tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la

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Progrès en urologie (2014) 24, 22—30 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL Tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la prostate : un pas vers le diagnostic pré-histologique ? Full field optical coherence tomography of prostate biopsies: A step towards pre-histological diagnosis? F. Beuvon a , E. Dalimier b , F. Cornud c , N. Barry Delongchamps d,a Service d’anatomopathologie, hôpital Cochin, université Paris Descartes, 75014 Paris, France b Light for Life Technologies (LLTech), Pépinière Paris Santé Cochin, 75014 Paris, France c Service de radiologie A, hôpital Cochin, université Paris Descartes, 75014 Paris, France d Service d’urologie, hôpital Cochin, université Paris Descartes, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France Rec ¸u le 13 mai 2013 ; accepté le 26 mai 2013 MOTS CLÉS Cancer de la prostate ; Biopsies ; Histologie ; OCT plein champ Résumé Objectif. Évaluer la valeur diagnostique de la tomographie par cohérence optique plein champ (FFOCT) sur biopsies de la prostate. Patients et méthode. Huit patients consécutifs soumis à des biopsies de la prostate en raison d’une élévation du PSA ou d’une anomalie au toucher rectal, ont été inclus dans cette étude. Pour chaque patient, une à trois carottes biopsiques ont été analysées en imagerie par cohé- rence optique plein champ immédiatement après leur prélèvement. Les images obtenues ont été analysées en aveugle par un anatomopathologiste, et classées en trois catégories : tissu non carcinomateux, tissu suspect de malignité et adénocarcinome. Une analyse de corrélation anatomopathologique a été ensuite réalisée. Résultats. Seize carottes biopsiques ont été imagées avant analyse anatomopathologique. La durée médiane de la technique était de quatre (3—5) minutes. En histologie standard (coloration HES), aucun artefact n’a été noté. Six carottes étaient envahies par un cancer, huit carottes étaient indemnes de cancer, et deux carottes étaient suspectes de cancer sans diagnostic for- mel. Une analyse immuno-histochimique a confirmé l’existence d’un cancer dans une seule de ces deux carottes. La concordance entre le résultat de l’analyse optique et histologique était Niveau de preuve : 3. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Barry Delongchamps). 1166-7087/$ see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.05.008

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rogrès en urologie (2014) 24, 22—30

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

RTICLE ORIGINAL

omographie par cohérence optique plein champ desiopsies de la prostate : un pas vers le diagnosticré-histologique ?�

ull field optical coherence tomography of prostate biopsies: A step towardsre-histological diagnosis?

F. Beuvona, E. Dalimierb, F. Cornudc,N. Barry Delongchampsd,∗

a Service d’anatomopathologie, hôpital Cochin, université Paris Descartes, 75014 Paris, Franceb Light for Life Technologies (LLTech), Pépinière Paris Santé Cochin, 75014 Paris, Francec Service de radiologie A, hôpital Cochin, université Paris Descartes, 75014 Paris, Franced Service d’urologie, hôpital Cochin, université Paris Descartes, 27, rue duFaubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France

Recu le 13 mai 2013 ; accepté le 26 mai 2013

MOTS CLÉSCancer de laprostate ;Biopsies ;Histologie ;OCT plein champ

RésuméObjectif. — Évaluer la valeur diagnostique de la tomographie par cohérence optique pleinchamp (FFOCT) sur biopsies de la prostate.Patients et méthode. — Huit patients consécutifs soumis à des biopsies de la prostate en raisond’une élévation du PSA ou d’une anomalie au toucher rectal, ont été inclus dans cette étude.Pour chaque patient, une à trois carottes biopsiques ont été analysées en imagerie par cohé-rence optique plein champ immédiatement après leur prélèvement. Les images obtenues ontété analysées en aveugle par un anatomopathologiste, et classées en trois catégories : tissunon carcinomateux, tissu suspect de malignité et adénocarcinome. Une analyse de corrélationanatomopathologique a été ensuite réalisée.Résultats. — Seize carottes biopsiques ont été imagées avant analyse anatomopathologique. La

durée médiane de la technique était de quatre (3—5) minutes. En histologie standard (colorationHES), aucun artefact n’a été noté. Six carottes étaient envahies par un cancer, huit carottesétaient indemnes de cancer, et deux carottes étaient suspectes de cancer sans diagnostic for-mel. Une analyse immuno-histochimique a confirmé l’existence d’un cancer dans une seule deces deux carottes. La concordance entre le résultat de l’analyse optique et histologique était

� Niveau de preuve : 3.∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (N. Barry Delongchamps).

