguliers. Parmi les travailleurs interrogés, notamment en Belgique, beau-coup confondaient le fait de pouvoir séjourner dans un pays de l'UE trois mois sansvisa et la possibilité d'y travailler sans contrat.

D'après la Commission deBruxelles, le revenu par tête d'habi-tant en Roumanie se situe loin der-rière celui de la moyenne européen-ne, n'en représentant qu'un quart. LaCommission note également que lefossé s'élargit entre la capitale, où cerevenu est plus de deux fois supé-rieur à la moyenne nationale etatteint trois fois celui des régionspauvres, lesquelles se situent à àpeine un dixième de la moyenneeuropéenne.

Loin derrière l'UE

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La Roumanie passée au scanner par quatre universitaires français et roumains

Les éditions Alvik viennent de publier un livre quipermet de se faire une solide idée de la Roumanied'aujourd'hui et d'hier, qui ne ressemble en rien à la

caricature proposée par les médias. Cette approche géopoli-tique est le fruit des regards croisés et de la collaboration dequatre universitaires français et roumains, le professeurJacques Barrat, l'académicien Dan Berindei, le professeurJean-Paul Bled et le chercheur Claudia Moisei qui travaillentensemble, depuis la chute de Ceausescu, à resserrer encore lesliens privilégiés qui unissent traditionnellement les deux pays.

Toute une partie de l'ouvrage évoque l'histoire difficile dela Roumanie, bastion avancé de la latinité à l'Est, située néan-moins au cœur de l'Europe, et qui a subi la pression desempires austro-hongrois, ottoman et russe. Les auteurs rappel-lent que, francophile et francophone depuis toujours, laRoumanie a été particulièrement prospère et brillante dansl'entre-deux-guerres. Ils soulignent son rôle de pont culturelnaturel entre l'Occident et l'Orient dans ce début du XXIesiècle, avant de s'attaquer au nombre considérable de défisqu'elle doit affronter afin de pouvoir adhérer à l'Unioneuropéenne en 2007, alors qu'elle doit effacer les séquelles de45 ans d'un marxisme particulièrement paranoïaque.

Sous la plume des quatre chercheurs, la Roumanie estpassée au scanner : agriculture, industrie, transports, banques,régions, minorités, religions, partis politiques, enseignement,médias, politique étrangère, etc… rien n'échappe à leur analy-se, et en fermant l'ouvrage, le lecteur peut s'estimer armé pouraller découvrir sur place la réalité du pays.

Ce qui ne sera pas inutile, car comme toute recherche,cette étude universitaire se révèle parfois livresque et n'ose pasaborder de front les problèmes qui font mal, ravageant lasociété, comme la corruption, trop vite évacuée par une for-mule indiquant que l'Etat a engagé contre elle une lutte réelle.

Le post-communisme, le pouvoir arrogant de la nouvellenomenklatura, l'origine de ses fortunes, est très peu abordé. Demême, il paraît un peu rapide de dire que le problème desminorités est en voie d'être résolu, à moins de ne pas prendreen compte le sort de la communauté tsigane. Il n'empêche, celivre se révèle précieux et sérieux . Il a d'ailleurs reçu le prixThorlet de l'Institut de France (Académie des SciencesMorales et Politiques).

Les auteurs:- Jacques Barrat : universitaire, professeur à Panthéon-

Assas Paris 2 et à l’ex Ecole Supérieure de Guerre; membrefondateur de la Fondation Titulescu, directeur de l’Institutfrançais de Bucarest (1999-2001), président français du Forumfranco-roumain, auteur de nombreux ouvrages.

- Dan Berindei : membre de l’Académie roumaine, prési-dent du Comité national des historiens roumains, présidentroumain du Forum franco-roumain, auteur d’une cinquantained’ouvrages.

- Jean-Paul Bled : universitaire, professeur à laSorbonne-Paris IV, spécialiste de l’histoire de l’Europe Centrale, direc-teur de la revue “Etudes danubiennes”, auteur des biographiesde François Jospeh (1987) et de Marie-Thérèse d’Autriche(2001).

- Claudia Moisei : universitaire, chargée de mission àParis III-Sorbonne nouvelle, chargée pendant huit ans de lacoopération technique et scientifique auprès de l’ambassade deFrance à Bucarest, auteur de nombreux articles sur la franco-phonie en Roumanie et les problèmes liés à l’adhésion de sonpays à l’UE.

Géopolitique de la Roumanie, Regards croisés par JacquesBarrat, Jean-Paul Bled, Dan Berindei, Claudia Moisei; préface duPrésident de l'Académie Roumaine Eugen Simion, (Editions Alvik).21 €, 352 pages

BOTOSANI

1,7 millions de Roumainstravaillent à l'étranger

La Documentation françaisepublie chaque mois "Le cour-rier des Pays de l'Est", consa-

cré à la vie politique, économique et de lasociété de cette partie du Vieux continent.De nombreux articles concernent laRoumanie, notamment sous la plumed'Edith Lhomel. En voici une sélectionportant sur ces deux dernières années:

Roumanie 2002-2003, EdithLhomel, n° 1036, juin-juillet 2003.

Roumanie-France. Vers une coopé-ration décentralisée exemplaire entrela région de Cluj et l'Auvergne ? EdithLhomel, n° 1035, mai 2003.

La préparation aux fonds structu-rels de l'UE. Les exemples de laPologne et de la Roumanie. François

Bafoil, Edith Lhomel, n° 1033, mars2003.

Firmes roumaines. Actionnariat etperformance dans la post-privatisa-tion. Jean-Claude Hulot, n° 1031, Janvier2003.

Michelin en Roumanie. Une opéra-tion réussie. Edith Lhomel, n° 1029,octobre 2002.

Roumanie. Un exemple de coopé-ration avec la France. Régis Vouaux-Massel, n° 1028, septembre 2002.

Roumanie. Des efforts qui appel-lent récompense. Edith Lhomel, n°1026, juin-juillet 2002.

Un chantier décisif. Le développe-ment régional dans les pays candidatsà l'Union Européenne. Edith Lhomel, n°

1024, avril 2002.Les systèmes bancaires bulgare et

roumain. Défis de la transformation.Stephan Barisitz, n° 1021, janvier 2002.

La vie associative. Les cas roumainet tchèque. Edith Lhomel, SandrineDevaux, n° 1019, octobre 2001.

Le numéro simple: 12,30 €; lenuméro double: 18,50 €; l'abonnementd'un an (10 numéros): France, 110 €,Europe, 117 €.

Commandes: www. ladocumenta-tionfrançaise.fr ; fax: 01 40 15 68 00

La Documentation française: 124 rueHenri Barbusse, 93 308 Aubervillierscédex

Renseignements: cpe@ladocumen-tationfrançaise.fr

La Roumanie dans "Le courrier des Pays de l'Est"

Trois cents femmes de ménage de Botosani, au service de diverses associa-tions de propriétaires de la ville, ont décidé de créer un syndicat afin dedéfendre leurs intérêts. Elles estiment être exploitées, travaillant dans des

conditions difficiles, particulièrement l'hiver, ne bénéficiant pas de primes d'ancien-neté, ne recevant parfois que la moitié du salaire minimum, et se voyant fréquemmentobligées de faire gratuitement le ménage chez les présidents d'associations, de viderles greniers, caves ou garages.

Femmes de ménage mécontentes

La classe aisée représente 10 %de la population urbaine,d'après une enquête réalisée

sur un an par un institut de recherche etportant sur 10 000 personnes de plus de18 ans. 48 % de ces Roumains sans sou-cis financiers ont entre 18 et 34 ans, lamoitié d'entre-eux ayant moins de 24 ans.29 % ont entre 35 et 44 ans. 47 % ont unniveau d'études secondaires, et 44 % d'é-tudes supérieures. S'ils sont 37 % à regar-der assidûment la télévision, 25 % lisentun quotidien national, 17 % la presse sati-rique et 13 % la presse économique. 50 %fument régulièrement (contre 37 % pour

l'ensemble des Roumains), 62 %consomment du vin bouché (41%), et99 % ont une voiture (31 %). 11 % vontau restaurant au moins une fois parsemaine (4 %), 18 % dans un fast-food(6%), 11 % dans des bars (3 %), et 11 %au cinéma au moins une fois par mois(4%). Cette classe est prête à payer pluspour la qualité, s'habille à la dernièremode, considère son emploi comme unecarrière et non comme un simple travail,se déclare contente de son niveau de vieet pense… que c'est beaucoup mieuxd'être riche, beau, jeune et bien portantque pauvre, laid, vieux et malade.

La classe aisée aime le vin et fume davantage

Le gouvernement a remis au syn-dicat CNSLR-Fratia (ConfédérationNationale des Syndicats Libres deRoumanie-Fraternité) une propriétéen plein Bucarest d'une superficie deprès de 9000 m2, comprenant, outreles bâtiments, trois terrains de tennis,une piste de danse en plein air, unparking, des espaces verts, afin d'youvrir un Institut d'Education etd'Etudes Syndicales.

La CNSLR-Fratia qui est créditéede 700 000 adhérents et est présidéepar Marius Petcu, est une véritablepépinière de cadres pour le PartiSocial Démocrate au pouvoir aveclequel il collabore. Deux de ses lea-ders sont devenus ministres lors dela formation du gouvernementNastase (Miron Mitrea, Transports,Construction et Tourisme, MarianSârbu, Relation avec les partenairessociaux), deux autres secrétairesd'Etat, plusieurs sont membres decabinets ministériels, et douze sontdéputés ou sénateurs PSD, dont lamoitié ont conservé leurs fonctionssyndicales.

Récompense gouvernementale

Ramasseurs de champignons recherchés en Espagne

Satisfaits des services des tra-vailleurs roumains engagéspour le ramassage des fraises,

depuis trois ans, les propriétaires agri-coles espagnols, qui s'apprêtent à lesréembaucher, ont décidé d'avoir égale-

ment recours à leurs compatriotes pourles champignons. 65 d'entre-eux ont étésélectionnés pour un contrat de neufmois, avec un salaire mensuel de 920 €(6000 F), logés-nourris, les frais de trans-port étant cependant à leur charge.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2238

Bande dessinée

Connaissance eet ddécouverte

La bande dessinée est toujours une forme d'expression considérée commemarginale en Roumanie. Une dizaine d'albums paraissent chaque année…contre 1000 à 2000 en Belgique et en France. Pourtant, la "Révolution" de

1989 a réveillé un genre qui avait disparu dans les dernières années de Ceausescu, pro-voquant un enthousiasme extraordinaire chez ses amateurs. Soudain, tout le monde seprenait à rêver d'être éditeur et chaque grande ville du pays possédait sa BD. Ce mou-vement a duré une ou deux années et a été tué par l'hyper inflation de 1993 ( 300 %)rendant les coûts de l'impression prohibitifs.

Les frontières étant ouvertes, les première BD étrangères traduites firent leurapparition avec, en tête, Astérix, suivi de Lucky Luke, les Schtroumfs, Batman etSpiderman. Depuis 2003, on trouve dans les librairies des albums de Tintin et Astérixen français. Parallèlement, elle a refait surface dans les journaux et les magazines,sous forme de planches ou de cartons. Pourtant, hormis le journal de Mickey, person-nage le plus connu, aucune revue pour enfant ne lui est consacrée.

La tentation de l’émigration pour les meilleurs dessinateurs

Depuis une dizaine d'années, une cen-taine de dessinateurs se consacrent à cegenre, ce qui correspond à son âge d'or,avant-guerre, vivant de leurs caricaturesdans la presse et les albums qu'ils publient,parfois à l'étranger, ou d'autres facettes deleurs talents, comme la peinture. L'accent aété mis sur la qualité et sur la spécialisation.Ainsi trouve-t-on des BD chrétiennes,racontant l'histoire de la Bible, érotiques,policières, politiques, ninja ou consacréesaux samouraïs.

Mais, pour des raisons économiques,plusieurs grands dessinateurs ont émigré,aux USA, en France ou en Belgique, enHongrie, en Israël. Le plus important,Sandu Florea, s'est installé à New Yorkvoici dix ans, à l'âge de 45 ans, où il tra-vaille pour le marché américain des"comics". Bien que vivant en Roumanie, Valentin Tanase, qui est aussi un peintreréputé, édite en France, Belgique et au Canada où les albums de Calin Stoicanescusont également diffusés. Il s'agit là des trois principaux auteurs de BD, mais d'autressont aussi publiés en Italie, Espagne, Danemark.

Beaucoup ont été révélés par les salons internationaux de la BD que Dodo Nita amis en place en 1991, avec l'appui de l'Alliance Française de sa ville, Craiova. Cesrencontres annuelles, aidées par l'ambassade de France, s'étalent sur trois jours et atti-rent jusqu'à 5000 personnes, le public pouvant acquérir des BD françaises neuves àmoitié prix. La première a eu lieu à Bucarest, la dernière, en 2003, à Craiova, et ellesse déplacent à travers tout le pays, dans les grandes villes qui disposent d'une AllianceFrançaise ou d'un centre culturel français. Elles ont surtout permis de mettre encontact de grands noms de la BD franco-belge avec une pépinière de jeunes talentsroumains, âgés aujourd'hui de 20-30 ans, qui en a été fortement influencée, et formela dernière génération de dessinateurs roumains.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2215

Actualité

Les albums ont fait leur réapparition dans les librairies

après la "Révolution" de 1989

"Un système injuste"

- Comment réagissent les retraités et futurs retraités ?- B.H.: Ils ressentent durement les conséquences de ces

réformes et les injustices générées. Les gens sont actuellementsous deux systèmes différents. Ceux qui ont pris leur retraiteavant 2001, et sont épargnés par les réformes, et les autres. Lesdifférences sont considérables, pouvant aller jusqu'à trois foisle montant de la pension. Il arrive qu'un professeur d'universitétouche moins qu'une femme de ménage ayant passé sa carriè-re à Hydro Electrica (EDF roumain).

La plus basse pension dans le pays, présentement - celled'un agriculteur, dans certaines conditions - est de 540 000 leipar mois (14 €, 90 F); la plus grande de 148 millions de lei(3835 €, 25 000 F) concerne des directeurs de banque d'Etatqui ont pris leur retraite avant 2001 et ont bénéficié de l'effetboule de neige de l'hyper inflation. Soit une différence de un àtrois cents ! A notre demande, le gouvernement a promis d'ef-fectuer une corrélation des deux systèmes, en les rapprochantpar étapes, mais elle ne touche que 5 % des cas et l'adminis-tration rechigne à recalculer les droits de tout le monde.

- Le gouvernement a proposéd'introduire un taux unique d'impo-sition,à 23 %? Etes vous d'accord ?

- Avec ce projet, on pourraitenregistrer subitement des diffé-rences d'imposition allant du simpleau double sur l'année précédente pourles petits contribuables qui ont prisdeux emplois pour survivre. Noussommes résolument contre... et lespatrons aussi d'ailleurs.

"Le chômage est plus proche de 13 % que des 8,6 % officiels"

- Le gouvernement indique toujours que le chiffre duchômage est en baisse, alors que les vagues de licenciementsse succèdent... Qu'en est-il exactement ?

- Le gouvernement annonce un taux officiel de 8,6 %.13 % serait plus proche de la réalité. Rien qu'en septembre,plus de 80 000 travailleurs ont été licenciés, dans les cheminsde fer, les grandes usines de Brasov, Hunedoara, Galati. Enfait, le chiffre avancé par les autorités ne retient que les chô-meurs "actifs", ceux qui, pendant leur période d'indemnisation- 9 à 12 mois - continuent à se faire enregistrer.

Beaucoup renoncent. Il faut faire la queue pendant 6 à 8heures pour pointer, dans le froid, la canicule. En outre, aucu-ne solution, aucune formation, ne sont proposées aux deman-deurs d'emplois, ou bien des travaux très peu qualifiés. Alors,chacun essaie de se débrouiller par soi-même. C'est ainsi quese développe le travail au noir... 2,5 à 3 millions de personnes,selon les propres chiffres du ministre Blanculescu.

Parallèlement se répand également, le "travail au gris".De nombreux patrons, surtout dans le textile et la construction,ne paient leurs employés qu'au minimum, leur versant desprimes sous la table. Outre la mentalité de corruption et de

fraude fiscale que cela perpétue, ce procédé est aussi néfasteque le travail au noir, sur le plan économique et social. Il s'agitd'une distorsion dans la concurrence pour les entreprises quirespectent la réglementation et d'une menace pour les régimessociaux dont l'avenir est menacé et qui se voient obligés d'aug-menter les cotisations des autres employés.

Nous avons demandé au gouvernement de prendre desmesures répressives, mais aussi incitatives. Créer un systèmede primes au nouveaux emplois, baisser la TVA pour certainesactivités, assurer une déductibilité d'impôts pour les personnesentreprenant des travaux touchant à l'habitat...

"Carrefour ne veut pas de sections syndicales dans ses magasins"

- Les investisseurs étrangers respectent-ils une forme depacte social ?

- Ce ne sont pas des gens portés naturellement à faire dusentiment. Leur premier objectif est souvent de maximaliserleurs profits. Le système "lohn" s'est mis en place dans le payset ce n'est pas bénéfique pour notre économie. Dans certaines

entreprises, on multiplie les heuressupplémentaires, faisant pressionsur les employés pour qu'ils fassentjusqu'à 70 heures par semaine,licenciant en même temps - c'est lecas à Rom Telecom, repris par legrec OTE - ou n'embauchant pas.Les grandes chaînes de distributionfont travailler leur personnel ledimanche, se retranchant derrière laconcurrence qui fait la même chose.Carrefour (deux magasins àBucarest, une vingtaine prévus enRoumanie dans les prochainesannées) a licencié une douzaine

d'employés qu'elle suspectait de vouloir créer un syndicat.En général, les gros investisseurs sont les meilleurs, prin-

cipalement les Allemands et les Autrichiens. Ils viennent pourle long terme, s'inscrivent dans la durée. Ils sont clairs sur leursprojets. Avec eux, on a une prédictibilité et une stabilité.

"L'Europe ne se focalise plus sur son modèle social"

- Dans tout cela, quel rôle joue l'UE ?- Les pays de l'Est candidats introduisent, des fonctionne-

ments américains dans ce qui est le modèle social européen etqui fait sa spécificité. Ils n'ont pas de vraie composante socia-le-démocrate et prônent le libéralisme à tous crins, comme onle voit sur le sujet des retraites. Ils en sont un peu le cheval deTroie, suivent sans sourciller les recommandations du FondsMonétaire International - quelqu'en soit le coût social - et laBanque Centrale Européenne est sur la même longueur d'onde.L'élargissement de l'UE amène une grande dispersion et il n'ya plus de convergence sur le modèle social.

On a le sentiment que l'Europe a perdu sa focalisation surce qui a fait sa fierté et manque d'ambition dans ce domaine.

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

CLUJ

A quand un Astérix roumain ?

Il ne faut pas se faire trop d’illu-sions, la BD est loin d'être un phé-nomène ancré dans la culture rou-maine et est toujours décriée par lesenseignants - comme cela a étélongtemps le cas en France - quin'en distinguent que le côté réduc-teur par rapport aux livres… sans sepréoccuper cependant des ravagesfaits par la télévision.

Ainsi, les auteurs de BD réfléchis-sent longuement avant de se lancerdans l'aventure d'un album, dont lesuccès n'est garanti en rien.

