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vendredi 17 janvier 2014 - N 5350 www.latribune.fr France Métropolitaine CAC 40 : 4319,27 pts -0,30% FTSE (6 815 / -0,07%) 1 = 1,3601$ (+0,02%) BRENT (106,0$ / -1,18%) OR (1 242,0$ / +0,08%) Supprimer des départements ? Bon courage ! Supprimer des départements ? Bon courage ! En annonçant la suppression de départements, François Hollande a lancé son gouvernement dans un dossier complexe. Rien à voir avec la question des régions, beaucoup plus simple en comparaison, même si certains conservatismes persistent. CONJONCTURE INTERNET DÉFENSE Les secteurs qui feront la croissance en 2014 Anticiper le "choc du numérique" Le Typhoon Eurofighter a la cote au Koweït Après deux années de ralentissement sévère de l'activité, de nombreux secteurs devraient retrouver des couleurs en 2014. Revue de détail. Le gouvernement veut préparer notre économie aux mutations des modèles économiques. Philippe Lemoine, président de LaSer, est chargé de mener une mission. L'avion de combat serait en pole position face à Dassault et Boeing. Une surprise, tant l'influence américaine au Koweit est grande.

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vendredi 17 janvier 2014 - N 5350 www.latribune.fr France Métropolitaine

CAC 40 : 4319,27 pts -0,30%

FTSE (6 815 / -0,07%)

1 = 1,3601$ (+0,02%)

BRENT (106,0$ / -1,18%)

OR (1 242,0$ / +0,08%)

Supprimer desdépartements ? Boncourage !

Supprimer desdépartements ? Boncourage !

En annonçant la suppressionde départements, FrançoisHollande a lancé songouvernement dans undossier complexe. Rien à voiravec la question des régions,beaucoup plus simple encomparaison, même sicertains conservatismespersistent.

CONJONCTURE INTERNET DÉFENSE

Les secteurs qui ferontla croissance en 2014

Anticiper le "choc dunumérique"

Le Typhoon Eurofighter ala cote au Koweït

Après deux années de ralentissementsévère de l'activité, de nombreuxsecteurs devraient retrouver descouleurs en 2014. Revue de détail.

Le gouvernement veut préparer notreéconomie aux mutations des modèleséconomiques. Philippe Lemoine,président de LaSer, est chargé demener une mission.

L'avion de combat serait en poleposition face à Dassault et Boeing. Unesurprise, tant l'influence américaine auKoweit est grande.

Sommaire 17/01/2014

Edition du 17/01/2014 page 2/126

À LA UNE

Supprimer des départements: bon courage,M.Hollande

En annonçant la suppression de départements, FrançoisHollande a lancé son gouvernement dans un dossier complexe.Rien à voir avec la question des régions, beaucoup plus simpleen comparaison

Ayrault "favorable à la suppression des départements de la premièrecouronne" parisienne

Régions: quatre scénarios de simplification face aux conservatismes

En 2014, quels seront les secteurs qui tireront la croissancefrançaise ?

La finance française alerte sur la chute de sa compétitivité

Comment préparer l'économie française au «choc du numérique»:une mission va s'y employer

ECONOMIE

Le choc de compétitivité annoncé par FrançoisHollande effraye les familles

Après l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF), leprésident de la Caisse nationale d’Allocations familiales (CNAF),a exprimé jeudi ses inquiétudes sur la suppression annoncéepour 2017 des cotisations familiales acquittées par les...

"François Hollande reconnait ses erreurs mais il ne va pas plus loin"

Record des défaillances d'entreprises en 2013, les PME en premièreligne

Europe: le vain ultimatum de Londres de plus en plus isolé

Detroit, capitale de l'automobile américaine et du crime, est une villesinistrée

Le Conseil Constitutionnel dit oui à la réforme des retraites

Pour Montebourg, le pacte de responsabilité peut créer "1,8 milliond'emplois"

Les Français ont de plus en plus de mal à acheter dans leurcommune

Sommaire 17/01/2014

Edition du 17/01/2014 page 3/126

Plus de temps, plus d'argent… comment le gouvernement veutréformer les ZEP

Tabac: en pénurie de cigarettes, les buralistes lancent un SOS

Fiscalité : Laetitia et Johnny Hallyday trahis par les réseaux sociaux?

Lagarde : “la déflation est un ogre qu'il faut combattre fermement“

Si la crise empire, la BCE prendra "sans aucun doute" de nouvellesmesures (Noyer)

"L'Europe doit gérer sa monnaie comme une arme économique"(PDG d'Airbus)

Le Parlement européen menace de bloquer l'union bancaire

On ne trouvera plus de foie gras dans les supermarchés danois

A Davos, on parlera des inégalités croissantes entre riches etpauvres

Tourisme : Londres peut espérer détrôner Paris comme ville la plusvisitée au monde

Japon : commandes de machines-outils à un niveau record

ENTREPRISES

Pas question de fusion dans les télécoms … « pourl'instant »

Si Fleur Pellerin a indiqué que le rapprochement de deux acteursrisquerait de se traduire en casse sociale, la position dugouvernement reste pragmatique en cas de projet de fusion, lapriorité étant donné à l’investissement dans le très haut...

« Les opérateurs télécoms se font la guerre sur le dos de l'intérêtgénéral »

La révolution des drones s'installe dans le ciel français... et dans lesentreprises

Même les constructeurs auto américains s'intéressent auxéconomies d'énergie

Les enfants achètent les app, Apple rembourse les parents

Le roumain Dacia sauve les constructeurs français sur le marchéeuropéen

Contrefaçon: L'Oréal et eBay enterrent la hache de guerre

Sommaire 17/01/2014

Edition du 17/01/2014 page 4/126

Etats-Unis : une fois encore, Amazon s'évite la création d'unsyndicat

HiSeq X, le superordinateur qui décode votre génome pour 735euros

Le PDG d'Ericsson en lice pour diriger Microsoft

Henrique de Castro, le numéro 2 de Yahoo remercié par MarissaMayer

BANQUES & FINANCES

La finance française alerte sur la chute de sacompétitivité

Paris Europlace, le lobby du secteur financier français, a présentéle 16 janvier deux rapports donnant des pistes pour le redressentde la compétitivité de la place financière de Paris, tombée au8ème ou au…26ème rang mondial,...

Le bitcoin, une innovation que la France ne doit pas rater ?

Immobilier : la manne des rachats de crédits est finie pour lescourtiers

Les acronymes de la finance européenne, un vrai casse-têtechinois…

Comment s'est passé 2013 pour Goldman Sachs ? Encore mieuxqu'en 2012

ARC Ratings, l'agence qui veut ringardiser le "Big Three"

TERRITOIRES

Zones franches urbaines : le Conseil économique,social et environnemental plaide pour unerefondation

L’avis du CESE est déterminant pour l’avenir du dispositif deszones franches urbaines, qui concerne en PACA six territoires. Ilavait été instauré par Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille etalors ministre de la Ville.

SNCM : l'avocat général de la Cour de justice européenne rejette lesarguments des Français

OPINIONS

Sommaire 17/01/2014

Edition du 17/01/2014 page 5/126

Comment les Européens jugent la conférence depresse de Hollande

La Tribune publie chaque jour des extraits issus de l’émission "28minutes", diffusée sur Arte. Aujourd’hui, les Européens jugent laconférence de presse de François Hollande.

Hollande devrait oser Blair

Industrie: pourquoi le plan Hollande sera insuffisant

Le mythe du million de logements manquants

Et si François s'appelait Françoise...

6 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

POLITIQUE > En annonçant la suppression de départements, François Hollande alancé son gouvernement dans un dossier complexe. Rien à voir avec la questiondes régions, beaucoup plus simple en comparaison

Jean-Pierre Gonguet

Supprimer des départements: bon courage,M.Hollande

 François Hollande, essentiellement avec la suppression des départements dans les métropoles, alancé son gouvernement dans un dossier d'une rare complexité technique. Mais il devait trouver lebon moment affirmer une volonté forte : le Conseil Constitutionnel menace en effet la loi sur lesmétropoles (en particulier à Lyon) et le débat parlementaire sur la deuxième partie de ladécentralisation s'annonce difficile. Quitte à ce que rien ne soit fait avant longtemps, même dans lapetite couronne parisienne

François Hollande a trouvé le bon moment médiatique

 Donc, en présentant ses vœux aux corps constitués le 7 janvier, il a soigneusement « trappé » lapartie de son texte sur la suppression des départements dans les métropoles et la réduction dunombre de régions. L'annonce était prévue ce jour là, le Président a préféré, à la lecture, trouver unmeilleur moment médiatique. La ministre en charge Marylise Lebranchu l'a donc appris, commetout le monde, lors de la conférence de presse de mardi dernier. Elle ne s'y attendait pas pour cejour là même si Jean Marc Ayrault lui en avait déjà parlé début décembre : en préparant ladiscussion à l'Assemblée Nationale sur la Métropole du Grand Paris, il lui avait en effet demandéde pas soutenir l'amendement du député Alexis Bachelay sur la suppression des 4 départements

7 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

de Paris et de la petite couronne «mais, avait il rajouté, que la décision politique était prise, cela seferait de toute façon».

 Pour les régions, un agenda techniquement simple

Et, depuis mardi, Marylise Lebranchu a hérité de la patate chaude. Pour les régions l'agenda estpolitiquement complexe mais techniquement simple. Une lettre modificative va être adressée auConseil d'Etat pour modifier la discussion parlementaire sur le deuxième volet de l'acte dedécentralisation qui, justement, porte sur les régions et va atterrir bientôt au Parlement. Ce serontdonc les parlementaires qui vont discuter de l'annexion de la Picardie par l'Ile de France ou decelles du Poitou Charentes et du Limousin par l'Aquitaine (pour revenir à la grande région d'Aliénord'Aquitaine, vieux rêve de Jean Pierre Raffarin !).

Les départements, un sujet beaucoup plus complexe

Pour les départements, c'est beaucoup plus compliqué car toute introduction d'un amendementparlementaire sur les départements dans un débat sur les régions serait probablement retoqué parle Conseil constitutionnel. Reste donc la construction probable d'une nouvelle usine à gaz dontMarylise Lebranchu devrait être la patronne.

A charge pour elle de consulter et élaborer un texte d'ici un an… ou peut être plus en ce quiconcerne principalement les Hauts de Seine, le Val de Marne, Paris et la Seine Saint Denis.L'Elysée et Matignon sont en effet d'accord pour ne pas troubler les élections cantonales etsénatoriales de 2014 ou les socialistes risquent de perdre leur toute frêle majorité.

Rien avant le printemps 2015

Pas question non plus de troubler la mission de préfiguration de la Métropole du Grand Parisconduite, elle, par la préfecture et Paris Métropole. Donc, rien avant le printemps 2015, si ce n'estun an et demi de polémiques et de guéguerres politiciennes probables. Et au printemps on réunirale rapport Lebranchu sur la petite couronne et les résultats de la mission de préfiguration pourcréer, au 1er janvier 2016, la Métropole de Paris.

Peu de compétences en dehors des questions nationales

 Car la suppression des départements n'est pas chose aisée: supprimer les 40 élus de chaquedépartement cela prend deux secondes et ne rapporte rien ( 0.23% du budget des conseilsgénéraux est consacré aux indemnités des élus). Mais le personnel c'est autre chose : d'abordparce que plus de 90% des budgets des conseils généraux sont des dépenses de politiquepublique (RSA et collèges) et que ces missions vont demeurer. Les départements ont peu decompétences en dehors des grandes politiques nationales.

8 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

Que faire des personnels?

Ensuite par ce que le statut des personnels n'est pas partout le même (même en petite couronne).Enfin parce ce que va forcément se poser la question : où vont aller, physiquement, cespersonnels ? S'ils restent chacun où ils sont, la suppression des départements n'économise pas uncentime. Si on les rassemble, la facture est colossale avant même que la chose fonctionne. Il n'estpas un spécialiste qui ne sache pas que le dossier technique est extraordinairement complexe, etqu'il l'est encore plus lorsque l'on se rend compte de capacité de nuisance des élus concernés parla disparition de leur département, de Jean Noël Guérini à Patrick Devedjian.

 Martine Aubry soutient Marylise Lebranchu

Martine Aubry ne s'y est pas trompé et, vraisemblablement pour soutenir son amie MaryliseLebranchu, elle a mis, dès la fin de la conférence de presse de François Hollande, le pied sur lapédale de freins : « regrouper quelques régions » pourquoi pas mais « pas supprimer lesdépartements aujourd'hui ».

Dans les couloirs ministériels, on partage plutôt l'avis de Martine Aubry. Même si personne neremet en cause le bien fondé de la déclaration présidentielle. Mais comme le dit un ministre : « ilétait vital que le Président affirme publiquement ces principes. Le Conseil Constitutionnel doitrendre le 23 janvier sa décision sur la loi Métropole. On sait que la métropole de Lyon estmenacée, ce qui serait désastreux car elle constamment citée en exemple. Mais le Conseil ne peutlaisser passer un texte ou Gérard Collomb va se retrouver patron de deux exécutifs, la mairie et lamétropole.On sait aussi que beaucoup de choses ne plaisent pas forcément dans la Métropole deParis. Mais le Conseil Constitutionnel, s'il statut en droit, apprécie aussi le dessein politique. Je suissur que le Président parlait avant tout au Conseil Constitutionnel, il ne peut se permettre un accrocsur ce texte »

 

 

9 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

GRAND PARIS > Le Premier ministre s’est dit favorable jeudi à la suppressiondes Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis, et du Val-de-Marne dans le cadre dela réforme du "mille-feuille" territorial que François Hollande appelle de sesvoeux

latribune.fr

Ayrault "favorable à la suppression desdépartements de la première couronne"parisienne

Simplifier la France. Tel est l'objectif affiché par le chef du gouvernement qui souhaite revoirl'organisation en "mille-feuilles" du pays, actuellement divisé en 26 régions, 100 départements,quelque 36.000 communes et 18.000 groupements intercommunaux. 

Interrogé jeudi sur France Inter, le Premier ministre a soulevé le problème des régions, abordémardi par le président lors de sa conférence de presse:

"Est-ce que 22 régions, c'est trop ? Peut-on regrouper certaines régions ? (Mais) On ne va pas prendredes bouts de région pour les mettre avec une autre. Ce sont des questions sérieuses. Mais ce chantier,il faut absolument l'ouvrir", a-t-il déclaré.

"On a besoin de métropoles"

Prenant l'exemple de Paris, Jean-Marc Ayrault s'est même déclaré " favorable à ce que l'on aille

10 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

vers la suppression des départements de la première couronne: faire les communes, et lamétropole". "On a besoin de métropoles et autour des métropoles, il faut simplifier".

Sachant que plusieurs parlementaires socialistes ont déjà proposé l'an dernier de supprimer d'ici à2020 les conseils généraux de la petite couronne dans la perspective du "Grand Paris" qui doit voirle jour le 1er janvier 2016. La collectivité regroupera 6,5 millions d'habitants, et fondra dans uneseule instance territoriale les 19 intercommunalités et les 43 communes isolées des troisdépartements de la petite couronne avec Paris.

Dans ce sens, une loi donnant naissance à 13 métropoles aux pouvoirs très larges a d'ailleurs étévotée définitivement en décembre par le Parlement, attendant le feu vert du Conseil constitutionnelpour être promulguée. Deux autres textes vont suivre au Parlement, l'un au printemps sur lesrégions et les départements, l'autre sur les communes et intercommunalités.

 

11 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

RÉFORME > Le président a réaffirmé lors de sa conférence de presse sa volontéde "simplification administrative" en estimant que le "nombre de régions peutaussi évoluer". Serpent de mer de la vie politique, ce projet se heurte à différentsconservatismes.

latribune.fr

Régions: quatre scénarios de simplificationface aux conservatismes

La ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu a beau jeu d'assurer que le gouvernementn'irait pas "à la hache" dans la réduction du nombre de régions, les hypothèses se multiplient.Quelles réductions ? Quelles fusions ? Quelle échéance ?

Il y a deux jours, François Hollande a indiqué lors de sa troisième conférence de presse que "les collectivités seront invitées à se rapprocher" :

Les régions d'abord, dont le nombre peut aussi évoluer. Les départements devront redéfinir leur avenirdans les grandes zones métropolitaines.

En contrepartie, précise François Hollande, "les régions se verront confier" dans une nouvelle loi dedécentralisation - prévue pour mi-avril selon Marylise Lebranchu - , "un pouvoir réglementaire localpour [leur] donner encore plus de liberté".

1- Le statu quo

12 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

Première possibilité : rien ne change. Comme le relève le site France TV Info, l'idée est loin d'êtreneuve. En 2009, Nicolas Sarkozy avait confié à Edouard Balladur une mission sur la réforme descollectivités locales. En était issu un rapport, bien nommé "Il est temps de décider".

Mais le lobbying de l'association des régions de France, qui regroupe les présidents de conseilsrégionaux, hostile au projet, a payé. Rien n'a changé depuis le rapport Balladur car le Code généraldes collectivités territoriales précise que la fusion doit recueillir l'aval des conseils régionaux et dela majorité absolue des suffrages exprimés dans chacune des régions concernées, explique le sitede France Télévision.

La situation a cependant changé en ce que l'ensemble des présidents de régions - Alsaceexceptée - de France métropolitaine sont de la même couleur politique que le gouvernement.

Cela ne les a pas empêché d'émettre des doutes en forme de "non, merci", dès le lendemain de laconférence de presse. "Une vieille idée technocratique" , assure le président de l'AFR, AlainRousset, par ailleurs président de la région Aquitaine.

Claude Gewerc, président de la région Picardie - qui serait démantelée dans la plupart deshypothèses reprises par la presse -, assure que les économies réalisées seraient en réalité trèsminimes :

Les régions ne pèsent que 2% de la dépense publique. Où sont les marges de manoeuvre économique? Si c'est là que François Hollande veut faire des économies, il s'est trompé.

Son homologue de la Basse-Normandie, Laurent Beauvais, pourtant favorable à un rapprochementavec la Haute-Normandie, assure qu'il "ne va pas se lancer tête baissée dans l'affaire" :

Ne faisons pas des coquilles vides avec les grandes régions, donnons-leur des compétences et desmoyens propres.

Des déclarations qui laissent présager un soutien limité des élus locaux au projet, dans l'hypothèsed'une consultation de la population.

2 - Diminuer le nombre de régions

Fusionner l'Alsace et la Lorraine, démanteler la Picardie et rapprocher chacun de ses troisdépartements de la région limitrophe, fusionner l'Auverge et le Limousin cher à François Hollande...

13 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

Le porte-parole des députés socialistes Thierry Mandon, par ailleurs co-dirigeant du Conseil desimplification voulu par François Hollande, s'est offert une belle couverture médiatique mercredi enestimant que le nombre de régions françaises pourrait passer de 22 à 15.

"Ca, c'est son avis à lui, en tant que parlementaire", a rétorqué le lendemain Marylise Lebranchu,précisant que le gouvernement "n'a pas pris cette décision là".

C'est sur cette base qu'un certain nombres de visualisations ont toutefois été publiées, commedans ce tweet d'un journaliste d'i>Télé :

Passer à 15 régions? Voici à quoi pourrait (peut-être) ressembler la nouvelle carte de France http://t.co/jpctzz7XJa pic.twitter.com/AZaIwgeTYD

- Yani Khezzar (@YaniKhezzar) 15 Janvier 2014

 

Cependant, un certain nombre de situations resptent problématiques, comme le montre la carteréalisée par La Tribune : les Hautes-Alpes, en Provence ou en Rhône-Alpes ? La Nièvre, dans lanouvelle région "Val de Loire ou en "Bourgogne-Franche-Comté" ?

"Il y aura une loi, elle arrivera vers avril-mai" , temporise Marylise Lebranchu. Elle comprendranotamment "une augmentation des compétences des régions". Mais "il n'y aura pas un couperet".

3 - Une évolution du nombre de départements

Les régions ne seraient pas les seuls concernées par ce nouveau projet de loi desimplification. "C'est aussi les départements sur les aires métropolitaines, les communes entreelles, les intercommunalités entre elles", explique Marylise Lebranchu.

Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, s'est ainsi dit "favorable" jeudi sur France Inter à lasuppression des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis, et du Val-de-Marne, les troisdépartements de la petite couronne parisienne.

Là encore, l'idée de rassembler les départements n'est pas neuve. En avril 2013, les Alsaciensavaient été appelés à se prononcer sur une fusion de leur région avec les départements duHaut-Rhin et du Bas-Rhin. Résultat : "non", à 56,44%, dans un contexte de forte abstention (36%de participation dans le Bas-Rhin, 37% dans le Haut-Rhin).

4- Des recompositions au niveau des métropoles

14 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

On a besoin de métropoles et autour des métropoles, il faut simplifier

C'est en ces termes que Jean-Marc Ayrault a justifié cet avis favorable. C'est également une pisteévoquée par Thierry Mandon, qui évoque une "digestion des départements par les métropoles" :

Là où il y a une métropole forte et là où il y a un département, on fait converger les deux.

C'est en quelque sorte l'exemple de Lyon, dont la communauté urbaine exercera bientôt lescompétances dévolues au conseil général, notamment l'action sociale, ainsi que les collèges et lestransports. C'est d'ailleurs la ville de Gérard Collomb a cité en exemple lors de sa conférence depresse.

15 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

CONJONCTURE > Après deux années de ralentissement sévère de l’activité,celle-ci s’est enfin stabilisée en 2013. En 2014, un certain nombre de secteursretrouveront des couleurs selon LCL. Revue de détail.

Fabien Piliu

En 2014, quels seront les secteurs qui tirerontla croissance française ?

Il était temps. Après deux années 2011 et 2012 bien morose , l'économie française a retrouvéquelques couleurs en 2013, stimulée en grande partie par la consommation des ménages.

En 2014, le nombre de secteurs affichant une augmentation de leur activité sera bien plusimportant qu'en 2013, indiquent les économistes LCL. " Malgré des contraintes fortes, comme laréduction des déficits publics, un chômage à un niveau élevé ou bien encore des exportationspénalisées par un euro fort, la France doit tirer un petit peu parti de la reprise de l'économiemondiale ", avance Isabelle Job-Bazille, la directrice des études économiques du groupe LCL.

Les effets réels du Pacte de responsabilité sont encore méconnus

Les réformes structurelles déjà menées par le gouvernement, notamment celles inclues dans lepacte de compétitivité, peuvent-elles être de nature à accélérer la sortie de crise de l'économiefrançaise ? Axelle Lacan, économiste France chez LCL, en convient même si " leur impact ne serapas immédiat ", avance-t-elle. Quant à l'impact du Pacte de responsabilité tout récemmentannoncé, il reste encore difficile à chiffrer admettent les experts. " Tant que l'on n'aura pas les

16 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

détails exacts de ce choc de compétitivité, tant que l'on ne connaîtra pas la méthode employée parl'exécutif pour le financer, il est délicat de se prononcer, même si les intentions nous semblent êtrede nature à améliorer la compétitivité de l'économie française ", poursuit Isabelle Job-Bazille.

En attendant, les secteurs qui retrouveront quelques couleurs en 2014 seront plus nombreux queceux qui souffriront.

Les secteurs qui profiteront de la reprise mondiale 

- Construction et réparation navales civiles  : après un exercice catastrophique, qui s'est soldépar une chute de 14% de la production, la reprise des commandes, la signature éventuelle deprochains contrats pour la construction de paquebots de croisière ainsi que le développement del'éolien offshore, permet d'envisager une hausse de 6% de l'activité.