166-7087/$ — see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.ttp://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.05.008

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correcte dans 13 cas sur 16 (81 %). Les trois cas de discordance diagnostique étaient dus à deuxfaux négatifs et à un faux positif de l’analyse optique.Conclusions. — La FFOCT des biopsies de la prostate semblait être une technique faisable etdonne, dans la majorité des cas, des résultats concordants avec ceux de l’analyse histologique.© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSProstate cancer;Biopsy;Histology;Full field OCT

SummaryObjectives. — To evaluate the value of full field optical coherence tomography (FFOCT) forcancer detection on prostate biopsiesPatients and methods. — Eight consecutive patients who underwent prostate biopsies for anelevated PSA or suspicious DRE findings were included in the study. For each patient, one tothree biopsy cores were imaged with FFOCT immediately after sampling. Images obtained wereanalyzed by a pathologist blinded to the pathological results, and classified into three cate-gories: non-cancerous tissue, suspicion of malignancy and prostate carcinoma. A pathologicalcorrelation analysis was further performed.Results. — Sixteen biopsy cores were analyzed. The median FFOCT procedure time was of 4(3—5) minutes. No artifact was noted in subsequent pathological analysis. Six cores were invol-ved with cancer and eight cores showed no evidence of cancer. On two cores, diagnosis wasuncertain, and immuno-histochemical analysis confirmed cancer involvement in one of them.The agreement rate between standard histological analysis and FFOCT evaluation was of 81%(13/16). The three cases of disagreement were due to one false positive and two false negativesof FFOCT analysis.Conclusions. — FFOCT of prostate biopsy cores seemed to be feasible and to allow concordantresults with those of pathological analysis in the majority of the cases.© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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Introduction

Les recherches en imagerie optique ont conduit au déve-loppement de la technologie full field optical coherencetomography (FFOCT) ou tomographie par cohérence optiqueplein champ, permettant de réaliser des images volu-miques d’échantillons tissulaires avec une résolution del’ordre du micron dans les trois dimensions [1]. Le Light-CTTM Scanner (LLTech [Light for Life Technologies], Paris,France) est donc un appareil d’imagerie optique non inva-sif des tissus frais. L’image obtenue permet d’analyser lastructure des tissus en temps réel et à l’échelle cellu-laire.

Une perspective clinique intéressante d’application de latechnologie FFOCT serait d’évaluer, en temps réel, la naturedes prélèvements biopsiques de la prostate, afin d’orienterle nombre et la localisation des prélèvements additionnels.L’objectif de cette étude pilote était donc d’évaluer la fai-sabilité et la valeur diagnostique de cette technique surcarotte biopsique de la prostate, par analyse de corrélationanatomopathologique.

Patients et méthode

Inclusion des patients

Depuis juin 2011, une IRM multiparamétrique (IRMm) de laprostate est proposée avant biopsies de la prostate à tous

les patients ayant une suspicion de cancer de la prostate àrisque faible D’Amico. En février 2013, huit patients consé-cutifs ont été inclus dans l’étude.

lmsc

iopsies prostatiques

es biopsies de prostate ont été effectuées en ambulatoire,elon les recommandations de bonne pratique [2]. Chez touses patients, 12 biopsies systématisées ont été réalisées,ont six dans chaque lobe, à la base, la zone médiane et’apex, en ZP médiane et latérale. En cas de cible IRM, troisiopsies ciblées additionnelles ont été réalisées par fusion’image IRM-échographie. Tous les prélèvements biopsiquesnt été identifiés et inclus séparément.

