tyron- le livre des morts

16
LE LIVRE DES MORTS TOUTES LES GRANDES RELIGIONS CROIENT EN LA SURVIE DE L’ÂME Notre science la plus progressiste commence à peine à admettre que tout ne finit peut-être pas, pour l’être humain, avec la mort physiologique. Les travaux de Raymond Moody et d’Elizabeth Kübler-Ross et de quelques autres ouvrent enfin d’étranges horizons sur l’au-delà et l’étrange voyage qu’entreprend peut- être l’âme après avoir quitté le corps. Ces recherches amènent plus d’un spécialiste à prendre sérieusement en considération les Livres des morts, ces textes sacrés des plus anciennes traditions religieuses de l’humanité dans lesquels les caractéristiques de l’après-vie, l’itinéraire initiatique du défunt, les dangers et les récompenses de l’autre monde sont rigoureusement passés en revue. Et la rencontre entre science et religions a bien souvent de quoi troubler le plus sceptique des observateurs. Tous les grands systèmes de croyance affirment l’existence d’une vie au-delà de la tombe. Cela pourrait ne paraître qu’une volonté collective propre à l’homme de tout temps et de tout pays de se survivre. Comment admettre en effet qu’avec toute notre intelligence,

Upload: tyron

Post on 21-Jun-2015

2.994 views

Category:

Documents


5 download

TRANSCRIPT

Page 1: Tyron- Le Livre des morts

LE LIVRE DES MORTS

TOUTES LES GRANDES RELIGIONS CROIENT EN LA SURVIE DE L’ÂME

Notre science la plus progressiste commence à peine à admettre que tout ne finit peut-être pas, pour l’être humain, avec la mort physiologique. Les travaux de Raymond Moody et

d’Elizabeth Kübler-Ross et de quelques autres ouvrent enfin d’étranges horizons sur l’au-delà et l’étrange voyage qu’entreprend peut-être l’âme après avoir quitté le corps.

Ces recherches amènent plus d’un spécialiste à prendre sérieusement en considération les Livres des morts, ces textes sacrés des plus anciennes traditions religieuses de l’humanité

dans lesquels les caractéristiques de l’après-vie, l’itinéraire initiatique du défunt, les dangers et les récompenses de l’autre monde sont rigoureusement passés en revue. Et la rencontre

entre science et religions a bien souvent de quoi troubler le plus sceptique des observateurs. Tous les grands systèmes de croyance affirment l’existence d’une vie au-delà de la tombe.

Cela pourrait ne paraître qu’une volonté collective propre à l’homme de tout temps et de tout pays de se survivre. Comment admettre en effet qu’avec toute notre intelligence, l’importance

de nos réalisations ici-bas, la prééminence de l’esprit sur la matière qui nous caractérise, l’espèce humaine ne soit réduite à quelques décennies de présence sur la terre ? Ne sommes-

nous pas faits pour dépasser notre simple condition physique ? Il existe en nous quelque chose nous survit obligatoirement. Démarche à la fois logique et, pourrions-nous dire, presque légitime de sociétés d’êtres vivants qui ont conscience d’elles-mêmes et ont par voie de

conséquence élaboré des systèmes religieux donnant pour certitude qu’il existe une autre vie dans l’au-delà.

*

Page 2: Tyron- Le Livre des morts

Lorsqu’on étudie ces croyances chez les peuples les plus différents et les plus éloignés de la planète, il est un fait qui ne peut manquer de retenir l’attention. C’est leur similitude. Que ce

soit dans l’Amérique précolombienne, en Egypte ancienne, en Asie centrale ou chez les autochtones peu connus d’Australie, les voyages de l’âme après la mort physique se

ressemblent étrangement. Il faut admettre deux raisons à ce phénomène. Ou bien ces sociétés ont eu, bien avant l’ère historique de nos manuels de classe, de mystérieux contacts entre-elles, ou bien toutes, grâce à des moyens d’investigation complètement étrangers à notre

savoir actuel, ont fait une expérience assez identique de la vie après le trépas. Il est possible d’envisager raisonnablement une source commune à toutes les traditions de l’humanité. Les