- Construction aéronautique et spatiale : En hausse de 3% en 2013, la production progresserade 2% en 2014. A l'exception du marché du fret, tous les secteurs (Airbus, aviation d'affaires, filièrespatiale) affichent des voyants dans le vert.

- Secteur mécanique : la reprise des commandes en provenance d'outre-Rhin permet d'envisagerune hausse de 2% de la production après une année 2013 stable. Grâce à la reprise des exports,la transformation des métaux devrait afficher une hausse de 1,8% de sa production en 2014.

- Equipement automobile : si les constructeurs souffrent, les grands équipementiers bénéficierontde l'augmentation attendue de 5% des immatriculations en Europe cette année. Al production de cesecteur devrait augmenter de 4,2%.

- Au-delà du cas particulier du site de Gandrange, la sidérurgie verra sa production augmenter de2% cette année, tirée par la mégère reprise des investissements et un début de restockage.

- La production de la pharmacie progressera de 2%, après avoir déjà augmenté de 1,5% l'annéedernière. Les ventes à l'export augmenteront de 5% selon LCL

Les secteurs qui profiteront de la résistance de la consommation des ménages

- Stimulée par le niveau très modéré de l'inflation, par la préservation des revenus réels desménages, le grand commerce et en particulier les services devraient voir leur productionprogresser de 1,3% en valeur, après avoir augmenté de 1% l'année dernière.

Les secteurs qui verront leur activité se stabiliser.

17 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

- Après des exercices 2012 et 2013 catastrophiques, marqué par des chutes respectives de 16,4%et 14,3% de la production survenue, l'industrie automobile affichera une stabilisation de  saproduction cette année, malgré une augmentation prévue des immatriculations en Europe de 5%

- L'agroalimentaire  : hors boissons, après une année 2013 délicate, au cours de laquelle laproduction a reculé de 1,2% en volume, l'activité devrait progresser au rythme limité de 2%. Le segment Boissons retrouvera également quelques couleurs. Après un repli de 3% du volumede la production en 2013, l'activité augmentera de 0,5%, tirée par les ventes à l'export.

Les secteurs qui souffriront pour des raisons conjoncturelles

- La construction aéronautique et spatiale militaire : ce secteur souffre de la rigueur budgétaireimposée par la loi de programmation militaire 2014-2019 mais aussi de l'échec du Rafale à l'export.La production du secteur Electronique de défense reculera de 1% cette année après un repli de3% en 2013

- Dans la construction , tous les segments sont dans le rouge. Le bâtiment a vu sa productionreculer de 4,5% en 2013. En 2014, elle se repliera de 1,4%. La rigueur imposée aux collectivitéslocales pèse sur les travaux publics. Après une baisse de 3% l'année dernière, la productionchutera de 4% cette année

- Dans son sillage, le bâtiment entraîne avec lui le secteur de l'ameublement qui verra saproduction reculer de 3% à 4% cette année, l'équipement électrique (-1%) cette année, la transformation des plastiques (-1%) et  surtout le verre (-7%).

- Bien que la consommation des ménages résiste, certains segments pâtiront des incertitudeséconomiques. C'est le cas de l'habillement-textile, dont la production reculera de 1,3% en valeuret des chaussures (-1,8%)

Les secteurs qui souffriront pour des raisons structurelles      

- Avec le développement du numérique, l'industrie papetière (pâte à papier et vieux papiers,papier-carton) devrait être à la peine cette année, même si la baisse de la production sera limitée(+0,5%). Pour les mêmes raisons, l'édition et les industries graphiques souffriront davantageavec une baisse de 2% en volume en 2014, identique à celle observée en 2013.     

18 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

MARCHÉS FINANCIERS > Paris Europlace, le lobby du secteur financier français,a présenté le 16 janvier deux rapports donnant des pistes pour le redressent de lacompétitivité de la place financière de Paris, tombée au 8ème ou au…26ème rangmondial, selon les classements.

Christine Lejoux

La finance française alerte sur la chute de sacompétitivité

"Il faut sauver la place financière de Paris." Ainsi pourrait-on résumer la teneur de la conférence depresse organisée jeudi 16 janvier par Paris Europlace. L'association chargée de promouvoir laplace financière de Paris, et regroupant des émetteurs, des investisseurs et des intermédiairesfinanciers, a présenté deux rapports destinés à nourrir les réflexions du "Comité Place de Paris2020", lancé le 4 décembre par le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, afin de plancher surl'avenir de la place financière de Paris.

Il faut dire qu'il y a urgence car la dégradation de la compétitivité de cette dernière s'accélère : lacapitale française n'est plus que la huitième place financière mondiale, selon l'indice Xinhua DowJones, alors qu'elle était encore cinquième en 2010. Et encore ce classement est-il autrement plusflatteur que le Global Financial Index, qui relègue Paris en 26ème position mondiale (sur un total de80), alors que Londres, New York, Honk Kong et Singapour continuent de caracoler en tête.

Les coûts de financement, un facteur-clé de compétitivité

 Or, et ce n'est pas un financier pur sucre qui le dit mais un industriel, en l'occurrence Bruno Lafont,

19 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

PDG du cimentier Lafarge et président du collège Entreprises de Paris Europlace :

"Les coûts de financement, qu'il s'agisse de l'accès à la dette ou aux fonds propres, constituent unfacteur-clé de compétitivité (pour les entreprises françaises), au même titre que le coût du travail ou celuide l'énergie. Les entreprises investiront plus et se développeront davantage là ou l'industrie financièresera plus forte."

Une industrie financière qui, en France, pâtit d'une sur-fiscalisation, dénonce Paris Europlace. Defait, pour le seul secteur bancaire, le taux d'imposition du résultat comptable est passé de 38% en2010 à 63% en 2012.

Paris Europlace souhaite que la France renonce à la taxe sur les transactions financières

A cet égard, Séverin Cabannes - directeur général délégué de la Société générale et auteur de l'undes deux rapports présenté par Paris Europlace - plaide pour que la taxe systémique instaurée parla France en 2011 sur le secteur bancaire - et qui représente pour ce dernier une ponction annuelled'un milliard d'euros - soit allouée au futur fonds commun de résolution des crises bancaires, prévudans le cadre de l'union bancaire européenne et qui doit être abondé par les banques. Lesbanques françaises redoutent en effet d'écoper d'une taxe supplémentaire, destinée à financer lefonds de résolution, si la taxe systémique n'est pas réaffectée à ce dernier.

Toujours sur le plan de la fiscalité - l'un des principaux facteurs de la chute de la compétitivité de laplace de Paris -, Séverin Cabannes et Yves Perrier, directeur général de la société de gestionAmundi et auteur du second rapport publié par Paris Europlace, pointent du doigt le projet de taxesur les transactions financières (TTF). Porté par 11 pays européens dont la France, ce projet estqualifié de " tsunami" par Paris Europlace, qui souhaite purement et simplement que legouvernement y renonce. Au risque, sinon, de "voir un impact direct de la TTF sur les volumestraités sur la place financière de Paris, comme cela a été le cas il y a dix ans en Suède, ainsi qu'enItalie", prévient Séverin Cabannes.

 Des mesures qui relèvent de "l'urgence"

La fiscalité de l'épargne constitue elle aussi un problème pour la compétitivité de la place financièrede Paris. Tout simplement parce qu'elle " privilégie les placements courts et peu risqués, audétriment des placements longs et plus risqués que sont les actions" , regrette Yves Perrier.Résultat, sur les 11.000 milliards d'euros que représente le patrimoine global des ménagesfrançais, les trois quarts sont placés dans l'immobilier, et 9% seulement sont alloués aux valeursmobilières, telles que les actions et les obligations d'entreprises.

Conséquence, près de la moitié (46%) de la capitalisation boursière du CAC 40 se trouve auxmains d'investisseurs étrangers. Ce qui pose problème en matière de "contrôle de nos centres de

20 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

décision" , souligne Paris Europlace, invoquant "un enjeu de souveraineté nationale." Aussi YvesPerrier milite-t-il pour

"une remise à l'endroit de la fiscalité de l'épargne, en faisant bénéficier l'épargne longue de la clause del'épargne la plus favorisée fiscalement."

La balle est à présent dans le camp des pouvoirs publics. Avec une pression certaine :

" Nous aimerions que certaines des mesures préconisées par les deux rapports - qui relèvent del'urgence - figurent dans le projet de loi de finances pour 2015",

indique Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace.

21 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

INTERNET > Le gouvernement confie à Philippe Lemoine, le président de LaSer(Cofinoga), une mission sur « la transformation numérique » en cours ou à venirde tous les secteurs, du privé et du public, afin de préparer notre économie auxmutations des modèles économiques.

Delphine Cuny

Comment préparer l'économie française au«choc du numérique»: une mission va s'yemployer

Préparer notre économie au « choc de la numérisation  » : telle est la mission confiée à PhilippeLemoine, le président de LaSer (Cofinoga), par les ministres Pierre Moscovi, Arnaud Montebourg etFleur Pellerin. Désintermédiation, dématérialisation, économie du partage, etc. : les mutationsprovoquées par la révolution de l'Internet sont multiples et souvent brutales. «  Les industriesculturelles ont subi ce choc de plein fouet, l'hôtellerie et le commerce sont en train de le vivre, laPoste aussi : il faut que toute l'économie s'y prépare et que les filières se nourrissent desexpériences passées et des exemples étrangers  », décrypte un haut fonctionnaire à Bercy. Lesministres de l'Économie, du Redressement productif et de l'Économie numérique considèrent que « les acteurs privés et publics n'ont toujours pas pris la mesure de ces bouleversements  »,qui affectent «  tant les modes de conception et de production que les modes de distribution desbiens et des services . » Le président fondateur du Forum d'Action Modernités et président de laFondation Internet Nouvelle Génération (FING) aura pour mission d'apporter des éclairages surl'évolution des modèles économiques et des organisations, ainsi que de «  fédérer les acteursinstitutionnels, économiques et sociaux, par filière et par secteur, autour des enjeux de latransformation numérique. »

22 à la UneLA TRIBUNE 17/01/2014

 Automobile, assurance et santé particulièrement concernés

Philippe Lemoine travaillera avec le Conseil Général de l'Economie (ex CGIET), la DGCIS, ladirection du Trésor, et s'entourera d'un groupe d'experts : selon nos informations, on y trouvera defins connaisseurs du sujet tels que Henri Verdier, le directeur d'Etalab, la mission gouvernementalesur l'ouverture des données publiques, et Nicolas Colin, co-auteur d'un rapport sur la fiscalité del'économie numérique et organisateur de séminaires sur la disruption numérique dans différentssecteurs baptisés «  Les Barbares attaquent . » Des « barbares » souvent américains, mais unepersonnalité de chez Google pourrait rejoindre le groupe d'experts.

« Il y a des menaces mais aussi beaucoup d'opportunités. Il ne faut pas regarder ces bouleversementscomme une invasion barbare ni comme des admirateurs béats et naïfs » a observé Fleur Pellerin, jeudilors des vœux à la presse à Bercy.

Dans son rapport de mission qui sera rendu public en juillet prochain, Philippe Lemoine devraformuler des recommandations, en matière d'investissements, de formation, d'innovation ou deréglementation, et devra dresser une « cartographie de la maturité  » et de la maîtrise des enjeuxdans chaque secteur : le danger de ce choc de numérisation est-il proche, est-il grand ? Legouvernement définira huit à dix secteurs prioritaires, dans lesquels devraient figurer la santé,l'assurance et les transports au sens large, en particulier l'automobile. Du covoiturage à la voitureélectrique en passant par les applications de réservation de chauffeurs privés concurrençant lestaxis, le secteur est en effet concerné à de nombreux titres.

Un enjeu transversal et un rôle cathartique

La mission s'inscrit dans le prolongement de la « Nouvelle France Industrielle » et des 34 plans de« reconquête industrielle » d'Arnaud Montebourg, l'objectif étant de mobiliser les filières sur cetenjeu transversal de la transformation numérique et de jouer un rôle « cathartique » sur les peursengendrées par les bouleversements de l'Internet. Les ministres « entendent se donner les moyensd'accélérer la transformation de l'économie afin de placer la France à la pointe des économiesdéveloppées en termes d'innovation, par son appropriation et son utilisation des modèleséconomiques générés par le numérique . » En clair, faire en sorte que ce choc ne soit passeulement subi mais anticipé, accompagné et pourquoi pas salutaire.

23 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Après l’Union Nationale des Associations Familiales(UNAF), le président de la Caisse nationale d’Allocations familiales (CNAF), aexprimé jeudi ses inquiétudes sur la suppression annoncée pour 2017 descotisations familiales acquittées par les entreprises. Il n’y a pas que lesentreprises qui attendent avec impatience les détails du Pacte de responsabilité.

Fabien Piliu

Le choc de compétitivité annoncé parFrançois Hollande effraye les familles

Les défenseurs de la politique familiale redoutent le pire. Par la voix de son président, Jean-LouisDeroussen, l'Union Nationale des Associations Familiales a fait part de son inquiétude jeudi, deuxjours après l'annonce de François Hollande de supprimer les cotisations familiales des entreprisesd'ici 2017. Cette mesure représente un allègement de 30 milliards des charges des entreprises.

Trop brutal ?

" C'était dans l'air du temps et on se préparait à une diminution des cotisations des entreprises,mais d'ici 2017, que cela passe à zéro, ce n'est quand même pas quelque chose auquel ons'attendait de façon aussi brutale ", a déclaré le président (CFTC) du conseil d'administration de laCNAF, lors d'une audition à l'Assemblée nationale devant la Mission d'évaluation et de contrôle deslois de financement de la Sécurité sociale (MECSS).

Actuellement, quelque 60% des recettes de la branche famille proviennent des cotisations des

24 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

employeurs, tandis que près de 20% viennent de la CSG et le restant de divers impôts et taxes.

" Asseoir nos recettes à quasiment 80% entre CSG et les revenus du travail, ça donnait unecertaine dynamique aux recettes, qui venait compenser une dynamique des dépenses ", apoursuivi Jean-Louis Deroussen.

Le dynamisme des dépenses en question

" Si des recettes budgétaires sont fixées à X ou Y milliards d'euros, on n'est pas assurés du toutd'un dynamisme du côté des dépenses. On est vraiment très interrogatifs, parce que d'un côté onvous dit 'on supprime d'une façon ou d'une autre 60% de vos recettes', mais de l'autre"rassurez-vous (....), on ne touchera absolument pas aux prestations que vous devez verser ", a-t-ilregretté, en soulignant le besoin de revaloriser les prestations chaque année en ligne avecl'évolution du coût de la vie.

L'avenir de la politique familiale en question

Mardi, quelques minutes après l'intervention de François Hollande, l'Union Nationale desAssociations Familiales (UNAF) était également montée au créneau après avoir rappelé que lapolitique familiale faisait l'objet d'un plan sévère d'économies depuis un an. " Aujourd'hui même[mardi], l'INSEE annonce une baisse du taux de fécondité en France, sous le seuil symbolique dedeux enfants par femme, une première depuis 2008 : c'est un avertissement ! Sur le planéconomique, une baisse de la natalité pèserait sur la consommation, l'emploi, la croissance et surles retraites futures ", précise l'association.

" Quelle est la logique de dédouaner les entreprises de leur contribution à la branche famille tout enleur demandant de s'engager davantage à prendre en compte les besoins des parents salariés(congés parentaux, crèches d'entreprises…) ? Comment l'Etat va t-il compenser sur un tempsaussi court et sur des montants aussi massifs une telle perte de recettes ? Si cela se traduit parmoins de prestations, moins de services, moins d'aides, ce sont au final les familles qui subiront deplein fouet cette mesure ! Et pour quel bénéfice en contrepartie ? », s'interrogeait l'UNAF.

Autant de questions qui viennent s'ajouter à celles que se posent également les entreprises,impatientes de connaitre les contours exactes du Pacte de responsabilité que leur propose le chefde l'Etat. En attendant l'UNAF demande une évaluation des effets sur l'emploi de la suppressiondes cotisations familiales, une garantie du niveau de financement de la branche famille par desressources lisibles et dynamiques et souhaite être associée à la réflexion et aux décisions, comptetenu de l'impact sur les familles et sur la gouvernance de la branche famille.

 

25 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

ENTRETIEN > Hervé Mariton, délégué général au projet de l’ UMP, député de laDrôme et président du mouvement "Droit-au-coeur", réagit au projet de"pacte deresponsabilité" détaillé par François Hollande lors de sa conférence de presse du14 janvier. Pour lui, le président apporte des réponses totalement insuffisantespar rapport aux exigences de la situation.

Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut

"François Hollande reconnait ses erreursmais il ne va pas plus loin"

La Tribune - Que vous inspire les mesures annoncées par François Hollande dans le cadredu pacte de responsabilité ?

Hervé Mariton - Ce qui a été proposé doit être pris. Mais le diagnostic est très insuffisant. CertesFrançois Hollande reconnait ses erreurs mais il ne va pas plus loin. Et les propositions présentées,notamment sur l'allègement du coût du travail via la suppression des cotisations "famille" desentreprises, si seulement elles sont appliquées, ne sont absolument pas à la hauteur : ce sont 100milliards d'euros d'allègements qu'il faudrait pour les entreprises, comme le préconise PierreGattaz, président du Medef , et nous à l'UMP nous prônons 130 milliards d'économies dans lesdépenses publiques. Bref, j'insiste, ce que propose le président est très nettement insuffisant.

Mais, pourtant, s'il avait été réélu Nicolas Sarkozy souhaitait instaurer une "TVA sociale"pour, justement alléger, les cotisation "famille" des entreprises

Oui, c'est exact, ce sont des mesures que nous avions prises et que Monsieur Hollande a

26 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

contesté ! J'ajoute que les mesures d'économies annoncées [ à hauteur de 53 milliards sur troisans] ne sont toujours pas justifiées. Elle devaient servir à garantir un retour dans les clous de notresituation budgétaire, c'est ce qui a été assuré aux autorités européennes. Maintenant,manifestement, ces économies vont également servir à autre chose. Je crains donc que les mêmeséconomies soient gagées plusieurs fois.

Si vous étiez aux affaires, qu'auriez-vous fait dans les même circonstances ?

Nous aurions un programme d'économies beaucoup plus courageux ; nous aurions fait uneréforme plus drastique de l'action publique ; nous n'aurions pas embauché de nouveauxfonctionnaires comme l'a fait la majorité ; nous aurions fait une vraie réforme des retraites. Et laréforme de la formation professionnelle tant vantée n'est pas à la hauteur. Décidément FrançoisHollande ne mesure pas l'exigence du diagnostic et ses solutions sont très lacunaires...

Les mesures annoncées par François Hollande ont divisé l'UMP entre ceux qui lui apportentun soutien critique et d'autres qui veulent toujours rester dans une opposition frontale…

Je répète que je prends ces mesures mais que je les juge insuffisantes. Ma façon de faire lasynthèse entre les deux camps que vous évoquez. Ceci dit, il y a peut-être également à l'UMPcertaines personnes qui n'ont pas mesuré l'exigence du diagnostic et la nécessaire vigueur desréponses à apporter.

27 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

ENTREPRISES > La France a connu plus de 63.000 défaillances d’entreprises en2013, renouant avec son niveau de 2009. Les TPE et les PME sontparticulièrement touchée.

latribune.fr

Record des défaillances d'entreprises en2013, les PME en première ligne

L'année 2013 restera dans les annales comme une mauvaise année pour l'entrepreneuriat. Autotal, 63.101 d'entre elles ont été en défaut de paiement ou soumises à une procédure desauvegarde l'an dernier, selon une étude de la société Altares publiée jeudi matin et citée par lesEchos. Soit une hausse de 3% par rapport à 2012 et surtout un niveau équivalent à au pic de 2009,au plus fort de la crise.

Ces difficultés ont mis en péril 269.000 emplois selon Altares. La reprise pressentie par lesdifférents organismes ne s'est pas ressentie du point de vue des entrepreneurs puisqu'ils ont dûfaire face à quelque 16.000 procédures liées à une défaillance lors du dernier trimestre de l'année.

Les TPE et PME en première ligne

Avec des problèmes de trésorerie récurrents, ce sont principalement les très petites, petites etmoyennes entreprises qui ont souffert l'an dernier. Les entreprises de moins de deux salariésreprésentent en effet 42.500 des 63.101 défaillances répertoriées. En l'absence de perspectivesd'amélioration de ce point de vue là, le responsable des études d'Altares Thierry Millon cité par les

28 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Echos s'attend à ce que le nombre des défaillances dépasse à nouveau les 60.000 cette année.

C'est la faiblesse de la consommation des ménages qui est la principale responsable de cesdifficultés. Si bien que 8.500 commerces ont déposé le bilan l'an passé, soit bien plus que durant lepic de 2009.

Manque de fonds propres

Une partie de ces entreprises a encore une chance de s'en sortir cette année, le défaut depaiement n'entrainant pas forcément la fermeture de l'entreprise. Mais l'optimisme ne saurait êtrede mise.

"Les plaies de 2009 ne sont pas cicatrisées . Après cinq années de crise, beaucoup d'entreprisesrencontrent des problèmes structurels et pas seulement d'activité. Les faibles taux de marge, voire lespertes, ont entraîné un manque de fonds propres. Beaucoup d'entre elles n'ont pas publié leurs comptesdepuis 2010. Elles manquent de trésorerie. La moitié sont déficitaires en exploitation. Or, pour sortir desprocédures juridiques de faillite, il faut prouver que la société possède les fonds nécessaires pouraffronter l'avenir," explique Thierry Million aux Echos.

 

Le baromètre d'Altares - bilan 2013 from lesechos2

29 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

UNION EUROPÉENNE > George Osborne a donné le choix à l’Union européenne:ou elle se réforme, ou elle verra le Royaume-Uni la quitter. Mais ces menacesrisquent de ne faire peur à personne.

Romaric Godin

Europe: le vain ultimatum de Londres de plusen plus isolé

Le Royaume-Uni lance un ultimatum à l'Europe. Un an après le fameux discours sur l'Europe deDavid Cameron où le Premier ministre britannique annonçait un référendum en 2017 sur lemaintien ou non du pays dans l'UE, le chancelier de l'échiquier (ministre des Finances) GeorgeOsborne a mis en garde : ou l'Europe se réforme, ou le Royaume-Uni quittera l'UE.

Réforme ou sortie

L'idée développée par George Osborne vise à obtenir une réforme en profondeur des traitéseuropéens pour définir la place des pays qui, comme le Royaume-Uni, ne souhaite pas entrer dansl'euro. Il s'agit de faire pendant au processus en cours d'intégration accélérée de la zone euro quiest en place depuis le début de la crise de la zone euro. « Si nous ne pouvons protéger les intérêtscollectifs des pays non membres de la zone euro, alors ces derniers n'auront pas d'autres choixque d'entrer dans l'Union économique et monétaire… ou de quitter l'UE », a indiqué le chancelierde l'Echiquier.

Pression politique intérieure

30 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Le contenu des réformes souhaitées par le gouvernement britannique reste assez flou. Cetultimatum révèle surtout une double réalité : un isolement croissant de Londres sur la scèneeuropéenne et une pression constante des eurosceptiques sur la scène intérieure. Le derniersondage de Yougov sur les prochaines élections européennes montrent ainsi des « Tories » entroisième position avec seulement 23 % des intentions de vote contre 32 % pour les travaillistes et26 % pour le parti eurosceptique de Nigel Farage, le UKIP. Les Libéraux-démocratesn'obtiendraient que 9 % des voix. Logiquement, le gouvernement est pris de panique et tente demontrer à son opinion sa fermeté vis-à-vis de l'UE.

