these doctorat en medecine

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1 UNIVERSITE RENE DESCARTES Faculté de Médecine René Descartes Paris 5 ANNEE 2005 THESE pour le DOCTORAT EN MEDECINE Diplôme d’Etat par Olivier CLAUDE Né le 20 juin 1975 à Paris Présentée et soutenue publiquement CHIRURGIE PRECOCE DES HEMANGIOMES INFANTILES ORBITO-PALPEBRAUX PRESENTANT UN RISQUE FONCTIONNEL OPHTALMOLOGIQUE A L’AIDE D’UN BISTOURI A ULTRASONS Etude rétrospective Président du Jury : Madame le Professeur M.P. VAZQUEZ Directeur de thèse : Monsieur le Docteur P.A. DINER

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Page 1: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

1

UNIVERSITE RENE DESCARTES

Faculté de Médecine René Descartes Paris 5

ANNEE 2005

THESE pour le

DOCTORAT EN MEDECINE

Diplôme d’Etat

par

Olivier CLAUDE Né le 20 juin 1975 à Paris

Présentée et soutenue publiquement

CHIRURGIE PRECOCE

DES HEMANGIOMES INFANTILES ORBITO-PALPEBRAUX

PRESENTANT UN RISQUE FONCTIONNEL OPHTALMOLOGIQUE

A L’AIDE D’UN BISTOURI A ULTRASONS

Etude rétrospective

Président du Jury : Madame le Professeur M.P. VAZQUEZ

Directeur de thèse : Monsieur le Docteur P.A. DINER

Page 2: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

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SOMMAIRE

Introduction

Rappels et définitions

I > Les hémangiomes infantiles .……………………………………………….. p. 7

1) Tumeurs et malformations vasculaires

2) Hémangiomes infantiles

A. Diagnostic

B. Histologie

C. Diagnostics différentiels

D. Examens complémentaires

E. Traitements

II > Anatomie chirurgicale de la région orbito-palpébrale ………………......... p. 15

1) La paupière

A. Plan cutané

B. Muscle orbiculaire

C. Tarse

D. Conjonctive

E. Vascularisation

F. Drainage lymphatique

G. Physiologie palpébrale

2) L’appareil lacrymal

3) Les muscles de l’orbite

Page 3: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

3

III > Les principales complications ophtalmologiques des hémangiomes

orbito-palpébraux ……………………………………………………...…. p. 21

1) Strabisme

A. La vision tridimensionnelle chez le patient normal

B. La vision en cas de strabisme

C. Les formes de strabisme

D. Traitement du strabisme

2) Astigmatisme

A. Etude optique

B. Etude clinique

C. Traitement

3) Amblyopie fonctionnelle

A. Introduction

B. Types d’amblyopie

C. Dépistage de l’amblyopie

D. Traitement de l’amblyopie

4) Myopie

A. Étude optique

B. Étiologies

C. Traitement

5) Trichiasis

6) Compression du nerf optique

7) Exophtalmie et lésions cornéennes

Page 4: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

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Matériels et méthodes

I > Enfants ……………...……………………………………………..….…... p. 31

II > Dissecteur à ultrasons ………..………………………………….…….…... p. 32

1) Historique

2) Fonctionnement général

3) Utilisation dans le service

III > Suivi post-opératoire multidisciplinaire .……………..…………...…..…... p. 37

1) Suivi fonctionnel

2) Suivi morphologique

Résultats

I > 67 enfants opérés d’hémangiomes orbito-palpébraux avec risques fonctionnels :

place des différents traitements .………………………………..…………... p. 39

II > Interventions chirurgicales ……………………………….…..………..….. p. 42

1) Interventions et hospitalisations

2) Anatomo-pathologie

III > Examens ophtalmologiques …………..……………………..…………...... p. 44

1) Examens pré-opératoires

2) Examens post-opératoires

IV > Complications post-opératoires …….…………………………………….. p. 47

1) Complications immédiates

2) Résultats morphologiques et reprises chirurgicales

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Discussion

I > Discussion sur notre série ………………………………..……………...... p. 49

1) Efficacité, reproductibilité et sécurité de la chirurgie

2) Des résultats perfectibles

3) Evolution de la prise en charge des hémangiomes orbito-palpébraux

II > Discussion sur les autres séries de traitement chirurgical précoce …..……. p. 53

1) Les principales séries de la littérature

2) Place des dissecteurs à ultrasons

III > Discussion sur les autres traitements disponibles ………………………..... p. 56

1) Corticothérapie par voie générale

2) Corticothérapie par voie locale

3) Interféron alfa et vincristine

4) Les lasers

Conclusion

Bibliographie

Illustrations

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6

Page 7: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

7

Introduction

Les hémangiomes infantiles sont des tumeurs vasculaires qui atteignent environ 10%

des nourrissons. La classification de l’International Society for the Study of Vascular

Anomalies (ISSVA) a permis, en 1996, de bien différencier les hémangiomes

infantiles des malformations vasculaires, sur des bases établies par les travaux

fondateurs de Mulliken et Glowacki, en 1982, et grâce aux 20 années (1976-96) de

discussions au sein d’un Workshop international qui a lieu tous les 2 ans.

Leur évolution est caractéristique en 3 phases. Ils apparaissent toujours au cours des

premiers jours de vie et sont parfois présents dès la naissance. Après une phase de

développement en surface et en volume, qui dure plusieurs mois, ils se stabilisent

entre le 3° et le 12° mois. Puis on assiste à une phase d’involution spontanée, lente,

qui dure exceptionnellement 1 à 2 ans et qui le plus souvent se poursuit jusqu’à l’âge

de 6, 8 ou 10 ans. Cette capacité à se résorber permet d’obtenir une restitution cutanée

ad integrum dans environ la moitié des cas. De ce fait l’abstention thérapeutique est

apparue depuis Lister, en 1938, comme étant l’attitude la plus logique (1).

Cependant on considère que au moins 30% des hémangiomes vont nécessiter un

traitement, soit précocement, soit au stade de séquelles. C’est le cas des hémangiomes

orbito-palpébraux dont l’évolution spontanée peut se compliquer de lésions

fonctionnelles ophtalmologiques souvent irréversibles : astigmatisme, strabisme voire

amblyopie.

Le traitement classique dans cette localisation reste, encore pour beaucoup, médical et

repose en première intention sur les corticoïdes par voie générale ou en injection

intra-lésionnelle. Leur efficacité est inconstante et leurs effets secondaires sont

importants.

La chirurgie est encore le plus souvent considérée comme étant à réserver aux

séquelles cicatricielles des hémangiomes involués. Cependant, quelques équipes,

depuis une dizaine d’années, ont développé les indications opératoires d’exérèses

précoces. Pour faciliter, ces interventions sur des hémangiomes en phase d’évolution,

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le Service de Chirurgie Maxillo-faciale et Plastique Pédiatrique de l’hôpital Armand

Trousseau (Paris) a développé l’utilisation des bistouris à ultrasons CUSA (Cavitron

Ultra Sonic Aspirator) commercialisés sous les noms de Cavitron® et Dissectron®.

Notre travail veut montrer l’intérêt de cette chirurgie précoce pour les hémangiomes

orbito-palpébraux comportant un risque fonctionnel visuel. Nous voulons montrer

également qu’elle peut et qu’elle doit être réalisée avant que n’apparaissent des

anomalies à l’examen ophtalmologique qui deviennent rapidement irréversibles chez

le nourrisson.

Rappels et définitions

I> Les hémangiomes infantiles

3) Tumeurs et malformations vasculaires

Angiome est le nom que l’on utilisait jusqu’à il y a quelques années pour parler des

tumeurs et des malformations vasculaires. Faisant appel à de multiples spécialités, ces

lésions d’aspects et d’évolutions très différents rendaient les diagnostics confus. Et

surtout, les protocoles thérapeutiques manquaient d’efficacité. Ce n’est que

récemment, en 1996, que l’International Society for the Study of Vascular Anomalies

(ISSVA) a établi une classification qui permet à tous les praticiens de parler le même

langage (2 ; 3).

Page 9: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

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Nous distinguons deux grands groupes :

1) les hémangiomes infantiles, véritables tumeurs vasculaires, se développant par

prolifération cellulaire endothéliale et péricytaire,

2) et les malformations vasculaires qui ne sont, elles, que des agrégats de

vaisseaux dysplasiques sans prolifération tissulaire. Ces malformations vasculaires se

subdivisent en quatre groupes : artério-veineuses, veineuses, capillaires et

lymphatiques. Ces différentes malformations peuvent se combiner.

Dans certains cas, ces lésions relèvent de la chirurgie qui peut être précédée d’un

geste de radiologie interventionnelle. Leur évolutivité est très différente en fonction

de leur type. Le flux hémodynamique, l’histologie, les examens histochimiques, l’âge,

le sexe, les variations hormonales, la localisation et l’étendue sont autant de critères

importants. Avant d’établir un plan de traitement et ici plus qu’ailleurs, il est

indispensable de faire un diagnostic précis sans pour autant avoir recours

systématiquement à de multiples examens, notamment à une artériographie.

La prise en charge des hémangiomes et des malformations vasculaires superficielles

nécessite une équipe pluridisciplinaire regroupant habituellement chirurgiens,

radiologues interventionnels et dermatologues en liaison avec des pédiatres, un

anatomopathologiste expert en lésions vasculaires et un ophtalmologiste (4 ; 5).

4) Hémangiomes infantiles

A) Diagnostic

Ces tumeurs vasculaires sont très fréquentes. Elles atteignent environ 10% des

nourrissons et sont 2 à 3 fois plus fréquentes chez les filles. Plus les lésions sont

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graves et plus le ratio s’élève : 6,6 filles/1 garçon dans une série de 175 lésions

sévères ayant nécessité des traitements précoces (6).

Leur aspect clinique si particulier permet le plus souvent d’en faire le diagnostic sans

aucun examen complémentaire et en particulier sans biopsie, ni artériographie. On

distingue 3 grands types d’hémangiomes : les hémangiomes tubéreux, les

hémangiomes sous-cutanés purs et les hémangiomes mixtes (type le plus fréquent :

75%). Les hémangiomes tubéreux débutent par une nappe rouge vif saillante

(classique « fraise ») s’étendant rapidement en quelques semaines, en une ou plusieurs

nappes écarlates, grenues et mamelonnées. Le diagnostic des hémangiomes sous-

cutanés peut être plus difficile ; l’examen retrouve une masse bleutée, ferme,

homogène, légèrement grenue non compressible, bien délimitée, sous une peau

normale ou comprenant quelques télangiectasies. Des veines ou des veinules dilatées

sont parfois visibles sous la peau ; elles peuvent mimer l’aspect d’une malformation

capillaro-veineuse. Dans les hémangiomes mixtes, la nappe tubéreuse apparaît en

premier, puis la composante sous-cutanée se développe secondairement en soulevant

et en débordant la zone tubéreuse ; cette composante sous-cutanée va continuer de

croître lentement et plus longtemps, sur plusieurs mois, alors que la nappe tubéreuse

s’est stabilisée en quelques semaines (5). Elle grossit progressivement, petit à petit.

Les hémangiomes immatures apparaissent quelques jours ou quelques semaines après

la naissance de l’enfant et leur évolution se fait classiquement en trois phases

successives :

- une phase évolutive durant quelques mois, généralement jusqu’au 6-8e mois, avec

un développement en surface et en volume de la lésion ;

- une phase de stabilisation pas toujours évidente et durant également quelque mois ;

- une phase d’involution progressive et spontanée qui dure au minimum 18 mois à 2

ans et pouvant aller jusqu’à 10 ans. Les lésions tubéreuses et mixtes se parsèment de

minuscules aires blanches de régressions superficielles, peu à peu coalescentes, tandis

que les composantes profondes de l’hémangiome s’affaissent.

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Une restitution cutanée ad integrum est ainsi obtenue dans environ la moitié des cas.

Dès 1938, Lister, en a déduit que l’attitude la plus logique en première intention était

l’abstention thérapeutique (1).

En effet, tous les hémangiomes régressent avec ou sans séquelles. Cependant, il

n’existe aucun critère en période néonatale pour préjuger du résultat final (6).

B) Histologie

Les hémangiomes sont des tumeurs vasculaires constituées en phase de prolifération

par des nids cellulaires denses de cellules endothéliales et péricytaires. La coloration

des fibres de réticuline montre que ces amas cellulaires sont faits de capillaires aux

lumières souvent virtuelles, juxtaposés entre eux et séparés par des cloisons

conjonctives minces, d’où le terme histologique d’hémangiome capillaire. On

retrouve aussi des lacs vasculaires de taille plus importante. Les lésions se

développent en général dans le derme et l’hypoderme, mais peuvent également

infiltrer des structures plus profondes. Une certaine fibrose interstitielle apparaît lors

de la phase d’involution et s’accompagne d’un appauvrissement cellulaire et de

reliquats fibro-adipeux parsemés de quelques vaisseaux assez larges pouvant

constituer un tissu résiduel persistant. Depuis 2000, nous disposons d’un marqueur

phénotypique diagnostic d’hémangiome (GLUT1), qui est positif dans 100% des

hémangiomes infantiles et toujours négatif dans les diverses autres tumeurs infantiles

et les malformations vasculaires (7).

