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Thème 3 : Dynamiques géographiques des grandes aires continentales Chapitre 6 : Asie du Sud et de l’Est, les enjeux de la croissance 1 I. Etude de cas : Mumbai : modernité et inégalités (p. 296 à 301) Mumbai est construite sur une presqu’île (îles initiales rassemblées), bien relié avec l’intérieur du pays. La ville est une création de la colonisation portugaise, puis britannique et doit son succès à son remarquable site portuaire : ouvert sur le sud, un vaste plan d’eau se développe à l’abri des tempêtes de l’océan Indien. L’essor commence avec la colonisation britannique des Indes et s’amplifie avec l’ouverture du canal de Suez (1869). Exercice amorce : Document 1 : Mumbai, skyline et le pont Rajiv Gandhi Sea Link Source : Maharashtra State Road Development Corporation (MSRDC), janvier 2012. Document 2 : Le bidonville de Darhavi, le plus grand bidonville d’Asie. Source : Dharavi, un atelier à ciel ouvert, Télérama, décembre 2010

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Thème 3 : Dynamiques géographiques des grandes aires continentales Chapitre 6 : Asie du Sud et de l’Est, les enjeux de la croissance

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I. Etude de cas : Mumbai : modernité et inégalités (p. 296 à 301) Mumbai est construite sur une presqu’île (îles initiales rassemblées), bien relié avec l’intérieur du pays. La ville est une création de la colonisation portugaise, puis britannique et doit son succès à son remarquable site portuaire : ouvert sur le sud, un vaste plan d’eau se développe à l’abri des tempêtes de l’océan Indien. L’essor commence avec la colonisation britannique des Indes et s’amplifie avec l’ouverture du canal de Suez (1869). Exercice amorce : Document 1 : Mumbai, skyline et le pont Rajiv Gandhi Sea Link

Source : Maharashtra State Road Development Corporation (MSRDC), janvier 2012.

Document 2 : Le bidonville de Darhavi, le plus grand bidonville d’Asie.

Source : Dharavi, un atelier à ciel ouvert, Télérama, décembre 2010

Thème 3 : Dynamiques géographiques des grandes aires continentales Chapitre 6 : Asie du Sud et de l’Est, les enjeux de la croissance

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A l’aide des deux photos, que pouvez-vous dire de Mumbai par rapport à l’Inde et au monde. Mumbai, en s’affirmant comme la capitale économique et culturelle, devient la vitrine de l’union indienne, puissance émergente en pleine modernisation. L’organisation spatiale de cette mégapole de 21 millions d’habitants (environ) reflète sa forte croissance économique. Cependant, les inégalités socio-spatiales criantes dévoilent les retards de développement et les obstacles à surmonter. Problématique : En quoi Mumbai est-elle révélatrice à la fois du dynamisme économique et des profondes inégalités de l’Asie du Sud et de l’Est ? Pour l’ensemble de l’étude de cas, pensez à utiliser le croquis p. 300.

A. La modernité d’une métropole mondiale en pleine croissance économique Documents à utiliser : documents 1 et 3 p. 296, documents 4 et 5 p. 297 Questions : 1. Montrez que la croissance de Mumbai amène progressivement à une saturation urbaine

(document 1 p. 296). Mumbai est la quatrième mégapole mondiale et connaît une croissance accélérée depuis 1960. La population double environ tous les 20 ans et, à l’horizon 2030, Mumbai devrait accueillir près de 40 millions d’individus et ainsi être la métropole la plus peuplée dans le monde. Les densités de population 27 000 habitants au km² (contre 20 000 à Paris). Toutes ces données chiffrées témoignent de la saturation démesurée d’un espace urbanisé qui voit ses densités sans cesse croître. 2. Montrez que Mumbai a les fonctions d’une ville mondiale (document 3 p. 296 et

document 5 p. 297). Mumbai est le premier port et un carrefour ferroviaire, autoroutier, aéroportuaire majeur. Elle compte pour un quart de la production industrielle du pays et est un pôle financier international (deux bourses des valeurs avec le Bombay Stock Exchange Limied, le National Stock Exchange of India). Elle est aussi le pôle cinématographique et télévisuel (Bollywood). Au total, Mumbai réalise 5 % du PIB du pays. La concentration des sièges sociaux montre l’importance du tertiaire supérieur et des activités de commandement. 3. Identifiez les projets et les aménagements qui doivent ancrer Mumbai dans la

mondialisation pour en faire la vitrine de l’Inde (document 4 p. 297) Mumbai symbolise l’ancrage de l’Inde dans la mondialisation par ses aménagements spectaculaires comme le pont maritime, la multiplication des tours, les nouveaux CBD et les centres commerciaux à l’américaine. Elle est la porte d’entrée principale des capitaux et des marchandises et la vitrine de l’Inde dans la mondialisation. La pression immobilière en fait une des villes les plus chères au monde.

B. Une organisation spatiale reflet d’une mégapole émergente qui cherche à s’insérer dans la mondialisation

Documents à utiliser : document 4 p. 297, documents 1 et 2 de l’exercice amorce, la destruction de Dharavi suscite l’opposition (Jalons pour l’histoire du temps présent, 2012). Document 1 : Le projet de destruction du bidonville de Dharavi à Mumbai suscite l'opposition de la population Rebaptisée Mumbai depuis 1996, l'ancienne Bombay est avec 21 millions d'habitants la ville la plus peuplée de l'Inde. Elle est même l'une des principales mégapoles mondiales. Seules Tokyo, Mexico, Séoul et New York sont en effet plus peuplées que Mumbai. […] Mumbai connaît par conséquent un très important étalement urbain. […]

