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FEWS NET TCHAD [email protected] www.fews.net L’activité du FEWS NET est financée par l’USAID. Les points de vue exprimés par les auteurs de la présente publication ne reflètent pas forcément le point de vue de l’Agence américaine pour le développement international ou du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique. TCHAD Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2015 à Mars 2016 La situation alimentaire s’est améliorée grâce aux nouvelles récoltes en cours MESSAGES CLÉS Les récoltes céréalières pluviales de la campagne agricole 2015- 2016 sont moyennes à légèrement inférieures à la moyenne à cause du démarrage tardif de la saison, des séquences sèches, de la baisse des superficies emblavées par endroit mais aussi à cause de l’arrêt précoce des pluies pour certaines zones. Certains départements déficitaires ont été enregistrés dans les régions du Lac, du Kanem, de Bahr el Ghazel, du Batha, de Wadi-Fira, du Nord Guera. L’approvisionnement des marchés céréaliers s’est amélioré comparé à la période de soudure (juin-septembre) à cause des nouvelles récoltes des produits agricoles qui sont présents sur les marchés. On observe une baisse saisonnière des prix comparée à leur niveau de septembre améliorant l’accès des ménages aux céréales. La sécurité alimentaire des ménages pauvres s’est améliorée dans l’ensemble du pays grâce à la disponibilité actuelle des nouvelles récoltes en cours. Les nouvelles récoltes couplées aux produits de cueillette et à la disponibilité laitière par endroits, permettront aux ménages de diversifier leurs sources de nourriture entre octobre et décembre 2015. Pendant cette période, tout le pays sera en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC). Le niveau des stocks céréaliers et la disponibilité laitière vont baisser dans le Lac, Kanem, Bahr El Ghazel, Batha, Nord Guera et Wadi-Fira à partir de janvier plus tôt qu’en année normale. A cet effet, les ménages pauvres de ces régions dépendront des achats sur les marchés et seront en Stress (Phase 2 de l’IPC). Pour les populations déplacées du Nigeria et de la République centrafricaine qui bénéficient de l’aide des humanitaires, ils peuvent rester en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) grâce aux assistances en cours. CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE Source : FEWS NET Carte des résultats actuels de la sécurité alimentaire, octobre 2015 Source: FEWS NET Cette carte représente les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aigue pertinents pour la prise de décision urgente, sans représenter le niveau de l’insécurité alimentaire chronique.

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FEWS NET TCHAD

[email protected] www.fews.net

L’activité du FEWS NET est financée par l’USAID. Les points de vue exprimés par les auteurs

de la présente publication ne reflètent pas forcément le point de vue de l’Agence américaine pour le développement international ou du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique.

TCHAD Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2015 à Mars 2016

La situation alimentaire s’est améliorée grâce aux nouvelles récoltes en cours

MESSAGES CLÉS

Les récoltes céréalières pluviales de la campagne agricole 2015-2016 sont moyennes à légèrement inférieures à la moyenne à cause du démarrage tardif de la saison, des séquences sèches, de la baisse des superficies emblavées par endroit mais aussi à cause de l’arrêt précoce des pluies pour certaines zones. Certains départements déficitaires ont été enregistrés dans les régions du Lac, du Kanem, de Bahr el Ghazel, du Batha, de Wadi-Fira, du Nord Guera.

L’approvisionnement des marchés céréaliers s’est amélioré comparé à la période de soudure (juin-septembre) à cause des nouvelles récoltes des produits agricoles qui sont présents sur les marchés. On observe une baisse saisonnière des prix comparée à leur niveau de septembre améliorant l’accès des ménages aux céréales.

La sécurité alimentaire des ménages pauvres s’est améliorée dans l’ensemble du pays grâce à la disponibilité actuelle des nouvelles récoltes en cours. Les nouvelles récoltes couplées aux produits de cueillette et à la disponibilité laitière par endroits, permettront aux ménages de diversifier leurs sources de nourriture entre octobre et décembre 2015. Pendant cette période, tout le pays sera en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC).

Le niveau des stocks céréaliers et la disponibilité laitière vont baisser dans le Lac, Kanem, Bahr El Ghazel, Batha, Nord Guera et Wadi-Fira à partir de janvier plus tôt qu’en année normale. A cet effet, les ménages pauvres de ces régions dépendront des achats sur les marchés et seront en Stress (Phase 2 de l’IPC). Pour les populations déplacées du Nigeria et de la République centrafricaine qui bénéficient de l’aide des humanitaires, ils peuvent rester en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) grâce aux assistances en cours.

CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE

Source : FEWS NET

Carte des résultats actuels de la sécurité

alimentaire, octobre 2015

Source: FEWS NET

Cette carte représente les résultats actuels de l’insécurité

alimentaire aigue pertinents pour la prise de décision urgente,

sans représenter le niveau de l’insécurité alimentaire chronique.

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CONTEXTE NATIONALE

Situation actuelle

La saison des pluies Dans le sud du pays, les pluies se poursuivent comme en année normale, bien que l’on note des déficits pluviométriques de manière générale comparés à 2014 et à la moyenne (Figure 1). Par contre, dans la zone sahélienne, la situation pluviométrique est normale à déficitaire, selon la Direction d’Exploitation et des Applications Météorologiques (DEAM). Les déficits pluviométriques sont les plus marqués dans les régions de Batha, Wadi Fira, et Ouaddai. La saison des pluies a commencé avec retard (fin de juillet) au lieu de fin juin comme en année normale et s’est achevée assez tôt (fin septembre), causant ainsi un grand retard sur la croissance des cultures ainsi que sur leur développement végétatif. Toutefois, les récoltes sont en cours dans la plupart des zones agricoles. Hydrologie Le niveau du fleuve Chari est en deçà de celui de l’année dernière et d’une année normale à la même période. Cela va entrainer une baisse de la production maraichère. Tandis que le niveau des eaux du Logone a augmenté grâce aux grosses pluies du mois d’août et de septembre. Il est plein comme en année normale et pareil à l’année passée à la même période. Dans le centre du pays, les eaux du Bahr-Azoum sont inférieures à une année moyenne mais continuent à alimenter les plaines qui sont favorables à la culture de sorgho de berbéré au Salamat. Le fleuve Batha et le Lac Fitri sont au plus bas de leur niveau habituel en cette période, laissant craindre une baisse de rendement de berbéré et une campagne maraichère difficile. Les fleuves temporaires, appelés «ouadis» ont commencé à tarir. Plus à l’Est également, la situation hydrologique est moins satisfaisante à cause d’un faible remplissage des marres. Le niveau de remplissage actuel reste inférieur de 25 à 30 pourcent par rapport à la normale suite aux poches de sécheresses enregistrées durant la saison. Situation acridienne Dans la zone soudanienne, elle est stable car il n’a été signalé nulle part la présence des acridiens. En septembre, des criquets solitaires isolés, immatures et matures étaient présents entre le Batha et le Kanem, entre Salal et Djedda, au Nord d’Abéché et au sud de Fada. Une reproduction à petite échelle a été détectée près d’Arada, où des larves solitaires ont été observées en mi-septembre suite aux pontes du mois d’août. Quelques adultes ont été observés près de Kalait au cours de la dernière semaine de septembre. Une reproduction à petite échelle peut entrainer une augmentation des effectifs acridiens dans le Kanem, Batha, Biltine et Borkou-Ennedi-Tibesti avec des mues possibles en Octobre. Selon le FAO il existe également un risque modéré que des petits groupes se forment dans ces zones avec le début du dessèchement de la végétation. Situation agricole Dans la zone soudanienne, les activités agricoles se poursuivent avec les travaux d’entretien, de protection et de récoltes, notamment de l’arachide, du maïs et du sorgho. Les dernières pluies du mois d’octobre ont favorisé l’humidité des sols et facilité l’exécution des divers travaux. Globalement, les cultures sont aux stades de maturité et récolte. Néanmoins, on observe dans les zones de déficit pluviométrique, surtout dans la zone sahélienne, un prolongement de la période de récolte. Dans les zones les mieux arrosées on observe des cultures en phases de maturité. Les rendements sont en baisse dans la zone sahélienne à cause du retard dans le démarrage de la saison et des séquences sèches enregistrées.