C) Diagnostics différentiels

Ils sont rares. Il faut avant tout éliminer une tumeur maligne, en particulier dans les

formes évolutives ou à extension rapide. On peut ainsi diagnostiquer des sarcomes et

notamment des fibrosarcomes congénitaux et des rhabdomyosarcomes. Ces derniers

prennent rapidement un aspect violine et turgescent. La lésion est indurée et peut se

nécroser. Le diagnostic, très suspect cliniquement, est confirmé par biopsie (5 ; 8).

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La malformation lymphatique macrokystique est d’aspect froid, plus mou et

dépressible. Elle se différencie aisément d’un hémangiome sous-cutané pur.

L’imagerie (échographie, TDM ou IRM) retrouve, en cas de doute, des cavités

kystiques.

Des malformations vasculaires graves peuvent également être prises pour des

hémangiomes. C’est le cas notamment des malformations artério-veineuses dont le

diagnostic sera évoqué devant une augmentation de la chaleur locale, un thrill voire

un souffle, et des veines turgescentes. L’écho-doppler confirme la présence d’une

fistule artério-veineuse. L’angio-IRM montre des hyposignaux noirs, absence de

signal traduisant les vaisseaux à flux rapide (5).

Enfin, un gliome nasal par sa couleur rouge ou une encéphalocèle sont également à

éliminer en cas de masse médiane siégeant à la racine du nez.

Dans tous les cas où l’aspect et l’évolution de la lésion ne suffisent pas au diagnostic,

une imagerie est proposée avant biopsie ou exérèse selon les cas.

D) Examens complémentaires

Les hémangiomes du nourrisson ne nécessitent pas d’examen complémentaire en

dehors de certaines formes dont l’extension doit être précisée (orbitaire, laryngée …)

ou des rares cas de diagnostics difficiles évoqués plus haut.

L’écho-doppler en mode duplex-scan n’est utile que dans les mains d’un opérateur

habitué aux hémangiomes ; sinon les erreurs de diagnostic sont courantes (confusion

avec une malformation vasculaire). Une IRM (examen de choix, non irradiant et plus

informative que le scanner en cas d’hémangiome) ou à défaut un scanner sont alors

prescrits. Parfois une biopsie peut être réalisée, notamment en cas de suspicion de

sarcome. Les artériographies sont exceptionnellement réalisées et principalement dans

un but d’embolisation thérapeutique. C’est le cas de certains hémangiomes présentant

une évolution non maîtrisée avec risque vital. Les images sont là aussi

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caractéristiques : artères dilatées avec opacification en masse de type capillaire. Cette

opacification est précoce mais homogène et ne met pas en évidence de shunts artério-

veineux.

Bien que le diagnostic des hémangiomes soit essentiellement clinique, leur prise en

charge reste souvent complexe et nécessite une équipe expérimentée et

multidisciplinaire.

E) Traitements

Dans la majorité des cas il existe une involution qui permet une abstention

thérapeutique. Celle-ci ne doit pas être confondue avec une absence de surveillance.

Cette surveillance est fondamentale pour dépister les complications et inclut

l’évaluation clinique, photographique et psychologique afin de prendre la meilleure

décision thérapeutique en concertation avec les parents puis l’enfant. La décision

thérapeutique repose en effet sur une triangulation parents-enfant-équipe.

Le traitement médical a largement sa place, en particulier en cas de complications.

C’est notamment le cas des hémangiomes étendus qui sont souvent associés à des

localisations viscérales. On citera les moins rares : les hémangiomes sous-glottiques

avec risque de détresse respiratoire et les hémangiomes hépatiques avec risque de

défaillance cardiaque congestive. Le pronostic vital de l’enfant est parfois engagé. Le

syndrome de Kasabach-Merritt, avec sa thrombopénie profonde, est encore trop

souvent envisagé comme une complication de l’hémangiome infantile ; c’est en fait

une complication d’une tumeur différente, GLUT1 négative, correspondant au spectre

de l’hémangioendothéliome kaposiforme et de l’angiome en touffes.

Des traitements d’urgence ou précoce seront également mis en place si l’hémangiome

met en jeu un pronostic fonctionnel. C’est essentiellement le cas des localisations

faciales péri-orificielles : orbito-palpébrale, labiale, nasale voire auriculaire.

Le traitement médical de première intention reste le plus souvent la corticothérapie

per os, prednisone ou prednisolone à la dose de 2 à 3 mg/kg pendant plusieurs

semaines. Mais l’efficacité de la corticothérapie est souvent décevante (30% de

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bonnes réponses, 40% de réponses incomplètes, 30% de non réponses). En cas de

lésions corticorésistantes et sévères, on peut prescrire l’interféron alpha 2a ou 2b ou la

vincristine. Nous rappellerons dans notre discussion les effets secondaires importants

de ces traitements qui imposent une extrême vigilance lors de leur prescription.

Mais c’est la place de la chirurgie dans les traitements des hémangiomes qui a

beaucoup évolué au cours de la dernière décennie et notamment pour ceux de la

région orbito-palpébrale. Comme nous le développerons plus loin, l’apport des

bistouris à ultrasons (système CUSA : Cavitron Ultra Sonic Aspirator)

commercialisés sous le nom de Cavitron® et de Dissectron® a transformé la chirurgie

de l’hémangiome en phase proliférative et en phase stabilisée. Il était classique

d’attendre la phase involutive et d’effectuer la chirurgie au stade de séquelles chez des

enfants plus grands. L’attitude actuelle est de séparer trois moments dans la prise en

charge chirurgicale, une chirurgie d’urgence dans les premiers mois de vie en raison

de complications graves, une chirurgie précoce dans les deux, trois premières années

pour des préoccupations fonctionnelles ou esthétiques, enfin la chirurgie classique

plus tardive pour la réparation des séquelles (5).

1> Chirurgie d’urgence

Réalisée au cours des premiers mois voire des premières semaines de vie, elle

concerne uniquement les hémangiomes compliqués et après échec des autres

thérapeutiques. Ce sont essentiellement les complications ulcéro-nécrosantes graves

des hémangiomes tubéreux ou mixtes avec risques d’extension et/ou d’hémorragie (5).

Il s’agit également, comme nous le verrons dans notre étude, des exérèses des

hémangiomes orbito-palpébraux qui menacent à court terme le pronostic fonctionnel

ophtalmologique de l’enfant.

2> Chirurgie précoce

Réalisée vers l’âge de deux, trois ans, elle permet de corriger ou de prévenir des

conséquences fonctionnelles notamment pour les localisations labiales ou orbito-

palpébrales. Mais elle permet également de placer l’enfant dans de meilleures

conditions de scolarisation avec deux repères importants, l’entrée à la maternelle et

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surtout l’entrée au cours préparatoire. Le préjudice esthétique prolongé au cours de

l’enfance avec des conséquences importantes dans notre société actuelle, la prise en

compte de l’altération fonctionnelle (ophtalmologique ou labiale), le désir d’un

traitement précoce permettant de résoudre en quelques mois ce qui prendrait des

années expliquent cette tendance à intervenir plus tôt et de manière plus active en

interceptant l’évolution de l’hémangiome. Toutefois, dans chaque cas, il faudra mettre

en balance l’importance du geste par rapport au résultat escompté.

M.P. Vazquez et P.A. Diner ont énoncé six principes pour poser une indication de

chirurgie précoce, quelle que soit sa localisation :

� Présence d’arguments morphologiques sérieux, comme la taille ou le volume

de l’hémangiome et/ou fonctionnels, comme une fonction labiale très perturbée.

� Connaissance de l’évolution naturelle de l’hémangiome et des séquelles

prévisibles en fonction de la forme clinique et de la localisation. Ce principe

implique la notion d’expertise et d’équipe référente.

� Placement des cicatrices définitives évitant de créer des cicatrices

supplémentaires à celles des séquelles ou anatomiquement mal situées par

rapport à celles qu’on aurait été amené à réaliser ultérieurement après

involution. La plastie réalisée doit éviter de recourir à des gestes sophistiqués,

en particulier ceux utilisés en chirurgie plastique chez l’adulte. Il faut bannir

tous les lambeaux et les greffes et tout geste qualifié de carcinologique qui

créerait des dégâts irréparables. Les gestes itératifs sont à programmer en

reprenant chaque fois que possible la cicatrice première.

� L’élasticité cutanée et muqueuse du jeune enfant permet d’effectuer l’exérèse

partielle ou subtotale sans recourir à des gestes plastiques compliqués. C’est un

argument supplémentaire pour intervenir tôt.

� L’exérèse partielle doit tenir compte de l’involution volumétrique de

l’hémangiome restant et ne doit pas sur-corriger. L’exérèse doit être plus

importante en profondeur qu’en surface.

� La prise en compte plus précoce de l’image corporelle de l’enfant, le

retentissement psychologique et la scolarisation dans de bonnes conditions sont

les éléments majeurs de la décision d’une chirurgie précoce. Mais les parents

Page 16: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

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puis l’enfant doivent être prévenus de la possibilité de gestes complémentaires

à distance. L’amélioration aura de toutes façons été importante par une

chirurgie à risques mesurés et sans attendre (5).

3> Chirurgie tardive

Elle est effectuée en fin d’involution, en général après l’âge de 7 ans. Elle permet soit

de corriger l’aspect esthétique après une première intervention soit de traiter de

première intention les séquelles d’une cicatrice après involution.

Les techniques habituelles de la chirurgie plastique, adaptées à l’enfant, sont utilisées

mais toujours avec prudence et éventuellement de façon itérative en fonction de la

croissance. Les lasers de resurfaçage peuvent également améliorer les peaux très

atteintes qui peuvent présenter un aspect de séquelles de brûlures : scléreuses, ridées,

ptosées, avec épiderme fin, fragile et souvent dyschromique. Dans cette prise en

charge, la réévaluation doit être rigoureuse à chaque étape tenant compte du résultat

chirurgical, de l’évolution psychologique de l’enfant et de sa demande (5).

II> Anatomie chirurgicale de la région orbito-palpébrale

La prise en charge des hémangiomes orbito-palpébraux nécessite des connaissances

précises d’anatomie. En effet, les rapports de la lésion par rapport aux différents

éléments anatomiques adjacents doivent être pris en compte pour la décision

chirurgicale (Fig. 1 en annexe). L’hémangiome peut infiltrer les différents plans

palpébraux depuis la peau jusqu’à la conjonctive ce qui peut compromettre une

chirurgie par simple énucléation. Une atteinte conjonctivale est le plus souvent

diagnostiquée par simple retournement de la paupière. L’étendue d’un envahissement

intra-orbitaire doit être précisée par l’imagerie (IRM). Une composante intra-conique

(cône formé par les muscles droits du globe oculaire) représente une contre-indication

classique à la chirurgie. En présence d’une lésion intra-orbitaire et extra-conique (cas

le plus fréquent) on étudie avec attention, en coupes sagittales les rapports de la lésion

avec le plancher et le toit de l’orbite, et en coupes horizontales les rapports avec la

Page 17: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

17

paroi interne orbitaire. Ces éléments conditionnent la faisabilité de l’exérèse, son

caractère complet ou non et la nécessité du recours à une ostéotomie (exemple n°2 en

annexe). Une atteinte du muscle releveur de la paupière supérieure ou des muscles

obliques représentent également des notions pré-opératoires importantes. Il faudra

dans ces cas, au cours de l’exérèse, préserver un feutrage d’hémangiome sur ces

structures. De même, il faudra s’assurer du non envahissement de la glande lacrymale

ainsi que du sac lacrymal qui représentent des éléments fondamentaux à préserver.

La connaissance de ces différentes contraintes permet également d’évaluer le risque

d’un effet rebond post-opératoire qui devient important si l’exérèse est inférieure à

80% de la masse de l’hémangiome et si l’intervention est effectuée dans les 7 ou 9

premiers mois de vie.

1) La paupière

Les paupières peuvent être assimilées à des voiles musculo-membraneux mobiles qui

recouvrent et protègent la partie antérieure de l’œil.

On distingue sur une coupe sagittale 2 plans différents :

- le plan musculo-cutané ou lamelle antérieure des ophtalmologues,

- le plan tarso-conjonctival ou lamelle postérieure.

A) Plan cutané

La peau est adhérente au muscle orbiculaire et au tendon canthal interne. Elle est

considérée comme étant la plus fine de l'organisme. Cette peau est, par contre,

richement vascularisée. On distingue une première portion « oculaire », ou tarsale, qui

est convexe et moule le globe. La deuxième portion « orbitaire » est comprise entre la

précédente et le rebord orbitaire. Le sillon palpébral sépare ces 2 portions. Il est bien

marqué au niveau de la paupière supérieure où il résulte de l’insertion cutanée du

muscle releveur. Le sillon de la paupière inférieure est surtout visible dans la partie

interne.

Page 18: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

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Le bord libre comprend une lèvre antérieure qui porte les cils et une lèvre postérieure

qui limite avec la cornée une gouttière (rivus lacrymalis).