Sans-doute est-ce là la principaleraison expliquant l'absence enRoumanie d'un personnage équiva-lent à Astérix, dans un pays où ilaurait toute sa place, où l'on estdébrouillard par nature, et où unObélix local, à la tête de ses Daces,n'aurait que le choix pour tomber"abraracourcix" sur ses "Romains"préférés, qui sont légion au paysdes Carpates : Turcs, Russes,Hongrois, Autrichiens ou commu-nistes…Pour la seconde fois, uneéquipe de cinq dessinateurs rou-mains doit assister au festival de labande dessinée d’Angoulême, à lafin du mois de janvier. Peut-êtrecette rencontre permettra-t-elle d’en-traîner le déclic donnant naissance àce genre de héros ?

Malgré son renouveau, la BD reste toujours marginale

Le magasin Carrefour “Orhideea” de Bucarest.

ValentinTanase, un des

meilleursdessinateurs

roumains.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2239

Connaissance eet ddécouverte

Tout autant sinon plus que dans la littérature, l'in-fluence franco-belge s'est toujours faite ressentirdans l'histoire de la BD roumaine. D'ailleurs le pre-

mier album publié en Roumanie était une bande dessinéefrançaise traduite. La date est révélatrice: 1916, soit l'année oùle pays est entré en guerreaux côtés des Alliés. Dans lesannées 30, les meilleureslibrairies du pays proposaientdes albums en français deBécassine, Zig et Puce,Professeur Nimbus.

Mais déjà, dès 1924, unpersonnage typiquement rou-main avait fait son apparition,Haplea (voir par ailleurs),sous le trait de crayon deMarin Iorda et imaginé par lescénariste Nicolae Batzaria,lequel mourra en prison sousle communisme, au début desannées 50, accusé d'espionna-ge au profit des Allemands.

Au travers d'une vingtai-ne d'albums, aujourd'hui réé-dités ou repris, et vendus aufil des décennies à des mil-lions d'exemplaires, leurhéros, caricature d'un Roumain qui se veut débrouillard etmoderne, manquant toujours son coup, ce qui ne le découra-geait pas de recommencer, était devenu aussi célèbrequ'Astérix. Des dessins animés et même une pièce de théâtrelui ont été consacrés.

Haplea est aussi devenu un nom commun et unverbe dans le dictionnaire, désignant une personneniaise qui se goinfre ou une action qui s'y rapporte.

Instrumentalisée pour la propagande par les communistes

Les années 30 marquent l'âge d'or de la BD rou-maine. S'il n'existe pas de revues spécialisées, chaquejournal ou magazine publie alors une ou deuxplanches. On compte près de 150 dessinateurs. Mais,arrivés au pouvoir, les communistes condamnent cetart "décadent et capitaliste", et l'interdisent. Il dispa-raît totalement entre 1947 et 1953. Plusieurs auteursde BD seront emprisonnés, disparaîtront dans desconditions mystérieuses ou se suicideront par déses-poir, n'ayant plus aucune chance d'être publié et desurvivre. Ce fut le cas de Neagu Radulescu.

La mort de Staline entraîne un certain dégel. Dès 1954, laBD fait sa réapparition à travers une ou deux planches dans

des magazines. Tout comme l'avaient fait les nazis, le pouvoircommuniste se rend compte qu'elle peut être instrumentaliséeau service de sa propagande. Des albums d'une qualité certai-ne sont publiés, historiques, mettant en valeur des héroscomme Stefan Cel Mare, reliant leurs faits et gestes à ceux du

nouveau régime, humoristique, racontant la vie quoti-dienne, des blagues, mais se gardant bien de caricatu-rer les dirigeants.

On peut y voir des policiers qui arrêtent desvoleurs, les magnifiques réalisations des pionniers,tout cela étant évidemment à porter au crédit du pou-voir. Même Ceausescu s'y mettra en scène ! Parfois,mais peu souvent, quelques dessinateurs s'essayèrent àla science-fiction, mais à condition qu'elle soit sage etqu'on n'y voit pas de scènes d'apocalypse.

Dans les années 70, une dizaine de revues propo-saient des planches. En 40 ans, une cinquantaine d'al-bums seront publiés, vendus à 100 000 exemplaires,les enfants se précipitant pour les acheter.

Destin tragique

De grands dessinateurs émergèrent, toujoursréputés aujourd'hui, comme Sandu Florea, le seul àvivre uniquement de son art, aujourd'hui installé àNew-York et l'un des grands noms du cartoon améri-cain. Les autres, comme Valentin Tanase, NicolaeNobilescu, Puiu Manu devaient trouver un autre tra-

vail pour vivre. Nicu Russu est un cas tragique, illustrant les difficultés

affrontés par tous ces artistes. Après avoir publié cinq albums,et malgré les promesses qui lui avaient été faites, il n'avait pasété payé, car il avait refusé d'être membre de l'Union des

Artistes Roumains,chapeautée par lescommunistes. Ledessinateur s'estsuicidé en 1974,affecté égalementpar des problèmesfamiliaux.

Après 1983, ladérive paranoïaquedu régime n'épar-gna pas la BD. Plusaucun album ne fûtpublié . Sans inspi-ration, sans lemoindre espace deliberté, le dessindevint mauvais, les

dessinateurs médiocres, et le public la bouda. Là aussiCeausescu avait fait son œuvre, tuant talent et créativité.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2214

Actualité

Leader du syndicat Cartel Alfa, Bogdan Hossu est l'un des principaux per-sonnages de la scène sociale roumaine, le plus respecté par les salariés etle plus craint par ses interlocuteurs patronaux et gouvernementaux (voir les

Nouvelles de Roumanie, n° 12 ). Il est aussi celui qui imagine et propose de nouveauxmodes de relations sociales, dans un pays où la transition a bouleversé les repères etoù le capitalisme sauvage n'est pas seulement une tentation. Henri Gillet l'a longue-ment rencontré, pour faire un tour d'horizon de la situation sociale en Roumanie.

"Actuellement, la retraite ne représente que 35 % du salaire moyen"

Henri Gillet: Tout comme en Europe Occidentale, les retraites sont au centredes préoccupations syndicales roumaines. Le système actuel est-il satisfaisant?

Bogdan Hossu: Les retraites sont régies par la loi d'avril 2001 qui ne donne passatisfaction, car elle devait être universelle et trop d' ordonnances d'urgence ont beau-coup réduit son champ d'application, aboutissant à une absence de justice entre lessalariés.

Il existe de nombreux régimes spéciaux concernant plusieurs catégories de fonc-tionnaires qui ne paient pas de cotisations ou peu, ne contribuent pas à alimenter lefonds des retraites, tout en bénéficiant de ses avantages. Avant, les retraites étaient cal-culées sur les cinq meilleures des dix dernières années. Les employés partaient enretraite à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes. Dorénavant, les retraitessont ou vont être constituées à partir de trois sources:

- la première est le système universel, prenant en compte l'ensemble de la carriè-re; des points sont attribués que le retraité peut utiliser comme il veut. Par exemple,pour que toute sa pension lui soit versée sur dix ans - elle sera alors plus élevée - oubien étalée jusqu'à la fin de ses jours. Actuellement, ce dispositif, qui est le seul opé-rationnel, n'assure que 35 % du salaire moyen (38 €, 250 F). Il devrait se situer auniveau de 60 %.

C'est très insuffisant pour des retraités dont le seul budget d'entretien de leur loge-ment dépasse de deux fois le montant de leur pension et qui ont des dépenses impor-tantes de santé. Ils doivent réduire leur nourriture, l'achat de médicaments, se priventparfois de chauffage, de téléphone, coupant ainsi le lien social.

Par ailleurs, l'âge de la retraite a été repoussé à 62 ans pour les hommes et à 57ans pour les femmes - un départ anticipé de cinq ans est possible dans le cas de condi-tions de travail difficiles - et sera porté à 65 ans pour les hommes, en 2009, et à 60 anspour les femmes en 2013.

- la deuxième source sera la retraite par capitalisation, dont la mise en place estprévue au 1er janvier 2005, et qui concernera le salarié pendant la durée entière de savie active. Elle devrait assurer normalement un revenu décent au retraité et seradéductible des impôts jusqu'à 200 € (1300 F) par an. Mais les fonds collectés ainsisont très faibles actuellement.

- la troisième source sera constituée par ce qu'on appelle la "pension occupation-nelle". Des entreprises pourront cotiser pour leurs employés. Comme il est conçu, cedernier dispositif manque cependant de flexibilité pour le marché du travail: quandl'employé change d'entreprise, ses droits acquis ne le suivent pas. Il les perd. En outre,ces deux derniers volets ont été imaginés sur les modèles anglo-saxons de fonds depension... et on sait ce qui est arrivé avec Enron, sa faillite frauduleuse entraînant laperte des droits des cotisants.

Social

Les salariés roumains voient envi-ron 35 % de leur salaire brut amputépar les cotisations sociales et la rete-nue de l'impôt sur les revenus à lasource. Les premières représentent lamoitié des prélèvement, soit 17 %,dont 9,5 % au titre de l'assurancesociale (retraite, maternité, enfants,

congés maladie), 6,5 % à celui de lasanté, et 1 % pour le chômage. Lescotisations patronales, elles, attei-gnent 35 % (assurance sociale:23,6 %, santé: 7 %, chômage: 4,5 %).Au total, les cotisations représentent52,7 % de la masse salariale.

Avec les impôts d'Etat (sur lesrevenus, sur les bénéfices, etc.), onestime que pour dégager un salairenet de 100 €, le patron et l'employédoivent en gagner 200. Grosso-modo,une personne qui a un revenu infé-rieur à 3,8 millions de lei (100 €) nepaie pas d'impôts à l'Etat; mais tousles Roumains, indifféremment deleurs ressources, doivent acquitter lestaxes locales, lesquelles ne sont pasretenues directement sur le salaire.

Un système de retraite à deux vitesses et des écarts de pensions

allant de un à trois cents

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARADHUNEDOARA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJ

200 euros à gagnerpour un salaire net de 100 euros

SIGHISOARA

BISTRITA

ORSOVA

Bande dessinée Les années 30 ont marqué son âge d'or, Bécassine, Zig et Puce, Professeur Nimbus, contribuant à lui donner son essor

Bogdan Hossu: les pays candidats à l'UE y introduisent des modèles sociaux américains

Une bande dessinée sous influence franco-belge

Des héros de la BD francophone ont aussi fait des incursions en Roumanie.

Installé aujourd’hui à New York, Sandu Florea (ci-dessus) est le plus grand dessinateur roumain.

Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa, s’inquiète des énormes

disparités engendrées par le nouveau système des retraites.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Bande dessinée

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Inventeur du personnage deHaplea, Nicolae Batzaria est né le 20novembre 1874, à Crusevo, enMacédoine, et décédé le 28 janvier1952, à Bucarest. Prosateur et publi-ciste, il a fondé à Salonique, en1908, le premier journal aroumain,"Desteptarea" ("L'Eveil"). Il estconnu surtout par la littérature pourles enfants: la série Haplea, CoanaFrossa (Mémère Frossa), Plici etPlum, Rila Iepurila, Lir et Tibisir,Bucuria copiilor (La joie desenfants), 1922; Clopotul fermecat(La cloche magique), 1925, Uitucila,1939. Il a écrit aussi des romansdestinés aux enfants, comme JertfaAdrianei (Le sacrifice d'Adrienne,1941) et Rapirea celor doua fetite(L'enlèvement des deux fillettes,1943). N. Batzaria a dirigé les revues"Dimineafa copiilor" ("Le matin desenfants") où il signait Mos Nae (PèreNaé) et "Universul copiilor"("L'univers des enfants").

Représentant typique de la littéra-ture de colportage, il s'est affirmésurtout par ses qualités de conteurdoué d'humour, dans la lignée deCreanga, de même que par ses donsd'observateur lucide de l'âme et ducomportement humains. Connaisseurraffiné du monde balkanique, il peutêtre placé à côté de Anton Pann.

Nicolae Batzaria, auteur pour enfants

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BISTRITA Haplea, héros chéri par les petits et les grands

La récente parution de l'album B.D. Haplea à Bucarest aux éditions ALLFA(Bucarest, 2002) sort de l'oubli un héros chéri autrefois par les petits et parles grands. Le texte appartient à Mos Nae (Père Nae), le pseudonyme de N.

Batzaria, les dessins qui l'illustrent étant de Iordache et de Géo. Les aventures du per-sonnage y sont sériées: le lecteur, de même que l'auteur, l'accompagnent en visite àBucarest, ensuite chez lui, à Haplesti. Et parce que Haplea a une famille (voir dessin),on ne néglige pas les évolutions de ses membres. Ce qui frappe tout d'abord à la lec-ture du texte est le réalisme fruste, même s'il est assaisonné de l'humour. Les protago-nistes appartiennent à l'humanité moyenne et l'auteur, qui s'insinue parmi eux, les trai-te avec sympathie, mais la satire et l'ironie se font deviner à chaque pas.

Haplea s'inscrit dans la normalité bourgeoise. Comme son nom le montre (Haplea= nigaud), il est un peu niais, même si dans les moments critiques il fait preuve deperspicacité. Il semble être le produit du jumelage des deux héros du folklore roumainTândala et Pacala. Sa femme est sa moitié parfaite parce qu'elle lui ressemble en tout:une femme forte et grossière, mais qui veut passer pour femme émancipée. Voulantêtre dans le vent, elle s'attife de robes prétentieuses et de chapeaux drôles, parés d'oi-seaux (elle manifeste une préférence spéciale pour les corneilles). Le portrait sombredans la caricature, admirablementréalisée par les dessinateurs.

Un vague air de Caragiale

Le milieu où évolue le coupleHaplea est le faubourg, toutcomme chez Caragiale. Outre lasatire, on constate la sympathie del'auteur pour ces faubouriens dési-reux de dépasser les limites deleur pitoyable condition. Ils fontappel aux conquêtes techniques dutemps: ils voyagent par le train à Bucarest (même s'ils ne se séparent pas de leur âne),ils aiment se promener en voiture et en tramway et fréquentent le cinéma et le théâtreet partout ils se rendent ridicules sans qu'ils s'en soucient.

En accompagnant ses personnages dans leurs pérégrinations, Batzaria recrée uneatmosphère spécifique d'un Bucarest engagé sur la voie du progrès, mais gardantencore le goût des plaisirs vulgaires. On peut y mentionner la grande foire tradition-nelle "La Mosi" (évoquée par Caragiale aussi) où le couple Haplea-Frossa se déchaî-ne: ils s'y empiffrent et boivent à leur gré, grimpent en… montagnes russes et font tantde folies que Haplea risque d'être emprisonné.

Assoiffés d'émancipation, Haplea et son épouse veulent être dans le vent. Ilsadoptent la mode "charleston": elle se fait couper les cheveux et raccourcit sa robe enmontrant ses grosses jambes. Ils visitent le Parc de Cismigiu où ils ne ratent pas unepromenade en barque…terminée par un bon bain. Pour oublier cette mésaventure, ilsse rendent avec leurs compagnons à une taverne "A la rue tortue" où ils dansent laronde de Haplesti ( leur village). Tout cela pour montrer que bien qu'ils soient "despersonnes émancipées", ils n'oublient pas pour autant leurs racines.

Les aventures de Haplea portent la marque de l'authenticité. Elles réussissent àmaintenir vif l'intérêt du lecteur attiré par la dynamique du récit et le pittoresque despersonnages. Parmi ceux-ci figure aussi "Père Noé", l'auteur-personnage-narrateur,qui gagne la sympathie par l'ironie de ses commentaires.

Maria Tronea

De plus en plus, et de plus en plus vite, l'agricultureroumaine se laisse envahir par la cultured'Organismes Génétiquement Modifiés (OGM),

au mépris de ses intérêts mais au bénéfice des grandes compa-gnies américaines, et à la grande inquiétude de l'Europe, par-tagée sur cette technique… Tel est, en substance, le cri d'alar-me lancé par Philippe Boin, chef de la mission économique del'ambassade de France en Roumanie, dans un article publiédans sa revue mensuelle, "La lettre de Roumanie"(www.dree.org/roumanie).

L'économiste rappelle que la Roumanie a commencé, dès1999, à produire des OGM, particulièrement du soja, dont lasuperficie est passée de 20 % des surfaces cultivées à cetteépoque à 50-75 % en 2002, ce qui représente entre 50 000 et75 000 hectares. "Ces surfaces devraient encore augmenter"note Philippe Boin, "puisqu'à l'automne 2002, le permis decommercialisation des semences OGM accordées à la firmeaméricaine Monsanto a été renouvelé pour cinq ans". Etd'ajouter : "La situation serait la même pour les pommes deterre, cultivées elles aussi en OGM Monsanto".

Programme OGM financé par la Banque Mondiale

Un panorama qui s'est aggravé à cause des mauvaisesconditions climatiques qu'affronte le pays, depuis 2000, et dela sécheresse qui en découle, ce qui l'amène à importer desUSA et de l'Argentine du maïs, à 30 % OGM, et du soja, entotalité OGM. La situation est encore plus inquiétante en 2003,avec l'effondrement de la production des céréales, dont le blé,et les importations attendues des USA pour la compenser.Opportunément, la Banque Mondiale finance en Roumanie unprogramme de promotion des pommes de terre OGMMonsanto.

Pour l'économiste, la réponse aux questions que l'on peutse poser ne fait pas de doute : "Les Etats Unis cherchent à pro-fiter de la faiblesse des institutions roumaines en ce quiconcerne la mise en œuvre de la politique européenne (trèsréservée sur cette question) et de la corruptibilité de l'admi-nistration roumaine pour promouvoir les intérêts commer-ciaux des laboratoires américains Monsanto et Pionner".

En janvier 2000, les autorités roumaines ont bien tenté deréagir en créant une Commission Nationale de SécuritéAgricole chargée d'autoriser la production et la commerciali-sation de des produits OGM. Mais, constituée d'expertsnommés par le ministère de l'Agriculture, sans participationextérieure, ni d'ONG, et donc sans indépendance, elle n'a, deplus, qu'un rôle consultatif et n'informe en rien le grand public.

Une situation lourde de conséquences

S'agissant des cultures OGM elles-mêmes, le dispositifadopté en janvier 2000 ne prévoit pas de suivi sur le terrain.

"L'administration roumaine ne connaît donc pas l'ampleur dela situation, en particulier l'étendue des contaminations par lepollen" en conclut Philippe Boin.

La situation est identique en ce qui concerne la traçabilitédes produits OGM mis sur le marché. Les administrationschargées de faire appliquer la réglementation adoptée en 2002n'en n'ont pas les moyens, à commencer par les laboratoirescertifiés permettant de la suivre.

Cette situation est lourde de conséquences aux yeux de l'é-conomiste qui s'efforce des les évaluer :

- Au regard de la santé publique, la situation actuelle faitpeser des risques, non seulement en Roumanie même, maisaussi au sein de l'UE, à travers les exportations de produitsagricoles ou agro-alimentaires roumains vers l'Union, mêmes'ils sont limités par leur faiblesse actuelle.

Outre les risques environnementaux, les risques écono-miques, commerciaux, financiers, sont de plusieurs ordre etd'importance égale :

- Risque de dépendance commerciale et financière accruedes agriculteurs - mais aussi du pays à travers les importations- vis à vis des laboratoires fournisseurs, notamment desemences stériles.