Carte des résultats estimés plus probables de la

sécurité alimentaire, octobre à décembre 2015

Source: FEWS NET

Carte des résultats estimés plus probables de la

sécurité alimentaire, janvier à mars 2016

Source: FEWS NET

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Le Réseau de Systèmes d'Alerte Précoce contre la Famine 3

Dans la zone sahélienne, la campagne agricole 2015/2016 est déficitaire d’après le constat et selon les producteurs, comparés à celle de l’année 2014/2015 et à la moyenne quinquennale. Mais selon la Direction de la Production et des Statistiques Agricoles, la production agricole de la campagne 2015/2016 connaitra une baisse probable de plus de quatre pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. Actuellement, les activités agricoles sont dominées par le nettoyage des terrains pour le maraichage et l’implantation des pépinières de maraichage, début de récoltes d’arachides pour les semis précoces et les récoltes de céréales. La demande en main d’œuvre agricole actuelle est encore timide, car la récolte n’est pas encore effective pour favoriser le revenu issu de la main d’œuvre agricole journalière. Dans la zone soudanienne également, la main d’œuvre est très rare même dans les villages. La rareté de la main d’œuvre s’explique par le fait que chacun s’occupe de sa récolte d’une part, et d’autre part la main d’œuvre valide quitte la campagne pour la ville à la recherche de meilleures opportunités. A Kiati dans la sous-préfecture de Bao (Logone Occidental) par exemple, le coût journalier de de main d’œuvre est passé de 500 FCFA à 1.000 FCFA. Situation des ressources pastorales Dans la zone soudanienne, les animaux présentent un embonpoint très appréciable en cette période à cause de l’abondance du pâturage qui peut satisfaire les besoins des animaux jusqu’à au moins mai 2016. Aussi, il faut relever que dans le département du Lac Iro, le manque de pâturage est pour bientôt (Février), car les résidus des cultures s’épuiseront assez vite du fait que les animaux des transhumants ont beaucoup dévastés les cultures, si bien que certains producteurs ont perdus une bonne partie leurs récoltes. Cette situation risquerait de plonger une petite partie de la population des Sous-Préfectures de Kyabé, Roro et Dindjebo dans des difficultés alimentaires avant la période de soudure habituelle (mai/juin contre juillet). Dans le Sahel en général, et le Ouaddaï et Wadi Fira en particulier, le niveau de pâturage observé est moins abondant par rapport à la normale à cause d’une rupture brusque des pluies. Il est estimé susceptible de couvrir de 3 à 4 mois les besoins des animaux, alors qu’en année normale il pourra couvrir jusqu’à six mois. Le lait est actuellement abondant un peu partout et accessible sur les marchés. Mouvement de population Pour le moment, les mouvements observés sont ceux des personnes à la recherche des travaux agricoles, notamment les récoltes, dans le but d’obtenir soit un peu de céréales, soit de l’argent pour satisfaire leurs besoins. Ces personnes vont des zones moins productrices (Kanem, Bahr El Ghazel, Hadjer Lamis, etc.) vers les zones de grandes productions (Ouaddai, Lac, Salamat) pour offrir la main d’œuvre. Les mouvements des transhumants sont observés également au Nord et Nord-Ouest du Lac Iro. Stock céréalier dans les ménages Les stocks céréaliers de l’année passée sont presque épuisés dans la plupart des ménages. Sur la majorité des ménages interviewés, durant l’enquête ENSA (Enquête Nationale de Sécurité Alimentaire), plus de 80 pour cent des ménages n’ont plus de sorgho résiduel de l’année passée. Les stocks disponibles sont très infimes et sont détenus par les grands producteurs. Les petits producteurs n’ont pratiquement plus de céréales de l’année écoulée. Beaucoup de ménages consomment le sorgho précoce issu de la nouvelle récolte. En attendant la fin des récoltes en cours, plus de 40 pourcent des ménages dépendent des achats sur le marché dont 25 pourcent environ sont des éleveurs. Dans la zone sahélienne, les récoltes étant amorcées les stocks des ménages commencent à se reconstituer comme en année normale.

Figure 1. ARC2 Estimation de l’accumulation pluviométrique de juillet au septembre 2015

Source: NOAA/CPC

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Marchés agricoles Dans la zone soudanienne, l’offre en céréales est faible comparée à l’année passée à la même période. La faiblesse de l’offre s’explique par le démarrage tardif de la campagne qui tend à décaler les récoltes. Toutefois, on observe l’arrivée progressive du sorgho et du maïs sur les marchés. L’offre en arachide est aussi inférieure à celle de l’année passée à la même période. Par contre, la demande en arachide est relativement supérieure à celle de l’année passée à la même période à cause des petites surfaces emblavées qui font que l’offre est en baisse. Le flux céréalier est encore faible. Le flux le plus important est observé sur l’arachide qui quitte la zone soudanienne pour le Soudan en traversant la zone sahélienne. Sur les marchés de regroupement, on note la présence des gros porteurs qui chargent l’arachide en direction de Ndjamena. Notamment à partir des marchés de Doher, de Bodo et de Moundou. Dans le Moyen Chari/Mandoul par exemple où le sorgho, le maïs et le mil pénicillaire, qui constituent les denrées de base des populations, les prix de ces denrées sont en baisse par rapport à la même période de l’année dernière, mais en hausse par rapport à la moyenne quinquennale (sorgho +22 pour cent, mil + 11 pour cent, maïs +24 pour cent). A Moundou également, le prix du sorgho est en baisse de 23 pour cent par rapport à la même période de 2014, bien qu’en hausse de 24 pourcent comparé à la moyenne quinquennale ; même chose pour le mil pénicillaire, qui connait une baisse de 14,3 pourcent et en hausse de 5,3 pourcent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le prix du sésame varie très peu avec les importants stocks paysans et commerçants, tandis que l’arachide se vend bien sur les marchés avec l’arrivée des nouvelles récoltes. Dans la zone sahélienne, on observe une stabilité du prix du mil pénicillaire sur le marché d’Abéché par exemple, par rapport au mois de septembre 2015 et comparé à octobre 2014. Le niveau d’approvisionnement est relativement satisfaisant à cause d’une disponibilité céréalière importante au sein des stocks ménages et commerçants. Bien que la production soit en baisse, les nouvelles récoltes arrivent sur les marchés. Marché à bétail L’offre en bovin est satisfaisante dans la zone soudanienne. L’offre en petit ruminants et surtout en chèvre est en baisse à cause des pertes par décès enregistrés pendant la période de soudure. Sur les marchés de Doher, Tapol et même de Goré les chèvres sont moins présentées. Or en cette période de la rentrée scolaire, les parents vendent plus des chèvres pour assurer les inscriptions, les achat des cahiers et tenues de classe pour leurs enfants. La disponibilité importante des animaux sur le marché conduit à une baisse considérable des prix par rapport aux mois précédents. Le niveau de l’offre continue d’être observé mais avec une faible demande compte-tenu de la fermeture des différentes frontières (Tchad-Lybie et Tchad-Nigeria). Les termes d’échange bouc/mil, reste en défaveur des éleveurs qui en vendant un bouc peut obtenir 55kg de mil sur le marché d’Abéché, alors qu’il y a cinq ans on pouvait en obtenir jusqu’à 75 kg. Le marché du bétail reste toujours tributaire de la fermeture des frontières avec certains pays voisins. Situation alimentaire Dans la zone soudanienne, l’alimentation des ménages en cette période des récoltes est facilitée grâce au sorgho, à l’arachide et au maïs déjà disponibles avec les nouvelles récoltes. Les oléagineux, légumes, produits maraîchers et tubercules sont disponibles et complètent efficacement l’alimentation de la population en ce moment. La situation alimentaire s’est améliorée avec la fin de la soudure et le début des récoltes. Les enfants dans la plupart des ménages mangent au moins deux fois dans la journée et ils complètent par les arachides, les goyaves, les légumes sauvages, pois de terre, le niébé, le manioc, etc. Dans la zone sahélienne, la situation alimentaire actuelle s’est également améliorée avec le début des récoltes. Au regard de la bonne disponibilité céréalière sur les marchés, soutenue par les stocks résiduels au sein des ménages qui coïncide avec la nouvelle récolte, la disponibilité laitière, la cueillette des fruits sauvages et légumes, les ménages pauvres et très pauvres peuvent couvrir leurs besoins alimentaires et non alimentaires de base sans faire recours à des stratégies d’adaptation. Situation nutritionnelle

