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  • Vík

  • DU MÊME AUTEUR

    SnjórÉditions de La Martinière, 2016 Points, 2017

    MörkÉditions de La Martinière, 2017 Points, 2018

    NáttÉditions de La Martinière, 2018 Points, 2019

    SóttÉditions de La Martinière, 2018 Points, 2019

  • RAGNAR

    JÓNASSONVíkTraduit de la version anglaise, d’après l’islandais, par Ombeline Marchon

  • Ce roman a été traduit depuis l’édition anglaise du livre à la demande de l’auteur qui a revu et changé des éléments

    de son histoire, et considère donc le texte anglais comme la version définitive de son roman.

    Titre original  : Andköf© Ragnar Jónasson, 2013

    Publié avec l’aimable autorisation de la Copenhagen Literary AgencyA/S, Copenhagen

    Traduction depuis l’édition anglaise, revue et corrigée par l’auteur :© Orenda Books, 2017

    L’éditeur remercie Ólafur Valsson pour son aimable autorisationpour la reproduction de la carte de l’Islande.

    ISBN 978‑2‑7324‑8840‑0

    © Pour la traduction française : 2019, Éditions de La MartinièreUne marque de la société EDLM

    Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335‑2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

  • Kálfshamarsvík

    Blönduós

    Reykjavík

    SaudárkrókurAkureyri

    Siglufjördur

  • Pour mon frère, Tómas

    « Viens dans mon jardin fleuri, sombre nuit !Que ferais-je de ta rosée ?

    Toutes mes fleurs sont fanées… »Extrait de Haust, de Jóhann Jónsson

    (1896-1932)

  • Guide de prononciation

    Ari Thór – Ari Sor

    Arnór – Arnor

    Ásta – Ôsta

    Blönduós – Blonnduôs

    Hédinsfjördur

    – Hiétinsfieurzeur

    Herjólfur Herjólfsson –

    Heryolfour Heryolfsonn

    Kálfshamarsvík – Kôlzamarsvik

    Kristín – Kristine

    Óskar – Oscar

    Reykjavík – Reykiavik

    Siglufjördur – Sigloufieurzeur

    Skagaströnd – Skagastreund

    Thóra – Sora

    Tómas – Tomass

    L’islandais possède deux lettres qui n’existent dans aucun

    autre alphabet européen et qui ne connaissent pas vraiment

    d’équivalent. Dans une traduction, on remplacera le plus sou‑

    vent la lettre ð par un d, comme dans Gudmundur, Gudfinna,

    Hédinn et dans les noms d’agglomérations se terminant par

    – fjördur. En fait, cette lettre ressemble davantage au th anglais

    « dur », comme dans les mots « thus » et « bathe ».

    La lettre islandaise þ sera pour sa part retranscrite par les

    lettres th, comme dans Ari Thór, et correspond au th anglais

    « doux » que l’on retrouve dans les mots « thing » et « thump ».

    La lettre r est généralement roulée, la langue collée au palais.

    En islandais, l’accent tonique porte sur la première syllabe.

  • Prologue

    La petite fille leva les mains devant elle, puis tout se passa très vite : la gravité l’emporta et elle tomba. Elle n’eut même pas le temps de pousser un cri.

    Pour l’accueillir, la mer et les rochers.Elle était trop jeune pour sentir la mort approcher.La pointe, la plage, le phare, le paysage –  c’était

    son terrain de jeu.Jusqu’à ce qu’elle heurte la pierre.

  • Première Partie

    Prélude à la mort

  •  

    C’est une image qu’Ásta Káradóttir n’oublierait jamais, même si elle n’était qu’une enfant à l’époque – ou peut‑être pour cette raison précise.

    Elle se trouvait dans sa chambre, au grenier, quand c’est arrivé. Porte et fenêtres closes, la pièce sentait le renfermé. Assise sur son lit dont les ressorts grin‑çaient quand elle se retournait la nuit, elle regardait par la fenêtre. Il était possible, et même probable, que des détails empruntés à d’autres moments de son enfance se soient mêlés au souvenir qu’elle gardait de cette journée bien particulière. Dans tous les cas, jamais elle n’oublierait le terrible événement auquel elle avait assisté.