- Risque de rendre particulièrement difficile l'intégrationde la Roumanie dans la Politique Agricole Commune (PAC)européenne, du moins aussi longtemps que l'UE ne changerapas de politique sur les OGM. Et, une fois intégrée dans l'UE,la Roumanie fera l'objet de contrôles plus stricts.

- Risque de rendre impropres pour longtemps (la questionfait toujours débat) à toutes cultures les surfaces cultivées enOGM et leurs voisines, et de voir la Roumanie, pays au poten-tiel agricole réel, dans la situation surréaliste de dépendre desimportations.

Peu importe que l'agriculture roumaine soit sacrifiée

Certains dirigeants roumains ont conscience de la gravitéde la situation, reconnaissant l'insuffisance de moyens pour lescontrôles, le suivi, la traçabilité, l'absence de laboratoires cer-tifiés, et reconnaissent l'existence d'un malaise sur ce sujet.Mais le gouvernement s'en tient au discours officiel, affirmantque les OGM ne présentent pas de danger pour la Roumanie.

Cette question, essentielle, ne fait l'objet d'aucun débat, niau sein du ministère de l'Agriculture, qui paraît singulièrementdépassé, ni dans le public, laissé dans l'ignorance.

Philippe Boin relève qu'"il n'y a aucun doute sur la straté-gie américaine de chercher à obtenir à terme une levée desinterdictions pesant sur les OGM au sein de l'UE, et ce enagissant sur les maillons faibles que constituent certains payscandidats singulièrement la Roumanie". Et l'économiste deconclure : "Il importe peu à ces groupes de pression que lesintérêts à long terme de l'agriculture roumaine soient sacri-fiés, en cas de maintien des interdictions européennes ".

AgricultureUne dépendance de l'agriculture roumaine

de plus en plus forte vis à vis des compagnies américaines

Organismes génétiquement modifiés : signal d'alarme

Le personnage central de la BD roumaine, à nouveau publié

Page 41: SOMMAIRE - LES NOUVELLES DE ROUMANIE · 2010-11-22 · 5 2 C e n'est pas toujours dans les bandes dessinées que l'on trouve les personnages les plus étonnants. Dodo Nita en est

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Tous les jeudis, jeguettais le fac-teur comme l'ar-

change Gabriel. Je savaisqu'il allait m'apporter monPif… Avec trois mois deretard sur la France, maisçà n'avait pas d'importan-ce. Il fallait que je le lisevite, car les copains l'atten-

daient". Dodo Nita était un privilégié. Pour s'abonner au seulhebdomadaire de BD étranger mis en vente dans le pays, il fal-lait du piston : seulement 10 000 exemplaires étaient diffusésen Roumanie, par la poste… et son père était justement postier.Qui plus est, la célèbre revue éditée par les éditions Vaillant,une maison d'édition chapeautée par le Parti communistefrançais - sans aucun contenu idéologique car il s'agissait avanttout de gagner de l'argent - était imprimée dans sa ville natale,Craiova, par souci d'économie… Déjà la délocalisation et tantpis, s'il s'agissait là d'une entorse aux principes affichés parGeorges Marchais et la CGT qui réclamaient alors, haut et fort,le rapatriement en France des travaux faits à l'étranger.

Qu'importe! Depuis l'âge de onze ans, Dodo dévoraitchaque semaine son "Pif". Il y avait apprisle français. Son premier numéro, le gaminavait mis six heures à le lire, dictionnaire àportée de main. Plus tard, il ne lui faudra plusque vingt minutes. Sa revue avait un côtémagique : papier et impression étaient d'unequalité incomparable par rapport aux publi-cations roumaines, elle venait de l'autre côtédu "rideau de fer" et avait ce parfum de fruitdéfendu que représentait la liberté… uncadeau du Parti communiste français !Quand au fameux gadget qu'elle s'étaitadjoint et lui avait fait dépasser le seuil dumillion d'exemplaires, au début des années 70, il lui paraissaitcomme une innovation inimaginable.

Le succès phénoménal de “Pif”, arrivé en Roumanie en1967, s'explique aussi par la prééminence du français qui étaitdemeurée la principale langue étrangère apprise dans le pays,en dehors du russe dont l'apprentissage était fortementconseillé, et qui représentait l'aspiration à liberté face à l'op-presseur.

Le délire de Ceausescu et la chute du Mur de Berlin fatals au personnage

La déception ne fut que plus grande quand le régimeCeausescu sombra dans le délire. Voulant se débarrasser de sesdettes et avoir les mains libres, le dictateur réduisit au mini-

mum les importations qu'il fallait payer en devises, et Pif passaà la trappe, au début des années 80. Il ne réapparaîtra qu'aprèsla "Révolution", pour peu de temps, car la publication cesseraen 1992, à la mort de son créateur. Une théorie court d'ailleurs,disant que c'est la chute du "Mur de Berlin" qui lui a été fata-le, en lui faisant perdre tous ses lecteurs qu'il avait à l'Est…

Mais la nostalgie de Pif le chien et de son ami Hercule lechat est si grande en Roumanie, qu'il s'agit du seul pays où uneréédition de leurs aventures - en langue roumaine - ait étéentreprise. Quand aux collectionneurs, il peuvent trouver despiles d'albums dans les "anticariat" ou magasins de vieuxlivres.

“Minitechnicus” et le paradis communiste

En 1970, le dessinateur franco-espagnol du journall'Humanité, José Cabrero Arnal, combattant républicain pen-dant la guerre d'Espagne et rescapé du camp de concentrationde Mauthausen, créateur du personnage de Pif en 1945, avaitlancé un cours de dessin à l'intention de ses lecteurs roumains.Le succès avait dépassé toutes les espérances: plus de 4000personnes avaient répondu, ce qui est très rare dans le domai-ne de la BD. L'initiative avait permis de révéler des talents et

vocations et de créer une génération dejeunes dessinateurs, dont quatre ou cinqgrands qui publient toujours aujourd'hui.

Arnal, sans-doute sur commande, avaitcréé un autre personnage, à usage interneroumain: Minitechnicus . Ce petit robot,plein de pouvoirs, dont les magazines pourjeunes, à la lecture encouragée par les ensei-gnants, rapportaient les aventures, représen-tait l'idéal de la société communiste. On yfaisait miroiter aux enfants la vie paradi-siaque qui les attendait : pleine de robots quieffectueraient les tâches ménagères dans la

maison, on ne travaillerait plus que trois heures par jour, onirait au travail dans son avion…

Plus tard, alors que les lecteurs de "Pif" auront grandi, cerêve sera remplacé par un autre. Dans les années 80, sur lesbancs de l'Université, on enseigna "l'euro-communisme".François Mitterrand avait remporté les élections en France,Felipe Gonzalès en Espagne, Mario Soares, au Portugal,Helmut Schmidt était au pouvoir en RFA, Olof Palme enSuède, Bettino Craxi allait y accéder en Italie, GeorgesPapandréou en Grèce… Tous ces "euro-socialistes" étaientprésentés comme l'avant-garde d'une marche en avant inéluc-table vers le "socialisme scientifique" et l'établissement d'unesociété euro-communiste. "Chouette" se disaient les étudiantsroumains qui se voyaient déjà se promenant à Paris, Rome ouMadrid, le "rideau de fer" n'ayant plus de justification !

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Pour la Ière fois depuis 1989, laRoumanie a finalisé un accordavec le Fonds Monétaire

International après deux années de négo-ciations difficiles. Moyennant des enga-

gements d'une politique de rigueur sala-riale, Bucarest a obtenu le versementd'une dernière tranche de 157 M€ (unmilliard de francs) sur un programme de431 M€ (2,8 milliards de francs).

Sur une année, fin octobre, lechiffre d'affaires de OrangeRoumanie (filiale de France Télécom)se montait à 400 M€ (2,6 milliards deF), en progression de 41 % surdouze mois. Au cours de la mêmepériode, le nombre d'abonnés àOrange a dépassé les 3 millions(+44%), la firme occupant 48 % dumarché roumain du téléphone mobi-le. C'est dans le domaine du service"pré-pay" (carte) que la progressionla plus importante est enregistrée(+50 %).

Economie

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Le célèbre chien du dessinateur franco-espagnol Arnal apportait un parfum de la liberté et a suscité de nombreuses vocations

Des billets de un million delei, en attendant le leu lourd

Orange: plus de troismillions de clients

ZALAU

Contrairement au gouverne-ment qui mise sur une infla-tion de 9 %, l'an prochain,

l'Institut d'études Human Resource esti-me que celle-ci s'élèvera a 13 %. Ce der-nier évalue également à 15,5 % la hausse

moyenne des salaires, ce qui limiterait à2,5 % le gain du pouvoir d'achat, au lieude 7 à 9 % pour 2004. La Bulgarie, dontl'inflation en 2003 s'est limitée a 3,9 %,devrait faire mieux, le pouvoir d'achat yprogressant de 5% en 2004.

Ralentissement prévisible du gain du pouvoir d'achat

Bande dessinée

La Banque Nationale de Roumanie s'apprête à mettre en circulation un billetde un million de lei (26 euros, 170 F). Jusqu'ici, la plus grosse coupure étaitde 500 000 lei. La BNR hésitait a prendre cette décision, redoutant de pro-

voquer un choc psychologique et un encouragement aux comportements inflation-nistes, mais il s'est rendu aux arguments des agents économiques, notamment desbanques d'affaires dont les transferts defonds devenaient trop volumineux.

Ce nouveau billet mauve pourrait,d'ailleurs, avoir une existence éphémè-re, le gouvernement laissant à nouveauentendre qu'il procèdera à une réformemonétaire après les élections de fin2004, introduisant un leu lourd, avec sans-doute quatre zéros en moins (un leu vau-drait 0,26 euro ou 1,70 F actuels). La nouvelle coupure sera illustrée par un portrait del'écrivain Ion Luca Caragiale, qui a été finalement préféré à Nadia Comaneci et à lareine Maria, épouse du roi Ferdinand 1er, promotrice de la Grande Roumanie.

"Pif" a fait rêver d'un autre monde toute une génération de jeunes Roumains

Seulement 5 % des Roumainspaient leurs achats avec une cartebancaire a révélé Patrick Gelin, le

directeur général du groupe BRD-SociétéGénérale, soulignant que cela était insuffi-sant pour rendre cette activité rentable et qu'ilfallait sans-doute attendre encore 3 à 4 ansavant d'assister à un réel développement. "Iln'est pas rare de voir encore un client veniracheter sa voiture avec une valise pleine de

billets" a-t-il indiqué, rappelant que 2091 magasins acceptaient ce mode de paiementdans le pays, à la fin du premier semestre 2002, chiffre très modeste mais en haussede 30 % par rapport à l'année précédente. La banque a lancé une campagne de pro-motion tout au long de l'été. Pour autant, l'usage de la carte bancaire entre de plus enplus dans les mœurs, mais ses usagers, à 93 % se limitent à faire des retraits d'argentaux distributeurs. Une grande partie des salariés sont payés par ce mode là, que les ser-vices sociaux utilisent aussi volontiers pour régler allocations et pensions.

Peu d'achats par carte bancaire

Accord conclu avec le FMI

Le père de Pif, José Cabrero ArnalDepuis le 1er décembre, le mono-

pole de RomTelecom - firme d'Etatprivatisée au profit du grec OTE - avécu. La concurrence à l'opérateurnational a été longue à se dessiner,mais, finalement la firme, AstralTelefix, numéro un du câble TV sur lemarché roumain, a décidé de franchirla pas, proposant des prix déjà infé-rieurs de 30 % à celui du marché.

Le nouveau-venu n'intervient, pourl'instant, que sur le réseau local etdans la capitale, ainsi qu'à Braila,Cluj et Galati, mais il compte étendreses services à tout le pays aussi bienqu'aux communications internatio-nales, dans l'année qui vient. Le sec-teur du câble semble particulièrementbien placé pour le développement dela téléphonie fixe et son marché s'estdéveloppé de façon impressionnanteces dernières années, atteignant lechiffre de 3,75 millions d'abonnés àla fin 2003.

Téléphone fixe : le monopole deRomTelecom a vécu

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

L'actrice Marie-Josée Nat est revenue àBucarest pour tourner un film policierfrançais, après avoir interprété un des

rôles principaux du film "Le train de la vie" dumetteur en scène Radu Mihaileanu, en 1998.Marie-José Nat est particulièrement connue enRoumanie pour avoir joué le rôle de la fille deDecebal dans un des films les plus importants durépertoire roumain "Les Dacs", réalisé par legrand metteur en scène, Sergiu Nicolaescu.Depuis, l'actrice est restée aux yeux des cinéphilesroumains "La Princesse des Dacs". Marie-JoséeNat avait obtenu le Prix d'Interprétation fémininedu Festival de Cannes, en 1974, pour son rôle aux cotés de Jean-Louis Trintignantdans "Les violons du bal".

Cinéma Marie-Josée Nat de retour à Bucarest

Charles Aznavour, qui vient de lan-cer un nouvel album, et fêtera ses 80ans, le 22 mai prochain, était attendudébut janvier dans les studios decinéma Buftea de Bucarest pourtourner "Le père Goriot" de Balzac,une production de France 2, signéeJean-Claude Carrière, dans laquelle ilinterprétera le rôle principal.

Charles Aznavourtourne à Buftea

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

La Garde financière est aussi bien redoutée par lesentreprises roumaines qu'étrangères pour l'ampleurde ses pouvoirs inquisitoriaux. Equivalente du fisc,

elle possède une sphère d'intervention beaucoup plus impor-tante, ses attributions judiciaires lui permettant de perquisi-tionner 24 heures sur 24. Lorsqu'une de ses brigades, parfoisformée de quarante inspecteurs, s'abat sur une entreprise, peti-te ou grande, celle-ci, qu'elle soit en règle ou non, sait déjàqu'elle ne s'en sortira qu'au prix minimum d'une amende.

Voici des témoignages simples vécus par des Roumains, àtravers leur pays.

"J'ai inventé une infraction pour payer une amende"

Stefan F., 62 ans, est cadre dirigeant à Bucarest dans uneentreprise allemande de transports, où il a découvert la rigueurde la gestion qu'il pratique aujourd'hui. Voici quelques mois, leministère roumain de l'Economie lui fait parvenir, ainsi qu'àl'ensemble des firmes internationales, un questionnaire sur lesdifficultés rencontrées avec l'administration. Rendu très pru-dent par l'expérience, Stefan répond cependant, en termes toutà fait diplomatiques, évoquant "l'environnement pas trèsfiable" pour la corruption, "la distorsion de la concurrence"pour toutes les magouilles pratiquées par les entreprises d'Etat.

"J'ai été vraiment trop naïf" se repent-il aujourd'hui.Hasard… Trois semaines plus tard, une brigade de la GardeFinancière s'installe dans ses locaux et fouille, fouille, desjournées entières sans rien trouver. "Ils devaient absolumentdécouvrir quelque chose" confie-t-il, "alors, j'ai été obligéd'inventer une infraction pour pouvoir payer une amende etm'en débarrasser", philosophant "Ici, toute personne quientreprend est considérée automatiquement comme un frau-deur ou un délinquant potentiel".

Un peu plus tard, un des camions de l'entreprise estcontrôlé par l'autorité routière d'un judet de l'Ouest du pays quiconclut à une surcharge de poids. "Faux" s'indigne le chauf-feur qui n'a sans-doute pas voulu payer la "spaga" (pourboire)attendue. Sûre de son bon droit, l'entreprise a entamé un procèscontre l'administration, qu'elle a gagné après plus d'un an.Dans le mois qui suivit, tous ses camions étaient contrôléssystématiquement sur les routes de ce judet et immanquable-ment verbalisés.

En désespoir de cause, son patron est allé voir le chef del'administration concernée et, par miracle, toutes ces tracasse-

ries se sont arrêtées. Par pudeur - ou par prudence - Stefan neprécise pas si un cadeau a permis d'arranger l'affaire, mais il nedécolère pas : "Avant on connaissait les communistes bêtes etdurs, maintenant, ce sont les communistes voleurs", ajoutant,"On ne peut s'en sortir que de l'extérieur; il faut que nosjeunes partent à l'étranger, y apprennent et reviennent ensuitenous redonner de bonnes habitudes".

Et de conclure : "Faudrait que l'Union Européenne fassecomme les Soviétiques en 1945, quand on va entrer dedans :mettre un commissaire dans chaque judet pour tout contrô-ler… Mais maintenant, on est en démocratie".

"Pour éviter de perdre du temps,je demande directement: combien ?"

Marian L. , 32 ans, est garagiste dans une petite communede Vrancea (Focsani). Cet été, entre deux dépannages à l'exté-rieur, il repasse à son garage et voit ses deux ouvriers auxprises avec un automobiliste qui exige que l'on répare sonvéhicule immédiatement. "Il faut attendre un peu, on a du tra-vail” lui précisent-ils. "Non, on peut faire çà toute de suite"intervient Marian qui reconnaît un inspecteur de la redoutableadministration de la concurrence et de la protection desconsommateurs.

"Quelle chance que j'ai été là" se dit le garagiste qui biensûr ne fait pas payer la réparation, mai se doute qu'il n'est pasau bout de ses peines. En effet, l'inspecteur, retardé dans sonprogramme et qui comptait aller dans la ville voisine, ne veutpas rentrer à son bureau sans rien se mettre sous la dent. Ildemande donc à voir la comptabilité de l'entreprise."D'habitude, dans ce cas-là, pour éviter de perdre du temps, jedemande directement combien ? 500 000 - 800 000 lei (13 €-85 F, 21 €- 140 F) ? Et j'indique même un motif d'amende"confie-t-il, habitué au scénario.

Mais cette fois-ci, les choses se présentent différemment.Ne trouvant rien au niveau du garage, l'inspecteur demande àvisiter les trois chambres d'hôte que la famille de Marian tient.Il dressera un procès-verbal, en s'excusant presque car il devaittrouver quelque chose, pour "absence de trousse de secours etd'extincteur dans les chambres".

Marian ne proteste pas, bien que son classement, "deuxmarguerites" ne l'oblige absolument pas à disposer de ce maté-riel. Il est trop content. Cette fois-ci, il s'en est tiré avec unsimple avertissement et estime devoir être tranquille jusqu'àl'an prochain.

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Economie

Elève duc o l l è g eC o s t a c h e

Negruzzi de Iasi, HoriaMihai Teodorescu, 15ans, avait envoyé parInternet à la NASA, lerésultat des travauxqu'il avait effectuésavec un camarade sur"l'analyse non linéaired'un ballon dans l'at-mosphère martienne àl'interface du niveaud'inversion". Intriguée, l'agence améri-caine, qui développe avec l'AgenceSpatiale Européenne un projet de stationspatiale du futur, pratiquement indépen-dante du point de vue énergétique de laterre, l'a dirigé vers cette dernière… cequi a valu à l'adolescent d'être invité à latroisième conférence de la SociétéEuropéenne sur Mars, laquelle s'est tenuecette année à Brême, en Allemagne.

Le jeune Roumain s'est ainsiretrouvé parmi toute une assemblée dechercheurs ainsi qu'au milieu d'une cen-taine d'étudiants européens triés sur levolet. Il était le seul à représenter sonpays, bien qu'il n'ait reçu aucune aidegouvernementale et ne disposa pas deressources propres, ne serait-ce que pour

payer les frais de par-ticipation à la confé-rence qui s'élevaient à70 €.

