Étude des produits forestiers non ligneux d’afrique

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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2006, N° 288 (2) 27 PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX / LE POINT SUR… Mathurin Tchatat 1 Ousseynou Ndoye 2 1 Institut de la recherche agricole pour le développement (Irad) Programme forêt et bois BP 2067, Yaoundé Cameroun 2 Centre pour la recherche forestière internationale (Cifor) BP 2008, Yaoundé Cameroun Étude des produits forestiers non ligneux d’Afrique centrale : réalités et perspectives Commercialisation de fruits, d’amandes et de pâtes d’amande de manguier sauvage (Irvingia gabonensis). Yaoundé, Cameroun. Photo A. Awono, Cifor. Les populations riveraines ont une connaissance approfondie des produits forestiers non ligneux qui les environnent et des usages des plantes alimentaires et médicinales. Ce savoir-faire constitue un préalable indispensable à une gestion durable de ces ressources, qu’il s’agisse de préserver les espèces productrices face à leur exploitation commerciale ou de les améliorer, notamment par des actions de type sylvicole et un enrichissement progressif de la forêt.

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Page 1: Étude des produits forestiers non ligneux d’Afrique

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 6 , N ° 2 8 8 ( 2 ) 27PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX / LE POINT SUR…

Mathurin Tchatat1

Ousseynou Ndoye2

1 Institut de la recherche agricolepour le développement (Irad) Programme forêt et boisBP 2067, Yaoundé Cameroun

2 Centre pour la recherche forestièreinternationale (Cifor) BP 2008, YaoundéCameroun

Étude des produits forestiers non ligneux d’Afrique centrale :

réalités et perspectives

Commercialisation de fruits, d’amandes et de pâtes d’amande de manguiersauvage (Irvingia gabonensis). Yaoundé, Cameroun. Photo A. Awono, Cifor.

Les populations riveraines ont une connaissance approfondie desproduits forestiers non ligneux qui les environnent et des usages des plantesalimentaires et médicinales. Ce savoir-faire constitue un préalable indispensable àune gestion durable de ces ressources, qu’il s’agisse de préserver les espècesproductrices face à leur exploitation commerciale ou de les améliorer, notammentpar des actions de type sylvicole et un enrichissement progressif de la forêt.

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RÉSUMÉ

ÉTUDE DES PRODUITS FORESTIERSNON LIGNEUX D’AFRIQUECENTRALE : RÉALITÉS ETPERSPECTIVES

Les produits forestiers non ligneux(Pfnl) sont très importants pour lespopulations d’Afrique centrale. LesÉtats et les populations locales entre-tiennent des relations étroites avec laforêt. Il ressort de cette étude uneextrême diversité des Pfnl, liée à larichesse biologique des forêts dubassin du Congo. Les populationslocales ont une connaissance appro-fondie des Pfnl et les utilisent depuisfort longtemps. Le mode d’accès à laressource, généralement défini parles droits coutumiers, est souvent encontradiction avec les législationsdes pays. Les menaces sur ces Pfnlont deux causes principales : l’ex-ploitation commerciale de la res-source et l’exploitation industriellede bois d’œuvre. Dans les aménage-ments forestiers, des solutions sontproposées qui prennent en compteles différents acteurs et les Pfnl.

Mots-clés : produit forestier nonligneux, gestion des ressources,aménagement forestier, Afrique cen-trale.

ABSTRACT

A STUDY OF NON-TIMBER FORESTPRODUCTS IN CENTRAL AFRICA:REALITY AND PROSPECTS

NTFPs are important for CentralAfrican populations because of theirclose links with the forest environ-ment. This study highlights theremarkable range of NTFPs associ-ated with the rich biodiversity of theCongo Basin’s forests. NTFPs are wellknown to local communities becausethey have been using them for a longtime. Access to these resources isgenerally governed by customarylaws, which are often in contradictionwith official regulations in the differ-ent countries. Threats to NTFPs arisefrom two main causes: commercialexploitation of the resources them-selves and industrial timber exploita-tion. This paper offers solutions thatwould take all the different stake-holders and NTFPs into account inforest management plans.

Keywords: Non Timber ForestProduct, resource management, for-est management, Central Africa.

RESUMEN

ESTUDIO DE LOS PRODUCTOSFORESTALES NO LEÑOSOS DEÁFRICA CENTRAL: REALIDADESY PERSPECTIVAS

Los productos forestales no leñosos(pfnl) son muy importantes para laspoblaciones de África Central. LosEstados y las poblaciones localesmantienen estrechas relaciones conel bosque. En este estudio se ponede manifiesto la extrema diversidadde los pfnl, derivada de la riquezabiológica de los bosques de lacuenca del Congo. Las poblacioneslocales tienen un profundo conoci-miento de los pfnl y llevan muchotiempo utilizándolos. La manera deacceder a los recursos, normalmentedeterminada por el derecho consue-tudinario, está a menudo en contra-dicción con las legislaciones de lospaíses. Las amenazas que se ciernensobre los pfnl tienen dos causas prin-cipales: la explotación comercial delos recursos y la explotación indus-trial de la madera de construcción. Enlas ordenaciones forestales, se pro-ponen algunas soluciones que tienenen cuenta los pfnl y a los distintosactores.

Palabras clave: producto forestal noleñoso, ordenación de recursos,ordenación forestal, África Central.

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FOCUS / NON-TIMBER FOREST PRODUCTS

Mathurin Tchatat, Ousseynou Ndoye

Page 3: Étude des produits forestiers non ligneux d’Afrique

Introduction

Les forêts d’Afrique centralecouvrent une superficie d’environ241 millions d’hectares (Fao, 2003),dont plus de la moitié représente lebassin du Congo qui constitue ladeuxième plus grande couvertureforestière dense humide du mondeaprès l’Amazonie, soit 12 % du cou-vert forestier tropical. À cette impor-tance dimensionnelle, s’ajoute unediversité biologique exceptionnelle.À titre d’exemple, le Gabon, leCameroun et la République démocra-tique du Congo comptent respective-ment 6 551, 8 260 et 11 000 espècesde plantes différentes (Aubé, 1996).Le même auteur indique un niveaud’endémisme des espèces végétalesélevé dans quatre des six pays étu-diés : Centrafrique, Cameroun,Guinée équatoriale et Républiquedémocratique du Congo. Cette diver-sité végétale est constituée pour unepart importante de produits fores-tiers non ligneux (Pfnl).