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Mumbai attire de très nombreux d'habitants parce qu'elle est la capitale économique de l'Inde. Elle concentre ainsi 25 % de la production industrielle du pays. Elle abrite du reste de grands groupes industriels indiens comme Tata, Godrej et Reliance. Elle compte également les deux principales bourses indiennes qui représentent 92 % de ses transactions financières, ainsi que les banques les plus importantes du pays. Son port assure en outre près de la moitié du commerce indien. Enfin, Mumbai est aussi la capitale du cinéma indien : « Bollywood », l'industrie cinématographique indienne, y est installée. Mumbai est cependant une mégapole à deux visages au sein de laquelle les écarts de richesse s'avèrent considérables. Les inégalités sociales sont en effet très fortes dans une ville où des quartiers riches cohabitent avec d'immenses bidonvilles. […] Mumbai abrite notamment le plus grand bidonville d'Asie et l'un des plus grands du monde : Dharavi. Porté à l'écran par le film Slumdog Millionaire réalisé par Danny Boyle, qui a remporté l'Oscar du meilleur film en 2009, cet immense bidonville s'étend sur 223 hectares. Il compterait entre 600 000 et 1 million d'habitants. À Dharavi sont installés de très nombreux artisans. Ils travaillent la poterie, le cuir ou créent des vêtements. Des petites entreprises installées dans le bidonville sont par ailleurs spécialisées dans le recyclage de toutes les matières, qu'il s'agisse de plastiques, d'aluminium ou de bidons d'huile et de peinture. Les autorités indiennes cherchent toutefois de faire disparaître ces gigantesques bidonvilles pour les remplacer par des quartiers d'affaires ou de logements modernes. Ainsi, en 2007, un architecte américain d'origine indienne, Mukesh Mehta, a reçu le soutien des autorités de Mumbai pour son projet immobilier de réhabilitation de Dharavi : il s'agissait de détruire les habitats informels du bidonville pour y construire à la place des logements, des bureaux, des cliniques, des écoles et un terrain de golf. Les habitants de Dharavi y opposent cependant une farouche résistance.

Source : Jalons pour l’histoire du temps présent, 2012. Document 2 : Une ligne de métro aérien pour désengorger Mumbai : D'ici à la fin de l'année, un monorail et une ligne de métro aérienne de 11 kilomètres devraient être inaugurés à Bombay. "En soi, construire une ligne de métro paraît simple, mais dans une ville aussi congestionnée que Bombay, c'est un immense défi", a déclaré le ministre en chef du Maharashtra, l'Etat dont Bombay est la capitale. De fait, l'acquisition de terrains dans une ville aussi peuplée (20 millions d'habitants) se heurte à l'opposition des habitants, et les procédures judiciaires peuvent être interminables, sans parler de la destruction ou du déplacement d'édifices religieux, un sujet très sensible. Enfin, les promoteurs de chaque projet doivent jongler avec les autorités administratives au niveau régional et national et l'adapter aux infrastructures existantes. Il a fallu, par exemple, cinq ans pour que le ministre des chemins de fer valide la réalisation d'un pont permettant la construction d'une route de 6,5 km, reliant les quartiers de Chembur et Santa Cruz. Il n'est pas moins difficile de creuser des lignes ferroviaires souterraines. A Bombay comme ailleurs en Inde, le système d'égout est mal cartographié et les nombreux puits illégaux ralentissent l'exécution des travaux. L'inauguration de la ligne de métro qui reliera les quartiers est et ouest de la ville aura finalement pris trois ans de retard. Ses effets seront cependant limités, car elle ne pourra transporter que quelques centaines de milliers d'habitants par jour. Comment désengorger Bombay ? Puisqu'il est si difficile de construire des routes ou des chemins de fer dans la mégapole, des urbanistes plaident pour la construction d'infrastructures en pleine mer. Le Bandra-Worli Sea Link, un pont enjambant la mer qui relie les quartiers de Worli et Bandra, inauguré en grande pompe par un feu d'artifice en 2010, a désengorgé une partie de Bombay.

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Les autorités ont même envisagé de relier la presqu'île de Bombay à la rive qui lui fait face par un pont géant. Les moyens de transport maritime, comme des ferrys, sont également à l'étude pour relier le sud au nord de la ville. Les projets sont nombreux, mais peu d'entre eux ont abouti. […]

Source : Julien Bouissou, Le Monde le 27 septembre 2013 Questions : 1. Montrez que la ville voit se multiplier les aménagements afin de s’insérer dans la

mondialisation et de développer son attractivité internationale. (document 4 p. 297, document 1 de l’exercice amorce)

Face à la congestion du centre historique, de nouveaux centres secondaires apparaissent dans la couronne péricentrale de Mumbai. C’est le cas à Bandra Kurla, au nord de Mumbai et à proximité de l’aéroport international. Il s’agit d’inscrire la ville dans la compétition internationale entre les métropoles mondiales, en la rendant attractive et en résolvant les problèmes de congestion automobile et d’insuffisance énergétique. Dans la ville-centre, la tertiarisation et la gentrification ont expulsé les usines et favorisé l’installation des classes supérieures et moyenne. La classe moyenne est le résultat de l’envolée économique. Les grandes fortunes indiennes sont installées à Mumbai comme la famille Tata (automobile, hôtellerie, thé, téléphonie mobile, soit 80 entreprises en tout) ou la famille Ambani (première fortune indienne possédant Reliance Industries) qui occupe une tour privée de 27 étages (Antilia Power, 600 domestiques pour une famille de 6 personnes). 2. Montrez que Mumbai est marquée par une importante ségrégation socio-spatiale

(document 1, document 2 de l’exercice amorce). Le Sud et l’Ouest rassemble les classes aisées et l’IDH est élevé. A l’opposé, le centre et l’Est comprend des quartiers où le niveau de vie est inférieur (700 000 sur 200 hectares habitants à Dharavi). Dans les interstices de la ville, se sont érigés les quartiers informels ou slums. La mégapole est une gigantesque mosaïque socio-spatiale où quartiers résidentiels sécurisés côtoient des bidonvilles qui regroupent près de 60 % des habitants de la mégapole. A mi-chemin entre le centre financier et l’aéroport international, le bidonville de Dharavi s’étend sur une superficie modeste de 2,5 km² et accueille probablement plus de 300 000 habitants, soit une densité qui dépasse les 100 000 habitants au km². Les inégalités socio-spatiales sont donc criantes (voire hurlantes) entre les gagnants de « l’Inde qui brille » et les laissés pour compte. 3. Expliquez quelles sont les transformations que Mumbai met en œuvre pour régler les

problèmes de congestion spatiale et de ségrégation socio-spatiale (document 4 p. 297, document 1 de l’exercice amorce, document 1 et document 2).

