travail question de littérature

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES Faculté de philosophie et lettres [TRAVAIL SUR UN CONTE] [Babiole de Marie-Catherine Le Jumel de Barneville d’Aulnoy] LEFÈVRE Valentine Travail réalisé dans le cadre du cours de Question de littérature française FRA-B-200 1

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Page 1: Travail Question de littérature

UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

Faculté de philosophie et lettres

[TRAVAIL SUR UN CONTE]

[Babiole de Marie-Catherine Le Jumel de Barneville d’Aulnoy]

LEFÈVRE

Valentine

ANNÉE ACADÉMIQUE 2012-2013

Travail réalisé dans le cadre du cours de Question de littérature française

FRA-B-200

Monsieur F. Preyat

1

Page 2: Travail Question de littérature

1. BIOGRAPHIE ET CARRIÈRE DE L’AUTEUR 1

Marie-Catherine Le Jumel de Barneville nait en 1650 ou 1651 − selon les

versions − à Barneville-La-Bertran dans l’actuel Calvados. Issue d’une famille noble, elle perd

son père très tôt. Sa mère, Judith-Angélique de Saint-Pater, marquise de Gudane, s’installera

finalement à Paris avec Jacques Antoine de Crux dit marquis de Courboyer, riche protestant, en

1661.

A quinze − ou seize − ans, Marie-Catherine épouse François de la Motte, baron d’Aulnoy, le six

mars 1666 et devient dès lors Madame la baronne d’Aulnoy, dite Madame d’Aulnoy. De ce

mariage, probablement arrangé, naitront quatre enfants. L’union ne sera pas heureuse. En 1668,

alors qu’elle était enceinte de leur troisième enfant, le baron aurait vraisemblablement battu sa

femme qui se réfugie à Paris chez sa mère. Cette mésentente entre les deux époux donnera lieu,

un an plus tard, à un véritable scandale. En effet, sa mère, aidée des deux gentilshommes

Courboyer et Charles Bonnenfant, sieur de la Moisière, prépare une machination pour se

débarrasser définitivement de ce mauvais gendre : suite à des accusations calomnieuses de lèse-

majesté, le baron d’Aulnoy est arrêté et embastillé en 1669. Mais très vite, les soupçons

apparaissent. La Moisière et Courboyer sont décapités et les deux femmes, également

recherchées par la police, doivent alors prendre la fuite tandis que le baron, relâché en janvier

1670, vivra désormais séparé de sa femme.

Forcée de se cacher, Madame d’Aulnoy vivra d’abord recluse dans un couvent jusqu’au

printemps de 1672. Commence alors une longue période d’allers-retours à travers l’Europe : en

Flandre, en Angleterre − par deux fois − et en Espagne où elle rejoindra sa mère. Obtenant le

pardon de Louis XIV, Madame d’Aulnoy et ses quatre enfants regagneront définitivement Paris

entre 1685 et 1690 - année où ses premières publications connaissent un vif succès. Ces voyages

influenceront considérablement son œuvre.

1 La biographie est inspirée de DEFRANCE Anne, « Marie-Catherine Le Jumel de Barneville », Siefar, dernière mise à jour le 5 juin 2012, http://www.siefar.org/dictionnaire/fr/Marie-Catherine_Le_Jumel_de_Barneville, consulté le 10 novembre 2012 ;

BARROUX Robert, PAUPHILET Albert et MGR PICHARD Louis, Dictionnaire des Lettres françaises. Le dix-septième siècle, publié sous la direction du Cardinal Georges GREUTE de l’Académie française, archevêque-évêque du Mans, Paris, Librairie Artème Fayard, 1954, p. 113 ;

DE BEAUMARCHAIS Jean-Pierre, COUTY Daniel et REY Alain, Dictionnaire des littératures de la langue française, Paris, Bardais, 1984, vol.1 (A-D), pp. 114-115.

2

Page 3: Travail Question de littérature

Afin de parfaire sa réputation, elle fréquente d’abord le salon de Madame de Lambert où

elle côtoie d’autres personnalités qui s’illustreront dans le genre du conte, telles que Choisy,

Fénelon, Mlle Bernard, Mlle La Force ou encore Mlle de Murat. Elle ouvre ensuite son propre

salon. Ses contes y ont donc sans doute circulé avant d’être publiés dès 1697. Son élection

comme membre et septième femme de l’Académie des Ricovrati de Padoue en 1698 témoigne de

cette réussite. Elle y est surnommée « l’éloquente » ou « Clio », muse antique de l’histoire. En

1699, elle fut à nouveau impliquée dans une tentative d’assassinat. Acquittée, elle mourra six ans

plus tard, le douze ou treize janvier 1705 à son domicile.

Figure emblématique de l’écriture féminine du XVIIe siècle, elle constitue encore

aujourd’hui une référence concernant la question des genres et des rapports entre les sexes en

littérature - nous en dresserons un bref aperçu au § 2.6.3. Madame d’Aulnoy fut aussi l’auteur

d’une œuvre variée. Elle cultive d’abord le goût pour l’anecdote historique dans des pseudo-

mémoires comme les Mémoires de la Cour d’Espagne (1692) et les Mémoires de la Cour

d’Angleterre (1695) ou dans des romans galants : Histoire d’Hypolite, comte de Douglas (1690)

(roman dans la veine de La Princesse de Clèves dans lequel Madame d’Aulnoy publie son

premier conte : L’ile de la félicité) et Histoire de Jean de Bourbon, prince de Carency (1692).

