tertullien - contre marcion livre 2

7/24/2019 Tertullien - Contre Marcion Livre 2

1/29

Tertullienpre de l'glise

Contre Marcion - livre 2

Le nouvel ordre de cet ouvrage dont nous avons annonc les vicissitudes dans unecourte introduction, nous a procur un autre avantage, c'est qu'en discutant contreMarcion le double principe, il nous a t loisible d'assigner chacun des deux, son

titre et son livre spcial, conformment la division de la matire; par consquent,ici de montrer qu'un de ces dieux n'existe pas, l, de venger les droits et la dignitdu ieu mconnu, puisqu'il avait plu l'habitant du !ont d'introduire l'un et debannir l'autre" !ouvait#il en effet difier $e mensonge autrement que sur les ruinesde la vrit% &l lui fallut renverser ce qui existait d, pour lever son s(stme" &lb)tit sur des chimres, parce que la ralit lui chappe" &l fallait discuter seulementce point qu'il n'( a point d'autre dieu que le ieu *rateur, afin que le faux dieudtr+n, on n'ait plus s'occuper que du vrai ieu la faveur des rgles certainesqui font connatre une divinit unique et parfaite" -insi, constater qu'il n'en existaitpas d'autre, c'tait d'abord prouver son existence" .nsuite il rsultait de l que ceieu, quel qu'il f/t, il convenait de le reconnatre sans controverse, de l'adorer et

non de le uger, de travailler nous le rendre favorable, plut+t que de le mettre endiscussion ou de le redouter cause de ses vengeances" .n effet, quelle ncessitplus pressante pour l'homme que d'honorer le ieu vritable qui se prsente luipour ainsi dire, puisqu'il n'( en a pas d'autre" 012

-uourd'hui c'est le ieu tout#puissant, le matre, le *rateur de l'univers qui estmis en cause, sans doute, 'imagine, parce qu'il est connu ds le berceau dumonde, parce que amais il n'a t cach, parce qu'il a touours brill sans nuage,long#temps avant 3omulus, loin d'avoir commenc sous 4ibre, comme on leprtend"

&l n'est mconnu que des hrtiques qui le citent leur tribunal" *omme il faut undieu tout prix, ils s'en sont fait un au gr de leurs caprices, aimant mieux lecensurer que le nier" $e crois voir des (eux aveugles ou malades qui, incapables desoutenir l'clat de la lumire, demandent un soleil plus tempr ou plus accommod leur faiblesse" 5ectaire extravagant, le soleil qui illumine et gouverne ce monde estunique" -lors m6me que tu l'insultes, touours bon, touours utile, qu'il te blesse out'importune par l'abondance de ses ra(ons, qu'il te paraisse mprisable, ou dgrad,peu importe, il n'en est pas moins d'accord avec la raison de son 6tre"


2/29

#### 4u ne peux l'entrevoir, dis#tu7

####4a vue dbile supporterait#elle mieux les clarts de tout autre soleil s'il enexistait un second% que sera#ce de celui qui surpasse tous les soleils% 4oi quit'blouis devant une divinit infrieure, que feras#tu devant une divinit plussublime% *rois#moi, pargne ta faiblesse7 *esse de te eter imprudemment dans lepril7 8'as#tu pas un ieu certain, indubitable, que lu as suffisamment entrevuaussit+t que tu as dcouvert qu'il est celui que tu ne connais pas, celui du moins quetu ne connais qu'autant qu'il l'a voulu lui#m6me% 4u acceptes bien un dieu en vertude cette connaissance; mais en vertu de ton ignorance, tu le discutes insolemment,que dis#e% lu vas usqu' l'accuser, comme si tu avais pntr les m(stres de sanature" 5i tu le connaissais, tu ne le blasphmerais pas; lu ne le rfuterais pas" 4u luirestitues son nom, 'en conviens; mais la vivante substance cache sous ce nom,mais la grandeur ternelle, appele ieu, tu la nies audacieusement, faute depouvoir 019 embrasser dans les mains une immensit qui cesserait d'6treincommensurable, si l'homme en avait la mesure" &l entrevo(ait d'avance les c:ursdes hrtiques, le prophte &sae, quand il s'criait; < =ui a connu les penses du

5eigneur% qui a#t#il demand conseil% qui l'a instruit% les routes de l'intelligenceet de la sagesse, qui les lui a ouvertes% > L'ap+tre a tenu le m6me langage? < @profondeur des trsors et de la sagesse de ieu7 que ses ugements sontincomprhensibles7 > Avoil le uge? B < que ses voies sont impntrables7 > Avoil lasagesse et la science" B 5cience, sagesse que personne ne lui a rvles, moins qu'ilne les tienne de ces superbes dtracteurs qui s'en vont rptant? < Coil qui estindigne de ieu7 &l convenait la sagesse de faire autrement7 comme si quelqu'unpouvoit pntrer dans les conseils de ieu, except l'.sprit de ieu7 *eux qu'animel'esprit du monde, ne reconnaissant point de ieu dans leur propre sagesse, se sontdit? 8ous sommes plus clairvo(ants que ieu" > !ourquoi% Le voici? < e m6meque la sagesse du monde est folie aux (eux de ieu, de m6me la sagesse de ieu

est folie aux (eux du monde? mais nous, nous savons que la folie de ieu est plussage que les hommes; et la faiblesse de ieu plus forte que les hommes"> !ar consquent amais ieu n'est plus grand que l oD il parait petit aux regardsde l'homme; amais plus misricordieux que l oD sa bont se voile; amais plusindivisible dans son imit que l oD l'homme aperEoit deux

ou plusieurs principes" =ue si ds le berceau du monde, < l'homme animal, fermantla porte aux dons de ieu, > taxa de folie la loi qu'il avait commenc detransgresser; si en aburant la soumission, il fut dshrit des trsors qu'il possdaitd, la gloire du paradis, et la douce familiarit de son ieu, par laquelle il e/t tout

connu, s'il avait persvr dans l'obissance, m'tonnerai#e que rendu son lmentprimitif, esclave relgu dans la prison de la terre, condamn fconder la terre deses sueurs, incessamment courb 011 vers la terre, il ait communiqu l'esprit dumonde, grossire manation de la terre, toute sa postrit, animale comme lui,hrtique comme lui, et fermant son c:ur aux choses de ieu% =u'-dam rebelle son crateur et substituant sa volont dsordonne celle de son matre, ait ouvert lapremire porte aux invasions de l'hrsie, dont l'acception originaire dsigne unchoix, une prfrence, qui n'en conviendra% &l est bien vrai que le vase d'argile n'aamais dit au potier?


3/29

t sduit" =ui l'avait sduit% &l ne le dissimula point davantage" &l dsobit; mais iln s'emporta point en blasphmes contre le *rateur" &l ne censura point l'auteurdont il avait prouv ds l'origine toute la bont, et qu'il ne convertit en uge svreque par une volontaire prvarication" &l est vrai, encore un coup" -ussi -damn'tait#il qu'un novice en fait d'hrsie"

!uisque nous voici arrivs la discussion du ieu connu, si l'on demande queltitre il l'est, il faudra dbuter ncessairement par les :uvres antrieures l'homme,afin que la bont de ce ieu, rvle aussit+t que lui#m6me, et reposant depuis lorssur une base indestructible, nous fournisse un mo(en d'apprcier l'ordre et lasagesse des oeuvres suivantes"

isciples de Marcion, une fois instruits de la bont de notre ieu, vous pourreF lareconnatre digne de la divinit aux m6mes conditions qui tout l'heure vousdmontraient que cette vertu manquait de sagesse dans votre idole" 'abord ce vasteunivers, par lequel il s'est rvl, notre ieu loin de l'avoir mendi autrui l'a tirde sonpropre fonds, l'a cr pour lui#m6me" La premire manifestation de sa bont

fut donc de ne pas permettre que le ieu vritable rest)t ternellement sans tmoin,qu'est#ce dire% d'appeler la vie des intelligences capables de le connatre, G a#t#il, en effet, un bien comparable la connaissance et la possession de la divinit%=uoique ce bien sublime f/t encore sans apprciateur, faute d'lments auxquels ilse 01H manifest)t, la prescience de ieu contemplait dans l'avenir ce bien qui devaitnatre, et le confia son infinie bont, qui devait disposer l'apparition de ce bien,qui n'eut rien de prcipit, rien qui ressembl)t une bont fortuite, rien qui tntd'une rivalit alouse, et qu'il faut dater du our oD elle commenEa d'agir" *'est ellequi a fait le commencement des choses; elle existait donc avant le premier momentoD elle se mit l':uvre" e ce commencement qu'elle fit, naquit le temps dont lesastres et les corps lumineux nous marquent la distinction, l'enchanement et les

rvolutions diverses" < &ls vous serviront de signe, a#t#elle dit, pour supputer letemps, les mois, les annes" > -insi point de temps avant le temps pour celle qui afait le temps" !oint de commencement avant le commencement pour celle qui acr un commencement"

-insi, n'a(ant pas commenc et n'tant pas soumise la mesure du temps, on nepeut voir en elle qu'une dure immense et infinie, on ne peut la regarder commesoudaine, accidentelle, provoque agir; elle n'a rien qui puisse lui donner quelqueressemblance avec le temps, elle est ternelle, sortie du sein de ieu, et parconsquent regarde comme sans fin, et par l m6me digne de ieu, couvrant dehonte la prtendue bont du dieu de Marcion qui est bien au#dessous d'elle, non#seulement sous le rapport du commencement et de la dure, intrieure m6me en

malice, si toutefois la malice peut se m6ler l'ide de bont"

-insi lorsque, du fond de son ternit, la bont divine eut destin l'homme connatre ieu, elle mrita sa reconnaissance par un autre point" -vant de l'arracherau nant, elle lui prpara pour domicile passager la masse imposante de l'univers, etdans l'avenir un sour plus magnifique encore, afin que la sagesse ternelle se ou)tdans les petites choses comme dans les grandes, se rvl)t de toutes parts, et que lacrature pass)t des merveilles de la terre aux ineffables merveilles de l'ternit"


4/29

ieu couronne une :uvre bonne, par son Cerbe, ministre excellent" 01I

< Mon c:ur, dit#il, a produit une parole excellente" > =ue Marcion reconnaisse dl'excellence du fruit l'excellence de l'arbre" *ultivateur inhabile, c'est toi qui surl'arbre du bien entas une greffe mauvaise" Mais la greffe du blasphme neprvaudra point, elle schera avec la main qui l'a faite? et attestera ainsi la natured'un arbre bon"

Co(eF rapidement quel point cette parole a fructifi" < ieu dit? =ue cela soit, etcela fut, et ieu vit que cela tait bon" > 8on qu'il ait besoin d'( arr6ter ses (euxpour en apercevoir la bont" Mais, son :uvre tant bonne, il la voit telle qu'elle est,il l'honore d'un regard de complaisance, il souscrit sa perfection, il ( contempleles traits de sa sagesse" -insi appelle#t#il bon ce qu'il a cr bon, pour te montrerque ieu tout entier est bont, soit qu'il parle, soit qu'il agisse" La parole ne savaitpas maudire encore, parce que le mal n'tait pas n" 8ous verrons quelles

causes contraignirent le *rateur maudire" .n attendant, quels que soient les r6vesdes sectaires, le monde tait compos d'lments bons, authentique tmoignage del'immensit du bien qui attendait l'homme pour qui seul avaient t crs cesprodiges" .n effet, quel h+te plus digne d'habiter les :uvres de ieu que < l'imageet la ressemblance de ieu, > laquelle la bont souveraine apporta plus de soinqu' tout le reste, qu'elle faEonna, non point avec l'accent imprieux d'un matre,mais d'une main amie, et commenEant par cette douce parole?