spécialistes de l’histoire mystérieuse s’accordent au moins sur un point. Nous aurions été civilisés par des êtres venus d’ailleurs qui sont devenus les dieux et les héros de nos légendes. Entre autres connaissances, ils auraient légué à nos lointains ancêtres ce qu’ils savaient eux-mêmes sur le mystère de la survie des âmes. Il est tout aussi logique de penser que l’homme préhistorique disposait de facultés paranormales aujourd’hui disparues. Ces pouvoirs perdus auraient permis à certains, à l’origine de la civilisation humaine, d’explorer l’après-vie. Cette dernière étant évidemment la même pour n’importe quel habitant humain de la planète, nous

aboutirons à des Livres des morts plus ou moins semblables sur toute la terre.

Kali, déesse noire de l’enfer et de la mort.

LA REALITE DU PHENOMENE

Quelle que soit la théorie que l’on choisisse- nous insistons encore sur le fait que l’une et l’autre se défendent à titre égal-, c’est cette identité traditionnelle qui demeure fondamentale.

Page 3: Tyron- Le Livre des morts

Elle prêche en faveur d’une part de la réalité du phénomène de suivie pour l’âme, d’autre part en faveur de l’intérêt des éléments contenus dans ces traditions pour mieux connaître l’étrange

voyage qu’entreprend une certaine partie mystérieuse de nous-mêmes une fois que nos structures physiologiques ont rejoint l’immense creuset de la matière inerte. Il est difficile

d’étudier dans leur ensemble toutes ces données religieuses. D’abord, on doit se rendre à une évidence. L’homme s’est toujours prodigieusement intéressé à une éventuelle vie au-delà de

ce monde. Malgré cela, les chercheurs n’ont jamais véritablement tenté une approche générale des traditions en question. Ils se sont contentés de recherches ponctuelles. Malheureusement, nul n’a entrepris, comme le suggère pourtant E. Kübler-Ross, un travail de synthèse. Or c’est à partir d’une telle démarche que l’on pourrait justement établir un « guide type » de l’au-delà

et le confronter avec les travaux de la science d’aujourd’hui sur les expériences de survie.

Caotlicus, déesse mexicaine de la terre, de la vie et de la mort.

TRADITIONS ORALES ET TEXTES ECRITS

Il existe un handicap à cette synthèse universelle. Beaucoup de traditions ne sont pas écrites, ou bien elles ont été consignées avec de si nombreuses variantes qu’on est obligé d’opérer des choix évidemment arbitraires. Pourquoi privilégier une croyance plutôt qu’une autre ? Quelle

est la vraie ? Laquelle s’est altérée à travers les siècles et les hommes qui se la sont transmise ? Il faut bien admettre que tout le problème de la connaissance est là. La vie après la

mort n’est pas le seul domaine où règne cette décevante incertitude. Le savoir humain accumulé par des milliers et des milliers de générations antérieures souffre des aléas de son

stockage au cours des siècles… Il existe cependant au moins deux textes sûrs qui traitent des péripéties de l’âme après sa séparation d’avec le corps : les Livres des morts égyptiens et

Page 4: Tyron- Le Livre des morts

tibétains. On peut parier sur leur fidélité. Le chercheur peut encore glaner, pour préciser les données fournies par les traditions précitées, dans les écrits religieux d’autres peuples. Il y trouve au moins des fragments concernant l’après-vie. Et dans la mesure où l’authenticité

historique de ces textes ne fait aucun doute, ces sources constituent d’inappréciables documents sur ce qu’était effectivement la connaissance de l’au-delà au moment très lointain

où ces ouvrages ont été rédigés.