La prestation deHoria sur les change-ments qui peuventapparaître quand s'ef-fectue le passage à unniveau d'inversiondans l'atmosphèremartienne a vivementintéressé l'AgenceSpatiale Européenne

qui l'a convié depuis à se joindre aux tra-vaux et conférences de la cinquantaine despécialistes chargés du projet"Archimède", dont le lancement est prévuen 2007. En outre, à la suite de son inter-vention, il a été décidé que la 4èmeconférence de la Société Européenne surMars se déroulerait à Iasi, du 17 au 21juillet 2004.

Fortement aidé par son professeur dephysique, Horia s'est également lancédans d'autres travaux, préparant unconcours organisé par la NASA. A sesheures perdues, l'adolescent pratique l'as-tronomie et a entrepris la constructiond'une lunette sophistiquée "qui devrait luipermettre de démontrer l'existence detraces de vie dans les autres galaxies".

Un élève de 15 ans de Iasi associé aux projets de découverte de Mars par l'Agence Spatiale Européenne

Une Garde Financière redoutée pour ses pouvoirs inquisitoriaux

A 78 ans, Tony Curtis a enregistrégratuitement une série de clips vidéo,entouré d'une kyrielle de belles filles,pour vanter les richesses touristiquesde la Hongrie, son sens de l'accueil…Une bonne raison a poussé l'acteuraméricain à faire ce geste: sesparents étaient des juifs hongrois, arti-sans tailleurs, qui ont fui leur paysquand l'antisémitisme y est devenumenaçant. Tony Curtis, est né en1925 dans le Bronx, à New York, sonvéritable nom étant Bernard Schwartz.

Tony Curtis, le Hongrois

Ala suite de la fermeture des réseaux de fournis-seurs dans de très nombreuses communes et vil-lages, la vente de bouteilles de gaz a été divisée

par deux, ces dernières années. En 1996, il s'en commerciali-sait encore 480 000 par an, ce chiffre étant tombé à 235 000 en2001.

Consommation de gaz en baisse

La production de pétrole roumain a chuté de 10 % encinq ans, passant de 6 626 000 tonnes en 1996 à 6011 000 tonnes en 2001. La restructuration du per-

sonnel d'exploitation dans le domaine de l'extraction pourraitêtre la principale cause de cette baisse.

Diminution de la production de pétrole depuis cinq ans

Sciences

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2243

Connaissance eet ddécouverte

Carol Iancu, dans son ouvrage intitulé La Shoah enRoumanie, les Juifs sous le régime d'Antonescu(1940-1944), publié par l'Université Paul Valéry

de Montpellier en 1998, tente de dresser un bilan du génocidejuif en Roumanie. L'auteur, spécialiste des Juifs en Roumanieavec plusieurs ouvrages à son actif, précise toutefois que "la

s t a t i s t i q u eexacte des vic-times de laShoah roumai-ne n'a pasencore pu êtreétablie aveccertitude" etqu'il s'appuiesur "MatatiasCarp, auteurdu premier (età ce jour leplus important)ouvrage sur lesJuifs roumainspendant laseconde guerremondiale".

Cela dit,Carol Iancucomptabi l ise264 000 morts

(43 % de la population juive de Roumanie sans la Transylvaniedu nord sous autorité hongroise pendant la guerre). A quois'ajoutent justement les 110 530 morts à Auschwitz en prove-nance de Transylvanie du nord. Les régions roumaines n'ontpas toutes payé le même tribut au génocide. Si les Juifs deValachie, de Moldavie et de Transylvanie du sud ont échappéaux déportations, par contre ceux de Bucovine et deBessarabie ont été largement massacrés.

“Tant pis si on nous prend pour des barbares”

Si Carol Iancu observe avec Raul Hilberg (spécialisteaméricain de l'histoire de l'Holocauste): "Aucun pays,Allemagne exceptée, ne participa aussi massivement au mas-sacre des Juifs…", il note également que nulle part ailleursqu'en Roumanie il n'y a eu autant de survivants (355 972).Alors à quoi tient ce paradoxe, cette "Shoah inachevée… qui avu commencé plus tôt le processus d'anéantissement des Juifsen Roumanie, mais qui l'a vu aussi cessé plus tôt, dès l'été1942" ?

La responsabilité des autorités roumaines, dès 1941, esttotalement impliquée dans le génocide. Mihai Antonescu,vice-premier ministre dans le gouvernement du conducator IonAntonescu, déclare ainsi le 8 juillet 1941 devant le Conseil des

ministres: "Au risque de n'être pas compris de certains tradi-tionalistes qui pourraient encore être parmi vous, je suis pourla migration forcée de tout l'élément juif de Bessarabie et deBucovine, qui doit être jeté au-delà des frontières… Cela m'estégal si dans l'histoire nous serons considérés comme des bar-bares… Il n'existe pas dans notre histoire un moment plusfavorable… Si c'est nécessaire, tirez avec la mitrailleuse…"(Florence Heymann attribue pour sa part ce propos à IonAntonescu avec cette différence finale : "Si besoin est, tirezavec des pistolets, et je dis qu'il n'y a pas de loi!").

Un nettoyage ethnique fait par la Gendarmerie,de jeunes soldats et des volontaires

Le nettoyage ethnique va être réalisé par la gendarmerieroumaine et par l'administration civile de l'armée auxquellesvont être adjoints de jeunes soldats mobilisés et des volon-taires. Une traque politique double le nettoyage ethniquepuisque l'opération prévoit également l'arrestation des suspectscomme activistes soviétiques.

Quant à dire pourquoi cette politique s'infléchit nettementà partir de 1942, Carol Iancu propose quelques hypothèses. Ceserait tout d'abord la prise de conscience par Ion Antonescud'une probable défaite nazie à venir. Ce serait aussi la pressionexercée par tout un courant qui s'opposait à cette solution de laquestion juive (les autorités juives roumaines elles-mêmesmais aussi des politiques - Iuliu Maniu, Ion Mihalache du Partinational-paysan, Const. I. C. Bratianu - des religieux commele métropolite Balan deTransylvanie, la reine-mèreHélène, Traian Popovici, lemaire de Cernauti, etc.).

Reste également l'hypothèsede la corruption des dirigeantsqui, suivant l’exemple de RaduLecca, Commissaire aux ques-tions juives, "permettait" l'émi-gration de Juifs vers la Palestinecontre des sommes d'argent.Toujours est-il que lors duConseil des ministres du 13octobre 1942 fut entérinée ladécision de ne pas déporter vers la Pologne - contre la deman-de persistante de l'Allemagne nazie - les Juifs survivants deRoumanie.

Matatias Carp, Cartea neagra; Fapte si documente,Suferintele Evreilor din Romania, 1940-1944 (Le livre noir, faits etdocuments, les souffrances des Juifs de Roumanie, 1940-1944),vol.III: Transnistria, Bucarest, 1947.

A noter la parution récente en français de La Roumanie et laShoah, Destruction et survie des Juifs et des Tsiganes sous le régi-me Antonescu (1940-1944), de Radu Ioanid, Ed. de la Maison dessciences de l'homme, 383 pages, 29 euros.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2210

Actualité

Le gouvernement a proposé comme dates pour les scrutins qui doivent sedérouler cette année, le 6 juin pour les élections municipales et départe-mentales, le 12 décembre pour les élections législatives, sénatoriales et

présidentielles, un second tour étant prévu pour cette dernière le 19 ou 26 décembre. Aucune décision définitive n'a été prise, l'opposition, qui n'a aucune objection à

formuler contre la première date, ayant manifesté son désaccord et menacé de ne pasprendre part aux élections locales, si celles-ci étaient réduites à un seul tour, commele Premier ministre en avait exprimé l'intention, au lieu de deux, comme c'était le casjusqu'ici. Sur ce point, le gouvernement semblait prêt à lâcher du lest.

Autre litige : la date tardive des élections générales qui les fait chevaucher lapériode de Noël, peu propice à la mobilisation… ou, aux yeux de l'opposition, touteindiquée pour la démobilisation des esprits et des revendications. Pour justifier cecalendrier, le Pouvoir se retranche derrière l'obligation de respecter la durée du man-dat des assemblées, qui se termine début décembre… à moins de provoquer une dis-solution et des élections anticipées qui pourraient avoir lieu en juin, répondant au sou-hait manifesté depuis longtemps par Adrian Nastase mais qui n'a pas reçu l'agrémentde Ion Iliescu. L'ensemble des partis d'opposition, ainsi que le Président de laRépublique, penchent pour des élections générales en novembre.

Un autre sujet d'importance n'a pas encore été tranché : le mode de scrutin.Jusqu'ici, toutes les élections se déroulaient au scrutin de liste proportionnel, assurantautomatiquement un siège aux candidats bien placés sur les listes; mais, pour respon-sabiliser les élus, de nombreuses voix se sont élevées réclamant l'introduction dusystème uninominal pour les parlementaires. Aucune décision n'a encore été prise.

Le PSD membre de l'InternationaleSocialiste

Le PartiSocialDémocrated'AdrianNastase(notre photo)et Ion Iliescua obtenu lareconnais-sance inter-

nationale à laquelle il aspirait depuisplusieurs années, en devenantmembre de l'Internationale Socialiste,ce qui permet à ses leaders de sié-ger désormais dans cette instanceaux côtés de Tony Blair, GherardtSchröder, Felipe Gonzales, MarioSuarez, Lula da Silva… La décision aété prise à l'unanimité, moins unevoix, lors du congrès qui s'estdéroulé à Sao Paulo, fin octobre, enprésence de plusieurs chefs d'Etat oude gouvernements. Seul le PartiDémocrate créé par Petre Roman etdirigé par Traian Basescu, membrede cette organisation depuis 1996 etfrère ennemi du PSD, dont sesmembres fondateurs ont fait scission,s'est opposé à cet adoubement, ten-tant en vain d'y faire barrage.

Pour l'événement, Adrian Nastaseavait effectué le déplacement dans lacapitale économique brésilienne à latête d'une forte délégation, compre-nant sept ministres, ancien ministresou personnalités de premier plan.Parmi elles, Hildegard Puwak etSerban Mihailescu qui venaient d'êtrelimogés deux jours plus tôt de leursposte ministériels, à la suite de cam-pagnes médiatiques les accusant demalversation ou de corruption.

Politique Elections locales le 6 juin,

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

CERNAVODA

FOCSANI

HUNEDOARA

Histoire Un ouvrage paru à Montpellier comptabilise 365 000 victimes juives et autant de survivants pendant la Seconde Guerre mondiale

Al'instard e sambas

sadeurs des USA,Michael Guest, deGrande-Bretagne,et du représentantsur place de l'UE,

Philippe Etienne, ambassadeur de Franceà Bucarest, a stigmatisé en termes sansambiguïté la corruption qui affecte lasociété roumaine jusqu'à ses niveaux lesplus hauts, dans une interview à l'agencede presse Mediafax. Indiquant qu'il nemanifestait aucune compréhension face àce phénomène qui entrave l'avenir dupays, le diplomate a réclamé "une actionsérieuse et durable pour le sanctionner"soulignant qu'"il ne fallait plus se conten-ter de mots, mais passer aux actes".

Philippe Etienne a demandé une véri-table accélération des réformes com-mencées, surtout dans les domaines de lajustice, de l'administration publique et del'économie, secteurs particulièrement

touchés par la corruption et qui sontessentiels dans le cadre de l'adhésion àl'Union Européenne.

L'ambassadeur, se félicitant du déve-loppement des relations économiquesentre les deux pays, a cependant attirél'attention sur les contrôles excessifs etinjustifiés auxquels étaient soumises lesentreprises étrangères par une adminis-tration au fonctionnement bureaucratiqueexagéré et source de corruption. Il a pré-cisé qu'il avait saisi les autorités rou-maines de ce problème et qu'il suivaitavec attention les démarches effectuéespour améliorer la situation.

Enfin, le diplomate a tenu à souleverla question du rôle de la société civile,notamment dans la lutte contre la corrup-tion, pour souligner les difficultés que lesassociations rencontraient lors de leurconstitution, soumises à un avis préalableet à de multiples contrôles, leur mode definancement devant, en outre, à ses yeux,être bien séparé de celui des activitéspolitiques pour ne pas prêter à confusion.

Philippe Etienne, ambassadeur de France, stigmatise la corruption qui règne dans le pays

" Parler moins et agir plus "

La Shoah en Roumanie, tentative de bilangénérales, sans-doute en décembre

Le sinistre ministre de l’Intérieur, Mihai Antonescu

Déportation des Juifs en Transylvanie.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2244

Connaissance eet ddécouverte

Où peut-on apprendre le roumain en France ? Des associations proposentdes cours, misant sur les bonnes volontés d'adhérents d'origine roumaine,souvent professeurs, ou de leurs membres qui, après en voir acquis les

rudiments et les avoir expérimentés en Roumanie, en font profiter leur entourage.Surun plan plus académique, plusieurs universités organisent un enseignement qui vienten complément d'une formation ayant un autre thème majeur.

C'est le cas à Aix en Provence, qui compte le plus grand nombre d'étudiants enroumain du pays, à Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg. Il y arrivemême que des doctorants soutiennent des thèses de roumain. Paris est bien sûr égale-ment concerné. L'école des Langes orientales délivre son diplôme de formation com-plète en roumain, l'un de ses professeurs étant Catherine Durandin, l'éminente rouma-nalogue et écrivaine française.

Mais, depuis la fin des années soixante, sous l'impulsion notamment du profes-seur de langues romanes, Alvaro Rocchetti, la Sorbonne a développé non seulementl'apprentissage du roumain - dépendant du département de l'enseignement de l'italien- mais aussi la recherche sur cette branche néo-latine qu'est le roumain, au même titreque l'italien, l'espagnol, le portugais, le français, l'occitan, le provençal et le sarde.

Une des plus belles bibliothèques roumaines de France

Ainsi est né en 1975, à Paris III ou Sorbonne Nouvelle (l'ancienne Sorbonne, rat-tachée à Paris IV, située dans les mêmes lieux, conserve aussi une petite activité rou-maine), le CIRER : Centre Inter-universitaire de Recherches et d'Etudes Roumaines.Destiné au troisième cycle, celui qui conduit au doctorat et aux publications post-uni-versitaires, il a accueilli de prestigieux noms, principalement roumains, mais aussid'horizons divers, au cours de son quart de siècle d'existence.

Cela n'a pas été sans peine car, au fur et à mesure que le délire du régimeCeausescu s'amplifiait, la collaboration devenait de plus en plus aléatoire et, dans lesdernières années, il se révélait pratiquement impossible de recruter un lecteur rou-main. Mais les liens et les échanges ont toujours été maintenus avec la BibliothèqueCentrale de Bucarest, ce qui permet à La Sorbonne de posséder aujourd'hui dans sabibliothèque roumaine un des plus beaux fonds de livres roumains disponibles enFrance et consultable sur le site du CIRER ( http://cirrmi.univ-paris3.fr, cliquer surita-lia). Depuis sa création, le CIRER a assuré de nombreuses publications, organisédes colloques, portant sur la présence de la Roumanie en France et en Italie, dont lesplus émouvants se sont déroulés au lendemain de la "Révolution" de 1989, desdizaines de professeurs roumains pouvant enfin découvrir cette France dont il rêvait.

Cependant, le fleuron du CERER demeure la publication d'une méthode d'ap-prentissage du roumain, due au professeur Gheorghe Doca, de l'université deBucarest, qui a enseigné plusieurs années à la Sorbonne, avant de rejoindre récemmentson pays. Cette méthode originale, pédagogique, comprenant schémas, exercices,portant aussi sur la découverte de la civilisation et de l'histoire roumaine, accompa-gnée de CD permettant de maîtriser la prononciation est, sans-doute, avec ses cinqvolumes, la plus complète qui existe à l'heure actuelle. Traduite en Italien, en anglais,par différents canaux, elle s'impose peu à peu comme référence dans le mondeentier… et même en Roumanie, où elle est aussi diffusée.

Son succès - "çà part bien le roumain" commente-t-on à la Sorbonne - amène àenvisager une nouvelle édition, rajeunie pour tenir compte des évolutions récentes dela langue: les chambardements de la "Révolution" et la chute de Ceausescu ont conduità l'abandon du î en milieu de mot, remplacé par â ("marele gînditor" -le grand pen-seur- est ainsi devenu, post-mortem, le "marele gânditor"). Et le "sunt" ("je suis")d'autrefois a détrôné le "sînt", utilisé ces dernières décennies.

"La nouvelle méthode de roumainpour francophones", dont les auteurssont Gheorghe Duca et AlvatoRocchetti, publiée par la Sorbonne,est une méthode d’apprentissageunique. Originale, avec ses cinqvolumes, illustrés par de nombreuxtableaux, elle est sans-doute laméthode la plus complète disponibleactuellement; comprenant de nom-breux exercices grammaticaux,accompagnée de CD permettant detravailler accent et intonation, ellepermet une approche pédagogique,accessible à une grande majorité, siy consacre un peu de temps.

Le premier manuel (Comprendreet pratiquer le roumain, 376 pages,15 €) en est le pivot . Ses explica-tions sont suivies de 275 exercices etun vocabulaire roumain-français de850 pages est inclus à la fin.

Quatre autres manuels viennents'y greffer, utilisables conjointement :

2 - Roumain: exercices de pro-nonciation et de grammaire, à utili-ser en laboratoire de langue ou avecun lecteur de cassettes (246 pages +cassettes, 13 €),

3 - Roumain: manuel de conver-sation courante (161 pages, 11 €),

4 - Converser en roumain: tren-te dialogues sur des thèmes deculture et de civilisation rou-maines* (261 pages, 13 €)

5 - L'histoire des Roumains endialogues bi-lingues* (393 p. + 11p. d'illustrations, 16 €)

Commandes à effectuer auprès de laBibliothèque d'italien et de roumain,Université de la Sorbonne Nouvelle-ParisIII, 13 rue de Santeuil, 75 005 Paris (tel :01 45 87 41 78 ou 79).

Une méthode d'apprentissageunique

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

229

Actualité

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

PITESTI

DEVA

CLUJ

CICARLAU

EchangesLa prestigieuse université

développe l'étude et la recherche sur la langue roumaine

A la Sorbonne, on aime le roumain

Politique

La Roumanie est une démocratie faible à cause del'absence d'une opposition forte et constructive, sonsystème politique est clientéliste et basé sur la per-

sonnalité du candidat, non sur son programme, tandis que lesmas-médias subissent des pressions économiques, leur indé-pendance étant relative, la situation s'étant aggravée en2002"… Telles sont les conclusions concernant la Roumanie,contenues dans le rapport 2002 sur les pays de l'Est de laFondation américaine "Freedom House".

L'organisation non gouvernementale, fondée en 1944 parEleanore Roosevelt, la femme du président américain,considère que le regroupement des élections générales lamême année n'encourage pas le débat politique (à partir de2008, les élections présidentielles et parlementaires serontdécouplées, à la suite de la modification de la constitution), cequi explique la place prépondérante de la personnalité quil'emporte sur l'idéologie.

