un vaccin contre l’hypertension

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Page 1: Un vaccin contre l’hypertension

18 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407

Une nouvelle stratégie permettant de soi-gner l’hypertension (HTA) vient d’être propo-sée par une équipe de chercheurs suisses et allemands, par le biais d’un procédé utilisant une procédure vaccinale.Le traitement pharmacologique de l’HTA conjuguant par exemple les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensi-ne et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 a déjà prouvé son effica-cité. Néanmoins, on constate qu’un tiers seulement des patients hypertendus, aux États-Unis ou en Europe, bénéficient de ce traitement permettant de régulariser leur tension de manière adéquate. Dans la plupart des cas, une mauvaise obser-vance du traitement qui leur a été prescrit permet d’expliquer largement l’importance de la proportion de patients échappant au traitement et ne maîtrisant pas ou mal leur hypertension.C’est pourquoi de nouvelles stratégies thé-rapeutiques moins contraignantes sont recherchées, en particulier une immunisa-tion vis-à-vis de l’angiotensine 2, hormone très hypertensive par son action sur l’artère.

L’efficacité et l’absence d’effets secondaires d’une telle préparation vaccinale viennent d’être testées chez plus de 70 patients ayant une HTA modérée. Ce vaccin conjugué est composé d’une molécule d’angiotensine 2 liée à des particules virales recombinantes dérivées d’un phage à ARN, de façon à sus-citer contre elle une réaction anticorps.Ces patients ont donc reçu soit un pla-

cebo, soit la préparation vaccinale sous forme de 3 injections sous-cutanées, à T 0, 1 mois et 3 mois. La tension artérielle a été mesurée avant traitement et 3 mois et demi après. Les résultats montrent que certains effets secondaires ont été notés mais qui ne semblent pas en rapport avec l’injection vaccinale, sous forme de réac-

tions cutanées transitoires au site d’injec-tion. Quelques syndromes grippaux fuga-ces ont été notés chez 10 patients ayant reçu le vaccin. Globalement, l’efficacité du vaccin semble satisfaisante puisqu’on note une diminution significative des chiffres tensionnels des patients hypertendus, en particulier au début de la journée.La réponse induite par les anticorps est

réversible, avec une demi-vie de 4 mois après la troisième injection. Une meilleure efficacité vaccinale pourrait être obtenue en diminuant les intervalles entre chaque vaccination et en augmentant les quantités de principe actif de chaque injection.

Tissot A, Maurer P. Lancet 2008 ; 371 : 821-7

Un vaccin contre l’hypertension

Résoudra-t-on l’échec des traitements par mauvaise

observance ? Le problème restant à résoudre sera

l’intervalle des revacccinations.

Trois cent cinquante millions de sujets sont, dans le monde, porteurs chroniques du virus de l’hépatite B (VHB), et donc à risque de développer à moyen ou long terme une cirrhose puis un carcinome hépatocellulaire (CHC) dus à la réplica-tion virale. La prévention de l’infection à VHB est de ce fait un enjeu crucial de santé publique.La vaccination, qui a montré son efficacité dans cette prévention, se heurte à ce jour à une couverture vaccinale insuffisante mais également à un risque de mauvaise répon-se chez le sujet vacciné. Cette mauvaise réponse, définie par l’absence en période post-vaccination de la synthèse d’anticorps anti-HBs à des taux protecteurs (> 10 mUI/mL), est observée chez 5 à 10 % des sujets ayant correctement été vaccinés. Certains patients à risque de cette non-réponse sont connus, et notamment les immunodéprimés chez lesquels on recommande des doses vaccinales plus importantes, pour améliorer la qualité de la réponse immune.Un travail suédois a évalué cette stratégie de double dose chez des personnels de

santé non répondeurs et non immuno-déprimés, en utilisant de surcroît le vac-cin combiné Twinrix®, développé contre le VHB et le virus de l’hépatite A (VHA). Quarante-quatre non répondeurs ont été inclus et comparés à un groupe contrôle

de 20 sujets n’ayant jamais été vaccinés. Le protocole vaccinal était d’une injection intramusculaire de 2 ml de ce vaccin à J0, M1 et M6, les dosages d’anti-HBs étant réalisés avant la première injection, juste avant la deuxième injection et un mois après la troisième dose.Chez les non répondeurs, des taux pro-tecteurs en anticorps ont été démontrés

chez 26 sujets (59 %) après la première dose et surtout chez 42 (95 %) après la troisième dose. Dans le groupe contrôle, ces mêmes réponses sont observées chez respectivement 10 % et 100 % des sujets. Tous les patients ont développé des anti-corps contre le VHA. Les niveaux d’anti-corps sont néanmoins inférieurs dans le groupe des non répondeurs, qu’il s’agisse des anti-HBs ou des anti-VHA, suggérant, chez les sujets de ce groupe, un phéno-type immunologique global et non limité à la seule réponse anti-VHB.La bonne réponse anti-VHB chez ces sujets, observée après cette revaccina-tion boostée, est d’autant plus remarqua-ble. Ce protocole vaccinal de rattrapage pourrait donc être proposé chez ces sujets difficiles à immuniser, sans que l’étude ne permette de déterminer l’impact respectif de la double dose et de l’immunisation conjointe contre les 2 virus quant à son efficacité.

Cardell K, Akerlind B, Sällberg M, Frydén A. J

Infect Dis. 2008 ;198:1-6

Non répondeur au vaccin anti-VHB : essayer le vaccin combiné

Un protocole de

rattrapage à proposer

aux sujets difficiles à

immuniser