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1 Tatouages et piercings Dans quelle mesure les tatouages et les piercings créent-ils des liens sociaux? AGBO Marion L’homme et la nature FARGEAT Mægan N’DAW Carole Sommaire

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Tatouages et piercings

Dans quelle mesure les tatouages et les piercings

créent-ils des liens sociaux?

AGBO Marion L’homme et la nature

FARGEAT Mægan

N’DAW Carole Sommaire

2

Introduction ………………………………………… 3

Les tatouages et piercings créent :

I. un lien social depuis la préhistoire ……………… 5

II. un lien social dans notre société ………………... 14

III. une exclusion dans notre société ………………... 21

Conclusion …………………………………………… 29

Annexes :

Sources ………………………………………… 30

Bibliographie …………………………………… 32

Interview………………………………………… 33

Synthèses ……………………………………………... 35

3

Introduction

L’acte de modifier son corps est une pratique qui existe depuis la naissance de

l’humanité et qui se perpétue jusqu’à nos jours. En effet, les premières marques de ces décors

corporels ont été retrouvées sur des momies datant de la période néolithique. Ils ont aussi été

utilisés lors de la seconde guerre mondiale comme signe d’exclusion. Mais depuis peu, ces

marquages corporels sont devenus des actes banals et participent même à un phénomène de

société et de mode.

L’exclusion, la marginalisation ou l’acceptation d’un être dans une société peuvent

être le résultat de critères physiques, tels que les tatouages et les piercings.

Le mot « tatouage » provient du polynésien « tatau » signifiant « marquer » ou « dessiner » et

renvoyant aux verbes « frapper » et « inciser ». Il correspond à l’action de marquer, d’orner

une partie du corps d’inscriptions ou de dessins indélébiles. Pour ce faire, il est nécessaire

d’introduire des matières colorantes (comme l’encre de chine) sous l’épiderme grâce à de

multiples piqûres. Le mot « tattoo » est utilisé pour la première fois en 1772 par le Dr

Berchon après un voyage en Polynésie. Il est ensuite francisé en « tatouage ».

En revanche, « piercing » est directement emprunté à l’anglais vers 1995, et trouve son

origine dans le verbe « to pierce » qui signifie « percer ». Le piercing est une opération

décorative pour laquelle on perce la peau, souvent sur une partie mince du corps, pour y

placer un ornement de métal.

Le lien social désigne l'ensemble des relations qui unissent des individus faisant partie d'un

même groupe social et qui établissent des règles sociales entre individus ou groupes sociaux

différents.

Les tatouages et piercings créent un lien social car ils créent des relations entre les

individus qui portent eux-mêmes ces bijoux corporels, mais une exclusion est tout de même

créée dans certains cas.

Nous allons donc nous demander pourquoi et de quelle manière des décors « superficiels »

peuvent permettre la création de liens sociaux, et nous nous demanderons comment, malgré

l’engouement qu’ils suscitent, ceux-ci peuvent créer une exclusion sociale.

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Nous étudierons ainsi le rôle des tatouages et des piercings dans la création d’un lien social

depuis la préhistoire (I), puis la place des marquages corporels dans notre société (II), et enfin

la création d’une exclusion par les tatouages et les piercings dans notre civilisation (III).

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I°) Les tatouages et piercings créent un lien social depuis la

préhistoire.

De tous temps, tatouages et piercings sont les signes d’une exclusion, de la marginalité ou, au

contraire, de l’acceptation de l’individu dans la société.

Nous allons tout d’abord étudier le cas des tatouages.

1°) Le tatouage.

Le tatouage et son évolution suivent une frise chronologique et apparaissent sur l’ensemble du

globe terrestre.

Le premier tatouage a été découvert sur Otzi, homme des glaces retrouvé gelé dans les Alpes

italo-autrichiennes datant de la période néolithique (3500 ans avant JC). Son corps présente

une soixantaine de tatouages sous forme de croix et de traits. Selon une théorie, neuf d’entre

eux correspondent à des points d’acuponcture réalisés dans un but thérapeutique. Mais rien ne

peut affirmer cette hypothèse à ce jour.

L’un des tatouages d’Otzi.

(http://www.hominides.com/data/images/illus/Otzi/otzi_tatouage.jpg)

Plus tard, une momie de 2200 ans avant JC a été retrouvée en Egypte. Son corps était

entièrement tatoué de motifs décoratifs, mais ayant un but plutôt sacré et religieux. En Asie

centrale, une momie datant de 500 ans avant JC offrait, elle, des représentations de créatures

imaginaires.

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La Polynésie.

En Polynésie, le tatouage indiquait souvent une appartenance à un rang social élevé, revêtait

un caractère sacré et surnaturel. Symbole de l’acceptation d’un individu à une communauté

(passage de l’adolescence à l’âge adulte par exemple), le tatouage était toujours valorisant

pour la personne qui le portait. Il était une marque de la singularité de la personne.

Effectivement, on ne tatouait que les parties apparentes du corps. Autrefois, les polynésiens

des îles tropicales se revêtaient peu et se tatouaient le corps, mais une fois arrivés en

Nouvelle-Zélande où régnait un climat plus froid, ils se sont couverts de vêtements et ont

concentré leurs tatouages au visage.

Tatouage polynésien

(http://www.tattoo-tatouages.com/wp-content/uploads/2010/01/tatouage-polynesien1.png)

Les Européens ont redécouvert le tatouage grâce à l’exploration dans le Pacifique sud du

Capitaine Cook dans les années 1770. En effet, le tatouage était mal considéré dans la culture

occidentale à cause des condamnations judéo-chrétiennes qui l’entourent: « Vous ne vous

ferez pas d’incisions sur le corps à cause d’un mort et vous ne ferez pas dessiner des tatouages

sur le corps » (Ancien testament). Le judaïsme interdisait donc toute inscription entaillée et

marquée à l’encre indélébile.

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Cet ornement est surtout utilisé par les marins; effectivement, ils se bardaient de tatouages sur

les parties faibles du corps, telles que le cœur, et sur le bras, signe de puissance. Les marins

anglais se faisaient tatouer un crucifix sur le dos afin de décourager leur contremaître de les

frapper, car c’était un crime de défigurer une image pieuse. De plus, les « gens de la mer » ont

souvent pour pratique de se faire tatouer dans chaque ville d’escale: c’était une preuve de

virilité, car la douleur éprouvée au moment du tatouage est souvent intense.

