v.mirguet - apercu de la vie et de la civilisation du peuple belge

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Mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

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Page 1: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

DU PEUPLE BELGE'A,.'I#FERS Tfs AGES

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_ APERCU DE LA VIE

ET DE LA CIULISATION

"i*,

Ir, HIR0UET & 0l|, PER0AillElll '$

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\. BRUXELLES TI

J, LEBÈGUE & C'E, ÉDITEURS

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Page 2: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

------:[PERçU DE LA VrE/

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CllilSATl0N .lfu PIUPInt.

A îNAYT:RS tES AGES'

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Page 3: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge
Page 4: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

-.

ET DÉ I,A

fivt[r$aTt0N DU PDUPIA

: 'A TRÀVERS rES AGES

I

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APERÇU DE LA YIE

Bn[ffi

,-ÈO EI}ITION

BRUXETLES;,..r,ngÈcun & c,:, LTBRATREs-ÉortÉuns ,

s'6, !uE t{Euvd, ao

Page 5: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

PR.trFACE

I{ous-nous soùmeÊ proposÔ, én publiant cê manuelé!émentaire d'higtoire nâtionale, de fournir aux élèves

des écolos normalêe, des écoles moyennes et des

classes-inférieures des, athénées, uD instrument . tte

travail-métlotticluement élaboré doublé I'oo livre dolecl,ure.

Nous avons. systématicluement accordê ulo pai'tbeaucoup plus grairde à I'histoire des mæurs, des

institutions, on un mot, de la civilisation, qu'au rÉc{t -

des faits'exclusivoment militaires; I'histoire de notrepays est assez riche rjà apgrgus intéressants sur I'aati--vité générri,le f,e iros ancêtres en dehors,des faits et "ges-tes tlont les champ.s do bataille ,furent Ie tristethéâtre, pour qu'il soit permis, tout en cCInseïvant auxmatièrqs réglementaires des prograudes siolaires Ia *

placo qui'leur est, d.ue, d.e. tracer quelques tableauxd,'ensemble do la uie sociale aux d,ivers stades do notreévolut-ion patriale.

Sous peino de comrnettrs cetto erreur si fréquenteclui consiste à ttépasser le niveau intellectuel du pub'lieauquel op s'adresse pa,r I'abus des citations savantosou l'étalage d.'une éruditipu inopportune, nous n'avonspas cherché à approfondir lcs rnultiples .aspeots queprésente un plan lel quo Ip nôtre : notro liwe ilodevait pâs cesser cl'être didactiqtte et éIémentaire..

T. Mirguel et Ch. Pergameni. - Hist. ile Belgiquo. I

Page 6: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

-r)

t'-!

pBÉracr

Parnii les faits innombrables éparpillés dagrs le tbmps,nous avons reievé ceux qui apparaissont gbnéralemgntcomme nécessaires-à la fixation et à la couipréhensrond.'une époque; ce sont les poiuts de repère indispen-sables aux élèves : sans gux, ils seuaieilt réduits à,ssnFtruire d.ans le vide et condamnés à perdre Ianotion même du recul historique, puisqu'ils seraiêntprivés de tormes d.e comparaison nettement établis.Les rnstitutions de notre pays méritâient une êtudeparticulière; n'expliqueut-elles pas, par leur perfec-,tionnement au oours des âges, la conquôte graduelledes fôndements de notro constitution ot de notro droitactuels, que I'on a' le tort do considérer soûvent,commo le résultat de concoptions .abstraites sânsattache avec le monde des réalitésn a"lors que c'est luiqui leur a dohné niissance?

- --. Chacun d.es chapitres de ce livre se teimine par une .

synthèse Sapide de la période p Iaquelle il boqrespondet-par Ie réSumé très suocinot de la matièro qu'il com-porte. La réuniôn de ces différents sommaires consti-tue donc lo ,schéma du cours,'Le point.dê vue aapitalque npus avons envisagé,. rrous Ie répétous à d,essein,noa pas été de doter nos leateurs d'un manuel complet

- ce qui .up laisse pas d.'être une utopie - mals rl'unexposê simple et méthod.ique dos phases principalesde Ia vis des Belges au cours des siècles.

Page 7: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

DIYISI()NS IID I,'ilST{lMr DT

:'

BNT,ffIOUÛ

L'histoire de notre pays pout être *eciioooé" en-onze p{riodes distinotes, si l'on tient compte cresfluctuations politiques quTl a subies.: . --

- ":"

to Phase primitiue (d.es teinps res plus reculés àI'arrivée de Jules César en Belgieue).;.

:

so Période romaine (dr. Ia conq'ête romaine'au'milieu du vg siècle de notre ère);

' - - v--w^..v 4u

.3' lomination franqtie (dep,uis Ia fixation défini_tive d'es tr'rancs en ,Belgique jusqu'a* traiûé de ver-d.un en p$);

4" Période féodo:.communale 1ae , e4f à. I,extrêmefin du xrv' sièalç); ! : ''

50 Dgntiùa:Iio,n' bourguîgnonne (de t'avènement uuPhilippe Ie rlardi à Ia mort cto Marie de Bour.gogneen. r{8a);

6o Dom.ination urr'tro-rrpagnole (de r{gz à l,abdi_.cation de Charles-euint en r55S) ;

7o Domination espag'nore (de rs55' au traitéd'[f trec]rt en r7r3, avec un intervalle d,indépen-

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g" Fénia(efrVinçar'çe (4p ,rA4 à r8r{); ,

Iao .Périod.e'hollan$aise (de 18r{ à 183o),; '.

'l., r

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MAlVUF]L

, CTIAPITR,E IUT

TE,T,IFS PIIÉTT|STORIQUES

Émersion du sol belge. premiers habifants de notre pays. _ On dopneIe notr d'e temps préhie:toriques aux siècfes qui ont précédé ceuxtlont on connaît'hîstoirel "etoi cle raôe.s préhistoaiques auxraces d'hommes qui vivaient alors.

a u'e certaine époque rr.e Ia vio de notre grobe -iI y a cle celaplusieurs milliers d'aunées - Ia gersicroJ

""*"r" était toutentière côuv.rte par les eâ,ux 'ei 'a

mer. La premièr.e région quisortit des flots fut I'ar'enne. plus tarcr, Ies ter"res qui devaientformor Ie pays honillerupp**o*ot à Ieur tour.- Il régnait.alors eû. nos co'tr'ées uno ïhatèur ton'ids qui développ& uneIuxuriante végétation de fougères géautes atteignant pa*fois3o et {o mèt*es de hairteu*. d"to"i9 dans io ""iri ,iu Ia te*e,Ies débris aco,,rnurés a" "ur-"0l"à"J;il;*Ji ont, a raIorrerue,'donné naissance à ra nOuilie.

Les te*es de Ia Belgique ,"pt"nti"iooale û,émergère't que,beaucoup plus tard. .

a cotte époque lointaine, se mont*ent e'notre pays ads ani-m?ux gigânfegqugp, aux formes étr.anges, o4 a retràuvé, .lansIes houillères de Beruissârt, té sqrielette d,uno sorte de rézard.colossal, à pattes d_'oiseau, t,E;anoaonr.{ui ne mesurait pasnnoius tte ro mètres de longue*-et 4*,so à"î;;;".1"'Par Ia'isuite, d'autres animaux aà tras grand.à taiue rempla-

D'HISTOIRE DE BELGIQUN

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OEAPIT&E PnE[fiAB

oèrent sui'notre sol oeux dont nous, venons de parlor :. ûlon-strueujr éIéphants aônt ta hauteur hépasso 5 mètres; rhino--géros, ours, tigres, .tous de stature extraordinair.è et tels qu'illro s'en rencontre plus de nos jours.

Les terres issues les piemières du sein des ea,ux fur.ent Êussihabitées les premièrss. Des poptilations de cettp fpoque loln-taine, nous ne savond quo bieù peu de ohosg. Elles iguoraient-fécÈiture et n'ont pu nons tranqmettre ftucun réoit écrit desévénementË dont notle paysÏut alors le théâtre..Cepeudaat eilôsont laisdé, clans tes bntraillds de.Ia.temÊ, assez. cf instruments, .

d'butils, tl'arines st de débrig ttivers ,pour nôus clonner, laréflexion aidant, uue idée à peu près exacio <le la façou dontelles vivaient.

Tomps et âges pr6historiqu€s. :-. Pour faciliter I'étude tte Ia pré-histoirer,on la ilivise en tr.ois fi,ges d'après la matière pr.ineifa-lement employée par lhommo, au colrrs de chacun d'eux, d&nsla fabrication tle ses a,rmos, instrumeats et' ooiit". Ce sont lesâges de la, pierre, du bronze of clu fer.

Dg même' on a partagé l'â,ge de lo piorre-en trois pér'iodes stI'qn a fond6*ette division riouvelle sur lis procérlés sucoessive.moat ad.optés.pa,r I'horirmo-pour obtenir et façonner Ie silex.' a) La péfiode éolith{t1ue {{ite ausst dç Ia pierre éelatêe), ët"go

où cortains savants admettent quc l'homme a, pu exister. A@bte éiroque, lo silex sbbteuait en exposa,lrt au feu, pour lesfaire éclater ppr Ia chaleur, d.es nuclér.e ou quartiers cle roche en

- silet. Les fragtentp obfenus étaier,t erirplo,yés brutso sans taille'ni retouche.b) L" période patéorrihitlue (dite aussi de laprerr e tafII:.eQ. Les

.frâgme.nts de silex utilisés s'obterraienô par percussion ou par,. pression Onles travailJait par atàrfêlement, a'est-à-rlirc qu'on

lee appointq,it ou qu'on-les rendait tr.4nchants par." Iepetits soulls appliqués sur ahaqno"éolat à l'aide .d'un(mo.rceau cle silex ou autre pierre très tlure)

poyen dopeteatent

'' A'son tgur, Ia période patéolithique a éhe subrlir4ée en .

qrlptre époques, distinguéos nolr plus soulomeut par la matièr'o'eÉ la forme des instruments, mais eucore par Ia natune clqs'tei'r,airrsoù ils ont été découvei.ts, Ce sout : ro ltépoque chelléenne,oaa'aotérigée par" l'instrumemt,ohelléen ou coup de poing, cle formeam ygdaloide ; - zo l' étrto.gue moust éri ewre" qu! a, pout caraçtéris-.. ",

ticlue L'iastraarcnt noustérien, pointe triangulairo' en. sllex,

].

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TBMPS PBÉEISTOR,ISUES 5

tailIéosurunefaoeseulementetditepointemoustétienneI'instrument ohelléon était plus dangoreux, I'instrument mous-térien, plus utile ;}ol'époque soluttéenne, dont la caractéristl<iueest I'fnsfrument solntréen, pointe de silex en forme cle feuille de

taurier oude saule (à orans); (ol'époque magdalénienne, où I'onemploie, simultanément avec le silox, I'os, l& oorner I'ivoire etJe bois commo matières premières des armes"et des outils, ce

qui permet tl'en mtiltiplier lo uombre et tl'eu rendre I'emploÏplus com-ode et plus fruotueux.

e) La période néolithiqae (dite de Ia pterre polîe), par lacluelleetôbute l'âgo actuel. L'homme, devenu très habile clans Ia tailledu silex, façonne et polit, a,ves un art de plus en plus "parfait,

divers objets en cotte matière.Age do ln plenne. - La mâ,tière principale des arrues

of des outils des horemes fut longtemps le silex, pierre à la foistrès dure, suffisa menû résistante et propre à recevoir un tran-shant. D'aborcl très grossiers, les objets en silex se perfec-

tion rr èrent insensiblement.Les prcmiers habitants de notre pays offraient cles traits

d.olichocéphales et prognathes. Ils paraissent avoir formé cleuxgroupes : I'un, habitant les'vallées de la haute Meuse; I'autre,lo bassin d.o la Eainei en particulier Mesviu (près' de Mons)

of ses environs. L'homme de cotte époclue était petit, trapuoomme le Lapon moclerne. Il a.vait le front bas et fuyant (ttoli-chocéphalisme), les arcades sourcillères saillantes, les mâ,-

choirss fortement projetées en avant (progaathism-e), comme

ehez certains nègres. Ces traits sont ceux des ra,ces humainesles moins intelligentos. Vivant en des régions séparées par cle

vastes forêts à peu près impénétrables, les deux groupos

restont sans ra,pporùs entre eUx et probablemelt inconnus I'tlttde I'autre. Aussi, tandis que lep Mesvinieus utilisent, pour Iafabrication cle leursoutils et de leur"s armes,le silex cles car:rièrestl.e Spiennes, surla TrouÎIle, à 6 kilomètres de Monsnles Meusienssont obligés do tirer de Ia Champagne celui qu'ils emploient-

Habitation, vêtement, noupiture. - Grâce à Ia température é]evéequi est longtemps celle du PaYs, nos pre-"riers ancêtres peirvenû

d.'aborcl vivre en plein air et se passer de vêtements. Plus tarcl,la tempér"ature s'étant refroidio, ils se confectionnent de gros'siers vêtements de peau et chershent dans les grottes un abriconhe les intempéries des saisons.

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6 CEAPITRE PREMIER

Volontiers ils s'installent à proximité d'une souroo ou tl'une

eau coura,qte afin de pouvoir facilement s'y tlésaltér:sr. Des ,

fruits sauvages et des racines, mais surtout le prodgit de lachasse leur serveut de lourriture. Ils tendent des pièges auxanimaux sauvages, clénichent les oiseauxr en mangent los æufs,

tlévorent leurs petits. CouÏour rapide,. I'homme de ces temps

reculés sait atteind.re le gibier à la course; sauvage et eruel, iIso plait à déchirer à pleines dents les chairs pantelantes de ses

vietimes. Mais lui-même Sert souvent de proie aux grand's

fauves qui habitent la contrée. Contre lours griffes acérées etlours puissantes mâshoires, ses dents, ses mainsr ù!ê branche

cl'arbre, quelque pierro dut'o, aiguë ou tra,nohanto, sont long-

temps ses seuls et trop faibles moyens de cléfense.

Le feu. - Néanmoins, il apprend' bientôt I'usage clu feu. ôeterrible et précieux éléTent parait avoir été connu dès los temps

les plus reculés. La foudre, les volcans en éruption, I'utt ou

I'autre combustible accidentellemont enflammé pa,r uno étin-.

celle protluite au moyen du silex, le font sans doute déoouwirpar hasarcl. Ls frottement de d.eux morce&ux de bois léger et

très see permet plus tard. de s'en procurer à volonté. Les hom-

mes ne tardent pas à I'employer' à la cuisson de leurs aliments.Abaissement de la temp{rature. - Cn1XCEMENT DE lllgnults. - Insen'

siblement, sotls I'actiou do causes divefses peu connrres, le cli-mat cle notro paJ's, commo celui cle toute I'Europo, devient

singulièremenû froid et surtout humicle.'Désormais nos ancêtres

solt obligés de chercher tles abris contre les intempéries de

I'air et tle garautir leur corps par cles vêtomonts contre les

rigueurs hivernales. Encore inexpérimenté dans I'art cle se

construire des habitatious assez chaucles pour lo cléfeudre

coltre le froitl et suffisamment solides pour" le protéger contre

los attaques cles grancls fauves, l'homme disparaît d.e Mesvin où

n,eristont ni grottes ni abr.is sous roche. au coutraire,'la, race

meusienne se maintient er1 ses précédentes statious, car elle

trolve claus les nombreuses ca,vernes cle la Meuse cles refuges

naturels, strrs et relativement confortables. D'autre part, en

présence cle besoins juscltL'alors ignorés, I'homme appelle

I'inclustrie à son secours et se coufectioune de grossiers vête'

ments de peau ou d'écorce. au centro cle sa gr"otte, il allume un-grand feu de bois soc, ramassé daus la forôt. Tout autour", ildispose tle larges clalles do pierre, qu'il recouvre de peaux cle

.-

:

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- Trjups pnÉnrsroRreuns

7

fites sur lesquertes il s'étend poui' dormir oupour se réchaufferà la flamme du foyer

Nounnrrun'. - La chair de chevar sarivage et celle tru renue,Iorsque la ohasse a ét6 bonne; les racinesl les faînes,.Ies gla'dsof aut*es fruits sauvages, en temps tre -disette, so't alors saprincipale nou*itu'e. fl a un goùt prononcé pour Ia moello desos. Quant aux soins d,hygiène ut a, propreté, i.l n,e' soupçonnepas I'utilitâ et, d'ordiuairs, il abandonne les débr.is ae se! i,epas.sur Ie sol même d.e la ca,verne dont l,atmosphère srempeste'd'odeurs infectes. Nul doule que cette èause cle maladie, iointeà l'humidiÉé marsaino des grottes, n'ait occasionné dh;;' ;;ancêtres troglodytes (r) de-nombreux eas dê rachitisme (e1.

Progrèg r6alis6s par les races belges primilives. - piusieurs gr.ands

progrès sont peu à peu réalisés par nos ancêtres : r'inventio' del'emmanchement, trisposition qui dorure prus de résistance auxinstruments et aux outils; la saôstitution de tos et deta eorneau sileæ conune nratière tr;un grh,ntr. . nombre d.,obj ets _(aiguilIo's,oise&ux, hameçôns, poig'arils, pointes tle flèch", .tu tro"e, dejavelot, etc,), co qui perinot de multiplier les outils et lesarmes, et d'en rendrs I'emploi plus commocle ou plus efficace;enfin, I'invention de l'afgruiile à c.rra.s clui facilite-t'assemblagotlos peaux utilisées peur" Iâ confectioo f,", vêtements.

Apparition d'une n'uvoile raee. flouveaux p.ogrbs. - a une époquepostérieure,-difficitro à préciser, uùe nouvelre race d.,hommesapx traits braohycéphales, venue du sud, et peut-être arrivéetl'asie par la vallée cru Danube, prend possession du sor belge.Leà envahisseurs sont prus grantrs que Ies auciens habitants dupeys. rls ont le front_tlroit, Ies mâchoires uon proéminentos,Iapeau blanohe, Ies yeux et les cheveux'oirs. Bien bupérieurs enintelligenoe aur populations précédentes, hon seuleÀent ils ontdomestiqué le cheval, lo bæuf, le porc, lo mouton, la chèvre etrenoncé d,Io vie nomâ,de, maiS ils pratiquent lagriourtur"o. rlscomnuniquent leurs connaissances à uos ancêtres qui, dès lors,eodmèncent à sortir tle l'état sauvage.

Noumilure. - L'hr)ûrrro de cette époque cultive le fromeut (?),le seiglo et l'ôrge; il les nioud. a. ir main par te rnouvcmeot

({} Habitants des grotres.(2) Maladie qui produit la

colonne vortébrale.déformation dos os ei particulièrement de la

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OgÂgImN PBEMIEA

fl,ur,ro pie*ro rondo suf un' pibr*e fixe ou menle; préfare, aveo

Ie procluit do sa mouture, une sorte cle galette qu'il euit sllr dos '

piires e,Tauffées. A ce ionil d'alimbntatiou, iI ajouto la ohair

àos animaux clomestiquos, du lait, du beurre et des fruits

sa,uva,ges; Des framboises, il tirs uns boisson forbqentée'

flonumsnts mégalithhuee. - 'C'est probablement à la même

époqueCluoremontelaaonstrue,tiondesmonumgntsnégali..tntq*t(faits tte grandespiomosbrutes), édifrces simples et gros.

sie;rso mais massifs et solides, clui semblentllâtis pour l'éte1*ité.

Au nombrc de ces monuments se- trouvent les dolmens et"

les peuluana ou menhirs,onaésigne'-souslenond'eilolmens.(tablesdopierre),tles.

Êronuments dont les murs sont formés paf des piêr'res colossales

dresséss verticalemont et lo toit par' d'autfes, égaleuent

érrormes,reposantàplotgut.-lespr'éoédeirtes.Rooouvertdet"me,

"u .foi d'ailleurs êst pri-mitivement'lo oos pour fous' le

clolmenseraplustarddésignéÊouslenomlatindetzmulzs.Ilexiste encore un dolmen à,'TV'éris, près de Durbuy'.

On réserve le nom de pialoans (pitiers de pierre) ou menhits

ftlierreslongnes)àd'énormesblocsdepierrebruteayarrtplusd^ehautour:quode'largeuretrllépaissour'TelloestlafameusepierreBtunehaut,pra'deTourrral,qrris,éIèvgàenviron{ mètres au'dessus du sol et s'enfonôe à près ds g mètres da'us

la ierre.Àprès a,Yoir été d'abord des ltsirx do sépultwu"l*T. dolmens'

dépàui11és de la torrs qui les récouvrait, serviront d'autels ort

de temples a,ux prêtres du draidr'srre, tl'où le nom da piertes

drnldiques qû'on leur donne parfois'S6puiture.-J Les populations de aette époclue enterroient leurs

^o*ir, ce qui *u*urÀ indlcluer la croyance à une vie future'

longtompscefqrentocrtainescavernescluiservirentclecime.tière. à llexclusion tle tout autre uÉage' A côté des corps des

;;t;; aéposait des armes, cles amulettes ot aut'es objets (r)'

chaque aér'émonie funéraire était suivio d'ult grancl repnç, Ie

festi'n cles fanérailtes, qui se ôoniait près de la folto cl'entrée

aetagrotto.onfermaitensuiteeelle.ciaumo}'€ncl'unegrossedalle.

(t)C'est,parl"observâtiondeaeux'decesobietsparvenusjusqu'ànousqu,on a pu se feire on. ioa, de la façon de vivre tlo noB lointains ancêtres.

Page 15: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

TEMPS PBE}IISTOR,IQUES

Dans la suite, ces populations élevèreut àtombeaux de pier"re, les dolmens.

Ileurs morts des

Navigation. - sans s'aviser encoro d'eu tailler en pointe lesextr'émités, I'homme do l'âge de la pierre prentl un gros troncd.'arbre, le creuse à Ia hache et au feu, eu fait une barque et lanavigation commence.

AEe du bnoazet - sa's la découverte et I'utilisationdes métaux, I'humanité fùt difficilement sortie de l'étatsauvage. cette clécouverte permet â I'homme d'établir définiti-

, vement sa suprématie sur tous les êtros de Ia nature et de réa-liser rapicloment tles progrès tte toute espèce. La principaleoaractéristique tle l'âge thi bronze estla décoûverte de ce métalartifioiel et sa mise en æuvre dans la fabrication des armes ertles oirtils.

Formé de g parties do cuiwe et de r partie cl'étain, le bronzeost utilisé longtomps'avant le fer, diffidile à séparer cle sesminerais. on supposs que nos ancêtres dtrrent Ia connaissancedu bronze ù des marchands phéniciens qui commerçaient.sur:ros côtes vers le xrts siècle avant.Jésus-Christ.