Albert Slosman

Comme le fait remarquer Albert Slosman dans son excellente étude sur le Livre d’au-delà de la vie de l’ancienne vallée du Nil, les égyptologues sont loin d’être d’accord à propos de ce

texte. Quelle en est la provenance ? Pour certains, il est plus ancien que la civilisation égyptienne. Il est exact qu’il fait allusion à une terre engloutie dont serait originaire le dieu

Osiris. Elle est appelée dans le texte Ahâ-Men-Ptah. Par la suite, ajoute Slosman, ce continent serait devenu l’Atlantide dans les écrits de Platon. Il est évident que pareille thèse ne saurait satisfaire les historiens dits « officiels ». Ceux-ci pensent que le Livre des morts est une synthèse de croyances sur l’au-delà. Il serait, selon eux, une compilation de données en provenance des sources les plus diverses sur lesquelles se serait élaborée la civilisation de l’ancienne Egypte. Ainsi, on trouve un grand nombre de formules du Livre dans les célèbres textes des Pyramides qui sont considérés parmi les plus vieux témoignages graphiques de la

vallée du Nil. De même, on a découvert des passages entiers de l’itinéraire de l’âme dans l’au-delà sur des tablettes d’argile de Sumer et de Babylone datant d’une période à peu près

identique. Quelle que soit son origine, le Livre des morts, soigneusement calligraphié sur papyrus, était déposé, en tout ou en partie, auprès de la momie avant son inhumation. « Ces

dispositions, écrit André Nataf dans La réincarnation et ses mystères, étaient censées l’aider dans son voyage. Le défunt devait en effet traverser différentes contrées avant de vivre la

scène cruciale du Jugement, de la pesée des âmes, sous l’œil vigilant de Thot, le scribe des dieux, et d’Anubis à tête de chacal, protecteur des cimetières. D’après les Egyptiens, l’homme

Page 5: Tyron- Le Livre des morts

est né à l’est du Nil et s’en va vers l’ouest. Après sa disparition, précise le texte, le mort suit la courbe du soleil vers sa demeure nocturne. S’il surmonte la terrible épreuve à l’est, au point

ou tout commence. Il s’unira alors à la divinité et entrera dans sa lumière éternelle… »

Le Livre est un véritable précis de survie dans l’au-delà. Avant d’être admis au Jugement, le mort doit traverser une longue série d’épreuves dans laquelle la connaissance d’un certain nombre de formules magiques précises est indispensable. Les dangers qui menacent l’âme

sont symbolisés par des monstres de toute sorte. Ils surgissent de la mer du Néant sur laquelle vogue la barque qui emporte le défunt. Ce défunt doit les y rejeter l’un après l’autre, sans quoi

il n’accèdera jamais à l’univers de paix et de lumière. L’itinéraire est d’une très grande rigueur rituelle. Faillir à l’un ou l’autre des préceptes que le mort a emportés dans la tombe sur le rouleau de papyrus sacré, c’est jouer l’immortalité de son Ka, ou double psychique.

Dans ces premiers chapitres, ce dernier doit prendre conscience, comme il accède à l’au-delà, des précautions qui ont été prises pour lui. Il les passe en revue l’une après l’autre :

embaumement, bandelettes, offrandes disposées au côté de son corps trépassé, affection de ses proches… Il doit tout savoir des cérémonies de son inhumation car il lui faudra opposer tous ces rites aux questions que lui poseront d’abord les monstres de la mer du Néant puis le dieu Thot en personne. Viennent ensuite les conseils pour chasser « les ordures du cœur » que le

défunt a accumulées durant son existence terrestre. Avec elles, on n’entre pas dans le royaume d’Osiris. On ne retrouve pas la perfection des origines. « Il faut avoir une conscience juste et

incorruptible, afin de posséder les pouvoirs (…) permettant d’échapper aux entités démoniaques qui tenteront d’arracher au défunt « le cœur du fond des entrailles », comme le dit le Livre. » (Nataf). Ce n’est ni plus ni moins, rapporté de manière symbolique et dans le langage que pouvait comprendre un habitant de l’ancienne vallée du Nil, que l’examen de conscience des défunts qui ont été interrogés par Raymond Moody ou Elizabeth Kübler-Ross après un miraculeux retour de la mort. Suivent des chapitres où le mort égyptien se sépare de ses membres physiques et de la terre en général en assimilant les membres en

question à des entités créatrices. Ces passages sont plus difficiles à comprendre et à interpréter pour notre mentalité moderne. On peut dire que le mort se transfigure en faisant intervenir les

différents dieux. « Mon cou est celui de Thot, dit-il comme en une prière. Ma colonne vertébrale est celle de Seth, mon phallus celui d’Osiris… »

