souvenirs d'un outilleur (2), 1985, tome 5, n 30, p.272-283.pdf

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 Section d’Histoire des Usines Renault 27, rue des Abondances 92100 BOULOGNE BILLANCOURT  tél. : +33 (0) 146 05 21 58  L ’article suivant a été publié dans le Bulletin de la section d’Histoire des Usines Renault, tome 5, Juin 1985, N°30, 272-283. A vec l’autorisation de la Section d’Histoire des Usines Renault, il est disponible sur http://www .gmm.insa- tlse.fr/~rabut/bezier  Sa reproduction est soumise à l’autorisation de la Section d’Histoire des Usines Renault  The following paper was published in Le Bulletin de la Section d’Histoire des Usines Renault , tome 5, Juin 1985, N°30, 272-283. With the kind authorization of the Section d’Histoire des Usines Renault, you can get it at http://www.gmm.insa-tlse.fr/~rabut/bezier  It may not be repr oduced without the authorization of the Section d’Histoire des Usines Renault  http://www-gmm.insa-toulouse.fr/~rabut/bezier/DocumentsBe... 1 sur 18 04/02/2014 13:58

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  • Section dHistoire des Usines Renault27, rue des Abondances92100 BOULOGNE BILLANCOURT tl. : +33 (0) 146 05 21 58 Larticle suivant a t publi dans le Bulletin de la section dHistoire des Usines Renault, tome 5, Juin 1985,N30, 272-283.Avec lautorisation de la Section dHistoire des Usines Renault, il est disponible sur http://www.gmm.insa-tlse.fr/~rabut/bezier Sa reproduction est soumise lautorisation de la Section dHistoire des Usines Renault The following paper was published in Le Bulletin de la Section dHistoire des Usines Renault, tome 5, Juin 1985, N30, 272-283.With the kind authorization of the Section dHistoire des Usines Renault, you can get it athttp://www.gmm.insa-tlse.fr/~rabut/bezierIt may not be reproduced without the authorization of the Section dHistoire des Usines Renault

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  • Suite 2

    Aprs la 4 CV, la Dauphine Problmes Parmi les pices mcaniques de la Dauphine qui devaient tre fabriques Billancourt, beaucoup nousposaient de nombreux problmes. La premire difficult rsultait de l'augmentation de la cadence qui devait tre au moins double, et sansdoute triple, de celle que nous avions atteinte avec l'quipement de 1946. D'autre part, le Bureau des tudesavait, depuis 1947, augment peu peu la puissance du moteur, et nous n'avions pas toujours pu amliorerla prcision de certaines pices autant qu'il l'aurait souhait ; en effet, cela aurait exig des travaux qu'iln'aurait pas t possible d'accomplir sans ralentir, ne ft-ce que pendant quelques semaines, la cadence deschanes de fabrication, ce qui tait absolument hors de question ; il fallait donc que les nouveauxquipements donnent satisfaction aux dsirs du Bureau des tudes (fig. 1). Les enseignements tirs de huit ans de pratique taient notre atout majeur car l'exprience, disait Socrate, neconsiste pas tant se souvenir de ce que l'on a fait qu' savoir pourquoi on n'aurait pas d le faire. Beaucoup des pices principales possdent leur histoire propre, dont l'vocation rajeunira de trois dcenniesles survivants de ceux qui en furent les acteurs. Carter-cylindres Structure de la chane L'atelier mis en service en 1947 comportait une vingtaine de postes dont six taient constitus par desmachines-transferts ; auprs de chacun, il fallait disposer une rserve de pices afin de ne pas bloquer toutl'ensemble au moindre incident. Chaque pice tait donc au moins vingt fois pose sur le sol et reprise ; cela correspondait six millemanuvres quotidiennes, au cours desquelles une dizaine de pices se trouvaient endommages de faonirrparable, en particulier par la rupture de la barrette trs mince qui ferme le carter d'embrayage (fig. 2).Pour regrettable que cela ait pu tre, il fallut bien admettre que cette proportion ne pourrait tre rduite quepar l'installation d'appareils automatiques de manutention ; cette dcision tait d'autant plus invitable que lanouvelle cadence aurait inflig aux oprateurs une fatigue excessive et caus un accroissement du taux des

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  • rebuts et des dpenses correspondantes. De toutes les machines-transferts de 1947, une seule atteignait douze mtres de long car nous n'avions pasvoulu prendre le risque de les quiper d'un trop grand nombre d'outils, craignant de subir trop d'arrts pourcause de rupture d'un foret ou d'un taraud. Mais l'exprience acquise pendant la fabrication de la Frgatenous avait montr que nous pourrions sans grand danger doubler au moins cette longueur... (fig. 3).