Londres isolée en Europe

Autre point déterminant : Londres perd progressivement ses alliés traditionnels dans l'UE. Ledivorce est désormais consommé avec la Pologne depuis que Varsovie s'est alliée à Berlin et Parissur le cas des travailleurs détachés. Le ministre des Affaires étrangères polonais, RadolsawSikorski a également montré de l'irritation face à la stigmatisation par le gouvernement de Londresde l'immigration intra-européenne et à la dénonciation du « tourisme social. » Bulgarie et Roumaniene cachent pas non plus leur colère.

Le vent tourne également en République tchèque où le nouveau Premier ministre, qui dirige unecoalition de centre-gauche, vient de faire de l'entrée de l'euro en 2020 une priorité , alors que lepays menait jusqu'ici une politique eurosceptique : en 2011, il avait été le seul, avec leRoyaume-Uni, a rejeté le traité sur le MES et le pacte budgétaire. Enfin et surtout, Berlin, un tempstenté par l'alliance avec Londres et par un changement de traités, semblent moins enthousiaste.Londres est décidément de plus en plus seule. Et tente donc de peser en jouant sur le chantage :retenez-moi ou je fais un malheur…

Un chantage qui restera lettre morte ?

L'ennui, c'est que ce chantage risque de ne guère porter. En Europe, l'initiative est aujourd'huiclairement du côté de Berlin. Désormais assurée après le discours de François Hollande, de voirParis ralliée à ses choix économiques pour la zone euro, l'Allemagne n'a guère besoin de s'appuyersur un allié aussi encombrant que Londres. Elle a plutôt intérêt à poursuivre « l'intégration de lazone euro » à sa façon. L'ultimatum de George Osborne pourrait donc bien rester lettre morte…

31 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

DETROIT > La ville du Michigan est en faillite. 80.000 bâtiments sont abandonnés.La population a été divisée par 2,5. Seuls 40% de l’éclairage public fonctionnent.« Motor City » est dans un état lamentable. Les grands patrons de GM, Ford,Chrysler, habitent, eux, dans de magnifiques banlieues.

Alain-Gabriel Verdevoye, à Detroit

Detroit, capitale de l'automobile américaine etdu crime, est une ville sinistrée

Belles voitures et ville sordide. Tel est le paradoxe du salon de Detroit, qui a ouvert ses portes lundiaux professionnels. Dans l'affreux parallélépipède en béton gris sale du Cobo hall, sur le bord d'une« Detroit River » en partie gelée, le premier salon automobile de l'année offre un saisissantcontraste entre, d'une part, les gros pick-ups V8 chromés comme le nouveau Ford « F » , lessportives hyper-puissantes rutilantes telles les Mustang et Corvette, les luxueuses voituresgermaniques venues en force dans ce «  show », et, de l'autre, les nombreuses vieilles voiturespourries dans les rues, signe manifeste de l'extrême appauvrissement de cette ville en faillite.

Régime de sauvegarde

En décembre dernier, un juge fédéral a autorisé « Motor City » à bénéficier du régime desauvegarde, faisant valoir que la cité était insolvable. Un plan de réorganisation financièreprésumée doit être présenté avant le 1er mars. Il est vrai que cette ville sordide, capitale de l'autoaméricaine comme de la criminalité, croule sous 18 milliards de dollars de dettes et passifs (13milliards d'euros), dont plus de 50% est constituée par les retraites et l'assurance-maladie. Le trèscélèbre musée des arts de Detroit, qui recèle de magnifiques collections - notamment de peinture

32 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

française - pourrait du coup être amené à disperses ses trésors.

Cette ville fantôme voisine de celle de Windsor au Canada, qui a vu sa population décroître de 1,8million d'habitants au sortir de la seconde guerre mondiale à 700.000 à peine aujourd'hui, n'est passeulement la ville des records d'homicides, mais aussi celle de la corruption. Ancien maire deDetroit, Kwame Kilpatrick a été condamné en octobre dernier à 28 ans de prison. Depuis 1929, lapresse locale rappelle que trois autres maires sont passées par la prison ou ont dû être déchus deleur fonction.

Terrains vagues, friches industrielles

A quelques centaines de mètres du siège de General Motors dans le gratte-ciel à quatre tours du« Renaissance Center », ce ne sont que terrains vagues, énormes parkings blafards quasi-déserts,immeubles délabrés, murés, usines désaffectées. Et pas un piéton dans les rues, sauf quelquesmiséreux SDF ! L'avenue Woodward, célèbre jadis pour sa splendeur, n'est désormais « civilisée »que sur 500 mètres. Au-delà, on se fait peur, avec d'étranges rencontres...

Quant à « Greektown », le quartier des restaurants qui s'étend sur 100 mètres à peine, ce n'est pasnon plus la panacée. Ca sent la mauvaise nourriture dans ces tavernes bas de gamme censéesrappeler la Grèce dont provenaient nombre d'immigrés. Bref, rien de très affriolant. Mais c'estencore ce petit bout de la rue Monroe qui seule est un peu animée. Quant au réputé casino deDetroit où se trouve aussi un grand hôtel, clinquant, de mauvais goût à souhait, il est cerné, lui, pardes villas abandonnées et taguées.

Tout ça sent la détresse, la dégénérescence. Et ce, alors que le marché automobile américaindevrait revenir cette année à de très bons niveaux, tutoyant les records d'avant la crise de la fin desannées 2000 ! Avec, à la clé, de solides profits pour GM, Ford et Chrysler. Le voyageur qui n'osepas marcher et s'aventure à prendre un taxi, se retrouvera quant à lui engoncé dans de grosseslimousines antédiluviennes, sales, déglinguées, aux odeurs douteuses, conduites par deschauffeurs obèses à la mine souvent patibulaire. Quant au tarif, il est parfaitement à la tête duclient. C'est en tous cas ce que nous avons expérimenté.

80.000 bâtiments abandonnés

Preuve que nous n'exagérons pas, Detroit compte près… de 80.000 bâtiments à l'abandon. Il estvrai que la presse américaine évalue à 8.000 dollars (5.900 euros) le coût de la démolition d'unimmeuble résidentiel. Des sommes que la municipalité ne peut évidemment débourser. Et, commece n'est pas la place qui manque… Ah, pour ajouter à cette atmosphère de fin du monde, sachezque l'éclairage public fonctionne… à 40% seulement. On estime que 85% de la surface de la ville a

33 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

connu une chute de sa population ces dix dernières années.

Et pourtant, pas loin, des gens pleins d'argent il y en a. On a même du mal à imaginer quand on setrouve au sein de « Downtown » que, à quelques kilomètres de là, des très, très riches habitent demagnifiques villas de milliardaires dans les banlieues chic comme Birmingham. N'oublions pas queles grands patrons de l'auto américaine habitent là.

Tel Alan Mulally - le patron de Ford dont le siège est à Dearborn, à 25 minutes du centre de Detroit- qui est a priori le patron de l'automobile le mieux payé au monde. Visiblement, ça ne gêne pas lesdirigeants des « Big Three » d'avoir, à proximité de leurs ghettos de riches, une capitale dans cetétat. C'est aussi ça, l'Amérique.

34 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

RÉFORME DES RETRAITES > Les Sages ont validé l’intégralité de la loi sur lesretraites. Ils ont notamment jugé "conformes à la Constitution" les articlescontestés par des députés UMP instaurant le compte pénibilité à partir de 2015.

latribune.fr

Le Conseil Constitutionnel dit oui à la réformedes retraites

Le Conseil Constitutionnel a validé ce jeudi l'intégralité de la loi sur les retraites, ouvrant la voie àl'application de cette réforme. Les Sages ont notamment jugé " conformes à la Constitution " lesarticles contestés par des députés UMP instaurant le compte pénibilité à partir de 2015.

Ce dispositif permet aux salariés exerçant un métier pénible de se reconvertir ou de partir plus tôt àla retraite. La réforme prévoit par ailleurs un allongement progressif de la durée de cotisationnécessaire pour toucher une retraite à taux plein, à 43 ans en 2035.

Les députés UMP avaient saisi le Conseil Constitutionnel en décembre

Le Parlement avait adopté définitivement le 18 décembre la loi "garantissant l'avenir et la justice dusystème de retraites", mais les députés UMP avaient saisi dans la foulée le Conseil Constitutionnel.

Leur recours jugeait trop imprécis le cadre de mise en place du compte pénibilité, y voyant aussiune "rupture d'égalité" entre travailleurs, puisque celui-ci ne s'adresse qu'aux salariés de droit privé.Le Conseil Constitutionnel a au contraire estimé que les dispositions n'étaient " ni imprécises, ni

35 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

inintelligibles" et que le législateur "pouvait ne pas appliquer ce dispositif aux agents de droit public".

Le processus de nomination du directeur de la Caisse de retraite des professions libérales aégalement été validé

L'article relatif à la nomination du directeur de la Caisse de retraite des professions libérales,également contesté, est lui aussi validé. Ses dispositions " ne portent atteinte ni à la libertéd'entreprendre ni à aucune autre exigence constitutionnelle", précise le Conseil.

Les représentants des professions libérales avaient dénoncé cet article prévoyant que le directeurde la caisse soit désigné par le conseil d'administration dans une liste de trois noms établie par legouvernement.

36 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

LA PHRASE DU JOUR > Le ministre du Redressement productif estime qu’il estpossible de créer 1,8 million d’emplois grâce au "pacte de responsabilité" avecles entreprises annoncé par François Hollande et jugé insuffisant l’objectif d’unmillion du Medef.

latribune.fr

Pour Montebourg, le pacte de responsabilitépeut créer "1,8 million d'emplois"

"Pour ramener le taux de chômage à 7% d'ici 2018 (le niveau de l'Allemagne et des Etats-Unis) ilfaudrait créer 1,8 million d'emplois au cours des cinq prochaines années (...) Est-ce que nous pouvons,avec les propositions de baisse de charges faites par le président de la République, y arriver ? Nous lecroyons."

C'est ce qu'a affirmé ce jeudi Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, àl'occasion de ses voeux à la presse.

"100 milliards de baisse de charge contre un million d'emplois en cinq ans (...) ce n'est pasassez"

Avant d'ajouter:

37 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

" Pierre Gattaz (président du Medef) demande 100 milliards de baisse de charge contre un milliond'emplois en cinq ans (...) Nous pensons que ce n'est pas assez."

François Hollande a annoncé mardi une nouvelle baisse du coût du travail avec des contrepartiesnégociées avec les entreprises, dont "des objectifs chiffrés d'embauches, d'insertion des jeunes, detravail des seniors, de qualité de l'emploi, de formation".

Jean-Marc Ayrault rencontrera les partenaires sociaux le 27 janvier pour lancer les travauxdu "pacte de responsabilité"

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a quant à lui estimé jeudi que le "pacte"permettrait de doper la croissance et l'emploi en France, en disant qu'il fallait le mettre en place trèsrapidement. Jean-Marc Ayrault rencontrera les syndicats et les organisations patronales le 27janvier pour lancer les travaux du "pacte de responsabilité".

Pour Montebourg, le gouvernement est "social-patriote"

Par ailleurs, le ministre du Redressement productif a qualifié le gouvernement de "social-patriote", en allusion à la conférence de presse de mardi de François Hollande, où le président s'est affichéclairement comme social-démocrate. Et il s'est présenté comme un interventionniste "décomplexé", avant d'expliquer que "la politique par son intervention [pouvait] corriger les excès destructeursde l'économie et aussi favoriser les effets bénéfiques de l'économie".

L'Etat doit planifier la "révolution industrielle"

Arnaud Montebourg a également balayé d'un revers de main les critiques attribuées par "la presseanglo-saxonne qui nous donne des leçons de ne rien faire. Il a enfin ajouté que :

Quelqu'un doit organiser la résistance (...) L'Etat doit remettre de l'ordre dans le désordre. Il doitréinvestir les champs de l'économie abandonnés, doit investir comme actionnaire et doit planifier larévolution industrielle.

38 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

IMMOBILIER > Près de huit français sur dix jugent qui leur est difficile de devenirpropriétaire dans leur commune actuelle.

latribune.fr

Les Français ont de plus en plus de mal àacheter dans leur commune

Les Français ont de plus en plus de mal à assouvir leur désir profond d'accéder à la propriété. Ainsiprès 80% des Français sur dix jugent "difficile de devenir propriétaires" dans leur commune àl'heure actuelle, selon un sondage Ifop réalisé pour le courtier en prêts immobilier Immoprêt, publiéjeudi. Lors de cette enquête, 77% des personnes interrogées ont estimé "plutôt difficile" (54%) voire"très difficile" (23%) d'acheter un logement dans leur commune, seuls 23% étant d'un avis différent(20% jugeant une acquisition "facile" et 3% "très facile").

Les Français veulent en premier lieu une baisse de la fiscalité locale

En matière de logement et de coûts associés, les attentes des Français vis-à-vis de leur communesont tout d'abord une baisse de la fiscalité locale (43%) et un accès à la propriété facilité (30%), lesdeux réponses les plus fréquemment citées par les sondés, qui pouvaient en donner plusieurs.Viennent ensuite: "rendre les logements plus économes en énergie" (27%), "rénover les logementsexistants" (23%), "limiter le niveau des loyers" (20%), selon ce sondage.

Proposer "des solutions adaptées pour les personnes âgées ou dépendantes" (17%) et"développer les logements pour les jeunes" (14%) ou encore "construire davantage de logements

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pour répondre à la demande" (14%) et "faciliter l'obtention des logements sociaux" ont été citésmoins souvent. Enfin, "développer le droit de préemption urbain dans le but de contrôler les prix del'immobilier" (8%) et "renforcer la mixité sociale" (7%) ont été deux options plus marginalementévoqués.

Satisfaction sur l'action des communes en matière de logements

Interrogés sur l'action de leur commune en matière de logement, plus de six sondés sur dix (64%)l'ont jugée "satisfaisante" (57% "assez satisfaisante" et 7% "très satisfaisante"), 36% étant d'un aviscontraire: 29% se sont dit "peu" satisfaits et 7% "pas du tout". Toutefois en région parisienne, oùexistent de grandes tensions sur le marché du logement, la proportion d'insatisfaits monte à 42%et, au sein des occupants de logements sociaux en général, à 50%.

En choisissant leur logement, les Français interrogés ont affirmé avoir considéré comme"déterminant": son emplacement (49%) et son prix (44%), loin devant le nombre de pièces (20%),la superficie (18%), le confort (13%) et les infrastructures de proximité (10%). Le montant desimpôts locaux (4%) et, étonnamment, la consommation d'énergie (3%) ont eu peu d'influence, auxdires des sondés.

 

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40 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

EDUCATION > Doublement des primes pour travailler dans des établissementsdes zones d’éducation prioritaires, une enveloppe qui pourrait aller jusqu’à 100millions d’euros supplémentaires… la réforme se veut d’une “ampleur sansprécédent“.

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Plus de temps, plus d'argent… comment legouvernement veut réformer les ZEP

Revaloriser les revenus des enseignants pour les attirer dans les zones d'éducation prioritaires.C'est le pari du gouvernement annoncé lors de la conférence de presse de François Hollandemardi qui a d'ailleurs promis une réforme "d'une ampleur sans précédent". Voici ce que l'on pouvaiten retenir. Lors du Conseil des ministres mercredi, puis dans les colonnes du Parisien ce jeudiavant une conférence de presse dans la matinée, le ministre de l'Education Vincent Peillon adétaillé son projet.

Un nouveau nom, un périmètre quasi identique

Les fameuses ZEP reçoivent un nouvel acronyme. Elles sont rebaptisée REP, pour "réseaud'éducation prioritaire". Le nombre d'établissement concerné reste le même "autour de 1000réseaux",  dont 350 "regrouperont les situations les plus difficiles", indique le texte de la réforme. 

Une prime doublée

Les indemnités versées dans l'éducation prioritaire seront doublées. Le but : encourager la stabilité

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des équipes dans les établissements, selon le compte rendu du Conseil des ministres de mercredi.Aujourd'hui, la prime pour travailler dans l'un de ces établissements est en moyenne de 100 eurospar mois environ.

Plus de temps

"On va leur donner du temps pour se former, organiser un travail en équipe ainsi que le suivi desélèves", promet le ministre dans une interview au Parisien publiée ce 16 janvier. 

Budget : 100 millions de plus? 

L'enveloppe supplémentaire allouée par Bercy pourrait atteindre 100 millions d'euros selon leFigaro . Le ministre a contredit cette information sur RTL ce jeudi 

"Il n'y a pas un euro de plus, mais je les affecte différemment (...) ?Ce sera 300 à 400 millionsd'euros"

Dans le Parisien, il a par ailleurs indiqué:

"La réforme est financée sur le budget de l'Education nationale, jusqu'à 2017, dans le cadre des moyensalloués à la refondation (…) Je verrai dans la durée ce qu'il est nécessaire d'ajuster. Nous assumons demettre davantage de moyens là où il y en a le plus besoin." 

En tout, en prenant compte des 100 millions supplémentaires avancés par les Figaro, l'ensembledes mesures de cette réforme coûterait 350 millions d'euros.

50% de plus pour un parisien

Répondant aux critiques sur l'affectation de ce budget qui serait inégalement réparti, le ministre sedéfend en affirmant à la radio que l' "on consacre aujourd'hui 50% d'argent public en plus pour unélève du centre parisien que pour un élève de Créteil."

Objectif: réduire les écarts de performance

Le but de cette réforme : "l'objectif du quinquennat est que les écarts de performance scolaire entreles enfants de l'éducation prioritaire et les autres ne dépassent pas 10%".

 

42 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Refonder l'éducation prioritaire publié par Fil_actu

(Article créé le 16/01/2014 à 08:18, mis à jour à 10:44)

43 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

TABAC > La grève entamée il y a 6 jours sur le site de distribution Logista Franceaffecte quelque 5.000 buralistes franciliens, en rupture de stock. La confédérationdes buraliste réclame la mise en place d’un plan d’urgence.

latribune.fr

Tabac: en pénurie de cigarettes, les buralisteslancent un SOS

Pas de fumée...sans tabac. La grève menée par des salariés demandant un augmentation de leurssalaires depuis vendredi dernier sur le site de distribution Logista de Lognes (Seine-et-Marne), àune vingtaine de kilomètres de Paris, inquiète la confédération des buralistes.

5.000 buralistes en rupture de stock

Celle-ci souligne les difficultés auxquelles doivent faire face les buralistes parisiens, dans uncommuniqué:

"Pour les 5.000 buralistes franciliens et du Nord, cela a pour conséquence des ruptures de stock, desheures perdues à tenter de s'approvisionner, et des difficultés financières supplémentaires, à la veilled'une pénurie de tabac"

La confédération des buralistes réclame un plan d'urgence

Aussi la confédération a-t-elle demandé à Logista, qui dispose d'un quasi-monopole des livraisons

44 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

des bureaux de tabac, de mettre en place "un plan d'urgence de livraison, pour tous les buralistestouchés par ce mouvement social ", précise son président, Pascal Montredon, cité dans cecommuniqué.

45 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

LA GAFFE > Pour bénéficier de l’avantageux forfait fiscal suisse, les étrangersdoivent y résider au moins six mois et un jour. Or, l’activité de Laetitia et JohnnyHallyday sur Instagram fait dire à la RTS qu’ils passent bien moins de temps dansleur chalet de Gstaad.

latribune.fr

Fiscalité : Laetitia et Johnny Hallyday trahispar les réseaux sociaux ?

Monaco, Saint Barth, Los Angeles... Le compte Instagram de Laetitia Hallyday, la compagne ducélèbre chanteur de rock français Johnny, a de quoi faire rêver. Le mannequin français y postechaque jour (ou presque) une photo, ou dialogue avec ses amis ou fans en toute liberté... Oubliantpeut-être que les photos sont accessibles à tout le monde.

La RTS suisse a utilisé l'activité du couple Hallyday sur Twitter et Instagram pour conclure qu'ilspassaient peu de temps dans leur chalet à Gstaad, luxueuse commune de 3.200 habitants situéedans le comté de Berne.

Six mois et un jour

Et alors ? Alors le couple Hallyday, qui y possède un chalet depuis 2006, risque de perdrel'avantage du forfait fiscal suisse. Cette fiscalité permet aux ressortissants étrangers ayant leurrésidence principale dans un canton helvète de ne plus être taxés sur leur revenus ou leur fortune,mais sur leur train de vie en Suisse.

Seule condition : vivre en Suisse au moins six mois et un jour, soit la majeure partie de l'année. Età en croire l'activité numérique du couple, les Hallyday en sont loin !

Magali Philip, la journaliste qui anime l'émission Sonar sur la RTS , a dénombré 31 clichésgéolocalisés en Suisse et explique ainsi :

Les clichés sont géolocalisés mais ils sont aussi datés, donc si c'était Twitter et Instagram qui devaientpermettre d'évaluer en 2013 la présence de Johnny et des siens dans leur résidence des Alpesbernoises, seuls 15 petits jours maximum seraient comptabilisés.

Imposé à 20% en 2011

46 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

En 2011, expliquait l'année suivante le magazine Challenges, Johnny Hallyday n'avait été imposéqu'à 20%, malgré des revenus de 2,6 millions d'euros.

Le député socialiste Yann Galut, par ailleurs très présent sur les réseaux sociaux et ex rapporteurd'un projet de loi sur la lutte contre la fraude fiscale (adopté en novembre 2013), a demandé àJohnny Hallyday "de clarifier sa situation au regard des impôts français".

Dans un communiqué, il affirme que "les journalistes de la RTS ont pu vérifier que le coupleHallyday ne passe que très peu de temps dans leur chalet suisse de Gstaad, leur résidenceprincipale et domiciliation fiscale".

Géolocalisation

Contactées par la RTS, les autorités locales du canton de Berne n'ont pas souhaité faire savoir siGstaad était toujours la résidence principale du couple Hallyday.

En cas d'enquête, la dernière photo publiée par Laetitia Hallyday pourrait jouer en défaveur ducouple : "c'est bon de rentrer à la maison", disait-elle il y a trois jours dans une publicationgéolocalisée... en Californie !

47 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

LA PHRASE DU JOUR > La directrice du FMI s’inquiète des risques de baisse desprix dans les pays industrialisés.

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Lagarde : “la déflation est un ogre qu'il fautcombattre fermement“

La déflation est un "ogre", un "mauvais génie". Et c'est le mal qui menace les pays industrialisés aprévenu Christine Lagarde. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), dans undiscours à Washington prononcé mercredi, a estimé que :

"Des risques croissants de déflation qui pourraient être désastreux pour la reprise (…) Cela veut direque les banques centrales devraient retourner à des politiques monétaires plus conventionnellesseulement quand une croissance robuste sera fermement installée."

Niveau élevé du chômage dans la zone euro

Dans la zone euro, où notamment "l e niveau élevé du chômage est encore préoccupant" , lespolitiques monétaires "pourraient encore faire davantage", a par ailleurs souligné l'ancienneministre française de l'Economie.

>> L'Europe est-elle sur le point de sortir de la crise?