Figure 2. Tendance globale comparée des admissions la malnutrition aiguë sévère (MAS) 2013-2015

Source: Cluster Nutrition Tchad

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Dans le sud, notamment dans le Moyen Chari, la situation nutritionnelle s’améliore progressivement dans les ménages des refugiés et retournés, car l’IRC (International Rescue Commitee) et le CSSI (Centre de Support en Santé International) continuent par suivre l’état nutritionnel des enfants dans les camps de Maïngama et de Belom. Ces ONG prennent immédiatement en charge les enfants malnutris en mettant à leur disposition de la bouillie enrichie et d’autres intrants riches en vitamines. Des cas cliniques observés sont immédiatement soignés. De façon générale, on note comparé à 2014, une baisse des taux d’admissions (sauf en aout) liés à la malnutrition aigüe sévère sur l’ensemble du pays. Cela est dû au moins en partie à la hausse du nombre de structures sanitaires de prise en charge de la malnutrition, mais aussi à l’amélioration de la qualité de la prise en charge. C’est également, le résultat des énormes efforts que consentent ces dernières années le Gouvernement et ses partenaires (OMS, UNICEF, ONG Internationales telles que MSF, IMC, ACF, CSSI etc.).

Suppositions Le scénario le plus probable d’octobre 2015 à mars 2016 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national :

La saison de pluie : Elle continuera jusqu'à la fin du mois d’octobre dans une grande partie du sud du pays. Les cumuls pluviométriques entre mi-septembre et octobre seront supérieurs à la moyenne et permettront aux cultures semées tardivement (fin juillet et août) de boucler leurs cycles végétatifs. Dans la zone sahélienne, les cumuls des pluies entre mi-septembre et octobre étaient au-dessus de la moyenne, surtout au Ouaddaï, Sila, Wadi Fira, Salamat, Hadjer Lamis et Lac, et la fin de la saison interviendra en octobre, en raison d'une retraite normale du Front intertropical (FIT) vers le sud.

Hydrologie : La plupart des mares et les ouadis sont moyennement remplis et des débordements par endroits de certains ouadis comme le Batha, Biteha, Ouadi Moura et la sortie du Bahr-Azoum de son lit ont été observés. A cet effet, le niveau actuel des mares et des divers points d’eaux devrait permettre au bétail de s’abreuver jusqu’au moins en janvier prochain selon les rapports de la DEAM et du Ministère de l’Agriculture.

Production agricole : Au niveau national, les rendements seront moyens à légèrement inférieurs à la moyenne et comparés à l’année dernière. La production agricole indépendamment des zones devrait être moyenne à légèrement inférieure pour l’ensemble du pays du fait du démarrage tardif et de la mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l’espace ; cette production devrait couvrir les besoins alimentaires de la plupart des ménages jusqu’à au moins le mois de mars 2016. Les perspectives agricoles calculées sur la base des superficies estimées par l’ONDR et la SODELAC affichent une tendance déficitaire selon l’hypothèse la plus probable.

o La production de mil sera moyenne à supérieure à la moyenne compte tenu des conditions globalement bonnes intervenues dans les zones de production et l’augmentation des superficies opérée par les producteurs vers les dunes du Lac.

o La production de maïs sera inférieure à la moyenne à cause de l’installation tardive des pluies et des pauses pluviométriques intervenues en juillet et août dans les zones de production (Lac, Batha, Salamat, Sila, Ouaddaï, Moyen Chari, Mandoul, Mayo Kebbi Est et Ouest).

o La production de sorgho peut être moyenne à supérieure à la moyenne, surtout dans le sud du pays. o La production de niébé sera inférieure à la moyenne suite à l’installation tardive de cette culture et les attaques

en champ dont elle a fait l’objet dans les grandes zones de production du sud du Tchad. o La production de contre-saison: C’est la fin de la phase de mise en pépinières pour l’ensemble des zones

concernées et sa culture ainsi que sa récolte pourrait connaitre un retard comparée à une année normale du fait du retard dans la mise en pépinière et des faibles inondations signalées dans le Salamat, Sila et Batha.

Les disponibilités alimentaires (production 2015 et stocks de report) : Les stocks alimentaires des ménages seront globalement légèrement inférieurs à la moyenne des cinq dernières années. Cependant elles ne seront que légèrement inférieures aux besoins totaux qui ont connus une croissance soutenue sur la période suite à la croissance démographique. L’équilibre entre disponibilité et besoins sera plus précaire pour le maïs et le sorgho dont la production de cette année sera localement inférieure à la moyenne suite au démarrage tardif de la saison agricole.

La main d’œuvre agricole : Etant l’une des sources principales de revenu, elle devrait se comporter comme en année normale entre octobre et décembre à cause des récoltes céréalières jugées moyennes à légèrement inférieures à la moyenne. A partir de janvier, les ménages pauvres vont se tourner vers les activités maraichères dans certaines zones pour augmenter leurs sources de revenus jusqu’à mars comme en année normale.

Les ressources pastorales, les mouvements des animaux : La situation des pâturages qui s’est nettement améliorée avec

la reprise des pluies en fin juillet sur l’ensemble des zones agricoles, reste légèrement déficitaire dans l’Est des régions

de Sila, Ouaddaï et du Wadi-Fira, et la partie sud du pays. Cette situation sera légèrement compensée par la situation

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excédentaire dans le Nord depuis le centre Kanem jusqu'à l'Ouest Sila, Ouaddaï et Wadi Fira. A cet effet, la disponibilité

de pâturage sera légèrement en dessous de la normale sur l’ensemble du pays entre octobre 2015 et mars 2016.

Cependant, le niveau actuel de pâturage permettra aux éleveurs de nourrir leurs animaux au moins jusqu’à décembre

sans trop s’éloigner de leur base et jusqu’à mars sans trop de difficulté. Les transhumants ont commencé leur descente

du Nord vers le Sud depuis fin septembre/début octobre au lieu de novembre/décembre comme en année normale. Les

grands transhumants qui remontent l’axe nord-est et qui se sont arrêtés autour d’Arada à cause du manque des

pâturages pourraient entamer leur descente à partir d’octobre. D’une manière générale, les conditions physiques du

bétail devraient être bonnes jusqu’à janvier. Le lait est disponible en quantité et sera accessible aux ménages pauvres et

très pauvres jusqu’à décembre/janvier dans les zones de passage des transhumants et les zones d’élevage. A partir de

décembre/janvier, le niveau de pâturage va baisser et le bétail s’éloignera au fur et à mesure de leurs points d’attache

réduisant l’accès aux produits laitiers. Concernant l’eau pour l’abreuvement, les pluies enregistrées à partir de la

deuxième décade de juillet ont permis le remplissage des mares et des ouadis favorisant l’abreuvement du bétail

jusqu’en février/mars.

