symfonia pieśni Żałosnych

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Symfonia Pieśni Żałosnych chorégraphie Kader Attou Danse grande salle 00:55 jeu 4 avr. • 20 :30 Autour du spectacle : Stage danse hip hop mer 3 avril pièce chorégraphique pour 10 danseurs musique Henryk Mikołaj Gorecki Symphonie n°3 pour soprane et orchestre, opus 36 lumieres Francoise Michel costumes Nadia Genez interpretation : Amine Boussa, Mathieu Furge, Mabrouk Gouicem, Capucine Goust, Rachid Hamchaoui, Salem Mouhajir, Veronique Teindas, Vaishali Trivedi, Sebastien Vela Lopez, Majid Yahyaoui CCN de La Rochelle/ Poitou-Charentes Kader Attou / Cie Accrorap Kader Attou est familier de la scène des Salins où il a présenté avec succès Petites histoires.com. Sa réflexion et sa sensibilité l’amenait déjà à tenter d’abolir les frontières entre le hip hop, dont il porte haut les couleurs, et les autres formes de danse. Avec sa nouvelle création, il franchit une étape capitale et se confronte à une véritable gageure : danser l’intégralité de la partition de la célèbre Symphonie n°3 du compositeur polonais Gorecki. Le pari est réussi et l’émotion transmise avec force grâce aux corps vibrants des danseurs. La Symfonia Piesni Zalosnych de Gorecki, dite La Symphonie des Chants plaintifs, hante Kader Attou depuis longtemps. Poignante évocation musicale de la Shoah, cette œuvre majeure est une traversée des ténèbres vers la lumière, guidée par trois chants magistraux. Les 10 danseurs accompagnent ce lent mouvement au plus près, sans jamais quitter la scène. En groupe, en duo ou en trio, ils abandonnent peu à peu le sol, s’élèvent pour toucher le ciel avec des portés superbes, transcendants. Kader Attou rend chaque personnalité unique, indispensable. Les uns contre les autres, les uns avec les autres, ils s’affrontent, se désolidarisent ou se regroupent en frères. Les magnifiques lumières de Françoise Michel nimbent la scène de clairs-obscurs poétiques. L’ensemble est d’une infinie douceur, annihilant l’idée même du mal, faisant éclore l’espoir. Source dossier : CCN La Rochelle service éducatif - relations publiques • responsable Murielle Lluch 04 42 49 00 20 [email protected] relations avec les écoles maternelles, élémentaires, visites du théâtre Roland Rondini 04 42 49 00 21 [email protected] relations avec les collèges, lycées, l'enseignement supérieur, les associations Daphné Tréfeu 04 42 49 00 22 [email protected] • relations avec les C.E, les Maisons de quartiers, les associations Stéphanie de Cambourg 04 42 49 00 27

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Page 1: Symfonia Pieśni Żałosnych

Symfonia Pieśni Żałosnych chorégraphie Kader Attou Danse • grande salle • 00:55 jeu 4 avr. • 20 :30

Autour du spectacle : Stage danse hip hop mer 3 avril

pièce chorégraphique pour 10 danseurs musique Henryk Mikołaj Gorecki Symphonie n°3 pour soprane et orchestre, opus 36 lumieres Francoise Michel costumes Nadia Genez interpretation : Amine Boussa, Mathieu Furge, Mabrouk Gouicem, Capucine Goust, Rachid Hamchaoui, Salem Mouhajir, Veronique Teindas, Vaishali Trivedi, Sebastien Vela Lopez, Majid Yahyaoui CCN de La Rochelle/ Poitou-Charentes Kader Attou / Cie Accrorap