Http://a34.idata.over-blog.com/0/19/39/89/george-whale-tatoue-par-doc-forbes-a-

vancouver-en-1957.jpg

Le tatouage est aussi une technique de reconnaissance utilisée par la police: jusqu’au XIXème

siècle, les fiches de renseignement des forces de police comportaient la signalisation et la

description de chaque tatouage qui permettait ainsi de caractériser sans erreur un individu.

Les tatouages contraints.

A travers l’étude de l’histoire et des civilisations, on retrouve de nombreuses traces du

tatouage comme punition, comme un moyen de marquage social. Le tatouage forcé et punitif

vise la plupart du temps à identifier et à exclure l’individu de la société en le désignant à ses

semblables.

Durant l’antiquité, dans l’empire romain, les esclaves étaient tatoués de la première lettre du

nom de famille du maître entre les deux yeux. De plus, les voleurs, les criminels et les

hérétiques étaient aussi marqués.

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Cette coutume daterait de l’empereur Constantin, qui avait décrété que les criminels destinés

aux jeux du cirque devaient être tatoués sur les jambes et les mains, mais jamais sur le visage.

En effet, le visage de l’homme ayant été créé à l’image de Dieu, on ne pouvait le scarifier. En

revanche, les Grecs réservaient cette pratique à leurs prisonniers de guerre. De plus, les

esclaves grecs étaient tatoués d’une chouette qui était le plus souvent présente sur le front

pour empêcher toute dissimulation.

En France au Moyen Age au XIVème siècle, les mendiants professionnels condamnés à la

prison étaient tatoués de la lettre M sur le front, les voleurs punis d'une fleur de lys

accompagnée d'un V. Les prostituées aussi étaient marquées. De plus, la flétrissure

(application d'un fer brûlant sur l'épaule droite pour les personnes condamnées aux travaux

forcés à perpétuité) était chose courante sur la place publique jusqu'à la fin du XIXème siècle.

Les tatouages et piercings sont présents durant la seconde guerre mondiale.

Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis avaient mis en place un système de tatouage

pour les juifs et autres détenus des camps de concentration et d’extermination d’Aushwitz.

Les tsiganes étaient par exemple tatoués de la lettre Z pour « Zigeuner », et les Aryens (type

des individus blancs selon les théories racistes) de la lettre A.

Dès l’entrée des prisonniers dans les camps, les SS (police du parti nazi) leur imprimaient un

numéro de matricule tatoué à l’intérieur du poignet qui devenait leur seule identité, comme du

bétail, dans un processus de déshumanisation. Ce marquage était vécu comme une humiliation

par les déportés. Le mot « ka-tzenik » désigne le nom de ce tatouage de la honte et signifie

« les déportés des camps » en Yiddish (langue germanique parlée autrefois par les Juifs).

http://citizenzoo.files.wordpress.com/2009/12/tatouage.jpg

9

Les marquages corporels localisés en Orient.

Au Japon, pendant la période Edo (ancien nom de Tokyo), qui débute vers 1603 et se termine

vers 1868, on trouve également des cas de tatouages symbolisant un marquage social: les

prostituées les utilisaient par exemple pour attirer plus facilement leurs clients. Le tatouage

des criminels était une punition officielle de cette période, du moins jusqu’en 1870. Cette

punition visible que constituait le tatouage a engendré une forte population de hors la loi,

forcés à l’exil et n’ayant nulle part où aller. On retrouve ici l’origine du crime organisé du

Japon moderne et des yakusa, criminels aux tatouages très présents, le marquage étant devenu

identitaire chez eux.

Tatouages d’un membre des yakusa japonais.

http://www.tattoo-spirit.de/content/0401/yakuza/07.jpg

L’origine des tatouages est multiple, et nous venons de voir que ceux-ci existent depuis la

naissance de l’humanité dans de nombreuses sociétés. Voici maintenant le cas des piercings.

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2°) Le piercing.

Le piercing est récent en Occident, même s’il est connu comme parure exotique depuis au

moins aussi longtemps que le tatouage.

Il apparaît sur la côte Ouest des Etats-Unis au milieu des années 1970. Ses premiers adeptes

sont les communautés marginales: homosexuelles, sadomasochistes, sans oublier les punks

qui recherchent la provocation.

Suivant les différents endroits où il se trouve, le piercing a différentes origines et différentes

significations:

Le lobe de l'oreille: ce piercing permettait de distinguer une personne riche d'une

personne pauvre. Dans le sud de l'Afrique, les tribus stretchaient les trous: plus ils

étaient grands, plus grand était leur rang social.

http://www.inoki-piercing.fr/modeles/7/UZOA016/UZOA016-piercing-boucles-doreille-

magnetiques-cristal-carre-6mm.jpg

l'arcade : le piercing à l'arcade est un piercing moderne; en effet, il n'a pas d'origine

tribales ou culturelles et semble avoir été introduit par le mouvement punk au début

des années 1980.

http://medusaboutik.m.e.pic.centerblog.net/4ybtfyzm.jpg

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La narine ou le nez: son origine date d'il y a 4000 ans, au Moyen Orient. Il s'est

répandu en Inde au XVIème siècle. Là aussi, lorsqu'on le portait, on se distinguait

socialement des autres: on était riche. Dès les années 1960-1970, il fut adopté par les

Hippies et les Punks.

http://piercing.mon-vip.com/medias/1105/12731narinechranneau.jpg

Le septum: son origine vient des Papous et d'autres tribus tribales très anciennes. Dans

ces tribus, autant les hommes que les femmes se perçaient la cloison nasale pour y

passer des bijoux en or la plupart du temps. On ne sait pas l'explication exacte de ces

traditions, mais encore aujourd'hui, on peut la retrouver chez d’anciens peuples qui ont

survécu (Asie, Amérique du Sud, Afrique...)

http://www.piercings-bijoux.com/img/piercing_septum.gif

La langue: dans les temples aztèques et mayas, les prêtres se perçaient la langue lors

de rituels pour communiquer avec les Dieux.