LA MER DU NEANT

Dans les termes du symbole, c’est pour les anciens Egyptiens l’unique moyen de devenir un être lumineux, capable de passer le sas de l’après-vie et d’affronter les périls de la mer du

Néant. Après ces formules, d’ailleurs, le trépassé traverse le tunnel qui aboutit à un univers inconnu de lumière blanche et azurée. Les témoignages de Moody comportent à peu près tous

cette étrange description. Moins précisément que le Livre des morts, il faut bien le reconnaître. Dans les témoignages modernes en question, le défunt est pris de mille et un doutes en traversant cet inquiétant boyau. Le Livre donnait à son semblable du pays des

Pyramides tous les moyens de lutter contre ces tentations désespérantes qui éloignent le Ka de la sortie vers la lumière. Sans analyser plus avant le texte (il en existe des traductions dont je donne la référence en bibliographie), on mesure aisément combien il est non seulement « une exploration du monde d’après la vie, mais aussi un véritable journal de bord pour le défunt ».

Page 6: Tyron- Le Livre des morts

Qui le pratique avec foi, assuraient les prêtres égyptiens, est certain de renaître à la lumière et à la vraie vie. Le Livre des morts est un gage d’éternité pour tout individu. Celui des

Tibétains est tout aussi précis et il a exactement le même but.

Anubis, le gardien à tête de chacal, prépare la momie.

La grande spécialiste de l’Asie traditionnelle, Alexandra David-Neel, le décrit comme le rituel à suivre dès que commence l’agonie. « Le mourant, dit-elle, est exactement informé de ce qui l’attend après la mort et peut ainsi échapper à la chaîne des réincarnations négatives

ou du moins renaître dans les meilleures conditions possibles… » Les Tibétains appellent leur livre de l’au-delà le Bardo Todol. Cela signifie, toujours d’après Mme David-Neel, « un

texte dont l’audition délivre du bardo et le bardo est cet état intermédiaire dans lequel demeure l’entité désincarnée, depuis le moment de la mort jusqu’à celui de la réincarnation ». On se demande, comme c’est le cas pour le Livre des morts de l’ancienne Egypte, quelle est

l’origine de cette œuvre étrange. Selon la tradition même du Tibet, les différentes versions (très proches d’ailleurs les unes des autres) du Bardo auraient été tirées d’un manuscrit sanscrit original très ancien. Aujourd’hui, ce manuscrit est perdu. S’il faut en croire les

Anciens, à l’instar du Livre égyptien, il viendrait d’un continent englouti. Ce dernier pourrait être la Lémurie, Mu, le Gondwana ou un quelconque Pacifide. Laissons historiens officiels et

marginaux polémiquer sur cette hypothèse qui vaut celle de l’Atlantide à propos du Livre égyptien. Ce qui nous intéresse ici plus particulièrement, c’est le contenu du Bardo Todol.

Encore une fois, nous faisons longuement référence à Alexandra David-Neel.

« … Peu importe, écrit-elle, par qui il a été conçu ; il est sans doute un produit de la pensée humaine poursuivant son inlassable désir de pérennité de l’individu… Le Bardo prétend

enseigner, à ceux qui n’ont pas atteint, le salut bouddhique au cours de leur vie terrestre, le moyen d’y parvenir après leur mort. Ce salut consiste à se libérer de la chaîne des morts et

des renaissances successives : la « ronde » en sanscrit, le samsâra. Cette libération se produit par l’accession à la connaissance, à l’illumination spirituelle qui dissipe le rêve, fertile en

souffrance, dans lequel nous vivons prisonniers de notre imagination… ».

