vivarium - vol xli, no 2, 2003

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  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    1/170

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    =-0/']

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    2/170

    VIVARIUM

    AN INTERNATIONALJOURNALFOR THE PHILOSOPHY

    AND

    INTELLECTUAL LIFE OF THE

    MIDDLE

    AGES AND

    RENAISSANCE

    vivarium

    s devoted

    n

    particular

    o he

    rofane

    ide f

    mediaeval

    hilosophy

    and he ntellectualife f

    heMiddle

    ges

    nd

    Renaissance.

    EDITORS

    L.M. de

    Rijk,

    Leiden)

    H.A.G.

    Braakhuis,

    Nijmegen)

    C.H.

    Kneepkens,

    (Groningen)WJ.

    Courtenay,Madison)

    E.P.

    Bos,

    Leiden)

    D.

    Perler,

    (Basel)

    M.G.M. an

    er

    oel,

    Nijmegen).

    Secretary

    f he ditorial

    oard: rof. .H.

    Kneepkens.

    All

    ommunications,

    xcept

    hose f

    business

    ature,

    houlde

    addressed

    toC.H.

    Kneepkens,ijksuniversiteit

    roningen,

    aculteiter

    etteren,

    akgroep

    Mediaevistiek,.O. Box716, 700ASGroningen,heNetherlands.

    ADVISORY Tullio

    regory,

    Rome)

    Albert

    immermann,

    Cologne)-J.E.

    urdoch,

    COMMITTEE

    (Cambridge,

    A).

    PUBLISHERS

    Brill,eiden,

    he

    Netherlands.

    PUBLISHED

    Twice

    early.

    SUBSCRIPTION olume

    LII

    2004)320

    p.):

    UR

    138

    USD

    172)

    or

    nstitutions,

    nd

    UR

    67

    USD83)

    for

    rivate

    ubscribers,

    nclusive

    f

    ostage

    nd

    acking.

    rice

    ncludes

    online

    ubscription.

    Subscription

    rdersre

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    or

    omplete

    olumes

    nly,

    rders

    aking

    effectithhe irstssue f

    ny ear.

    rders

    ay

    lso e

    enteredn nauto-

    matic

    ontinuing

    asis. ancellationsill

    nly

    e

    accepted

    f

    hey

    re

    eceived

    beforectoberst f he ear recedinghe earnwhichhe ancellation

    is to

    ake ffect.laimsor

    missing

    ssues

    ill

    e

    met,

    reef

    harge,

    f

    made

    withinhree onthsf

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    urope.

    Subscription

    rders

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    ny

    ooksellerr

    ubscriptiongency,

    ordirectothe

    ublisher.

    OFFICES

    North

    merica The

    etherlands

    Brill

    cademicublishers

    Brill

    cademic

    ublishers

    112

    Water

    treet,

    te. 01 P.O. Box 000

    Boston,

    A

    02109

    NL-2300

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    ournal

    with our rintubscription.isitheBrill-Website

    at http:/ ww.brill.nlnd

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    nline

    ournals

    ection.

    BRILL

    LEIDEN

    BOSTON

    ISSN

    0042-7543.

    Printersion);

    SSN 1568-5349Online

    ersion)

    Printed

    n

    The Netherlands

    Printedn

    acid-free

    aper

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    3/170

    Abélard t lesgrammairiens

    sur e verbe

    ubstantif

    t la

    prédication

    IRENE ROSIER-GATACH

    0. Introduction

    Abélard

    est en constant

    ialogue

    avec les

    grammairiens,

    omme

    en attes-

    tent es nombreuses

    éférences

    Priscien t aux

    grammatici.

    e

    dialogue

    joue

    un rôle

    majeur

    dans l'élaboration

    de sa

    pensée logico-linguistique

    t

    constitue

    n facteur

    mportant

    ans son évolution.

    a

    question

    du verbe

    substantif

    t de

    la

    prédication

    st tout

    à fait

    aractéristique

    e ces échan-

    ges,

    comme

    l'ont bien montré es

    études de R. Hunt

    et L.M. de

    Rijk,

    puis

    de

    M.

    Fredborg,

    C.H.

    Kneepkens

    et

    C. Mews1. C'est

    dans cette

    mêmeperspective ue nous nous proposonsde la reprendreci, en met-

    tant n

    parallèle

    es

    analyses u'Abélard

    développe

    ur es différents

    sages

    du verbe

    substantifvec celles

    proposées

    dans les

    Glosulae t en

    montrant

    l'importance

    ans ce débat

    de certains

    assages

    de

    Boèce,

    deux

    éclairages

    qui peuvent

    ontribuer

    mieuxfaire

    omprendre

    'évolution

    e sa

    pensée2.

    *

    Nous

    vions

    réparé

    a

    présente

    tude

    our

    e

    colloque

    0 Years

    ogica

    odernorum

    organiséar

    a

    Koninklijke

    ederlandsekademie

    an

    Wetenschappen

    The

    Royal

    NetherlandscademyfArts ndSciences),n 1997,nhommageuPr.deRijk,maisavons téempêchée,ourdesraisonsersonnelles,'yassister.ousremercions.H.

    Kneepkens

    e l'offre

    u'il

    nous

    faite e

    la

    publier

    ans

    Vivariumoù elle

    mieux a

    place

    n raison e sa

    longueur

    t de l'édition

    ui 'accompagne,

    t sommes

    eureusee

    la dédieru Pr.de

    Rijk,

    ont estravauxnt

    pour

    ous n

    point

    e référenceons-

    tant,

    otammentur

    ette

    ériode

    ntérieure

    l'apparition

    e la

    Logica

    odernorumdont

    il a si bienmontré

    quelpoint

    lle

    préparait

    es

    développements

    ltérieurs.

    e travail

    fait

    'objet

    'un éminaire

    l'Ecole

    ratique

    es

    Hautes tudes

    Section

    es ciences

    eli-

    gieuses,

    orbonne),

    n

    1999-2000

    t

    2000-2001,

    t

    d'une

    résentation

    une able-ronde

    organiséear

    John

    Marenbon

    Cambridge,

    n

    mars

    00

    Je

    remercie

    ohn

    Marenbon,

    Margaretaredborg

    t Constant ews

    our

    eurs

    emarques

    ur e

    présent

    ravail.e

    travailtait chevé

    orsqu'estaru

    e

    monumental

    uvrage

    e L.M. de

    Rijk

    ur

    Aristote

    (De Rijk 002) la contributione cettetude l'histoireesproblèmesuenous vons

    discutés

    ans e

    par.

    3 n'est

    u'imparfaitement

    endue

    ans es notes

    ue

    nous vons

    insérées.

    1

    Hunt1941-43

    De

    Rijk

    1967,

    01

    sq.

    Fredborg

    977

    Kneepkens

    978 Mews

    1987,

    1

    sq.

    2

    De nombreuses

    t

    importantes

    tudes

    nt été consacrées

    l'analyse

    u verbe

    ©

    Koninklijke

    rill

    V,Leiden,

    003

    Vivarium

    1,2

    Also vailable

    nline www.brill.nl

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    4/170

    176

    IRENE

    ROSIER-CATACH

    Les Glosulaen Priscianumont un

    texte

    n

    constante

    volution,

    ttestant

    de

    générations

    ifférentese

    rédacteurs/compilateurs.

    a

    première éné-

    ration

    des Glosulae

    orrespond

    u commentaire ur les Institutiones

    -XVI

    (Priscien

    majeur)

    conservé

    par

    les ms.

    K

    3

    et

    M4

    l'écriture e

    K l'a

    fait

    identifieromme étant

    des

    années 10805.

    Nous

    appelons

    «seconde

    géné-

    ration

    des Glosulae

    n ensemblede textes d'une

    part,

    es versions xtra-

    polées

    des

    premières

    Glosulaeur

    Priscien

    majeur,que

    l'on retrouve ans

    le ms. C6

    notamment,

    'autre

    part

    les

    Glosulae

    ur les InstitutionesVII-

    XVIII

    (Priscienmineur),

    ue

    l'on trouve n au moins deux versions7. n

    disposede deux témoins upplémentaires,e ms. F qui est une version

    abrégée

    des Glosulae ur Priscien

    Majeur,

    mais

    qui

    faisait

    originellement

    partie

    d'un des manuscrits

    omportant

    es Glosulaeur

    PriscienMineur8

    pour

    la

    section

    que

    nous avons

    étudiée,

    F

    semble

    copié

    sur C

    plutôtque

    sur les

    premières

    ersions,

    mais ce serait

    confirmer

    voir nfra).

    e

    ms.

    V9

    comporte

    des

    extrapolations

    certaines ections

    ont différenteses

    substantif

    ar

    Abélard.oir e

    Rijk

    967,

    ol

    /l,183sq

    t

    203

    q.,

    1970, l-xlvii, 981a,

    1981b, 986, 9-103 t 108 q.,Tweedale976, 95-8,23-34t285-97, alcolm979,

    Kretzmann

    982,

    acobi

    980 t

    1986,

    olivet

    991,

    41

    sq.,

    Pinzani

    992,

    54

    sq.,

    Marenbon999.

    3

    Ms. K

    =

    Cologne

    om .

    201,

    fin

    1e

    iècle,

    .

    lra-74rbsur a tradition

    anuscrite

    et

    mprimée

    oirHunt 941-43t Gibson 979 sur a diffusion

    esGlosulaeoirGibson

    1979,

    41-6.

    4

    Ms.M

    -

    Metz,

    ibl.Mun.

    224,

    . ra- 1

    rb,

    2e

    iècle.

    5

    Le terminus

    quo

    stde

    1050,

    n

    raison 'unementione Lanfredus'

    ui peut

    en-

    voyer

    Lanfrancu Bec.

    6

    Ms. C

    -

    Chartres. Mun.

    09

    248),

    .

    -86v ce manuscritétédétruit

    endant

    a

    dernière

    uerre,

    ais ne

    opie

    nest eureusementl'Institute

    Recherches

    t

    d'Histoire

    desTextes Paris.

    Malheureusement,

    a

    copie

    'est

    ascomplète,

    uisqu'elle

    e

    comporte

    que esf°s -13 t 34-68rcorrespondantux nstitutionesn,5,GLKII, 579 29) nous

    avons n outree dernier :

    86v,

    ui

    comporte

    'excursus

    jouté

    la

    fin

    u

    commen-

    taire ur

    e livre VI des nstitutiones

    rammaticaei

    dité

    ar

    Hunt

    941-43,24,

    savoir

    les

    «

    Opiniones

    wersorumeSsumverboubstantivo.

    7

    Une

    première

    ersion,

    ui

    a

    été ttribuéemaître uido

    Guy

    'Etampes

    ),

    stdis-

    persée

    ans roisms.

    ms.

    =

    LondresBM

    Burney

    38

    L

    =

    Londres

    BM

    Harley

    713

    et

    0

    =

    Orléans,

    iblMun.

