tome a flavien

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  • 8/14/2019 Tome a Flavien

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    Le "Tome Flavien"Lettre de Lon le grand,

    pape de Rome,

    Flavien,

    archevque de Constantinoplelue lors du Concile de ChalcdoineIVe Concile cumnique

    (451)

    etautres lettres

    de Lon le Grandcontre l'hrsie d'Eutychs

    Extraites des"Chefs d'oeuvre des Pres de l'glise" - 1838

    Traduites par Ernest de Montferrier,numrises par le Hiromoine Cassien

    VCOFoyer orthodoxe4, carrer d'Avall

    66500 CLARA (France)Introduction et annexes par Hiani Rosumi

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    Introductionde

    Hiani Rosumi

    Au dbut du Ve sicle eut lieu la controverse thologique initi par Cyrille d'Alexandrie contre

    Nestorius. Ce dernier semblait supposer "deux personnes" distinctes en Jsus-Christ. Malgr desdbuts difficiles, et grce la persvrance de Paul d'Emse, le Concile d'Ephse (431) condamnantNestorius tait reconnu tant par les Alexandrins que les Antiochiens en 433. L'accord se fit sur uneformule qui, modrant les excs premiers de Cyrille, avait globalement donn satisfaction la foisaux Alexandrins et aux Antiochiens. (Voir annexe 2).

    Mais, les annes passant, les protagonistes du Concile de 431 dcdrent les uns aprs les autres(Clestin de Rome en 432, Jean d'Antioche en 441, Cyrille d'Alexandrie en 444 et Proclus deConstantinople en 447).Par ailleurs, si le nom de Nestorius avait t condamn (pour une thologie qui n'tait peut-tre pastout fait la sienne) et Nestorius lui-mme exil en Egypte, il gardait quelques amis, un peu partouten Orient.D'autre part, les crits de ses "matres" (Diodore de Tarse et Thodore de Mopsueste) qui taientmorts dans la communion de l'Eglise, continuaient circuler, et les vques d'Orient se refusaient les condamner pour faire plaisir quelques "ultras" qui criaient "aux nestoriens" tout bout dechamps.

    Eutychs, archimandrite d'un monastre prs de Constantinople, tait de ceux l. Croyant la foimenace par un "nestorianisme envahissant", il se mit enseigner qu'il n'y a qu'une nature en JsusChrist, la nature divine, par laquelle avait t absorbe la nature humaine "comme une goutte d'eaul'est par la mer".

    Cet enseignement fut dnonc comme htrodoxe au cours d'un synode Constantinople ennovembre 448 par Eusbe de Doryle et condamn par ce synode - prsid par l'archevque Flaviende Constantinople - comme renouvelant les hrsies de Valentin et d'Apollinaire.

    Quelques mois plus tard, la demande de l'empereur Thodose II, un nouveau synode fut convoqu Ephse - en Aot 449 - en faveur d'Eutychs et de son "parti", sous la prsidence de Dioscored'Alexandrie. Ce fut l'occasion de "rhabiliter" Eutychs et ses partisans.Par la contrainte et des violences, le parti d'Eutychs parvint arracher la condamnation de Flavienet des autres "nestoriens".Les dlgus romains envoys par le pape Lon se virent refuser la parole, et la lettre - le Tome

    Flavien - qui leur avait t confie ne fut pas lue. Ce synode reut, ultrieurement, le nom de"brigandage d'Ephse", ou de "synode des brigands". Flavien, dpos par ce synode, fut envoy enexil, o il mourut en 449.

    L'histoire du "Tome Flavien" aurait pu se terminer l, comme un document inutile et inutilis.

    Cependant, en 451 (Thodose II, le ferme soutien d'Eutychs tant mort en 450), un autre synode -reconnu comme Concile Oecumnique, celui-l - se tint Chalcdoine, convoqu par l'empereurMarcien et sa pieuse pouse Pulchrie.Au cours de ce concile, le "Tome Flavien" est lu, et acclam aux cris de "Pierre a parl par labouche de Lon".

    Le Concile de Chalcdoine rejeta les dcisions du "brigandage d'Ephse", rhabilita la mmoire deFlavien, renouvela la condamnation des doctrines d'Eutychs ; et les pres du Concile laborrent

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    une profession de foi qui, tout en ne se substituant absolument pas au Symbole de Nice-Constantinople, apportait les prcisions ncessaires pour viter les dviances sur la christologie(voir annexes 1 et 3).

    Par ailleurs, un point, qui est assez peu connu, concerne Nestorius. Exil la Grande Oasis, en

    Egypte, il n'tait toutefois pas entirement coup du monde. Il fut inform, distance, despripties d'Eutychs en 448 et 449, et eut mme une copie du Tome Flavien. Or, tant dans le"Livre d'Hraclide" (o il prsente sa dfense face aux accusations qui furent portes contre lui) quedans la "Lettre aux habitants de Constantinople" (dont il avait t archevque), il affirme demanire frappante son accord avec Flavien et Lon. Comme il prit entre la convocation du Concilede Chalcdoine (auquel il semble avoir t convi) et sa runion, il ne put donc tre entendu.Cependant, si Nestorius a lu le "Tome Flavien", il semble bien que ni Lon ni - plus forte raison- Flavien n'ait pu lire les crits de Nestorius qui sont rests mconnus jusqu'au dbut du XXe sicle.Aussi, en dpit des mises au point qu'il fait dans son "Livre d'Hraclide" et dans la "Lettre auxhabitants de Constantinople", son nom est-il rest associ une christologie que lui-mme, enplusieurs passage, dsavouait. (Notons par ailleurs que ceux qui ont tudi le Livre d'Hraclide ne

    sont pas unanimes pour reconnatre une absolue identit de doctrine entre celle de Nestorius et cellede Lon)

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    "Lettre 28, 13 Juin 449"

    dite Tome FlavienA FLAVIEN, ARCHEVEQUEDE CONSTANTINOPLE,CONTRE L'HRSIE D'EUTYCHES

    La lettre que vous m'avez envoye si tard, mon grand tonnement, et les actes de votre dernierconcile m'ont fait enfin connatre la cause du scandale qui a troubl votre glise, ainsi que lanouvelle hrsie qui s'est leve contre la foi. Ces choses que je ne pouvais comprendre avant mesont cette heure parfaitement connues. J'y vois qu'Eutychs, que son nom de prtre rendaitrecommandable, est priv de l'intelligence de la religion et qu'il a montr une assez grandeignorance pour qu'on puisse lui appliquer ces paroles du prophte : " Il n'a pas voulu avoirl'intelligence pour faire le bien ; il a rumin l'iniquit sur sa couche " (Ps 35,4). N'est-ce pas lecomble de l'injustice, que de se complaire dans l'impit au mpris des conseils des sages et desdocteurs ? Ils se rendent coupables de ce pch ceux qui, ne pouvant franchir les obstacles qui lesempchent de parvenir la connaissance de la vrit, ne s'empressent pas de recourir aux crits desprophtes, aux ptres des aptres et aux autorits de l'vangile, mais ne consultent qu'eux-mmes.Ils enseignent l'erreur, parce qu'ils ne se sont pas faits disciples de la vrit. En effet, quelle tudepeut-il avoir faite des pages sacres de l'ancien et du nouveau Testament, celui qui ne comprend pasmme les premires lignes du Symbole ? Ce vieillard ne sait point encore par coeur ces vrits queles chants des hommes rgnrs font retentir par tout l'univers.Eutychs ignorant donc ce qu'il devait savoir du Verbe de Dieu et refusant de s'clairer par l'tudedes saintes critures, aurait du moins pu rester dans la communion de l'glise et rpter avec lesfidles, s'il les avait couts attentivement, ces paroles qu'ils prononcent chaque jour : " Je crois enDieu tout-puissant et en Jsus Christ son Fils unique, notre Seigneur qui est n du saint Esprit et dela vierge Marie ". Ces trois propositions dtruisent toutes les erreurs des hrtiques. En croyant en

    Dieu tout-puissant et au Pre ternel, on croit aussi au Fils coternel, en tout semblable au Pre, carDieu, Il est n tout-puissant et coternel de Dieu tout-puissant et ternel : gal Dieu en ternit,en puissance, en gloire, et compos de la mme essence, Il est n du saint Esprit et de la viergeMarie, Fils unique ternel de ce Pre ternel. Cette existence temporelle ne porta aucun prjudice son Existence divine et ternelle, et Il la consacra tout entire rhabiliter l'homme qui tait dchu, vaincre la mort et terrasser le dmon qui avait l'empire de la mort. Nous ne pourrions, nous,dompter l'auteur de la mort et du pch, si le Fils de Dieu n'avait revtu notre nature et ne Se l'taitapproprie, de sorte que le pch ne pt la souiller et que la mort ne pt la retenir. En effet, Il a tconu par le saint Esprit dans le sein de la vierge Marie, qui, vierge, Le mit au monde, comme,vierge, elle L'avait conu. Si Eutychs, qui ne pouvait puiser la foi cette source pure de la religionchrtienne, parce que dans son propre aveuglement il s'tait drob aux splendeurs clatantes de la

    vrit, avait eu recours la doctrine de l'vangile et avait dit avec Matthieu : " Gnalogie de JsusChrist, fils de David, fils d'Abraham " (Mt 1,1) ; s'il avait cherch la lumire dans les prdicationsde l'Aptre et lu cette phrase de l'ptre aux Romains : " Paul, serviteur de Jsus Christ, appel tre aptre, mis part pour annoncer l'vangile de Dieu, qui avait t promis auparavant de la partde Dieu par ses prophtes dans les saintes critures, et qui concerne son Fils n de la postrit deDavid, selon la chair " (Rm 1,1-3) ; s'il avait parcouru avec soin les pages prophtiques de l'critureet trouv cette promesse de Dieu Abraham : " Toutes les nations de la terre seront bnies en tapostrit " (Gn 22,18) ; si, pour ne conserver aucun doute sur ce Nouveau-n, il avait cherch cesparoles de l'Aptre : " Or les promesses ont t faites Abraham et sa postrit " (Ga 3,16) ; " Iln'est pas dit : et aux postrits, comme s'il s'agissait de plusieurs, mais en tant qu'il s'agit d'uneseule : et ta postrit, c'est--dire, Christ " (Ibid.) ; si enfin il avait tudi dans son coeur cette

    prophtie d'Isae : " Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle luidonnera le nom d'Emmanuel " (Is 7,14), c'est--dire Dieu avec nous, et qu'il se ft appliqu lire