Selon la Fao (1995), les Pfnl sontdes biens d’origine biologique autresque le bois d’œuvre ainsi que des ser-vices dérivant de la forêt et des sys-tèmes d’utilisation des terres appa-rentés. L’exploitation et la vente deces produits fournissent des revenusnon négligeables, en particulier pourles populations rurales et urbaines lesplus vulnérables. En Afrique centrale,65 millions de personnes vivent à l’in-térieur ou à proximité des forêts.Celles-ci jouent pour elles un rôle plu-riel : sources d’énergie, d’alimenta-tion, de médicaments et de produitsde service et, pour de nombreux pay-sans ne disposant pas de ressourcessuffisantes, le recours aux Pfnl consti-tue un réel « filet de sauvetage ».

L’essentiel des travaux portantsur les Pfnl en Afrique centrale s’estlimité aux études de cas des pays. Ilsont porté, pour la plupart, sur lesaspects monographiques et ethno-botaniques. Toutefois, ces dernièresannées ont eu lieu des études dansle domaine de la socio-économie(Ndoye, 1995 ; Ndoye et al., 1997 ;Ndoye, Chupezi Tieguhong, 2004) et

de la domestication. Le présentarticle considère certains aspects dela gestion des Pfnl par les popula-tions en Afrique centrale et proposequelques recommandations pourune prise en compte effective desPfnl parmi les objectifs d’aménage-ment forestier.

Méthodologie

Cette étude a été menée dans sixpays d’Afrique centrale : Cameroun,Centrafrique, Gabon, Guinée équato-riale, République démocratique duCongo et République du Congo(figure 1). Dans chacun de ces pays,ont été collectées des données pri-maires et secondaires.

Les données primaires ont étéobtenues à travers des enquêtessemi-structurées auprès de per-sonnes concernées par la gestion desPfnl : chercheurs, décideurs, entre-preneurs privés, paysans et organisa-tions non gouvernementales (Ong).

Les données secondaires ontconsisté essentiellement en larecherche des ouvrages, articlesscientifiques, rapports disponibles (ycompris ceux de la littérature grise) eten leur synthèse.

Résultats et discussion

Modes d’exploitation desPfnl par les populations

L’intensité de l’exploitation desPfnl des forêts d’Afrique centrale estfonction de la demande domestiqueou commerciale du produit concerné.L’impact de cette exploitation sur lastructure et la composition de laforêt est étroitement lié à cette inten-sité mais aussi à l’organe végétalprélevé (fruits, feuilles, écorces,exsudats, tiges…).

Les fruitsLa méthode utilisée pour récol-

ter les fruits forestiers est largementinfluencée par la taille de l’arbre.Comme l’indique le tableau I, l’ex-ploitation fruitière des arbustes oudes jeunes arbres productifs, surtoutsi elle est destinée à l’autoconsom-mation, provoque peu de dégâts ausein de la structure forestière. Lescimes de ces arbres étant facilementaccessibles, les fruits sont récoltéssoit en grimpant sur l’arbre, soit àl’aide d’une perche. Autrement,lorsque l’arbre, devenu trop grand,n’est plus accessible aux cueilleurs,deux options se présentent : attendre

Figure 1. Carte des pays étudiés.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 6 , N ° 2 8 9 ( 3 ) 29PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX / LE POINT SUR…

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la chute des fruits ou abattre l’arbreafin de les récolter facilement. Cettedernière méthode est malheureuse-ment adoptée pour les arbres pro-ducteurs dont les fruits dépérissentrapidement, avec une maturationphysiologique (et commerciale)simultanée et massive. C’est le casau Gabon de Dacryodes macrophyllaet Annonidium mannii. En effet, lesfruits mûrs sur pied sont en grandepartie consommés, avant leur chute,par les frugivores arboricoles (singes,oiseaux, chauves-souris) ; d’autrestombent au pied de l’arbre mère,mais sont difficilement récupérablespar les ramasseurs car rapidementconsommés par les frugivores ter-restres ou attaqués par de nombreuxparasites du sous-bois.

Pour d’autres essences, larécolte n’est plus assujettie à la taillede l’arbre dont les fruits peuventtomber et séjourner au sol pendantquelques jours sans grand dom-mage, mis à part la prédation desanimaux sauvages (cas de Irvingiaspp., Ricinodendron heudelotii,Baillonela toxisperma, etc.).

Les feuillesLes feuilles de certains arbres

ou arbustes sont utilisées commelégume en République du Congo(Trilepisium madagascariensis) et enCentrafrique (Dorstenia sp., Hillerialatifolia), tandis que celles des lianescomme Gnetum spp. sont très pri-sées dans la quasi-totalité des paysde la région. Elles font l’objet d’un

commerce transfrontalier très intensedans la région (photo p. 34) (Ndoye,Ruiz-Perez, 1999) et sont égalementvendues sur certains marchésd’Europe (Tabuna, 1999). La méthoded’exploitation et l’impact sur la res-source varient selon les espèces,comme l’indique le tableau II.

Les écorces, racines, tuberculeset tiges

Plusieurs espèces de plantesrencontrées en Afrique centrale pos-sèdent des écorces, racines, tuber-cules et tiges recherchées et utiliséescomme médicaments, épices, maté-riaux de construction, etc. Leurexploitation, comme celle de la plu-part des organes végétatifs, peutavoir une répercussion sur la plante

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FOCUS / NON-TIMBER FOREST PRODUCTS

Tableau I. Impact de l’exploitation des fruits sur la ressource en fonction du type biologique et de l’organe prélevé.

Partie utilisée

Pulpe/amande

Amande

Pulpe

Type biologique

Arbuste/petitarbre/jeune arbre

Arbre/grand arbre

Arbre/grand arbre

Méthode de récolte

Arbre sur pied

Ramassage partielou total des fruits

Arbre sur pied ouaprès abattage

Périodicité dela récolte

Saisonnière

Saisonnière

Saisonnière

Impact sur laressource

+

+ à +++

+ à ++++

Principales espèces

Trichoscypha spp., Garcinia kola,G. lucida, Coula edulis

Irvingia spp., Ricinodendronheudelotii, Baillonela toxisperma

Dacryodes macrophylla, Annonidiummannii

+ : très faible ; ++ : faible ; +++ : fort ; ++++ : très fort. Source : résultat d’enquête.

