universitÉ de clermont auvergne facultÉ de mÉdecine …

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Année 2017 UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE THÈSE pour le DOCTORAT EN MÉDECINE GÉNÉRALE (Diplôme d'Etat) PAR EISMANN Julia, Jeanne, Inès, Née le 30 juillet 1988 à Clermont-Ferrand (63) ----------------------- Présentée et soutenue publiquement le vendredi 9 juin 2017 ----------------------- Étude sur la prévalence, facteurs de risque et facteurs protecteurs du burn-out chez les médecins généralistes libéraux en France (Étude BOUM : Burn-OUt chez les Médecins) ----------------------- Président : Monsieur LLORCA Pierre-Michel, Professeur, Faculté de Médecine de Clermont- Ferrand ----------------------- Membres du jury : Monsieur PEZET Denis, Professeur, Faculté de Clermont-Ferrand Monsieur VORILHON Philippe, Professeur, Faculté de Clermont-Ferrand Madame DUPONT Pascale, Docteur, Pont-du-Château, Faculté de Clermont-Ferrand Monsieur LE ROY Bertrand, Docteur, chef de clinique, Faculté de Clermont-Ferrand

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Année2017 N°

UNIVERSITÉDECLERMONTAUVERGNE

FACULTÉDEMÉDECINE

THÈSE

pourle

DOCTORATENMÉDECINEGÉNÉRALE(Diplômed'Etat)

PAR

EISMANNJulia,Jeanne,Inès,Néele30juillet1988àClermont-Ferrand(63)

-----------------------

Présentéeetsoutenuepubliquementlevendredi9juin2017

-----------------------Étudesurlaprévalence,facteursderisqueetfacteursprotecteursduburn-outchezles

médecinsgénéralisteslibérauxenFrance(ÉtudeBOUM:Burn-OUtchezlesMédecins)

-----------------------Président:MonsieurLLORCAPierre-Michel,Professeur,FacultédeMédecinedeClermont-

Ferrand

-----------------------

Membresdujury:MonsieurPEZETDenis,Professeur,FacultédeClermont-Ferrand

MonsieurVORILHONPhilippe,Professeur,FacultédeClermont-FerrandMadameDUPONTPascale,Docteur,Pont-du-Château,FacultédeClermont-FerrandMonsieurLEROYBertrand,Docteur,chefdeclinique,FacultédeClermont-Ferrand

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UNIVERSITE CLERMONT AUVERGNE___________________

PRESIDENTSHONORAIRES :JOYONLouisUNIVERSITED’AUVERGNE :DOLYMichel :TURPINDominique :VEYREAnnie :DULBECCOPhilippe :ESCHALIERAlainPRESIDENTSHONORAIRES :CABANESPierreUNIVERSITEBLAISEPASCAL :FONTAINEJacques :BOUTINChristian :MONTEILJean-Marc :ODOUARDAlbert :LAVIGNOTTENadine :BERNARDMathiasPRESIDENTDEL'UNIVERSITEPRESIDENTDUCONSEILACADEMIQUEPLENIER :BERNARDMathiasPRESIDENTDUCONSEILACADEMIQUERESTREINT :DEQUIEDTVianneyVICE-PRESIDENTDUCONSEILD'ADMINISTRATION :GUINALDOOlivierVICE-PRESIDENTDELACOMMISSIONDELARECHERCHE :HENRARDPierreVICEPRESIDENTEDELACOMMISSIONDELAFORMATIONETDELAVIEUNIVERSITAIRE :PEYRARDFrançoiseDIRECTRICEGENERALEDESSERVICES :ESQUIROLMyriam

²²²²²

FACULTEDEMEDECINE

DOYENHONORAIRE :DETEIXPatriceDOYEN :CHAZALJeanRESPONSABLEADMINISTRATIVE :ROBERTGaëlle

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LISTE DU PERSONNEL ENSEIGNANTPROFESSEURS HONORAIRES : MM. BEGUE René-Jean - BELIN Jean - BOUCHER Daniel - BOURGES Michel - BUSSIERE Jean-Louis - CANO Noël - CATILINA Pierre - CHABANNES Jacques - CHIPPONI Jacques - CHOLLET Philippe - COUDERT Jean - COULET Maurice - DASTUGUE Bernard - DE RIBEROLLES Charles - ESCANDE Georges - Mme FONCK Yvette - MM. GENTOU Claude - GLANDDIER Gérard - Mmes GLANDDIER Phyllis - LAVARENNE Jeanine - MM. LAVERAN Henri - LEVAI Jean-Paul - MAGE Gérard - MALPUECH Georges - MARCHEIX Jean-Claude - MICHEL Jean-Luc - Mme MOINADE Simone - MM. MOLINA Claude - PERI Georges - PETIT Georges - PLAGNE Robert - PLANCHE Roger - PONSONNAILLE Jean - Mle RAMPON Simone - MM. RAYNAUD Elie - REY Michel - RIBAL Jean-Pierre - Mme RIGAL Danièle - MM. RISTORI Jean-Michel - ROZAN Raymond - SIROT Jacques - TANGUY Alain - TERVER Sylvain - THIEBLOT Philippe - TOURNILHAC Michel - TURCHINI Jean-Pascal - VANNEUVILLE Guy - VENRIES DE LA GUILLAUMIE Bernard - VIALLET Jean-François - Mle VEYRE Annie PROFESSEURS EMERITES : MM. BACIN Franck - BEYTOUT Jean - BOMMELAER Gilles - CASSAGNES Jean - DAUPLAT Jacques - DEMEOCQ François - DETEIX Patrice - IRTHUM Bernard - JACQUETIN Bernard - LESOURD Bruno - MONDIE Jean-Michel - PHILIPPE Pierre - SOUTEYRAND Pierre

PROFESSEURSDESUNIVERSITES-PRATICIENSHOSPITALIERS

PROFESSEURSDECLASSEEXCEPTIONNELLE

M. ESCHALIER Alain Pharmacologie Fondamentale Option Biologique M. BOITEUX Jean-Paul Urologie M. CHAZAL Jean Anatomie - Neuro-Chirurgie M. VAGO Philippe Histologie-Embryologie Cytogénétique M. AUMAITRE Olivier Médecine Interne M. LABBE André Pédiatrie M. AVAN Paul Biophysique et Traitement de l'Image M. DURIF Franck Neurologie Mme LAFEUILLE Hélène Bactériologie, Virologie M. LEMERY Didier Gynécologie et Obstétrique M. BOIRE Jean-Yves Biostatistiques, Informatique Médicale et Technologies de Communication M. BOYER Louis Radiologie et Imagerie Médicale option Clinique M. CHAMOUX Alain Médecine du Travail et des Risques Professionnels M. LUSSON Jean-René Cardiologie et Maladies Vasculaire

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M. POULY Jean-Luc Gynécologie et Obstétrique M. CANIS Michel Gynécologie-Obstétrique M. KEMENY Jean-Louis Anatomie et Cytologie Pathologiques Mme PENAULT-LLORCA Frédérique Anatomie et Cytologie Pathologiques M. BAZIN Jean-Etienne Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale M. BIGNON Yves Jean Cancérologie option Biologique M. BOIRIE Yves Nutrition Humaine M. CLAVELOU Pierre Neurologie M. DUBRAY Claude Pharmacologie Clinique M. GILAIN Laurent O.R.L. M. LEMAIRE Jean-Jacques Neurochirurgie

PROFESSEURS DE 1ère CLASSE

M. SCHOEFFLER Pierre Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale M. DECHELOTTE Pierre Anatomie et Cytologie Pathologique M. CAILLAUD Denis Pneumo-phtisiologie M. VERRELLE Pierre Radiothérapie option Clinique M. CITRON Bernard Cardiologie et Maladies Vasculaires M. DAPOIGNY Michel Gastro-Entérologie M. D’INCAN Michel Dermatologie -Vénéréologie M. PEZET Denis Chirurgie Digestive M. SOUWEINE Bertrand Réanimation Médicale M. BOISGARD Stéphane Chirurgie Orthopédique et Traumatologie M. CAMILLERI Lionel Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire Mme DUCLOS Martine Physiologie Mme JALENQUES Isabelle Psychiatrie d'Adultes M. LLORCA Pierre-Michel Psychiatrie d’Adultes Mle BARTHELEMY Isabelle Chirurgie Maxillo-Faciale M. GARCIER Jean-Marc Anatomie Radiologie et Imagerie Médicale M. GERBAUD Laurent Epidémiologie, Economie de la Santé et Prévention M. SCHMIDT Jeannot Thérapeutique M. SOUBRIER Martin Rhumatologie M. TAUVERON Igor Endocrinologie et Maladies Métaboliques M. MOM Thierry Oto-Rhino-Laryngologie M. RICHARD Ruddy Physiologie M. RUIVARD Marc Médecine Interne M. SAPIN Vincent Biochimie et Biologie Moléculaire M. CONSTANTIN Jean-Michel Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale M. BAY Jacques-Olivier Cancérologie M. BERGER Marc Hématologie M. COUDEYRE Emmanuel Médecine Physique et de Réadaptation Mme GODFRAIND Catherine Anatomie et Cytologie Pathologiques M. ROSSET Eugénio Chirurgie Vasculaire M. ABERGEL Armando Hépatologie M. LAURICHESSE Henri Maladies Infectieuses et Tropicales M. TOURNILHAC Olivier Hématologie

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PROFESSEURS DE 2ème CLASSE

Mme CREVEAUX Isabelle Biochimie et Biologie Moléculaire M. FAICT Thierry Médecine Légale et Droit de la Santé M. BONNET Richard Bactériologie, Virologie M. TRAORE Ousmane Hygiène Hospitalière M. CHIAMBARETTA Frédéric Ophtalmologie Mme KANOLD LASTAWIECKA Justyna Pédiatrie M. FILAIRE Marc Anatomie – Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire M. GALLOT Denis Gynécologie-Obstétrique M. GUY Laurent Urologie M. TCHIRKOV Andréï Cytologie et Histologie M. CORNELIS François Génétique M. MOTREFF Pascal Cardiologie M. ANDRE Marc Médecine Interne M. DESCAMPS Stéphane Chirurgie Orthopédique et Traumatologique M. POMEL Christophe Cancérologie – Chirurgie Générale M. CANAVESE Fédérico Chirurgie Infantile M. CACHIN Florent Biophysique et Médecine Nucléaire Mme HENG Anne-Elisabeth Néphrologie M. LESENS Olivier Maladies Infectieuses et Tropicales M. RABISCHONG Benoît Gynécologie Obstétrique M. AUTHIER Nicolas Pharmacologie Médicale M. BROUSSE Georges Psychiatrie Adultes/Addictologie M. BUC Emmanuel Chirurgie Digestive M. CHABROT Pascal Radiologie et Imagerie Médicale M. FUTIER Emmanuel Anesthésiologie-Réanimation M. LAUTRETTE Alexandre Néphrologie Réanimation Médicale M. AZARNOUSH Kasra Chirurgie Thoracique et Cardiovasculaire Mme BRUGNON Florence Biologie et Médecine du Développement et de la Reproduction M. COSTES Frédéric Physiologie Mme HENQUELL Cécile Bactériologie Virologie Mme PICKERING Gisèle Pharmacologie Clinique M. ESCHALIER Romain Cardiologie M. MERLIN Etienne Pédiatrie Mme TOURNADRE Anne Rhumatologie

PROFESSEURS DES UNIVERSITES

M. CLEMENT Gilles Médecine Générale Mme MALPUECH-BRUGERE Corinne Nutrition Humaine M. VORILHON Philippe Médecine Générale

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PROFESSEURS ASSOCIES DES UNIVERSITES

Mme BOTTET-MAULOUBIER Anne Médecine Générale

MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES -

PRATICIENS HOSPITALIERS

MAITRES DE CONFERENCES HORS CLASSE

M. JANNY Laurent Biologie et Médecine du Développement et de la Reproduction Mme CHAMBON Martine Bactériologie Virologie

MAITRES DE CONFERENCES DE 1ère CLASSE

M. MORVAN Daniel Biophysique et Traitement de l’Image Mme BOUTELOUP Corinne Nutrition Mle GOUMY Carole Cytologie et Histologie, Cytogénétique Mme FOGLI Anne Biochimie Biologie Moléculaire Mle GOUAS Laetitia Cytologie et Histologie, Cytogénétique M. MARCEAU Geoffroy Biochimie Biologie Moléculaire M. SAKKA Laurent Neurochirurgie Mme MINET-QUINARD Régine Biochimie Biologie Moléculaire M. ROBIN Frédéric Bactériologie Mle VERONESE Lauren Cytologie et Histologie, Cytogénétique M. DELMAS Julien Bactériologie Mle MIRAND Andrey Bactériologie Virologie M. OUCHCHANE Lemlih Biostatistiques, Informatique Médicale et Technologies de Communication M. LIBERT Frédéric Pharmacologie Médicale Mle COSTE Karen Pédiatrie M. EVRARD Bertrand Immunologie

MAITRES DE CONFERENCES DE 2ème CLASSE

Mle AUMERAN Claire Hygiène Hospitalière Mme PONS Hanaë Biologie et Médecine du Développement et de la Reproduction Mme CASSAGNES Lucie Radiologie et Imagerie Médicale M. POIRIER Philippe Parasitologie et Mycologie M. JABAUDON-GANDET Matthieu Anesthésiologie – Réanimation Chirurgicale M. LEBRETON Aurélien Hématologie

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MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES

Mme BONHOMME Brigitte Biophysique et Traitement de l’Image Mme VAURS-BARRIERE Catherine Biochimie Biologie Moléculaire M. BAILLY Jean-Luc Bactériologie Virologie Mle AUBEL Corinne Oncologie Moléculaire M. BLANCHON Loïc Biochimie Biologie Moléculaire Mle GUILLET Christelle Nutrition Humaine M. BIDET Yannick Oncogénétique M. MARCHAND Fabien Pharmacologie Médicale M. DALMASSO Guillaume Bactériologie M. SOLER Cédric Biochimie Biologie Moléculaire M. GIRAUDET Fabrice Biophysique et Traitement de l’Image Mme VAILLANT-ROUSSEL Hélène Médecine Générale

MAITRES DE CONFERENCES ASSOCIES DES UNIVERSITES

M. CAMBON Benoît Médecine Générale M. TANGUY Gilles Médecine Générale M. BERNARD Pierre Médecine Générale

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REMERCIEMENTS

À NOTRE PRESIDENT DE THESE :

À Monsieur le Professeur Pierre-Michel LLORCA,

Faculté de Clermont-Ferrand

Vous me faites l’honneur de présider ce jury, je vous en remercie sincèrement.

Veuillez trouver ici le témoignage de mon profond respect et de mon admiration.

Merci également par la disponibilité et la simplicité dont vous faites preuve, ceci a été très

encourageant dans mon travail.

Vous m’aviez écoutée lors de ma sixième année pour mon oral du CSCT, vous m’écoutez

aujourd’hui pour le dernier oral de mes études, cela est cohérent et j’ai à cœur de ne pas vous

décevoir.

À NOTRE JURY DE THESE :

À Monsieur le Professeur Denis PEZET,

Faculté de Clermont-Ferrand

Vous me faites l’honneur de prendre part à mon jury de thèse, je vous en remercie sincèrement.

Soyez assuré de l’absence de conflit d’intérêt avec mon directeur de thèse.

J’ai eu l’occasion de travailler avec vous lors de mon stage aux soins palliatifs et j’ai été

impressionnée par votre disponibilité, votre écoute et votre humanité. Je vous suis très

reconnaissante d’avoir accepté mon invitation ce jour.

À Monsieur le Professeur Philippe VORILHON,

Faculté de Clermont-Ferrand

Je vous remercie de m’avoir fait l’honneur de participer ce jour à mon jury de thèse, malgré les

multiples demandes qui vous parviennent quotidiennement.

Le département de médecine générale n’était guère emballé, de prime abord par ce projet,

j’espère vous convaincre et vous intéresser aujourd’hui sur ce sujet qui me tient tant à cœur.