L’auteur met également sa plume au service d’œuvres de piété et d’érudition. On lui connaît

notamment une paraphrase des Psaumes, Les sentiments d’une âme pénitente et une Anthologie

de la poésie française. Mais c’est aujourd’hui la conteuse plus que la romancière que nous

connaissons. Elle fut en effet l’auteur d’une œuvre surpassant quantitativement celle de Perrault.

Les Contes, qu’elle publia en 1697 et 1698 révèlent son attachement à la mode des Fées et

contribuèrent nettement au passage à l’écrit de ce genre oral. Ils firent ensuite l’objet de

réécritures largement diffusées par la Bibliothèque Bleue mais rapidement rejetées dans l’ombre

par l’importance que prirent ceux de son contemporain Perrault − nous émettrons des hypothèses

à ce sujet au § 2.5 et 2.6. Son œuvre se caractérise par une écriture simple et élégante, et par une

intention moralisatrice. Si ses sources invoquent un retour au passé, l’œuvre se veut miroir voire

interrogatrice de la société et de ses valeurs mondaines (v. § 2.6). Dès le XXe siècle, on s’est

attelé à adapter ses contes pour les enfants. Pourtant, si Madame d’Aulnoy aimait apparemment à

s’entourer d’enfants, les Contes ne leur étaient pas originellement destinés.

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Page 4: Travail Question de littérature

2. ANALYSE DU CONTE

2.1 LE TITRE « BABIOLE »

Examinons la définition de « babiole » :

Babiole : n.f. (fin XVIe ; it. babbola) 1. Vx, rare. Petit jouet d’enfant. 2. Petit objet de peu de valeur. 3. Fig. Chose sans importance2.

Le terme, qui désigne le prénom du protagoniste principal, n’est donc pas anodin. En

effet, il recouvre exactement le statut du personnage : une princesse déchue et sans valeur qui

devient un vulgaire jouet d’enfant : « […] le petit prince la pria de lui donner Babiole pour jouer

avec lui. »3 Ainsi, la princesse devenue guenon, perd son statut non seulement de princesse mais

aussi d’humain, pour être réduite à l’objet, la babiole. Cette déchéance constitue le manque du

récit : Babiole, pour un dénouement favorable, doit cesser de n’être qu’une babiole et

reconquérir son statut de princesse.

2.2 RÉSUMÉ DU CONTE

Une reine se lamente de ne pouvoir avoir d’enfants et met en cause le mauvais don que

lui a fait la fée Fanferluche dont elle reçoit justement la visite : « […] je viens vous annoncer une

infante, mais j’appréhende qu’elle ne vous coûte bien des larmes. »4 La fée dupe la reine qui

donne effectivement naissance à la plus belle des filles mais, suivant les -mauvais- conseils de la

fée, change sa fille en guenon en lui attachant une fleur d’aubépine sur la tête : « Et ce fut

inutilement qu’on lui ôta ces fatales fleurs : elle était déjà guenon, guenon confirmée, ne voulant

ni téter, ni faire l’enfant. »5 Redoutant l’effroi du roi et sur le conseil de ses dames, la reine se

résout à faire noyer la guenuche. Mais le valet chargé du crime est surpris dans son hésitation par

le cortège d’une autre reine, la sœur de sa souveraine venue célébrer la naissance de sa nièce qui

2 REY Alain et REY-DEBOVE Josette, Le Petit Robert 1. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Le Robert, 1682.

3 LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Babiole. Un conte du Cabinet des fées, texte établi par PHILIZOT Frédérik., Paris, Mila éditions, 2003, p.12.

4 Idem, p. 9.

5 Idem, p. 11.

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Page 5: Travail Question de littérature

s’empare du singe : « La reine lui en fit donner une grosse somme, et la trouvant douce et

mignonne, elle la nomma Babiole. »6

Babiole est donc emmenée chez sa tante et devient le jouet de son cousin qui, l’appréciant

beaucoup, désire qu’elle soit traitée en véritable princesse. Celle-ci témoigne d’immenses

progrès : « […] elle se mit à parler avec une petite voix douce et claire, si distincte, que l’on n’en

perdait pas un mot. »7 et reçoit dès lors l’éducation qui sied à son rang. Babiole, n’ayant

d’ailleurs du singe que l’apparence, s’éprend de ce beau cousin et tombe dans une profonde

mélancolie.

Si la guenuche ne suscite pas l’intérêt du prince, elle est cependant remarquée par Magot,

le roi des guenons qui envoie une grande ambassade, dirigée par Mirlifiche, pour obtenir de la

reine d’épouser Babiole qu’elle lui sacrifie, n’écoutant que son propre intérêt :

Ma petite guenuche, lui dit-elle, je t’avoue que j’aurai bien du regret de ton éloignement. Mais il n’y a pas moyen de refuser le Magot qui te demande en mariage, car je n’ai pas encore oublié que son père mit deux cent mille singes en campagne, pour soutenir une grande guerre contre le mien. Ils tuèrent tant de sujets, que nous fûmes obligés de faire une paix assez honteuse. 8

Malgré les présents de Mirlifiche dont nous ne retiendrons qu’ « […] un petit coffre de

verre dans lequel étaient enfermées une noisette et une olive. Mais la clef était perdue, et Babiole

s’en mit peu en peine. »9, Babiole décide de s’enfuir.