Pour concurrencer les grandes métropoles mondiales, Mumbai doit : - S’équiper d’infrastructures modernes de communication et réduire la congestion

automobile (métro, routes, nouvel aéroport). - Faire disparaître les slums qui nuisent à l’image de la ville et fournir un toit aux

dizaines de milliers de miséreux qui vivent sur les trottoirs Depuis 1995, la municipalité de Bombay mène une politique de réhabilitation des slums mais, en 15 ans, seules 500 000 personnes ont été relogées (12 % de l’objectif).

C. Mumbai, véritable ancrage de l’Inde dans la mondialisation Documents à utiliser : document 2 p. 296, document 8 p. 298, Mumbai croit dans la hiérarchie des villes mondiales (M.H. Zérah, Mumbai ou les enjeux de construction d’un acteur collectif, métropoles XXL en pays émergents, presses de sciences po, 2011), Le trafic maritime dans les Major ports à conteneurs en Inde (carte Isemar, ministère des transports, 2013).

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Document 1 : Mumbai croit dans la hiérarchie des villes mondiales. Mumbai est passée entre 2004 et 2008 d’une ville mondiale* de rang 4 à une ville de rang 3, ce qui témoigne de son importance dans cette région du monde. Même si son produit urbain brut reste modeste au regard des autres grandes villes internationales, il jour un rôle stratégique pour l’intégration de son économie nationale dans l’économie mondiale : il représente 4 à 5 % du PIB de l’Inde »

Source : M.H. Zérah, Mumbai ou les enjeux de construction d’un acteur collectif, métropoles XXL en pays émergents, presses de sciences po, 2011

Document 2 : Le trafic maritime dans les Major ports à conteneurs en Inde :

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Source : carte Isemar, ministère des transports, 2013

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Question : Montrez que Mumbai est devenue un pôle de commandement majeur de la mondialisation en Inde. Mumbai dispose d’importants équipements portuaires et aéroportuaires qui lui permettent de s’intégrer dans la mondialiation. En effet, de ce point de vue, elle est le premier centre indien de redistribution des flux maritimes et aériens vers le reste de l’Asie même si elle reste largement en deçà des pôles chinois, coréens ou japonais. Mumbai est aussi au cœur des flux de la mondialisation :

- Flux financiers par ses deux bourses : 92 % des flux financiers d’Inde - Flux de marchandises de tous ordres, notamment parce que Mumbai reste le premier

centre industriel d’Inde - Flux humains, non seulement Indiens liés à l’exode rural mais aussi des flux de retour

de diaspora et des flux d’étrangers (sorte de brain drain inversé) Mumbai accueille de nombreuses firmes étrangères ce qui lui permet d’être un relais pour ses firmes dans le sous-continent indien. Elle est ainsi devenue la « vitrine » de la modernité de l’Inde par laquelle le pays affirme son statut de puissance émergente. Du fait de ses fonctions métropolitaines et de ses échanges nombreux avec l’extérieur, Mumbai connaît actuellement une croissance économique forte, qui se traduit dans l’organisation de l’espace urbain:

- création d’un nouveau quartier d’affaires, - apparition de nouvelles zones industrielles dans les périphéries nord de la ville... - gentrification et tertiarisation du centre - dotation de systèmes de transports qui permettent une meilleure intégration à la

mondialisation et une décongestion de la ville (cas de Navi Mumbai) II. Atouts et défis de la croissance démographique en Asie du Sud et de l’Est

A. Un grand foyer de peuplement Documents à utiliser : carte 2 p. 303, carte 1 p. 306, documents 2 et 3 p. 306. Questions : 1. Montrez que l’Asie du Sud et de l’Est comprend des géants démographiques et expliquez

les disparités visibles (carte 2 p. 303) L’Asie est le continent des géants démographiques : 1,3 milliard d’habitants en Chine, 1,2 milliard en Inde. Elle regroupe 60 % de la population mondiale (3,5 milliards d’habitants) et constitue l’ensemble macrorégional le plus peuplé de la planète. Les plaines alluviales et les deltas concentrent les très fortes densités de populations : la Chine utile, Chine orientale des plaines et des basses vallées fluviales, concentre 80% de la population chinoise sur un tiers du territoire et compte des densités dépassant 400 hab. / km2. 2. Montrez que l’Asie du Sud et de l’Est est marquée par la présence de nombreuses

mégapoles (villes de plus de 8 millions d’habitants) mais que l’aire continentale est en voie d’urbanisation.

L’Asie abrite la plus forte concentration de mégapoles millionnaires, le plus souvent en situation littorale : Tokyo, Shanghai, Hong-Kong Séoul, Pékin, Manille, Jakarta dépassent les 10 millions d’habitants. On parle de régions urbaines gigantesques comme la mégalopole japonaise qui s’étend de Kitakyūshū à Tokyo. C’est en Asie orientale que l’on retrouve les plus grandes mégapoles du monde : Tokyo (33 millions d’habitants), Mumbai (23 millions), Séoul (21 millions d’habitants) en font partie. La population est dans l’ensemble moyennement urbanisée avec un taux d’urbanisation moyen de 38 % (contre 50 % dans le monde), sauf dans les cités-Etats de Singapour et de

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Hong-Kong (rétrocédé à la Chine en 1997). En Chine, la population urbaine n’est actuellement que de 31 % mais la croissance urbaine y est particulièrement soutenue dans la région littorale. Le taux d’urbanisation a doublé lors des 25 dernières années. Le phénomène de rattrapage urbain est rapide et la croissance urbaine profite aux grandes mégapoles. Exception de l’Inde où le taux d’urbanisation est faible (30%) et la croissance urbaine lente.