Http://www.le-tatouage.com/medias/tatouages/maxi/piercing-langue-1.jpg

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La lèvre: les tribus africaines ainsi que sud-américaines s'ornaient les lèvres de bijoux

en or pour séduire. Les femmes africaines portaient des plateaux sur la lèvre pour

exciter les hommes.

1°) 2°)

1°) http://82.img.v4.skyrock.net/825/piercing-of-freedom/pics/1741260824.jpg

2°) http://www.bijoux-piercing-france.com/Bijouterie/histoire-piercing-labret.jpg

Le sein : le piercing au sein était considéré comme un signe de force, de virilité,

d'endurance. Les Romains se perçaient les mamelons pour tenir leurs capes et pour

montrer leur haut grade. A partir de 1890, ce sont les femmes qui se sont mises à

porter des anneaux aux seins pour embellir leur décolleté.

http://7c.img.v4.skyrock.net/7c0/piercing0476kitty/pics/2150075183_small_1.jpg

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Le nombril: la première trace du piercing au nombril remonte aux Egyptiens. Seules

les familles royales avaient le droit de se faire percer le nombril.

http://ce.img.v4.skyrock.net/cec/myspace63/pics/2168767909_small_1.jpg

Les piercings de surfaces: ils sont le résultat de performances, de gens qui ont voulu

tester le piercing et aller plus loin... Ces premières performances remontent aux années

1970-1980 dans le milieu underground (milieu marginal).

http://www.so-ladies.com/wp-content/uploads/2010/09/Hanche.jpg

L’histoire des tatouages et piercings est chargée, et suivant l’endroit où ils se trouvent et à

quelle époque on les date, ils ont des significations et des sens différents.

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II/ Les marquages corporels créent un lien social dans notre

société.

De nos jours, les tatouages et les piercings ont « bonne presse » auprès de la jeunesse. Nous

assistons à une véritable popularisation de ces pratiques. Elles étaient pourtant jadis réservées

en Occident aux personnes tels que les punks, les prisonniers ou les marins. Depuis leurs

réapparitions dans les années 70, le corps devient alors un accessoire de mode.

Ces pratiques ont été vraiment démocratisées dans les années 90, par le biais de « célébrités

» telles que Madonna. On se souvient aussi de Jean-Paul Gaultier qui avait révolutionné la

chronique en organisant le premier défilé de mode avec des mannequins percés et tatoués.

Un mannequin a son nom tatoué dans le cou pour le défilé de Jean-Paul Gaultier.

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1°) Un phénomène générationnel

Aujourd’hui, ces bijoux corporels sont de plus en plus désirés et génèrent un engouement en

particulier chez les adolescents et les étudiants. A l’ère du dictat de l’image, de la beauté, de

la plastique et du paraître, les tatouages et les piercings permettent d’exister au travers de ce

que l’on montre, d’utiliser son corps comme un accessoire modelable à l’infini afin de

correspondre au mieux à un idéal personnalisé de la beauté, de l’esthétisme, de la séduction,

toutes couches sociales confondues.

Outre l’effet de mode ou la volonté d’appartenance à un groupe, ils constituent la création

d’un rite de passage mis en œuvre par des marques visibles, et la douleur n’est que la

conséquence de cette démarche personnelle. Il est la marque publique et privée d’une

véritable identité personnelle.

La fascination que le « body art » procure chez les jeunes malgré les risques et inconvénients,

résulte de l’incroyable outil d’expression qu’il constitue. Il permet aux jeunes de se

réapproprier leur image, en créant un soi cohérent, un équilibre entre le « vu du dedans » et le

« vu de l’extérieur » ; il permet aussi de devenir son propre créateur, de se remémorer un

évènement important ou une période traumatique (deuil, adolescence, anniversaire, réussite

d’un examen, etc.), ou parfois même un acte thérapeutique. Un perçage ou un tatouage

nécessite une période de guérison pour cicatriser (quelques jours ou quelques semaines). Cela

oblige le sujet à porter une attention toute particulière sur soi et son corps.

D'autre part, le tatouage éphémère commence à se répandre en France. Ce genre de tatouage

ne peut durer que cinq ans, après quoi les couleurs se retirent et disparaissent petit à petit. La

raison de cette disparition est que le tatouage est fait à l’aide de piqûres plus légères et moins

profondes et que l’encre est faite à base de matières colorantes naturelles. Quant au tatouage

ordinaire, si on désire l'enlever et le faire disparaître, il est obligatoire de passer par la

technique du laser. Ainsi, beaucoup d’adolescents préfèrent cette méthode en cas de

désintéressement.

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Le document ci-dessus illustre les désirs d’un marquage corporel prenant comme témoins nos

34 camarades de classe. Nous pouvons observer que la majorité de la classe (soit 38 %) ne

possède pas l’envie d’avoir un tatouage ou un piercing. Une assez grande partie (soit 35 %)

souhaite un tatouage, en majorité sur le bras, le bas du dos, la hanche, mais certains ne savent

pas exactement où l’effectuer. Le restant de la classe voudrait un piercing « facial », ou ne

voudrait ni l’un ni l’autre.

L’engouement adolescent pour les tatouages et les piercings est le résultat d’un phénomène de

mode et le besoin de s’identifier à un groupe. En effet, l’adolescence étant un âge de transition

entre le statut d’enfant et l’âge adulte, les futurs adultes sont un peu « égarés ».

2°) Un phénomène médiatique

Un nombre constamment croissant de personnes se rendent dans les boutiques de tatouage et

on remarque parmi elles de nombreuses personnalités médiatiques.

Par exemple :

• dans le monde sportif, le footballeur Djibril Cissé :

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• dans le milieu de la chanson, avec le rappeur Lil Wayne :

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dans le milieu cinématographique, avec le cas de l’actrice Angelina Jolie :

Le rôle des personnalités dans la diffusion des marquages corporels est important ; de ce fait,

grâce à leur célébrité, elles créent une influence dans le domaine de la mode.