Dans sa fuite, elle rencontre un vieillard nommé Biroquoi qui lui conseille de garder

précieusement le coffre de verre et lui offre une tortue comme moyen de locomotion. Babiole se

remet en chemin mais est rapidement repérée et saisie par la cavalcade de Mirlifiche. Lorsqu’ils

atteignent la capitale du royaume, ville natale de Babiole où la reine fait condamner toute

l’ambassade « […] que l’on jeta impitoyablement dans le fond d’une cave, où lui [Mirlifiche] et

ses camarades furent emprisonnés, avec les dames guenuches et les demoiselles guenuchonnes

qui accompagnaient Babiole. »10 Heureusement pour elle, les habits, les manières et le langage

de Babiole lui permirent de rencontrer par hasard la reine qui se prend pour elle d’une affection

6 Idem, p. 12.

7 Idem, p. 13.

8 Idem, p. 17.

9 Idem, p. 19.

10Idem, p. 24.

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Page 6: Travail Question de littérature

naturelle et qui, suite à son récit, reconnaît sa fille. Mais suivant à nouveau les conseils de ses

dames, elle résout d’enfermer Babiole dans un château pour sauver son honneur. La guenon

s’engage donc dans une nouvelle fuite car : « elle aimait mieux s’exiler volontairement, et

demeurer maîtresse de sa liberté, que de la perdre pour jamais. »11

Elle arrive dans un désert et, accablée par la faim, ouvre le coffre de verre pour manger

l’olive. Aussitôt, une huile en sort et par magie, lui rend sa forme humaine : « Merveille ! Elle se

rendit sur-le-champ si belle, que rien dans l’univers ne pouvait l’égaler. »12 Toujours affamée,

elle croque ensuite dans la noix dont, à sa grande surprise, sortent de la coquille architectes et

ouvriers qui lui construisent un somptueux palais ainsi qu’une ville du nom de Babiole,

généreusement peuplés.

Elle y rencontrera plus tard le prince son cousin qui tombe immédiatement sous son

charme. Mais ne supportant pas autant d’émotions, la princesse perd pied et s’égare dans la

forêt :

Elle entra ainsi dans un bois, et tomba évanouie au pied d’un arbre, où la fée Fanferluche, qui ne cherchait que des occasions de mal faire, vint l’enlever dans une nuée plus noire que de l’encre, et qui allait plus vite que le vent.13

Puis, tombe dans une bouteille gardée de six géants et de six dragons. Plusieurs mois s’écoulent

alors et le prince, ne cessant de réclamer Babiole, se lance à sa poursuite sur son cheval

Criquetin. Il rencontre également Biroquoi qui lui confie un dauphin ailé et l’arme pour vaincre

les géants et les dragons. Après avoir libéré la princesse, ils quittent leur prison pour se rendre à

la capitale et apprendre la métamorphose de l’infante à sa mère par une ruse. L’heureux couple

se présente ensuite à la reine : « Dès que la reine l’aperçue, son cœur s’agita si fort, qu’il ne

fallut point d’autre témoignage de la vérité de cette aventure. »14 Les retrouvailles sont

émouvantes et tous se réconcilient lors d’un joyeux mariage.

2.3 LES PERSONNAGES

1. Le personnage principal : Babiole, est métamorphosée en guenon suite à un mauvais sort

et doit reconquérir son statut de princesse ainsi que l’estime − et l’amour − des siens.

11 Idem, p. 28.

12 Idem, p. 29.

13 Idem, p. 33.

14 Idem, p. 42.

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Page 7: Travail Question de littérature

2. Les personnages initiaux dont Babiole doit reconquérir l’estime :

- La reine (mère) : Malheureuse au départ, son bonheur ne sera comblé que lorsqu’elle

retrouvera cette enfant sous forme humaine. Elle est le moteur du premier envoi qui

éloigne Babiole de la cour.

- Dames qui la conseillent/son conseil qui par deux fois sera à l’origine de

l’éloignement de l’infante.

- Le valet de chambre de la reine : Si socialement et quantitativement il n’a pas

beaucoup d’importance, il est pourtant chargé d’une lourde tâche : noyer Babiole. Il

marque le passage de la guenon d’une première reine à une seconde.

- Le roi : Il n’a d’importance que parce qu’il intervient comme prétexte au meurtre de

Babiole ; la reine invoque l’épouvante que pourrait produire la vision de sa fille à son

mari pour l’éliminer.

- La reine (tante) : cause de l’éducation et de la supériorité de Babiole, c’est à la fois à

cause d’elle qu’elle est condamnée au roi Magot et qu’elle est remarquée par les

soldats de l’autre reine. Elle marque une étape dans l’ascension de la princesse en

étant la première à lui conférer une appartenance et un semblant d’amour.

- La gouvernante de Babiole : Personnage secondaire.

- Le prince : il est le point de départ de l’ascension de Babiole. Il deviendra ensuite le

symbole illustrant la différence de la guenon et son incapacité à faire ses preuves dans

la société sous son apparence animale. L’union et le bonheur final de ceux-ci signent

l’aboutissement de la quête de la princesse.

3. Les adjuvants.

- Biroquoi : il s’avère être de précieux conseil tant pour Babiole que pour le prince,

agissant chaque fois dans l’intérêt de la princesse dont il connaît le futur, en mettant à

leur disposition des créatures merveilleuses.

- La tortue qui permet à Babiole sa première fuite, fuite qui est rapidement contrée par

Mirlifiche et donc inaboutie. Elle est ensuite réquisitionnée par la cavalcade.

- Le dauphin volant qui permet au prince de vaincre les monstres, entreprise

pleinement accomplie.

- Constructeurs de Babiole − au sens de « ville de » − qui cristallisent la

métamorphose de la guenon en lui offrant ce que toute princesse de ce nom mérite :

un royaume, un palais, etc.

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Page 8: Travail Question de littérature

- Criquetin : Cheval destrier du prince qui lui est d’abord offert pour combler sa

tristesse due à la perte de Babiole et qui lui permettra ensuite de reconquérir la

princesse.