B. Les disparités de la croissance démographique Documents à utiliser : documents 2 et 3 p. 305, taux de fécondité dans le monde 2005-2010 (cartothèque science po, 2012). Document 1 : Taux de fécondité dans le monde 2005-2010 :

Questions : 1. Montrez que les situations démographiques varient d’un pays à l’autre. Vous expliquerez

en détail les raisons pour la Chine (ensemble des documents). Tous les pays sont engagés dans la transition démographique mais la croissance reste forte à cause de l’inertie démographique. Le maintien d’une forte croissance démographique est le fait des pays pauvres (Laos, Népal, Philippines). Aux Philippines, l’indice de fécondité est de 3,2 alors qu’il est plutôt de 2 dans les autres pays de la région. Le Japon et la Chine ont achevé leur transition démographique, et connaissent un vieillissement de leur population. La Chine, au contraire de l’Inde, a réussi à mener des campagnes démographiques pour faire baisser la fécondité dès les années 1970. Des avantages sont accordés aux couples ayant un enfant unique (accès prioritaire au logement, à la crèche, aux écoles). Les contrevenants

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sont sévèrement punis : au deuxième enfant, les avantages liés à l’enfant unique sont annulés ; au troisième enfant, les avantages sociaux sont supprimés. 2. Expliquez pourquoi l’Asie est marquée par un déséquilibre important des sexes

(documents 2 et 3 p. 305). Les populations ont caché les naissances, privilégié la naissance des enfants mâles (surmortalité des petites filles ou abandon). En Inde, les résistances culturelles ont été plus fortes : la fécondité y est de 2,7 enfants par femmes et le pays sera le plus peuplé au monde vers 2035. Comme en Chine, le déséquilibre des sexes est flagrant : 100 millions de femmes manquent aujourd’hui en Asie (fils privilégié dans une société patriarcale, assure perpétuation du patrimoine et du patronyme d’où la traditionnelle maltraitance des fillettes et, aujourd’hui, la pratique de l’avortement sélectif). 108 hommes pour 100 femmes en Chine, 107 en Inde. Il manque aujourd’hui près de 50 millions de femmes en Inde. La «loi » biologique universelle fait qu’il naît plus de garçons à la naissance (105 garçons pour 100 filles). Les filles sont victimes sous-nutrition (le taux de mortalité est plus élevé en Inde chez les filles de moins de 15 ans que chez les garçons du même âge) ; le taux de suicide est trois fois supérieur à celui des hommes (pour échapper à sa condition et à un mariage forcé avant 18 ans)… La préférence pour les garçons s’est transformée en norme sociale moderne. Les filles, ayant vocation à quitter le foyer familial (« élever une fille, c’est arroser le jardin du voisin » selon un dicton indien), sont sous scolarisées et sont considérées comme un risque potentiel d’apporter le déshonneur sur une famille.

C. Le développement face au défi du nombre Documents à utiliser : document 6 p. 307. Questions : 1. A l’aide de vos connaissances sur la mondialisation, expliquez en quoi l’importance de la

population peut être un atout. Cette population très nombreuse constitue à la fois un vaste marché de consommation et un réservoir de main-d’œuvre pour les multinationales qui y délocalisent leurs unités de production. Par ailleurs, la jeunesse, si elle est bien formée, est un moteur d’inventivité technique. 2. En vous appuyant sur l’étude de cas sur Mumbai et sur le document 6 p. 307, expliquez en

quoi ces fortes densités peuvent être des obstacles au développement. Mais, ces fortes densités peuvent aussi être vues comme des obstacles du fait de la pression démographique, notamment dans les pays qui émergent ou qui sont en retard de développement (cf. cours précédent sur l’Afrique). Les défis sont de taille : défis sanitaires (mortalité infantile élevée), défis éducatifs (sous-scolarisation), défis sociaux (emplois, logements, fortes inégalités), défis des infrastructures comme le montre le cas de Mumbai. III. Une aire de puissance dynamique relativement récente L’Asie du Sud et de l’Est connaît une croissance économique rapide liée à son intégration dans l’économie mondialisée. Sa part dans le PIB mondial est de 36 %, avec cinq des vingt plus grandes puissances économiques (Chine, Japon, inde, Corée du Sud, Indonésie). Toutefois, les stratégies suivies n’ont pas été uniformes et les disparités subsistent entre pays développés, économies émergentes et Etats marginalisés.

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A. Les processus de l’émergence Documents à utiliser : document 1 p. 308, document 2 p. 309, schéma du système de développement économique en vol d’oies sauvages (Manuel Belin, 2008), document 1 p. 313. Document 1 : Schéma du système de développement économique en vol d’oies sauvages

Source : Manuel Belin, 2008 Questions : 1. Montrez comment l’aire de puissance s’est progressivement développée et quel est le

modèle qui a été adopté. Le Japon a ouvert la voie du développement économique fondée sur l’industrialisation dès les années 1950 : allié des EU, il connaît alors un miracle économique, la période de « haute croissance ». Plusieurs facteurs expliquent cet état de faits :

- l’aide financière et technique des EU (contexte de guerre froide) - l’extrême faiblesse des dépenses militaires (1 % du PIB) - une population abondante constituant un vaste réservoir de main d’œuvre et un marché

de consommation intérieur - l’intervention de l’Etat à travers le ministère du Commerce international et de

l’Industrie (MITI) - un état d’esprit fondé sur le respect des hiérarchies au sein de l’entreprise, des ouvriers

dociles entièrement dévoués à leur entreprise, des patrons plus soucieux de progrès que de profits