Je n’ai pas eu la chance de travailler avec vous, mais peut-être que mes futurs remplacements

me conduiront jusqu’au cabinet de Lempdes-sur-Alagnon dont j’ai eu tant d’échos positifs.

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À Madame le Docteur Pascale DUPONT,

Pont-du-Château

Faculté de Clermont-Ferrand

C’est non sans émotion que je te retrouve aujourd’hui dans mon jury de thèse et je te remercie

vivement d’avoir accepté ma demande et d’affronter ce « bizutage ».

Je m’étais toujours dit qu’il n’y avait que dans les séries américaines où les étudiants en

médecine avaient un mentor, mon SASPAS à Pont-du-Château m’a démontré le contraire.

Alors pour tout ce savoir et cette passion de la médecine que tu m’as transmis, pour ta

disponibilité, ta gentillesse et ton humour, merci ! Tu es l’exemple parfait du médecin qui gère

d’une main de maître la balance vie professionnelle et vie personnelle. La menace du burn-out

semble bien loin du cabinet de la rue du Docteur Chambige !

À mon directeur de thèse,

Monsieur le Docteur Bertrand LE ROY,

Faculté de Clermont-Ferrand

L’homme, qui a sauvé ma thèse, qui innocemment lors d’une soirée dans le Sud-Ouest m’a

évoqué une thèse sur le burn-out. Je te remercie infiniment pour ta gentillesse, pour ta

disponibilité, pour ta patience et pour ta résistance à la pression Eismann. Tes vastes

connaissances et ta maîtrise du sujet ont rendu ce travail très agréable pour moi et ont permis

de dédramatiser un bon nombre de situation où l’angoisse augmentait !

Je suis très admirative de ta passion pour ton travail et de ta volonté de faire avancer les choses.

J’espère qu’un jour, tu pourras récolter les fruits de tout ce dévouement dont tu fais preuve dans

ton métier. J’espère également que cela pourra s’accorder avec une vie personnelle sereine et

heureuse. Je te souhaite bien évidemment le meilleur et je veillerai à ce que ça arrive !

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À Bruno PEREIRA, un immense merci pour votre disponibilité et votre patience devant mes

lacunes biostatistiques. Vous êtes la clef de voûte de ce travail.

À David BALAYSSAC, votre étude sur le burn-out chez les pharmaciens a constitué le socle de

la nôtre. Merci pour votre aide précieuse.

À Pierre SAUVANET, et ces centaines de mails que je t’ai fait envoyer. Tu as été indispensable

dans l’élaboration et la diffusion de ce travail. Merci.

À l’URPS Auvergne-Rhône-Alpes, pour avoir accepté de diffuser largement le questionnaire.

Aux URPS et aux conseils de l’ordre départementaux qui ont accepté de nous aider et nous ont

fait confiance.

À tous les médecins qui ont pris le temps de participer à cette étude.

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TABLE DES MATIÈRES

I. GLOSSAIRE……………………………….……………………...….. p. 13

II. INTRODUCTION……………………………………………….…… p. 15

III. MATÉRIEL ET MÉTHODES………………………………..…...… p. 18

Ø Caractéristiques de l’étude………………………………………….…… p. 18

Ø Élaboration du questionnaire….……………………………………...…. p. 19

Ø Critères de jugement………………………………………………….….. p. 23

Ø Critères d’évaluation…………………………………………...…...……. p. 24

Ø Diffusion de l’étude…………………………………………..…….......…. p. 26

Ø Analyse statistique……………………………………………..…………. p. 27

IV. RÉSULTATS………………………………………………..…..……. p. 28

Ø Description de la population de l’étude……………………….....……… p. 29

Ø Critères d’évaluation……………………………………………..………. p. 32

V. DISCUSSION……………………………………………………..……p. 44

Ø Confrontation des résultats aux données de la littérature…….…..…… p. 44

Ø Conséquences du burn-out……………………………….………….….... p. 49

Ø Forces et limites de l’étude………………………………………....…….. p. 51

Ø Des pistes pour l’avenir………………………………………..…….…… p. 53

VI. CONCLUSION……………………………………………..………….p. 58

VII. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES…………………..…….…. p. 61

VIII. ANNEXES………………………………………………….…………..p. 71

Ø Accord CPP………………………………………………………....…….. p. 71

Ø Maslach Burn-out Inventory………………………………….……….… p. 72

Ø Hospital Depression and Anxiety scale…………………….…...….……. p. 74

Ø Questionnaire BOUM……………………………………….……...…….. p. 75

Ø Quelques témoignages recueillis………………………….……...………. p. 84

Ø Serment d’Hippocrate………………………………………...………….. p. 90

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ABSTRACT

Background: General practitioner’s (GP) burn-out is a major problem in public health, which

would have an impact of the physician’s quality of life and quality of care. Nevertheless, this

problem has never been studied to a national scale in France.

Objective: The primary endpoint was to determinate the prevalence of severe burn-out in GP

in France. Secondary endpoints were to report risk factors and protective factors of burn-out.

Methods: A three-parts survey was sent to the French National Council of Physicians, Regional

Union of Healthcare Professional and via social network between Sept 2016 and Apr 2017.

Inclusion criteria was to be a GP in France; exclusion criteria were working in a hospital, be a

supply physician, be a resident.

Results: Finally, 2602 questionnaire were collected. Among them, 1926 met the inclusion

criteria. Burn-out prevalence reached 4.8%. Risk factors correlated to burn-out were sex male,

age ³ 50 years, work in a semi-rural area, number of daily consultation ³ 30, number of weekly

working hours exceed ³ 50, excessive administrative work, consumption of psychoactives

drugs, psychiatric history, having a history of suicide ideation. Protective factors were to work

with a secretariat in a group practice, to be a trainee’s supervisor, to achieve home-care visits,

to practice some sports or hobbies, to take vacations.

Conclusion: GP’s burn-out seems to be a reality in France with adverse consequences to

physician’s wellness but also to deliver poor-quality of healthcare. Risk factors and main causes

of stress conducting to burn-out are well identified today. Regardless of this, there is a lack of

specific proposals by government authorities to prevent it or even to treat it.

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I. GLOSSAIRE

Abréviations :

o CARMF : Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France

o CHU : Centre Hospitalier Universitaire

o CNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés

o CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie

o CPP : Comité de Protection des Personnes

o CDOM : Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins

o EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes

o EN : Echelle Numérique

o EVA : Echelle Visuelle Analogique

o FMC : Formation Médicale Continue

o HAD : Hospital Anxiety Depression

o HAS : Haute Autorité de Santé

o INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

o INVS : Institut National de Veille Sanitaire

o MBI : Maslach Burn-out Inventory

o MSU : Maître de Stage des Universités

o OMS : Organisation Mondiale de la Santé

o PMI : Protection Maternelle et Infantile

o SAMU : Service d’Aide Médicale Urgente

o TCC : Thérapie Cognitivo-Comportementale

o URPS : Union Régionale des Professionnels de Santé

o URSSAF : Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations

Familiales

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En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois

victime d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre

monde complexe, leurs ressources internes viennent à se consumer comme sous l’action des

flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus

ou moins intacte.

Herbert J. Freundenberger, 1974, (1)

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II. INTRODUCTION

Le métier de médecin généraliste est en constante évolution, de par notamment les

avancées scientifiques, l’accès simplifié à l’information médicale pour les patients (amenant

ceux-ci à jouer un plus grand rôle dans leurs traitements et les décisions médicales (2)), les

recours juridiques de plus en plus fréquents et les textes de loi modifiés au gré des

gouvernements. Ces différents facteurs sont souvent source de stress pour le praticien qui

s’investit dans son travail. Ainsi exposé à un stress chronique, un syndrome d’épuisement

professionnel ou burn-out peut se constater chez le médecin (3).

Le syndrome d’épuisement professionnel a été décrit pour la première fois dans les

années 70 par H. Freudenberger, psychiatre et psychanalyste new-yorkais (1). Il est né de

l’observation des modifications cognitives et comportementales qui s’opèrent chez le soignant

au contact d’un travail difficile (4). Freudenberger a constaté que progressivement, lui et ses

collaborateurs développaient une irritabilité, une asthénie et une perte de motivation ; cet état

contrastait profondément avec celui, plein d’enthousiasme et d’espoir, dans lequel ils se

trouvaient au début de leur exercice. Dorénavant, il est reconnu que chaque individu, quelque

soit sa profession peut être exposé à un épuisement professionnel. En effet, cela peut concerner

tout être humain impliqué dans son travail, souvent dynamique, énergique, compétent,

perfectionniste et sans aucun antécédent d’affection psychiatrique. Toutefois, les soignants

demeurent la cible privilégiée de ce syndrome car ils sont « en prise directe avec la souffrance,

la misère, le malheur, la maladie et la mort » (5,6). Le syndrome d’épuisement professionnel

touche donc plus précisément les individus ayant choisi d’aider autrui avec un engagement

personnel intense.

À partir de cette description, plusieurs recherches ont été effectuées sur le sujet,

notamment afin d’établir une échelle de mesure : le Maslach Burn-out Inventory, créé par

Maslach et Jackson dans les années 80 (7). Cette échelle détermine trois dimensions corrélées

mais distinctes et consécutives à un stress professionnel chronique : l’épuisement émotionnel,

la dépersonnalisation et la perte d’accomplissement personnel.

L’épuisement émotionnel correspond au développement par le médecin de

manifestations comportementales habituellement retrouvées chez l’être humain qui fait face à

un danger (8) : irritabilité, inattention, perte de l’affect pour le patient. Le praticien ne parvient

plus à établir une relation d’empathie, il est comme vidé d’émotion.

Page 16: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

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Dans la dépersonnalisation, on retrouve un médecin qui soigne le patient, organe par

organe, avec une logique très mécanique sans prendre en compte le patient dans son ensemble

et son ressenti. On peut retrouver alors une forme de cynisme chez le médecin, il y a une

déshumanisation de la relation au patient.

Enfin la perte d’accomplissement personnel, consécutive aux deux autres dimensions,

retrouve un médecin avec un sentiment d’échec, d’inutilité, une impression de ne plus pouvoir

aider le malade, de ne pas parvenir à ce pourquoi il s’était engagé en débutant son métier.

Cet épuisement professionnel s’installe insidieusement en plusieurs étapes. Le

travailleur est tout d’abord plein d’enthousiasme et d’espoir, il s’investit profondément dans sa

fonction, puis il est très souvent confronté à la désillusion. L’individu se désinvestit

progressivement, le travail perd sa vraie valeur et les revendications personnelles prennent le

dessus (aménagement d’horaires, revenu). Un sentiment de frustration s’installe, c’est à ce

moment-là que les troubles physiques, comportementaux et émotionnels apparaissent. Le sujet

se remet en question, doute de ses compétences, la réaction dépressive le guette alors. Cela

prend une tournure de chronicité, le travail est devenu essentiel pour des raisons économiques

mais non plus pour exploiter ses compétences. L’individu se met en position de sécurité afin

d’éviter tout conflit, toute relation humaine qui pourraient le mettre en danger, ce qui compense

son insatisfaction professionnelle (9). L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit le

burn-out ainsi « sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à obtenir des

résultats concrets dans le travail ».

Ce syndrome d’épuisement professionnel possède de nombreux points communs avec

un syndrome dépressif et peut y conduire, mais ce n’est pas une dépression. En effet, ce

syndrome s’exprime spécifiquement dans le travail. En dehors des périodes professionnelles

(vacances, arrêt maladie), les troubles sont absents ou diminués.

Cependant le burn-out peut avoir des conséquences importantes sur la vie

professionnelle : diminution de la qualité des soins dispensés aux malades, désinvestissement,

détérioration de la relation avec le patient, volonté de diminuer son temps de travail voire

considération d’un reclassement professionnel. On retrouve également des conséquences

importantes sur la vie personnelle avec parfois des troubles somatiques (troubles digestifs,

troubles du sommeil, douleurs dorsales…). Toutes ces manifestations de l’épuisement

professionnel exposent à un risque élevé d’addiction à des fins auto-thérapeutiques.

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Cela peut se dévoiler par une surconsommation d’alcool, de tabac, de café, d’aliments

ou de médicaments psychotropes : somnifères dont on ne peut plus se passer, anxiolytiques qui

aident à diminuer la charge anxieuse au travail et à « tenir », voire substances illicites. Mais, en

réalité, cette surconsommation entraîne la dépendance et ne fait qu’aggraver l’anxiété car la

plupart des produits utilisés de manière importante et prolongée auront un effet biphasique :

anxiolytique puis anxiogène (SOS Burnout, 2014). On retrouve parfois également des idées

suicidaires voire des passages à l’acte.

Les relations intrafamiliales peuvent également être dégradées (conflit, séparation,

culpabilité vis-à-vis de l’éducation des enfants).

Toutes ces données font du syndrome d’épuisement professionnel chez le médecin

généraliste un vrai problème de santé publique. Il a été plusieurs fois étudié dans des études

régionales (10–12) ou lors de revues de littérature (4). Cependant, on ne retrouve pas d’études

récentes (moins de dix ans) et nationales dans la littérature. Aujourd’hui, où les contraintes

administratives sont de plus en plus importantes, où une nouvelle loi santé a été votée à

l’Assemblée Nationale et où les patients sont de plus en plus exigeants, il semble primordial

d’effectuer un nouvel état des lieux de l’épuisement professionnel chez les médecins

généralistes en France.

Le but de cette étude était d’évaluer la prévalence du burn-out sévère en France chez les

médecins généralistes libéraux et de dépister les populations à risque afin de déterminer les

facteurs de risque et les facteurs protecteurs de cet épuisement.

Page 18: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

18

III. MATERIEL ET MÉTHODES

A. CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉTUDE BOUM

Nous avons mené une étude prospective nationale (comité de protection des

personnes, Sud Est VI, IRB 00008526, annexe 1, accord CNIL) de novembre 2016 à avril

2017 (6 mois) sur le burn-out chez les médecins généralistes libéraux.

Les critères d’inclusion de l’étude étaient les suivants : médecins généralistes

libéraux de France ou, pour ceux formés à partir d’octobre 2004 (reconnaissance de la

médecine générale comme spécialité à partir d’une loi de janvier 2002, prenant effet en

octobre 2004 (13)), toute personne ayant validé le Diplôme d’Etudes Spécialisées en

médecine générale. Les critères de non-inclusion de l’étude étaient le travail exclusif en

milieu hospitalier, les médecins remplaçants, le statut d’interne en médecine.

L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la prévalence du burn-out en médecine

générale libérale en France. Les critères de jugement secondaires étaient la recherche de

facteurs de risque ou protecteurs de burn-out : évaluation de la prévalence des signes de

dépression et/ou d’anxiété ; de la fatigue et du stress des médecins généralistes ; des facteurs

socio-démographiques et professionnels pouvant influer sur le burn-out ; de la

consommation d’alcool, de médicaments anxiolytiques et/ou hypnotiques ; et des causes du

stress au travail et de la gestion de celui-ci.

Page 19: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

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B. ÉLABORATION DU QUESTIONNAIRE

Le questionnaire a été structuré en six parties :

a) Le Maslach Burn-Out Inventory (Annexe 2)

Plusieurs outils de mesure ont été proposés pour évaluer le burn-out, cependant très peu

d’entre eux ont fait l’objet de validation scientifique. Le questionnaire développé au début

des années 1980 par Christina Maslach (Maslach et Jackson, 1981), le Maslach Burnout

Inventory (MBI), est le plus utilisé et a fait preuve de sa validité externe en médecine

générale (14). La version française a été validée en 1994 par Dion et Tessier (15). Le

syndrome décrit par le modèle MBI inclut trois dimensions :

- La première est l’épuisement émotionnel, psychique mais aussi physique. D’après

Maslach et contrairement à ce que certains auteurs ont pu suggérer, le syndrome

d’épuisement professionnel ne peut se résumer à cette seule dimension, qui, si elle

est nécessaire, n’est cependant pas suffisante à la définition du syndrome.