4. Les opposants.

- La fée Fanferluche : ne faisant que deux apparitions, son rôle est pourtant décisif

puisqu’elle est à l’origine des deux méfaits.

- Les six géants et les six dragons : Personnages secondaires, références mythologiques

et merveilleuses.

- Le roi Magot : il symbolise le comble de la déchéance de Babiole : épouser un singe

sera rendre sa condition de singe immuable. Ainsi, en s’opposant à cette union par sa

fuite, Babiole ne fuit pas seulement un mariage, elle fuit avant tout une condition

animale à laquelle elle tente d’échapper.

- Mirlifiche : Ambassadeur de Magot, il est un condensé de tout ce que sont les singes.

- Monette et Gigona : Deux guenons qui attestent du sort réservé à Babiole mais qui

marquent surtout leurs différences.

- Perroquet : Animal étonnant, il sert d’interprète entre les singes et les hommes. C’est

aussi un remarquable poète :

Perroquet qui passait pour un assez bon poète, ayant composé une harangue fort sérieuse, s’avança jusqu’au pied du trône où la reine était assise. Il s’adressa à Babiole, et parla ainsi : « Madame, de vos yeux connaissez la puissance,Par l’amour dont Magot reçoit la violence. » 15 

- L’ambassade réunissant toutes sortes d’animaux (lapins, lièvres, renards, coqs, pies,

geais, singes, etc.).

2.4 LE SCHEMA DE LA MISE EN RECIT 1 6 -SELON PROPP 1 7

Le récit s’ouvre sur un manque : l’incapacité de la reine à avoir un enfant. L’agresseur, la

fée Fanferluche, entre alors en scène et trompe la victime. Un premier méfait est ainsi commis :

l’agresseur ensorcelle sa victime, l’infante (Babiole), par l’intermédiaire de la reine. La

divulgation de la métamorphose de la princesse en guenon suscite le premier envoi : Babiole est

15 Idem, p. 16.

16 Voir § 4.II, 4.III et 4.IV pour le schéma.

17 PROPP Vladimir, Morphologie du conte, Paris, Edition Points, 1970.

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chassée -et même plus, condamnée à mort. Ici, nous assistons à une modification des rôles, la

reine, plus que simple mandataire de l’envoi, devient une sorte d’agresseur pour sa fille « héros-

victime   ». Mais le héros, condamné à mort, est secrètement libéré et recueilli par sa tante et son

cousin. Ceci constitue une période de transition dans la quête. Arrive alors un premier donateur,

Magot, qui par l’intermédiaire de Mirlifiche, offre des présents − objets magiques − à Babiole.

En échange, celle-ci doit accepter sa demande en mariage. Le héros réagit en se sauvant et

rencontre dans sa fuite un nouveau donateur, Biroquoi, lui confiant un autre objet magique   : une

tortue. Pourtant, Babiole est capturée par Mirlifiche, devenu lui-même une sorte d’agresseur

mais vaincu ensuite par la supériorité des manières de la princesse dont la quête l’emmène

auprès de sa mère. Si le manque initial pourrait ici trouver une résolution, le méfait n’est toujours

pas résolu, ainsi, la quête ne s’achève pas là et donne lieu à un nouvel envoi   : Babiole décide

d’elle-même de prendre la fuite, menacée d’emprisonnement par sa mère. Elle en vient à utiliser

l’objet magique offert par Magot et ingurgite l’olive et la noix. Grâce à cette intervention, elle

retrouve son apparence et son statut initiaux : le méfait est donc résolu. Cependant, l’intervention

d’un ancien personnage relance la quête : le prince tombe amoureux de Babiole sans connaître sa

véritable identité et ce débordement d’émotion suscite une nouvelle fuite du héros ainsi qu’un

nouveau méfait. En effet, Fanferluche revient et emprisonne la princesse. C’est alors une autre

quête qui commence, celle du prince « héros-quêteur   ». Suite à la divulgation du méfait, il se

lance à la recherche de la princesse − objet de sa quête − et rencontre un donateur, Biroquoi qui

réintervient en lui confiant un objet magique   : le dauphin ailé. Le héros, ainsi paré, se bat avec

l’agresseur − Fanferluche par l’intermédiaire des six dragons et des six géants − ; l’agresseur est

vaincu et le méfait résolu : Babiole est délivrée. Nos deux héros se rendent alors incognito chez

la reine mère auprès de laquelle ils doivent accomplir une dernière épreuve : la convaincre sous

un déguisement. Une fois l’épreuve réussie, les héros sont reconnus et le manque comblé : la

mère retrouve son enfant. Le récit se clôt sur le mariage des héros et le bonheur de tous.

La morphologie du conte telle que l’a schématisée Propp nous permet d’expliquer plus

aisément la mutation des personnages. Ceux-ci, davantage définis par la fonction qu’ils opèrent

dans le récit glissent plus aisément d’un statut à un autre sans altérer cette fonction qui,

indépendamment du statut du personnage, conserve la même influence sur le récit. Mais Babiole

n’en reste pas moins difficile à schématiser et cela du fait que l’intrigue, multiple, n’est de

surcroit pas tout à fait linéaire : les intrigues se chevauchent, les personnages interviennent et

réinterviennent, le manque et les méfaits coexistent, etc18.