Tableau II. Impact de l’exploitation des feuilles sur la ressource en fonction du type biologique et de l’organe prélevé

Type biologique

Arbuste/petitarbre/jeune arbre

Raphiales

Herbacées

Liane

Méthode de récolte

Arbre sur pied

Plante sur pied

Plante sur pied

Liane sur pied ouaprès coupe ouaprès déracinement

Périodicité dela récolte

Toute l’année

Toute l’année

Toute l’année

Toute l’année

Impact sur laressource

+

+

+

++ à ++++

Principales espèces

Bosqueia angolensis, Dorstenia sp.,Hilleria latifolia

Sclerosperma mannii, Raphia vinifera,R. textilis

Megaphrynium macrostachyum,Sarcophrynium brachystachys

Gnetum africanum, G. buccholzianum

+ : très faible ; ++ : faible ; +++ : fort ; ++++ : très fort. Source : résultat d’enquête.

Page 5: Étude des produits forestiers non ligneux d’Afrique

et sur l’écosystème. Outre la quantitédu produit à exploiter, la gravité decet impact varie, en règle générale,en fonction de la technique de prélè-vement et de l’organe récolté.L’impact est élevé ou parfois trèsélevé pour les écorces et les tiges.Pour les racines, il est élevé oumoindre en fonction du type biolo-gique tandis qu’il est peu importantpour les tubercules (tableau III).

En général, l’exploitation d’écor-ces de plantes médicinales utiliséestraditionnellement ne pose pas deproblème grave au sein de l’écosys-tème. Mais la crise économique quisévit au Cameroun depuis 1986 etla dévaluation du franc Cfa surve-nue en 1994 ont intensifié la pres-sion sur les plantes médicinales(Ndoye et al., 1998). D’une part, lacrise économique a augmenté leniveau de pauvreté dans lesménages ruraux et urbains et,d’autre part, la dévaluation a ren-chéri les prix des produits pharma-ceutiques, ce qui a créé un engoue-

ment très marqué à l ’égard desplantes médicinales. Une pratiquenocive consiste en l’exploitationmassive d’écorces destinées à unecommercialisation internationale(Ndjebet-Ntamag, 1997 ; Guedje,1998). Les écorces actuellementdestinées à l’exportation (marchéinternational) sont celles dont lespropriétés thérapeutiques ont étéjugées intéressantes au sein deslaboratoires modernes. Il s’agit dePausinystalia johimbe (le yohimbé)et Prunus africana ( le prunus).L’écorce du yohimbé contient unprincipe actif qui entre dans la fabri-cation des médicaments utiliséspour traiter l’impuissance sexuellemasculine. C’est également unaphrodisiaque, un vasodilatateur etun réducteur de pression sanguine.L’écorce du prunus est utilisée pourfabriquer le principe actif duTadenan, médicament contre l’hy-pertrophie bénigne de la prostate,commercialisé par les laboratoiresDebat (Prunus, 1998).

Les tiges de nombreusesespèces ligneuses productrices dePfnl servent localement à la construc-tion des armatures des cases. Lesplus fréquemment utilisées sontXylopia aethiopica au Gabon, auCameroun et au Congo, Enantia chlo-ranta au Congo, Garcinia kola dans lapartie insulaire de la Guinée équato-riale et Coula edulis au Cameroun. Demême, les « bois éclatés » dePycnanthus angolensis, plante médi-cinale bien connue, sont utilisésdans la construction des murs decases dans l’ensemble des paysd’Afrique centrale. Cette exploitationpour la construction exige l’abattagede nombreux individus. Cependant,la ressource est importante et, bienque la construction d’une case néces-site des quantités assez importantesde perches (pour l’armature et lacharpente) et de bois éclatés (pourles murs), l’exploitation actuelle nereprésente pas une menace réelle enraison de la faible densité des popu-lations des zones forestières.

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Tableau III. Impact de l’exploitation des écorces, des racines et des tiges sur la ressource en fonction du type biologique et de l’organe prélevé.

Partie utilisée

Écorce

Racine

Tubercule

Tige

Sève/exsudat

Type biologique

Arbuste/petitarbre/arbre/grandarbre

Arbuste/petit arbre

Liane

Liane

Arbuste/petitarbre/arbre

Liane

Arbuste/petitarbre/arbre/grandarbre/palmiers

Méthode de récolte

Arbre sur pied ou après abattage

Après abattage del’arbre

Déracinementpartiel

Déracinementpartiel

Abattage

Abattage

Périodicité dela récolte

Toute l’année

Toute l’année

Toute l’année

Toute l’année

Toute l’année

Toute l’année

Impact sur laressource

+++ à ++++

++++

+ à ++

+ à ++

++++

+ à +++

+ à ++

Principales espèces

Pausinystalia johimbe, Prunusafricana, Scorodophleus zenkeri,écorce de Garcinia lucida (aussiutilisée avec effet négatif)

Garcinia lucida, G. kola

Mondia whitei

Dioscorea spp.

Xylopia aethiopica, Pycnantusangolensis

Rotins

Canarium schweifurthii, Aucoumeaklaineana, divers palmiers

+ : très faible ; ++ : faible ; +++ : fort ; ++++ : très fort. Source : résultat d’enquête.

Page 6: Étude des produits forestiers non ligneux d’Afrique

Le cas des rotins est tout autre.Leur exploitation pour la confectionde mobilier nécessite la récolte destiges « adultes » qui ne se rétractentpas lors de la mise en œuvre, contrai-rement aux tiges juvéniles trop gor-gées d’eau. En général, l’exploitationdes rotins monocaules (Calamus dee-ratus, par exemple) peut détruire laplante, et si celle-ci n’a pas eu letemps de fructifier sa régénérationest compromise. Pour les rotins mul-ticaules (divers Eremospatha), unprélèvement judicieux des seulestiges mûres sur la plante permet degarantir une récolte durable.L’exploitation des rotins étant parti-culièrement lucrative, les cueilleurs,animés par le seul souci du profit,coupent souvent toutes les tiges ycompris les juvéniles, détruisantainsi la plante.