- La seconde dimension est la dépersonnalisation (ou cynisme) se traduisant par un

retrait et une indifférence vis-à-vis du travail. Il s’agit d’une réaction très rapidement

mise en œuvre par le sujet face à la survenue de l’épuisement émotionnel.

- La troisième dimension est la perte de l’accomplissement personnel, se traduisant

par une inefficacité au travail et une dévalorisation.

C’est pourquoi tout au long de ce travail, nous continuerons de parler de burn-out et non

de sa traduction française « syndrome d’épuisement professionnel », qui cantonne le burn-

out à une seule des dimensions décrites par C. Maslach.

Le questionnaire MBI comporte 22 questions explorant les trois dimensions. Les

réponses s’expriment en sept modalités selon la fréquence d’exposition (« jamais » à

« quotidienne ») et sont cotées de 0 à 6.

Le score d’épuisement émotionnel est calculé à partir des réponses aux questions 1, 2,

3, 6, 8, 13, 14, 16 et 20. Le degré d’épuisement émotionnel est considéré comme faible avec

un score inférieur ou égal à 17, modéré avec un score entre 18 et 29, et élevé avec un score

supérieur ou égal à 30.

Page 20: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

20

Le score de dépersonnalisation est calculé à partir des réponses aux questions 5, 10, 11,

15 et 22. Le degré de dépersonnalisation est considéré comme faible avec un score inférieur

ou égal à 5, modéré avec un score entre 6 et 11, et élevé avec un score supérieur ou égal à

12.

Le score d’accomplissement personnel est calculé à partir des réponses aux questions 4,

7, 9, 12, 17, 18, 19 et 21. Le degré d’accomplissement personnel est considéré comme faible

avec un score inférieur ou égal à 33, modéré avec un score entre 34 et 39, et élevé avec un

score supérieur ou égal à 40. Pour cette variable, les données sont inversées, ainsi un degré

faible d’accomplissement personnel correspond à un risque élevé de burn-out alors qu’un

degré élevé d’accomplissement personnel est plutôt protecteur.

Nous avons considéré que les répondants à l’étude présentaient une absence de burn-

out pour un risque de burn-out faible dans chacune des trois dimensions, un burn-out faible

pour un risque élevé de burn-out dans une seule dimension, un burn-out modéré pour un

risque élevé de burn-out dans deux des dimensions du MBI, un burn-out sévère pour un

risque élevé de burn-out dans chacune des trois dimensions du MBI comme dans les études

précédemment réalisées (10,11)…

b) L’échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression Scale) (Annexe 3)

L’échelle HAD est un instrument qui permet de dépister les troubles anxieux et

dépressifs. Elle comporte 14 items côtés de 0 à 3. Sept questions (les numéros 1, 3, 5, 7, 9,

11 et 13) se rapportent à l’anxiété (total A) et sept autres (les numéros 2, 4, 6, 8, 10, 12 et

14) à la dimension dépressive (total D), permettant ainsi l’obtention de deux scores (note

maximale de chaque score = 21).

Pour dépister des symptomatologies anxieuses et/ou dépressives, l’interprétation

suivante peut être proposée pour chacun des scores (A et D) :

- 7 ou moins : absence de symptomatologie

- 8 à 10 : symptomatologie douteuse

– 11 et plus : symptomatologie certaine.

Page 21: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

21

Cet outil est validé par les psychiatres (L’évaluation clinique standardisée en psychiatrie

sous la direction de J.D. Guelfi, éditions Pierre Fabre. Présentée également dans : Pratiques

médicales et thérapeutiques, avril 2000, (16)).

c) Évaluation du sommeil et de la fatigue

La fatigue a été évaluée par une échelle numérique (EN). Les participants à l’étude

devaient estimer leur taux de fatigue sur une échelle allant de 0 à 10 (0 correspondant à une

absence de fatigue et 10 à une fatigue extrême).

Les participants à l’étude devaient ensuite répondre s’ils souffraient de troubles du

sommeil (difficultés à s’endormir, réveils nocturnes, fatigue matinale…) et si oui, à quelle

fréquence.

d) Stress au travail

Ø Évaluation du niveau de stress

Le niveau de stress a été évalué par une échelle numérique (EN). Les participants à

l’étude devaient estimer leur niveau de stress sur les sept derniers jours sur une échelle allant

de 0 à 10 (0 correspondant à une absence de stress et 10 à un stress extrême).

Ø Principales causes de stress au travail

Plusieurs propositions de causes de stress au travail ont été soumises aux participants.

Nous les avons ensuite regroupées en quatre grandes familles : surcharge de travail, surplus de

charges administratives, perte de confiance et de reconnaissance et insatisfaction des conditions

de travail.

Ø Gestion du stress

Différentes méthodes de gestion du stress étaient proposées. Les participants devaient

répondre s’ils pratiquaient une de ces méthodes pour gérer leur stress au travail (sport,

relaxation, consultations médicales, approche nutritionnelle…).

Page 22: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

22

e) Caractéristiques personnelles

Ø Situation professionnelle

Les caractéristiques professionnelles des participants étaient détaillées dans cette

section. Ainsi, le milieu d’installation, la réalisation de gardes régulées ou non, l’activité en tant

que maître de stage universitaire, le nombre moyen d’heures hebdomadaire travaillé,

l’ancienneté dans la profession étaient précisés.

Ø Situation personnelle

La situation personnelle et familiale des participants était définie avec des questions sur

leur âge, leur sexe, leur statut marital, s’ils avaient des enfants et si, selon eux, leur travail avait

un impact négatif sur leur vie de famille.

Ø Consommation de substances psychoactives

La consommation de substances psychoactives était également étudiée avec des

questions sur la consommation de tabac, d’alcool, de médicaments (anxiolytiques, somnifères,

antidépresseurs, thymorégulateurs, dérivés opiacés) et si oui, à quelle fréquence.

f) Remarques libres

A la fin du questionnaire, il était proposé d’écrire des commentaires libres.

Page 23: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

23

C. CRITÈRES DE JUGEMENT

a) Critère de jugement principal

Le critère de jugement principal de notre étude était la prévalence du burn-out sévère

chez les médecins généralistes en France.

b) Critères de jugement secondaires

Ø Facteurs de risque de burn-out sévère

Nous avons tenté de définir des facteurs de risque associés à un burn-out sévère : une

symptomatologie anxieuse ou dépressive certaine, une fatigue sévère, un sommeil de mauvaise

qualité, un stress chronique, une surcharge de travail (activité incluant des gardes, nombre

d’heures de travail hebdomadaire, nombre de consultations par jour), un temps de trajet entre

le cabinet et le domicile important...

De la même façon, à partir des caractéristiques socio-démographiques, nous avons

essayé de trouver des facteurs de risque de burn-out sévère : statut marital, antécédents

psychiatriques, consommation de tabac, utilisation d’une cigarette électronique, consommation

d’alcool, consommation de médicaments psychoactifs de manière régulière.

Ø Facteurs protecteurs de burn-out sévère

Nous avons également tenté de rechercher quels pouvaient être les facteurs protecteurs

du burn-out : utilisation de méthodes de gestion du stress (consultations médicales, approche

nutritionnelle, psychothérapies ou thérapies cognitivo-comportementales, techniques de

relaxation, activités sportives, loisirs, congés), sexe, statut de maître de stage universitaire,

réalisation de gardes (régulées ou non), bénéficier d’une formation complémentaire, être marié,

avoir des enfants, partie de son activité professionnelle en tant que salarié, ou encore avoir un

secrétariat.

Page 24: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

24

D. CRITÈRES D’ÉVALUATION

a) Critère d’évaluation principal

L’évaluation de la prévalence du burn-out chez les médecins généralistes en France a

été réalisée à partir du Maslach Burn-Out Inventory (MBI), (Annexe 2). Un burn-out sévère

correspond à un risque élevé de burn-out dans les trois dimensions de l’échelle : score élevé

d’épuisement émotionnel, score élevé de dépersonnalisation, bas score de sentiment

d’accomplissement personnel.

b) Critères d’évaluation secondaires

Ø Évaluation des facteurs de risque du burn-out sévère

Les symptomatologies anxieuses et dépressives ont été analysées à partir de l’échelle

HAD (annexe 3) avec un score A supérieur ou égal à 11 pour l’anxiété et un score D supérieur

ou égal à 11 pour la symptomatologie dépressive (17).

La fatigue et le stress ont été définis comme majeurs pour une EN supérieure ou égale

à 7.

Le sommeil était jugé de mauvaise qualité si les participants à l’étude cochaient une des

propositions sur le sommeil sur le questionnaire.

Nous avons émis l’hypothèse que les caractéristiques ci-dessous représentaient des facteurs de

risque de burn-out :

- sexe masculin

- exercice en milieu rural

- réalisation de gardes en nuit profonde (de minuit à 8h)

- nombre moyen de consultations par jour supérieur à la moyenne de l’étude

- quantité moyenne d’heures travaillées hebdomadaire supérieure à la

moyenne de l’étude

- absence de secrétariat

- temps de trajet entre le cabinet et le domicile supérieur à la moyenne de

l’étude

- réalisation de visites à domicile

Page 25: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

25

- consommation de tabac

- consommation d’alcool supérieure au seuil fixé par l’OMS (supérieure à 2

verres par jour ou 14 verres par semaine pour les femmes et supérieur à 3

verres par jour ou 21 verres par semaine pour les hommes)

- consommation de médicaments psycho-actifs

- présence d’antécédents psychiatriques

- existence d’idées suicidaires

Ø Évaluation des facteurs protecteurs de burn-out sévère

Les différents moyens de gestion du stress et caractéristiques socio-démographiques ont

été recueillis à partir de notre questionnaire.

Nous avons émis l’hypothèse que les caractéristiques ci-dessous représentaient des

facteurs protecteurs au burn-out :

- sexe féminin

- exercice en milieu urbain

- exercice en cabinet de groupe

- partie de son activité en tant que salarié

- statut de Maître de Stage des Universités

- gardes régulées par le SAMU

- nombre moyen de consultations par jour inférieur à la moyenne de l’étude

- quantité moyenne hebdomadaire d’heures travaillées inférieure à la

moyenne de l’étude

- présence d’un secrétariat

- temps de trajet entre le cabinet et le domicile inférieur à la moyenne de

l’étude

- être en couple

- être parent

- faire du sport

- avoir des loisirs

- prendre des congés

Page 26: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

26

E. DIFFUSION DE L’ÉTUDE

Le questionnaire (annexe 4) a été envoyé par e-mail au Conseil National de l’Ordre des

Médecins, à l’ensemble des Conseils Régionaux et Départementaux de l’Ordre des Médecins,

aux URPS (Union Régionale des Professionnels de Santé) des médecins libéraux avec une

demande de diffusion aux médecins généralistes via leur mailing list. Le questionnaire a

également été diffusé aux groupes de médecins des réseaux sociaux (« médecins remplaçants

de France », « les médecins ne sont pas des pigeons »).

Le questionnaire a été hébergé sur la base de données du CHU de Clermont-Ferrand,

via REDCap®. REDCap® est une application Internet, sécurisée, pour la construction et la

gestion des bases de données et de questionnaires sécurisés et accessibles sur Internet.

REDCap® offre des processus automatiques pour l'exportation de données vers Excel et certains

logiciels statistiques communs (SPSS®, SAS®, Stata®, R®), ainsi qu'un calendrier de projet, un

module de planification, des outils de création de rapports et des fonctionnalités avancées,

parmi elle la logique de branchement, le téléchargement de fichiers vers le serveur, et la

programmation de champs calculés.

Le lien ci-dessous était transmis aux participants de l’étude :

https://redcap.chu-clermontferrand.fr/surveys/?s=484HDAFE7P

Page 27: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

27

F. ANALYSE STATISTIQUE

Toutes les analyses ont été réalisées en formulation bilatérale pour un risque d’erreur de

première espèce de 5 % sous le logiciel Stata (version 13, StataCorp, College Station US). Une

différence a été considérée comme statistiquement significative quand le degré de signification

(p) était inférieur à 0,05 (risque a = 5 %). La population est décrite par des effectifs et

pourcentages associés pour les variables catégorielles et par la moyenne (± écart-type associé)

ou la médiane [intervalle interquartile] pour les variables quantitatives, au regard de la

distribution statistique (normalité étudiée par le test de Shapiro-Wilk). Les comparaisons entre

groupes indépendants (selon les classes de burn-out) ont été réalisées par ANOVA ou test de

Kruskal-Wallis (KW) si conditions de l’ANOVA non respectées (normalité, homoscédasticité

étudiée par le test de Bartlett) pour les paramètres de nature quantitative. Quand p < 0,05, des

tests post-hoc, pour comparaisons multiples 2 à 2 prenant en compte l’inflation du risque

d’erreur de 1ère espèce, ont été mis en œuvre : Tukey-Kramer post ANOVA et Dunn post KW.

Les comparaisons entre groupes concernant des paramètres qualitatifs ont été réalisées

par le test du Chi2 ou le cas échéant par le test exact de Fisher, suivis si nécessaire (p < 0,05)

d’un test post-hoc type procédure de Marascuillo.

L’étude des relations entre paramètres quantitatifs a été réalisée par coefficient de

corrélation : Pearson ou Spearman au regard de la distribution statistique des variables à l’étude.

Au final, des analyses multivariées de type régression polynomiale ordinale ont été

proposées en considérant les co-variables au regard des résultats d’analyse univariée et de leur

pertinence clinique. Les résultats sont exprimés en termes de risques relatifs et intervalles de

confiance à 95 % ; une représentation de type Forest-plot a été retenue.

Page 28: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

28

IV. RÉSULTATS

De novembre 2016 à avril 2017, un total de 2602 questionnaires a été collecté. Nous

n’avons pas inclus les internes (n = 159), les médecins remplaçants (n = 274), les médecins

salariés (n = 219) et les questionnaires dans lesquels le statut professionnel n’était pas précisé

(n = 24), (figure 1).

Figure 1. Flow-Chart de l’étude

Notre effectif de l’étude a donc été de 1926 personnes. Le nombre de médecins

généralistes en France est de 88 886 (selon l’atlas de la démographie médicale au 1er janvier

2016 (18). En retranchant les médecins généralistes salariés et ceux sans activité déclarés, on

compte 56 430 médecins libéraux. Notre taux de réponse représente donc une proportion de

3,41 % de la population de médecins libéraux en France.

Le Conseil de l’Ordre National n’a pas diffusé le questionnaire. Seuls six Conseils de

l’Ordre Départementaux ont répondu favorablement à notre demande de diffusion (Ardèche,

Ariège, Aveyron, Côtes d’Armor, Gironde, Lozère et Morbihan). Les URPS (Union Régionale

des Professionnels de Santé) des médecins libéraux d’Auvergne-Rhône Alpes, de Normandie,

de Bretagne et de la région Grand-Est ont diffusé le questionnaire.

Nous n’avons eu aucun retour à nos demandes de diffusions dans les départements et

territoires d’outre-mer.

Population ayant répondu au questionnaire N = 2602

Population de l’étude N=1926

Critères d’inclusion

Critères de non-inclusion :

Internes (N= 159) Médecins remplaçants

(N=274) Médecins salariés (N=219)

Non déterminé (N=24)

Page 29: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

29

A. DESCRIPTION DE LA POPULATION DE L’ÉTUDE

a) Caractéristiques socio-professionnelles des participants à l’étude :

Sur les 1926 participants, 916 (47,6%) étaient des femmes, 1004 (52,1%) des hommes

et 6 (0,3%) n’avaient pas précisé leur sexe. L’âge moyen était de 50 ans ± 10,7 (extrêmes : de

25 à 73 ans).

Parmi les 1926 participants, 22 % exerçaient en milieu rural, 39 % en milieu semi-rural

et 39 % en milieu urbain. De plus, 65 % exerçaient en cabinet de groupe et 76 % bénéficiaient

des services d’un secrétariat (dont 67 % sur place et 33 % à distance). Des visites à domicile

étaient effectuées par 92 % des médecins interrogés, 15 % avaient une partie de leur activité en

tant que salarié, 32 % étaient également Maîtres de stage des Universités, 46 % avaient une

formation complémentaire. Enfin, 61 % d’entre eux effectuaient des gardes (dont 19 % en nuit

profonde), dont 89 % étaient régulées par le SAMU.