Désormais en possession d'armes qui leur per"mettent clelutter avec a,vântage contre les plus dangereui animaux, nosanôêtres abandonnent définitivement le séjour des ,grottes et seconstruisent en plein air des habitations souvsnt groupées envillages. ces villages, ils les bâtissont de préfér'ence sur des.esca,rpements ou sur. d.os plateaux élevés, d.ont la d,éfonso estfacile.

AEe du fen" - Fort commun chez nous à l,état d.e'hinerai, mais, oomûre iI vient d'être dit, moins facilo à prépa_ferque le bronze, le fer demeure longtemps inconnu aux Belges,"solpn toute appg,r'ence, il nous est apporté par I'invasion d'unpeuple nouyeau, que fon croit être les Cel{es.' cette branohe de la ra,oe aryenne comprenait u:r certainnombre de tribus, parmi lesquelles res Gaulois et les Belges ; aes,dèr'iriers ocoupèr'e't prusieurs siècteà avant le clirist Ia partie;septeutrionale clo Ia Gaule et une portion de Ia vallée du Rhiu,'Des éléments germaniquos, relevant égatement do, la fanillearyenne, s'infiltrèrent plus tard daus les populations celtiques

"lT:*trto"s, mais ne laissèrent pas d'être res moins nombreux..,

Page 16: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

TEMPS

" _r.l

CHAPITRE II

PROTOIIISTOR,IQUES

I. - La Belgiqqe lors de la conquête roma,ine.

Arpect.-- Àuiourd'hui notro pays est I'une des con-

tréos les mioux cultivées et les plus riches du monde.

II u'en était pas ainsi il y a,d.eux mille a:rs.

À cette époquen Ia Belgiquo offrait un aspeot sauvâge

et misérable. Les rëgions du Nord'Ottest, nos.F'landres

actuolles, no formaient qu'un immense marais.Iln'exis-t'ait alors ni dunes ni dig:ues pour contenir les eaux dè

la mer. Àussi, à chaclue forte marée, envahissaient'elles la terro forme jusqtr'à une grande distance d,u.

rivage. De leur côté, les fleuves et'les rivières.sor-taient par tcs moind.ros pluies .d'un lit mal creusé,

épanchant leurs eaux'au loin dans la plaine,Au Nord, s'étondait une vaste surfaoe de terrains

plats, sablonneux, couverts de marêcages et do

bruyères. -

Au Midi, d,'immenses forêts couwaient le sol, sitouffues clue I'homme ne s'y frayait un passage qu'àgrands coups de haoTe. C'était, de I'Escaut à la Sambre,

Page 17: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

TEMPS PROTOETSTORTQqES II

la forêtgrands

la forêt Charbonnîère; do la Sambro au Rhin,des Ardennes, I'une et I'autro peuplées defauVes et de tribus sarvages.

'Dans la, région centrale, se rcnoontraient cepend.ant

do beltos plaines, rcmarquablement -fortiles. Unepopulation assez d.ense, appliquée aux travaux agri-coles, y vivait dans un bien-être relatif.

' Cllmat. - Le climat du pays était très froid. Des neiges abon-dantos, de fortes et persistantes gelées oocasionnaientdes hiversr.igoureux, se prolongeant au point de rendre impossible â,ucuneopération mili.taire avant le . mois tle juillet. L'été,. cle lour"dsbrouillar.ds cluotidiensn const&mment transforrnés en grossespluies, rendaient,la température malsaino. Au oour"s tles plusbeanx jours, à peino Ie soleil apparaissait'il pendant trois ouquatr"e heures. Aussi, Do pouvant s'habituer à l'âpreté de sonolimat, les envahisseurs barbales s'empressaient'ils de fuir laBelgiclué. Combien I'avénir réservé à un paysSi peu favorisé dola na,turo doit paraître rnisérablo aux contemporains ! Pourtant,s'il est vrai quo I'histoire des peuples soit préjugée dans lesca,ractères d.u sol qu ils habitent (r), un observàteur réfléchisoupçorurerait déJà quo les destinées de ce coin de terre, ena,ppa,rence si peu favorisé, ne seront pas aussi humbles qu'ol lesupposo.

En effet, il y remarcluerait un sol généralemeut fertile oususceptible de Ie devenir par le travail des hommes; un olimatd.ont la rigueur s'adouoira aveo la clisparition des forèts etI'amélioration du régimo -des eaux, clui deviendra a,insi égale-ment favorable à I'activité musculaire et à celle. do I'espritld.'abondantes richesses miuérales, sourco et,fondement desgrancles industries'; uno position iféographique aclmirable pourle eommerc9, a,u celtro-ouest tle l'Europe, sur une m.gl impor-tanto, dans Ie voisinage cle contr'ées elles-mêmes appolées à unbrillant a,venir et avec lesquelles sôs habitants pourront facile-

({) toi historique formulés par H6gel : L'histoiro des peuples est pré-ûgurée dans le earactère de la torro. De même qu'il y a, des peuples historigues,il y a dæ lois organiqres.

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T2 CHâPITRE DEÛXIÈME

ment s'ouvriT desvoies de comrnunioation; enfin, I,embouchured.o trois grands fleuves qui, dans uto région basss et peuaccidentée, roulent à fleur. tLe tgr.re leurs eamx profondes, corr-ditions propioes à la création. ds nombreux canarix et favo-rables à I'essor du commerce et d.e la navigation : voilà, sed.irait'il, plus d'éléments qu il n'est nécesÉaire pour assurer Iaprospérité d'une région où vit un peuple énergique et travail-lour'. Et comme la plupart de ces avantages n'existent qu'enpuissanoe, qu'il faudra en quelquo sorte violenter la naturepour les faire apparaihe, le ca,ractère des Belges se tremperadans la lutte séculaire contre ra terre rrevêche et la mer erya-hissante. -Elle donnera à nos pères cet espr"it d.'entreprise, ee'mépris de la difficulté, oette constsnce .dans l,effort qui,dsvenus les attributs d,e la race,leur ont peru.is cle jouer unr'ôIe si.important 46rrs I'histoire de Ïhumanité et de la civi-Iisation.

Populations. - A lnarrivée de César, un grand. nombr'edepeuplades separtageaient Ie territoire do Ia Belgiqueancienne. Parmi les plus importantes, nous citerons :

lo les Ir{eruiens. Âu nombre d,onviïorr r2o,ooo, ils habi-taient la contrée situéo entre l'Escaut, la sambre et laDyIe, c'est à-dire la partie la plus fertile d.u p?ys;zo les Tréuires. En nombre à peu près égal à celui desNerviens, ils occupaient avsc d.tautres peuplad.es, leurstributaires, la vaste région qui s'étend. de Ia Meuse auBhin. au nord, I'amblève los séparait d.es Éburons oudes Aduatiquos; 3o les aduatïqtzes, qui formaie't unepopulation d'environ 6o,ooo individus. Leur habitatest fort discuté. L'opinion la plus rêpandue leur faitoccuper Namur et I'Entre-sambre-et-Meuse. R,écem_ment arrivés en Belgique, les Aduatiques, après leuravoir enlevé une partie de leur territoire,. avaientimposé le tribut aux Éburons; {o les Éburons. Ilsétaient à peu près égaux en nornbre aux aduatiques,leurs vainqueurs et leurs maîtres. on les rencontraitsnrtout dans le pays situé entre la Meuse, Ia vesd,re

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TEMPS PBOTOETSTOBTQUES 13

oul'ÀmbIèveetleRhin,maisaussientreloEscautetla Meuse, dans uno partie de la région correspondant

àL nos provinces tle Limbotrrg et d'Anvers; 5o les

'Ménapiens.Ilscouwaienttoutlelittoraldelamerottepuis le nord de la I'rance -mod'erne jusqu'à la pro-

vince d.'Anvers. Énengiqtres et tenaces' ils disputaient

à l'Ooéan leur territoire. Mais Io tlêfaut de ressources

naturelles de la contr 6e et la rudesse du climat n0

permettaient pas à une 'population un -peu

dense d'y

subsister. aussi le nombre cles Ménapiens ne dépas-

sait-il peut-être pas 3o,ooo; 6o les Morins' qui occu-

paient la Flanclre française et Ie sud de la tr'landro

occidentale.Ainsi la population totale do la Belgique ancienne'

consiclérée lans ses limites préseutes, comptait vrai-

semblablemeut tout au plus, au moment d'o l'arrivée

de Césarr 5 à 6oo,ooo individ'us, c'est-à-dire moins de "

la douzième partie de sa population actuelle'

Caractères physiques eT motasx des Belges à l'époque primitive' -Leshobitautsclurrorctdelaeont,réeavaierrtgénér.alement]ataillo haute, les yeux blerrs, les cheveux bloncls ou roul' la

ea*natio' bianche-. Daus 1e sucl, Ies hommes étaient plus petits

etrleplussouventrilsavaientleseheveuxetlesJ/elrxnoirsavec le tcint brun.

Les Belges airnaient Iabelliqueux et ils avaient

guerre. Leur noù lui-mème signi{io

Ia réputatiou cl'ètre braves clans les

combats.Lesfr'aterrritéscl,a,rmesétaientfréquerrteschezeux.Sou.

,;;- tleux gueri.iers s'e'glageaie't à ne jaruais se séparer

clans la bataille et à ss cléfenclre mutuellement jusclu'à la

Inort.Ilsaimaierrtàformegdesassociationsclorrtlesmembres

plOtoi."t sorment à un rpgiement et élisaient cles chefs' Ils se

réunissaient en des banErets anuuels. ces associations avaient

surtout, pour objet clo veuir en aicle aux membres clui tombaient

clalrs le lresoin. La société avait une caisse alimeutée par les

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r.4 CIIAPITRE DEUXIÈMÉ

cotisations dles rnembres et par Io produit tles a{nendes qu'ilsencouraient.'

Les Belges se distinguaient.par lorirs qualités de génér6sitéof tl'hospitalité envers les étrangers; or, à aette époque,l'étran-"ger était aonsidéré oommo_ l'ennemi. aussl re réduilait.on'souvent en esclavag:e ou le mettait-on à mort

Mais les Belges étaieut violents, querelleurs, grossiers; ilsaimaient à boire et à jouer. rls pratiquaient encore, daus leurscérémonies religieuses, les saor.ifices humains.

il. - Givllisation.

Propriété'foncière. - Âctuellemerit Ie régime dè Ia propriétéintlividuelle est celui qui est organisé dans tous les paJs civi-lisés. Chacun, pour autant qrf il soit propri6taire, peut clisposercle sa torre à son gré, la oédor' à titre gratuit ou

'la vendre, '

la morceler, Ia mettro en location, etc... L'Etatr.les proyinceset les communes ne possèdent c1u'uno étendue relativementpou oonsidérablo d.e biens fonciers.

Le régime de nos anoêtres était ttifférent. D'après les tlonnéestle la science moderne, Ic ohef cte famille était propriétaire desa demeure et du courtil adjacent, nais la comrxluna,uté ruraletout entière poss6dait colleotivement Ie "terri.toire vilIageois.rl se dir{sait en doux groupes de terrains : I'un comportait leslots cle ter"re arable, répartis pér'iodiquement. entre les chefsde famille, à uoins que Ia aulture ne se fit en communl da,usce cas, les protluits tlu travail tle la collectivtté étaient djstri-bués aux habitants proporûionnellement à leurs besoins..L'autre groups compfelrait les pâtures, los forêts, les prairies;c'était la marche possédée en cornmun. Insênsiblement seproduisit la substitution du r6gime familiat a,u régimecolloctif.

Administration. -Elle était ruttimontairo, Les décisions intéres-sant la généralité des habitants so pronaiont à I'assembléeplénière. L'agglomér'ation de plusieuts marchos de villagesoonsti6uait un canton. Pour los affaires greyes of importantes,lo chef convocluait une assemblée cantonale à laquelle devaitassister., en principe, I'eusernblo des habitants clu canton. Dola réunion de plusieurs carrtons so forma la tribu qui, olle a,ussi,

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TEMPS PBOTOETSTORTQUES 15

possédâit une assemblée chargée d.'élire le roi dont le conseit

était composé par les princes cantonaux. L'asseniblée générale

de la tribu faisait les lois, clécidait de la paix et de la guerre.Le principe fondamental de I'aclministration et du gouverne'

meut choz nos ancêtres semble avoit' étté z les affaites coutantesrégtées par les chefs eI leuts conseils; Ies déeisions importantesréseruéês au peapf,e, réuni en assemblée génétale. '

Au surplus, il convient tle ne pas oublier que I'organisationsociale était fort peu compliqçée. Elle se perfectionnera gracluel-

lement en vertu de la loi historique que lo philosophe anglaisIlelbert Spencor a formulée ainsi : les sociétés se dér'eloppe1ten pa,ssânt par des différenciations successives, cl'un état com-parativement homogène à uu état hétér'ogène.

'luslice. -_ Les Belges qui n'étaient pas enooro parvenus à

organiser la justice publiclue exerçaient Ie clroit cle vengeance.Ils.sc faisaient justice à eux-mêmes., On ne considère les délitset les crimes que sous I'aspect d'offenses faites à la personne

Iésée, voire même à sa famille, mais noir comme des atteiltesà l'ortlre public, à Ia' sociétér- à la loi morale. Les Belges ne

conn&issont pas, à cette époque, I'emprisorrtement.Guerie. - Tous les hommes eu état de porterlès.armes sont

soltlats. Si quelqu'un.cherehc à so soustraire à ce tlevoir', il es6

noté cf infamie; "ou lui coupe le nez, les oreillos ou I'un tles

membres.Au moment du tl.auger, la populatiorr tout entièro se réfugie

en tlo vastes camps fortifiés, établis sur des plateaux escarpés.

Des remparts grossiers, faits tle oouches alternatives c1'e pierreset de grosses poutres, autour descluels on sreuse un fossé pro'fontl, complètent ces défenses naturelles.

Croyances et usages religieux. - Les Belges commeusèr"ent parad.orer'les êtres et les objets dont ils avaient perrr : Ie

vent, le torrnerre, les fleuves, I'Océan; puis ceux auxquels ilsattribuaient une grande influence pour le bien ou pour le mal,comme Ie soleil et les autres astres. Ils vénéraieut aussi lechêne et le gui.du"chêne(r), tlout I'éternelle verclure leur parais'sait l'emblème de I'immortalité. Plus tard, ils imaginèrent cles

tlieux faits à I'image cle I'homme, dont les'uns étaient 6ons,

(t) Plante parasite fort commune sur plusieurs do nos arbres fruitiers, très

rare sur le chêno.

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r.6 ûEÂprrEE noûxrÈMn

1es autres nirôchants. xls croyaient à une autre vie. Leur.s e6ré-monies religieuses avaient licu tantôi sur Ia placo publique,tantôt atr fond des forêts où ils disposaient un autel formé elegrosses pierres, Le père de famille fut cl'abord lo seul prêtreoffieianL Mais, dans tra suite, ils choisircû,'f, pour. exercer Iesaeerdoee, certains homrues prds parmi les plus sages et lesmoins ignorants.

LesBe}$es offraiônt à,leurs divinités rles saorilices d'animauxvivauts; quelquefois nlême les victimes .égorgées sur I'autelétaient des êtres humains. En cortaines circonstâuees solen-nelles, ils oonstruisaient un colosse tl'ûsier dans lequel iLsentassaient pêle.mêle du bois, de la paille et rl'a,utres matièresinflammables; des bæufs, des moutons, parfois tlos animauxféroces; des prisonniers ,clo guerro et souvent des viotimesvolontaires. Ils y mottaiont ensuite Ie feu.

Nos ancêtres .oroyaient,ainsi être agréables à leurs dieux,apaiser. leur colère ou se les rendre favorables.

Agriculture, induslrie, .commorco."- AomculTURE. - Les Belgescl'il y a tleux mille ans, bien gue cultivant eertaines céréales,étaient plutôt pasteurs qu'agrdoulteurs. .rls faisaient surtoutconsister Ieui richesso clans un nombreus bétail, élevé presqueen liberté et par grands troupeauxo dans les bois et les pâtu-râges do la marohe.

Les légumes et,Ies fruits cultivés clans les jartlins étaient peunomlrreux et, pour la plupart, clurs et amers. L'écobuage était leprocéd6 cle culture le plus suivi. Il eonsiste à enlev_er partranches le gazon cl''un terrain, à le brtrler ensuiter"enfin àrépandre les sendres obtenues en guise d'engrais, îou{:efois lesBelges labouraient aussi à Ia charruo. rls couraissaient égale-ment I'usage des engrais et rnême celui de la chaux et tlela marno.

au nomtr.'re clo leurs instr"uments nratoires ss tr"ouvaient raIterse, clont on leur attribue I'invention ; 7a bêche,la houe,lafaucille et la faax. Ni les,moulins à vent, ni les rr.roulins à oaune ieur" étaient connrxr. dhaque ménage moulait son grain àI'aicle d.'un moulin à bras ou d'un simple mortier à pilon; cluel-quefois il so bornait à le broyer entre deux pierres.

Comme à présentr les animaux tlomestiques étaient le cheval,le bæuf, le mouton, Ia chèr're, Ic chien. Mais Ie cheval et lebæuf cle l'époque étaient phrs.petits que ceux cr'âujourcl'hui, et

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. TEMPS PBOTOEISTON,IQUES \ I7/

cle chétivo oppa,t-€nco bien que vigoureux. C'est pap trolpes

nombreuses clu'on éIevait les oles. L,es porcs, grantls et à demi-

sa,uyages, er5'a,i€nt enliberb$ dans les bois, uno sonnette au cou.

bn les rassemblaït au son du coln.

IfOUStnrr. - L'intLustrie rosûe'nécesseiroment rutlimentairo

chez rlos populations très portées àla guerre et qui abandoninent

aux. plus faibles, atx fommo!, a,ux enfânts, aux-vieillards, tous

les travaux manuels.Pourtant, les Belges ont appris à.extraire le fer". de son mine-

1'a,l et à en fabriquer des a,rmes et tles ootils. Ils connaissent Ia

fabrication du cuir et ôelle du savon. Ils sarrent tisser Ialaine et teinttre leurs tisstls tte fliverses cogleurs; fairo laeeruoise, nou ancien de la bière, et,l'hyilromel, mélamge do

miet et cl'eau.coMMUnCe. - Les Belges de l"époque antérieure à la conquête

romaine eomaissaient les moilIaies d'or, d'argent et clo euiwe.

On a retrouvé cles monnaies à I'effigie de plusieurs shefs inili'gènes de ootte époque. En géhéral toutefoiso le oommerae éùait

un corrrrnerce cl'échangoi sUrtout à f intérieur. Ua bouelier' une

lance, uns hache d'armes équivalaienJ à un eertain nombre de

poarxr. on clonnait deuxbæufs enéehange d'un,cheval, dix sass

de tté pour un bæuf ; uno pièce d'étoffe se payait. vin$brebis, etc.

Les hameaux de nos ancètres étaient à peine reliés par des

sertiers mal frayés àtnaversles bois etlesmarais qui eouwaient

Io pays; On conçoit que les relations entro les habitants des

hameaux les plus voisins étaient rares et ctifficiles. Aussi 'Ia

populatlon locale tenait-ello ponr un gros événement I'appari'tion d'un étranger.

,

On ne posséitait qud {.Tnformes etrares moyens tle,transpôr't.

Le transpôrt dos clenr/oes se faisait à dos de cheval ou à I'aido

de lourds cha,riotsn auxroues.de bois ma,ssiYes. Des radeaux

sêrvaient à véhicirler les bois sur les cours d'eau. C'est à peine

si les hommes de lJépoque osaient se risquer à traverSer sur

leurs barques mal agenoées, les rivières nn psu. importantes.peu à peu cependant, la navigation progressa. Les habitdnts

do la Ménapie surtouû s'appliquèrent avec suceès à cet art. a lafin, ils formèront dos marins habilos et hardis clui se livr"aient

a,Gtiyome[t a,u oonunoreÆ n{ilf,itine, IrOlrS prenièr€s Yqi}es

étaient faites de peaux cousuos.

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I8 CHAPITRE DEUXIEME

vis domestique. coutumes et meurs" - Noùnnrrunn. - Les Belgesse rrourrissaient surtout rles procluits cle leur chasse ou de leurpêche. ceux qui habitaieuû à proximit6 cles forêts mangeaientaussi des faines et autres fruits s.Iuvages, mais particulièrementdes glands (r) clont, en temps de clisette, ils faisaicnt clu pain.cepeutlaut, la nourrituro cles Nerviens était celle des popula-tions agricoles. rls s'alirncutaient au moverr cle pain, d'æufs, delaitage, de miel, etc.-La chair cle leurs animaux donesticluesétait aussi une grande ressoul"co pour eux ; ils montraient pour.Ia viantle d.e por"c une préférence ma,rquée. s'ils n'employaientque rarement Ie sel, eela tieut à ce que cette substance étaitrare et chère. Déjà labière était leur boisson favorite,

vÊtnuuxrs. - Les hommes libres portaient de longs cheveuxauxqriels ils donnaieut une teinto clorée en les lavant à I'eau clechaux. rls se vêtaient tle la sare (petit nranteau d'écorce tressée,de peau ou d'étoffe), de forme oa,rrée, sans manches, attacblesur l'épaule par une agrafe ou par" une simple épine. Des Dral'es,sorte de pantalon serrant de même matièro, Ieur couvraient Iesjambes. En général, ils aimaiênt les vètements à teintes multi-colores. Quantl ils n'allaient pas les pietrs nus, ils les pr.oté-geaient par des semelles cle cuir ou de bois, attachées par descour"roies enroulées autour de Ia jambe. un bonnet pointu faitde peau, de laine ou ds jonc, complétait leur toilette. ils neconnaissaient pas I'usage clu linge de corps.

rl.rsrra,rroNs. - Les habitatious tles anciens tselgcs consis-taient généralement en de simples huttes de for.me coniquelfaites de branchages on cle planches, qqelquefois de claios pla-c1uées tL'argile. D'ordinair"s couvertes cle roseaux, plus rare-ment, chez les riches, de lourdes ardoises, elles étaient pourmesd'une entrée large et haute, fer"mée cl'une porte qui s'eulevait àvolonté. Ni fenêtres, ni cheminées. a leur sommet, une ouvor-tule pour permettre à'la fumée cle s'échapper. Mais le plus sou-vent, celle-oi sortait par Ia porte.

Mounrcn. - chez tous, I'ameublement était des plus simples.Les lits se ,composaient essentielrement de quolques bottes depaillo ou tl'un a''as de mousse, d.e roseaux, do feuilles, etc.Dos peaux d'animaux servaient de couverture. parfois même

- (l) De là vient peut-être la grande vénération qu,ils professaient pour lo

chène.

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TDMP$ PROTOEISTORIQUES

noà rudés anôêtres riouchaieat sur le sol nu. Lis s"asseyaient

sur ctg gTosses prerres ou suf des esoabeoux tlo loois- Les metÈ

,u *"*oiiunt dans ùes plats cle tcrqo, tto boisi ou d'osier, où tout

.lombndeputsaità.1ama,lniaoronnèsoupçonnai.teiicore.niJa..ôuiller, ni la fouroheffiê. Qdelgues riahes pourtant possetlaient

,I9

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CEAPITRE III,'PERIODE ROMAIT\-E

Depuis la conquête româine, pan ô0 environ av. Jésus-christ, jusque vers 4Ë0après Jésus-Christ.

t I. - Les fcllts.