*

LES REVENUS DE L’AU-DELA

Page 7: Tyron- Le Livre des morts

Les recherches médicales actuelles sur l’après-vie sont fondées sur les témoignages de personnes qui ont dépassé le seuil physiologique connu de la mort et en sont plus ou moins miraculeusement revenues. Dans le Bardo Todol du Tibet, on trouve une étrange allusion à semblables sujets dans le passage qui concerne les deslog, littéralement « revenus de l’au-delà ». Ce sont des morts qui ne le sont pas tout à fait, si l’on peut dire. Ils ont toutes les

apparences du cadavre, à cela près qu’ils ne se putréfient point ou fort peu. Leur état est une forme de léthargie curieuse qui s’explique par certaines pratiques rituelles. En fait, ils ont, par

la méditation et l’ascèse, trouvé le chemin de l’au-delà sans véritablement mourir. Il arrive d’ailleurs que cela puisse se produire de manière absolument inattendue et involontaire. Ces

« deslog » expérimentent le voyage par le Bardo. Ils vivent les terribles péripéties de l’âme et ne sont pas plus certains d’en revenir qu’elle de surmonter les dangers et de trouver la lumière

promise au juste. On peut s’interroger sur cet extraordinaire phénomène. Certains l’ont rapproché de celui qui atteint les cadavres de personnes saintes dont on attend en vain pendant des siècles la putréfaction et qui demeurent toujours sains. Alexandra David-Neel pense qu’il y a là une véritable porte vers une dimension inconnue qui n’est pas tout à fait la mort et qui, bien sûr, n’a strictement plus rien à voir avec la vie que nous vivons sur terre. Faute d’avoir été étudié de près, le mystère est entier et bien des scientifiques refusent encore de l’accepter

en tant que fait, arguant une fois encore les méfaits du mythe, de la légende ou la pure et simple supercherie. La preuve est cependant faite (David-Neel, le père Huc et bien d’autres)

que les « deslogs » existent. Nos léthargiques occidentaux et nos saints dont le cadavre se conserve pendant des siècles ne sont pas non plus des mythes ou des opérations publicitaires malsaines montées de toutes pièces. Peut-être nos cimetières comptent-ils plus d’un de ces

étranges personnages aux frontières du vivant et du néant. Et quand ils s’éveillent ou simplement se retournent dans leur tombe, on les prend évidemment pour des revenants ou

des vampires !

Alexandra-David-Neel

LIVRES DES MORTS ET CONTINENTS PERDUS

Page 8: Tyron- Le Livre des morts

Tibétains ou égyptiens, maya ou hindou, la plupart des Livres des morts font allusion à un savoir très ancien, issu de terres que les historiens considèrent comme légendaires. L’Egypte se réfère à l’Atlantide dont Osiris, son dieu principal, serait venu à l’orée de la civilisation dans la vallée du Nil. Le Bardo Todol des Tibétains parle d’un document englouti dans le Pacifique ou dans l’océan Indien. C’est là qu’on aurait appris, grâce à une science perdue,

comment cela se passe dans l’au-delà et surtout comment il faut agir, après la mort, pour ne pas perdre les bénéfices de l’après-vie. Des chercheurs comme A. David-Neel pour le Tibet

ou Albert Slosman pour l’ancienne Egypte pensent qu’il s’agit de mythes mais ajoutent toujours, dans leurs commentaires, qu’aucun mythe n’est absolument dénué de rapport avec la

réalité historique très ancienne. C’est une évidence quand on pense par exemple à la découverte de Troie par Schliemann sur la simple foi d’une légende à laquelle les tenants de la science officielle se refusaient absolument de faire si peu que ce soit confiance ! Chez les Mayas, il existe des traditions que l’on peut, comme en Egypte, rattacher à une très vieille

histoire de continent perdu, en l’occurrence l’Atlantide. Pour ce peuple mystérieux du Mexique précolombien, la connaissance de l’itinéraire à suivre dans l’après-vie viendrait aussi de cette terre énigmatique. Le colonel Churchward, qui a révélé au monde un autre continent

englouti, Mu, rappelle dans ses livres que les plus vieilles notions religieuses de l’Inde proviennent elles aussi d’une civilisation disparue. Il n’hésite pas à écrire, sur la foi selon lui de ces étranges tablettes Naacal qu’il a découverte dans la bibliothèque secrète d’un temple

hindou et qui contiennent toute l’histoire de Mu, que les habitants de cette terre oubliée avaient d’étonnantes notions de la mort et de la survie.