Criquets pèlerins : En prévision, une reproduction à petite échelle entrainera une nouvelle augmentation des effectifs acridiens dans le Kanem avec des mues probables en octobre dans le Batha, à Biltine, au Borkou-Ennedi-Tibesti. Il existe un risque modéré que quelques petits groupes se forment dans ces zones avec le début de dessèchement de la végétation selon le bulletin FAO sur le criquet pèlerin.

L’offre des produits alimentaires, et de bétail : En dépit des stocks résiduels des ménages pauvres déjà épuisés et de la production céréalière attendue en dessous de la moyenne, les marchés seront bien approvisionnés. A cet effet, aucune rupture d’approvisionnement ne devrait être observée du fait qu’après la saison des pluies, les routes seront accessibles, et les flux pourront fonctionner normalement en dehors de la région du Lac où les flux seront réduits à cause de l’insécurité. La récolte des cultures de décrue (berbèré) et de contre-saison froide (le maïs) attendues entre janvier et mars, ainsi que les stocks résiduels de l’Office National de Sécurité Alimentaire (ONASA) de 2015 viendront renforcer l’approvisionnement des marchés. L’offre des produits de rente, particulièrement celle de l’arachide sera supérieure à la moyenne à cause de l’augmentation des superficies qui ont été augmentées au détriment des cultures céréalières. Celle du sésame sera aussi supérieure à celle de l’année dernière à cause de son intensification pour répondre à la forte demande du Soudan. L’offre en bétail sera supérieure à une année normale à cause des ralentissements des flux vers le Nigeria et la Libye et grâce à la présence des éleveurs venus de la RCA avec leur troupeau, mais aussi du retour des transhumants dans la zone.

La demande des produits alimentaires, et de bétail : Compte tenu de la récolte de contre saison de berbéré et de maïs attendue qui sera inférieure à la moyenne, la demande en céréales va être plus importante entre janvier et mars 2016. Mais entre octobre et décembre 2015, les ménages vont consommer pour la plupart les produits de leurs récoltes. Quant à la demande des oléagineux, elle est forte pour l’arachide due à la présence des grands commerçants importateurs soudanais sur les marchés tchadiens à cause de la faible récolte arachidière au Darfour (Soudan) et du prix atypiquement élevé au Soudan pendant la récolte. La demande de bétail sera supérieure à une année normale à cause de la campagne électorale en prélude aux élections présidentielles prévues en avril 2016.

Les achats institutionnels : Le niveau de reconstitution des stocks nationaux sera plus faible que d’habitude en 2015 compte tenu des problèmes financiers que connait le pays et qui pourront avoir des effets induits sur l’ONASA (Office National de sécurité alimentaire).

La tendance des prix : La baisse saisonnière des céréales sera normale entre octobre et décembre avec une stabilité normale attendue entre janvier et mars. Le prix des animaux qui avait connu une certaine stabilité en octobre après la fête de tabaski (fin septembre) pourrait amorcer une nouvelle hausse saisonnière normale en décembre à l’approche des fêtes de fin d’année.

La fermeture de la frontière Tchado-Libyenne : L’arrêt des exportations des animaux causées par la fermeture de cette frontière vont continuer à se ressentir avec des conséquences économiques beaucoup plus dans les régions du Borkou Ennedi Tibesti, du Kanem et du Bahr el Gazel qui dépendent pour beaucoup des échanges avec ce pays voisin.

La fermeture de la frontière Tchado-Nigériane : Les attaques récentes (septembre et octobre 2015) des localités comme N’gouboua et Bagassola n’ont pas amélioré cette situation qui perdure déjà et devrait persister encore pour les prochains mois, empêchant la reprise normale des flux commerciaux autrefois importants entre les deux pays.

Les sources de revenus et de nourritures : Les sources de revenus et de nourriture devraient se comporter comme en année normale notamment entre octobre et décembre (travail agricole, vente de bétail, travaux de construction, vente de céréales et produits maraichers, vente des œufs/volailles, petit commerce, cueillette, vente de

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seccos/nattes/artisanat, vente de bois, etc.). La production maraichère dans certaines zones permettra aussi aux ménages pauvres de diversifier leur alimentation et d’augmenter leurs sources de revenus.

Situation nutritionnelle: Considérant les taux de prévalence de la Malnutrition Aigüe Globale (MAG) qui sont en baisse comparés à la moyenne quinquennale sur l’ensemble des régions du pays, on peut s’attendre à ce que cette tendance se maintienne jusqu’au moins en mars 2016, et que les ménages même les plus pauvres disposeront de leurs propres productions et vont dépendre beaucoup moins des achats sur le marché; ce qui va faciliter leur accès à la nourriture et les rendre moins vulnérables à la malnutrition. De ce fait, on peut s’attendre à une tendance de la malnutrition saisonnière typique avec une baisse de la prévalence pendant la période post-récolte dans toutes les régions. Hypothèse également soutenue par l’accroissement des centres de prise en charge nutritionnelles sur l’étendue du pays notamment dans le Kanem et Bahr El Gazal, deux régions enregistrant les taux de malnutrition les plus élevés du pays.

Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

La période d’octobre à décembre coïncide avec la période post-récolte et se caractérisera par une situation alimentaire globalement satisfaisante sur toute l’étendue du territoire à cause de la disponibilité laitière, des produits de cueillette, et de l’apparition des prémices pluviales qui arrivent déjà sur les marchés comme la patate douce, le maïs des cases, le manioc, l’igname, l’arachide, le gombo frais, etc. et qui interviennent comme aliments de substitution et améliorent l’accès aux denrées par les ménages pauvres. L’accès à ces différentes sources sera globalement suffisant bien que la production par endroit sera légèrement en-dessous de la moyenne. Dans les zones affectées par la baisse des productions, les effets ne seront appréciés qu’au plus tard dans l’année de consommation. A cet effet, les besoins de consommation des ménages sont satisfaits entre octobre et décembre 2015 pour la grande majorité des ménages du pays. Ils dépendront de leur propre production et ne feront recours à aucune stratégie d’adaptation. Sur le plan nutritionnel, on observera aussi une amélioration saisonnière de la situation due à la bonne disponibilité alimentaire. Toutes les zones du pays resteront en Phase Minimale (Phase 1 de l’IPC) insécurité alimentaire aiguë jusqu’en décembre 2016. Dans certaines régions en zone sahélienne (Lac, Kanem, Bahr El Gazel, Batha et Wadi Fira), les stocks alimentaires vont diminuer à partir de février à cause du déficit de la production céréalière localisée dans certains départements de ces régions et les ménages dépendront beaucoup plus des achats sur le marché que la normale pour cette période. En effet, la demande en céréales va impacter sur les prix des céréales pendant cette période et ne sera pas de nature à garantir l’accessibilité sans difficultés par les ménages pauvres et très pauvres. Pour faire face à cette situation, les ménages pauvres augmenteront leurs stratégies d’adaptation habituelles (la cueillette, l’artisanat, etc.) à des niveaux atypiques afin de pouvoir combler le gap. En outre, ces stratégies ne compenseront pas entièrement les effets du déficit céréalier et des prix élevés sur les ménages pauvres, ce qui engendra un déficit de protection des moyennes d’existence pendant que ces ménages seront affectés. A cet effet, ces ménages dans les régions du Kanem, Bahr el Gazel, Batha, nord Guera et Wadi Fira s’engageront moins que d’habitude dans les dépenses non-alimentaires essentielles et seront en Stress (Phase 2 de l'IPC) insécurité alimentaire aiguë entre février et mars 2016. Toutes les autres zones du pays peuvent rester en Minimal (Phase 1 de l’IPC) insécurité alimentaire aiguë, sauf pour les zones d’accueil des réfugiés et déplacés du Lac et de la République centrafricaine (Grande Sido), qui restent en Phase Minimale ! (Phase 1 ! de l’IPC) grâce aux assistances alimentaires prévues.