CoIrquÊTE DE r,e Bnr,creun pan Jur,ns Crf,sen( BoluocNAT, Aunromx, Iunucrouan).

Arrivée dec flomains en Belgique.,- vers re milieu dusièclo qui préoéda l'ère chrétienne, les Romains, you_lant agrandir enoore leur immense empiro, chargentJules César, un de leurs généraux, de conquérir IaGaule. En noins-d.o trois annéos (Sg à 57 av. J._C.),César, l'un d.es plus grairds oapitained:ot l,un d.es plushabiles politiques qu'ait'prod.uits I'antiquité, soumettout lo sud ot tout le centre de cotte vaste contréo. rls'avance ensuite vors la Belgique. Ennemies et jalousesles uues des autres, les,pouplad.es bolges ignorent aLors .

la devise qui est devenue la nôtre : cc L,union ,fait lafo,rce >t-. Elles ne s'entendent pas pour se défendrocontie I'enuomi commun ot, malgré leur vaillance,ellos succombent I'une après I'autre dans une lutto oùelles entrent successivoment.

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pÉnloos BoMATNE

0éfection deo Êburcns et des Tréuires- - Les Éburons

supportaient avec impatience le ioug des Acluatiques :

ils voient dans les Bomains des libéràteurs et refusent

.de s'aÉsocier aux efforts des Nerviens, ligués avec les

Àduatiques. sêtluits par les promesses de césar et le

titre tl'alliés des Romaïns c1u'il leur offre, Ies Trévires

vontplusloinencolo:ilsluifournissent,àtit're,d'auxitriaires, un corps de cavalorie'

. Délaite des Nerviens" Boduognat. - Àyant ainsi ttivisé

.et affaibli ses advèrsaires, César vint camper sur la

rive 'droite do la sambro, en un endroit d'emeuré

inconnu (r). Commandées par Boduognat,. les troupes

nerviennàs, fortes d'environ 35rooo-guerriers' !i f:1'face eur l'autre rive. L,armêe de César conptait, dit.

on' un nomlrre doubtre cle soldats. Âu.lieu d,attendre

, I'arrivée tles aduaticlues, les Nerviens franchissent

soudainement Ia Sambre. Si rapide est leur attaque, si

vigoureux leur effort, qu'ils sont sur le point de I'em-

p,r:itu". Les'troupés de César reculent' Au désespoir'

ie général romain se eolro*e d'un bofclier et s'avance

p"ur.1,r" seul jusqus dans les rangs d'es l{erviens' Alors

ses soldats, honteux d.'un moment d'hésiËation, s'élan-

cent âu Secours de leur chef et le combat reprend' a'vec

une nouvelle ardé'ur. Mais cette fois les légionnaires de

césar obtiennent l'avantagé et anéantissent la majeure

partie deq Belges. Bodûognat d'emeure parmi les

morts (z).

Malheureux sort des Aduatiques. Ë*os perdre de

2l

({) On â longtemps iniliqué I'emplacement du village actuel de Presles

comme lieu de ta renconi.e.hapoteon Irr citait Maubeuge comme un empla'

cement plus probabf..-ir-àetàial Renartl partageait ce1te manière de voir'

Napoléon UI et ta .o*iritoî topographique des Cautes ont opiné en faveur de

Eaumont.(9) ta ville d'Àrivers lui a étsvé uno statue'

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22 cEÀpttRE rnorsrùlrn

temps, Gésar court assiéger les aduatiques qui s'étaientréfugiês dans uno forteresse dont ou iguore aussiI'emplacement exact (r). Àprès un sembrant d.e soumis-siou, les assiégés tentent de surprendre le camp.romainpoudanû la nuit; mais Ieur entreprise éclroue, grâce àla vigilance de césar. outré de leur audace, re Rbmain,pour les punir, fait vendre "ô*-e esclaves tous ceuxdes Aduatiques qui tombent entre ses mains, aunombre do cinquante-trois mille (d'après res 'com-mentaires de césar)o c'est-à dire à peu près to*te latribu.

Opiniâtre résistance des Ménapiens. - couveirt de boiset de marais, le pays des Ménapiens permettait uneénergiquo défense'; devant lour opiniQ,tre réèistance,césar ren'ônce à les goumettre. plus tard, il leur accor-d.era le titre d'alliés libres.

Révolte des Trévires et des Éburons. Ambiorix. tnduciomar.

- cependant les Bomains, cessaut d.o feind.re, fontpeser, sur les Eburons et sur les îrévires comme sur.le ,reste des Belges, re, poids do- reur rourde domi-nation.

Une insurrection gépérale éclatepar Ambiorix, roi des Eburons, etchef des Trévires.

bientôt, excitéepâr Induciomarr-

cet effort patriotique a des suites désastreuses pourIes Belges. rnduoiomar perd Ja vie danâ uRe attaquequ'il risque contre les Romains. ambiorix est d'abordplus heureux : il réussit à détruire un camp romainétabli dans le pays d.es Eburons. Mais césar, appre-'-nant co désastre, entre d.ans la plus violente colère et

({) ramur, Fallais, sur la Méhaigne (d'apres Napoléon lef, Ie monù Farizegrè-s de Euy (d'après, la commission iopôgraphique aæ ciuiesl, Tongres,Embourgo etc., ont été tour à tour cités cônheâmitacement possibre d,aduat.

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PDIÈIODE BOMAINIX

jure de venger ses soldats. après avoir rassemblé d.esforces suffisantes, il marche oontrs Àmbiorix. assaillià I'improviste en sa demeure, le chef éburon s,échappeavec peino: of ne se soustrait à l,ardente poursuite deson ennemi qu'en se réfugiant dans los forêts de IaGermanie.

abandonnés par ambiorix et attaquês do trois côtésà la fois, les Éburons n'opposeuf à César qu'une faiblerésistance. Les soldats romains 'promènent impuné-monti lé fe-r et Ia flamme par tout le pays, détruisant lesmoissons, brûlant les villages, massacrant sans pitiétoutg la population, les femmes, Ies vieillards et lesenfants aussi bien que les hommes en état de porterïes armes. Le pouplo éburon est exterminé tout entierau point que.son nom gesse désormais d'être cité parI'histoire.

. soumission définitive des Betges..- Les deux tiers deshabitants do la Belgique avaient péri pendant lesg"uerres de Ia couquôte : R,ome allait pouvoir orga-niser notre paXS, sans .crainte de résista,nce.

L'an 5o avant Jésus-Christ, César quitta uos cou-trées << soumises et pacifiées >>, d.isent un peu irouique-ment les historiens.

La Belgique sour la domination romaine. - A partir de

ce moment,I'existence des Belges se confond avec celledu peuple romain. Désormaisy nos ancêtres partagentsa bonne et sa mauvaise fortuno, adoptant peu à peu

.les lois et jusqu'au laugage de legrs vainqueurs. ainsile vetrtcetteloihistoriquo : De deuxpeuples encontactoc'est Ie plus auancé en cioilïsation qui impose à l'anttresa langue, ses institutïons et ses mæurs.

Décadence de |tempire romain. - fr6 puissance romaines'affaiblit insonsiblement, par rgs querolles intestines

s3

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24 cHApTTBE rnotstùrwn

q.ui dislocluent I'empire, par le développement dos

grandes fortunes acquisee à I'aide do I'esclavago rural,par la comuption éhontée du m.onde do la cour et Iadépravation morale de touùes les classes soeiales;aussi les Barbàres, c'est-à-d.ire les peuples non soumis

aux Romains, pressés aux frontièros de I'empire;finissent-ils par passer le Rhin.

LeS OnVahiSSeurS. - Vers le milieu du urè siècle.cle

notre ère, les premiers Germains pénétrèrent en pil-lards dans L'empiro, précisément daus nos provinces,Parmi eux se trouvaient les .Francs qui s'établirentsur la rive ga,uche du Rhin, en Batavie, la Hdllantleactuelle. Vers 35o, nous les voyons fixés en Toxandrieou Campine. Les Saxons avaient occupé le littoral.

En {o6 se produisit la grande invasion des Alains(Touraniens), des Suêpes et des Vandales (Germains).Ils franchisseut le R,hin et traversent, comme un tor'rent dévastateur, la Belgique,la Gaulerl'Espagne' pourne s'arrêter qu'en Afrique. Ce sont des destructeurs;its brûlent les villas, sèment la désolation dans les

campagnesn pillent of rançonnent tout le pays. Les

Vandales ont laissé de tels souvenirs que leur nom est

. resté Ie clualificatif le plus expressif pour désigner

ceux qui détruisent systématiquemeut les æuvres

d'art et les monuments Publics.Vers te mitieu d.u v" siècte apparurent les Iluns,

peuple de race iaune ou touranienne, à la taille petite'aux yeux obliquemont fendus, a,u rraz éetasé; son nom

est resté'tristement célèbre tlans I'histoire. Les llunsjetèrent l'épouvants chez tous les peuples do l'Europeet par une série de pousSées successives les refoulèrentvers les frontières d.e I'empire romain'

Gonquête franque. Fin de la domination romaine. - Cette

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I

PÉnronP RSlrrATNE z5

effroyable tompêto marqua le terme (le la dominationromaiue en Relgique. Il n'exiàtait alors qu'un petitnombre d'agglomérations dans notre peys et leur pos-

session assurait celle de toute la contrée. En ($5,profr'tant d,u désordre qui suivit la tourmente, d''ailleurs ôou--

tenus par les Belges eux-mêmes, les X'rancs, sous laconcluite de leur roi Cloclion, franchirent la forêtCharbonnière et s'emparèront des villes de Tournai etd.o Cambrai, en sorte que vers {5o leur d"omination

s'étendait sur toute la région comprise ontre la mer, le

Rhin et la Somme. Clodion fixa son séjour à Tournaioù son fils Mérovée régna après lui. Le gouvernement

d.es R,omains en Belgique a donc duré à peu près cinq

cents ans.

U. - tivilisation.

Aspect du sol, propriét6 foncière, villes et eampagnes. - Pays pauvr"e,

ag climat rigoureuxn habité par une population eûsor'e barbaro,

Ia Belgiclue no pouvait ôtre d'uu graud lapport pour les

Romains. Ils I'abandonlèrent pour ainsi dire à elle-môme et

la laissèrent à peu près tlans l'éta,t, où ils I'avaient trouvée.

Do collestive qu'elle était précédemment en Belgicluo, lapropr{été fonoière y devient peu à pou indivitluello soltft

f influence cle Ia coutume romaine'Les ll,omains ne lrâtirent qu'un pctit uombre tlc fvilles eu

Belgiclue. on n'en cite guère que tleux, Tongres ct Tournai, qui

datout de leur' époque et encore sont-elles alors de faible

irnportance. Mais les Roma,ins résidant en Belgiclue et, à leur

exempl'e. les plus riches parmi nos auoêtfes, se construisent

vblontiers des ufllas, domaines rulaux, sortes rle maisons cle

campagno faites de pierro et pourvues dcs clépendances 1éces''sâires à la ctùture cles teges e1 même temps qu'à u'e vie

confortable. Il existait en notre pa.vs, priDcipalement dans le

sud, uu assez graucl nombre de ces riches demeures dolt les

vestiges ont été retrouvés de nos jou1s. T'e propriétaire s'e1

réservait une partie c1u'il faisait cultiver pa,r ses esclaves ou ses

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26 CEAPITR,E TR,OISIùME

tenanciers. Le reste do I'exploitation était concédé, par paroelles,

à de petits formiers, à des colons, à des affrauchis, à des

serfs. Ces parcolles s'appellent fenares.Administration of iustico. - Les Romains rospectent, sur ,la

plupart des points, Ies institutions politiclues et judiciairesdes Belges, se bornant à leur réclamer uu tribut et des soldats.

Croyances neligieuses. - Les progr'ès du christianisme naissantne furent pas des plus rapides en Belgiquo. Nos ancêtresn'apprécièrent pas immétliatement la haute élévation des nou'velles doçtrines et, fr6quemment, ils mirent à mort les mission-naires qui s'aventuraieut parmi eux daus le but t1e les leurfaire connâitre. Cependant, dès 3350 Tongr"es devint le siège

cl'un ér'êché dont saint Servais paraît avoir' été le promier titu-laire, en môme temps cluo le premier évêc1ue authentique dontfasse mention I'histoiro des Pays'tsas"(Pirenne).

Les langues. - Les Belges qui habitaient au sud de la voioAgrippa, ayant avec Ies Romains des rapports plus intimes etplus frécluents que les Belges du Nord, ne tarclèrent pas à

actopter en partie la manièro do vivre tles Romains et à parlerla laugue latine, non sans y'môler de nombrenses locutionsgermaniques et celticlues. Sous I'influence tle ce û.6lange,le latin s'altéra insensibleinont et douna naissauco aux cliversdialectes wallons; Ie dialecte cle I'I1e-de-France I'emportera surtous les a,uf,res et tlevieuclra le français.

Plus isolés, los Belges du Nord continuèrent à vivro, après.la aoncluête, en dehors de I'action romaino; ils ue sentirent pas

le besoin tle mortifier leurs coutumes ni leur langage. D'où ladiffér"enco des langues parlées en Belgique. A remarquet" qu'àaucune 6poque de notre histoire la frontière linguisticluo ne

clevient une frontière politique,Agricutture, industrie, cgmmerce. - La période romaine fut, pour'

uos aucêtres, une école d'apprentissage agricole. Cependant,les historiens s'acsordent à trouver qu'ils auraielt pu nrieuxprofiter qu'ils ns I'ont fait des ssnnaissâllc€S rolativementavancées dos Romains eu agr"icuiture.

Nous devons à ces derniers L'assolement biennal, qui faitsuccécler les céréales tle prlntemps aux céréales d'hiver et nedorure de repos au sol qu'après complet épuisement. Un certainnombre d'années d.o iaehère lui sont alors nécessaires pourretrouver sa fécontlitâ. La terre reste en friche et ne sert plus

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' pÉnronn RoMATNE 27

clu'a,u pâturage. suivant plusieurs auteur.s, les Belges durentaux Romains les arbres fruitiers or.iginairos cl'asie et même lefromrint. D'aul,res croient, au contraire, que nous Ieur avonsfait connaître c.elui-ci.

L'industrie cles Belges progr"esso sous les Romaius. peut-êtreles gisements de cuiwe et cl'étain de Ia haute Meuse fur.ent.ilsexploités à, l'époque romaine. c'ost à I'inclustrie do.ces métauxque 1es villes de Dinanp et de r[uy dureut plus tartl leur pros-périté. Toutefois, par suite do labsenco de centres importants,,lrndustrie belge à cette ôpoque demeure surtout agricole etdomestique, c'est-à-dire cantonnée dans Ies haineaux et les villasen mêrne temps quo bornée aux chose,s de premièr'e nécessité.

Rome et I'rtalie redevaient cle Belgique des blés, des laineset cles cluantités considérables tle salaisons. De pius, les Méua-picns leur expétliaieut, chaque année, cle nombreuses'troupesd'oies dont la chair était fort estimée.

Pr"imitivement, on ne mônnayait poiut les métaux. Lorsqu'onachetai?une denrée ou un.e marchandise, on la payait a,u moyend'un lingot tto métal clont la valeur s'exprimait en poids.L'unité des valeurs principalement usitée était la livre. Lamonnaie créée, on conserva,, par analogie, à diverses pièces dcmo[na,ie, le nom de Liore, quoiqu'elles n'atteigrrissent_pas Iepoicls d'une liwe. on distinguait Ia livr"e cl'or, la livre d'argcntet Ia livro de ctrivre. L'usage des monnaies était usuel clansI'empite romain, alors qu'il ne fut qu'exceptionnel- avant laconquête.

voies de communication. -r,es Romains créèrent, en notre pa) srtlo nombreuses uofes militaires, clites aussi chaussées, à causedo'la glande quantité tre mor.tier de. chaux qui eutrait dansleurconstruction. Elles avaient pour objet, non de favoriserI'essor du commerco, mais de faciliter Ie mouvement des troupeset la surveillance des pays conquis. il failait même être pourvud'un permis de parcours pour pouvoir s'en servir. La plusimportante était la grando voie agr.ippa, qui reliait Boulogne àCologne, en passant par Cambrai, Bavai, Gembloux, Tongreset lVlaestricht.

C'étaient cle bellos routes, Iarges de plus de ed mètres, avecrevêtement formé de grancles pierres plates. plus élevés que lachaussée proprement dite, leurs acsotemeuts étaiont pavés doclallos. Toutes, aù nombre de vingt-cinq à trente, aboutissaient

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28 CIIÀPITBE TBOISIÈME

à Romo, à un miliair"o oentral, tlit miliabe doré. Elles s'éten'

daient d'un bout à I'autrs d.e I'empire. U[e seulo d'entre elles

dépassait parfois en longueur 6,000 kilomètres, c'est'à'diro

plus de vingt fois la tlistanco d'Ârlon à Ostende'

Tous les cluinze ccnts paso elles présentaient des eolonnes de

pierro, ttites coloruies mîIiaires, parco "c1uo I'unité cle marche

elrlezLes Romains était le mÏIIe, eI'uno valeur de mille pas (r).

Ni avant les Romains, ni depuis, il ne s'ost rencontré a,ucrul

peuplepour apporter autant cle soin à Ia création tle ses grandes

routes. Àussi la soliclité des chaussées romaines a't'elle défié

les sièales. Elles coùtaient, il est vrai, beaucoup plus tle travailque les nôtres. Leur construetion néaossitait I'emploi de masses

énormes d'ouvriers c1u on se proctlrait par Ia voie des réqui-

sitious. Les paysans clui habitaient daus un certain rayon, à.

proximité tl'urie voio eu eonstruction" étaiont forcés cle tra-

vailler à Ia chaussée avec leurs cheva,ux, leurs barufs, Ieurs

char.rettes. Et ils ne recevaient cle ce chef aucune indenrrrit'é, pas

même Ia nouri'iture, ni pour eux, ni pour lours bêtes' r-

sur ces voies militaires, on établit des relais cle poste, régu-

lièrement visités par des coulr'i'ers chalgés du transport des

clépêches. ainsi se transmettaient aveo célér'ité, cl'uu bout àI'autre d.e }'empire, les Ordres clu pouvoir central et toute espèce

rte rensbignementd. Plusieurs des relais de poste établis par les

Romaius en notre paJ's )'sort devenus Ie berceau cle localités

importantes.c'est, en partie, lo long clo ces chaussées romaincs que les

grands prolriétailes drdifièrent leurs villas, vastes exploita'tions rurales, autour descluelles ne l,ardèreut pas à s'élever les

petites habitations des tenanciers o '

\lie doûnestiqueo coutumes, rn@urs. - on maugeait beaucoup de

bouitlie de farine. Orr fabriquait un paiu cle qualité inférieurofait cle far.ine de seigle, d'orge, cl'avoinc ou do ruillet. Les

Romails introcluisireut e1 Belgiclue l'usage tles four"s pour' |a

cuissbn du paiu, qui auparavant se cuisait clans la cenclre tlu

foyer.aiDsi que ûous I'avons clit ci-dessus, beaucoup cle Belges

riches qs colstruisirent, à I'exemple des Romains, des villas,

(t) Le pas dont il est question reprêsente l'espaco parcouru par lo pied

aepois le moment oir il quitte lo sol jusqu'au moment oir il s'y pose à nouveau.

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t

t'PER,IODI'- ROIIAIND 29'

meisons de.piorre ou de briclue à, toit plat. Comme les édifiodspublics, les .villas

'sont d'abortl oouvbrtes tle -tuiles, plus tar.dd'ard.oiàos. Quant aux habit'ations, au qobilier, auvêtement d.osgens d.u. peuple, ils ne subii'enù.pas de motllfiaâ,tions radfoalsspenilant l:époque romailo.- Tous les porsonna,ges cousid6rables' dos' Gairlqs ad.optentI'usage romain des nsms de femilte. Irûs Germaihs nô oonpaiei.qaient pas cette ooutume. Chez eux, on était désigné pa,p rurnom jndipiduel, non.pâr u!' nom héfiditaîie et familiat.

R',ÊsumÉ srurnÉrrgur DE EÂ pÉnrour RoMATNE.

Depuis la gonquête de Ia Belgïque patr ïutet Cësnr (cdnqu,ante ansenuùron aU. J,4.) iusqu'ù cû eonquêU par tês trTaws, aous Mérouée,(aers tlw 4Ë0 ap. J..C.r. Darée appoùntatiue: ô00.ans.

l. lnplantation, dans le sud ilu pays, des institûtions, des lois, deslnæanrsl dé'la ldn$e des Romains- -

9. Invasiot Ori Barbares, Apparitiori du ckfistùanisrwen Belgiquenm moment où le monde romain et r,e monde barbare prennenl contact.'

b.''Grandes afrnites-entre l'élémént chrétien ct tdément barbare.Puissant appui trouvé par les idéés d'égalitér'de fraternité et .decharité-froqres au christianisme dans les principes d,egalité, de libertéet dhirmanité shers aux Germains.

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,,PEBIODE

(A) Sur l'Yonno entre Sens et Àuxerre.

CHA.PITN,E IV

3'RANOUE (É60.A 4*>

ÉrasLrssEMENT DES tr'RANcs EN Brr,crgun.

I. - Les faits.

A. -Éroqun uÉnovrxcrrNNn.

Depuis la conquête franquo, vers 4ô0, jusqu'à l'avènement de pepin le Bref,ea Tô9,

Bataille de Mauriac, dite de Châlonr-rur-M.rn, (4bl).Fondation de la dynastie mérovingienne. - Poursuivant àtravers l'Europo centrale une marche toujourq victo-riêuse,les Iluns franchirent Ie Rhin en l'an {5o, et leurarrivée valut à notre pays les horueurs d'une nouvelled.évastation. Oependaut Mérovée, roi des X'rancs detournai, uni aux Gatlo-Itomains et aux Visigoths,attaqua à Mauriao (r)1eur roi Attila, en {,St.Labatai1lefut terriblo. L'antiquité, dit-on, n'en vit pas de plusaffreuse. La légende,- oette ,histoire des pouplesenfants, rapporte, tant I'impression do cet événenrentfrappa les poptrlations,' c1u'un petit ruisseau qui tra.

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' PÉrùroDE FEANqUE 3r

versait le champ de bataille, grossi par Ie sang des. morts eb des blessés, se changea en uu vrai torrent !

Vaincus à la fin, les lIuns abandonnent aussitôt laGaule (r). Ce brillant fait cl'armes asseoit d'une fagondéfinitive la domination franque sur notre pays. AussiMérovée est-il considéré somDûe Ie fondateur. de Iapremière dynastie des Francs, clui prit le nom dedy nastie mérouing'ienne.