Ils contrôlaient, semble-t-il, l’une et l’autre, disposant à leur gré de l’immortalité et de certaines formes de réincarnation des âmes dont même les religions les plus évoluées n’ont

conservé qu’une très vague idée. On a accusé Churchward de mythomanie mystique. De fait, le vieux chercheur n’a pas toujours apporté la preuve bien tangible de ce qu’il avançait et tout particulièrement dans les domaines dont nous venons de parler. Mais Slosman et David-Neel, quant à eux, citent des textes et font toujours référence à des données épigraphiques précises

autant que contrôlables. Il y a donc une présomption à ne pas négliger que ces croyances nous viennent de plus loin que notre Antiquité historique connue. Pourquoi ne pas admettre que des

continents aux civilisations différentes de la nôtre aient exploré les dimensions symboliquement cartographiées par les divers Livres des morts de l’humanité ? C’est une

hypothèse comme une autre et elle a ses défenseurs parmi les gens de science les plus sérieux. Ajoutons qu’un Edgar Cayce, dont les facultés de voyance ne sont plus à démontrer, l’a vu

dans l’une ou l’autre de ces lectures. Il raconte par exemple comment les Atlantes « programmaient » littéralement leurs métempsychoses et comment les Lémuriens encoururent de très graves menaces occultes en voulant utiliser des connaissances de ce genre

à des fins sacrilèges. On a aussi avancé une autre théorie à ce propos. Les Atlantes et les habitants de Mu avaient découvert le voyage dans le temps et l’accès à certaines dimensions autres que les nôtres. La mort bien conduite pourrait ouvrir la porte de telles dimensions tout

aussi bien qu’elle pourrait conduire à l’anéantissement définitif de l’individu ou à un sort encore moins enviable. Les paradis, les enfers, les séjours des morts et autres « voyages »

décrits par les Livres sacrés seraient les derniers vestiges de ces formidables notions acquises par notre science tout autre que la nôtre mais non moins efficace. Pourquoi pas ?

Page 9: Tyron- Le Livre des morts

*

LE LONG ET PERILLEUX VOYAGE DE L’ÂME

Là aussi, c’est un voyage long et périlleux qui commence avec la mort de l’être physiologique. L’homme ou plutôt son âme, son double psychique, l’effectue dans l’intervalle qui s’écoule jusqu’à sa nouvelle réincarnation dans l’une ou l’autre des six catégories d’êtres à laquelle ce voyage le fera aboutir. Il faut donc prendre le bon chemin pour accéder non à la nuit, mais à la lumière divine. Le « guide » est symbolique au Tibet comme en Egypte. Les

régions que le défunt aura à traverser sont là, décrites d’après les paysages familiers aux autochtones. Hautes montagnes, tempêtes de vent et de neige, chemins escarpés, précipices, déserts arides et, comme les brigands de ces lieux de désolation, des démons toujours prêts à

assaillir la pauvre âme. Elle a cependant de quoi se défendre. L’affection de ses parents et proches en tout premier lieu. Ils ont fait durer le plus possible les funérailles pour « armer »

littéralement le mort de rites et de formules afin qu’il lutte avec efficacité contre les périls du chemin de l’après-vie. On l’a nanti d’un viatique, au physique comme au spirituel. Les

Egyptiens enterraient des victuailles et des serviteurs avec leurs morts. Les Tibétains leur servent de copieux repas et versent autour d’eux des libations rassurantes. Souvent, d’ailleurs, le cadavre, dûment ficelé à un siège d’honneur, participe aux fêtes de funérailles comme les

autres convives. Le corps ne se putréfie que très lentement car on l’a fait bouillir dans du beurre rance, procédé peut-être peu ragoûtant mais singulièrement efficace pour conserver les chairs. Tout cela s’accompagne évidemment d’un rituel d’une extrême précision. Il s’agit de

le respecter dans ses moindres détails, la traversée du mort dans le Néant en dépend. Il ne s’agit pas de le fourvoyer dans de mauvais chemins ou de l’empêcher de se défendre contre

les démons tentateurs dont nous parlions plus haut. Comme le mort égyptien, comme les témoins de Raymond Moody ou d’Elizabeth Kübler-Ross, les voyageurs du Bardo doivent

atteindre le fameux tunnel des ténèbres qui débouche sur la lumière éternelle.