- des choix économiques efficaces : priorité donnée à l’économie moderne, recherche des marchés extérieurs, autofinancement des entreprises

Automobiles, motos, appareils photos, Electronique, informatique, robotique

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Les quatre Dragons (Taiwan, Singapour, Hong-Kong, Corée du Sud) devenus les NPI ont su attirer les implantations japonaises en créant des zones industrielles franches de toute taxation douanière ou fiscale afin de faire démarrer des industries à partir des normes techniques qui sont celles des pays développés. Dans un premier temps « pays ateliers », ils bénéficient, dans un second temps, de transferts de technologies et de savoir-faire et remontent les filières, se spécialisant dans les industries de plus en plus pointues (automobile, informatique, électronique), concurrençant les entreprises japonaises (exemple de Daewoo, de LG, de Hyundai, de Samsung…). Chacune a une spécificité :

- Singapour est leader mondial des disques durs. - Hong Kong, leader du jouet électronique. - La Corée du Sud, leader pour les téléviseurs à écran plat. - Taïwan, leader pour les consoles d’ordinateur.

On parle de développement en « vol d’oies sauvages » qui touche désormais pays émergents de l’Asie du Sud-Est, en phase de devenir les nouveaux NPI (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines, Vietnam…). Ce type de développement est à l’origine d’une intégration régionale qui se poursuit et se renforce dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail. Elle est renforcée par l’essor des flux intra-régionaux en tous genres : investissements des FMN japonaises et coréennes, flux commerciaux (le Japon importe du bois d’Asie du Sud-Est et des hydrocarbures d’Indonésie raffinés à Singapour), échanges de brevets, circulation des élites et des touristes. Spatialement, cette intégration dessine un « corridor économique » qui va de Singapour à Tokyo, et compose un chapelet de nœuds où se concentrent et se croisent les échanges mondiaux et régionaux. Ces nœuds sont à la fois des métropoles, des vastes ensembles portuaires, des places boursières et des hubs aéroportuaires. 2. Montrez que l’Asie du Sud et de l’Est est une espace incontrounable du transport

maritime, clé de la mondialisation aujourd’hui (document 1 p. 313) La région se caractérise aussi par un très fort degré de maritimisation des économies et des territoires. La révolution du conteneur a décuplé le trafic des ports situés sur les routes commerciales mondialisées : ils concentrent aujourd’hui 43 % du trafic conteneurisé planétaire. Hongkong, Singapour, Pusan, Kaohsiung (Taiwan) sont les quatre principales plates-formes de conteneurs dans le monde. 3. Expliquez ce qui a pu favoriser le développement des flux commerciaux régionaux

(document 2 p. 309). L’efficacité repose aussi sur la création d’organisation régionales comme l’ASEAN (Association des nations du Sud-Est asiatique fondée en 1967) [pays membres : Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Birmanie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam] qui a favorisé les échanges commerciaux régionaux.

B. Des inégalités face à la croissance à toutes les échelles Documents et connaissances à utiliser : ensemble des informations de l’étude de cas sur Mumbai, carte 1 p. 309, l’IDH en Chine en 2008 (d’après le PNUD, 2009-2010). Document 1 : L’IDH en Chine en 2008 :

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Questions : 1. Montrez que la croissance économique en Asie ne profite pas de la même façon à tous les

Etats (utilisez aussi les connaissances du cours sur la mondialisation) 2. Montrez que la croissance économique et l’intégration à la mondialisation créent des

disparités internes aux Etats. 3. Montrez que la croissance économique et l’intégration à la mondialisation sont

responsables de l’accentuation de la ségrégation socio-spatiale dans les villes d’Asie (prendre le cas de Mumbai)

C. Croissance économique et gestion des risques : une contradiction

particulièrement vive en Asie ? Document à utiliser : carte 2 p. 315, documents 1 et 3 p. 317, document 2 p. 321. Questions : 1. Montrez en quoi la littoralisation est responsable d’une importante transformation des

paysages (carte 2 p. 315). L’industrialisation a accéléré la littoralisation des activités qui se sont concentrées dans des écosystèmes fragiles (plaines côtières, deltas, baies…). Les paysages ont été défigurés par l’industrialisation et l’urbanisation. Les littoraux ont été redessinés par d’immenses terre-

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pleins industriels et portuaires, résultant dans la baie de Tokyo du stockage des ordures ménagères. 2. Montrez que l’activité économique est à l’origine de pollution dramatique (carte 2 p. 315,

document 1 p. 317). L’industrialisation est à l’origine de la pollution de l’air et de l’eau (Rivières polluées en Chine, au Bangladesh par l’industrie textile). Elle est aussi à l’origine de catastrophes industrielles comme à Bhopal en Inde (1984) où explose une usine de pesticides. 3. Montrez que la littoralisation accroît la vulnérabilité des sociétés aux aléas naturels

(document 3 p. 317). La vulnérabilité naturelle des régions littorales (séismes, tsunamis, typhons, inondations) se combine parfois avec des risques industriels et cause des catastrophes gravissimes comme à la centrale de Fukushima en mars 2011 (tsunami au large causant la panne des systèmes de refroidissement de la centrale nucléaire). 4. Identifiez les différentes conséquences environnementales de l’exploitation des ressources

naturelles et de l’agriculture intensive en Asie (carte 2 p. 315, document 2 p. 321). A l’intérieur des terres, l’agriculture souffre de la surexploitation des sols, des ressources hydriques et des ressources forestières à l’origine de crises écologiques. La révolution verte en Inde, en Chine, en Indonésie est à l’origine de cette surexploitation. La déforestation remplace les forêts primaires par des plantations pour fournir de l’huile de palme en Indonésie et en Malaisie. 5. Selon vous, identifiez les raisons et les enjeux qui rendent la protection de

l’environnement difficile en Asie. Le combat pour la défense de l’environnement est difficile car il se heurte à de puissants enjeux financiers et économiques. La réglementation qui existe est très souvent contournée par la corruption des responsables. Enfin, les délocalisations des FTN occidentales déplacent la pollution en Asie. La Chine est actuellement le premier émetteur mondial de CO2, devant les EU.