5/29

ernier acte de misricorde qui leur signalait les funestes consquences de latransgression, de peur que l'ignorance du pril ne favoris)t l'infraction du prcepte"5i la promulgation de la loi tait marque au coin de la sagesse, la m6me sagessedemandait que, pour faire respecter la loi, un ch)timent f/t assign laprvarication" Mais ne l'oublions pas7 annoncer d'avance le ch)timent, c'tait ne pasle vouloir" 3econnais donc la bont de notre ieu" .lle se manifeste de toutes parts,dans les :uvres, dans le langage, dans les misricordes, dans les prvisions, dansles prceptes, dans les avertissements"

-bordons les difficults"

*hiens immondes, que l'ap+tre chasse de l'assemble 01 sainte, vous qui abo(eFcontre le ieu de vrit, voici les raisonnements qui sont toute votre p)ture"

< 5i votre dieu est bon, puisqu'il avait la prescience de l'avenir et le pouvoird'emp6cher le mal, pourquoi a#t#il souffert que l'homme, l'homme son image et saressemblance, ou plut+t sa substance elle#m6me par l'origine de son ame, se laiss)t

surprendre par le dmon, et infidle la loi tomb)t dans la mort% 5i la bontconsistait ne rien vouloir de pareil, la prescience ne pas ignorer l'vnement, lapuissance l'carter, amais ne serait arriv ce qu'il pouvait advenir avec ces troisconditions de la maest divine" !uisque cela est arriv, il est donc certain que labont, la prescience, le pouvoir de votre ieu sont de vaines chimres" La chutee/t#elle t possible si ieu tait ce que vous le faites% .lle est arrive; donc votreieu n'a ni bont, ni prescience, ni pouvoir" >

-vant de rpondre, 'ai besoin de venger dans le *rateur le triple attribut qu'on luiconteste" $e ne m'appesantirai pas long#temps sur ce point" $'ai pour moi le principepos par le dieu de Marcion lui#m6me? < Les preuves doivent commencer par les:uvres" > .h bien7 puisque les :uvres du *rateur sont bonnes comme nous l'avonsdmontr tout l'heure, elles attestent sa bont" Leur grandeur, il ( a plus, leurconqu6te sur le nant, atteste galement sa puissance" Jussent#elles m6me cres l'aide de quelque matire prexistante, comme le veulent ermogne et les siens, onpourrait encore dire qu'elles ont t cres de rien, puisqu'elles n'ont pas touours tce qu'elles sont" !our renfermer ma pense en un mot, ces :uvres sont grandesparce qu'elles sont bonnes; ieu est puissant parce que tout lui appartient, d'oD luiest venu le nom de 4out#!uissant"

Mais que dire de sa prescience, qui compte autant de tmoins qu'il a inspir deprophtes% $e n'en veux pas de plus magnifique attestation que la sagesse aveclaquelle 0HN l'auteur de l'univers a dispos toutes ces cratures, prvues par sa

prescience" 5i la pense ternelle n'avait pas lu dans l'avenir la transgression de laloi qu'elle imposait, elle n'aurait pas plac sous la menace de la mort la transgressionet donn ainsi une garantie contre la transgression? or puisqu'il ( a en ieu desattributs qui ne permettent pas qu'aucun mal ait pu, ail d/ arriver l'homme, ce malexistant, examinons la nature de l'homme, et vo(ons si ce n'est pas de la nature del'homme, et non pas de la nature


6/29

de ieu, que provient ce mal"

$e remarque d'abord que l'homme a t cr libre, dpendant de son propre arbitre,se gouvernant par sa propre puissance" 4el est surtout le c+t par lequel il estvraiment l'image et la ressemblance de ieu" =u'on ne s'( trompe pas7 *e n'estpoint par le visage et les linaments du corps si varis dans le genre humain, quel'homme a t faEonn l'image de ieu; c'est dans la substance mane de ieului#m6me, c'est##dire dans son ame qui rpond la forme de ieu, qu'il a tmarqu du sceau de sa libert et de sapuissance" La loi elle#m6me que ieu luidicta confirme ce privilge" - quoi bon des lois pour qui n'aurait pas t matre des'( soumettre ou non% -" quoi bon des menaces de mort pour la transgression de laloi, si le mpris de la loi n'est pas un acte libre et spontan% M6me conduite dansles prceptes postrieurs du *rateur qui place constamment devant l'homme le f/t dote du libre arbitre et de l'indpendance, caractresaugustes qui manifestassent tous les regards l'image et la ressemblance du 4rs#aut" !our cela, il fut donn l'homme une substance honore de ce privilge,souffle d'un dieu libre et ne dpendant que de lui#m6me, 'ailleurs n'e/t#il pas tcontradictoire que l'unique possesseur de l'univers, le roi de la cration, ne rgn)tpoint avant tout par l'empire de son ame, matre des autres, esclave de lui# m6me%

Quvre donc les (eux, + Marcion7 3econnais la bont de ieu au prsent qu'il fait l'homme; admire sa sagesse dans cette combinaison" 4outefois n'invoquons ici que labont qui nous a dparti cet auguste privilge" La sagesse trouvera sa part ailleurs"

.n effet, ieu seul est bon de sa nature" *elui qui possde un attribut incr, ne lepossde point par communication, mais par essence" !our l'homme, :uvre toutentire de cration, qui eut un commencement et reEut dans le principe sa forme etson mode d'existence, il n'est pas 0HR inclin au bien par sa nature, mais par


7/29

accident, il ne le possde point comme un domaine lui, mais titre de concession,sous lebon plaisir d'un souverain de qui mane tout ce qui est bon" Mais pour quece favori du ciel e/t aussi son apanage, mancip son profit par le *rateur lui#m6me; pour que le bien devnt sa proprit, 'allais dire sa nature, la libert, le librearbitre lui fut accord comme une balance tenant l'quilibre entre le bien et le mal"Sr)ce cette noble indpendance, ainsi le demandait la sagesse, l'homme fut mis m6me d'oprer le bien comme on gouverne un domaine soi, en vertu de sasouverainet, sous les inspirations d'une volont matresse d'elle#m6me, quin'agissait pas plus par flatterie que par crainte" &l ne suffisait point que l'homme f/tbon par communication, il fallait encore qu'il le f/t par choix, comme par uneproprit de son 6tre, afin que devenu plus fort contre le mal, il p/t, matre de sesactions, et libre comme son auteur, triompher des assauts que la !rovidence avaitprvus" .nleveF#lui son libre arbitre; enchan au bien par la ncessit, au lieu de s'(porter spontanment, il est assuetti d'autre part, en vertu de l'infirmit de sa nature,aux invasions du mal, touours esclave, tant+t du mal, tant+t du bien" La plnitudedu libre arbitre lui fut donc accorde pour l'un comme pour l'autre, afin ques'appartenant constamment lui#m6me, il se maintnt volontairement dans le bien,

ou se et)t volontairement dans le mal"

'ailleurs les ugements de ieu attendent l'homme au terme de sa carrire" &l fallaitbien que l'homme en proclam)t la ustice par les mrites d'un choix libre etspontan" =ue la libert disparaisse; que l'homme se ette dans le vice, ou s'attache la vertu indpendamment de sa volont, par les lois d'une ncessit aveugle, oDseraient la ustice de la rcompense, la ustice du ch)timent% 4el a t le but de laloi" Loin d'exclure la libert, elle la confirme, .lle repose sur une fidlit ou unerbellion toute 0H2 volontaire; aussi cette double route s'ouvre#t#elle devant lalibert"

5'il est vrai que la bont et la sagesse divines caractrisent le don fait l'homme,perdant de vue la premire rgle de la bont et de la sagesse qui doit marcher avanttoute discussion, n'allons donc pas condamner une chose d'aprs l'vnement, nidcider en aveugles que l'institution est indigne de ieu, parce que l'institution at vicie dans son cours" Mais plut+t entrons dans la nature du fondateur qui a d/procder ainsi" !uis, genoux devant son :uvre, abaissons nos regards plus bas"

5ans doute, quand on trouve ds les premiers pas la chute de l'homme, avant d'avoirexamin sur quel plan il a t conEu, il n'est que trop facile d'imputer l'architectedivin ce qui est arriv, parce que les plans de sa sagesse nous chappent" Mais

aussit+t que l'on reconnat sa bont ds le dbut de ses :uvres, elle nous persuadeque le mal n'a pu maner de ieu, et la libert de l'homme, dont le souvenir seprsente nous, s'offre comme le vritable coupable du mal commis"

!ar l tout s'explique" 4out est sauv du c+t de ieu, c'est##dire l'conomie de sasagesse, les richesses de sa prescience et de son pouvoir" *ependant tu es en droitd'exiger de ieu une grande constance, et une inviolable fidlit ses institutions,afin que ce principe tant bien tabli, tu cesses de nous demander si les vnementspeuvent matriser la volont divine" Pne fois convaincu de la constance et de la


8/29

fidlit d'un dieu bon, constance, fidlit qu'il s'agit d'appu(er sur des :uvresempreintes de sagesse, tu ne t'tonnerasplus que ieu, pour conserver dans leurimmutabilit les plans qu'il avait arr6ts, n'ait pas contrari des vnements qu'il nevoulait pas" .n effet, si originairement il avait remis l'homme, la libert de segouverner par lui#m6me, et s'il a t, digne de la maest supr6me d'investir lacrature de cette noble indpendance, point que nous avons 0H9 dmontr,consquemment il lui avait remis aussi le pouvoir d'en user" La force de l'institutionle veut ainsi" Mais quelle ouissance lui laissait#il% Pne ouissance qui par rapport ieu, devait 6tre rgle d'aprs ieu lui#m6me, qu'est#ce dire% selon ieu et pourle bien" $e le demande, remet#on des armes contre soi#m6me% !ar rapport l'homme, elle tait abandonne aux mouvements de sa libert elle# m6me" =uand onaccorde une facult, s'avise#t#on d'en contraindre ou d'en limiter l'exercice%