    0)

    voirG.H.

    Kneepkens

    978.Une

    seconde

    ersion,

    =

    ms.

    Paris,

    rsenal10 f.

    133ra-140vb,

    n est

    proche,

    ais 'arrête

    près

    a

    glose

    ur nstit.

    XVII,

    32

    voir e

    Rijk

    1967,

    19

    Margaretaredborg

    répare

    'éditione

    ce dernier

    commentaire,

    t

    e

    la

    remerciee m'avoir

    ermis

    'étudiera

    transcription.

    8

    Ms.

    F

    =

    Paris, nF,

    ouv.

    cq.

    at.

    1623,

    .

    1-56,

    2e

    iècle. e

    manuscrit,

    ui ppar-

    tenaitu

    monastèreénédictine

    Fleury,

    aisaitnitialement

    artie

    u ms.d'Orléans

    0,quicontientnepartie 'un ommentaireur es nstitutionesVII-XVIIIvoir . 8) il

    correspondait

    ux

    pp.

    247-358

    ums.

    'Orléans,

    ui

    vaientté olées

    ar

    Libri n

    1841

    voirGibson

    979, 37-8,

    neepkens

    978,

    15.

    9

    Ms.

    V

    Tractatus

    losarum

    risciani)

    Rome,

    at.

    at.

    1486,

    . ra-90vbvoir

    redborg

    1977,

    Gibson

    979,

    52-4.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    5/170

    ABÉLARDT LES

    GRAMMAIRIENS 177

    leçonscontenuesdans les manuscrits nciens des Glosulaeavec des expli-

    cations

    upplémentaires,

    andis

    que

    d'autres ont ittéralement

    dentiques.

    On

    y

    trouvedeux sections u sententiae

    l'une inséréedans le

    chapitre

    ur

    le

    verbe,

    'autre à la

    fin

    du Tractatus

    qui

    donnentdes

    opinions

    de

    maî-

    tres

    connus,

    a

    première

    nous intéressant

    articulièrement

    ci,

    puisqu'on

    trouve a mentionde maîtreW. dans

    une discussion ur le verbe et le

    verbe substantif.

    ous

    disposons

    d'une édition

    ncunable,

    rès

    fautive,

    t

    copiée

    manifestementur différents anuscrits

    voir

    nfra),

    ù les

    Glosulae

    constituent ne

    glose marginale

    au texte des Institutionescontrairement

    aux autresmanuscrits,ui présententn commentaireemmatique10.ar

    ailleurs,

    es

    Notae

    Dunelmenses11un ensemble de notes sur les Institutiones

    sont un témoin essentiel

    pour comprendre

    es

    débats de

    l'époque

    entre

    grammairiens

    t

    logiciens,

    t contiennent e très nombreusesmentions

    de maîtres dentifiés

    ar

    leurs nitiales.

    Nous

    résumerons 'abord brièvement es conclusions

    uxquelles

    nous

    sommes

    parvenue,

    au terme d'une confrontation ntre Abélard et les

    Glosulae

    sur trois

    questions

    la définition u verbe

    et

    la

    notion d'inhé-

    rence

    (qui

    constitue e

    premier

    volet de la

    présente

    tude),

    a

    significa-

    tion des parties« consignificatives, la théorie de la proposition t la

    notion de

    «

    dictum 12.

    Ces conclusions onstituent es

    hypothèses,

    ui

    restent

    aturellement vérifier. es Glosulaen Priscianum

    onstituent

    ien

    la

    source d'Abélard.

    En

    comparant

    1)

    les

    opinions

    citées

    par

    Abélard et

    attribuées

    ar

    lui à

    G.,

    V. ou

    W.13,

    2)

    les

    passages

    lus dans les textes

    apparentés

    la

    seconde

    génération

    es Glosulae

    (3)

    les

    opinions

    ttribuées

    10

    dition

    ar

    Benedictasrunuluse

    Vérone,

    éalisée

    arGeorgius

    rrivabenus,

    enise

    1488.VoirGibson977, 979. ur amentionohanniseAingreque 'on rouveans e

    colophon,

    oir

    'hypothèse

    e Mews

    992,

    elon

    equelle

    lle enverraitun

    ertain

    ohannis

    qui

    avait

    nseignéue

    a

    dialectique

    tait n ars ocalis.ibson 979

    ignale

    n

    outre

    n

    manuscrite

    Bruxelles,

    ragmentaire,

    t un

    manuscrit

    opié

    ur 'éditionncunable.

    1

    Les

    Notae

    unelmensesdatant

    galement

    u début u

    1

    e

    iècle,

    ont

    ontenues

    ans

    le ms.

    D

    =

    Durham,

    athedral

    ibrary

    . IV.

    29,

    f.

    2ra-215va;

    oirHunt

    941-43,

    ibson

    1979,

    42-3.

    M.

    Fredborg

    montré

    ue

    esnotesur

    e

    De

    nventionetaient

    dentiques

    u

    commentaire

    n

    primisu'elle

    ttribueGuillaumee

    Champeaux

    voir

    redborg

    976.

    12

    Rosier-Catach

    003a,

    003b

    t

    à

    paraître).

    f.

    ussi,

    our

    a sectionur a voxles

    passages

    es

    Glosulae

    dités ansRosier 993 t discutésansRosier

    003c,

    comparer

    avec eux e Guillaumee

    Champeaux

    tudiést

    édités

    ar

    wakuma

    003.

    13

    ette ypothèse'impliqueas quetous esmaîtresésignésarces nitialesoientla mêmeersonne.n sait n effetuesous hacuneecelles-cie cachentesmaîtres

    différents,

    ommen attesten

    particulier

    e ms.Orléans

    66

    voir

    neepkens

    993,

    4-

    5)

    aussi ien

    ue

    es

    Notae

    unelmenses.es mentions

    u'Abélard

    ait maître

    ./W./G.,

    sont

    eprises

    t

    discutéesans wakuma999 t wakuma

    003,

    partir

    es tudes

    nté-

    rieuresur e

    sujet.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    6/170

    178

    IRENE

    RO

    IER- AT

    CH

    à

    Guillaume de

    Champeaux (ou

    à

    W./V.)

    dans d'autres textes ontem-

    porains

    (le

    Tractatus

    losarum

    risciani t les

    Notae

    Dunelmenses

    ssentielle-

    ment),

    nous

    avons

    proposé l'hypothèse ue

    Guillaume

    de

    Champeaux

    était associé

    à la

    seconde

    énération

    es Glosulae.

    n

    plus

    de ces

    parallè-

    les,

    on notera

    que

    le ms.

    de

    l'Arsenal

    A,

    qui préserve

    une des versions

    des

    Glosulae ur Priscien

    mineur,

    e trouva à Saint-

    ictor,

    enseigna

    Guillaume e

    Champeaux,

    t

    qu'on peuty

    lireune mention e

    iWillelmusm,

    à la

    première ersonne,

    n un endroit ù l'autre versiondu même

    com-

    mentaire ubstitue

    Fulcovel

    Herberte'15.

    uoiqu'il

    en soit de ces difficiles

    questionsd'attribution16,ous verrons ue les développements 'Abélard,

    ses

    prises

    de

    positions hangeantes

    ur la

    prédication,

    vec les théories

    dites de l'identité

    t

    de

    l'inhérence,

    ont

    éclairées d'un

    jour

    nouveau si

    on les confronte vec les Glosulaen Priscianum.

    1. Problèmese transmission

    e texte

    ans

    es

    Glosulae

    in

    Priscianum

    R.W. Hunt

    puis

    L.M. de

    Rijk

    ont attiré 'attention ur les

    développe-

    ments

    mportants ue

    l'on

    pouvait

    lire

    dans les

    Glosulae t

    textes

    ppa-

    rentés ur le verbesubstantif,t sur leur influence ur les grammairiens

    et les

    logicienspostérieurs.

    n sait

    que

    des listes

    d'opinions

    ur le

    verbe

    substantif

    ccompagnent

    d'ailleurs ces

    textes,

    pinions parfois

    ndiquées

    par

    les initiales de ceux

    qui

    les

    professent

    Lanfrancus,

    Garmundus,

    Durandus de

    Anglia

    etc.),

    et

    qu'il

    serait ntéressant

    e

    pouvoir

    dentifier17.

    14

    Voir

    redborg

    988,

    .

    6.

    15nstit.d XVII, 10,ms.A,f. 135ra:Quandoenim udio Willeime'ntelligox

    naturaocativiveni' el audi' el

    lliquid

    uiusmodi.

    ; ß,

    f.9rb

    «

    Quando

    nim udio

    'Fulco

    elHerberte'

    llud

    ntelligo

    Fulco eni'

    el

    audi'.

    lb

    La

    possibilitéue

    Guillaumeoit uteur es Glosulaeemble

    écarter,

    ar a

    pre-

    mière ersionst

    rop

    ncienne.

    ucune

    ypothèse

    éfinitive

    ur

    'auteur

    ou

    es

    uteurs)

    de ce commentaire

    'a

    été

    proposée.

    oir esdiscussionse Mews

    992

    cf.

    upra

    n.

    10),

    Fredborg

    988,

    eilly

    993,

    ol.

    1, 22-6,

    osier

    003a.

    ur

    Guillaume

    e

    Champeaux,

    logicien,

    hétoricient

    grammairien,

    oir

    olivet

    991,

    t

    à

    présent

    'articlee C.

    Mews,

    en

    préparation

    Mews,

    paraître),ui

    fait ne utile t

    complète

    ynthèse

    es

    travaux

    concernantet uteur. uillaumest

    probablement

    é dans es années 060

    1070?)

    t

    mort n

    1122.

    17

    eux istesont ditées

    ar

    Hunt

    941-43,

    'une e trouvantla fin u

    ms.

    C

    des

    Glosulae,. 86v éd. bid.,1-2),'autre ans esNotaeunelmensesI (éd. bid.,5-6). ne

    troisième

    iste,

    ignalée

    ar

    M.

    Fredborg,

    e trouvela fin u

    ms.

    M

    desGlosulaef.

    1

    Ova-

    vb,

    vec

    n

    partie

    esmêmes

    pinions.

    ertaines

    pinions

    e

    trouvent

    ans a

    section

    1]

    des Glosulae

    ue

    nous

    ditons

    n

    annexe. es istesont

    eprises

    la

    génération

    uivante

    par

    Guillaumee

    Conches,

    uis

    ierre élie

    voirnfra

    n.

    29).

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    7/170

    ABÉLARDT LES

    GRAMMAIRIENS

    179

    Avant toute

    chose,

    il

    importe

    d'éclaircir

    a

    situation

    ompliquéeque

    présente

    a traditionmanuscrite es Glosulaece

    qui

    montrera ien

    l'impor-

    tance des

    remaniements uccessifs ubis

    par

    le texte

    original.