Clovis. - Clovis, petit-fils dç Mérov.ée, monta sur Ietrône de Tournai en {8r, à peine âgé de quinzo aus.Cinq ans plus tard, eu 486, il battit Syagrius, chefgallo-romain établi à Soissons, et,_ s'emparant d.e ses

possessions, étendit son royaume jusclu'à la Loire. fltransféra ensuite à Soissons le siège tl.e son gouverne-ment. Peu de temps après, il annexa à ses États lesroyaumes de Tongres, de Cambrai et tle Térou&nne.

A cette époque, une grande partie de la Gaule appar-tenait à des rois ariens, c'est-à-dire professant la doc-trine religieuse de l'évêque Arius,'qui niait ta diviuitédu Christ. Or, l'épouse de Clovis, Clotild.e d,e Bour-gogne, qni était_ chrétienne, no cessait d'engager sonmari à adopter sa religion. Clovis hésitait à céder auxvæux de la reine, moins peut-être par attachement à sespropres croyances que par crainte de mécontenter lesFrancs, jusqu'alors fidèles à leurs anciens dieux.Copendaut, iors d.'uue grandc bataille qu'il livre auxÂlamans, dals la vallée du Rhin (z), il s'engage à

({) Attita envahit alors I'ItaIie, mais n'alla pas au delà des rives du Pô. Il se

retira en Pannonie, après une ambassade du pape [.éon lerr et mourut sansIaisser une æuype durablo.

(9) 0n ignore I'endroit, exact oir eut lieu cette bataitle, dite de Tolbiac. Enréalité, les Aamans avaient vaincu près de Tolbiac (Ztilpich) lo roi desFrancs ripuâires Sigebert. Clovis, victorieux en Alsace, Ies refoula ensuitedo l'autre côté du Rhin.

V. [Iirguet et Ch. Pergameni. - Ilist. ile Belgique. 2

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3z oEAPTTRE quarnrÈun

embrasser Ia religion chrétieune s'il est victorieux. Lesuccès ayant favorisé ses armes (4g6),-clovis reçoit lebaptême à R'eims, des mains de saint R,emi, en 4g7.Trois mille de ses soldats se convertissent en rnêmstempso et le reste de Ia nation franque suit peu à peuleur exemple. L'appui du clergé catholique fut dès lorsacquis à Clovis. Grâce à ce précieux concours, il netarda pas à régner sur Ia Gaule entièro.

La conquête de la Bourgogne fut Io prix d.e sa vic-toiro de Dijou, eu 5oo. Une autre bataille, gagnée àVouillé, en 5o7, sur Alaric II, roi des Visigoths, luilivra Ia'Gaule méridionale. I'annéo suivanten il enfoaen possession du royaume de Cologne. Comme on lsvoit, le petit-fils de Mérovée est le véritable fondateurde la monarchie franque.

Clovis mourut en 5rr, à Paris, d'ont il avait fait sacapitale.

(Euvre de Glovis. - Nous connaissoos i"op mal Clovis,dit M. I(urth, pour porter sur sâ personne un juge-ment complet et motivé. L'histoire ne nous a conservéde lui que quelques faits d'armes; elle ignore tout loreste; elle ne sait rien do sa vie privée., Cette lacunea êté comblée par l'époque barbare, clui a enlaidi saphysionomie en la dessinant d'après un idéal barbareof qui a mis un type d.e convention à la place du héroshistorique... Clovis est, en un senË, le créateur d,e Iapolitique moderne... Sa grandeur, il est vrai, est toutentière dans son æuvre. L'ouvrier nous échappe enbonne partie (r).

À I'avènement de Clovis, quatre peuples pri:rcipauxse partageaient le sol de la Gaule : les I'rancs au uord,

({) Kunu, Qlouis, pp. 653, 583.

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PÉBIoDE FRÀNQUE 33

les Gallo-I{,omains au centro et constituant en outrele fond même de toute la population, les Burgondes àI'est, les Visigoths au sud, sud.-ouest, on Aquitaine.Les Burgondes, peuple intelligent et doué de la facultéd.'assimilation, s'e mêlent assez tôt aux Gailo-Romains;le christianismo fait,quelques progrès c]nez eux dès levre siècle, mais c'est parco qu'ils ue se détachèrent pasnottement de I'arianisme qu'ils furent vaincus. LesYisigoths ne se romanisçnt pas aisément, professentl'arianisme, mais permettent à leurs sujets catholiqueset I'usage du droit romain et I'exercice d.e leur religion.

Clovis va profiter de la situation, grâce à ses cupâ,cités militaires, pour abattre successivement sesennemis d.ivisés. sa conversion est un acte d.e hautepolitique : il sera l'allié des évêques et le champion deIa religion romaine. rl unifiera la Gaule au point devue religieux comme il I'unifiera au'point de vue poli-tique et teruitorial. rl réalisa l'égalité civile et politiquode ses sujets, si différents de races; legr fusion en futfacilitée.

clovis a fondé la puissance de la monarchie franqus;il est d.evenu en Gaule Io maître temporel de l'Egliseet intervient directement d.ans res nominations épisco-pales et les travaux des synodes. sa puissance maté-riello se double de son allianco avec l,Eglise.

Auslrasie et Neustrie. - olovis mort, ses quatre fils se parta-gèreut ses Etats. PIus tard, à Ia sùte de nouvelles conquêtes etde nouveaux partages, on distinguera clans I'empire fra'c (à lamort de clotair"e rer, fils de clovis, en b6r) les royaumes prin-cipaux d'Àustrasie (Franoe orientale) eù do Neustr.ie (rrranoenord-occicleutale), clont la Iigne de séparation eu Belgique seraIrEscaut (r). rt y aura, en outro, les royaumes de Bourgogne etd'Âquitaiue .

(t)Enl,re Loire, Océan, Manche et Escant.

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34 CIIAPITIiE QUATIiIùME

Une violento r"ivalité ne tartla pas à cliviser lcs Auslrasieuset les Neustr.ieus, à ra,ison tls Ia différ'encc tlc lcurs lllct'urs.Les Austrasiens reprochaient aux Neustriens, pnrmi lesquelsso rencontrait uue forte proportion dc Gallo llomains, tles'efféminer au contact dle Ia civilisation romairre. Lcs Neu.striens, de leur côté, faisaient un grief aux Austrasicns, chezqui l'élément bar"bare tlominait, dc Ieur fidélité ù cles couturneset à des moeurs qu'ils jugeaiont grossières. Au foud, lcs cleuxnations se clisputaient la suprématio tlans I'empir.o. Longtemps,elle sera exercée par les Neustr.iens. Il faudra, pour les endépouiller tout à fait, I'avènemcnt cl'une nouvellc clynastie,celle des C aroling iens, ori ginaires tl.'Austrasie.

Brunehaut et Frédégonde. - La lutte cles deux nations s(Eurs sepersonnifia d'abortl dans Ies reiues Fr6dégonde et Brurrehaut,dont I'arnbition mit fréquemmcut aux prises les doux peuples.Brunehaut é*ait reine cl'Austrasie. Frétlégonde, domostique duroi de Neustric, tleviut seulement sa femmo légitime aprèsavoir fait assassiner la roino de Neustrie, la malheureuseGaleswinthe, sæur do Brunehaut. Les meurtres, les trahisons,les;uerree sanglantes se succèclent presque sans interruptionsous le règne do ces deux pr"incesses, altornant avec les actesclu plus effréné dér'ergontlage. Frédégonde, tléjà accuséo dumeurtre cle Galeswinthe, fait périr les fils de cello.oi, puis sonbeau-frèr'e Sigebert et peut.ôtro - I'accusation u'est pas prouvéo

- son mari lui-même, lo roi Chilpér"ii, surnommé par saintGrégoire le Néron cle Ia France.

Brunehaut, de son oôté, fait mourir son petit.{ils Théodebert,roi d.'Austrasie, et assassincr saint Didier, évêc1uo de Vielne,eu Frauce. Pendaut son long règuo tle quarautc-huit ans, cetteprincesse gouverne avec une singulièro vigueur. Elle rétablitplusicurs institutions impériales tombées en tlésuétudo etspécialement la fiscalité et Ies formes judiciaires. Ce fut Iacause pour laquelle ou I'aocusâ, d'exactions. Ccpentlant ellecousaoro ses trésors à la coustruction de- travaux cl'art etd'arohitecturo d'nn rcmarquablo caractère do graucleur. EIlecrée ou répare tle lombrcuses routes. II existc cncore en Bel-gique cles chaussées (r),'dites chaussées Brunehaut, dont lasoliclité iuébranlable et Ics lar"ges pavés rappellont les voies

(l)Notamment celle de Tongres à Herstal.

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PÉRroDE F,naNeu.E

romaincs. Brunohaut élève des. chàteaux, des églises, bôtit ctosmonastèros qui, ù-aette époquo, servent aussi d'écoles. Lalégende entoure d.'une véritable auréole Io souvenir do cottoreine dont il faut se garder d'exagérer Ia valeur; elle fut ambi.tieuse ct éuergiclue. Tout ce que le pcuple aperçut tle grancliose,do fort. de puissant : chàteaux, tours, forteressesn il les luiattr{bua, iusqu'à désigner de son nom la pierle mégalithiqueconnue sous le lom de pierre Brunehaut. euant à ses passionset à ses crimes, qu'il convient de signaler, ils sont les_passionset les crimes ctru sièclo. c'est ce qui exprique cgu'ils passèrentassez inapergus.'

Rois fain6ants et maires du palais. - Les successeurs de clovis,en vertu de la coutume fran-que, se partageut son hér'i'tage d.ela même manière qu'aujourd'hui les enfants se partagent Iepatrimoino laissé par leurs parents. arnbitieux ct violents, ils '

se font des guerres sanglantes qui affaiblissent rapidement lamonarohie.

Les derniers rois cle la famille de clovis, auxquels I'histoiroa infligé t'épithète caraotéristique de rors fainéants, finissentpar tomber dans la tlépendance de Ieurs maires d.u patais.D'abord simplos r:r6gisseurs des ctomçines royarDr, ces fouction-nairos se fout plus tard iuvestir du commandement cles armégs'et cle tout le gouvernement. L'un tl'eux, pepin dc Landen ou levioux, parvient même à renclre sa charge héréditaire dans safamillo, à partir de 6p5.

charles Martel. - un an'ière-petit-fils de pepin de Landenoccupe le même emploi sous le titre de clus des x'ranos. Guerriorintrépide et général habile, il ropousse dans vingt combatsvictorieux les attaquesrsans cesse renouvelées des peuples'.germains. Mais ae qui clovait surtout lo rendre célèbre, c'est saviotoire sur les Musulmans qui, aprês avoir soumis l'-Espogne,avaient entrepris la conquêtè tle la Gaule avant de tenter cellede l'Europe tout entièro (r).

charlcs ayant rassemblé uûe formidable armée marcha-contre eux et les rencontra à poitiers (7Ba). Le choc fut

(4)L'hégiïe ou ère des Musulmans date de 6DD: dès 7{9, ceux-ci avaientconquis I'ouest de l'asie, soumis I'Afrique septentrionale, envahi I'Espagne,et ils careqsaient I'espoir de conguérir bientôt, l'Buropo tout entière.

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36 oHA'PITRTT QUÂrnrùyp

effroyablo. Trois cent mille Mqsulmansn disent les historiens,mordirent la poussièro. Ce teniblo éehec dqs sectateur.s deMahomet enpêcha I'Europo de devenir musulmaue. Ils furentreloulés au delà d-es Pyrénées, mais conservèrent Ie basLanguedoc.

Pour récompenser ses soldats de leur vaillance, CharlesMartêI, qui manquait d'argent, leur fit, en terro, des donsimportants. Il leur remit notarnment des terres ecolésiastiques,nlo)'€nnatrt le paiement d'uue redevance à l'Egliso. Il avaitd.one disposé cie ce qui appartenaiû à I'Eglise saus la spolier,puisqlr'elle restait'propriétaire tles biens cédés an usufuuit àses soldets.

B. -

Époqun caBorrrNcrENNE.

Depuis l'avènement de Pepin Io Bref (7Bg) jusqu'ru partage de ltempirede dharlemagne per le traité de Yerdun (843).

Pepin le Brefo fondateur de la dynastie carolingienne. -Charles Martel eut pour successeur son fils Fepin leBref. Ce dernie-r, par ses victoires et Ia sagesse do sonadministration, rendit à son torr.r.do si g.ralr*ds ser-vices aux x'râncs (:4r), qu'ils résolurent d'en faireleur roi.

Double sacre de Pepin. - Pour légitimer aux yeux despopulations Ie titre q.u'il se disposait à prend.re, Pepinfit d.emand.er au pape Zaclolaxie: <c Qui doit ôtre ioi,celui qui eu porte seulement Io nom et n'a nul pouvoirdans le royaumc, ou cslui par qui Ie royaume est go-u-

verné et qui administre toutes choses ? > Le paBerépondit : c< Celui-Ià seul doit être roi qui assume lesoharges de la royautê. >

Aussitôt une assemblée générale fut convoquêe àSoissons (Z5z). Childério III, lo dernier des rois fai-néants, y assistait ainsi que PeBin. Àu moment où Iaréunioa allait s'ouwin; les seigneurs, francs s'empg-

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pÉnronr: I'BANqUE 37

rèrent de Chilcléric et coupèrent ses longs cheveux,voqlant'm,ontrer par là qu'ils lui eulevaient I'antoritésouveraine. Mais ils le laissèrent viwo, se contentautd.o I'enfermer dans un monastère. Ils proclamèrent en-suite Popin roi des Francs, après l'avoir pronnené troisfois autour du camp, debout sur le bouclier, à la modegermaniqrte. Pepin devint ainsi lo fondateur de laseconde dSrnastie des Francs, -d.ite carolingi.enne, dunom de son fils Charles, tlont I'illustratiol ct'evait

dépasser la sienne

Lo même jour, Pepin se fit sacrer roi par saintBoniface, archevêque de Mayence.

Trois ans plus tafd,.le pape Etianne ÏI vint à Parissolliciter le secours du nouveau roi d.es X'rancs contreles Lombards qui lqavaiont attaqué. Pepin profita de

la sirconstance pour derhander au souverain ponùife

de renotrveler .Lfimpottante oérénonie du sacre. Lepape y .consentit avec €mpressemsnt.

Pepin, revêtu des habits royaux et accompagné c['un

brillant cortège de soigneurs, se rendit en l'église de

I'abbaye Saiut-Deuis. Le pape I'y attenilait, vêtu tui-même d.e ses habits pontifrcaux ot ontouré des princi-paux dignitaires du clergé do F'rance.

L'église é-tait magnifiquement décorée. Uue fotrleimmense la remplissait, accourue de tous les pointsdu pays.

Pepin, sa femme et ses deux fils s'agenouil8rent ar1

piect du grantl autol.

S'approchant d.'abord. de Pepin, lo pape prit avee lepouce de I'huile consaoréo; il en frotta le roi sur logsmmot de la tête, faisant le signe do la oroix et disant:<,Je to sacro roin avec cette huile sanctifiée. >'Lesassistants répondirent arnen, Le pape' oignit'ensuite

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3B CIIÂPITRE QUATRIùME

Ia fernme clc Pepin et ses deux fils. La cérémonie ter-minéen la foule fit reteutir les voûtes de l'église delongues et joyeuses acclamations.

Pepin alla ensuite rétablir le pape sur son trôno, leconfirma dans la possession du ductré d.e ll,ome oupatrimoine de Saint-Pierre et lui donna eu outr.o deuxautres provinces qu'il venait de conquérir (755) (r).Telle est I'origine du pouuoir temporel des'papes, quia seulement pris fin en r87o.

Pepin le Bref consolida et cornpléta l'æuvre deClovis; il renoua I'alliauce de la royauté franquo et doIa papauté, du pouvoir laïc et du pouvoir religieux.n prépara morVeilleuseruent Ie terrain à son filsCharlemagne.'Établissement

de ta dlme. - Youlant se faire aimer d.uclergé, Pepiu l'autorise à percevoir sur les biens dont

. Clrarles Martel avait d.isposé, la dîme ou dixièrne partiedes produits de ces terres. Charlemagne, son fils,allant plus loin, reudra obligatoire le paiement de ladîme et l'étendra aux protluits de toutes les terres.

Pepin lo Bref mourut en 768.Charlemagne. - Pepin Ie Bref avait guerro;,{ toute

sa vie en vuo d.'établir solidement I'ernpire des X'rancsdans les limites qui lui avaient été primitivement assi-gnées par Clovis. Charlos, fils de Pepiu, plus tard. sur-nommé le Grand (Charlemagne), fut lorcé de continuerles guerres commeneées par son père; mais son auto-rité n"lieux établie et sa puissancè plus considérable luiperurirent d'étendre encore ces limitos.

Les cincluarite expéditions militaires entreprises par

({) ces deux territoires étaient la province de Ravenne et la pentapole,c'est-à'dire les cinq villes suivantes : fimini, Fano, pesaro, sinigagria, Ânctne.

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pÉmopn FRANQUE

Clrarles ont tour à tour pour théâtre la Germanie,

l'Espagne etl'Italie.Et GermanÎe,les Bavarois, les Âvars (peuple tou-

ranien), les Saxons, les Danois et,- plus à I'est, les

Slaves sont successivement obligés d.e se courber sous

le sceptre du redoutable roi des Francs. charlemagnes'efforce de ehristianiser tous ces peuples, espérant les

amener ainsi à reconnaître plus volontiers son autorité.,lVlais les Saxons ne cèssent d'offrir à ses armes, comme

à ses efforl,s pour les convertir, une invincible résis-

tance. l{'ayant pu les dompter, quoiqu'il eût barbare-

mont ordonné do décapiter à verden quatre mille cinq

cents d.'entre eux qui étaient ses prisonniers, il faittransporter en x'landre et en Brabant une partie de ce

pe.uplo énergique. cette circonstanco a contribué sars

doute au maintien d'une langue teutonique dans le nord,

de notrs pays.En Espagna Charles profite des divisions qui

règnent entre les Musulmaus êtablis d.ans la contrée

Bour faire la conquête des terriboires compris entre

l'Èbre et les Pyrénées. Malheureusement, son retourest signalé par un graud désastre. son arrière-garde

commandée par I'un de ses noveux, le paladin (r)R,olaud, est supriso of détruite par les Gascons dans

une gorge des Pyrénées, connue sous Ie nom de défl\é

de Ronceoaux (z),

En ftaffe, Charles secourt le pape Léon IIf, con-

39

(f ) dn donnait ce nom ou celui de comte du palaîs à des nobles remplissant

à la cour centaines hautes-fonctions.(g) ta marahe il'Espafnô est créée par Charlemagne; ce- terme désigno

unà'province organiséimilitairement do façon toute spécialo pour éviter

I'incursion de t'étianger. Elle s'étendait des Pyrénées à une limite dont' les

oxtrêmes 6taient naùpeiune et Barcelone. l'Èbro ne'servait donc pas exacte'

ment de frontière méridionale à l'empire.

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{,o CHTAPXTBE QUAIBIEME

traint par ses ennemis de fuir la Ville Eternel1e. Ilratifie les donations du roi Pepin au Saint-Siège et luien fait d.e nouvelles. C'est en reconnaissance d.e eeS

services que le pape le sacre empereur dans l'égliseSaint'Jean.do Latran, à Boune (8oo).

Charlemagne meurt en 8r{.Limites de son empir&. - Cet empire était immense.

n s'étendait à I'est jusqu'à I'Elbe, Ies mouts deBohême et Ia Theiss, affluent du Danube; au sud, jus-qu'à la Save, l'Adriatiqueo le Garigliauo, la Méditer-raléo, une ligne approchant de l'Èbro; à I'ouest et aunord., de la Bidassoa à I'Eider, I'Océan (r).

Ltæuvre de 0harlemagne. - Le but essentiel qu'il pour:suiviû avec ténacité, ce fut Ie rétablissement de l,unitéet de la civilisation de I'empire d'Occident. II essaiede I'atteindre en partageant le gouvernement clu rnondechrétien eutre le papo ot lui. L'unité sociale à côté del'uttité spirituelle, I'empereuï, chef de I'unitê socialeou politique, le papoo chef de I'unité spirituelle, tel esûson rêve. Un seul souverain temporel, un seul_ souve-rain spirituel; un seul roi, un seul pape, telle est sadevise.

il tient le concours de I'Eglise pour indispensableau succès de son æuvre. L'exemplo cle I'unité deI'Eg'lise lui semble propre à fairo admettre celle deI'empire. La christianisation des peuples qu'il soumet.eontribue ainsi à donner à l'éléruent franc, allié deRorne, uu ascendant moral de premier ord.re.

II restaura I'empire, rétablit la sécurité dans seslimites, civilisa le mieux qu'il put Ies nations barbares

(l) Lo territoire compris enl,rs l'Elbo et l'Odor, occupé par des Slaves,{econnaissait Ia suprématie impériale, sans êl,re pour cela incorporé àI'empire, à titre de province conquise.

Page 47: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉnronn FRel{QuE (t

qu'il avàit domptées, comprit tpute l'importanoo ele

I'instruction et du progrès morat pour'lo peuple' Lacrêation d.e son acad.êmio palatino, h faveur dont ilentoura les savants et les. poètos de son temps, I'in-térêt qu'il porta amx.lettrês et aux artistes ont fait de

lui une figure de tout premior plan. ses capitulairesou- lois génératos, réglementant les finanoes, la justiee,

I'arméeo l'adrnini"stra,tion, ont concouru à la réalisationpartielle de son æuvre gigantesgue- n Itr ne_ fnt pas,

écrit M. K.leinclausz (r|, un administrateur de génie;

il a seulement perfectionné des moyens de gouverno-

ment qui existaienû avant lui; il ne fut pas aon plus un

grand homme' d.e -guerre. Mais il fut, oomme dit und.e ses oontemporâins,-le luttetrn vigoureux qui abattitles Saxons et disoiplina les ,e.æurs des x'fancs et des

Barbares. que Ia puissance romaine n'avait pudompter.

It fut un sérieux et inlassablo travailleur, Enfin ils'esf donné un idéal et il y a cru. Il a voulu faire de

son' empire une cornmunauté morale, une grande cité

chrétienne. >

Causes de la ehute de I'empire de Charlemagne. - Lr'æuwe

du grand empereur n'était pas appelâe à un avenirtrès brillant ni surtoub .durablo; il ne parvint pas àunir réellement les pouples multiples, ei,différents au

point de vue de la langue, d.es mæurs','de Ia religion,qu'il avait vaincus. Il ne laissa pas .à ses desaen-

dants d,'armée permanente ui de finaarces régulière-ment organisées. Le besoin do pnotection" si instinctifd.ans.uno société où Ie maintien de l'.ordro n'est que

très imparfaitemont réaLisê, poussait les hommes

Iibres eux-nêmes à se recommander à do puissants

({ ) Kr,unrcr,ausz ,l'Etgpîrc caroli*gian, ses wîgixes*a see nansfvrmatîonsrl$A\.

