splendeurs de l'or

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SPLENDEURS DE L 'OR

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Nous remercions de leur collaboration : M. H.-D. FROMANGER, président de la Compagnie des

Experts Joailliers, Orfèvres, Bi- joutiers, Horlogers.

M. Henry REICHLEN, maître de recherches au C.N.R.S. Département de l'Amérique au musée de l'Homme.

Mlle Michèle t'SERSTEVENS, assistante des musées natio- naux. Département des Arts asia- tiques au musée Guimet.

Et nous sommes reconnaissants de leurs conseils à : M. Jean BABELON, conservateur en chef honoraire du

Cabinet des médailles. M. le professeur Jean DAVID-WEILL, conservateur des

Antiquités musulmanes au musée du Louvre. M. le professeur Jean-Paul LEBEUF, maître de recher- ches au C.N.R.S. Directeur de

l'Institut national tchadien pour les sciences humaines. M. le professeur Felipo ROSSI, conservateur au musée Pitti. M. le professeur G. WIET, membre de l'Institut, professeur

honoraire au Collège de France. ainsi qu'à M. Pierre SCHOMMER, conservateur en chef honoraire des musées nationaux.

COUVERTURE. Rhyton à tête de cerf du trésor de Pan- agurichté (Bulgarie). Le gobelet est décoré en bas-relief d'une évocation du Jugement de Paris. — Hauteur : 14 cm; art grec d'Ionie de la fin du IV siècle av. J.-C. (Musée de Sofia. ) © Librairie Hachette 1965.

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PIERRE AMlET - FRANÇOIS BALSAN Conservateur des musées nationaux Vice-Président de la Société d'Ethnographie chargé des recherches au C.N.R.S.

SPLENDEURS DE L' OR

HACHETTE

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1 LES HAUTES ÉPOQUES MÉDITERRANÉENNES

Tête du dieu-faucon Horus, aux yeux incrustés d'obsi- dienne, trouvée dans le temple de Hiéraconpolis, — la « Ville du Faucon » — en Haute-Egypte. Le pharaon, sous le nom d'Horus d'or, était l'incarnation de ce dieu, patron de la monarchie égyptienne. Ancien Empire, vers 2300 av. J.-C. (Musée du Caire.)

L'attrait de l'or est chose mystérieuse, que l'on ne saurait expliquer sommairement. Déjà son origine, sa « queste » difficile, en des pays sauvages, furent entou- rées souvent d'une aura légendaire. Et puis, il fut toujours le plus beau des métaux, le plus noble aussi, impropre aux usages bas de la vie quotidienne — parure royale, métal sacré, enfin : la splendeur du soleil et l'éclat de la foudre sont évoqués tour à tour par le rayonnement de son inaltérable pureté, qui fait chatoyer les autres métaux, de même que les gemmes, les ivoires ou les soies auxquels on l'associe.

L'or devint ainsi étalon monétaire, instrument privi- légié de transactions multiples et des entreprises les plus hardies. Il trouva de la sorte une nouvelle puissance, redoutable, jointe ou substituée à celle dont le mon- nayage semblait l'avoir dépouillé en le répandant loin des trésors divins et des palais royaux. Sous des formes très diverses, à travers maintes vicissitudes, il n'a donc cessé de rayonner, de par une « splendeur » que nous voudrions évoquer ici, en un large survol.

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Les hommes des temps préhistoriques l'ignorèrent pratiquement ; les pépites attiraient, certes, leur regard, mais ils étaient incapables d'en tirer parti. Il faut attendre la naissance de la métallurgie, au sein des communautés villageoises d'Egypte et d'Asie antérieure, pour trouver de modestes perles d'or, dont se paraient les paysans du IV millénaire avant Jésus-Christ. Et de même, nous verrons l'orfèvrerie se propager bien plus tard en Europe, à la suite des bronziers venus d'Orient.

L'or commence réellement sa carrière à un moment décisif de l'histoire humaine, quand une organisation politique et sociale, fondée sur une forte concentration de moyens, au sein des premières villes proprement dites, capitales des premiers Etats dignes de ce nom, eut permis de rompre avec la barbarie préhistorique dans quelques régions privilégiées.

Au Moyen-Orient, trois peuples élaborèrent en commun la nouvelle civilisation : les Sumériens, en Mésopotamie méridionale, les Akkadiens, Sémites, au Nord, et à l'Est, les Iraniens d'Elam, tandis que plus au nord les ancêtres des Assyriens restaient attachés à une culture plus archaïque. C'est cependant chez ces derniers, dans des tombes d'une petite agglomération voisine de Ninive, que l'on a découvert des parures faites de gracieuses reines-marguerites en or, ainsi qu'une tête de loup en or mêlé à de l'argent, révélant une remarquable technique.