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    ces paroles du mme prophte : " Car un enfant nous est n, un fils nous est donn, et ladomination reposera sur son paule; on L'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Preternel, Prince de la paix " (Is 9,6) : alors, s'il avait lu et tudi toutes ces choses, il n'enseigneraitpoint cette erreur que le Verbe S'est fait chair de cette sorte, qu'Il a pris l'apparence d'un hommedans le sein de la Vierge, mais que son Corps n'est point un vrai corps de la mme nature que celui

    de sa mre. Peut-tre aussi a-t-il cru que notre Seigneur Jsus Christ n'avait point un corpssemblable aux ntres, parce que l'ange dit la bienheureuse Marie toujours vierge : " Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Trs-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saintEnfant qui natra de toi sera appel Fils de Dieu " (Lc 1,35), et que, forme dans le sein de la Viergepar l'oeuvre de la Divinit, la Chair de Celui qui fut conu ne fut pas de la mme nature que celle desa mre. Ce n'est point ainsi qu'il faut comprendre cette admirable conception : on ne doit pascroire que la singularit de sa cration priva ce Corps des conditions de la nature humaine. Le saintEsprit fconda la Vierge, mais la matire du Corps fut forme par le corps de celle-ci ; " La sagessea bti sa maison " (Pr 9,1) ; " Et le Verbe S'est fait chair, et Il a habit parmi nous " (Jn 1,14), danscette chair qu'Il tira de l'homme et que le saint Esprit anima.Les proprits des deux natures restant ainsi intactes et se runissant en une seule personne, la

    majest, la perfection et l'ternit de la Nature divine s'unirent la faiblesse, l'imperfection et lamortalit de la nature humaine. Pour acquitter la dette de notre condition, pour racheter l'homme, lanature inviolable se lia la nature qui souffre, afin que le Mdiateur de Dieu et des hommes, JsusChrist Homme, pt mourir, tandis qu'Il restait ternel comme Dieu. Homme parfait, Il est donc nDieu vritable, parfait dans sa Nature, parfait dans la ntre, c'est--dire qu'Il la revtit pourrgnrer notre nature telle qu'elle tait quand Dieu la cra dans le principe ; et comme Il ne S'taitpoint soumis aux infirmits humaines, Il vcut parmi nous sans participer nos fautes. Il prit laforme de l'esclave, sans la souillure du pch ; Il glorifia sa Nature humaine sans porter atteinte saNature divine, car cette volont qu'Il eut de Se rendre visible, Lui qui tait invisible, et de Se fairemortel, Lui le Crateur et le souverain Matre de toutes choses, fut l'effet de sa Misricorde et nonpoint un abaissement de sa Toute-Puissance ; ainsi Lui, qui dans sa Nature de Dieu cra l'homme,Se fit homme Lui-mme dans sa Nature d'esclave. Comme le dmon se glorifiait d'avoir trompl'homme par sa ruse, de l'avoir priv des Bienfaits de la Divinit, dpouill de son immortalit etsoumis la mort ; comme il se glorifiait, dis-je, d'avoir trouv dans son malheur une consolationsoeur de son pch et d'avoir ainsi chang l'aide de la propre sentence de Dieu, par la raison de saJustice, la condition de l'homme qu'Il avait rendue si glorieuse, le Seigneur, Dieu immuable, dont labienveillance ne saurait tre enchane, sut, dans sa Sagesse impntrable, mettre le comble sesBonts pour nous par ce mystre sacr, et empcher que l'homme, tomb dans le pch par la rusedu dmon, ne prt l'encontre des dcrets de la Divinit.Ainsi, le Fils de Dieu entre dans ce monde corrompu ; Il descend du ciel avec toute la Gloire de sonPre, et Il nat par un nouvel ordre de choses, par une nouvelle manire de natre. Par un nouvel

    ordre de choses ; car invisible dans sa Divinit, Il devient visible dans notre nature ; infini, Il veuttre fini ; plus ancien que les temps, Il Se soumet au temps ; Matre de l'univers, Il couvre d'unvoile l'immensit de sa Toute-Puissance et prend la forme d'un esclave ; Dieu impassible, Il daignedevenir un homme sujet la souffrance ; Dieu immortel, Il Se soumet aux lois de la mort. Il vientau monde par une nouvelle manire de natre, car c'est une vierge pure, non souille par laconcupiscence, qui donne le jour son Corps. Il prend ce Corps impeccable dans le sein de laVierge, et ce Corps, n d'une vierge, n'en est pas moins de la mme nature que le ntre. Vrai Dieu,c'est un homme vritable ; il n'existe aucun mensonge dans cette alliance, l'humilit de l'homme etla Puissance de Dieu sont runies. Sa Divinit n'est point altre par son Oeuvre de misricorde, etelle laisse son humanit intacte. Chaque nature agit avec la participation de l'autre ; mais le Verbeopre comme le Verbe, et la chair comme la chair. L'une brille par des miracles, l'autre succombe

    sous les injures. Le Verbe partage toujours la Gloire de Dieu son Pre, et la chair les faiblesses denotre nature. Jsus, comme on doit le rpter, est seul la fois le vrai Fils de Dieu et le vrai Fils de

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    l'homme. Dieu, car " au commencement tait le Verbe, et le Verbe tait avec Dieu, et le Verbe taitDieu " (Jn 1,1) ; homme, car " le Verbe S'est fait chair, et Il a habit parmi nous " (Jn 1,14). Dieu,car " toutes choses ont t faites par Lui, et rien de ce qui a t fait n'a t fait sans Lui " (Jn 1,3) ;homme, car Il est n d'une femme et soumis la loi. La naissance de sa Chair prouve sa Naturehumaine, et sa conception dans le sein d'une vierge, sa Nature divine. Son humble berceau montre

    qu'Il n'tait qu'un petit enfant, et les chants des anges rvlent sa Grandeur toute puissante. Il est,comme les hommes, envelopp dans des langes, Lui dont l'impie Hrode conspire la mort ; mais Ilest le souverain Matre de tous les mortels, Lui devant qui les mages viennent se prosterner avec

    joie. Quand Il vint recevoir le baptme de Jean, son prcurseur, on put s'assurer de la ralit de saNature divine, par ces mots que Dieu le Pre fit retentir du haut des cieux : " Celui-ci est mon Filsbien-aim, en qui J'ai mis toute mon affection " (Mt 3,17). Homme, Il est tent par le dmon ; Dieu,Il est servi par les anges. Enfin, Il donne une preuve vidente de son Humanit en tant soumis lafaim, la soif, la fatigue et au sommeil, et une non moins frappante de sa Divinit, lorsqu'Ilrassasie cinq mille hommes avec cinq pains, qu'Il donne l'eau vive la Samaritaine et la dsaltrede telle sorte qu'elle n'ait jamais soif, qu'Il marche sur la mer sans Se mouiller les pieds et qu'Ilapaise les fureurs de la tempte. Pour m'arrter ces derniers exemples, ce n'est pas la mme nature

    qui pleure sur la mort de son ami Lazare, le fait sortir du spulcre et le ressuscite quatre jours aprs; qui Se laisse attacher la croix et change le jour en tnbres et bouleverse les lments ; qui, fixepar des clous, ouvre les portes du ciel au bon larron. Ce n'est pas la mme nature qui dit : " Moi etmon Pre ne sommes qu'un " ; et ensuite : " Mon Pre est plus grand que Moi ". Quoiqu'il n'y aitqu'une seule et mme Personne en notre Seigneur Jsus Christ, cependant on ne doit point enconclure que ses Souffrances et sa Gloire soient communes ses deux Natures ; car Il est infrieur son Pre comme homme, et comme Dieu Il est son gal.Aussi, on comprend que les deux natures soient runies en une seule personne, et on lit que le Filsde l'homme est descendu du ciel, lorsque le Fils de Dieu eut pris dans le sein de la Vierge cettechair dans laquelle Il naquit. On dit aussi que le Fils de Dieu a t crucifi et enseveli et ce n'estpoint dans sa Nature de Fils unique de Dieu, consubstantiel et coternel son Pre qu'Il a tsoumis ces souffrances, mais bien dans sa Nature d'homme. C'est pourquoi nous confessons tousdans le Symbole le Fils unique de Dieu, qui a t crucifi et enseveli suivant ces paroles del'Aptre, " car, s'ils l'eussent connue, ils n'auraient jamais crucifi le Seigneur de gloire " (1 Co 2,8).Lorsque le Seigneur notre Sauveur interrogeait ses disciples sur ce qu'ils pensaient de Lui, Il leurdit : " Qui croyez-vous que soit Celui qu'ils appellent le Fils de l'homme ? ", les disciples Luirapportrent les opinions des trangers et Il leur dit : " Et vous, qui dites-vous que Je suis ? ", Moiqui suis en vrit Fils de l'homme et que vous voyez sous la forme d'un esclave, d'un hommevritable, dites-Moi qui Je suis ? Alors le bienheureux Pierre, inspir par le Trs-Haut, rendit cetmoignage qui devait servir toutes les nations : " Tu es, rpondit-il, le Christ, le Fils du Dieuvivant ". (Mt 16,16) C'est avec raison que le titre de bienheureux lui est donn par le Seigneur et

    qu'il tire la solidit de sa vertu et de son nom de la pierre mme ; car clair par la rvlation duPre tout-puissant, il avait confess que le Fils de Dieu tait le Christ, parce qu'il n'aurait rien servi notre salut de recevoir parmi nous l'un sans l'autre, et il tait aussi malheureux pour nous de croireque notre Seigneur Jsus Christ tait seulement Dieu sans tre homme, qu'homme seulement sanstre Dieu. Aprs sa Rsurrection, qui fut celle de sa vritable Nature humaine dans laquelle Il avaitt crucifi et enseveli, pourquoi notre Seigneur resta-t-Il quarante jours sur la terre, si ce n'est pourdbarrasser notre foi des tnbres de l'incertitude ? En effet, Il S'entretenait avec ses disciples, Ilhabitait et mangeait avec eux, Il permettait leur avide curiosit de Le palper de leurs propresmains, eux qui taient tourments par le doute ; Il Se prsentait tout coup au milieu d'eux, lesportes tant fermes ; par son Souffle, Il leur donnait l'Esprit, et en leur faisant don du feu del'intelligence, Il leur dcouvrait le sens mystrieux des saintes critures. Il leur montrait aussi la

    blessure de son Ct, les marques des clous et toutes les traces de sa Passion rcente, et leur disait :" Voyez mes Mains et mes Pieds, c'est bien Moi ; touchez-Moi et voyez : un esprit n'a ni chair ni

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    os, comme vous voyez que J'ai. " (Lc 24,39) Il nous faisait connatre ainsi que les proprits desdeux natures restent indivisibles en Lui, que le Verbe n'est pas la chair, et que nous devonsconfesser l'union du Verbe et de la chair dans le Fils unique de Dieu. On doit croire qu'Il est troploign de nos croyances, cet Eutychs, qui n'a pas reconnu notre nature dans le Fils unique deDieu ni l'humilit de la mort, ni la Gloire de la rsurrection. Il n'a pas non plus redout cette

    sentence du bienheureux aptre et vangliste Jean : " Tout esprit qui confesse Jsus Christ venuen chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jsus n'est pas de Dieu, c'est celui del'Antichrist. (1 Jn 4,2-3) N'est-ce pas diviser Jsus que de nier sa Nature humaine et d'anantir pard'odieux mensonges ce mystre de la foi qui nous a sauvs ? Puisqu'il est dans l'erreur sur la naturedu Corps de Jsus Christ, il doit tre ncessairement aussi dans l'erreur sur sa Passion ; car s'il nepense point que la croix de notre Seigneur soit un mensonge et qu'il ne doute point de la vrit dusupplice qu'Il a souffert pour le salut du monde, il doit reconnatre la vrit de la Chair de Celuidont il croit la mort. Il ne peut non plus douter qu'Il ne soit un homme semblable nous, s'il admetqu'Il a souffert ; car en niant la vrit de la chair, il nie la passion du Corps de Jsus. Si la foichrtienne est dans son coeur, s'il ne ferme point l'oreille aux enseignements de l'vangile, qu'ilvoie quelle nature fut attache avec des clous au bois de la croix, et qu'il comprenne d'o coulrent,