En France, c'est au cours de ces cinq dernières années que le tatouage est devenu un courant

général et un phénomène social. Un sociologue français a indiqué que le tatouage est comme

la deuxième peau de l'homme et qu'il est un mode d'expression personnelle. L'être humain

d'aujourd'hui aspire de plus en plus à une double personnalité ; la première est de faire face à

l’opinion générale et la deuxième appartenant à soi-même ou bien avec les amis les plus

proches.

Et c'est la raison pour laquelle une mère quinquagénaire a fait tatouer une étoile sur son cou et

la cache avec ses cheveux. Si par hasard quelqu'un remarque ce tatouage sur son cou, il

considère alors la mère d'un œil tout à fait différent et ne peut s'empêcher de s'exclamer :

« C'est incroyable, elle est tellement en avance sur son temps ! »

Notre société est constamment entourée de publicité. Nombreuses sont les enseignes dont les

« pubs » sont faites d’un ou plusieurs marquage(s) corporel(s).

• Prenons l’exemple d’un parfum célèbre fabriqué par Jean Paul Gaultier :

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Nous pouvons remarquer avec facilité les tatouages présents sur le torse du mannequin mais

aussi une petite « pointe d’ironie » avec l’idée du préjugé du marin tatoué.

• Une publicité au slogan connu « JUST DO IT … »

Le tatouage dit tribal fait référence à la virilité ; sur cette image, Eric Cantona nous montre sa

volonté et sa force, morale et physique.

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Les piercings sont aussi montrés dans les médias :

• Une publicité dans le journal suisse Dimanche.ch

• Une publicité pour les briquets CRICKET

Peu à peu, la présence des marquages corporels dans notre société et dans notre publicité

gagne du terrain. Les vedettes locales et internationales du cinéma, de la chanson et de la

scène les exhibent avec fierté. Les modèles qui arpentent les défilés de mode semblent les

trouver indispensables. Ils touchent tout le monde : jeunes et plus âgés, sans distinction de

classes ou « de races ». Mais les tatouages et piercings ne sont pas seulement un effet de

mode, ils peuvent aussi être une source de rejet de la société : ils créent ainsi une exclusion.

21

III°) Les tatouages et piercings créent une exclusion dans notre

société.

Les tatouages et les piercings sont à la fois des actes publics et privés, provoquant ainsi de

l'admiration ou du dégoût chez les autres membres de la société. Ce dernier, créant un

sentiment de rejet, peut aboutir à une exclusion, voulue ou involontaire, dans plusieurs

domaines.

1°) Une exclusion involontaire.

• Le domaine médical.

Chaque acte qui transperce la peau, comme le tatouage et le perçage, peut introduire chez la

personne concernée des germes, virus ou bactéries. Ceux-ci peuvent être le point de départ

d'une maladie ou d'une allergie, transmise soit par les instruments du professionnel, soit par

les germes présents directement sur la peau du client. La présence de sang lors de ces

opérations peut aussi permettre la transmission d'infections plus graves, telles que le VIH ou

l'hépatite C, pouvant nuire gravement à la santé et provoquer le décès.

Constatant l'augmentation de ces pratiques corporelles et les risques qui les accompagnent,

l'Académie de la médecine française publie, le 11 décembre 2007, un rapport surnommé

« Piercings » et tatouages : la fréquence des complications justifie une réglementation. Dans

ce rapport, l'Académie rappelle que tatouages et piercings sont comparables à de petits actes

chirurgicaux, et qu'ils doivent donc répondre à des règles d'hygiène strictes. De plus, elle

estime que le coût des conséquences médicales éventuelles des piercings et tatouages devrait

être pris en charge par des assurances privées et non par l´Assurance Maladie, ce qui exclurait

toutes les personnes tatouées et percées du système d'assurance médicale français.

L'acte de se faire tatouer est un acte très important, car le dessin obtenu est indélébile et

restera présent tout au long de la vie de la personne concernée. Cependant, une nouvelle

technique, appelée détatouage, permet de retirer dans certains cas le dessin ineffaçable.

Bien entendu, le tatouage étant une opération à but esthétique, le détatouage n'est pas

remboursé par la sécurité sociale.

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Enfin, il n'est pas possible en France de donner son sang directement après l'acte de perçage

de la peau. En effet, selon l'établissement français du sang, dès que des aiguilles ou des objets

tranchants traversent la barrière cutanée et qu'ils sont utilisés pour plusieurs personnes, il

existe un risque de transmission de virus ou de bactéries. Ainsi, une exclusion temporaire de

quatre mois est nécessaire pour effectuer un don du sang (ou de la moelle épinière), afin

d'éviter tout risque de contamination.

• La vie active

La présence de tatouages et de piercings peut altérer la recherche d'emploi. En effet, même si

ces pratiques corporelles sont de plus en plus acceptées dans notre société, le monde du travail

a tendance à toujours les rejeter. On peut y voir ici l'importance de l'apparence et de l'image

projetée dans l'univers de l'emploi.

Ainsi, plusieurs patrons ont déjà « éliminé » la candidature de certaines personnes en raison

de leurs bijoux esthétiques. Pourtant, le code du travail français prévoit et pénalise ce

comportement que l'on peut qualifier d'injuste:

« Aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement (…), aucun salarié ne

peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire (…) notamment en

matière de rémunération (…) en raison (…) de son apparence physique ». [Art. L. 1132-1]

De plus, la Cour d'appel de Toulouse fit paraître l'arrêt suivant en octobre 2001:

« Porter un bijou ne saurait être par principe interdit à une salariée dans l'exercice de ses

fonctions, si ledit bijou n'apparaît pas incompatible avec la nature des tâches qui lui sont

confiées. » [N° 2001-00557]

Mais ces deux textes ne sont néanmoins que des théories car beaucoup de recruteurs

pratiquent la discrimination dissimulée, en évoquant un autre motif tel que le manque

d'expérience.

Cependant, un employeur peut demander à son salarié tatoué ou percé de cacher son marquage

si celui-ci revêt un caractère pouvant « nuire à l'intérêt de l'entreprise ».

Cet écart du monde du travail crée une réelle exclusion car ne pas avoir d’emploi dans notre

société engendre une absence de revenus, donc l’impossibilité d’accéder au crédit, la non

existence de cotisation pour la retraite, pas de consommation de masse…

Il existe certains cas particuliers : le Ministère de l’Intérieur précise que tout tatouage est

strictement interdit pour le personnel policier. Si un tatouage est remarqué lors de la visite

médicale, il doit être enlevé si la personne souhaite entrer dans la Police Nationale.