Ces 2 lèvres sont séparées par la ligne grise qui marque la séparation entre les

lamelles antérieure et postérieure. A la partie la plus interne des paupières, on

retrouve un segment dépourvu de cils qui délimite avec son homologue le lac

lacrymal. Ce dernier est occupé par une saillie, la caroncule lacrymale, et par le repli

semi-lunaire.

B) Muscle orbiculaire

Le muscle orbiculaire des paupières est un muscle peaucier, concentrique à la fente

palpébrale. Large et plat, il comprend 3 portions :

1) portion oculaire, composée d’une partie pré-tarsale (adhérente au tarse) et d’une

partie pré-septale (facilement clivable du septum). Cette portion converge vers les

ligaments palpébraux interne et externe. Le ligament interne s’insère essentiellement à

la crête lacrymale antérieure alors que le ligament externe s’attache surtout en arrière

du rebord orbitaire (tubercule de Whitnall) ;

2) portion orbitaire, fixée aux bords supérieur et inférieur du ligament palpébral

interne ;

3) portion lacrymale (muscle de Horner), plus accessoire, située en dedans du

ligament palpébral interne.

La fonction du muscle orbiculaire résiste de façon importante aux incisions et aux

résections. Il est exceptionnel que les patients ne puissent pas fermer les yeux

normalement en post-opératoire.

Page 19: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

19

C) Tarse

Le tarse est une lame fibreuse rigide qui donne à la paupière sa stabilité. Il est moulé

sur le globe et occupe la partie oculaire des paupières. Sa hauteur est plus importante

à la paupière supérieure. Ses extrémités s’insérent sur les ligaments palpébraux

externe et interne.

Le septum orbitaire est un ligament large et rigide qui unit la lèvre postérieure du

rebord orbitaire au bord périphérique du tarse.

D) Conjonctive

Fine et mobile, la conjonctive est une membrane muqueuse qui adhère fortement à la

face profonde des paupières. Elle se réfléchit ensuite sur la face antérieure du globe

oculaire en formant le cul-de-sac conjonctival.

E) Vascularisation

On décrit classiquement un cercle vasculaire à 3 mm du bord libre des paupières situé

entre l’orbiculaire et le tarse. Il a pour origine l’artère ophtalmique qui donne des

branches palpébrales supérieures et inférieures à proximité du canthus interne qui

vont s’anastomoser au niveau du canthus externe.

Il a été récemment mis en évidence qu’il existait, au niveau de la paupière supérieure,

non pas une mais quatre arcades vasculaires, parallèles et anastomosées entre

elles (9) :

- une arcade marginale, en avant du bord inférieur du tarse ;

- une arcade périphérique plus profonde, dans l'épaisseur du muscle de Müller (petit

muscle lisse situé à la face profonde du muscle releveur) ;

Page 20: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

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- et deux arcades en avant du rebord orbitaire supérieur, l'une profonde et l'autre

superficielle par rapport au muscle orbiculaire.

F) Drainage lymphatique

Il se fait principalement dans les ganglions parotidiens. Ceci implique qu’il faut éviter

les voies d’abord incisant de façon continue la région orbitaire externe pour respecter

les vaisseaux de drainage et éviter ainsi un œdème palpébral prolongé.

Les ganglions sous-maxillaires participent dans une moindre mesure au drainage

lymphatique palpébral.

G) Physiologie palpébrale

La paupière supérieure doit être mobile. En balayant le globe, elle assure l'étalement

des larmes et évite les lésions cornéennes. Dans une moindre mesure, la paupière

inférieure doit avoir un certain degré de mobilité. Ainsi sa translation interne

s’effectue lors du clignement et son abaissement accompagne celui du globe lors du

regard vers le bas. Cette mobilité des 2 paupières est nécessaire à la protection de la

cornée et au confort visuel.

2) L’appareil lacrymal

La glande lacrymale est située à l’angle supéro-externe de l’orbite. Elle comprend une

portion principale orbitaire et une portion accessoire palpébrale, séparées en avant par

l’aileron externe du releveur de la paupière supérieure. La portion orbitaire occupe

une logette, limitée : en haut et en dehors par la fossette lacrymale du frontal, en bas

et en dedans par l’aileron du releveur de la paupière, en avant par le septum orbitaire,

Page 21: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

21

en arrière par une mince membrane qui la sépare du tissu graisseux orbitaire. La

portion palpébrale est située sous la portion orbitaire entre l’aileron du releveur et le

cul-de-sac conjonctival supérieur. Des canaux excréteurs débouchent dans le cul-de-

sac conjonctival.

A l’angle interne de l’œil, les larmes se rassemblent dans le lac lacrymal, puis gagnent

les canalicules lacrymaux qui sont engainés par la portion lacrymale du muscle

orbiculaire. Il est donc primordial, lors de l’exérèse de l’hémangiome, de respecter le

plan musculaire à ce niveau. Les larmes rejoignent ensuite le sac lacrymal (sous le

ligament palpébral) et le canal lacrymo-nasal qui débouche dans le méat nasal

inférieur.

3) Les muscles de l’orbite

On compte 7 muscles dans l’orbite. Le releveur de la paupière supérieure et les

6 muscles moteurs du globe oculaire (4 droits et 2 obliques).

Le muscle releveur de la paupière supérieure est le plus haut situé dans l’orbite. Il

s’insère au dessus du canal optique puis longe le toit de l’orbite au dessus du droit

supérieur. Il chemine ensuite sous l'organe en rouleau et traverse le septum. Ses

insertions se font à la face antérieure du tarse de la paupière supérieure et à la face

profonde de la peau où il crée le sillon palpébral supérieur. Il se prolonge également

latéralement et médialement par 2 ailerons aponévrotiques qui fusionnent avec les

ligaments palpébraux externe et interne. L’extrême finesse de ce muscle chez le

nourrisson le rend particulièrement difficile a individualisé. Afin d’éviter un ptôsis

post-opératoire, si une incision est nécessaire à son niveau, elle doit être très

conservatrice et doit préserver au minimum un des 2 ailerons.

Les 4 muscles droits naissent de l’anneau tendineux commun, à la partie interne de la

fissure orbitaire supérieure. Ils se portent en avant en formant un cône qui entoure le

globe oculaire. Le sommet de ce cône répond au canal optique et sa base correspond à

l’équateur de l’œil. Leur insertion se fait sur le globe, en arrière de la jonction scléro-

cornéenne.

Page 22: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

22

Le muscle oblique supérieur s’insère au-dessus du canal optique puis longe l’angle

supéro-interne de l’orbite. Il donne ensuite un tendon qui se réfléchit dans une poulie,

la trochlée, puis s’insère à la partie supérieure du globe sur la moitié externe de son

hémisphère postérieur.

Le muscle oblique inférieur n’occupe que la partie antérieure de l’orbite. Il s’insère en

dehors du canal lacrymo-nasal puis se dirige en dehors et en arrière, en dessous du

droit inférieur, et s’insère à la moitié externe de l’hémisphère postérieur de l’œil.

En per-opératoire, les tendons des 2 muscles obliques peuvent être mis en tension (à

l’aide de fils tracteurs) afin de les préserver, si une dissection est nécessaire à leur

contact.

III> Les principales complications ophtalmologiques des hémangiomes

orbito-palpébraux

1) Strabisme

Le strabisme n'est pas uniquement un défaut esthétique car, s'il n'est pas pris en

charge, il se complique d’une baisse de l'acuité visuelle et d’un trouble de la vision

dans l’espace. Plus le strabisme apparaît tôt dans la vie de l'enfant et plus longtemps il

reste non traité, plus l'atteinte de la vision sera grave.

A) La vision tridimensionnelle chez le patient normal

Puisque les yeux sont séparés l'un de l'autre, chacun d'entre eux voit les objets selon

des angles de vision différents. Cette différence de perception d'une même image crée

une disparité qui est ensuite analysée par le cerveau en une impression visuelle

tridimensionnelle.

Page 23: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

23

B) La vision en cas de strabisme

Chez les patients strabiques, la vision tridimensionnelle n'est pas possible, car chacun

des deux yeux est dirigé dans l'espace vers des objets différents. Dans le cerveau, les

deux images des deux objets se superposent (confusion). Si un seul œil présente un

strabisme, le développement de l'acuité visuelle de cet oeil ne peut se faire

normalement et il en résulte une amblyopie par inhibition. Si le patient strabique ne

peut réprimer la deuxième image qui dérange alors qu'il se concentre sur un objet

unique, l'objet est perçu deux fois.

C) Les formes des strabismes

Strabisme concomitant :

Si l'angle de déviation est le même dans toutes les déviations du regard, on parle de

strabisme concomitant. Le déficit se situe dans la partie corticale du système visuel.

Environ 50% des cas sont héréditaires.

Strabisme incomitant (cas des hémangiomes) :

En cas de strabisme incomitant, l'angle de déviation se modifie dans les différentes

directions du regard. C’est le type de strabisme qui peut compliquer les hémangiomes

orbito-palpébraux. En effet, ces derniers peuvent déplacer le globe par effet de masse

ou bien infiltrer les muscles oculomoteurs en altérant leur fonction. Il peut se

développer une position de tête compensatrice. La tête est tournée dans la direction

d'action du muscle parétique, afin que les yeux puissent être parallèles et que la vision

stéréoscopique soit possible.

D) Traitement du strabisme

Il est avant tout étiologique et consiste donc à traiter l’hémangiome.

Le traitement fonctionnel éventuellement associé a pour but de rétablir un

parallélisme oculaire. Le parallélisme oculaire est indispensable à la perception de la

profondeur. Puisque le développement de la vision stéréoscopique est terminé à l'âge

de deux ans, le parallélisme oculaire doit avoir été présent jusqu’à cet âge. Le

Page 24: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

24

parallélisme oculaire est obtenu avec le port des lunettes et/ou une opération

correctrice du strabisme. Un strabisme doit être opéré lorsqu'il est peu ou pas

suffisamment corrigé par les lunettes. Plus l'opération de strabisme est effectuée tôt et

le parallélisme oculaire rétabli, meilleur est le potentiel pour la vision binoculaire.

2) Astigmatisme

A) Etude optique

Un hémangiome immature comprimant et déformant la cornée peut être source

d’astigmatisme. L’astigmatisme correspond à une perte de sphéricité de la cornée

qui se déforme suivant un rayon de courbure. Ainsi certaines directions seront vues

nettes (directions qui respectent la courbure), les autres directions, seront vues

floues.

B) Etude clinique

Révélation à tout âge, mais souvent chez le grand enfant, par une vision floue

(confusion des lettres de loin comme de près, parfois source de difficultés scolaires)

et par des signes d’accommodation (céphalées, fatigue visuelle …).

C) Traitement

Il est, également, avant tout étiologique et consiste à traiter l’hémangiome.

Le traitement fonctionnel fait essentiellement appel, chez l’enfant, à des verres

correcteurs cylindriques (orientés selon une direction).

Page 25: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

25

3) Amblyopie fonctionnelle

A) Introduction

On peut définir l’amblyopie comme une diminution de l’acuité visuelle qui ne

s’explique pas par une cause organique décelable par l’examen ophtalmologique.

Cette définition caractérise particulièrement l’amblyopie fonctionnelle. Cette notion

d’amblyopie correspond en d’autres termes à un développement fonctionnel anormal

du système nerveux central impliqué dans la vision. L’amblyopie organique, elle,

résulte directement d’une lésion d’organe (neuropathie optique ...).

La vision binoculaire s’élabore, dès les premiers mois de la vie, au cours d’une

succession d’étapes neurophysiologiques nécessaires à son développement. Bien que

les nombreuses structures anatomiques nécessaires à ce processus se mettent en place

durant l’embryogenèse, le système est cependant largement immature à la naissance.

Ainsi le système d’accommodation n’est pas correctement développé avant l’âge de

6 mois.

Si la perception binoculaire est entravée parce qu’un œil perçoit mal l’environnement

(axe visuel masqué par un hémangiome, astigmatisme...) ou parce qu’il est dévié

(strabisme), les liens entre les deux yeux, tant au niveau de la perception qu’au niveau

moteur, ne se développent pas correctement, ce qui nuit au développement cérébral

normal. Ici intervient la notion de période critique de développement. Ce phénomène

est bien connu en embryologie. A certaines périodes critiques, les neurones sont aptes

à construire les circuits neuronaux attendus à condition que les informations voulues

leur parviennent en temps voulu. Cette plasticité permet aux neurones à la fois des

possibilités infinies d’adaptation et de construction mais en même temps les rend

extrêmement vulnérables durant ces mêmes périodes, si les conditions indispensables

à leur développement ne sont pas rencontrées. L’expérimentation animale a permis

depuis longtemps de mieux comprendre ces phénomènes.

Page 26: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

26

Chez le chaton par exemple, l’occlusion d’un œil aboutit à l’amblyopie de celui-ci et à

la disparition des cellules binoculaires au niveau du cortex. Par contre, l’occlusion de

l’autre œil permet à ces cellules de reprendre leur développement. Toute perturbation

du développement visuel durant ces périodes critiques risque d’entraîner une

limitation des potentialités cérébrales liées au développement de la vision (10).