    aprs que le soldat eut perc le Ct du Sauveur d'un coup de lance, l'eau et le sang qui ont arrosl'glise du Christ par le baptme et l'Eucharistie. Qu'il coute le bienheureux aptre Pierreenseignant que l'esprit est sanctifi par l'aspersion du Sang de Jsus Christ ; qu'il lise avec attentionces paroles du mme aptre : " sachant que ce n'est pas par des choses prissables, par de l'argentou de l'or, que vous avez t rachets de la vaine manire de vivre que vous aviez hrite de vospres, mais par le Sang prcieux de Christ, comme d'un agneau sans dfaut et sans tache ".(1 Pi 1,18-19) Qu'il ne rsiste point non plus au tmoignage du bienheureux aptre Jean qui dit : "Le Sang de Jsus son Fils nous purifie de tout pch " (1 Jn 1,7) ; et plus loin : " et la victoire quitriomphe du monde, c'est notre foi. Qui est celui qui a triomph du monde, sinon celui qui croit queJsus est le Fils de Dieu ? C'est Lui, Jsus Christ, qui est venu avec de l'eau et du sang; non avecl'eau seulement, mais avec l'eau et avec le sang ; et c'est l'Esprit qui rend tmoignage, parce quel'Esprit est la vrit. Car il y en a trois qui rendent tmoignage : l'Esprit, l'eau et le sang, et les troissont d'accord ". (1 Jn 5,4-8) L'esprit de saintet, le sang de la rdemption et l'eau du baptme, quitous trois sont d'accord pour attester la mme chose, et ils restent toujours unis, ils ne diffrentpoint d'une syllabe de ce qu'ils prouvent ; car l'glise catholique vit et prospre dans cette croyanceque dans notre Seigneur Jsus Christ l'humanit est unie la vraie Divinit et la Divinit lavritable humanit.Aussi, quand Eutychs vous rpondit dans son interrogatoire : " Je confesse qu'il y avait deuxnatures en notre Seigneur Jsus Christ avant son Incarnation, mais qu'il n'en restait qu'une seuleaprs " ; je m'tonne qu'une profession de foi aussi perverse et aussi absurde n'ait point fait crieranathme tous les juges ; qu'une telle folie, qu'un tel blasphme ait pass sous silence, comme si

    nos plus chres croyances n'taient point attaques. C'est une impit aussi grande de dire qu'il yavait avant l'incarnation deux natures distinctes dans le Verbe, Fils unique de Dieu, que d'affirmerqu'Il n'en avait qu'une seule aprs qu'Il Se fut fait chair. De crainte qu'Eutychs ne croie que saproposition est vraie et qu'elle ne peut tre condamne, parce que vous ne vous tes point efforcsde la rfuter, je vous engage, trs cher frre, employer votre pieuse sollicitude, si cette affaire setermine comme elle le doit par la pnitence du coupable, clairer cet homme ignorant surl'impit des paroles qu'il a prononces. Comme la suite des actes me l'a fait connatre, il avaitpresque commenc revenir de son erreur, lorsque, menac par votre sentence, il protesta qu'ildirait ce qu'il ne disait point auparavant et qu'il adoptait une doctrine qui n'tait pas la sienne. Maiscomme il refusa de prononcer l'anathme contre son dogme impie, vous avez compris avec raisonqu'il persistait dans son crime et qu'il tait convenable de formuler la sentence de sa condamnation.

    S'il lve contre ce jugement les plaintes d'un coeur fidle et contrit ; s'il reconnat, quoique tard,que l'autorit de son vque l'a frapp avec justice, et si, pour accomplir entirement l'acte de sa

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    rconciliation avec l'glise du Christ, il condamne toutes ses erreurs de vive voix et par crit, alorsvous ne serez point rprhensible d'user de misricorde l'gard de ce pcheur converti, car notreSeigneur est le vritable et bon Pasteur, qui est mort pour ses brebis et qui, tant venu pour sauveret non pour perdre les mes des hommes, veut que nous imitions sa douce Pit, et que si notre

    justice sait punir les pcheurs, du moins nous leur accordions leur pardon s'ils prouvent leur

    repentir. Mais enfin, pour dfendre la vraie foi d'une manire efficace, il faut toujours condamnerles hrsies dans la personne de ceux qui les professent. Pour suivre cette cause avec pit etfidlit, je vous envoie nos frres Julien, vque, et Ren, prtre du titre de saint Clment, et monfils, le diacre Hilaire. Je leur ai adjoint notre notaire Dulcitius, dont la foi m'a t souvent prouve.Nous esprons qu'avec l'aide de la Grce de Dieu, celui qui est tomb dans l'erreur sera sauv aprsavoir condamn son erreur.Que Dieu vous garde, trs cher frre.Fait aux ides de juin, sous le consulat des trs illustres Astre et Protogne.

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    "Lettre 31, 13 Juin 449"A LA TRES PIEUSE IMPRATRICE PULCHRIE

    Nous avons dj prouv en de nombreuses circonstances tout le secours que le Seigneur avaitprpar son glise dans votre Clmence impriale. Mais ce que vous avez fait dans ces temps

    pour protger le zle des vques contre les ennemis de la vrit catholique tournera la plusgrande gloire de votre Majest, qui, montrant ainsi qu'elle reoit les inspirations du saint Esprit, Luisoumet sa puissance en toutes choses et rgne par sa Grce et sa Protection. J'ai appris par leslettres de notre frre et collgue Flavien, et le texte des actes du concile m'a fait connatre d'unemanire positive qu'Eutychs a fait natre de grands troubles dans l'glise de Constantinople, ensoulevant des questions contraires la foi catholique. Il est digne de votre gloire de dtruire ceserreurs, nes plutt, comme je le crois, de l'ignorance que de l'iniquit, avant qu'elles puissent serpandre et acqurir des forces par l'approbation des esprits peu clairs, dont l'opinitret est sidangereuse. Souvent l'ignorance commet des fautes graves ; souvent la simplicit imprudente seprcipite aveuglment dans les piges du dmon, et je crois que c'est ainsi qu'Eutychs s'est laisssurprendre par l'esprit du mensonge. Il pense rendre hommage la Majest du Fils de Dieu, en

    disant que notre nature n'existe point rellement en Lui, et en pensant que le Verbe, qui S'est faitchair, est d'une seule et mme essence. Autant Nestorius, qui affirma que la mre du Christ n'avaitenfant qu'un homme, s'est cart de la vrit, autant celui-ci s'loigne de la foi catholique, quipense que cette mme vierge ne donna point le jour une nature semblable la ntre. Il veut ainsique l'on croie la seule ralit de la Divinit, et que cette forme d'esclave, qu'Il prit semblable etconforme la ntre, ne ft, loin d'tre vritable, qu'une image trompeuse de notre nature. Il ne sert rien de reconnatre que notre Seigneur, fils de la bienheureuse vierge Marie, fut un hommevritable et parfait, si l'on ne croit qu'Il fut un homme de cette race dont parle l'vangile. Matthieudit : " Gnalogie de Jsus Christ, fils de David, fils d'Abraham " et il part ainsi de la source de sonorigine humaine et parcourt toutes les gnrations jusqu' Joseph, qui fut l'poux de la mre duSeigneur. Luc, examinant les gnrations en sens contraire, remonte jusqu'au pre du genre humain,afin de prouver que l'ancien Adam et le nouvel Adam sont de la mme nature. La Toute-Puissancedu Fils de Dieu aurait pu apparatre aux hommes pour les instruire et les sauver de la mmemanire qu'elle se rvla sous les apparences de la chair aux patriarches et aux prophtes, soitlorsqu'elle lutta avec Jacob et lui fit entendre sa voix, soit lorsqu'elle accepta l'hospitalitd'Abraham et qu'elle prit la nourriture qu'elle offrit. Mais ces vains fantmes n'taient que lesprsages de l'arrive de l'Homme qui devait venir : mystiques prophties, elles annonaient laralit de la chair qu'Il devait prendre dans le sang de la race des patriarches. Et ces vaines imagesne pouvaient accomplir le mystre de notre rconciliation, que Dieu dans sa Sagesse avait prparavant les temps ternels, parce que le saint Esprit n'avait encore plan sur la Vierge et la Vertu duTrs-Haut ne l'avait point encore couverte de son ombre, afin que la Sagesse se construist une

    maison dans ces entrailles non profanes, que le Verbe se ft chair en runissant en une seulePersonne la Nature de Dieu et la nature de l'esclave, que le Crateur du temps et de tout l'universnaqut au milieu de toutes les cratures une poque dtermine. Si l'Homme nouveau, cr laressemblance de la chair du pch, n'avait point revtu notre vieille nature, et, consubstantiel sonPre, n'avait daign tre consubstantiel sa mre, et, seul impeccable, n'avait point uni notre nature la sienne, l'humanit gmirait encore sous le joug du dmon, et nous n'aurions point triomph delui par la Victoire du Christ, s'Il l'avait remporte dans une autre nature que la ntre. Dans cepartage de son Triomphe, Il nous a octroy cet admirable sacrement de rgnration de telle sorteque, par la Grce du saint Esprit, qui a fait natre Jsus Christ de la Vierge, nous aussi, qui sommesns de la concupiscence de la chair, nous naissions de nouveau par une naissance spirituelle. C'estpourquoi le Thologien dit des fidles : " Lesquels sont ns, non du sang, ni de la volont de la

    chair, ni de la volont de l'homme, mais de Dieu ". (Jn 1,13) Il ne peut participer cette Grceineffable et mriter d'tre adopt par Dieu, celui qui ne veut point croire cette vrit, qui est le

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    principe de notre salut. Aussi j'prouve un vif chagrin et une grande douleur de ce que ce prtre,dont l'humilit paraissait autrefois si digne d'loges, ose profrer d'absurdes mensonges contre cettevrit, qui fait notre unique esprance et celle de nos pres. Lorsqu'il vit que sa doctrine taitblme par les catholiques, il aurait d la condamner lui-mme et ne point attendre que les chefs del'glise soient forcs de prononcer la sentence de sa condamnation ; car le Sige apostolique , qui

    ne s'carte jamais des lois de la justice et de la modration, frappe avec plus de svrit lespcheurs endurcis et pardonne avec joie ceux qui se repentent. Comme j'ai la plus grandeconfiance dans la foi sincre de votre pit, je prie la gloire de votre Clmence de dployer en cetteoccasion le zle qu'elle a toujours montr pour la religion catholique, et de contribuer sontriomphe. Peut-tre le Seigneur a-t-Il permis que ce flau fondt sur nous pour nous prouver, afinque l'on puisse connatre ceux des fidles qui partagent en secret, dans l'glise, les erreursd'Eutychs ; aussi est-il de notre devoir de nous empresser de les clairer et de les purifier, afin quenous n'ayons point dplorer leur damnation ternelle. L'empereur trs auguste et trs chrtien,dsirant voir mettre fin ces troubles le plus tt possible, a fix une poque beaucoup troprapproche la clbration du concile, qui, selon sa volont, doit se tenir phse. En arrtant saconvocation au jour des calendes d'aot, le temps qui nous reste, nous qui n'avons reu les lettres

    de sa Majest que le troisime jour des ides de mai, nous suffira peine pour prparer le dpart desvques qui nous reprsenteront en cette circonstance ; car l'empereur a jug convenable que

    j'assistasse en personne ce concile ; mais outre qu'aucun exemple prcdent ne m'en fait une loi,je suis dans l'impossibilit de me rendre son dsir, car l'tat incertain des affaires publiques ne mepermet pas de m'loigner du peuple d'une si grande ville ; les esprits se livreraient au dsespoir s'ilsvoyaient que je veuille abandonner ma patrie et le Sige apostolique pour me rendre au concile.Comme vous voyez qu'il est de l'intrt public que je ne m'arrache point l'amour et aux prires descitoyens, pensez que j'assiste aussi au concile d'phse, dans la personne de ceux de mes frres que

    j'ai envoys ma place. Je leur ai enseign les vrits qu'ils devaient dfendre dans cette cause, queles actes du concile de Constantinople et la profession de foi d'Eutychs m'ont fait connatreparfaitement. Ce n'est point sur quelque petit dtail de nos dogmes, difficile comprendre, qu'il atabli son erreur, mais il a os poursuivre de ses insultes insenses une vrit que notre Seigneur avoulu que personne de l'un ou de l'autre sexe n'ignort dans son glise. En vrit, cette professionde foi si courte et si parfaite du Symbole catholique qui est compos tout entier des paroles desaptres, prsente des instructions toutes divines, qui suffisent pour anantir toutes les doctrines deshrtiques. Si Eutychs, anim par des sentiments simples et purs, avait voulu remplir son coeurdes instructions salutaires de ce Symbole, il ne se serait jamais cart en rien du dcret du trs saintconcile de Nice, et il aurait compris qu'il lui tait dfendu par les lois des saints pres d'avoiraucune pense, de profrer aucune parole contre cette foi des aptres, qui, sans l'unit, n'existepoint. Aussi, vous daignerez, avec votre zle ordinaire, travailler avec nous bannir de toutes lesmes les blasphmes insenss qu'il a profrs contre notre salut. Si ce malheureux, qui a succomb

    la tentation, vient se repentir de ses erreurs et les condamner par crit, on le rtablira dans sadignit de prtre et d'archimandrite. Votre Clmence voudra bien aussi prendre connaissance deslettres que j'ai adresses au saint vque Flavien, dans ce but qu'on n'oublie pas les lois de la charitenvers ceux qui reconnatront leurs erreurs et les condamneront.Fait aux ides de juin, sous le consulat des trs illustres Astre et Protogne.