D. Une aire de puissance qui reste soumise à des tensions internes fortes Documents à utiliser : cartes 2 p. 309, carte 1 p. 314 Questions : 1. Montrez qu’il n’y a pas d’unité dans les régimes politiques d’Asie orientale Le seul point commun est un lourd passé d’autoritarisme qui sévit encore ici et là à des degrés divers… :

- Une réelle démocratie de type parlementaire: le Japon - Deux démocraties en construction : Taiwan et la Corée su Sud où la dictature a été

refoulée. - Deux régimes partiellement démocratiques : le régime très autoritaire de Singapour et

le système partiellement démocratique de Hong-Kong, très contrôlé par la Chine et dont l’autonomie s’amenuise d’année en année...

- Un régime communiste autoritaire en Chine qui prône cependant «l’économie socialiste de marché » depuis 1992 : la Chine développe donc une économie capitaliste dans un régime politique communiste, contradiction interne qui ne va pas sans poser de problèmes…

Remarque. Au-delà de ces différences, ces régimes ont des caractéristiques communes : force, centralisation, bureaucratie, interventionnisme économique et social, idéologie volontariste avec recherche de la réussite et volonté de puissance pour le pays.

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2. Montrez qu’il existe des tensions à l’échelle régionale et internationale. Certaines tensions sont anciennes (inimitié sino-japonaise, méfiance à l’égard du Japon). D’autres se sont approfondies avec la guerre froide. D’autres se développent aujourd’hui avec la montée en puissance de la Chine. A l’échelle régionale, des tensions internes

- Très forte tension entre les deux Corées, la Corée du Nord restant une des dernières dictatures communistes staliniennes au monde, état voyou intégré à l’ « axe du mal » du Président Bush, très menaçant du fait de la paranoïa de son chef et de sa volonté de développer l’arme nucléaire.

- Forte tension entre la Chine continentale et Taiwan : Taiwan s’est constituée au moment où la Chine continentale a basculé dans le communisme, devenant le refuge des nationalistes soutenus par les Etats-Unis. C’est un pays développé aujourd’hui soucieux de préserver une indépendance de fait que la Chine Populaire ne veut surtout pas voir proclamer en droit : pour elle Taiwan est une province chinoise avec un système différent.

- Relations très difficiles entre la Chine et le Japon depuis la seconde guerre mondiale surtout, avec résurgence sporadique de tensions voire de crises. (émeutes contre les intérêts japonais en Chine au printemps 2006 à cause du refus de reconnaître les crimes de guerre commis par le Japon pendant la 2° GM)

- Relations délicates entre la Russie et la Chine : le conflit sino-soviétique a disparu avec l’effondrement du communisme, mais les relations entre ces deux grands pays restent cependant difficiles, d’autant que l’extrême orient sibérien est vide face à la pression démographique et économique chinoise…

- Des tensions persistantes à propos frontières à propos du partage de la zone maritime et de la ZEE (détroit de Taiwan, avec les Philippines et le Vietnam en mer de Chine méridionale, avec le Japon en mer de Chine orientale)

A l’échelle internationale

- Pas d'accord d'ensemble entre ces pays, seulement des traités bilatéraux et des accords entre firmes. Différents ensembles économiques régionaux qui s’emboîtent comme l’APEC ( Asia Pacific Economic Corporation) ou l’ASEAN (Association of South-East Asian Nations).

- La disparité des régimes politiques n’est guère favorable à la mise en place de réelles structures de coopération économique

- Pas de poids politique unitaire à l'échelle mondiale : « La cohésion de l'Asie orientale se coagule par le bas, c’est à dire par les échanges économiques et non par le haut, par les convergences politiques » (C.Sautter). Cela laisse aux EUA la possibilité de jouer un rôle important dans la région et c’est évidemment le cas

- Des tensions aussi à l’échelle internationale, entre la zone et l’extérieur. Notamment avec la Chine et la Corée du Nord. Problème de la Corée du Nord

- Compétition économique très forte avec la Chine qui impose des règles et une pression difficilement acceptées par l’Occident : cf. textile et habillement.

- Question des Droits de l’Homme bafoués qui ressort régulièrement L’équilibre reste cependant maintenu du fait de la conscience des protagonistes et en particulier de la Chine, que des conflits auraient des répercussions économiques désastreuses, mais aussi à cause de la pression américaine sur la région, même si elle a tendance à s’amenuiser.

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IV. Le Japon et la Chine : des puissances aux atouts différents

A. Une civilisation commune, mais des destins contemporains opposés 1) Des puissances majeures de la région de haute antiquité (CM)

La civilisation chinoise a rayonné dans toute l’Asie orientale au travers de son écriture, de sa culture (confucianisme), de sa conception impériale du pouvoir. Le Japon a largement emprunté à la civilisation chinoise ses principes de civilisation aux VIIIe et IXe siècles de notre ère. Longtemps, les deux pays sont restés fermés à l’influence européenne mais, contrairement à la Chine, le Japon s’ouvre à l’Occident et à ses innovations lors de l’ère Meiji (1868-1912). Il devient alors la première puissance asiatique et se lance dans des guerres impérialistes pour dominer l’Asie. Vaincu en 1945, la Guerre froide en fait un pays allié et protégé des EU face à une Chine communiste depuis 1949. Désormais, les deux Etats sont largement insérés dans l’économie mondiale et se sont dotés de puissants moyens d’échange, avec les ports les plus importants de la planète.