&l tait donc consquent que ieu n'intervnt plus dans la libert qu'il avait une foisdpartie l'homme, c'est##dire qu'il renferm)t en lui#m6me la prescience et latoute#puissance par lesquelles il aurait pu emp6cher que l'homme, essa(ant de faireun mauvais usage de sa libert, ne tomb)t dans le mal" &ntervenir dans celle

circonstances c'tait anantir le libre arbitre qu'il lui avait confi avec tant de bontet de sagesse" 5upposons qu'il soit intervenu" 5upposons qu'il e/t touff le librearbitre, en arr6tant la main pr6le toucher l'arbre fatal, en loignant l'insidieuxserpent de la prsence de la femme, n'est#ce pas alors que Marcion se f/t cri? < Qmatre inconsquent avec lui# m6me7 caractre mobile, infidle son :uvre, brisantce qu'il avait fait7 - quoi bon permettre le libre arbitre pour l'enchaner ensuite% -quoi bon l'enchaner aprs l'avoir permis% &ntervention violente, ou institutionmaladroite, il n'a ici que le choix du bl)me" s qu'il met des entraves l'usage dela libert, n'est#ce pas alors qu'il parat s'6tre tromp, impuissant, qu'il tait prvenir l'avenir% =u'il ait dparti cette faveur sans savoir quelle en serait l'issue,on ne peut manquer de le confesser" .n vain sa prescience lui montrait l'homme

abusant un our de ses dons, quelle chose convenait mieux la dignit supr6mequ'une immuable fidlit ses institutions, n'importe l'vnement% - l'homme devoir dans ce cas s'il 0H1 n'avait pas follement dpens le trsor qu'il avait reEu7 Luiseul e/t dsobi une loi qu'il n'aurait pas voulu suivre" Mais il n'appartenait pointau lgislateur de frustrer lui#m6me sa loi en ne permettant pas l'accomplissementdu prcepte" >

Coil quel langage tu tiendrais avec raison contre le *rateur, si en vertu de saprovidence et du pouvoir que tu rclames de lui, il s'tait oppos au libre arbitre del'homme" .h bien7 puisque le *rateur s'est conform des institutions empreintesde bont et de sagesse dans leur origine, h)te#toi de rendre intrieurement hommage sa gravit, sa patience, sa fidlit"

.n effet, il n'avait pas tir l'homme du nant uniquement pour qu'il e/t vivre de lavie matrielle, mais encore de la vie de la ustice, conformment ieu et sa loi"La vie animale, il la lui avait communique lui# m6me, en lui soufflant, selon lelangage sacr, < une ame vivante" > =uant la vie dans le bien, il la lui avaitrecommande en l'avertissant de respecter la loi" *elui#l prouve donc que l'hommen'a pas t cr pour la mort, qui dsire auourd'hui le rtablir dans la vie, < aimantmieux le repentir du pcheur que sa mort" > !ar consquent, de m6me que ieu


9/29

avait voulu pour l'homme un tat de vie, de m6me l'homme se prcipita dans un tatde mort, et cela non point par infirmit, non point par ignorance, en sorte que rienne peut 6tre imput au *rateur" =uoique le sducteur f/t un ange, celui qui a tsduit tait libre et matre de lui#m6me; il tait


10/29

la vrit, seule prohibition impose l'image" Pne image a beau rendre les traitsd'un modle vivant et anim, elle demeure touours dpourvue de vie et demouvement" 4elle est l'aine par rapporta l'esprit" .lle n'a pu reproduire le privilgede l'impeccabilit, sa vertu distinctive" -utrement, elle cesserait d'6tre ame pourdevenir un vritable esprit, et l'homme qui la possde un dieu"

!oursuivons? il faudrait que tout ce qui mane de ieu f/t transform en ieu, pourque lu eusses le droit d'riger son souffle en divinit, c'est##dire en 6tre infaillible"5ouffle dans une fl/te" -s#tu converti l'instrument en homme pour l'avoir anim deton souffle% La m6me chose se passa dans ieu quand il anima l'homme de sonesprit" .nfin, les livres saints nous apprennent formellement < qu'il rpandit sur levisage du premier homme un souffle de vie, et qu'il lui donna une ame vivante" > &lsne disent pas qu'il lui ail communiqu l'esprit vivifiant" &l spara cet 6tre nouveau desa propre substance" 4out ouvrage est ncessairement distinct de l'ouvrier, c'est##dire infrieur l'ouvrier" Le vase qui sort des mains du potier n'est pas le potier" em6me, le souffle cr par l'esprit ne sera point l'esprit" !rends#( garde" Le nomm6me de souffle, donn 0HK l'ame, indique asseF qu'elle a t cre dans un degr

d'infriorit"

#### < .h bien7 voil que vous donneF l'aine une faiblesse que vous lui refusieFtout l'heure" >

#### -lors que tu prtends l'galer ieu, c'est##dire la faire exempte de pch, esoutiens qu'elle est faible" Mais s'agit#il de la rapprocher de l'ange% e suis forc dertablir dans sa prminence ce roi de la cration que les anges s'empressent deservir; il ( a plus, < qui ugera les anges au dernier our, > s'il persvre dans la loide ieu, ce qu'il n'a pas voulu dans l'origine" Le souffle de ieu a donc puprvariquer" &l l'a pu, mais il ne l'a point d/" &l l'a pu par l'infirmit de sa substance,souffle qu'il tait et non pas esprit" Mais il ne le devait pas en vertu de son librearbitre, en tant qu'il tait libre et non esclave"

Qutre cette libert, il avait encore la menace de la mort, nouvel appui offert safragilit, pour gouverner la libert de ses dcisions" -insi, que l'ame ait pch, onpeut dire que ce n'est point par son principe qui l'assimile ieu, mais par son librearbitre associ cette substance, facult que ieu lui avait accorde avec une hautesagesse, mais que l'homme a incline du c+t oD il l'a voulu" 5i tel est l'tat deschoses, les plans du *rateur demeurent ustifis du reproche de mal" Le librearbitre ne reettera plus la faute sur l'auteur de qui il mane, mais sur la

crature qui en a perverti l'usage" .n un mot, quel mal attribuer au *rateur% Laprvarication de l'homme% Mais ce qui appartient celui#ci n'appartient point ieu? on ne peut considrer comme auteur du dlit celui qui le dfend, e n'ai pas ditasseF, celui qui le condamne" 5i la mort est un mal, il faut en reeter l'odieux non surcelui qui a dit? < Cous mourreF, > mais sur le tmraire qui a brav cette menace, .nmprisant la mort, il cra la mort" 5ans son mpris, elle n'e/t amais exist"

Cainement, on reporterait de l'homme au dmon l':uvre du mal, comme a(ant t


11/29

l'instigateur de la 0H prvarication, afin de renvo(er la faute au *rateur, parce quele 4out#puissant, qui cra les esprits < pour 6tre ses messagers, > est l'auteur dudmon" La substance anglique, sortie pure des mains divines, voil ce quiappartient au *rateur" Mais ce que ieu n'a pas fait, c'est le diable; reste donc qu'ilse soit fait lui#m6me le dlateur qui reette sur ieu cette fausse accusation? < ieuvous a" dfendu de toucher tous ces arbres; vous pouveF en manger sans mourir" &lne vous a impos ces dfenses que parce qu'il vous envie la divinit" > Jourberieenvers les hommes7 blasphme envers la divinit7 Pne malice si profonde peut#ellevenir de ieu% non, sans doute" &l avait marqu l'ange de la m6me bont qui clataitdans tout le reste de ses :uvres" =ue dis#e% il l'avait dclar le plus sage de tousavant sa chute, moins que Marcion neprenne la sagesse pour un mal" !arcours lesprophties d'.Fchiel; tu remarqueras sans peine que cet ange, bon dans sonorigine, ne se corrompit que par les mouvements de sa volont" &l s'adresse ainsi audmon dans la personne du roi de 4(r? < La parole divine retentit mes oreilles ences mots? Jils de l'homme, commence un chant lugubre, sur le roi de 4(r, et dis#lui?Coici comment parle le 5eigneur? 4u es le sceau de la ressemblance" > A=u'est#ce dire% 4u reproduis l'intgrit de l'image et de la ressemblance"B < 4u es plein de

sagesse; toi la couronne de la beaut" > A*es paroles le dclarent le plus levparmi les anges, archange, suprieur tous en sagesse"B c'est##direla somme de ses prvarications" Mais substance spirituelle, il n'en avait pas moinsreEu la libert du bien ou du mal" ieu e/t#il refus ce privilge un 6tre voisin de


12/29

lui%

4outefois en le condamnant d'avance, il nous donna un tmoignage formel quec'tait par une dpravation personnelle et toute volontaire que l'ange avait failli" eplus, en mesurant le sursis ses :uvres, il demeura fidle aux 0IO calculs de sasagesse, qui aournait l'anantissement du dmon dans le m6me but qu'elle aournaitle rtablissement de l'homme" &l ouvrit ce combat de tous les ours une carriresuffisante, afin que l'homme cras)t son ennemi avec cette m6me libert qui avaitsuccomb aux assauts du dmon? nouvelle preuve que la faute tait lui et non ieu; afin qu'il reconqut dignement le salut par la victoire; que le diable f/t plusamrement ch)ti, quand il serait vaincu par celui qu'il avait terrass auparavant, etenfin que la bont divine se manifest)t dans sa plus haute vidence, en transportantau paradis l'homme couronn de gloire, l'homme qui devait sortir de la vie pourcueillir le fruit de l'arbre de vie"