L’ancienneté moyenne dans la profession était de 21,7 ans ± 11,2 (extrêmes : 6 mois à

45 ans), le nombre moyen d’heures de travail hebdomadaire était de 50,5 heures ± 12,4

(extrêmes : 2 à 100 heures), le nombre moyen de consultations par jour était de 28,5 ± 11,1

(extrêmes : 4 à 70).

b) Caractéristiques personnelles des participants à l’étude :

Au total, 86 % des participants étaient en couple, 4,6 % célibataires, 1,2 % veufs ou

veuves et 8,6 % divorcé(e)s ou séparé(e)s. 89 % étaient parent d’au moins un enfant.

Le temps moyen de trajet entre leur cabinet et leur domicile était de 12 minutes ± 11,3

(extrêmes : de 0 à 120 minutes).

Parmi les répondants, on retrouvait 0,05 % d’antécédent psychiatrique ; 20,2 % avaient

déjà eu des idées suicidaires.

Page 30: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

30

c) Consommation de substances psycho-actives :

Ø Alcool et tabac :

On retrouvait 12,4 % de consommateurs de substances psycho-actives : 10,6 % étaient

fumeurs, 2,8 % utilisaient la cigarette électronique, 76,6 % étaient consommateurs occasionnels

d’alcool. Parmi les consommateurs d’alcool, certains en consommaient davantage que les seuils

fixés par l’OMS (plus de 3 verres par jour ou 21 verres par semaine pour les hommes et plus de

2 verres par jour ou 14 verres par semaine pour les femmes) : 8,6 % chez les hommes et 4,3 %

chez les femmes soit 4,9 % de la population étudiée.

Ø Médicaments psycho-actifs :

Parmi les participants 14,5 % consommaient des médicaments psycho-actifs, 6,2 % des

participants consommaient des anxiolytiques, 3,2 % des somnifères, 4,2 % des antidépresseurs,

0,6 % des thymo-régulateurs et 0,3 % des dérivés opiacés dans un but psycho-actif. Parmi ces

consommateurs, 78 % avaient obtenu ces médicaments grâce à une auto-prescription et 22 %

via une prescription d’un confrère.

d) Fatigue, sommeil et stress :

Une fatigue avec une EN > 7 était retrouvée chez 60 % des répondants et un sommeil

de mauvaise qualité chez 73 %. A l’inverse, 27 % déclaraient ne souffrir d’aucun trouble du

sommeil.

En revanche, seul 0, 05 % des participants à l’étude évaluaient souffrir d’un stress avec

une EN > 7.

e) Causes du stress au travail

Parmi les principales causes de stress au travail, on retrouvait une insatisfaction des

conditions de travail pour 83 %, la perte de confiance et de reconnaissance pour 83 %, le surplus

de charges administratives pour 76 % et la surcharge de travail pour 62,4 % des participants.

Page 31: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

31

L’item insatisfaction des conditions de travail regroupait les réponses positives à une

des propositions suivantes : « je suis souvent interrompu(e) dans mon travail » (45 %), « je ne

suis pas satisfait(e) de mon ambiance de travail » (9,5 %) et/ou « j’ai l’impression que mon

travail s’est dégradé ces dernières années » (45,3 %).

L’item perte de confiance et de reconnaissance regroupait les réponses positives à une

des propositions suivantes : « j’ai l’impression que certains patients n’ont plus confiance dans

ma profession » (21,4 %), « je trouve que les patients sont de plus en plus exigeants » (70 %),

« j’ai peur de faire des erreurs de diagnostic » (42,8 %), « j’ai l’impression de ne pas être assez

soutenu(e) dans mon travail par mes collègues/mes proches » (10,4 %), « j’ai l’impression que

mon travail n’est pas assez reconnu par les autres professions de santé » (21,9 %), « j’ai

l’impression que ma rémunération n’est pas représentative du travail fourni » (57,6 %), « j’ai

peur de faire des erreurs de prescription » (26,3 %) et/ou « j’ai l’impression de ne pas avoir de

visibilité sur mon avenir professionnel » (21,9 %).

L’item surcharge administrative regroupait les réponses positives à la proposition

suivante : « j’ai l’impression d’avoir trop de charges administratives » (76 %).

L’item surcharge au travail regroupait les réponses positives à une des propositions

suivantes : « j’ai l’impression d’être débordé(e) au travail » (44,2 %) et/ou « j’ai l’impression

de prendre en charge trop de patients » (46,6 %).

f) Gestion du stress au travail

Au total, 5,7 % des participants géraient leur stress au travail en ayant recours à des

consultations médicales, 10,3 % en utilisant une approche nutritionnelle, 11 % étaient en cours

de psychothérapie ou de thérapie cognitivo-comportementale, 19,6 % employaient des

techniques de relaxation, 66,8 % faisaient du sport, 82,3 % avaient des loisirs et enfin 77 %

géraient leur stress par la prise de congés.

Page 32: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

32

B) CRITÈRES D’ÉVALUATION

a) Critère d’évaluation principal

Selon le Maslach Burn-Out Inventory, la prévalence du burn-out sévère chez les

médecins généralistes français était de 4,8 %. Cela correspondait à un score élevé dans chacune

des dimensions explorées par le MBI (épuisement émotionnel, dépersonnalisation et bas

accomplissement personnel). On retrouvait 55,2 % d’absence de burn-out, 26,1 % de burn-out

faible et 13,9 % de burn-out modéré.

Le score d’épuisement professionnel était élevé pour 25,7 % des participants à l’étude,

le score de dépersonnalisation pour 26,8 % et un faible sentiment d’accomplissement personnel

était retrouvé pour 15,8 %.

MBI Absence Faible Modéré Sévère

Burn-out 55,2 % 26,1 % 13,9 % 4,8 %

Score d’épuisement émotionnel

/

48 %

26,3 %

25,7 %

Score de dépersonnalisation

/

44,4 %

28,8 %

26,8 %

Score d’accomplissement

personnel

/

61 %

23,2 %

15,8 %

Tableau 1. Résultats MBI

b) Critères d’évaluation secondaires

Ø Echelle HAD (tableau 2)

o Symptomatologie anxieuse

Une corrélation significative était retrouvée entre une symptomatologie anxieuse

certaine (score A ³ 11) et le burn-out sévère (p < 0,001. On retrouvait un burn-out sévère chez

14,6 % des répondants présentant une symptomatologie anxieuse certaine.

On notait une symptomatologie anxieuse bien plus élevée chez les femmes (25,8 %) que

chez les hommes (16,4 %).

Page 33: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

33

o Symptomatologie dépressive

De la même façon, un lien pouvait être établi entre une symptomatologie dépressive

certaine (score D ³11) et le burn-out (p < 0,001), avec un burn-out sévère chez 28,3 % des

répondants présentant une symptomatologie dépressive certaine.

HAD

Total

Hommes

Femmes

Sévérité du burn-out

Valeur p

Absence Faible Modéré Sévère

Anxiété 20,9 % 16,4 % 25,8 %

19,8 % 33 % 32,5 % 14,6 % < 0,001

Dépression 5,5 % 5,5 % 5,6 % 8,5 % 20,8% 42,5 % 28,3 % < 0,001

Tableau 2. Résultats HAD

Ø Fatigue et troubles du sommeil (tableau 3)

Une fatigue avec une EN estimée supérieure à 7, ainsi qu’un sommeil de mauvaise

qualité constituaient des facteurs de risque significatifs de burn-out (p < 0,001), alors que les

participants s’estimant indemnes de tout trouble de sommeil étaient 71,4 % à ne pas présenter

de burn-out.

Total

Absence de burn-out

Burn-out

faible

Burn-out modéré

Burn-out sévère

Valeur p

Fatigue avec EN > 7

60,1 % 42,8 % 29,4 % 20,4 % 7,4 % < 0,001

Aucun problème de

sommeil

27,1 %

71,4 %

22,5 %

5 %

1,2 %

< 0,001

Sommeil de mauvaise

qualité

73 %

32,1%

37,5 %

16,1 %

14,3 %

< 0,001

Tableau 3. Résultats fatigue et sommeil

Page 34: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

34

Ø Caractéristiques socio-professionnelles (tableau 4, 5 et 6)

o Sexe

Le sexe masculin était corrélé avec le burn-out sévère avec pourcentage de 6,2 % contre

3,4 % chez les femmes (p < 0,001), lien également retrouvé dans l’analyse multivariée

(p = 0,016).

o Âge (tableau 4 et 5)

On notait une plus grande proportion de burn-out sévère chez les praticiens âgés de plus

de 50 ans de manière significative (tableau 4) avec un taux de burn-out sévère de 4,8 % contre

3,6 % pour les moins de 50 ans (p = 0,03).

Âge

Total

Absence de burn-out

Burn-out

faible

Burn-out modéré

Burn-out sévère

Valeur p

< 50 ans 43,8 % 58,1 % 24,3 % 14,1 % 3,6 % 0,030

³ 50 ans 56,2 % 53,1 % 27,5 % 13,7 % 4,8 % Tableau 4. Résultats en fonction d’un âge supérieur ou inférieur à 50 ans

En classant les résultats en fonction de tranches d’âge, on voyait nettement que les

praticiens âgés entre 46 et 65 ans, avaient un taux de burn-out sévère bien plus important que

les plus jeunes ou les plus âgés qui semblaient relativement préservés (taux à 1,6 % pour les

populations âgées de 25 à 35 ans et de plus de 65 ans).

Âge

(années)

Total Absence de

burn-out

Burn-out

faible

Burn-out

modéré

Burn-out

sévère

25-35 13,2 % 63,6 % 23,3 % 11,5 % 1,6 %

36-45 21,3 % 55, 2 % 26,2 % 15 % 3,7 %

46-55 26,7 % 50 % 27 % 16,6 % 6,5 %

56-65 35,7 % 55, 4 % 26,1 % 12,8 % 5,7 %

> 65 3,2 % 63,9 % 29,5 % 4,9 % 1,6 % Tableau 5. Résultats en fonction des tranches d’âge

Page 35: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

35

o Milieu d’exercice

On retrouvait un lien entre le milieu d’installation et le burn-out. Les médecins installés

en milieu semi-rural avaient un taux de burn-out sévère plus élevé (7,11 %) que ceux installés

en milieu rural (2,12 %) ou urbain (4,18 %), (p = 0,008). Ce lien était retrouvé dans l’analyse

multivariée (p < 0,001).

o Gardes

En revanche, le fait de réaliser des gardes ne semblaient pas constituer un facteur de

risque de burn-out (p = 0,673), qu’elles soient régulées ou non (p=0,650). On pouvait toutefois

relever un taux de burn-out sévère légèrement plus élevé chez les médecins effectuant des

gardes en nuit profonde 5,9 % contre 4 % chez ceux ne travaillant pas de minuit à 8h, sans que

cela soit significatif dans notre étude (p= 0,638).

o Nombre moyen de consultations par jour

Un nombre moyen de consultations quotidiennes supérieur ou égal à 30 représentait

également un facteur de risque de burn-out sévère avec un taux à 6,4 % contre 3,4 % pour les

praticiens effectuant moins de 30 consultations par jour (p < 0,001).

o Quantité d’heures travaillées hebdomadaire

On constatait également qu’un nombre moyen d’heures travaillées par semaine

supérieur ou égal à 50 heures constitue un facteur de risque de burn-out sévère avec p < 0,001

(5,7 % contre 3,6 % pour les médecins travaillant moins de 50 heures par semaine).

o Secrétariat

Le fait de bénéficier des services d’un secrétariat médical représentait un facteur

protecteur de burn-out sévère (p = 0,050). Par contre, le fait que le secrétariat soit sur place, au

cabinet ou à distance ne semblait pas avoir d’incidence (p= 0,892).

o Cabinet de groupe

Travailler dans un cabinet de groupe représentait très significativement un facteur

protecteur de burn-out sévère (p < 0,001), avec une absence de burn-out de 58,4 % chez les

médecins travaillant en groupe et un taux de burn-out sévère de 3,6 % contre 6,7 % chez les

praticiens travaillant seul(e).

Page 36: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

36

o Partie d’activité salariale

Avoir une partie de son activité en tant que salarié dans une structure (hôpital, EHPAD,

PMI…) n’avait pas de lien avec le risque de burn-out dans notre étude (p = 0,755).

o Formations complémentaires

De même, bénéficier d’une formation complémentaire ne représentait ni un facteur de

risque, ni un facteur protecteur du burn-out (p = 0,793).

o Maître de stage des Universités

A l’opposé, le statut de Maître de stage des Universités représentait un facteur

significativement protecteur de burn-out chez les médecins généralistes avec un taux de burn-

out sévère de 2,8 % et une absence totale de burn-out de 63,1 % (p < 0,001). Ce lien était

également retrouvé dans l’analyse multivariée (p = 0,006).

o Temps de trajet domicile-cabinet

Le temps de trajet entre le domicile et le cabinet ne semblait pas avoir de corrélation

avec le risque de burn-out avec un seuil fixé à 12 minutes (p = 0,530).

o Réalisation de visites à domicile

Contrairement à notre hypothèse de départ, la réalisation de visites à domicile était un

facteur protecteur de burn-out sévère avec un taux de 4,1 % chez les médecins réalisant des

visites à domicile contre un taux de 11,3 % chez ceux n’en réalisant pas (p < 0,001), résultat

confirmé par l’analyse multivariée (p < 0,001).

Page 37: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

37

Caractéristiques professionnelles

N (%)

Absence de

burn-out

Burn-out

faible

Burn-out

modéré

Burn-out

sévère

Valeur p

Nombre total de réponses Femmes Hommes

Indéterminés

1926 47,6 % 52,1 % 0,3 %

55,3 % 59 %

51,9 %

26,1 % 25,6 % 26,6 %

13,8 % 12,1 % 15,3 %

4,8 % 3,4 % 6,2 %

< 0,001

Milieu d’exercice Rural

Semi-rural Urbain

22,2 % 39 % 39 %

55,5 % 53,4 % 56,9 %

26,6 % 25,6 % 25,9 %

15,8 % 13,8 % 13,1 %

2,1 % 7,1 % 4,2 %

0,008

Partie activité en tant que salarié

14,8 % 57,2 % 25,8 % 12 % 5 % 0,755

Maître de stage des Universités

31,9 % 63,2 % 22,4 % 11,7 % 2,8 % < 0,001

Gardes réalisées Régulées par le SAMU

Nuits profondes

60,9 % 88,9 % 19 %

54,8 % 54,5 % 54,8 %

26,5 % 26,9 % 24,9 %

14,2 % 14,3 % 14,5 %

4,5 % 4,3 % 5,9 %

0,673 0,650 0,638

Formations complémentaires

46 % 56,2 % 25,5 % 13,4 % 4,9 % 0,793

Nombre moyen de consultations par jour

³ 30

73,9 %

51 %

27 %

15,6 %

6,4 %

< 0,001

Nombre moyen d’heures travaillées par semaine

³ 50

58,1 %

50 %

27,4 %

17 %

5,7 %

< 0,001

Présence d’un secrétariat Physique

A distance

76,5 % 66,6 % 33,4 %

56,6 % 56,5 % 57,3 %

26,2 % 27 %

25,2 %

12,7 % 12,3 % 12,7 %

4,5 % 4,2 % 4,8 %

0,050

0,892 Cabinet de groupe

65,4 % 58,4 % 25,9 % 12,1 % 3,6 % < 0,001

Réalisation de visites à domicile

91,6 % 55,8 % 25,9 % 14,3 % 4,1 % < 0,001

Temps moyen de trajet entre le domicile et le lieu

de travail ³ 12 minutes

37,5 %

53,2 %

27 %

15 %

4,9 %

0,53

Tableau 6. Résultats selon les caractéristiques socio-professionnelles

Parmi les caractéristiques socio-professionnelles, l’analyse multivariée retrouve un lien

significatif entre burn-out sévère et sexe masculin (p = 0,016 ; OR = 0,52 ; [0,31-0,88]), milieu

d’installation en semi-rural (p < 0,001 ; OR = 5,14 ; IC [2,14-12,34]), statut de MSU (p = 0,006 ;

OR = 0,42 ; IC [0,23-0,78]), l’absence de réalisation de visite à domicile (p < 0,001 ; OR = 0,24

; IC [0,13-0,47]).