2) Le Japon, une intégration par la mégalopole japonaise Document à utiliser : carte 1 p. 321 Questions : 1. Montrez que la mégalopole japonaise est le cœur de la puissance du Japon et de son

intégration à la mondialisation. Au Japon, il s’agit de la mégalopole japonaise qui se compose d’un ensemble discontinu d’agglomérations de part et d’autre du cœur mégalopolitain compris entre Tokyo, Nagoya et Osaka, sur près de 1 500 km de long. Elle offre une des façades maritimes les plus actives au monde au moyen de vastes plates-formes industrialo-portuaires (Chiba 158 MT, Yokohama 116 MT, Nagoya 152 MT, Kawasaki 101 MT). L’ensemble du réseau urbain est situé sur la façade orientale de l’archipel et constitue ce qu’on appelle le « Japon de l’endroit ». 2. Montrez que le réseau urbain est macrocéphale. Le réseau urbain de la mégalopole japonaise est macrocéphale. La Mégalopole se présente comme un chapelet d'aires métropolitaines qui s'égrènent le long d'un axe, du Nord de la plaine du Kantô à Fukuoka. Dix villes dépassent le million d'habitants, et trois aires métropolitaines regroupent 44 % de la population totale sur environ 6% du territoire. 3. Identifiez les trois principales aires urbaines de la mégalopole. Tokyo, capitale et port et ville mondiale. Aujourd'hui, un Japonais sur quatre vit dans la région de Tokyo (plus de 32 millions d'habitants). C'est un des 5 centres de commandement national et mondial et, avec plus de 30 % de la production, la première région industrielle du pays. Deuxième ville mondiale après NY, elle concentre les fonctions de commandement majeures qui lui permettent de rivaliser avec les autres villes de l’AMM. Osaka-Kobé, capitalisme commercial et textile. Le triangle Osaka-Kobé-Kyoto (« Kinki ») est le deuxième noyau de peuplement, avec plus de 22 millions d'habitants et 20 % de la production industrielle. La conurbation cherche à concurrencer le Kantô en mettant l'accent sur les fonctions de recherche et de décision. Entre les deux, Nagoya s'est spécialisée dans l'industrie automobile et la mécanique de précision Nagoya, bourgeoisie d'affaires, À l'Ouest de Kobé, la Mégalopole se fragmente en de multiples centres moins peuplés mais très actifs. 4. Montrez que la mégalopole japonaise peut s’ouvrir sur le monde grâce à un réseau de

communication efficace.

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L'ouverture du pays et son développement économique se sont traduits par la mise en place de puissantes infrastructures portuaires et industrielles sur les littoraux. La Mégalopole est la deuxième façade maritime du monde en termes d'activité. Quatre ensembles concentrent les 3/4 du trafic. Dans l'ordre : les baies de Tokyo et d'Osaka-Kobé, de Nagoya, de Kita-Kyushu. De grandes zones industrielles portuaires (ZIP) ont été aménagées par creusement des plaines littorales et remblaiements, pour créer des terre-pleins et des îles artificielles. Les dimensions et l'étalement de cette région ont été rendus possibles par la mise en place de moyens de transports rapides très diversifiés. Le système ferroviaire est axé sur le Shinkansen et complété par des lignes de banlieue qui forment un réseau très dense. Il est associé à un important ensemble de routes et d'autoroutes. Des ouvrages d'art spectaculaires, ponts et tunnels, ont permis de surmonter les inconvénients de l'insularité.

3) Une organisation territoriale chinoise en gradient est-ouest Document à utiliser : carte 2 p. 325 Question : Montrez que le degré d’intégration à la mondialisation et au centre de commandement dicte l’organisation du territoire chinois selon un gradient est-ouest. Le territoire de la Chine s’organise en gradient est/ouest. Les régions littorales sont en plein développement, avec Shanghai, redevenue la « perle de l’Extrême-Orient », désormais premier port maritime au monde. D’ailleurs, 8 des 12 premiers ports mondiaux sont chinois. Le processus de diffusion s’est récemment engagé vers l’intérieur du territoire qui constitue désormais une périphérie intégrée. Les marges occidentales du pays sont des territoires en réserve, les nouveaux fronts pionniers de la croissance.

B. Des rivaux économiques régionaux Document à utiliser : documents 1 et 3 p. 327, carte 1 p. 329, document 2 p. 329. Questions : 1. Montrez que la Chine et le Japon se disputent le leadership régional même si leurs

économies sont interdépendantes (carte 1 p. 329, document 2 p. 329). Les deux Etats se disputent le leadership économique régional alors que les deux économies sont interdépendantes. Leurs échanges commerciaux se sont intensifiés depuis 2001 (entrée de la Chine à l’OMC). Fort de son avance technologique, le Japon exporte vers la Chine des biens intermédiaires (composants électroniques…) et d’équipement (machines-outils). La Chine exporte vers le Japon des produits de moindre valeur ajoutée (textile, électronique grand public), bien souvent fabriqués avec des capitaux japonais. 2. Montrez que le Japon reste le leader incontesté de la région. Le Japon reste le leader économique de la région avec une suprématie financière, commerciale et technologique (robotique entre autres). Il est le pays au monde qui dépose le plus de brevets et qui a la plus forte dépense de R&D (3,6 % du PIB contre 2,7 % aux EU, 1,5 % pour la Chine). On parle d’économie de connaissance axée sur une recherche et une innovation permanentes. 3. Montrez que la Chine entend s’imposer en tant que leader économique régional mais qu’il

reste des zones d’ombre. La Chine entend s’imposer comme le leader économique régional : elle a fondé son développement économique sur l’industrie lourde et l’exportation de produits bas de gamme (atelier du monde). Elle ambitionne désormais de détrôner le Japon sur le plan technologique en devenant le « laboratoire du monde ». Mais son économie souffre de zones d’ombre,

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notamment en ce qui concerne le rôle trouble des dirigeants du parti communiste (économie socialiste de marché). De plus, face aux inégalités et au mécontentement croissant, le pouvoir est obligé d’améliorer les conditions de travail et de développer la consommation intérieure : est-ce la fin de la main-d’œuvre « servile » ? En fait, les intérêts entre la Chine et le Japon sont tellement liés qu’on se dirige plutôt vers un partage du leadership. La Chine est le premier partenaire commercial du Japon. Le Japon est le troisième client de la Chine et son premier fournisseur. Entre 1972 et 2011, leurs échanges ont été multipliés par 300.