Très peu de chose, en revanche, nous est parvenu des puissantes métropoles de Basse-Mésopotamie, riches en inventions géniales, mais pauvres en minéraux, et dont la civilisation rayonnait alors jusqu'en Egypte. Celle-ci, au contraire, possédait des mines d'or, dans cet Ouadi Hammamat qui relie la vallée du Nil à la mer Rouge et par où les influences orientales devaient lui parvenir. Outre ces mines toutes proches, l'Egypte allait bientôt drainer les richesses de Nubie et du reste de l'Afrique. Ses habitants ont exprimé mieux que quiconque ce que pouvait signifier l'or, en des temps où la notion même de numéraire était inconnue. Le métal jaune

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Vase à bec de la « Dame », reine-prêtresse, Shubad. Un des exemples les plus parfaits de la vaisselle royale d'Ur, vers 2600 av. J.-C. (British Museum.)

n'était autre, à leurs yeux, que la chair vivante, immor- telle, du dieu-soleil, Rê, qui, disait-on « a commencé par dire ceci : ma peau est de l'or pur ». Métal divin, l'or conférait l'incorruptibilité du dieu suprême à tout ce qu'il revêtait, et l'on s'explique ainsi la richesse des parures funéraires, comme la couleur jaune d'or, répandue à profusion. Dans l'écriture hiéroglyphique, l'or était symbolisé par l'image d'un collier, et précisément, le roi remettait des colliers d'or aux hauts fonctionnaires dont il était satisfait, et donnait des « mouches d'or » à ses guerriers, en guise de décorations.

L'un des premiers témoins de l'orfèvrerie égyptienne remonte à l'époque de gestation, dite prédynastique, aux alentours de 3200 avant Jésus-Christ. Il s'agit d'un couteau d'apparat en silex, dont la poignée est faite de deux feuilles d'or cousues ensemble, travaillées au repoussé et à la pointe. D'un côté, deux serpents s'y entrelacent, qui pourraient avoir été inspirés par un artiste susien ; de l'autre, animaux africains et asiatiques s'ébattent en un savant désordre.

L'Egypte devint peu après la terre des pharaons, ayant parfaitement assimilé les apports orientaux, au point d'égaler d'emblée, pour le moins, ses modèles.

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Le roi Djer, l'un des premiers successeurs de Ménès l'Unificateur, nous a laissé dans sa tombe d'admirables parures, portées probablement par la reine, enterrée avec lui. Quelque cinq cents ans plus tard, les pharaons memphites, maîtres divins d'un Etat centralisé à l'extrême, où tout, l'or comme le blé, était monopole royal, se lancent dans des constructions gigantesques. La mère de Khéops, le plus célèbre d'entre eux, se fait enterrer avec un somp- tueux mobilier, qu'un placage d'or rend éblouissant. Singulière habileté de l'artiste qui sait ainsi multiplier ses effets pour mieux assurer la vie éternelle de la souveraine...

Les pharaons de la VI dynastie, aux environs de 2300 avant Jésus-Christ, entreprirent la conquête de la Nubie, puis lancèrent des expéditions plus lointaines, par voie de mer, vers la côte des Somalis probablement, appelée Pays de Pount. On en rapportait, non sans risques ni périls, des aromates, de l'ivoire, des peaux précieuses, et enfin de l'or. C'était là une rude aventure, que le « majordome » Knoum-hotep se vante d'avoir répétée onze fois. La grave crise que traversa l'Egypte à la fin du III millénaire interrompit pour un temps l'exploitation des richesses africaines ; il convient de nous tourner à nouveau vers l'Orient.

La Mésopotamie des environs de l'an 3000 était, nous l'avons vu, pauvre en or, mais les cités-Etats qui se partageaient les pays de Sumer, d'Akkad et d'Elam surent organiser un commerce lointain qui leur fournissait les matières premières indispensables. L'or venait soit d'Iran, soit, plutôt, d'un pays appelé Méluhha, qui paraît se situer en Arabie méridionale, sinon plus loin encore : il pourrait bien, en somme, ne faire qu'un avec le Pount des Egyptiens. Ur, la ville du dieu-lune, patron des caravaniers, était le grand centre d'importation de l'or, dont elle semble s'être assuré comme le monopole. Et très tôt, vers 2600 avant Jésus-Christ, ses orfèvres usaient à profusion du beau métal, associé en une sym- phonie éblouissante au lapis-lazuli bleu, à la cornaline

Cruche provenant d'une tombe pré-hittite d'Aladja; vers 2300 av. J.-C. L'orfèvre a transposé en métal, avec un rare bonheur, une forme créée par le potier. Haut. : 14,3 cm. (Musée d'Ankara.)