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{,2 cEAPTTRE quernrÈun

seigneurs, clui peu à. petr séparèrent, au licu de resrapprocher, le peuple et le prince. L'intermédiairedevient uu petit potontat dans ses domaines, pour peuqu'il soit investi de fonctions publiques. Les inspec.teurs impériaux, les missi' dominici, sont dans I'impos-sibilité de réagir contre la tyrannie des Grand.s. L'ha-.bitude des rois francs de partager |héritage royarcomme une succession ordinaire, leurs d.issensions, lesus'rpations brutales des comtes et des ducs. juges etchefs d'armée, petits rois locaux, la reconnaissanceprogressive de l'hérédité des fiefs et des offices, lesinvasions normandes, Ie manque de génie chez les' successeurs de charlemilgne, voilà autant de causesde Ia dislooation de son æuvre, du.manque de stabilitédes instittrtions qu'il avait établies.

Partage de I'empire de Gharlemagne; traité de verdun(843)' - En 843, â Ia suite de prusieurs anuées deguerre, les trois petits-fils de oharlemagne se parta-gèrent, à verdun, son grand ernpire sur res bases s'i-vantes : ro charles le cha.ve eut Ia portion cornpriseentre Ia mer d'une part et une ligne suivaut approxi-m'ativemeut I'Escaut de son embouchure à cambrai,de Cambrai à Ia Meuse, I'Arg.onne, le plateau doLangreso Ia saône, les cévennes, Ia boucrre occiden-tale du R,hône, d'autre part; zo Louis le Germaniqueobtenait la portiou située à I'est do la limite suivantc :I'Ems, le Rhin, I'Aar dep'is son embouchure jus_qu'à sa source, Ie Gothard., les Alpes, le golfe dox'iume. rl recevait, en outre, res vignàbles de la rivogauche, Spire, 'Worms et Mayence; 3o Loilraire, a,vecle titre d'empereur, gouvernait sur la portion intermé-diaire qui comprenait les domaines patrimoniaux descarolingiens et Aix-ra-chapoile, ainsique R,ome. cette

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pÉnronn TRaNQUE 43

région, dont une partie s'appellora Ia Lotharingie'

,.iu I'objet de luttes nombreuses à'trnvers toute I'his-

toire. Ira guerre franco-allemande de r87o-7r en a êté

la dernièro mauifestation.

II. - civilisation.

Aspecl du sol. Climat. - L'aspect de la Belgiquo ne tarde pas à

so modifier afrrès Ia concluêto franque, gr'âce 6'ux nombreux

monastèr'esfondésàcetteépoquo.DausleNord'd'importantsvillages apparaissent'en des lieux autrefois couverts de bois et

demaréeages.Enllesbaye,onbâ'titdegrandesfermesouvillas'dont quelques-unes deviennent les résidenccs princières de

Lanclen,Jupille,Hcrstal,etc.Leclimatltri.mêmes'adoucitpar suite cle la climinutiou dos bois et cle'l'étenclue des e&ux

stagnantes.Fropriété foncière. - Àprès la concluèt'o cle la Belgiquo' les

Franàs cle Clodlon se partagèrent non seulcment les tcl'res

a,bandonnées par les Romains, mais aussi celles tlu clergé et

toutes les autres qu'ils trouvèrent à leur couvena,llce. Le roi so

réservacellesclufisc.Iln'enfutpasd.emêmesousClovis,aprèslaconcluêtodurestodelaGaule,faitoauseulprofitdtr*ài. u lt ne s'agissait plus, comme au tomps tle Clodion' tle

r.6pandre sur'les ter"res romaines des masses avicles de Barbarcs

sans patrie, clui en expulseraient les ancions habitants'"Les

Frâncs étaient maintena,nt en possession ds leurs foyers et clo

leurs chtrnps. Ces clornçines agricolcs, tant convoités per cux

aussi longterups qu ils avaienl, été sonfinés au d'elà du lùhin, ils

lesoccuperaientdésormais,etehacuucl'eux,devenuunproprié-tairorurol,versaitjoyeusemeutscssueurssurlaglèbefta.mancle. La, périortô clo colonisation était closo. ce u'est pas

poo* "o"r.

c'est pour leur r"oi clue les guerriers allaient se

'rbmettre en ca,mpagno... I (Kunrn, Clouis')

À par:tir de cc momeut, la propriété foniière cesse chez les

Frorrcs cl'ètro collectioe pour clevenir fndiufduelle; le sucl de

notro'pt)sconsorvapenclarrtassezlorrgtempsl'organisatioufOncièro rOmaine. LOS nOuVeiltlx, ocCupantS, elr s'enrichissant'

formèrent avec les anciens pr"opriétaires, qui n'avaient pas été

dôpossôrlés, ullo classe socialo déterimilrée, aristocraticlue, dont

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44 CIIÀPIT R,T: QUATBI}ùME

larichesse êtait, terrïenne et qui vit sc grouper autour cl'elleoolons, tenanciers libres, serfs, efu. rl y avait quatre catégoriesde terres : les alleux, les pr"écairesn les bénéfices et les cliversestenares. celles-ci se concédaient à des serfs, à des fermiers.libres, ù des colons. rls les curtivaient moyennanl: d.es coroées oule paiement de cens en nature ou en argent. Ls terrne alleuxdésignait à l'époquo mérovingienne les fonds héréditaires; àl'époque carolingienne, ou mieux sous le régime d,es capitu-laires, il s'opposait au fief, c'est-à-dire qu'il'signifiait les bienscle pleine propriété, le fief n'étant qub concétié en jouissance.

sous I'empire de Ia loi saliclue, Ies biens fonciers se parta-gent rlntre les héritiers rnàles; mais Ie droit mérovingien setransforma insersiblemslf,, au point cl'aclmettre les femmes audroit de propriété foncière également.

Précaires et bénéfices. - Lc précair"e est la ter.ro accordée à unhomme qui la demartdo par rulo pr"ière (preces) ou une supplica-tion.; cette faveur n'est que très aléatoire, puisqu'ello peut êtrerévoquée sur simplo volonté du concédant, Essentiellement. leprécaire est gratuit.

cepcuclant ce serait s'abuser que d.e considérer le précairecomme ayanû toujours été un aete d"e pure génér'osité. En fait,le propriétairo pouvait exlger ce quïr voulait, rnême une rede-\rance annuelle. Le précaire n'était gratuit que d,ans la forme.

Voici comnrent-les choses se passaie't le plus souvent :

, Propriétairo d'uno terre que je eultive, i'ai besoin cl'arg:ent.Pour m'en procurer, je m'atlresse à un r"iche propriétailo, gdrrre prête à condition que jo lui vendre,i ma, terr.e. J'y consens,avec cette réserve que je pourrai la reprendrc apr'ès rembour-ssment du capital et paiement des intérêts.

Mais, clésireux de rre pas quitter ma, terro, que je tiens enalleu de mon père, je sollioito par une prière (preces) adresséeà mon créancier, la permission d,o rester Êur ma terre et d_e

continuer à en recuoillir" les fruits. cette permissio:r, révooobleà volonté' me concède la terre que j'ai vendue, rnais pourI'usage seulement. La possession de la terre, dans ces condi-tions, est lo préeaite.

Si je ne peux rembourser, je puis être évincé ù chaquqinstant et, après moi, mes enfants, à moins que mon créancierne veuillerenouveler avec euxle précaire.

Yoisi uu autre.cas d.e précaire, u:r paysan pr"opr"iétaire solli-

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pÉmonn I.RANQUE 4s

citele patronago-cl'un grand. personnago, son voisin, afin de

pouvoir oocuper paisÏbloment sa terre et ainsi échapper auxcharges écrasantes clui pèsent sur elle. Le grand personuego yconsent, sous la condition d'uns donation ou d'une vente fietive,

'que le paysan lui fait de sa torre. Désormais, lo paysan conti-nuera d oôcuper ga teme moyennant uno reclevalas annuelle.Icin le patronage, sous I'apparenae cle procurer la protcationd'un homme puissant à un faible, commence par fairo passerlapropriété des mains du faible en colles du grand.

Ces deux exemples suffiront sans doute à faire comprendre

comment les terres ont pu s'a,ccumuler insensiblement en unpetit nombre do mains.

L'usago du précairo se renoontre tlepuis le commencement do

Ia puissance romaine jusqu'à ta fin de I'empire. I1 ss continueaprès les invasions sous les rois mérovingiens. Lalettre de pré'caire, à cette époque, exprime souvent Ies obligations du préca-

riste, qui peuvent oonsister dans la dime des récoltes, eil sec eten licluide, cles animaux et des fruits.

L'Eglise pratiquera Ie précaire sur une glantle échelle. Quan:tité de petits propriétaires seront iutéressés à s'adresser à elle,

de préférenoe aux grands seigaeurs laîcs, Ia plupart hommes de

violence et peu soucieux de respecter les droits fles faibles.L'Eglise, souvent plus puissante clue les grand's seignours laics,exerçait son autoritâ' avec plus de douceur. Le propriêtaited,'une terre qui la clonne ou la vend à I'Eglise, Ia reprend' d'ot":

ilinaire en préeaire, sd, vie durant.'Parfois Ia lettro tle précairo-porbe que la concession en p"écairo s'étendra aux fils, aux

tedts-fils et même se continuera à perpétuité dans Ia famille clu

premier précaristo'La condition ordinaird de la

d'un cens annuel.La pratiquo du Précaire fut,

richesses croissantes.

jouissance était le paiement

pour I'Eglise, une source cle

Le bénéficè mércoingien ou fr"f, - Les bénéfToes n'étaient pas,

oommo ,on I'a longtemps professé, cles terres d'uno nature parti-culièro, dijféronte des alleux. Le terme bénéfice signifio, non

une terre, mais un cerûain mode de concession de la terre. De

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46 CEAPITRI' QUATRIDME

mênro Que lo mot' alleu ne désigne pas une certaine catégor.ie detemes, mais signifie simplement héritage et incrique un mocle clesuccession. Nous t'accordons cefle tene par notre bienfait. vousm'auez permis de tenfu cette terte par uotre bienfaitr. disont Iesintér.cssés.

Lc terme bénéfi.ce témoigno quo la concessiou n'est qu'unefaveur. Diro qu'ou possède par bénéfice, c'est reconuaîtrequ'on possèdo sculernent par bienfoit, par suite qu,on n'estpas propr.iétaire.

Lcs tennes précaire et bénéfi.ce sont corréIatifs : Ie préoaireest relatif à I'homms qui sollicite le bieufait; re bénéfico, à celuiqui I'accorde.

Les graucls et les rois donnaient des terres en bénéfices,ordinairemcnt â, titre viager. Les rois, peu riches en argent,ottribuaient souvent à leurs fonctionuaires, en guise tlc traite.ment, la jouissance d'une terre ou de plusieurs. probablementmêmc ccttc jouiss&nce était attachée à la fonction, non àI'hommc. Do même, aujourcl'hui, certains fonctionnaircs jouis-sent clu logemeut attaché à Ia fonction. Dès que Ia fonctioncessc, le ch'oit au logement clisparaît.

Mais le béuéfioe rre {ut, Io plus souvent, qu'uno apparence,un leurre. C'était ord.inairement une terre livrée p&r un pa,uvre-

Ë:Ji':T: le rrénéfico s,apptiquat au prêr d.,arsenr : << sur mademande, ootre bônté a consenti à me faire bienfait pout un telnombre d'années de telles choses qai sont à aous. Et moi, enretour de ce bienfait, je aoas engage cette terre qui m'appartient. >>

En général, c'est à des actes de pr"écaire que Ie terme bénéficeest appliqué. Voisi un b&réfice qui suit une veute z << Je oiens àootrs, suppliant, afin que cette tette que je oous ai oendue et dontj'ai reçtt le priæ, Dous me la concédiez par aotre bienfait. > Et loconcéclant répond : << Comme oous êtes uenu en suppliant, nousaous concédons cette terre par notte bienfait. >

,Même à la suite rl'un.o donation, il eu est ainsi. Si le préca-riste et le donatcur sont la mèmo personno, Ia coucessiou via-gère qui lui est faito porte aussi le uom clobienfait Lapratiquecroissaute clu bénéfico fit clisparaitr.e un grantl. uonbre tlc petitespropriétés. C'est sous les espèces du bénéfico que Io petito.pro.priété fut absorbéo par la gr"antl.o.

Le bénéfics ou Lrienfait était aussi uu acto de lo vio pr.ivéo.

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PETiIODE FIùANQUE

Quelles clue fussent I'origine et la nature du bénéÎice, iI entrai'nait la clépendanco vis-à-vis clu concossionnaire do celui quiI'occirpait.

Le béuéficicr et la torre étaient aiusi daus un rapport de

sujétion analogue. Dès'que la terre cessait d'être la pleine pro-priété de celui qui I'occupait, celui'ci cessait d.'êtro un hommelibre. La propriété ot la liberté suivaieut une marche _parallèlo.Le bénéfice et la sujétion étaient intimement unis. Par la pra-tique du bénéfice, les hommes se trouvaient, vis'à'vis les unsdes autres, dans uno sorte d'hiérarchie. Les terres qu'ils occu-paient s'étageaient de même, les unes au-dessus des au-tres.

Lo préeaire prend la forme d'un prêt viager et n'est plusnévocable dans la plupart des cas. A ce golrre de aontratss'applique le nom de bénéfice, qui no fut, à I'origine, qu'unsimple bienfait. Les deux termes ne laissent pas d.e s'employera,ssez indifféremment.. Comme le d.it si exactement Yanderkin'clerc (r), le régime féodal nâitra de la combinaison du bénéficeet de la vassalité. A I'idée de la concèssion de Ia terre s'atta'chera celle clo < devoirs spéoiaux envers le roi >.

AdministratiOn. - Les rois francs divisent I'empiro en ptooineesqui prennont généraloment le nom de comté, plus rarementèelui de daehé ou,de marquisat. fls subclivisent les. proYinces en

centenies.À la tête des provinces, ils placent des ducs, des comtes, tlos

marquis, chargés de les roprésenter et d'exercer le pouvoir enlour nom. Dans les centenies, les comtes nomment des cente-

uiers. Los ducs, les comtes, Ies centeniers remplissent, chacunclans leur circonscription, et d'ailleurs sans sontrôlo réel, lesfonctions d'administrateur, de juge et t{o chef militairo. Ils ypergoiveut I'impôt.

Le pouvoir central s'oxerco par Io roi avecle ooncours do ses

leades ou fidèIes, tles nfssf domûnici of des assemblées coûnusssous le nom do champs de mai.

Les leuiles ou fidèIes sont des grands seigneurs placés sous 1o

patronage particulier'du roi, entre les pains cluquel ils ontprêté un s.crment spécial tle fiilé1it6. C'est parmi eux quo lo roiohoisit sos miuistres. Rôunis, ils lui forment une sorte cle couseil.

(i) Introductlon à l'histoire dæ irrstàtutions de la Belgique au mogen d.ge,

Bruxellos, {890, in-8o, p. {82.

4t

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48 CHAPITRE QUATRIÈME

Contrairoment àune opinion longtemps répandue, Ies champsde mai n'ont rien de populaire. Ils réunissenù, sut' convocationdu roi, les grands clignitaires laïcs et ecclésiastiques cle lEtat.Le peuple n'y est pas adrnis. Ces assemblées se tienuent tleuxfois I'an, en automne et au printemps. Laïcs et ecclésiastiquegy déIibèrent à part. on. soumet à leurs déIibérations diversprojets de Ioi sul lesquels ehacun est appelé à émettre son avis,sans néanmoins que le roi ee croie obligé de le suivre. Les loisainsi élaborées, rassemblées en un recueil tlivisé en ohapitr.es,portent le nom de Capitulaires.

Quant arrx rzrfssf dominiei,ce sont des inspecteurs envoJiés parIe roi clans les provinoes pour s'aissurer que les comtes, ducs etcenteniers aclministrent avec justice et conforménreût auxCapitulaîres.

Les mchimbourgs. - Pas plus qu'il n'y a d'assemblée généralereprésentant le peuple, fI n'existe de réunions provineialcs oulocales clui discutent ies intérêts provinciaux ou locaux. seule-ment, Ies eomtes choisissent, parmi les notables clos tliversescirconscriptions qu'ils administrent, cles groupes tle rachim-'boulgs ou assess€urs ch'argés de les aicler. clans re règlement dotous les intérêts judiciaires de la cireonscription. ces conseilsportent Ie nom d.e taehimbout gs. Voici cluel en fut le rôle,tl'après Vanderkindore : < Il paraît waisemblablo, écrit.il (r),que ce terme désignait seulement Ie petit gfoupement de ceuxauxquels était confiée Ia mission do préparer le jugement et ile leproposer au jury populaire. Les raohimbourgs étaient ainsi lespréeurseurs des échevins carolingiens; ils en diffèrent surtouten ce que les échevins remprissaient ces fonetions tÏ'une manièrepermanente, tandis que les rachimbotngs semblent avoir étéclésignés ohaque fois. r>

Mais les dues et les comtes ne sont resporrsables tre leursactes administratifs et judiciaires que devant le roi, les cente-nierÉ que clevant les oomtes. ainsi les ducs, comtes et oento.niers' qui représentent Ie roi, clont Ie pouvoir est absolu,jouissent également tl'une autorité sans limites légales. De Iàde criants abus qui exciteront les plus vives plaintes des popu-Iatious et seront fune cles origines cle la multiplication desimmunités.

({) VANDEnKTNDEnE, ogt. cit,, p. ,t8g.

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P-tqruoDE Fnari,QU,E 4s

L'immunité. - C'est Ia suppression, pourles ducs, comtes, cen-teniers, du droit d'exercer I'atlministration et la justioe dq,ng '

cortains d.omaines particuliers, d'y percevoir I'impôt, d'en com.mander les homrnes d.'arrnos.

Pour se protéger contre les insupportables abus comrnis pa,rles f onctionhaires, I cs évêquesr'les.abbés .et les grands seigneur.slarcs sollicitent I'immmité clni sou'Ie pent les garantir conheI'arbitraire des représen'tants du roi (r).

Dès lors, Ie grand propriétaire Êe substiûue aux duesrcomtes,centeniers dans son domaine où il cst désormais Ie serrl ehef etle seul juge, sous réserie dc ta fidéIité qu'il cloit au roi. Mais ilesf roi lui-mêrne da,ns son domaino.

En aecord ant I'immunité, le s rois ss montr'èr'ent imprévoy ants.Peut-être crurent-ils que I'immunité fortifierait leur autorité,désormais plus clireeto, plus personnelle.-En réalité, ils tlétnd-sirent Ieur propre admidistration et fortifièrent ponr toujoursle grand propriétair"e, élevé eu ra,ng cle fidèIe, tand.is que leshabitauts de son d.onnaine rlevena,ient ses suj.ets et eessaientd'ètre aeux du roi, qu'ils ne connaissent même plus. C'est ainsi,que I'immunité aété I'une des sources du système féodal.

Classes sociales. - Outre le roi, on distinguait qoatre eaté-gories do personnes orl slq,sses sosiales daue liwnpip desFrancs : le clergé, la noblesse, la .elasse dos hornmes libres,eello des serfs.

Ls nor. - Les rois ,mér:ouiugiens éta,ient ohoieis phr le peupledans oertaines familles illustres par I'ancienneté de leurnoblesse et par la haute réputation do leurs guerriers. [,esoldat éIu en qualité de roi était porté sur le pavois (espècedo grand bouolier) et promené trois fois autour du camp auxaealamations cle la, multitude. Clovis et ses sueeesseurs reçurenten outro 1o saere ou onction royale. A partir de ae prinae aussi,Ia royauté devint heréditaire.

({) c Puissance absolue etillimitée du roi dans le royeume, du fonctionnairedans sa cireonscription, nulle borne légale ni pour I'uu ni pour I'autre, nuldroit assur6 aux populations conl,re leurs gouvernements à tous degrés, lefonctionnaire apparaissant aux hommes cqmme.uD spoliateur qui s'enrichit àkeurs dépens, voilà les faits qui précèilent oi gûtoment l'immunité, qui pout-êfu0 I'engendreni. Oest de ce uiligu qu'olle Mrrggt. r

(Fustrr DB Cor,LÀr{cus, Iæ.Or:lgânæ dc la féaitahtL)' :

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5o CEAPITRE SUATBIEME

. L'étencluo du pouvoir royal varia avec les époques et l'énergio" des princes.

Ln crnncÉ. - Nous a,yolls vu Pepin Ie Bref et, Charlema,gueétabtir la tlime au profit tl.u clergé. Simplement recommaudéedaus un premier concile, Ia dîme fut imposée sous peinerl'excommunication par un concile postérieur.

La personno des prêtres était inviolable et leurs plopriétésplacées sous Ia protection des lois. Celles-ci punissaient tlepeines par"ticulièrement sévères les délits ou les attentats doutils étaient l'objet.

Les biens fonciers clu clergé, d'ailleurs siesmpts dc taies, uepouvaient êtro aliénés, c'est-à-tlire ehanger de maitres; il n'étaitpas même permis cl'en céder une partie. Telle est l'origirre cles

lriens clits tLo mafnmorte.Les églises, les monastères et les"clemeures des prêtr"es jouis-

saient clu dr.oit cl'asile en faveur des honricides, tles scrfs et tlesesclaves en fuite, ete.

LE rvonrnssn. - La noblesse était attachée à la possession

cl'un _clomaine foncier importaut. Comme le disait I'aclage :

point de seigneur sans teme.Les nobles clui vivaient à la cour clu roi portaient le nom cle

Ieudes ot fidèles. Les nobles de haut rang étaient connts souslc nom générique,de Darons.

Pour les distiuguer cles nobles de race franque, on donnait lenom de nobles gallo-romains aux gr"auds descenclus de lanoblessede l'époclue romaino.

Lns uoumus LIBnEs. - Les sirnples hornrnes libres apparte-uaicutn pour la plupatt, à la rac0 coutluéraute et se roncon-tralent principalemeut parrni Ies pctits propriétaires.f Is ovaient,corums les nobles, lo droit cl'assister aux mâls. Leur nombredécrut rapidement.

I-,rs ssnns. - Ceux-ci appartenaicnt toujours à Ia raco gallo-romaine. En général, ils cultivaicnt la tcrre au profit tlc leursvainquours ou remplissaient des officos servilcs auprès cle ces

clerniers.lustice. - Les délits et les crimes sont toujours considérés

comme.cles offenses personnelles. En conséquerrcs, la poursuited'ofice clevaut les tr.ibunaux se produit raremeut. Tout le mondeest libre, soit clo se faire justice cle ses propres ma,ius, soit tlerecourir" à la jtrstice publique.