ZONES PREOCCUPATION

La région du Lac Tchad ZME 08 – Zone Ouest agropastorale et de pêche Situation actuelle La campagne agricole Les semis à sec du maïs dans les polders ont commencé la première semaine de juin avec un léger retard. Ce retard est dû surtout aux pluies et au coût du prix de carburant pour l’irrigation, qui passe du simple au triple à cause de la perturbation des flux (rupture d’approvisionnement à partir du Nigeria et ralentissement des flux depuis N’Djamena). En ce qui concerne le mil pénicillaire, au niveau des dunes, des semis sont effectués durant la dernière décade du mois de juillet (23 juillet 2015) du fait du retard du démarrage de la de saison. Cependant la répartition dans le temps comme dans l’espace était bonne. C’est à partir de la troisième décade de juillet que les pluies ont commencé à être régulières. Les stades phénologiques des cultures sont la maturité et récolte. Les premiers semis du 15 juin et le maïs des variétés précoces sont en voie de maturité.

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Le sorgho est au stade de maturation complète mais avec quelques poches de retard. Selon les premières estimations de la campagne, la production céréalière pourrait être moyenne à légèrement en dessous de la moyenne. Par contre, l’accès aux champs inquiète parfois les producteurs à cause de l'insécurité. Il y’a des champs qui ont été semés et abandonnés (comme le village de Ngouboua par exemple), et il y’a des champs qui ont été abandonnés avant d’être semés (dans la zone de Bol rural par exemple). Les superficies abandonnées sont estimées entre 3 000 à 3 500 ha. Situation pastorale Le pâturage est bien pourvu avec le couvert végétal qui est supérieur à la normale. L’embonpoint des animaux est satisfaisant. Le problème d’eau d’abreuvement ne se pose pas, car l’eau pour le bétail est suffisamment disponible et même plus qu'en année normale. Marchés et prix Actuellement au niveau du marché de Bol, l’offre en céréales est insuffisante comparée à celle de 2014 à la même période à cause de l’insuffisance des fréquentations des marchés locaux due surtout aux menaces de Boko Haram. Ces derniers empêchent le mouvement de la population vers les marchés. Les produits céréaliers qui circulent dans la zone se limitent surtout au maïs. En année normale en cette période le maïs du Lac est acheminé vers le Kanem, Bahr el Gazal et Hadjar Lamis. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Le marché de Bol est actif bien que moins qu’en année normale. Certains déplacés qui sont venus avec leur petit bétail, les mettent sur le marché pour acheter le maïs. Les transhumants ont amorcé leur descente plus tôt que prévu et ils vendent également leur bétail pour s’approvisionner en maïs. Le prix actuel du maïs est supérieur de 25 pourcent par rapport à celui d’octobre 2014 et de 53 pourcent comparé à la moyenne quinquennale. Le prix du bétail est en baisse de 25 à 30 pourcent comparé à une année normale. Situation alimentaire courante Grace aux nouvelles récoltes de la campagne agricole en cours, à la disponibilité laitière causée par le bon niveau de pâturage qui est supérieur à la normale, par la concentration des transhumants dans la zone, au prix du maïs qui est en baisse par rapport au mois de septembre et accessible aux ménages pauvres qui dépendent grandement des marchés, la consommation alimentaire des ménages pauvres s’est améliorée, améliorant ainsi la situation alimentaire. L’assistance alimentaire par des Organisations humanitaires aux réfugiés et déplacés a permis à certains ménages pauvres d’avoir accès aux produits distribués qui se trouvent sur le marché à prix abordable ce qui protège leurs moyens d’existence (petits ruminants et biens d’équipement actuels comme vélo, radio, etc.). Situations de populations réfugiées et déplacées Selon le rapport de OCHA en date du 22 octobre, la situation humanitaire dans la région du Lac demeure très préoccupante. Les dernières attaques (attentats perpétrés par Boko Haram) fragilisent encore plus des populations déjà extrêmement vulnérables. La capacité de réponse humanitaire dans la région du Lac reste largement insuffisante du fait de ce faible niveau de financement et d’un manque de capacité opérationnelle des acteurs humanitaires et du Gouvernement pour répondre aux besoins des personnes déplacées et des communautés hôtes. Avec la désignation de sites officiels, on observe à Baga Sola un phénomène de concentration dans quelques sites destinés à s’implanter durablement. De plus, d’après une évaluation rapide menée par le PAM dans les sites spontanés du 4 au 10 octobre, les déplacés internes effectueraient des mouvements pendulaires entre les sites spontanés et leur village d’origine, principalement pour des raisons économiques, ce qui pourrait poser des problèmes de protection et expliquer les variations des chiffres de déplacés d’une semaine à l’autre.

Suppositions Le scénario le plus probable d’octobre 2015 à mars 2016 pour le Lac est basé sur les hypothèses suivantes :

La production locale pluviale : La production agricole pourrait être inférieure à la normale à cause de retard dans le démarrage de la saison et des baisses de superficies semées en riz à cause d'abandon des parcelles due à l'insécurité, surtout dans la sous-préfecture de Kangalom.

Production de contre-saison : La campagne agricole de la saison sèche froide 2015/2016 sera inférieure à une année normale à cause de l’insuffisance en eau de surface après la campagne pluviale 2015. La perte de surfaces cultivables due aux menaces de Boko Haram est un autre facteur qui pourrait affecter la production de contre saison.

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Les ressources pastorales, les mouvements des animaux : Le pâturage est en hausse par rapport à une année normale et égal au niveau de 2014 à cause du cumul excédentaire par rapport à la moyenne. La plupart des transhumants qui avaient remonté tardivement des régions du Lac vers les régions de la zone sahélienne principalement due à l’installation tardive de la saison, vont amorcer leur descente précoce de leurs points d’attaches (Batha, Bahr El Ghazal et Ouaddaï) à partir de décembre car le niveau moyen des pâturages devrait permettre aux éleveurs de nourrir leurs animaux au moins jusqu’en décembre sans trop de difficultés. Les conditions physiques du bétail devraient être bonnes dans l’ensemble. Le lait est disponible en quantité et sera accessible aux ménages pauvres et très pauvres jusqu’en décembre dans les zones de passage des transhumants et les zones d’élevage. A partir de janvier, le niveau de pâturage va baisser et le bétail s’éloignera au fur et à mesure des villages réduisant l’accès aux produits laitiers.

La main d’œuvre agricole : L’offre de la main d’œuvre est supérieure à une année normale à cause de la présence des retournés et déplacés qui n’ont aucune qualification et qui se jettent dans cette activité. Les ouvriers agricoles résidents se trouvent envahis et le cout de la main d’œuvre est réduite de 50 pourcent. A cet effet, il y’aura une baisse de revenu (liée à la vente de la main d’œuvre agricole, de produits agricoles, de bétail et vente de poisson) pendant la période de scenario.

Le conflit et le mouvement des populations suite au conflit : Suite aux incursions récentes de Boko Haram dans la région du Lac, l’administration a demandé aux populations lacustres de se déplacer et s’installer sur des terres fermes en zones plus sécurisées. A cet effet, plus de 40.000 personnes ont quitté les iles pour s’installer dans des terres fermes en zones plus sécurisées. Les menaces du mois d’aout 2015 des éléments de Boko Haram motorisés (motocyclettes) ont obligé certains producteurs à fuir leurs champs. Cette situation pourrait continuer pendant toute la phase de scenario, perturbant les activités champêtres et de commerce.