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  • Tableaux de bord A quelques exceptions prs, le rle des oprateurs se ramnerait surveiller un groupe de machines et procder, en cas d'usure prmature ou de rupture, au remplacement d'un outil. Dans ces conditions, lamain-duvre serait clairseme et ne pourrait voir ni entendre les phnomnes annonciateurs de dfaillance. I1 faudrait donc munir chaque poste d'un tableau de bord sur lequel des voyants lumineux indiqueraient laposition des organes-verrous, guides, units d'usinage ou de contrle, jauges de mesure, etc. - intervenantdans les conditions de scurit lies au fonctionnement gnral. Ainsi, la cause d'un arrt serait vitelocalise et l'on pourrait y remdier sans dlai. Scurit Les chanes installes en 1947 avaient fonctionn dans de satisfaisantes conditions de scurit mais lenouvel quipement devait, sur ce point, tre muni de dispositifs beaucoup plus perfectionns. On allait ytrouver quatre cents moteurs lectriques et des dizaines de vrins capables de dmarrer spontanment dsque les conditions ncessaires seraient remplies ; les vitesses de dplacement des organes mobilesatteindraient parfois un mtre par seconde. Il ne suffirait pas d'afficher de strictes consignes, mais il faudraitaussi viter que l'on puisse pntrer entre les machines et dans le rseau des convoyeurs sans que la sectioncorrespondante ait t mise hors circuit ; on installa des barrires munies d'interrupteurs autour de la chaneet comme, en matire de scurit, il faut prvoir mme l'imprvisible, on fit courir, le long de chaquemachine, un fil tendu auquel il suffisait de toucher pour couper l'alimentation lectrique. La scurit ne peutjamais tre absolue, mais je crois que le taux des accidents corporels dans cet atelier est rest trs faible.

    Fig. 4 - Schma de l'atelier ; la machine d'assemblage des chapeaux de paliers ne figure pas sur ce trac prliminaire.

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  • Fig. 5 Magasins-transporteurs pour les pices ( gauche) allant de la 4` la 5` machine-transfert et pour les montages ( droite)porte-pices revenant vides de la 4` la 2` machine-transfert.

    Transporteurs L'atelier fut constitu par douze chanes-transferts et une dizaine de machines lmentaires (fig. 4) ; il fallutdonc intercaler une quinzaine de transporteurs rouleaux commands (fig. 5 et 6) contenant les rservesncessaires. La capacit de chacun devait tre proportionne la dure probable des arrts imprvus de lamachine qui le prcdait. Il tait entendu que le nettoyage, l'entretien prventif et l'change systmatiquedes outils auraient lieu pendant le temps d'arrt des repas ou durant les heures de nuit. Pour dcider quelleserait la capacit de chaque transporteur, nous ne pouvions nous fonder que sur un raisonnement simple :une heure d'arrt d'une chane d'usinage peut entraner des dpenses leves si cela paralyse une ligned'assemblage du moteur et plus encore celle des vhicules. Ce prix est beaucoup plus lev que l'intrt du capital que reprsente une rserve de pices. D'ailleurs, rienn'empcherait, plus tard, d'arrter automatiquement le fonctionnement d'une machine, ou d'un groupe,lorsque la rserve suivante contiendrait une quantit de pices juge satisfaisante. On doit observer cependant que les frais d'amortissement d'une machine sont les mmes, qu'elle tourne ouqu'elle soit l'arrt, et qu'ils sont bien plus levs que les dpenses relatives l'usure des outils et l'nergieconsomme ; dans ces conditions, il semble prfrable de faire dbiter les machines leur rythme maximal,et d'arrter toute la chane lorsque la production prescrite est atteinte, afin d'affecter le personnel une autretche pendant le temps rsiduel.

    Recherche oprationnelle Il fut donc propos, en premire analyse, que chaque transporteur pourrait contenir environ deux centspices, ce qui correspondait une autonomie de deux heures. Or, pendant la guerre, une thoriemathmatique s'tait dveloppe, sous le nom de Recherche Oprationnelle, afin d'optimaliser, par exemple,le rendement d'un systme de transport ; elle jouissait d'une certaine faveur, tel point qu'un service avaitt cr pour traiter de cette sorte de questions. Respectueux de l'ordre tabli, je le sollicitai pour qu'il nous conseille ; j'avais signal la nature et le nombreapproximatif des outils que porterait chaque machine, ainsi que la nature des oprations de prcision qu'elleexcuterait ; n'ayant reu aucune rponse au bout de plusieurs semaines, je me permis de rappelerdiscrtement ma requte ; renversant adroitement la situation, l'on me demanda quelle tait la solution que

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  • nous avions imagine par nous-mmes en attendant le verdict des spcialistes ; c'est elle que l'on nousconseilla d'adopter, et je ne saurai jamais si les rsultats de savants calculs avaient concid avec ceux denotre intuition ou si l'on nous avait tout simplement laiss la responsabilit de la dcision. Enqute Un peu plus tard, alors que la chane avait, au prix de quelques efforts, atteint le rythme prvu, la Directiondes Fabrications dcoupla ses limiers pour qu'ils examinent si l'ampleur des rserves n'tait pas excessive, etles transporteurs plus longs qu'il n'tait indispensable.