Les sèves des palmiers raphiaet à huile (vins de palme) sont trèsappréciées et intensément extraitesdans l’ensemble des pays du bassindu Congo. Si l’extraction de la sèvedes raphias ne pose, en général, pasde problème majeur, celle du palmierà huile peut être très destructrice. Laméthode d’extraction de sève quiconsiste à couper ou déraciner préa-

lablement le stipe, méthode « par lebas », cause de graves dégâts auxpopulations de palmiers à huile,contrairement à la méthode « par lehaut ». La sève extraite par la pre-mière méthode, bien que moinsappréciée que celle obtenue par lehaut , est en effet plus abondante. Laproduction d’un palmier déracinés’étale sur deux semaines à un mois(Tchatat et al., 1995). Il est, en outre,démontré (Ndoye, 1995) que ladégradation des palmeraies a desconséquences indirectes sur la santédes personnes qui tirent l’essentielde leur revenu de la cueillette et de lavente du vin de palme.

Les relations hommes-femmes et l ’exploitation

de la ressource

Les activités de production(cueillette, ramassage…) et de com-mercialisation des Pfnl sont en prin-cipe partagées entre hommes etfemmes. En règle générale, les activi-tés qui exigent un gros effort ponc-tuel dans le temps sont réservéesaux hommes tandis que celles quiconsomment plus de temps sontexercées par les femmes. Cette

répartition du travail selon le genre aun impact sur la gestion des Pfnl enforêt et dans les systèmes de produc-tion plus ou moins modifiés. La varia-bilité de cet impact dépend de plu-sieurs facteurs parmi lesquelsl’ardeur ou l’opiniâtreté à la tâche etla valeur du produit (économique etsocioculturelle) sont les plus impor-tants. Il est à noter qu’au Camerounles femmes sont plus impliquéesdans la commercialisation des Pfnl(photo p. 32). La majorité des com-merçants (94 %) opérant dans lesmarchés de la zone forestière humidedu Cameroun sont des femmes(Ndoye et al., 1997). Cependant, auCameroun, pour les produits les pluslucratifs, tels que le gnetum, leyohimbé ou le prunus, les hommesont rejoint les femmes sur toute lafilière depuis les effets visibles de lacrise économique en 1990.

En général, les femmes ne sontpas systématiquement impliquéesdans les projets de développement,alors que les Pfnl sont à mêmed’augmenter leur pouvoir au sein duménage. Cependant, faute d’oppor-tunités d’emploi en milieu urbain, ils’avère que les hommes sont davan-tage intéressés par la commercialisa-tion des produits non ligneux lesplus lucratifs.

Influence desconnaissances localessur la gestion des Pfnl

Les connaissances locales ensystématique : nomenclatures desplantes en langues locales

En ce qui concerne les connais-sances en systématique, chaquegroupe linguistique a désigné touteespèce végétale rencontrée dans laforêt qu’elle « contrôle » par un nomen langue locale. Ce nom distingueles différences qui existent entre lesespèces ou entre les stades de déve-loppement d’une même espèce parun ensemble de critères. Ceux-ci fontgénéralement appel à certainsorganes de sens tels que la vue, letoucher, l’odorat et même le goût.Pour les espèces couramment utili-

Quartier des produits forestiers non ligneux (Pfnl) au marché du Mfoundi.Yaoundé, Cameroun. Photo A. Awono, Cifor.

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FOCUS / NON-TIMBER FOREST PRODUCTS

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sées, un simple coup d’œil suffit biensouvent aux riverains pour les recon-naître. Le tableau IV présente desexemples de noms de plantes enlangues locales de quelques ethniesd’Afrique centrale.

Certains villageois ont une expé-rience empirique si poussée de leurmilieu qu’ils parviennent à recon-naître la plupart des espèces végé-tales par simple contact visuel. Si lareconnaissance des individus adultesest relativement aisée, celle de gauliset de semis est souvent plus difficile.Les paysans qui ont une bonneconnaissance en systématique épar-gnent les individus adultes, les gauliset les semis de nombreuses espècesde Pfnl aussi bien en forêt naturellequ’au champ, dont la création néces-site le défrichement d’une portion deforêt plus ou moins riche en espècesutiles (Tchatat et al., 1997). En outre,les semis (sauvageons) de cesespèces sont souvent transplantésdans les cacaoyères, caféières ou jar-dins de case. Dans ces systèmes agro-forestiers, ces semis sont gérés avecle plus grand soin. C’est ainsi que lesconnaissances locales en systéma-tique peuvent favoriser la domestica-tion de certaines espèces de Pfnltelles que Irvingia gabonensis, ou

Ricinodendron heudelotii, ce qui per-met de réduire la pression sur lespopulations naturelles. Ces compé-tences locales doivent surtout être uti-lement valorisées, notamment à l’oc-casion des inventaires de flore et defaune, étant donné que l’évaluationdu potentiel de la ressource est uneétape indispensable pour la gestiondurable des écosystèmes forestiers.

Les connaissances en matièred’écologie

Les populations riveraines de laforêt optimisent la gestion de leursressources grâce à leur savoir-faireécologique qui leur permet de savoirdans quel type de forêt une espècevégétale ou animale donnée peut, enprincipe, être trouvée. Par exemple,des essences telles que Mammeaafricana ou Justicia extensa se trou-vent au bord des rivières ; d’autres,Raphia spp. et les maranthacées,sont recherchées dans des terrainsmarécageux. Pour trouver Ricinoden-dron heudelotii ou Tetrapleura tetrap-tera, la recherche se fait de préfé-rence dans les forêts secondaires, enrevanche les fruits de Baillonella toxi-sperma, Irvingia gabonensis (trèsappréciés des grands mammifères)sont recherchés en forêt dense.

En plus de ces notions de distri-bution, les paysans maîtrisent égale-ment la phénologie des espècesutiles. Tous les paysans interrogésaffirment connaître les périodes defloraison, de nouaison et de fructifi-cation de la plupart des espècesqu’ils exploitent. Ces connaissanceslocales relatives au cycle biologiquedes espèces fauniques sont aussitrès poussées. Les populations inter-rogées connaissent avec précisionles périodes de ramassage des diffé-rentes espèces de chenilles et d’es-cargots. En Centrafrique, les popula-tions consomment et vendent plusd’une douzaine de chenilles dontelles connaissent la période idéalede ramassage qui s’étend de juillet àseptembre, août étant le mois degrande production. Elles savent quelssont les arbres hôtes des différenteschenilles (tableau V) et appellent fré-quemment chaque chenille par lenom de cet arbre hôte.