Les flux commerciaux avec le Nigeria : Les frontières restent fermées par mesure de sécurité. Les incursions récentes à motocyclettes ainsi que l’enlèvement des personnes du Lac n’ont pas amélioré cette situation qui perdure déjà depuis les attaques de 2014. Cette situation devrait persister encore jusqu’au moins mars 2016, et empêchant la reprise normale des flux commerciaux autrefois importants entre les deux pays.

L’offre et la demande des produits alimentaires et du bétail : L’offre des céréales sera en dessous de la normale à cause de la baisse de la production céréalière due au démarrage tardif des pluies. Compte tenu de la baisse de production locale et la forte présence des familles de déplacées, il y’aura une forte demande atypique. De ce fait, on peut s’attendre à ce que les prix d’achat soient au-dessus de la moyenne d’ici mars 2016. Par contre, l’offre du bétail restera supérieure à la normale à cause de la fermeture de la frontière avec le Nigeria. En plus, les ménages qui font face à une baisse de la production céréalière et des revenus issus de la main d’œuvre agricole, vont commencer à vendre plus de petits ruminants sur le marché vers la fin du premier trimestre pour renforcer leur stock en céréales.

Marchés à bétail : L’amélioration progressive du couvert végétal observée depuis le mois d’août et qui s’est poursuivi jusqu’à fin septembre/début octobre, couplé à un bon niveau de remplissage des points d’eau et des mares temporaires, l’embonpoint des animaux se maintiendra jusqu’à mars 2016. Par conséquent, leur valeur marchande, (tout comme la vente des sous-produits tel que le lait), sera bénéfique pour le pouvoir d’achat des éleveurs notamment à l’approche de fêtes de fin d’année, période durant laquelle la demande est traditionnellement en hausse tout comme les prix.

Revenus des ménages pauvres : En raison d'une production céréalière en dessous de la moyenne, les revenus générés plus tôt dans l'année de la vente de cultures et de la main-d'œuvre agricole étaient inférieurs à la moyenne. A cet effet, les ménages n’auront pas suffisamment de réserves en liquidités issus de ces activités. Dans l'ensemble, les revenus totaux des ménages pauvres et très pauvres seront légèrement inférieurs à la moyenne jusqu’à décembre 2015, et inferieurs à la moyenne entre janvier et mars 2016. Plus précisément, les niveaux de revenus suivront les tendances suivantes pour les principales sources:

Figure 3. Projection du prix de détail du maïs sur le marché de Bol jusqu’en mars 2016

Source : FEWS NET

0

50

100

150

200

250

300

350

2014/15 Average proj 2015/16

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Travail agricole : Cette source de revenu sera inférieure à la moyenne à cause de l'offre de la main d'œuvre qui a augmenté par la présence des réfugiés et déplacés. Le cout journalier a baissé de 2.000FCFA/jour à 1000 FCFA.

Vente du bétail : Cette source de revenu va baisser légèrement parce que la demande à l'exportation vers le Nigeria et la Libye a baissé. Les prix des animaux ont baissé de manière générale et vont continuer à connaitre une baisse comparée à la moyenne. Les ménages vendent plus de têtes de bétail pour avoir plus de revenu et combler le déficit financier et répondre aux besoins de base.

Vente des produits agricoles : Cette source de revenu sera inférieure à la moyenne à cause de la campagne pluviale attendue qui sera légèrement déficitaire pendant la première période de scenario. Mais au vu des prévisions saisonnières de la campagne de Contre Saison Froide qui sera aussi déficitaire, les revenus issus de la vente des produits agricoles seront inférieurs que d'habitude parce que les ménages pauvres vont vendre moins qu’en année normale pour éviter un épuisement de stock précoce.

Vente de bois : Cette source de revenue va augmenter parce que les ménages qui ont perdu les revenus issus de la main d'œuvre se lancent dans la collecte de bois malgré son interdiction.

Vente des produits de cueillette : Cette source va augmenter à cause de la bonne pluviométrie de 2015 qui va donner une production moyenne. Les fruits sauvages seront disponibles pendant la première période de scenario parce qu’entre novembre et décembre, les fruits sauvages sont récoltés et vendus pour générer des revenus comme en année normale.

La vente de poisson : Compte tenu de l’interdiction de pêcher à cause de l’insécurité causée par Boko Haram, les ménages pauvres auront moins recours au revenu issu de cette activité comme en année normale.

Les emprunts : Compte tenu de la mauvaise production céréalière cette année, les ménages nantis disposeront de peu de moyens pour octroyer des crédits cette année aux ménages pauvres, la demande en crédit va ainsi augmenter. Par conséquent, les ménages pauvres contracteront plus de crédit qu’en année normale au fur et à mesure qu'on s'approche de la période de soudure.

Les assistances humanitaires : Le niveau de l’aide humanitaire reste insuffisant et ne couvre que 45 pourcent des réfugiés et déplacés, mais les assistances sous forme de soutien à la résilience vont continuer.

Situation nutritionnelle : Le niveau des infections respiratoires aigües entre janvier et mars restera aussi égal aux années précédentes. Cependant avec les nouvelles récoltes, la bonne disponibilité laitière, l’intensification du maraichage et le renforcement des services de santé et la prise en charge de la malnutrition par les ONG, la situation nutritionnelle devrait s’améliorer jusqu'à fin février 2016 selon la tendance saisonnière. A partir de mars 2016, compte-tenu de la rupture des stocks dans les ménages et les maladies telles que la rougeole et la méningite qui sévissent dans la région pendant cette période, il se posera un problème global de santé et par conséquent la dégradation de la situation nutritionnelle et alimentaire sera accentuée.

Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire Les ménages pauvres de cette zone de moyen d’existence qui avaient eu un accès difficile déjà depuis le premier trimestre de 2015, verront s’améliorer leur situation alimentaire entre octobre et décembre grâce à un accès plus facile aux produits alimentaires du au bon niveau de stock céréalier issu des récoltes en cours, à la baisse des prix du mil et de maïs et à la disponibilité laitière, des produits halieutiques et maraîchers. A cet effet, les ménages pauvres arriveront à couvrir leurs aliments de base sans faire recours à des stratégies d’adaptation. A cet effet, la zone peut resteront en insécurité alimentaire aiguë de type Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en décembre 2016. Pendant la période de janvier à mars 2016, le niveau de stock céréalier des ménages pauvres et aises issu de la production pluviale d’octobre 2015 et de contre saison froide de février 2016 sera épuisée plus tôt que en année normale. Les ménages pauvres vont vendre leur main d’œuvre pour acheter des céréales au marché. Mais la diminution des stocks céréaliers des aisés va conduire à une plus faible rémunération de la main d’œuvre en nature et en espèces. La capacité des ménages hôtes et pauvres à faire face en accédant à la nourriture par d'autres sources (lait, produits de cueillette, emprunts) ne sera pas aussi avantageuse à cause de la hausse des prix du maïs et du mil. Par conséquent, ils seront en Phase de Stress (Phase 2 de l’IPC). Quant aux réfugiés, ils pourront couvrir leurs besoins alimentaires mais avec quelques difficultés et seront en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) avec assistance alimentaire.

Les régions de Bahr el Ghazel et Kanem ZME 05 – Zone centrale agropastorale

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Situation actuelle

Saison des pluies

L’installation tardive des pluies qui a retardé la mise en place des cultures n’a toutefois pas beaucoup influencé sur le développement végétatif des cultures. Dans une grande partie du Kanem et du Bahr El Ghazel, le prolongement des pluies jusqu’à fin septembre a permis aux cultures de boucler leur cycle. Cependant, le Nord Kanem n’a reçu sa première pluie qu’en mi-juillet avec des poches de sécheresse jusqu’à août. Le mil pénicillaire et le maïs sont en récolte. L’heure est aux cultures maraichères qui commencent à remplacer les cultures pluviales dans les ouadis du Kanem et du Bahr El Ghazel. Hydrologie

Jusqu’à cette date, le niveau hydrologique est acceptable dans les ouadis et bassins de rétention d’eau. Ce qui permet de

limiter le long déplacement des animaux à la recherche de l’eau contrairement aux années précédentes en cette période. Le

volume d’eau dans les bassins de rétention est jusque-là supérieur à celui de l’année dernière et proportionnellement égale

à la normale. Les pluies qui ont continué jusqu’à la deuxième décade du mois de septembre dans le Bahr El Ghazel et le Kanem

ont contribué favorablement à faciliter l’abreuvement des animaux.