Page 38: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

38

Figure 2. Forest-plot burn-out et caractéristiques socio-professionnelles

Ø Caractéristiques socio-démographiques (tableau 7)

o Statut marital

Le statut marital des participants à l’étude n’influait pas sur leur risque d’être victime

d’un burn-out sévère avec tout de même un taux de burn-out sévère légèrement plus élevé, bien

que non significatif, chez les médecins divorcé(e)s ou séparé(e)s à 6,1 % contre 4,6 % chez les

médecins en couple (p = 0,267).

o Etre parent

Le fait d’être parent d’au moins un enfant ne constituait pas non plus un lien avec le

risque de faire un burn-out sévère ou au contraire d’en être exempté (p = 0,125).

Lége

r(v

s. p

as d

e bu

rnou

t)M

odér

é(v

s. p

as d

e bu

rnou

t)Sé

vère

(vs.

pas

de

burn

out)

RRR 95%CI p-value

Genreféminin 0.934 [0.738;1.182] 0.569Milieusemi-rural 1.007 [0.748;1.356] 0.961Milieuurbain 0.935 [0.690;1.267] 0.663MSU 0.647 [0.504;0.831] 0.001Nombredeclients>30 1.159 [0.916;1.465] 0.218Heuresdetravail>50 1.309 [1.026;1.670] 0.030Secrétariat 0.976 [0.732;1.300] 0.866Cabinetdegroupe 0.955 [0.737;1.237] 0.725Visitesàdomicile 0.797 [0.523;1.214] 0.291

Genreféminin 0.854 [0.632;1.152] 0.301Milieusemi-rural 0.926 [0.639;1.340] 0.682Milieuurbain 0.883 [0.606;1.287] 0.518MSU 0.665 [0.481;0.918] 0.013Nombredeclients>30 1.171 [0.871;1.575] 0.297Heuresdetravail>50 1.879 [1.360;2.596] <0.001Secrétariat 0.797 [0.566;1.123] 0.195Cabinetdegroupe 0.704 [0.513;0.966] 0.030Visitesàdomicile 0.918 [0.524;1.608] 0.765

Genreféminin 0.529 [0.319;0.879] 0.014Milieusemi-rural 5.288 [2.200;12.708] <0.001Milieuurbain 2.155 [0.848;5.473] 0.107MSU 0.418 [0.227;0.769] 0.005Nombredeclients>30 1.894 [1.168;3.070] 0.010Heuresdetravail>50 1.560 [0.932;2.610] 0.090Secrétariat 0.813 [0.465;1.420] 0.467Cabinetdegroupe 0.675 [0.407;1.120] 0.129Visitesàdomicile 0.252 [0.132;0.481] <0.001

0 1 2 3 4 5 6

Page 39: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

39

Caractéristiques socio-

démographiques

N (%)

Absence de burn-

out

Burn-out

faible

Burn-out

modéré

Burn-out

sévère

Valeur p

En couple 85,6 % 56 % 25,9 % 13,6 % 4,6 %

0,267

Célibataire 4,6 % 41,6 % 32,6 % 20,2 % 5,6 %

Veuf, veuve 1,2 % 72,7 % 13,6 % 9,1 % 4,6 %

Divorcé(e) ou séparé(e)

8,6 % 53,9 % 25,5 % 14,6 % 6,1 %

Parent d’au moins un enfant

89 % 56,1 % 25,3 % 13,8 % 4,9 % 0,125

Tableau 7. Résultats en fonction des caractéristiques socio-démographiques

Ø Consommation de substances psycho-actives et antécédents psychiatriques

(tableau 8)

o Tabac

Les médecins fumeurs, que ce soit de tabac ou de cigarette électronique n’étaient pas

non plus davantage à risque de présenter un burn-out que les non-fumeurs.

o Alcool

Le fait de boire de l’alcool de manière occasionnelle n’avait pas de lien statistique avec

le risque de burn-out sévère. Cependant, une consommation supérieure aux seuils fixés par

l’OMS, tout sexe confondu, représentait un facteur de risque de burn-out avec un taux de burn-

out sévère de 7,4 % dans cette population (p = 0,002).

o Médicaments psycho-actifs

La consommation de médicaments psycho-actifs tels que les anxiolytiques, les

somnifères et les antidépresseurs constituaient un facteur de risque de burn-out sévère

significativement représentatif avec des taux respectivement de 15 %, 11,3 % et 12,4 % avec

un petit p, pour chacune de ces données, inférieur à 0,001. De même, un lien existait entre la

consommation de thymo-régulateurs et le burn-out sévère (p = 0,031).

Ce lien n’était retrouvé que pour les anxiolytiques pour l’analyse multivariée (p=0,001).

En revanche, on ne retrouvait pas de lien avec la consommation de dérivés opiacés à but

psycho-actif (p = 0,182).

Page 40: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

40

o Antécédents psychiatriques

Avoir des antécédents psychiatriques et être en burn-out sévère selon le MBI était

significativement lié avec un taux de burn-out sévère de 10,4 % (p = 0,029).

o Idées suicidaires

De manière similaire, avoir déjà eu des idées suicidaires était un facteur de risque de

burn-out sévère avec un taux significatif de 12,2 %, (p < 0,001).

Caractéristiques socio-

démographiques

N (%) Absence de burn-

out

Burn-out

faible

Burn-out

modéré

Burn-out

sévère

Valeur p

Consommation de substances

psychoactives :

Tabac Cigarette électronique

Alcool occasionnel

Alcool > seuil OMS

12,4 %

10,6 % 2,8 %

76,6 %

4,9 %

33,8 %

51 % 44,2 %

54 %

36,8 %

31,2 %

29,4 % 26,9 %

26,7 %

37,9 %

23,2 %

16,2 % 23,1 %

13,9 %

17,9 %

11,8 %

3,4 % 5,8 %

5,4 %

7, 4 %

< 0,001

0,332 0,217

0,089

0,002

Consommation de

médicaments psychoactifs :

Anxiolytiques

Somnifères Antidépresseurs

Thymo-régulateurs Dérivés opiacés

6,2 % 3,2 % 4,2 % 0,6 % 0,3 %

26,7 % 30,7 % 33,3 % 36,4 % 16,7 %

35 % 29 %

29,6 % 27,3 % 50%

23,3 % 29 %

24,7 % 9,1 % 33,3 %

15 % 11,3 % 12,4 % 27,3 %

0 %

<0,001 <0,001 <0,001 0,031 0,182

Antécédents

psychiatriques

0,05 %

51 %

20,8 %

17,7 %

10,4 %

0,029

Idées suicidaires

20,2 %

35,4 %

29,2 %

23,2 %

12,2 %

<0,001

Tableau 8. Résultats en fonction des habitudes de consommation et des antécédents psychiatriques

Page 41: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

41

Parmi les habitudes de consommation, l’analyse multivariée retrouve un lien significatif

entre burn-out sévère et consommation d’anxiolytiques (p = 0,001 ; OR = 3,64 ; IC [1,72 –

7,65]), et burn-out sévère et idées suicidaires (p < 0,001 ; OR = 5,97 : IC [3,71 – 9,53]).

Figure 3. Forest-plot burn-out et consommation de médicaments psycho-actifs

Lége

r(v

s. p

as d

e bu

rnou

t)M

odér

é(v

s. p

as d

e bu

rnou

t)Sé

vère

(vs.

pas

de

burn

out)

-1 1 3 5 7

RRR 95%CI p-value

Alcool>norme 1.889 [1.154;3.091] 0.011Anxiolytiques 2.306 [1.368;3.889] 0.002Somnifères 1.334 [0.654;2.721] 0.428Antidépresseurs 1.186 [0.641;2.194] 0.588Thymorégulateurs 0.775 [0.160;3.763] 0.752Idéessuicidaires 1.793 [1.344;2.392] <0.001Age 0.999 [0.988;1.010] 0.798Genreféminin 0.844 [0.666;1.069] 0.159

Alcool>norme 1.454 [0.774;2.730] 0.245Anxiolytiques 1.915 [1.038;3.535] 0.038Somnifères 2.340 [1.107;4.950] 0.026Antidépresseurs 1.725 [0.880;3.380] 0.113Thymorégulateurs 0.233 [0.023;2.320] 0.214Idéessuicidaires 3.103 [2.234;4.309] <0.001Age 0.987 [0.974;1.001] 0.077Genreféminin 0.588 [0.434;0.797] 0.001

Alcool>norme 1.456 [0.606;3.502] 0.401Anxiolytiques 3.636 [1.728;7.653] 0.001Somnifères 1.033 [0.331;3.226] 0.956Antidépresseurs 1.465 [0.584;3.675] 0.415Thymorégulateurs 1.105 [0.169;7.240] 0.917Idéessuicidaires 5.947 [3.712;9.526] <0.001Age 1.009 [0.985;1.033] 0.467Genreféminin 0.490 [0.298;0.805] 0.005

Page 42: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

42

Ø Le stress (tableau 9)

Une EN stress estimée supérieur à 7 était un facteur de risque de burn-out sévère de

manière significative (14,3 % de burn-out sévère), (p < 0,001).

Total Absence de burn-

out

Burn-out

faible

Burn-out modéré

Burn-out sévère

Valeur p

Stress avec EN > 7

0,05 % 18,7 % 33 % 34,1 % 14,3 % < 0,001

Tableau 9. Résultats en fonction du stress ressenti

o Causes de stress au travail (tableau 10)

Toutes les catégories décrites de causes de stress au travail représentaient un facteur de

risque de burn-out sévère de manière significative, p < 0, 001.

Causes du stress au

travail Total Absence

de burn-

out

Burn-out

faible

Burn-out

modéré

Burn-out

sévère

Valeur p

Surcharge de travail

62,4 % 48 % 28,1 % 17,7 % 6,2 % < 0,001

Perte de confiance et de reconnaissance

83 % 50,8 % 27,6 % 16 % 5,6 % < 0,001

Trop de charges

administratives

76,3 % 51,7 % 26,8 % 15,9 % 5,7 % < 0,001

Insatisfaction des conditions

de travail

82,6 % 50,5 % 27,6 % 16,2 % 5,8 % < 0,001

Tableau 10. Résultats en fonction des grandes causes de stress au travail

Page 43: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

43

o Techniques de gestion du stress (tableau 11)

Parmi les techniques de gestion du stress, le fait de pratiquer une activité sportive, des

loisirs ou de s’accorder des congés représentaient des facteurs protecteurs de burn-out de

manière significative (p < 0,001 pour chacune de ces données).

Les approches nutritionnelles, le fait d’être soigné par psychothérapie ou thérapie

cognitivo-comportementale ou les techniques de relaxation (sophrologie, méditation…)

n’avaient pas de lien avec le burn-out (respectivement p = 0,402 ; p = 0,066 et p = 0,580)

A l’inverse, les médecins qui disaient avoir recours à des consultations médicales pour

les aider dans la gestion de leur stress étaient plus à risque de burn-out sévère (11,9 %),

p < 0,001.

Gestion du stress

Total

Absence de burn-

out

Burn-out

faible

Burn-out modéré

Burn-out sévère

Valeur p

Consultations médicales

5,7 % 38,5 % 30,3 % 19,3 % 11,9 % < 0,001

Approche nutritionnelle

10,3 % 59,9 % 21,3 % 13,7 % 5,1 % 0,402

Psychothérapies ou TCC

11 % 48,8 % 30,1 % 13,4 % 7,7 % 0,066

Techniques de relaxation

19,6 % 57,8 % 24,7 % 13,7 % 3,8 % 0,580

Activité sportive

66,8 % 58,8 % 25,5 % 12 % 3,8 % < 0,001

Loisirs 82,6 % 58,8 % 24,6 % 12,6 % 4 % < 0,001

Congés 77,1 % 58,7 % 25,1 % 12,4 % 3,8 % < 0,001

Tableau 11. Résultats stress et gestion du stress

Page 44: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

44

V. DISCUSSION

A. CONFRONTATION DES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE BOUM AUX

DONNÉES DE LA LITTÉRATURE

a) Critère d’évaluation principal : la prévalence

Notre étude rapporte une prévalence de burn-out sévère à 4,8 % chez les médecins

généralistes libéraux Français.

Il semble nécessaire d’évaluer chacune des trois dimensions proposées par le MBI, qui

bien que corrélées sont distinctes (19). Ainsi, le score d’épuisement émotionnel élevé était de

25,7 %, le score de dépersonnalisation élevé était de 26,9 % et le score de bas sentiment

d’accomplissement personnel de 15,8 %. Ces taux, bien que plus faibles que ceux décrits dans

une étude européenne conduite en 2008 dans 12 pays (14), sont, pour le moins, très

préoccupants. Cela correspondrait à plus de 2 700 médecins généralistes en activité qui seraient

en burn-out sévère en France.

Le burn-out des médecins généralistes est donc une réalité. Cependant, il ne figure dans

aucune classification actuelle des troubles mentaux. Son inscription au tableau des maladies

professionnelles, débattue par les parlementaires français en 2015, a finalement été rejetée,

probablement du fait de l’imprécision des contours de cette réalité (20,21). Le burn-out n’est

pas considéré comme une maladie mais comme un « facteur influant sur l’état de santé et motif

de recours aux services de santé ». Il se rapproche d’autres situations non spécifiques telles

que, par exemple, la souffrance au travail ou les effets du stress lié au travail (22).

Nos résultats correspondent aux données de la littérature des études françaises comme

dans celle menée chez 306 médecins généralistes par Cathébras et al. dans le département de la

Loire en 2004 (23). Ce dernier définissait le mal-être du soignant dans l’article de la Presse

Médicale ainsi : « une partie de la souffrance des soignants provient de la rencontre de l’utopie

d’une santé parfaite et de la réalité de l’homme souffrant. De ce point de vue, la confrontation

quotidienne avec les limites de l’efficacité médicale, associées à l’érosion de la reconnaissance

sociale du médecin de famille contribue sans doute au malaise des généralistes, placés en

première ligne face aux attentes irréalistes de la société vis-à-vis de la médecine ». Ce chiffre

est moins élevé que celui retrouvé lors de l’étude européenne de 2008. Cependant leur

population était moins importante que la nôtre (1393 réponses), (14).

Page 45: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

45

b) Critères d’évaluation secondaires :

Ø Facteurs de risque de burn-out sévère

Cette étude a permis de mettre en évidence des facteurs de risque de burn-out sévère :

une symptomatologie anxieuse certaine et une symptomatologie dépressive certaine sur

l’échelle HAD, le sexe masculin, un âge ≥ 50 ans, l’exercice en milieu semi-rural, l’absence de

réalisation de visites à domicile, un nombre moyen de consultations quotidiennes ≥ 30, une

quantité de travail hebdomadaire ≥ 50 heures, une consommation d’alcool supérieure aux seuils

fixés par l’OMS, la consommation de médicaments psycho-actifs (anxiolytiques, somnifères

ou thymorégulateurs) , les troubles du sommeil (lien également mis en évidence dans deux

études de 240 et 524 patients en 2008 (24) et 2011 (25)), une sensation de fatigue avec une EN

> 7, un stress avec un EN > 7 (lien établi dans une méta-analyse de 2012 (26)), le fait d’avoir

des antécédents psychiatriques et d’avoir déjà eu des idées suicidaires.