-insi usqu' la prvarication de l'homme, ta bont divine avait seule paru" Laustice, la rpression, ou, pour parler le langage des Marcionites, la cruaut n'clate

qu'aprs sa chute" s#lors la femme est condamne enfanter dans la douleur et obir un mari" Mais la femme, ne l'oublions pas, avait entendu auparavant sansmlange d'amertume, et au milieu des bndictions, ces paroles prononces pour lapropagation de l'espce humaine? < *roisseF et multiplieF" > Mais la femme avaitt donne primitivement l'homme, pour 6tre sa compagne et non

son esclave" s#lors la terre est maudite" Mais cette m6me terre avait t bnieauparavant" s#lors les chardons et les pines; mais auparavant, les herbes, lesplantes, les fruits de toute espce" s#lors le travail, et un pain arros de sueurs;mais auparavant une nourriture sans labeur, fournie par chaque arbre, et des

aliments s/rs et tranquilles" s#lors, l'homme rentre dans la terre; mais auparavantil avait t form de terre; ds lors, il est condamn mourir, mais auparavant iltait fait pour la vie? ds#lors les v6tements de peau pour cacher sa honte, maisauparavant il tait, nu sans scrupule" -insi la bont de ieu dcoulant de sonessence, avait paru d'abord? la svrit apparut ensuite, provoque par le crime" 0IRL'une inhrente la nature, l'autre accidentelle; l'une apanage de la divinit, l'autreaccommode l'homme; l'une naissant d'elle#m6me, l'autre ne d'une cause" Lanature n'a pas d/ enchaner dans l'inaction la honte du *rateur, pas plus que larvolte n'a d/ chapper aux rpressions de la svrit" ieu s'est accord &n premire lui#m6me; il a accord la seconde une ncessit" *ommence par rpudier commemauvaises les fonctions du uge, insens, qui n'as r6v un autre dieu dbonnaire, que

dans l'impuissance de concilier avec la bont la rpression du uge, quoique ton dieuuge et condamne galement, ainsi que nous l'avons dmontr" Qu bien non7dpouille#le de ses fonctions; voil que tu en fais un lgislateur asseF frivole etasseF inconsquent pour tablir des lois dpourvues de sanction et de ugement"Mais n'est#ce pas anantir ieu que d'anantir sa ustice% QD en seras#tu rduit% &lte faudra indubitablement accuser la ustice qui constitue le uge vritable, ou laranger parmi les maux, qu'est#ce dire% transformer l'inustice en bont"

.n effet, que la ustice soit un mal, l'inustice est un Lien" Qr, si tu es contraint de


13/29

dclarer l'inustice une chose des plus mauvaises, la m6me consquence te pressed'inscrire laustice parmi les choses les meilleures" 3ien d'oppos au mal qui ne soitbon" 3ien d'oppos au bien qui ne soit mauvais" !ar consquent, autant l'inusticeest un mal, autant la ustice est un bien" 8e la considrons pas seulement commeune vertu isole et bonne en elle#m6me" &l faut voir en elle la garde et la tutelle dela bont, parce que la bont, spare de la ustice qui la dirige, n'est plus bont, maisinustice" .ncore une fois, pas de bont sans ustice" 4out ce qui est uste est bon"

5'il est vrai que la ustice et la bont sont insparables, que dire de celui qui vienttablir deux divinits contraires, en attribuant l'une une bont, l'autre 0I2 uneustice exclusives% La bont rside oD rside la ustice" ans l'origine, ieu taitaussi bon que uste, et ces deux attributs ont march de pair" La bont a fait lemonde; la ustice a tout ordonn" *'est encore la ustice qui, prenant conseil de labont, dcide qu'il faut composer le monde d'lments empreints de bont" =uiprononEa la sparation < entre la lumire et les tnbres, > entre le our et la nuit,entre le ciel et la terre, entre les eaux suprieures et les eaux infrieures, entre lesplaines de la mer et la masse de l'aride, autrefois confondues, entre les grands corps

lumineux et les petits corps lumineux, entre les flambeaux qui prsident au our etceux quiprsident la nuit, entre l'homme et la femme, entre l'arbre de la mort etl'arbre de la vie, entre l'univers et le paradis, entre les animaux qui nagent dans leseaux, et ceux qui habitent la terre% 4ouours la ustice" La ustice arrangea tout ceque la bont avait conEu" 4out a donc t dispos et ordonn par cet arr6t de laustice" Le lieu, la forme, le mouvement, les effets, la nature, l'apparition, lanaissance et le dclin des lments sont des ugements du *rateur" =ue sa usticedate du our oD le mal est entr dans le monde, ne va point te l'imaginer" Lui donnerle pch pour origine, ce serait la ternir, 8ous venons de prouver que le *rateurs'est manifest avec la bont source de tout, et qu'on ne doit pas considrer commeaccidentel, mais bien comme inhrent la nature divine, un attribut qui rgle les

oprations de la divinit" &l est vrai; ds que le mal eut fait irruption ici#bas, et que la bont divine eut affaire

son ennemi, cette m6me ustice rencontra une application nouvelle" &l fallut queds#lors, attentive diriger les mouvements de la bont divine, outre cette libert parlaquelle ieu se communique qui il lui plat, elle rendt chacun selon ses:uvres, offrt les dons clestes qui les mritait, les refus)t qui s'en montraitindigne, les retir)t 0I9 l'ingratitude, et s'oppos)t foute rivalit" -insi cette usticedistributive qui condamne en ugeant, et punit aprs avoir condamn, n'est que ladispensation de la bont" =uoi qu'on en dise, cette prtendue barbarie, loin de trahirun naturel violent, est" un tmoignage d'indulgence" 'ailleurs la fra(eur de sesugements tourne au profit du bien, et non du mal" &l ne suffisait plus que le bien,dsormais aux prises avec le mal et vaincu par lui, f/t recommandable en soi#m6me"4out aimable qu'tait la vertu, il ne lui tait plus possible de se maintenir, et sonantagoniste l'e/t aisment terrasse, si quelque fra(eur salutaire n'avait pouss ouretenu dans les voies du bien m6me ceux qui s'( refusaient"

'ailleurs, au milieu de tant de sductions du mal contre le bien, qui se f/t portvers le bien qu'il pouvait mpriser impunment% =ui e/t travaill conserver cequ'il pouvait perdre sans risque% < La voie qui conduit au mal est large et beaucoup


14/29

plus battue, > nous disent les livres saints" L'universalit des humains ne s'(engagerait#elle pas, si on le pouvait sans trembler% .h quoi7 nous tremblons devantles formidables menaces du *rateur, et pourrant peine sont#elles capables denous arracher au mal7 que f/t#il arriv s'il n'( avait point eu de menaces%-ppelleras# tu mal une ustice qui ne favorise point le mal% 3efuseras#tu le nom debien celle qui pourvoit l'excution du bien% 4u ne veux pas d'un ieu tel qu'ildoit 6tre; en vaudrait#il mieux cr ta fantaisie% un ieu sous lequel le

crime dormt en paix% Pn ieu qui f/t le ouet du dmon% Le ieu, bon, selon toi,serait celui qui russirait le mieux rendre l'homme mchant, puisqu'il luiassurerait l'impunit"

Mais e le demande, oD est l'auteur du bien, sinon celui qui le sanctionne% em6me, quel est l'homme tranger au mal, sinon l'ennemi du mal% =uel en estl'ennemi, sinon celui qui le rprime% =ui le rprime, sinon le uge, qui le ch)tie%-insi, ieu tout entier est bon quand il est 0I1 tout pour le bien" -insi, pour le direen un mot, il est tout# puissant, parce qu'il a entre les mains la vie et la mort" Couloirmon bonheur, quand on n'a d'autre Jacult que celle de me servir, c'est trop peupour moi" -vec quelle confiance attendrai#e le bien d'un pareil ieu, si son empirese borne l% *omment exigerai#e de lui la rcompense de la vertu, si e n'attendspas le salaire du vice% &l excite ncessairement ma dfiance? il n'a pas de supplicespour l'un ou pas de rcompenses pour l'autre, s'il n'a des supplices ou desrcompenses sa disposition" 4ant il est vrai que la ustice est la plnitude de ladivinit, qu'elle manifeste nos (eux un ieu parfait, et nous montre dans l'6tresouverain un pre et un matre; un pre par sa clmence, un matre par sa loi; unpre par son autorit indulgente, un matre par son autorit rigoureuse; un pre qu'ilfaut chrir tendrement, un matre qu'il faut redouter ncessairement; chrir parce

qu'il aime mieux la misricorde que le sacrifice, < redouter parce qu'il a en aversionle pch; chrir parce qu'il aime mieux le repentir du pcheur que sa mort, >redouter parce qu'il repousse les pcheurs impnitents"

-ussi, c+t de ce prcepte < 4u aimeras ton ieu, > la loi a#t#elle aout? 'une part, elle s'adressait la soumission, de l'autre l'orgueil en rvolte"

5uis le *rateur dans l'ensemble de ses oprations" !artout c'est le m6me ieu La divinit voulait que, la lois'amollissant avec la duret du peuple pour qui elle avait t faite, la ustice neconfondt plus la race avec la personne" 'ailleurs, pour qui admet l'.vangile de lavrit, il est visible quelle nation s'adressait la sentence qui vengeait sur les fils lescrimes des 0IK pres; la nation qui devait se lier volontairement par ce v:u? < =ueson sang retombe sur nos t6tes et sur les t6tes > de nos, enfants7 > La !rovidence luiappliquait d la parole qu'elle avait entendue"

La svrit est bonne parce qu'elle est uste; si le uge est bon, il est uste" e m6metoutes les consquences qui drivent d'une uste svrit sont bonnes, la colre, laalousie, la rigueur" .lles sont la dette de la svrit, comme la svrit est la dettede la ustice" &l faut contraindre au respect une eunesse qui doit le respect" &l suitde l qu'il est absurde de reprocher au uge les attributions du uge, aussi innocentesque le uge lui#m6me" .h quoi7 .n reconnaissant la ncessit du chirurgien,repousseras#tu les instruments destins couper, tailler, br/ler, lier les chairs,et sans lesquels il n'( a plus de chirurgien% Mais coupe#t#il hors de propos%retranche#t#il contretemps% br/le#t#il sans rflexion% alors fais le procs a ses

instruments et condamne sou ministre" 4u tombes dans la m6me inconsquence,lorsque, admettant que ieu uge, tu supprimes les mouvements et les affections envertu desquels il prononce" *'est l'cole des prophtes et du *hrist, et non l'cole des philosophes ou d'.picure, que" nous avons appris connatre ieu"8ous qui cro(ons que la divinit est descendue en personne sur la terre et qu'elle arev6tu pour sauver l'homme, le nant de l'homme, nous sommes loin de penser avecces r6veurs qu'elle demeure indiffrente aux choses de la terre"

#### < Mais, aoutent les hrtiques, chos d'.picure dans cette occurrence, si votreieu est capable de colre, de haine, de alousie, de vengeance, il est doncchangeant et corruptible; il est donc mortel" >