    Le

    long

    extrait es Glosulae

    adis

    édité

    par

    R.W.

    Hunt

    comme un

    passage

    unique,

    à

    partir

    du

    ms. de Chartres

    C)18 correspond

    n fait

    à

    l'amalgame

    de

    deux

    passages

    [1]

    et

    [2]

    distincts

    ans

    les

    premiers

    manuscrits,

    et M.

    Le

    passage

    [1]

    19

    se trouvait

    riginellement

    ans

    le

    chapitre

    ur le

    verbe,

    juste

    avant nstit.

    III, 38,

    le

    chapitre

    ur e

    temps.

    Le

    passage

    [2]

    20

    était

    situé,

    dans

    Ķ

    M,

    mais aussi dans

    V,

    dans

    le

    chapitre

    ur le

    pronom,

    et

    a été accolé à [1] par C. Nous n'avons donc pas originellementn texte

    continu

    comportant

    1]

    +

    [2],

    comme le donne à

    penser

    'extrait e

    C

    édité

    par

    R.W. Hunt et

    [2]

    ne constitue

    as

    exactement ne

    extrapo-

    lation de

    C

    par rapport

    u manuscrit

    lus

    ancien

    Ķ

    comme le

    proposait

    L.M.

    de

    Rijk,

    qui

    a

    repris

    une

    partie

    du même

    passage

    à

    partir

    du

    ms.

    K2'

    mais le

    déplacement

    'un

    passage

    contenu ailleurs22.

    i

    on lit atten-

    tivementes deux

    passages,

    on voit

    que

    [1],

    dans le

    chapitre

    ur e

    verbe,

    présente

    une série

    d'opinions

    sur le verbe

    substantif,

    t

    que

    la

    dernière

    (numérotéeA§6

    dans notre

    édition)

    est donnée comme

    l'opinion

    soute-

    nue par « la plupart (jblerique)de faitc'est elle qui va êtredéveloppée

    dans le

    chapitre

    ur e

    pronom

    en [2],

    à

    partir

    de

    C§2),

    ce

    qui

    a

    poussé

    le

    rédacteur

    e C a accoler ce

    passage

    au

    précédent,

    ans le

    chapitre

    ur

    le verbe

    après

    nstit.

    III,

    37).

    La

    présence

    d'un

    développement

    ur le verbe

    substantif,

    savoir

    [2],

    dans le

    chapitre

    ur le

    pronom

    des Institutiones

    s'explique

    aisément.

    En

    Instit.

    III,

    19,

    Priscien

    'intéressait

    la

    personne

    t la

    catégorie

    des ter-

    mes construits vec les

    verbes,

    opposant

    ceux

    de

    première

    t deuxième

    personnes, ui requièrent

    n

    pronom,

    la

    troisième,

    ui requiert

    n

    nom,

    sauf s'il s'agitd'effectuerne désignation. n XIII, 20, il aborde ensuite

    le

    cas,

    fort

    différent,

    es verbes substantifs

    t

    vocatifs,

    ui peuvent

    se

    construire vec des

    noms au nominatif la

    première

    et seconde

    per-

    sonne,

    en

    raison de leur

    «

    valeur démonstrative23. Pour

    expliquer

    cette

    18

    Hunt

    941-43,

    25:

    9-226:21.

    19

    Correspondant

    l'édition

    unt,

    25 9-226 21.

    20

    Correspondant

    l'édition

    unt,

    26

    22-228

    7.

    21De Rijk, 962-67,ol. I/ ,102-4.

    22

    Cf.

    Fredborg

    977, 3,

    n. 5.

    23

    nstit.

    III,20,

    GLK

    II,

    p.

    13 7-1

    «

    Substantivisutemtvocativisolisdeo

    diun-

    guntur

    erbist

    primae

    t secundae

    ersonae

    ominativi

    ominum,

    uod

    videntur

    psa

    haec erba im emonstratīvam

    abere. stenduntnim

    ubstantiam

    psarumersonarum

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    8/170

    180 IRENE

    ROSIER-CATACH

    particularité,

    e

    glosateur

    éfinites

    propriétés aractéristiques

    es

    parties

    du discours. l

    donne d'abord celle du

    nom,

    puis

    celle du verbe substan-

    tif,

    t insère à ce

    propos

    un

    long développement

    ur les verbes

    substan-

    tifs t vocatifs.

    Reprenons

    en

    détail,

    car la

    situation st

    plus complexe.

    Nous avons

    divisé e contenudu

    passage

    sur le verbe

    substantif,

    ue

    nous

    éditons n

    annexe,

    en différents

    locs,

    dentifiés

    ar

    des lettres

    (A)-(F),

    pour

    mieux

    faire

    apparaître

    es variations.

    Nous résumonscette situation n

    deux

    tableaux,

    que

    nous aillons nsuitecommenter.

    Sections

    A) (B)

    (C) (D1)

    j

    D2) (E) (F)

    _Q]

    P]

    ĶM,V

    avant

    III,

    38 ad

    XIII,

    20

    apr.

    B)

    apr.

    C)

    apr.

    D1)

    apr.

    E)

    C avant

    III,

    38

    [-]

    apr.

    A)

    apr.

    G)

    Folios

    anquants

    our

    XIII,

    20

    F

    [-]

    ad

    XIII,

    20

    [-]

    apr.

    B)

    apr.

    E)

    I la avant III,38 [-] apr.A) apr. C)

    Ib ad

    XIII,

    20

    apr.

    B)

    apr.

    C)

    apr.

    D1)

    apr.

    E)

    Instit.vant

    III,

    38

    Instit.

    III,

    20

    ĶM,V

    ~

    (A) (B)

    +

    (C)

    +

    (D1)

    +

    (E)

    +

    (F)

    C

    (A)

    +

    (C)

    +

    (D2)

    Folios

    anquants

    F

    H (B)

    +

    (E)

    +

    (F)

    / (A)+ (C) + (D2)= la (B)+ (C) + (D1) (E) + (F)= Ib

    Tous les manuscrits

    sauf

    F,

    nous

    y

    reviendrons)

    omportent 1]

    =

    (A),

    dans le

    chapitre

    ur e

    verbe,

    vant

    VIII,

    38. Mais la

    place

    et

    le contenu

    de

    [2]

    est

    variable selon les manuscrits.

    ans

    Ķ

    M

    et

    V,

    es

    sections

    B-

    F)

    de

    [2]

    se trouvent ans le

    chapitre

    ur le

    pronom,

    en

    XIII,

    20.

    Par

    contre,

    C

    accole

    [2]

    à

    [1]

    dans la

    section sur le

    verbe,

    mais

    avec des

    modifications. 'une

    part,

    C

    omet la section

    nitialede ce

    long

    passage,

    à

    savoir

    B), qui

    constituaita

    glose

    nitiale ur

    XIII, 20, laquelle

    n'a

    natu-

    vel

    nominationem,

    n

    qua

    similiterubstantia

    emonstratur,

    ec

    gent ronominibus,

    uae

    demonstrationem

    ubstantiae

    ignificant.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    9/170

    ABÉLARDT LES GRAMMAIRIENS 181

    Tellement

    lus

    de raisond'être u milieud'un

    développementui

    se trouve

    maintenant ans le

    chapitre

    ur le verbe. D'autre

    part,

    C raccourcit a

    fin

    de

    la

    section

    2]

    telle

    qu'elle

    figurait

    ans le

    chapitre

    ur le

    pronom

    dans

    Ķ

    M

    et

    V,

    puisqu'il

    substitue

    (D1)

    une sectionde

    quelques

    lignes

    (D2).

    Cette section

    2]

    s'arrête

    à

    dans

    C,

    puisque

    nous ne trouvons

    as

    la

    sectionfinale

    E-F),

    qui poursuivait,

    ans

    Ķ

    M

    et V,

    la

    comparaison

    entre erbes ubstantifst vocatifs

    éjà

    commencée n

    (D).

    Malheureusement,

    la

    seule

    copie

    conservéeen microfiches u ms.

    C,

    aujourd'hui

    disparu,

    ne

    possède pas

    les folios

    orrespondant

    ux Institutiones

    III,

    20,

    et

    il

    n'est

    donc pas possiblede savoir ce que C avait en cet endroit.Nous pouvons

    penser

    à

    deux

    hypothèses,a)

    Soit C

    a

    déplacé

    le bloc

    [2](C-D2)

    dans le

    chapitre

    du

    verbe,

    en laissantune

    partie

    du

    développement

    ur

    le verbe

    substantif,

    eut-être

    eulement a dernière

    partie

    E-F),

    dans le

    chapitre

    sur e

    pronom, b)

    Soit

    il

    a

    recopié

    e bloc

    [2](C-D2)

    dans le

    chapitre

    ur

    le

    verbe,

    outen laissant

    a

    section

    2]=(B-F)

    dans

    son

    entier ans le cha-

    pitre

    sur le

    pronom

    où elle était

    originellement.

    L'édition

    ncunable et le ms.

    F

    peuvent

    nous aider à réfléchirur ces

    deux

    hypothèses.

    n

    effet,

    'incunable

    présente

    e

    passage

    sur le verbe

    substantifn deux endroits une premièrefois la) dans le chapitre ur

    le

    verbe,

    n suivant e

    rattachementu bloc

    [2](C-D2)

    au

    précédent,

    péré

    par

    C,

    avec exactement es mêmes

    modifications

    ar rapport

    ux

    premiè-

    res

    versionsdes Glosulae ommissionde

    (B),

    substitution

    e

    (D2)

    à

    (D1)

    une seconde fois

    Ib)

    dans le

    chapitre

    ur le

    pronom

    or en cet

    endroit,

    nous

    trouvons 'ensemble

    omplet

    B-F),

    tel

    qu'il

    était

    originellement

    ans

    K

    et

    M,

    et tel

    qu'il

    se trouve

    ncore dans V.

    En

    outre,

    a et

    /¿,

    pour

    la

    section

    C)

    qu'ils

    ont

    en

    commun,

    n'ont

    pas

    les mêmes

    leçons

    la

    suit

    manifestement

    ,

    et Ib est

    proche

    de

    M-V,

    et souvent

    davantage

    de V

    que de M (voir 'apparat). Si l'on considère e regroupementes passa-

    ges,

    la

    situation e doublet

    que présente

    'incunable fait

    plutôtpencher

    en faveurde

    l'hypothèse b).

