un seul héros, le peuple... mon père
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Exposition Art Contemporain.TRANSCRIPT
Un
Seul
Héros,
Le Peuple…
Mon Père
Un
Seul
Héros,
Le Peuple…
Mon Père
Exposition
Dessin / Photographie / Vidéo Mustapha SEDJAL
CCA, Paris du 24. 10 au 24. 11. 2012
Centre Culturel Algérien
171 rue de la Croix Nivert, 75015 Paris.
Métro : Boucicaut. Bus : N°39 Convention-Lecourbe. N°62 Félix Faure
Du lundi au samedi, de 9 h / 18 h
Sauf le dimanche et jours feriés.
Tel : 01 45 54 95 31 / www.cca-paris.com
Dans cette exposition, je convoque « l'Histoire » et je me questionne sur la notion de "la « Mémoire », 50 ans après notre Indépendance. A travers cette démarche Plastique /Esthétique, je propose un espace de dialogue, qui nous invite à des questionnements sur le rapport qu'on peut avoir avec notre Histoire et la Mémoire Individuelle qui accompagne notre Imaginaire.
Mustapha SEDJAL
UN SEUL HÉROS, LE PEUPLE MON PÈRE"
SAADI Farid, sociologue de l’art
Principale amorce doctrinale, péremptoire et cathartique de la
postindépendance, stigmate impropre au narcissisme, envolée lyrique de la
conscience collective, signe d'identification à la communauté des croyants au
"socialisme-spécifique", le slogan "UN SEUL HÉROS, LE PEUPLE" inscrit le jour de
l’indépendance sur ces réceptacles de l’allocentrisme que furent alors les murs
d’Alger La Blanche ou des banderoles de fortune, incarnait l'axiome de l'utopie en
marche, mobilisait l'imaginaire social, mettait l'agir de l’Homme nouveau en phase
avec la grandeur des humbles, satisfaisait les récalcitrants à la polysémie des
cultures régionales, à l’individualisme et, par là même, aux histoires de l’intime.
Lestant le citoyen lambda de son vécu et illustrant les vernissages permanents de
la compassion révolutionnaire, ce mot d’ordre phare de la décennie soixante
confortait les dictats de gardiens du temple rétifs à la transmission patrimoniale,
au pluralisme descriptif des valeurs singulières, à la nature multi-ethnique de la
société algérienne.
Si l’adhésion intégrale à laquelle ils appelleront les années durant désintoxiquait
les legs coloniaux, elle fournissait aussi un substitut à la doxa "l'art pour l'art",
professait des dispositions généralistes qui déplaçait la pratique picturale non plus
sur la personne de l’artiste mais le "Nous militant", la ramenant ainsi sur les rails
d'un engagement partisan pour ne pas lui consentir une "sphère intérieure" mais
seulement un contrat avec la Masse, laquelle signale justement un ensemble
anonyme de sujets, ce Grand public que représentaient la paysannerie et le monde
ouvrier ou prolétarien.
Partie intégrante de ce dernier, Abdessalam (le père), a été l’un de ses êtres
participatifs que son fils Mustapha SEDJAL remet en temporalité cinquante ans
après la Libération puisqu’en remplaçant "LE PEUPLE" par "MON PÈRE", sa pirouette
sémantique fait moins un impair qu’un "1-père". Ce sursaut patronymique par
lequel le géniteur devient l’autoréférence majeure de l’affirmation du Moi
esthétique n’est rien d’autre que le "re-père" généalogique, qu’une invitation à
l’autobiographie, qu’une traversée de l’impersonnel au bout de laquelle on entre
en relation dialectique avec le registre narratif de l’habitus, avec les battements
d’un cœur prononçant non plus le charisme cathartique de l’ "intellectuel collectif"
mais bien, et au centre même du séisme public, les fracas des sentiments privés,
voire privatifs, rien de moins en fait que la force vivifiante de la filiation et de ses
conduites qualifiantes, c’est-à-dire de l’idiosyncrasie.
Stipuler que son Père est un Héros pur, ce n’est pas remettre en selle une inflation
rhétorique servant à armer la guerre des esprits, à scander les rites bienfaiteurs de
la reconnaissance mutuelle ou encore à prophétiser les vertus iconoclastes de
stratégies négationnistes, c’est revenir à l’étant le plus sensible, choisir la visibilité
intrinsèque de son univers endocentrique contre l’invisibilité de la forme minimale
d’être, c’est aller de la mémoire en mémoires, infiltrer les failles du non-dit pour
en ressortir les images et voix d’outre-tombe, les référents symboliques balisant les
chemins du savoir où l'identité de chacun se compose dans le meilleur du vivre
ensemble.