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En revanche, ils ne sont pas interdits à l’armée, mais ils ne doivent pas se voir lors du port de

la tenue (les tatouages dans le cou et sur les avant-bras sont donc interdits).

Afin d’illustrer clairement ces propos, nous avons organisé un sondage auprès de trente-quatre

de nos professeurs qui ont une plus grande expérience de la société.

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Pour 50% des personnes interrogées, cette jeune femme est trop tatouée, et même vulgaire

pour 12% d’entre eux.

Selon 60% de ces personnes, la jeune femme travaille dans le domaine artistique, et

lorsqu’elles apprennent que celle-ci fait des études de droit, elles sont 50% à penser que ceci

est son choix.

Pour respectivement 42% et 50% des individus interrogés, le marquage corporel est peut-être

un obstacle lors de la recherche d’un emploi, et il peut aussi être représentatif d’un désir de

rébellion.

Colonne1 Que pensez-vous de cette femme ?

Vulgaire 12%

Originale 30%

Trop tatouée 50%

Sans opinion 8%

Dans quel domaine cette personne officie-t-elle ?

Artistique 60%

Scientifique 7%

Economique 13%

Au chômage 13%

Autre 7%

Cette jeune femme est étudiante en droit. Qu'en pensez-vous ?

Je suis étonné 21%

Du moment que cela est caché 8%

C'est son choix 50%

Sans commentaire 21%

Pensez-vous que le marquage corporel empêche la pratique d'un métier ?

Oui 30%

Non 28%

Peut-être 42%

Pensez-vous que le marquage corporel est représentatif d'un désir de rébellion ?

Oui 25%

Non 25%

Peut-être 50%

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2°) Une exclusion volontaire.

2.1 Les Hippies.

D’après David Le Breton, dans les années 70, l’apparition du mouvement hippie contribue au

renouvellement du tatouage, que l’on aperçoit notamment sur la côte ouest des Etats-Unis.

En plus de leur façon de s’habiller et de vivre, les hippies s’agrémentent d’accessoires

corporels tel que les bijoux, les fleurs, les vêtements singuliers, etc, et se peignent le corps

dans un but de séduction, de plaisir personnel. La peinture corporelle ou les tatouages des

hippies ont pour but de « tourner le dos aux valeurs puritaines de l’Amérique.

Hommes ou femmes, ils se couvrent le corps de fleurs, d’astres, de figures psychédéliques, ou

bien à des mots en référence à leur mouvement tel que « peace, love, free, etc.»

Pour eux le corps est un mode d’expression, de même pour les punks mais sur un mode

radicalement opposé. Effectivement, leur désir est de partager la complicité avec les hommes

et la nature. Les décorations corporelles sont festives et lancent un appel à l’autre,

contrairement au mouvement punk qui est paralysé par le sérieux, la radicalité, la haine de la

société, et de soi-même.

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2.2Les Punks

Avant même que le mouvement hippie apparaisse, dans les années 60, la musique est déjà un

signe de ralliement. Il est vrai que l’on observe la présence des mods, fan des Beatles,

reconnaissables par leur cheveux longs et leurs vêtements à la mode faits sur mesure; et les

rockers, dans la mouvance ouverte par Elvis Presley, portant des blousons noirs, recourant aux

tatouages, circulant en motos et arborant une virilité agressive, contradictoire à l'esprit des

mods.

A la fin des années 60, ils disparaissent, les uns dans le mouvement hippie, les autres se

convertissent en skinheads, moins radicaux que de nos jours, mais semant déjà la violence

dans les stades de football.

L'usage du tatouage et du piercing est courant chez les skinheads, représenté par des têtes de

mort, emblèmes nationalistes, divinités antiques, etc. Des dessins agressifs s'affichent sur les

crânes rasés, le corps est un exutoire de la haine de l'autre et représente toujours une

revendication nationaliste.

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Dans les années 70, dans une volonté de porter en dérision l'apparence physique et

vestimentaire, les punks se percent le corps d'épingles, s'accrochant à même la peau des croix

gammées, des symboles religieux et toute sorte d'objets singuliers. Le corps est brûlé, mutilé,

percé, tailladé, griffé, scarifié, tatoué, dans des vêtements inappropriés.

La haine du social se retourne en une haine du corps symbolisant le rapport obligé à autrui. Le

corps est délibérément souillé, abîmé, tourné en dérision, attaqué comme support de

l'individualité ; Johnny Rotten, le chanteur des SexPistols, a les bras et les mains couvertes de

brûlures de cigarettes : « La douleur ne fait pas mal. J'ai fait ça moi-même pour m'amuser. Je

pensais que ça pouvait être marrant. Ca ne concerne que moi. Je n'accepterai pas que les gens

me critiquent pour ce que je fais à mon propre corps. Parce qu'il est à moi. Si j'ai envie de me

couper la jambe, je le ferai. »

Le piercing est l'accessoire qui trouble alors le plus dans cette rupture radicale avec la

présentation de soi, d'autant qu'il s'agit, par souci d'argent, d'épingles à nourrice plantées dans

les joues, les lèvres, les mains ou ailleurs, de boulons, de lames de rasoir, de médailles ou de

symboles religieux ou politiques épinglés à même la peau, sur les oreilles, le nez, la poitrine,

etc. A cette époque, à l'exception des punks, cette pratique est rarissime; tout ceci dans le seul

but d'outrager le corps et de narguer le monde environnant. S'affichent aussi d'autres marques

telles que les tatouages, brûlures de cigarette, brandings, scarifications.

La peau est ornée d'inscriptions aggravant celles qu'imposent déjà à la vue les vêtements portés

: proclamation de haine, de refus de la société, svatiskas (en référence au nazisme et non à

l'hindouisme) ou autres, tatoués sur les joues, le front, les épaules, le cou ou ailleurs.