    Mais si l'on

    considère es

    leçons

    différentes

    retenuesdans

    la

    et dans

    Ib

    on a deux

    possibilités

    soit l'incunable sui-

    vait es

    manuscritses

    plus

    anciens

    qui

    donnaient a section

    B-F)

    dans le

    chapitre

    ur

    le

    pronom,

    et

    a

    simplement

    opié

    C

    pour

    la section

    dépla-

    cée dans le

    chapitre

    ur

    le

    verbe

    -

    ce

    qui

    ne nous dit rien sur ce

    que

    C

    avait

    gardé

    dans le

    chapitre

    ur le

    pronom

    soit l'incunable a suivi es

    manuscrits nciens

    dans

    le

    chapitre

    ur le

    pronom,

    et non

    pas

    C,

    parce

    que

    C n'avait

    plus

    en cet endroit es

    développements

    ur le verbe sub-

    stantif n leur

    totalité u

    fait

    qu'il

    les avait

    déplacés

    dans le

    chapitre

    ur

    le

    verbe,

    ce

    qui

    nous donne

    l'hypothèsea). Quoiqu'il

    en

    soit,

    e fait

    que

    l'incunable ait ici et

    passim

    uivi

    plusieurs

    manuscrits

    u un manuscrit

    contaminé end

    l'interprétation

    e son

    témoignage roblématique.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    10/170

    182

    IRENEROSIER-GATAGH

    Une indication

    upplémentaire

    ur ces remaniements ous est

    fournie

    par

    le ms. F. En

    effet,

    (f.

    3

    vb)

    omet tout

    simplement

    'excursus

    A)

    sur es différentes

    pinions

    données à

    propos

    du verbe

    substantif,

    nchaî-

    nant directement

    a fin

    du

    passage

    VIII,

    37

    sur le

    passage

    VIII,

    38 : De

    tempore.

    ar

    ailleurs,

    dans le

    chapitre

    ur le

    pronom,

    l

    donne

    la

    glose

    initiale ur

    XIII,

    20

    =

    [2](B),

    mais la fait uivredirectement

    es sections

    (E-F),

    en modifiant t

    abrégeant

    e texte.

    F

    omet donc en fait 'ensem-

    ble de la section

    regroupéepar

    C,

    à savoir

    A)

    +

    (C-D),

    ce

    qui

    incite

    à

    penser qu'il

    a travaillé

    partir

    de C.

    En

    outre,

    a

    présence

    de

    la

    glose

    sur XIII, 20 suivie mmédiatementar la section E) peut fairepenser

    que

    C

    avait

    déplacé

    la

    section

    C-D)

    du

    chapitre

    ur le

    pronom

    dans le

    chapitre

    du

    verbe,

    sans

    la

    laisserdans le

    chapitre

    du

    pronom,

    il

    avait

    gardé simplement

    B)

    -I-

    E-F)

    ce

    qui correspond

    notre

    hypothèse a).

    Ceci

    expliquerait

    ussi

    que

    I

    (=Ib)

    ait

    recopié

    ces sections ur es manus-

    crits es

    plus

    anciens,

    qui

    l'avaientdans

    le

    chapitre

    ur e

    pronom,

    t non

    sur

    C,

    qui

    l'avait

    déplacée.

    2.

    La

    definition

    u verbe

    ubstantif

    2.1.

    Les

    propriétés

    ssentiellesu verbe

    ubstantif

    ehn es Glosulae etAbélard

    Les Glosulae

    'interrogent,

    ans leur commentaire ur le

    chapitre

    consa-

    cré

    au

    verbe

    des

    Institutions,

    ur la manière dont

    la

    définition u verbe

    pourrait

    convenir u verbe

    substantif,

    ui

    ne semble

    pas signifier

    ne

    actionet une

    passion

    définie,

    omme es autres erbes

    cf.

    exte

    n

    annexe

    [1]=(A)).

    Après

    avoir

    mentionné

    lusieurs pinions

    ce

    sujet

    A§2-5),

    u'il

    serait ntéressant e

    pouvoir

    dentifier,

    lles

    rapportent,

    la fin

    de cette

    section,une positionsoutenuepar un grand nombre de grammairiens

    ( plerìque,

    qui

    leur

    semble

    pertinente

    A§6).

    Celle-ci

    va

    être

    reprise

    dans

    le

    chapitre

    sur le

    pronom

    [2]

    C§2),

    ce

    qui

    a certainement onstitué a

    raison

    pour laquelle

    le ms.

    C l'a

    accolée au dernier

    aragraphe

    de la sec-

    tion

    [1]

    dans le

    chapitre

    ur e verbe. Une foisétablie a

    signification

    u

    verbe

    substantif,

    'auteur va décrire es fonctions

    u'il peut occuper

    et

    détailler

    es

    différentesonstructions

    C§3

    sq.).

    Selon la

    position

    etenue,

    e

    verbe

    esť

    possède

    une double

    nature,

    ue

    dénote son

    appellation

    même de

    «

    verbumubstantivum:

    une nature ou

    propriété ui vientde ce qu'il est verbumune autrequi vientde ce qu'il

    est substantivum.

    (a)

    En

    tant

    que

    verbe

    il

    signifie

    'action et

    la

    passion

    comme

    inhéren-

    tes

    opinionqui

    est décrite omme

    «

    rare

    ).

    'Esť

    est dit

    signifier

    'action,

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    11/170

    ABELARDT LES GRAMMAIRIENS 183

    au sens où

    il

    signifie

    outes

    es

    actions

    qui peuvent

    être

    signifiées ar

    les

    autres

    verbes,

    a

    lecture,

    a course etc. en tant

    qu'elles

    sontdans des

    sujets

    (A§6,

    C§2, C§324).

    (b)

    En

    tant

    que

    substantifs

    l

    signifie

    toutes es choses

    en leur

    essence,

    c'est-à-dire

    n tant

    qu'elles

    existent ou

    «

    toutes es dix essences

    en tant

    qu'elles

    existent

    (ibid.).

    Une

    conséquence mportante

    e cette

    conception

    st

    que

    le verbe sub-

    stantif st considéré comme

    équivoque,

    et ce à double titre,

    a)

    Tout

    d'abord,

    en tant

    que

    verbe

    il

    signifie quivoquement

    outes es actions et

    passions qui peuventêtre signifiées ar les verbes (b) ensuite, n tant

    que

    substantif,

    l

    signifie quivoquement

    outes es

    essences,

    outes es

    cho-

    ses en tant

    qu'elles

    existent, ubstances,

    ualités

    etc.,

    cette seconde

    équi-

    vocité

    étant

    evée dans le cas où

    il

    est utilisé n tertiumdiacens

    puisque

    la naturede l'attribut st alors manifeste

    C§2

    et

    5)25.

    Cette seconde

    équi-

    vocité

    b)

    est

    analogue

    à celle du nom

    çens'

    qui

    renvoie

    équivoquement

    à toutes es essences

    C§2

    ;

    cf.

    A§2).

    On notera

    que

    le

    glosateur,

    nnon-

    çant

    par anticipation, lus

    haut dans le

    chapitre,

    e

    développement ue

    l'on trouvedans notre

    passage

    en

    (A),

    avait

    plutôt

    mis 'accent sur

    a

    pre-

    mièreéquivocité a) :

    De substantivisutemtvocativiserbisestât

    uaestio,uid

    nam

    ignificent

    de

    ui-

    bus arias

    agistrorum

    ententiasn

    equenti

    onemus26.

    ufficiatutem

    d

    praesens

    uod

    dicimussubstantivumerbum

    idest

    dd.

    M)

    non sse icendumnum

    erbum,

    ed

    multa,

    um

    on nam t

    eandemctionemnesse

    ignificet

    est nim

    equivocum

    sedmultast varias ctiones

    K

    f.

    28rb,

    M f.5

    va)

    Il

    est ntéressant e

    remarquer ue

    cettedouble

    équivocité, ue

    l'on ren-

    contre ci dans

    la

    première

    ersion es Glosulaeest ensuite

    ignalée

    omme

    une

    opinion

    soutenue

    par Magister

    W27,

    e

    qui

    confirme

    ue

    l'on met

    sous le nom de Guillaume de Champeauxdes thèses u'il a certainement

    24

    Voir

    nfra

    .

    62

    et 63.

    25

    Voir ussi ententia

    ,

    une

    opinionapportée

    ans e Tractatus

    losarum

    risciani

    ms.

    F),

    cit.

    arFredborg

    977,

    7

    21-6.

    our

    'équivocité

    u

    premierype

    actions

    t

    pas-

    sions),

    oir

    otae

    unelmenses

    I,

    ms.

    D,

    f.

    35r, remièrepinion

    itée.

    26

    Comme'avait otéR. Hunt

    1941-43,

    96,

    n.

    2),

    cettemention

    e trouveans

    (f. 9ra),

    ui pourtant

    laissé e côté oute

    passage

    la

    fin

    e

    VIII,

    37,

    ce

    qui

    mon-

    tre

    ue

    c'est ien neversion

    brégée.

    27

    ententia

    rapportée

    ans

    V,

    d.

    Fredborg977,

    7 3-8 «Vel secundum

    agistrůmW. sum' equivocumst d omnesctionestpassionestad omnesssentias.tquex

    eo,

    quod

    verbum

    st,

    olum

    abet

    opulare

    ctionemel

    passionem,

    icut etera

    erba

    solumuas ctionest

    passiones

    opulant

    ebus

    ubiectis,

    t

    legit'opulat

    ectionem

    olum.

    Ex

    eo

    vero,

    uod

    erbumubstantivum

    st,

    opulat

    ssentiam

    ssentiarum,

    tpote

    Socrates

    est nimal'.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    12/170

    184

    IRENEROSIER-GATACH

    professées

    t contribué

    populariser,

    ans

    qu'il

    en soit

    nécessairement

    l'auteur28. a double

    signification

    u verbe substantif

    e voit

    parfois xpli-

    quée

    de manière

    génétique

    les verbes

    ont d'abord été

    inventés

    pour

    signifier

    es actions et les

    passions

    comme

    adjacentes,

    et l'on a ensuite

    jugé

    nécessaire

    d'inventer n vocabulum

    opulatwumui puisse signifier,

    t

    donc

    coupler,

    toutes

    es essences en tant

    qu'essences29.

    ertains

    en ont

    tiré

    argument our assigner

    u

    verbe

    substantif n autre

    type d'équivo-

    cité,

    venantde sa double

    signification,

    es actionset

    passions

    d'une

    part,

    des essences

    d'autre

    part.

    Selon le

    témoignage

    es

    Notae

    unelmensesmaî-

    treG. aurait ejeté e type 'équivocité,n arguant ue les deuxsignifications

    sont

    hiérarchisées,

    n tant

    que significationrincipale

    t

    signification

    cci-

    dentelle

    ou secondaire

    respectivement30,

    ne distinction

    mportante u'il

    utilise n d'autres occasions31.

    Les deux

    significations

    u

    «

    natures du verbe

    'être' éfinissent eux

    fonctions.

    a natureverbale

    a)

    lui confère

    ne valeur de

    couplage

    C§3),

    sa nature de substantif

    b)

    le rend

    apte

    à

    coupler

    es

    essences,

    rendre

    «

    cohérentes celle

    que signifie

    e

    sujet

    et celle

    que signifie

    e

    prédicat

    (C§4

    : nam x hoc

    quod

    omnes

    es n essentia

    ignificai,

    ptum

    st

    d hocut

    quas-

    libet es ibi coherentesopulareossit). es fonctions e réalisent iversement

    selon ses différents

    ontextes

    'emploi.