Du point de vue thérapeutique, certaines potentialités cérébrales seront

malheureusement définitivement perdues quoiqu’il arrive : la vision stéréoscopique

est irrémédiablement compromise si une perturbation de la vision binoculaire se

produit durant les premiers mois de la vie. Par contre, d’autres anomalies survenant au

cours de cette maturation cérébrale peuvent être améliorées si le traitement approprié

est instauré suffisamment tôt : l’efficacité de celui-ci est inversement proportionnelle

à l’âge de l’enfant (11).

B) Types d’amblyopie

AMBLYOPIE PAR DEPRIVATION VISUELLE

La déprivation visuelle est toujours présente quel que soit le type d’amblyopie, soit

directement par l’existence d’un obstacle à la propagation de l’image à travers les

milieux transparents de l’œil, soit secondairement par inhibition fonctionnelle comme

c’est notamment le cas lors d’un strabisme (12). Les étiologies sont variées :

hémangiome infantile, cataracte congénitale …

AMBLYOPIE PAR ASTIGMATISME

L’astigmatisme entraîne une anisométropie, c'est-à-dire une différence de réfraction

entre les deux yeux. Ce phénomène pénalise l’œil qui présente le plus grand défaut de

réfraction. L’image est nette sur la rétine de l’œil dominant alors qu’elle est floue sur

l’autre. L’œil qui perçoit l’image la moins nette risque de développer une amblyopie

suite à l’inhibition de cette image défocalisée, ce qui induit une autre forme de

privation visuelle (13).

Page 27: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

27

AMBLYOPIE STRABIQUE

L’amblyopie strabique est unilatérale et résulte de l’inhibition des influx provenant de

l’œil dévié chez l’enfant. Chez l’adulte qui présente une déviation d’un œil par

exemple à la suite de la paralysie d’un nerf oculo-moteur, la diplopie est immédiate et

mal tolérée. Par contre, un enfant qui développe un strabisme avant l’âge de 4 ans ne

se plaindra pas de diplopie parce que la plasticité cérébrale qui le caractérise à cet âge

lui permet d’inhiber les influx de l’œil dévié. Ce mécanisme évite une diplopie, mais

entraîne une amblyopie fonctionnelle par privation. Tout enfant qui présente un

strabisme est dès lors hautement suspect de développer une amblyopie et ce d’autant

plus qu’il est jeune. Plus tôt cette amblyopie sera diagnostiquée et plus rapide sera le

traitement, plus grandes seront les chances de succès grâce à la plasticité cérébrale qui,

elle, décroît avec l’âge.

C) Dépistage de l’amblyopie

Il reste important de dépister l’amblyopie le plus tôt possible afin de profiter de la

plasticité cérébrale qui seule permet d’espérer une récupération plus ou moins

complète de l’amblyopie (14). Ce dépistage doit reposer sur un compromis entre le

manque de fiabilité des examens réalisés très tôt chez les nourrissons et l’intérêt de

mettre en évidence le plus tôt possible les facteurs de risque de l’amblyopie ou

l’amblyopie elle-même déjà constituée.

S’il existe des facteurs favorisants (axe visuel masqué, strabisme ...), il faut pratiquer

sans attendre un examen ophtalmologique. Certainement avant l’âge de 6 mois,

période de la vie où la maturation cérébrale doit normalement permettre l’absence de

signe pathologique. Une déviation des yeux à cet âge et dans les années qui suivent

provoque en effet une disparition de la vision binoculaire par inhibition des influx au

Page 28: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

28

niveau de l’œil dévié. Par contre, avec l’aide d’un traitement approprié, la vision

binoculaire peut se restructurer et l’amblyopie s’améliorer grâce à la plasticité

cérébrale importante, caractéristique du jeune âge. Après l’âge de 2 ans, au contraire,

le développement visuo-moteur commence à se figer, l’amblyopie présente de moins

en moins de risques de se déclarer. En revanche, si elle existe, il sera de plus en plus

difficile de la traiter. On considère actuellement, qu’après l’âge de 12 ans, le système

visuel est définitivement fixé dans son développement fonctionnel, tout comme à

l’âge adulte. L’amblyopie, si elle existe à cet âge, est à la lumière des connaissances

actuelles, définitive et ne peut plus bénéficier d’un traitement efficace.

D) Traitement de l’amblyopie

Si l’amblyopie doit être détectée le plus tôt possible au cours des premières années de

la vie de l’enfant, le traitement quant à lui s’étalera sur de nombreuses années, jusque

vers l’âge de 12 ans.

TRAITER TOUT OBSTACLE ANATOMIQUE

Il est actuellement établi que les cataractes congénitales opaques doivent être opérées

dans les premières semaines de la vie car elles induisent très rapidement une

amblyopie.

CORRECTION OPTIQUE

Le traitement visera à détecter tout défaut réfractif tel un astigmatisme. La correction

de ce défaut optique permettra d’améliorer la défocalisation de l’image qui sinon peut

engendrer une amblyopie par inhibition. Il conviendra de réévaluer périodiquement

les examens, à une fréquence d’autant plus grande que l’enfant sera en bas âge

(plasticité cérébrale rime avec vulnérabilité) et que les tests ophtalmologiques seront

perturbés.

Page 29: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

29

OCCLUSION

La correction des troubles de réfraction va permettre qu’une image soit correctement

focalisée sur la rétine de chaque œil : mais ce seul élément ne suffira souvent pas à

contrecarrer l’amblyopie. Il faut en effet notamment lutter contre les mécanismes

d’inhibition que nous avons déjà évoqués et il est impératif d’obliger le cerveau à

«utiliser» l’œil amblyope. L’occlusion de l’œil contro-latéral est dès lors

indispensable. Elle vise d’une part à favoriser le développement des cellules

immatures concernées par l’œil amblyope, et d’autre part à éviter la suppression

fonctionnelle de cet œil. L’occlusion efficace consiste en pratique à coller un cache

opaque sur la peau devant un œil. Il faut l’adapter au cas particulier : occlusion

intermittente plus ou moins longue au cours de la journée, ou par jours entiers,

alternance de l’occlusion entre chaque œil, fréquence souhaitable des contrôles ...

Les modalités d’application de l’occlusion sont multiples et doivent être modulées par

le spécialiste. Il faut garder à l’esprit le danger d’une occlusion sans contrôle qui peut

mener à une inversion de l’amblyopie (l’œil non amblyope peut le devenir parfois

définitivement). Insistons également sur le fait que le traitement par occlusion d’une

amblyopie ne doit pas être systématiquement arrêté suite à une intervention

chirurgicale, tout dépendra de l’avis de l’ophtalmologiste. Il arrive malheureusement

encore de découvrir des amblyopies résiduelles parfois importantes parce que les

parents ont interrompu un traitement par occlusion qui était en cours, suite à une cure

chirurgicale de strabisme après laquelle l’enfant n’a plus été suivi en consultation. Les

chances de succès de l’occlusion sont inversement proportionnelles à l’âge du patient

et à la profondeur de l’amblyopie (15). La compliance n’est pas toujours idéale et le

médecin de famille peut renforcer la motivation des parents et de l’enfant à persévérer

dans l’effort (16).

Page 30: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

30

PÉNALISATIONS PAR COLLYRES ATROPINIQUES

L’instillation de collyres paralysant l’accommodation (atropiniques) de l’œil non amblyope,

associée ou non à l’occlusion a été défendue par certains auteurs. Ce type de pénalisation a

l’avantage de pouvoir être contrôlée par la simple observation de la mydriase (17).

4) Myopie

A) Étude optique

De loin, l’œil myope est trop convergent. On peut le considérer comme un oeil « trop

long ». Les rayons lumineux convergent en avant de la rétine et l’enfant verra ainsi

flou de loin. Par contre, il voit net de près, et même de très près. A noter qu’il

deviendra presbyte plus tard de ce fait.

B) Étiologies

- Myopie idiopathique : elle est due à une courbure cornéenne trop importante. Elle

est parfois familiale et apparaît souvent à l’adolescence puis évolue sur quelques

années (jusqu’à 30 ans maximum).

- Myopie secondaire : une masse hémangiomateuse peut déformer la cornée et la

chambre antérieure de l’œil. La myopie sera due ici à une longueur axiale de l’œil

trop grande (18).

C) Traitement

Il est avant tout étiologique et consiste donc à traiter l’hémangiome.

Le traitement fonctionnel chez l’enfant fait essentiellement appel à des verres

correcteurs cylindriques.

5) Trichiasis

Il s’agit d’une déviation des cils en arrière vers le globe oculaire qui peut être

secondaire à l’effet de masse provoqué par un hémangiome atteignant le rebord

Page 31: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

31

ciliaire. L’irritation permanente de la conjonctive bulbaire et de la cornée, qui en

résulte, est source de kératite et d’entropion.

En cas de nécrose du bord libre palpébral, une perte définitive de cils peut être

observée. Elle est particulièrement inesthétique quand elle atteint la paupière

supérieure.

6) Compression du nerf optique

Plus rarement, un hémangiome orbito-palpébral avec composante intra-orbitaire peut

entraîner une compression ou un étirement du nerf optique avec risque de cécité

secondaire (19).

7) Exophtalmie et lésions cornéennes

Des cas d’exophtalmie avec exposition cornéenne compliquée de kératite ont

également été décrits (20 ; 21).

Page 32: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

32

Matériels et méthodes

I> Enfants

Nous avons effectué une étude rétrospective depuis octobre 1994 jusqu’à janvier 2004.

Elle a concerné les enfants atteints d’hémangiomes orbito-palpébraux présentant un

risque fonctionnel et opérés dans le service de Chirurgie Maxillo-faciale et Plastique

de l’hôpital Armand Trousseau à Paris, dirigé par le Pr. Vazquez.

Les critères d’inclusion des enfants étaient les suivants :

. Enfant de moins de 3 ans

. Hémangiome infantile confirmé

. Localisation orbito-palpébrale

. Absence d’intervention chirurgicale antérieure

. Risque fonctionnel ophtalmologique établi (examen ophtalmologique anormal) ou

attendu en cas d’abstention thérapeutique :

� Infiltration des muscles oculomoteurs ou effet de masse déplaçant le globe

oculaire entraînant un strabisme.

� Appui cornéen entraînant un astigmatisme.

� Axe visuel masqué entraînant une amblyopie de privation.

� Strabisme ou astigmatisme entraînant une amblyopie d’inhibition.

� Autres : lésions cornéennes, trichiasis ...

Nous avons inclus les enfants qu’ils aient un examen ophtalmologique normal ou déjà

anormal. Un examen était considéré comme fonctionnellement anormal s’il

existait : une amblyopie, un strabisme, ou un astigmatisme (strictement

supérieur à 1 dioptrie).

Page 33: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

33

Un examen ophtalmologique était systématiquement réalisé en pré-opératoire, en

post-opératoire immédiat puis à distance. Ces examens ont été réalisés essentiellement

par le même examinateur, le Dr Momtchilova, médecin ophtalmologue de l’hôpital

Armand Trousseau (Paris).

Une imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM) ou à défaut par

tomodensitométrie était demandée dans tous les cas pour rechercher une composante

intra-orbitaire voire une composante intra-conique (situation de l’hémangiome par

rapport aux muscles oculomoteurs). Cet examen était nécessaire pour confirmer la

faisabilité de l’intervention.

II> Intervention chirurgicale

1) Dissecteur à ultrasons

A) Historique

Le CUSA est un instrument chirurgical à ultrasons permettant de transformer une

énergie électrique en mouvements mécaniques vibratoires ayant une fonction

disséquante. Il a été initialement commercialisé sous le nom de Cavitron® et utilisé

dès 1967 pour la chirurgie de la cataracte. Il permettait de fragmenter le cristallin

pathologique (phaco-emulsification) en respectant les tissus de voisinage (22).

Rapidement son utilisation fut répandue à de nombreuses spécialités où elle a permis

des dissections avec une grande sécurité dans des tissus très vascularisés. Le

Dissectron® est un dissecteur utilisant la même technologie CUSA mais disposant

d’une pièce à main plus petite et plus adaptée à une chirurgie effectuée dans un espace

limité. Actuellement ces dissecteurs sont essentiellement utilisés en chirurgie

hépatique, en neurochirurgie mais aussi en urologie et en gynécologie (23 ; 24 ; 25 ;

26).

Page 34: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

34

B) Fonctionnement général

Le Cavitron® utilise des structures convertissant une énergie électrique en

mouvements mécaniques vibratoires par un phénomène de magnétostriction ; la

magnétostriction étant le phénomène physique qui caractérise les métaux ferro-

magnétiques (fer, cobalt, nickel) dont les dimensions changent lorsqu’ils sont soumis

à un champ magnétique.

Le mouvement vibratoire ainsi obtenu est transmis par l’intermédiaire d’un vibreur.