Kader Attou est familier de la scène des Salins où il a présenté avec succès Petites histoires.com. Sa réflexion et sa sensibilité l’amenait déjà à tenter d’abolir les frontières entre le hip hop, dont il porte haut les couleurs, et les autres formes de danse. Avec sa nouvelle création, il franchit une étape capitale et se confronte à une véritable gageure : danser l’intégralité de la partition de la célèbre Symphonie n°3 du compositeur polonais Gorecki. Le pari est réussi et l’émotion transmise avec force grâce aux corps vibrants des danseurs. La Symfonia Piesni Zalosnych de Gorecki, dite La Symphonie des Chants plaintifs, hante Kader Attou depuis longtemps. Poignante évocation musicale de la Shoah, cette œuvre majeure est une traversée des ténèbres vers la lumière, guidée par trois chants magistraux. Les 10 danseurs accompagnent ce lent mouvement au plus près, sans jamais quitter la scène. En groupe, en duo ou en trio, ils abandonnent peu à peu le sol, s’élèvent pour toucher le ciel avec des portés superbes, transcendants. Kader Attou rend chaque personnalité unique, indispensable. Les uns contre les autres, les uns avec les autres, ils s’affrontent, se désolidarisent ou se regroupent en frères. Les magnifiques lumières de Françoise Michel nimbent la scène de clairs-obscurs poétiques. L’ensemble est d’une infinie douceur, annihilant l’idée même du mal, faisant éclore l’espoir. Source dossier : CCN La Rochelle

service éducatif - relations publiques

• responsable Murielle Lluch 04 42 49 00 20 [email protected] • relations avec les écoles maternelles, élémentaires, visites du théâtre Roland Rondini 04 42 49 00 21 [email protected] • relations avec les collèges, lycées, l'enseignement supérieur, les associations Daphné Tréfeu 04 42 49 00 22 [email protected] • relations avec les C.E, les Maisons de quartiers, les associations Stéphanie de Cambourg 04 42 49 00 27

Page 2: Symfonia Pieśni Żałosnych

Production

Centre Chorégraphique National de La Rochelle / Poitou-Charentes, Kader Attou / Cie Accrorap

Festival Montpellier Danse 2010

La Coursive Scène Nationale de La Rochelle

Théâtre National de Chaillot

Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine

Grand Théâtre, scène conventionnée pour la danse – Ville de Lorient

avec le soutien du Conseil général du Val-de-Marne

Symfonia Pieśni ŻałosnychKader Attou / création 2010

Création Festival Montpellier Danse 2010

Centre Choregraphique National de La Rochelle / Poitou-CharentesKader Attou / Cie Accrorap

Pièce chorégraphique pour 10 danseurs

Chorégraphie : Kader AttouMusique : Henryk Mikołaj Górecki Symphonie n°3 pour soprane et orchestre, opus 36 - Editions Chester / Editions Mario Bois-ParisLumières : Françoise MichelCostumes : Nadia GenezInterprétation : Amine Boussa, Mathieu Furgé, Mabrouk Gouicem, Capucine Goust, Rachid Hamchaoui, Salem Mouhajir, Véronique Teindas, Vaishali Trivedi, Sébastien Vela Lopez, Majid Yahyaoui

Chapelle Fromentin - 14 rue du collège 17025 La Rochelle cedex 1 T +33 (0)5 46 41 17 75 - F +33 (0)5 46 41 07 28

www.ccnlarochelle.com

[email protected]

association loi 1901 - siret 324 512 631 00049 - code ape 9001Z

numéro d’identification intracommunautaire FR 24324512631

licences d’entrepreneur de spectacles n° 1016700 et 1016701

Le Centre Chorégraphique National de La Rochelle / Poitou-Charentes, Kader Attou / Cie Accrorap

est soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication - DRAC de Poitou-Charentes,

le Conseil régional de Poitou-Charentes, la Ville de La Rochelle et par Culturesfrance

pour certaines de ses tournées à l’étranger.

www.symfonia-piesni-zalosnych.com/

Centre Choregraphique National de La Rochelle / Poitou-CharentesKader Attou / Cie Accrorap

Page 3: Symfonia Pieśni Żałosnych

La danse et les créations chorégraphiques de Kader Attou se caractérisent en particulier par une poétique où l’expression des sentiments est centrale. Chorégraphe engagé, un des traits de sa signature se situe dans la dimension imageante de la musique qui porte l’émotion.

Depuis l’âge de vingt ans, Kader Attou est emmené par la Symphonie n°3 dite des Chants plaintifs, Symfonia Pieśni Żałosnych, de Henryk Mikołaj Górecki. La version enregistrée par la soprane Dawn Upshaw et le London Sinfonietta, dirigés par David Zinman est le socle de la nouvelle pièce de Kader Attou. Pour la première fois, il s’attache ici à l’intégralité d’une oeuvre musicale.