Cette maîtrise de la localisationdans l’espace et dans le temps desproduits forestiers permet une ges-tion bien dirigée et un gain de tempsappréciable pour mener à biend’autres activités agricoles.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 6 , N ° 2 8 9 ( 3 ) 33PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX / LE POINT SUR…

Tableau IV. Exemples de noms en langues locales de quelques tribus d’Afrique centrale.

Vili Fang Issongo Mpongwè EwondoNom scientifique (R. Congo) (Guinée équatoriale) (Rca) (Gabon) (Cameroun)

Xylopia aethiopica N’kane Oyang Zangué Ogana Akwi

Dacryodes edulis N’afou Olem Nioungou Otanga Assa

Gnetum africanum M’foumbou Kali/koko Okok

Monodora myristica Dzingou Fep Ingo Ovusa Nding

Ricinodendron heudelotii N’sangola Ezesang Mboboko Ozangilya Ezesang

Gambeya africana Moulongi Mbebam Monzounzé Abam nyabessan

Gambeya lacourtiana Abam Mobambou Abam

Irvingia gabonensis Mouibe Andok Do Oba Andok

Irvingia robur M’vaye Evec -ve Andok

Irvingia grandiflora Moulinde Eyen -gui Sombo Andok ngoué

Treculia africana Mounyanya Etup Poussa Oyaya Etoup

Canarium schweinfurthii Mbile Abee Patou Oléngé Abel

Source : résultat d’enquête.

Page 8: Étude des produits forestiers non ligneux d’Afrique

Connaissances localesen utilisation des ressources

Les populations riveraines desforêts d’Afrique centrale connaissentparfaitement non seulement le com-portement des espèces de leur éco-système, mais aussi les différentsusages qu’elles peuvent en faire. Cesconnaissances, transmises de géné-ration en génération, peuvent sur-prendre ceux qui s’intéressent àl’ethnobiologie : des ethnies diffé-rentes, vivant ou non sur les mêmesterritoires, utilisent de la même façonde nombreuses espèces pour senourrir ou se soigner. Cette similituded’usage des Pfnl entre peuples plusou moins éloignés d’un point de vuesocial, culturel ou géographique netient pas du hasard. Il s’agit certaine-ment d’un long cumul d’informationsempiriques de la part d’hommes etde communautés vivant à différentspoints de l’immense bloc forestier dubassin du Congo et qui, au cours dutemps, ont opéré un choix parmi lamultitude des Pfnl, en retenant lesespèces utiles. En outre, le moded’utilisation de beaucoup de cesespèces médicinales (indicationsthérapeutiques, modes de précau-tion et d’administration) et alimen-taires (fruits de bouche, condi-ments…) se recoupe dans nombre depays étudiés.

Cet ensemble de connaissanceslocales et de techniques simples deconservation peut avoir uneinfluence positive sur la gestiondurable des Pfnl. Le paysan, sachantprécisément quel est l’organe végétalutile, exploite uniquement celui-ci.De même, il met à profit ses connais-sances endogènes en matière detransformation pour conserver le pluslongtemps possible certains Pfnl et,par ce fait, réduire au minimum lesimpacts néfastes de récoltes dans lemilieu naturel. Il est donc possibled’avancer que les populations desforêts et toutes les communautés quien dépendent disposent de bonnesconnaissances sur leur écosystèmeet sur les Pfnl qui s’y trouvent. Ellespourraient, en principe, en assurerune gestion durable.

Réglementationsforestières, modes

d’accès aux ressourceset gestion des Pfnl

Les problèmes ayant trait aumode d’accès à la terre et aux arbrespeuvent avoir une influence sur lagestion durable des Pfnl. Un systèmede production (forêt, agroforêt, parexemple) peut être d’accès libre ounon. Le mode d’accès aux ressourcesqui s’y trouvent et les rapports quis’établissent entre les personnes quiles gèrent sont assez complexes.Dans ce sens, Le Roy et al. (1996)évoquent la théorie des régulationsdes rapports de l’homme à la terre etaux ressources renouvelables. Uneanalogie peut être établie entre cettethéorie et les différents régimes d’ap-propriation des ressources, tels quedéfinis par Tsague (1995) : régime« collectif villageois », régime « aléa-toire » et régime « héritage ».

Quel que soit le système de pro-duction qui existe dans la régiond’étude, le type de maîtrise exercé surla ressource (ici les Pfnl) varie suivantplusieurs critères. Parmi ceux-ci, lavaleur commerciale et l’usage du Pfnl,son emplacement dans l’écosystème,l’individu ou le groupe qui l’a plantéou découvert en forêt sont les plusimportants (Karsenty et al., 1997).

L’accès libre ou régime « collectif villageois »

Dans les systèmes où les objets(foncier et arbre) de maîtrise sontindifférenciés, les droits d’accès etd’exploitation des ressources sontlibres. Toute la communauté est auto-risée à récolter, ramasser et chasserles Pfnl sans contrôle. Cette situationse retrouve de fait dans les paysd’Afrique centrale, où l’État est pro-priétaire de toutes les forêts. Cetteappropriation n’est pas nécessaire-ment reconnue par les populations.

En Afrique centrale, les droitsd’usage sont autorisés aux popula-tions riveraines du domaine forestierde l’État à travers les lois forestièresdes différents pays. En général, l’ac-cès et les droits d’usage ne s’exer-cent en priorité que dans les forêtsnon permanentes. Bien que, selonles lois des différents pays, l’accès àla ressource et la récolte des Pfnl(droits d’usage) dans les forêts soientsoumis à condition, aucun État nedispose véritablement des moyensd’en assurer le contrôle. De fait, ils’agit d’une situation d’accès libre etil n’existe aucune incitation à unegestion durable particulière aux res-sources de régime collectif. Le pro-duit appartient à celui « qui se lèvetôt ». Cela est vérifié à Kougoulou, vil-lage situé à 58 km de Libreville, sur la

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Gnetum spp. en transit au port d’Idenau (Limbé, Cameroun) pour le Nigeria. Photo A. Awono, Cifor.