18 Pour les exemples, v. schéma § 4.

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Page 10: Travail Question de littérature

De manière générale, nous retiendrons comme principales singularités l’enchevêtrement

des intrigues et la non conformité au système manichéen habituel aux contes merveilleux par

l’utilisation − à l’exception du personnage principal et de ses adjuvants − de personnages ni tout

à fait blancs, ni tout à fait noirs. Notons par exemple : les deux reines ; le prince, incapable de

compassion mais qui volera ensuite au secours de la princesse ; ou inversement, Magot qui fait

preuve d’attention envers celle-ci mais n’hésite pas à la faire enlever de force. En fait, Babiole

n’est pas seulement l’histoire de Babiole, c’est aussi l’histoire d’une mère qui chasse et retrouve

son enfant. En cela, le schéma de Greimas19 offre plus de clarté puisqu’il permet de considérer la

reine mère comme révélatrice du manque.

En effet, le schéma actantiel de Greimas a pour avantage d’être plus général, il permet

donc une vision moins stéréotypée de la structure du conte. Cependant, c’est cette même

généralité qui lui porte préjudice : général, il permet difficilement de comprendre l’ambiguïté

liée aux statuts des personnages. En effet, la reine, par exemple, victime au début, n’en demeure

pas moins celle qui, après, décidera du meurtre de sa propre fille − et de son emprisonnement

ensuite. Il en va de même pour la reine sa sœur qui, accueillant Babiole au début, n’hésite pas à

la condamner à un monstrueux mariage.

De même, la situation initiale de ce conte reste problématique : manque et méfait se

succèdent, entrainant la modification du statut des personnages. Ainsi, nous retiendrons cette

proposition afin de rendre compte de la structure de fond du conte, concernant uniquement la

quête de Babiole, dès sa naissance jusqu’à son bonheur final.

2.5 SITUATION DU CONTE

Babiole est l’un des contes du quatrième tome des Contes des fées publié en 1697. Dans

ce volume, il figure aux côtés de trois autres contes : Don Fernand de Tolède, Nouvelle

espagnole, Le nain jaune et Serpentin vert.

La nouvelle espagnole, à l’esthétique baroque, constitue le récit-cadre qui fonctionne dès

lors comme un écrin romanesque dans lequel les contes s’insèrent avec des effets de tiroir et de

miroirs.20 Les trois contes insérés présentent une certaine unité que nous décrirons

succinctement, la plupart de ces thématiques étant détaillées postérieurement. On y retrouve en

effet, le thème invariable de la laideur et de la dualité du Beau et du Laid, le rapport mère-fille,

19GREIMAS Algirdas Julien, « Eléments pour une théorie de l’interprétation du récit mythique », Communications, vol 8/n°8 (1966), pp.28-59.

20 THIRARD Marie-Agnès, « Les contes de Madame d’Aulnoy ou l’art de la métamorphose », The Romanic Review, 48(2008), p. 386.

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chaque fois intrinsèquement lié à la notion de Laid. Mais bien plus, c’est toujours en acceptant

de devenir une femme affranchie, « […] sensible[s] à [dans] la revendication féministe portée

par ces contes qui condamnent le mariage forcé et valorisent des héroïnes fortes et

autonomes »21, mais conformes aux valeurs galantes et morales de l’époque, que les héroïnes

gagnent l’accomplissement de leur bonheur, sous l'inaltérable signe de l’amour.

Babiole est aujourd’hui le moins cité. Peut-être pouvons-nous l’expliquer par le caractère

moins moralisateur du conte : dans Le Nain Jaune et dans Serpentin vert, le châtiment advient

comme une punition directement liée au comportement des héros, tandis que Babiole nous

apparaît comme une héroïne irréprochable, subissant des cruautés injustifiées :

Il était impossible de trouver une guenon plus belle et de meilleur air […], et la vivacité de ses yeux marquait tant d’esprit, que l’on n’avait pas lieu de s’étonner de tout ce qu’on lui voyait faire. 22

La morale (v. p. 16), liée notamment à l’éducation des jeunes femmes − ou du moins feignant

l’être − pourrait donc s’avérer, de prime abord, moins édifiante.

2.6 COMMENTAIRES

2.6.1 COMMENTAIRE EXTERNE

Comme dit précédemment, on parle peu de Babiole. Imaginer l’impact que ce conte put

avoir sur la carrière de l’auteur semble donc dérisoire face à la production déterminante de cette

dernière dans l’histoire de la littérature et, plus particulièrement, dans le genre du conte de fées.

C’est en effet Madame d’Aulnoy « reine dans la féérie »23 qui lance la mode des fées avec son

conte L’Ile de Félicité, inséré dans L’Histoire d’Hypolite, comte de Douglas, en 1690 et qui

s’avèrera être l’auteur le plus fécond de son temps, ne nous laissant au total pas moins de vingt-

cinq contes en deux recueils. Inutile donc de préciser le succès qu’elle connut à l’époque. Si

Madame d’Aulnoy met à la mode le conte de fées, elle contribue aussi largement à la mise à

l’écrit de ce genre oral. Ce lien à l’oralité nous paraît ainsi capital. D’abord, parce qu’il est

21JASMIN Nadine (éd.), Contes nouveaux ou Les Fées à la mode, Paris, Champion, 2008 citée par DEFRANCE Anne, « Madame d’Aulnoy, Contes des fées, suivis des Contes nouveaux ou Les Fées à la Mode  », Féeries, 3(2006), p. 373.

22 LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Babiole. Un conte du Cabinet des fées, texte établi par PHILIZOT Frédérik, Paris, Mila éditions, 2003, p. 12.

23 Jacques BARCHILON cité par THIRARD Marie-Agnès, « Les contes de Madame d’Aulnoy ou l’art de la métamorphose », The Romanic Review, 48(2008), p. 381.