Cette nouvelle création en explore l’ensemble des aspects compositionnels et sensibles, se laisse transporter par la voix, traverser par la force mélodique et s’unit au message d’espoir.

Kader Attou vit son identité de danseur chorégraphe comme l’île imaginaire et créatrice de l’entre deux rives. Son questionnement intime sur les origines, le métissage et l’altérité assoit un regard et un univers chorégraphique ouverts sur le monde, les autres cultures et les autres danses.

Dans le frottement des aspérités de chaque danseur, l’attention portée à l’autre, Kader Attou fabrique une communauté de corps où l’émotion et le sens surgissent, offrande humaniste de la danse. Au-delà des styles, le geste dansé est préservé comme un cadeau précieux, reflet de la richesse de l’humanité. Kader Attou ne cherche pas l’uniformisation des corps en mouvement.Sa recherche dansée se fonde sur la singularité de chaque danseur et la reconnaissance des similitudes, des parentés du geste et des énergies de la communauté dansante. Et la sincérité de cette dialectique des différences résonne en chacun de nous.

Henryk Mikołaj Górecki est l’un des trois grands compositeurs contemporains polonais. Né en 1933, il entre sur la scène musicale au début des années soixante. Dans le contexte musical de l’époque, son écriture va à rebours des codes musicaux de la création contemporaine : l’utilisation du mode tonal et de formes musicales connues et reconnues (canon, fugue) est le moyen d’exprimer des émotions, un message, dans un souci d’accessibilité.

Sa Troisième Symphonie est l’œuvre qui contribue le plus à sa réputation : composée en 1976, elle est créée en 1977 à Royan sous la direction d’Ernest Bour. La pièce se compose de trois mouvements lents à l’intérieur desquels la soprane donne vie à trois textes : une lamentation de la collection des Chants Lysagora du Monastère de la Sainte-Croix (seconde moitié du XVème siècle) dans le premier mouvement, une prière inscrite sur le mur de la cellule n°3

du sous-sol du siège central de la Gestapo à Zakopane par Helena Wanda Błazusiakówna dans le second, un chant populaire dans le dialecte de la région d’Opole dans le troisième et dernier.

La simplicité de la partition surprend. La constante alternance des modes majeurs et mineurs raconte toute la difficulté de ce long cheminement, de la plainte à l’espoir. L’intégralité de la symphonie est construite sur un principe d’accumulation progressive, un jeu de superposition des instruments qui donne lieu à une expansion émouvante, une amplification qui trouve sa conclusion dans les toutes dernières minutes de l’œuvre. La constante volonté d’élévation aboutit finalement dans un dernier retour au mode majeur, éclatant et porteur d’espoir.

Górecki est décédé en Pologne le 12 novembre 2010.

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Page 4: Symfonia Pieśni Żałosnych

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Kader AttouDirecteur artistique, danseur et chorégraphe de la cie Accrorap

La création hip hop d’aujourd’hui, danse d’auteurs et nouvelle scène de danse, porte l’image de la culture française dans le monde entier. Kader Attou revendique une pleine appartenance à cette nouvelle scène de danse. Il est l’un des représentants majeurs de la danse française hip hop, la cie Accrorap, une compagnie emblématique.

Contemporanéité, mélange de cultures, engagement humaniste, Kader Attou signe une danse de son temps où la rencontre, l’échange et le partage sont les moteurs et les sources créatrices. Du local à l’international, ses pièces font le tour du monde.

Kader Attou a nourri et poli sa danse dans l’alchimie du hip hop, des arts du cirque, de la danse contemporaine, des arts de l’image.

Passeur de danse et citoyen du monde, ses projets, ancrés dans sa démarche de chorégraphe, se déploient sur des territoires multiples, au plus près des acteurs amateurs et professionnels.

En septembre 2008, Kader Attou est nommé directeur du Centre Chorégraphique National de La Rochelle / Poitou-Charentes.

photo © Julien Chauvet

La cie AccrorapDu collectif d’artistes des débuts à l’émergence de chorégraphes singuliers, le travail de la cie Accrorap se caractérise par une grande ouverture : ouverture au monde grâce à des voyages conçus comme autant de moments de partage, ouverture vers d’autres formes artistiques, vers d’autres courants.