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    "Lettre 45, 13 octobre 449"A L'IMPRATRICE PULCHERIE

    Si les lettres que nous vous avons adresses par nos clercs pour la dfense de la foi vous taientparvenues, il est certain que votre saintet, inspire par le Trs-Haut, se serait empresse de porter

    remde de tout son pouvoir ce qui a t fait contre la foi. En effet, combien n'avez-vous pointmanqu aux vques ? Combien n'avez-vous point manqu la foi et la religion chrtienne ?Ainsi, comme ceux que nous vous avions envoys n'ont pu parvenir jusqu' votre bienveillance, carc'est avec la plus grande peine que notre diacre Hilaire est parvenu s'chapper et regagnerRome, nous jugeons convenable de vous crire de nouveau. Pour donner plus de force nosprires, nous joignons cette lettre une copie de celle qui n'a pu vous tre remise, et nous voussupplions, par tout ce qu'il y a de plus saint, de vous opposer tout ce qui a t fait de criminel :cette noble tche que votre dignit impriale vous impose, ajoutera un nouvel clat la foi vive quivous distingue ; car le concile qui s'est runi phse pour donner la paix l'glise, en portant un

    jugement contre l'hrsie, a non seulement agi de manire rendre toute pacification impossible,mais encore, et ce qu'on ne saurait trop dplorer, a travaill la ruine de la foi chrtienne. Nos

    lgats eux-mmes, dont un seul a su soustraire la violence de l'vque d'Alexandrie, qui s'taitarrog la souveraine puissance, et nous faire le rcit fidle de ce qui s'est pass, ont protest,comme ils devaient le faire dans le concile, non pas tant contre le jugement, mais contre la fureurde Dioscore. Ils se sont cris qu'une sentence rendue par la crainte et la violence, ne pouvait porteraucun prjudice aux sacrements de l'glise et au Symbole tablie par les aptres ; et aucune injuren'a pu les contraindre s'carter de cette rgle de foi, conue et exprime de la manire la pluspositive, que le saint Sige leur avait donn pour remettre au saint concile. Les vques, malgrleurs rclamations, n'ont pu obtenir la lecture de cette pice : on a voulu, en bannissant du concile letmoignage de foi qui couronna les patriarches, les prophtes, les aptres et les martyrs, abolir -nous avons horreur de le dire - et la Naissance de notre Seigneur Jsus Christ selon la chair, et la

    vrit de sa Mort et de sa Rsurrection. Ds que nous l'avons pu, nous avons crit sur ce sujet, etnous vous adressons une copie de cette lettre notre empereur trs glorieux et, ce qui est plusgrand, trs chrtien, pour le prier de ne point laisser corrompre par aucune innovation la foi danslaquelle il a t baptis et dans laquelle il rgne par la Grce de Dieu. Comme l'vque Flavien estrest dans notre communion qui est celle de l'glise universelle, qu'il n'existe aucune raison pourapprouver le jugement rendu contre lui, au mpris de tout sentiment de justice et l'encontre desrgles de la discipline ecclsiastique, et comme le synode d'phse, loin de terminer de scandaleuxdsordres, y a au contraire mis le comble, nous lui avons demand de convoquer un concile enItalie, et d'en fixer le temps et le lieu, afin que toute discussion et toute condamnation restantsuspendues jusque l, on puisse alors revenir sur tout ce qui a t mal fait, rendre la paix duSeigneur, sans blesser la foi et sans offenser la religion, les vques qui, par faiblesse, se sont

    laisss contraindre souscrire au jugement de Dioscore, et dtruire l'hrsie. Que votre pit, dontla foi nous est si bien connue, et qui porte toujours secours l'glise dans ses travaux, daigneappuyer notre demande auprs du trs clment empereur, ainsi que les lgats que le bienheureuxaptre Pierre lui envoie pour ce sujet, afin qu'avant que ce flau funeste de la guerre civile sepropage dans l'glise, il nous donne la force et les moyens de rtablir la paix avec l'Aide de Dieu. Ilsait que tout ce qu'il accordera la libert catholique, doit contribuer augmenter sa puissance.Fait aux ides d'octobre, sous le consulat des trs illustres Astre et Protogne.

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    "Lettre 59, 15 octobre 449"AU CLERG ET AU PEUPLE DELA VILLE DE CONSTANTINOPLE

    Si ce qui s'est pass dernirement phse nous a vivement afflig, car les lois de la justice et

    celles de la religion ont t foules aux pieds, d'un autre ct, votre pit sincre et vosacclamations contre l'injuste sentence nous ont fait prouver une grande joie. Bons fils, vousconserverez toujours votre amour votre excellent pre, et vous ne souffrirez pas qu'on porte lemoindre changement aux saintes doctrines qu'il vous a enseignes. Sans doute, comme le saintEsprit vous l'a rvl, ils sont souills par l'hrsie de Maniche, ces hommes qui nient la vrit dela Nature humaine de notre Seigneur Jsus Christ et attribuent un vain fantme toutes ses actionscorporelles. De peur que vous ne tombiez dans cette erreur, nous vous avons dj fait remettre unelettre par nos enfants piphane et Denys, notaires de l'glise romaine, et, d'aprs votre dsir, nousvous crivons de nouveau. Vous ne douterez point ainsi que nous ne veillions sur vous avec unesollicitude toute paternelle et que nous n'employions tous les moyens possibles pour faire cesser,avec le secours de la Misricorde de Dieu, le scandale que des ignorants et des insenss ont fait

    natre. Qu'aucun de ceux qui ont pu se laisser convaincre par de pareilles impits n'ose se glorifierde son rang dans l'glise : car si l'ignorance est peine tolrable chez un lac, quel juste chtimentne mrite-t-elle pas chez des hommes chargs de conduire les autres, et surtout quand ils dfendentdes opinions dangereuses et les font adopter par les esprits inconstants, l'aide des caresses et desmenaces ? Ils mprisent les saints membres du Corps de Jsus Christ, mais la libert catholique nesubira pas leur joug. Ils manquent de la Grce divine et ils doivent tre privs du sacrement dusalut, ces hommes qui nient la Nature humaine de Jsus Christ et contestent ainsi les vrits del'vangile et rejettent le Symbole. Ils ne comprennent pas que cette impit les conduit dtruire laralit de la Passion et de la Rsurrection ; car comment auraient pu s'accomplir ces mystres, sinotre Sauveur n'a pas la chair d'un homme ? Dans quelles tnbres d'ignorance sont-ils plongs,dans quelle honteuse paresse ont-ils vcu pour ne pas avoir appris, soit par des discours, soit pardes lectures, ce qui dans l'glise de Dieu retentit de tous cts, cette vrit du Corps et du Sang deJsus Christ, que les enfants eux-mmes confessent la communion, distribution mystique de lanourriture spirituelle o notre chair, aprs avoir reu cette nourriture cleste, s'unit la Chair deCelui qui S'est incarn. Aussi, pour vous confirmer dans votre charit qui s'est oppose avec une foidigne d'loges aux ennemis de la vrit, je vous dirai comme l'Aptre : " C'est pourquoi moi aussi,ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jsus et de votre charit pour tous les saints, je necesse de rendre grces pour vous, faisant mention de vous dans mes prires, afin que le Dieu denotre Seigneur Jsus Christ, le Pre de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de rvlation, danssa connaissance, et qu'Il illumine les yeux de votre coeur, pour que vous sachiez quelle estl'esprance qui s'attache son Appel, quelle est la richesse de la gloire de son Hritage qu'Il rserve

    aux saints, et quelle est envers nous qui croyons l'infinie grandeur de sa Puissance, se manifestantavec efficacit par la vertu de sa Force. Il l'a dploye en Christ, en Le ressuscitant des morts, et enLe faisant asseoir sa Droite dans les lieux clestes, au-dessus de toute Domination, de touteAutorit, de toute Puissance, de toute dignit, et de tout nom qui se peut nommer, non seulementdans le sicle prsent, mais encore dans le sicle venir. Il a tout mis sous ses Pieds, et Il L'a donnpour Chef suprme l'glise, qui est son Corps, la Plnitude de Celui qui remplit tout en tous ".(Ep 1,15-23) Qu'ils nous disent, les adversaires de la vrit, quelle nature le Pre tout-puissant aplace au-dessus de toutes choses, car " toutes choses ont t faites par Lui, et rien de ce qui a tfait n'a t fait sans Lui " (Jn 1,3), Il est ncessairement suprieur toutes les cratures qui, de touttemps, ont t soumises Celui qui les a cres. ternel, Il est de la Nature du Pre, Il est semblableau Pre, Il ne forme qu'un avec Lui. Si donc sa Puissance, sa Dignit, sa Gloire ont t augmentes,

    c'est qu'Il possdait une nature infrieure qui n'avait ni la puissance, ni la grandeur, ni la gloire de laNature divine. C'est Arius qui a inspir son impit ces hommes qui nient la nature humaine dans

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    le Verbe, refusent avec mpris de croire que l'humilit de notre nature ait t jointe la Majest deDieu, prtendant que le Corps du Sauveur tait un vain fantme, et attribuent plutt sa Divinitqu' sa Chair toutes ses Actions et toutes ses Souffrances corporelles. Il est bien insens celui quiose dfendre une pareille doctrine, car elle dtruit la foi et la vrit du sacrement ; d'aprs elle, ou laDivinit a souffert, ou bien il n'y a rien eu de rel dans le mystre de la Passion. Le fils de Dieu

    impassible est de toute ternit de l'essence immuable de la Trinit avec le Pre et le saint Esprit.Quand les temps furent venus, temps fixs par l'ternelle Sagesse et rvls au monde par lesprophtes, Il S'est fait homme sans perdre sa Substance divine, mais en revtant notre nature. Il" est venu chercher et sauver ce qui tait perdu " (Lc 19,10) ; Il vint parmi nous, non comme uneapparition passagre, mais bien sous des formes visibles et palpables, en prenant la chair et l'med'un homme dans le sein de la Vierge, sa mre ; Dieu, Il S'unit la forme de l'esclave, la nature dela chair du pch : et l'Homme n'a pas altr la Divinit, et le Dieu a glorifi l'humanit.La faute de nos premiers parents, dont le pch originel a t transmis toute leur postrit, nepouvait tre efface ; et nous ne pouvions chapper la damnation ternelle, si le Verbe ne sefaisait Chair et n'habitait parmi nous dans cette mme nature, cette mme chair et ce mme sangque les ntres. C'est ainsi que l'Aptre a dit dans son ptre aux Romains : " Ainsi donc, comme par