A ce sujet, notons ce pourcentage très important d’idées suicidaires chez les médecins

généralistes, qui est supérieur à 20 %. Si nous extrapolons à l’ensemble des médecins libéraux,

cela correspondrait à plus de 11 000 médecins qui ont, ou ont eu des idées suicidaires. Dans

une enquête réalisée en Bourgogne en 2008, 34 % des 250 médecins interrogés déclarés avoir

déjà pensé au suicide (27). En comparaison, le dernier observatoire du suicide demandé en 2014

par la ministre de la Santé retrouve un taux d’idées suicidaires de 3,9 % dans la population

générale (enquête menée en 2010 auprès de personnes de 15 à 85 ans) (28). Le suicide

représente 14 % des causes de décès des médecins libéraux (12). Dans une étude réalisée en

2010 en France par l’InVS (Institut National de Veille Sanitaire), portant sur des décès survenus

entre 1976 et 2002, on retrouve que le secteur de la santé et de l’action sociale présente le taux

de décès par suicide le plus élevé (29). Cependant, cette étude excluait les travailleurs du monde

agricole. Un rapport établi en 2013 de l’InVS retrouve 17,5 % de suicides parmi les décès des

agriculteurs sur trois années étudiées (2007 à 2009), (30).

Les antécédents psychiatriques représentent la première cause d’invalidité chez les

médecins, d’après les statistiques publiées par la CARMF.

Page 46: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

46

Le lien entre burn-out et consommation d’alcool est aussi fréquemment retrouvé dans

la littérature (notamment dans une étude américaine réalisée en 2012 chez 4 402 étudiants en

médecine (31)), ainsi que celui entre burn-out et consommation de médicaments psycho-actifs

(10,11,14,32).

Cependant, notre étude ne retrouve pas de lien entre la consommation de tabac et le

burn-out sévère.

Concernant l’âge, il ressort que les médecins généralistes âgés de plus de 50 ans sont

plus à risque de faire un burn-out sévère et particulièrement ceux appartenant à la tranche d’âge

46-55 ans. On assiste alors à un burn-out de milieu de carrière comme décrit dans une étude

américaine de 2002 (33), alors que la proportion de burn-out sévère chez les médecins plus âgés

ayant répondu à notre questionnaire, se rapproche de celles des jeunes médecins (1,6 % chez

les plus de 65 ans comme chez les 25-35 ans).

À propos de la réalisation de visites à domicile, on retrouvait un taux de burn-out sévère

de 11,3 % chez les médecins n’en réalisant pas dans leur activité, contre 4,1 % chez ceux en

réalisant. Paradoxalement, de nombreux médecins se plaignent, dans les témoignages libres

recueillis à la fin de l’étude, de combien ces visites peuvent être pesantes pour leur activité

(chronophages, peu rentables, peu de matériel à disposition, conditions difficiles pour examiner

les malades…). Malgré cela, les visites à domicile sont un moyen pour le médecin de sortir de

la routine de son cabinet, de varier son activité et d’approfondir les rapports humains avec ses

patients en étant confronté à leur quotidien. Cela explique probablement ce résultat obtenu.

Ø Facteurs protecteurs de burn-out sévère

Des facteurs protecteurs de burn-out sévère ont également été mis en évidence : le sexe

féminin, ce qui est confirmé par un article montrant que les femmes réussissent davantage à

équilibrer vie de famille et vie professionnelle (34) bien que plus soumises au stress (35),

l’exercice en milieu rural, le statut de maître de stage des universités, le fait de travailler dans

un cabinet de groupe (élément non retrouvé dans une étude portant sur les maisons de santé

pluridisciplinaires (36)), la présence d’un secrétariat, la réalisation de visites à domicile, le fait

de pratiquer une activité sportive et/ou des loisirs (37), le fait de prendre des congés.

Page 47: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

47

Concernant le milieu d’exercice, une définition plus précise semble nécessaire. En effet,

les résultats de notre étude sont plutôt surprenants. De nombreux médecins mettent en évidence

la complexité de l’exercice de leur métier dans un milieu rural, où les médecins sont de plus en

plus isolés avec un recours difficile aux spécialistes d’organes et aux hôpitaux, et une patientèle

vieillissante (38). Malgré ces faits, ceux-ci semblent moins touchés par le burn-out sévère. Ce

résultat s’explique probablement du fait de l’imprécision de la définition des différents milieux

d’exercice. Ce vocabulaire est utilisé de manière fréquente chez les médecins mais aucune

définition précise n’est délivrée par l’ARS, le Conseil de l’Ordre ou la CPAM.

Ainsi, un travail de thèse réalisé en 2010 (39), propose de recourir aux catégories

officielles définies par l’INSEE, à savoir :

- Pôle urbain : unité urbaine offrant au moins 5 000 emplois et qui n’est pas située dans

la couronne périurbaine d’un autre pôle urbain

- Couronne périurbaine : recouvre l’ensemble des communes de l’aire urbaine à

l’exclusion de son pôle urbain.

- Communes multi-polarisées : communes situées hors des aires urbaines, dont au moins

40 % de la population résidente, ayant un emploi, travaille dans plusieurs aires urbaines,

sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles, et qui forment avec elles un ensemble

d’un seul tenant.

- Pôle rural : comprend les communes appartenant à l’espace à dominante rurale et

comptant 1 500 emplois ou plus.

- Couronne d’un pôle rural : composée des communes appartenant à l’espace à dominante

rurale et dont 40 % ou plus des actifs résidents travaillent dans le pôle rural.

- Autre espace rural : regroupe l’ensemble des communes n’appartenant pas à l’espace à

dominante urbaine ni à une aire d’emploi de l’espace rural.

La zone urbaine correspond donc au pôle urbain, la zone semi-rurale à la couronne

périurbaine, les communes multi-polarisées et le pôle rural et la zone rurale à la couronne d’un

pôle rural et l’autre espace rural.

Cependant, ces définitions ne s’appliquent pas aux zones médicales qui devraient

davantage prendre compte de l’offre hospitalière et de spécialistes d’organes à laquelle a accès

le médecin généraliste.

Page 48: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

48

Ø D’autres facteurs de risque ou protecteurs du burn-out

D’autres études réalisées sur ce sujet mettent en évidence d’autres facteurs de risque ou

protecteurs du burn-out. Ainsi, une étude réalisée en mai 2016 par une équipe du CHU de

Poitiers décrit que l’empathie est un facteur protecteur du burn-out alors que la sympathie est

un facteur de risque (40). L’empathie est définie comme le fait de penser à partir du point de

vue, de la perspective de l’autre. A l’opposé, la sympathie est le fait de s’attribuer à soi-même

ce que l’autre est en train de vivre. On comprend alors combien un médecin ayant de la

sympathie pour chacun de ses patients peut en souffrir, on assiste à un épuisement par

compassion (41).

De nombreuses études établissent un rapport entre le type de personnalité et le risque de

survenue de burn-out. Une étude longitudinale (42) sur 12 ans auprès de presque 3 000

médecins (suivis depuis leur entrée en fac de médecine) met en évidence le lien entre le burn-

out et les cinq traits centraux de personnalité (43) établis par Goldberg en 1990 (extraversion,

caractère consciencieux, névrosisme, agréabilité et ouverture à l’expérience). Les médecins

avec un trait de personnalité type « névrosisme » sont plus sujets à l’épuisement émotionnel,

souvent attribué au fait que ces individus ont une tendance à la surcharge de travail. Une forte

dépersonnalisation est souvent corrélée à une personnalité de faible agréabilité. Les

personnalités de type extraversion auraient des scores plus élevés d’accomplissement personnel

(36). D’autres auteurs ont aussi démontré que les sujets avec une personnalité caractérisée par

un hyper investissement professionnel (44), un perfectionnisme, un esprit de compétition

(personnalité de type A (44)) sont plus sujets au stress et donc au burn-out (45,46).

Des relations conflictuelles avec les patients pourraient également représenter un facteur

de risque de burn-out. Ce lien a été mis en évidence dès les premières recherches sur ce sujet

conduites par C. Maslach (47). Ainsi, de nombreux médecins généralistes se plaignent des

attitudes non coopérantes, des comportements d’incivilité, ou encore de l’agressivité des

patients. Plusieurs études démontrent que ces situations de tension sont fréquentes. Hobbs a

trouvé auprès d’un échantillon de 1100 généralistes britanniques que 63 % d’entre eux ont subi

une forme d’agression au cours des 12 derniers mois (48). Aussi, 25 % des médecins

néerlandais indiquent avoir rencontré une situation de menace physique au cours de l’année

précédente (49). En 2016, 968 incidents ont été déclarés. Il s’agit du nombre de déclarations le

Page 49: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

49

plus important depuis la création en 2003 de l’Observatoire de la sécurité des médecins. Parmi

ces incidents, 65 % étaient rapportés par des médecins généralistes (50).

En travaillant avec l’humain et qui plus est l’humain malade, des relations conflictuelles

semblent inévitables. Cependant, une revalorisation du métier de médecin généraliste qui ne

doit plus être vu comme un produit de consommation, une éducation des patients et une

rééquilibration de la relation médecin-patient semblent indispensables et pourraient permettre

d’améliorer les choses.

B. LES CONSÉQUENCES DU BURN-OUT

Il est nécessaire de noter que parfois les facteurs de risque du burn-out sévère et les

conséquences de celui-ci sont difficiles à distinguer. Est-ce le fait de consommer des

médicaments psychotropes qui conduit au burn-out ou est-ce le fait d’être en burn-out qui induit

cette consommation ? La même question peut se poser pour les troubles du sommeil, l’anxiété,

les conflits familiaux… La littérature sur ce sujet distingue les conséquences personnelles du

burn-out sur le professionnel de santé qui en souffre et les conséquences sociétales de ce burn-

out.

a) Les conséquences personnelles

Plusieurs auteurs décrivent des troubles touchant l’individu victime de burn-out tant sur

le plan physique, cognitif, émotionnel ou comportemental (51). Ainsi, les médecins généralistes

souffrant de burn-out décrivent davantage de céphalées, troubles du sommeil, irritabilité,

difficultés familiales, anxiété, syndromes dépressifs, idées suicidaires mais on retrouve

également de l’hypertension artérielle, des infarctus du myocarde, un risque plus élevé

d’alcoolisme (52) ou d’autres addictions (23,33).

Une étude menée chez 196 médecins généralistes et pédiatres libéraux en 2003 associe

de façon significative le fait d’être atteint de burn-out sur au moins une des trois dimensions

avec un risque significativement plus élevé de troubles psychiatriques ; en cas d’épuisement

émotionnel, le médecin consomme plus de psychotropes et le risque d’incapacité de travail pour

des raisons psychiatriques est plus que doublé (53).

Page 50: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

50

b) Les conséquences sociétales

Ø Diminution de la qualité des soins

Le nombre d’erreurs médicales augmente de façon corrélée à l’augmentation de la

fatigue et de la détresse des praticiens et avec la présence de signes de burn-out (54). De la

même manière , le sentiment de dépersonnalisation vis-à-vis des patients augmente de manière

significative le risque d’erreurs médicales de 11 % (55), ainsi qu’une perception négative de

son travail par le médecin (on assiste alors à des prescriptions inappropriées, des difficultés de

communication entre le patient et son médecin…). On peut également retrouver une véritable

maltraitance envers les patients mais cela ne se retrouve que dans des études conduites en milieu

hospitalier (6,56).

Ø Coût des soins prodigués

Une étude réalisée en 2000 auprès de 220 médecins généralistes établit que plus les

médecins généralistes présentent des scores élevés dans les 3 dimensions du MBI et plus leurs

prescriptions sont coûteuses pour l’assurance maladie et le patient (57). Le médecin prescrit

alors davantage d’examens complémentaires et de recours à des avis de spécialistes d’organes

(58).

Ø Risque d’abandon de la profession

On retrouve également chez les médecins présentant des signes de burn-out, une envie

de diminuer le temps de travail (59). Dans une étude réalisée auprès de 488 médecins en Poitou-

Charentes, 33 % des médecins généralistes en burn-out souhaiteraient ne plus exercer s’ils en

avaient l’opportunité (60). Sur 306 médecins interrogés dans le département de la Loire, 58 %

déclarent envisager une reconversion (23).

Page 51: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

51

C. FORCES ET LIMITES DE L’ÉTUDE BOUM

a) Forces de l’étude

La principale force de l’étude BOUM est le nombre de questionnaires récoltés (N =

1926), ce qui place notre étude parmi celles ayant obtenu le plus grand nombre de réponses,

parmi les études ayant également étudié la prévalence du burn-out chez les médecins

généralistes. Cet échantillon de plus de 3,4 % de la population médicale nous permet

d’extrapoler nos résultats afin d’être représentatif de la population médicale française. En outre,

la population de médecins généralistes est constituée selon l’atlas de la démographie de 2016

(18) de 46 % de femmes et de 54 % d’hommes, cette répartition est donc plutôt bien respectée

dans notre étude (47,6 % de femmes et 52 % d’hommes).

Afin de répondre à une question précise, nos critères d’inclusion étaient très stricts pour

avoir une population homogène : les médecins généralistes libéraux. Le temps de recueil court

de 6 mois constitue également une force et permet un réel reflet de la santé des médecins à un

instant précis. Cela exclut également la possibilité de répondre deux fois au questionnaire.

Notre questionnaire est relativement exhaustif, cela a pu en freiner certains dans leurs

réponses, mais nous a permis de recueillir un maximum de données pour caractériser nos

critères d’évaluation secondaires.

b) Limites de l’étude

Les commentaires libres recueillis à la fin de l’étude ont mis en exergue que les niveaux

de stress et de fatigue n’étaient parfois pas directement liés au travail et qu’il existait d’autres

facteurs exogènes. Il apparaît effectivement que les niveaux de stress et de fatigue sont

multifactoriels (enfants en bas âge, deuil récent, ménopause…).

D’autre part, il semble possible que nos résultats aient été surestimés en raison de la

période de diffusion de l’étude. En effet, la majeure partie des questionnaires a été récoltée lors

de l’épidémie de grippe saisonnière, ce qui engendre bien entendu une surcharge de travail pour

le médecin généraliste. D’autant plus que l’épidémie de grippe de l’hiver 2016-2017 a été

précoce, avec un excès de mortalité et une faible couverture vaccinale pour le virus H3N2 en

cause dans la quasi-totalité des cas (61).

Page 52: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

52

Le refus de diffusion de notre questionnaire de la part de certains Conseils de l’Ordre

ou URPS a également limité la représentativité des réponses sur le territoire français. Ainsi, des

régions avec une densité importante de médecins ne sont quasiment pas représentées comme la

région Provence-Alpes-Côte d’Azur notamment, où l’étude conduite par Dumesnil en 2008

montre des taux plutôt inférieurs aux données de la littérature dans cette région (11). Elle

retrouvait effectivement un taux de burn-out de 1 % pour une population étudiée de 511

médecins généralistes libéraux.

Les médecins généralistes, ne se sentant pas concernés par le burn-out, ont pu ne pas

être intéressés et ne pas répondre au questionnaire. On peut toutefois évoquer le raisonnement

inverse : les professionnels attentifs à leur santé participeraient peut-être plus volontiers à ce

genre d’étude (51), alors que les médecins réellement en burn-out ou en déni de leur situation

peuvent ne pas avoir pris le temps de répondre à un questionnaire, que certains ont trouvé trop

long, devant leur fatigue et leur lassitude. Pour limiter ce biais, nous avons précisé dans notre

message accompagnant le questionnaire que tous les médecins généralistes étaient invités à

répondre même ceux ne se sentant pas concernés par le burn-out.

De plus, parmi les participants à l’étude, 32 % étaient maîtres de stage des universités

(MSU). Ce statut apparaît comme protecteur du burn-out sévère dans notre étude. On sait que

les MSU sont plus enclins à répondre aux questionnaires de thèse que les autres médecins

généralistes, cela peut donc constituer un biais de représentation de la population médicale

libérale en France. On dénombrait en effet, au 1er janvier 2016, 8 550 MSU en France selon le

Collège National des Généralistes Enseignants, soit 15 % des médecins généralistes libéraux.

Page 53: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

53

Enfin, le rapport établi en mars 2017 par l’HAS (22) émet quelques réserves à l'égard

du questionnaire Maslach Burn-out Inventory (MBI), non pensé en vue d'un repérage

individuel. Ce rapport rappelle que le MBI est l’instrument d’évaluation le plus souvent

employé pour mesurer la sévérité du burnout, mais émet des réserves quant à sa construction,

puisque la démarche définissant l’entité burn-out est née de l’instrument de mesure et non pas

l’inverse, comme c’est habituellement le cas.