élection des prélèvements biopsiques

our chaque patient, une à trois carottes biopsiques ontté sélectionnées au hasard parmi l’ensemble des prélève-ents, et imagées à la fin de la séance de biopsies.

omographie par cohérence optique pleinhamp

près immersion dans une solution de formol dilué à 10 %,es carottes biopsiques ont été imagées avec un appareile FFOCT commercialisé par LLTech, le Light-CT ScannerFig. 1a). Le système était composé d’un microscope baséur un interféromètre de type Linnik (Fig. 1b). Une sourcealogène dont le spectre était filtré dans le rouge (autour de00 nm) était utilisée pour illuminer à la fois l’échantillont un miroir de référence. La lumière rétrodiffusée par

’échantillon était recombinée avec celle réfléchie par leiroir de référence pour obtenir un signal d’interférence

ur la caméra. Le signal correspondant à une coupe pré-ise dans l’échantillon était sélectionné par la combinaison

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24 F. Beuvon et al.

Figure 1. Imagerie par tomographie par cohérence optique plein champ. a : photographie du Light-CT scanner qui comprend le systèmeo e optb HES)

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ptique, la source lumineuse et l’ordinateur ; b : schéma du systèmiopsie ; d : image scannée de la lame haematoxylin éosine safran (

e quatre images interférométriques avec différents déca-ages de phase. Le système permettait ainsi d’obtenir desmages de 800 �m par 800 �m avec une résolution axiale de

�m, une résolution transverse de 1,5 �m, et à une fré-uence de 35 Hz. De plus grands champs pouvaient êtremagés automatiquement en collant bout à bout plusieursmages, et des piles d’images pouvaient être obtenues enrofondeur en déplacant la tête optique par rapport à’échantillon. La carotte biopsique était placée dans unorte-échantillon dédié et délicatement plaquée contre uneame en verre. De l’huile optique était ensuite déposée sura lame pour assurer un contact avec l’objectif. Une photoacro de la biopsie était prise par l’appareil. L’utilisateur

ancait ensuite l’acquisition automatique de l’image en uti-isant l’image macro pour définir la surface d’acquisitiontotalité de la biopsie). L’image était obtenue à une pro-ondeur de 20 à 30 microns sous la surface de la carotteiopsique. Quarante images étaient moyennées pour réduiree bruit. La durée d’acquisition et de collage des imagesur toute la surface de la carotte biopsique était d’environrois minutes.

nalyse histologique

mmédiatement après l’analyse optique des prélèvements,’ensemble des carottes biopsiques était adressé en ana-omopathologies et analysé selon les recommandations deonne pratique [2]. En cas de doute diagnostique, une étudeomplémentaire par immuno-histochimie était réalisée,

ncluant un marquage à la P63 et la P504S/alpha-methylacyl-oA racemase. En cas de cancer identifié sur les biopsies, la

ongueur de cancer, le pourcentage d’envahissement tumo-al ainsi que le score de Gleason étaient précisés.

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ique basé sur un interféromètre de Linnik ; c : image optique d’une correspondant.

nalyse en tomographie par cohérenceptique plein champ

es images optiques des prélèvements biopsiques sélec-ionnés ont été analysées indépendamment et en aveuglear un pathologiste n’ayant pas pratiqué l’analyse histo-ogique diagnostique des biopsies. Trois résultats possiblestaient attribués : existence de cancer, diagnostic suspectt absence de cancer. En cas de cancer identifié, le score deleason était précisé.

ésultats

eize carottes biopsiques ont été imagées en OCT pleinhamp avant analyse anatomopathologique. Leurs caracté-istiques histologiques ont été détaillées dans le Tableau 1.n microscopie optique standard (coloration HES), sixarottes étaient envahies par un cancer de la prostate,uit carottes étaient indemnes de cancer, et deux carottestaient suspectes de cancer sans diagnostic formel. Unenalyse immuno-histochimique a confirmé l’existence d’unancer dans une seule de ces deux carottes.