L'un des deux béliers découverts dans la plus grande des ► tombes royales d'Ur : l'arbuste, ainsi que la tête et les membres de l'animal, sont en or; le pelage, en coquille taillée et lapis-lazuli. Ces béliers, hauts d'environ 50 cm, supportaient probablement des tables d'apparat, destinées à la vaisselle royale. — Vers 2600 av. J.-C. (British Museum.)

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rouge et à la nacre blanche, scellés par le noir bitume. Nous ignorons la signification profonde de ce que nous appelons les tombes royales d'Ur, où s'entassaient les trésors ainsi façonnés, mais il est vraisemblable que l'or avait sa part dans la symbolique des rites funéraires ou naturistes qu'elles révèlent. Dès cette époque, les orfèvres étaient capables d'exécuter en filigrane des ouvrages d'une étonnante finesse et réalisaient des sculptures en ronde bosse, en martelant des feuilles de métal sur une âme de bois et de bitume.

Les trésors des rois qui donnèrent à Ur son dernier lustre, à la fin du III millénaire, ont totalement disparu. Nous possédons du moins leurs archives, qui attestent une intense activité des orfèvres. Comme en Egypte, le précieux métal était livré sous forme d'anneaux aux ateliers, à qui les fonctionnaires royaux le confiaient pour qu'ils exécutent parures et objets de culte. On a souvent cru, bien à tort, que ces anneaux servaient aux transactions, qu'ils étaient, en somme, des monnaies, mais il n'en est rien : il s'agit seulement de lingots que l'on pesait et manipulait plus facilement ainsi.

Un lettré, un « sage » de cette époque, rédigea une sorte de jeu littéraire, tel qu'on les appréciait fort, où le cuivre et le métal précieux, personnifiés, exaltaient leurs mérites respectifs en une joute oratoire : le cuivre faisait valoir son utilité, mais le plaidoyer que l'or lui opposait est perdu.

En cette fin du III millénaire, des peuples barbares, originaires des steppes, franchirent le Caucase ; comme leurs successeurs Iraniens, Scythes et autres, ils étaient grands amateurs de chevaux et de belles armes, et l'orfèvrerie occupait chez eux une place de premier plan. La tombe d'un de leurs chefs a été découverte à Maïkop, dans la vallée du Kouban ; un dais aux supports ornés de statuettes de taureaux en or et en argent abritait le corps du mort, entouré de ses armes et de sa vaisselle précieuse.

Des neveux ou cousins de ce personnage, ancêtres des

Pectoral de Senousrit (Sésostris) II (1906-1888 av. J.-C.) provenant de la tombe d'une de ses filles, à Dahchour. Deux faucons Horus protègent le nom du roi, inscrit au centre, dans un cartouche. (New York : Metropolitan Museum.)

Pendentif crétois : deux reines d'abeilles tenant ensemble ► un gâteau de miel. Bijou trouvé dans une tombe de Chryso- lakkos, près Mallia; époque des premiers palais crétois : début du II millénaire av. J.-C. Largeur : 4,7 cm. (Musée d'Iraklion.)

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Poignard voué dans le temple de Reshef, dieu de la guerre, par un prince de Byblos, vassal des pharaons. Arme de type phénicien, ornée au repoussé de sujets d'inspiration égyptienne. Vers 1800 av. J.-C. (Musée de Beyrouth.) Hittites, de langue indo-européenne, ont jalonné l'Asie

Mineure de riches trésors, à Tarse, et surtout à Aladja, près d'Ankara. C'est là que fut découvert le plus ancien glaive de fer, à côté d'étendards de bronze ajouré, par- tiellement plaqués d'or. Mais en général, le métal jaune était réservé à la vaisselle royale et aux ornements personnels, couronnes, diadèmes et parures.

D'autres trésors, sensiblement contemporains, ont été découverts à l'extrême occident de la péninsule anato- lienne, à Hissarlik, site fameux de la future Troie, ainsi que dans l'île de Lemnos et enfin, de l'autre côté des détroits, en Bulgarie. Quand, en 1872, Schliemann trouva les joyaux enterrés à Troie, il se crut en présence des trésors de Priam et ne put résister à la tentation d'en parer sa jeune femme. Il se leurrait d'un bon millénaire, la Troie homérique étant bien plus récente; mais comment ne pas excuser ce pionnier de l'archéologie et comment ne pas comprendre qu'un rêve romantique l'ait saisi, devant les somptueux diadèmes, les boucles d'oreilles

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SPLENDEURS DE L'OR

• Le rôle et l'importance du métal précieux dans les civilisations orientales, islamiques, amérindiennes et occidentales.

• Chez les Egyptiens, l'or était la chair vivante du dieu-soleil. • 500 ans avant J.C., les débuts de la grande orfèvrerie colom- bienne. • Les plus belles pièces des trésors de tous les temps.

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