Le PSD : un règne pratiquement sans partage

"Freedom House" classe l'échiquier politique roumain dela façon suivante : le PSD (Parti Social Démocrate) à gauche,le PD (Parti Démocrate) et PNL (Parti National Libéral), aucentre-gauche, l'UDMR (Union Démocratique des Magyars deRoumanie) représentant d'une minorité, le PRM (Parti de laGrande Roumanie), ultra-nationa-liste. "L'absence d'un parti decentre-droit au Parlement laisse lepays sans une véritable opposition,dans le sens où le PRM et le PNLsont connus pour avoir flirté dansle passé avec le PSD, et que le PD,avec 9 % des voix et des sièges peutdifficilement se faire entendre".

Le PSD est décrit comme laformation la mieux structurée, héri-tière de nombreux cadres de l'an-cien Parti Communiste Roumain (PCR). Avec 36 % des siègesau Parlement, plus de 600 maires, quasiment la totalité desprésidences de judets, il règne pratiquement sans partage.

Le PD semble pêcher par manque d'une stratégie claire,son incapacité à organiser des campagnes publiques efficaces;les cadres locaux lui font défaut, ainsi que des voix qui se fontentendre au Parlement. Son leader, Traian Basescu, maire deBucarest, "est très populaire… populiste, bavard, et il croit enlui". Il doit faire face à l'entreprise de minage qu'a lancéecontre lui le PSD pour attirer ses membres, sous le prétexte deréunifier la famille sociale-démocrate.

Le Parti National Libéral se déclare social-libéral et n'apas de concurrent sérieux sur sa droite. Le PNTCD (PartiNational Paysan Chrétien Démocrate), principal parti gouver-nemental entre 1996 et 2000 (présidence de Emil

Constantinescu) n'est plus représenté au Parlement et est entrédans un processus de scissions.

Pas assez de ressources publicitaires et trop de journaux

Evoquant la situation des médias, "Freedom House" esti-me qu'elle n'est pas en harmonie avec les standards européens.Entre 300 et 400 poursuites sont en cours contre des journa-listes pour "insultes" ou "calomnies", motifs qui figurent enco-re dans le code pénal, même si les peines ont été réduites. "Latolérance gouvernementale à la critique est limite" note-t-elle,rappelant les propos du Premier ministre, Adrian Nastase,reprochant à "Antena 1" de se montrer trop critique à l'égarddu gouvernement.

Selon l'organisation, le plus grave problème de la pressedemeure sa situation économique. "Sans protection dans cedomaine, elle est vulnérable aux intérêts économiques ou poli-tiques" juge-t-elle. Les gros contrats publicitaires viennent leplus souvent des entreprises d'Etat. "Dans un pays où lesdépenses de publicité annuelles sont de 7 € (45 F) par per-sonne, on peut dire qu'il n'y a pas assez de publicité… et tropde journaux. Cela conduit certains d'entre-eux à pratiquer lechantage, demander des cadeaux, faire sponsoriser desarticles" rapporte-t-elle.

Effets d'annonce

"Freedom House" voit tout de même un point positif dansl'adoption de la loi permettant l'accès aux informationspubliques, mais c'est pour rappeler que le mérite en revient auxONG qui avaient mené une forte campagne sur ce thème.

Par contre, elle déplore la loi sur les informations secrètesvotée par le Parlement "sous une forme qui est une atteinte auxlibertés fondamentales et destinée à en empêcher l'accès". Ellerelève que la pratique courante des porte-paroles ou desbureaux de presse de l'Etat, est toujours de cacher les informa-tions et de pratiquer la langue de bois.

Le rapport mentionne aussi l'usage excessif des ordon-nances d'urgence par le gouvernement, les problèmes de laJustice, le népotisme de l'administration centrale, la situationinsatisfaisante de la rétrocession des biens à leurs anciens pro-priétaires, notamment vers l'Eglise, et le nombre de procès quecela entraîne devant la Cour Européenne des Droits del'Homme.

Enfin, le rapport souligne l'importance de la corruption,notant que "les mesures pour lutter contre, annoncées avectambours et trompettes sont peu suivies d'effet". "FreedomHouse" relève que le corps de contrôle contre la corruptioncréé par le Premier ministre est, en théorie, un instrumentimportant… mais qu'on n'a pas vu encore, d'une manière pra-tique, son efficacité .

"Freedom House": l'absence d'une opposition forte et constructive

est préjudiciable à la démocratie en Roumanie

Traian Basescu, maire de Bucarest.

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Une langue parfois plus développée que le français ou l'espagnol

Alvero Rocchetti a collaboré avec Gheorghe Doca, à lamise au point de cette méthode. Bien français, mais Vénitiend'origine, marié à une femme professeur d'espagnol, ce spé-cialiste des langues romanes qui, à 66 ans, se consacre main-tenant entièrement à la recherche linguistique, nourrit unevéritable tendresse pour le roumain qu'il maîtrise parfaitement.Il dissèque aussi au scalpel le chinois, l'arabe, le turc, et se pas-sionne pour l'étude du processus d'acquisition des langues,

L'une des énigmes qu'il n'arrive pas à résoudre, est la per-sistance du "r" fortement roulé chez les Roumains parlantpourtant couramment le français. Certains y échappent… maisle retrouvent dès qu'ils retournent dans leur pays. "Cela n'arien à voir avec le "r" rocailleux des Bourguignons, illustréautrefois par Waldeck-Rochet… je dirais presque que c'estdevenu une spécificité régionale de chez nous", confie-t-il, mi-plaisant, tout en ajoutant que des Roumains souffrent d'êtreidentifiés de la sorte.

Pour le chercheur, pas de doute, le roumain est une languenéo-latine développée et, à ce titre, il mérite d'être défendu.Dans certains domaines, comme le système verbal, il est mêmeparfois plus évolué que le français ou l'espagnol, même si ceslangues sont plus avancées par ailleurs.

Alvero Rochetti cite plusieurs exemples où le roumainapporte des nuances : le futur normal français, "je chanterai"s'est transformé en conditionnel, et a été remplacé récemmentpar "Je voudrais chanter". Voici belle lurette que les Roumainsemploient cette dernière forme ("As vrea sa cânt").

Comme l'anglais (to sing), le roumain dispose d'une formeavancée de l'infinitif, avec une particule (a cânta), alors quel'italien (cantare) et le français (chanter), n'ont pas encoredéveloppé celle-ci. Le Roumain peut dire "Je veux que jechante" ("Vreau sa cânt"), ce que le français ne peut pas enco-re, se contentant de “Je veux chanter", alors que cette conju-gaison lui est possible à d'autres personnes ("Je veux que tu

chantes, que nous chantions" etc…).

L'effet boomerang de l'image de la Roumanie

La Sorbonne nouvelle assure également l'apprentissage duroumain dans le cadre du DEUG, en complément à une optionprincipale (lettre, anglais, cinéma…). Langue de base (1er et2ème niveau), éléments de civilisation, linguistique et littéra-ture sont enseignés pendant deux années, aboutissant à unereconnaissance spécifique, le DLCR (Diplôme de Langue etde Civilisation Roumaine) qui atteste d'une assez bonneconnaissance du roumain. Moins d'une centaine d'étudiants (lemaximum a été de 90) sont inscrits, suivant les cours d'un lec-teur et de deux ou trois autres enseignants.

Ce nombre peut paraître décevant dans une des plusgrandes et plus développées agglomérations du monde, au seinde laquelle vivaient au moins 30 000 Roumains dans lesannées 90, chiffre qui s'est amplifié depuis. Mais il témoigneaussi de la propension de cette communauté à vouloir sefondre dans la société française et à oublier ses origines, phé-nomène accentué par l'image déplorable de la Roumanie.

Voici quelques années, encouragée par les pouvoirspublics qui lui ont donné l'habilitation pour un cursus completde quatre ans jusqu'à la maîtrise, la Sorbonne a voulu ouvrirune formation LEA (Langues Etrangères Appliquées) en rou-main, conjointement avec une autre langue (anglais, etc…).Malheureusement, peu poussés par leur milieu, leur famille, netrouvant sans-doute pas leur langue valorisante, les candidatsne se sont pas bousculés pour s'inscrire et le projet est restélettre morte.

Parallèlement, les enseignants de hongrois n'avaient obte-nu l'aval pour le lancement d'un enseignement de LEA dansleur langue qu'uniquement pour la première année. Mais lacommunauté hongroise de Paris, beaucoup moins importantepourtant, s'est mobilisée, a envoyé ses enfants en masse à laSorbonne et, aujourd'hui, la formation à ce diplôme est assuréeen totalité.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2245

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

228

Actualité

Arrivé en seconde position lors du premier tour de l'élection présidentiellede décembre 2000 avec 28 % des voix, et ainsi qualifié pour le secondtour (33 %), l'ultra-nationaliste Corneliu Vadim Tudor était crédité de 26

% des intentions de vote, en cas de nouveauscrutin, par un sondage réalisé à la mi-octobrepar l'Institut Public de Politique et l'InstitutGallup, en très nette hausse par rapport auxenquêtes précédentes.

Figurant toujours à la deuxième place der-rière le Premier ministre, Adrian Nastase (33,9%, soit 10 % de moins que les intentions de voteà l'égard de son parti, le Parti Social Démocrate),le leader du parti de la Grande Roumanie (PRM)distancerait les deux ténors de l'opposition,Theodor Stolojan (Parti National Libéral, 20,2%) et Traian Basescu (Parti Démocrate, 11,6 %),lesquels réaliseraient 2-3 points de mieux queleurs partis respectifs.

Un fort courant autoritariste, conservateur, intolérant et nostalgique

Ce sondage montre par ailleurs l'existence d'un courant autoritariste et conserva-teur parmi la population. Un quart des Roumains se prononcent pour un régime mili-taire à la tête du pays, un tiers pour un parti unique, 84 % réclamant un leader fort quiremette de l'ordre dans le pays. 54 % des personnes interrogées donnent priorité aumaintien de l'ordre public sur le respect des libertés individuelles et 36 % admettentqu'on interdise des livres nuisant à l'autorité de l'Etat.

Une large majorité est pour le retour de la peine de mort (95 % en cas de meurtre,64 % pour pédophilie, 54 % pour viol) ; 40 % estiment que les homosexuels, hommeset femmes n'ont pas leur place en Roumanie, le même rejet étant exprimé à l'égard desTémoins de Jéhovah par un quart des personnes sondées.

La moitié des Roumains souhaitent que le gouvernement prenne des mesures pourstopper la croissance du nombre des Tsiganes et deux tiers qu'on leur interdise de serendre à l'étranger. 80 % ne veulent pas que les Magyars s'expriment dans leur langue,comme le prévoit la loi, dans leurs relations avec les pouvoirs publics dans les régionsoù ils sont majoritaires, et 88 % ne veulent pas entendre parler de région autonomehongroise. Enfin si 70 % pensent que les partis sont faits uniquement pour que lespoliticiens se servent, et 80 % sont d'accord pour l'économie de marché… 67 % desRoumains estiment que du temps du communisme, ils avaient davantage confiancedans l'avenir.

La montée de Vadim Tudordans les sondages

Politique

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARADDEVA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TIAGU MURES

GALATI

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Constantin Simirad, le très contro-versé maire de Iasi a donné sadémission au début du mois dedécembre pour endosser son nou-veau statut d'ambassadeur. Sonmandat est de quatre ans mais il ad'ores et déjà l'intention de revenird'ici deux ans pour devenir profes-seur à la faculté. Simirad avait fondéen 1997 le Parti des Moldaves(Partidul Moldovenilor), proche de

l'ancienne majorité dans un premiertemps, mais rallié puis absorbé cinqans plus tard par le PSD. Après plusde dix ans passés à la mairie deIasi, Constantin SIMIRAD ne laissepas que des bons souvenirs. Accuséde trafic d'influence, de corruption etde détournements de fonds, il a misa mal le budget de la ville en lançantd'importants projets restésinachevés: l'Athénée, maison de laculture comprenant des salles despectacle, de cinéma et des ateliersde création (le tout pour 70 milliardsde lei soit 1,75 M€, 11,5 MF), destravaux de modernisation du tram-way…Le nouveau maire de Iasi estdésormais Gheorghe Nichita,membre du PSD.

Le maire de Iasi,ambassadeur à Cuba

SATU MARE

Depuis treize ans et la fin ducommunisme, l'emplace-ment ou triomphait autrefois

l'imposante statue de Lénine restaitdéserté, après que celle-ci ait été mise àbas. Cette dernière trônait devant l'im-mense "Casa preseï", la Maison de laPresse de Bucarest, à l'architecture typi-quement stalinienne, où étaient regroupés

tous les journaux que l'ancien régimepouvait ainsi mieux contrôler.

A leur grande majorité, ceux-ci sontrestés sur place, mais sur le socle dumonument demeuré vide, c'est une statuedédiée à la liberté de parole qui va êtreérigée, conçue par le sculpteur AdrianIlfoveanu. Elle sera inaugurée le 4 mai2005, jour qui lui est consacré.

Une statue de la Liberté à la place de celle de Lénine Qu'allais-je découvrir, ce prin-

temps-ci, dans ce coin deRoumanie où j'ai choisi de

vivre la bonne saison ? L'autre jour, uneRoumaine qui vit en France m'a dit, enme parlant de son dernier séjour dans sonpays: - Il y a encore un tel laisser-aller,sans parler de la corruption qui est par-tout, du haut en bas, il y a tant de "ce safac?" ("qu'est-ce qu'on peut y faire ?"), etdonc toujours la même résignation, le

même fatalisme, que je me dis qu'ils n'ontpas encore touché le fond. Quand viendraun vrai sursaut ? Je ne sais pas...

Cette Roumaine alors amère estpourtant connue pour son optimisme. Samère, en visite, a évoqué un moment deson enfance, dont la conclusion en ditlong sur le sursaut espéré par sa fille.

- Quand j'étais écolière, a dit cetteseptuagénaire, la maîtresse d'école nous abien sûr conté un jour l'histoire de

Mioritsa, la brebis de la ballade nationa-le. On sait qu'il s'agit de trois bergers, unriche, et deux très pauvres. Or, Mioritsa,une petite brebis douée de pouvoirs sur-naturels, a entendu les deux bergerspauvres comploter en vue de tuer le ber-ger riche et de lui ravir ses biens. Mioritsaayant dévoilé ce plan au condamné, celui-ci dit qu'il préfère que son destin s'ac-complisse: et il est assassiné... Moi,gamine, cette histoire m'avait révoltée !Je ne pouvais pas comprendre que le ber-ger menacé ait préféré attendre la mortsans rien faire. Je l'ai dit à la maîtresse. Etelle de me faire cette réponse que je n'ou-blierai jamais: "Pourquoi le berger avertin'a pas réagi? Ma petite, ça c'est laRoumanie..."

"Ma petite, çà c'est la Roumanie…"Ecrivain et journaliste, Noël Tamini connaît bien la Roumanie où il passe les

beaux jours dans sa petite maison du Maramures. Comme les Roumains, ce Suisseest capable d'y vivre avec un euro par jour, troquant avec ses voisins et amis pay-sans les courgettes, tomates et haricots qu'il cultive dans son jardin contre des œufs,du lait, du vin, de la farine. Noël Tamini nous raconte les histoires de son village,Circâlau.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Alors qu'elle est le pays d'Europe de l'Est disposant de loin des plus grandeset plus complètes richesses naturelles ou humaines, la Roumanie se traî-ne en queue de peloton dans le domaine du tourisme, occupant même

l'avant-dernière place en 2000 pour le chiffre d'affaires généré, devant la Lettonie, etétant précédée par l'Estonie et la Lituanie, selon les statistiques de l'OrganisationMondiale du Tourisme (OMT). Infrastructures défaillantes, désintérêt de l'Etat, retarddes privatisations, manque de confiance des investisseurs étrangers sont autant de rai-sons invoquées pour expliquer cette mauvaise performance.

Avec 364 M€ (2,4 milliards de francs) de rentrées et 3,3 millions de visiteursétrangers, le tourisme n'a représenté que 0,9 % du Produit intérieur brut roumain en2000, alors que dans la Hongrie voisine, au potentiel touristique très limité en dehorsde Budapest et du lac Balaton, il atteignait 3,4 milliards d'euros (22 milliards defrancs), avait attiré 15,6 millions d'étrangers, participant à hauteur de 8 à 9 % au PIB,comme en Bulgarie et en Estonie. Plus de 17 millions d'étrangers ont visité la Pologneen 2000, chiffre qui a été multiplié par six en dix ans, ce pays étant devenu une desquinze premières destinations mondiales touristiques.

Autre exemple de développement qui souligne encore plus la médiocrité de la per-formance roumaine dans ce domaine : la Bulgarie qui a enregistré un taux de crois-sance du tourisme de 8,6 %, l'an passé, alors que la moyenne européenne se situait à+ 2,8 %, et tablait sur + 10 à 12 % en 2003. Grâce au rapport qualité-prix remarquablede son hôtellerie, les touristes de l'UE, en particulier allemands, grecs et anglais, sefont de plus en plus nombreux sur les plages de la Mer Noire, constituant 42 % de lafréquentation.

Trois grands tour-opérateurs alle-mands, le leader mondial TUI, Neckermanet ITS, ont décidé d'investir dans la rénova-tion des hôtels et ont déclaré vouloir attirerun demi-million de vacanciers dans cepays. L'ensemble des pays de l'Est ont sudépasser le choc de 1990, avec la dispari-tion de la clientèle soviétique, remplacéetrès avantageusement en matière de pouvoird'achat par les touristes occidentaux. Unechance que n'a pas su saisir la Roumanie.

Un secteur très prometteur

Pourtant, entre Delta du Danube, Mer Noire, Bucovine, Carpates, stations ther-males, le tourisme est potentiellement un des points forts de la Roumanie. On peut touty faire - sports de neige, aquatiques, randonnées pédestres, bi-cross, enduro, 4x4, tou-risme rural, culturel - mais les infra-structures laissent beaucoup à désirer et les inves-tissements nécessaires sont très importants.

Pour autant, malgré toutes ces carences, une étude de l'Institut des Recherches etde Développement du Tourisme (IRDT) estime qu'en 2010 ce secteur engendrera unerecette de plus de trois milliards d'euros. Elle prévoit que le nombre de touristes étran-gers, au sens strict du terme - différent de visiteur - dépassera 1,7 millions de per-sonnes, le double du chiffre enregistré en 2001. En 2004, 1,2 millions de touristes sontattendus en Roumanie. L'étude montre, que cette même année, le nombre de vacan-ciers sur le littoral de la Mer Noire dépassera le million (670 000 en 2000). Les étran-gers pourraient constituer 10 % de ce contingent. Actuellement, ils ne dépassent pasles 3 % (20-30 000 personnes).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Alui seul, Arcadie Ciuruc résume bien toutes lesinterrogations que les observateurs se posent surla réalité du résultat du référendum du 19 octobre

portant sur la modification de la constitution, en vue de l'adap-ter aux normes européennes (55,7 % de votants, 89,7 % deoui). Si personne ne conteste que le oui l'ait emporté large-ment, des doutes se font jour sur le chiffre réel de participation.

A 78 ans, ce pensionnaire d'un dispensaire pour personnesâgées a été le seul habitant de Bacau, non engagé politique-ment, a saisir le bureau électoral du judet pour irrégularités :dans son établissement, la directrice avait voté pour tout lemonde, sans demander son avis à quiconque. Cette plainte luia valu d'être mis à la porte de l'établissement, deux jours après,et transféré de force dans un autre lieu, d'où,malheureux, il a réussi à s'échapper, seretrouvant à la rue pour finalement échoirchez un ami.