    Dans ces

    textes,

    es

    grammairiens

    distinguent

    ien

    entred'un côté

    la

    significatio,

    atura

    proprietas

    u

    verbe,

    et

    d'un autre

    côté la fonction xercée dans

    une construction

    officium).

    e

    termevisest souvent

    quivalent

    ux

    premières,

    omme dans

    l'importante

    28

    Pour 'autres

    xemples,

    oirRosier-Catach

    003a.

    29

    Notae

    unelmenses

    I,

    cité

    ar

    Hunt

    941-43,

    28-9

    septièmepinion

    itée)

    Guillaume

    de

    Conches,

    losaen

    Priscianum,

    s.

    aris,

    nF at.

    15130,

    .

    27va

    cf.

    ierre

    élie,

    umma

    superriscianuméd.Reilly,97 77-19882) « (1)Dicuntamenuidam uodhocverbo

    in

    prima

    nventione

    ignificaverunt

    ctionem

    uamdam,

    alem

    sum'

    dest

    inter

    es ocum

    obtineo'seddeinde ranslatum

    st d substantiam

    ignificandam.rgo

    naturaliter,

    dest

    ex

    prima

    nventione

    ignificat

    ctionem,

    ed ex translationeubstantiam.ndedicit

    Priscianusomne erbum

    aturaliterst n actione el

    n

    passione.

    2)

    Alii

    dicunt

    uod

    'sum'

    ignificat

    mnia,

    rgo

    t

    actionem.

    3)

    Et dicunt

    uod

    sum'

    ignificat

    ctionemt

    passionem,

    ednon

    er

    e

    mmo

    x adiuncto

    articipii,

    t sum

    egens',

    ie

    ignificat

    ctio-

    nem,

    sum

    ectus',

    ie

    ignificatassionem.

    4)

    Alii icunt

    uod

    sum'

    ignificat

    ctionem

    idest

    nherentiam

    redicati

    t

    ubiecti,

    bi st ertiumdiacenst Socratesst omo'..

    ».

    30

    Notae

    unelmenses

    D,

    f. bisva

    «

    Cum

    utem

    curritur'cursusit'

    ntelligitur,ignificatio

    est busiva t ex accidentii data.Undenec

    propter

    anc

    ignificationemequivocum

    iudicatur,

    icet iversait b

    alia,

    umnon x

    principali

    am nventioneabeat edex

    accidentitc. adem nim atio st uaM.G.vult efendereubstantivumbaequivoca-

    tione,

    uod principaliterignificat

    ctionem

    t

    nhaerentem

    tc.et

    postea

    uxta anc

    sig/9bisvb/nificationem

    x

    accidenti

    ignificat

    ubstantiamnde

    ppellatur

    ubstantivum

    verbum,

    t est ubstantivumerbum

    uasi pecies

    erbi tc.

    31

    VoirRosier-Catach

    003a.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    13/170

    ABÉLARD

    T LES GRAMMAIRIENS

    185

    affirmationuivante

    «

    secundumim

    erbi est> habet

    opulare(C§3),

    mais

    il

    est

    parfois

    tilisé omme

    synonyme

    officium32,

    e double

    usage

    rendant

    parfois

    'exposé imprécis.

    l

    y

    a

    en tout cas une

    relationtrès

    explicite

    entre

    a

    nature

    t la fonction.

    n

    retrouvera

    ette dée chez

    Abélard,

    qui

    va

    également

    ier les

    propriétés ntrinsèques épendant

    de

    l'imposition

    (

    mpositioinventio)

    la fonction

    ue

    le

    terme

    occupe

    dans une

    proposition

    (officium).

    e même

    que, pour

    les

    Glosulaeles

    propriétés

    ntrinsèques

    u

    terme

    peuvent

    e maintenir l'état

    atent,

    ans nécessairement

    ntervenir

    dans

    une

    construction

    onnée

    (c'est

    le

    cas,

    comme

    nous le

    verrons,

    e

    la vis verbi ans les constructionsù le verbe estest suivi d'un attribut),

    de

    même,

    pour

    Abélard,

    'institution éfinit ne

    aptitude,par exemple

    l'aptitude

    «

    coupler

    ,

    qui

    n'est

    pas

    nécessairement n acte dans une

    construction

    onnée33.

    Abélard mentionne

    'opinion

    de ceux

    qui

    «

    suivent

    Priscien

    (< uidam

    Priscianodhaerntes

    ,

    et accordent u verbe substantif ne

    double

    valeur,

    verbale et

    substantive,

    n des termes xactement

    dentiques

    ceux

    des

    Glosulae

    et, d'ailleurs,

    dans

    la Dialécticaavec la formule

    u'il

    utilise

    fré-

    quemment our renvoyer l'enseignement

    e son maître

    «

    memini. . »34.

    Il garde l'idée d'une double valeurpour le verbe substantif,ne valeur

    substantive t une valeur

    verbale,

    mais avec des modifications

    mportan-

    tes

    pour

    la

    seconde.

    l

    accepte

    donc

    la vis ubstantivies

    grammairiens

    b),

    selon

    aquelle

    e verbe être

    a

    été

    mposé

    toutes

    es

    choses n

    tant

    u'essen-

    ces35,

    mais

    rejette

    vec virulence a

    vis

    verbi elle

    que

    la définissentes

    32

    Gbsulae,

    nnexe

    C§4)

    «... sed aliud est>

    agere

    e vocibus

    er

    e

    consideratis,

    aliud e eisdemd

    vim

    tofficium

    uod

    habent

    n

    oratione

    osite

    elatis.

    L'usage

    médié-

    valde cestermesstmarquéar epassage es nstitutionesI, 19 GLK I, 55 20-21)

    «

    Non nim

    eclinado,

    edvis t

    ignificationiuscuiusqueartis

    st

    ontemplanda

    ,

    pas-

    sage

    ur

    equel

    e commentairees

    Glosulae'est

    as

    très

    iche cet ndroit.urd'autres

    contextes

    ertinentsuant

    cette

    otion,

    'histoireestermes

    fficium

    t

    visainsi

    ue

    es

    commentaireses

    Glosaee Guillaumee Conchest de

    la Summa

    e

    Pierre

    élie,

    oir

    Fredborg973b,

    2-7.

    33

    Dial.

    ,

    1

    9

    25-6

    «

    Quod taque

    ixit

    erbum

    emper

    ssenotam orum

    ue

    de

    altero

    redicantur,

    mne erbum onstravitabere fficium

    opulandi

    redicatum

    ub-

    iecto ec llud

    emper

    d

    temporum,

    mmo d verborum

    omprehensionem

    eferendum

    est.Potestnim

    erbum

    er

    e

    proferri

    ec

    aliquid opularesemper

    arnenecundum

    inventionem

    uam

    opulativum

    st.

    34

    Dial. , 133 5-7, iténfra

    n. 66

    Sup. er.,

    46

    13-24.35Dial. , 1 1 4-9 «... ut est' uod ubstantivumerbumicitur,o videlicetuod

    omnibusecundumssentiam

    uam it

    mpositum,

    on ecundum

    licuiusdiacentiam.

    Unde tiam

    uaslibet

    erumssentias

    que

    ecundumnherentiam

    opulare

    otest,uod

    etiam e

    nuncupativo

    oncedunt.icut nimsum etrus'

    icimus,

    taetiam

    ego

    nuncu-

    por

    Petrus'

    roferimus.

    .. ».

    Sup.

    er.

    47

    32-7

    cité

    nfra

    .

    37).

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    14/170

    186 IRENE

    ROSIER-CATACH

    Glosulae

    a),

    à savoir

    que

    le

    verbe être

    ignifierait

    outes es actions

    et

    pas-sions et la

    repense

    comme une valeur de

    couplage

    (vis

    copulandi

    .

    Alors

    que

    dans la Dial,

    il

    s'était

    vivement

    pposé

    à

    Aristote,

    efusant

    'intégra-

    tion de

    la

    consignification

    emporelle

    dans la définition

    u

    verbe36,

    l

    remetcelle-ci au

    premier

    plan

    dans

    Sup.

    Per.

    et l'associe à la

    valeur de

    couplage

    comme

    caractéristique

    e tout verbe37. e verbe

    substantife

    voit

    attribuer ne double fonction. a

    première

    st donc cette valeur

    de

    couplage

    vis opulandi,

    qui

    lui

    permet

    e

    «

    coupler

    le

    prédicat

    u

    sujet

    nous verronsultérieurementelon

    quelles

    modalités.

    La

    seconde est ce

    qu'Abélard nomme la valeurpredicativevispraedicandi, qui lui permet

    de

    «

    poser

    la

    chose

    qu'il

    prédique

    et

    qu'il

    signifie,

    savoir

    'existence,

    de

    même

    qu'un

    verbe

    comme

    curriť

    couple

    et

    pose

    la

    chose

    qu'il signifie,

    la

    course.

    Enfin,

    Abélard mentionne a thèse de la

    double

    équivocité,

    équivocité

    elon

    a vis

    verbiet selon a vis

    ubstantivy

    our

    a

    rejeter.

    omme

    nous le verrons

    l

    la

    critique

    dans la Dial, mais

    plus

    encore

    dans le

    Sup.

    Per.,

    n commentant n

    passage

    essentiel e

    Boèce,

    sur

    equel

    nous revien-

    dronsde

    façon

    approfondie

    «

    nous voulons

    que

    le verbe

    substantif,

    elon

    une seule et même

    signification,

    savoir en tant

    qu'il signifie

    outes es

    choses en leur essence,soitsubstantif,t verbe . . »38.

    36

    Dialéctica

    ,

    éd. t

    , 123,

    -5

    voir e

    Rijk 986,

    9-91.

    37

    Sup.

    er.,

    47

    32-7

    «

    Ita edam

    ens',

    um dem

    emper

    icat

    t de

    praedicamentis

    aequivoce

    iciturt

    n

    eadem

    ignificatione

    imult substantivumst

    t

    verbum,

    ubstan-

    tivum

    uidem

    n

    eo

    quodpersonas

    uas n

    essentiaontinett

    non

    x adiacenti

    ignificai

    (ex

    ccidentali

    ignificatione),

    verbumutemn eo

    quod

    vel

    empusignificat

    el

    opu-

    lare

    abet,

    er uod ropositionemperfectionem

    rationis

    ,

    perfectionem

    a.c.)

    eddit.