Fed: des "remous à prévoir"

48 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Aux Etats-Unis, la Fed, qui a décidé de réduire en parti son programme de rachat d'actif endécembre pourrait agir de même dans les prochains jours. . "La réaction à la réduction des achatsd'actifs de la Fed a été calme jusqu'ici et c'est une bonne nouvelle. Mais il y a encore des remous àprévoir", a-t-elle prévenu. Avant de mettre en garde contre des risques de volatilité sur les marchésfinanciers et dans les pays émergents.

>> Pour les économies émergentes, le danger pourrait venir de la Fed en 2014

49 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

DÉFLATION > La BCE a choisi de laisser pour le moment ses taux inchangés, ellen’hésitera pas à prendre de nouvelles mesures pour éviter la crise dans la zoneeuro, assure Christian Noyer.

latribune.fr

Si la crise empire, la BCE prendra "sansaucun doute" de nouvelles mesures (Noyer)

Le gouverneur de la Banque de France, et à ce titre membre du conseil des gouverneurs de laBCE Christian Noyer a affirmé que la BCE prendrait "sans aucun doute" de nouvelles mesurespour soutenir l'économie en zone euro.

Sur Europe 1, Christian Noyer a expliqué :

On l'a toujours fait ces dernières années, on a été très audacieux et, si besoin est, on prendrait denouvelles mesures, ça ne fait aucun doute.

Les mesures nécessaires

La semaine dernière, le président de la BCE Mario Draghi avait assuré que l'autorité prendraittoutes les mesures nécessaires pour lutter contre la déflation, que la présidente du FMI ChristineLagarde a qualifié jeudi d'"ogre à combattre".

Que la BCE laisse ses taux inchangés ne l'empêche pas de vouloir lutter contre la baisse des prix :

50 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Nous avons le mandat d'assurer la stabilité des prix. Dans les deux directions. Et je veux être clair : tousles instruments autorisés par les traités sont éligibles à notre action.

Si Mario Draghi n'a pas souhaité entre dans le détail de ces « instruments », il avait évoqué deuxconditions dans lesquelles la BCE pourrait agir : une détérioration du marché monétaire à courtterme, ou une détérioration des anticipations d'inflation à moyen terme.

51 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

MONNAIES > Le patron d’Airbus, Fabrice Brégier, a appelé jeudi l’Europe à "gérersa monnaie comme une arme économique" en agissant sur le cours de l’euroqu’il juge trop fort par rapport au dollar américain.

latribune.fr

"L'Europe doit gérer sa monnaie comme unearme économique" (PDG d'Airbus)

" L'Europe ne peut pas être la seule zone qui ne gère pas sa monnaie comme une armeéconomique ". Le message de Fabrice Brégier, PDG d'Airbus, est clair. Interrogé sur BFMBusiness, la patron de l'avionneur européen s'est plaint que " la profitabilité d'Airbus a beaucoupsouffert car l'euro est trop fort par rapport au dollar".

Selon le patron d'Airbus, " il faut contrôler très sérieusement pour l'ensemble des entreprisesexportatrices le cours de l'euro par rapport au dollar ", alors que l'avionneur vient d'annoncer unnouveau record de commandes d'avions en 2013.

Concrètement pour le groupe, "une variation de 10 centimes sur un euro par rapport au dollar c'estlargement plus d'un milliard qui s'évapore", a souligné Fabrice Brégier.

Satisfait de l'A380

Interrogé sur le superjumbo A380, pour lequel Emirates a passé une commande de 50 unités en2013, il estime que " c'est un exemple pour les autres compagnies au monde qui veulent

52 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

effectivement croître sur ce marché fantastique".

Il a reconnu "avoir eu des périodes difficiles sur l'A380" qui "sont derrière nous maintenant", aprèsavoir indiqué lundi que l'A380 avait surmonté le problème des micro-fissures dans les structuresdes ailes qui ont ralenti la production depuis 2012.

Possible évolution de l'A330

Concernant une évolution de l'A330, le PDG a fait savoir que "c'est une éventualité" mais "on n'estpas pressé de réfléchir à des évolutions supplémentaires".

" On va continuer d'améliorer nos plateformes existantes ", avec " encore beaucoup dedéveloppement mais pas un énorme nouvel avion", a annoncé M. Brégier.

Selon lui, les "nouvelles technologies ne sont pas encore prêtes pour justifier des investissementsmajeurs sur un nouvel avion".

53 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

RÉGLEMENTATION > L’accord conclu le 19 décembre entre les 28 sur lesmodalités de restructuration des banques en difficulté est jugé inacceptable parles présidents des groupes politiques du Parlement. Au motif que les décisionsd’intervention seront prises par les Etats, et non par la Commission.

latribune.fr

Le Parlement européen menace de bloquerl'union bancaire

Le Parlement européen a affiché jeudi son refus d'entériner en l'état l'accord conclu le 19 décembreentre les Vingt-Huit sur les modalités de restructuration et de fermeture des banques en difficultéde la zone euro.

Cet accord - qui prévoit que les décisions d'intervention soient prises par les Etats, et non par laCommission européenne, comme le souhaitait Michel Barnier, le commissaire au Marché intérieur -est inacceptable, ont estimé les présidents des groupes politiques du Parlement, réunis àStrasbourg.

"La conférence des présidents et l'équipe de négociation (avec le Conseil) rejettent fermementl'approche intergouvernementale de l'accord sur le Mécanisme de résolution unique (MRU), dans lamesure où il s'affranchit de la méthode communautaire et de la procédure législative ordinaire", indique un communiqué.

"Au vu des importantes divergences entre le Conseil et le Parlement, il est possible qu'aucun

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compromis n'intervienne avant les élections européennes de mai", ajoute le texte.

Or l'accord du Parlement est requis pour entériner la création du MRU, un mécanisme qui doitentrer en vigueur en 2015 et qui est destiné à éviter de faire peser sur les Etats et les contribuablesles faillites d'établissements de crédit.

Ce sera, avec le mécanisme de supervision unique du secteur bancaire, placé sous laresponsabilité de la Banque centrale européenne (BCE) et déjà acté, un des piliers de la futureunion bancaire, objet de négociations depuis juin 2012.

Intervenant mercredi devant les eurodéputés, le président de la Commission européenne, JoséManuel Barroso, avait regretté que l'approche communautaire voulue par la Commission n'ait pasété suivie par les Etats, tout en invitant le Parlement à finaliser les négociations avec le Conseilavant le mois de mai.

55 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

CONSOMMATION > La dernière chaîne de supermarchés qui en vendait a indiquéavoir renoncé à en proposer dans ses rayons, sous la pression des défenseursdes animaux qui dénoncent les traitements infligées aux oies et canards.

latribune.fr

On ne trouvera plus de foie gras dans lessupermarchés danois

Encore une mauvaise nouvelle pour la filière du foie gras. Alors que la consommation marque lepas en France et que le mets a été successivement banni de Californie, d'Israël, puis d'Amazonces deux dernières années, la dernière chaîne de supermarchés qui en vendait au Danemark aindiqué ce jeudi avoir renoncé à en proposer dans ses rayons, sous la pression des associationsde défenseurs des animaux.

"Un produit légal, mais cependant controversé"

"Nous avons pris position pour dire que du point de vue du bien-être animal, il n'est pas justifiablede continuer à en vendre", a affirmé à nos confrères de l'AFP Martin Brinch Jöhncke, le directeurdes opérations de cette chaîne, Superbest. "Nous étions les derniers supermarchés à vendre cequi est un produit légal, mais cependant controversé", a-t-il souligné.

Si le foie gras disparaît des rayons de SuperBest, dont entre 10 et 20 magasins vendaient ceproduit, les amateurs peuvent toujours en trouver dans des épiceries fines et à la carte de quelquesrestaurants.

56 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Les associations de protection des animaux se réjouissent

De leur côté, les militants de la cause des animaux se sont félicités de ce nouveau recul du foiegras, déjà peu populaire chez les Danois. Dans un pays qui fait partie des plus grands exportateursde porc, un épisode de la série Borgen évoquant les souffrances des porcins avait suscité en 2013un débat sur le traitement des animaux d'élevage.

"Toutes les chaînes de supermarchés font front commun contre un produit totalement contraire àl'éthique ", a affirmé dans un communiqué le porte-parole de l'association Anima, ThorbjørnSchiønning. Cette association a cherché à faire connaître le plus largement la méthode du gavageet l'enfermement des palmipèdes en batterie, dont elle dénonce la cruauté. L'interdiction totale dufoie gras au Danemark est son objectif déclaré.

Un marché mineur pour les producteurs français, mais...

Si cette annonce ne devrait pas bouleverser la donne pour les producteurs français (quiproduisent les trois quarts du foie gras consommé dans le monde), dans la mesure où le marchéfrançais représente chaque année autour de 70% de la consommation mondiale et que leDanemark ne constitue pas un marché majeur, cette annonce est encore une fois révélatrice ducontexte délicat pour le foie gras actuellement, notamment en termes d'images.

57 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

FORUM > C’est ce qu’affirme le Forum économique mondial dans son rapportannuel, publié une semaine avant la 44e édition du Forum de Davos.L’organisation cite également les crises budgétaires ou encore le risquecroissant de défaillance massive des systèmes informatiques parmi les risquesles plus préoccupants.

latribune.fr

A Davos, on parlera des inégalitéscroissantes entre riches et pauvres

L'aggravation du fossé entre les plus riches et les plus pauvres est le principal risque qu'encourt lemonde au cours des années à venir, met en garde ce jeudi le Forum économique mondial (WEF).

"Le fossé persistant entre les revenus des citoyens les plus riches et ceux des plus pauvres estconsidéré comme le risque susceptible de provoquer les dégâts les plus graves dans le monde aucours de la prochaine décennie ", indique le Forum dans son rapport annuel sur les risquesmondiaux présenté à Londres.

Selon cette enquête, à laquelle ont participé plus de 700 experts mondiaux, les événementsmétéorologiques extrêmes, le chômage, le changement climatique et les cyberattaques viennentensuite dans la hiérarchie des risques les plus à même " de provoquer un choc systémique àl'échelle mondiale".

Risque croissant de "cybergeddon" et de "balkanisation de l'Internet"

58 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Le rapport du Forum économique - publié une semaine avant la 44e édition du Forum de Davos quise tiendra du 22 au 25 janvier - cite également les crises budgétaires ou une éventuelle crise del'eau parmi les risques les plus préoccupants aujourd'hui ainsi que le risque croissant de " cybergeddon " (défaillance massive des systèmes informatiques qui aurait des conséquences catastrophiques pour l'économie mondiale).

La "dépendance croissante" à l'égard d'internet et "l'expansion massive des équipements qui y sontreliés rendent le risque de défaillance systémique plus important que jamais en 2014 ", avertit leForum. D'autant plus que suite aux "récentes révélations concernant la surveillance desgouvernements " par l'ancien consultant informatique Edward Snowden, " la communautéinternationale se montre moins désireuse de travailler conjointement à l'établissement de modèlesde gouvernance pour remédier à cette faiblesse", regrette le WEF.

Un manque de coopération qui " pourrait aboutir à une balkanisation de l'Internet, égalementappelée cybergeddon, où les pirates jouiraient d'une supériorité écrasante et où les perturbationsmassives seraient monnaie courante", craint le Forum.

"Les interconnections entre sociétés et technologies entraînent une augmentation desrisques systémiques"

"Nos vies changent à un rythme sans précédent. Les transformations à l'oeuvre dans l'économie,l'environnement, la géopolitique, la société et la technologie offrent des opportunités sans pareilmais les interconnections entre elles entraînent également une augmentation des risquessystémiques ", estime Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économiquemondial.

" Les entreprises, les gouvernements, la société civile font face à la nécessité de faire évoluerimpérativement la compréhension et la gestion de l'émergence de risques globaux qui, pardéfinition, ne respectent pas les frontières nationales", souligne-t-il, cité dans le rapport.

 

>> Suivez toute l'actualité du World Economic Forum sur le blog "Inside Davos"

59 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

LONDON EYE > En 2013, Londres a attiré quelque 16 millions de touristes, contre15,9 millions de touristes en 2012 pour la capitale française française.

latribune.fr

Tourisme : Londres peut espérer détrônerParis comme ville la plus visitée au monde

Big Ben a-t-il mis la Tour Eiffel K.O. ? C'est ce qu'espèrent les dirigeants de la capitale britanniquequi devraient annoncer jeudi une affluence record de 16 millions de touristes étrangers sur 2013 àLondres.

Ce chiffre, que la mairie lie directement à un "effet Jeux Olympiques", que la ville avait accueillis en2012, laisse penser que Londres aurait pu détrôner Paris, visitée par 15,9 millions de personnes,mais en 2012 - ce qui fausse la comparaison.

"L'image de Londres a changé"

Pour le maire adjoint de Londres, Kit Malthouse, "l'image de Londres a changé grâce aux JO. Lesgens ont vu une ville belle, ouverte, vibrante, au-delà des clichés habituels sur la reine et le ginBeefeater."

Ces visiteurs ont dépensé 5 milliards de livres (6 milliards d'euros) sur les six premiers mois de2013, en hausse de 12 %, notamment dans le West End, quartier du shopping, des restaurants etdes théâtres, qui pèse économiquement plus que la City, et davantage que tout le secteur agricole

60 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

britannique, selon Le Figaro.

"Lobby touristique"

Dans l'ensemble du pays, les arrivées d'étrangers ont bondi de 11 % sur les neuf premiers mois del'année, à près de 25 millions de personnes.

Si les touristes venant de Chine, d'Inde ou du Moyen-Orient représentent une large part de lacroissance constatée, les visiteurs londoniens proviennent en grande majorité d'Europe, devantl'Amérique du Nord.

Sous la pression des milieux d'affaires et du lobby touristique, le ministère de l'Intérieur britanniquea accepté récemment d'assouplir sa politique de visas pour les touristes chinois.

61 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

INDICATEUR > Les commandes de machines-outils, meilleur indicateur del’investissement privé, a effectué sa plus forte progression en cinq ans ennovembre. Un bon point pour les Abenomics, mais surtout encouragé par lesanticipations de la hausse de la TVA au Japon.

Romain Renier

Japon : commandes de machines-outils à unniveau record

Le signe de la reprise ou simple phénomène conjoncturel ? Le nombre des commandes demachine-outils, qui servent à la production industrielle, a bondi de 9,3% en un mois, et de 16,6% enun an, selon les données fournies jeudi par le gouvernement.

Plus forte hausse depuis cinq ans

C'est la plus forte hausse mensuelle depuis cinq ans et la cinquième hausse en rythme annuelle detous les temps pour cet indicateur censé refléter le plus fidèlement l'investissement. De quoiapparemment confirmer le retour de la croissance sous l'effet des Abenomics de Shinzo Abe.

Jusque là, les efforts de Shinzo Abe, le premier ministre à l'origine des Abenomics, ne parvenaitpas à faire repartir les investissements des entreprises nippones. Mais une progression régulièrejusqu'à ce pic de la fin de l'année des commandes de machines outils a fait partie des signesencourageants.

62 EconomieLA TRIBUNE 17/01/2014

Effet provisoire avant la hausse d'une taxe

Cette tendance à la hausse devrait se maintenir au cours du premier trimestre 2014, selon unenote de Iwahara Kohei, de Natixis. Mais cette embellie ne pourrait être que provisoire. Car lescommandes de machines outils sont tirées par une importante demande intérieure dopée parl'anticipation de mise en place d'une taxe sur la consommation au mois d'avril prochain.

"Après cette hausse, les entreprises seront probablement plus précautionneuse à cause d'incertitudespersistantes du renforcement de la demande privée", explique Iwahara Kohei dans sa note.

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Les grands enjeux de 2014 : le choix du Japon, s'ouvrir ou souffrir

63 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

TÉLÉCOMS > Si Fleur Pellerin a indiqué que le rapprochement de deux acteursrisquerait de se traduire en casse sociale, la position du gouvernement restepragmatique en cas de projet de fusion, la priorité étant donné à l’investissementdans le très haut débit et à l’emploi.

Delphine Cuny

Pas question de fusion dans les télécoms … «pour l'instant »

Tout le monde en parle. Deux ans après l'arrivée de Free Mobile, la guerre des prix dans lestélécoms mènera-t-elle à plus ou moins brève échéance à une fusion et un retour à trois acteurs ?Expliquant la ligne du gouvernement, la ministre à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, a déclaréce jeudi : « Nous privilégions l'investissement, l'innovation et l'emploi, dans un marché qui est pourl'instant à quatre opérateurs. Nous ne cherchons pas à « micro-manager » le secteur, mais à faireen sorte que les opérateurs soient à la hauteur des investissements nécessaires dans le secteur. »Interrogée plus précisément sur la perspective d'une fusion, la ministre a estimé cependant qu' « une consolidation entre deux acteurs serait nécessairement synonyme d'un certain nombre dedoublons. Qui dit doublon dit casse sociale et ce n'est pas une perspective qui enchanterait legouvernement. Il est beaucoup trop tôt pour dire aujourd'hui que le low-cost a gagné. Nousaviserons. Pour l'instant, il n'en est pas question. »

Ne pas laisser « détruire » le secteur

« Pour l'instant  » donc. Car, dans le même temps, «  il est hors de question qu'on laisse les prixd'effondrer parce que des millionnaires se querellent sur la place publique  » a mis en garde ce

64 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

jeudi Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, qui ne souhaite «  pas uneconcurrence effrénée par les infrastructures, mais une nécessaire mutualisation pour retrouver dela marge d'investissement. » En clair, si l'alternative à une fusion est une guerre des prix suicidaire,« on ne va pas laisser les acteurs détruire le secteur, au détriment du très haut débit, del'investissement, de l'emploi », explicite un haut fonctionnaire de Bercy, qui ajoute « si un projet deconsolidation est sur la table, vu les enjeux en termes de doublons et d'emplois, il faudra trouverles meilleures conditions. On ne pousse pas à la consolidation, mais il n'y a pas de chiffre magique,trois ou quatre opérateurs », martèle-t-il. La ministre a, semble-t-il, voulu adresser un avertissementaux opérateurs : le gouvernement ne donnera pas sa bénédiction à n'importe quel rapprochement.

Attention au risque de duopole

De son côté, le président de l'Autorité de la concurrence a exprimé sa prudence sur une éventuellefusion. Interviewé mercredi sur BFM TV, Bruno Lasserre a relevé que « Bouygues et SFR ne nousont pas du tout parlé de fusion  » dans le cadre de leurs négociations sur la mutualisation deréseaux, dans lesquelles Free tente de s'inviter, mutualisation que « nous encourageons car celadonnera une respiration stratégique au secteur et permettra d'accélérer les déploiements . » Si legendarme se déclare « pragmatique », il s'interroge : « passer de quatre à trois, qu'est-ce que celaveut dire ? Si cela préfigure la marginalisation du troisième acteur et que l'on va vers un duopole,est-ce une solution souhaitable ? » Et une consolidation par rachat « serait-elle la plus favorable àl'investissement, à l'innovation, à l'emploi ?  », a-t-il demandé, sans apporter de réponse. BrunoLasserre, dont le mandat se termine le 2 mars, a indiqué qu'il serait d'ailleurs très attentif à ladécision de la Commission européenne sur les projets de fusion en cours en Allemagne et enIrlande, deux pays qui sont en passe de basculer de quatre à trois opérateurs, comme en Autriche.Même si ces décisions ne seraient pas forcément transposables chez nous.

65 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

LA PHRASE DU JOUR > Arnaud Montebourg a fustigé « les millionnaires qui sequerellent sur la place publique », en référence à Xavier Niel et Martin Bouygues.Le ministre du Redressement productif a appelé à la « modération » et à larecherche d’un « équilibre » entre consommateurs, emplois et investissement.

Delphine Cuny

« Les opérateurs télécoms se font la guerresur le dos de l'intérêt général »

Arnaud Montebourg a semble-t-il peu apprécié la sortie de Martin Bouygues, en décembre,déclarant la guerre des prix dans le fixe , venue couronner une série d'amabilités échangées parvoie de presse entre Xavier Niel, de Free, et Stéphane Richard, d'Orange. Lors de ses vœux à lapresse à Bercy ce jeudi, le ministre du Redressement productif s'est enflammé contre « ces opérateurs qui se font la guerre sur le dos de l'intérêt général. Il est hors de question que nouslaissions les prix s'effondrer dans les télécoms parce que des millionnaires se querellent sur laplace publique, pendant que des Français attendent le haut ou très haut débit » a-t-il déclaré.

Pas de rente sur le dos du consommateur ni de guerre des prix

« Dans les télécoms, nous ne souhaitons pas davantage de rente sur le dos du consommateur nide guerre des prix. Il faut trouver un équilibre, modérer les ardeurs des amoureux du low-cost, afinde préserver l'emploi et l'investissement, car nous avons un vrai sujet d'aménagement du territoire,de fracture numérique. La privatisation des bénéfices et la socialisation des pertes, ça suffit !  » aprévenu le ministre. Il a annoncé que le gouvernement demanderait «  des obligations, descontreparties  », telles que des relocalisations de centres d'appels, des engagements en matière

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d'emploi et d'investissements, qui seront introduites dans les futures licences des nouvellesfréquences (bande 700 Mhz) qui seront mises aux enchères prochainement. Il a révélé que XavierNiel, qu'il avait rencontré « en tête à tête » à son cabinet fin décembre, « a dit qu'il ferait lui aussides efforts » en matière de patriotisme économique pour aider l'équipementier Alcatel-Lucent.

67 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

SURVEILLANCE > Dans le sillage des industries de défense, le monde civils’empare de ces engins volants télépilotés. En dix-huit mois, plus de 250 start-upont vu le jour ! Initialement cantonnées à la prise de vue aérienne, ces jeunesentreprises s’ouvrent désormais à de nouveaux horizons industriels...

Erick Haehnsen

La révolution des drones s'installe dans leciel français... et dans les entreprises

Bienvenue dans l'ère des drones ! Dans le ciel du monde entier vrombissent des milliers d'avions etd'hélicoptères miniatures télépilotés depuis le sol grâce à un tableau de commande, ou guidés parGPS et configurés par un opérateur qui leur assigne des zones à survoler.

Ces mini-drones (moins de 25 kg) ou micro-drones (moins de 2 kg) captent d'époustouflantesimages aériennes pour l'industrie du cinéma. Ils enregistrent aussi les déplacements techniquesdes sportifs dans certains clubs de foot (à l'instar du FC Grenoble qui filme ainsi sesentraînements), ou servent de faire-valoir à des artistes avant-gardistes comme Lady Gaga pourses spectacles aux États-Unis. La célèbre chanteuse est en effet récemment montée sur scènevêtue d'une... robe volante reliée à six engins aériens !

 

>>> Voir aussi DIAPORAMA Les drôles de drones civils et militaires

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Dans l'espace aérien américain dès 2015

Demain, de tels aéronefs livreront sans doute des marchandises à domicile, comme le prometl'australien Flirtey, qui cherche à propulser son pays au statut de leader mondial de la livraisonaérienne dès 2014. Ou encore Amazon, qui souhaite lancer un service identique aux États-Unisdans le cadre de son service futuriste Amazon Prime Air. Parfois critiquée, l'ambition du géant de ladistribution s'inscrit pourtant dans la continuité d'une décision du Congrès américain, qui vise àouvrir aux drones, dès 2015, l'espace aérien américain, jusqu'à présent réservé aux avions.

Pour l'heure, ni l'Europe, ni la France n'affichent d'objectifs aussi ambitieux - alors que l'Hexagoneest le premier pays au monde à s'être doté d'une réglementation en matière de drones avec l'arrêtéministériel du 11 avril 2012.