    Fig. 6 - Magasin-Transporteur conduisant les ensembles pice-montage de la 3` la 4` machine-transfert. L'enqute avait t lance sans que l'on ait cru utile de m'en informer, ni que l'on m'en communiqut ensuiteles conclusions. Ment-on fait l'honneur de me tenir au courant, j'aurais fait respectueusement observer quele prix des pices en rserve ne pouvait pas mme atteindre le centime de la valeur de l'investissement enmachines et que sa variation pouvait agir, au mieux, sur le troisime chiffre du prix de revient. Peut-tremme me serais-je enhardi demander si l'on avait observ que les rebuts occasionns par la rupture de labarrette du carter d'embrayage avaient totalement disparu et qu'une estimation prudente de cette conomiemontrait qu'en moins d'un semestre elle avait pay la totalit des transporteurs. On peut remarquer aussique, cinq ou six ans aprs Billancourt, cette solution s'est rpandue parmi les draines des U.S.A. Peut-tre y avait-il meilleur usage faire du temps et des appointements consacrs cette vrification aposteriori. Mais ne fallait-il pas aussi donner de l'occupation aux aides de camp qui tranaient leurssabretaches et leurs aiguillettes dans les antichambres des Grands Bureaux ? L'Inspection des TravauxTermins est un emploi, ou une vocation, dont les risques sont limits. Points de dpart La premire opration d'usinage consistait fraiser sept points d'appui afin de situer correctement lessurfaces prcises par rapport aux formes brutes de fonderie. Nous n'avions pu, cause de la relativeflexibilit de la pice, nous conformer aux rgles thoriques de l'isostatisme qui interdisent de dpasser sixconditions.

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  • Les machines qui accomplissaient ce travail taient places dans l'atelier d'barbage, cest--dire sousl'autorit des fondeurs. En effet, les boites noyaux et les modles n'tant pas parfaitement identiques, ilfallait que les pices soient classes par lots homognes issus d'un mme outillage et que le rglage desmachines soit adapt chaque changement de lot, ce qui ne pouvait videmment s'effectuer que par lessoins des fondeurs. Mme en rduisant au minimum le nombre des tapes intermdiaires, on ne pouvait esprer empcher demlanger parfois les lots, et cela promettait de srieuses difficults quand les cadences seraient accrues.Henri Perchat, directeur des Forges et Fonderies, aid de Roger Millot, patron du modelage et de jeanFauquembergue, responsable de l'atelier de fonte, fit ajuster les modles et les boites et perfectionner lesmatriels de remmoulage, si bien que, d'une pice l'autre, les variations ne dpassrent pas quelquesdiximes de millimtre. La ncessit du rglage ayant disparu, les machines purent tre installes en tte dela chane d'usinage, dont l'ambiance tait, pour leur sant, bien prfrable l'atmosphre quelque peuabrasive de l'atelier d'barbage. Fraiseuses-tambour La deuxime opration, le fraisage des faces suprieures et infrieures, s'excutait sur trois grossesfraiseuses du type " tambour ", tudies jadis par Paul Legrand, joseph Roustan et Ulysse Bancel ; ellestaient si solides qu'elles avaient rsist huit annes de travail intensif ininterrompu, mais elles avaientl'inconvnient de se prter mal au montage et l'vacuation automatique des pices ; j'aurais t biencontent si elles avaient t uses jusqu' la corde, ce qui nous aurait laisss libres de les remplacer par unemachine entirement automatique ; mais elles avaient, hlas! une sant insolente et il fallut nous rsigner prolonger leur carrire. A l'heure o j'cris, vingt-huit ans plus tard, je crois qu'elles ont toujours, si l'on ose ainsi dire, bon pied bonoeil et l'on pourrait, premire vue, se fliciter de les avoir aussi largement amorties. Mais en yrflchissant d'un peu plus prs, on doit observer qu'elles ont exig chacune la prsence d'un oprateur, cequi reprsente, pour un travail en double quipe, cent soixante-huit annes de salaires et de charges sociales,alors que la machine accomplissant le mme travail dans la chane du moteur de neuf cent cinquantecentimtres cubes, Clon, fonctionne sans surveillance. Si l'on avait os prvoir que le moteur de la " 4 CV " serait fabriqu pendant une quarantaine d'annes, larforme des trois machines, qui auraient peut-tre mme trouv acqureur, aurait t en 1955 une oprationhautement profitable, alors que leur maintien est classer parmi les conomies dispendieuses. Sans faire un grand effort d'imagination, je crois entendre les clameurs d'indignation qui auraient accueilli,en ce temps, la proposition de sacrifier ces pauvres fraiseuses sur l'autel d'un progrs pour lequel on n'avaitpas encore invent le mot " productique ". Le retard a t rattrap, au moins en ce qui concerne levocabulaire.

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  • Fig. 7 - Machine-transfert n 3 au premier plan, poste de basculement et de lavage de l'ensemble pice et montage.

    Fig. 8 - Vue partielle des machines-transferts n^ 2, 3 et 4. En raison des difficults de circulation pour les rgleurs, cette zoneavait t baptise " la jungle ".Fig. 10 - L'Araigne, vue de dtail.