#### *es raisonnements n'effraient point des chrtiens qui croient en un ieu mort etnanmoins vivant ternellement" &nsenss les hommes qui mesurent ieu lamesure de l'homme, et qui, par l m6me que les passions annoncent cheF nous unenature corrompue, appliquent la ivinit 0I notre corruption et nos misres" 8enous laissonspas tromper ici par la ressemblance des mots; mais, distinguonssoigneusement les substances7 Les sens de ieu et ceux de l'homme, quoiquedsigns sous un terme commun, diffrent autant que leur nature" -insi l'on attribue l'.ternel une main, des pieds, des oreilles, des (eux; mais ces (eux, ces oreilles,cette main, ces pieds seront#ils semblables aux n+tres parce qu'ils portent le m6menom% -utant il ( a de diffrence entre le corps de ieu et celui de l'homme, malgrla communaut du mot membre, autant il ( a de diffrence entre l'ame divine et

l'ame humaine, sous cette appellation gnrale de sentiments, corrupteurs dansl'homme parce que la substance humaine est corruptible, incapables d'altrerl'essence divine parce que celle#ci est incorruptible" *rois#tu la divinit du*rateur% #### -ssurment, rponds#tu" #### *omment donc imagines#tu de pr6teraieu les imperfections de l'homme,, au lieu de lui laisser sa divinit tout entire%-dmettre sa nature divine, n'est#ce pas exclure tout ce qui participe de l'homme,puisqu'en confessant sa divinit, tu as dclar d'avance qu'il ne ressemblait en rienaux crations humaines% Qr, aprs avoir reconnu galement que c'est ieu qui a


17/29

rpandu sur le visage de l'homme un souffle de vie, et non pas l'homme qui asouffl la vie au *rateur, n'( a#t#il pas un trange renversement d'ides placerdans ieu les qualits de l'homme, au lieu de placer dans l'homme les qualits deieu; faire ieu l'image de l'homme, au lieu de faire l'homme l'image deieu% Coil par quel c+t e suis l'image de ieu" Mon ame a reEu les m6messentiments et les m6mes qualits que lui; mais non dans le m6me degr que lui" Laproprit et les effets varient avec les deux substances"

3ponds#moi d'ailleurs7 pourquoi appelles#tu qualits divines les sentimentscontraires, c'est##dire la patience, la compassion, et la bont qui les engendre%8ous sommes loin toutefois de les possder dans leur perfection, parce0KN qu' ieu seul appartient la perfection" e m6me la colre et l'indignationn'apparaissent pas dans l'homme avec l'incorruptibilit et l'inaltrable repos de ieu,privilge incommunicable de sa nature" &l s'irrite, mais sans trouble; il s'indigne,mais sans changement, sans altration" L'universalit de ses mouvements doitrpondre l'universalit des n+tres, sa colre notre sclratesse, sa alousie notreorgueil, son indignation notre ingratitude, et tout ce qui est formidable aux

mchants, de m6me qu'il a des misricordes pour les faibles, de la longanimit pourles pcheurs qui ne reviennent pas lui, des rcompenses pour qui les mrite, deslargesses pour les ustes et tout ce que les bons rclament" *hacune de ses affectionsdiverses% il l'prouve, mais comme il convient l'6tre parfait et ternel, qui acommuniqu l'homme ses facults, mais dans les limites de sa nature"

*es considrations tablissent la sagesse des ugements divins, ou pour parler unlangage plus digne, nous les montrent comme la sauvegarde de cette bontuniverselle et souveraine que les Marcionites sparent de la ustice, et qu'ils ne

veulent pas reconnatre dans le m6me ieu, pure dans son essence, < faisantpleuvoir sur les bons comme sur les mchants, et lever galement son soleil sur lesustes et sur les impies" > *ependant quel antre qu'au *rateur convient cet loge%Cainement Marcion osa retrancher de l'.vangile ce tmoignage rendu par $sus#*hrist notre ieu" &l est grav dans le livre de l'univers? il est lu par toutes lesconsciences" 4remble, Marcion7 cette patience que tu nies, t'attend et te ugera; cettepatience < qui dsire le repentir du pcheur plut+t que sa mort, et qui prfre lamisricorde au sacrifice" > 4u la nies7 Mais n'est#ce pas elle qui dtourne le glaivesuspendu sur la t6te des 8inivites% qui accorde quinFe annes aux larmesd'.Fchias% qui rtablit sur le tr+ne de Tab(lone un roi pnitent% qui rend auxsupplications de tout un peuple le fils 0KO de 5aul, prs de mourir% qui pardonne

avid aprs qu'il a confess sa prvarication contre la maison d'Prie% qui relvel'empire d'&sraUl autant de fois qu'elle le renverse% qui rchauffe aussi souventqu'elle intimide% 4u n'attaches tes regards que sur le uge? contemple aussi le pre"4u le censures quand il se venge; ouvre aussi les (eux quand il pardonne" Mets dansla balance la svrit et la douceur7 !uis, quand tu auras dcouvert dans mon ieula misricorde et la ustice, tu n'auras plus besoin de recourir un autre ieu pourrencontrer la bont"

e l passe l'examen des divers commandements, prceptes, inonctions et


18/29

conseils dont il a environn l'homme" 4out cela, me diras#tu peut#6tre, ne se trouve#t#il pas aussi rgl par les lois humaines% 5ans doute, mais avant tous les L(curgueet tous les 5olon du monde, il ( avait Mose; il ( avait ieu" *haque gnrationsuivante hrite des gnrations passes" 4outefois ce n'est pas de ton dieu que monieu crateur apprit porter ces dfenses? .n attendant, que fait la loi% .lletouffe la pense de l'outrage par la certitude d'un outrage pareil, permet la secondeinure pour prvenir la premire agression, oppose aux ruses de la mchancet lecontrepoids d'une mchancet quivalente, effraie la premire par la seconde,emp6che la seconde en effra(ant la premire, parce que la passion est mille fois plussensible au mal qu'elle a d prouv" .n effet, rien de si amer pour l'offenseur quede subir son tour le traitement qu'il infligeait tout l'heure" 5i la loi interditquelques viandes, si elle dclare immondes quelques animaux quoique bnis ds

l'origine du monde, reconnais#le7 elle avait dessein d'exercer la temprance, et demettre un frein cette gourmandise qui, nourrie du pain des anges, regrettait, lesconcombres et les melons d'.g(pte" &l s'agissait de prvenir les compagnes trophabituelles de l'intemprance, l'incontinence et la luxure, qui s'apaisent dans lasobrit, < Le peuple avait mang, il avait bu, et il se leva pour danser" > *es sagesprcisions teignaient encore en partie la soif de l'or, en dtruisant le prtexte desncessits de la vie dont s'autorisent les richesses pour satisfaire aux dlices d'unetable somptueuse" .st#ce l tout leur mrite% .lles accoutumaient encore l'homme e/ner dans la vue de plaire ieu, se contenter de peu d'aliments, et choisir lesplus grossiers" 5ans doute le *rateur mrite ici un bl)me, mais c'est d'avoir imposces privations son peuple plut+t qu'aux ingrats Marcionites" =uant ce long,embarrassant et minutieux dtail de sacrifices, d'oblations, de crmonies et de ritesdivers, personne n'accusera ieu de l'avoir prescrit pour lui#m6me, lui qui s'crie si 0K2 ouvertement? < =u'ai#e besoin de la multitude de vos victimes% =ui vous ademand d'apporter ces offrandes% > Mais admirons encore ici la sagesse de laprovidence" 8e connaissant que trop la pente du peuple uif vers l'idol)trie et laprvarication, elle prit soin de l'attacher au culte vritable par un appareil decrmonies imposantes, aussi propres frapper les sens que la pompe dessuperstitions paennes elles#m6mes" .lle voulait qu' cette pense? ieu l'ordonne,cela plat ieu, &sraUl dtournant ses regards des rites idol)triques, ne cd)t amais


19/29

la tentation de se faire des idoles"

$usque dans le commerce habituel de la vie et au milieu des dtails les plusvulgaires, au dedans, au dehors, ieu leur prescrivit la forme des moindres vasesdestins aux ablutions, afin qu'environns partout de ces observances lgales, ils neperdissent pas un moment de vue la prsence de ieu" .n effet, < quelle autrecondition

de bonheur pour l'homme que de reposer sa volont dans la loi sainte, et de lamditer et le our et la nuit% > 8'imputons point la svrit de son fondateur lapromulgation de cette loi" .lle est l':uvre d'une bont souveraine, qui travaillait dompter la rudesse de son peuple, et soumettait, par des rites multiplis et fatigants,une foi novice encore" 8ous ne parlons point ici des sens m(stiques de cette loi,toute spirituelle, toute prophtique, s(mbole auguste de l'avenir" &l suffit pour lemoment de dmontrer que son but naturel tant d'enchaner l'homme ieu, elle nepeut mriter aucun bl)me, sinon celui des pervers qui ne veulent pas servir ieu"

*'est encore dans ces vues bienfaisantes, bien plus que pour appesantir le fardeaude la loi, que la bont du 4rs# aut suscita dans ses prophtes des prdicateursd'une morale digne de lui" < Jaites disparatre de votre ame la malice de vospenses? appreneF faire le bien" 3echercheF la ustice; releveF l'opprim; protgeFl'orphelin; dfendeF la veuve; ne reeteF pas qui vous consulte; fu(eF 0K9 le contactdu mchant; rompeF les liens de l'iniquit; porteF les fardeaux de ceux qui sontaccabls; briseF les contrats inustes" !artageF votre pain avec celui qui a faim;receveF sous votre toit ceux qui n'ont point d'asile" 5i vous vo(eF un homme nu >couvreF#le, et ne mpriseF point la chair dont vous 6tes form" !rserveF votrelangue de la calomnie, et vos lvres des discours artificieux" .loigneF#vous du mal;

pratiqueF le bien; chercheF la paix, et poursuiveF#la sans rel)che" .ntreF en colre,et ne pcheF pas" > =u'est#ce dire, 8e persvreF pas dans votre ressentiment, oune vous vengeF point" < eureux l'homme qui n'est point entr dans le conseil del'impie; qui ne s'est point arr6t dans la voie des pcheurs, et ne s'est point assisdans la chaire empoisonne7 > QD donc sigera#t#il% < =u'il est bon, qu'il est doux des frres d'habiter ensemble, en mditant et $e our et la nuit la loi du 5eigneur7 &lvaut mieux tablir sa confiance dans le 5eigneur que dans les hommes, et esprer enlui que dans les princes de la terre" .n effet, quelle est la rcompense de l'hommequi sert son ieu% &l sera comme l'arbre plant prs du courant des eaux, qui donnedes fruits en son temps, et dont les feuilles ne tombent point" 4out ce qu'il voudraentreprendre lui russira" *elui qui a les mains innocentes et pures, qui n'a pas reEu

son aine en vain, et qui ne s'est amais parur vis##vis du prochain, celui#lrecevra la bndiction du 5eigneur, obtiendra la misricorde de ieu son sauveur"*ar voil que l':il du 5eigneur est ouvert sur ceux qui le craignent, sur ceux quiesprent en sa misricorde" &l dlivrera leur ame de la mort, > de la mort ternelle, c'est##dire encore dans leur faim de la vieternelle" < e grandes tribulations sont rserves ici#bas aux ustes; mais le5eigneur les dlivrera de tous les maux" La mort de ses lus est prcieuse aux (euxdu 5eigneur" ieu garde tous leurs os? il n'( en aura pas un seul de 0K1 bris? le5eigneur rachte l'a me de ses serviteurs" > Coil, entre mille, quelques prceptes