La durée médiane de la technique OCT plein champ étaite quatre (3—5) minutes. Le stroma prostatique était faci-ement reconnaissable. Le muscle lisse avait l’aspect deaisceaux gris allongés en structures serrées, et séparés parn fin matériel conjonctif collagène blanc intense. Le tissudipeux avait un aspect alvéolaire de couleur noire. Les

aisseaux avaient un aspect tubulaire, de petite taille etégulier.

Dans huit cas, le tissu analysé a été considéré comme nonumoral. Les glandes considérées comme normales étaient

Page 4: Tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la

Tomographie par cohérence optique des biopsies de la prostate 25

Tableau 1 Comparaison de l’analyse en OCT plein champ et de l’analyse histologique des 16 prélèvements biopsiques.

Patients Carottesbiopsiques

Analyse en OCT plein champ Analyse histologique Concordance

Diagnostic Score deGleason

Diagnostic Score deGleason

1 1 Suspect NA Suspect en HES Bénin en IHC NA Oui2 2 Cancéreux 3 + 3 Cancéreux 3 + 3 Oui3 3 Suspect NA Suspect en HESCancer en IHC 3 + 3 Oui4 4 Bénin NA Bénin NA Oui

5 Bénin NA Bénin NA Oui6 Bénin NA Bénin NA Oui

5 7 Bénin NA Bénin NA Oui8 Bénin NA Bénin NA Oui

6 9 Cancéreux 3 + 4 Cancéreux 3 + 3 Oui10 Cancéreux 3 + 3 Cancéreux 3 + 3 Oui11 Suspect NA Bénin (PIN) NA Oui

7 12 Suspect NA Cancéreux 3 + 4 Oui13 Bénin NA Cancéreux 3 + 4 Oui14 Cancéreux 3 + 4 Cancéreux 3 + 4 Oui

8 15 Bénin NA Bénin NA Oui16 Bénin NA Bénin NA Oui

HES : haematoxyline éosine safran ; IHC : immuno-histochimie ; NA : non adapté ; OCT : optical coherence tomography ; PIN : néoplasie

[sldreLoosmtf[eriEEclme[

tltil

intra-épithéliale.

globalement lobulées, régulièrement réparties, séparéespar des septas de stroma. Les glandes constitutives étaientcentrées d’une lumière grise foncée, de taille variable,et bordée d’un liseré blanchâtre (épithélial) festonné.Il était parfois possible de reconnaître, après grossisse-ment, les deux assises cellulaires luminales et basales. Lesglandes dystrophiques adénomateuses ou kystiques avaientune architecture d’ensemble plus irrégulière mais restantorganoïde. Elles alternaient des aspects proches de glandesnormales avec des formations de grande taille arrondies cer-nées d’un trait fin épithélial plus clair (kystes).

Dans quatre cas, le tissu analysé a été considéré commetumoral. Les glandes prostatiques considérées commecarcinomateuses avaient une architecture d’ensemble pom-melée, gris clair, formée de structures rondes rigides,de petite taille et homogène. Certaines glandes tumo-rales étaient séparées par un espace stromal régulier etétaient classées de bas grades de Gleason (2 et 3). Lesglandes ou massif de taille plus grande et variable, espa-cées plus irrégulièrement, étaient classées en grade 4.Une lumière centrale (noire) punctiforme était parfoisvisible.

Enfin, dans quatre autres cas, le tissu prostatique avaitun aspect atypique sans critère formel de malignité. Cescarottes ont donc été considérées comme suspectes.

La concordance entre le résultat de l’analyse en OCTplein champ et l’analyse histologique HES était correctedans 13 cas (81,25 %, Tableau 1).

Discussion

Le principe de l’OCT repose sur le phénomèned’interférence de la lumière rétrodiffusée par les tissus