    une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de mme par un seul acte de justice lajustification qui donne la vie s'tend tous les hommes. Car, comme par la dsobissance d'un seulhomme beaucoup ont t rendus pcheurs, de mme par l'obissance d'un seul beaucoup serontrendus justes " (Rm 5,18-19). Et dans une autre ptre : " Car, puisque la mort est venue par unhomme, c'est aussi par un Homme qu'est venue la rsurrection des morts. Et comme tous meurenten Adam, de mme aussi tous revivront en Christ " (1 Co 21-22). Ils sont trangers tout sacrementde la religion chrtienne ceux qui ne confessent pas la vrit de la nature humaine prise par le filsunique de Dieu dans le sein de la Vierge de la descendance de David ; ils ne connaissent ni l'pouxni l'pouse ; ils ne peuvent assister au banquet nuptial. La Chair de Jsus Christ est la Robe duVerbe ; celui qui confesse le Christ en est revtu. Mais celui qui rougit de ce vtement et le rejettecomme indigne, quoiqu'il s'approche de la table royale et prenne part au banquet sacr, conviveparjure, il n'chappera pas la justice du Roi, comme le Seigneur l'a prdit Lui-mme ; il serachass, ses pieds et ses mains seront chargs de fers et il sera lanc dans les tnbres extrieures oil y aura des sanglots et des grincements de dents. Aussi quiconque ne confesse pas la Naturehumaine de Jsus Christ, est jug indigne du mystre de l'Incarnation, et ne jouira des bienfaits dusacrement dont l'Aptre parle en ces termes : " Parce que nous sommes membres de son Corps.C'est pourquoi l'homme quittera son pre et sa mre, et s'attachera sa femme, et les deuxdeviendront une seule chair " ; et il a ajout pour expliquer ces paroles : " Ce mystre est grand; jedis cela par rapport Christ et l'glise ". (Ep 5,30-32) Ds le commencement de la race humaine,l'Avnement du Christ dans la chair a t annonc tous les hommes. Ils seront deux dans la mmechair, a-t-il t dit ; et en vrit, ils sont deux dans la mme chair : Dieu et l'homme, le Christ et

    l'glise qui est ne de la chair de l'poux ; quand, par le sang et l'eau qui coulaient de son Ct surla croix, elle a reu le sacrement de la rdemption et de la rgnration. Et tel est le nouvel tat dela crature qui, par l'eau du baptme, n'est point prive de sa chair, mais purifie de la tacheoriginelle ; de telle sorte que son corps devient celui de Jsus Christ, car le Corps du Christ est celuid'un homme. Nous ne devons donc pas dire que le Christ est seulement Dieu, comme lesmanichens, ou comme l'hrtique Photinus, qu'Il est seulement homme ; nous ne devons pas croirequ'il Lui manque rien de la nature humaine, soit l'me, soit la raison, soit la chair ; propositionimpie dveloppe par les apollinaristes, qui prtendaient que le Verbe n'avaient pas pris sa chairdans le sein d'une vierge, mais qu'Il tait Lui-mme chang en chair. Nous ne devons pas admettredavantage que la bienheureuse vierge Marie ait conu un homme sans la Divinit, homme qui, unefois cr du saint Esprit, ait t habit par le Verbe ensuite, erreur qui a t justement condamne

    dans la personne de Nestorius ; mais telle doit tre notre croyance : Le Christ, fils de Dieu, Dieuvritable, n de Dieu le Pre, de toute ternit, est aussi un homme vritable, n d'une femme une

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    poque dtermine ; son Humanit, par laquelle Il est infrieur au Pre, n'a port aucune altration sa Nature divine, par laquelle Il est gal Dieu. Il n'y a qu'un seul Christ en deux natures ; Il l'aprouv Lui-mme quand Il a dit comme Dieu : " Moi et le Pre nous sommes un " (Jn 10,30) ; etcomme Homme : " Le Pre est plus grand que Moi " (Jn 14,28). Cette profession de foi est la seulequi soit aux coeurs des vritables chrtiens ; c'est la seule qui soit bonne et imprissable ; vous la

    dfendrez avec zle et amour ; vous y persvrerez ; vous la confesserez avec constance. Et,comme aprs la Misricorde de Dieu il faut aussi mriter les bonnes grces de vos princeschrtiens, demandez avec sagesse et humilit au trs clment empereur qu'il daigne ordonner laconvocation d'un concile gnral, comme je l'en ai dj pri, afin de retremper le courage et l'ardeurdes bons catholiques et de purifier les hrtiques qui consentiront rentrer dans la bonne voie.

    Fait aux ides d'octobre, sous le consulat des trs illustres Astre et Protogne.

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    "Lettre 104, 22 mai 452"A L'EMPEREUR MARCIEN

    Toute l'glise a tressailli de joie lorsque, par un bienfait de la Misricorde de Dieu, l'hrsie la pluspernicieuse a t dtruite par le zle saint et glorieux de votre Clmence ; vous avez consacr votre

    puissance au service de Dieu ; vous avez aid les prtres du Seigneur de toute votre foi et de toutvotre pouvoir parvenir plus promptement au but de leurs travaux. Quoique, en vertu du saintEsprit qui les inspire, ce soit le devoir des serviteurs du Sige apostolique de dfendre en toutecirconstance les vrits et la libert de l'vangile, cependant cette fois, c'est par la seule Grce deDieu que nous avons triomph ; et dans cette victoire de la vrit Dieu a permis que les seulsauteurs de l'hrsie prissent et que l'glise recouvrt son unit. Cette guerre que l'ennemi de notrepaix avait suscite s'est donc termine d'une manire si heureuse que, le Christ triomphant, lesmmes lauriers couronnrent tous les vques ; et, la lumire de la vrit brillant avec clat, lestnbres de l'erreur et ses partisans furent seuls chasss au loin.Sur ce qui concerne nos croyances touchant la rsurrection de notre Seigneur, il fut trs avantageux,pour jeter les bases de la foi, que certains aptres aient dout de la ralit de la Chair de Jsus

    Christ ; car, en se convainquant eux-mmes par les sens de la vue et du toucher, lorsqu'ilsexaminrent la marque des clous et la cicatrice du coup de lance, ils mirent fin aux doutes de tousceux qui pourraient hsiter croire ; il en est de mme aujourd'hui, lorsque l'infidlit de quelques-uns est confondue ; tous ceux qui chancelaient dans leurs croyances s'y trouvent confirms, etl'aveuglement des uns sert clairer les autres. Il est digne et juste que votre Clmence se glorifiede ses travaux ; car elle a pourvu avec sagesse ce que les embches du dmon ne puissent nuireaux glises d'Orient, et elle a compris avec fidlit qu'on ne saurait jamais offrir d'holocauste plusagrable Dieu qu'en runissant les peuples, les vques et les rois, pour confesser tous de la mmemanire la Mdiateur de Dieu et des hommes, l'Homme Jsus Christ.Aprs cette heureuse pacification de l'glise universelle qui ncessita la runion d'un si grandnombre d'vques, je m'tonne et je me plains de ce que le souffle de l'ambition vient encoretroubler cette paix que Dieu nous a accorde. Quoique mon frre Anatolius ait compris qu'il tait dudernier intrt pour lui d'abandonner les erreurs de ceux qui l'avaient ordonn et de revenir la foicatholique par une correction salutaire, il et d se garder nanmoins de troubler par sa cupiditcette glise qu'il sait ne devoir qu' notre bienveillance. Il devrait se rappeler que, par gard pourvotre demande et rassur par votre pit, quand l'illgalit de sa conscration le faisait chanceler surson sige, j'ai plutt cout ma bont que la justice, dsireux que j'tais d'apaiser tous les troublesque le dmon avait suscits, mme par des moyens peu licites. Le souvenir de ces faits devrait luiinspirer plus de modestie que d'orgueil. Et quand ses vertus l'auraient port l'piscopat, quandmme il aurait t consacr lgalement aprs un mr examen et d'une manire solennelle, il n'enserait pas moins criminel en violant les anciennes rgles, les canons des pres et les dcrets du saint

    Esprit. Je vous le dis vous, chrtien vraiment pieux, vous, prince vraiment orthodoxe, l'vqueAnatolius perd ses propres mrites en voulant augmenter ses droits d'une manire injuste.Que la cit de Constantinople soit glorieuse comme nous le dsirons par la protection de Dieu ;qu'elle jouisse longtemps, sous le rgne de votre Clmence, des privilges d'une ville impriale.Mais il ne faut pas confondre les choses divines et les choses humaines ; aucune construction nesera ternelle et stable, l'exception de cette seule pierre que le Seigneur a pose Lui-mme pourtre le fondement de son glise. Celui qui convoite le bien d'autrui, perd son propre bien. Qu'ilsuffise Anatolius d'avoir obtenu l'piscopat dans une si grande ville, l'aide des recommandationsde votre Majest et de mon approbation. Qu'il ne ddaigne point la Cit Impriale dont il ne peutfaire un sige apostolique, et qu'il n'espre point non plus s'lever jamais sur les ruines des autres.Les dcrets des saints pres ont tabli les privilges des glises, et les canons du concile de Nice

    les ont dtermins ; l'ambition d'aucun homme ne peut y rien retrancher, y rien ajouter. Avec l'Aidedu Christ je maintiendrai fidlement, dans leur intgrit, ces rgles saintes de nos pres qui furent

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    faites, pour la discipline de toute l'glise, dans le concile de Nice par l'inspiration du saint Esprit ;c'est moi qu'a t confi le soin de les faire observer, et je me montrerai bon et fidle serviteur ;car si je prtais les mains ce qu'on les violt, ce qui n'arrivera jamais, si la volont d'un seul demes frres avait plus de poids auprs de moi que l'utilit gnrale de toute l'glise, je me rendraiscoupable d'un grand crime.

    Comme je sais que votre glorieuse Clmence aime veiller sur la paix des glises et qu'elle donneune pieuse approbation tout ce qui est convenable au maintien de l'ordre, je la prie et la supplie dese garder de prter le moindre assentiment d'injustes tentatives contre la paix des fidles et l'unitcatholique, et de rprimer d'une manire salutaire l'ambition de mon frre Anatolius, qui, s'il ypersiste, pourra lui devenir prjudiciable. Il ne faut pas que, dans son ambition hostile votre gloireet l'glise, il veuille s'lever au-dessus de ses mrites ; il lui appartient de briller par toutes lesvertus qu'il pourra runir ; mais certes, il n'en possdera aucune si, au lieu de se gonfler d'orgueil, ilne s'empresse de faire place dans son coeur la charit. Il n'aurait jamais d concevoir cet injustedsir ; et quand mes frres et collgues, qui me remplaaient au concile, s'opposrent sesprtentions illicites, il et agi convenablement en se dsistant de ses projets devant leursremontrances salutaires. Les actes de votre pit et les lettres d'Anatolius lui-mme prouvent que

    les lgats du Sige apostolique lui ont oppos, comme il tait ncessaire, de justes rclamations ; saprsomption, qui ne s'arrta pas mme aprs avoir t rprimande, est donc inexcusable.Dployez contre toute ambition condamnable cette vigueur que vous avez montre en terrassantl'hrsie par la Grce de Dieu ; et, ce qui convient votre pit et votre gloire, ce qui est digne devotre justice de chrtien et d'empereur, contraignez cet vque obir aux pres et respecter lapaix de l'glise, et dfendez-lui de se faire un droit de ce que, dans mon zle cicatriser les plaiesde l'glise, et dans mon amour pour la paix, j'ai bien voulu ne point annuler l'ordination sansexemple de l'vque d'Antioche qu'il avait faite au mpris des canons. Qu'il s'abstienne donc devioler les lois ecclsiastiques ; qu'il rprime les excs de son ambition, de peur qu'il ne soitretranch de l'glise universelle dont il veut troubler la paix. Cependant, j'aimerais mieux le chrir cause de ses vertus que de le voir persvrer dans ses penses d'orgueil qui pourraient le sparerde nous. Mon frre et collgue Lucien, qui m'a apport les lettres de votre Clmence, avec mon fils,le diacre Basile, a accompli la mission dont vous l'avez charg, avec le plus grand zle, et, s'il n'apoint eu de succs, on peut dire qu'il n'a point manqu la cause, mais c'est plutt la cause qui lui amanqu.

    Fait le onzime jour des calendes de juin, sous le consulat du trs illustre Herculanus.