150 mètres maxi

Afin d'encadrer leur vol, le texte prévoit quatre scénarios selon que l'appareil est guidé en zonepeuplée ou non, à vue ou hors vue du pilote, en mode de pilotage automatique ou manuel. Encombinant ces facteurs, l'opérateur sait à quelle altitude il doit limiter l'engin (150 mètres maximum)et quel rayon d'action il peut couvrir. Fort attendue dans le secteur, l'apparition de la réglementationa été à l'origine de la naissance d'une quantité de start-up qui ont trouvé le cadre qui leur manquaitpour démarrer leur activité.

« Aujourd'hui, près de 600 drones sont pilotés par plus de 350 entreprises référencées. Dont 250 ont vule jour en 2013 », souligne Emmanuel de Maistre, président de la Fédération professionnelle du dronecivil (FPDC) et cofondateur de RedBird France, une de ces jeunes pousses, basée à Paris, qui s'estspécialisée dans la capture de photographies aériennes.

« En France, 1.000 personnes environ travaillent dans ce secteur. Leurs marchés de prédilection sontles médias, la communication et le cinéma, essentiellement pour de la prise de vue. Cette activitéreprésente 80% du marché des applications civiles du drone aujourd'hui. »

Un marché qui, malgré le manque d'estimations fiables, pèserait près de 2 milliards d'euros enFrance.

5.000 euros pour un drone d'entrée de gamme

Avec un ticket d'entrée particulièrement bas, certains segments, comme la prise de vue

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audiovisuelle, menacent d'emblée d'être saturés par de petits acteurs. Lesquels se résumentparfois à des autoentreprises, voire à de simples quidams... sans assurance.

Toutefois, de nouveaux marchés de niche, à fort potentiel, sont en train d'émerger. À l'instar de lasurveillance des feux de forêt. Une tendance lourde qui se généralise en plusieurs points du globe.Par exemple, des expérimentations ont lieu au Brésil, dans le cadre du programme Brazil Forestmené par la société SLB depuis 2008, au Chili (sur initiative du gouvernement), et également enFrance.

Dans les Landes, par exemple, le Sdis 40 (service départemental d'incendie et de secours desLandes) est équipé d'une escadrille d'aéronefs fournis par la société Fly-n-Sense, basée àMérignac (Gironde), une des pionnières tricolores du drone civil depuis 2006.

Envoyés au-dessus des fronts de flamme, les aéronefs télépilotés offrent ainsi aux professionnelsdu feu un angle de vue plus large sur les incendies. De quoi aider à la prise de décision.

De multiples (potentielles) applications

Certaines s'annoncent particulièrement prometteuses. Comme la cartographie de terrain pourl'architecture, l'exploration minière, l'inspection d'ouvrages d'art (ponts, barrages, etc.) et de siteshistoriques, ou encore l'agriculture.

Dans tous les cas, les images deviennent des informations brutes qui font l'objet d'un traitementinformatique lourd. Dans le cas d'une inspection d'ouvrages d'art, le drone collecte des dizaines demilliers de photographies afin de créer une cartographie complète de l'ouvrage en 3D.

« En viticulture, l'enjeu vise à calculer le rendement d'une parcelle en comptant le nombre de pieds devigne ou à analyser chaque feuille de vigne afin de déceler d'éventuelles maladies, détaille GrégoireTiberghien, cofondateur de Locadrone, une start-up basée à Bondues (Nord).

Pour se distinguer sur ce type d'applications, les opérateurs doivent non seulement soigner leur offre entermes de capture d'images, mais surtout développer des applications informatiques capables degénérer des données à forte valeur ajoutée. »

Lorsqu'il s'agit d'inspecter des câbles électriques, des pylônes, des pipelines, ou encore des voiesferrées, la qualité de l'image est en effet primordiale.

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« L'enjeu, c'est de détecter des minuscules fissures, comme une brèche de 2 mm sur un ouvrage de 800mètres de haut », explique Nicolas Pollet, responsable de la mission drone à la SNCF infra, la branchedu Groupe SNCF qui réalise, pour le compte de RFF (Réseau ferré de France), la gestion, l'exploitationet la maintenance du réseau ferroviaire.

« Afin d'augmenter la précision, l'idéal serait de multiplier les capteurs à bord du drone. Mais celareviendrait à augmenter sa charge utile. Sur ce point, la réglementation nous bloque. »

Le casse-tête du poids

Pour parcourir des milliers de kilomètres lors de la même mission, il faut embarquer environ 20 kgde batteries. Or, seuls des micro-drones inférieurs à 2 kg ont aujourd'hui l'autorisation de parcourirde telles distances hors de la vue directe du télépilote (qui opère au sol) et hors zone peuplée.

Aujourd'hui, le secteur des drones est face à un paradoxe. D'un côté, la réglementation donnel'avantage en termes de distance de vol aux micro-drones et restreint le déplacement des plus grosappareils. D'un autre côté, les industriels se prennent à rêver d'engins de grande envergure, aussirobustes que des modèles militaires, dotés d'une grande autonomie et capables d'embarquer desdizaines de kilos de charge utile.

« Avant l'apparition de la réglementation, le but du jeu était clairement de reproduire, à bas coût, desdrones MALE [moyenne altitude longue endurance - un terme militaire, ndlr] », assure Sarah Kirman,responsable des domaines d'activités stratégiques au sein du pôle Pégase, l'un des trois pôles decompétitivité français dédiés à l'industrie aéronautique et spatiale, situé à Aix-en-Provence(Bouches-du-Rhône).

Mais la direction générale de l'Armement (DGA) s'y est opposée en 2010. Du coup, une générationintermédiaire est en train de voir le jour.

« Nous sommes très peu de constructeurs sur ce créneau d'avenir », souligne discrètement DominiqueDaniel, directeur général de Swat France, filiale installée dans le Vaucluse d'un constructeur suisse dedrones civils dotés d'un poids total autorisé en vol de 150 kg, dont 60 kg de charge utile (par exemple 20kg de caméras et 40 kg de carburant). « Nous visons une navigation entièrement automatique sur 1.000km. Le drone stocke ses propres données. »

Très modulaire, l'architecture de ce prototype prévoit d'accueillir des combinaisons de capteursaussi variées que ses futures missions.

Alléger la surveillance des sites sensibles

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De son côté, la SNCF, qui travaille sur ce sujet avec EDF, a décidé de jouer un rôle de locomotive.Elle s'est alors rapprochée de la direction générale de l'Aviation civile (DGAC), qui coopère déjàétroitement avec l'ensemble des acteurs du drone civil à travers, notamment la FPDC. Un groupede travail a été mis sur pied afin de mettre à jour la réglementation dans les six prochains mois. Enattendant, certains opérateurs de grands réseaux d'infrastructures s'impatientent.

« Nous effectuons 600.000 km de surveillance par an, dont 350.000 par voie aérienne, précise FrédéricGuillou, chef de projet Innovation chez GRT Gaz qui détient et exploite le plus long réseau de transportde gaz naturel à haute pression d'Europe. Il est indispensable de substituer des drones aux actuelsavions et hélicoptères que nous utilisons. »

À la clé, c'est une facture qui, selon les experts, pourrait être divisée par quatre ou cinq.

72 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

AUTOMOBILE > Le nouveau gros pick-up Ford "F" se voit allégé de 300 kilospour moins consommer. Les américains ne s’intéressent pas au diesel et lapénétration des véhicules hybrides et électriques reste stable. Mais, la réductiondes consommations devient un argument de vente majeur aux Etats-Unis.

Alain-Gabriel Verdevoye, à Detroit

Même les constructeurs auto américainss'intéressent aux économies d'énergie

Au salon de Detroit, les économies d'énergie des voitures américaines ne sont semblent pasflagrantes. Pourtant, "les consommations de carburant deviennent un critère d'achat essentiel auxEtats-Unis" , explique Jim Farley, directeur des ventes et du marketing de Ford. " Les clients neprennent pas en compte les rejets de C02, mais ils veulent réduire les consommations", renchéritLudwig Willisch, PDG de BMW North America . "Le gallon d'essence ordinaire est à 3,20 dollarsdans l'Etat du Tennessee, contre 3,80 il y a un an. Cela n'empêche pas que la réduction du budgetcarburant soit un argument de vente majeur ", argue à son tour Pierre Loing, vice-président deNissan en charge du plan produits pour l'Amérique du nord et du sud.

300 kilos d'allègement

Si, au salon de Detroit, le visiteur européen est toujours surpris par les mastodontes qui y sontexposés, notamment sur les stands GM, Ford et Chrysler, les mentalités n'en évoluent pas moins.L'allègement de 300 kilos du tout nouveau pick-up " Full Size " Ford F, grâce notamment àl'utilisation de l'aluminium, devient même un argument de vente majeur pour la treizième générationde cet énorme véhicule qui demeure obstinément en tête des ventes aux Etats-Unis depuis plus de

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trente ans. Et la réduction de la cylindrée des moteur est à l'honneur.

"I l y a quatre ans (sur la précédente génération du "F"), nous ne vendions pas un seul moteur V6(plus petit). En 2013, celui-ci représentait déjà 40% de nos ventes. Cela veut dire que 300.000américains ont accepté de descendre d'un moteur V8 à un V6", se félicite Jim Farley.  Mieux, le "petit" 2,7 V6 du nouveau "F" est même doté d'un "Stop and start" (arrêt et redémarrageautomatique du moteur au feu rouge) comme sur une vulgaire citadine du Vieux continent.

Sur la future sportive Ford Mustang , parallèlement au gros V8 de 426 chevaux, une " petite" motorisation turbo de 2,3  litres de cylindrée, moins évocatrice mais aussi moins énergivore, seraproposée. Et Ford va encore plus loin sur sa dernière berline moyenne, la Fusion, puisqu'il offredésormais dans cette gamme un moteur carrément européen de 1,6 litre de cylindrée seulement.

Diesel pas à la fête

Certes, là où en Europe on en est à commercialiser des micro-moteurs tricylindres de moins de unlitre de cylindrée - y compris chez Ford - , aux Etats-Unis proposer un six cylindres presque troisfois plus gros sur un "F" est déjà considéré comme une prouesse! Mais, les véhicules américainsrestent beaucoup plus gros. Logique: il n'y a pas de problème de place outre-Atlantique, où routes,villes, parkings, sont taillés pour les gros 4x4. Et l'américain moyen ne rentrerait pas dans uneRenault Twingo! "I l n'y a pas de tendance à la réduction de taille des véhicules", confirme PierreLoing.

Chez Chrysler, la nouvelle berline moyenne 200, développée sur une plate-forme Alfa Romeo (Fiat)rallongée, le recours à une transmission automatique ultra-sophistiqué à neuf rapports a aussi pourobjectif de... diminuer la facture énergétique.

Pour réduire les consommations, on mise toujours aux States sur les moteurs thermiques àessence. Le diesel y demeure encore marginal, même si Volkswagen, Mercedes et BMW essayentd'en faire la promotion. La version à gazole représente ainsi "25% de ventes de "SUV" X5", préciseLudwig Willisch. Les mécaniques diesel consomment certes moins, mais le gazole est plus cheraux Etats-Unis que le sans-plomb! Et le diesel traine une sale réputation héritée des moteurs GMdes années 80, aussi polluants que peu fiables.

Les hybrides restent stables

Quant à l'hybride (essence-électrique), si Toyota en fait la promotion "avec 345.000 ventes l'anpassé aux Etats-Unis" selon  William Faye, vice-président de Toyota en Amérique du nord, sa partde marché "ne progresse pas. Hybrides, hybrides rechargeables, électriques, ont une pénétrationqui demeure à 3% du marché américain depuis cinq ans", indique Jim Farley.

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" Ca nous a d'ailleurs surpris que cette pénétration n'augmente pas" , remarque au passage ledirigeant de Ford, qui offre plusieurs véhicules " verts " dans sa gamme américaine. " La part del'hybride demeure encore faible. Le surcoût des véhicules est trop sensible",  renchérit Pierre Loing.Vive donc la classique voiture à essence, mais avec des technologies dernier cri (turbo, injectiondirecte...)!

75 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

L'HISTOIRE DU JOUR > La firme de Cupertino s’est engagée à payer 32,5 millionsde dollars de compensation à des parents dont les enfants avaient acheté desaméliorations dans des applications mobiles.

latribune.fr

Les enfants achètent les app, Applerembourse les parents

Apple est parvenu lundi à un accord avec la Commission fédérale du commerce (FTC) concernantl'achat d'applications sur l'App Store par des enfants à l'insu de leurs parents, rapporte le FinancialTimes. L'entreprise à la pomme s'engage ainsi à rembourser 32,5 millions de dollars à ses clients.

D'après le FTC, «au moins» des dizaines de milliers d'Américains sont concernés par lephénomène, leur enfant dépensant des centaines, parfois des milliers de dollars dans l'achatd'amélioration au sein d'application (achat intégré ou in app) comme le très célèbre Candy CrushSaga.

L'achat intégré à l'origine du problème

Aujourd'hui, la quasi-totalité (93% prévus en 2015) des applications sur iPhone et Ipad est gratuitecar elles réalisent leur chiffre d'affaires en permettant d'acquérir pour une somme moindre desobjets ou de l'argent virtuel, facilitant la progression au sein du jeu ou débloquant de nouvellesfonctionnalités.

Un achat normalement impossible sans mot de passe mais une fenêtre de 15 minutes permet de

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faire des acquisitions sans avoir à retaper le mot de passe. Pour le FTC, Apple devra changer cefonctionnement et avertir ses utilisateurs de l'existence de la fenêtre de 15 minutes.

La firme de Coppertino a indiqué avoir envoyé un e-mail à près de 28 millions de clientspotentiellement concernés par ce problème, 37.000 d'entre eux seront remboursés.

77 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

IMMATRICULATIONS > Grâce à sa filiale à bas coûts Dacia, Renault signe unebelle année 2013 en Europe. PSA a amélioré ses ventes en décembre, mais lebilan de l’année sur le Vieux continent reste médiocre. Les immatriculations devoitures neuves dans l’Union européenne ont reculé au total de 1,7% en 2013 parrapport à 2012, mais elles ont augmenté en décembre, pour le quatrième moisconsécutif.

latribune.fr

Le roumain Dacia sauve les constructeursfrançais sur le marché européen

Ah, Dacia! La filiale à bas coûts de Renault a permis au groupe français d'afficher une progressionde ses immatriculations de voitures neuves l'an passé en Europe (+4%). Le résultat est donc entrompe l'oeil, car, sans le roumain, Renault seul baisse (-1,5%). Et ce, en dépit de la nouvelle ClioIV et de l'arrivée du petit "SUV" Captur. Les volumes de Dacia, qui a bénéficié du renouvellementdes Logan, Sandero et du restylage du 4x4 Duster,  ont bondi de 22,8%! C'est la plus bellecroissance des marques en Europe. Quant à PSA, il a encore abaissé fortement sesimmatriculations de voitures neuves l'an passé en Europe (-8,5%).

6e année consécutive de contraction

Sur l'ensemble de l'année, les ventes de voitures dans les 27 pays de l'Union européenne et ceuxde l'Association européenne de libre-échange (Islande, Norvège, Liechtenstein et Suisse), ontbaissé de 1,8%, pour un total de 12.308.215 véhicules, selon des données publiées jeudi par

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l'Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea). Le marché automobile européena donc subi en 2013 sa sixième année consécutive de contraction. L'année 2012 avait été la plusmauvaise en 17 ans.

Porté par l'envolée des ventes de Volkswagen, Renault et Ford, le marché automobile européen atoutefois bondi de 13 % en décembre, affichant ainsi une hausse pour le quatrième mois d'affilée.les immatriculations de voitures neuves ont atteint 948.090 unités le mois dernier contre 839.027 ily a un an.

Il y a un espoir

En dépit d'une mauvaise année, l'espoir reste de mise du côté des dirigeants du secteur. Ceux-ciont en effet récemment répété qu'ils continuaient à espérer que la fin du déclin des ventesautomobiles en Europe était proche et les données de décembre semblent leur donner raison.C'est le cas de Matthias Wissmann, à la tête de la VDA, la fédération du secteur automobile enAllemagne, cité par l'AFP. Selon lui :

"Le processus de reprise s'installe en Europe. Les personnes reprennent confiance au vu de la bonnetenue des économies"

Les immatriculations françaises ont augmenté de 9,4% en décembre

D'ailleurs, côté allemand, le marché, a progressé de 5,4% en décembre, mais chuté de 4,2% surl'ensemble de l'année 2013.  En Italie, les ventes de voitures neuves ont augmenté de 1,4% endécembre, une première hausse après 11 mois consécutifs de contraction du marché. Mais, surl'année, la chute dépasse les 7%.

La France n'est pas en reste. Le marché automobile a crû de 9,4% en décembre mais essuyé une baisse de 5,7% en 2013 -  un niveau qui n'avait jamais été aussi bas depuis 15 ans . Globalement, sur 2013, la Grande-Bretagne et l'Espagne sont les seuls des grands pays européens à afficher une hausse de leurs immatriculations de voitures neuves (respectivement +10,8% et +3,3%). Mais l'Espagne reste à un niveau extrêmement bas.

Hausse des ventes pour Renaut

Sur le mois de décembre, parmi les généralistes qui ont le plus souffert de la déprime du marchéautomobile européen, le groupe Renault s'est distingué avec un bond de 29,3% de ses ventes.Mais Dacia progresse deux fois plus que la marque Renault seule. Derrière le constructeurfrançais, Volkswagen a vu ses livraisons augmenter de 21,5% et Ford a accru les siennes de19,5%.

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CONTREFAçON > Le géant mondial des cosmétiques et le géant américain ducommerce en ligne ont annoncé mercredi avoir mis fin à l’ensemble de leurscontentieux judiciaires.

latribune.fr

Contrefaçon: L'Oréal et eBay enterrent lahache de guerre

Réconciliation. Le numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal et le géant américain du commerceen ligne eBay ont mis fin mercredi à des années de litiges dans une affaire de contrefaçon. Aprèsplus de six années de procédures judiciaires, les deux groupes sont arrivés à la conclusion que "lacoopération, plutôt que le contentieux judiciaire ", était " la voie à suivre pour lutter contre lacontrefaçon", ont-ils admis dans un communiqué commun.

Ebay, responsable, aux yeux de la CEJ

Cet accord intervient après la décision de la Cour européenne de justice (CEJ) du 12 juillet 2012qui considérait qu'eBay pouvait être tenu responsable s'il n'agissait pas pour empêcher la vente deproduits contrefaits. Si les détails en sont restés "confidentiels", les deux groupes évoquent "des termes financiers en faveur de L'Oréal", qui sont également maintenus secrets.

Le litige remonte à 2007, quand L'Oréal avait engagé des poursuites contre eBay, dans cinq payseuropéens (Belgique, Allemagne, France, Royaume-Uni et Espagne), après avoir constaté que de "faux parfums et de faux produits de cosmétiques" étaient vendus sur ce site, l'accusant de ne pas

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se montrer assez coopératif pour prévenir la vente de produits contrefaits. Finalement, le numéroun mondial des cosmétiques a reconnu "l'engagement" d'eBay "dans la lutte contre la violation desdroits de propriété intellectuelle".

Un cas loin d'être nouveau pour le géant américain:

● LVMH

En 2008, le géant américain avait été condamné à verser plus de 38 millions d'euros d'indemnités àLVMH, pour des ventes sur son site de sacs, parfums et vêtements contrefaits. La somme avait étéréduite en 2010 à 5,7 millions d'euros par la cour d'appel, mais la Cour de cassation a annulé en2012 une partie de cette décision.

● Hermès

En juin 2008, Hermès avait obtenu 20.000 euros de dommages et intérêts.

● Tiffany

En revanche, Tiffany, lui, n'avait pas obtenu gain de cause. Dans une affaire similaire auxEtats-Unis, le joailler américain avait porté plainte en 2004, affirmant que la plupart des bijouxprétendument de marque Tiffany vendus sur eBay étaient des faux et que, malgré ses demandes,eBay n'avait pas retiré ces objets de son site.

Mais en novembre 2010, la justice américaine a estimé qu'il appartenait aux propriétaires desmarques de signaler les enchères présentant des contrefaçons sur eBay mais que le grouped'enchères en ligne n'avait pas à s'assurer de l'authenticité des objets mis en vente.

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SYNDICAT > Une trentaine de salariés d’Amazon ont rejeté mercredi soir lacréation d’un syndicat qui devait leur permettre de protester contre leursconditions de travail. La direction a mené un lobbying intense contre le projet.

latribune.fr

Etats-Unis : une fois encore, Amazon s'évitela création d'un syndicat

21 contre 6. Le résultat du vote qui a eu lieu mercredi soir dans le Delaware, à Middletown, estsans appel. 27 techniciens, parmi lesquels des électriciens, machinistes et ingénieurs qui étaientinsatisfaits de leur condition de travail, étaient appelés à voter à propos d'un projet de syndicatsoutenu par l'International Association of Machinists and Aerospace Workers, un syndicataméricano-canadien.

Important turnover

Selon Businessweek , qui rapporte les propos d'un porte-parole du syndicat, John Carr, ce voteavait été planifié il y a un mois, en raison de protestations contre la faiblesse des opportunités depromotion ou l'important turnover des dirigeants.

"La proportion de votes est le reflet évident que l'efficacité des stratagèmes employés par Amazonet son cabinet d'avocats" , a estimé le syndicaliste. "Vu la pression intense à laquelle les salariésont du faire face, c'a été une bataille difficile tout le long."

Intense lobbying

Amazon a en effet embauché le cabinet Morgan, Lewis & Bockius pour mener une campagnevisant à expliquer pourquoi l'entreprise était opposée aux syndicats. Parmi les messages portéslors de ce mois de lobbying intense, assure un employé pro-syndicats qui préfère rester anonyme,celui expliquant que les syndicats en général étaient nocifs pour les Etats-Unis.

Des affirmations qui ont provoqué des dissensions bruyantes et tranchées parmi les employés,précise-t-on de même source. Les velléités de créer un syndicat chez l'entreprise de commerce enligne remontent au début du XXIe siècle. Les conditions de travail "éprouvantes" y sontrégulièrement mises en cause.

Businessweek rapporte que les managers d'Amazon sont chargés depuis 2000 et un premier projet

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de création de syndicat à Seattle, d'expliquer la forte opposition de l'entreprise au syndicalisme,dans le cas où des publications syndicales seraient introduites dans l'entreprise.

"Connexion directe"

De son côté, l'entreprise s'est félicitée du résultat du vote. Mary Osako, porte-parole d'Amazon, adéclaré :

En votant contre une représentation tierce aujourd'hui, nos employés ont fait clairement savoir qu'ilspréféraient être en connexion directe avec Amazon. C'est la façon la plus efficace de comprendre lesdemandes et les besoins de nos employés, et d'y répondre.

L'entreprise de Jeff Bezos, propriétaire depuis l'été 2013 de l'iconique journal américain, le"Washington Post", a dépassé les 60 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2012.

 

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RECHERCHE MÉDICALE > Illimuna, leader mondial du marché des machines deséquençage génétique, a conçu un ordinateur capable de décrypter un génomehumain en quelques heures.

latribune.fr

HiSeq X, le superordinateur qui décode votregénome pour 735 euros

C'est une barrière symbolique qui vient d'être franchie. Onze ans après le premier décodage dugénome humain, la société Illumina a annoncé mardi que, grâce son superordinateur, le HiSeq X, ilva pouvoir décoder 20.000 génomes par an à 1.000 dollars chacun (735 euros).