àlpé

3]. Des images en deux, voire trois dimensions d’un objetemi-transparent peuvent ainsi être obtenues en balayante faisceau lumineux envoyé sur l’objet [4]. Le contrastees images OCT résulte des inhomogénéités de l’indice deéfraction au sein du tissu. L’image tomographique obtenuest orientée perpendiculairement à la surface de l’objet.a résolution spatiale de l’OCT, meilleure que celle de l’IRMu de l’échographie, s’approche de celle de la microscopieptique. Enfin, la profondeur d’imagerie accessible estupérieure à celle de la microscopie. Le principal domaineédical d’application de l’OCT est l’ophtalmologie, où la

echnique est devenue un standard pour visualiser les dif-érentes couches constitutives de la rétine humaine in situ5]. L’examen par OCT permet en particulier le diagnostict le suivi de la dégénérescence maculaire liée à l’âge et laétinopathie diabétique, de même que la mesure de l’angleridocornéen pour le diagnostic et le suivi du glaucome [5].n urologie, l’OCT est encore une technique expérimentale.lle a été évaluée principalement pour la détection et laaractérisation des tumeurs de vessie en endoscopie [6],a caractérisation des bandelettes vasculonerveuses et desarges opératoires pendant la prostatectomie radicale [7],

t la caractérisation peropératoire des tumeurs rénales8].

L’acquisition point par point en OCT nécessite de mul-iples acquisitions pour obtenir une impression globale dea structure tissulaire imagée. L’image analysée est orien-ée perpendiculairement à la surface du tissu, rendant sonnterprétation difficile. En outre, la résolution axiale resteimitée par l’utilisation de puissantes sources lumineuses

spectre fin ; la résolution transverse est quant à elleimitée par l’utilisation d’optiques à faible ouverture quiermettent le scan vertical. Une approche alternative até développée récemment, dans laquelle les images sont

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2

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btenues sans balayage de faisceau. Dans cette technique,ppelée OCT plein champ, les images correspondent à uneoupe tissulaire car elles sont produites en face et non versa profondeur, par combinaison de plusieurs images interfé-ométriques sur une caméra [1]. Tout le champ imagé estclairé avec de la lumière de faible cohérence temporellet spatiale produite par une lampe halogène. Le tissu estnsuite déplacé verticalement pour imager en profondeur.ette configuration permet d’améliorer à la fois la réso-

ution axiale (par une source à spectre plus large), et laésolution transverse (par des objectifs plus ouverts) du sys-ème. Les images tomographiques en face ont une résolutionxiale et transverse théorique de l’ordre du micromètre,ais celle-ci tend à se dégrader au fur et à mesure que larofondeur d’imagerie augmente. Elle permet néanmoins deéaliser des coupes tissulaires jusqu’à quelques centainese microns de profondeur, en fonction du tissu imagé. Laertinence clinique de cette méthode a été confirmée parnalyse des images et corrélation anatomopathologique surne large variété de tissus excisés, incluant notammenta peau, le tissu mammaire et le cerveau [9—12]. En uro-ogie, une étude a montré la visualisation in situ de lapermatogénèse sur des modèles de rat, ouvrant des pers-ectives pour une utilisation en temps réel sur l’homme lorses extractions de sperme par microdissection testiculaire13].

Dans le domaine médical, l’OCT plein champ pourraitotentiellement avoir un rôle dans le diagnostic peropé-atoire extemporané, pour guider le geste chirurgical sansvoir recours aux techniques classiques d’histologie. Celaerait le cas par exemple dans la prise en charge chi-urgicale du cancer du sein, en permettant d’apprécieres marges chirurgicales des tumorectomies et l’analysees ganglions sentinelles. En urologie, une telle techniqueourrait potentiellement avoir sa place dans la straté-ie globale du dépistage du cancer de la prostate. Leéveloppement de l’IRM multiparamétrique de la prostate

montré son intérêt dans la détection et la caractéri-ation des foyers tumoraux de plus de 0,2 cm3 chez lesatients ayant un cancer de la prostate [14—17]. Plu-ieurs études récentes ont suggéré que la stratégie desiopsies ciblées par l’IRM, sans biopsies systématiséesdditionnelles, permettrait d’optimiser le dépistage envitant des biopsies inutiles et en ignorant un certainombre de cancers non significatifs en cas d’IRM nor-ale, sans néanmoins diminuer la détection des cancers