    Fig. 9 - L'Araigne, au poste de chargement des pices l'entre de la machine-transfert n 2.Fig. 11 - Poste de sortie de la machine-transfert n 4 ; la seconde Araigne a extrait la pice du montage ( gauche) et va la

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  • dposer l'entre du magasin-transporteur qui relie les machines-transferts n" 4 et 5.

    Suite de la gamme Le reste de la gamme d'usinage se composait principalement d'oprations de perage, de taraudage etd'alsage. La solution vidente rsidait en l'emploi de machines-transferts (fig. 7 et 8) et d'units d'usinage commande lectromcanique dont les preuves taient faites depuis longtemps. Les pices furent fixes surdes plateaux normaliss, ce qui, la fois, simplifiait le travail du Bureau d'tudes des OutillagesMcaniques (B.E.O.M.) et assurait la rcuprabilit des lments de chanes puisqu'ils taient strictementinterchangeables ; pour les oprations de fraisage des grandes faces dont le temps d'excution dpassait lalimite assigne, on utilisa une machine double pas. Chargeurs automatiques Pour dposer et fixer les pices sur les plateaux, pour les vacuer et pour les engager sur les transporteurs,on tudia des appareils de manutention entirement automatiques. L'ingniosit et le savoir de l'quipe, conduite par Marcel Vitoux, second par Witold Winiewski et jeanFigour se donnrent libre cours ; en raison du mouvement accompli par un des appareils, les gens de l'atelierl'appelrent " l'araigne " (fig. 9, 10 et 11) ; un autre fut baptis " le coup de pied la lune ", qui est le nomfamilier, dans l'argot des plongeurs, donn au saut avant renvers carp ; personne n'avait song employerle mot de " robot ", ce qui nous a certainement privs d'inscrire notre nom au palmars des inventeurs ; lestechniciens s'intressent plus innover dans le domaine de leur mtier que dans celui de la linguistique ; ilsuffisait notre plaisir et aussi, pourquoi ne pas le dire ?, notre amour-propre de professionnels, deconstater qu' cette poque Pierre Debos recevait chaque anne la visite de quelques hauts dirigeants de laGeneral Motors Corporation qui jugeaient que " cela mritait le dtour " de venir jeter un long coup dilsur les nouveauts de Billancourt o l'on russissait, quant aux mthodes d'usinage, conserver quelquesannes d'avance sur Detroit ; un autre de nos visiteurs assidus tait Ralph Cross, vice-prsident de la CrossGear Company, spcialise dans la fabrication des machines-transferts, et que le gnral Eisenhower, alorsprsident des tats-Unis, avait appel prs de lui comme conseiller technique.

    Fig. 12 - Machine-transfert n 5 ; on aperoit le fil de scurit ainsi que le foret de 2 mm, au premier plan.

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  • Fig. 13 - Machine-transfert n 7, dite " Tombeau gyptien ". L'tude des douze machines-transferts qui constituaient la majeure partie de la chane tait pour nous unexercice relativement classique, mais on y trouvait cependant quelques problmes particuliers qui vont trevoqus maintenant. Forets fragiles Sur la cinquime machine-transfert (fig. 12), il fallait percer, tout au fond de trous fort profonds, desajutages de deux millimtres destins en principe doser le dbit de l'huile de graissage des portes del'arbre cames ; il tait craindre que le foret se rompe parfois, mais il ne fallait pas songer employer unejauge de vrification aussi petite, qui se serait tordue au moindre effort ; la broche de perage fut munied'une lamelle mtallique flexible articule qui, la fin de chaque cycle, venait tter la pointe du foret, ce quidclenchait un signal lectrique en vrifiant que l'outil tait toujours en bon tat. Le Tombeau gyptien Le fraisage de finition de la face infrieure devait s'effectuer sur la huitime machine-transfert ; GastonBoulet fut charg de dessiner un coulisseau muni de deux broches verticales et se dplaant sous une poutreplace en travers de la chane (fig. 13). En raison de la dure de l'opration, il fallait usiner deux pices la fois et, de plus, il fallait viterd'effectuer le retour du chariot, ce qui aurait augment le temps mort ; la machine devait donc travailleralternativement dans un sens puis dans l'autre. Cela posait un problme que connaissent bien les fraiseurs une machine broche verticale ne doit, saufexception, travailler que dans une seule direction ; pour que l'outil ne " talonne " pas, la broche est inclinede quelques secondes d'angle (*) par rapport la verticale ; dans notre cas particulier, puisque la machinedevait fonctionner aussi bien l'aller qu'au retour, il devenait impratif d'viter toute usure ou flexion dansle guidage du chariot ; le respect de cette condition se vrifiait d'un seul coup d'oeil : les traits d'usinagedevaient se croiser.

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  • (*) Un angle d'une seconde correspond une pence d'un demi centime de millimtre par mtre ou, si l'on prfre, de cinq millimtres par kilomtre.