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Page 12: Travail Question de littérature

significatif des conditions ayant présidé à la création littéraire en cette fin de siècle : on connaît

l’attachement de l’auteur au clan des Modernes et sa fréquentation des salons mondains dans

lesquels ses Contes auraient circulé, moteurs de la conversation et d’une pratique donc

essentiellement orale. Ensuite car ces traces d’oralité sont largement présentes dans son œuvre

qui, souvent, « célèbrent les pouvoirs de la parole [témoignant ainsi de] sa [Madame d’Aulnoy]

propre maitrise des codes esthétiques et linguistiques de son temps »24 , notamment, au moyen de

petits poèmes dont elle parsème son écriture « comme pour baliser le parcours d’un lecteur initié

à ces jeux poétiques. »25. Ses contes, comme dit précédemment (V. § 1), connaitront bon nombre

de réécritures, régulièrement victimes de mauvaises interprétations.

Babiole porte, au même titre que les autres œuvres de Madame d’Aulnoy, les stigmates

de cette oralité : admiration que suscite le langage de Babiole, poème de Perroquet, ponctuation

proche d’un langage parlé, etc. Ce conte réinvestit donc la forme et les thèmes − comme nous le

verrons au point suivant − de prédilection de l’auteur. Dès lors, si l’on doute du succès de

Babiole, c’est probablement parce que, dès sa publication, il est possible qu’il soit passé

inaperçu. Effectivement, comme dit précédemment, Babiole est moins stéréotypé et par

conséquent moins édifiant que les autres contes - de l’auteur ou de son contemporain Charles

Perrault. Il semble donc avoir échappé au mécanisme à la base du succès du conte merveilleux.

2.6.2 COMMENTAIRE INTERNE

D’origine bretonne, Madame d’Aulnoy connaît bien les croyances populaires. Mais, si

ses Contes trouvent leur source dans un fond populaire oral et folklorique − auquel nous

pouvons par exemple rattacher les motifs du fiancé-animal et de la métamorphose présents dans

Babiole −, la mise à l’écrit opère, comme l’affirme Marie-Agnès Thirard26, « une métamorphose

littéraire » : Madame d’Aulnoy adapte ces sources au goût de son public de prédilection. Afin de

brouiller les pistes, elle recourt aux modes de son temps : la préciosité, d’une part, expliquant par

exemple le rôle privilégié de la femme désirée, et le romanesque baroque d’autre part, qui

caractérise l’enchâssement ou la mise en abyme des récits. Le conte devient alors jeu littéraire

24 JASMIN Nadine (éd.), Contes nouveaux ou Les Fées à la mode, Paris, Champion, 2008 citée par DEFRANCE Anne, « Madame d’Aulnoy, Contes des fées, suivis des Contes nouveaux ou Les Fées à la Mode », Féeries, 3(2006), pp. 371-376.

25 THIRARD Marie-Agnès, « Les contes de Madame d’Aulnoy ou l’art de la métamorphose », The Romanic Review, 48 (2008), p. 385.

26 THIRARD Marie-Agnès, « Les contes de Madame d’Aulnoy ou l’art de la métamorphose », The Romanic Review, 48(2008), p. 381.

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pour ce public mondain à tel point qu’il opère parfois la subversion des motifs populaires en une

véritable « initiation sexuelle » révélant « aussi trace d’un certain libertinage que l’on pourrait

qualifier de “libertinage voilé” »27, libertinage qui ne peut être compris que par un lecteur initié -

c’est à dire, ni par le peuple, ni par les enfants ! Ainsi, ce merveilleux d’apparence chaste et

galante, mis au contact de la société, peut devenir parodique voire critique : dès lors qu’il se

pense hors du réel, le merveilleux a la possibilité de se faire critique de la réalité, allant jusqu’à

remettre en cause le pouvoir ou les mœurs. L’auteur, reprenant ce procédé aux fables de la

mythologie, s’amuse de ces références, « Mais surtout, elle les entraine dans le monde qu’elle

connaît, celui des salons modernes parisiens, entiché de merveilleux à condition qu’il soit

capable de déclencher, dans la conversation, des émotions et des questions. »28.

Babiole semble donc parfaitement fidèle à cette description et constitue un ingénieux

mélange de toutes ces composantes. Néanmoins, le mélange semble ici plus subtile : la femme −

Babiole − n’est ni désirée ni privilégiée, mais seulement soumise aux goûts misogyne et injustes

des hommes :

Pour époux ! dit le prince en éclatant de rire. Pour époux, ma guenuche ! Je suis charmé de ce que tu me dis. J’espère cependant que tu m’excuseras si je n’accepte point ton parti. Car enfin notre taille, notre air et nos manières ne sont pas tout à fait convenables.29

A cet égard, le conte constituerait une critique bien plus acerbe de la société ou un plaidoyer plus

abouti en faveur de l’autonomie des femmes, au-delà de la rigidité des mœurs et des apparences.

Positionnement soit trop subtil, soit au contraire, trop effronté pour susciter les applaudissements

du XVIIe.

2.6.3 COMMENTAIRE PERSONNEL : BABIOLE, UNE AUTRE FACETTE DE L’ANIMALITÉ

On a beaucoup travaillé sur le héros animal dans les contes de Madame d’Aulnoy et,

pourtant, ces études semblent exclure systématiquement Babiole, exclusion plutôt étonnante

puisque notre héroïne n’en est ni plus ni moins un singe, mais qui trouve peut-être une

explication dans la singularité même du personnage de Babiole, à rebours du mythe de la

princesse idéale. C’est ce que nous nous attacherons à détailler, d’abord en résumant le propos de

27 Idem, p. 390.

28 BIET Christian, « Conte de fées, livre de Madame d’Aulnoy », Encyclopaedia Universalis, dernière mise à jour le 5 septembre 2011, http://www.universalis.fr/encyclopedie/contes-de-fees-madame-d-aulnoy/, consulté le 15 novembre 2012.