20/29

emprunts aux .critures du *rateur" 3ien ne manque, 'imagine, au tmoignage deson infinie bont, ni les prceptes de charit qu'il tablit, ni les rcompenses qu'ilpromet"

-insi que la spia, que la loi antique avait en vue quand elle interdisait ce poissoncomme immonde, les hrtiques, ds qu'ils sentent qu'ils vont 6tre saisis, rpandentadroitement autour d'eux les tnbres du blasphme, en cartant et en obscurcissanttout ce qui fait briller la bont divine" Mais suivons leur malice travers ses nuages"4ranons au grand our de la lumire l'esprit de tnbres, faisant un crime au*rateur d'avoir recommand aux breux d'enlever l'or et l'argent des .g(ptiens".h bien7 + le plus extravagant des sectaires, e te prends toi#m6me pour uge".xamine d'abord les droits de l'un et de l'autre peuple; puis, prononce sur l'auteur duprcepte" 'une part, l'.g(ptien redemandant l'breu ses vases d'or et d'argent;de l'autre, l'breu, appu(ant ses rclamations sur des contrats inviolables, montrantles sueurs de ses pres, et revendiquant le salaire de sa douloureuse servitude, enchange des briques qu'il avait transportes, des cits et des maisons qu'il avaitb)ties" !ang(riste du dieu exclusivement bon, quelle sentence va sortir de ta

bouche% *ondamneras#tu l'breu reconnatre sa supercherie, ou l'Vg(ptien s'avouer son dbiteur, ainsi que se termina le diffrend, suivant une tradition% *arles deux peuples a(ant trait leurs rclamations par des ambassadeurs rciproques,les .g(ptiens, dit#on, renoncrent volontairement leurs vases"

-uourd'hui toutefois les breux opposent aux Marcionites de plus hautesprtentions" < - n'estimer le travail de six cent mille individus qu'une pice d'argentpar our, pendant une longue suite d'annes, la valeur des vases emports par nous,quelle qu'elle f/t, tait une compensation insuffisante" e quel c+t sont donc les 0KHobligations% pour ceux qui s'approprient les vases, ou pour ceux qui habitent lesmaisons et les cits% Le dommage est#il pour l'oppresseur% ou la faveur pour

l'opprim% Mais que parlons#nous de nos sueurs% quand m6me nous ne etterionsdans la balance que les outrages dont nous avons t accabls, hommes libresplongs dans les prisons comme de vils esclaves; quand m6me nos scribesn'taleraient devant les tribunaux que leurs paules indignement meurtries etdchires par les verges, ce ne serait point avec quelques vases enlevs l'opulenced'un petit nombre de riches, ce serait avec tous les trsors de ceux#ci, avec lafortune de tous les cito(ens qu'il te faudrait condamner l'.g(pte racheter depareilles infamies" > 5i la cause des breux est uste et bonne, qu'en conclure% quel'inonction du *rateur est bonne et uste aussi" &l a impos la reconnaissance l'.g(ptien malgr lui" &l a indemnis la longue oppression de son peuple, aumoment de sa sortie, par le faible adoucissement d'une secrte

compensation" isons#le toutefois? La restitution fut ingale" L'.g(pte a#t#ellerendu aux fugitifs tous les enfants qu'elle avait gorgs%

####


21/29

pendant huit ours conscutifs, c'est##dire pendant le our du sabbat" >

#### &ci tu perds de vue la lettre m6me de la loi qui n'exclut pendant ce our que les:uvres de l'homme et non celles de la divinit" < !endant six ours, dit#elle, tutravailleras et lu accompliras ton :uvre; mais le septime our, qui est le our du5eigneur ton ieu, tu ne feras aucune :uvre" > Laquelle% La tienne sans doute" Laconsquence voulait que ieu retranch)t de ce our les 0KI :uvres qu'il avaitrserves prcdemment aux six autres; les tiennes donc? des :uvres humaines, des:uvres de tous les ours" Mais l'acte de porter l'arche autour des murs ne peut passerpour une :uvre humaine, pour une :uvre de tous les ours" .lle avait la sanctiond'en haut? elle tait trois fois sainte et essentiellement divine, puisqu'elle taitordonne par ieu lui#m6me" $e dvelopperais ici le m(stre cach sous le s(mbole,s'il n'tait pas trop long de dvoiler les figures que renferment les prescriptions du*rateur" 'ailleurs il est probable que tu ne les admets pas" &l vaut donc mieux teconvaincre toi et les tiens par l'irrsistible vidence de la vrit, au lieu de recourir de savantes investigations" Tornons#nous des preuves simples, telles quel'incontestable distinction du sabbat qui interdisait les :uvres de l'homme, et non

celles de ieu" Coil pourquoi le tmraire qui recueillait du bois le our du sabbatfut livr la mort" &l vaquait son :uvre; il tait en contravention avec la loi" Maisceux qui portrent l'arche autour des murs dans un our semblable, le firentimpunment" Loin de travailler pour eux#m6mes, ils obissaient ieu dont ilsaccomplissaient l':uvre"

e m6me quand il dit? < 4u ne feras point d'idole taille ni aucune image de ce quiest au ciel, ni de ce" qui est sur la terre, ni de ce qui est sous les eaux, > ces dfensessongeaient prvenir l'idol)trie" *ar il aoute? < 4u ne les adoreras point; 4u ne lesserviras point" > =uant au serpent d'airain, que Mose faEonna dans la suite d'aprsles ordres du 5eigneur, tranger toute pense d'idol)trie, il tait destin gurir

ceux qu'avaient blesss les serpents" $e te fais gr)ce du remde divin dont il taitl'emblme" e m6me du chrubin et du sraphin d'or battu qui couvraient lepropitiatoire de l'arche d'alliance? dcoration innocente, en harmonie avec la maestde l'arche sainte, et place l pour des raisons bien diffrentes du principeidol)trique qui avait provoqu l'interdiction de toute image taille, ils ne sont pointen 0KK contradiction avec la dfense prcdente, puisqu'ils n'ont rien de communavec les idoles que proscrit la loi" 8ous avons parl de la bienfaisante sagesse quiavait prsid l'institution des sacrifices" &ls taient destins loigner le peuple dupaganisme" =ue si ieu reeta par la suite ces offrandes? < =u'ai#e besoin de lamultitude de vos sacrifices% etc" > il voulait nous faire comprendre qu'il n'avait point ces crmonies un intr6t personnel? < $e ne boirai plus dsormais, dit#il, le sangdes taureaux, > parce qu'ailleurs il avait dit? Le < ieu ternel n'aura ni faim ni soif"> OO a beau abaisser un regard de complaisance sur les victimes d'-bel, et respireravec dlices les holocaustes de 8oU, quelle si grande suavit pouvait#il trouver dansles entrailles d'une gnisse, ou quel parfum dans l'odeur des victimes consumes parle feu% Mais l'ame pure et craignant le 5eigneur de ceux qui offraient l'.ternel lesdons de sa munificence, voil quel tait son plus dlicieux aliment et le parfum desuavit qui montait vers lui" =u'importaient sa flicit les sacrifices de l'univers% les revendiquait, seulement titre d'hommages dus sa maest" Pn client offre un grand de la terre, ou un prince qui n'a besoin de rien, un prsent quel qu'il soit"


22/29

La qualit ou la quantit de l'offrande, m6me la plus vulgaire, dshonore#t#ellel'homme opulent, ou bien cette respectueuse dfrence rouit#elle son c:ur% =ue leclient, au contraire, sans attendre l'ordre du prince, ou sur l'inonction qu'il en areEue, lui apporte de magnifiques prsents, qu'il clbre solennellement le our de sanaissance ou de son inauguration, mais avec la haine dans le c:ur, avec une fidlitdouteuse et une soumission chancelante, le prince ou le riche ne devra#t#il pass'crier? < =u'ai#e besoin de la multitude de vos offrandes% 'en suis rassasi" Cossolennits, vos ours de f6te, vos sabbats, mon ame les repousse avec dgo/t" > .ndisant vos f6tes, vos sabbats, parce qu'en les clbrant leur fantaisie, bien plus quepour rendre hommage la divinit, ils avaient abaiss usqu' 0K l'homme l'actereligieux, ieu prouva qu'il avait de sages motifs pour rpudier les rites qu'il avaitprescrits lui#m6me"

#### Ceux#tu l'accuser d'inconstance, l'gard des personnes, parce qu'il rprouveceux qu'il avait lus, et d'imprvo(ance parce qu'il lit ceux qu'il doit rprouver unour, comme s'il condamnait ses ugements passs, ou qu'il ignor)t ses ugements venir% #### 3ien de plus conforme la bont et la ustice que de reeter ou d'lire

d'aprs les mrites actuels" 5aul est lu; mais 5aul n'a point encore mpris leprophte 5amuel" 5alomon est reet; mais 5alomon, esclave des femmestrangres, 5alomon prostitu aux idoles de Moab et de 5idon" =ue devra donc fairele *rateur pour chapper au bl)me des Marcionites% *ondamner d'avance lesprvarications futures dans le serviteur encore fidle% mais il rpugne la bontdivine de dshriter qui n'a pas encore mrit la haine" .pargner

le pcheur cause de sa ustice passe% mais il ne rpugne pas moins l'ternelleustice de remettre le crime quand les mrites prcdents sont anantis" QD est doncl'impeccabilit ici#bas pour que ieu maintienne constamment tel ou tel dans sa

faveur sans pouvoir amais la lui retirer% ou quel homme est asseF dpourvu debonnes :uvres pour que ieu le rpudie tout amais sans pouvoir un ourl'admettre au nombre de ses enfants% *hange la nature de l'homme" -lors, pour unebont indfectible, amais de rpudiation; pour une perversit constante, amaisd'lection" -u reste, si dans l'une ou dans l'autre voie, le serviteur est rcompensou puni selon les temps, par un ieu la fois bon et uste, ce m6me ieu nechange donc point d'avis, par lgret ou par imprvo(ance" Loin de l7 Pnecensure quitable et providentielle dispense chaque priode ses mritesparticuliers"

4u ne dnatures pas moins son repentir, lorsque, non content de l'imputer la

mobilit ou l'imprvo(ance, tu veux ( voir la confession de ses torts" e ce qu'ildit? < $e me repens d'avoir fait 5a/l roi, > tu en 0N conclus que cette expressionimplique la reconnaissance d'une faute ou d'une erreur" &l n'en va pas touours ainsi"Le repentir n'est souvent dans la bouche du bienfaiteur qu'un reproche adress l'ingrat qui n'a pas craint d'abuser du bienfait" 4elle est ici la pense du *rateur l'gard de la personne de 5aDl, qu'il avait honor du diadme" &l n'avait point faillien l'levant la ro(aut et en l'ornant des dons de l'.sprit saint, puisque ce roi taitle plus vertueux et < sans gal parmi les enfants d'&sraUl > l'poque de soulection" *onvenance et dignit, tout est sauv" Mais ieu ignorait#il ce qui