Le vibreur acoustique est constitué de 3 structures distinctes :

- Le TRANSDUCTEUR est l’élément de magnétostriction qui convertit

l’énergie électromagnétique en vibrations mécaniques. Le transducteur est composé

d’un assemblage de lamelles en alliage de nickel. Le champ magnétique placé autour

du transducteur induit un mouvement mécanique d’environ 300 microns.

- Le CORPS DE FIXATION couple le mouvement du transducteur à l’extrémité

active de la pièce à main (le tip). De plus, cette partie amplifie le mouvement

mécanique du transducteur.

- Le TIP ou sonotrode (aiguille) constitue le dernier élément de l’amplification

du mouvement ainsi que la partie active au contact du tissu à disséquer.

TIP CORPS TRANSDUCTEUR DE FIXATION

Fig. 2. Le Cavitron®

Page 35: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

35

La fréquence du champ électromagnétique utilisé pour la structure résonante du

Cavitron® est de 23000 cycles par seconde soit 23 kHz.

Les ultrasons réalisent la fragmentation sélective lorsque l’aiguille (tip), vibrant

longitudinalement à une fréquence ultrasonique, entre en contact avec les tissus. Ce

contact crée un effet de cavitation qui fragmente les tissus en fonction de leur teneur

en eau. Des zones microscopiques de compression et de dépression créent des bulles

de cavitation. Elles viennent imploser contre le tissu en générant une importante

énergie. Les cellules contenant beaucoup d’eau sont fragmentées, alors que les tissus

riches en collagène, tels que les vaisseaux ou les nerfs sont préservés.

Un système d’irrigation couplé au vibreur met en suspension les particules

fragmentées et limite par ailleurs l’échauffement du vibreur. Un système d’aspiration

associé aspire les particules en suspension et le soluté d’irrigation.

Le CUSA System 200 (Cavitron®) est commercialisé par le laboratoire

VALLEYLAB®.

Le Dissectron® distribué par le laboratoire INTEGRA® est un appareil plus récent

que nous utilisons systématiquement depuis l’an 2000 pour la chirurgie des

hémangiomes orbito-palpébraux. Il dispose d’une pièce à main (60 grammes pour

19 centimètres) plus petite et plus légère que celle du Cavitron®. Son principe de

fonctionnement est très similaire à celui du Cavitron® mais il n’utilise pas la

magnétostriction. Il transforme l’énergie électrique en mouvements mécaniques par

piézo-électricité. L’énergie électrique est transmise à des disques en céramique placés

parallèlement en série dans la pièce à main. Ces disques piézo-électriques se

déforment en vibrant longitudinalement à une fréquence ultrasonique. Les

mouvements vibratoires de chaque disque s’additionnent. Cette fréquence de

dissection est réglée à 28 kHz. Le tip ou sonotrode vibre de façon longitudinale sur

5 à 320 µm sans mouvements latéraux parasites associés comme ceux générés par le

Cavitron®. Le coût de revient du Dissectron® est aussi plus avantageux.

Page 36: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

36

Fig. 3. Les 3 propriétés du Dissectron®

Fig. 4. Fonctionnement du Dissectron®

Générateur à ultrasons

Aspiration

Irrigation

D I S S E C T R O N

Transformation de l’électricité en mouvements mécaniques dans les céramiques piézo-électriques

Amplification mécanique

Déplacement longitudinal de la Sonotrode 30000 fois par seconde

1

2

3

Page 37: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

37

Fig. 5. Pièce à main « Penstyle » du Dissectron ®

C) Utilisation dans le service

L’incision cutanée est réalisée au bistouri à lame « froide ». Le tip du bistouri à

ultrasons est au contact de la lésion d’abord perpendiculairement au plan de dissection,

puis il est utilisé de manière draguante tout autour de l’hémangiome. Les vaisseaux

respectés sont coagulés électivement à la pince bipolaire.

Il ne doit y avoir aucun contact avec une structure métallique qui risquerait

d’endommager le Dissectron®. Nous utilisons pour ce faire des fils tracteurs sur les

berges de la voie d’abord.

Enfin, la pièce à main doit toujours être mobilisée lors de la dissection afin d’éviter un

effet thermique prolongé au même endroit. Une exérèse aussi complète que possible

de l’hémangiome est ainsi réalisée. Certains éléments anatomiques de voisinage

doivent cependant être respectés comme les bulbes des cils, l’insertion du muscle

releveur de la paupière, la poulie du grand oblique ou encore le sac lacrymal.

Page 38: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

38

Réglages utilisés dans le service pour la dissection des hémangiomes :

- le Cavitron® et le Dissectron® étaient utilisés en mode pulsé. Cette fonction

permet d’augmenter la sélectivité de dissection des appareils.

- L’amplitude de vibration, exprimée sur les deux appareils en pourcentage, était

réglée entre 40 et 55 en fonction de la localisation de l’hémangiome. La plage de

réglage est comprise entre 2% correspondant à une amplitude de 70µm et 100%

correspondant à une amplitude de 300µm. Plus l’amplitude est élevée, plus l’effet

thermique est important. L’amplitude était donc réglée à 40% en cas de dissection

sous cutanée afin d’éviter une nécrose dermique.

- Le réglage de l’irrigation doit permettre d’obtenir de manière constante un léger

nuage de vaporisation autour du tip.

- L’aspiration est réglée en fonction de l’irrigation.

Les interventions ont toutes été réalisées par des chirurgiens seniors du service de

Chirurgie Maxillo-faciale et Plastique de l’hôpital Armand Trousseau de Paris.

III> Suivi post-opératoire multidisciplinaire

1) Suivi fonctionnel

Un examen ophtalmologique a été réalisé, pour chaque enfant, dans les 48 heures qui

suivaient l’intervention pour éliminer une complication post-opératoire et observer les

premières améliorations. Un examen plus à distance, plusieurs mois après

l’intervention, a été effectué pour contrôler l’évolution fonctionnelle.

Page 39: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

39

2) Suivi morphologique

Les chirurgiens et les dermatologues du service de Chirurgie Maxillo-faciale et

Plastique de l’hôpital Armand Trousseau contrôlaient également en post-opératoire

immédiat, puis plus à distance, l’amélioration morphologique, l’absence de récidive et

l’absence de complication post-opératoire (cicatrice, infection, nécrose …) .

Page 40: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

40

Résultats

I> 67 enfants opérés d’hémangiomes orbito-palpébraux avec risques

fonctionnels : place des différents traitements

Entre octobre 1994 et janvier 2004, 67 enfants atteints d’hémangiomes orbito-

palpébraux avec risques fonctionnels ont été opérés dans le service de Chirurgie

Maxillo-faciale et Plastique de l’hôpital Armand Trousseau à Paris. L’âge moyen des

enfants, le jour de l’intervention, était de 8 mois. Le plus jeune a été opéré à 2 mois et

le plus âgé à 25 mois. Le ratio filles/garçons était de 4/1 en faveur des filles.

La taille moyenne des hémangiomes était de 26 mm avec un minimum à 5 mm et un

maximum à 70 mm.

La localisation la plus fréquente était la paupière supérieure où on retrouvait 67% des

lésions. La figure 6 présente les pourcentages pour les différentes localisations

orbito-palpébrales.

Paupière

supérieure

67%

Canthus

interne

7%

Paupière

inférieure

11%

Fronto-

palpébrale

16%

Fig. 6. Localisation des 67 hémangiomes orbito-palpébraux

Page 41: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

41

43% des 67 enfants ont reçu une corticothérapie par voie générale en pré-opératoire.

La dose moyenne était de 2 mg/kg/j pour la prednisone et la prednisolone et de 0,150

à 0,225 mg/kg/j pour la bétamethasone. Ces traitements ont été prescrits pour

5 semaines en moyenne (minimum : 1 semaine, maximum : 16 semaines). En raison

d’une absence de réponse satisfaisante, une intervention chirurgicale a été effectuée

pour chacun de ces enfants. Il est intéressant de noter que 96% des 28 premiers

enfants de notre série (opérés avant mars 2000) ont reçu une corticothérapie générale

pré-opératoire. Seulement 5% des 39 enfants opérés par la suite ont reçu une

corticothérapie générale pré-opératoire ; la chirurgie a alors été effectuée de première

intention.

Un effet rebond à l’arrêt de la corticothérapie a été noté dans 3 cas. Ils ont été traités

par une reprise des corticoïdes par voie générale suivie de leur arrêt progressif. La

première enfant, âgée de 3 mois, présentait un hémangiome de la paupière supérieure

droite avec risque d’amblyopie en raison d’un axe visuel partiellement masqué. Une

corticothérapie par prednisone, qui s’est avérée très peu efficace, avait été prescrite

pendant 10 semaines à la dose de 2mg/kg/j. Elle avait entraîné un effet rebond à la fin

du traitement. Le deuxième enfant, âgé de 4 mois, était atteint d’un hémangiome de la

paupière supérieure droite compliquée d’amblyopie et d’un strabisme à 5 dioptries. Il

avait reçu pendant 1 mois une corticothérapie par prednisone à la dose de 2 mg/kg/j.

L’absence d’amélioration a fait poser une indication chirurgicale. Les corticoïdes

arrêtés juste avant l’intervention ont du être repris au 7° jour post-opératoire à la dose

de 2 mg/kg/j en raison d’une nouvelle poussée qui a pu être contrôlée en 2 mois. Le

troisième cas était celui d’une enfant présentant un volumineux hémangiome de la

paupière supérieure droite associé à d’autres localisations faciales toutes très

volumineuses sur le nez, la lèvre supérieure, l’oreille droite et la nuque. Il existait

également des lésions pharyngo-laryngées et hépatiques. Une corticothérapie par

bétamethasone, (Célestène®) avait été prescrite dès l’âge de 2 mois pendant une durée

de 8 semaines à la dose de 0,2 mg/kg/j. Un effet rebond avait été noté dès l’arrêt du

traitement. Elle a reçu ensuite un traitement par vincristine (1mg/m2/injection

hebdomadaire IV) à partir de l’âge de 11 mois pendant 3 mois. Ce traitement s’est

également avéré très insuffisant. L’hémangiome de la paupière supérieure droite

Page 42: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

42

mesurait 35 mm de grand axe et possédait une composante intra-orbitaire. Il était

compliqué d’un strabisme, d’un astigmatisme à 2,5 dioptries et d’une amblyopie. Le

traitement médical a permis de contrôler le développement des hémangiomes

comportant un risque vital mais n’a pas entraîné de régression de celui de la paupière.

Une intervention chirurgicale à l’aide du Dissectron® a donc été réalisée à l’âge de

16 mois. L’examen de contrôle retrouvait dès le 3° mois post-opératoire une

disparition de l’amblyopie et de l’astigmatisme. Cependant, un strabisme persistait et

nécessitait la poursuite d’un suivi ophtalmologique rapproché.

Une enfant avait été traitée dans un autre centre par une injection intra-lésionnelle

de corticoïde retard (cortivazol, Altim®). Elle présentait un hémangiome

envahissant toute la paupière supérieure droite avec un axe visuel partiellement

masqué et compliqué d’une amblyopie de déprivation. Ce geste n’a apporté ni

amélioration, ni complication dans ce cas. Il a donc été décidé d’effectuer une exérèse

chirurgicale par Cavitron® à l’âge de 5 mois. L’intervention a permis une exérèse

complète de la lésion en 45 minutes. L’examen ophtalmologique de contrôle réalisé

7 mois après l’intervention était redevenu normal avec notamment une disparition de

l’amblyopie.

Une patiente avait été traitée par interféron alpha, à raison de 3 millions

d’unités/m2/jour en injection sous-cutanée pendant 9 mois, après un échec de

traitement par corticoïde (prednisone) par voie générale. Elle présentait un

volumineux hémangiome palpébro-sourcilier de l’œil gauche de 70 mm de grand axe

avec une composante intra-orbitaire et intra-conique massive engainant le nerf optique

et compliquée d’amblyopie. Le traitement par interféron alpha a permis d’obtenir une

régression de l’hémangiome, mais partielle et essentiellement localisée sur la

composante profonde intra-orbitaire. Une intervention à l’âge de 25 mois restait

nécessaire en raison de l’axe visuel qui demeurait partiellement masqué et de

l’amblyopie persistante. L’intervention réalisée à l’aide du Dissectron® a permis une

exérèse de la lésion en 50 minutes. Celle-ci n’avait pu être que partielle étant donné

Page 43: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

43

l’importance de la lésion, mais a permis de dégager l’axe visuel. La consultation

ophtalmologique post-opératoire réalisée avec un recul de 20 mois montrait une

disparition de l’amblyopie. La partie restante de l’hémangiome n’entraînait plus que

des problèmes morphologiques. Ils ont été améliorés par une deuxième intervention,

de plastie cutanée, réalisée 6 mois après le premier temps.

II> Interventions chirurgicales

Toutes les interventions ont été effectuées dans le bloc opératoire du service de

Chirurgie Maxillo-faciale et Plastique de l’hôpital Armand Trousseau du Professeur

Vazquez. Un chirurgien, le Dr Diner, a réalisé 94% des interventions. Trois autres

chirurgiens séniors ont effectué chacun une intervention ; aucune différence

significative n’a été retrouvée en per-opératoire ni en post-opératoire pour ces trois

interventions.