29 LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Babiole. Un conte du Cabinet des fées, texte établi par PHILIZOT Frédérik, Paris, Mila éditions, 2003, p. 18.

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Jeanne Bloch quant au traitement habituel de l’animalité dans les contes de Madame d’Aulnoy,

ensuite en y opposant l’exception de Babiole.

Selon Jeanne Bloch, lorsque la punition d’une fée consiste en la métamorphose animale,

l’animalité se fait quête principale du récit, elle en devient « l’épreuve à affronter » 30. A cette

quête, s’ajoute alors un schéma narratif particulier que l’auteur définit comme suit :

1. Punition des parents à travers l’enfant − pour qui l’animalité constitue un véritable

parcours initiatique. Cela explique que cette métamorphose fasse d’autant plus souffrir

les parents : il s’agit généralement d’un enfant unique et longtemps désiré.

2. Désobéissance du héros.

3. Animalité ou exclusion du monde humain : « l’animalité est d’emblée envisagée comme

une monstruosité, et une aberration qui doit disparaître. Pour reprendre la terminologie

d’Anne Defrance, le préjugé nobiliaire est la cause du rejet. »31

Au-delà de ses conséquences sur la narration, l’animalité est aussi métaphore sexuelle et

permet de suggérer la sexualité sans l’évoquer ouvertement. Bruno Bettelheim ajoute que les

fées, reprenant l’héritage populaire de la bonne d’enfants, initient cette éducation sexuelle 32 : la

métamorphose s’en trouve alors justifiée et la fée, impunie puisqu’elle ne fait qu’endosser un

rôle nécessaire. Cette initiation sexuelle est surtout adressée à la femme, dont l’animalité est

douce et charmante et que l’auteur veut prévenir de la bestialité, la violence du fiancé-animal.

Ainsi, même animale, la femme reste toujours attirante pour l’homme comme c’est le cas dans

La Biche au bois ou La Chatte blanche, pour n’en citer que deux. Pour Jeanne Bloch,

« l’animalité est donc l’expression de l’altérité entre l’homme et la femme, mais la rencontre de

la bête et de l’humain manifeste une altérité plus grande encore qu’une simple différence

sexuelle : elle est irréductible. »33. Une altérité qui permet à l’auteur (Jeanne Bloch) d’embrayer

sur la dualité du héros métamorphosé, tiraillé par un constant conflit entre sa nature humaine et

son physique animal, sa forme bestiale et son esprit humain et dont le trait le plus significatif est

son aptitude à tomber amoureux : dans la majorité des contes, c’est l’acceptation de l’être aimé

30 BLOCH Jeanne, « Le héros animal dans les contes de fées de Mme d’Aulnoy “Le Prince Marcassin”, “Serpentin vert”, “La Chatte blanche”, “La Biche au bois” », Dix-huitième Siècle, 42 (2010), pp. 119-138.

31 Idem, p. 125.

32 BETTELHEIM Bruno, Psychanalyse des contes de fées, Paris, Robert Laffont, 2011.

33 BLOCH Jeanne, op. cit, p. 128.

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qui permettra au héros de retrouver son apparence. Ainsi, ni la nature, ni la société ne convient à

un tel héros et l’inadéquation de l’animal avec le monde des hommes provoque des effets de

comique : en société, on se rit de leurs accoutrements, de leurs manières ou de leurs

divertissements aristocratiques, le héros ne trouve de repos que dans une vie naturelle dont

Madame d’Aulnoy ferait l’éloge. On comprend alors que ce n’est pas l’animal qui est risible,

« l’animalité n’a de laid que son aspect extérieur, tandis que l’homme est intérieurement

abject. »34.

Cependant, l’expression de l’animalité dans Babiole prend une toute autre forme et ce,

parce que la princesse n’est pas métamorphosée en une jolie chatte ou une élégante biche comme

les autres héroïnes, mais en une guenon repoussante. Intéressons-nous donc au symbolisme du

singe35 : Généralement, le singe est symbole des activités de l’inconscient, d’une « conscience

dissipée » qui se révèle sous des formes tantôt dangereuses, tantôt bénéfiques. Ainsi, il peut être

à la fois l’image de l’homme dégradé par ses vices, la luxure et la malice − c’est ce qui constitue

l’image inconsciente du roi Magot − ainsi que celle du sage initié qui cache sa véritable nature

sous une apparence bouffonne, inaugurant la quête de la sagesse et le mythe initiatique − ce à

quoi nous invite Babiole. Mais avant tout, le singe irrite par sa ressemblance avec l’homme,

représentant l’image méprisable de ce que l’homme doit fuir de lui-même.

On comprend alors ce qui distingue Babiole de La Chatte blanche ou de La Biche au

bois. D’abord, elle est injustement et cruellement punie. Personnage le plus pur et le plus intègre

du récit, elle paye d’avance la cruauté future des autres intervenants : sa mère condamnant à mort

sa propre fille, sa tante qui n’hésite pas à l’échanger comme gage de paix et son cousin qui ne

répond à sa détresse que par le mépris. On ne peut donc pas parler de « désobéissance du héros »

comme dans ces deux autres contes où la métamorphose apparaît comme la punition inévitable

d’un comportement déplacé.