L'entreprise, leader mondial du marché des machines de séquençage génétique, atteint un objectifde longue date. Le premier séquençage réalisé par Human Genome Project (HGP) aura pris prèsde 15 ans et coûté 2,7 milliards de dollars (2 milliards d'euros), soit 3 millions de fois plus cher queceux réalisés quotidiennement par le superordinateur d'Illumina.

Faire avancer la recherche

Le HiSeq X, dont le prix est d'un million de dollars pièce, devrait permettre des avancées dans larecherche médicale. "Pour comprendre le cancer, nous avons besoin de séquencer des centainesde milliers de génomes du cancer et ceci est le moyen d'y arriver" , a commenté Jay Flatley,directeur exécutif d'Illumina.

Une démarche appuyée par le Premier ministre britannique David Cameron, qui a récemment

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lancé l'initiative " 100.000 genomes ", avec pour cible des volontaires atteints de cancers ou demaladies rares. Le projet a pour but de découvrir les gènes pathogènes récessifs et de prévenir lesrisques de transmission de maladie grave à leurs enfants par des parents atteints.  

85 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

INFORMATIQUE > Hans Vestberg, actuel dirigeant de l’entreprise suédoise,figurerait parmi la liste des remplaçants de Steve Ballmer.

latribune.fr

Le PDG d'Ericsson en lice pour dirigerMicrosoft

Le conseil d'administration de Microsfot envisage la nomination de l'actuel directeur générald'Ericsson , Hans Vestberg, pour remplacer Steve Ballmer, rapporte Bloomberg. Âgé de 48 ans,Vestberg travaille dans l'entreprise de télécom suédoise depuis 25 ans. Après avoir occupé lafonction de directeur des opérations entre 2007 et 2009, il devient PDG d'Ericsson début 2010.

D'autres personnes seraient également présentes sur cette short list sur laquelle figurent le vice-président Entreprise et Cloud de Microsoft, Satya Nadella et l'ancien PDG de Nokia,Stephen Elop . En décembre, John Thompson, administrateur indépendant en charge desrecherches, annonçait dans un article de blog que le conseil d'administration aura complété lesrecherches d'un candidat "début 2014".

Une échéance rapide 

Le temps presse après l'annonce en août du départ de Steve Ballmer, actuel dirigeant de Microsoft.Après 13 ans à la tête du géant américain de l'informatique, Ballmer s'est donné un délai de douzemois pour quitter le groupe.

Début janvier, Alan Mulally, PDG du constructeur automobile Ford et officieusement en course, apris la décision de ne pas se présenter. "J'aimerais mettre fin aux spéculations concernantMicrosoft parce que je n'ai pas d'autre plan que de servir Ford", a-t-il expliqué dans une interview àAssociated Press.

86 EntreprisesLA TRIBUNE 17/01/2014

L'HOMME DU JOUR > Quatorze mois après son embauche, cet ancien haut cadrede Google quitte Yahoo dont il était le directeur d’exploitation. Il aurait fini pardéplaire à la PDG du site américain, Marissa Mayer.

latribune.fr

Henrique de Castro, le numéro 2 de Yahooremercié par Marissa Mayer

Il aura fait un passage éclair. Henrique de Castro, 48 ans, débauché de chez Google en octobre2012 par Marissa Mayer pour devenir son numéro 2 chez Yahoo quittera ses fonctions dès cejeudi. En tant que directeur d'exploitation, il était responsable du management stratégique etopérationnel des ventes, des opérations, des médias et du développement dans le monde.

Mauvaises relations?

Aucune raison officielle n'a été mentionnée dans le communiqué adressé par le groupe augendarme boursier américain le 15 janvier . Les relations entre ces deux anciens collègues deMountain View se seraient détériorées au bout de six mois. Les performances d'Henrique deCastro ont déçu la chef d'entreprise qui tente de relancer la machine Yahoo depuis sa nominationen juillet 2012, croit savoir l'agence Bloomberg. Elle en aurait même fait part à ses employés dansun memo.

 La firme de Sunnyvale avait déboursé 58 millions d'euros pour embaucher Henrique de Castro quipartira avec des indemnités de licenciement. En incluant bonus, stock options et compensations

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diverses, son passage au service du portail web lui aurait rapporté 109 millions de dollars (80millions d'euros environ), selon Equilar, l'agence spécialisée dans les rémunérations des grandspatrons. Le nom de son (sa) éventuel(le) remplaçant(e) n'a été précisé par la direction de Yahoo.

La mue de Yahoo

Depuis l'arrivée de Marissa Mayer, Yahoo a racheté plus de vingt entreprises et "fait le ménage"dans ses services.  Plus récemment, la firme a dévoilé une nouvelle plateforme pour les publicitésvisant à permettre aux annonceurs de viser plus finement leurs cibles, engagé une star de latélévision américaine, Katie Couric ou encore changé de logo.

Si le site est parvenu à détrôner Google en matière d'audience au mois de juillet 2013outre-Atlantique, ses parts de marchés publicitaires devraient reculer à 5% d'ici 2015 contre 5,8%l'an dernier, selon le cabinet spécialisé eMarketer.

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MARCHÉS FINANCIERS > Paris Europlace, le lobby du secteur financier français,a présenté le 16 janvier deux rapports donnant des pistes pour le redressent de lacompétitivité de la place financière de Paris, tombée au 8ème ou au…26ème rangmondial, selon les classements.

Christine Lejoux

La finance française alerte sur la chute de sacompétitivité

"Il faut sauver la place financière de Paris." Ainsi pourrait-on résumer la teneur de la conférence depresse organisée jeudi 16 janvier par Paris Europlace. L'association chargée de promouvoir laplace financière de Paris, et regroupant des émetteurs, des investisseurs et des intermédiairesfinanciers, a présenté deux rapports destinés à nourrir les réflexions du "Comité Place de Paris2020", lancé le 4 décembre par le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, afin de plancher surl'avenir de la place financière de Paris.

Il faut dire qu'il y a urgence car la dégradation de la compétitivité de cette dernière s'accélère : lacapitale française n'est plus que la huitième place financière mondiale, selon l'indice Xinhua DowJones, alors qu'elle était encore cinquième en 2010. Et encore ce classement est-il autrement plusflatteur que le Global Financial Index, qui relègue Paris en 26ème position mondiale (sur un total de80), alors que Londres, New York, Honk Kong et Singapour continuent de caracoler en tête.

Les coûts de financement, un facteur-clé de compétitivité

 Or, et ce n'est pas un financier pur sucre qui le dit mais un industriel, en l'occurrence Bruno Lafont,

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PDG du cimentier Lafarge et président du collège Entreprises de Paris Europlace :

"Les coûts de financement, qu'il s'agisse de l'accès à la dette ou aux fonds propres, constituent unfacteur-clé de compétitivité (pour les entreprises françaises), au même titre que le coût du travail ou celuide l'énergie. Les entreprises investiront plus et se développeront davantage là ou l'industrie financièresera plus forte."

Une industrie financière qui, en France, pâtit d'une sur-fiscalisation, dénonce Paris Europlace. Defait, pour le seul secteur bancaire, le taux d'imposition du résultat comptable est passé de 38% en2010 à 63% en 2012.

Paris Europlace souhaite que la France renonce à la taxe sur les transactions financières

A cet égard, Séverin Cabannes - directeur général délégué de la Société générale et auteur de l'undes deux rapports présenté par Paris Europlace - plaide pour que la taxe systémique instaurée parla France en 2011 sur le secteur bancaire - et qui représente pour ce dernier une ponction annuelled'un milliard d'euros - soit allouée au futur fonds commun de résolution des crises bancaires, prévudans le cadre de l'union bancaire européenne et qui doit être abondé par les banques. Lesbanques françaises redoutent en effet d'écoper d'une taxe supplémentaire, destinée à financer lefonds de résolution, si la taxe systémique n'est pas réaffectée à ce dernier.

Toujours sur le plan de la fiscalité - l'un des principaux facteurs de la chute de la compétitivité de laplace de Paris -, Séverin Cabannes et Yves Perrier, directeur général de la société de gestionAmundi et auteur du second rapport publié par Paris Europlace, pointent du doigt le projet de taxesur les transactions financières (TTF). Porté par 11 pays européens dont la France, ce projet estqualifié de " tsunami" par Paris Europlace, qui souhaite purement et simplement que legouvernement y renonce. Au risque, sinon, de "voir un impact direct de la TTF sur les volumestraités sur la place financière de Paris, comme cela a été le cas il y a dix ans en Suède, ainsi qu'enItalie", prévient Séverin Cabannes.

 Des mesures qui relèvent de "l'urgence"

La fiscalité de l'épargne constitue elle aussi un problème pour la compétitivité de la place financièrede Paris. Tout simplement parce qu'elle " privilégie les placements courts et peu risqués, audétriment des placements longs et plus risqués que sont les actions" , regrette Yves Perrier.Résultat, sur les 11.000 milliards d'euros que représente le patrimoine global des ménagesfrançais, les trois quarts sont placés dans l'immobilier, et 9% seulement sont alloués aux valeursmobilières, telles que les actions et les obligations d'entreprises.

Conséquence, près de la moitié (46%) de la capitalisation boursière du CAC 40 se trouve auxmains d'investisseurs étrangers. Ce qui pose problème en matière de "contrôle de nos centres de

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décision" , souligne Paris Europlace, invoquant "un enjeu de souveraineté nationale." Aussi YvesPerrier milite-t-il pour

"une remise à l'endroit de la fiscalité de l'épargne, en faisant bénéficier l'épargne longue de la clause del'épargne la plus favorisée fiscalement."

La balle est à présent dans le camp des pouvoirs publics. Avec une pression certaine :

" Nous aimerions que certaines des mesures préconisées par les deux rapports - qui relèvent del'urgence - figurent dans le projet de loi de finances pour 2015",

indique Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace.

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MOYENS DE PAIEMENT > Mercredi 15 janvier, la Commission des finances duSénat a auditionné des représentants de la Banque de France, du Trésor et deTracfin, ainsi que des professionnels du bitcoin, afin de mieux cerner les enjeuxliés à l’essor de cette monnaie virtuelle.

Christine Lejoux

Le bitcoin, une innovation que la France nedoit pas rater ?

La commission des Finances du Sénat n'a rien d'un rassemblement de "digital natives", mais celane l'empêche pas de se passionner pour le sujet du "bitcoin."  Présidée par le sénateur UMPPhilippe Marini, elle a ainsi auditionné, mardi 15 janvier, des représentants du ministère del'Économie et des Finances, de la Banque de France, ainsi que des professionnels et des expertsdu bitcoin, afin de tenter de mieux cerner les enjeux liés à l'essor fulgurant de cette monnaievirtuelle.

Inventée en 2009 par un groupe d'informaticiens baptisé Satoshi Nakamoto, et émise à partir decodes informatiques complexes, cette e-monnaie peut-être échangée de gré à gré - sur desplates-formes Internet - contre des devises ayant cours légal. Stockée au sein de portefeuillesélectroniques, elle peut servir à l'achat de biens et de services sur Internet, ou être utilisée à desseules fins de spéculation, comme n'importe quel autre actif financier. Le tout sans jamais passerpar le moindre intermédiaire financier, d'où des coûts de transactions très faibles, qui expliquentl'engouement croissant pour le bitcoin.

 Le cours du bitcoin présente une très forte volatilité

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Le hic, c'est que le bitcoin, dont le marché mondial n'excède pas 12 millions d'unités aujourd'hui,soit sept milliards d'euros, présente une très forte volatilité. Son cours avait ainsi chuté de près de50% le 18 décembre, à cause de nouvelles restrictions imposées par la Chine. Non seulement "lecours du bitcoin est très fortement variable", mais, de plus, "le caractère anonyme des vendeurs etdes acheteurs de cette monnaie fait qu'elle peut être utilisée pour le blanchiment d'argent, lefinancement du terrorisme ou du trafic de drogue" , a souligné devant les sénateurs Denis Beau,directeur général des opérations à la Banque de France.

 Et puis, en cas de piratage informatique des plates-formes sur lesquelles les bitcoins sont stockés,leurs détenteurs ne disposent d'aucun recours légal pour récupérer leur mise, si celle-ci vient à êtresubtilisée. Enfin, " quel est le statut fiscal d'un compte en bitcoins ?" , s'interroge Jean-BaptisteCarpentier, directeur du service Traitement du renseignement et action contre les circuits financiersclandestins (Tracfin), guère convaincu que le Trésor public soit " inondé de déclarations deplus-values réalisées sur les bitcoins."

 Le marché français du bitcoin, l'un des moins développés d'Europe

Reste que si la commission des Finances du Sénat a entendu ces réserves, elle s'est cependantmontrée sensible à l'argument de l'innovation brandi par les promoteurs du bitcoin, en l'occurrenceJean-Michel Cornu, directeur scientifique de la fondation "Internet nouvelle génération" etGonzague Grandval, président de la start-up Paymium, qui a développé la place de marché BitcoinCentral pour les utilisateurs européens de la monnaie virtuelle. "Pour parler du bitcoin, le biais queje vais prendre est celui de l'innovation", a déclarée d'entrée de jeu Jean-Michel Cornu, qui estimeque " nous avons probablement besoin d'innovations monétaires pour faciliter l'innovation (toutcourt)."

 Or, en matière de bitcoin, la France ne brille pas par son avance, selon Gonzague Grandval :

"La France est en retard par rapport aux États-Unis, à l'Asie, à Israël. Et, au sein de l'Europe, le marchéfrançais du bitcoin est le moins développé, ou presque. Je suis à la fois content et affligé d'être la seulestart-up française spécialisée dans le bitcoin."

Le précédent douloureux de PayPal

"La France est en retard dans le domaine des circuits de paiement" , a confirmé le sénateur PSRichard Yung. Celui qui fut l'an dernier le rapporteur général du projet de loi de séparation et derégulation des activités bancaires pour la Commission des finances du Sénat en veut pour preuvele succès du système de paiement électronique PayPal (groupe eBay), que les banques françaisess'efforcent aujourd'hui de rattraper avec le lancement du portefeuille digital Paylib, entre autres.Mais avec "13 ans de retard", déplore Gonzague Grandval. "Il ne faudrait pas à nouveau rater le

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coche", poursuit Richard Yung.

François Marc lui-même, rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, a "le sentiment" que le bitcoin représente "une innovation positive, notamment parce qu'elle permetde réduire les coûts de transaction." Et d'insister : " Nous sommes au début d'un processusd'innovation qui peut être porteur pour l'avenir."

Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux de Ben Bernanke : en novembre, le président de laRéserve fédérale américaine, dans un courrier adressé à la commission de la Sécurité intérieure duSénat, avait estimé que des innovations comme le bitcoin " pouvaient être prometteuses à longterme" , évoquant "un système de paiement plus rapide, plus sécurisé et plus efficace." Tout enreconnaissant le risque de fraudes.

Le risque que la règlementation ne signe pas l'arrêt de mort du bitcoin

Un risque que les sénateurs n'éludent pas :

"Le bitcoin n'entrant pas dans le champ de la règlementation, il faut bien sûr s'interroger. Nedevrions-nous pas lui donner rapidement un statut légal, afin, justement, de le réguler ?",

s'est interrogé François Marc. Une règlementation que Gonzague Grandval lui-même appelle deses vœux : " Je prends la régulation comme un soutien à mon activité, que personne ne veutassurer, aujourd'hui."

 "La question de légiférer se posera si on ne peut pas orienter le bitcoin vers des statuts existants,comme celui de prestataire de services de paiement pour les plates-formes d'échange de cette monnaievirtuelle »,

a indiqué Delphine d'Amarzit, chef du service du financement de l'économie à la direction généraledu Trésor. Mais la règlementation, en augmentant inévitablement les coûts de fonctionnement dusystème bitcoin et, partant, les frais de transaction pour ses utilisateurs, ne risque-t-elle pas aucontraire de signer l'arrêt de mort de cette monnaie virtuelle ?

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IMMOBILIER > En 2013, les renégociations de crédits immobiliers ont atteint 30%de la production totale. Mais cette situation ne se reproduira pas en 2014. Trèsactifs sur ce marché du rachat de crédits, les courtiers immobiliers devront doncs’adapter.

Mathias Thépot

Immobilier : la manne des rachats de créditsest finie pour les courtiers

Les courtiers en crédits immobiliers vont-ils subir en 2014 le contrecoup d'une année 2013 record ?Alors que leurs parts de marché dans l'intermédiation de crédits immobiliers ont atteint plus de 20%sur le territoire national -et même 40% en Ile-de-France- leur production globale devrait pourtants'affaisser en 2014 du fait des moindres renégociations de crédits qui sont à prévoir.

En 2013, elles avaient en effet représenté 30% des 140 milliards d'euros de crédits immobiliersproduits. Les taux d'intérêts pratiqués par les banques ont il faut dire atteint des niveaux très basen mai à moins de 3% en moyenne , selon les chiffres Crédit Logement-CSA. Conscients de latendance, les particuliers se sont pressés de renégocier à la baisse les intérêts de leur prêt.

La vague massive des renégociations est passée

Mais la vague massive d'emprunteurs désirant renégocier leur prêt immobilier s'en est allée, et lescourtiers doivent désormais reprendre une activité normale. Meilleurtaux.com a par exemple vu lenombre de dossiers déposés sur son site, renégociations inclues, baisser de…48% lors deux

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premières semaines de janvier par rapport aux 15 premiers jours de l'année 2013. Mais si l'onenlève les renégociations, le nombre de dossiers déposés a crû de 5,2% !

Des signes très négatifs sur le marché du crédit

Les courtiers doivent donc vite se réadapter. Ce qui pousse certains à la retenue. Philippe Taboret,directeur général adjoint du courtier Cafpi, est ainsi très inquiet de la quasi-absence de rachats decrédits en 2014 qui ne protégera plus les courtiers de la conjoncture économique morose. Il voitmême une série de signes très défavorables au marché du crédit immobilier : "les taux des créditsrisquent de remonter d'entre 0,5 et 1%, les banques seront encore plus prudentes pour octroyerdes crédits, les frais de notaire vont croître, et le secteur de la production neuve va souffrir ",s'inquiète-t-il. Les derniers chiffres publiés par le ministère du Logement montrent en effet que lenombre de permis de construire accordés (mises en chantier de demain) s'écroule de plus de 15%sur 12 mois.

Le courtier immobilier, désormais tiers de confiance

D'autres courtiers se montrent malgré tout optimistes, c'est le cas du président de MeilleurtauxHervé Hatt. Il estime que la vague de renégociations de crédits de début 2013 a permis auxcourtiers de nouer des liens solides avec les clients, et d'être désormais considérés comme un "tiers de confiance " à part entière. Ce, dans une mouvance générale où les individus sont enrecherche perpétuelle d'éléments de comparaison sur ce qu'ils consomment.

D'autre part, les dossiers déposés par les potentiels emprunteurs en recherche active d'un bienimmobilier qui leur correspond continuent de croître (+16% sur ce début d'année chezMeilleurtaux). Ce qui prouve que la demande est toujours présente mais que " l'attentisme est demise", juge Hervé Hatt. Aux courtiers d'être à l'affût lorsque cette clientèle potentielle se décidera àacheter.

 

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96 Banques & FinancesLA TRIBUNE 17/01/2014

INSOLITE > Le jargon financier utilisé en Europe est de plus difficile àcomprendre, juge le Wall Street Journal. Pour le railler, le quotidien américain acréé un “quizz“.

latribune.fr

Les acronymes de la finance européenne, unvrai casse-tête chinois…

ABE,  EGB , HQLA, LCR, AQR*… si vous êtes capable de comprendre ces acronymes d'un seulcoup d'œil, c'est que la finance européenne n'a vraiment aucun secret pour vous. Ils sont extraits d'une note de Commerzbank citée par le Wall Street Journal . Un texte kafkaïen qui illustrel'utilisation abusive des sigles par les pros de la finance du Vieux Continent.

Obscure pour les non-initiés

Plus largement, les responsables européens manient en permanence des termes relativementobscurs pour les non-initiés. Le président du Parlement européen Martin Schulz, regrette ainsil'usage immodéré des acronymes dans un discours en 2013, où il déverse une litanie de "termesdéplaisants".

"Les GOPE (grandes orientations des politiques économiques), la SEE (stratégie européenne pourl'emploi), PSC (pacte de stabilité et croissance), la PDM (procédure concernant les déséquilibresmacroéconomiques)..."

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Un lexique en français

Le quotidien américain a créé un "quizz ", forcément anglophone, pour tester ses connaissances enla matière. Ceux qui préfèrent la langue de Molière peuvent toujours s'entraîner avec ce lexique mis en ligne par la Commission européenne qui contient plus de 1000 entrées. 

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* Traduction des acronymes:

ABE : autorité bancaire européenne

EGB : European government bonds, des obligations d'Etat européennes

HQLA : high quality liquid assets, actifs liquides de haute qualité

LCR : liquidiy coverage ratio, ratio de liquidité qui doit permettre de résister à une crise pendant unmois, imposée par les accords de Bâle III

AQR : asset quality review, examen de la qualité des actifs

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BANQUE D'AFFAIRES > Sur l’année entière, les bénéfices de la banque d’affairesaméricaine sont en hausse de 6% par rapport à 2012, atteignant 7,7 milliards dedollars. Le chiffre d’affaires est lui stable à 34,2 milliards de dollars.

latribune.fr

Comment s'est passé 2013 pour GoldmanSachs ? Encore mieux qu'en 2012

A l'heure du bilan de l'année 2013, les voyants sont au vert pour Goldman Sachs. La banqued'investissement américaine a fait mieux que prévu sur l'ensemble de l'année, aussi bien au niveaude son activité que de sa rentabilité.

Un chiffre d'affaires de 34,2 milliards de dollars

Le chiffre d'affaire est ainsi ressorti inchangé sur un an à 34,2 milliards de dollars (les analystesn'attendaient que 33,1 milliards), avec les recettes de banque d'investissement en hausse de 22%à 6 milliards de dollars et celles d'opérations de marché en baisse de 17% à 9,4 milliards, entreautres. De son côté, le bénéfice a progressé de 6% à 7,7 milliards de dollars.

Un bénéfice pourtant en recul de 21% sur la quatrième trimestre

Au quatrième trimestre, le bénéfice net du groupe a pourtant reculé de 21% à 2,2 milliards dedollars, a indiqué la banque dans un communiqué.

99 Banques & FinancesLA TRIBUNE 17/01/2014

Sur cette même période, le chiffre d'affaires a reculé de 5% sur un an, à 8,8 milliards de dollars,plombé par une chute de 30% à 1,9 milliard de dollars des opérations de marché. Une fin d'annéedélicate qui n'aura donc pas empêcher la banque américaine de faire mieux qu'en 2012.

Des efforts payants selon le PDG Lloyd Blankfein

"Nos efforts", notamment de "discipline sur les coûts, nous ont permis de générer des rendementssolides malgré un environnement un peu difficile", a commenté Lloyd Blankfein, PDG de GoldmanSachs. " Nous pensons être bien positionnés pour générer des revenus solides alors quel'économie continue à s'améliorer et offre des perspectives de progrès considérables pour nosactionnaires", a-t-il ajouté.