    Il existe une diffrence fondamentale entre certaines obligations imposes au Bureau des tudes et cellesauxquelles est soumis celui qui conoit les outillages : le premier doit allger ses pices autant qu'il estpossible, mais il a le droit d'effectuer des essais et mme de casser quelques prototypes ; pour le second, illui faut russir du premier coup ; en revanche, la lgret n'est pas une condition trs stricte sauf pour lespices, rares il est vrai, soumises de fortes acclrations. La poutre suprieure portant les glissires fut donc gnreusement dimensionne, ce qui valut la machined'tre surnomme, par la malice des oprateurs, le Tombeau gyptien ; mais, gyptienne ou pas, elle tint lacadence et croisa les traits. Sa robustesse apparence n'avait pas chapp au regard de gens dont le directeur gnral des Fabricationsfaisait ses conseillers personnels et dont certains avaient plus d'exprience pratique que de connaissancestechniques et scientifiques. Leur dvouement la prosprit de la Rgie leur fit un devoir d'attirer, de faonaussi discrte que charitable, l'attention de notre directeur gnral sur ce point et, toute occasion, il m'enfaisait le reproche ; lass par la monotonie de cette observation, je lui proposai respectueusement de retenirsur mes appointements le prix de l'excdent de fonte, dont je lui laissai le soin d'valuer la masse, ce qui ledispenserait de m'en parler l'avenir. Je crains bien que cela ait t pris pour une manifestation de mauvaiscaractre plutt que pour une marque de la contrition parfaite dont l'glise fait un prlude l'absolution. Le 30 septembre 1975, jour de mon dpart en retraite, je suis all seul, une dernire fois, revoir les machinesqui avaient tenu une si grande place dans ma vie ; lorsque je suis pass ct du Tombeau gyptien, j'aiconstat que, vingt ans aprs sa mise en service, pendant lesquels il avait subi une seule rvision, il croisaitencore les traits. Variantes Plusieurs variantes du moteur firent leur apparition au cours de son existence : embrayage magntique, filtre huile spcial, circuit d'eau pour petit vhicule utilitaire, etc., et cela ncessitait l'excution de perages, delamages et de taraudages supplmentaires. Alors que la chane tait dj en service, il fallut installer desunits d'usinage des emplacements que nous avions, par prudence, laisss vacants et l ; elles taientautomatiquement mises en action lorsque la pice situe devant elles possdait les caractristiques requises.La chane pouvait donc produire indiffremment quatre sortes de pices ; quinze ans plus tard, on l'etconsidre comme l'exemple d'un atelier dit " flexible ", notion qui est devenue une tarte la crme au sujetde laquelle beaucoup de prophtes retardement ont crit et prononc un nombre incalculable d'affirmationspassablement aventures et de gnralisations htives. Chapeaux de palier Au milieu de la draine fut enclave celle des chapeaux de palier, qui les livrait directement une machinecharge de les assembler automatiquement sur les carters-cylindres. Cette tude (fig. 14) entrait dans lecadre d'une politique de dveloppement des oprations automatiques d'assemblage, o Marcel Vitoux, jeanFigour et Gilbert Charbotel allaient raliser de prestigieuses premires ; dans ce cas particulier, l'intrtn'tait pas seulement de montrer que l'on pouvait, sans recourir une main-duvre que la monotonierebutait, mettre en place les douilles de centrage, les chapeaux, les rondelles et les vis de fixation ; il taitaussi, et surtout, d'assurer la constance du couple dvelopp par les visseuses pneumatiques ; cette rgularitamliorait la prcision des alsages des logements de vilebrequin, dont la tolrance, de classe cinq, estextrmement serre.

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  • Fig. 14 - Machine automatique de montage des chapeaux de paliers.

    Fig. 15 - Poste de chargement d'une des quatre machines d'alsage des lignes d'arbres. Ce problme, qui n'tait pas des plus faciles traiter, fut rsolu de manire satisfaisante. Nanmoins, l'on menotifia de faon formelle, quelque temps aprs, l'interdiction de continuer travailler dans cette direction.J'en suis rduit supposer que les spcialistes de calculs de rentabilit n'avaient pas trouv de justification cette tentative, et j'ignore encore s'ils avaient pris en compte les dpenses occasionnes par les retouches etles rebuts qu'entranait un serrage irrgulier, ou s'ils ont su valuer le cot des troubles sociaux inhrents auxtravaux monotones. Il a fallu attendre une quinzaine d'annes avant que ces tudes soient reprises. Betterlate... Alsage des lignes Pour respecter les tolrances sur leurs entraxes respectifs, les lignes du vilebrequin et de l'arbre camesdoivent tre alses simultanment, ainsi que le logement de l'axe du pignon intermdiaire et des pions decentrage du carter de distribution et de la boite-pont ; ces deux derniers, en particulier, assurent l'alignementde l'axe du vilebrequin et de celui de l'arbre primaire de la boite. Il tait donc indispensable que toutes cesoprations soient effectues sur le mme poste ; leur dure exigeait l'emploi de quatre machines travaillanten parallle (fig. 15). La tolrance attribue au diamtre des logements des coussinets de vilebrequins est extrmement serre, soitonze millimes de millimtre pour une cote nominale de quarante-quatre ; de plus, l'alignement des troispaliers est vrifi de faon trs svre, l'aide d'une broche dont la face ne comporte ni chanfrein ni congqui faciliterait sa pntration dans le dernier logement. Et les contrleurs ont, pour cette vrification, unemain tout particulirement lgre et sensible la fois. Pour caractriser la difficult du problme, qu'il suffise de rappeler que la dispersion diamtrale intrinsquede la machine est d'environ cinq millimes de millimtre ; la marge sur la position radiale de la pointe desgrains d'alsage est donc de trois millimes, dont on doit retrancher un pour raison de scurit ; le rglagedoit donc intervenir chaque fois que l'usure du grain atteint deux millimes. Il faut, en consquence, vrifier