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route d’Oyem, où cohabitent princi-palement deux tribus, les Pounou etles Fang. Selon nos enquêtes, ceuxqui ramassent le plus de fruitsd’Irvingia sont les Fang. Ils utilisentles lampes-tempête avant le lever dujour pour être toujours les premiersau pied des Irvingia. La liberté d’ac-cès à ces forêts et leurs ressourcesexpose celles-ci aux destructionsmassives, dont l’ampleur est fonc-tion des ressources et des pays etconcerne notamment les bambous,les rotins, les lianes de Gnetum, lesplants de Garcinia spp.

En ce qui concerne les forêtsclassées et les aires protégées, l’ac-cès est aussi théoriquement régle-menté. En dehors de la Centrafriquequi ouvre la quasi-totalité de ses dif-férentes forêts permanentes aux rive-rains (même pour l’abattage de cer-tains produits), les autres pays de larégion limitent sérieusement lesdroits d’usage. Ainsi, au Congo,l’abattage, les feux de brousse ettoute autre activité préjudiciable auxarbres et jeunes plantules d’espècesproductrices de bois d’œuvre sontproscrits. Seuls les récoltes desfruits, des plantes alimentaires etmédicinales et le ramassage du boismort gisant au sol sont autorisés. AuCameroun, les droits d’usage sontinterdits, sauf dans les périmètres de

reboisement où ils sont réglementés.Comme pour les forêts non classées,la réalité sur le terrain est autre. Lestextes de loi qui réglementent l’accèsaux forêts et aux ressources sont dif-ficiles à appliquer et à faire respecter.Les États ne disposent pas desmoyens matériels, financiers ethumains pour contrôler l’ensemblede leurs systèmes d’aires protégées.En conséquence, les réserves sontconstamment envahies par les popu-lations qui n’hésitent pas à y installerdes cultures ou à y pratiquer le bra-connage.

Le régime « aléatoire »Dans les domaines forestiers

décrits ci-dessus, il arrive qu’un rive-rain découvre le premier un ou plu-sieurs arbres producteurs de Pfnl enâge de produire. Le plus souvent,lorsqu’il s’agit de fruits de Baillonellatoxisperma, Irvingia gabonensis…, illes marque et se les approprie avecsa famille. Les arbres ainsi marquéssont gérés soigneusement et lesalentours régulièrement nettoyés. Àl’approche des périodes de produc-tion, ils sont constamment visités parle propriétaire ou les autres membresde sa famille. Il s’agit là d’une maî-trise exclusive de la ressource quidevient un héritage. Un exemple cou-rant de ce régime est donné au

Gabon, en Guinée équatoriale et auCameroun par Baillonella toxisperma.Un individu peut s’approprier tempo-rairement certains arbres dans undomaine en forêt. Ceux-ci sont sapropriété pendant toute la périodeoù il exercera dans ce domaine. Lesarbres ainsi marqués sont gérésd’une manière durable comme dansle cas précédent. On parle alors de« maîtrise prioritaire ». Ils peuventêtre transmis par héritage de généra-tion en génération sous réserve qu’ilssoient toujours entretenus. Leurabandon pendant quelques annéessuccessives les reverse dans lerégime « collectif villageois ».

En général, en Afrique centrale,les Pfnl à maîtrise exclusive ou priori-taire peuvent se situer de quelqueskilomètres (1 à 2 km) à plusieursdizaines de kilomètres (50 km) du vil-lage. Parmi les ressources qui entrentdans ces maîtrises d’appropriationpour les forêts proches des villages,on peut citer Irvingia spp., Elaeis gui-nensis, Raphia spp., Coula edulis,Cola spp… (Ndjebet-Ntamag, 1997).Dans les forêts éloignées du village,c’est notamment Baillonella toxi-sperma qui peut être approprié jus-qu’à plusieurs dizaines de kilomètres,comme c’est par exemple le cas dansles forêts du Cameroun (Schnee-mann, 1994).

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Tableau V. Exemples de noms locaux de quelques chenilles consommées en Rca et leurs arbres hôtes.

Arbres hôtes ChenillesNom scientifique Nom issongo Nom scientifique Nom issongo

Entandrophragma cylindricum Mboyo Imbresia oyemensis Mboyo

Cola lateritia Mopoko Anaphe venata Mopoko

Entandrophragma angolense NKanga Pseudanthera sp. NKanga

Entandrophragma angolense NKanga Imbresia truncata Mbanga

Tetraptera tetraptera Kangayéyé Imbresia obscura Mokélia

Petersiantus macrocarpus Mossoba Imbresia epimethea Sounga

Ricinodendron heudelotii Mboboko Imbresia epimethea Sounga

Source : résultat d’enquête et documents non publiés de G. Ngasse.

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Les systèmes d’accès contrôléDans les systèmes agrofores-

tiers (cacaoyers, caféiers, palmeraieset jardins de case) et les champs deculture itinérants, les paysans préser-vent quelques pieds d’arbres utilespendant le défrichage de la forêt.Généralement, dès lors qu’une por-tion de la forêt est défrichée, elledevient d’emblée la propriété decelui qui l’a mise en valeur. Ainsi, enrègle générale, les champs perma-nents, itinérants ou les vieillesjachères ainsi que les ressources quis’y trouvent appartiennent en prin-cipe à celui qui les a défrichés pour lapremière fois. Le défricheur a ainsi undroit de maîtrise exclusive sur cesressources. Leur gestion est efficaceet « à coût de travail » marginal, dansla mesure où elle peut être concomi-tante avec celle des autres culturesprésentes. En outre, l’accès est aiséen raison de leur proximité au village.

Exploitation/sylviculturede bois d’œuvre et Pfnl

L’exploitation forestière a unimpact sur l’écosystème et les Pfnl enparticulier. En effet, l’implantationdes infrastructures préalables à l’ex-ploitation (route, campement, etc.),l’exploitation proprement dite (pros-pection, abattage, débardage, etc.)causent des dégâts sur la biodiversitémais le tribut payé par les Pfnl est leplus lourd. En outre, certains arbresexploités par les compagnies fores-tières pour le bois d’œuvre sont aussitrès importants pour les populationsrurales comme pourvoyeur de Pfnl :sur 23 essences forestières exportéespar le Cameroun, 61 % sont d’intérêtvital pour les communautés rurales(Ndoye, Chupezi Tieguhong, 2004).