1) Interventions et hospitalisations (Fig. 7 à 23 en annexe)

Les dissecteurs à ultrason CUSA ont été utilisés dans les 67 interventions. Le

Dissectron® a été utilisé dans 55% des cas. Il a progressivement remplacé le

Cavitron® à partir du début de l’année 2000. Sa pièce à main étant plus petite et plus

maniable, il est apparu plus adapté à cette chirurgie orbito-palpébrale chez le

nourrisson.

La durée moyenne d’intervention était de 67 minutes. Le temps minimum était de

20 minutes et le temps maximum de 110 minutes.

Aucun enfant n’a eu besoin de transfusion per ou post-opératoire.

Page 44: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

44

La durée moyenne d’hospitalisation était de 2,5 jours en post-opératoire. La durée

minimum était de 2 jours et la durée maximum de 11 jours.

2) Anatomo-pathologie

Les exérèses ont été complètes dans 57% des cas et supérieures à 90% de la masse

tumorale dans 89% des cas. Le plus souvent, les exérèses incomplètes ont été

secondaires à la nécessité de respecter certaines structures de voisinage : l’insertion du

muscle releveur de la paupière supérieure, la poulie du muscle grand oblique, le sac

lacrymal, les bulbes des cils ou encore le ligament palpébral interne. Dans d’autres

cas, ces exérèses incomplètes ont été secondaires à un prolongement intra-orbitaire

profond avec composante intra-conique ou dues à une absence de plan de clivage.

L’examen anatomo-pathologique a confirmé dans les 67 cas que les lésions

correspondaient bien à des hémangiomes infantiles. Toutes les pièces ont été lues par

le même anatomopathologiste, le Dr Josset de l’hôpital Armand Trousseau de Paris. Il

retrouvait des proliférations de cellules endothéliales formant de fins capillaires

regroupés en lobules, juxtaposés et séparés par des cloisons conjonctives minces. Ces

amas cellulaires pouvaient former des lumières discrètes, le plus souvent virtuelles et

étaient associés à des lacs vasculaires de taille plus importante. Il existait, dans les

lésions les plus anciennes, une fibrose interstitielle qui témoignait du début de la

phase d’involution et une raréfaction des contingents cellulaires. Les limites

d’exérèses étaient souvent en zone pathologique, confirmant ainsi les données

cliniques per-opératoires et pouvaient retrouver des infiltrations de tissus de voisinage,

notamment musculaire ou dermique.

Page 45: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

45

III> Examens ophtalmologiques

45 enfants ont pu être suivi par le même médecin de l’équipe d’ophtalmologie de

l’hôpital Armand Trousseau, le Dr Momtchilova. Les examens pré et post-opératoires

de ces enfants sont exposés ci-dessous.

1) Examens pré-opératoires

L’examen était fonctionnellement anormal pour 76% des 41 enfants ayant eu des

examens contributifs en pré-opératoire et en post-opératoire. En effet, 4 enfants sur 45

avaient des examens non interprétables en pré-opératoire et/ou post-opératoire.

Un examen était considéré comme anormal en présence d’une amblyopie, d’un

strabisme ou d’un astigmatisme strictement supérieur à 1 dioptrie.

L’axe visuel était totalement masqué chez 20% des enfants. Il ne l’était que

partiellement mais avec un risque avéré d’amblyopie (amputation de plus d’un tiers

du champ visuel) dans 53 % des cas.

Un strabisme a été diagnostiqué pour 26% des 39 enfants ayant eu des examens

contributifs pour le strabisme en pré-opératoire et en post-opératoire. Six enfants

n’ont pas pu être examinés pour le strabisme en pré-opératoire et/ou en post-

opératoire (hémangiomes empêchant l’examen, comportement de l’enfant …).

Un astigmatisme a été diagnostiqué pour 66% des 35 enfants ayant eu des examens

contributifs pour l’astigmatisme en pré-opératoire et en post-opératoire. Tous étaient

supérieurs ou égaux à 1,5 dioptries. La moyenne était à 3,5 dioptries (minimum :

1,5 dioptries, maximum : 5,5 dioptries).

Dix enfants n’ont pas pu être examinés pour l’astigmatisme en pré- opératoire et/ou

en post-opératoire (hémangiomes empêchant l’examen, comportement de l’enfant …).

Une amblyopie était retrouvée chez 67% des enfants.

Page 46: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

46

Il a également été relevé : 4 kératites, un ectropion de la paupière inférieure et un

trichiasis.

2) Examens post-opératoires (Fig. 24 et 25)

Le recul moyen pour la dernière consultation ophtalmologique de contrôle effectuée

par le Dr Momtchilova était de 11 mois, avec des extrêmes allant de 1 à 38 mois.

L’examen était fonctionnellement anormal pour 45% des 41 enfants ayant eu des

examens contributifs en pré-opératoire et en post-opératoire.

L’axe visuel était totalement masqué chez un seul (2%) des 45 enfants. Il ne l’était

que partiellement, mais avec un risque d’amblyopie, pour 2 enfants (4%).

Un strabisme a été diagnostiqué pour 18% des 39 enfants ayant eu des examens

contributifs pour le strabisme en pré-opératoire et en post-opératoire.

Un astigmatisme nécessitant une correction a été diagnostiqué pour 31% des 35

enfants ayant eu des examens contributifs pour l’astigmatisme en pré-opératoire et en

post-opératoire.

La moyenne des astigmatismes était de 1,9 dioptries (minimum : 0,75 dioptrie,

maximum : 5 dioptries).

Une amblyopie était retrouvée chez 22% des enfants dont un cas d’amblyopie

profonde. Dans tous les cas une rééducation et un suivi ophtalmologique étaient mis

en place (correction optique et occlusion intermittente de l’œil sain).

Aucun nouveau cas d’astigmatisme, de strabisme ou d’amblyopie n’est apparu en

post-opératoire.

Page 47: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

47

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

Axe visuel Amblyopie Astigmatisme Strabisme

Avant chirurgie Après chirurgie

Fig. 24. Critères fonctionnels avant et après chirurgie

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

EXAMEN ANORMAL

Avant chirurgie Après chirurgie

Fig. 25. Examens fonctionnels anormaux avant et après chirurgie

Page 48: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

48

IV > Complications post-opératoires

La surveillance post-opératoire était de 11 mois en moyenne. Elle a été effectuée par

une équipe multidisciplinaire comprenant des chirurgiens, des dermatologues et des

ophtalmologues.

1) Complications immédiates

Aucune complication vitale ou majeure n’a été observée. Aucune transfusion

sanguine n’a été effectuée. Les dissecteurs CUSA permettaient d’effectuer des

interventions très peu hémorragiques avec un contrôle des saignements opératoires

dans tous les cas.

Trois complications locales ont été relevées. Il s’agissait dans 2 cas de souffrances

cutanées des berges cicatricielles, compliquées de surinfections à Staphylocoque doré.

Celles-ci ont été rapidement contrôlées par une antibiothérapie générale associée à des

antiseptiques locaux.

Le troisième cas était un hématome post-opératoire de la loge de dissection. Sa taille

modérée a permis une résorption spontanée en quelques jours sans qu’une nouvelle

intervention ne soit nécessaire.

2) Résultats morphologiques et reprises chirurgicales

Les résultats morphologiques ont été dans la quasi-totalité des cas jugés comme

satisfaisants ou très satisfaisants, aussi bien par les parents que par l’équipe

multidisciplinaire. Dans les exérèses rendues partielles en raison des conditions

locales, on observait une amélioration morphologique spontanée lors de l’involution

Page 49: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

49

de l’hémangiome. Dans au moins 4 cas, soit pour 6% des enfants, des temps ultérieurs

de chirurgie à visée morphologique ont été effectués ou seront à prévoir. Dans

certains cas, il s’agissait de cicatrices élargies à la suite de souffrance ou de nécrose

partielle de berges. Dans d’autres cas, il s’agissait de séquelles dues à des exérèses

partielles d’hémangiomes volumineux ; leur involution laissent parfois des excédents

cutanés ou fibro-adipeux inesthétiques nécessitant des gestes de plastie cutanée

secondaires. Des études ultérieures pourront préciser le nombre de ces temps

chirurgicaux.

Discussion

II> Discussion sur notre série

1) Efficacité, reproductibilité et sécurité de la chirurgie

L’étude rétrospective que nous avons effectuée sur 67 enfants atteints d’hémangiomes

orbito-palpébraux avec retentissement fonctionnel, permet de répondre aux questions

formulées dans l’introduction.

La chirurgie précoce de ces hémangiomes a été efficace, reproductible et sûre.

Efficace, car les examens ophtalmologiques anormaux passent de 76% en pré-

opératoire à 45% en post-opératoire. Les axes visuels étaient masqués partiellement

ou totalement dans 73% des cas en pré-opératoire et ne l’étaient plus que pour

3 enfants (6% des cas) après intervention. L’amblyopie qui est le critère le plus

important devient 3 fois moins fréquente passant de 67% à 22%. La présence d’un

astigmatisme à corriger était 2 fois moins fréquente en post-opératoire passant de 66%

à 31%. A cette amélioration quantitative s’ajoutait une amélioration qualitative. En

effet, l’astigmatisme moyen pré-opératoire passait de 3.5 dioptries à 1.9 dioptries

après l’intervention. Une rééducation ophtalmologique associée a été effectuée dans

tous les cas, associant une correction optique et une occlusion de l’œil sain en cas

Page 50: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

50

d’amblyopie. Cette prise en charge devrait permettre, à plus long terme, de rendre les

améliorations fonctionnelles encore plus importantes. Efficace aussi en ce qui

concerne le résultat morphologique post-opératoire. Tous les parents ont manifesté

leur satisfaction de constater la disparition complète, ou partielle dans 3 cas, de la

masse hémangiomateuse. Les cicatrices étaient très peu visibles dès le

2° mois et devenaient de plus en plus discrètes au cours de la première année post-

opératoire, qu’il s’agisse de la paupière supérieure ou des voies d’abord sous-ciliaires

inférieures.

Reproductible, car notre série comporte un nombre important d’enfants : 67 ont été

opérés, dont 64 par le même opérateur. Trois opérateurs ont été amenés à pratiquer

chacun une de ces interventions et n’ont pas rencontré de difficultés notables. Pour ces

3 opérateurs, le temps opératoire, la durée d’hospitalisation, l’amélioration

fonctionnelle et les complications n’ont présenté aucune différence significative avec

le reste de la série. Tous les opérateurs ont utilisé et apprécié les dissecteurs à

ultrasons CUSA. Les dissections étaient grandement facilitées et ont permis des

exérèses tumorales de plus de 90% de l’hémangiome pour 89% des enfants.

Sûre, car aucune complication loco-régionale majeure ni générale n’a été relevée.

Notamment, il n’a été effectué aucune transfusion sanguine en per-opératoire ou en

post-opératoire. Les dissecteurs à ultrasons permettaient d’effectuer des interventions

très peu hémorragiques. Les complications locales ont été limitées à 2 cas de

surinfection cutanée bénigne secondaire à des souffrances partielles des berges et à un

hématome qui s’est spontanément résorbé.

Les résultats morphologiques ont été le plus souvent d’emblée satisfaisants. Pour

seulement 6% des enfants, des retouches chirurgicales à visée morphologiques ont été

effectuées ou seront à prévoir.

Nos statistiques ne comportent que des biais limités. Les biais de sélection étaient

faibles étant donné le large recrutement national de la consultation des tumeurs et

malformations vasculaires du service de Chirurgie Maxillo-faciale et Plastique de

Page 51: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

51

l’hôpital Armand Trousseau. Les biais de diagnostic, existant dans certaines séries de

la littérature, sont inexistants ici car un même anatomopathologiste entraîné aux

lésions vasculaires a lu toutes les pièces d’exérèses. L’unité de lieux pour les

interventions, le bloc opératoire du service de Chirurgie Maxillo-faciale et Plastique

de l’hôpital Armand Trousseau, et le fait que le même opérateur ait effectué 96% des

interventions ont permis de rendre les biais d’intervention non significatifs. Les biais

de mesures ophtalmologiques ont été réduits puisque les examens ont été effectués par

le même ophtalmologue pour 67% des enfants (27). Pour chaque critère (astigmatisme,

strabisme, amblyopie et amputation du champs visuel), les enfants n’ayant pas

d’examens interprétables en pré-opératoire et/ou post-opératoire n’ont pas été

comptabilisés pour les statistiques. Ces examens non contributifs pouvaient être

secondaires au comportement du jeune nourrisson ou à la masse hémangiomateuse qui

génaient l’examen.