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  • automatiquement chaque pice aprs l'opration afin d'alerter le rgleur lorsque la drive approche de lacote minimale (fig. 16). La recherche de la prcision exige encore une autre prcaution une machine comporte deux postes car lapice, bauche au pralable, subit successivement une passe de demi-finition puis une de finition. Or,l'excution de la premire occasionne une lvation de temprature dont il faut tenir compte dans le rglagefinal, car il suffit d'un chauffement d'une dizaine de degrs pour engendrer une dilatation de trois ou quatremillimes, c'est--dire presque la totalit de la marge de rglage. En consquence, lorsque l'on interromptle fonctionnement de la machine, que ce soit en fin de journe ou pour un rglage, il ne faut pas laisserstationner une pice demi-finie car, aprs refroidissement, son alsage aurait perdu plusieurs millimes etelle aurait de grandes chances d'tre hors tolrance lors de la remise en marche.

    Fig. 16 - Poste de sortie de la mme machine ; on voit gauche les cadrans des appareils ETAMIC vrifiant les diamtresdes logements de vilebrequin et d'arbre cames.

    Cumul des dispersions Nous tions menacs de voir nos difficults s'aggraver car mon vieil ami, Andr Burguire, patron destudes de moteurs, parlait de resserrer encore la tolrance sur le diamtre des logements de coussinets ; ilesprait ainsi rduire les bruits mis par le moteur, car le Service Commercial prtendait que c'tait un desreproches exprims par la clientle ; il est gnralement difficile de mesurer des vibrations mises par unmcanisme complexe, d'en dbrouiller le mlange et de donner du phnomne une reprsentation chiffreet, sans donnes numriques, il est malais d'laborer une solution : l'abondance et la varit du vocabulaireemploy pour le dcrire montre combien les opinions taient subjectives ; pour les uns, c'tait un ronflementet pour d'autres un grognement, un grelottement, un chuintement ; on en inventait mme, gnralement base d'onomatopes ; pour comble d'infortune, les franglicisants avaient dcouvert dans les revues anglo-saxonnes le terme de " rumble ", ce qui contribuait persuader le Contrle de l'existence d'un dfaut grave. videmment, si les Amricains eux-mmes... Car, cette poque, la prire se faisait en courbant le frontvers Detroit ; l'heure de Tokyo n'tait pas encore venue. En totalisant les tolrances attribues l'alsage du carter, aux portes du vilebrequin et l'paisseur desdemi-coussinets, on obtenait une valeur de trente-deux millimes de millimtre (*), ce que l'ami Burguirejugeait excessif. J'essayai de lui faire valoir que le calcul des probabilits montrait que le maximum nedevait pas dpasser pratiquement dix-sept millimes ; mes arguments, pourtant fonds sur des basesmathmatiques solides, n'branlaient pas sa dtermination, en dpit de la validit de la loi du cumul

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  • quadratique des dispersions ; bout d'arguments, je lui proposai un pari : nous placerions un observateur auposte de montage, en le chargeant de noter la cote exacte des alsages des carters et des portes desvilebrequins correspondants ; ainsi, nous verrions bien quelle serait la diffrence maximale enregistre.Ainsi fut fait et, quinze jours plus tard, l'exprience portant sur une dizaine de milliers de moteurs avaitconfirm la thorie. (*) Soit 11 m pour le carter et pour le vilebrequin et 5 m pour chaque demi-coussinet. J'avais eu peur car je ne voyais vraiment pas comment nous aurions pu resserrer les tolrances qui taientdj de la classe cinq ; notre seul recours aurait t de faire fabriquer des coussinets de diffrentespaisseurs et de procder par appariement. C'est ce que faisaient les Amricains, mais leur cadences taientassez fortes pour que le prix n'en soit pas major, ce qui n'aurait pas t le cas pour nous. D'ailleurs, leurtolrances taient plus du double des narres (exactement vingt-cinq millimes de millimtre), mais il fautreconnatre que leurs moteurs taient moins surchargs que les ntres, car ils tournaient moins vite et leurcylindre dpassait cinq ou six fois la notre. Logements des poussoirs Il restait aussi un problme rsoudre : la prcision des logements de poussoirs tait mdiocrementrespecte, en dpit d'une opration de mandrinage la bille qu'il avait fallu ajouter la gamme. Celaprovenait d'un mauvais alignement entre les axes des trous semi-finis et ceux des alsoirs de finition ; cetexcentrage soumettait les outils des efforts latraux qui engendraient une ovalisation. La cause rsidaitdans de lgres diffrences d'entraxes des broches des ttes multiples porte-outil et dans un jeu invitabledes verrous de mise en place des pices.