28

Même si de nos jours, le tatouage et le piercing sont relativement bien intégrés dans la société,

nombre de gens aiment entretenir la légende maudite du rejet et du mépris dans une sorte de

nostalgie inconsciente associant tatouage et marginalité : « La société rejette cette forme

d'expression et ceux qui la pratiquent... Aujourd'hui ceux qui sont tatoués sont qualifiés de

marginaux ou de déchets de la société» déclare une tatoueuse sur son site internet, ce qui n'est

plus tout à fait le cas.

"L'histoire est faite par ceux qui disent "NON" et les hérésies utopiques du punk restent son

don au monde." Jon Savage.

29

Conclusion

Les tatouages et piercings sont devenus des actes fréquents dans notre société, créant de

nombreux liens sociaux entre les individus. Leur apparition peut être retracée à la naissance de

l’humanité, et on peut remarquer qu’ils ont plusieurs fonctions.

Tout d’abord, les marquages corporels peuvent être les signes d’une acceptation au sein d’un

groupe ou d’une société, car en les adoptant, l’individu est reconnu comme un être à part

entière. On peut citer comme exemple le cas de la culture polynésienne, dans laquelle le

tatouage est un acte obligatoire pour passer de l’enfance à l’âge adulte.

Mais les marquages corporels peuvent au contraire créer une exclusion, car les autres membres

de la société ne les acceptent pas. Ce rejet peut être qualifié de volontaire lorsque les individus

souhaitent se démarquer et se marginaliser de la société (comme les Punks ou les membres de

gangs). Ils servent aussi de signe de reconnaissance entre les membres de ce groupe marginal.

Mais ce rejet peut aussi être non voulu : les individus portant tatouages et piercings sont

souvent porteurs de préjugés, et donc exclus du marché du travail par exemple. Cette exclusion

touche aussi le domaine de la santé en interdisant le remboursement de l’assurance maladie.

Malgré ce risque d’exclusion, les marquages corporels provoquent un véritable engouement de

nos jours, touchant principalement les adolescents et les jeunes adultes. Celui-ci peut

s’expliquer par l’enthousiasme médiatique porté à leur égard. En effet, arborés par de

nombreuses célébrités et représentés dans le domaine publicitaire, les tatouages et les piercings

font « rêver ».

Suite à ce travail de recherche autour des tatouages et piercings, nous pourrions nous

demander comment ceux-ci interviennent en profondeur dans la construction et l’élaboration

de groupes marginaux tels que le mouvement gothique.

30

Annexes

Sources:

Introduction:

REY, Alain. Dictionnaire culturel en langue française, édité par Danièle MORVAN,

2005. 341 pages. ISBN : 2 84902179-2

MAURIN, Mireille. Dictionnaire universel de poche, édité par MEVEL Jean-pierre,

1994. 758 pages. Livre de poche. ISBN : 2-253-06439-4

I. Les tatouages et piercings créent un lien social depuis la préhistoire:

Otzi–Homme de Similaun, 2002, disponible sur

http://www.hominides.com/html/ancetres/otzi.php

Niko, L'histoire du tatouage (tatoo) est très difficile à retracer, car même s'il s'agit

d'une pratique ancestrale, on ne peut pas encore la situer avec exactitude dans le

temps, disponible sur http://www.kustomtattoo.com/tatouage-piercing-paris-

tatoo/tatouage-tatoo-histoire-origine.htm

Tatouage, disponible sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Tatouage#Histoire

Origine du Tatouage Corporel dit Artistique, mis à jour le 15/08/2009, disponible sur

www.stylisticorpus.com/rubrique,origine-du-tatouage,699.html

Polynésie, Terres Sacrées: le tatouage, 2000-, disponible sur

http://membres.multimania.fr/polynésie/tatouage.htm

DECAGNEUX, Alain. Les superstitions et croyances des marins, 1999-, disponible

sur http://www.pirates-corsaires.com/superstitions.htm

II. Les marquages corporels créent des liens sociaux dans notre société:

ANCHU,Marie-Eve et BELLEVANCE, Karine. Le phénomène du tatouage perçage

chez les hommes, 2001, disponible sur

http://www.cvm.qc.ca/glaporte/metho/a02/a203/a203.htm

GERVAIS, Marlène. Tatouage et piercing : marqueur identitaire et phénomène

psycho-social, juillet 2009, disponible sur

http://afiavi.free.fr/e_magazine/spip.php?article755

31

Agence France Presse, Les faux tatouages envahissent les podiums, publié le 13

octobre 2009 et mis à jour le 13 octobre 2009, disponible sur

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.cyberpresse.ca/images/bizphotos/43

5x290/200910/13/115760-mannequin-nom-tatoue-coup-

pour.jpg&imgrefurl=http://www.cyberpresse.ca/vivre/mode/200910/13/01-9108

Tatouage de Djibril Cissé, disponible sur

http://athletetattoodatabase.com/img/wiki_up/djibril.cisse2.jpg

Tatouage de lilwayne disponible sur

http://www.doobybrain.com/wp-content/uploads/2009/04/lil-wayne-1.jpg

Tatouage de Angelina Jolie disponible sur http://lh5.ggpht.com/_6-

jp2FvfU5A/SapPe5CnqcI/AAAAAAAAEJE/YANFWkqMJvU/angelina_tattoo.jpg

Publicité « Le mâle » disponible sur http://blogs.ecoles-

idrac.com/var/plain_site/storage/images/blogs/market-in-pink/et-jpg-crea-le-

male/jpg/3230836-1-fre-FR/JPG.jpg

Publicité « Just do it … » disponible sur

http://www.nikefever.fr/images/nikefootball_cantona.jpg

Publicité paru dans le journal dimanche .ch , disponible sur http://www.tattoo-

passion.com/pubs/pub-piercing-dimanche.jpg

Publicité pour une grande marque de briquet , disponible sur http://www.tattoo-

passion.com/pubs/pub5.jpg

III. Les tatouages et piercings créent une exclusion dans notre société:

Ministère de la santé, Risques d’infections mesures élémentaires de prévention,

disponible sur http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/457.pdf

Commentcamarche, L'Académie de Médecine demande un encadrement de la pratique

du piercing, 2008, disponible sur http://sante–

medecine.commentcamarche.net/news/100016-l-academie-de-medecine-demande-un-

encadrement-de-la-pratique-du-piercing

ROQUEJEOFFRE, Nicolas. Corps d’armée, 2008, disponible

surhttp://colmar.dna.fr/?Corps-d-armee

Détatouage et recouvrement, 2005, disponible sur

http://www.tasante.com/article/lire/3554/Detatouage-et-recouvrement.html

LE BRETON, David. Signe d’identité, Tatouages, piercings et autres marques

corporelles. Éditions Métailié, 2002.ISBN : 978-2864244264

32

Bibliographie:

DELACROIX, Olivier. Tatoué, percé… ceci est mon corps. Story Box Presse, 2009.