23/29

suivrai7% 4u soulverais l'indignation de tous, si tu imputais l'imprvo(ance unieu dont tu proclames laprescience, ds lors que tu admets sa divinit, car laprescience est un attribut essentiel de la divinit" .ncore un coup, ce repentiraccusait amrement l'infidlit de 5aDl" L'lection de ce roi est irrprochable" onc,les regrets divins sont la condamnation de 5aDl plut+t que de la divinit"

#### < 'accord; mais voici qui tombe directement sur elle" &l est crit au livre de$onas? ieu considra les :uvres des 8inivites; il se repentit de la malice qu'il avaitrsolue contre eux; et il ne l'excuta point" > $onas lui#m6me parle ainsi au 5eigneur?< $e me suis h)t de fuir vers 4harse, car e vous savais un ieu clment, accessible la piti, riche en patience et en misricordes, et se repentant de sa malice" >

####eureusement que $onas a rendu dans ces derniers mots un hommage labont de notre ieu, sa longanimit envers les pcheurs, la richesse de sesmisricordes, l'abondance de sa compassion pour ceux qui pleurent etreconnaissent leurs iniquits, comme faisaient alors les 8inivites" 5i la bontparfaite est l'apanage de celui qui possde ces qualits, il faut que tu abandonnes

l'accusation en confessant que malice et bont sont contradictoires dans un ieu decette nature"

#### < Mais puisqu'au tmoignage de Marcion lui#m6me" 0O Pn arbre bon ne peutproduire de mauvais fruits, et que votre ieu cependant a prononc le mot demalice, ce qui rpugne la bont infinie, n'( a#t#il pas l quelque interprtationplausible qui accorde la bont avec la malice elle#m6me% >

#### 5ans doute elle existe" La malice, dans ce passage, loin de s'appliquer lanature du *rateur, en tant que mauvaise, se rapporte cette m6me puissance deuge, en vertu de laquelle il disait tout l'heure? < *'est moi qui cre le mal, > et, ####&llusion, rpondrai#e7 ieu ne 0R se repentira amais de la ustice? il ne reste plus


24/29

maintenant qu' connatre en quoi consiste le repentir de ieu" 5'il arrive l'hommede m6ler trop souvent au regret de ses prvarications le repentir d'un bienfait qu'il aplac sur un ingrat, il ne faut pas croire qu'il en soit de m6me de la divinit aussiincapable de commettre le mal, que de condamner le bien; il n'( a pas plus de placecheF elle pour le mal, que pour le repentir du mal" La m6me .criture fixe tous lesdoutes l#dessus" .coutons7 *'est 5amuel qui parle

5aDl? < Le 5eigneur a dchir auourd'hui entre tes mains le ro(aume d'&sraUl, et ill'a livr un autre meilleur que toi" &sraUl sera divis en deux parts" Qr, celui quitriomphe en &sraUl ne pardonnera point, et ne se repentira point" .st#il homme pourse repentir% > *e principe tablit la diffrence qui spare le repentir divin d'avec len+tre" &l n'a pour origine ni l'imprvo(ance, ni la lgret, ni la condamnation d'unbien imprudemment excut, ou d'un mal mchamment commis par le *rateur"=uelle en sera donc la nature% .lle resplendit, si vous n'entendeF pas le repentir lamanire humaine" Qn n'( trouvera rien autre qu'un changement de la volontprimitive, admissible et irrprochable dans l'homme, plus forte raison dans ladivinit dont toutes les volonts sont pures" *heF les Srecs, le mot repentir O secompose de deux autres qui signifient non pas l'aveu d'un tort, mais le changementd'une volont qui de la part de ieu se gouverne d'aprs les modifications de notrehumanit"

!our en finir avec toutes les difficults de m6me genre, continuons de ustifier lesabaissements, infirmits, ou inconvenances dont vous faites si grand bruit contrela divinit"

#### ce -dam, oD es#tu% s'crie le 5eigneur" Le 5eigneur ignorait donc oD il tait%.t quand il se cache, son matre

02 ne savait donc pas, si c'tait par honte de sa nudit, ou pour avoir go/t du fruitdfendu% >

#### las non7 le 5eigneur ne pouvait ignorer le lieu de sa retraite, pas plus que sarvolte" Mais il fallait qu'-dam, qui se cachait cause des troubles de saconscience, f/t traduit au tribunal du 5eigneur, et compar/t en prsence du uge,non#seulement pour s'( entendre appeler, mais pour ( commencer l'expiation de soncrime" *es mots? < -dam, oD es#tu% > doivent 6tre prononcs non#seulement enl'appelant par son nom, mais avec l'accent de la svrit et du bl)me? < -dam, oDes#tu% > =u'est#ce dire% < 4e voil plong dans la perdition; tu as cess d'6tre; >de telle sorte qu'il ( ait dans cette intonation un dcret de bannissement et de mort"-pparemment un coin du ardin avait chapp aux regards du ieu < qui lient

l'univers dans sa main comme le nid d'un faible oiseau, du ieu dont le ciel est letr+ne, dont la terre est le marche#pied" > -pparemment il tait rduit l'appeler pourl'apercevoir, aussi invisible, lorsqu'il se cachait, qu'au moment oD il cueillait le fruitde l'arbre" =uoi7 la sentinelle qui veille tes ardins ou tes vignes, dcouvre lebrigand ou le loup, et tu imaginerais follement que pour l':il ternel qui, du hautdes cieux, plonge sur tout ce qui est au#dessous de lui, il puisse ( avoir quelquestnbres% &nsens, qui insultes ce tmoignage de la maest divine, et l'enseignement qu'elle donnait l'homme, coule" ieu interrogeait -dam comme


25/29

incertain, afin de prouver l'homme qu'il tait libre, et de lui offrir, par un dsaveuspontan, ou par une humble confession, l'occasion d'avouer lui#m6me son iniquit,et par l de se relever de sa chute" e m6me ailleurs? < *an, oD est ton frre% > Le5eigneur avait d entendu la voix du sang d'-bel qui criait vers lui" Mais ilinterroge l'impie, afin, qu'usant de son libre arbitre, il f/t m6me de comblervolontairement son crime par le mensonge et l'endurcissement" ieu, prludant ds#lors la doctrine 09 de l'.vangile? < Cous sereF ustifis par vos paroles oucondamns par vos paroles, > nous apprenait ainsi confesser nos fautes au lieu deles nier" *ar, quoique -dam e/t t livr la mort par suite du dcret port contrelui, l'esprance lui resta nanmoins"< Coici -dam devenu comme l'un de nous, s'crie le 5eigneur lui#m6me" > *ommesi ieu montrait d dans l'avenir l'homme lev la divinit" Mais achevons lepassage7 < Maintenant donc, craignons qu'avanEant la main, il ne prenne aussi del'arbre de vie, n'en mange, et ne vive ternellement" > !ar ce mot, maintenant,indice du prsent, il nous fait entendre que la vie est devenue passagre dans letemps prsent" -ussi ne maudit#il ni -dam ni .ve, comme aspirant larhabilitation, d relevs aux (eux du 5eigneur par un commencement

d'expiation" -u contraire, il maudit *an" Cainement le fratricide voudrait sedrober par la mort au souvenir de son crime" &l le condamne vivre, charg d'unedouble infamie, son crime et son dsaveu" 4elle est l'ignorance de notre ieu" &ln'en prend les apparences que pour ne pas laisser ignorer l'homme prvaricateurce qui lui reste faire"

#### *ependant, quand il s'agit de 5odome? < $e descendrai, dit#il, et e verrai s'ilsont accompli dans leurs :uvres la clameur venue usqu' moi" 5'il est ainsi, e lesaurai" > $e vous le demande" !ouvait#il mieux exprimer son incertitude par suite deson ignorance et le dsir de connatre%

#### Qui; mais cette faEon de parler, ncessaire pour renonc d'une sentence, necacherait#elle pas sous sa forme interrogative, au lieu du doute, l'expression de lamenace% !rends#( garde d'ailleurs" 5i un ieu descendu sur la terre pour accomplirses ugements, parce que d'autres mo(ens d'excution lui manquent, te parat siridicule, du m6me coup tu fais le procs ton ieu" 4on ieu n'est#il pas descendusur la terre pour ( oprer la rdemption qu'il mditait% 01

#### < Mais votre dieu ure" > #### !ar qui% par le dieu de Marcion peut#6tre" #### #### .t quevoudrais#tu donc qu'il ft, s'il avait la conscience qu'il est le dieu unique, surtoutquand il ure ainsi? < 'autre dieu que moi, il n'en est pas" > iscutons, toutefois?=ue lui reproches# tu, le parure ou l'inutilit de son serment% e parure, il ne peut

s'en rencontrer, pas m6me l'apparence, puisque,

d'aprs votre tmoignage, il ignora qu'il existait un autre dieu" .n urant par l'6trequ'il connat existant, c'est##dire par lui#m6me, il a prononc un serment vritable"Mais de parure, point" 'une autre part, son affirmation qu'il n'( a point d'autredieu, est#elle inutile% .lle e/t t superflue et vaine, si le monde n'avait pas eu desidol)tres alors, des hrtiques auourd'hui" &l ure donc par lui#m6me, afin que


26/29

l'univers croie sur la parole d'un ieu qu'il n'( en a pas d'autre" *'est toi, Marcion,qui l'as rduit cette ncessit" &l te vo(ait d, toi et tes erreurs" 5'il accompagnede serment ses promesses ou ses menaces, pour arracher une foi difficile au dbut,rien de ce qui fait croire ieu n'est indigne de ieu"

#### < Mais votre ieu montre sa faiblesse usqu'au milieu de son indignation" Coilqu'irrit contre le peuple qui a consacr le veau d'or, il adresse cette demande Mose son serviteur? Maintenant donc livre mon courroux un libre cours" Monindignation s'allume contre eux, et e les exterminerai; et e te rendrai pre d'ungrand peuple" -ussi, affirmons#nous d'ordinaire que Mose est meilleur que ce ieudont il invoque la piti et contient la colre" 5eigneur, rpond le dfenseur dupeuple, tu ne le feras point, sinon, efface#moi avec eux du livre de vie" >