    Elle n’en avait jamais parlé à personne.Et voilà qu’elle revenait, après des années d’exil.

    En ce mois de décembre, la fine couche de neige qui recouvrait le paysage témoignait de l’approche de Noël. Les températures restaient cependant clémentes. Elle avait fait le trajet en voiture depuis le Sud sous la bruine. Le chauffage, activé pour désembuer le pare‑brise, avait transformé la voiture en fournaise.

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  • Ásta n’avait pas eu de problème à quitter le centre de Reykjavík  : elle avait suivi l’Ártúnsbrekka. Elle n’était pas fâchée de partir d’une ville dont on pou‑vait dire, comme d’un mauvais amant, que c’était tou‑jours mieux que rien, mais à peine. Elle n’allait pas changer radicalement de vie, non, juste dire adieu à son existence monotone et à son triste soixante‑quatre mètres carrés en sous‑sol, où elle étouffait. Par‑fois elle ouvrait les rideaux pour faire entrer un peu de lumière, mais alors les passants de cette rue très fréquentée pouvaient la regarder de haut et espion‑ner ses allées et venues. Elle faisait une croix sur son intimité…

    De temps à autre, quand elle était d’humeur, elle ramenait des types chez elle le week‑end. Certains tenaient à faire l’amour les rideaux ouverts et la lumière allumée, à la vue de tous.

    À trente ans passés, elle sentait encore en elle la force de la jeunesse, mais elle était fatiguée de l’assom‑mante routine des emplois temporaires et du travail de nuit, du SMIC et des pourboires qui lui permet‑taient à peine de joindre les deux bouts, et de cet appartement qu’elle louait en centre‑ville.

    Elle avait donc traversé l’ouest de l’Islande en pas‑sant par le col de la montagne pour rejoindre Kálf‑shamarsvík, dans la péninsule de Skagi, tout au nord. Elle qui n’avait jamais songé à revenir, elle était fina‑lement de retour avec ses lourds secrets. Après une journée entière passée sur la route, il faisait nuit noire quand elle rejoignit la baie. Elle resta un moment à contempler la maison, une belle bâtisse à deux étages avec sous‑sol et grenier. Érigée quelques dizaines d’an‑nées auparavant, elle semblait encore plus ancienne

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  • à cause de son architecture. Ses murs, d’un blanc étincelant sur une base gris foncé, portaient à l’étage deux balcons en encorbellement. Ásta, sa sœur et leurs parents avaient longtemps occupé le grenier. On avait vu les choses en grand.

    En plus de l’éclairage extérieur, la seule lumière visible provenait de la pièce qui servait autrefois de salon –  sans compter, bien sûr, le phare campé sur la pointe rocheuse. La nuit, ces points lumineux gagnaient en intensité et s’orchestraient en une gra‑cieuse chorégraphie. Ce splendide espace naturel héri‑tait d’une riche histoire, dont témoignaient à chaque pas les vestiges de maisons aujourd’hui disparues.

    Ásta se dirigea vers la bâtisse d’un pas tranquille, le nez au vent, les yeux levés vers le ciel et le visage exposé à la caresse des flocons de neige.

    Elle hésita quelques secondes avant de frapper à la porte.

    Était-ce vraiment une bonne idée ?Un souffle glacé la fit frissonner. Troublée par le

    rugissement du vent, elle sentait comme une présence à ses côtés. Elle regarda autour d’elle pour s’assurer que personne ne rôdait. Mais ses yeux ne rencon‑trèrent que l’obscurité. Les traces dans la neige pro‑venaient de ses propres pas.

    Il était désormais trop tard pour faire demi‑tour.

  • LA NOUVELLE SÉRIEDE RAGNAR JÓNASSONTRADUITE DANS 25 PAYS!

    déjà paru

  • réalisation : nord compo à villeneuve-d’ascqimpression : normandie roto impression s.a.s à lonrai

    dépôt légal : octobre 2019. n° 140080 ( )imprimé en france

    VíkCarteGuide de prononciationProloguePremière Partie - Prélude à la mortChapitre 1