Interrogée par la presse, la directrice aparlé d'une simple coïncidence : le sep-tuagénaire posait des problèmes, elle cher-chait depuis longtemps une autre solutionpour lui. Elle l'avait déjà fait interner "pourtroubles psychiques" et déclarait que son état s'était encoreaggravé. Apparemment, à Bacau, en 2003 on se souvenait despratiques de la médecine psychiatrique en cours dans l'exURSS des années 60-80, à l'égard des opposants…

Miracle : en deux heures la barre des 50 % est largement dépassée !

Avant même le déroulement du scrutin, le référendum aété l'occasion de toutes formes de pressions pour parer à lamenace grandissante de l'abstention : maires dont on menacede leur couper les subventions si les chiffres de participationne sont pas bons; popes, médecins et enseignants qu'on enrôledans leur cadre professionnel pour appeler à voter, contingentde bois de chauffage gratuit offert par la Régie Nationale desForêts aux communes ayant enregistré le plus grand nombrede votants, tombola organisée par la mairie de Bacau avec 78

postes de télévision à la clé à gagner par les électeurs qui sesont déplacés pour voter, autre tombola organisée par laLoterie Nationale, à Bucarest, etc… Autant de pratiques quiauraient entraîné l'invalidation de la consultation dans les paysoccidentaux.

Mais le pire était à venir le jour même du vote. Dans plu-sieurs communes, il est arrivé que des morts votent, que desabstentionnistes soient déclarés comme ayant voté, que le tauxde participation ait dépassé 100 % des inscrits. Des journa-listes ont réussi à voter plusieurs fois dans le même bureau.

Deux heures avant la clôture du scrutin, le chiffre de par-ticipation d'un scrutin exceptionnellement étalé sur deux jourspour permettre au plus grand nombre d'électeurs de se dépla-

cer et qui ne pouvait être validé que si labarre des 50 % était atteinte, se révélait par-ticulièrement inquiétant, avec 44 %. Mais,lorsque les bureaux fermaient…il avaitsubitement atteint 55 % ! Ce miracle avaitpu se réaliser grâce à l'intervention expres-se des urnes mobiles que les autorités pou-vaient déplacer à l'extérieur pour aller à larencontre des non-votants, sans aucun

contrôle réel.

Mircea Toma : “Une minériade électorale”

Au lendemain du référendum, le Président Iliescu a pestécontre les abstentionnistes avançant une idée bien à lui sur saconception de la démocratie : que le résultat de toutes les élec-tions soit validé quelque soit le taux de participation. MirceaToma, directeur de l'Agence indépendante chargée de veillersur les entraves à la liberté de la presse a estimé, pour sa part,que "le référendum avait été en fait une minériade électorale",en référence à la descente des mineurs sur Bucarest en juin1990 pour mettre brutalement un terme à la contestation desétudiants et des démocrates.

Voilà de quoi laisser interrogateur, en ce début d'année2004 au cours de laquelle, le Président, le Parlement, lesconseils de judets et les mairies doivent être renouvelés.

Un référendum en forme de malaise

Politique

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Pressions sur les électeurs, "urnes mobiles",fraudes et chiffre de participation laissent interrogateur…

Le classement de l'OrganisationMondiale du Tourisme

Voici le classement des pays del'Est effectué par l'OrganisationMondiale du tourisme, concernantl'année 2000 :

1ère : Pologne (3,4 millions devisiteurs étrangers - touristes etsimples visiteurs - en 1990, 17,4 mil-lions en 2000 ; chiffre d'affairesgénéré par le tourisme : 6,1 milliardsd'euros)

2ème : Hongrie (20,5 millions,15,6 millions, 3,4 milliards d'euros)

3ème : République Tchèque (7,3millions, 5,7 millions, 2,9 milliardsd'euros)

4ème : Croatie (7 millions, 5,8millions, 2,6 milliards d'euros)

5ème : Bulgarie (1,6 millions, 2,8millions, 1,1 milliards d'euros)

6ème : Slovénie (600 000, 900000, un milliard d'euros)

7ème : Estonie (500 000, 1,1 mil-lions, 500 M€)

8ème : Slovaquie (600 000, 700000, 430 M€)

9ème : Lituanie (600 000, 1,2 mil-lions, 390 M€)

10ème : Roumanie (3 millions,3,3 millions, 360 M€)

11ème : Lettonie (500 000, 700000, 130 M€).

SIBIU

Le Delta du Danube est l’un des meilleursatouts touristiques de la Roumanie.

Tourisme

La Roumanie en queue de peloton, loin derrière la Hongrie et la Bulgarie

Condamné déjà à 18 ans de prison pour les "minériades" qu'il avait conduites en 1990 et1991, aboutissant à la démission de Petre Roman, et incarcéré depuis 1999, le leader syn-dicaliste des mineurs de la Vallée de Jiu, Miron Cozma a écopé d'une peine supplémen-

taire de dix ans pour avoir tenté de renverser le pouvoir, cette année là, au cours d'une marche qu'ilavait conduite vers Bucarest. Cinq de ses lieutenants ont été condamnés à cinq ans de prison.

Brièvement incarcéré en 1998, Cozma, dès sa libération, avait immédiatement adhéré au PRM(parti de l'ultra-nationaliste Vadim Tudor) et avait engagé une deuxième minériade pour faire pres-sion sur le gouvernement du président Constantinescu, afin qu'il renonce à des poursuites. Une récen-te demande de grâce du leader syndicaliste a été rejetée. Cozma a décidé de s'adresser à la CourEuropéenne des droits de l'Homme. Toutefois, lorsque toutes les procédures engagées à son encontreauront été épuisées, le Président Iliescu pourrait décider de son élargissement.

Miron Cozma : dix ans de prison supplémentaires

Le pays dispose pourtant du plus grand potentiel touristique d'Europe de l'Est

La Pologne, Ière destination de l’Est.

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Connaissance eet ddécouverte

On l'a appeléaussi CasaRepublicii,

c’est à dire Maison de laRépublique), puis CasaPopurului (Maison duPeuple) et enfin PalatulParlamentului (Palaisdu Parlement) depuisqu'il y accueille laChambre des députés,en attendant le Sénat,lorsque les travauxseront terminés… Maisil est fort à parier queles générations à venirlui donneront le nomque lui attribuent les

touristes étrangers, à savoir le Palais de Ceausescu.Mais enfin, quelque soit son appellation et les réticences

de vos amis roumains, remués par les mauvais souvenirs, àvous emmener le découvrir, il ne faut pas manquer la visite dece lieu, sans conteste l'endroit le plus impressionnant de lacapitale. Ses immenses salles de marbre, ses lustres de cristaltentaculaires, ses escaliers majestueux vous laisseront sansvoix. Le cinéaste Costa-Gavras ne s'y est pas trompé en lechoisissant pour y tourner les scènes figurant le Vatican dansson film "Amen".

Faisant son mea-culpa, après sa libération, Albert Speer,l'architecte de Hitler, regrettait "l'inhumanité, la violence, ladémesure" qui s'exprimait dans les bâtiments qu'il avaitconstruit, "bien avant qu'on s'en prenne au juifs". Le sentimentest mêlé devant le Palais de Ceausescu qui, lui, s'en est pris àson peuple pour l'édifier. Mais devant ce grandiose édifice, ledeuxième du monde après le Pentagone pour la superficie, onest loin des volumes, des cubes, des parallélépipèdes sans âmedu nazisme.

Le "Conducator" a réquisitionné tout ce que la Roumaniecomptait de génie et de talent pour réaliser son rêve fou : desnonnes des monastères de Bucovine chargées de tisser les filsd'or des rideaux qui ornent les immenses baies vitrées, auxbûcherons, menuisiers du Maramures, tailleurs de pierre descarrières de marbre de Transylvanie, sommés de mettre envaleur ce que le pays comptait de plus beau. Le résultat en eststupéfiant.

Le palais se visite tous les jours, y compris le dimanche,de 10 h à 14 h, sauf s'il est retenu pour accueillir un congrèsinternational. Un guide parlant votre langue vous accompagneet il en coûte 70 000 lei (1,7 €, 11 F) par personne. Attendezvous à marcher pendant une heure et demie. A la sortie, bala-dez vous dans le quartier pour apprécier les immenses pers-pectives que le "Conducator" a fait aménager par les quelques700 architectes mobilisés pour la réalisation de cet ensemble et

découvrir les rares vestiges du passé qui ont survécu aux bull-dozers. Un conseil : si vous ne tenez pas à vous fatiguer inuti-lement et voulez éviter d'avoir deux kilomètres à arpenteravant de découvrir la bonne entrée du palais… faites vous yconduire en taxi.

Des lieux autrefois sévèrement gardés

Une bonne idée peut être de prolonger cette visite (comp-ter la matinée) en "journée Ceausescu". Pour qu'il n'y ait pasd'ambiguïté, mettez y les formes auprès de vos amis roumainsen leur expliquant que vous voulez vous représenter les lieuxqui ont marqué leur histoire et déterminé leurs souffrances.

Alors, allez vous promenez dans le quartier qui abritait lanomenklatura de l'époque, tout près du lac Herastrau, et oùdemeure celle d'aujourd'hui, plus portée vers l'affairisme quevers l'idéologie. Vous serez surpris par le nombre de villas cos-sues qui s'y trouvent. Au bord du lac vous trouverezd'agréables petits restaurants sur pilotis.

Des passants qui ont bien connu l'époque, vous indique-ront où se trouvent la résidence des Ceausescu et de leursenfants, boulevard Primaverii, et celle de son prédécesseur,Gheorghiu-Dej, qui se situe juste en face, mais est totalementinvisible. Autrefois les lieux étaient sévèrement gardés et desautorisations nécessaires pour y pénétrer… ce qui explique lesindications parfois approximatives que l'on vous donne.Quand aux jeunes, ne comptez pas obtenir de renseigne-ments… ils s'en fichent !

Comme si la page était déjà tournée…

Vous conclurez cette journée, en faisant une visite aucimetière Ghencea où les Ceausescu sont enterrés. Prenez untaxi pour vous rendre sur les lieux, éloignés des précédents. Latombe du "Conducator" est à gauche de l'allée principale,assez près de l'entrée donnant sur le boulevard Ghencea, cellede sa femme, à droite, à peu près à la même hauteur, à une cin-quantaine de mètres.

L'impression est étrange. Les gens passent à côté dans l'in-différence, alors que voici un peu plus d'une décennie ilsvouaient aux gémonies ce couple qui avait détruit une partie deleur vie. Comme si la page était déjà tournée…

Certes, quelques nostalgiques viennent allumer des bou-gies, déposer un bouquet, surtout aux dates anniversaires, etbien plus sur la tombe de Nicolae que sur celle d'Elena,considérée comme l'égérie malfaisante, à l'égard de laquelle larancœur reste tenace. Mais en y regardant de plus près, on serend compte qu'il s'agit souvent de pauvres personnes, désem-parées par le cours des évènements, sans repères, sans res-sources… finalement des victimes de l'ancien régime qui les arendues inaptes aux changements. Ceux qui ont profité des pri-vilèges de l'époque n'ont pas le temps de se recueillir sur latombe de leur bienfaiteur… Ils font des affaires.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

226

Actualité

Voisins

Un foie gras exporté à plus de 90% vers la France

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

IASI

Du Palais du Parlement au cimetière Ghencea, en passant par le quartier réservé à la nomenklaturaTourisme

Quelque 67% des Polonais s'op-posent à la participation de leurs sol-dats à la mission de stabilisation enIrak, contre 57% en octobre, selon unsondage de l'institut CBOS publiévendredi 28 novembre.En sens inver-se, 28% des 1.088 personnes inter-rogées dans cette étude soutiennentla présence d'unités polonaises enIrak, soit une baisse de neuf pointsde pourcentage en un mois.

Le sondage a été réalisé du 7 au10 novembre, soit après le premierdécès d'un soldat polonais dans cepays, lors d'une attaque contre unconvoi le 6 novembre.

Dans ce contexte, 75% desPolonais craignent que leur pays nedevienne la cible d'attaques terro-ristes, soit une hausse de 5% parrapport à octobre. La Pologne aenvoyé près de 2.500 soldats en Irakoù elle administre une zone située ausud de Bagdad.

Elle a sous son commandementune division multinationale dequelque 9.000 hommes, dont 1.640Ukrainiens, 1.300 Espagnols, 1.100Latino-américains et 500 Bulgares.

Exporté à raison de 1600 tonnes par an, le foie gras de Hongrie est le pre-mier sur le marché international. Ce produit est livré en premier lieu sur lemarché français et nippon. Cependant, les normes communautaires inter-

disent désormais le mode de production traditionnel en Hongrie: l'engraissage des oiespar gavage pour obtenir du foie gras de qualité supérieure. D'ailleurs, l'UE déconseilleaussi la plumaison du volatile par arrachage. Sur la production hongroise de foie grasannuelle de 1800 à 1900 tonnes, 1600 tonnes vont à l'exportation, dont 1450 à 1470en France, soit 91 % de la production, et le reste au Japon. Les États-Unis, grandsconsommateurs, s'approvisionnent surtout… en France, sous forme de conserves et lefoie gras non exporté est acheté par les restaurants.

Le contingent de 1600 tonnes par an a été institué en 1995 avec la conviction quel'augmentation des exportations entraînerait la baisse des prix. A l'heure actuelle, lefoie gras coûte environ 29 € (190 F) le kilo. L'engraissage, l'abattage et l'exportationd'oies sont continus, mais la grande saison est l'automne, de septembre à décembre. Lefoie gras hongrois de qualité supérieure est de grande dimension, unicolore et étoffé.Celui pesant 650 à 700 grammes est le plus apprécié. Les foies de 1000 grammes etplus sont surtout recherchés par les acheteurs nippons.

En Hongrie la loi sur la protection des animaux permet le gavage des oies et descanards. Ce mode de production a des traditions multiséculaires. Cependant, le projetde recommandation de l'UE le qualifie d'alimentation forcée et propose son interdic-tion d'ici à 15 ans. En attendant, elle plaide pour l'adoption de règles transitoires. Larecommandation communautaire prend position d'autre part contre l'arrachage desplumes qui est effectué deux ou trois fois par an en Hongrie.

Selon les spécialistes hongrois, la technologie actuellement utilisée pour la pro-duction de cet aliment de haute valeur gastronomique n'a pas d'alternative. La cessa-tion du gavage réduirait au chômage de 30 à 38 000 familles spécialisées dans l'en-graissage d'oies, et causerait un manque à gagner de 40 à 50 M€ (265 à 330 MF) aupays. La suppression de la plumaison par arrachage et de la transformation des plumesentraîneraient, elles, 50 M€ supplémentaires de perte.

On cherche donc un compromis par une reconversion dans des technologies avi-coles nouvelles, moins agressives. Dans le cas de l'arrachage et du commerce desplumes, on a élaboré de nouvelles normes. Comme les prescriptions de l'UE en matiè-re de protection des animaux n'interdisent pas la tonte, les producteurs de Hongrie nesont pas obligés d'y renoncer. Lors de la supervision des normes avicoles, on observedésormais dans 190 fermes d'élevage d'oies les recommandations concernant l'arra-chage des plumes. A en croire les spécialistes du ministère de l'Agriculture hongrois,l'adhésion du pays à l'Union européenne ne réduira pas de façon drastique la produc-tion hongroise de foie gras. Des règles de droit défendent désormais en Hongrie les"droits des animaux" et assurent la protection nécessaire des êtres vivants.

(MTI, Le Journal Francophone de Budapest)

Deux tiers des Polonais contre la présence de leurs soldats en Irak

PIATRANEAMT

Le tribunal régional de Lodz (centre de la Pologne) adurci la peine prononcée par un tribunal d'instancecontre un prêtre catholique de 39 ans condamné

pour pédophile, la portant de 20 mois à trois ans de prisonferme.Le prêtre, vicaire dans une paroisse près de Leczyca(centre), a été condamné pour "avoir contraint aux relationssexuelles" cinq garçons âgés de mois de 15 ans. Les faits incri-minés remontent à 1998 et 1999.Le prêtre avait été interpellé

en novembre 2002 à la frontière polono-ukrainienne. Lors d'unprocès qui s'est déroulé à huis clos, le prêtre a plaidé coupable.

Plusieurs prêtres catholiques ont été condamnés ou sontpoursuivis pour pédophilie en Pologne. Mgr Juliusz Paetz,archevêque de Poznan (ouest), a été démis de ses fonctions enmars 2002 par le pape Jean Paul II à la suite de révélations surson penchant homosexuel et harcèlement sexuel de prêtres etséminaristes de son archidiocèse.

Une "journée Ceausescu" à Bucarest

Le faste du Palais du Parlement, plus communément appelé

Palais de Ceausescu.

La Hongrie, numéro unsur le marché international,

Un tribunal polonais durcit la peine contre un prêtre pédophile

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Connaissance eet ddécouverte

Tourisme La Roumanie authentique

Depuis peu, grâce au dynamisme de Marilena Stoïca, ancienne directrice del'école, et un groupe d'habitants engagés, le village de Valea Lunga, dansle judet d'Alba, est un des fleurons du réseau OVR, là où la Charte Retea

turistica est très bien appliquée. Le village qui s'étend sur plus de 5 km perpendicu-lairement à la route principale, assure la tran-quillité de vos nuits, mais attention qu'ellesne soient courtes car situé dans le début de larégion viticole de Târnave cela donne encoreplus qu'ailleurs, le sens de l'hospitalité.

A Faget, un touriste çà se fête

L' hospitalité des hôtes est non seulementremarquables mais elle s'enrichit presque tou-jours d'une particularité: une famille seraférue de légendes et de musique folklorique,une autre vous apprendra des danses popu-laires et vous emmènera faire des balades encharrette, ou encore sera amatrice de musiqued'orgue; certaines vous feront découvrir la vieà la ferme, chez d'autres, vous trouverez debons guides, etc... Dans le centre du village,vous visiterez l'église fortifiée saxonne, sur lacolline Tutuman, les vestiges d'une cité dace,et tout près, le monastère du "Manteau de laSainte Vierge". C'est en visitant les autres vil-lages de la commune, assez éloignés, qu'on découvre les richesses de Valea Lunga:Lodroman, Lunca, Glogovet, et Tauni où le moulin est dirigé par une femme !

Plus loin dans les collines, les troupeaux de moutons et les bergers, encore plusloin alors que la route est une piste depuis longtemps, Faget, le village le plus authen-tique avec ses maisons peintes de couleurs vives. Là, dans cet endroit du bout dumonde où en hiver, les habitants sont ravitaillés en hélicoptère, chaque visite est unévénement qui se fête… alors quand c'est un touriste !

L’hospitalité des Saxes et Hongrois

L' hospitalité roumaine nous est bien connue, mais à Valea Lunga nous avonsrencontré des habitants roumains, Saxes et Hongrois vivant en parfaite harmonie, quise "mettent en quatre" pour faire de vous des amis de longue date. Inoubliable lasoirée passée dans une cour de ferme en dansant sur des airs du folklore authentiquede Transylvanie… Une excellente étape à ne pas manquer, au centre de laTransylvanie proche de multiples lieux culturellement intéressants à découvrir.