ignificatifs [18—20]. Néanmoins, pour que l’IRM mul-iparamétrique de la prostate puisse être utilisée nonas comme un outil supplémentaire de détection, maiséellement comme un outil de substitution aux biopsiesystématisées, une caractérisation optimale de la cibleiopsiée semble nécessaire en temps réel. Malgré uneonne performance diagnostique du score de détectionSUR (AUC = 0,86 ; IC95 % = 0,83—0,89) [21], les sensibili-és et spécificités rapportées n’étaient que de 73,5 %t 81,5 % pour un score optimal supérieur ou égal à 9.e contrôle peropératoire d’une carotte biopsique consi-érée comme prélevée dans une cible IRM, permettrait’apporter une évaluation supplémentaire à la fois sur le

aractère ciblé ou non du prélèvement et sa nature histo-ogique. Enfin, une autre perspective potentielle concernee développement des traitements focaux de la prostate,

o(m

F. Beuvon et al.

ont les plus aboutis sont encore actuellement au stade’hémi-ablations. Une possibilité de contrôle peropéra-oire du tissu prostatique permettrait de cibler l’ablationumorale au foyer lui-même tout en s’assurant d’un gestearcinologique.

Nos résultats préliminaires d’évaluation de la tech-ique OCT plein champ au cours des biopsies de larostate ont suggéré sa faisabilité. Les tissus analysésn imagerie optique n’ont pas été altérés par l’examen.ne manipulation méticuleuse de la carotte biopsique avité en effet tout traumatisme tissulaire, et son exa-en histologique ultérieur était sans particularité par

apport à un examen classique. La durée globale de’examen optique incluait en moyenne quatre minutes’acquisition des images suivies d’une à deux minutes’analyse par l’anatomopathologiste, suggérant que sonnclusion au cours de la séance de biopsies de la prostatee devrait pas modifier significativement la durée totale de’examen.

L’analyse d’image a été abordée comme une recon-aissance, en niveaux de gris, de l’architecture tissulaireénérale à faible grossissement. Cette démarche est simi-aire à l’analyse microscopique de première intention d’uneame histologique standard. Le diagnostic de cancer repo-ait sur des critères essentiellement architecturaux, telsue l’existence de contours glandulaires irréguliers, unenfiltration entre les glandes normales ou l’existence de tra-ées ou de massifs cribriformes. Une des caractéristiqueslandulaires essentielles des glandes tumorales est la dis-arition de l’assise cellulaire basale des glandes. Ce critère’a pu être observé avec certitude que dans deux cas, enaison d’un trop faible contraste (Fig. 2a et b). Enfin, lesritères cytologiques utilisés en histologie pour aider auiagnostic, tels que l’existence de noyaux ou de nucléolesolumineux, n’ont pas pu être précisés en imagerie FFOCT.’est donc l’architecture générale du tissu, le contour et

’agencement des glandes les unes par rapport aux autrest par rapport au stroma, qui orientaient le diagnostic. Il

donc fallu dans la majorité des cas se passer de critèresytologiques fins, qui représentent environ la moitié des cri-ères décisionnels diagnostiques. Malgré l’absence de cesritères, les néoplasies intra-épithéliale (PIN) et les proli-érations tumorales intracanalaires, d’aspect proche, ontté assez bien reconnus. En revanche, les formes atypiques’adénocarcinome avec nécrose luminale, globules hyalinsu micronodules collagèniques gloméruloïdes ont été diffi-iles à reconnaître.

Notre analyse de corrélation, bien que reposant sur unaible nombre de cas analysés, suggérait une concordanceans 13 cas (81 %) avec l’analyse histologique. Parmi eux,ept carottes ne comportaient que des glandes normalesu hyperplasiques, et quatre carottes étaient envahies pares glandes carcinomateuses. Dans deux cas, l’analyse aonclu à l’existence de glandes suspectes à la fois enmagerie optique et à l’analyse histologique. Une analysemmuno-histochimique a permis de conclure à l’existence’un cancer pour une d’entre elles. L’analyse de corrélation

été discordante dans uniquement trois cas. Il s’agissaite deux faux négatifs et d’un faux positif de l’imagerie

ptique (Fig. 3a et b). Dans le premier cas de faux négatifcas no 13), l’analyse optique montrait un aspect tubulaireais l’existence de matériel dans la lumière a faussement
Page 6: Tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la