Dès 1989, dans la fièvre de la découverte de la breakdance et avec les premiers spectacles d’Accrorap, naît le désir d’approfondir la question du sens et de développer une démarche artistique. Prière pour un fou (1999), pièce charnière dans l’univers chorégraphique de Kader Attou, tente de renouer le dialogue que le drame algérien rend à cette période de plus en plus douloureusement improbable. La cie Accrorap se donne alors la liberté d’inventer une danse riche et humaine avec Anokha (2000), au croisement du hip hop et de la danse indienne, de l’Orient et de l’Occident. Cette pièce donne à la danse hip hop une dimension spirituelle. Pourquoi pas (2002), pièce qui aborde un univers fait de

poésie et de légèreté, est composée de saynètes où se côtoient performance, émotion, musicalité. Douar (2003), conçu dans le cadre de l’année de l’Algérie en France, interroge les problématiques de l’exil, de l’ennui, écho des préoccupations de la jeunesse des quartiers de France et d’Algérie. Les corps étrangers (2006), projet international - France, Inde, Brésil, Algérie, Côte d’Ivoire - évoque la condition humaine et cherche les points de rencontres possibles entre cultures et esthétiques, pour construire avec la danse un espace de dialogue qui puisse questionner l’avenir. Petites histoires.com (2008) obtient un succès critique et public et raconte une France populaire, avec de la simplicité, de la légèreté, tout en gardant un propos engagé.

Le travail de la cie Accrorap est l’histoire d’une aventure collective internationale : la notion de rencontre est au centre de la démarche de la compagnie et des voyages (Palestine, Algérie, Brésil, Cuba, etc.) alimentent la réflexion. La danse de la cie Accrorap est généreuse et cherche à briser les barrières, à traverser les frontières.

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Libération - juin 2010

Créations gonflées à Montpellier

« [ ... ] Kader Attou a choisi l'ancien lycée professionnel Mendès France, promis à la destruction, pour créer Symfonia Pieśni Żałosnych sur la musique de Górecki. II en profite pour quitter le strict registre et vocabulaire du hip hop pour proposer un spectacle qui bouleverse les spectateurs, debout pour ovationner la proposition. II est vrai qu'il y a des fulgurances dans cette pièce. Et celles-ci viennent du hip hop : freezes dans la diagonale, effets stroboscopiques créés par l'électricité corporelle, entrées et sorties à faire vibrer le sol de béton simplement recouvert d'un tapis. [ ... ] »

Marie-Christine Vernay

La Croix - juin 2010

le hip hop de Kader attou Magnifie la Musique de góreCKi

« [ ... ] La pièce, pour dix danseurs, est saisissante. La danse, très physique, transmet des émotions inattendues. Les corps souffrent, s'affrontent puis se retrouvent dans des images de fraternité. II ressort de la chorégraphie, enveloppée par les magnifiques lumières de Françoise Michel, une harmonie sereine. Car dans cette musique qui a accompagné de nombreuses années de sa vie d’homme, Kader Attou veut entendre « des lamentations mais aussi beaucoup d'espoir. » »

Marie-Valentine Chaudon

Direct Montpellier Plus - juin 2010

proMesses de l’aube

« « Attirer les corps vers la lumière », telle est la volonté du chorégraphe Kader Attou lorsqu'il fait découvrir à ses danseurs l'œuvre qui l'habite depuis quinze ans.

[ ... ] Sous un préau austère et gris, les corps couleur de cendre osent peu a peu s'aventurer hors de l'ombre pour quelques pas volés, un saut, puis deux, jusqu'à l'éblouissement. Exultation des corps comme renaissants dans une chorégraphie où spasmes hip hop s'accordent subtilement aux circonvolutions de cette musique quasi mystique. Et lorsqu'enfin l'aube triomphe de la nuit, c'est l'envol de phénix qu'évoquent les portés fabuleux. »