En outre, la place de la réduction de l’accomplissement personnel dans le syndrome de

burn-out est de plus en plus remise en cause : elle aurait un rôle dans l’étiologie du burnout,

mais ne devrait pas être considérée comme une dimension de ce syndrome.

D. DES PISTES POUR L’AVENIR

La prévention du burn-out paraît l’élément essentiel sur lequel il faut travailler pour

améliorer la santé des médecins et ainsi améliorer la prise en charge des patients. La qualité des

soins dépend du bien-être des médecins (62), à l’extrême de véritables maltraitances envers les

patients peuvent être la conséquence du burn-out (56). Le système de santé devrait pouvoir

régulièrement mesurer le bien-être des médecins comme un indicateur de la qualité des soins

(63). Il semble primordial de s’occuper de la santé des médecins. Ainsi, une étude anglaise

montrait que plus de 80 % des médecins généralistes et médecins hospitaliers travaillaient

lorsqu’ils étaient malades (64). Les médecins généralistes ressentent une pression à la fois de

leurs collègues et de leurs patients de paraître en bonne santé même quand ils sont malades car

ils croient que leur bonne santé apparente peut être un indicateur de leurs compétences

médicales (65).

Outre, les mesures évidentes pour éviter le burn-out : bien manger, passer du temps avec

sa famille (66) [on notera que dans notre étude, 57 % des médecins interrogés pensent que leur

métier a un impact négatif sur leur vie de famille], prendre davantage de vacances, d’autres

moyens de prévention peuvent être évoqués :

Page 54: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

54

a) Prise en charge médicale

Les médecins généralistes français ne bénéficient d’aucun suivi médical obligatoire, ils

peuvent s’auto-désigner comme leur médecin traitant (c’est le cas de 90 % d’entre eux (67)) et

ainsi s’auto-diagnostiquer et s’auto-prescrire des médicaments (78 % se prescrivent leurs

traitements psychotropes dans notre étude). Or, le lien entre consommation de médicaments

psychotropes et burn-out est clairement démontré et ce dès le début de la formation médicale

(68). De plus, il existe une gêne chez les médecins à consulter un confrère par honte ou par peur

de déranger, de se confier (67). Le médecin est un patient impossible pour lui-même. Ainsi dans

un rapport de 2008 du Conseil National de l’Ordre (69), on peut lire « nous croyons nécessaire

de « ré-assainir » la prise en charge médicale des médecins à travers un encouragement pour

ne pas dire une incitation de nos confrères à ne pas se choisir comme propre médecin

traitant. ». Ce n’est pas une obligation dans de nombreux pays mais 42 % des médecins

australiens ont un médecin traitant (63), au Royaume-Uni, les médecins généralistes sont

obligés de désigner un médecin référent lors de leur installation (70).

Cela pourrait permettre un meilleur suivi des médecins généralistes libéraux et un

dépistage précoce des troubles aussi bien psychologiques que somatiques

D’autre part, l’instauration d’une médecine du travail pour les médecins généralistes

libéraux pourrait également être une solution, avec proposition de thérapies pour les médecins

le souhaitant (71). Dans une étude réalisée en 2006 en Île de France, 31 % des médecins

interrogés déclaraient ressentir le besoin d’un soutien psychologique (72). Certains

témoignages recueillis lors de cette étude vont d’ailleurs dans ce sens : « je trouve anormal qu’à

aucun moment dans notre métier, on nous déclare aptes. Apte à confronter la maladie et la

mort, apte à affronter l’agressivité des patients, apte à supporter cette pression de la sécu… ».

b) Groupes de parole et de formation

De nos résultats ressort clairement, qu’afin d’éviter le burn-out, les médecins

généralistes ont besoin d’échanger, de sortir de leur isolement, de partager leurs expériences et

leur ressenti de celles-ci, c’est pourquoi la pratique en cabinet de groupe, qui est de plus en plus

fréquente (59), le fait d’être maître de stage des universités, mais également le contact avec un

secrétariat apparaissent comme des facteurs protecteurs. Ces échanges humains semblent

constituer un véritable exutoire.

Page 55: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

55

De la même façon, le fait de prendre part à des groupes de parole (groupe Balint (73)

ou groupe de paires) semble également permettre de soulager les praticiens d’une certaine

pression (74). C’est pourquoi le statut de maître de stage des universités apparait dans notre

étude comme un facteur protecteur du burn-out. Cela permet au médecin de partager son

expérience, de rompre l’isolement et de se mettre constamment à jour afin de former la

génération future de médecins. Notons que les MSU travaillent plus souvent en cabinet de

groupe que leurs collègues sans fonction universitaire (75). Les formations en communication

sont également décrites comme bénéfiques (76).

Les FMC (Formations Médicales Continues) peuvent apparaître comme protectrices

contre l’épuisement professionnel chez les médecins généralistes libéraux pour ceux qui sont

habitués aux formations en groupe, où le contact humain apparaît bénéfique. En revanche, chez

les médecins qui pratiquent les FMC de manière académique, sous forme de conférences, elles

peuvent être génératrices d’anxiété avec un questionnement sur l’adéquation entre ses propres

connaissances et les connaissances actuelles (77).

c) Protection sociale

La protection sociale de base (CARMF) des médecins ne leur permet pas d’être malade

ce qui rajoute une pression importante : elle impose effectivement 90 jours de carence et se

révèle largement insuffisante pour couvrir même les frais professionnels (78). Le médecin est

alors obligé de souscrire à une prévoyance, ce qui engendre des frais supplémentaires. Cela

explique pourquoi un médecin travaille même malade, le poids des charges et le peu d’aide en

cas de maladie rendant tout arrêt difficile. Une révision de la protection sociale des médecins

semble donc primordiale.

D’autres solutions pourraient résider, par exemple, en conseillant aux maîtres de stage

de donner les éléments nécessaires pour permettre aux jeunes médecins une bonne

appréhension de la nécessité d’une prévoyance adaptée. Ensuite, il pourrait être envisagé une

réévaluation régulière tous les cinq ans du contrat de prévoyance du médecin, information qui

pourrait être relayée par les conseils départementaux au contact des prestataires de service

assurantiels sensibilisés à ces questions (69).

Page 56: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

56

La féminisation de la profession engendre d’ores et déjà quelques améliorations de la

protection sociale. Ainsi, un avantage supplémentaire maternité a été alloué aux femmes

médecins généralistes enceintes (mais uniquement pour les femmes médecins installées ou en

collaboration) à partir d’octobre 2017, sous réserve de publication au journal officiel (79).

d) Lignes téléphoniques et conseillers ordinaux

Quelques solutions pour la prise en charge et la prévention du burn-out existent déjà

mais sont trop peu connues par l’ensemble de la profession médicale. Ainsi des lignes

téléphoniques dédiées ont été mise en place et permettent une assistance psychologique

anonyme par téléphone, garantie par le secret médical.

Des conseillers ordinaux responsables de l’entraide au sein des Conseils de l’Ordre

peuvent également être contactés. Cependant certains témoignages recueillis nous font part de

l’absence de relation de confiance entre l’Ordre et certains médecins. On peut alors imaginer

que se tourner vers l’Ordre en cas de mal-être ne représente probablement pas une solution

idéale.

e) Pouvoirs publics

Les pouvoirs publics ont également un rôle important à jouer dans la prévention du burn-

out et pour garantir le bien-être des médecins. Ainsi, une diminution des charges administratives

et de la paperasserie dont souffrent 76 % des médecins de notre étude contre 63 % dans une

étude de réalisée en 2007 en Île de France chez 2 243 médecins (12), la revalorisation des

honoraires et plus largement du métier de médecin généraliste (80) rendraient probablement

l’installation plus attractive pour les jeunes médecins afin de soulager leurs aînés. Ils sont en

effet 46,5 % à se sentir concernés par le burn-out (81). Quant à la revalorisation des honoraires,

elle semble également importante : 57,6 % des médecins interrogés estiment que leur

rémunération n’est pas représentative du travail fourni.

Page 57: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

57

Encourager des facteurs qui semblent protecteurs de burn-out pourrait aussi être un

début de solution. Favoriser les cabinets de groupe en accordant des aides financières, aider

pour l’installation d’un secrétariat, revaloriser la prise en charge des trajets pour les visites à

domicile, promouvoir le développement des groupes de parole… semblent constituer des

solutions à court terme pour lutter contre le burn-out des médecins généralistes.

Une stratégie nationale « pour mieux prendre soin de ceux qui nous soignent » a été

lancée en décembre 2016 par la précédente Ministre des Affaires sociales et de la Santé : l’un

des axes de cette stratégie est d’améliorer la détection des risques psychosociaux.

Cependant, la rédaction de cette thèse s’étant finalisée juste après l’élection d’un

nouveau président de la République et de la désignation d’une nouvelle ministre de la Santé, de

nombreuses questions demeurent sur les perspectives à venir dans le domaine de la santé. Le

président de l’Ordre National des Médecins, le Dr Bouet demande effectivement, dans une

interview accordée au journal « Le Quotidien du médecin », un véritable Grenelle de la santé

afin de rétablir « une confiance entre le gouvernement et les acteurs de la santé » (82).

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58

VI. CONCLUSION

Les médecins généralistes installés en libéral en France sont 4,8 % à souffrir d’un burn-

out sévère. Le burn-out est donc une réalité bien présente dans notre système de soins sans que

ces chiffres n’aient évolués par rapport à des études réalisées il y a plus de 10 ans.

Les facteurs de risque de burn-out sévère mis en évidence dans l’étude BOUM étaient

une symptomatologie anxieuse et/ou dépressive certaine à l’HAD, des troubles du sommeil,

une fatigue et un stress avec une EN > 7, le sexe masculin, l’âge ³ 50 ans, l’exercice en milieu

semi-rural, le nombre de consultations quotidiennes ³ 30, la quantité moyenne de travail

hebdomadaire ³ 50 heures, la surcharge administrative, le sentiment de perte de confiance et

de reconnaissance, la consommation d’alcool supérieure aux seuils OMS et celle de

médicaments psycho-actifs, les antécédents psychiatriques et le fait d’avoir déjà eu au cours de

sa vie des idées suicidaires.

Les facteurs protecteurs de burn-out sévère étaient le sexe féminin, le fait de bénéficier

des services d’un secrétariat, le travail en cabinet de groupe, le statut de Maître de Stage des

Universités, la réalisation de visites à domicile, la pratique de sport et/ou de loisirs et la prise

de congés.

Notre étude et les commentaires libres recueillis à la fin de celle-ci nous montrent des

médecins surchargés au niveau administratif, souffrant du manque de reconnaissance et des

attentes souvent irréalistes des patients. Ils décrivent un sentiment d’abandon de la part des

instances dirigeantes (pouvoirs publics, Ordre des Médecins). Plusieurs évoquent le fait de

penser à une reconversion et de ne pas conseiller ce métier à leurs enfants. Un résultat nous

apparait comme particulièrement inquiétant : 20,2 % des médecins de notre étude déclarent

avoir déjà eu des idées suicidaires ce qui est 5 fois plus important que dans la population

générale.

Il parait donc urgent de s’occuper réellement de ce problème majeur de santé publique,

d’autant plus que le mal-être des médecins a une incidence sur la qualité des soins dispensés

aux patients. Des plateformes téléphoniques d’aide psychologique réservées aux médecins

existent, ainsi que des conseillers ordinaux responsable de l’entraide au sein de certains conseils

de l’ordre départementaux des médecins.

Page 59: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

59

Cependant, ces solutions sont bien souvent inconnues des médecins et demeurent

insuffisantes. Des solutions urgentes sont donc à trouver et notamment des mesures préventives.

Quelques pistes sont évoquées dans cette étude : médecine du travail pour les médecins

généralistes, obligation de désigner un médecin traitant autre que soi-même, encourager la

participation à des groupes de paires ou des groupes Balint…

D’autre part, une revalorisation de ce métier semble indispensable avec une

revalorisation des honoraires (une première avancée a déjà été faite dans ce domaine avec

passage à la consultation à 25 € pour les médecins du secteur 1 à partir de 1er mai 2017) mais

également une revalorisation de la fonction, un allègement des charges et du travail

administratif, une amélioration de la relation entre le médecin et les caisses d’assurance maladie

(instauration d’une relation de confiance) …

Toutes ces mesures, loin d’être exhaustives, pourraient permettre d’améliorer un métier

avec des professionnels en souffrance, d’intensifier l’installation des jeunes médecins dans des

secteurs défavorisés, pour au final, garantir le bien-être d’une minorité qui à son tour peut

contribuer au bien-être d’une majorité.

Page 60: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

60

« La médecine est une maladie qui frappe tous les médecins, de manière inégale.

Certains en tirent des bénéfices durables. D’autres décident d’un jour de rendre leur blouse,

parce que c’est la seule possibilité de guérir – au prix de quelques cicatrices. Qu’on le veuille

ou non, on est toujours médecin. Mais on n’est pas tenu de le faire payer aux autres, et on n’est

pas, non plus, obligé d’en crever. »

La maladie de Sachs, M. Winckler, (83)

Page 61: UNIVERSITÉ DE CLERMONT AUVERGNE FACULTÉ DE MÉDECINE …

61

VII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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71

VIII. ANNEXES Annexe 1 : Accord CPP Sud-Est

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72

Annexe 2 : Le Maslach Burn-Out Inventory (MBI)

Indiquez la fréquence à laquelle vous ressentez ce qui est décrit à chaque item. Entourer le chiffre correspondant à votre réponse

Jam

ais

Que

lque

fois

par

ann

ée a

u m

oins

U

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is p

ar m

ois a

u m

oins

Q

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ois p

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Une

fois

par

sem

aine

Q

uelq

ues f

ois p

ar se

mai

ne

Cha

que

jour

1. Je me sens émotionnellement vidé par mon travail 0 1 2 3 4 5 6 2. Je me sens « à bout » à la fin de ma journée de

travail 0 1 2 3 4 5 6

3. Je me sens fatigué(e) lorsque je me lève le matin et que j’ai à affronter une autre journée de travail 0 1 2 3 4 5 6

4. Je peux comprendre facilement ce que mes malades ressentent 0 1 2 3 4 5 6

5. Je sens que je m’occupe de certains malades de façon impersonnelle comme s’ils étaient des objets 0 1 2 3 4 5 6

6. Travailler avec des gens tout au long de la journée me demande beaucoup d’effort 0 1 2 3 4 5 6

7. Je m’occupe très efficacement des problèmes de mes malades 0 1 2 3 4 5 6

8. Je sens que je craque à cause de mon travail 0 1 2 3 4 5 6 9. J’ai l’impression à travers mon travail d’avoir une

influence positive sur les gens 0 1 2 3 4 5 6

10. Je suis devenu(e) plus insensible aux gens depuis que j’ai ce travail 0 1 2 3 4 5 6

11. Je crains que ce travail ne m’endurcisse émotionnellement 0 1 2 3 4 5 6

12. Je me sens plein(e) d’énergie 0 1 2 3 4 5 6 13. Je me sens frustré(e) par mon travail 0 1 2 3 4 5 6 14. Je sens que je travaille trop dur dans mon travail 0 1 2 3 4 5 6 15. Je ne me soucie pas vraiment de ce qui arrive à

certains de mes malades 0 1 2 3 4 5 6

16. Travailler au contact direct avec les gens me stresse trop 0 1 2 3 4 5 6

17. J’arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes malades 0 1 2 3 4 5 6

18. Je me sens ragaillardi(e) lorsque dans mon travail j’ai été proche de mes malades 0 1 2 3 4 5 6

19. J’ai accompli beaucoup de choses qui en valent la peine dans ce travail 0 1 2 3 4 5 6

20. Je me sens au bout du rouleau 0 1 2 3 4 5 6

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21. Dans mon travail je traite les problèmes émotionnels très calmement 0 1 2 3 4 5 6

22. J’ai l’impression que mes malades me rendent responsable de certains de leurs problèmes 0 1 2 3 4 5 6

Instructions pour le calcul des indices de l’échelle de Maslach EPUISEMENT EMOTIONNEL Questions 1.2.3.6.8.13.14.16.20 Degré de burn-out Total inférieur à 17 = bas Total compris entre 18 et 29 = modéré Total supérieur à 30 = élevé DEPERSONNALISATION Questions 5.10.11.15.22 Degré de burn-out Total inférieur à 5 = bas Total compris entre 6 à11 = modéré Total supérieur à 12 = élevé ACCOMPLISSEMENT PERSONNEL Questions 4.7.9.12.17.18.19.21 Degré de burn-out Total supérieur à 40 = bas Total compris entre 34 et 39 = modéré Total inférieur à 33 = élevé Des scores modérés, voire élevés, sont le signe d’un épuisement professionnel latent, en train de s’installer. Si vous avez obtenu : Un score élevé aux deux premières échelles et un score faible à la dernière : vous sentez vous épuisé(e) professionnellement en ce moment Si vous avez obtenu : Un score faible aux deux premières échelles et un score élevé à la dernière : vous êtes loin d’être épuisé(e).