Situation Phytosanitaire

Dans certaines parties du Nord Kanem et aux alentours de Mao, le mil pénicillaire qui a bien bouclé son cycle végétatif a

connu une forte attaque des oiseaux. Les résultats préliminaires de l’Enquête ENSA indiquent par ailleurs des ravages faits

sur les cultures par les ennemis des cultures.

Situation pastorale

La présence de l’herbe fraiche dans la zone en cette période contrairement aux années précédentes rend meilleures les

conditions pastorales. Le niveau de pâturage est supérieur à celui de 2014 dans le Kanem et égale à la moyenne dans le Bahr

El Ghazel. La descente des transhumants vers le sud en cette période, permet de réduire la pression sur le pâturage dans la

zone. Les transhumants sont aux alentours de Hadjer Lamis et du Chari Baguirmi et aussi entre le Kanem, Bahr El Ghazel et le

Hadjer Lamis. L’état d’embonpoint des animaux est meilleur par rapport à une année normale malgré que les herbes

commencent à se faner.

Les marchés de céréales et de bétail

Les prix des céréales sur les marchés de Mao et de Moussoro sont en hausse comparés à 2014 et à la moyenne quinquennale.

C’est le cas du mil à Moussoro qui est en hausse de 16,45 pourcent par rapport à Octobre 2014 et de 33 pourcent par rapport

à la moyenne des cinq dernières années. Pareil pour le sorgho à Mao qui est en hausse de 20 pourcent par rapport à la

moyenne quinquennale, bien qu’en baisse de 16 pourcent comparé à son prix d’Octobre 2014. L’incendie récent qui a ravagé

le marché de Mao a entrainé des dégâts assez importants. Cet incendie a diminué le niveau de stock commerçant à hauteur

de 10 pourcent environ. Cependant, grâce aux flux de maïs en provenance du Lac, le stock est en train d’être reconstitué. Le

déplacement de la population du Lac suite à la menace de la secte a occasionné l’abandon des champs par conséquent, cela

va affecter négativement le ravitaillement des marchés du Kanem et du Bahr El Ghazel. Quant au marché à bétail, l’offre est

importante qu’en année normale à cause de la fermeture de la frontière nigériane et l’insécurité en Lybie. Les prix restent

toujours inférieurs à l’année dernière. Cette situation est due en grande partie à la mise sur le marché des animaux des

transhumants pour se procurer du maïs.

Mouvement des populations

De nombreuses personnes ayant fuis l’insécurité et les attentats perpétrés par Boko Haram dans la région du Lac ont été

accueillis dans le Kanem. Le Kanem après le Hadjer Lamis est la zone qui accueille une grande partie de ces personnes

déplacées internes, mais l’on ne dispose pas de chiffres officiels les concernant, car la plupart regagnent généralement les

familles dans certains villages.

Situation alimentaire

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Grace à une production céréalière légèrement en hausse comparée à 2014, à l’exception du Nord Kanem (Nokou) et du Bahr

el Ghazel Nord qui connaissent déjà des difficultés alimentaires dû aux poches de sècheresse qu’ils ont connu durant la

campagne, et grâce à la bonne disponibilité laitière, la consommation alimentaire des ménages pauvres est normale parce

que la nourriture provient de leurs propres récoltes est des produits de leur bétail. L’argent reçu des transferts envoyés par

leurs parents depuis la capitale et d’autres régions permet aussi aux ménages pauvres de renforcer leurs stocks céréaliers,

tout comme les paiements en nature (céréales) reçus de la part de ceux qui ont migrés vers le Lac pour offrir leurs mains

d’œuvre.

Situation nutritionnelle Les résultats de l’enquête SMART réalisée du 1er au 11 juin 2015 révèlent une situation nutritionnelle préoccupante. La prévalence de la Malnutrition Aiguë Globale (MAG) selon la mesure poids/taille <-2 z-score et/ou œdèmes était de 22.1 pour cent (CI : 95%, 17.8-27.0), un seuil déjà critique selon la classification de l’OMS. Toutefois, selon les tendances saisonnières de la malnutrition dans le Kanem et du fait que la disponibilité alimentaire actuelle est satisfaisante, on peut s’attendre à une baisse de la malnutrition durant la période post-récolte.

Suppositions Le scénario le plus probable d’octobre 2015 à mars 2016 pour le Bahr el Ghazel/Kanem est basé sur les hypothèses suivantes :

La production locale pluviale : Elle sera meilleure par rapport à celle de l’année dernière suite aux bonnes pluies reçues entre juillet et septembre, et grâce aux semis à sec qui sont parvenus à maturité. Etant donné que le Kanem et le BEG sont des zones de faible production même en année normale et que la production moyenne ne pourra couvrir que 2 à 3 mois, elle production ne pourra ainsi couvrir les besoins alimentaires des ménages que tout au plus jusqu’en janvier 2016.

Production de contre-saison : Les semis de blé interviendront à partir de novembre/décembre avec des récoltes attendues en dessous de la moyenne à partir de mars/avril dans les ouadis du Kanem à cause de l'augmentation des superficies en maraichages au détriment de celles du blé.

Les ressources pastorales, les mouvements des animaux : Mis à part le Nord Kanem et Nord Bahr El Ghazel, le niveau de pâturage est supérieur à celui de l’année 2014, et plus ou moins égal à celui d’une année normale. On trouve encore de l’herbe fraiche dans la zone en ce moment. La disponibilité laitière est en baisse avec le départ des transhumants de la zone mais le lait restera tout de même disponible sur les divers marchés pendant encore au moins deux mois (jusqu’en novembre). Les transhumants et leur bétail sont encore présents dans les zones comme le sud Bahr el Ghazel et une partie du Kanem. Mais la grande partie a déjà quitté vers le Hadjer Lamis d’où ils continueront leur descente vers le sud du pays comme en année normale.

La main d’œuvre agricole : Le mouvement saisonnier des travailleurs du Kanem et du Bahr el Ghazel vers le Lac est faible comparé à une année normale parce que les opportunités liées à la main d’œuvre agricole dans la zone seront inférieures à la normale à cause des refugiés concentrés autour du Lac Tchad qui offrent leur service à des prix bas comparés à la période avant les évènements au nord du Nigeria. La main d’œuvre locale est beaucoup plus familiale et donc non rémunérée tout aussi bien pour les travaux de récoltes de cultures pluviales que pour le maraichage.

Le conflit et le mouvement des populations suite au conflit : Des déplacés en provenance du Lac qui ont fuis les exactions de Boko Haram sont signalés dans le Kanem et se sont intégrés dans les villages. Ils partagent le même repas avec les populations hôtes et pourront affecter la consommation alimentaire des ménages pauvres à partir de janvier 2016 quand les stocks céréaliers commencent d’être faibles.

Marchés à bétail : Les animaux seront toujours en abondance sur les marchés de la zone, maintenant les prix à la baisse à cause de la fermeture de la frontière avec le Nigeria et dont les mesures ne sont pas levées jusqu’à mars 2016.

Vente des produits agricoles : Ce sont surtout les produits maraichers qui seront mis sur les marchés à partir de février/mars mais en dessous de la normale afin de permettre aux ménages de diversifier leurs sources de revenus et satisfaire à leurs divers besoins.