#### Misrables $uifs, misrables Marcionites, de n'avoir point reconnu dans lapersonne de Mose le *hrist dsarmant les ustices de son !re, et offrant sa vie pourla ranEon de son peuple7 Mais il suffit que la vie du peuple0H ait t accorde pour le moment Mose" Le 5eigneur incitait le serviteur lui#

m6me solliciter cette gr)ce" < Livre mon courroux un libre cours, dit#il, et e lesexterminerai, > afin que le prophte, en s'offrant lui#m6me, retnt le bras pr6t frapper, et que l'univers apprt par cet exemple quel est le pouvoir du uste sur ieului#m6me"

!our en finir d'un mot avec toutes les faiblesses, indignits ou abaissements quevous alleF recueillant E et l, dans le but de dcrier le *rateur, e vous opposeraiun simple et irrsistible argument" ieu n'a pu descendre parmi les hommes d'unemanire visible, sans prendre les organes et les affections de l'humanit, voileprotecteur sous lequel il temprait les ra(ons de la maest divine que n'aurait pusupporter notre faiblesse" Qrganes, affections indignes de lui, 'en conviens, mais

ncessaires l'homme, et par l m6me dignes de la divinit, parce que rien n'est sidigne de ieu que le salut de l'homme" $'insisterais davantage sur cette matire, si'avais la discuter avec des idol)tres, quoique, vrai dire, du paganisme l'hrsie, la distance soit lgre" 4outefois, puisque vous cro(eF que ieu a rev6tuune chair fantastique, et n'a pass qu'en apparence par tous les degrs de lacondition humaine, il ne nous faudra pas de longs arguments pour vous persuaderque ieu soit conforme notre humanit" Les articles de votre foi serviront eux#m6mes vous convaincre"

.n effet, si le ieu, et le ieu le plus sublime, n'a pas rougi d'abaisser la bailleur desa maest usqu' se soumettre la mort et la mort de la croix, pourquoi nepermettrieF#vous pas au n+tre quelques abaissements, auxquels la raison se pr6te

plus volontiers qu' cette srie d'outrages udaques qui aboutissent un gibet et un tombeau7 *es humiliations si dcries n'tablissent#elles pas la prsomption quele *hrist livr aux passions humaines est le Jils de ce ieu auquel vous reprocheFles faiblesses de l'humanit% 8ous tenons pour certain, nous, que le 0I *hrist atouours agi au nom de ieu le !re, qu'il a vcu dans la personne des patriarches etdes prophtes, Jils du *rateur, Cerbe de celui qui l'a fait son Jils, en l'engendrantde sa substance, ds#lors arbitre des dispositions et des volonts paternelles" !lacpour un peu de temps au#dessous des anges, comme le chante le psalmiste, et dans


27/29

cet abaissement prodigieux, faEonn par son !re cette humanit qui vous rpugnesi fort, le Cerbe essa(ait l'homme, et prludait, ds l'origine, au r+le qu'il rempliraitdans la plnitude des temps" *'est lui qui descend sur la ferre, lui qui interroge, luiqui sollicite, lui qui ure" -u reste, l'.vangile qui nous est commun atteste que le!re ne se montra amais qui que ce f/t" < !ersonne ne connat le !re, si ce n'estle Jils, dit $sus#*hrist" > *'est encore lui qui avait prononc cet oracle dansl'-ncien 4estament? < 8ul ne verra ieu sans mourir" > &l nous annonEait en termesasseF clairs que le !re tait invisible, mais que, ieu lui#m6me, et rendu visibleaux hommes, il agissait au nom et par l'autorit du !re, *hrist pour nous identifi notre nature, et par l m6me fout nous" onc, toute la part de grandeur et demaest que vous rclameF pour ieu, rsidera dans le !re" &l sera invisible,impalpable, inaccessible, habitant au sein d'une paix inaltrable? ce sera, si vous levouleF, le ieu des philosophes" Mais ce qui dans votre pense rpugne la maestsupr6me, faites#en le partage du Jils dans sa chair mortelle, de ce Jils incarn quenos (eux aperEoivent, que nos oreilles entendent, que nos sens dcouvrent;ambassadeur du 4rs#aut, arbitre et ministre de ses volonts, associant en luil'homme et le ieu; ieu par ses prodiges, homme par ses abaissements, donnant

l'homme tout ce qu'il +te ieu; enfin tout ce qui est vos (eux le dshonneur demon ieu est le sacrement du salut des hommes" ieu est venu habiter avec leshommes pour apprendre aux hommes vivre en ieu, ieu a agi comme l'gal del'homme, afin que l'homme puisse agir comme l'gal de 0K ieu" ieu s'est faitpetit afin de faire l'homme plus grand" -h7 ddaigneF un pareil ieu7 mais alors ene sais si vous pouveF croire un ieu crucifi" .trange renversement d'ides dansvotre manire de concevoir la bont et la ustice du *rateur7 Cous le reconnaisseFpour uge" Mais vient#il exercer la ustice, et dplo(er une svrit en proportionavec les motifs qui ont provoqu la ustice, alors vous n'aveF pas asseF de plaintescontre sa barbarie" Cous vouleF

un ieu souverainement bon" Mais que cette bont misricordieuse ait unebienfaisance conforme sa douceur, et s'abaisse pour se mettre la porte del'homme, bassesse7 avilissement7 vous crieF#vous" &l ne vous plat ni grand, nipetit, ni ami, ni uge" =ue direF#vous si nous vous faisons toucher au doigt lesm6mes infirmits dans votre ieu% =u'il uge, nous vous l'avons d prouv en sonlieu" =u'en sa qualit de uge, il dploie la svrit, et par la svrit la rigueur, riende plus vrai, si toutefois il ( a rigueur"

.nfin, aux abaissements, aux malices, et aux mille censures de Marcion, 'opposeraides antithses rivales" Mon ieu, dis#tu, a ignor qu'il ( e/t un dieu suprieur lui"

Mais le tien n'a pas su qu'il ( e/t un dieu infrieur lui; car selon le tnbreuxeraclite, de haut en bas, ou d bas en haut, m6me distance" 5'il ne l'e/t pas ignor,n'e/t#il pas remdi au mal ds le principe% Mon ieu a livr le monde au pch, la mort, et au dmon instigateur du pch" Mais ton dieu n'est pas moins coupable;il a tout endur" Mon ieu a chang de rsolution" Mais le tien en a fait autant" Leour oD, rveill de sa longue apathie, il abaissa ses regards sur le genre humain,n'a#t#il pas renonc une indiffrence de plusieurs sicles% Mon ieu se repentdans quelques rencontres" M6me reproche pour le tien" =uand il avisa enfin la


28/29

rhabilitation de l'humanit, ne s'est#il pas repenti de son long silence l'gard dumal% Qui, l'insouciance du salut de la terre fut un crime, dont votre 0 dieu ne secorrigea que par le repentir" Mon ieu a command le vol? un vol d'or et d'argent"Mais plus la valeur de l'homme l'emporte sur un vil mtal, plus ton dieu annonce unesprit de rapine et de violence, quand il drobe l'homme son crateur et sonmatre lgitime" Mon ieu demande :il pour :il" Mais le tien, en dfendant lesreprsailles, perptue la violence" .n effet, l'agresseur ne ritrera#t#il point sesoutrages s'il a la certitude de n'6tre point repouss%# Mon ieu n'a pas su qui ilchoisissait" Le tien n'a pas fait moins" ./t#il admis au nombre des siens le tratre$udas, si sa prescience l'avait connu% 5i tu prtends que le *rateur a menti quelquepart, le mensonge est bien plus grand dans ton christ dont le corps tait fantastique"La cruaut de mon ieu a perdu des milliers de mortels" Mais tous ceuxque le tien ne sauve pas, il les abandonne la perdition" Mon ieu a ordonn qu'ontu)t quelques individus" Mais le lieu a voulu 6tre immol, doublement homicideenvers lui d'abord, puis envers l'assassin par qui il a voulu 6tre immol" $e ne dispoint asseF" $e prouverai Marcion que son dieu a donn la mort une nation toutentire, en faisant d'elle un peuple d'homicides, moins qu'il n'ose affirmer qu'elle

n'a point pch contre le *hrist" 4outefois la vrit marche d'un pas libre et ferme"!our convaincre, il lui faut peu de paroles; de longs discours sont ncessaires aumensonge"

-u reste, 'aurais combattu plus vigoureusement les antithses de Marcion, s'il e/tt besoin d'une longue rfutation pour ustifier le *rateur aussi bon qu'il est uste,comme nous l'avons montr par des exemples dignes de ieu" =ue si la bont et laustice constituent dignement la plnitude de la ivinit, toute#puissante pour larcompense comme elle l'est pour le ch)timent, e puis d'un mot rduire au nantces antithses qui prtendent distinguer d'aprs les caractres, les lois, lesinclinations, et consquemment eter entre le *hrist et le *rateur, les m6mes

abmes qu'entre labont et la 0ONN ustice, la douceur et la miaul, le salut et laperdition" Mais elles ne font qu'unir davantage ceux qu'elles placent dans desoppositions convenables la ivinit" )te#toi donc d'effacer et le titre, et le plande Marcion, et le but de cet ouvrage lui#m6me" &l ne sert plus qu' confirmerl'harmonie de la bont souveraine et de la souveraine ustice dans le m6me ieu,parce que ce double attribut convient ieu seul" 4on empressement opposerdans ces exemples le *hrist au *rateur tend tablir l'unit" La substance de ceque tu appelles les deux divinits sera tellement une et identique, dans sonindulgence et ses rigueurs, qu'elle a voulu marquer de sa bont les m6mescirconstances qu'elle avait prcdemment empreintes de sa svrit" Jaudra#t#ils'tonner que ces attributs varient selon les dispositions humaines, et que le ieuqui avait men avec la verge de fer un peuple indocile, conduise par la douceur unenation soumise% !ar consquent les antithses me montreront les plans du *rateurrforms parle *hrist, scells de nouveau, et restaurs plut+t qu'anantis, surtoutquand tu affranchis ton dieu de tout mouvement d'amertume, par consquent detoute affection envieuse l'gard du *rateur" 5'il en est ainsi, comment tesantithses me prouveront#elles que sa rivalit alouse lutta contre le *rateur dansdes oprations diffrentes% $e reconnatrai plut+t par elles#m6mes dans cettecirconstance que mon dieu est un ieu aloux, qui, usant de ses droits, amena parune mulation bonne et louable, ses propres lois, qui avaient trop de verdeur dans


29/29

l'origine, la saveur de la maturit" *e monde lui#m6me, si sagement combind'lments contraires, est plein d'oppositions" -insi, + extravagant Marcion, lu asoubli de nous forger un dieu pour la lumire et un dieu pour les tnbres, afin denous persuader plus aisment qu' l'un appartenait la bont, l'autre la rigueur" CoustrouveF en ieu les oppositions qu'il a lui#m6me tablies dans le monde"

O" AOB metta#noen"

4raduit par ."#-" de Senoude, OK1R

tertullien - contre marcion livre 2

Documents