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74

Annexe 3 : échelle Hospital Anxiety and Depression (HAD)

Outil associé à la recommandation de bonne pratique « Arrêt de la consommation de tabac : du dépistage individuel au maintien de l’abstinence »

HAS / Service des bonnes pratiques professionnelles / octobre 2014 © Haute Autorité de Santé – 2014

1

Échelle HAD : Hospital Anxiety and Depression scale L’échelle HAD est un instrument qui permet de dépister les troubles anxieux et dépressifs. Elle comporte 14 items cotés de 0 à 3. Sept questions se rapportent à l’anxiété (total A) et sept autres à la dimension dépressive (total D), permettant ainsi l’obtention de deux scores (note maximale de chaque score = 21). 1. Je me sens tendu(e) ou énervé(e)

- La plupart du temps 3 - Souvent 2 - De temps en temps 1 - Jamais 0

2. Je prends plaisir aux mêmes choses qu’autrefois

- Oui, tout autant 0 - Pas autant 1 - Un peu seulement 2 - Presque plus 3

3. J’ai une sensation de peur comme si quelque chose d’horrible allait m’arriver

- Oui, très nettement 3 - Oui, mais ce n’est pas trop grave 2 - Un peu, mais cela ne m’inquiète pas 1 - Pas du tout 0

4. Je ris facilement et vois le bon côté des choses

- Autant que par le passé 0 - Plus autant qu’avant 1 - Vraiment moins qu’avant 2 - Plus du tout 3

5. Je me fais du souci

- Très souvent 3 - Assez souvent 2 - Occasionnellement 1 - Très occasionnellement 0

6. Je suis de bonne humeur

- Jamais 3 - Rarement 2 - Assez souvent 1 - La plupart du temps 0

7. Je peux rester tranquillement assis(e) à ne rien faire et me sentir décontracté(e)

- Oui, quoi qu’il arrive 0 - Oui, en général 1 - Rarement 2 - Jamais 3

8. J’ai l’impression de fonctionner au ralenti

- Presque toujours 3 - Très souvent 2 - Parfois 1 - Jamais 0

9. J’éprouve des sensations de peur et j’ai l’estomac noué

- Jamais 0 - Parfois 1 - Assez souvent 2 - Très souvent 3

10. Je ne m’intéresse plus à mon apparence

- Plus du tout 3 - Je n’y accorde pas autant d’attention que je

devrais 2 - Il se peut que je n’y fasse plus autant attention

1 - J’y prête autant d’attention que par le passé

0 11. J’ai la bougeotte et n’arrive pas à tenir en place

- Oui, c’est tout à fait le cas 3 - Un peu 2 - Pas tellement 1 - Pas du tout 0

12. Je me réjouis d’avance à l’idée de faire certaines choses

- Autant qu’avant 0 - Un peu moins qu’avant 1 - Bien moins qu’avant 2 - Presque jamais 3

13. J’éprouve des sensations soudaines de panique

- Vraiment très souvent 3 - Assez souvent 2 - Pas très souvent 1 - Jamais 0

14. Je peux prendre plaisir à un bon livre ou à une bonne émission de radio ou de télévision

- Souvent 0 - Parfois 1 - Rarement 2 - Très rarement 3

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Annexe 4 : questionnaire de l’étude BOUM

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Annexe 5 : quelques témoignages recueillis

« Des médecins de mon entourage ont fait un burn-out. Pour éviter que ça arrive, je me protège.

Je privilégie ma vie de famille et mes enfants. Je travaille à mi-temps avec un collaborateur.

Pour être un bon médecin, il faut être un être humain équilibré. »

« Exercer la MG en secteur 1 aujourd’hui, c'est tout simplement économiquement impossible

et humainement épuisant (si on a un minimum de conscience professionnelle). Nous passons

notre journée à demander des cartes vitales, expliquer aux patients comment faire valoir leurs

droits, se battre avec la CPAM, récupérer les défaillances de l'hôpital, reprendre des

'diagnostics' et soigner la iatrogénie des charlatanopathes (que le patient a grassement payé

en liquide mais qui ne me paie pas et qui veut que des médicaments remboursés), articuler les

obligations déontologiquement avec celles de la convention, les contraintes économiques

(CARMF, Urssaf, loyer, et autres multiples charges), familiales, et tout ceci en entendant du

doc-bashing de la part de nos responsables politiques et en ayant 90 jours de carence et pas de

couverture en cas d’AT et MP(mon assureur ne me croyait même pas sur ce dernier point, c'est

dire!)........... Bref à s'épuiser à résoudre des équations insolubles ou à se battre contre un

moulin. »

« J’ai eu mon 2ème enfant en juin. Congé maternité jusque mi-août, et en septembre les impôts,

la régulation URSSAF, la régulation CARMF. Grosse impression que je ne sortirai jamais la

tête de l'eau financièrement. »

« Prenez autant de plaisir que moi dans ce travail. J’adore mon métier et je re-signerai de

suite. Nous avons un métier passionnant riche en échange. Je continue les formations et les

congrès. Notre vie est passionnante. Un médecin heureux (et oui ça existe !) »

« Amélioration garantie si suppression de l'étatisation des soins qui est un véritable servage !!!

Qu'on nous laisse travailler en paix... Rétablir l'humanisme en lieu et place d'une maitrise

comptable qui oublie que seul l'humain peut comprendre l'Humain. »

« Tout va mieux dès que l'on ne sent plus indispensable... »

« Au secours. »

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« Je pars en retraite anticipée à 62 ans car je n'en peux plus physiquement et

psychologiquement. Mon couple a été détruit. Mes enfants sont partis loin, dont un à l'étranger.

Je les vois 3 fois par an et idem pour mes petits-enfants. Je regrette d'avoir fait ce métier qui

aura été détruit par les politiques et les médias. »

« Je vais beaucoup mieux : il y a 3 mois, mes réponses auraient été complètement différentes.

Je sais que j'arrête mon activité dans 3 ans et j'ai quelqu'un pour prendre ma suite ce qui me

rassure ... D'autre part, étant MSU, j'ai des retours très chaleureux de mes internes y compris

longtemps après leur passage à mon cabinet. »

« Manque de bras en médecine générale... médecins débordés... où sont passés les jeunes ? La

profession est-elle si sinistrée que les jeunes médecins ne souhaitent plus s'investir dans ce

merveilleux métier ? et pourtant que de joies ! »

« Zone de désertification médicale- 7 médecins pour 20 000 habitants – population âgée, poly

pathologies, surcharge administrative, consultations longues et chargées, secteur étendu,

toujours plus de contraintes, la situation implique de refuser des soins tous les jours. »

« Les problèmes administratifs de Mme Sécu deviennent insupportables, ils ne savent pas

simplifier et ne nous respectent pas et les médecins conseils sont complices car non

indépendants soumis à la hiérarchie. »

« Merveilleux métier je n'aurais pas voulu en faire un autre mais charges administratives de

plus en plus pesantes et imbéciles dans un seul but comptable. Nous sommes bien loin de l'idée

généreuse de Sécurité Sociale aussi s'est-elle transformée en Assurance Maladie ce qui veut

tout dire, dommage, il me reste le métier et les gens merci à eux. »

« Poids de la dictature administrative et du harcèlement administratif et des tutelles. »

« Le stress généré vient essentiellement dans mon cas par l'incertitude de l'avenir. Le tracas

administratif, la prise en charge des patients âgés en milieu hospitalier qui se dégrade faute de

lits et de personnel. Le nombre de personnes seules, démunies qui faute de moyens financiers

sont à domicile au lieu d'être en EHPAD comme leur état le nécessiterait (Alzheimer,

dépendance physique). »

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« Je n'ai plus aucun plaisir à travailler comme généraliste. »

« Je me suis mise 'hors course ' depuis 2008 après avoir réalisé que j’allais y laisser ma peau

et fait un énorme travail personnel. Actuellement activité cabinet en moyenne 1 jour et demi

par semaine + activité de régulation (équipe intra hospitalière, bonne ambiance) - et vie

organisée autour de 'VIVRE '. En revanche, pas de retraite et interdiction de tomber malade ...

équilibre actuellement satisfaisant mais pas de mise à l’abri sur le long terme... »

« Nous sommes les fantassins sous-payés +++de la médecine. »

« J'ai toujours autant de plaisir dans le soin et la relation au patient, mais les tâches

administratives sont devenues pénibles. »

« No future. Les cinquantenaires sont les derniers. Nous sommes vieux et notre avis vaut pet de

Sansonnet… »

« Pour moi, la médecine générale est tellement dévalorisée que l'on a atteint un point de non-

retour. Je poursuis le suivi de mes patients du mieux que je peux, mais avec l'impression que

tout est fini, que cela ne peut plus durer ainsi. »

« Mon travail est passionnant. Mais devant la rémunération trop faible et la charge de travail,

j’envisage pourtant de quitter la médecine pour m’installer comme thérapeute non

conventionné. J’y serai plus détendue. »

« Tant que les médecins seront payés à l'acte (= abattage = soins de moins bonne qualité), il

est illusoire d'espérer améliorer leur qualité de vie... »

« N'ai pas répondu aux autres questions car j'ai abandonné la profession en raison de la sécu

et je me suis reconverti dans le bâtiment, et ce n'est pas une blague. »

« Le stress ne vient pas des patients mais de la CPAM, des confrères peu scrupuleux et du

manque d'aide du conseil de l'ordre. »

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« Je suis très heureuse de mon métier, du contact avec les patients et de l 'entente avec mes

collaborateurs mais c'est la surcharge de travail qui est génératrice de stress. »

« A quoi bon, personne ne nous entend : nous sommes des 'privilégiés', nous roulons sur l'or...

Moi je rêve de moins travailler (je suis prête à gagner beaucoup moins), mais il m'est très

difficile de diminuer mon activité ! Il est difficile de dire non aux patients. »

« Tout va bien. Merci de penser à nous. »

« Métier formidable ! »

« Je juge notre métier précaire, mal payé, de plus en plus pollué par la paperasse

administrative. Les relations avec la sécu sont source de stress (mon collègue a reçu un

avertissement pour avoir prescrit deux lecteurs glycémiques à 2 ans d’intervalle...). Les

patients sont choqués qu'on puisse partir en congés en fin d'année ou qu'on finisse de travailler

avant 19 h... Si c'était à refaire j'aurais choisi dentaire. »

« Le plus pesant dans mon métier est le manque de reconnaissance tarifaire, surtout en

comparaison avec les spécialistes et l'investissement personnel, et avec d'autres professions

artisanales et nos responsabilités + investissement personnel (années d'études...). »

« Une impression permanente de n'avoir pas assez de temps pour bien faire les choses aussi

bien auprès des patients et par répercussion auprès de ma famille. »

« Quelle profession peut comme la nôtre - justifier le revenu de son activité toutes les quinze

minutes -sans compter le travail administratif et autre non payé - Aucune absence en presque

20 ans de travail - aucun droit à l’erreur - peu de reconnaissance de nos institutions - un métier

magnifique à la dérive. »

« Le burn-out est dû à l'exigence des patients qui veulent tout, tout de suite, la peur de faire un

mauvais diagnostic car les gens sont procéduriers, l'isolement des médecins, la surcharge

administrative. Notre travail n'est pas reconnu suffisamment financièrement. »

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« Je garde mon tempérament combatif et joyeux quand je suis avec mes amis mais je deviens

de plus en plus fatiguée, envie de rien avec ma famille et dans ma vie de tous les jours. Je

continue à apprécier le contact avec les gens avec plein d'énergie mais j'ai l'impression que les

patients 'me vident' de mon énergie sans compter les problèmes administratifs, la pression des

caisses, des pharmacies et le côté médico-légal... Parfois, y'en a RAS LE BOL pour le salaire

qu'on en retire...Nous sommes considérés comme n'étant pas capables de prescrire certains

médicaments mais quand il faut aller faire un certif d'HDT auprès d'un 'excité', on est les

meilleurs !!! mais sans formation. J'ai appris mon métier 'sur le tas' et dans la solitude. J’ai

peur du burn-out qui m'a 'frôlé' il y a 2 ans. »

« Je suis juste submergée. »

« Lire un poème tous les jours. »

« Ne faites pas ce métier. »

« Risque juridique insupportable, donc je ne cautionne pas cette profession (pas d'étudiant,

refus à mon enfant de cette voie universitaire) et je déplaquerai dès que possible. »

« Profession en crise, amortisseur social fatigué, professionnels libéraux en voie d’extinction,

reconversion envisagée comme la majeure partie de mes confrères. »

« Dégradation du métier de médecin généraliste avec exigence des patients et agressivité, et

des menaces. »

« J'avais l'impression que la médecine était un art que j'ai toujours pratiqué avec passion mais

le côté COMBAT PERMANENT est usant en temps et en énergie. Et ça me désole d'avoir cette

impression négative qui plombe le côté positif de notre métier. C'est ça que j'appelle 'la charge

administrative'. Heureusement l'idée que c'est pour le bien du patient atténue. »

« Vivement la retraite, c'est aujourd'hui devenu le crédo de ma vie et je trouve cela très triste

de vouloir vieillir pour pouvoir commencer à vivre … »

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« Travail théoriquement agréable. Rendu stressant par les appels téléphoniques + risque de

procès. Non valorisé par le prix des consultations, dévalorisé par le tiers payant et des patients

qui nous demandent quand les consultations seront <<gratuites>> !!!! »

« C'est grave, Docteur ? »

« Nous sommes devenus un véritable produit de consommation. Les gens sont usants et la

médecine n'est plus un sacerdoce ...... Nous ne sommes pas valorisés par les hautes instances

et nos libertés (prescription notamment) de plus en plus restreintes. Ai fait ce métier par

passion, mais si c'était à refaire, je partirais dans une autre voie. »

« Quand pourrais-je voir un médecin du travail pour l'aptitude à mon poste ? »

« Femme médecin, je regrette d'avoir négligé mes enfants, et d'être divorcée, responsabilité du

métier ?? »

« Vivement la retraite ... !! »

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(Conseil national de l’ordre des médecins)

SERMENT D'HIPPOCRATE

Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de

l’honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses

éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination

selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies,

vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai

pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.

Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances

pour forcer les consciences.

Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas

influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire

Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à

l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à

corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne

provoquerai jamais la mort délibérément.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je

n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai

pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ;

que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.

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SERMENT D'HIPPOCRATE

En présence des Maîtres de cette FACULTE et de mes chers CONDISCIPLES, je

promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'Honneur et de la Probité dans l'exercice de la

Médecine.

Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et je n'exigerai jamais un salaire au-dessus de

mon travail. Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe, ma

langue taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs

ni à favoriser le crime.

Respectueux et reconnaissant envers mes MAÎTRES, je rendrai à leurs enfants

l'instruction que j'ai reçue de leurs pères.

Que les HOMMES m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je

sois couvert d'OPPROBRE et méprisé de mes confrères si j'y manque.