Ensuite, sa métamorphose n’a rien d’attirant, elle n’est pas « douce et charmante » mais

qualifiée d’« une bestiole de cette nature »36. Comment donc penser qu’elle puisse être objet de

désir ? Sous cette apparence, elle est à mille lieues du regard des hommes et ne suscite que

l’intérêt d’un singe dont il est inutile d’évoquer la brutalité des élans. Et pourtant, ce singe, au

moins, lui témoigne de l’affection. La fuite de Babiole face à la demande de Magot pourrait donc

être interprétée comme le refus adolescent de la sexualité. Mais cette hypothèse semble

34 Idem, p. 137.

35 CHEVALIER Jean et GHEERBRANT Alain, Dictionnaire des symboles, Paris, Robert Laffont, 2008.

36 LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Babiole. Un conte du Cabinet des fées, texte établi par PHILIZOT Frédérik, Paris, Mila éditions, 2003, p. 11.

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insuffisante. Babiole, renversant l’équation, établie par Raymonde Robert37, Beauté/Esprit en

Laideur/Esprit, et s’opposant ainsi à la Beauté/Sottise des autres personnages, devient une

critique acerbe de l’homme et de la société : « Chaque fois qu’ils sont beaux, le prince et la

princesse deviennent insensibles et incapables d’aimer. »38 et c’est dans ce cadre que l’apparence

du singe se trouve justifiée : par sa proximité − intellectuelle et physique − avec l’homme,

Babiole n’est pas tout à fait un animal, elle ne fait que révéler, derrière des allures mondaines, la

bestialité d’une société injuste et hypocrite. Par sa victoire, elle concrétise un nouvel idéal

féminin, non pas celui de jeunes filles bien mises et bien rangées, conformes aux valeurs du

XVIIe siècle − comme l’illustrent les héroïnes de La Chatte blanche et de La Biche au bois −,

mais de femmes affranchies du joug des hommes et du poids des mœurs, capables d’atteindre

leurs objectifs grâce à leurs seuls courage et esprit. C’est même la réapparition du prince dans la

vie de Babiole qui met la réussite personnelle de la princesse en péril : l’homme est un obstacle

avant d’être un égal et un allié. D’ailleurs, Madame d’Aulnoy n’a-t-elle pas dû elle-même

s’affranchir de l’autorité abusive d’un mari violent pour pouvoir finalement briller dans les

salons mondains ?

Dès lors, ce n’est pas sauvée par l’amour que la princesse recouvrira son apparence, c’est

par elle-même, par ses vertus et une autonomie assumée. Peut-être s’agit-il là de revendications

féministes, rien n’est moins sûr. Et, là où certains ont peut-être vu un récit paraphrase des autres

contes, raisonnable et sans grand intérêt, nous percevons un violent pamphlet et pensons que, si

Babiole est tombé dans l’oubli, c’est précisément parce que Babiole va à l’encontre des critères

habituels du XVIIe siècle : on peut pardonner son effronterie à une jolie femme − La Chatte

blanche et La Biche au bois comptent parmi les contes les plus célèbrent de Madame d’Aulnoy

−, certainement pas son courage à une « guenon ».

En conclusion, l’animalité, plus qu’une simple quête, permet la découverte de soi et

l’évocation de la dualité − homme/femme, bête/homme − question qui, comme nous l’avons vu,

est au cœur de l’œuvre de Madame d’Aulnoy, aujourd’hui encore figure emblématique de

l’écriture féminine du XVIIe siècle. Cette animalité prend toutefois un ton de révolte lorsqu’il

s’agit de Babiole : Babiole n’a de la guenon que l’apparence, tandis que, derrière leur joli visage,

37 ROBERT Raymonde, Le conte de fées littéraire en France de la fin du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1982, p. 212.

38 Idem, p. 213.

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les autres personnages sont profondément singes : bouffons et méprisables. Or, comme le

rappelle la morale du conte, les apparences sont parfois trompeuses… et injustes.

On ne doit d’un ennemi craindreLes présents même.Tel paraît à vos yeux vouloir vous engager,Et vous proteste qu’il vous aime,Lorsque dans le secret il cherche à se venger.L’infante, dont ici je trace l’aventure,Eût sous une aimable figureVu couler ses jours fortunés,[…] 39

39 LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Babiole. Un conte du Cabinet des fées, texte établi par PHILIZOT Frédérik, Paris, Mila éditions, 2003, p. 44.

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3. BIBLIOGRAPHIE4 0

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MADAME D’*** [LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine], Nouvelles

espagnoles, Paris, Barbin, 1692, 2 vol.

MADAME D’*** [LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine], Mémoires de la

Cour d’Espagne, Lyon, Anisson et Possuel, 1692, 2 vol.

MADAME D’*** [LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine], Nouvelles, ou mémoires historiques, Paris, Barbin, 1693, 2 vol.

LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Le retour d’une âme à Dieu, Paris, Vve de Théodore Girard, 1693.

40 Pour éviter une surcharge de la bibliographie, nous n’avons retenu que les ouvrages francophones.

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Page 19: Travail Question de littérature

MADAME D’*** [LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine], Mémoires de la Cour d’Angleterre, Paris, Barbin, 1695.

LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Mémoires secrets de M LDDO Mgr le Duc d’Orléans ou les aventures comiques de plusieurs grands princes de la Cour de France, Paris, Bredou, 1696.

LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine et al., Histoire et les aventures de Kemiski géorgienne, Bruxelles, François Foppens, 1697.

MADAME D’*** [LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine], Les contes des Fées, Paris, Barbin et al., 1697, 4 vol.

MADAME D’*** [LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine], Contes nouveaux ou Les Fées à la mode, Paris, Vve de Théodore Girard, 1698, 4 vol.

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OUVRAGE DE RÉFÉRENCE

LE JUMEL DE BARNEVILLE D’AULNOY Marie-Catherine, Babiole. Un conte du Cabinet des fées, texte établi par PHILIZOT Frédérik., Paris, Mila éditions , 2003, 44 p.

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