Les méthodes sylvicoles utili-sant la régénération naturelle enAfrique centrale ont pour objectifd’enrichir la forêt dense en espècesde bois d’œuvre de grande valeurcommerciale en favorisant la régéné-ration naturelle (Catinot, 1993 ;Dupuy, 1998). Ces opérations sylvi-coles peuvent être regroupées endeux grandes catégories : le délia-

nage (préalable à l’exploitation) etl’éclaircie (qui suit l’exploitation).Parmi les lianes les plus sensibles audélianage se trouvent des espècesimportantes : Landolphia spp. (fruits),Strychnos spp. et Strophantus spp.(poisons de pêche et d’épreuve).

Les éclaircies systématiquessont à proscrire, car elles entraînentune destruction, sans discrimination,d’espèces qui sont potentiellementproductrices de Pfnl, ou de boisd’œuvre. Le gain potentiel de crois-sance sur les essences commercialesne peut justifier une telle interven-tion à l’aveuglette. En fait, elles n’ontété menées qu’à titre expérimental.

En ce qui concerne les éclairciessélectives peu intenses, celles-ci ontpour but d’améliorer la croissance dequelques individus sélectionnés surpied d’essences commercialisables. Ilest alors admissible que, dans uneforêt dévolue à la production perma-nente de bois d’œuvre, ces opérationspuissent se justifier malgré la destruc-tion potentielle de végétaux utilesqu’elles entraînent. Dans tous les cas,la dévitalisation doit se faire sur pieden prenant soin de ne pas utiliser desarboricides par mesure de précaution.

Les méthodes utilisant la régéné-ration artificielle sont, elles aussi, desti-nées à enrichir la forêt en essences devaleur pour le bois d’œuvre. L’enrichis-sement est obtenu au travers d’opéra-tions de plantation après ouvertureplus ou moins importante du couvert.Toutes les méthodes (grands layons,placeaux, etc.) qui préconisaient uneouverture partielle et ponctuelle ducouvert ont rarement fourni les résul-tats obtenus au sein de parcelles expé-rimentales En effet, elles nécessitent,après la mise en place des plants, denombreux entretiens pour éviter queceux-ci ne soient étouffés par la végéta-tion en place bénéficiant de l’ouverturedu couvert. Or ces entretiens n’ontjamais pu être correctement réalisés àgrande échelle par manque de moyenset de suivi dans le temps. Actuellement,ces méthodes ne sont que très ponc-tuellement mises en œuvre (avec desespèces de valeur locales) afin demaintenir la biodiversité des massifs

forestiers appauvris par les coupes suc-cessives d’essences commerciali-sables.

Les autres méthodes qui préco-nisent une destruction totale,manuelle ou mécanique, de la végéta-tion existante avant plantation enplein ont rencontré un certain succès(okoumé au Gabon, limba au Congo,diverses espèces en Côte d’Ivoire).Pour ces méthodes, il faut s’attendre àdes coûts élevés (préparation du ter-rain, entretiens répétés) par rapportaux budgets dégagés par les gouver-nements pour le développement dusecteur forestier. Il n’est pas besoind’insister sur l’aspect destructeur detelles méthodes, notamment pour lesPfnl. Ces plantations en plein ne peu-vent se justifier que dans des écosys-tèmes fortement dégradés, pour les-quels il est impossible d’envisagerune reconstitution naturelle.

Il ressort de ce qui précède quel’exploitation industrielle de boisd’œuvre et les traitements sylvicolesdes forêts d’Afrique centrale n’ontpas pris en compte les Pfnl. Les réper-cussions écologiques des modifica-tions ainsi induites dans l’écosys-tème sont imprévisibles et peuventconcerner, entre autres, la réductionquantitative et qualitative des ani-maux pollinisateurs ou dissémina-teurs des semences (Laird, 1995).

Perspectives de gestion dubois d’œuvre et des Pfnl

Quelle gestion pour les Pfnl dansles aménagements futurs à réaliser enAfrique centrale ? À partir du principe,ici défendu, qui consiste à inclure lagestion et la production des Pfnl parmiles objectifs d’aménagement (y com-pris dans les forêts à vocation de boisd’œuvre), deux options s’offrent àl’aménagiste pour une gestiondurable : une option protectionnisteou une option interventionniste. Lechoix entre les deux doit se faire enfonction des objectifs assignés à laforêt (production de bois d’œuvre, aireprotégée, etc.) et de sa localisationspatiale (proximité ou éloignementdes zones de concentration humaine).

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Gestion protectionniste Le but principal est de préserver,

au mieux, les espèces productricesde Pfnl dans le cadre d’un aménage-ment où ils ne sont pas prioritaires. Ils’agira de mesures conservatoires oude protections spécifiques décidéespour la forêt à aménager et intégréesau cahier des charges du plan d’amé-nagement. Ces mesures s’ajoutentaux prescriptions visant à réduire aumaximum les dégâts occasionnés àl’écosystème (optimisation desréseaux de desserte, techniques d’ex-ploitation à impact réduit, gestiondes feux, etc.). Les Pfnl concernés parces mesures sont ceux qui subissentdirectement l’impact de l’exploitation(espèces à usages multiples).

Dans les zones d’appropriationdes villages, des règles spécialesdevraient être respectées (interdic-tion d’exploiter les moabis, dédom-magement pour la destructiond’arbres fruitiers, de palmiers, etc.).Dans ces zones où deux perceptionsde la forêt s’opposent (celle des villa-geois et celle de l’exploitant), il estessentiel de mettre en œuvre desprocédures de négociation/concerta-tion impliquant tous les acteurs et deréduire ainsi les conflits.

Dans les zones éloignées desvillages, il serait illusoire d’empêcherla coupe d’essences à usages mul-tiples, mais un nombre minimal desemenciers est à préserver en res-pectant la directive générale ducahier des charges qui s’appliqueaussi à l’ensemble des essencescommerciales. À titre d’exemple :dans les plans d’aménagement pro-posés par le projet Api Dimako auCameroun, l’abattage des moabis(Baillonella toxisperma) est interdit.Ces mesures peuvent aussi être por-tées à un échelon plus élevé (zoneécologique, pays). Ainsi, en Guinéeéquatoriale, le décret d’applicationde la nouvelle loi forestière énumèreun certain nombre d’espèces produc-trices de Pfnl (Trichoscypha spp.,Dacryodes macrophylla, Irvingiaspp., Coula edulis, Baillonella toxi-sperma, Cola spp., etc.) dont l’abat-tage est, a priori, strictement interdit.