SAADI Farid, sociologue de l’art Perpignan, le 13 mai 2012.
Les Six chefs historiques. Alger, le 24 octobre 1954.
Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad, Mohamed Boudiaf. Assis : Gauche, Krim Belkacem. Droite, Larbi Ben M’Hidi.
Les « Six Historiques »
Six hommes immortalisés dans une photographie monochromatique. L’avenir
de l’Algérie est en marche et son histoire, l’Histoire, s’accélère. Ces «six» sont
chargés de lancer la révolution, de la mettre entre les mains du peuple et les
générations futures.
Cette photo «souvenir» a été prise le 24 octobre 1954, soit 8 jours avant le
déclenchement de la guerre de libération, le 1er novembre 1954. Elle apparut pour
la première fois à la « une » du numéro de septembre 1958 d’El-Moudjahid.
Comme toute photo, ce cliché s’apprête à l’analyse, il se décortique et s’interroge.
Pourquoi ce souvenir ? Est-ce un moyen de propagande ou juste un moment de
l’histoire fixé pour la postérité ? Un serment scellé pour rappeler la cause et
rappeler ses protagonistes ? Que renvoient l’attitude des «six», leurs regards, leurs
pensées du moment, aux yeux de celui qui découvre cette photo ? Quel état
d’esprit les animait à cet instant précis ? Quel regard inspirent-ils aujourd’hui, 50
ans après l’indépendance et leur disparition ? Quel en fut l’impact à sa diffusion,
dans l’Algérie encore colonisée, en guerre contre l’armée française ? Et dans le
monde ? Peut-on parler de l’image et de son impact médiatique, de l’image comme
moyen de dénoncer, de raconter, d’expliquer et de témoigner de l’Histoire et des
histoires individuelles ? Et aussi pour dénoncer, démonter et déconstruire dans
d’autres situations. Ce cliché «souvenir» demeure emblématique de l’Algérie
postcoloniale.
Les “6” H, Photo N/B, 60 x 80 cm. 2012
Les «six» connurent des destins différents : Larbi Benmhidi, Didouche Mourad et Mostefa Ben Boulaïd
sont morts en martyrs ; Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf assassinés après l’indépendance, seul
Rabah Bitat est décédé naturellement.
Installation dessin. I / L’Union Sacrée
L’Union Sacrée
Dans cette installation, Mustapha SEDJAL, met en scène « la mise en scène »
qu’avaient choisie les « six » du CRUA (Comité Révolutionnaire pour l’Unité et
l’Action) pour éterniser le serment du 1er novembre avant le passage à l’acte : le
déclenchement du processus de libération de la patrie. Un moment de la mémoire
du large mouvement national qui aboutit à la guerre contre le colonialisme
français. À travers une photo, qui n’avait aucune signification particulière pour le
seul témoin qui l’eut immortalisé pour la postérité, dans son studio de l’avenue de
Marne, à Bab-el-Oued, la mémoire revient, plus de 50 ans après. Pas seulement.
Car, au sein de la révolution, tout n’était pas ou blanc ou noir … la technique de
l’artiste pour évoquer l’évènement est toute particulière : les portraits extraits de
la photographie éclatée ne sont que des silhouettes brodées en pointillés sur des
feuilles de papier. Une lumière diffuse de l’intérieur traverse ces points comme
pour nous rappeler qu’il y a quelque chose à voir, à méditer.
Dans son installation, l’artiste invite le visiteur à prendre place sur « le banc sur
lequel avaient pris place Krim Belkacem et Larbi Benmhidi dans le studio de Bab-el-
Oued» pour méditer l’histoire de la libération de la patrie. Dans cet espace, c’est
la mémoire qui est interpellée mais aussi le questionnement. Le banc sert de lieu
ou le dialogue public ou intime peut se créer. Un lien entre le passé (ou se jouait
l’avenir de la lutte d’indépendance) et le présent (ou se jouent les remises en
cause et la réflexion sur le devenir de l’Algérie). L’Histoire et les histoires sont
convoquées pour une confrontation, un dialogue.
Dessins / sur papier (sous verre 65 cm x 50 x 6 + tube de Néon) Haut : de gauche vers la droite Mohamed Boudiaf – Coordination Intérieur et extérieur (23.06.1919 / 29.06.1992 Mort assassiné). Didouche Mourad – Zone. II Le Constantinois (13.07.1927 / 18.01.1955 Mort en Martyr). Mostefa Ben Boulaïd – Zone. I Les Aurès (05.02.1917 /22.03.1956 Mort en Martyr). Rabah Bitat – Zone. IV L’Algérois (19.12.1925 / 10.04.2000 Mort naturelle). Bas : de gauche vers la droite Larbi Ben M’Hidi à droite. – Zone. V L’Oranie (1923 / …02.1957 Exécuté, Mort en martyr). Krim Belkacem à gauche. –Zone. III La Kabylie (15.12.1922 /18.10.1970 Mort assassiné). Un Banc (en blanc). Année 2012
Journal El-moudjahed / archive
"UN SEUL HÉROS, LE PEUPLE MON PÈRE" 1923 / 2005
Mon père (Tanger, Maroc 1958)
Si nous venons à mourir, défendez nos mémoires"
Didouche Mourad, Septembre 1954
Le rideau / Photographie du père derrière un rideau noir.