Vente de bois/ paille : La vente de bois et de paille interviendra à partir de janvier jusqu’à mars mais en dessous de la normale à cause des mesures d’interdiction de coupe de bois.

Vente des produits de cueillette : La cueillette et vente des dattes a déjà commencé et va se poursuivre jusqu’en février comme en année normale.

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Les assistances humanitaires : Des ONG comme CRS ont commencé des interventions dans le nord Kanem et OXFAM, ACF, Alerte santé, MDM, SOS Sahel, FAO, PAM, UNICEF etc. poursuivent également leurs programmes d’assistance et de lutte contre la malnutrition. Les programmes de cash transferts des ONG continueront dans la zone afin de soutenir l’accès des ménages pauvres aux aliments de base.

Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire Entre octobre et décembre les ménages pourront se nourrir avec moins de difficulté grâce à leur propre récolte, et couvrir leurs besoins alimentaires sans recourir à des stratégies inhabituelles, soutenue par les transferts et les paiements en nature en compensation de leur offre en main d’œuvre. A cet effet, ils seront en insécurité alimentaire aiguë de type Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en décembre. Entre janvier et mars 2016, le niveau des stocks céréaliers des ménages pauvres issus de la production pluviale 2015 commencera à s’épuiser et la dépendance au marché sera accrue. Les ménages intensifieront le maraichage, la vente de bois de chauffe/paille, vente des produits de l’artisanat, la fabrication et vente de briques, la vente de volaille et de petits ruminants, ainsi que le recours aux transferts d’argent etc. afin de faire face à leurs besoins alimentaires et accéder à la nourriture. Les sources d’aliments tels que le lait et les produits de cueillette seront moins disponibles après décembre. Le niveau des pâturages va régresser considérablement et l’eau des ouadis ne sera plus disponible après fin janvier. Par conséquent, les ménages pauvres auront une consommation alimentaire réduite et ne pourront pas se permettre des dépenses non alimentaires et seront ainsi en Stress (Phase 2 de l’IPC).

La partie sud et centrale de la région de Wadi Fira

Le cumul pluviométrique saisonnier au 30 septembre 2015 est largement inférieur à celui de l’année dernière sur la même période dans la majeure partie des stations suivies. La production céréalière 2015/2016 est en baisse par rapport à celle de l’année dernière. Le mil pénicillaire connait une baisse de production de 23 pour cent par rapport à la production de 2014/2015 et de 61 pour cent comparée à la moyenne quinquennale. Tandis que le sorgho est en baisse de 33 pour cent comparé à 2014/2015 et de 60 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Quant aux oléagineux, l’arachide par exemple, est en baisse de six pour cent par rapport à l’année 2014/2015 et 53 pour cent par rapport à la moyenne de cinq dernières années. Sur les quatre départements, seul celui de Dar Tama et une partie d’Am-zoer vers Dar-Tama qui avaient enregistré une bonne production. Compte tenu de la baisse de production céréalière, le niveau de stock des ménages pauvres ne pourra couvrir que trois mois de consommation en moyenne au lieu de six mois comme en année normale. Les ménages vont commencer à dépendre des achats sur le marché à partir de janvier au lieu de mars/avril comme en année normale. L’indice saisonnier des prix du mil sera en hausse à partir de mars. Les revenus issus du maraichage seront très limités parce que la nappe phréatique n’est pas bien chargée et les marres semi permanentes ont séché en octobre au lieu de fin décembre 2015. Malgré le mouvement des jeunes vers les zones d’orpaillage dans le Borkou-Ennedi-Tibesti, les ménages pauvres, n’auront pas suffisamment de revenus pour acheter de la nourriture sur le marché à partir de janvier. La vente de bois de chauffe sera limitée à cause de l’interdiction de cette activité par les autorités administratives. La hausse atypique des prix des céréales (245 FCFA le kg de mil en octobre 2015 à Biltine contre 230 FCFA la moyenne quinquennale pendant la même période soit +7 pourcent), et la baisse du prix du bétail pendant cette période (11 000 FCFA/mouton moyen en octobre 2015 à Biltine contre 18 000 FCFA la moyenne quinquennale) limiteront considérablement l’accès aux céréales par les ménages pauvres et très pauvres et ne leur permettront par conséquent pas de combler le déficit alimentaire. La soudure pastorale sera précoce à partir de mars-avril au lieu de mai-juin en année normale suite à la faible disponibilité fourragère qui conduira à des conditions physiques médiocres pour les animaux. La vente de bétail qui constitue la source de revenu la plus importante pour les ménages de la zone, leur rapporte beaucoup moins d’argent à cause de la chute des prix consécutive à la limitation des exportations vers les pays voisins. Octobre-décembre 2015 coïncide avec le début des récoltes. Les sources de nourriture et de revenu vont s’améliorer grâce aux nouvelles récoltes et à la production laitière qui sera comme en année normale. A cet effet, la plupart des ménages pauvres seront capables de couvrir leurs besoins alimentaires et non-alimentaires sans recourir à des stratégies d’adaptation inhabituelles, ni dépendre de l’assistance alimentaire et resteront en Phase Minimale (Phase 1 de l’IPC). Entre janvier et mars, le revenu de la plupart des ménages pauvres va baisser à cause de la fin des activités agricoles pluviales. Les localités qui pratiquent le maraichage pourront rehausser leurs revenus journaliers, mais une grande partie va dépendre essentiellement

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TCHAD Perspective sur la sécurité alimentaire Octobre 2015 à Mars 2016

Le Réseau de Systèmes d'Alerte Précoce contre la Famine 14

de la vente de paille et de bois ainsi que de l’emploi journalier (transport de briques, boue, sable), de la vente des produits maraichers, de bétail, poulet et transfert d’argent. La vente d’eau devient une activité très rentable (1 pousse-pousse coute actuellement 1 000 FCFA contre 500 FCFA en août) à cause de la crise en eau et de la très forte demande pour assurer une partie de leurs besoins alimentaires et non alimentaires. Cependant, la situation alimentaire va se dégrader à cause de la forte dépendance au marché avec l’épuisement précoce des stocks céréalière, et les difficultés d’accès au marché suite à l’augmentation des prix des denrées à partir de sources d’approvisionnement. La consommation laitière va baisser à cause de la descente précoce des transhumants due à l’assèchement des marres semi-permanentes. Donc, à partir de janvier 2016, la plupart des ménages vont réduire leurs dépenses non-alimentaires pour assurer une consommation alimentaire réduite et d’adéquation minimale. A cet effet, la zone sera en Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu'à mars, juste avant la soudure pastorale. La précocité de la soudure pastorale et agricole va aggraver la situation alimentaire avec le risque d’une Crise (Phase 3 de l’IPC) alimentaire à partir du mois d’avril 2016.

EVENEMENTS QUI POURRAIENT CHANGER LES SCENARIOS Table 1. Événements possibles dans les prochains six mois qui pourraient changer les scenarios ci-dessus.

A PROPOS DE L’ÉLABORATION DE SCENARIOS Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Zone Evénement Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire

National Les conflits au Nigeria et Libye qui pourrait ralentir les flux transfrontaliers avec la Libye et des exportations du bétail vers le Nigeria

Baisse des revenus des éleveurs entre janvier et mars et difficultés de faire face aux besoins alimentaires pendant la période de soudure

BEG/Kanem

Réduction importante des flux de céréales (surtout du maïs) en provenance du Lac

Baisse des stocks commerçants et hausse atypique des prix des céréales avant la période de soudure

Lac Fermeture/dysfonctionnement des marchés du à l’insécurité causé par Boko Haram

Impact très important sur le commerce local et une pression sur les moyens d’existence et la consommation alimentaire des plus pauvres.