Documentaire, 52 min.

PIERRAT, Jérôme. Tatouage magazine. Novembre - décembre 2010.

COLINON, Marie-Christine. Oxygène : Mon corps, une œuvre d’art. Hydrogène,

2003.

ISBN : 2-7324-3066-8

33

Interview de tatoueur-perceur.

Lors de nos recherches, nous avions beaucoup de questions sur le sujet des tatouages et

piercings à poser. Nous avons donc décidé de rencontrer les tatoueurs – perceurs d’Enghien,

qui gèrent l’entreprise Manuel Tatouage, pour y répondre.

1. Depuis combien de temps êtes-vous tatoueur – perceur ?

J’exerce cette profession depuis une dizaine d’année.

2. Depuis combien de temps travaillez-vous à Enghien ?

J’ai commencé à travailler comme tatoueur à Enghien, j’y suis donc depuis dix ans. Avant de

travailler dans ce local, je travaillais dans le boulevard du lac, mais nous avons changé car le

lieu était trop exigu.

3. Sachant que vous êtes plusieurs dans votre entreprise, qui s’occupe de quoi ?

Nous sommes quatre à travailler dans cette entreprise. Cyril et Edouard pratiquent les

tatouages et les piercings en plus d’être cogérants, Valérie est tatoueuse et Stéphanie s’occupe

de l’administration et de l’accueil.

4. Avez-vous suivi une formation ? Si oui, laquelle et combien de temps a-t-elle duré ?

J’ai reçu une formation sur l’hygiène et la sécurité, mais le métier ne s’apprend pas, il

s’acquiert avec l’expérience. Mais il faut tout de même avoir des bases de dessin pour le

tatoueur et ne pas avoir peur du sang pour le perceur.

5. Pour être tatoueur, avez-vous fait des études de graphisme ou de dessin ?

Non, car celles-ci ne sont pas nécessaires. Par exemple, avant d’exercer ce métier, j’ai fait des

études de comptabilité puis de mécanique. J’ai choisi ce métier car il s’agit d’un métier

« cool ».

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6. Pensez-vous que le fait de ne pas avoir de diplôme fait de votre métier un emploi non-

reconnu et pourquoi ?

Non, je ne pense pas que cela change quelque chose. Je pense que l’expérience fait le reste.

7. Que pensez-vous de votre condition ? (artiste ou technicien)

Je me sens plus artiste que technicien, mais tout dépend du statut que nous donne la société.

8. Faites-vous partie du Syndicat National des Artistes Tatoueurs ?

Oui, j’en fais partie depuis cinq ans, c’est le seul organisme qui défend notre profession.

9. Que pensez-vous de la sécurité sociale face aux marquages corporels ?

Je pense que cela est normal. La personne qui choisit de se faire tatouer ou percer doit assumer

ses actes quoiqu’il en soit.

10. Quel type de clientèle avez-vous ? Est-elle hétérogène ?

Notre clientèle est complètement hétérogène, elle est même plus féminine que masculine car

les hommes ne sont pas décidés à se faire des piercings. Une fois, une femme âgée est venue

se faire percer le nez et se faire tatouer un coquelicot sur l’épaule.

Nous remercions l’équipe de Manuel Tatouage d’avoir pris le temps de répondre à nos

questions.

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Synthèses

Nom: N’DAW

Prénom: Carole

Classe: 1ES3

Autres membres du groupe: AGBO Marion et FARGEAT Mægan.

Le thème retenu pour nos travaux personnels encadrés est l’homme et la nature, et plus

précisément les interventions sur la nature.

Parmi le thème de l’homme et la nature, nous avons choisi le sujet des tatouages et piercings.

Les disciplines que nous avons abordées dans notre travail sont principalement la sociologie

et l’histoire.

Nous présenterons notre travail à l’aide d’un dossier organisé.

Le but de notre développement répond à la question suivante:

Dans quelle mesure les tatouages et piercings créent-ils des liens sociaux?

Le premier choix de mon travail personnel encadré était porté sur les énergies renouvelables,

mais après plusieurs semaines, j’ai changé de sujet et opté pour les tatouages et piercings car

j’ai trouvé cela beaucoup plus intéressant, sachant que le travail que j’entreprendrai serait

long. Mais ce thème n’est pas apparu tout de suite, car les membres de mon groupe et moi-

même avons hésité entre plusieurs choix, comme la mafia ou la culture « rock », pour enfin

osciller entre deux thèmes : le mode de vie des tribus et les tatouages et piercings.

Nous avons donc choisi ce sujet qui paraît très stimulant car il permet d’étudier un phénomène

qui touche actuellement notre société, et je m’y intéressais déjà avant d’effectuer ce travail,

étant moi-même percée.

Mes recherches ont été axées sur la création des liens sociaux dans notre société depuis la

préhistoire. J’ai aussi composé l’introduction, les annexes et la conclusion. J’ai

majoritairement utilisé Internet en naviguant sur plusieurs sites pour vérifier les propos

empruntés, mais je me suis tout de même aidé de quelques ouvrages empruntés au CDI.

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Lors de la production finale, j’ai en partie mis en œuvre le dossier, en recoupant et en mettant

en relation les différentes parties.

Pendant toute la durée de notre travail, plusieurs étapes se sont succédées : l’étape de

réflexion, c'est-à-dire celle de la recherche de la problématique et du plan, qui a été

conséquente, mais la plus longue a été celle des recherches car elle a dépassé la date limite

fixée aux vacances de Noël, car certaines parties du travail collectif ont été très difficiles à

développer. Il y a eu enfin l’étape de la mise en page du dossier, qui nous a pris environ trois

semaines. De plus, mon travail a été remis en cause par l’un des professeurs encadrants, car

l’ensemble des recherches faites par le groupe s’éloignaient de la matière principale des

sciences économiques et sociales.