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P.EIùIODE

Tnrnut.l,ux puBLIcs. - Les tribunaux présidés pn* tæ comtes

jugent toutes les causes pouvant entraîner la confiscation cles

biens, l'emprisonnement ou la peine do mort. Les centenierssiègent en des tribunaux clont le ressort comproncl orclinairc-ment plusieurs marches ou villages. Ils jugent les causes cl'im-portance secondaire. Ordinairemeut, ils cherchcnt à réconcilicrles parties, remplissant ainsi le rôle cle nos juges rle paix.

Charlernagne instituo aussi une coar du toi, tiibunal cornposéde grnnds seigneurs laïcs 1r; et d'évêques, qu'il préside lui-mêmô.La cour du roi ne juge clue tles personnagos appartenant à Iahauto noblesse.

La juricliction roya,Ie s'exerce sur les ecclésiastiques commesur les laics.

Tnrnunlux pnivÉs. - Inclépco6sprlent cles tribuuaux publics,il existe des tribuuaux privés, scigneuriaux ori. ecclésiastiques,clui rendent Ia justlce dans les clomaines jouibsant de l'inzmu-nité.

PnocÉnung. - L'accusé traduit clevant les tribunaux estd'abord astreint au serment, puis jugé sur preuves écrites ettlépositions des témoins convoqués par lui-même, non par lejuge. Les témoins ns déposaient pas sur les faits de la cause,rnais attestaient la bonne foi clu prér'euu. C'étaient rlescojureurs. (Àujourcl'hui, I'accusé est présum6 innocout jusqu'àla prouvê du délit ou du crime. C'est au ministère public qu'ilappartient'tle fairo cette prouve.) L'accusé peut être soumiseusuite anx épreaoes judiciafres ou jugement de Diea.

L'institution cles épreuves judiciaires est fondée sur lacro)'ance à I'intervention de la clivinité cn faveur du droit et dola justice. De là vient qu'on les clésigne sous Ie nom commund,e jugement de Diea.

La duel judiciaire, ou combat en champ clos, a lieu eutroI'accusateur et.l'accusé clans ure lice prépar.ée à cet effet.

Il existe uu grand nombre d'autres épreuves, parmi lesquellesnous citerons encore l'épreuoe par le feu et L'épreuoe par l'eaubouillante. '

L'épreaoe par le feu consiste, par exemple, à obliger I'accuséà travcrser un bfrcher en flammes. S'il le fait sans se brûlcr, ilest tenu pour innoeent.

(l) Connus roos i, nom de colntcs du palais ou palatînts d'oir est venapaladin.

5rFRANQUE

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5z dseprrnn quLrnrùun

Dans L'épreante pat I'eau bouillante, on loissc toiter au fondd.'une cuve d'e&u bouillanto û.D â,nrrsss ou tout autre objet. Pourétablir son innocence,I'accusd cloit ploug:er ls bras dans la ouveet en retir"er I'a,nnea,u. Si, apnès trois jours, le membre qui a subil'épreuve ne présente pas do traces de brûlur.es, I'accusé estréputé inrrossaf,. /

P6nalités. - La péna1ité appliquée per lo. juge s'appelleuehngeld oa, composition pécuniaire elcompor.te toujours d.euxétréments : tnfa:id.a ou racha"t du drcit d.e vengeance a,u profit de]a famille du lésé et le fredazz ou amende au profit de la puis-sance publique pour atteinte à la paix publique (r).

La guerre. - Les Franos ne bâtlssaient pas de forteresses, b,e

combattant volontiers qu'en rese ca,mpa,gne. fl n'existait point'non plus chez erlg d'armée permanento : en oas tle guerre, tousles homnnes llbres devaient Ieservies militaire et se rangoaient àIa suite du eomte et dtr. roi. Les a,rmes des f'ranes étaient lejauelotrla franci.seyue ou haehe à double tranchantrla framée ouI'ance, enfln Le hang, espèee do pique à croohets rocourbés, euiIeur servait à saisir et à attirer à eux lo bouclier de leur ennemipour le frapper à désouver*t. Comme arnes défensives, lesehefs po,rtaient Ie boacliet etlacairasse.-la aavalerie est d'abortlpeu nonrbrouse Ghez 'les Francs; Cha,rles Martel fut le premierqui I'organisa.

Seiences et lettres, enseignement et beaux'arls. - f,es I'rancs uégli-gèrent absolument l'étude des scienses et Ia culture tles lettres,comme celle des arts. Ils n'estima,ient que I'adresso dans lemaniement d.es armes, la chasse et la guerre. Âpprendre à lireet à écrirs aurait paru indigue cto leur rang aux plué consi.tIérables d'entre eux,

Appréciant toute I'importance d o I'lnstr.ucf,ion, Charlemag!.evoulut créer des écoles. Pour so procnrer cles maîtres, il attira àsa, oour les savants étrnngers.Mailheureugement, à aette époque,les hommes instrldtg étaient rarss partorft et il n'en tfouv&guôre quo deux : un moine anglais, nommé Alcuinr.et lo moi:re

(l) Les sommos attrûbuées Fâr les compositions dtaient si fortes que qui-conqus n'éteit pas très riche ne pouvait.les pâyer. Or, si le coupabte ne peutpayer, Ia loi prononce qu'il sora mis à mort ou qu'il deviendra l'esclave ds lafanilla gui a gprouvé un tlonmage

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pÉnroou En'ANQTTE 53

irlanclois Clément. Il mit se dernier à la tête de l'écolo quïlorgauisn dans son propre palais et qui,.pour cetto raison, reçut1o norn ù'école palatïne.It y plaça les fils do ses généraux et des

grands d.ignitaires de son empire. Il y envoya aussi des jeunes

gens de oondiùion moins élevée ou même tle condition tout à

fait modeste, Au retour de ses expéditions militaires, il aimaità la vi.siter.Il encourageait los élèves studieux pa,r'la promessede sa faveur et menaçait do son ressentiment les élèves peu

appliqués. Des écoles furent constituées également à Tours età-Metz, représentant en quelque sorto, de même clue l'écgle,palatineo mais avec bien moins de développèment qu'aujour-"d'hui, ce que sont actuellenent nos écoles nomales parrapportà toutes les écoles primaires.

C'est sans doute à causo de ces faits qne Charlemagne, misplus tard, au nombro dos saints, est clevonuo en France, lepatron des écoliers.

lnstitutions religieuses. - Les 'Pays-Bas,'à l'époquo franque,sont divis,6s en quatæe diocèses : Utreoht, Cambrai, Tournai,Liége. Dans cette division ecclésiastique, on no tient aucunoonrpte de la longue ni de la raco. Les X'lamands et les 'Wallons

eurent ainsi les mêmes eentres religieux et par cette raison- s' af f aibli ssent sensibl omont I æ antip athie s o c easionnées p ar lest{ifférenaes lingrristiques ou eth:riques. Les Pays-Bas se trou-vèrent unis, préparés à bervir d.e point de sontact entre lacivîlisation roma,ao et la civilisation germanique.

L'évan'gélisation tles Francs fu.t I'æuvr"e des missionnaires (r)t

collaborateurs dévoués des évôques.Ir'institution des monastères a,rt vlre siècls aida. beaueoup à

sette évangéIisation. Saint Amand, moiue aquitain, fonda lesmonastères d.e SaiuLPielre et clo Saint-Bavonr au confluent do

la Lys et de llEscaut, Saint Remaeie fontta, Sùavelot ot Malmédy,Saint Bérégise eonstruisit Saint-Htbert, Saint Troltl Ie monas-tère qui pqrte son nom; Cest l'époque où les défrichementsse multiplient sous I'impulsion des moines, of les maraissont drainés, où les fermss modèIes qui sont les abbayes

({) Saint Feuillien et Saint Mononnous viennent d'Irlande, Saint Rombaut

et $aint lttillibrord rl'Angleterre; Sainte Weudru à Mons, Sainte Bogge à

Andenne, Sainte Gudule à Bruxelles, Sainte Gsrtrude à NTvellæ contribuentà répandre dans notrs pays les pribcipen du shristianisms.

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54c

CEAPITRE QUÀTRIEME

s'élèvcnt un peu partout" Les évêques soutinrent cette activitéavec zèle et persévérance.

- Un monastère au Vl[o .tn.,u. - Lcs moines bénédictins, s'appli.quant avcc aotivité et intelligence aux travaux agricoles, s'en-fongaieut au sein des solitudes, en des lieux couverts de forêtset de ruarécages, ruais propres à la culture. Ils y jetaient lesfonrlements de leurs monastères et s'occupaient tout aussitôt àtléfricher la contrée. Grâce à leurs effor"ts persévérants, debeaux jartlins, do ricbes prairies et des champs fertiles rempla-cèrent les bols et les marais tl'autrefois.

F.armi les moines, les uns exerç)aient surtout les métiersmanuels I les autres s'oocupaient plus particulièrement do prê-oher, d'enseigner ou d'étudier. Tout monastère était en mêmetemps uno éoole. Saus les bénédictius, beaucoup de procédésagricoles ou inclustriels, de beaux livres et dè chefs-d'æuweartisticlues eussent été porrlus.

Les prcmier.s monastères se composaient d.'une modesteéglise aclosséo à des bâtiments divers où logeaieut les moines etclui portaient le uom de cloître.

A proximité du cloître, s'élevaiedt des écuries, des granges,uu moulin et uno brassor.ie, uno forgo et do petits ateliers oùI'ou tissait le lin et'la Iaino, où I'on ssufsstisnrrait des vêtements,où I'on fabriquait toute espèce d'instruments et outils, aubesoin des armes.

Un peu plus loin, dans Ies champs, ou voyait, dispersées gàet 1à, les cabanes des serfs (serviteurs laïcs) du monastère.L'ensomble formait une sorte cle village, berceau par.fois d'unelocalité importante (Andenno, Mons, Nivelles).

Tout autour du cloître et du village, s'étendaient do vastesJardins, des prairies, d,es oampa,gnes, des bois.

Villes.- Urr graud. nombre cle Iocalités nouvelles apparaissentà l'époclue frauque ou prennent de I'importance. Le voisinagodes forts bâtis par les Romains à Gand, à Louvain, à Anvers, ùDinant, Namur, Ifuy, Liége, Maestricht, do certains relais deposte établis par eux Ie longdes voies militairesi se couyro pcuà peu d'habitations, berceau des villes d.'Ar.Ion, Gembloux, Per-wez, etc. Des agglomérations plus ou moins consiclérables ssforment également à proximité des monastères : à Bruxelles, àSaint-Trond, à Saint-Hubert, à Soignies, à Andenne, àNivelleso àMons; sur Ia mer ou au confluent des rivières, en dos lieux dont

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PEBIODE FBANQUE

la situation est pnrticulièrement favorable au comrncrce, po,rexemple à Bruges, que baiguent alors les eaux cle Ia rner.

Agriculture, industrie et commerce. - AcRtcuLTUnE. - L'agriculturefait de grancls progrès cn Bclgique pentlant l'époque frauque.Àu poiut clc vuc clc I'histoire cle I'agriculture, le siècto cle Char-lgmagne est mêmo considéré comme I'un des plus importants.Le règne de ce gmnd prince a surtout êté oaractériséo sous lerappor"t agticole, pnr I'introduction en notre pays cle I'assole-ment trïennal, Ce s5'stème tle culture consiste eu ce que touteter"rc gui, uuc prernièro année, a porté une céréalo cl'a,utomne,reçoit, I'année suivante, unc céréale de printemps, puis reste enjachère, c'cst-à-dirc se-repose Ia troisième année. Il laisse cloncen fticho, chaque année, Ie tiers des ter.res arables. Cet assole-ment sera employé à peu près seul cu Belgiquo perrdaut tout 1o

moyen âge.Les grands propriétaires foncicrs et lcs détenteur.s cle fiefs

font, dans leurs terres, des lots plus ou moins étenclus c1u'ilsclounent à ferme, soit à cles homrnes libres c1ui, par suite, setrouvent transformés en colons, soiô à des serls clont Ia condi-tion ressemblo à cellc des esclaves cle l'antiquité. On d.onne à ceslots ld nom d.e tenures. Les exploitants tles tenures sont astreintsà oertaines prestations ou redevances en nature, c'est-à-diro engrains, en pr"oduits tles étables et de la basse-corlr, en journéesde travail et en main-d'æuvre (corvées), etc.

Les tenancier"s tles petites oultured groupent otdina,irementleuls demcures autour tle la. villa du pr"opriétaire: Outre Iocorps de logis, eelle-ci comprentl d.e nombr"euses dépendances :

étables, granges, moulins, fours, brasseries, pressoirs, etc., laplupart utilisées par ôous los cultivateurs et, ouvr.ier.s tludomaine. Le maîtrc de la villa (r) exploite, au moyeu des cor-vées des eolons et tles serfs de la villa, les ter.res c1u'il s'estréservées.

Au Ix" siècle, Ia situatiou cles Pays-tsas est devenue brillanteau point de vue agricole; la répercussion de ce progrès écono-mique se fait sentir dans Ie clomaiuo commercial; les transac-tions se tléveloppent et se multiplient.

fNousrntn. - Au cours de la période fr"anque, I'industrie

({) On étond peu à peu ce nom à toute I'ag'glomération qui prend enfincelui de vitlage.

cc

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56 cHÂPrrRn quarRrÈMn

demeuro presque exclusivement domestique. Dans les chàteaux,villas et monastères, des ouwiers spôciaux stoccupent à confec-tionner les vêtements et les divers objets indispensables à lavie orùinaire.Âutant que possible a,ussi, chacluo ménagc do serfssatisfait à tous ses besoias.

Les principales industlies rur peu actives consistent dans lafabrication des a;rrnes, des bijoux, des vases sacrés et dos orns-ments sacerdotaux. Les produits de ces intlustries se vendentà tles prix exorbitauts. Une cuirasse ne cofrte pas moins ded.ouze btnufs et lo mors se paio uu prix plus élevé que le chovalauquel il est destiné.

Ajoutons quc ( daus les coirtr"ées flamancle ct frisonne, ainsique Ie clit M. Pirennc (r), une iudustrie incligène conl,r'ibua àalirnenter le commerce. La nature du pays lo pr'édestina,it àI'irrtlustrie drapière. Les draps frisons... nous apparaissent,durant touts la périocle carolingienne, comme cles étoffes do

Inxe destinées, comme le fuùent plus tarcl les clraps flamands,à I'habillemelt des gran^ds u.

Contunncn ET MoNNarE. - Charlenague-s'attaeha à'rétablir lasécur"ité des routei et des autres voies de communication.A eetto èpoque, I'argent monrrayé est ra,rel les ma,rchandisessont payées eu lingots etr 7a liore, en quelque sorte I'urrité moné-taire, consiste en une simple m&sse de métal tl'un poirls déter-miné. Vingt sous font / livro. Quant au sou, il vaut 12 deniersou. 4 liards, dits aussi doubles. Ces conventions demeureronttrès longtemps Ia base clu systèmo monétaire en Belgique eten France.

'L'usage cle la monnaie et les vestiges c1u'on en a retrouvés

nous montrent combion, à cette époque, Ies relations cornmer -ciales avec l'étranger. étaiont devenues habituelles. Les drapsfrisons, dont la néputation s'était répand.ue dans l'Europeocciclentale, constituaient un élément très appréciable d'expor-tation au rxe siècle. Nous sa,vons quo les Belges étaient encorrespondance d'affaires avec los pays septentrionaux. Ainsique le remairque si judicieusement M. Pirenne dans sa magis-fuale Histoire de Belgique, les rapports commersis,rrx entre nosproducteurs ou fabricants et les régions d,u Nor:d sont attestéspar plusieurs faits et notamment par" l'établissoment, près do

(l) Hî,stpîre de Belgique, t. [Er (2e édit.), pp. 30 et 31.

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pÉnropn FRANqUE 57

I'Eoluseo d'uno école de missionnaires destinée à l'évangéIisa-tion cles Danois (r).

Vis domestique, coutumes et mæurs. - Nounntrunn. - On ma,nge

beaucoup tlo gibier; Ia consommation de viande cle porc, debrebis et tle bæuf augmente; la volaille est fort recherchée. Unpetlt jarrtin contigu à I'tiabitàtion fournit quelques légumes. Onma,nge la viando à la mairr, pn y rnordarrt à pleines clents (e); lafourt,hette est encore ineonnue. Pôur boire, on se sert ortïinai-rement cl'une corne.

YÊmunnt. - Los hommes et les femmes se vêtent à peu prèsdo même fagon. Toutefois, les vêtements féminins sont pl'us

a,mples et plus Iongs clue les vêtements d'hommes.Le costume des paysa,ns sô réduit Ie plus soovent à I'indispen-

sable : uno blouso à oourtes manches, selréo à la taille et muniectun capuchon, voilà tout leur habillement. Cblui des grandsn'est g:uère plus compliclué : il se compose rfuno cotte d'étofleou rls pea,u serréo à Ia ceinturel d'une sureotte, manteau tom-bautl cles épaules jusqlr'à mi-jambe, et de cftazrsses, espèces dopantalons fort courts. Les campa;gnartls marohent sans,chaus-sures; les riches protègent Ieurs pieds par tle grandes bottesgrossièrement confeel,iouuées. Lhiver, Ieq pauwes se vêten't clc

peaux de chèvre, do lapinrr de brebis, etc.; Ies riohes, de four-rur€s d'hermïne.

Illnttltrox. - La demeuro du-ser"f ou vilain com'prend troisd.ivisions :'la partio du bâtiment où il engrnnge ses récoltes;celle où il loge son bétail; son habitation tr)roprement dite,formée tlouno seule pièce.

Un grand foyer où Urûlent des sarmeuts I une marmite et unoroc pour en retirer Ia viande; une huehe, espège rle coffre onbois pour 1Étrir Ie pain .que I'on y gardo ovec les autresvietuailles; irne table, un brync ou des es€alfea.ux c{e bois; unmordier pour piler le grtufn ou rfn moulÏn à lrræs; eu grancl lit,un seul, destiné à recevoir tous les membres de la fanill-e et aubesoin l'étrang'en; tels sofrû la disposi'tfon et l'â,meuble.ment pri-mitifs dela mamse (3.) tlu serf, généralemenLeouverûede ehaume,.

Les gran-cls se eoûstruisent d'es Ëil;isons en bois égaleme:tt

({) Pnrnun, op. eit,, p, 39.(9) La cuilter fut connuetrès tô[., tron'la fourshette,(:t) IfCIh tbr a fait mniaon

-l

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58 CIIAPITRE QUATRIÈME

formées cl'une pièco unique. Chez les principaux seig:rours, iIexisto parfois, à côté d'une salle prinoipale, une ou cleuxchambres

Seules, les habitationscha.mbr"os. A proximité segrargesr bâtiments diversticlue, etc.

des rois contiennent jusclu'à troisgroupent les dépcndances :'écuries,serv{ùnt à logor lo personrrel domes-

Iflstr.ÀtroNs rroyÀLns. - Les rois franas vivont do préfércnce àla campagne. Ils n'ont donc pas, à proprement parler, de capi.tales ni do palais. Leurs demeurcs sont des espèces do rnétair.iesentourées . cl'étangs, de vergers, de champs, de bois. Ce sontparfois des villas assez somptueuses pour l'époc1uo, mais cluenos plus modestes fermiers d'aujourd'hui trouver.aiont à peinehabitables. Ils vivent, n-ou clu produit des impôls, clui n'existentguère, mais do leurs propres revenus, voyageant d'uuo- do leurspropriétés à I'autre, afin cl'en consommer les procluits surplace.'Monuns.

- La corruption des mæurs est extrême peudanttoute _la périorle franquo. Les grands, ambitieux, crugls, liber-tins, n'imposcnt a,ucun frein à leurs passions. L'histoire decette époque ne rapporte qu'g,sdassinats, divoraes, aotes déshon-nêtes. Boire tldvient un vieo général. En un mot, les m(Eurssont encor"e tout à, fait grossières. La brutalité en est laca,r'actéristique.

III. - Vue d'ensemble et considéra,tions générales.

Remontons tiux sources de la civilisation moderno.A n'examiner que superficiellement les choses, I'empire

romain semble beaucoup supérieur en civilisation présente eten puissance d.'avenir au mondo germanlque : ce n'est là qu'uneappa,rence.

Entrel'élément romain civilisé, mais corrompur vieflti, inféorléau principe autocratiquo, et l'élémsnt barbare, violent, désor-donné, mais jeune, plein de sève et de vigueur, attaché au grandpr.incipe de la liberté individuelle, I'issuo de la lutto ne peut êtredouteuse. Fatalement, I'eùrpire romain est condamné à dispa-raître clevant ia société germaniqrte dont les sentimonts, lesinstitutions, Ies mæurs contiennent en germo les idées et les

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pÉnronn FRaNeuE 59

institutions sociales qne nons reti'ouverons en développementaux différentes époques do notre histoire, et qui sont aujourd'huicelles de tous les peuples civilisés.

Lo christianisme surgit au moment où les deur mondespronnent coutaot. L'5glise, bien inspirée, se toume vers lesBarbares. Que d'affinités se révèlent aussitôt entre lo ohristia-nismo et Ia société gerrranique ! Le Christ avait, apportant aumonde la bonne nouvello, proclam6 l'égalité et la fraternité deshommes; enfants clu même Dieu. Les idées d'égalité, do frater-nité et de charité, propres au chr"istianisme, vont trouver rurpuissant eppui dans les principes d'égalité, d.e liberté et d'hu-manité si'chers aux Gcrmains. Et dans Ia suite, I'uuion desFranos barbares avec I'fùgl,ise, propagatrice <te hautes idéesphiiosophiques et humanitaires, héritière en mêmo témps tteco rlui rlérite d'ètre conservé de la civilisation romaine (lalégislatiou de I'empirer sorr régimemunicipal et la centralisationtls son gouvernemont; la littér'ature latine, Ics procédés agri-coles et industriels du peupto romain, ses beaux-arts, la poli-tosso do ses mæurs, etc.), engendrera uue société nouvelle mieuxorganisée, une oivilisation plus solicle ct plus brillaute gu'aucnnede celles clui I'ont précédée.

[:o premior pas clans Ia voie de I'union est I'allinncc de Cloviset de saint Remi, consacrée par le baptême dej Clovis et do seseompagnons d'armes. Cotto alliance a tles suites immécliatestrès importanteq des suites éloignées d'une portée iucalculable.

Grâco à I'appui prêté aux Francs pa,r le clergé catholiclue, IaGaule tout entière tombe entre leurs mains I mais, du mêmeconp, l'Églis'e ressaisit toute I'autor"ité qu'elle avait perdue surltis populations du centre et clu midi de la Gaule tlepuis leursoumission àux Bour'guignons çt aux Visigoths, sectateurs del'arianisme. Pa.r Ia suito, elle use de la. grande influence qu'elleoxerce sur les chefs. francs pour sauver de la destruction donombreux trésors littéraires ou artistiques. L'Egliso réussitaussi à maintenir, au moins claus les villes tLu centre et tlu miditle Ia Gaule, le3 tois of I'aclmiuistration romaines, I'autoritéayant été naturellement abandonnéo aux évêques, en beaucoupcl'endroits, après la chute du pouvoir im, périal romaiu.