100 Banques & FinancesLA TRIBUNE 17/01/2014

AGENCES DE NOTATION > "ARC et ses cinq partenaires fondateurs pensent queles vieilles méthodes et les vieilles approches ne sont plus suffisantes", a affirméle directeur général d’ARC, Jose Pocas Esteves.

latribune.fr

ARC Ratings, l'agence qui veut ringardiser le"Big Three"

" Le monde a changé de façon spectaculaire depuis l'écroulement du marché américain dessubprimes en 2008 qui a provoqué la crise du crédit (...) ARC et ses cinq partenaires fondateurspensent que les vieilles méthodes et les vieilles approches ne sont plus suffisantes", a déclaré JosePocas Esteves, le directeur général de l'agence de notation, ARC Ratings.

Et celle-ci espère bien être en mesure de concurrencer les trois grands du secteur : lesaméricaines Standard & Poor's (groupe McGraw Hill) et Moody's, ainsi que Fitch, une coentreprisedu français Fimalac et de l'américain Hearst.

Un établissement né de l'union de cinq agences de notation financière principalementissues des pays émergents

Cinq agences de notation financière, principalement issues des pays émergents, ont en effet unileurs forces pour lancer ce jeudi à Londres ARC Ratings. Cette nouvelle venue sur le marché de lanotation a ainsi été fondée sous la houlette de la portugaise Companhia Portuguesa de Rating(CPR) - rebaptisée il y a quelques mois ARC Ratings -, avec l'indienne Credit Analysis and

101 Banques & FinancesLA TRIBUNE 17/01/2014

Research (CARE), la sud-africaine Global Credit Rating (GCR), la malaisienne Malaysian RatingCorporation (MARC) et la brésilienne SR Rating.

La prolifération des agences de notation plus petites

Un projet qui n'a rien de surprenant tant la crédibilité du "Big three" a été sérieusement remise enquestion depuis la crise des subprimes, pour avoir attribué des bonnes notes à des produitsfinanciers qui se sont révélés excessivement risqués. Standard & Poor's, Moody's et Fitch ont éténotamment accusées par les responsables politiques européens d'attiser la crise de la zone euro.

Du coup, des agences plus petites essaient désormais de proposer une alternative . L'agenceaméricaine Egan-Jones, la russe RusRating et la chinoise Dagong avaient ainsi annoncé il y a unan un partenariat pour créer Universal Credit Rating Group. Un projet européen soutenu par legroupe de conseil allemand Roland Berger n'a pour sa part pas réussi à trouver le financementnécessaire.

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TERRITOIRES > L’avis du CESE est déterminant pour l’avenir du dispositif deszones franches urbaines, qui concerne en PACA six territoires. Il avait étéinstauré par Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille et alors ministre de la Ville.

Adeline Descamps

Zones franches urbaines : le Conseiléconomique, social et environnemental plaidepour une refondation

Le gouvernement, qui n'a pas statué à ce jour sur la prolongation du dispositif des zones franchesurbaines au-delà de la fin de l'année 2014, mais qui prévoit de lancer une nouvelle génération de"contrats de ville" *, a saisi le Conseil économique, social et environnemental, pour dresser un bilandes ZFU. Un dispositif en sursis depuis le 31 décembre 2011. 

Faut-il les maintenir en l'état ? Les remplacer ? Les supprimer ? Réuni ce mercredi 15 janvier enplénière à l'occasion de la présentation du rapport établi par Éveline Duhamel - qui était venueauditer les ZFU de Marseille en décembre dernier - le comité consultatif plaide pour un dispositifrefondé des ZFU.

Contexte d'aggravation des fractures territoriales

Cette saisine gouvernementale en date du 24 mai 2013 par le Premier ministre s'inscrit dans lecontexte de la nouvelle politique gouvernementale de la ville actuellement en débat au Sénat*, quiveut instaurer une géographie prioritaire plus resserrée vers 1 300 territoires pauvres (contre 2 500

103 TerritoiresLA TRIBUNE 17/01/2014

actuellement) et qui pour ce faire, a besoin de faire le tri dans les logiques de zonages actuelles.

Les ZFU, créées à l'origine dans les quartiers urbains cumulant des difficultés importantes, sontdonc directement concernées. Lors du Comité interministériel de la ville du 19 février 2013, legouvernement avait fait valoir sa volonté de mettre un terme après 2014 aux 2 493 contrats urbainsde cohésion sociale, aux 751 Zones urbaines sensibles (ZUS) et aux 416 Zones de redynamisationurbaines (ZRU) actuelles, pour les remplacer par 1 300 nouveaux contrats de ville.

 

Un faible impact sur l'emploi ?

Ce sont les précautions prises par Éveline Duhamel lors de la présentation de son rapport,évoquant l'étalement du dispositif dans le temps depuis sa création (loi du 14 novembre 1996), del'augmentation de son nombre (trois générations se sont succédé pour aboutir à la création de 93ZFU en métropole), de la création du régime fiscal des auto-entrepreneurs en 2009 et de l'absenced'indicateurs de suivi. 

"Aucun élément chiffré ne permet d'appréhender ce que seraient devenus ces quartiers si le dispositifn'avait pas été mis en place", déplore la rapporteure.

Quant à son impact sur l'emploi, sa pertinence est moins avérée, la clause à l'embauche étantévoquée comme un handicap. Les résultats varient selon les périodes et les ZFU. D'après diversesévaluations, le dispositif ZFU aurait accru fortement le nombre d'établissements et l'emploi dans lesZFU de 1ère génération de 1997 à 2001, celui-ci plafonnant ensuite. Les effets des ZFU de 2egénération auraient été plus limités.

Quand l'emploi s'améliorait dans l'ensemble du pays, le reflux du chômage était particulièrementmarqué en ZFU : le taux de chômage y était ainsi passé de 21 % en 2006 à 16,2 % en 2008. 

"En revanche, après 2008, le recul de l'emploi était plus fort qu'ailleurs, atteignant 25 % en 2012".

 

Coût du dispositif 

Il n'a cessé de baisser en raison de la sortie progressive des entreprises du dispositif : 372 millionsd'euros en 2012 contre 419 millions d'euros en 2011. Mais, met en garde la rapporteure:

104 TerritoiresLA TRIBUNE 17/01/2014

 "Il faut   tenir compte des avantages non quantifiables en termes de lien social maintenu et développé,d'activités économiques sociales et économiques induites, de formation dans ces quartiers auprès depersonnes éloignées de l'emploi, d'amélioration de l'image de ces quartiers". 

Les zones franches auraient aussi eu un effet sur la limitation des émeutes urbaines.

80 à 150 quartiers prioritaires.

Sur la base de ses observations, le CESE plaide pour une refondation du dispositif en limitant lenombre de bénéficiaires prioritaires entre 80 et 150, dont le périmètre serait inclus dans certainsdes 1 300 retenus par le futur contrat de ville. Mais demande à ce que le carroyage ne se limite pasau seul critère de pauvreté.

" Les quartiers urbains présentent encore un cumul de handicaps qui ne se résume pas à cecritère".  Tout en maintenant les objectifs initiaux :   "Développement économique, créationsd'emplois, mixité fonctionnelle, cohésion sociale et emploi." Il préconise aussi son inscription dansun projet de ville global en mobilisant "les moyens de droit commun car les ZFU ne sont pas desterritoires à part : ils ont droit aux services publics, aux transports en commun, au haut débit, à lasécurité…"

 

Exonérations fiscales et sociales rabotées

Les bénéficiaires sont à ce jour exonérés d'impôt sur les bénéfices totaux pendant cinq ans, puisde façon dégressive pendant 9 ans, de la taxe professionnelle durant cinq ans à taux plein puisdégressive, de la taxe foncière sur les propriétés bâties pendant 5 ans, des cotisations socialespatronales totales pendant 5 ans puis à taux dégressif (exonération partielle entre 1,4 et 2 SMIC etnulle à partir de 2 SMIC).

En contrepartie, ils sont contraints par une clause d'embauche locale, plusieurs fois revue, et quidepuis 2012, leur impose d'avoir au sein de leurs effectifs 50 % de résidents de la zone. Le CESEpropose de fixer la durée des exonérations à 8 ans à partir de l'implantation des établissements - 5ans à taux plein et 3 ans à taux dégressif - tout en modifiant la clause d'embauche locale, quipasserait à 25 ou 33 %. Il propose aussi de garder la conditionnalité de cette clause pour êtreexonéré de la fiscalité sur les bénéfices mais en ramenant son plafond de 100 000 à 60 000 eurospar contribuable et par période de 12 mois.

Amélioration de la gouvernance 

"Il faut sortir de la logique du guichet pour aller vers la contractualisation",  explique-t-elle. Nous

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recommandons le pilotage local pour chaque ZFU refondée sous la forme d'un triptyque associantle président de l'intercommunalité, le ou  les maire(s) de la commune concernée(s) et le préfet.

Mais en y associant pour l'élaboration, la mise en œuvre et le suivi du projet, les élus descollectivités territoriales, les chambres consulaires, les organisations professionnelles et syndicales,ainsi que le tissu associatif. Avec obligation d'un suivi régulier au niveau national et local pour unepremière évaluation en 2017.

 

Réactions

Les préconisations ont été votées à l'unanimité (188 votants, pas d'abstention, pas de contre) et siles demandes d'expression ont été nombreuses, tous convergeaient vers la refondation pour unemeilleure efficacité d'un dispositif "très hétérogène dans ses résultats qui vont du succès franc auquasi échec" , indique Paul de Viguerie, membre de l'Union nationale des association familiales(UNAF).

Parmi les voix légèrement plus critiques, celle de la CGT, qui regrette que le rapport n'ait pasanalysé l'éventualité de la suppression. Le représentant de la CGT-FO trouve égalementregrettable que l'on ne s'interroge sur son efficacité après 17 ans d'exercice. L'organisationsyndicale demande à ce que cette fois, on n'occulte pas d'y associer une vraie politique derénovation urbaine, intégrant l'accès aux services publics et adossé à une véritable politiqueimmobilière et de qualification des jeunes.

 Trop d'ambitions pour un seul projet ? 

Pour Patrick Bernasconi, représentant les entreprises  :

 "Les engagements pris dans le cadre du dispositif actuel par l'État envers les établissements ayant faitle choix de s'implanter soient tenus, quoi qu'il en soit, jusqu'à leur terme". 

La CFE-CGC met aussi en garde sur d'autres effets pervers du système qui "n'a pas incité à unepolitique dynamique de l'emploi, et fut un frein à l'embauche des jeunes qualifiés issus de cesquartiers."

Ultime question : créer des activités et de l'emploi, assurer la paix publique, rétablir l'égalité deschances à l'école, rénover et diversifier les logements, renforcer les partenaires de la politique de laville, améliorer le fonctionnement et la présence des services publics … N'y a-t-il pas tropd'ambitions investies dans un seul dispositif ?

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 *Le projet de loi Ville et cohésion urbaine a été adopté à une large majorité, le 27 novembre par lesdéputés et est en discussion actuellement au Sénat pour un promulgation avant les échéancesmunicipales pour que les nouvelles équipes communales et intercommunales puissent se saisirimmédiatement de ses outils. 

 

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TRANSPORTS MARITIMES > Melchior Wathelet, l’avocat général de la Cour dejustice de l’Union européenne, a rejeté l’ensemble des moyens proposés par laSNCM et l’État français pour éviter de rembourser les aides perçues dans lecadre de la privatisation et de la restructuration de la société. Soit quelques 220millions d’euros...

Adeline Descamps

SNCM : l'avocat général de la Cour de justiceeuropéenne rejette les arguments desFrançais

L'avocat général de la Cour de justice de l'Union européenne Melchior Wathelet vient de rendre sesconclusions dans l'affaire opposant la SNCM, l'État français et l'Europe à propos des aidesobtenues dans le cadre de la privatisation et de la restructuration de la société en 2002 et 2006.Soit 220 millions d'euros dont le tribunal européen a exigé, le 21 novembre dernier, leremboursement et sommé l'État français de faire le nécessaire auprès de la compagnie maritimebasée à Marseille.

Il ne s'agit, pour cette fois, que de l'avis de l'avocat général et non d'une décision de la CJUE,laquelle est attendue dans les prochains mois. En un développement de 143 points, l'avocatgénéral a rejeté l'ensemble des moyens soulevés par la France et la SNCM pour ne pas avoir àrembourser la somme réclamée. 

 

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Cession de la SNCM à un prix négatif

Pour rappel, ce dossier est indépendant des autres quelques 220 millions d'euros réclamés par laCommission européenne pour des aides publiques perçues dans le cadre de la délégation deservice public de la desserte maritime de la Corse que la SNCM assure conjointement avec laMéridionale. Il s'agit ici des aides d'État que la SNCM aurait perçues en 2002 à l'occasion de larecapitalisation de la compagnie alors qu'elle était détenue à 20 % par la SNCF et à 80 % par laCompagnie générale maritime et financière (CGMF), elle même propriété à 100 % de l'Étatfrançais.

Et en 2006, lors de l'ouverture de son capital quand les deux repreneurs, Butler Capital Partners etVeolia Transport ont pris le contrôle, respectivement, de 38 % et 28 % du capital (tandis que laCGMF restait présente à hauteur de 25 % et que 9 % du capital restaient réservés aux salariés).L'aide de 2002 était constituée par un apport de 76 millions d'euros. Celle de 2006 portait sur unerecapitalisation de 158 millions d'euros, un apport de 8,5 millions et une provision de 38,5 millionspour le financement d'un éventuel plan social. 

Des aides que la CE avait rétroactivement validées (en 2008) mais que le tribunal européen, suiteau recours déposé par Corsica Ferries, avait invalidées en juin 2012 estimant que la Commissioneuropéenne "avait commis une erreur de droit et d'appréciation en considérant que l'approbation dela cession de la SNCM à un prix négatif de 158 millions d'euros et l'apport en capital par la CGMFde 8,75 millions d'euros ne constituaient pas des aides publiques".

 

Rejet totalLes décisions européennes, y compris les décisions de récupération des aides octroyéesillégalement, sont susceptibles de recours devant les juridictions européennes. Ce qui a été fait tantde la part de la compagnie que de l'État français. La première l'a fait par un pourvoi déposé devantla CURIA le 22 novembre 2012, en demandant l'annulation partielle de l'arrêt attaqué, et le secondpar un recours en date du novembre 2012.

Le 28 février 2013, Corsica Ferries a déposé son mémoire en réponse. Une audience a étéorganisée le 6 novembre 2013 en présence des parties. C'est donc après examen de l'ensemblede ces mémoires, des quatre moyens de défense de la SNCM et de la France, et de lajurisprudence en la matière, que l'avocat général a analysé la situation.

 

Comportement économique irrationnel de l'État françaisUne bonne partie de l'argumentation repose sur la question : la Commission européenne a-t-elle

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correctement apprécié ce qu'aurait fait un investisseur privé dans des circonstances similaires ? Unjeu de rôle qu'il va appliquer à l'ensemble des faits qui ont fait l'objet d'un pourvoi à savoir : lacession de la SNCM à un prix négatif ; l'apport en capital pour un montant de 8,75 millions d'eurospar la CGMF ; l'avance en compte courant faite par la CGMF pour un 38,5 millions d'euros enfaveur du personnel licencié de la SNCM ; le solde de restructuration de 15,81 millions d'euros. 

Une bonne partie de la défense de la SNCM repose notamment sur l'argument : le tribunal auraitcommis une erreur de droit en empiétant sur la marge dont dispose la Commission dansl'appréciation de situations économiques complexes.

Argument de l'image de marque irrecevable

S'épargner des coûts politiques, économiques et sociaux. C'est en ces termes que l'État français abâti sa défense. Mis en accusation sur le versement d'indemnités complémentaires delicenciement, il avance l'argument de la préservation de son image de marque en rappelant lerisque de propagation de grèves qui auraient pu paralyser l'activité du secteur. Il estime donc quec'était le prix à payer pour éviter des conséquences économiques néfastes.

L'avocat général ne suit pas :

 "La protection de l'image de marque de l'État en tant qu'investisseur global dans l'économie ne sauraitconstituer une justification suffisante pour démontrer la rationalité économique à long terme de la priseen charge de coûts additionnels tels que des indemnités complémentaires de licenciement". 

Pour aboutir à la conclusion :

  "La compensation des pertes s'était faite dans des conditions qui auraient été inacceptables pour uninvestisseur privé travaillant dans les conditions normales du marché et qu'aucun investisseur privén'aurait pris en compte des préoccupations" dont a fait part l'État, et ce, qu'il s'agisse "d'une fermetured'entreprise, de pressions exercées par les milieux syndicaux ou politiques, d'un secteur socialement encrise". 

Bref :  "lorsque les apports de capitaux […] font abstraction de toute perspective de rentabilité,même à long terme, de tels apports doivent être considérés comme des aides d'État" . Reste àsavoir si la Cour de justice européenne suivra les conclusions de son avocat général. Mais en lamatière, très souvent, les réquisitions de l'avocat général sont suivies par la juridiction de jugement.Sauf si... 

 

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111 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

OPINIONS > La Tribune publie chaque jour des extraits issus de l’émission "28minutes", diffusée sur Arte. Aujourd’hui, les Européens jugent la conférence depresse de François Hollande.

28 minutes / Arte

Comment les Européens jugent la conférencede presse de Hollande

C'était mardi. Pour la troisième conférence de presse de François Hollande depuis le début de sonquinquennat, deux heures et quarante cinq minutes de face à face 600 journalistes de France, deNavarre et du monde entier pour convaincre du bien-fondé de sa politique.

"Une offensive courageuse", "une vision lucide", "un grand compromis social", "une tromperie géante","un pacte d'irresponsabilité sociale", "le cap de l'ultralibéralisme"…

Entre louanges et critiques, le discours du chef d'État français a suscité de nombreuses réactionsau sein de l'Hexagone.

Cette conférence de presse a été marquée par l'annonce du « pacte de responsabilité » avec lesentreprises et par une « sociale-démocratie » assumée. Le dossier épineux de l'infidélitéprésidentielle a lui été mis sur le côté en attendant que la rencontre avec le couple Obama enfévrier rende des éclaircissements indispensables.

Au-delà des histoires d'alcôves, comment analyser cette conférence de presse ? Est-elle réussie ?

112 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

Et qu'en pense le reste de l'Europe ?

MISE AU POINTPar Sandrine Le Calvez

RETROVISEURPar Marc-Antoine Deporet

10 juillet 1969. Le général Georges Pompidou fait figure de précurseur en donnant la toutepremière conférence de presse présidentielle. Retour sur 45 années d'un exercice périlleux dansl'art de la politique.

  DEBAT28' vous propose un éclairage européen, en réunissant pour débattre trois journalistes étrangers. Eva Morletto, journaliste italienne pour Famiglia Cristiana, Thomas Hanke, journaliste allemandpour Handelsblatt et David Chazan, journaliste britannique pour The Times seront nos invités.

>>> Suivez 28 minutes sur le site de l'émission, sur Twitter @28minutes et sur Facebook

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>>> (Re)voir : A la suite de son propos liminaire, Fraçois Hollande a répondu aux 600journalistes français et étrangers. #ConfPR

Première partie Seconde partie

113 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

OPINIONS > François Hollande assume désormais une politique de l’offre. Mais ilcontinue d’esquiver la référence Tony Blair. A tort

Jean-Marc Daniel

Hollande devrait oser Blair

Le président de la République a explicité lors de sa conférence de presse ce qu'il entendait par« pacte de responsabilité ». En pratique, il s'agit de supprimer les quelque 30 milliards d'euroscotisations servant à financer la politique familiale.

Il a également indiqué que d'ici à 2017, 50 milliards d'euros  d'économie sur les dépensespubliques seraient réalisés, ce qui permettrait de financer cette mesure. En fait, il n'y a guère dechose nouvelle sur ce volet. Le principe des économies avait déjà été mis en avant lors de saconférence de presse de novembre 2012 pour un montant de 60 milliards.

Etre ou ne pas être …Jean-Baptiste Say !

François Hollande qui se veut précis au moins dans les mots utilisés, y compris quand il cherche àesquiver les questions qui le dérangent, a dit qu'il y avait non pas un tournant mais uneaccélération…Il a insisté sur le fait qu'il n'était pas libéral dans la mesure où il entend faire reposersa démarche sur des rencontres, des négociations, une affirmation de la volonté politique. De fait, ila annoncé des créations d'organismes multiples au nom divers (observatoire des contreparties,conseil stratégique de la dépense…). Et il a exprimé le regret qu'au niveau européen sa propositiontrès keynésienne de « pacte de croissance » n'ait pas eu d'échos très significatifs.

114 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

Mais il a dit qu'il était social-démocrate, provoquant commentaires et interrogations.

En fait là encore, ce n'est pas une vraie surprise car, il l'a rappelé, au cours des 18 premiers moisde son mandat, il n'a pas vraiment multiplié les cadeaux ni procédé à une étatisation massive del'économie malgré les propos va-t-en guerre de son ministre du redressement productif.

Ce qui a finalement semblé le plus original, c'est l'usage qu'il a fait de la célèbre formule deJean-Baptiste Say, l'économiste libéral du début du XIXe siècle, selon laquelle l'offre crée lademande. Or cette loi de Say nourrit la haine de tous les étatismes socialisants, qu'ils soient néo ouarchéo keynésiens, paléo marxistes ou néo protectionnistes. De cette nouvelle référence est néel'idée qu'il fallait parler de « socialisme de l'offre »

Socialisme de l'offre, une expression peu appropriée

On peut néanmoins se demander si l'expression est appropriée. En effet, les épigones de Marxparvenus au pouvoir dans des pays qui se qualifiaient de socialistes finirent par n'avoir commeprétention de réussite économique et politique que leur capacité à assurer le plein emploi. Face àleur déroute morale, économique et politique, et par-delà leur ineffable langue de bois, les héritiersputatifs de Marx vantaient comme mérite de leur régime celui d'avoir fait disparaître le chômage.

De façon assez sinistre, sur les discours des lendemains qui chantent, le socialisme dit « réel »d'obédience marxiste a plaqué la réalité d'un Etat devenu « employeur en dernier ressort » grâce àson contrôle exclusif de la production. Il organisait l'offre et ignorait la demande, ne rendantpossible la réalisation de l'égalité entre l'offre et la demande que par le développement du marchénoir. Ce socialisme « réel » était un socialisme de l'offre.

 

L'effondrement de ce socialisme de l'offre, signifié notamment par la chute du Mur de Berlin, futd'autant plus spectaculaire qu'il survenait quelque dix ans après celui d'un autre modèle desocialisme, que l'on pourrait qualifier de « socialisme de la demande ». Le socialisme réformisteétatiste qu'avaient incarné en leur temps la social-démocratie scandinave et le travaillisme anglaisversion Clement Attlee a été emporté au Royaume-Uni à la fin des années 70 avec l'élection deMargaret Thatcher. Ce socialisme étatiste réformiste avait essayé de créer une sociétédémocratique à économie dirigée.

L'État non pas employeur en dernier ressort, mais consommateur en dernier ressort

C'est-à-dire de maintenir le libéralisme politique tout en abandonnant le libéralisme économique.Mais ce projet a échoué. La liberté ne se partage pas : si l'on veut pouvoir échanger sanscontrainte les idées, il faut pouvoir également échanger librement les biens. Le travaillisme d'Attlee

115 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

avait trouvé une justification théorique chez Keynes faisant là encore de l'État l'acteur du pleinemploi. Dans ce socialisme réformiste étatiste keynésien, l'État agissait non pas comme« employeur en dernier ressort » mais comme « consommateur en dernier ressort ».