    Fig. 17 - "Girafes ". La solution fut trouve par Lon Scheppers, charg du perage-alsage dans le service deprparation-chronomtrage : elle consistait dans l'emploi de machines monobroches, les pices tantlgrement flottantes afin qu'elles se centrent d'elles-mmes devant les outils. Nous fmes bien tonnslorsque la vrification automatique par des jauges pneumatiques de haute prcision montra que la dispersionn'atteignait pas quatre millimes, ce qui tait peu prs le tiers de la tolrance ; je dois convenir que siAndr Burguire avait manifest pareille exigence, je n'aurais auparavant jamais cru possible de lui donnersatisfaction. Pour atteindre la cadence prescrite, il fallut trois machines, munies de dispositifs de manutentionautomatique trs originaux, tudis par Marcel Vitoux et qui, en raison de leur silhouette, furent dsignessous le nom de " girafes " (fig. 17).

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  • Poussires L'usinage de la fonte ne produit pas seulement des copeaux ; il s'y mle une fine poussire de mtal quel'oxydation transforme en une poudre abrasive ; elle est d'autant plus redoutable qu'elle est assez tnue pourfranchir le filtre de la pompe huile et aller endommager les portes et les manetons du vilebrequin ens'incrustant dans le rgule des coussinets des paliers et des bielles. La chane fut donc munie d'une puissante machine laver ; pour vrifier l'efficacit des prcautions prises,plusieurs moteurs taient chaque jour essays pendant quelques heures, l'issue desquelles ont filtrait avecgrand soin leur huile afin de peser les poussires qu'elle contenait. On s'aperut vite qu'il ne suffisait pas deprocder au lavage final, mais qu'il ne fallait surtout pas laisser la poussire mtallique sjourner dans lescanalisations de graissage perces sur la cinquime machine-transfert ; en effet, les particules d'oxydeadhraient aux parois et le lavage final ne suffisait pas les dcrocher, mais le fonctionnement du moteurles librait long terme, pour le plus grand dommage des coussinets. C'est pourquoi on plaa, au poste de sortie de la cinquime machine-transfert, un dispositif envoyant dansles canalisations un violent jet d'air comprim ; cette prcaution, cependant, ne parut pas suffisante car, enfin de semaine, il s'coulait plus de trente-cinq heures entre le moment o les pices taient peres dansl'aprs-midi du samedi et celui, lundi matin, o elles parvenaient au poste de soufflage. Il fut donc dcid,que, en fin de semaine, la cinquime machine-transfert serait vide et que les pices seraient nettoyes puisemmagasines sur le convoyeur desservant la sixime machine-transfert. On voit que pour assurer la qualit d'un moteur il faut mettre en oeuvre des techniques perfectionnes, maisque l'on ne doit pas pour autant ngliger des prcautions qui, a posteriori, paraissent simples et videntes,mais dont l'intrt n'apparat qu' la lumire d'une exprience longuement et pniblement acquise. Magasin de livraison Il tait indispensable de disposer, en fin de chane, d'une rserve d'environ deux cents pices. Ellesappartenaient quatre types diffrents et, comme elles se trouvaient mlanges au hasard des transports,elles parvenaient au poste de sortie en ordre dispers. Le magasin (fig. 18) comptait une vingtaine de casiers capables de contenir dix pices. Il fallait donc triercelles-ci, affecter chaque casier un type particulier et tenir un inventaire permanent afin d'organiser enconsquence la livraison la chane de montage par lots homognes. Aujourd'hui, le problme serait prestement rsolu avec un microprocesseur, quelques capteurs et descristaux liquides, mais, en 1955, il fallait trouver autre chose. Le systme, invent par Marcel Vitoux, comportait d'abord un ensemble de distributeurs identifiant chaquepice (fig. 19) ; il lui faisait correspondre une bille verse dans un compteur et qui commandait la fois lesmouvements d'un ascenseur (fig. 21) et l'action d'un compteur-dcompteur (fig. 20) qui assurait la tenued'un inventaire permanent. Poste central de surveillance La chane ainsi conue allait comporter douze machines-transferts, treize machines poste fixe, neufdispositifs de contrle prcis, cent cinquante mtres de transporteurs deux ou trois tages et un magasin