2) Des résultats perfectibles

Nos résultats ont montré des améliorations de tous les critères. On remarque toutefois

que certaines complications se sont peu améliorées. Notamment, le strabisme ne

diminuait que de 26% à 18%. De même, 31% des enfants en post-opératoire restaient

atteints d’astigmatisme nécessitant une correction. Au total, 45% des enfants

présentaient toujours un examen anormal en post-opératoire. Cependant, ces résultats

devraient continuer à s’améliorer dans le temps, le jeune âge des enfants opérés

permettant d’espérer une récupération fonctionnelle avec une rééducation et une

correction ophtalmologiques contrôlées. En effet, les améliorations fonctionnelles

apparaissent progressivement après une intervention qui supprime un effet de masse

ou une amputation du champ visuel. De plus, la rééducation ophtalmologique

s’effectue sur plusieurs années. Le recul moyen de cette étude était limité à 11 mois,

en raison notamment de l’éloignement géographique de nombreux patients. Cet

éloignement a imposé fréquemment une poursuite locale du suivi ophtalmologique,

Page 52: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

52

mais les données de ces examens n’ont pas été exploitées afin de ne pas entraîner

d’importants biais de mesures.

3) Evolution de la prise en charge des hémangiomes orbito-palpébraux

Ces bons résultats ont fait évoluer, dans le service de Chirurgie Maxillo-faciale et

Plastique de l’hôpital Armand Trousseau, la prise en charge des hémangiomes orbito-

palpébraux entraînant un pronostic fonctionnel. La chirurgie est ainsi actuellement

réalisée de première intention à chaque fois qu’elle est possible. Auparavant, elle

n’était réalisée qu’en cas de cortico-résistance. Ainsi 96% des

28 premiers enfants (opérés avant mars 2000) avaient reçu une corticothérapie

générale et seulement 5% des 39 enfants opérés par la suite avaient reçu une

corticothérapie générale.

La tendance actuelle est donc de ne plus attendre la survenue de complications

fonctionnelles pour poser l’indication opératoire.

Nous retenons 3 indications d’urgence chirurgicale à visée fonctionnelle, même

lorsque l’examen est encore normal :

� une occlusion du champ visuel supérieure au 1/3 (Fig. 26, 27 en annexe),

� un appui cornéen localisé (Fig. 28, 29 en annexe),

� une infiltration intra-orbitaire déplaçant le globe (Fig. 30, 31, 32 en annexe).

Il faut insister sur le fait que l’indication opératoire ne dépend pas de la taille mais des

conséquences locales du développement de l’hémangiome.

Mais surtout, ces exérèses chirurgicales précoces doivent être effectuées avant que

n’apparaissent des anomalies à l’examen ophtalmologique. En effet, celles-ci

deviennent rapidement difficilement réversibles chez le nourrisson. Nos résultats

restent donc perfectibles compte tenu du fait que l’examen ophtalmologique pré-

opératoire était anormal dans 76% des cas dans notre série.

Il apparaît donc nécessaire de commencer les traitements devant un risque fonctionnel

avéré même si l’examen est normal

Page 53: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

53

III> Discussion sur les autres séries de traitement chirurgical précoce

1) Les principales séries de la littérature

Les autres études de la littérature sur le traitement chirurgical précoce des

hémangiomes orbito-palpébraux sont peu nombreuses et récentes pour la plupart. La

chirurgie occupait pour l’instant une place peu importante dans le traitement des

hémangiomes en phase évolutive ; elle était surtout réservée au traitement des

séquelles morphologiques. En effet, le caractère non encapsulé des hémangiomes, la

richesse de leur vascularisation, et le risque cicatriciel ont freiné le développement de

la chirurgie en phase précoce.

Thomson a été un des premiers, dès la fin des années soixante-dix à proposer un

traitement chirurgical précoce (28). Il a montré qu’il existait une relation linéaire entre

la durée de l’amputation du champ visuel et l’apparition d’une amblyopie. Il concluait

qu’une amblyopie pouvait apparaître après une occlusion de seulement une semaine

chez un nourrisson âgé de moins d’un an. Mais encore aujourd’hui cette notion de

«période critique» n’est toujours pas précisément définie. Il reste notamment à

préciser à quel moment du développement de l’enfant elle correspond, et qu’elle est sa

durée. Thomson préconisait également, à chaque fois que possible, le traitement

chirurgical pour les hémangiomes les plus ambliogènes : « hémangiomes bombant, de

la paupière supérieure, amputant le champ visuel et involuant lentement ». D’autres

études cliniques plus récentes ont confirmé ce constat (29 ; 30).

Plus récemment, au cours des années quatre-vingt-dix, d’autres auteurs ont rappelé

l’intérêt de la chirurgie précoce. Deans a publié en 1992 une étude comportant

5 patients opérés à l’aide d’une pince bipolaire. Aucune complication n’a été signalée

(31). La durée des interventions était de 2 à 3 heures, soit 2 à 3 fois plus que celles

retrouvées dans notre série. En 1994, Walker présentait une série de 12 patients

présentant des hémangiomes orbito-palpébraux opérés en phase précoce (32). Il

insistait sur le fait que les dissections avaient été facilitées par une coagulation

Page 54: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

54

monopolaire type « Colorado » (aiguille fine permettant une coagulation sélective).

Cependant, 2 enfants ont du être transfusés en per-opératoire, en raison des pertes

sanguines secondaires à la dissection. Plager présentait, en 1997, 3 enfants porteurs

d’hémangiomes compliqués d’astigmatismes sévères (3 à 8 dioptries) (33). Ils ont été

opérés, sans instrumentation particulière, selon une technique classique. Dans tous les

cas, l’astigmatisme ne nécessitait plus de correction en post-opératoire (0 à 1 dioptrie).

Il existe dans ces 3 articles une approche chirurgicale commune. Les incisions

cutanées ont été effectuées de façon à obtenir une rançon cicatricielle aussi faible que

possible (dans le pli palpébral supérieur, en trans-conjonctivale …). La dissection

s’effectuait ensuite en périphérie de la tumeur en prenant soin de ne pas pénétrer dans

l’hémangiome. Les lésions comportant un envahissement cutané important ou une

absence de plan sous-cutané suffisant (peau fixée à la tumeur correspondant à une

invasion du derme) étaient récusées.

Dans notre étude, ce risque de nécrose cutanée a été particulièrement bien maîtrisé

grâce à l’utilisation du dissecteur à ultrasons. Les zones de décollement sous dermique

étaient préservées par cette dissection atraumatique. Cette propriété a permis de

limiter l’exérèse cutanée dans les hémangiomes mixtes et donc la taille des incisions.

Sur les 67 enfants opérés, seulement 2 cas de souffrances cutanées, partielles et

limitées aux berges cicatricielles, ont été observés.

2) Place des dissecteurs à ultrasons

Les dissecteurs CUSA ont présenté de nombreux autres avantages pour cette

chirurgie effectuée en phase évolutive :

- La dissection par fragmentation et par cavitation cellulaire respecte et isole les

vaisseaux sanguins, permettant d’effectuer des coagulations sélectives à la pince

bipolaire (34). De plus, comme la cavitation de l’eau libère de l’oxygène elle fournit

une hémostase micro-vasculaire supplémentaire. Les pertes sanguines sont ainsi

réduites. Dans notre étude, les saignements per-opératoires n’ont nécessité aucune

transfusion.

Page 55: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

55

- Ils laissent à l’opérateur un bon contrôle visuel du champ opératoire, grâce au système

d’aspiration et d’irrigation automatique. Ils permettent d’exposer les plans de

dissection et ainsi facilitent « l’énucléation » des hémangiomes sous cutanés (35). Ils

préservent également les nerfs de petit diamètre (intérêt au niveau de la face) et le

derme.

- Ils préservent la sensation tactile du chirurgien (notamment grâce à la pièce à main

« penstyle » du Dissectron®).

- Enfin, toutes ces propriétés permettent de diminuer le temps opératoire, ainsi que la

durée d’hospitalisation (œdème et traumatisme chirurgical limités).

A notre connaissance, aucune autre étude ne fait référence à l’utilisation du Cavitron®

ou du Dissectron® dans la chirurgie des hémangiomes. En revanche, le système

CUSA est utilisé depuis une vingtaine d’années dans d’autres domaines. Il a ainsi

permis de diminuer la morbidité opératoire des segmentectomies et des lobectomies

hépatiques grâce au contrôle du saignement per-opératoire (23 ; 36). De plus, les

durées opératoires étaient réduites, notamment grâce au système d’irrigation-

aspiration. D’autres séries ont présenté des conclusions similaires, notamment pour la

chirurgie tumorale en neurochirurgie mais aussi en urologie et en gynécologie (24 ;

25 ; 26 ; 37 ; 38).

Mais, si les dissecteurs CUSA permettent des dissections peu traumatiques en

respectant les vaisseaux, ils doivent être utilisés avec prudence au contact des nerfs

(39). Ainsi une étude sur le rat, réalisée par Fischer, a montré que la dissection par

ultrasons induisait des lésions nerveuses avec des vitesses de conduction toujours

altérées 3 mois après l’intervention. Il concluait que la puissance moyenne de

dissection ne devait pas dépasser 3W/cm² (40). Des lésions du nerf auriculaire

postérieur ont également été décrites après dissection ultrasonique chez l’homme (41).

Cependant, ces complications n’ont pas été décrites en neurochirurgie (42 ; 43). Le

risque de lésion nerveuse semble lié à la durée du contact et à l’intensité des ultrasons.

Page 56: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

56

IV> Discussion sur les autres traitements disponibles

Une grande variété de traitements a été utilisée pour les hémangiomes orbito-

palpébraux présentant un risque fonctionnel ophtalmologique : corticoïde par voie

générale (prednisone ou prednisolone à raison de 2 à 3 mg/kg/jour ; ou bétamethasone

à raison de 0,15 à 0,3 mg/kg/jour), corticoïde injectée en intra-lésionnel

(triamcinolone le plus souvent), lasers argon et YAG, cryothérapie, agents sclérosants,

embolisations thérapeutiques et radiothérapie. Cette longue liste s’explique par le fait

qu’aucun de ces traitements n’est idéal et applicable pour tous les patients. Ils

possèdent chacun des avantages et des inconvénients. Certains comme la cryothérapie,

les agents sclérosants ou la radiothérapie ne sont plus utilisés en raison des risques

qu’ils entraînaient. La radiothérapie présentait notamment des risques carcinogènes,

de cataracte, et de troubles de la cicatrisation (44).

5) Corticothérapie par voie générale

L’utilisation des corticoïdes a débuté en 1967 (45). Ils avaient été initialement

prescrits pour corriger une thrombopénie associée à un volumineux hémangiome

(Syndrome de Kasabach-Meritt). La constatation de l’involution de cette tumeur a

amené de nombreuses équipes à prescrire des corticoïdes pour des tumeurs vasculaires

infantiles, même en l’absence de thrombopénie (46 ; 47). Cependant, ce traitement

reste actuellement encore empirique et les hémangiomes ne sont pas tous bons

répondeurs (48). Enjolras considère que l’on peut espérer 30% de bons répondeurs

avec régression rapide des lésions ; 40% de réponses douteuses avec stabilisation de la

poussée et régression lente (comme cela se produit sans traitement à des âges variant

d’un nourrisson à l’autre) ; et 30% de mauvais répondeurs s’aggravant malgré

l’augmentation des doses de corticoïdes. Elle insiste également sur le fait qu’il

n’existe aucun facteur prédictif du résultat (6). Bennet a fait une méta-analyse de la

Page 57: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

57

littérature qui retrouve 84% de réponses positives en combinant comme critère de

réponse, involution et stabilisation sous traitement (49).

Mais la corticothérapie par voie générale n’est pas dénuée de risques. Les

complications sont fréquentes et peuvent être sévères.

Boon rapportait, en 1999, une étude sur 62 patients traités par voie orale aux doses de

2 à 3 mg/kg (50). Il retrouvait la présence d’un faciès cushingoïde dans 71% des cas,

un retard staturo-pondéral (42%), des troubles du comportement (29%), des brûlures

gastriques (21%), et un risque d’infection et d’ostéoporose. Il s’agit de troubles

réversibles apparaissant après le premier mois de traitement. D’autres complications

plus graves ont été décrites : insuffisance surrénale, hypertension artérielle, myopathie

induite, cardiomyopathie hypertrophique (51).

M.E. Georges insiste sur la fréquence de l’hypertension artérielle (45% des enfants

traités) et sur les effets sur l’axe hypophyso-surrenalien (87% des enfants ont un taux

bas de cortisol matinal) (52). Parmi les risques infectieux graves un cas de

pneumocystose pulmonaire a été rapporté, et nous avons connaissance de 2 autres

complications similaires (O. Enjolras, données non publiées). Elles apparaissent, le

plus souvent, lors de traitements prolongés aux doses massives.

6) Corticothérapie par voie locale

Ces nombreuses complications de la corticothérapie par voie générale ont amené à

développer l’utilisation des corticoïdes en intra-lésionnel. Leur facilité

d’administration et leurs résultats satisfaisants ont contribué à leur popularité. Ainsi, la

corticothérapie par voie locale représente aujourd’hui le traitement le plus

couramment effectué depuis les études de Kushner en 1979 (53). Il a publié en 1985

une étude clinique sur 25 patients qui montrait 84% de réponse favorable, avec des

diminutions de 20 à 80% du volume de l’hémangiome (54). En 1988, Sloan présentait

une série de 31 hémangiomes de la face avec 77% de réponse au traitement (55).