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    "Lettre 120, 11 Juin 453"A SON TRES CHER FRERE THODORET, VEQUE

    Nous avons appris par nos frres et collgues, qui sont de retour du saint concile, o le Sige dubienheureux Pierre les avait envoys, que, protg comme nous par le Bras du Tout-Puissant, tu es

    rest victorieux de l'impit de Nestorius et de la fureur des eutychens. Glorifions-nous donc ennotre Seigneur et chantons avec le prophte : " Notre secours est dans le Nom du Seigneur qui a faitle ciel et la terre " (Ps 123,8). Il n'a pas permis qu'on nous portt prjudice dans la personne de nosfrres ; et ce divin mystre qu'Il avait dfini par ma bouche, Il l'a confirm par l'assentimentirrvocable de tous nos collgues. Il a voulu prouver ainsi que cette exposition de foi, donne par lepremier des Siges et approuve par tout l'univers chrtien, avait t compose sous sonInspiration ; et en faisant ainsi concourir au mme but les membres et le corps, Il nous a donnd'autant plus matire nous rjouir, qu'Il a frapp notre ennemi avec d'autant plus de rigueur, qu'ilavait svi plus cruellement contre les ministres du Christ. Pour augmenter l'clat du tmoignage quetous les autres Siges rendirent celui que le Seigneur tablit le premier de tous, il s'en trouvad'abord qui se laissrent aller de soupons injustes et qui doutrent de notre jugement ; mais

    tandis que le dmon, le pre de la discorde, excitait quelques-uns nous contredire, lutter contrenous, par la Grce du Dieu de bont, le mal que celui-l nous faisait a t remplac par un plusgrand bien. En vrit, les prsents de la Grce divine paraissent bien plus doux toutes les fois qu'onles a acquis au prix de grandes sueurs ; et la paix qui s'coule dans le repos parat bien moinsagrable que celle qui nous est rendue aprs de grands travaux ; et la vrit elle-mme brille d'unplus vif clat et se grave plus profondment dans les esprits, lorsque, enseigne d'abord par la foi,elle est ensuite confirme par l'examen. Enfin, la dignit des vques parat plus grande, lorsquel'autorit du plus puissant est respecte de telle sorte qu'on ne voit pas qu'aucune atteinte ait tport la libert des infrieurs.L'examen tourne d'autant plus la Gloire de Dieu, qu'on ne craint point d'arracher le masque l'hrsie pour la vaincre, de peur que ce qui est videmment injuste par soi-mme, ne paraisseopprim dans un injuste silence. Exulte donc, trs cher frre, et exulte, vainqueur en Jsus Christ, leFils unique de Dieu. Il a triomph par nous, Celui dont on niait la vrit de la chair ; Il a triomphpar nous et pour nous, Celui en qui nous vivons et dont l'arrive en ce monde est un nouveau jourde gloire pour l'univers. Le divin mystre de l'Incarnation fut rendu au monde aprs la dfaite del'ennemi du genre humain, qui, ne pouvant l'abolir et le faire oublier, s'tait efforc de le rendreincomprhensible par ses mensonges. Bien plus, ce mystre immortel avait t banni du coeur desincrdules, car un si grand sacrement de salut ne peut servir l'incrdule. Jsus Christ Lui-mme aenseign cette vrit ses disciples par ces paroles : " Celui qui croira et qui sera baptis serasauv, mais celui qui ne croira pas sera condamn " (Mc 16,16). Les rayons du Soleil de justice,intercepts par les tnbres paisses de Nestorius et d'Eutychs, ont brill d'un nouvel clat sur

    l'Orient, o le Seigneur a plac de prfrence le Sige des enseignements des aptres et desdocteurs ; et dans ces contres qu'il n'est pas permis de croire que le Seigneur abandonne jamais, lo Il avait plac ces illustres confesseurs, notre antique ennemi s'efforait de nouveau, l'aide ducoeur corrompu d'un second pharaon, de dtruire la race fidle d'Abraham et les enfants de lanouvelle promesse ; mais Dieu, dans sa Misricorde, rendit vains les efforts des dmons, et il nepeut nuire qu' lui seul. Dieu, dans sa Toute-Puissance, agit d'une manire si admirable, que loin decondamner avec leur matre ceux qui s'taient arms avec lui pour massacrer les enfants d'Isral, Illes runit son peuple. Et comme il tait digne de Lui, Source des misricordes et comme il taitpossible Lui seul de le faire, Il runit les vaincus avec nous pour leur faire partager notre victoire ;car l'esprit de mensonge est le seul vritable ennemi du genre humain, et il n'est point douteux quetous ceux que la vrit a appels vers elle ne puissent le terrasser. Les paroles suivantes de notre

    Sauveur prouvent bien qu'elles sont d'autorit divine ; elles s'adressent si bien aux ennemis de la foiqu'on ne peut douter que ce ne soit d'eux qu'Il ait voulu parler : " Vous, dit-Il, vous avez pour pre

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    le diable, et vous voulez accomplir les dsirs de votre pre. Il a t meurtrier ds le commencement,et il ne se tient pas dans la vrit, parce qu'il n'y a pas de vrit en lui. Lorsqu'il profre lemensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le pre du mensonge " (Jn 8,44).On ne doit donc pas s'tonner de ce que ceux qui ont regard comme un mensonge la vrit de laChair de Jsus Christ s'accordent avec leur pre, prtendant que tout ce qui a t vu, entendu,

    touch et palp, comme le tmoigne l'vangile, ne prsente point des preuves solides de cette ralitde la nature humaine, mais que Jsus Christ tait d'une seule nature coternelle et consubstantielleau Pre, comme si la Nature divine avait t attache au bois de la croix, comme si cette Natureimmuable avait pu grandir avec l'ge, comme si la Sagesse ternelle avait pu crotre en sagesse,comme si l'Esprit de Dieu, qui est l'Esprit Lui-mme, S'tait dvelopp et avait augment. Cettefolie furieuse montra bien quel tait son pre, en s'efforant par tous les moyens possibles de fairepartager son impit tous les hommes. Quoiqu'elle nous et dj frapp dans chacun de nos frres,qui sont nos membres, elle ne voulut pas nous pargner nous-mme ; avec une audace nouvelle,inoue, incroyable, elle dversa l'injure contre le chef des glises. Mais plt Dieu que, serepentant aprs tant de crimes, elle ne nous ait fait point pleurer sur sa damnation ternelle. Ellevoulut mettre le comble tous ses crimes ; ceux qu'elle avait commis ne lui suffisaient pas ; elle

    n'pargna ni les vivants ni les morts ; ennemie de la vrit, protectrice de l'erreur, elle trempa sesmains dj souilles dans le sang d'un innocent, dans le sang d'un vque catholique. Tandis qu'il at crit : " Quiconque hait son frre est un meurtrier " (1 Jn 3,15), l'impie qui s'tait dj rendumeurtrier en hassant son frre, accomplit son oeuvre criminelle, comme s'il n'avait point entenduces paroles du Seigneur : " Recevez mes instructions, car Je suis doux et humble de coeur; et voustrouverez du repos pour vos mes. Car mon joug est doux, et mon fardeau lger " (Mt 11,29-30).Ce digne aptre des mensonges du dmon, cet gyptien dvastateur s'leva comme un tyranfarouche. A l'aide d'une foule furieuse de sditieux, il imposait l'glise des blasphmes criminelsqu'il faisait approuver par nos vnrables frres avec les mains sanglantes des soldats. La Voix denotre divin Rdempteur nous a assur qu'il n'y avait qu'un seul et mme auteur de l'homicide et dumensonge ; eh bien, il s'est rendu coupable d'homicide et de mensonge comme s'il n'avait reu lesconseils que le Fils de Dieu nous a donns pour notre salut, que pour faire les choses contrelesquelles Il nous mettait en garde et ainsi se damner jamais. Il n'avait point non plus prt uneoreille attentive ces paroles du Seigneur : " Je dis ce que J'ai vu chez mon Pre ; et vous, vousfaites ce que vous avez entendu de la part de votre pre " (Jn 8,38).Aussi, en conspirant d'arracher la vie de ce monde Flavien, de sainte mmoire, il se priva de lalumire de la vritable vie. En voulant vous arracher vos glises, il se spara du nombre deschrtiens. En entranant vers l'erreur un grand nombre de fidles et en les y faisant tomber, il aperc son me de nombreuses blessures ; seul il fut criminel plus que tous, par tous et pour tous ;car il fut la cause des crimes de tous. Quoique tu sois fortifi par une solide nourriture spirituelle etque tu n'aies point du tout besoin de ce conseil, cependant je te dirai de te conduire de mme que

    l'Aptre, comme c'est notre devoir, afin que nous puissions rpter avec lui : " Et, sans parlerd'autres choses, je suis assig chaque jour par les soucis que me donnent toutes les glises. Qui estfaible, que je ne sois faible ? Qui vient tomber, que je ne brle ? " (2 Co 11,28-29) Je crois surtoutdevoir t'avertir en cette occasion, mon trs cher frre, que toutes les fois que, par un effet de laGrce divine, nous condamnons ou nous recevons la pnitence, de vive voix ou par crit, ceux quisont tombs, il nous faut prendre garde de nous carter en rien des rgles de foi que la Divinit dusaint Esprit a rvles au concile de Chalcdoine et avoir soin, placs entre deux ennemis commenous le sommes, de peser toutes nos paroles avec la plus grande attention, de crainte d'une nouvelleperfidie. Il ne faut point parler comme si nous avions traiter des sujets douteux, ce qui ne seprsente pas ici, mais nous baser sur des autorits qui ont t mrement dfinies. Nous savons quedans la lettre du saint Sige apostolique, confirme par l'approbation du saint concile universel, sont

    runis des tmoignages d'une autorit si divine, que nul ne peut lever le moindre doute sur leurvalidit, moins qu'il ne prfre se plonger dans les tnbres de l'erreur ; et les actes du concile,

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    soit ceux qui renferment la dfinition de foi qui fut compose, soit ceux o se trouvent les lettresprcites du Sige apostolique, lettres que tu as dfendues avec tant de zle, et principalementl'allocution de tout le concile, nos princes trs pieux, sont appuys par un si grand nombre detmoignages des anciens pres de l'glise, qu'ils suffisent pour convaincre un esprit, quelqueimprudent et quelque opinitre qu'il soit, moins qu'il ne soit dj condamn avec le dmon pour

    son impit.Aussi, est-il ncessaire, dans notre manire d'agir contre les ennemis de l'glise, de veiller ne leurjamais laisser, en ce qui nous concerne, aucune occasion de calomnie, et dans notre lutte contreNestorius et Eutychs, de ne jamais paratre viter l'un ou l'autre, mais de frapper de la mme lanceces deux ennemis du Christ et de les condamner. Ainsi, toutes les fois que cela peut tre utile ceux qui nous coutent, il faut formuler contre eux et contre leurs dogmes un anathme prompt etclair, de crainte que, si nous paraissions tarder le faire et si nous le formulions en termes obscurs,on ne croie que nous agissons malgr nous. Tu as prouv nagure la vrit de ce que j'avance,quoique je n'aie adresser d'admonition qu' ta prudence, car notre Seigneur trs saint, dans saVrit invincible, a dmontr par le jugement du saint Sige que tu tais pur de toute souillure deshrtiques. Tu Lui rendras de grandes actions de grces pour tant d'preuves qu'Il t'a fait subir, si tu

    t'es conserv tel que nous t'avons reconnu et tel que nous te reconnaissons, pour la dfense del'glise universelle. En ce que le Seigneur a confondu les mensonges de tous les calomniateurs, jereconnais que le bienheureux Pierre a intercd pour nous tous : aprs avoir confirm dans ladfinition de foi le jugement de son Sige, il n'a pas permis qu'on pt trouver rien de condamnabledans la personne de ceux qui avaient combattu avec nous pour la foi catholique ; au jugement dusaint Esprit, ceux-l ne pouvaient tre que triomphants dont la foi avait dj triomph.Pour terminer, je t'exhorterai collaborer avec le Sige apostolique ; car nous avons appris qu'ilexistait encore dans vos contres quelques restes de l'erreur eutychenne et nestorienne. La victoireque Jsus Christ notre Seigneur et notre Dieu a donne son glise, tout en nous inspirant une plusgrande confiance, tant que nous restons en ce monde, ne doit pas cependant nous faire perdre toutesollicitude ; elle ne nous a point t accorde pour que nous nous endormions, mais pour que noustravaillions avec plus de plaisir. D'aprs le rapport que tu nous as fait, nous voulons t'aider dans tasollicitude pastorale, afin que la doctrine du Seigneur fructifie parmi ces hrtiques. Hte-toi doncd'instruire le Sige apostolique, afin que nous puissions prter secours, autant qu'il me seraconvenable et ncessaire, aux prtres de la religion. Sur ce qui concerne les choses illicites qui ontt tentes par un esprit d'orgueil au dernier concile, l'encontre des vnrables canons de Nice,nous avons crit notre frre et collgue, l'vque d'Antioche, et nous avons ajout, d'aprs unrapport que nous avaient fait nos vicaires sur l'iniquit de certains moines de votre glise, que nousarrtions d'une manire toute spciale que personne ne se permt de prcher, l'exception desprtres du Seigneur, soit moine, soit lac, et de quelque science qu'il pt se glorifier. Nous voulonsque cette lettre, pour l'utilit de toute l'glise, soit rendue publique par notre frre et collgue