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  • final de deux cents places ; l'ensemble serait anim de faon totalement automatique, l'aide de deux centcinquante distributeurs lectriques, sept cent cinquante relais et quatre cents moteurs asynchrones, sanscompter les vrins et les valves pneumatiques. Sans aucun doute, cet ensemble dpassait largement, en importance comme en complexit, tout ce dontnous avions l'exprience, et nous tions biens conscients des difficults auxquelles se heurterait sa mise enservice, car les pannes possibles seraient nombreuses et il faudrait en distinguer exactement les causes afinde les liminer sans dlai. Pour en dtecter les origines, il tait indispensable de les enregistrer de faon complte et fidle, sans tenircompte des impressions subjectives, des oprateurs ou des cadres ; l'homme, on le sait, a souvent tendance garder en mmoire les vnements qui corroborent ses opinions ; ainsi, le blme serait jet sur tel outil outel appareil, catalogu comme " bte chagrin ", pendant que l'on ignorerait les caprices rptition d'uncapteur qu'un choc discrtement assn remettrait dans le droit chemin. Marcel Blonde, directeur du Servicelectrique, proposa d'installer, au cur de la chane, un poste o convergeraient les informations sur l'tatde fonctionnement de chaque machine et de chaque magasin-transporteur (fig. 22).

    Fig. 18 - Casiers du magasin-rserve des pices finies.

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  • Fig. 19 - Entre du magasin, avec son ascenseur-gerbeur. La cabine fut relie par tlphone aux postes de commande des machines ; le surveillant obtenait del'oprateur concern la cause exacte de l'arrt : outil endommag, tolrance non respecte, panne mcanique,manque de pices, engorgement du transporteur, faux contact d'un distributeur, etc. A chaque arrt, unefiche tait mise, portant la cause, l'heure du dbut et celle de la fin de l'interruption.

    Fig. 22 - Cabine vitre du poste central de surveillance situ ct du magasin-transporteur raccordant les machines-transfertsn 4 et 5. Fig. 20 Appareil d'attribution des casiers. Fig. 21 Appareil de rpartition et de comptabilisation des pices dans le magasin-rserve des pices finies. Paul Pommier et Maurice Gautier, qui dirigeaient le dpartement, recevaient chaque matin le compte rendudtaill des pannes de la veille, et l'on put ainsi apercevoir des causes assez inattendues et qu'il aurait tdifficile de dceler sans la concordance des statistiques portant sur une priode significative ; je me souviensen particulier d'un distributeur lectrique que rien ne distinguait des autres, mais qui recevait en permanenceles claboussures du liquide rfrigrant de coupe des outils, qui s'introduisait par un joint mal tanche- Ilsuffit d'un cran pour faire disparatre cette cause de panne. C'est ainsi que, peu peu, furent limins la plupart des arrts qui faisaient chuter le rendement de la chane.

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  • Proportion des rebuts Il ne faut pas oublier que le carter-cylindres est une pice particulirement difficile fabriquer. Il comportecinq cent cinquante oprations, parmi lesquelles on compte une trentaine d'alsages dont les diamtress'chelonnent entre dix et soixante-cinq millimtres, et les prcisions entre les classes cinq et huit. Une autre tolrance particulirement difficile respecter est relative aux distances entre la face suprieure etl'appui des chemises et l'axe du vilebrequin ; de la premire dpend l'tanchit des circuits d'huile et d'eau ;le taux de compression est influenc, en grande partie, par la seconde. En dpit des difficults, je crois que la proportion des rebuts occasionns par les dfauts d'usinage n'a jamaisatteint cinq pour mille, et ce chiffre a tonn plus d'un visiteur, ft-il Amricain.

    Rtrospection Un technicien ne doit jamais tre satisfait de ce qu'il a ralis. Oubliant vite le plaisir de voir fonctionner unmcanisme dont il porte avec d'autres la responsabilit, il doit surtout rflchir ce qu'il reste d'imparfait etsonger aux progrs qu'une tche future lui donnera l'occasion de raliser. En examinant cette chane, j'prouvais plusieurs regrets ; d'abord, j'aurais voulu remplacer par des machinesautomatiques les trois fraiseuses-tambour et les trois machines qui usinaient les points de dpart ; ensuite,j'aurais souhait automatiser le chargement de la douzime machine-transfert qui, en dpit d'un palanpneumatique, imposait l'oprateur une tche monotone ; enfin, il aurait surtout fallu pouvoir excuter, aumme poste, l'alsage des lignes d'arbres et celui du logement de l'allumeur et de la pompe huile car, endpit de grandes prcautions, la distance des axes des pignons hlicodaux souffrait d'une dispersion quifaisait froncer les sourcils du Bureau des tudes et du Contrle. Aussi, ds que la surcharge de travail du Bureau d'tudes d'Outillage s'allgea un peu, je demandai UlysseBancel et Gaston Boulet d'tudier ces problmes, tout en sachant fort bien que ce serait un exercice d'coleet qu'il n'y avait aucune chance pour que leur solution voie le jour ; mais lorsque, trois ans plus tard, nousemes tudier l'outillage pour le moteur de neuf cent cinquante centimtre cubes qui devait tre construit Clon, il n'y eut plus qu' extraire les plans de leurs cartons et les adapter la rsolution du nouveauproblme, ce qui se fit sans grande difficult. ( suivre) Pierre BZIER

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