L'État n'avait pas vocation à employer directement mais à fournir des débouchés garantis auxentreprises afin qu'elles emploient. Le travers subi puis assumé de ce genre de politique est uneaugmentation régulière de l'inflation, vécue au départ comme anodine. Mais l'expérience historiquefut cruelle. Après avoir perdu toute forme de compétitivité, l'économie britannique keynésienne s'estretrouvée sous tutelle du FMI en 1976, discréditant le socialisme réformiste étatiste.

Ceux qui dénoncent régulièrement Mme Thatcher pour avoir libéralisé l'économie britannique àoutrance devraient se souvenir qu'elle a été élue -et systématiquement réélue- par un peuplebritannique excédé par les impasses du travaillisme historique. Ils devraient méditer les propos dePeter Mandelson, ministre travailliste de la fin des années 90, affirmant : « en économie, noussommes tous des thatchériens ». Si la victoire électorale de Mme Thatcher a sonné le glas dusocialisme réformiste étatiste, cette disparition a été entérinée dans les années 90 par lessociaux-démocrates suédois. Après la spectaculaire dévaluation de la couronne suédoise en 1992,ils ont en effet jugé indispensable de renoncer au keynésianisme et à l'étatisme pour éviter le déclindu pays.

 En France, le socialisme de la demande a tiré sa révérence en 1983

 En France, ce socialisme de la demande a tiré sa révérence avec la rigueur de 83. Dans sa« Lettre à tous les Français » de 1988, François Mitterrand écrivait que ce sont « les entreprises quisont responsables de l'emploi et de la croissance ». Exit l'Etat « employeur en dernier ressort »,exit l'Etat « consommateur en dernier ressort »…

 On aurait pu penser que la messe était dite et les socialistes français étaient en train de convergervers la social-démocratie allemande, celle-ci ayant abandonné le marxisme- le socialisme de l'offre-à la fin des années 50 et le keynésianisme- le socialisme de la demande- à la fin des années 70quand Helmut Schmidt déclarait « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain etles emplois d'après-demain », abandon conforté à la fin des années 90 par Schroeder lorsqu'il ademandé à Oskar Lafontaine de quitter le gouvernement.

Oser Blair

En acceptant le mot social-démocrate, Hollande vient de nous dire que le message de Mitterrandversion 1988 devenait enfin un acquis. Néanmoins, au passage, il a jugé bon d'esquiver Blair.

Pourtant, son socialisme est plutôt proche du « socialisme de marché » de Blair, unsocial-pragmatisme qui faisait dire à Blair qu'il n'y a pas de politique économique de gauche et de

116 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

politique économique de droite, il y a celles qui échouent et celles qui réussissent…Insistons surTony Blair car la gauche française aime bien le haïr. En 1995, le parti travailliste anglais abandonnala Clause IV de ses statuts, clause qui prévoyait « l'appropriation collective des moyens deproduction ». Parlant des raisons qui l'avaient conduit à proposer à son parti cet abandon, TonyBlair écrit dans ses mémoires que garder une telle formule dans les statuts six ans après la chutedu mur de Berlin avait quelque chose non seulement d'obsolète mais plus encore de « ridicule » ...

117 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

OPINIONS > François Hollande promeut une politique de l’offre, destinée àrenforcer la production, en permettant notamment de rétablir les margesbénéficiaires dans l’industrie. Un redressement des marges essentiel, mais quisera très difficile à réaliser, selon Patrick Artus, directeur des étudeséconomiques de Natixis

Patrick Artus, Natixis

Industrie: pourquoi le plan Hollande serainsuffisant

Les marges bénéficiaires de l'industrie manufacturière en France sont les plus basses en2012-2013 depuis qu'on les mesure (années 1960), ce qui n'est pas le cas pour les entreprises desservices ou de la construction dont les marges sont fortes. Ce niveau très faible des margesbénéficiaires de l'industrie en France, avec un recul violent depuis le début des années 2000,s'explique par l'incapacité des entreprises industrielles à passer dans leurs prix de vente leshausses de leurs coûts de production (coût du travail, coût des matières premières) ; au contraireles prix de vente doivent baisser en raison de la concurrence de pays ayant le même niveau degamme et des coûts salariaux plus faibles.

Si cette extraordinaire faiblesse des marges bénéficiaires de l'industrie manufacturière en Francen'est pas corrigée (et il s'agit bien des entreprises industrielles et non de celles des autressecteurs), il y aura poursuite du mécanisme de la « maladie hollandaise » : transfert des facteursde production vers les services et poursuite de la contraction de l'industrie avec les conséquencesconnues : baisse de la qualité des emplois et de la croissance potentielle, déficits extérieurs.

118 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

 Un redressement difficile à atteindre

Mais corriger en France la faiblesse des marges de l'industrie est très compliqué, avec la faiblessedu nombre d'entreprises qui peuvent monter en gamme, le fait que les gains de productivité sontdéjà élevés dans l'industrie, la rigidité des hausses de salaires, l'insuffisance des instrumentsfiscaux, d'autant plus qu'il faut corriger les marges bénéficiaires de l'industrie et pas celles desautres secteurs.

Les marges bénéficiaires sont le ratio du résultat opérationnel des entreprises, rapporté à leurvaleur ajoutée. Si on regarde l'ensemble des entreprises non financières, on voit une baisse desmarges bénéficiaires depuis 2008, mais leur niveau (27,8%) reste assez élevé : de 1998 à 2006, letaux de marges bénéficiaires a oscillé entre 29 et 32%, alors qu'en 1982 il était tombé à 22,5%.

Un effondrement des marges spécifique à l'industrie

Mais si on regarde les entreprises industrielles, on voit un effondrement des marges bénéficiairesdepuis 2000 ; le taux de marge pour l'industrie manufacturière est aujourd'hui de 22,6%, contre unefourchette de 28 à 34% entre 1987 et 2000, et un niveau plus bas antérieur de 26,5% en 1982,après les chocs pétroliers et les fortes hausses des salaires du début des années 1980. Larentabilité de l'industrie manufacturière est donc aujourd'hui au plus bas, tandis qu'en dehors del'industrie, il n'y a pas de problème majeur de rentabilité, de profitabilité : les marges bénéficiairesdans les services (37%) sont proches de leurs niveaux le plus haut (38-39%) ; les margesbénéficiaires dans la construction sont assez élevées (36%) et ont retrouvé leur niveau des années1970-80.

 Une baisse des marges liée à celle des prix de vente

Le recul des marges bénéficiaires de l'industrie française de 1968 à 1982 s'explique par les forteshausses de salaire et par les fortes hausses des prix des matières premières (pétrole) ; de 1982 à1990, la restauration des marges bénéficiaires vient de l'inflation, compensée par les dévaluationsdu franc, de la stagnation des salaires réels. Concentrons-nous sur la période 2001-2013, surlaquelle la dynamique est différente. Sur cette période, on observe que l'origine de la baisse desmarges dans l'industrie est l'incapacité des entreprises à passer dans leurs prix la hausse de leurscoûts salariaux unitaires, qui est pourtant modeste.

L'explication de cette situation est assez claire : compte tenu du niveau de gamme faible de laproduction industrielle de la France, la sensibilité aux prix de la demande pour les produits françaisest forte (c'est la plus forte avec l'Espagne de tous les pays de l'OCDE) et les entreprises ont dûbaisser leurs prix de vente pour résister aux concurrents de pays à niveau de coûts de productionplus faibles (d'abord les pays émergents), puis aujourd'hui l'Espagne, dans le futur le Royaume-Uniet les Etats-Unis.

119 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

 Une chute de la rentabilité du capital industriel

L'écrasement des marges bénéficiaires de l'industrie en France a conduit à un écrasement de larentabilité du capital industriel, puisque dans le même temps l'intensité capitalistique de l'industrie(ratio entre le capital productif et la valeur ajoutée) augmentait, avec une forte accumulation decapital peu sophistiqué, comme le montre par exemple le fait que le nombre de robots achetés parl'industrie française est six fois plus faible que celui de robots achetés par l'industrie allemande.

 Un mécanisme de "maladie hollandaise"

Ceci déclenche un mécanisme de « maladie hollandaise » : la faiblesse de la rentabilité du capitaldans l'industrie en France détourne les entreprises de l'industrie, transfère les facteurs deproduction vers les autres secteurs d'activité où la rentabilité est plus élevée. Ladésindustrialisation de la France se poursuit donc avec ses conséquences connues : recul de laqualité des emplois et donc des salaires, puisque les salaires sont plus élevés dans l'industrie,recul de la croissance potentielle, puisque les gains de productivité sont plus élevés dansl'industrie ; dégradation du commerce extérieur et hausse de l'endettement extérieur avec lamenace à terme d'un « sudden stop » : de l'arrêt des entrées de capitaux qui financent le déficitextérieur.

 L'absolue nécessité de corriger la faiblesse des marges

Il faut donc absolument corriger la faiblesse des marges bénéficiaires de l'industrie en France. Maisceci peut être difficile. La montée en gamme de la production permettant d'accroître les prix devente ; mais seule une très faible proportion des entreprises est capable de monter en gamme. Legouvernement français estime que seules 1500 entreprises sont capables de profiter definancements publics pour monter en gamme et se développer. Ceci se voit aussi au faible nombred'entreprises exportatrices en France : 110 000 contre 250 000 en Allemagne et plus de 200 000en Italie.

 Forte réduction des salaires ou hausse du temps de travail: impossible en bas de cycle

Accroître les gains de productivité dans l'industrie réduirait les coûts unitaires de production ; maisd'une part, ils sont déjà élevés ; d'autre part, se pose ici le même problème de la faible proportiond'entreprises capables de monter en gamme. Réduire les salaires irait évidemment dans la mêmedirection, mais se heurterait bien sûr à une forte résistance sociale, d'autant plus que la variationnécessaire serait considérable : il faudrait une baisse de 17% du salaire par tête, toutes choseségales par ailleurs, pour ramener les marges bénéficiaires de l'industrie à leur niveau de 2000. Demanière équivalente, il faudrait accroître de 17% la durée du travail (soit de 6 heures par semaine)sans hausse de salaire pour arriver au même résultat. De plus, en bas de cycle, en situation dechômage élevé, il est dangereux de toucher aux salaires ou d'allonger le temps de travail, avecl'effet induit sur la demande ou le chômage des jeunes.

120 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

 Les politiques fiscales inopérantes

Enfin, les politiques de réforme fiscale se heurtent à deux difficultés : la « neutralité fiscale », le faitque le problème de marges ne concerne que l'industrie. A moyen terme, les substitutions d'unimpôt à un autre ne modifient pas la situation de l'économie réelle. La baisse des cotisationssociales des entreprises, très élevées en France, compensée par la hausse de la TVA conduisant àune hausse des prix conduit à terme, par indexation sur les prix, à une hausse des salaires quiannule l'effet sur le coût du travail de la baisse des cotisations sociales. Le fait que, dans lesservices ou la construction, il n'y ait pas de problème de marges bénéficiaires rend aussi l'utilisationdes réformes fiscales très difficile : comment ne modifier des impôts qui ne touchent quel'industrie ?

 Le plan Hollande: une mesure diluée

Le président Hollande propose de réduire les cotisations sociales des entreprises en baissant d'unmême montant les dépenses publiques. Ceci évite le piège de la neutralité fiscale, mais pas celuide la dilution de la mesure qui va concerner toutes les entreprises alors que seule l'industrie estconfrontée à la concurrence et a un problème de marges bénéficiaires faibles. Il faut être réaliste :la chute des marges bénéficiaires de l'industrie en France depuis 2000 va être très difficile àcorriger.

 

Lire aussi : 

>> Hollande : un seul objectif, 2017 ! 

>> Et si la fin des cotisations "famille" ne coûtait rien au finances publiques

 

 

121 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

OPINIONS > Évoqué par François Hollande pendant la campagne électorale, lechiffre d’un million de logements manquants ne correspond en fait à rien. Ilfaudrait construire 500.000 logements. par Emmanuel Clausel, présidentd’Immobilier Stock Exchange

Emmanuel Clausel, Immobilier Stock Exchange

Le mythe du million de logements manquants

 Il manquerait un million de logements en France. Un chiffre rond et précis, facile à mémoriser etrepris sans explication depuis déjà plusieurs années dans les marronniers sur l'immobilier. Chacunpeut ainsi facilement se plaindre d'un manque de logement d'autant plus patent que conséquent.Cette faiblesse de l'offre est aussi très utile pour justifier les prix élevés de l'immobilier en France.Pourtant, ce million est un mythe. Pire c'est une erreur d'appréciation. Certes, la France manque delogement mais il ne s'agit pas d'un stock insuffisant. Il s'agit en réalité d'un flux trop faible denouveaux logements pour satisfaire les besoins d'une démographie changeante et pallier lesfaiblesses du parc existant. C'est surtout le résultat des échecs répétés des politiques du logementtant locales que nationales.

 

Tentative de reconstruction du million

Commençons l'analyse par les chiffres de la Fondation Abbé Pierre. Selon les statistiques publiéesen avril 2013, 685 000 personnes sont privées de domicile personnel, 2,8 millions vivent dans desconditions de logement difficiles (manque de confort et surpeuplement). Si on y ajoute les

122 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

personnes en situation précaire et les gens du voyage, ce sont plus de 3,6 millions de personnesqui souffrent de mal-logement. La Fondation estime à 5 millions, le nombre de personnes ensituation de fragilité dans leur logement et donc à un total de plus de 8 millions (12% de lapopulation française) de personnes en situation de mal-logement ou de fragilité dans leur logement.

500.000 logements construits par an, un chiffre jamais atteint

Pour remédier à ce problème, la solution prônée par la fondation est de construire 500 000logements par an, un chiffre jamais atteint pas même en 2007 qui a pourtant été une année recordavec près de 466 000 mises en chantier. Après avoir chuté à moins de 350 000 logements en 2009et 2010, la construction a progressé en 2011 pour atteindre 421 000.

Hollande annonce "un million de logements nouveaux"

Pendant sa campagne François Hollande déclarait pourtant vouloir combattre la pénurie delogements en mettant sur le marché "un million de logements nouveaux" lorsqu'il serait président.Quant au spécialiste français de l'étude scientifique du marché du logement, Michel Mouillart,Professeur à l'Université de Nanterre, il estime le déficit à un  million de logements.

Comment s'y retrouver entre le nombre de personnes mal (voire très mal) logées, l'évolutionsouhaitable du parc immobilier, les déclarations politiques et la réalité du terrain ?

 

Les chiffres vérité

La France compte 33,3 millions* de logements dont 2,4 millions sont vacants (pour l'essentiel entredeux occupants). La population est de 64,6 millions, soit 2,08 habitants par logement en moyenne.La population augmente chaque année de 464 000 personnes. Ce qui génère un besoin naturel de223 000 logements. Le taux de décohabitation dû aux divorces et séparations est, selon l'INSEE,de 0,74% générant un besoin de 229 000 logements supplémentaires. Au total, il faut doncconstruire chaque année 452 000 logements nouveaux pour seulement satisfaire l'accroissementnaturel de la demande tel que constaté depuis 10 ans.

Selon les statistiques du ministère du Logement, sur douze mois cumulés à fin novembre 2013, lenombre de permis de construire (hors travaux sur bâtiments existants) a diminué de 15% parrapport à la même période 2011/2012, avec seulement 377.000 logements autorisés, un nombrequi vient amplifier le retard accumulé depuis des années.

 Raisons et conséquences d'un déficit chronique

123 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

La première explication de ce déficit est le manque, voire l'absence totale, de politique locale. LaFrance, pays jacobin et centralisateur, peine à s'imaginer en dehors des centres villes au fonciersaturé.

De façon plus profonde, et plus grave, la faiblesse de la construction témoigne de l'échec despolitiques d'incitation. Les dispositifs se succèdent (Perissol, Demessine, de Robien, Borloo,Besson, Scellier, Girardin, Le Censi Bouvard, Statut LMNP…) sans pour autant parvenir à inciterles Français à placer leur abondante épargne dans le logement neuf. Dernier avatar de ce cadreréglementaire, les nouveaux mécanismes d'imposition des plus-values immobilières qui pénalisentla revente de terrain à un promoteur.

Un défi considérable: construire 500.000 logements

En attendant, près d'un quart de l'accroissement naturel de la demande de logement n'est passatisfaite et 8 millions de personnes sont mal logées en France. Le défi est considérable et leschiffres sans appel : la France ne manque pas d'un million de logements, elle doit construirechaque année au minimum 500 000 nouveaux logements et conserver ce rythme tant que lesfacteurs démographiques resteront constants.

Logements sociaux ou privés, réhabilitation, construction ou transformation, nous sommes loin ducompte. Les solutions sont à trouver à tous les niveaux. Au plan national avec des dispositifsréellement efficaces et pérennes, au plan local avec une volonté politique affirmée d'aménagementde la ville, au plan économique avec des investissements et des emplois, au plan de l'entrepriseenfin dans un cadre de développement positif et volontariste.

 

124 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

QUID DE L'IMAGE DE LA FEMME ? > Que dit la Love Affair, digne d’un Feydeau àl’Elysée, de l’image de la femme ? Quel impact sur la politique féminine dugouvernement ?

Isabelle Lefort

Et si François s'appelait Françoise...

La réalité dépasse toujours la fiction. Comment imaginer qu'à la veille de la conférence de pressedu président de la République devant 600 journalistes, à un moment clé du quinquennat,l'hebdomadaire people « Closer », montrerait le chef de l'Etat portant un casque de moto, pourrendre visite nuitamment et/ou à potron-minet, son garde du corps livrant des croissants, à uneactrice.

Successful mais discrète, Julie Gayet n'avait jamais vraiment jusque là accaparé les Une desgrands titres de la presse. Aucun magazine féminin ou people n'avait pris pour habitude de placeren tête de gondole celle, qui à 41 ans, a tourné dans près de 50 films, 20 téléfilms, 13 courtsmétrages, produisant parallèlement les clips de Benjamin Biolay et « La fille du patron » le filmd'Olivier Loustau l'an dernier.

Sourire lumineux, minois de blonde, elle ne figure pas parmi les stars glamour de la liste A maisincarne parfaitement ce que l'on doit appeler une Française normale…

L'histoire pourrait s'arrêter là et n'aurait pas vraiment de place dans ce blog, si ce n'est que cetépisode dans l'histoire de la Vème République interfère avec la politique féminine dugouvernement. Quelques jours après l'annonce par Jean-Marc Ayrault et Najat Vallaud-Belkacemde la nouvelle feuille de route en faveur de l'égalité, une semaine avant l'ouverture des discussionsà l'Assemblée Nationale sur le projet de loi défendu par la ministre des droits des femmes, la Love

125 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

Affair fait désordre. Elle renvoie à des clichés qu'on aimerait éculés, ceux du triangle amoureuxclassique des pièces de boulevard avec dans les rôles principaux, la femme légitime forcémenttrompée, l'homme volage et la maîtresse actrice. La presse internationale se repaît du ridicule de lasituation, se moquant bien du respect français pour le respect de la vie privée, pointant du doigt lapresse hexagonale jugée trop servile. Tout le monde est perdant dans ce scénario de série B.L'épisode brouille l'image contemporaine des rapports homme/femme à laquelle aujourd'hui,chacun(e) aspire. Y compris au sommet de l'Etat.

Que penser d'un président de la République qui accède au pouvoir au bras de sa compagne,refusant de passer devant monsieur le maire pour officialiser sa relation, et, qui de facto, fragilised'autant la femme qui l'accompagne, que la première dame ne bénéficie d'aucun statut juridique ?Que penser d'un président de la République pris en flagrant délit de scène tragi grotesque, déguiséen Daft Punk, entrant et sortant d'un lieu, qui, déjà par le passé, aurait servi de garçonnière auxplus illustres de la République ?

Que penser de la presse qui ne sait que faire de cette « patate chaude » aux relents machistes ?Faut-il soutenir ou condamner le magazine «  Closer  », puisque finalement les politiqueseux-mêmes, au gré des circonstances, se prêtent aux jeux de la médiatisation de leur vie privée(on se souvient de François Hollande à domicile racontant comment il aimait passer aux fourneauxpour sa petite famille) ? Faut-il au contraire abonder dans la théorie du complot politique puisquel'affaire est révélée à la veille d'une conférence de presse essentielle pour le quinquennat, que lemagazine appartient au groupe italien Mondadori (propriété de Berlusconi, chef d'état condamnépour ses frasques sexuelles avec des jeunes filles…) et qu'enfin, Ernesto Mauri, le directeurgénéral du groupe en France connaît bien la rue du cirque pour s'y être installé en 2008 dés sonarrivée à Paris.

Après l'affaire DSK, on imaginait désormais être épargnés de l'humiliation internationale sur lesmœurs de nos politiques, en ayant élu un président "normal" qui se voulait exemplaire, mais voilà,on avait minimisé « l'humain, trop humain… ».

Après l'accident de Valéry Giscard d'Estaing (qui, un matin de 1974, avait heurté la camionette d'unlaitier, à bord d'une Ferrari empruntée, en compagnie de l'actrice Marlène Jobert), Mazarine, la fillecachée puis médiatiquement reconnue de François Mitterrand, les maitresses confirmées par sonépouse elle-même de Jacques Chirac (sauf que lui ne s'est jamais fait prendre au piège par lesmedias), le « avec Carla, c'est du sérieux » de Nicolas Sarkozy, c'est reparti pour un tour avecFrançois Hollande. Les éditorialistes du monde entier ont beau jeu de se gausser des us etcoutumes des politiques français.

Depuis la disparition en 1899 du président Félix Faure, victime d'une fellation fatale prodiguée parsa maîtresse, peu importe que nous soyons passés de la IIIème à la Vème République, nospoliticiens prêtent le flanc aux humoristes. Et dans la revue de presse du Petit Journal, tous denous gondoler de rire au café allongé et ses morceaux de sucre partagés par François Hollande et

126 OpinionsLA TRIBUNE 17/01/2014

Julie Gayet…

N'en jetons plus ! Inversons les rôles. Et si l'histoire se déroulait entre Françoise, Julien et Valéry…Que se passerait-il ? Imaginons, la présidente déboulant rue du cirque, vêtue de noir, en tailleur etstiletto vernis, sur son scooter pour rendre visite à son amant. Que dirait-on d'elle ? Parlerait-on dequestions de sécurité ? Aurait-elle droit au respect de sa vie privée ? Pourrait-elle esquiver le rasde marée médiatique en déclarant « les affaires privées se règlent en privé ? » Ou cela neparviendrait pas à calmer les critiques, en particulier celles de la presse internationale ? Aurait-elledroit à des qualificatifs aussi fleuris que  « croqueuse d'hommes », « nymphomane ou sex addict»...

Soyons indulgente. Sans doute, chacun saurait rester à sa place et éviter d'aligner les clichés enparlant du cheffe de l'Etat de la cinquième puissance mondiale. Mais, in fine, imaginons que Valériesoit Valéry. Que penserait-on de son hospitalisation ? Que dirait-on du fait que la présidente nevienne pas au chevet de son compagnon, ouvertement en souffrance psychologique, trois joursaprès son hospitalisation ? De quelle manière, quelle que soit l'ambition de ses réformes, sonprogramme en faveur de l'égalité homme / femme,  serait-il audible ? L'aura de Françoiseserait-elle un tantinet écornée ? Ou profondément éprouvée ?