Au Tibet, ce mystérieux tunnel prend la forme d’un étrange serpent cosmique (Ouroboros, peut-être) dans lequel l’âme pénètre par la queue. Elle évolue ensuite dans les entrailles du

reptile. Elle y souffre de la faim, de l’angoisse et de tentations encore plus terribles que celles rencontrées lors de la première partie du voyage. Si elle a été convenablement sustentée et si

elle n’a pas oublié les formules requises, elle réussira à atteindre la gorge du serpent. Là s’ouvre la porte de lumière. Les dieux et les héros, d’autres âmes généreuses aussi parfois, l’y attendent. On la prendra par la main pour la conduire à une réincarnation digne d’elle. Etrange parallélisme entre les deux textes, l’égyptien et le tibétains ! On retrouverait ces données, dans

l’ensemble identiques, dans les recommandations pour les défunts des anciens Mayas aussi bien que dans les livres des morts des Toltèques ou dans les rituels australiens. Toujours

l’itinéraire difficultueux avec ses diables symboliques, les épreuves et le moyen de s’en tirer victorieusement, le tunnel de ténèbres, énigmatique et dangereux, la porte de lumière enfin

dont on aussi parlé les malades du XXe siècle qui sont revenus miraculeusement de l’au-delà. Nous disions cette identité curieuse. Elle est sans doute beaucoup plus que cela. Elle fait la

preuve que la mort est la même partout et que l’après-vie non seulement a toutes les chances de bel et bien exister, mais a déjà été explorée avec précision par nos plus lointains ancêtres.

Page 10: Tyron- Le Livre des morts

Les Livres des morts et en général toutes les grandes traditions de l’au-delà sur la planète sont certainement les plus prodigieux documents qu’ait pu conserver l’humanité. En effet, ils sont les témoins d’un savoir que toute notre science n’a jusqu’alors réussi qu’à ébaucher. Que

nous arrive-t-il après le trépas ? Certainement pas la pure et simple putréfaction des corps dont se satisfait la physique du positivisme occidental. Certainement pas l’accession un peu

simpliste dans le paradis des religions révélées. Ou pas seulement… Car les plus vieilles traditions des hommes parlent de cet itinéraire qu’ont entrevu aujourd’hui les rescapés de la mort. Un itinéraire qu’il faudrait explorer à nouveau puisque, en ce début du XXIe siècle, notre science triomphante nous en donne enfin les moyens. Un itinéraire qui nous mènera

certainement à une autre dimension, dans un autre univers où sans doute le passé, le présent et le futur n’ont plus aucun sens.

*

Pour en savoir plus

Une bibliographie exhaustive sur les Livres des morts de l’humanité tout entière exigerait plusieurs volumes. Elle devrait en effet comporter tous les travaux conduits sur les rites funéraires, les croyances à l’après-vie et à l’au-delà tels que les ont proposés les diverses religions ou cosmogonies. En ce qui concerne notre propos, nous nous contenterons de

quelques ouvrages fondamentaux au sujet de l’Egypte et du Tibet. Il faut absolument avoir lu :

Le livre de l’au-delà de la vie, Albert Slosman, éditions Baudoin, 1979.

Immortalité et réincarnation : mystique et magiciens du Tibet, Alexandra David-Neel, aux éditions Plon.

La réincarnation et ses mystères, André Nataf, éditions Tchou.

Le mystère de la vie et de la mort, Enel, éditions Maisonneuve et Larose.

L’Immortalité physique, Marcel Pouget, éditions Jean-Claude Lattès.

Tyron- La taverne de l’étrange- avril 2009