    Ibid

    ,

    361

    21

    Sup. op.,

    74:

    36-7.Une

    opinion

    ssez

    roche

    st

    itée,

    ans

    ttribution,

    dans esNotaeunelmensesI,ms.D, f.35r, it. arHunt 941-43,5 adVIII, 51,GLK

    II,

    414

    8

    sq.):

    Alii utem

    icunt ocverbumon sse nventumd

    significandas

    ctio-

    nesvel

    passiones

    t

    adiacentes,

    ed d

    significandasuaslibet

    es

    n

    essentiat substantia

    sua,

    nde t ubstantivumllud

    uncupaverunt,

    erbumutem

    ppellaverunt

    ropteruas-

    dam

    roprietatesue

    olis erbisonveniunt

    uas

    habet,

    t

    propter

    eclinationem

    er

    er-

    bales

    modos,

    ropter

    istinctionem

    ersonarum,ropterignificationem

    emporis

    ecun-

    dum

    discretionemerbalium

    ocum,

    d ultimumdam

    propter

    im

    opulandi,

    n

    quo

    maximeuit ecessarium..

    ». Le

    grammairienejette

    a

    signification

    action t de

    pas-

    sion n

    s'appuyant

    ur riscienui-même

    «

    Nec huic ententiebest

    uod

    quibusdam

    dicituron

    posse

    ocmodo

    sseverbumum

    uod

    st

    principale

    erbi

    on

    habeat,

    d

    est

    ignificationem

    ctionisel

    passionis.pse

    uctor nim

    n

    sequenti,

    d est n

    tractatu

    de

    cognatìoneemporum,xcipiet

    communi

    ignificatione

    eterorumerborumt sub-

    stantivatvocativaerba. ndemanifesteemonstratb hac tiam iffinitionexcipienda

    esse,

    ecundum

    uod

    ctionist

    passionis

    entionem

    acit t ab omnibusliis

    receptis

    in

    quibus

    e

    significatone

    c>tionist

    passionisgitur

    tc.

    38

    Sup.

    er.,

    47

    23-325

    t 34-35

    «

    Volumus

    taque

    erbumubstantivum

    n

    eadem

    significatione

    etentum,

    cilicet

    uod

    mnia

    ignificat

    n

    essentia,

    t substantivum

    sse,

    t

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    15/170

    ABÉLARDT LES

    GRAMMAIRIENS

    187

    2.2.

    La vis

    copulandi

    Cette valeur de

    couplage,

    vis

    copulandi

    u vis

    copulationisdépend

    à la fois

    d'un

    passage

    du PeriHermeneias

    16b7),

    où Aristote éfinite

    verbe comme

    «

    marque

    de ce

    qui

    est

    affirmé e l'autre

    [terme]) (est emper

    orum

    uae

    de altero

    raedicantur

    ota

    AL

    7,

    2-3),

    et

    d'un

    autre

    passage

    sur le verbe

    substantif

    16b 22-25),

    dont

    nous montrerons

    lus

    bas

    l'importance.

    'est

    en discutant e dernier

    ue

    Boèce introduite verbe

    copulareque repren-

    dront es Glosulae n en tirant e

    néologisme opula

    9

    dont le mérite

    ne

    revient onc

    pas

    à

    Abélard,

    contrairement

    l'opinion

    reçue40.

    Abélard mentionne es opinionsdivergentesur l'interprétatione la

    définition u

    verbe,

    dont

    certaines envoientmanifestement celles des

    grammairiens.

    ur le

    plan chronologique,

    l

    semble

    que

    la vis

    copulandi

    it

    été d'abord introduite

    ar

    les Glosulae ans leurs discussions ur les ver-

    bes

    substantif

    t

    vocatif41.

    n

    effet,

    es

    développements

    ur

    la

    définition

    du verbe

    en

    général

    se concentrent ans un

    premier

    emps

    essentielle-

    ment sur les difficultés

    osées par

    la notion ď inhérencet sur la distinc-

    tion des verbes

    par rapport

    ux noms

    dérivés

    nominaumpta).

    ar

    contre,

    dans les textesde la seconde

    génération

    des Glosulae

    et

    avec des men-

    tions

    xplicites

    maître

    W.),

    cettevis

    opulandi

    st

    ntégrée

    ans la définition

    du verbe en

    général,

    omme une de ses trois

    propriétés42.

    C'est donc dans les

    passages

    sur e verbe substantif

    ue

    s'introduithez

    les

    grammairiens

    ette

    valeur de

    couplage,

    même si

    l'expression

    is

    copu-

    landi

    n'y

    apparaît pas

    encore. Elle est clairement iée

    à la

    valeur

    ver-

    bale

    (secundum

    im erbi abet

    opulareC§3)).

    Et elle intervient un double

    titre,

    uisque,

    en raison de sa

    double

    signification,

    e

    verbe

    'être*

    eut

    verbum,

    t dem

    emper

    otāri

    n

    pso

    .. et

    n

    eadem

    ignificatone

    imul t substanti-

    vum st tverbum. Voir

    nfrapar.

    .2.

    39

    Voir

    nfrapar.3,

    et es

    passages

    ités ote 0.

    40

    Cf.Kahn

    1972,

    42,

    Kretzmann

    982,

    92,

    n.

    18,

    Kahn

    1986,

    (Abelard

    is the

    inventorrat east he odifier

    f

    he lassical

    heory

    f he

    opula»),

    uchelmans

    992,

    14-6,

    tc. ur 'absencee a notion e

    copule

    hez

    Aristote,

    oir e

    Rijk

    002,

    2

    sq

    247.

    Sur e rôle 'Ammoniusans 'élaboratione cette

    otion,

    oir

    bid

    ,

    235.

    l est

    noter

    cf.

    bid.,

    37)

    ue

    e terme

    opula

    st ffectivementtiliséans

    a

    Dialécticae Garlandus

    Compotista

    éd.

    De

    Rijk,

    7 31-59

    37).

    Mais

    a

    datationt 'attribution

    e

    'ouvrage

    nt

    étéremisn cause

    ar

    Y. Iwakuma

    1992, 7-54),

    t unedatation

    lus

    ardive

    été

    pro-

    posée, ostérieure

    ux

    écrits e

    logique

    Abélard

    cf. nfra).41Unautre ontextest elui uparticipe,eproblèmetant e savoir e qui e dis-

    tingue

    u

    verbe,

    lors

    u'il

    en commun

    a

    signification

    e l'inhérence'un

    ccident.

    Des

    positionspposées

    ont éfendues

    ar

    maître

    .,

    qui

    suit

    'opinion

    es Glosulae

    et

    maître . voirRosier-Catach

    003a.

    42

    VoirRosier-Catach

    003a.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    16/170

    188

    IRENEROSIER-GATAGH

    réaliser

    la

    fois

    e

    couplage

    de l'action et de

    la

    passion (ex

    hoc

    quod

    st

    verbum,

    opulare

    i actionemoncedamus

    ibid.),

    t le

    couplage

    de toutes es

    essences

    en tant

    qu'essences

    (cf. passage

    cit.

    supra),

    insi

    que l'explique

    bien maître

    G.43.C'est donc

    par

    croisement 'une

    propriété

    énérale

    vec

    ces deux

    significations,ue

    cettedouble

    aptitude

    u

    couplage

    va êtreren-

    due

    possible,

    bien

    que,

    nous le

    verrons,

    lle ne soit

    pas toujours

    ctuali-

    sée.

    On

    comprend

    insi,

    d'une

    part

    que

    la vis

    copulandi

    a être

    dégagée

    comme

    propriétégénérale

    du verbe et

    intégrée

    sa

    définition,

    t ainsi

    dissociée

    de la

    signification

    'actionet de

    passion,

    d'autre

    part qu'Abélard,

    une foisqu'il a ôté de la vis verbi ettesignification'action et de pas-

    sion,

    va identifier

    ette vis

    copulandi

    la vis verbi.

    Avec

    la seconde

    génération

    es Glosulae

    t textes

    pparentés,

    a

    vis

    opu-

    landi st en

    effet

    apatriée

    dans la définition u

    verbe en

    général,

    t lui

    est

    assignée

    comme

    une troisième

    ropriété,

    côté de la

    signification

    e

    l'action

    et de la

    passion

    en tant

    qu'inhérentes,

    t de

    la

    signification

    e

    la

    personne

    n

    laquelle

    inhère 'action et

    la

    passion.

    On trouve

    plusieurs

    témoins e cette

    ntégration

    e la vis

    opulandi

    ans

    la définition u

    verbe,

    que

    ce

    soit dans le ms.

    C des Glosulae ur

    Priscien

    majeur44,

    ans les

    Glosulaeur Priscienmineur45,ans lesNotae unelmenses6, t cette dée est

    nommément

    ttribuée

    Magister

    W. dans

    une

    extrapolation

    es Glosulae

    contenue dans

    le ms. V

    47. Cette vis

    copulandiprésente

    dans les

    verbes à

    43

    Maître ,

    ms.

    O,

    p.

    386b,

    d.

    Kneepkens

    978, 20,

    n. 36: «Verba ub-

    stantivaxhoc

    uod

    unt erba abent

    opulare,

    t xhoc

    uod

    unt

    ubstantiva,

    ignificant

    res uas

    n

    essentia.

    t

    propter

    oc duo habent

    nam ssentiam

    lii

    copulare.

    x hoc

    autem

    uod

    unam ssentiam

    dii

    opulant,

    abent unc

    ensum

    uod

    dicunt

    'Ista es st

    ilia'.

    44LepassageetrouveansC f.34ra t dans 'incunableilest bsent esms.Ķ M

    et V.

    45

    Ms.

    A,

    f. 137ra

    ad

    XVII,

    17),

    it. ansRosier

    003a,

    .

    24.

    46

    Notae

    unelmenses

    ,

    ms.

    D

    ad

    VIII, 1,

    f.

    34vb,

    it. ansRosier

    003a,

    .

    24.

    47

    ententia

    ,

    extrapolation

    es

    Glosulae

    V,

    f.

    42rb-43va,

    d.

    par

    Fredborg

    977,

    5 3-

    37

    14

    «

    M

    haec ententia

    omne erbum

    rincipaliter

    ctionem

    ignificat

    vel

    passionem

    ecundum

    uod

    nhaeret,

    on

    ecundum

    uod

    nhaeretecundum

    unc

    modum

    Est t alior erborummnium

    ecundaria

    ignificatiouod

    cilicet

    ersonam

    significet

    ecundum

    uod

    ctio el

    passio

    nest

    lli,

    i Habet utem erbum

    t tertiam

    significations

    non

    x hoc

    quod

    st

    erbum,

    uia

    llud mne erbumonhabet secun-

    dum

    uam ompositum

    abetntellectumut

    lego'

    antumalet ecundum

    riscianum

    XVII,

    17,

    GLK

    III, 118) uantumego ego'

    nec

    liquo

    modo ddendumst

    ego'

    nisi ausa

    discretionis.uod ero ristotelesnCategoriiscf. a10-1),incomplexanon> ignificant

    verumelfalsumt

    homo,

    album>, urriť,

    ntelligendum

    stde currit'

    ecundumoc

    quod

    st

    verbum,

    on ecundum

    oc

    quod

    ale erbumst.