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

BUCAREST

ORADEA

SATU MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVAVALEALUNGA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Les Russes voulaient y garder leurs troupes jusqu'en 2020Voisins

Valea Lunga: danser sur des airs de folklore transylvain en dégustant le bon vin de Târnave

Vice-présidente de l'OMT

Sur proposition de la France, lesecrétaire d'Etat roumain auTourisme, Nicu Radulescu, a été éluvice-président de l'OrganisationMondiale du Tourisme, lors de sonassemblée générale, qui s'est tenueen octobre à Pékin. La Roumanie sepropose par ailleurs d'ouvrir unbureau de tourisme en Chine.

Relents de guerre froide en Moldova avec l'échec de la conférence de l'OSCEBARLAD

Le Conseil Ministériel de l'OSCE (Organisation pourla Sécurité et la Coopération en Europe) réuni àMaastricht les 1er et 2 décembre derniers n'est pas

parvenu à un accord sur la question de la Transnistrie, provin-ce sécessionniste de laRépublique Moldave (Moldova)depuis 1991. Le ministre russedes affaires étrangères IgorIvanov a quitté la conférence désle premier soir, refusant le retraitdes troupes russes stationnéessur place. Colin Powell, le secré-taire d'Etat américain a néan-moins rappelé à la Russie sesengagements de 1999 (accordsd'Istanbul) concernant le retraitde ses troupes et de son matériel

militaire de la Transnistrie d'ici décembre 2003. A l'issue de laconférence, l'OSCE n'avait pris aucune décision.

Le volte-face du Président Voronine, pourtant fidèle allié de Moscou

L'emportement d'Igor Ivanov s'explique par le refus inat-tendu le 25 novembre dernier du président moldave VladimirVoronine - communiste et pourtant fidèle allié de Moscou - designer l'acte de fédéralisation de laMoldavie, élaboré par le Kremlin. Ce plan,censé résoudre le conflit larvé transnistriendonnait une grande autonomie aux terri-toires de Transnistrie, à majorité russe et deGagaouzie (150 000 habitants turcophones)au sein d'une "République fédérative deMoldavie" qui devait rester "protégée" parles troupes russes jusqu'à l'horizon 2020. Ilétait également prévu que le russe deviennela deuxième langue officielle, à côté du mol-dave (roumain). Sous la pression de la rue -entre 25 et 50 000 manifestants à Chisinaubrûlant portraits de Poutine et drapeauxrusses aux cris de "Poutine occupant,Voronine traître" - et face aux réserves del'OSCE (manque de clarté dans la répartition des compétencesentre autorités centrales et régionales, droit de veto accordé defacto à la Transnistrie au sein du Sénat, absence d'un systèmede garanties internationales), Voronine a finalement fait volte-face et refuser de signer le plan de Moscou. La visite prévuedu président russe Vladimir Poutine a alors été annulée et IgorIvanov s'est empressé de dénoncer "des pressions exercées parcertains Etats et organisations internationales".

L'OSCE, malgré sa position critique face au plan russe n'a

pas osé attaquer de front la Russie - même silence que dans leconflit, sanglant celui-là, de Tchétchénie - et n'a proposé aucunplan alternatif. C'est Colin Powell qui est intervenu endénonçant fermement le refus russe de quitter le territoire deTransnistrie et en déclarant que les Etats-Unis sont prêts àaccorder l'assistance nécessaire pour l'implication de l'OSCEdans cette région.

Des relents de guerre froide émanent donc de Bessarabie.Les Etats-Unis surveillent avec vigilance ce qui se passe auxlimites Est du bloc euroatlantique, (la Roumanie sera la fron-tière orientale de l'OTAN en 2004) et la Russie semble encoreconsidérer l'ancienne République de Moldavie comme sondomaine réservé. Cette petit phrase récente de SergueïChoïgou, membre actif du parti de Vladimir Poutine, suffirapour s'en convaincre : "J'espère qu'au final, nous vivrons assezlongtemps pour voir le jour où nous aurons à nouveau unimmense pays à l'intérieur des frontières de l'UnionSoviétique."

Appel du pied de l'UE

Trois jours après l'échec de la conférence de l'OSCE, uneautre voie semblai s'ouvrir à la République de Moldavie, nirusse, ni américaine: un rapprochement avec l'UnionEuropéenne.

Le Commissaire Européen pour l'élargissement,Günter Verheugen s'est en effet, rendu à Chisinau afin de pro-

poser aux autorisés moldaves l'élaborationen commun d'un plan qui définirait lesobjectifs nécessaires au resserrement desliens avec ce pays. Selon lui, "bien que laRépublique de Moldavie soit confrontée àde nombreux problèmes, la république mol-dave a une perspective crédible car elle aune vocation européenne et est une partiede l'Europe".

Mais une intégration n'est pas pourdemain, de nombreux problèmes devrontêtre résolus, au premier rang desquels figu-re le statut de la Transnistrie, mais aussi l'é-tablissement d'une véritable démocratie etd'une économie de marché. Lors du récentXème congrès du Parti communiste molda-

ve, revenu aux commandes du pays en 2001, et qui s'estdéroulé sous un immense portrait de Lénine, comme on envoyait autrefois lors des grandes messes communistes de ladéfunte URSS, le président Voronine, dans un discours pro-noncé en russe, a promis "un miracle économique communis-te", sans préciser toutefois comment il comptait y arriver dansun pays où l'économie a sombré et où le salaire moyen atteintà peine 30 € (200 F).

Aline Noguès

Des manifestations regroupant 50 000opposants à la politique de russification

menée par les autorités communistes sesont déroulées à Chisinau en décembre.

Le président moldaveVladimir Voronine.

La Cathédrale de la Trinité, de la métropolie de Blaj, centre

des gréco-catholiques de Roumanie.

BLAJ

Proche de Valea Lunga, Blaj,centre des gréco-catholiques rou-mains, possède une cathédralemétropolitaine, rendue depuis peu àses fidèles. Le champ de la libertérappelle qu'en 1848, 40 000 paysansse rassemblèrent là pour soutenirl'unité de la Roumanie. Demandez àvos hôtes de visiter le musée privéde M. Muresan: durant des années,patiemment, il a reconstruit en minia-ture le village de son enfance dispa-ru aujourd'hui, en y rajoutant desscènes de la vie quotidienne. C'estun vrai petit bijou.

Le "chai" de Jidvei, se trouve à20km de Blaj, dans la plus granderégion viticole de Transylvanie. Vousy dégusterez les meilleurs crûs:Premiat, Riesling, Traminer, Muscat.Dans le village de Balcaciu, malheu-reusement déserté par les Saxes,une belle église fortifiée est à décou-vrir. Montez dans sa tour pour voir lepanorama sur les collines couvertesde vignes. Encore quelques km etvous arrivez à Cetate de Balta, lechâteau de Stephan le Brave, lieu deproduction d'un bon petit cham-pagne et qui possède une vino-thèque assez intéressante…

Blaj, centre desgréco-catholiques

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumainsqui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en cou-leurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CHSuisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre.

Page 49: SOMMAIRE - LES NOUVELLES DE ROUMANIE · 2010-11-22 · 5 2 C e n'est pas toujours dans les bandes dessinées que l'on trouve les personnages les plus étonnants. Dodo Nita en est

Mieux vaut se taireBula se plaint auprès de sa mère.- Papa m'a battu deux fois aujourd'hui- Mais qu'est-ce-que tu avais donc fait ?- Rien. La première fois, je lui ai montré le carnet de

notes… la deuxième, je lui ai dit que c'était le sien, quand ilétait élève.

Reconnaître ses fautes

Comme cela était habituel sous le régime communiste,l'institutrice demande à ses élèves de montrer leur solidaritéinternationale en apportant le lendemain de l'argent pour aiderles camarades du syndicat du Bangladesh.

Le jour suivant, la maîtresse collecte les sommes,recueillant chaque fois cinq lei. Arrivé devant Bula, elle s'é-tonne:

- Mais toi, Bula, tu ne donnes rien ?- Non, mon papa m'a dit qu'il n'y avait pas de syndicats au

Bengladesh.Quelques semaines plus tard, nouvelle collecte, cette fois-

ci pour les camarades du Parti communiste du Bangladesh etmême étonnement de l'institutrice :

- Bula, tu ne donnes encore rien ?- Non, mon papa m'a dit qu'il n'y avait pas de Parti com-

muniste au Bangladesh.

Un peu plus tard dans l'année, les élèves sont sollicitéspour aider les enfants qui meurent de faim au Bangladesh.Sans illusion, l'institutrice se dirige vers Bula qui, à sa stupé-faction, lui remet 15 lei.

- Mais qu'est ce qui te prend, Bula ?- Eh bien, mon papa m'a dit qu'il devait s'être trompé. S'il

y a des enfants qui meurent de faim au Bangladesh, c'est bienparce qu'il doit exister un syndicat et un Parti communiste…

Illusions

Sous Ceausescu, deux copains de Craiova discutent dansla rue. Ion ouvre le coffre de sa Dacia pour y ranger un paquet,provoquant un cri d'émerveillement de Cornel devant l'empi-lement de saucissons de Sibiu, de jambons, de paquets de café,de plaquettes de beurre, de litres d'huile, autant de denréesintrouvables ou sévèrement rationnées.

- Mais où as-tu trouvé tout çà ?- A Iasi, bien sûr, tu trouves tout ce que tu veux et tout le

monde y va.A peine remis de son émotion, envieux et frustré, Cornel

s'exclame :- Je te laisse là; je file tout de suite à la gare prendre mon

billet de train pour Iasi.- Surtout pas ! Prends le seulement jusqu'à Bârlad

(130 km au sud)… c'est là que commence la queue.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Blagues à la roumaineHumour

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

224

Actualité

Les USA ont prolongé de six mois le délai qu`ils avaient donné à laRoumanie pour que son parlement ratifie l`accord passé en août 2002 quiinterdit l`extradition de citoyens américains à la demande du Tribunal

Pénal International. Washington avait fixé fin octobre comme date buttoir, menaçantde retirer son aide militaire, si on ne se pliait pas à sa volonté. La Roumanie avait étéle premier pays à souscrire aux exigences américaines, après de très fortes pressions…et trois mois avant que ne soit décidée son adhésion à l`OTAN. Elle est aussi le seulpays candidat à l`UE a avoir adopté cette attitude qui a été sévèrement jugée sur leVieux Continent et assimilée à un manque de solidarité européenne. En ne respectantpas les critères politiques définis lors du sommet de Copenhague, Bucarest s`est misdans un mauvais pas alors qu`elle négocie son adhésion avec Bruxelles.

Pour sortir de cette situation embar-rassante, le gouvernement roumain ajoué la montre en espérant faire traînerl`adoption de l`accord jusqu`à son entréedéfinitive dans l`OTAN prévue le 1eravril prochain et, sans-doute, ensuite,revenir à un comportement davantage enphase avec l`UE. La manœuvre a réussi,car les injonctions américaines sontaujourd'hui formelles. Dans trois mois,la Roumanie sera membre à part entièrede l`Alliance Atlantique et, selon lefonctionnement de celle-ci, aucun paysne peut retirer ou suspendre son assis-tance militaire à ses alliés, ce qui annulela menace brandie par les USA.

Au cours de sa visite officielle enAmérique, le Président Iliescu n`a pas eutrop de mal à amener Washington à plusde souplesse: les troupes roumainescombattent aux côtés des GI`s enAfghanistan et en Irak…

Sa visite aura également été mar-quée par une gaffe diplomatique commise par le Département d`Etat américain à laDéfense. Invités à déjeuner par son Secrétaire, Donald Rumsfeld, Ion Iliescu et sonministre des Affaires Etrangères, Mircea Geoana, ancien ambassadeur à Washington,ont eu la surprise de découvrir sur la table des drapeaux américains… et russes. Il nes`agissait sans-doute pas de rappeler au président roumain son passé fortement lié àMoscou, mais davantage d`une attitude assez coutumière dans l`administration amé-ricaine dont l`intérêt et la connaissance se limitent souvent aux frontières du pays. Lesofficiels roumains sont habitués à ce genre de méprises: Bucarest que l`on confondavec Budapest… et jusqu`au président Constantinescu qui, lors de son élection, en1996, avait reçu un télégramme de félicitations au nom de Ceausescu.

Vie internationale

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

L'ancien président du FondsRoumano-Américain pourl'Investissement a estimé que laRoumanie a manqué une grandechance d'attirer les investisseurs en1996, à la suite du changement demajorité et de l'accession au pouvoirdes mouvements démocratiquesregroupés autours du président EmilConstantinescu. "Attirés par le poten-tiel de développement du pays et ducoût réduit de sa main d'oeuvre, leshommes d'affaires étrangers ont misésur le changement pour apporter desfonds, mais le rythme beaucoup troplent des réformes, l'inefficacité dunouveau gouvernement, les ontdécouragés et beaucoup se sontretirés" a déclaré Joël Hayes, quisouligne que la forte crise écono-mique subie par la Russie à cetteépoque a également eu des réper-cussions négatives sur l'attrait exercépar les pays voisins.

CHISINAU

Investissements: la chance manquée de 1996

TURDA

TPI : Bucarest résiste aux pressions américaines

Gaffe diplomatique: le Pentagone a confondules drapeaux russe et roumain. Ion Iliescu à

son ministre des affaires étrangères: ”Ecoute, Geoana, à mon avis, il faut négocieren position de force et se casser rapidement,avant qu’ils ne se rendent compte que tu n’es

pas Ivanov et moi Poutine”(Vali, “Jurnalul national”)

Plusieurs journaux roumains ontrappelé dans leurs colonnes lesdémarches que leurs compa-

triotes devaient effectuer pour venir tra-vailler légalement en France. Il faut toutd'abord trouver une offre d'emploi, soitpar relation, soit par l'intermédiaired'Internet ou des petites annonces, et quele profil du demandeur corresponde àcelui défini par l'employeur, celui-ci netrouvant pas sur le marché français une

réponse à ses besoins. L'employeur doitalors remplir un dossier auprès del'ANPE (Agence Nationale pourl'Emploi), transmis à l'OMI (Office desMigrations Internationales), visé par leministère de l'Intérieur qui vérifie que ledemandeur ne possède pas des antécé-dents judiciaires ou de police.

Ce dossier est envoyé au bureau del'OMI en Roumanie, où sont remplies lesformalités pour obtenir un visa de travail,

sans passer par l'ambassade de France.Arrivé en France, le demandeur devra semanifester auprès de l'OMI qui entamerala procédure pour l'attribution d'un per-mis de travail. Si toutes les conditionssont remplies, l'ensemble de cesdémarches demandent en général troismois. Les journaux signalent qu'enFrance, ce sont les informaticiens et lestravailleurs du bâtiment qui sont les plusrecherchés.

Démarches pour travailler en France

L'association roumaine des professeurs de français,dont un certain nombre jouent le rôle de correspon-dants locaux d'Amitié-Partage en Roumanie, a sol-

licité celle-ci car elle est à la recherche de professeurs franco-phones, retraités, en congés de fin d'activité ou tout simple-ment disponibles, qui accepteraient de donner un peu de leurtemps pour aider de jeunes professeurs de français enRoumanie. Les bonnes volontés sont invitées à se manifesterauprès d'Amitié-Partage.

Par ailleurs, ces professeurs, heureux de rencontrer des

Francophones et de partager le plaisir de parler leur langue(certains ne connaissent nos pays que par les livres ou lesmédias) souhaitent constituer une bibliothèque pour leursélèves. Si vous avez des livres en très bon état, n'hésitez pas àles faire parvenir dans les écoles roumaines où ils seront lesbienvenus. On peut y ajouter des dictionnaires de français (pastrop vieux tout de même… Amitié-Partage en a reçu un datantde 1923 !).

Amitié-Partage, 46 rue de la Providence, 29 000 Quimper,France. Tel : 02 98 53 71 91.

Des professeurs francophones recherchés

Infos pratiques

Un autre élément avancé par lesinvestisseurs pour expliquer leursréticences à engager des fonds enRoumanie est le cadre perpétuelle-ment changeant de la réglementa-tion. "Ce qui était valable six moisavant, ne l'est soudain plus" expliquel'un d'entre-eux qui déclare sansambages "Si en Afrique les lois sontsouvent aberrantes, au moins nebougent-elles pas et apprend-on àcomposer avec. En Rroumanie, cen'est pas possible".

“Si en Afrique les lois sontaberrantes... au moins elles

ne changent pas.”

Deuxième minorité nationale,après les Russes, les 425 000Roumains d'Ukraine sont

confrontés à une série de mesures quiempêchent leur communauté de s'expri-mer: fermeture d'écoles et refus d'enouvrir de nouvelles, livres envoyés par

des fondations roumaines saisis à la fron-tière ou confisqués dans les établisse-ments scolaires, prêtres orthodoxes de larégion d'Odessa expulsés parce qu'ils ontfait connaître leur ralliement à l'église deBessarabie, reconnaissant le patriarcheroumain…

Difficultés pour les Roumains d'Ukraine

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A savoir

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Actualité

Progrès rapides pour les dix futurs membres de l`UE

Demande intérieure et exportations dynamiques,taux de croissance à faire rêver la "VieilleEurope": à en croire les dernières prévisions de la

Commission de Bruxelles, très critique en comparaison àl`égard des "Quinze", les dix futurs membres de l`Union pro-gressent à bon pas dans la voie du rattrapage économique.Leur poids demeure modeste - à peine l`équivalent de la seuleéconomie néerlandaise - , avec un revenu moyen par habitantde seulement 40 % de celui des "Quinze" en 2001. Mais ils ontconnu une croissance de 3,1 % en 2003, contre 0,4 % pourl`Union. Et le produit intérieur brut des Dix doit encore pro-gresser à bonne allure en 2004 et en 2005 (3,8 % et 4,2 %).

A l`exception de Malte et deChypre, tous appartenaient au bloc del`Est, la Roumanie et la Bulgarie ne fai-sant pas partie du lot qui deviendramembre au 1er mai prochain, leur inté-gration étant prévue en 2007.

Leurs efforts vers l`économie demarché ont été constants depuis ledémantèlement du Rideau de fer, en1989. Au lendemain de la chute desrégimes communistes, la première phasede la transition a été très coûteuse, entermes de pertes d`emplois, de produc-tion et de revenus. Mais les choses sesont sensiblement améliorées. Tous lescandidats ont retrouvé des taux de crois-sance positifs au fil de la décennie 1990.

"Une large partie du chemin a étéfaite, les économies se ressemblent de plus en plus, avec lamontée en puissance des activités de service" estiment plu-sieurs observateurs.

Bien que les restructurations soient allées plus ou moinsvite, selon les pays, des pans entiers de l`ancienne économieplanifiée ont été privatisés. En parallèle, l`industrie et les ser-vices se sont ouverts aux capitaux internationaux, européensen premier lieu. Assurances, mais surtout banques: on consta-te que le secteur financier est passé en grande partie sous lecontrôle d'investisseurs étrangers.

Pologne, République Tchèque ou Hongrie, les pays voi-sins de l`Allemagne ou de l`Autriche n`ont pas attendu l`élar-gissement pour bénéficier de la proximité géographique. Les

états baltes sont, eux aussi, très en forme.

Plus de 70 % des exportations vers l`UE

D`ores et déjà, plus de 70 % de leurs exportations sontdestinées à l`Union Européenne. 58 % de leurs importationsproviennent des Quinze. "La force des pays adhérents résidedans la flexibilité et la capacité d`adaptation du secteur éco-nomique. A celà s`ajoute une vraie force de travail accompa-gnée d`une qualification professionnelle solide" notait laFondation Robert Schuman , voilà un an.