Aurélia Hillaire

La Marseillaise - juin 2010

Clair-obsCur« [ ... ] Les obscurs et clairs de cette musique passent par l’expressivité des gestes et des corps. Aucun des costumes n’est identique mais tous déclinent le même gris tristesse. Kader Attou, familier de la porosité des danses, manifeste ici une écriture foisonnante qui tisse ses lignes hétéroclites dans un canevas complexe.Construit dans un premier temps dans un espace quadrillé où s'élancent les danseurs, le mouvement se propage d'un corps à l'autre, chacun ayant sa gestuelle. Les duos et les solos se font au milieu des autres danseurs, le reste est groupe et solidarité. [ ... ]On s'enlace beaucoup, on s'entoure et s'épaule, jusqu'à créer des noeuds de fraternité semblables à des arbres. L'amour est aérien d'ivresse ou plus conflictuel quand le rapport de force se danse comme un tango. Le tournoiement des portés pactise avec le tourbillon acrobatique de la breakdance. La danse regarde nettement dans la direction du ballet sans bouder le sol tandis que les personnalités s'affirment au lieu de s'uniformiser. [ ... ]Le mouvement, poussé par un élan vital, virevolte, rebondit, s'élève, s'affaisse, le groupe se fait et se défait. Kader Attou procède plus dans son écriture par collusion que par fusion. La chorégraphie sensible de cette histoire musicale et mentale, faite de gouffres et d'élévations, touche par l'émotion et la beauté qu'elle dégage. [ ... ] »

Anne Leray

Paris Match - juin 2010

au hop niVeau

KADER ATTOU« L'un des chorégraphes les plus intelligents et les plus politiques du moment. Ce poète incarne, avec Mourad Merzouki l'irruption de la danse issue "des quartiers" qui est une expression populaire de la danse contemporaine. »

Jean-Paul Montanari

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Le titre quasiment imprononçable de la nouvelle pièce de Kader Attou Symfonia Pieśni Żałosnych (Symphonie des chants plaintifs en polonais) situe d'emblée le spectacle dans un autre contexte que celui habituel au chorégraphe hip hop. Signé pour dix interprètes dont trois femmes, il s'écarte du tracé hip hop pour écrire un chapitre différent porté par des paramètres très nouveaux pour Kader Attou. Soit, pour la première fois, une heure de musique classique - la Symphonie n°3 pour orchestre et soprano, d'Henryk Górecki (1933-2010)- une heure de danse non-stop durant laquelle les danseurs ne sortent pas du plateau ; une structure dramaturgique d'un seul tenant à l'inverse des spectacles généralement fragmentés chorégraphiés par Attou depuis plus de dix ans. Un vrai défi, une montagne de difficultés que le nouveau directeur du Centre chorégraphique national (CCN) de La Rochelle depuis 2008 relève avec sang-froid et méticulosité. Beaucoup de passion aussi, sous la retenue pudique du mouvement. La partition écrite par Górecki en 1976 comporte trois mouvements lents, trois textes chantés

par la soprano. Le premier est une lamentation, le second est lié à une prière inscrite par une jeune fille sur le mur d'une cellule d'un siège de la gestapo en Pologne, tandis que le troisième est un chant populaire. Sa musique s'étend comme une brume opaque couvrant le plateau d'une chape d'angoisse. Une plainte longue et profonde va envelopper les danseurs, relayée par les lumières blêmes - un nuancier de gris subtil tout en perle et argent - de Françoise Michel. Les silhouettes des interprètes surgissent

de dos l'espace de quelques secondes avant de retomber dans l'obscurité. Manière de suggérer que le voyage, selon les points de vue, peut sembler court ou long, mais retournera d'où il vient. Le plateau vide est sculpté de zones plus claires d'où surgissent les personnages. Sans cesse, il est balayé et réorganisé à coups de duos, trios, groupes, rassemblements de danseurs en un point puis éparpillements dans l'espace, qui redistribuent l'énergie selon des règles toujours nouvelles. Le plus dépaysant dans cette pièce profondément grave qu'est Symfonia Pieśni Żałosnych réside dans le déficit hip hop de la pièce. En particulier pour ceux qui viennent voir du Attou hip hop pur et dur. Cette économie volontaire laisse perplexe sur le sens et le statut de ce spectacle dans le parcours du chorégraphe, figure du mouvement hip hop depuis le début des années 1990. Travail de circonstance ? Symptôme de changement ? Non seulement les séquences hip hop ne se bousculent pas au portillon, mais elles semblent se détacher de l'urgence globale de la pièce comme si l'enjeu était ailleurs. Que Attou secoue ses habitudes, se confronte à d'autres codes, d'autres techniques aussi, pour ne pas céder peut-être à son outillage, d'accord, mais quelle place alors pour le hip hop ?