Tomographie par cohérence optique des biopsies de la prostate 27

Figure 2. Structures normales non glandulaires. a : image optical coherence tomography (OCT) du stroma, muscle lisse, structure serréeagènb—d :

en faisceaux gris allongés, séparés par un fin matériel conjonctif coll(noir) ; e : image OCT du muscle strié sphinctérien apical, rubané ;

conduit au diagnostic de vaisseaux. L’analyse histologiquea précisé que ces structures correspondaient à des glandestumorales ayant en leur sein une prolifération conjonctivede type pseudoglomérulaire, aspect histologique inhabituel

d(cm

e (blanc intense) ; c : image OCT du tissu adipeux, aspect alvéolaire aspects histologiques HES respectifs correspondants.

es glandes tumorales [22]. Pour le second faux négatifcas no 12), l’imagerie optique montrait de grandes plagesompactes évoquant un aspect cribriforme. Ce prélève-ent n’a néanmoins pas été considéré comme tumoral, mais

Page 7: Tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la

28 F. Beuvon et al.

Figure 3. Structures glandulaires. a : image optical coherence tomography (OCT), glande normale centrée d’une lumière (gris foncée),bordée d’un liseré blanchâtre (épithélial) festonné, ici les deux assises cellulaires (luminales et basales) sont visibles ; c : glandes tumoralesde bas grades de Gleason (3), architecture pommelée (gris clair), structures rondes rigides, de petite taille, séparées par un espace stromalr cés pH

uléacnsplmf

inEstq

égulier ; d : massifs tumoraux variables, de plus grande taille, espaES respectifs correspondants.

niquement suspect, car l’anatomopathologiste a évoqué’existence éventuelle de PIN de haut grade. Ces glandestaient en réalité tumorales à l’analyse histologique, qui

confirmé la disparition de l’assise cellulaire basale dees glandes. Enfin, le faux positif de l’analyse optique (caso 11) a été dû à l’aspect faussement suspect des glandesecondaire à l’existence de PIN de haut grade, confirmée

ar l’analyse histologique. Il est important de noter que’anatomopathologiste n’avait pas considéré ce prélève-ent comme normal en imagerie optique, précisément du

ait de l’existence de PIN (Fig. 4).

ldlt

lus irrégulièrement, Gleason grade 4 ; b—d : aspects histologiques

Cette étude préliminaire avait des limites, la plusmportante étant le faible nombre de cas analysés,e permettant de ce fait aucune analyse statistique.lle a permis néanmoins de débuter un travail deémiologie, basé sur un nouveau mode d’analyse desissus. Une étude de corrélation plus importante, ainsiu’une analyse de la variabilité interindividuelle de

’interprétation des images et de l’éventuelle courbe’apprentissage, permettra d’évaluer plus précisément’OCT plein champ dans le domaine des biopsies prosta-iques.
Page 8: Tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la

Tomographie par cohérence optique des biopsies de la prostate 29

Figure 4. Discordance diagnostique optical coherence tomography (OCT)/histologie. a : image OCT, massifs de grande taille, irréguliers(gris clair), espacés irrégulièrement par un stroma (gris foncé) suspect d’une tumeur de grade 4 ; b : aspect histologique correspondant,plusieurs couches cellulaires avec une assise basale persistante (PIN), faux positif ; c : image OCT aspect tubulaire rigide et sinueux (liseré

e ; d

blanc, contenu gris moucheté) interprété comme peloton vasculairgloméruloïde luminal, faux négatif.

Conclusions

Notre étude a suggéré que la tomographie par cohérenceoptique plein champ des biopsies de la prostate était unetechnique faisable ne provoquant ni traumatisme tissulaireni artefact d’analyse histologique. Les résultats de l’analyseoptique étaient concordants avec ceux de l’analyse histolo-gique dans la majorité des cas.

Déclaration d’intérêts

F. Beuvon : aucun ; E. Dalimier : employée de LLTech ; F. Cor-nud : aucun ; N. Barry Delongchamps : aucun.

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