Suite à ce travail de recherche, j’ai appris et mémorisé que les tatouages et piercings créent

des liens sociaux, et cela depuis la préhistoire. En effet, ils engendrent une exclusion ou une

appartenance à un groupe, et deviennent même dans notre société actuelle un effet de mode.

Les objectifs principaux de ce travail collectif de recherche étaient de trouver et de

comprendre l’origine des tatouages et piercings, et d’analyser le « pouvoir » que ceux-ci

exercent dans notre société actuelle.

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FARGEAT

Maegan

1ES3

Autres membres du groupe : ABGO Marion, N’DAW Carole,

Le thème que nous avons retenu est le thème concernant l'Homme et la nature.

A partir de ce thème, nous avons choisi le sujet des tatouages et piercings. Les disciplines

concernées sont l'histoire et les sciences économiques et sociales. La production proposée sera

représentée sous forme de dossier.

La problématique de notre dossier est « Dans quelles mesures les Tatouages et Piercings

créent-ils des liens sociaux ? »

Pour le choix du sujet, nous avions déjà choisi sur le thème de la nature, les énergies

renouvelables, nous avions une problématique mais notre professeur nous a dit que c'était trop

vaste, nous avons donc changé.

Nous avions proposé la mafia, la culture rock, l'esthétique du corps jusqu'à ce que Carole

propose les tatouages et les piercings.

L'idée nous plaisait mais Marion avait aussi proposé les tribus, après dix à quinze minutes de

négociations, les tatouages et piercings étaient retenus.

Ce sujet m'a plu car je m'étais fais un piercing aux oreilles en début d'année, je commençais

déjà à m'y intéresser avant que Carole n’en parle. Je voulais un sujet qui m'intéresse, où

j'aurais envie de travailler dessus, comme cela m'intéressait, j'ai tout de suite dit oui.

Nous avions décidé de répartir le dossier en trois parties : l'histoire, la mode et les risques des

tatouages et piercings. Ma partie était le risque, j'ai cherché sur internet et j'ai trouvé un livre

concernant les changements esthétiques.

Pour la production finale, j'ai réalisé la troisième partie, j'ai distribué un questionnaire à choix

multiples à différents professeurs puis nous avons interrogé un tatoueur/perceur.

J'ai réfléchis à ce qui paraissait le plus important, j'ai sélectionné de nombreuses parties du

livre, j'ai fait beaucoup de recherches.

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J'ai été amené à remettre en cause mes recherches et ma partie. Un de nos professeurs est venu

mettre au point nos différentes parties et notre problématique.

Nous avons donc dû changer notre problématique ainsi que ma partie car elle ne correspondait

pas aux disciplines concernées. J'ai changé les risques que pouvait entraîner le tatouage et le

piercing à l'exclusion sociale volontaire ou involontaire.

Le tatouage et le piercing sont des éléments présents dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui.

En effet, depuis toujours, ces deux marquages corporels existent, aussi bien en Occident qu'en

Orient. Ils représentent des cultures, des rituels, des distinctions. Ils permettent aussi

d'appartenir à différents liens sociaux qui ont traversés les générations mais causent aussi une

exclusion involontaire provoquée par les moeurs encore strictes de nos jours.

Cependant, ces exclusions s'adoucissent quelques fois avec la présence de la mode, qui

banalise de plus en plus ces marquages.

Les tatouages et les piercings créent des liens sociaux lorsqu'il y a par exemple un désir de

faire partie d'un groupe social, un mouvement, comme le mouvement punk, les Yakusa (mafia

japonaise), ou bien lorsque le marquage corporel est un sujet de conversation, un lien social se

créer.

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Nom : AGBO

Prénom : Marion

Classe : 1ES3

Autres membres du groupe :

FARGEAT Maegan

N’DAW Carole

Je me suis impliquée dans la proposition de sujets pour notre TPE ; j’avais pour idée première

« l’étude des tribus » mais malheureusement, mon professeur de SES n’était pas très

enthousiaste, à cause de sa non présence dans la matière. Ensuite, après

quelques « discussions » dans notre groupe, nous avons choisi toutes les trois le thème des

marquages corporels. J’avais pour objectif d’en apprendre le plus possible même si nous

avions quelques connaissances ainsi qu’un dossier présent dans notre livre de SES. Nous

pouvions partir d’un bon pied.

Après de rudes difficultés à choisir notre problématique, nous nous sommes réparties les

tâches : je suis chargée de la partie qui porte essentiellement sur l’influence, de l’effet de

mode dans différentes classes sociales. A un moment nous manquions de sources et j’ai été

chargée d’aller acheter « Tatouage magazine ». Sur internet nous trouvions beaucoup de sites

qui pouvaient intéresser une autre partie, alors nous avons créé un message sur Facebook pour

nous les envoyer à tout moment. La sélection des documents est très dure puisqu’un moment

j’avais accumulé beaucoup de choses sans aucun intérêt ou même en double ! Au final j’ai

pu finir ma partie à l’aide de certains documents qu’une de mes camarades m’a donné.

Nous avons été amené à réorganiser tout notre TPE le 23 Novembre 2010, un de nos deux

professeurs nous a aidé à réordonner notre plan ainsi que notre problématique si rude à

trouver. Cette remise en cause fut comme une étape décisive pour réussir. Nous l’avons

surmonté et nous nous sommes remises au travail.

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J’ai bien aimé travailler sur ce thème, j’avais quelques idées préconçues sur le type de

personnes qui portaient ces marquages corporels et elles ont été très vite oubliées, remplacées

par de vraies idées et hypothèses. L’étude du sujet touche beaucoup de disciplines ce qui

varie les types de documents et toutes les recherches.

Tout ce travail m’a fait comprendre que le tatouage et le piercing créent des liens sociaux

volontairement ou pas : en effet ceux qui en ont, disent ne pas suivre une mode mais la

suivent quand même. Je pense que tous mes objectifs personnels ont été atteints.