La Scène - hiver 2010-2011

Symfonia Pieśni ŻałoSnych

photo © Stéphane Tasse

photo © Stéphane Tasse

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écriture accomplie La présence des trois femmes, dont la technique de danse émarge au contemporain et à la tradition indienne pour l'une d'entre elles, déséquilibre la balance chorégraphique. Ce n'est pas la première fois que Kader Attou collabore avec des femmes, mais la gestuelle du trio, tout en bras et volutes, injecte une forme de grâce particulière à l'ensemble du spectacle. Adoucissement, fluidité, cette féminité, liée sans doute au fait que Górecki écrivit, entre autres, cette musique pour évoquer sa femme, mais aussi une mère et son enfant, baigne la pièce dans un flux enveloppant. Elle ouvre un espace à part que les danseurs hip hop réussissent à infiltrer, à partager même, de temps en temps, en particulier dans des pas de deux intenses. Le hip hop se concentre dans des inserts relativement courts et vifs comme des pointes de fièvre. Il reste l'apanage des hommes qui s'élancent sur le plateau pour des figures au sol, des tours sur la tête, des enchaînements acrobatiques. Glissée dans la partition musicale, l'écriture hip hop semble en quelque sorte assouplie, passée au crible d'autres styles qui la parasitent en lui donnant une texture plus légère, une ligne plus aérienne. Au diapason de la partition de Górecki, elle s'allonge, se dilate, respire autrement et perd de son urgence au profit d'une théâtralité hiératique.

En revanche, elle reste toujours très forte dans les tableaux d'ensemble masculins qu'elle muscle en finesse. Cernés par la nuit, comme souvent chez Kader Attou, les danseurs surgissent et dressent des portraits d'hommes, beaux parce que simplement eux-mêmes. Qu'ils enchaînent les difficultés techniques ou se campent les uns à côté des autres pour une danse des mains entremêlées, ils portent l'identité hip hop du spectacle, son urgence, sa gravité. Ce talent à chorégraphier les hommes distingue Kader Attou depuis ses débuts. Il a le don et la subtilité d'une danse masculine dynamique et épurée qui auréole d'intensité la présence des hommes en scène. Des pièces au casting uniquement masculin comme Douar (2004) ou Petites histoires.com (2008), ont fait la preuve de cette touche originale. Non seulement, Attou sait valoriser les qualités d'interprètes et faire miroiter leur virtuosité, mais il les présente aussi en tant que personnalités à part entière. Il réussit à articuler l'individu et le groupe avec finesse, le détail et l'ensemble. Chacun se voit avec précision tout en appartenant à la communauté des danseurs. Kader Attou garde à l'oeil la fraternité collective de la danse hip hop, celle qui se lance des défis œil pour oeil, mais sait aussi transmettre son énergie et son invention aux autres. Le cercle, celui qui entoure le danseur solitaire

pour le soutenir du regard et de la voix dans sa quête de performance, est aussi celui des amis. Après les débuts du mouvement au tournant des années 1980 propulsés par les pionniers comme Gabin Nuissier, Franck II Louise, introduit dans les fameuses émissions radio et télé de Sydney puis les compagnies comme celle de Black Blanc Beur (1984), la reconnaissance du public et des institutions a fait émerger nombre de nouveaux talents.

Kader Attou, 35 ans, appartient à la deuxième vague de danseurs et chorégraphes. C'est, en 1989, à Saint-Priest, en banlieue lyonnaise, qu'il rencontre Mourad Merzouki et Éric Mezino avec lesquels il fonde Accrorap, collectif dont l'écriture est basée « sur l'acrobatie et les danses de rue ».