Page 58: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

58

Mais les indications sont devenues moins strictes, et de nombreuses complications

sont apparues. Ainsi plusieurs cas ont été décrits de cécité mono voire binoculaire (56 ;

57), de nécrose cutanée palpébrale totale (58), d’atrophie graisseuse sous-cutanée

génienne ou encore de dépôts sous-cutanés de micro-cristaux (59 ; 60).

Ces complications semblent liées à la taille des particules en suspension, 10 à 200µm,

dans la solution injectable de corticoïdes (à comparer au 6 µm d’un globule rouge).

Elles sont susceptibles d’emboliser par voie rétrograde l’artère centrale de la rétine

sous l’effet de la pression lors de l’injection. Egbert a publié en 2001 une étude qui

mesurait les pressions d’injection durant des administrations intra-lésionnelles de

corticoïde (61). Dans chacune des 71 injections effectuées, il a retrouvé des pressions

d’injection supérieures à la pression artérielle systémique. Il concluait en

recommandant d’effectuer des injections de faibles volumes et sous contrôle d’une

ophtalmoscopie indirecte permettant d’arrêter la procédure en cas d’anomalie.

Lorsque ces mêmes particules injectées migrent dans le réseau vasculaire sous-cutané,

elles peuvent induire des lésions allant de l’atrophie du tissu graisseux sous-cutané

loco-régional (sur le trajet du drainage lymphatique palpébral) jusqu’à la nécrose de la

paupière.

De plus, les nombreux vaisseaux drainant les hémangiomes sont en continuité directe

avec la vascularisation systémique ; donc les injections intra-lésionnelles doivent être

considérées comme des corticothérapies systémiques avec tous les effets secondaires

que cela implique. Des insuffisances surrénales et des retards de développement

staturo-pondéral ont récemment été décrits (62 ; 63). Chen a décrit 3 cas de choc

anaphylactique, imputés aux excipients des corticoïdes, sur une série de 155 enfants

traités (64).

Cruz propose comme alternative aux injections intralésionnelles de corticoïdes un

traitement local par propionate de clobétasol dans les hémangiomes tubéreux de la

paupière (65). Mais la réduction du volume tumoral était plus lente par rapport à celle

observée avec les injections intra-lésionnelles. De plus, des effets secondaires

généraux dus au passage systémique des corticoïdes ont également été décrits.

Page 59: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

59

7) Interféron alfa et vincristine

Les alternatives pharmacologiques aux traitements corticoïdes pour les hémangiomes

graves cortico-résistants sont limitées. A notre avis, ni l’interféron alfa 2a ou 2b, ni la

vincristine ne se justifient pour un hémangiome strictement palpébral ou orbito-

palpébral du fait de leurs effets secondaires : ils sont à réserver à des formes beaucoup

plus diffuses créant un pronostic fonctionnel ou esthétique majeur, et comportant

parfois un risque létal pour l’enfant (Fig. 33, 34 en annexe).

Dès 1992, Ezekowitz publiait le succès du traitement de 3 hémangiomes périorbitaires,

présentant un risque fonctionnel visuel, par interféron alfa-2a (66). L’efficacité de ce

traitement a été, par la suite, rapportée à plusieurs reprises dans le traitement des

hémangiomes sévères. Le taux de réponse favorable est évalué entre 80 et 90%. Les

régressions tumorales mettent souvent plusieurs mois pour apparaître, par contre elles

sont souvent étonnement bonnes en particulier sur les composantes profondes. Ce

traitement présente cependant de nombreux effets secondaires : neutropénie, cytolyse

hépatique, fièvre, trouble du comportement, trouble du développement moteur et

surtout paraplégie spastique qui devient souvent irréversible (67). Michaud a effectué

une méta-analyse de 600 publications, représentant 3055 enfants traités par interféron

alfa pour hépatites ou hémopathies (majorité des cas) ou anomalies vasculaires (441

enfants, dont 391 avaient un hémangiome infantile). Il retrouvait 11 cas (2,5%) de

diplégie spastique, tous chez des nourrissons traités pour hémangiome, et 18 (4,5%)

« anomalies motrices » (16/18 avaient une lésion vasculaire). Toutes ces

complications neuro-motrices sont survenues chez des enfants âgés de moins d’un an

lors du traitement par interféron alfa (68). Pour ces raisons, l’interféron alfa est

réservé aujourd’hui aux lésions non opérables, cortico-résistantes et comportant un

pronostic vital ou un risque d’amblyopie avérée.

La vincristine, alcaloïde utilisé depuis longtemps en oncologie pédiatrique, est

également utilisée depuis quelques années pour traiter les hémangiomes sévères

cortico-résistants. Plusieurs études récentes ont montré son efficacité et sa rapidité

d’action, avec des réponses nettes (69 ; 70). Ses effets secondaires seraient moins

importants que ceux de l’interféron alfa : asthénie, alopécie, constipation voire iléus

Page 60: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

60

paralytique. Cette nouvelle arme thérapeutique concurrence aujourd’hui l’interféron

alpha en attendant l’arrivée de médicaments antiangiogènes plus ciblés.

8) Les lasers

Le laser YAG ou le laser argon ont été utilisés dans le traitement d’hémangiomes

tubéreux extensifs de la face et du cou (71). Le laser YAG serait le plus efficace. Ces

deux types de laser peuvent cependant être responsables de plusieurs complications :

hémorragies postopératoires, cicatrices hypertrophiques, trouble de la trophicité

cutanée. Par ailleurs, leur action est limitée à la partie superficielle de la tumeur. Ces

lasers ne semblent pas suffisamment efficaces sur les tumeurs profondes et épaisses.

Pour cette raison, Apfelberg et Achauer ont proposé l’utilisation du laser Nd :YAG ou

du laser KTP (laser YAG modifié) en intralésionnel et sous anesthésie générale (72 ;

73). Cette technique a été réalisée chez des enfants présentant des hémangiomes

tubéreux ou sous cutanés extensifs. Les résultats obtenus avec les 2 types de laser ne

présentaient pas de différences significatives. Une réduction tumorale supérieure à

50% était observée pour seulement 61% des enfants dans l’étude de Achauer.

L’ulcération cutanée, principale complication relevée, concernait 17% des enfants

dans la série de Achauer. Après avoir effectué ces traitements par laser, une

intervention chirurgicale secondaire restait souvent nécessaire. Elle était pratiquée

dans 76% des cas dans l’étude de Burstein (74).

Page 61: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

61

Conclusion

Une grande variété de traitements a été proposée pour les hémangiomes orbito-

palpébraux présentant un risque fonctionnel ophtalmologique.

Les corticoïdes par voie générale ou par injection intra-lésionnelle ne possèdent

qu’une efficacité inconstante qui de plus n’apparaît qu’après un certain délai. Ils ne

peuvent donc pas représenter un traitement de première intention face à une urgence

ophtalmologique. Les traitements médicaux plus récents, comme la vincristine ou

l’interféron alpha, présentent des effets secondaires importants qui les font réserver

aux lésions cortico-résistantes les plus sévères.

Nous pensons que ces différents traitements médicaux doivent être réservés aux

lésions volumineuses, dépassant la région orbito-palpébrale, pour lesquelles la

chirurgie ne parait pas envisageable d’emblée (Fig. 33, 34 en annexe). Les lésions

possédant une composante dermique tubéreuse diffuse restent également parfois

inaccessibles à un geste chirurgical simple et pourraient constituer les dernières

indications des injections intra-lésionnelles de corticoïdes.

Tous les autres hémangiomes orbito-palpébraux engageant le pronostic visuel et

accessibles à la chirurgie doivent être opérés. Notre étude a montré que, grâce à un

dissecteur à ultrasons comme le Dissectron®, la chirurgie représente un traitement

efficace et rapide d’action, tout en étant sûr et reproductible.

Mais surtout, ces exérèses chirurgicales précoces doivent être effectuées avant que

n’apparaissent des anomalies à l’examen ophtalmologique. En effet, rapidement

celles-ci deviennent difficilement réversibles chez le nourrisson. Dans notre série 76%

des enfants présentaient déjà en pré-opératoire un examen anormal alors que l’âge

moyen lors de la chirurgie n’était que de 8 mois. Une prise en charge chirurgicale plus

précoce, à chaque fois qu’elle est possible, permettra à l’avenir d’améliorer encore

davantage la fonction visuelle de ces enfants atteints d’hémangiomes orbito-

palpébraux.

Président du Jury : Madame le Professeur M.P. VAZQUEZ

Directeur de thèse : Monsieur le Docteur P.A. DINER

Page 62: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

62

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70

ILLUSTRATIONS

Fig. 1. Coupe sagittale de la région orbito-palpébrale

Page 71: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

71

Exemple n°1 (figures 7 à 12)

Fig. 7. Enfant de 2 mois atteint d’un hémangiome fronto-palpébral

Fig. 8. Même enfant au 16° mois post-opératoire

Page 72: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

72

Fig. 9. Incision pré-capillaire

Fig. 10. Dissection au Cavitron®

Page 73: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

73

Fig. 11. Skelétonisation au ras du derme

Fig. 12. Hémangiome énuclé

Page 74: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

74

Exemple n°2 (figures 13 à 23)

Fig. 13. Enfant de 5 mois atteint d’un hémangiome de la paupière inférieure

Fig. 14. TDM précisant l’envahissement intra-orbitaire (coupe coronale)

Page 75: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

75

Fig. 15. TDM précisant l’envahissement intra-orbitaire (coupe sagittale)

Fig. 16. Voie d’abord sous-ciliaire

Page 76: THESE DOCTORAT EN MEDECINE

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Fig. 17. Dissection pré-septale au Dissectron®

Fig. 18. Dissection rétro-septale au Dissectron®

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Fig. 19, 20 et 21. Orbitotomie du plancher de l’orbite

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Fig. 22. 3° mois post-opératoire

Fig. 23. TDM de contrôle au 3° mois post-opératoire

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Les 3 urgences chirurgicales

1. Occlusion du champ visuel supérieure au 1/3 (figures 26, 27)

Fig. 26. Hémangiome orbito-palpébral supérieur droit

Fig. 27. 3° mois post-opératoire

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2. Appui cornéen localisé (figures 28, 29)

Fig. 28. Hémangiome orbito-palpébral supérieur gauche

Fig. 29. Aspect post-opératoire

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3. Infiltration intra-orbitaire déplaçant le globe (figures 30, 31, 32)

Fig. 30 et 31. Hémangiome orbito-palpébral inférieur gauche

Fig. 32. 7° mois post-opératoire

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Fig. 33. Hémangiome fronto-orbito-palpébral non opérable d’emblée

Fig. 34. TDM précisant l’infiltration intra-orbitaire

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Chirurgie précoce des hémangiomes orbito-palpébraux Sujet : Les hémangiomes orbito-palpébraux exposent à des complications ophtalmologiques majeures. Ils imposent souvent un traitement en urgence, mais les traitements médicaux ne sont pas toujours efficaces et peuvent entraîner des effets secondaires sévères. Ainsi, la chirurgie en phase précoce s’est développée depuis une dizaine d’année. Pour faciliter ces interventions sur des hémangiomes en phase d’évolution, le Service de Chirurgie Maxillo-faciale et Plastique Pédiatrique de l’Hôpital Trousseau (Paris) a développé l’utilisation des bistouris à ultrasons. Matériels et méthodes : Cette étude rétrospective porte sur 67 enfants présentant des hémangiomes orbito-palpébraux avec risque fonctionnel ophtalmologique, opérés entre 1994 et 2004. L’âge moyen des enfants était de 8 mois. Le bistouri à ultrasons (Cavitron® ou Dissectron®) a été utilisé dans tous les cas. Résultats : Les exérèses ont été supérieures à 90% de la masse tumorale dans 89% des cas. La durée moyenne d’intervention était de 67 minutes. Le recul moyen post-opératoire du suivi ophtalmologique était de 11 mois. Tous les critères fonctionnels ont été améliorés quantitativement et qualitativement. Aucune complication majeure n’a été observée. Discussion : Les bistouris à ultrasons ont transformé la chirurgie de l’hémangiome en phase précoce en permettant des interventions efficaces, reproductibles et sûres. La chirurgie est ainsi actuellement réalisée de première intention à chaque fois qu’elle est possible. Les traitements médicaux doivent être réservés aux lésions pour lesquelles la chirurgie ne parait pas envisageable d’emblée. Conclusion : Les hémangiomes orbito-palpébraux engageant le pronostic visuel et accessibles à la chirurgie doivent être opérés. Ces exérèses précoces doivent être effectuées avant que n’apparaissent des anomalies fonctionnelles. En effet, rapidement celles-ci deviennent difficilement réversibles chez le nourrisson. Il apparaît donc nécessaire d’intervenir devant un risque fonctionnel avéré même si l’examen est normal. Mots clés : hémangiome, orbite, paupière, chirurgie, bistouri à ultrasons Keywords : hemangioma, orbit, eyelid, surgery, ultrasonic scalpel