Vidéo. I / Echo…
La nuit et le jour
Alger, Septembre 2011. Extérieur terrasse / nuit…
Du haut d’une terrasse, comme un écho lointain, des images en noir et blanc
m’envahissent… entre imagination et fiction, la bataille d’Alger, m’entraine au loin
dans les méandres de la casbah. Nous sommes en 1957 / arrêt sur une séquence
clef du film de Gillo Pontecorvo d’après le récit de Yacef Saadi.
À la lueur d’un faisceau de rayons de torche, juillet à l’orée de la longue nuit
coloniale, une lumière. L’Algérie et son peuple entament la sortie du tunnel obscur
de la soumission et de l’oppression. Dans Alger, sur une terrasse, deux hommes
(Larbi Ben-M’Hidi et Ali Lapointe) se rencontrent et dialoguent du combat
révolutionnaire pour la libération de la patrie. Des positions et des principes sont
mis en évidence. On évoque la grève des « 8 jours » à partir du 28 Janvier 1957 et
l’ONU où « la Question Algérienne » va être débattue. Les mass-médias font leur
entrée dans la bataille. L’image et le son sont utilisés pour dénoncer les méfaits du
colonialisme et soutenir la lutte du peuple algérien. La guerre de libération s’étend
à la diplomatie et à l’information. L’opinion publique (algérienne, française et
mondiale) est prise à témoin.
Ce n’est franchement ni un théâtre bourgeois ni un théâtre d’ombres. Un entre-
deux réel où se « joue », dans la douleur et la souffrance, une course entre
l’incertain, l’hypothétique d’une guerre à armes inégales et l’aspiration profonde
d’un peuple en une justice historique : le recouvrement de son indépendance et la
prise en main de son destin. Et le meilleur moyen d’y parvenir dans l’action.
Une fois l’indépendance acquise, l’image se mue en un autre instrument pour
glorifier les uns (les vainqueurs à l’intérieur du mouvement national) et refouler les
autres (les vaincus, ceux qui ne disposaient pas des moyens pour faire valoir leurs
idées). La hiérarchie des priorités et l’état de l’esprit des Algériens, après 130 ans
de colonialisme, remisaient la démocratie aux calendes grecques. Depuis, les
images, la mémoire et l’Histoire sont brouillées
Vidéo. I / Echo… DVD, Durée: 2 MN 40 N/B Année 2012
« Un Seul Héros, le Peuple Mon Père »
Installation. III, (slogan) tube de Néon
Le slogan « un seul héros le peuple » (Alger, juillet 1962) est symbolique de
cet « état d’esprit ». L’artiste l’utilise pour illustrer l’unanimisme au nom duquel
l’individu s’efface dans la masse et la pensée unique se substitue au débat
démocratique.
C’est avec ce slogan que le système a confisqué l'indépendance et a justifié la
mise à l'écart des vrais « Héros » de la révolution algérienne.
Alger, 2 juillet 1962 : un seul héros, le peuple Photographe Marc Riboud
Vidéo. II /séquence. II
Une image peut en cacher une autre… sous un rythme long des images, une ombre et
un sac plastiques défilent, une main tente d’ouvrir un tiroir / la mémoire, pour remettre de
l’ordre dans une Histoire trouble…
Vidéo. II / séquence. II DVD / Durée : 3 mn Année 2012
Installation/ Présence – Absence. 2012
Triptyque photo, N/B / Moi, les « 6 » et le couffin. 50x70 cm la photo 2012
Mustapha SEDJAL Artiste Plasticien I Vidéaste Né à Oran en 1964, Algérie. Vit et travaille à Paris.
Diplômé de l'École des Beaux-arts d’Alger, de l'École Supérieure des Beaux-arts et de l'École
Supérieure des Arts Décoratifs, Paris.
Divers expositions artistiques et participations à des festivals d’Art Vidéo en France et à l’étranger.
Contact:
E-mail: [email protected]
http://sedjalmustapha.hautetfort.com
Si
Nous
Venons
A
mourir,
défendez
nos
mémoires Didouche Mourad,
Septembre 1954