À partir de 1996, Attou dirige seul la troupe pendant que Merzouki fonde sa propre compagnie Käfig. Attou est directeur du CCN de La Rochelle depuis 2008 tandis que Merzouki a pris la tête de celui de Créteil en 2009. Tous les deux témoignent de la vitalité de la danse hip hop qui a su dégager une place de premier plan, accéder à une pleine reconnaissance. Ils se retrouveront pour cosigner le spectacle Mekech Mouchkin (2003), dans le cadre de l'année de l'Algérie en France.

photo © Stéphane Tasse

photo © Stéphane Tasse

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Croisements imprévus L'originalité du parcours de Kader Attou se retrouve peu ou prou dans ses spectacles. Passé par l'apprentissage des arts du cirque (1984-1989), puis le hip hop, ce chorégraphe d'origine algérienne se distingue d'emblée par son goût des rencontres et des voyages, mais surtout par sa capacité à accueillir des danseurs d'autres horizons pour traduire sur scène les sensations multiples des rencontres. Ses pièces, une quinzaine depuis 1994, résultent de croisements imprévus. Sans jamais préjuger d'aucun résultat, Kader Attou a rapporté Kelkemo (1996) de plusieurs voyages en ex-Yougoslavie au cours desquels il a rencontré des enfants dans les camps de réfugiés. Il a construit Anokha (2000) au carrefour du hip hop et de deux styles de danses traditionnelles indiennes, le kathak et le bhârata natyam. Il a conçu Douar (2004) après un séjour en Algérie d'où il a ramené des danseurs et des thèmes douloureux autour de l'exil et de l'ennui. En 2006, Les Corps étrangers faisaient cousiner des interprètes français, africains, brésiliens, indiens.

Ces cohabitations, bien au-delà de la mode et de l'air du temps, enrichissent l'écriture hip hop sans la dénaturer. Toujours subtile et précise, sobre et chargée, jamais non plus piégée par les clichés du genre, ce qui ne l'empêche pas de savoir d'où elle vient et de qui elle parle, elle combine

beauté graphique et sens profond. Lorsque pour Trio (2010), pièce pour trois hommes et une femme, Kader Attou met dans sa balance artistique hip hop et cirque, il réussit à moduler des acrobaties en restant profondément hip hop. La virtuosité et le sens de l'exploit des deux techniques corporelles fusionnent pour trouver un accord majeur qui fait du bien à l'une comme à l'autre, ce qui n'est pas rien. Les duos se trouvent aussi d'autres combinaisons renouvelant le dialogue possible entre des corps. La question de la différence est l'un des axes du travail de Kader Attou. L'Algérie, le pays de ses parents installés en France dans les années 1970, a donné lieu à différents travaux. Plus précisément, c'est la nouvelle identité de ceux qui sont nés ici qu'il choisit d'évoquer avec beaucoup de finesse dans certaines de ses pièces. Avec Petites

histoires.com, pour cinq interprètes et un canapé modulable en table de pique-nique, Kader Attou se penchait sur son enfance et ses souvenirs de gamin habitant Saint-Priest. À partir d'images et d'anecdotes sur cette époque auréolée d'innocence, il avait bâti un scénario autour de quelques histoires sensibles. Il évoquait en toute pudeur le parcours de son père, ouvrier chez Renault. Il avait alors 8 ans, son père faisait les 3/ 8 à l'usine et faisait rêver le jeune Kader : il l'imaginait en train de dessiner des huit à l'infini sur son lieu de travail tout en recréant à sa façon Les Temps Modernes, de Charlie Chaplin.

Sans céder à la narration illustrative, Kader Attou sait tirer sur le fil d'un récit qui embarque l'air de rien le spectateur. Suggérée, elliptique, une histoire se lit entre les signes et les scènes pour tisser les pleins et les déliés de la vie humaine, réussissant à accéder à une forme d'universalité. Le "plus" de Kader Attou, très rare au sein d'une production française peu portée à la question sociale, est de faire surgir entre les gestes des uns et des autres une certaine idée de la France populaire et prolétaire. Au-delà des origines et des nationalités, le spectacle devient le creuset d'une histoire commune rassemblant la chaîne de tous les hommes. Sans flonflons ni sentimentalisme, juste parce que c'est comme ça.

Rosita Boisseau

photo © Stéphane Tasse

photo © Stéphane Tasse