    Maxime ; et comme nous ne doutons point qu'il ne s'empresse de remplir cette recommandation,nous n'avons pas voulu joindre une copie la prsente.Que Dieu te garde intgre, trs cher frre.

    Fait le 4 des ides de juin, sous le consulat du trs illustre Opilion.

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    (Lettre 165 ? septembre 458 ?)A L'EMPEREUR LON, TOUJOURS AUGUSTE

    Je me souviens de vous avoir promis, vnrable empereur, de vous adresser sur la foi, dont j'ai

    reconnu que votre Clmence avait embrass la cause, anim d'un pieux zle, un sermon dict parmon humilit. Je crois que le temps est venu de m'acquitter de cette promesse avec le secours deDieu, et que je ne dois point laisser manquer votre sainte ardeur pour la religion, d'une instructionutile, autant que je le puis. Quoique je sache que votre Clmence est abondamment pourvue desinstructions des hommes, et qu'elle a puis la doctrine la plus pure la source inpuisable du saintEsprit, il n'en est pas moins de mon devoir de vous dmontrer ce que vous comprenez, et de vousexpliquer ce que vous croyez, afin que ce feu sacr, comme par des aliments, s'chauffe et brle,s'enflamme et brille.L'hrsie d'Eutychs s'est efforce d'amonceler de profondes tnbres sur les provinces d'Orient, etelle a essay de drober aux yeux des ignorants l'clat de cette lumire qui, selon l'vangile, brilledans les tnbres, et que les tnbres ne purent saisir. Mais aprs que son obscurit a caus sa ruine,

    voici que de nouveaux disciples viennent prcher les erreurs du matre. des poques trsrapproches, la foi catholique, qui est la seule vraie et laquelle on ne peut ni rien ajouter, ni rienretrancher, eut repousser les attaques de deux ennemis : le premier, Nestorius, donna naissance ausecond, Eutychs ; ils voulurent introduire dans l'glise de Dieu deux hrsies contraires, et ilsmritrent ainsi d'tre condamns tous les deux par les aptres de la vrit, car les erreursdiffrentes qu'ils professrent tous deux sont par trop insenses et par trop sacrilges. Anathme Nestorius qui crut que la bienheureuse vierge Marie ne fut pas la mre de Dieu, mais seulement lamre de l'Homme, qui divisa la Nature humaine et la Nature divine en deux Personnes, et qui necomprit pas que dans le Verbe de Dieu et la chair il n'y avait qu'un seul Christ. Il enseignait que leFils de Dieu et le Fils de l'homme taient distincts et spars, tandis que le Verbe, conservant sonessence immuable, qui de toute ternit est coternelle au Pre et au saint Esprit, Se fit Chair dansles entrailles d'une vierge et accomplit ce mystre ineffable de telle sorte que par une seuleconception, un seul enfantement, et en deux natures runies en une seule Personne, cette viergedevint la fois la servante et la mre du Seigneur. Elisabeth, comme le rapporte l'vangliste Luc,comprit cette vrit et dit Marie : " Comment m'est-il accord que la mre de mon Seigneurvienne auprs de moi :? " (Lc 1,43). Qu'Eutychs soit aussi frapp du mme anathme, lui qui, seroulant dans la fange des erreurs impies des anciens hrtiques, adopta le troisime dogmed'Apollinaire. Se refusant ainsi de croire la vrit du Corps et de l'me humains de notre SeigneurJsus Christ, il affirmait qu'il n'y avait en Lui qu'une seule nature, comme si la Divinit du VerbeS'tait commue en la chair et l'me d'un homme, comme si sa conception et sa naissance, sonenfance et sa croissance, son supplice et sa mort, son ensevelissement et sa rsurrection, et son

    ascension dans les cieux o Il Se plaa la droite de son Pre, d'o Il doit venir pour juger lesvivants et les morts, taient l des actes de sa Nature divine ; ces actes ne prsentant aucune ralitsans l'existence vritable de la chair, car la Nature du Fils unique de Dieu est la mme que celle deson Pre et que celle du saint Esprit ; elle est, comme elles, impassible et immuable, et toutes trois,elles forment l'unit ternelle, indivisible et consubstantielle de la sainte Trinit. Si quelqueeutychen condamne l'erreur d'Apollinaire de crainte d'tre convaincu de croire que la Divinit estmortelle et soumise la souffrance, et cependant ose profrer qu'il n'y a qu'une seule nature duVerbe incarn, c'est--dire du Verbe uni la chair, alors il partage d'une manire vidente leserreurs absurdes de Valentin et de Maniche : il croit que le Mdiateur de Dieu et des hommes, quel'Homme Jsus Christ n'a accompli tous ces actes qu'en apparence, qu'Il n'avait point un corpsvritable et qu'Il n'a montr ceux qui L'ont vu que la forme fantastique d'un corps. Comment

    peut-on douter que ces mensonges sacrilges que la religion catholique maudit, et que les sentencesdes saints pres ont dj condamns autrefois par tout l'univers dans les erreurs impies dont ils

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    tirent leur naissance, ne soient contraires et hostiles la foi que le Symbole de Nice confirma ences termes : " Nous croyons en un seul Dieu, le Pre tout-puissant, Crateur de toutes les chosesvisibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jsus Christ, Fils seul-engendr de Dieu, n du Pre,c'est- dire de la substance du Pre, Dieu n de Dieu, Lumire ne de la Lumire, vrai Dieu n duvrai Dieu, non cr, consubstantiel au Pre (" homoousion ", comme disent les Grecs), par qui tout

    a t fait au ciel et sur la terre. Qui pour nous et pour notre salut est descendu des cieux, S'estincarn et S'est fait Homme, a souffert et est ressuscit le troisime jour. Il est mont aux cieux,d'o Il viendra juger les vivants et les morts. Nous croyons aussi au saint Esprit." :? Dans cetteprofession de foi sont videmment renfermes toutes nos croyances sur l'Incarnation de notreSeigneur, qui, pour accomplir le salut de la race humaine, n'a point apport du ciel notre vritablechair si fragile, mais l'a prise dans le sein de la Vierge, sa mre.Tous ceux qui sont donc aveugls et privs des lumires de la vrit, au point de refuser de croire l'existence relle de la Chair que notre Seigneur prit en S'incarnant, prouvent en quoi ils usurpent lenom de chrtiens ; car ils se trouvent d'accord avec la vrit de l'vangile sur quelque point, soit parexemple sur l'enfantement de la bienheureuse Vierge, alors selon eux, ou la chair naquit sans laDivinit ou la Divinit sans la chair. De mme qu'on ne peut nier ces paroles de l'vangile : " Le

    Verbe S'est fait Chair et Il a habit parmi nous " (Jn 1,14) ; de mme il faut croire celles-ci dubienheureux aptre Paul : " C'est Dieu qui nous a rconcilis avec Lui par Christ " (2 Co 5,18).Comment cette rconciliation tait-elle possible ; comment Dieu pouvait-Il pardonner la racehumaine, si le Mdiateur de Dieu et des hommes ne S'tait charg de dfendre la cause de tous :?Comment pouvait-Il accomplir en ralit son rle de mdiateur, si Lui, qui, dans sa Nature de Dieu,est gal son Pre, n'avait particip notre nature en revtant la forme d'un esclave, afin de rompreles fers de la mort, dont la prvarication d'un seul homme avait charg le monde par la mort d'unseul, qui seul ne fut pas soumis la mort :? L'effusion du Sang du Juste pour les injustes produisitun si grand bienfait et fut une si magnifique ranon, que, si tous les esclaves du dmon avaient cruen leur Rdempteur, il n'en restait pas un seul dans les fers ; car, comme l'Aptre l'a dit : " l o lepch a abond, la grce a surabond " (Rm 5,20). Les hommes ns dans l'esclavage du pch ontreu la libert de se rgnrer, et la libert qu'ils reurent en prsent est plus puissante que la dettede servitude qui les enchane. Ils abandonnent l'esprance d'tre rgnrs par la vertu du sacrementceux qui refusent de croire la ralit de la Chair de notre Seigneur Jsus Christ. Qu'ils disent doncquel sacrifice les a rconcilis, quel sang les a rachets. Quel est Celui, comme dit l'Aptre, " quiS'est livr Lui-mme Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur "(Ep 5,2) :? Quel sacrifice fut jamais plus sublime que celui o le vritable et immortel Pontife offrit son Pre les dpouilles de son Corps sur l'autel de la croix :? Quoique la mort de plusieurs saintsait t agrable Dieu, cependant le supplice d'aucun de ces hommes innocents ne racheta lemonde. Ces justes reurent et ne donnrent point de couronnes ; ils naquirent pour offrir la vertudes fidles des exemples de patience, et non pour la justifier. La mort de chacun d'eux a servi leur

    propre justification ; aucun n'a pay par son supplice la dette d'autrui ; entre les fils des hommes iln'y avait que notre seul Seigneur Jsus Christ qui ft vraiment l'Agneau sans tache ; en Lui, tous leshommes ont t crucifis, sont morts, ont t ensevelis, et tous sont ressuscits en Lui. Il disait Lui-mme : " Et Moi, quand J'aurai t lev de la terre, J'attirerai tous les hommes Moi " (Jn 12,32).La vraie foi, qui justifie les impies et qui cre les justes, trouve sa source dans Celui qui participa notre humanit, elle nous sauve par les mrites de Celui qui seul d'entre les hommes fut trouvinnocent, qui, pouvant par la Grce de Dieu Se glorifier de sa Puissance, combattit l'ennemi dugenre humain avec notre chair fragile, et attribua sa Victoire ceux dont Il avait revtu la naturepour triompher. Donc quoiqu'il n'y ait eu en notre Seigneur Jsus Christ, vrai Fils de Dieu, vrai Filsde l'homme, qu'une seule Personne compose du Verbe et de la chair, Personne qui jouit desproprits insparables et indivisibles des deux natures ; cependant on doit tablir une distinction

    dans les Oeuvres de cette Personne, et admirer dans la contemplation d'une foi sincre jusqu'os'lve la bassesse de notre nature et jusqu'o s'incline la Grandeur de la Divinit. Quoiqu'il en soit,