Cependant les grands principes chrétiens tle reuoncemont etd'austér'ité, de mansuétude et de pardon, ne péuètrcnt quc trèsIentement dans I'esprit des Barbares. Les premiers â,ges dls la

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6o cHAPrrIrE quatnrÈun

société nouvelle paraissent mênle inaugurer une ère de mæursviolentes, cruelles et impures. Longtemps, I'EgIise cloit faireaux Francs les concessions que réclament Ia rudesse de leurscoutumes et la grossièreté de leurs goûts.

A Ia faveur cles quorelles clui déchirent la famille royale etaffaiblissent la monarehie,les maires tlu palais substituent leurautorité rnieux établie ù I'autor"ité méprisée rles rois. La diguitéde mairo du palais deviont m'ême héréditaire dans la famillebelgo des Pepin.

La brillante viotoire remportée par Charles Martel à Poitiersnoù se mesurept deux races, deux philosophies, deux civilisa-tions, grandit I'autorité cles maires .clu palais de toute lareconnaissa,nce des nations chrétiennes. Pepin le Bref, fils doCharles, peut se faire proclamerroi à Soissons en75t, fonrlantainsi la dynastie nouvelle des Carolingions.

Sous Charlemagne, la puissanco des Francs atteint sonapogée. Charlemagne relève lempire d'Oscident (8oo)et eherchoà établir, par le despotisàe, I'ordro et I'unité clans ses Etats.Il veut l'rinité soeiale à côté de I'unité spirituelle, mais l'Egliseclans I'Etat, non I'Etat dans l'-Eglise.

Cepeuclant ses successeurs, en octroyant sans réflexion etsans mesure Io privilège de I'immunité aux grancls soigneursIaïcs et ecclésiastiques, ruinent bientôtleur autorité.

D'ailleurs, les leudes, en laissant renverser la dynastie méro-vingienue et en contribuant à grandir les maires du palais,avaient surtout voulu se garantir plus cf indépendance vis-à-visde Ia royauté. Ceux d'entre eux qui clétenaient des offices oudes fiefs s'autorisent de I'exemple cles maires du palais pourtransmettre héréditairement leurs fonotions et leurs terres ù,

Isurs fils. Et les maires clu palais, devenus rois, Charlemagnecomr.ne Pepin le Bref, sont le plus souvent obligés de fermerles yeux sur ces transmissions illégales, tolérant ainsi oe c1u'ils

n'osent empêeher. Semblable toléranco, sans consa,crer encorerrn clroit, introduit peu à peu clans I'empire le principo de

I'hérédité des fiefs et cles offices. Elle prépare le capitulaire do

Kiersy-sur-Oiso (8lZ), qui, assurant aux fils cIe certains sei-gneurs (ceux clui prendront part à une'prochaino campagrre err

Italie) I'héritage dos fiofs et d.es offrces occupés par leurs pères,ouvrira officiollement l'ère de Ia féodalité. D'ailleurs, Ia pi'a-tique excessive et abusive duprécaire et de la recommandation

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pÉnropr FRANqTTE . Gr

faisaiû disparaîfre peu à peu. Ia petite propriété, superposautles terres et hièrarohisant les individus, r'un des ca,raotèr,,esessentiels de la féodalité.

NouoNs D'Er{r?ornn c,ÉuÉnnlu (r). - L'empire romain en déea-dence, envahi par les Barbares, se moroelle en un certainnombre d'Etats ; nne première division s'était opérée en Bg5 à lamort 6[s l'smpereur Théodose : ro lempire d.'occident (c'est celuiqui intéresse I'histoire"de riotæe pâ)'sr les Francs s'yétabliront, ainsi que dans toute la, Gaulen et a,près une périoilode tâtonnemeuts recomm'eneeront sur les bases romaines avegdes idées germaniques une nouvelle civilisatioir); po I'empired'Orient sera attaclué aussi par les Barbares *tr fsrfsmentn.moindri par les Arabes.

Le christianisme se répand en Europe occidentale à mesurequo s'organisent et se consolident le pouvoir papal et I'Eglise.Au cours du vtlte siècle, le chef des Francs'fera alliance aveclapapauté; à partil tls ce moment, I'histoiro entrera dans uuophase nouvelle.

RÉsuuÉ syNTBtÉTreuE DE LA pÉRroDE FRAN0uE.

Depu,is la anquête frunque (uers aSOj ju,squ}eu pa,rtûge de L,empire deCharl,emagne (trai,té de Verdtm,846). Durée approæùnatiue : A00 ans.

â. Époçun uÉnovnicmNNu. - Depu,is l,a conquête de l,a'Betgique parCl,oùion et L'auènement de Mérouéeo fondateu,r de la d,ynastie mérouin-gienne(uers 4û0), ju,squ'au, aou,ronnentent de Pepf,n Ie Bref, chef d,e l,ad,eusièm,e d,ynastie, dite carolingienne (782). Durée appronimatiue :600 ans.

{. Alliance de l'élément barhare et, de l'élément chrétien, de Cloviset'de saint Remi.

9. Fondatiôn, par Clovis, de la monarchie française (4Bl-Blt). Con-version des 3'rancs (ve, y1c et vfis siècles),

3. Abandon, par les rois fainéants, d,e leur autorité aux mains desmaires d,tt, palais.

4. Bataille de Poitiers (762) | eollision de deux races, de deux philo-sophies, de deux eivilisations I l'Europe sauvée du joug musulman.

({) Nous estimons qu'il ost indispensable, pour les principales périodesd'histoiro de Belgique, de compléter leur exposé idétaillé pap un canevastrès sommaire d'histoire générale, do manière à mieux situer les faits et à nepas détacher arbitrairement l'étudo du pass6 de notre pays du cadre danslequel il évolua.

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6z oEAPITBF SuernrÈlrn

S, Avènement de Pepin le Bref (?5?), fondateur de la dynastie caro-ling{ehne.

B. Époeun cABoLrNcrEnnn (iSZ-e4O .- Depu,is Xquèientent de Pepin teBref (151) iusqu'au traité Qe Yctûry(843), quir!ùA lg partage Y f tl"'etrà deChàrlninagtne mtre tu trois fr'Is de Lou,is le Débonnui,re,.Dqtëe :-gLans.

n. nestaoration, par Charlemagne, de I'empire :d'Occidetit (800).

EflortÈ de ce prinée pour introduire i'ordre et l'unité dand Ses États.Son væu : étdbltr I'unité soeiale à côté de l'unité spirituelle,

2. Toléranse foroée de .Pepin le Bref et.de Son ffls-Oharlemagne àl'éeard des détenteurs des flefs,'qui les trâûsmet'tent héréditairemènt à

leùrs flls. Extension abusive du privi!ège de l'immunité. ,

5. Parbge de I'empire(traité deVerdun, S4!l) : triomphe de l'élémentbarbare sur féEment rOmain, des.prineipes dc déee[tralisation et deliberté sur ceui d'unité et d'autorité. ' ' )

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CHAPITR,E

. eÉnroDn n'ÉonELE (g4s-{ 106)a

-Depuis le partage des Étals de Charlenagne (traité de Yerdun, 8!3)- justlu'à l'époque des Croisades (vers {{00}.

I- - Les faits.

' Formation de la [otharingie. - À Ia suito du traité de- Yerdun, la partie du témitoire belgo qui devait plus

tard forner la X'landre, appnrtinû à Charlos le Chauvo.et, désormais, releva d.e Ia France. Le reste de la Bel-gique revint à Lothaire. Elto_ fit paftio du territoiroquir- d.u nom- d.e ce prince eù de son fils et, successourLothaire-II,pritplus.tardoeluideLotharingie.

.Lee Normands en Belgique. - Si les Pays-Bas avaientbénéficié cts la civilisâtion carolingienne plus qu'au-tune autre partie d,o I'empire, ils étaient aussi plusexposés à I'actio\des qouses q.ui occbsionnèrent sachute.

Facilement accessibles p4r les larges embouchuresde leurs flguves, couvertgs de riches mona"qtères, d'opu-' lontes-villas et de résidences royales nombreuses, nosprovincés offraient, à"l'avid.ité d.es Normand.s, nneproie préaieuse ot facile."

V. Mirsuet et Ch. Peryameni. - AisL tle Belgique.

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64 CHAPITRE CINQUIùME

Yenus du nord de I'Europe, ainsi que I'indique leurnom, ces nouveaux Barbares sortaieut du Danemarket do Ia presqu'île seandinave, d'où leà ehassaient Iomanque de ressources et I'appât du pillage. On lesvoyait, sur de légères embarcations, remouter lo coursd.es fleuves de I'Europe occidentale. Àprès avoir faitchoix d.'un lieu de dêbarcluernent favorable, ils tiraientleurs barques"Fur Ia rive, puis les clisposaient, 'en guisede rompart, autour de leur camp. R,épandus ensuiteaux .alentoulsn ils,y promonaient I'iucenclie et la-mort,après avoir 'ehoùsi }es ,o,lujots de valeur susceptiblesd'êtro omportés. Yilles, bourgatLes, villages, fermes,tout était mis à sac et brûlé. Sans considération d'âgcoi de sexe, ils égorgoaient, noyaient, pendaient leshabitants'du pays que la fuite n'avait pas soustraits.àleur fureur. Ils ne respectaient que la vie des plusriches, Barco c1u'ils espéraieut obtenir une forte rançon.Leur butin rassemblé, ils s'éloignaieut alors pour ren-trer dans leur patrie et vivaient de co tlont ils s'étaientemparés. Aussi, Bar I'apBât de nouvelles razzias, ustardait-il pas à se former d.e nouvelles baud.es de pil-lards farouches et avides, contre lesquels s'élevèrentles ehâteaux fortifiés, moyens de défenso très légi-times à l'origine, mais instrurnent d'oppressioir flu pro-fit des puissautsr pâï Ia suite.

Cependaut, Arnoul do Carinthie, r.oi de Germauio,attaqua les l{ormands dans leur camp retranché dsLouvain et remporta sur eux une éclatante victoineen 8gr. Ils abandonnèrent alors le sol de notre FaXS,'au grand soulagemsnt dos po,pula.tions. Mais telle avaitété l'épo.uvants génera"lo que" plusieurs siàcles durant,nos ancêtres rêpétaient eucoro cette prière : De Iafureur des Nornands, délîurez-nous, Sei,gneur !

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FÉnroup rÉouar,u

Rêgime fêodal. - Origines, eanaefèr€s,conséquenees.

La féoclalité ne s'est pas constituée brusquement; ses élé-ments peuvcnt se rctrouvcr dans le passé et nou's nous Ia repr'é-senterons commc la résultnnte cT'uue Iente et comploxe évolu-tion (r). EIIo se caractérisc pu Ia tenclancc à I'hérédité desfonctions, à Ia fixation clcs contlitious; clle s'établit sur Iadoublc base de Ia propriétô foucïère ct clc lâ, souveraineté jus-qu'au point cle les rcnclre inséparab'}es r eITe sera Ie morcolle-rnent tlu pouvoir comule cllc sera Ic morccllement des terres enculture; Ia, rnultiplicatiou rles irntuunités en créarrt cle petitstlornaines quasi indépenrlants clans I'cmpiren lo royaumc ou laprîlcipauté, en lavorisa Ie plein épanouissement.

ie régime fréoclal rcposc snr Ia recommandation et Ie béné-ffce; Ia premièro clo ccs notions, résultant directement clubesoin impérieux rle protcction dans une société troublée, éta-blit un lien personnel cntrc Io protccteur et Io rcoommtndé; Iaseconclc est un lien réel ou ruatériel : le bônéfice est hér.éclitairedès Ia fin du xe siècle.

De Ia combinaison cle ces deux ropports naîtra Ie régimoféoclal (:r).

Hiérarchio f6odals. - Les .mcmbres tlu corps social vivaient, àI'époque clo la féodalité, dans un rapport mutuel clo supérior"it6et de dépendance. C'est I'un cles caractères essentietrs dusystème. Aussi a-t-on parfois ttéfini la féodalité ci un état poli-tique daus lecluel toute terre dépencl d'uno autrs teno, touthomme cl'un autre homme >r. Le scrf clépencl cle son seigneur,colui-ci, de cluelclue autro seigneur plus puissant, Iequel relèveà son tour d'un comte ou cl'nn duc,- Iui-mêmo clépondant rlu roiou de I'empereur. Le seigneur qui rclèr'e cl'un autrc est Ie uassalde celui-ci, qui est le suserain du premier. Les sôigneurs, vas-sa,ux directs du roi, portent Ie nom génôriquo do Darons; les

({) LuclÈnu, Hï.staùv ùu moyen dge (Bruxdtæ" Lù$ue); Fp', æ el sui{r-(2) Àinsi que I'oxprime si exactemc{rl [I. LecrÈRD,Ioa. cit-, p- 91, ( pour

mettre uo vrssal à même de remplir ses oùligations db firtélitén le seigneuc lui,remet une terro (ou autre chose) en béaéfteet.. Ëa féodelité est un gcanitpatronage r.

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66 CEAPITIIE CINQUIEME

autres s'appellent simplement cheuah'e.rs ou sfres. Tous, d'ail.lours, prennent Io nom clo leurs terres et les font précécler destitres do comte, duc, marguis, baron, attachés à ces terres.Partout aussi se manifeste I'union intime de laproprîété et cleL'autorité. Pas de tette sans ser'gneuî, pas de seignear san.s terte,devient un axiome de droit social.

Hommage et invesliture. - Avant d'eutrer en possession dg soufiof, Ie vassal cloit se soumettre à'la cér.émonie de I'hommage.Tête nue, et sans ilt"mes, il se présente devant son suzerainr.pliole genou rlevant lui, se déclaro son homme et lui enga,ge sa foi,c'ost-à-dire prête entr"e ses mains le serment de f.délité. Le prinoelui accorcle alors L'inoestiture t1u fief ; en d.'autr.es termes, il luiregonnait le droit d'exercer sur cs fief I'autorite féodalo. Commesigue de cette autor.ité, après lui avoir donné l'accolade, il luiremet tantôt un sceptre ou une épée, tantôt une piorre, unebranche d'arbro ou une motte de gazon.

Contrat féodal. - Lo vassal et sou suzerain contractent, I'uDà l'égartl de I'autro, des obligations réciproqueÀ. le vassal estastreint : ro à suivre son suzerain à Ia guerre; 2o à lui paycrcortaines aides (r), parmi loscluelles l'aicle de rançon (sa partdaus la rangon clu suzer&in fait prisouniet), l'aïde de mafiage(somme à payer par Ie vassal lorsque le suzeraiu marie I'unede ses filles), L'aïde cle eheaalerfe (à payer par le vassal quancl leisuzerain arme chevalicr son fils aîué); 30 à reconuaître la juri-diotion ds son suzerain, c'est-à diro le clroit, pour celui-ci, clelo faire juger, le cas écL.éant,, par sa cour. cle justice I (o à preudrorang, lorsqu'il en est requis, parmi les juges de cette cour clejustice.

De son côté, le suzerain cloit à son vassal proteetion et justice.Ainsi, il y a ongagement rnutuel, avec reconnaissonse clo clroitset de devoirs réciproques. Chacune cles cleux palties contrac-tantes s'engago à rospecter les uns, à s'astreinclre aux autres.Mais il y a, utre sanctio4 (z) à ce double engagement. Si Io vassal

(,1) Par aide, on entendait toul,e espèce d'impôts. 0n prélevait particulière-ment l'aide en argent dans six cas déterminés : {o quand le seigneur va encroisade outre-mer;2o et 3o quand il marie son fils ou sa .fillel 4o quand ilarme son fils chovalier I 6o guand il est appelé à la cour de I'empereur ou 6o àcelle du roi des Romains (héritier présomptif de la couronne impériale).

(9) Circonstance qui empêche ou punit la violation.

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PEBIODE FIIODALE 67

ma,nque à scs. tlevoirs, il peut ôtre cléclaré félon (coupable dofélonie ou cle forfaiture) ct puui par la coufiscation cle son ficf,Si le snzcrain manquc ou sicn, son vassal se trouvc délié d.aserment de fidéIité qu'il Iui a prèté. Lui-mêrne peut être cléclaré' déloyal ou coupablo clo d.éloyauté, ce clui entraine sa déchéance,c'est-à-clire Ia pcrte cle scs clroits cle strzoraineté sur le fief desou vassal.

'Iel est lc contrat féodal.Le,système social qui morcela notre pays en une infiuité de

petits tsr.ritoir.es, gouvcrnés arbitrairement par cles seigneursrelevant d'autres seigncurs plus consiclérables, ou clu souverainnporte le nom d,e féodalité. Il dornintr, en Europe clu rxe allxlve siècle I mais son existeuce se prolongea, par certains usageslégaux, jusclu'à la grandc Révolutiou.

Origine, organisation et aecroissement des grandsflefs de la Belgique pendant le Xo et le XIo siècle.

'Transformations successives dc la Lolharingie. - Après la bataillscle Louvain, la Lotharingie forma cluelcluo temps un ro)'aurneautonome sous des princos de Ia famille cl'Arnoulcl. Le clerniorde ces princes étant mort sans postéritô, un seignour lothatin-gien, nommé Régnier au Long Col, réussit à plaoer théorique-ment Ia Lotharingie sous le sceptre du roi cle France, Char.lesIe Simple, mais il clevint prgsquo souveraiu cle ia région com-prise entre la Meuse et I'Escaut.

En 925, Giselbert, fils de Régnier au Long Col, se révoltacontre le bienfaiteur clo son père et fit passer Is duché deLotharingie sous Ia soùveraineté nominale tle I'Allemagne.(EIle y demeura jusclu'à Philippe II et cle Char.les VI à la con*quête frança,ise de r7g(.) Giselbert obtint- le titre de cluc deI-,otharingic en 9e8 de I'empereur Henri I'Oiseleur.

Un clo ses successeurs, Bruuon, atchevêque do Cologne,voulant faciliter I'administratiou du pays, partagea Ie cluché(959) en deux partios : la llaute et la Basse.Lotharingie,séparées par le Chiers et la Moselle. La Basse.Lotharingie ouLothier comprerrait Ia Hollande, Ia provirrce rhénane et la Bel-giclue actuelles, moins Ia partie dc la Flanclre située à gauchedc I'Escaut et tlu présent canal de Terueuzen.

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6T' cHÀFmriE Orr(QrIrÈME

Godefioid de Bouillon. - Neveu cle Gotlefr"oitl Io Bossu, cluo de

Lothicr, Goelefroid cle tsouillon n'avait pas hérité de tous Issd'omrnincs de soir oncle, mais seulement cles seigrrcuries d.e

BouilTou et d'Anvers. Toutefois, grâco ù sa bravouro, fl no tarclapa's- à étenclro les limites de son motlestô patrimoiue. Dans laQuerelle des Inoestittres (r) il prit, contye Ie papo,- Ic parti cle

I'cmpcreur', ct, en r"écompcnsc cle ses scrvices, I'enrpercur luiconféra la rliguité tlucale clo Lothier (ro89).

Dansson gouverlremeut, Godefroid cléployatontcs Ies qualitésd"irn formo et sage arlministrntcur. Mais bientôt Ia prcmièreero'Éarle I'enlova à Ia Belgique.

Translormation du duché dè Lrthier en duihé de Brabant. Extension da

fa Plandre. Formalion des autres grands fiefs de la Belgique. - Après Iamort dc Goclcfroid cle Bouillon, an"ivéo cn rroo, le cluché deLothicr fut donntô par l'crnpcreur FIcnri IV à Hcnri Ier, comte cle

Lim"lrotu'g. Le fils de I'curlereu.r s'élnut révolté c.outre son pèron

Io eluc Ilcnri prit la dr4fcnsc cle son 'bienfaiteur. Ilalheurcuse-ment, lc solt des-armes fut défn,r'orable à cc dernier et Henrivit Io uouvcl empeleur attribuer son tluché à Gotlcfroitl IoBarbu, comte cle Louvain, eu r ro6. Uuc longuo lutte ôclate alorsentro Ics clcux rivaux ct sg continue eutre lcurs succcsseurs" Ala fin, nprès un clerui-sièclo rlc guerres, un accordiutervieut cluirécorrcili<l les clsux fomillos rivales : Gotlefroitl !LI, petit-fils tloGorlefroitl lo Burbu, d'uuc 1tart, Ifeuri II clc Limbourg, d"'I'antre, oonvicnneut ile coûscrver le titro de duc, chacun dansscs Ettôs porsonnels, et tlè sc partagér' les clroits afférents à ce

titrc'snr les divcrses principautés clui se sont peu à peu forrnéesdans Ic <lnehé clo Lothier (1t55)-

n(aisl;c titre tle duc n'ajouta rien à I'autorité cles dcux corupé'titeurs. Les prétentions c1u'ils firent valoir sur les parties méri-dionrles de I'alcieu cluché fureut repoussées avec énergie parHenri I'Aveugle, cotnte tlo Namur ct cle Luxembourg, et parIlautlouiu Io Corirageux, cordto cle llainaut; Goclefroicl III futItattu à Cu'nières on r r7o, ct'Heuri d,e Limbourg perclit, cn rrTrrIa lratalills tl'Arlon. Le tcrritoir"c lothoringien se rétluisit douo, à

(!) Lbrnpereur Henri tV et le pape Grégoire YII voulaient égalemenbattri'buef lês liefs ecclésiastiquer (érêchés el, abbayes) au spirituel et au temporaL

C,es prêtentions inconciliables furen-1, l'occasion d'une gueme qui reçut le uom

de Querelle d,ec Inuætitures.