Ce sont, selon les termes de cedécret, les espèces dont l’importancealimentaire a été prouvée pour lespopulations rurales.

La gestion protectionniste esten quelque sorte un système de pré-cautions de base pour atteindre uneréelle gestion durable de l’écosys-tème forestier ; elle s’avère indispen-sable, surtout dans le cas d’uneexploitation de la ressource en boisd’œuvre correctement conduite.

Gestion interventionnisteIl s’agit de chercher à améliorer

la ressource en Pfnl et de l’exploiter defaçon rationnelle, en tant qu’objectifprioritaire ou secondaire de l’aména-gement. Cette gestion devrait se prati-quer dans les forêts communautairesou aux abords des villages dans cer-taines grandes concessions ou airesprotégées. Facultative, elle viendraiten complément des précédentes pres-criptions de gestion protectionniste etne serait pas du ressort de l’exploitantforestier mais plutôt de celui des com-munautés villageoises intéressées.

Cette gestion pourra se traduirepar des actions de type sylvicole auprofit de végétaux préexistants pro-ducteurs de Pfnl (délianage, entre-

tien spécifique dans les jachères,nettoyage au pied, etc.) et aussi parun enrichissement progressif de laforêt aux alentours des villages pou-vant, à terme, donner lieu à de véri-tables agroforêts villageoises. Cetenrichissement peut se faire à partirde techniques traditionnelles demultiplication in situ ou d’introduc-tion de sauvageons ou de matérielvégétal amélioré (photo p. 37).

Recommandationstechniques

L’exploitation forestière doitêtre précédée d’un inventaire dont lebut est de localiser et quantifier laressource exploitable et de permettrela prévision du réseau de débardageet débusquage de bois d’œuvre. Unetelle planification permet de réduireau maximum les dégâts directs cau-sés par l’exploitation (dégâts d’abat-tage, de débusquage, de débardage).Bien qu’il semble peu réaliste de nosjours d’envisager une prise encompte systématique de tous les Pfnllors des inventaires d’aménagement,il est important de les prendre encompte lors de ces derniers (inven-taire multiressource).

Champ de Gnetum spp., à partir de sauvageons. Photo A. Awono, Cifor.

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Pour les opérations postexploi-tation, l’aménagiste dispose de plu-sieurs options dont certaines peu-vent être :▪ Laisser faire la nature après uneexploitation forestière sélective etlégère. Aucune action sylvicole n’estalors prévue, après le passage encoupe.▪ Envisager des traitements sylvi-coles après une exploitation sélec-tive de bois par dévitalisation surpied d’arbres finement identifiés.L’éventualité et l’intensité de ceséclaircies doivent être écologique-ment et économiquement justifiées,en évitant de détruire les espèces depremière importance (Irvingia gabo-nensis, Trichoscypha spp., Garniciaspp., Myrianthus arboreus, Coulaedulis, etc.).▪ Effectuer les travaux d’enrichisse-ment après l’exploitation forestière. Ilpeut s’avérer que la surexploitationforestière ait laissé une forêt appau-vrie tant pour les Pfnl que pour lesespèces de bois d’œuvre. L’aména-giste pourrait alors décider d’enrichirle massif en espèces productrices debois d’œuvre et de Pfnl judicieuse-ment choisies en fonction de leurvaleur socio-économique et de leursaptitudes à la régénération.

Conclusion

La richesse des forêts d’Afriquecentrale est constituée non seule-ment par le bois d’œuvre mais aussipar les produits forestiers nonligneux (Pfnl) utiles aux populationsrurales. Celles-ci exploitent les Pfnlselon différentes modalités dontl’impact sur la ressource dépend dela nature de l’organe prélevé et dutype d’exploitation. Ainsi, la récoltedes produits destinés à la consom-mation du ménage est moins des-tructrice que leur exploitation com-merciale. La valorisation des produitsest souvent une activité exclusive-ment feminine. Cependant, avec lacrise économique et la réduction deseffectifs dans certaines entreprises,les hommes ont été contraints derejoindre les femmes, notamment auCameroun, pour ce qui est des filièresdes principaux produits de grandevaleur marchande.

Les populations riveraines ontune parfaite connaissance de leurmilieu et des Pfnl qui les environ-nent, ce qui leur permet d’identifieret de localiser, dans les différentesniches écologiques, les Pfnl qui lesintéressent. Elles connaissent aussiparfaitement les différents usagesdes plantes alimentaires et médici-nales. Tout ce savoir-faire constitueun préalable indispensable pour unebonne gestion des ressources de leurenvironnement.

Les populations exercent sou-vent leurs droits d’usage, assujettis àcertaines conditions, dans des forêtsrelevant du domaine privé des États.Les Pfnl des zones en libre accès sontdu ressort de la collectivité villa-geoise et sont, par conséquent,beaucoup plus vulnérables que ceuxoù l’accès est contrôlé, telles lescacaoyères privées.

Un aménagement durable doit,en principe, prendre en comptetoutes les fonctions et toutes les res-sources de la forêt, ce qui impose deconsidérer la notion d’aménagementdurable autrement que pour la seulevalorisation des espèces de bois

d’œuvre et de faire en sorte quetoutes les parties impliquées pren-nent conscience de l’importance etde la fragilité des ressources fores-tières ligneuses ou non ligneuses. Àce jour, la majorité de ces ressourcesglobales sont exploitées par despopulations riveraines et par desentreprises locales et étrangèrespour un profit immédiat, sans soucid’en assurer la pérennité. Le défi queles aménagistes ont à relever estdonc de gérer durablement, dans unmême massif forestier, aussi bien lebois d’œuvre que les produits nonligneux. Tout dépendra des objectifs,principal et secondaire, assignés aumassif, pour opter soit pour une ges-tion protectionniste, soit pour unegestion interventionniste.

RemerciementsNous tenons à remercier la Coopé-ration française, le Cirad, le Cifor etCarpe, qui ont assuré le finance-ment de cette étude à travers le pro-jet Forafri. Nous remercions égale-ment le département des forêts duCirad pour avoir révisé le document18 de la série Forafri, rédigé parl’auteur principal du présent articleet qui a largement inspiré ce textedont la première mouture a été pré-sentée à Montpellier en juin 2004, àl’occasion d’une conférence organi-sée par l’Iufro.

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