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    la chair n'agit pas sans le Verbe, ni le Verbe sans la chair. Sans la Puissance du Verbe, la Viergen'aurait ni conu ni enfant ; sans la ralit de la chair, Jsus Christ Enfant n'aurait point tenvelopp de langes. Sans la Puissance du Verbe, les mages ne seraient point venus, guids par lanouvelle toile, adorer l'Enfant Dieu ; et sans la ralit de la chair, l'Enfant n'aurait point ttransport en Egypte par l'Ordre de Dieu et soustrait la perscution d'Hrode. Sans la Puissance

    du Verbe, Dieu le Pre n'aurait point fait entendre ces paroles du haut des cieux : " Celui-ci est monFils bien-aim, en qui J'ai mis toute mon Affection : coutez-Le ! " (Mt 17,5) ; et sans la ralit dela chair, Jean ne se serait point cri : " Voici l'Agneau de Dieu, qui te le pch du monde "(Jn 1,29). Sans la Puissance du Verbe, la rgnration de l'homme et la rsurrection des mortsn'auraient point eu lieu, et sans la ralit de la chair, Jsus Christ n'aurait point t soumis lancessit de prendre des aliments et de se livrer au sommeil. Enfin, sans la Puissance du Verbe,notre Seigneur ne Se serait point dit gal son Pre, et sans la ralit de la chair Il n'aurait pointaffirm que le Pre tait plus grand que Lui. La foi catholique admet et enseigne les deux natures ;et elle confesse, selon la profession du bienheureux aptre Pierre, un seul Christ, Fils du Dieuvivant, la fois Homme et Verbe. Dans le principe, quand le Verbe S'incarna dans le sein de laVierge, il n'y eut aucune division entre la Nature divine et la nature humaine ; et de tout temps

    l'action provint d'une seule et mme Personne. Cependant, il ne faut pas tablir de confusion dansles actes et les attribuer indistinctement aux deux natures, mais savoir juger par la qualit de l'actede quelle nature il provient. Car les actes de la Nature divine ne portent point prjudice aux actes dela nature humaine, ni les actes de la nature humaine ceux de la Nature divine. Les uns n'annihilentpas les autres, et leur simultanit ne double pas la Personne qui agit. Qu'ils nous disent donc, ceshypocrites dont les esprits entnbrs ne veulent point s'clairer au flambeau de la vrit, quelleNature de Jsus Christ notre souverain Matre fut attache au bois de la croix, quelle Nature futcouche dans le spulcre, quelle Chair souleva la pierre de sa tombe, ressuscita le troisime jour :?Dans quelle Nature enfin, aprs sa Rsurrection, Il convainquait certains de ses disciples qui n'yajoutaient point foi, et Il confondait ceux qui doutaient encore, lorsqu'Il leur disait : " Touchez-Moiet voyez : un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que J'ai " (Lc 24,39) ; et l'aptre Thomas: " Avance ici ton doigt, et regarde mes Mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon Ct ; etne sois pas incrdule, mais crois ! " (Jn 20,27). En vrit, cette preuve de l'existence de sa Chairdtruisait dj les mensonges des hrtiques, et l'glise universelle, qui devait graver dans son seinles doctrines du Christ, ne pouvait hsiter croire ces vrits que les aptres avaient apprises pourles lui enseigner. Si les lumires clatantes de la vrit n'ont point dissip les tnbres de l'hrsie,que les insenss qui la dfendent nous disent dans leur endurcissement comment ils ont puconcevoir l'esprance de la vie ternelle que l'on ne peut obtenir que par le Mdiateur de Dieu etdes hommes, par l'Homme Jsus Christ. Comme l'a dit le bienheureux aptre Pierre : " Il n'y a sousle ciel aucun autre nom qui ait t donn parmi les hommes, par lequel nous devions tre sauvs "(Ac 4,12). L'homme n'a pu tre rachet de sa captivit que par le Sang de Celui qui fut livr Lui-

    mme pour tre le prix de la rdemption de tous ; et comme l'enseigne le bienheureux aptre Paul :" Lui qui, existant en forme de Dieu, n'a point regard comme une proie arracher d'tre gal avecDieu, mais S'est dpouill Lui-mme, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblableaux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, Il S'est humili Lui-mme, Se rendantobissant jusqu' la mort, mme jusqu' la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu L'asouverainement lev, et Lui a donn le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au Nom deJsus tout genou flchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesseque Jsus Christ est Seigneur, la Gloire de Dieu le Pre " (Ph 2,6-11). Ainsi, quoique notreSeigneur Jsus Christ soit un, que la vritable nature humaine et la vritable Nature divine soientrunies dans sa seule et mme Personne, et que la solidit de cette union ne puisse tre rompue enrien, nous comprenons cependant que cette perfection, dont Il tait dot par Dieu, qui, selon

    l'expression du Docteur des nations, Lui a donn un Nom qui est au-dessus de tout autre nom,appartient bien cette nature qui devait tre glorifie par un prsent si magnifique. En effet, dans sa

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    Nature de Dieu, Il tait Fils gal au Pre, et il n'y avait aucune diffrence en nature et en puissanceentre le Pre et le Fils unique, et par le mystre de l'incarnation le Verbe ne perdait rien de cettenature et de cette puissance que le Pre eut la facult de Lui rendre en prsent. Mais la formed'esclave, dans laquelle la Divinit impassible accomplit son Oeuvre de misricorde, tait cettehumanit incomplte que Dieu glorifia par sa Puissance, quand Il lia la Divinit et cette humanit

    par la conception de la Vierge, de telle sorte que l'humanit participa aux actes de la Divinit, et laDivinit ceux de l'humanit. Aussi dit-on que le Seigneur fut crucifi dans sa Majest, de mmequ'on dit qu'Il fut glorifi, Lui gal Dieu dans son ternit, parce que, sous le rapport de l'unit desa Personne, Il ne forme qu'un seul et mme tre, et Il est tout entier le Fils de l'homme selon lachair, et tout entier le Fils de Dieu selon sa Divinit qui est celle de son Pre. Tout ce que JsusChrist reut dans le temps, Il le reut comme Homme ; car, comme tel, Il pouvait recevoir ce quiLui manquait ; comme Dieu, Il possde tout ce que son Pre possde, et tout ce qu'Il reut de sonPre dans sa Nature d'esclave, Il Se le donne Lui-mme dans sa Nature de Dieu. Comme Dieu, Luiet le Pre ne sont qu'un ; mais comme Homme, Il n'est point venu faire sa Volont, mais celle deCelui qui L'a envoy. Comme Dieu, son Pre, qui possde la vie en Lui-mme, Lui donne de mme Lui, son Fils, de possder la vie en Lui-mme, et comme homme, son me est triste jusqu' la

    mort. Comme dit l'Aptre, Il est la fois riche et pauvre. Riche, parce que, selon le Thologien," Au commencement tait le Verbe, et le Verbe tait avec Dieu, et le Verbe tait Dieu. Il tait aucommencement avec Dieu. Toutes choses ont t faites par Lui, et rien de ce qui a t fait n'a tfait sans Lui " (Jn 1,1-3). Pauvre, parce que pour notre salut le Verbe Se fit chair et habita parminous. D'o Lui vient cette faiblesse et cette pauvret, si ce n'est de la forme d'esclave qu'Il a prise :?La Majest du Verbe, voile par cette forme, accomplit le mystre de notre rdemption. Les fers del'esclavage originel ne pouvaient tre rompus que par un Homme de notre race et de notre nature,que le pch ne souillerait point, et qui effacerait avec son Sang immacul notre contrat de mort ;et, comme la Divinit l'avait ordonn dans sa Sagesse ds le commencement, ces chosess'accomplirent aux temps prescrits par Elle, afin que cette promesse, qui nous avait t faite deplusieurs manires, ft remplie aprs une longue attente, et que l'on ne pt conserver de doute surce qui nous avait t annonc par des tmoignages continuels. L'impit des hrtiques prouvecombien elle est sacrilge, lorsque, sous prtexte d'honorer la Divinit, elle se refuse croire laralit de la Chair humaine de Jsus Christ, et qu'elle pense faire preuve de pit en disant que cettechair qu'Il sauve n'existe point en Lui d'une manire vritable. Tandis que, selon les promessesrptes dans tous les sicles, Dieu S'est rconcili avec le monde en la Personne de Jsus Christ, etqu'aucune chair ne pouvait tre sauve si le Verbe n'avait daign revtir la nature de la chair. Ainsi,tous les mystres de la foi catholique sont envelopps de l'obscurit la plus profonde, comme leveulent les hrtiques, si on pense que la Lumire de la Vrit se soit cache sous les apparencesmensongres d'un fantme. Aucun chrtien ne doit avoir honte de confesser la ralit de notre chairdans la Personne de Jsus Christ, puisque tous les aptres et tous les disciples des aptres, ainsi que

    les cinq illustres docteurs des glises, qui mritrent la couronne du martyre ou la gloire de laconfession, resplendissants des lumires de la foi, prchrent en accord par tout l'univers qu'ilfallait confesser dans notre Seigneur Jsus Christ une seule Personne compose de la chair et de laDivinit. Sur quelle apparence de raison, sur quel passage des saintes critures l'impit deshrtiques pense-t-elle donc de s'appuyer pour nier la vrit du Corps de Jsus Christ, que la Loi n'acess de tmoigner, les prophties d'annoncer, les vangiles d'enseigner et que Jsus Christ Lui-mme n'a point cess de montrer :? Qu'ils cherchent dans tous les Livres saints de quoi justifierleurs erreurs, sans tenter d'obscurcir les lumires de la vrit, et ils trouveront cette vrit qui brillesur tous les sicles ; ils verront accrdit ds le commencement ce grand et admirable mystre qui at accompli dans sa fin. Comme aucune partie des Livres saints ne gardent le silence sur cettevrit, il suffit d'avoir choisi certains passages o elle est expose pour servir de guide la foi dans

    ses rgions sublimes, et pour que l'intelligence sincre puisse comprendre avec clart que leschrtiens ne doivent pas rougir, mais se glorifier sans cesse de ce que le Fils de Dieu a toujours

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    confess qu'Il tait Fils de l'homme et Homme Lui-mme. Afin que votre pit reconnaisse quenous sommes entirement d'accord avec les enseignements des vnrables Pres, j'ai cru qu'il taitconvenable de joindre cette lettre quelques passages de leurs crits. Si vous daignez les examineravec soin, vous verrez que nous ne prchons rien d'autre que ce que nos saints Pres ont enseignpar tout l'univers, et que personne n'est en opposition avec eux que les seuls hrtiques impies.

    Dans ces passages que j'ai rsums le plus possible, reconnaissez donc, trs glorieux et vnrableempereur, que nous enseignons cette mme foi que vous avez reue par l'inspiration du ciel, et quenous ne diffrons en rien ni des doctrines de l'vangile et des aptres, ni du Symbole de la foicatholique ; car nous disons, comme l'enseigne le bienheureux Paul : " Sans contredit, le mystre dela pit est grand : celui qui a t manifest en chair, justifi par l'Esprit, vu des anges, prch auxgentils, cru dans le monde, lev dans la gloire " (1 Tm 3,16). Quoi de plus utile votre salut, quoide plus digne de votre puissance, que de maintenir par des lois la paix des glises du Seigneur, dedfendre les Dons du Seigneur dans les coeurs de tous vos sujets, et de ne point souffrir pouraucune raison que l'envie du dmon ne cause, par ses ministres, la perte d'aucun d'eux. Ainsi, vousqui brillez sur le trne dans ce sicle qui doit finir, vous mriterez de rgner avec le Christ dans leroyaume ternel.

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    A L'VEQUE ANATOLIUS

    Si vous aviez pris la rsolution ferme et irrvocable de donner tous vos jours au salut commun, ceschoses qui vous ont caus tant de chagrin ne vous seraient certainement pas arrives. Nous n'avionsaucune raison de ddaigner vot