C. Des rivaux stratégiques dans la région Documents à utiliser : document 3 p. 329, Le partenariat institutionnel chinois en Asie (Atlas de la Chine, Autrement, 2012, p. 65), Les règlements frontaliers de la République populaire de Chine (Atlas de la Chine, Autrement, 2012, p. 67), Les attributs de la puissance japonaise (Atlas du Japon, Autrement, 2012, p. 90-91). Document 1 : Le partenariat institutionnel chinois en Asie : La politique régionale de la Chine tend à rassurer ses voisins. Elle se traduit par la multiplication des accords bilatéraux et multilatéraux favorisant la coopération et le libre-échange. L’accord ASEAN plus Trois est conclu entre l’ASEAN, la Chine, la Corée du Sud et le Japon en 1997. Après la crise financière de 1997-1998, qui a renforcé la position de la Chine comme l’un des principaux leaders économiques de la région, ces pays signent un accord de coopération monétaire ouvrant à des prêts mutuels de devises en cas de risque de déstabilisation en mai 2000. La Chine signe un accord de libre-échange avec l’ASEAN à l’horizon 2010-2015.

Source : Atlas de la Chine, Autrement, 2012, p. 65

Document 2 : Les règlements frontaliers de la République populaire de Chine :

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Source : Atlas de la Chine, Autrement, 2012, p. 67

Document 3 : Les attributs de la puissance japonaise : […] La revendication pour le Japon d’une « puissance politique » passe par l’affirmation d’une « puissance militaire ». Son budget militaire, au sixième rang mondial en montant global, […] est en augmentation constante. Les Forces d’auto-défense japonaise (FAD) atteignent le quatrième rang mondial en puissance de feu. Elles interviennent sur des théâtres extérieurs depuis 1992. […] A partir des années 1970, le Japon fut affublé du sobriquet « d’animal économique » et perçu comme le concurrent des Etats-Unis. Mais il manquait encore une culture capable de créer un engouement et d’influencer les masses. Alors que la Chine devient le principal challenger de l’Occident, la J-Pop (Japanese Pop Culture) fait de nos jours rêver la jeunesse mondiale. Manga, animê (dessin animés), jeux vidéo, karaoké et mode vestimentaire et musicale se sont transformés à partir des années 1990 en une véritable industrie culturelle. Cette nouvelle force de frappe économique doit beaucoup aux nombreux appareils électroniques nécessaires à la diffusion de cette culture. […] Les dirigeants japonais promeuvent un phénomène qu’ils nont

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pas appréhendé immédiatement. A la J-Pop se combine l’adoption d’une attitude humble sur la scène politique et diplomatique internationale : le Cool Japan (ou Japon tranquille), fait donc recette.

Source : Atlas du Japon, Autrement, 2012, p. 90-91 Questions : 1. Montrez que le Japon est en train d’accroître sa puissance géopolitique dans la région. Le Japon, du fait de son terrible passé d’avant 1945, a une constitution pacifiste et n’utilise son armée que dans des opérations de maintien de la paix. Il aspire à une normalisation de ses relations avec ses voisins, sous la protection des EU (VIIe flotte US à Okinawa). Cependant, le Japon accroît aujourd’hui sa puissance militaire qui ne peut que soutenir la puissance politique dans la région. 2. Expliquez comment la Chine entend devenir une puissance géopolitique majeure dans la

région. La Chine voudrait être la seule puissance globale de la région en suivant trois axes :

- élimination des conflits frontaliers (contestation en mer de Chine au sujet d’archipels), - stabilité dans la péninsule coréenne, - diplomatie économique (accords commerciaux bilatéraux).

V. Japon et Chine : des ambitions mondiales

A. La Chine, puissance complète1 Question : A l’aide de vos connaissances en histoire, montrez comment la Chine reste encore une puissance en devenir sur le plan mondial malgré des atouts majeurs. La Chine a restauré sa puissance ancienne par le biais de sa puissance économique. Mais, elle entend renforcer sa puissance militaire en renforçant considérablement sa marine (un porte-avion construit, un second en projet) pour surveiller les voies maritimes en Asie. Elle possède l’armée la plus nombreuse au monde (2 millions de soldats d’active) et le deuxième budget militaire (multiplié par 6 en dix ans). Elle possède l’arme nucléaire et siège au conseil de sécurité de l’ONU où elle peut contrecarrer la politique américaine, bien souvent en accord avec la Russie (cf. le blocage de toute intervention militaire en Syrie).

B. Le Japon, entre séduction et réveil impérial Documents à utiliser : Document du IV C. Question : Montrez que le Japon entend jouer un rôle accru du point de vue diplomatique mais que c’est surtout le soft power qui lui donne une envergure internationale aujourd’hui. Le Japon est un « nain politique » qui ne joue pas un grand rôle international malgré sa puissance militaire (4e budget militaire au monde, meilleure marine d’Asie). Son rayonnement se place du côté du soft power avec la diffusion d’une culture de masse spécifique à l’échelle mondiale : manga, jeux vidéo, cinéma, cuisine, mobilier et babioles… Cette stratégie de communication est appelée Cool Japan. Le vieillissement prononcé de sa population est une inquiétude tout comme les poussées de fièvre nationaliste (affaire des îles Senkaku) et nostalgique du Japon impérial. La catastrophe de Fukushima a sévèrement remis en question l’image d’un Japon sans faille, maîtrisant totalement la technologie.

1 Voir et compléter avec le cours d’histoire

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