    Hanc utem

    ignificationem

    habent mnia

    mpersonalia

    t

    quaedam

    im]

    ersonalia

    t

    legitur'.

    nfinitivus

    llud

    on

    habet.

    ecdico mnia uiusmodierum

    alsumve

    ignificare,

    ed

    ompositum

    ntellectum,

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    17/170

    ABELARD

    T LES

    GRAMMAIRIENS

    189

    l'indicatif,sttoujours ssociée à l'idée que le

    verbe

    produit

    une intellec-

    tion

    composée

    {compositum

    ntellectum).

    e

    passage

    de Priscien ur la com-

    plétude

    des verbes de

    premièrepersonne

    XVII,

    17)

    fournit

    e contexte

    de la

    discussion,

    uisqu'effectivement

    lego'

    résente

    lui seul l'intellection

    d'une

    proposition

    ntière. 'est en

    renvoyant

    ce même

    passagequ'Abélard

    critique

    ette

    conception48,

    t cette

    critique oue

    un rôle

    important

    ans

    l'élaboration

    de sa théoriedu dictum

    roposition:

    s49. e

    parallèle

    confirme

    bien

    la

    relation ntre

    a

    seconde

    génération

    es

    Glosulae t Guillaume de

    Champeaux,

    et met à nouveau en évidence 'influence

    ue

    ces textes

    nt

    eu sur Abélard. Or cette discussion ntervient,hez Abélard,à propos

    d'un

    passage

    du PeriHermeneias

    qui, par

    l'intermédiaire es commentai-

    res de

    Boèce,

    s'avère

    ouer

    un rôle

    capital

    dans les discussions ur

    le

    verbe

    substantif,

    t dans l'élaborationde deux théories e

    la

    prédication,

    que

    nous étudierons ltérieurement.

    3.

    Porphyre

    t

    Boèce ur

    e

    verbe

    ubstantif

    3.1. Les

    difficultés

    e Peri Hermeneias

    16b20-25

    La

    traduction

    de

    Boèce du

    passage

    sur le verbe

    substantif,

    ue

    nous

    reproduisons

    i-dessous elle

    que

    nous le lisonsdans l'édition

    ritique,

    st

    en fait

    usceptible, our

    la

    clause en

    italique

    x),

    de deux

    lectures,

    elon

    qu'on comprend

    1)

    qu'il

    s'agit

    à des verbes esse' t 'non sse

    {être

    t

    n'être

    pas

    ne sont

    pas signes

    d'une

    chose),

    comme

    l'éditeur,

    ou

    (2)

    que

    l'on

    considère

    ue

    le

    verbe,

    ujet

    de la

    phrase

    w),

    'est

    encore

    dans

    (x), 'exposé

    sur le verbe substantif e

    commençant

    ue

    dans la clause suivante

    y)50

    ut

    legere

    aleo',

    rgo

    ***>

    egere

    on arnenerum el

    falsum,

    .e. nec fuit oc ex

    prima ositione

    nditum

    erbo,

    ed x usuhominum

    ostea.

    48

    Sup.

    er

    ,

    357-9.

    49

    Sup.

    er.,

    58:

    32

    sq.

    Voir

    acobi

    al.

    1995,

    osier-Catach

    à

    paraître).

    Je

    remercie

    onathan

    arnes t

    Barbara

    assin 'avoir

    ttiré on ttentionur

    a

    difficultée

    ce

    passage.

    ur

    esdifférentes

    eçons

    ossibles

    u texte

    rec,

    a

    position

    ete-

    nue

    par

    es commentateurs

    recs

    Alexandre,

    mmonius

    ui

    retienta

    leçon

    orrespon-

    dant

    1

    avec a lecture

    étalinguistique

    e

    (x),

    Porphyre

    ui,

    elon

    Ammonius,

    etient

    la

    leçon

    ),

    et

    par

    Boèce,

    oir

    Wagner

    971,

    Weidemann

    994,

    81-7

    quiopte

    our

    a

    lecture

    orrespondant

    (2),

    ontre ckrillt a

    majorité

    esmodernes

    ui

    choisissent

    1))

    t

    l'extensiveiscussionritiquee De Rijk 002 215-48)tDe Rijk 003 210-227),uidécritn outre e manièreétailléeeschoix t hésitationseBoèce, insi ue e déve-

    loppement

    e Thomas

    'Aquin,ui ustapose

    es deux ectures.

    l

    opte our

    2),

    d'où a

    traduction

    «

    For t

    [i.e.

    heverb aken

    y

    tself]

    s not

    sign

    fthe

    hing'si.e.

    he

    semanticalue

    ignifiedy

    t]

    being

    the ase),

    r

    not

    eing

    the ase).

    heword

    be-ing',

    if

    t s used

    arely,

    s not uch

    sign

    ither.

    or

    by

    tselft s

    nothing,

    ut t

    helps

    ignify

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    18/170

    190

    IRENE

    ROSIER-GAT

    CH

    (v)

    psaquidem

    ecundume dicta erba omina

    unt,

    t

    significant

    liquid

    cons-

    titué nim uidicitntellectum,tquiaudit uiescit (w) edsi estvel non st,

    nondum

    ignificai,

    x)Meque

    nimesse

    signum

    st ei el non

    sse',

    y)

    nec i hoc

    psum

    'est'

    est]

    nsRe

    Jz)purum

    ixeris.

    z)

    psum uidem

    ihil

    st,

    onsignificat

    utem

    quandam

    ompositionem,uam

    ine

    ompositis

    on st

    ntelligere

    Peň

    ermeneias

    ,

    16b20-25,

    d.

    Minio-Paluello,

    L

    I/

    1-2,

    14-19).

    La

    première

    ecture

    1)

    serait

    uelque

    chose comme

    «

    (v)

    En

    eux-mêmes

    et

    par

    eux-mêmes

    es verbes sont des

    noms,

    et

    signifientuelque

    chose.

    Celui

    qui

    les

    prononce

    constitue

    ne

    intellection,

    t

    l'esprit

    de celui

    qui

    l'entend se

    trouve u

    repos,

    w)

    mais

    il

    ne

    signifie as

    encore ce

    qui

    est

    ou n'estpas. (x) Et *êtreou Vêtepas n'est as lesigne 'une hose(y)et pas

    non

    plus

    si 'être' est

    prononcé

    seul

    par

    lui-même .

    Il

    est induit

    par

    la

    typographie

    e l'édition

    critique, ue

    nous avons

    reproduite,

    ui

    d'une

    part

    insère es

    guillemets

    utour de

    '

    esse et

    'non

    sse'

    d'autre

    part

    ratta-

    che le

    membre de

    phrase

    en

    italiques

    non à

    la

    clause

    qui précède

    (w)

    (qui

    porte

    sur

    le verbe en

    général),

    mais

    à celle

    qui

    suit

    portant

    lle sur

    'esť),

    formant

    insi un bloc

    (x-y).

    Boèce,

    en

    un court

    passage

    introductif

    de In

    PH2

    semble

    comprendre

    e textede cette

    façon,

    puisqu'il

    e

    glose

    clairement n disant

    ue

    «

    'être'

    qui

    est un

    verbe,

    t n'être

    pas'

    qui

    estun

    verbe ndéfini, e sontpas signesd'une chose et donc ne signifientien :

    ñeque

    nimignum

    st rei essevel non

    sse,

    aie

    uiddam

    st

    'esse',

    uod

    ver-

    bum

    st,

    el non

    sse',

    uod

    nfinitumerbum

    st,

    on st

    ignum

    ei d estnihil

    per

    e

    significat.

    esse' nim isi

    n

    aliqua ompositione

    on

    onitur

    De

    Rijk

    002,

    220,

    n. 110

    propose

    juste

    itre e ire 'esse' nim

    nihil

    ignificat>

    isi n

    aliqua

    compositione

    non]

    onitur

    (In

    PH2

    76

    10-5

    je

    restituees

    guillemets).

    (2)

    La seconde lecture st

    fort

    ifférente,

    t

    implique

    à la fois

    de

    ne

    pas

    avoir

    une lecture

    métalinguistique

    es verbes

    dans

    (x)

    et donc de ne

    pas

    mettre es verbes entre

    guillemets,

    mais aussi de

    ponctuer

    utrement

    e

    texte,

    n rattachanta

    proposition

    n

    italiques

    x)

    à celle

    qui

    la

    précède

    comme

    formant n bloc

    (w-x),

    ecture

    qui

    semble

    plus plausible

    en rai-

    son du '¿mm'

    u'elle comporte.

    Le

    sens est alors le suivant

    correspon-

    dant à une

    ponctuation

    ifférente

    e

    celle de

    l'édition)

    «...

    (w)

    mais

    il

    ne

    signifie as

    encore ce

    qui

    est ou n'est

    pas

    ;

    (x)

    il

    (=

    le

    verbe)

    ne

    signifie

    en

    effet

    as qu'une

    chose est ou n'est

    pas.

    (y)

    Et

    il

    en va de même de

    'être9

    rononcé par

    lui-même

    (z)

    en lui-même

    l

    n'est rien .. ». Cette

    some ort f

    omposition,

    hichannot e

    thought

    f

    without

    hats

    composed

    (248).

    Nous

    envoyons

    ces tudes

    our

    out e

    qui

    concernea tradition

    recque,

    ous oncen-

    trantci sur

    Boèce

    t son nfluence.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    19/170

    ABÉLARDT LES

    GRAMMAIRIENS 191

    seconde lecture

    correspond

    exactement u

    découpage

    du

    passage quedonne Boèce dans son

    premier

    ommentaire,

    t à la

    glose

    qu'il

    en

    pro-

    pose.

    En

    effet,

    l

    glose

    d'abord le bloc

    (w-x)

    In

    PHI

    ,

    64

    :

    13-4),

    compre-

    nantdonc

    que

    la

    phrase

    en

    italiques

    x)

    parle toujours

    u verbeen

    général,

    et

    ne sert

    qu'à

    renforcer e

    qui

    est dit dans

    la

    phrase précédente

    w),

    que

    le

    verbe

    ne

    signifie as

    l'existence u

    la

    non existence

    Cum nim ico curriť oc

    psum

    curriť

    ignificaiuidemliquid,

    ed si est aut

    NON

    ST

    NONDUMIGNIFICAT

    NEQUE

    NIM

    SSE IGNUMSTREIAUT ON SSE.

    uod

    tantumalet

    amquam

    i dicam id

    quod

    dico curriť on

    ignificai

    sse

    psum

    ur-

    sum utnon sse. i

    enim

    ignificare^

    ta dicereur 'currerest'vel currereon

    est'.Nunc utemcurriť ondésignâtsse psam em el non sse.Diciturnim

    solumt st ntellectus

    uidam,

    ed

    ñeque

    dfirmationem

    ignificat

    eque

    egationem,

    idcirco

    uod

    ñeque onit

    em

    sse

    nec

    arn nterimit..