Dans la perspective de l`adoption de l`euro, au plus tôt en2007-2008 pour les mieux préparés,Bruxelles se réjouit d`enregistrer de netsprogrès en matière de convergencenominale: au fil de la décennie 1990,l'inflation a été stabilisée à des niveaux àpeine supérieurs aux standards en vigeurchez les fondateurs de la zone euro:2,4 % contre 2,1 % en 2003.

Mais le chantier est loin d`êtreachevé. Bruxelles s`inquiète de la dété-rioration des équilibres budgétaires, enparticulier en Pologne,du chômage, 14,8% en 2002, et ce chiffre ne devrait pas,s'améliorer à court terme. "Bien quel`emploi dans le secteur des services aitprogressé, celà n`a pas compensé lespertes causées par les restructurationsmises en oeuvre dans les secteurs indus-

triels et agricoles" soulignait un rapport en janvier 2003. Le chômage des jeunes est deux fois supérieur à celui des

Quinze. L’agriculture est loin d`avoir achevée sa mue. Enoutre, les différentes économies investissent encore moins queleurs futurs partenaires dans la recherche et le développement.

De l`avis général, la phase de rattrapage risque encore dedurer une ou deux décennies, malgré l`impulsion donnée parl'élargissement. La mutation de l`appareil productif et lamodernisation des infrastructures ne sont pas terminées. Lesbesoins en capitaux demeurent colossaux. La Pologne, dispo-sait à la fin des années 1990 d`un réseau autoroutier plus petitque celui de la Slovaquie. En dix ans, il n`a été agrandi que dequelques kilomètres, faute de moyens.

Vie internationale

A la suite d'un accord passé entreles deux pays, les citoyens roumainspourront désormais voyager sansvisa en Suisse. Il s'agit du dernierrideau qui se lève pour qu'ils puissentaccéder librement à l'ensemble despays continentaux européens, du CapNord à Gibraltar. Seules leur restentfermer, pour l'instant, les portes desîles britanniques (Grande Bretagne etIrlande), bien que Londres laisseentendre régulièrement qu'il suppri-mera prochainement l'obligation devisa.

Mais pour une liberté retrouvée àl'Ouest... d'autres risquent de seperdre à l'Est. Pour sécuriser sesfrontières, dans le cadre de sonaccession à l'UE, en 2007, laRoumanie va exiger, à son tour, desvisas pour les Russes et lesUkrainiens entrant sur son territoireainsi que pour les Turcs, à moins queceux-ci ne disposent d'un visaSchengen sur leur passeport. Cesmesures doivent entrer en applica-tion, respectivement le 1er avril et le1er juin 2004. En rétorsion, lesRoumains doivent s'attendre à devoirdemander également un visa pour serendre dans ces pays.

Les frontières se ferment égale-ment, peu à peu, pour les citoyens dela République Moldave sœur. Alorsque ceux-ci pouvaient circuler libre-ment jusqu'à l'an passé enRoumanie, ils doivent désormais pré-senter un passeport. A partir de ce1er janvier, les Moldaves sont obligésde préciser l'objet de leur voyage etdisposer d'une somme de 500 €. En2007, l'obtention d'un visa leur seraobligatoire, la Roumanie entrant dansl'Espace Schengen.

Les 85 employés roumains de l'antenne de l'Union Européenne à Bucarest ont observé unegrève d'avertissement à la fin octobre pour obtenir que leurs salaires ne soient plus versés endollars mais en euro, dont le cours est devenu plus avantageux. Fin novembre, le cours de

l’euro franchissait le seuil des 40 000 lei, alors que le dollar plafonnait aux environs de 33 000 lei. Lesobservateurs se sont amusés du fait que Bruxelles continue à payer son personnel en monnaie américai-ne, deux ans après l'introduction de sa rivale européenne, dont elle est chargée d'assurer la réussite et lapromotion.

L'euro victime de son succès

Depuis le 3 novembre dernier, les tarifs postaux roumains ont augmenté de21 %. Désormais, il en coûte 4000 lei (0,1 €, 0,65 F) pour envoyer unelettre de moins de 20 g à travers le pays, 2000 lei pour une carte postale,

6000 lei (0,15 €, 1 F) pour une lettre recommandée, et 4000 lei par kilo pour un colis.Les lettres pour l'étranger de moins de 20 g sont taxées à 16 000 lei (0,4 €, 2,60 F).

+ 21 % pour les tarifs postaux

La Grande-Bretagne, avec l'Irlande, reste le dernier pays européen auquel lescitoyens roumains n'ont pas accès librement, devant solliciter l'obtentiond'un visa, puisque ces deux états ne font pas partie de l'Espace Schengen.

Pourtant, lors de la dernière visite de dirigeants britanniques dans la capitale roumai-ne, Bucarest avait espéré que cet obstacle serait prochainement levé. Tout sourire, aumoment de la guerre d'Irak et trop content d'enfoncer un coin dans les relations fran-co-germano-roumaines qui traversaient une phase délicate à ce moment-là, Londresavait assuré la Roumanie de son appui et s'était déclaré favorable à l'ouverture pro-chaine de ses frontières, laissant entendre que l'échéance pourrait se situer en 2004.

Les Roumains devront déchanter. L'ambassadeur de Grande-Bretagne a indiquéque cette perspective ne pourrait prendre corps que lorsque le problème des entréesillégales serait réglé, la renvoyant à plusieurs années en ajoutant que, de toutes façons,son pays serait obligé de lever cette entrave à la libre circulation en 2007, si laRoumanie devient membre de l'UE. Selon les estimations, l'entrée annuelle de clan-destins roumains sur le sol britannique est passée de 2200 en 2000 à 1500 en 2002.

Visas toujours obligatoirespour la Grande-Bretagne

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Répondant à des suggestions de lecteurs, et aussi à une demande manifestede Roumains de Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvelles deRoumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leurpays, mais n'ont toutefois pas les moyens de s'abonner, nous lançons la formule"Abonnez vos amis roumains".

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Scène de joie à Varsovie après la victoire du “oui”, au référendum

entérinant l’adhésion de la Pologne à l’UE.

Sans visa en Suisse

Leur poids économique cumulé représente à peine celui des Pays Bas

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L'ancien ministre de l'Intérieur bri-tannique, Michael Howard, 62 ans, aété désigné par ses pairs du PartiConservateur pour prendre sa tête, àla suite de la démission de Ian DucanSmith. Le nouveau leader del'Opposition de Sa Majesté, quideviendrait automatiquement Premierministre si son parti remportait lesélections prévues dans deux ans etdemi, est d'origine roumaine. Sonpère, Bernard Hecht, Juif, avait quittéla Roumanie en 1939 pour laGrande-Bretagne, s'y mariant, angli-cisant son nom, Michael naissant en1941.

DEVACLUJ

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CHANGE*( en lei )

Euro 40 644Franc 6 208 Franc belge 1008

Franc suisse 26 225Dollar 33 200Forint hongrois 155

*Au 17 décembre 2003

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,pour un an / 6 numéros, port compris

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8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France

Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 21, janvier - fevrier 2004

Très attendu, le rapport de pays de l'UE sur l'état de la Roumanie, rendupublic fin octobre, n'a apporté aucun élément qui ne soit déjà connu, repre-nant toutes les critiques déjà émises par Bruxelles et les autres organismes

internationaux (voir les numéros précédents des Nouvelles de Roumanie).Corruption, réformes trop lentes, manque de transparence, administration trop lourde,figurent parmi les principales tares de la gouvernance roumaine, l'UE louant toutefoisles efforts entrepris pour y remédier mais indiquant qu'ils n'entraient que trop diffici-lement en application.

Bucarest se montrait impatient de sevoir reconnaître le statut d'économie demarché, à l'instar de la Bulgarie, qui se l'é-tait vu accordé l'année précédente. Legouvernement a dû déchanter, le rapport,dans une formule alambiquée et diploma-tique, visant à ménager les susceptibilités,évoquant un pays sur la voie de l'écono-mie de marché. Dans un Premier temps, lePremier ministre a crié victoire, avant definalement admettre que le compte n'yétait pas. Il faut rappeler que les USA ontreconnu à la Roumanie ce statut, aumoment du déclenchement de la guerre enIrak, pour s'assurer de son soutien et de saparticipation… mais ont fait marche arriè-re, une fois ceux-ci acquis.

Le principal était toutefois que laporte ne soit pas fermée pour l'adhésionde la Roumanie à l'UE, en 2007, maiscelle-ci a été invitée à redoubler d'efforts.A suite de la publication du rapport, la Bulgarie a réitéré sa demande de voir sa can-didature de l'UE traitée indépendamment de celle de sa voisine, estimant que celle-cirisquait de lui faire perdre au moins dix-huit mois, mais elle s'est heurtée à une fin denon-recevoir de Bruxelles qui a maintenu le même échéancier pour les deux pays.

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901

Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94Fax: 02 40 49 79 49E-Mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Bernard Camboulives, Noël Tamini,Martine et Jean Bovon-Dumoulin,Aline Nogues, Dodo Nita, MariaTronea, Alvaro Rocchetti, LianaLungu, Elena Ovidiu.

Autres sources : agences de presseet presse roumaines, françaises etfrancophones, télévisions rou-maines, sites internet, fonds dedocumentation ADICA

Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1102 G 80172ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro : mars

VASLUI

SINAIA

Un Roumain à la têtedes conservateurs britanniques

Le statut d'économie de marché toujours

pas reconnu par Bruxelles

La Roumanie siège à partir du 1er janvier 2004, et pour une période de deuxans, au Conseil de Sécurité de l'ONU, remplaçant la Bulgarie. Un tiers desquinze membres non permanents du Conseil sont renouvelés chaque année,

leur choix étant effectué par les groupes régionaux des pays et s'étant révèlé, pour lapremière fois unanime. Ainsi, l'Algérie remplace la Guinée pour l'Afrique du Nord; le

Bénin, le Cameroun; leBrésil, le Mexique; lesPhilippines, la Syrie.La fin 2004 marqueral'échéance des mandatsde l'Angola, du Chili,de l'Allemagne, del'Espagne ainsi que du

Pakistan. Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, avec droit de veto,sont la Chine, les USA, la Russie, la France et la Grande-Bretagne.

La Roumanie membre du Conseil de Sécurité de l'ONU

Bruxelles à Adrian Nastase: “On regrette, on ne peut pas vous accorder le statut

d’économie de marché fonctionnelle, mais on vous donne celui de corruption

fonctionnelle sans aucun problème.” (Vali, “Jurnalul National”).

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(* dans la limite, au total, de quatre personnes)

Le chef du Parti conservateur acommencé sa carrière politique en1983, comme député, devenantministre sept ans plus tard. Il s'esttaillé une réputation de dur du gouver-nement, dans la lignée de MargaretThatcher, introduisant les prisonsprivées, s'opposant à l'intégrationeuropéenne, luttant contre l'immigra-tion. Il est aussi le père de la fameuse"Poll Tax", taxe d'habitation qui mettaitsur un même pied les contribuables,quelque soient leurs revenus. Le gou-vernement Major avait été obligé dereculer devant la vague d'indignationsoulevée par ce projet.

Page 52: SOMMAIRE - LES NOUVELLES DE ROUMANIE · 2010-11-22 · 5 2 C e n'est pas toujours dans les bandes dessinées que l'on trouve les personnages les plus étonnants. Dodo Nita en est

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Ce n'est pas toujours dans les bandes dessinées quel'on trouve les personnages les plus étonnants.Dodo Nita en est un exemple vivant. Enfant, il a

appris le français en déchiffrant son "Pif-gadget" qui lui arri-vait d'au-delà du Rideau de fer. Un peu plus grand, il l'a per-fectionné en parlant d'Astérix et Tintin avec des ingénieursenvoyés par Citroën pour installer dans sa ville de Craiova les chaînes de montage de l'usineOlcit, produisant ces épouvantables caricatures des Visas : la BD était le seul sujet de conver-

sation qui pouvait échapper à la vigilance de la Securitate.Le jeune homme, devenu étudiant à la Faculté de

Sciences économiques de Craiova et aujourd'hui, à 39 ans, toujours fidèle à sa ville où il est chef-comptable à la SNCF roumaine, s'était ainsi transformé en spécialiste de la bande dessinée maisaussi en grand francophone. La "Révolution" décupla son énergie et sa soif d'en savoir plus.Dodo - prénom hérité de sa mère, subjuguée par un personnage de théâtre le portant - fouilla,chercha et découvrit que la BD roumaine avait eu aussi son âge d'or, dans les années trente. Chezles antiquaires, il retrouva l'essentiel des BD publiées dans son pays, près de 80 albums sur unecentaine, ce qui fait qu'il possède la bibliothèque la plus riche de Roumanie dans ce domaine.

Dès 1991, il lui redonna vie, créant le premier salon de la BD roumaine, qui en est à sa12ème édition, et dont il est le directeur, comme il est président des bédéphiles roumains. Lamanifestation attire bon an-mal an 5000 passionnés, dans un pays où le genre n’est pas considérécomme majeur. Pour réussir son pari, Dodo avait une carte en main : sa francophilie qui l'a faitdevenir secrétaire et trésorier de l'Alliance Française de Craiova et lui a assuré l'appui de la mou-

vance francophone, ambassade comprise. Celle-ci n'a pas eu à s'en plaindre: la jeune génération de dessinateurs roumains et descaricaturistes, souvent issus des concours organisés par le salon, est aujourd'hui imbibée de l'esprit de la BD franco-belge.

Préfaceur d'un roman de San Antonio et grand admirateur de Jules Verne

Dodo avait une autre idée en tête. A force de tourner et retourner les pages du Sceptre d'Ottokar et de L'affaire Tournesol,une évidence s'imposait : Tintin était bien venu en Roumanie. Il travailla d'arrache-pied pour retrouver des preuves de son passa-ge, en fit une brochure-plaidoirie et une remarquable exposition qui a déjà circulé dans plusieurs villes européennes. Devenu "tin-tinologue", reconnu et apprécié par les experts bruxellois, le Craiovean, dont la réputation dépassait désormais les frontières de sonpays, fut convié à participer aux plus grands salons de la BD européenne : Angoulême, Charleroi, Luxembourg, Turin, Grenoble,Lisbonne… Sur place, sa paie de cheminot ne lui permet pas d'acheter les ouvrages dont il rêve. Qu'importe ! Devenus son ami,les plus grands dessinateurs lui remettent un dessin original qui lui est spécialement destiné (voir ci-dessus) A faire pâlir de jalou-sie le plus riche des collectionneurs…

La soif de Dodo de tout connaître sur l'histoire de la BD et de la Roumanie est inextinguible. Il a ainsi découvert que Pelos,en 1976, avait fait venir les Pieds Nickelés à Bucarest, à l'occasion d'un match de rugby. Le trio infernal s'était perdu… pour seretrouver dans le château de Dracula où, les poches vides, il se déguisait en vampires pour se faire de l'argent en faisant peur auxtouristes. Dans le sens inverse, il prépare un dictionnaire des personnages roumains dans la BD française, où ceux-ci on fait leurapparition dès 1942, pour culminer avec l'album La Fille aux ibis, de Lax et Giroud (Editions Dupuis) dont l'action se déroulependant la "Révolution" de décembre 1989.

Dodo Nita s'intéresse aussi au roman policier. Il a préfacé un roman de San-Antonio; Frédéric Dard, bien que n'ayant jamaismis les pieds en Roumanie, est un auteur très apprécié des jeunes, l'argot de 80 de ses livres ayant été adaptés en roumain. Simenonet Boileau-Narcejac sont également traduits. Gérard de Villiers a campé une action de SAS en Roumanie. Mais son écrivain fétichedemeure Jules Verne, dont il possède la collection complète des œuvres et au sujet duquel, il achève de préparer une expositionconcernant ses personnages repris dans la bande dessinée européenne.

Pas étonnant que ce grand francophile soit devenu en mai 2000, à l'âge de 36 ans, l'un des plus jeunes chevaliers dans l'ordredes Palmes académiques, sur décision de Jack Lang, alors ministre de l'Education nationale.

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Numéro 21 - janvier - février 2004

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

En 2004, les Roumains vont être appelés à renouveler tout le personnel poli-tique, des maires au Président de la République. Si, trois ans après sonretour aux commandes la majorité caracole en tête des sondages avec un

score supérieur à celui des élections de 2000, cette performance ne doit pas faire illu-sion… Le gouvernement enregistre là le bénéfice de succès internationaux : l'adhé-sion à l'OTAN, la marche vers l'UE et l'ouverture des frontières de l'Espace Schengen.

Mais la réalité est autrement ressentie: celle d'un pouvoir qui a laissé se dévelop-per la corruption et étendu son emprise sur tous les rouages de la société, dans un paysenfoncé dans la crise et la pauvreté, qui ne voit son avenir qu'en regardant vers l'exté-rieur. Nombre d'observateurs estiment que les Roumains ne croient plus en rien, sontamorphes - établissant un parallèle avec la période précédant la chute de Ceausescu -ou bien choisissent de partir. Certains anticipent le comportement d'électeurs, dont ledésarroi moral est aggravé par la faillite d'une opposition qui n'arrive pas à se remettrede sa débâcle du précédent scrutin et à apparaître comme une alternative.

Il leur restera alors la tentation Vadim Tudor. Arrivé deuxième, derrière IonIliescu, en 2000, avant d'être balayé au second tour, le candidat ultra-nationaliste avaitfait frémir tous les démocrates du Vieux Continent. Aujourd'hui, sans avoir mené decampagne, et alors qu'il est boudé par les médias, ce démagogue xénophobe est cré-dité de 28 % des intentions de vote et talonnerait Adrian Nastase.

Le renouvellement du scénario de l'élection précédente -affronter au second tourun candidat repoussoir - paraît tenter le gouvernement, qui s'acharne à déconsidérer lesleaders de l'opposition démocratique. Mais, c’est jouer avec le feu. De nombreux élec-teurs démocrates préféreront s'abstenir plutôt que de rallier une seconde fois un pou-voir exécré, et Corneliu Vadim Tudor apparaît comme un homme neuf. Même si sonitinéraire passe par la Securitate, le Parti communiste, la Nomenklatura, une anciennecollaboration avec Ion Iliescu, et si l'origine de sa fortune demeure inconnue. Pour unebonne partie des Roumains, il est celui qui dénonce la corruption, l'Etat omnipotent etarrogant, celui qui incarne la poigne de fer qui peut remettre de l'ordre dans le pays.

Aujourd'hui, le risque n'est plus seulement de le voir figurer au second tour, maistout bonnement élu. Si, d'aventure, l'UE avait la mauvaise idée de repousser l'échéan-ce de l'entrée de la Roumanie, prévue en 2007, comme des voix le suggèrent, ou decéder aux pressions autrichiennes demandant le rétablissement des visas Schengenpour les Roumains, les replongeant dans l'isolement et le désespoir… alors, les élé-ments seraient réunis pour que 2004 soit l'année de tous les dangers.

Henri Gillet

L'année de tous les dangers2 à 6

7 à 1011 à 1314 à 16

17 à 2324 à 27

282930

31 et 3233

34 à 3738 à 41

4243

44 et 4546 à 4849 à 51

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Dodo, dévoreur de BD,de Tintin, Astérix et Pif...chevalier dans l'ordredes Palmes académiques