    (In

    PHI

    64

    22-65

    4).

    Puis Boèce

    propose

    en

    un

    second bloc

    (y-z)

    a

    suite du texte

    «

    Nec

    si

    hoc

    ipsum st

    purum ixeris. Ipsum

    uidem

    nihil est

    . . .»

    (65

    :

    9-12),

    il

    est

    question,

    lors et alors

    eulementdu verbe

    substantifcf. nfra

    n.

    52).

    Dans son

    deuxième

    ommentaire,

    oèce

    propose, près

    a

    justification

    e

    la

    première

    ecture

    du

    passage rapportée

    i-dessus,

    ne

    ustification

    e la

    seconde,qu'il préfèreIn

    PH2

    76 :

    26-7),

    ntroduite

    ar

    un

    '

    veV

    ui

    mar-

    que

    bien

    qu'il s'agit

    d'une lecture lternativeil

    comprend

    lors

    x)

    comme

    appuyant

    w),

    et comme

    parlant

    du verbe en

    général,

    et non

    du

    verbe

    substantif,

    la

    différence e

    la

    première

    glose

    d'abord

    proposée

    (suite

    mmédiateu

    passage

    ité

    lus

    haut)

    el certe mne erbum

    ictum

    er

    e

    significatuidem

    liquid,

    ed i estvelnon

    st,

    ondum

    ignificat.

    on nim um

    aliquid

    ictum

    uerit,

    dcirco

    ut

    esse

    ut non sse

    ignificat.

    tque

    oc est

    quod

    ait

    ñeque

    nim

    ignumst rei essevel non

    sse. tenim

    uam

    em erbumési-

    gnât,

    sse ius elnon ssenon

    st

    ignumpsum

    erbum,

    uod

    de illare

    dicitur,

    ac si sicdiceret

    neque

    nim

    ignum

    stverbum

    uod

    diciturei sse el

    non

    sse,

    hoc stdequadiciture,ut dquoddico ei sse elnon sse ale it, amquamidicam em

    psam ignificare

    sse elnon sse ..

    (In

    PH2,

    76

    15-26).

    La lecture

    1)

    sépare

    donc

    (v-w)

    de

    (x-y-z)

    aisant ommencer

    'exposé

    sur

    le verbe

    substantifn

    (x)

    la lecture

    2)

    sépare

    (v-w-x),

    ui porte

    sur

    le

    verbe,

    de

    (y-z)

    qui porte

    sur

    'esť. Notons

    qu'Abélard

    semble choisir

    a

    seconde

    lecture,

    ans

    s'y

    étendre

    particulièrement

    il

    glose

    d'abord

    (v-w)

    (Sup.

    Per.,

    357

    :

    16-35),

    puis

    (x)

    en le

    comprenant

    omme rattaché ce

    qui précède

    ibid.,

    57 : 35-6

    «

    Vere non

    significat

    ensum

    affirmationis

    vel

    negationis,

    uia

    non est

    signum

    rei esse

    vel

    non esse.

    A

    descriptione

    significandiuod est signum sse» ; cf. Ed. Sup.Per.,83 : 41-2), et enfin

    (y-z) Sup.

    Per.,

    57 : 36

    sq.),

    en

    prêtant,

    ous allons e

    voir,

    une attention

    particulière

    (z).

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    20/170

    192

    IRENEROSIER-CATACH

    Pour

    la tradition

    grecque,

    se

    pose

    la difficulté

    upplémentaire, uiconcerneen fait es deux

    nterprétations,

    e la lecturealternative 'un

    participeplutôt

    que

    d'une formeverbale

    dans

    (y),

    et de déterminer 'ils

    doivent

    tre

    pris

    comme

    autonymes

    u non. Les

    conséquences

    ont

    mpor-

    tantes,

    ur le

    plan

    doctrinal.

    Or

    cette

    difficulté e

    se

    présente

    pas pour

    Boèce,

    parce

    qu'il

    choisit

    a

    lecture

    autonymique

    t lit

    majoritairement

    'est'

    le considérant

    quivalent

    'ens'

    par

    ex.

    In

    PH2

    78 :

    19-20)51.

    our

    cette

    raison,

    a

    discussion, a,

    chez

    lui,

    se focaliser ur e

    verbe esf

    pour

    déterminer

    a manièredont

    on

    peut

    dire

    «

    qu'il

    n'est rien

    ,

    et

    si

    (et

    com-

    ment)cette affirmationaut selon qu'il est utilisé seul (purum) u non,

    polarisant

    insi l'attention ur

    la

    signification

    t

    la

    (ou les)

    valeur(s)

    du

    verbe est

    Cette attention

    articulière

    a avoir

    des

    répercussions

    ssen-

    tielles

    ur les

    développements

    u

    xie

    et

    du

    xne

    iècles.

    3.2.

    «

    eEsť

    n'est ien»

    S'interrogeant

    ur

    'affirmation

    'Aristote,

    elon

    aquelle

    «

    'est' n'est rien

    ,

    Boèce

    explique

    que

    celui-cine

    veut

    pas

    dire

    qu'il

    n'a

    pas

    de

    signification

    (ce qui

    contredirait

    a

    nature de

    verbe),

    mais

    seulement

    u'il

    ne

    signifie

    pas

    encore le vrai et le faux

    quand

    il est utilisé eul

    (simpliciter

    ictum)52.

    Boèce se

    pose

    ensuite

    a

    question

    de savoir

    pourquoi,

    selon

    Aristote

    cf.

    (z)),

    il ne

    constituerait

    on intellection

    u'en

    jonction

    avec autre chose.

    Pour

    répondre,

    l

    va

    passer

    en

    revue es différents

    ypes

    'emploi

    du verbe

    substantif,

    n

    distinguant

    e cas où

    il

    est

    utilisé eul

    (1),

    de celui où

    il

    est

    utilisé n

    composition

    vec un

    prédicat

    2).

    Dans In

    PHI

    ,

    il

    prend

    'exem-

    ple

    d'un

    prédicat

    substantiel

    2.1),

    dans

    In

    PH2

    celui d'un

    prédicat

    non

    substantiel

    2.2).

    Nous avons

    ainsi

    (1) Homo st In PHI), Socratesst In PH2)

    (2.1)

    Homo nimal

    st

    In PHI)

    (2.2)

    Socrates

    hilosophus

    st

    In PH2)

    51

    Voir es référencesitées

    .

    précédentes;

    e

    Rijk

    002,

    19

    sq.

    et

    244

    sq.

    et De

    Rijk

    003,

    15

    q.

    cf.

    espectivement

    002, 21,

    n.

    12

    et

    2003, 14,

    n.

    20

    pour

    esréfé-

    rences

    Boèce).

    e

    Rijk

    2002,

    38-41

    2003,

    23-6)

    montre

    galement

    ommenthomas

    d'Aquin,

    râce

    sa connaissanceouvelle

    ucommentaire

    'Ammonius,

    eut

    u contraire

    voir es

    mplicationsmportantes

    es olutionscette

    ifficulté.

    52 n PHI 65 17-24«Nec si hoc psumst purumixeris sse liquidutnon sse

    significai,

    d est utaffirmat

    ut

    negat,

    dcirco

    uod psum

    st

    impliciter

    ictum

    ihil

    est,

    non

    uod

    omnino

    ihil

    ignificet,

    ed

    quod

    nihil

    eque

    eritatis

    abeat

    eque

    alsi-

    tatis,

    d estnon

    nihil

    st

    d

    significationem,

    edad veritatis

    alsitatisqueignificationem,

    de

    qua

    nunc ractabitur.

  • 8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003

    21/170

    ABÉLARD

    T

    LES GRAMMAIRIENS

    193

    Dans son second

    commentaire,

    l

    nous

    précise

    a

    source

    de ces distinc-

    tions,

    savoir

    Porphyre, ui

    discute

    'interprétation

    onnée

    par

    Alexandre

    de

    ce même

    passage.

    Dans In

    PHI

    ,

    Boèce

    explique que lorsque

    être*st

    «

    composé

    à un

    sujet,

    omme

    dans homo si

    (1),

    il

    a alors une valeur

    existentielle,

    u

    plus

    précisément,

    ans les termesde

    l'auteur,

    «

    il

    constitue

    'être du

    sujet

    ;

    lorsqu'il

    st utilisé

    vec un

    prédicat,

    l

    sert

    «

    composer

    ou

    coupler

    deux

    choses

    ,

    et

    l'exemple

    donné

    4

    homo nimal sf

    comporte

    un

    prédicat

    ub-

    stantiel

    2.1).

    QEsť

    ne

    prend

    donc sa

    valeur,

    oit

    d'existence,

    oitde

    couplage

    des choses,que lorsqu'ilest actuellementomposé avec, respectivement,

    un

    sujet

    1),

    ou un

    sujet

    et un attribut

    2.1),

    ce

    qui justifie

    'affirmation

    ď Aristote c'est

    toujours uand

    il

    est

    pris

    dans

    une certaine

    omposition

    que

    est

    ignifie uelque

    chose53. elevons cet

    usage

    du verbe

    copulareour

    indiquer

    a

    composition

    u

    conjonction

    e

    deux

    choses

    duas

    es

    opulai tque

    componit).

    Dans In

    PH2

    l'analyse

    des deux contextes

    d'emploi

    fait

    suite

    à une

    opposition

    entre Alexandre

    et

    Porphyre, ue

    Boèce

    rapporte,

    uant

    à

    cette

    ffirmation

    ue

    «

    'est' n'est rien . Selon

    Alexandre,

    esť

    ou

    4

    ens'est

    équivoque,puisquetoutes es catégories ontéquivoques,ne sontpas sous

    un

    genreunique

    et

    peuvent

    tre

    prédiquées

    de

    toutechose. Or tout erme

    équivoque, employé

    eul,

    ne

    signifie

    ien,

    à moins

    qu'il

    ne soit volontai-

    rement tilisé

    our signifier

    'une des

    choses

    qu'il

    signifie.

    n

    conclusion,

    'esť ne

    signifie

    ien,

    du

    fait

    u'il signifie lusieurs

    hoses,

    d'où l'affirmation

    ď Aristote54.'est certainement

    e

    passage

    d'Alexandre,

    ur

    l'équivocité

    53n PHI 65 24-66 25 (suitee la n.précédente)«Cur utem ihil eri alsique

    monstraret,

    stendit.

    st

    enim uobusmodis

    icitur,

    t verum

    alsumqueesignet

    aut

    cum

    nam em

    uamlibetropria

    ompositione

    onstituit,

    t um i