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BÉmopn rÉonlr,n

partir cle ce moment, aux quatro quartiers cle Louvain, de'Bruxelles, d'anvers et do Bois-le.Duc, c'est-àdire atduehéde

Erabant, nom qu'il prit clésormais.. .En ce qui corcerne la partie clo la Belgicluo dépenclanto du

r.oyaume cle France, elle fel.rnait, clepuis le milieu clu Ix€ siècle,

sous le nom cle cor-nté cle Flantlre, uno puissantc principauté'Le premier comts cle Flauclro fut un genclre clu roi charles

lo chauve, nomné Bauclouin et surnomm' Bras de Fer à ca;qrso

cle la vigueur aveo laquetle il comba.ttit les Normaucts. I1 reçu6

de son beau-père, a,vcc le titrc do comte, le gouvernemcnt do

toute la contrée située entre I'Océan, la Canche et I'Escaut' Ce

Bays prit alors et conserva d.epuis le nom de Flandre, Ie scul des

grancls fiefs français clue la monarchie frangaise ne réussi'&

jamais à réabsorber.La Flanche s'a.gra,n,clit, nu tlébUt du xle siècle, de Ia Flandre

impériale, régiou comprise cutre I'Escaut et une limito clue sui'

vent aujourtl'hui Ie canal de Telneuzen tl'tltl côté, la Dench's et

' I'Escaut, tle I'autre"

- ailsi, il 1'y eut d'abord cn Belgique que tleux grancls fiefs : le

aomt6 tle Flaqrh'e qui dépendait clc la Fçancg, et le tluché rlo

.Lothar.ingie clui relevait de l'Allemagne. Plus ta,r"cl, la Lothariu-gie se divise eb I'ou y clislingue six fiefs principaux : le d$ch6

do Brabaut, compre:rant le marquisat d'ADvers I lo cluché dc

Limbour.g, les comtés cle llaiuaut, cle Namur of do Luxembout'g

et l'évêché de Liégc.Quant aux fiefs de second, de troisièrne et mème de quatfièmo

. ortlre, ils se multiplieut à I'infini taut en Lotharirrgio Eot'cn

t'Iartdle. Néaumoins, chacluo fief, graud ou petit, ssus'fifus rtrr

Etat tlolt Ie ehcf oxerce un pouvoir à peu près absoiu'L',histoire clo ces principautés ne préscnte guèr'e de faits trlel-

quants rvant l'époque des croisacles.

I. - civilisation.

.Propriét$ toRcièrg. - Au commeucc11eut tlu xo siècler il u'çxistoplus guèrc que clo grancles propriétés terriennes, des fefs et' ùes

tennres (terres cultivées par lcs serfs et appelées aussi een-

sr'ues Ir]). Toute terro est hérér.litairQ.

({) À rairon de la redevance ou cens dua par le détenteui" de la tenune."æ

làest dérivé ls terme censier,

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70 CEAPITTùE CINQUIÈME

En cas de vente ou de cessicin d'une terre, le principal pro-priétairo n'abancloune pas seulement la propriété du foncls,comme on fait cle nos jours, mais aussi tout ce qu'il porteet nourrit, les bêtes et les geus, Ies villes, les villages et los€ampaglles.

Adrninistration. - Le srlu-vcrain, roi de France ou empereurcl'allemagûe, exerce I'autorité clans les grands fiefs belges parf intermédiaire cl'un duc, cl'uu comte, d'uu évêque, etc.o qui luitloit le servico militairo et les autres obligations féoctales.

Les ducs, les comte's, les ér'èques, chefs clc grands fiefs, fonttlcs lois, renrlent la justi<le, battent monnaie, exigent le servicemilitaire, établissent cles impôts dans l'éteutlue cles terres clontils ont I'administration. rls y cloi-vcnt à chfcun protection etjustice.

Il faut distinguer, dâns claque principauté, le pays domanial,soumis à I'autorité directe clu prince, et lepays seigneurial, quidépend cle ses v&ssaux laTcs ou eeclésiasticlues. L'aclministra-tiou et la justice sont tlisùinctes dans Ies rloux pats.

Peu à peu se corrstituent, clans les pays domaniaux, cles subdi-visions terlitorîales appelées, selon les lieux, bailriages, pré-a6tés, châtellenies, maïries, etc., suivant clue Ie magistratchalgé cle les administrer et tl'y renclro Ia. justice au nom clupriuce s'appello baîlli, préoôt, châtelain, maire, etc.

Déjà lcs villcs possèdentun tribunal des éghevins char.gés tlegérer les affaires localcs ct dc renrlre la justioe aux hdbitants.

Les villes. - De hautes murailles flanquées dc tours cléfcnclentIa ville du xte sièclc. Un ohÉltcau fort Ia cloruine.

De distauce-er distarree,,une porte à pont-levis donne accèsdans ltr, cité. Çà el,Ià, à I'intérieur, on remarqou oo steen, espècede petito forteresse faite clo pierres, habitée par quqlque puis-sant personnûge. a côté cl'ello, cles maisons en bois ou entorchis,couvertes cle chaumc, parfois précéclées d'une cour, générale-tnent pourvucs clo jarclins et clo vergers, forment, au cæur clo laville, de véritablcs fermes. La plupart n'ont ui caves ni gre-uiers. Aucune no possèrlo clc chemihées ni de vitres. on fermoles fenêtres pa,r cles ridcaux cl'étoffe et dcs vorets cre bois. Lesrues ne sont ni pavécs ni éclair.ées lanuit.

Pouple des villes. - Dans les villes, il existe quolqueshommes!.ibr"es, nolrlcs ou non, citains à Liége, gens des ltgnages enBrabant, poorters en Flaudre, parmi lesquels se recruteut les

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pÉnronn rÉoper,n

membres des tribuuaux des échevins. La contlition clu peuple -. artisans clcs clivers méticls : tisserands, tannours, corclonuiers,ohapolier-s, armur"iers, orfèvres, €tc., Ia plupart issus de serfsfugitifs - y est moins clure quo cello des habitants cles cam-pa,gncs. Prcsquo tous les citadins possèdent au moins les droitscivils, c'est-à-diro Ia libetté d.'aller et de venir", tle possérler etde commercer.

Aspect des campagnss. - Charlemagne clisparu, les guerresciviles et les jnvasions prolongées des Normands tléciment eù

ruinent lospopulatiqns. Il on résulte une climinutiou cohsicté-rable dcs terres cultivées, les marais et les bois reparaissentbientôt sur tous'les points du pays. ùIais lorsque les popula-tions rurales oessèrent d'être inquiétées, elles se remirent avecconrago aux travaux champêtres, et peu à pou uno étendueimportante d.e bois et cle tenains vagues fit de uouveau placo àdes terres rema,rquables par )eur féconclité.

Claqses sociales. - Ln nol ou L'EIUPEREUR. - L'autorité du sou-veroin est lo plus souvent uominalc dans Ies grancls fiefs. Laféodtùlité est un régimc cle décentralisation politique, cl'émiette-ment de ia souvoraineté.

Ln cmncÉ.- A lui seul appartient I'administration de Ia bien-faisance publique. II possècle le monopole cle I'enseiguemcnt; ilperçoit Ia dime sur tous les procluits de I'agriculture, sur laIaino des moutons, sur Ie micl et la ciro cles abeilles, sur lesproduits t{e Ia pêche et cle toutes les iudustries. Il jouit égale-ment clu privilège du for, c'cst-à-dire clu rlroit, pour les prêtresof les religieux, d'être jugés par les tribunaux ecclésiastiques.

L'existence d'un abbé ou d'un évêque do l'époque féoclalediffère peu de cells des seigneurs laïcs. Il va ù Ia chasse; tientdes chiens .et cles faucons; officie seulement aux fêtes solen.nellos, quelquefois l'épée au côté, Ies éperons &ux talons, lacuirasse et l'épée tléposées sur I'autel. Au besoin il fait laguerro. Le plus souvent toutefois, il confio sa défense et Iecommanclement de ses troupes à un seigneur appclé auoué (r)ou -

oidàme, car les canons des concilcs lui iuterdisent de s'occupcrd.irectemenf tlos qucstions cl'ordre tcmporel ou séculier. Illui faut un-<Iét6gué, un représentant, un procureur. Evêques

(l) Cs. PnncÀunrr, I'Auouuîe eaclësiastique belge des orîginæ ù

7r.

boaryuîgnonne, &07.Ia ph'ioilc

Page 78: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

72 cHAFTTRE crneurÈnrp

et al)bés out cles cours cle justico et souvent peuvent battre*iill;

munication et tinteritit au moye^ âse. -Cout*o ceuxq,ui s'obstinent à lui <lésobéir', I'E$lise fulmitto I'excommunîca-lr'on, o'est-à-diro gu'clle Ies chassc de Ia cournnuuion clcs ficlèIcs.Voibi cu cluels terrnes cette pciue est prononcéo : <c l{ottsrcjetons uu tel do Ia sainte mèro Egliso...; c1u'il soitrnauclitelans laville, rnautlit claus lcs champs, mantlit tlans sit, maison...

u Qu'aucun clrétien ne lui pnrlo ou no m&nge avcc lui ; qu'&u-oun prôtre ne'lui clise la luesse et ne lui clonue Ia iommunion;r;u'Tl ait Ia sépulture cle l'âne...

> ct clc rnème quo ces torchcs jetées tlo'uoss'étqinclre, clire cle mêrno sa vie s'éteigne... r:

Chacun fuit clès lors I'excommunié : ses yass&ux

tcur"s, sa femme et ses enfants.Il arrivo cepenclant rlue des seigneurs bravent I'excomrnuni-

caùion. L'Eglise jette alors l'interdit sur lcurs domaines. Tousles habitants clo la scigneurie sont frappés en mômo temps quô

Ieur seigneuri. Los cloches cessent de souuer. On ue célèbro plusIes offices ni les mariages; les ruorts attendent sans sépultureà Ia porto des égliscs.

Ls pnupln DEs cÀlrrpÀGNus. -'Aujourd'hui, les habitants cles

eempagnes, comrne ceux tles villcs, sont libros d'aller et de

veuir, cl'acheter, de venclre, d'hériter", do tester et de so

marier, etc. Tous, intlistiuctement, jouissent de la ltberté indi-oiduelle et du droit de propriété. Les uus et les itutrcs consententIibremeut à payer les irnpôts, pa,rce quc clcs ttélégués choisisp'iÈr eux les out votés, los estimant justes et véritablement utiles1rou,r tous. Il n'en û pns toujours (tté da rnôrne. Les serfs, aumoycn âge, no jouissaieut d'aucirno liberté, tl'aucuu tlroit. Ils6taient la propriétê,la chose du scignenr sur la tene clucluel

ils avaient vu le jour, où ils vivaierrt, oti ils devaicnt mourir:L'arlrre ne tient pas plus au sol dans lequcl iI plonge ses

nacines qu'un serf ne tient à la terre de son maitre. D'où vientqulou le clit attaché à la glèbe (t).

[:es sorfs étaierit soumis aux droifs de poutsuÎte, de mariagean farmariage,, da ntainmorte, tlo capitation; ils étaient main'mortables, coruéables, t aillables

mains vout

et ses servi-

(4) Glèbe, sot.

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pÉnronn rrlopar.r,: '73

Lorsquc Io serf, uc pouYant supporter siÙ misèr'c, s'enfuit du

clomairrc de son seigueur, celui.gi a le droit de poursuite, e,est.

à.rlire qu'il peut le poursuivro et lo forcer à revenir habiter sa

terre.Le serf nc peut so marier sans I'autorisation de son seigneur'.

Pourl'olrtcnïrriltloitpû,)'eruutlroitclomatiagetaugmcuto'dtt'droit de formarfag", sila servo qu'il ôpouso est étrangère à I*seigueuric.

Alamortclesonser"f,leseigneurlrér.itgdetousseslrieus:lgmisér'ablc u'cst'il p*s mainmortalile (t)7

Le <lr.oit cle maiumor.ts tlevicuÛ celui de meilleal catel (zl

lorsqu'il sc réthiit Pour le seigneur au droit de s'appropfier lo

meillcur des meubics laissés par 1o serf cléfunt; par exemplc 1a

meillcuro charrqo, le plus bcau bæuf tls l'établo, cluelcluefois

I'uniclue vachc clont vit toutc la farnille'Les scrfs étaicnt gncorc astroints à paJ'er un ch'oit de capfla'

fion ou irnpôt par tètc qui los assimilait cornplètemcnt au bétûil.

Les serf^s sÀl corréables.' leurs maitres peuvent clisposer, â'

leurprofitctsausr.érnrurérationaucurrc,cleleurtcmpsetd,elerrrtravail(3).S'agit-ildebâtirntler'estaurer'lechùteauduseigucur ou ses dépcudances, clc coustriuire ou cl'eutreteuir lcs

chemiusrréuessairespouryarrivcr,clecultiverlester'rcssci-gneuriales, tl'cn r'écolter les denrécs, etc', sur'le-champ le scrf

à,>it sc mcttrc à Ia clispositiou tle scjn'maîtro, abatdonuor ses

travaus les plus pressantsn parfois laisser périr" ses grains 'ou

scs foius. Si, daus tlcs chemius irupraticables' il crèr'o sou

choval ou son bæuf,"il en est pour scs frais : 1o seigneur ûe lui

cloit, pour l& cause, ni rétribution ui inclemnité

Les sclfs sont faillables (0, c'est-à-clire qu'il est perruis à leur

(L) Légende. 1,s1.squ'utr serf est mort, on lui coupe la main droit'e' qn hpo.té au .eigneur. Dis ce momeul, corlrno elle ne peut plus rien tenir' ni le

terre ni les autres biens donl, leserf aioui de son vivanl, comme elle est unc

rnainmorte, tous les bions du serf dérunt deviennent l'héritage du seigneur' -

p) ewel de cneprcï, rt..u At jurisprudence ancienne pour désignen un e ffet

mobilier considéré lictivement corme tel. 0n râconte qu'Àdalbêron, évèque

de l,iege, entendit o"ioot uo, p'uu"t fÊmme, don-t.l.e màri venait de ruourir"n

sg lamenter parce qu'on avait enler'é sa charrue. L'érêque aurait' alors stlp-

prirré le rlroit de mainmorîe dans tout le prys de ],iége lLl11)t titre de gioi'e

qui f ui æt l,outefois conteslé.(Yoir\trl,uuns, Libettés cimninunales, p' 394, t'I"r')(3) Ce lravail gratuit du serf portait le nom de coruëe'

(4) ta taille était, ainsi nommée parce qu;on n'en donnait pas do reçu, æais

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74 CEAPITR,E CINQUIÈMD

seigneur cl'établir.sur eux plus ou moins d'impôts qui se paientsoit en argent, soit, lo plus souvent, en uaturo. Lor"squo le sei-gneur peut imposer à ses serfs autant do cor"vées et cle taillcsqu'il veut, on clit que les serfs sont coruéables et taillables ùmerci.

ce qui constituo Ia taxo.du servage, c'est Ie quadruple clroitd'e suite, d,e mariage, d,e mainmorte et de capitation Les corvécs,Iés tailles, Ies banalités ou autres droîts seigneuriauæ rendentIa situation du scrf particutièrement misérable

sur le peu cle blé que lui laisse ra voracit6 cles lapins et dcspigeons (r) clu seigneur, il doit abantlonner à celui-ci Ia sell-tième gerbo (droit d.e charnpart), au curé, la ciixièmo (ctîmef :tlouble prélèvement bien onéreux déjà. Toutefois,.combien il sotrouve loin clo compto ! Pcut-il manger son blé.eu ger.be ? ForceIui est tlonc bier-r d'emprunter, pour lo battre, la Erange sei-gneuri.ale, Ia seulo d'ailleurs qu'il lui soit per.mis cl'employer.avec quel arner rcgret, lc pauvr.e ! Il voit cle _ce chef diminuerencoro sa rnaigre part ! n n'en a cepenrlant pas fini, car quefaire pour échappcr au nroulin d.a seîgneur? sans moudre songrain, comment en tirer la farine? De là nouvelle redevanco etr@ductiôn nouvelle. Enfin, le four seigneurial rcçoit Ia pâtepétrie par la femme clu malheureux; celui-ci en retir.o quclquespains. Mais- jtsqu'au bout.te m'aitre impitoyable guette sa proieet d'une main avide enlève au misérable son seizième pain.

Mais cet usage forcé et dispenclieux de Ia gr.ange, du moulin,du four seigneuriaux s'étencl à une foule d.'autres objets âppar-tenant au châtelain. NuI ue peut fnbriquer du viu ou de la bièresans se servir cle sorr pressoir, sans emplo)'er sa brasser.ie; uulne peut acheter ou venclre ce qui tloit être.mosuré ou pesé sans

quoen certains cas, le percepteur faisait, à même hauteur, une entaille sur deuxmorceaux du bois dont, il remettait I'un au serf et conservait l,aulro.

({) r.e droit de chasse, dont les seigneurs étaient excessivement jeloux,causait le plus grand tort aux campagnes. souvent les moissons étrienidévastées par le gibier avant leur maturité. car, non contents du gibien ordi-naire, les seigneurs usaient volontiers de leur droit de garenne, c'est-à-dire dudroit d'approprier une certaine étendue de terre ou de forêt pôur s'y réserverdu gibier. ce droit avait quelque anarogie avec celui de coiombier ou droitd'élevero à proximité du château, une tour destinée à servir de refuge à desceltaines de pigeons appartenant au seigneur. pigeons et lapins vivaient auxdépens des récoltes, par suite sans frais pour té châtelain, mais au granddommage des pauvres cultivateurs.

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pÉnronn r'Éoner,n 75

so servir clo scs rnesurcs ou clo ses poids. Et toujours, il )' e u1e

rodevanco à poyer pour llusage do la chose empruntée. Lagranget lo moulin, le four, le pressoirr la brasserie, les poitls et

les mesures clu seigneur, se 'trouvant à Ia clisposition do tous,

sont dits banauæ, et les redevâ,nces à payer par le serf à I'occa,-

sion de leur usage s'appellent des banalitès.

certaines obligations cles serfs sont, toutofois, plus humi-

liantes ou plus singulièros quo péuibles. La légende no s'est

pas fait foute de les clramatiser. Tcllcs, p&r' exemple, suivant

les localités, I'oLrligation cle battre I'eau cles fossés afir.r d'empê-

cher les grcnouilles de troubler le sommeil clu seigneur; celle

d'aller faire la moue u1e fois l'il,n sur la terrasse du château,

ile visago tourné vers cclui-ci; cello cle monter au chôteau

à oloche-piecl et do baiser le locluet cle la porto; celle cle se pré'

senter au seigleur à des époques périotliques pour recevoir cles

soufflets ou pour so fairs tirerle nez et les oreilles.Justice. Droit de vengeance personnello. Guerres privées. - Le elroit

cle vengeanco personnelle subsiste pendant touto Ia tlurée

cles temps féodaux et clonno naissanee aux guerres privées.'À un

certain moment, celles-ci clevionnent si fr"écluentes ct si cruclles

c1u'on peut craintlre cte vgir nos ancêtres retougrer à l'état sau-

vags. car la gucrrc, à cette époc1uo, ne so fait pas seulement aux

solclats, comme aujourd'hui, mais à la population tout entière,

a,ux femmes comme aux hommes, a,ux enfauts et aux vieillards.[,orsc1u'on prentl uno ville, on la pille cl'abord et I'on en massacre

tous les habitauts; on la brûle ensuito. aucune propriété n'est

*espectéo. Ou incenclie les habltations ; ou'détruit les semences;

on brùlc lcs rôcoltes; on coupo les arbres; on empoisoune les

sources, los puits, les rivières. si I'on ne peut emmeilcr tout le

bétail, on en afuat une partie sur place. Presquc iuvnriablement,

iles guerres se terminelt pir la ruine et I'extermination cles

vaincus.Tr6ve de Dieu. - Eu. présenco clss maux occasionnés par les

*.uerres privées, l'Ég6se of les souverains s'unissent pour com-

.battre cette barbare coutume : ils établissentlatrêoe de DÎeu.

cette tr.êve stipule : lo I'interdtction de tout acte <Ic gucrre à

certains jours ou époques clo I'année, et uotammeut' le uendredi,

le samed.i etle ilimanclre de chaque semaine (r); l" I'usage des

:

-({) En tout, deux cent quaranto iours environ.

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76 GffAFITBS CIIVQUIEME

quaîantai&es, ou tléfenso de se venger cl'ua€ offcnse reçlue avalt'lo quar.antièmrc jour; 30 I'iuviolabilité du domiclle;.4" I'attri- 'butiou du tboit d's,sile û.oil seulement aux églises, maisà divers lieux publics, tels que les taveures et les lieux où.so tiennelt les mâ,ls,les foires et les marchés; 5o I'obligation.decousiclérer, comme étant en paix perpétuelle, les gcnB cl'église

- pr'êtres ou rcligieux - Ies mâ,rchands, les.labonreurs, lesfummes et les eufants; cello, pour. Ies belligérnuts,clc respecûerles églises et les monastèrcs, les 11srli',s, les ûerres.ensemencéesa,iusi que tou.s les animaux tlornesticlues, à l'expoption des che.va,ux, considérés commo particulièremcut utiles pour Ia grerr"û_

Tribunal ds Paix (1082). - Pour fair"o lespecterla trôvc de Die.u,on établit, en Lothar"ingie, sous les auspices cle I'él'ôquo deLiégeo Ilenri do Verdun, et de quolques autr"es granrls fcuda-taires cl'o I'empirer\a Tribnnal ile Paiæ. Le seigneur clui viole la,paix est passible d'uns cloublo pelna: d'un€ peino religierrse,I'excommunibation, et d'uno peino lemporelle, la, perte de sonfief, I

Do son côté, B,autlouin \rII, cornte d.o Flacndr.e, instituo lnPaiæ d.'.A.rcas (urr), qui a Ie nrême but.

Justico publfqtre. - Lorsqu'un noble cst eité en justice devanûson suzerain, oelui-ci coustitue uuc rorr de jastice fonnéo .ile.seigneurs païrs entro eux'et de rnêrnsrâng clue I'accustô. Ondonno à ces eours clo justice le norn clo coars allodiares qua,nd'elles so eo,mposent d.'olleutiers; celui de eours féoclales, si de

. simplos bénéficiers Ia comtrrcsent.nans Ies villesr la justice est reldue aux bourgeois par le ûri-

,b,un,al tles 6eh,ovins, {lue préside un agent du princo, préuôt,rnareur, bailli, etc., mtuis dont les rncmbres se recruteut ordiuai-lement ela;as un petif nombre- do granctres familles tle ta loealité.

Justico prirÉe. - T,Es TBIBUNAUX scctfsttstreugs. - L'offi.eialitéa seule le droit cle juger Ies procès dans Jescluels son:t impli-'qués cles intôrêts religieux ou simplemep.t ecclésiastiques. Lesofficialités jugent en outro les accusés ,cle toute alasse .et d'etout rang, <lan's les contestations relatives u,o* mu*i,oges et auxtestanents,'en matière de mæurs et d'hér.ésio, clo sacr.ilègo etde parjure,

. Les rutr,ruulux sndoNgu,nraux"_-- Jas,tiee à :I'Qgard d.es oilains. -Elle comporte trois. degrés z la basse, Ia moyenne,la, haute jts-tice. La basso justiee cor,r€s,po&cl à pe.u prrès ô *uHs,qui se nend

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pÉnroln r'Éoine'rg 7Ï

anjorn"cl'hui dans nos justic"" a" paix et tribulraux cle' simple'

poii"*, ma,is ss lolnogénéralemont aux contestations foneièrtes'; -

i" moyenne iustice, à cells clo nos tribunaux de premièro

instance, sans pouvoir y êtro assimilée exaetement' La ha'uteo

justice 'seigneuriale est la justice do nos' cours cl'assises. Le.

àroit clo justico d'un seigneur se révèle par tleux emblèmes : un

piloxi et un gibet, éIsvés cluelque part dans ses domaines' le-plou

,o]rocnt près de Ia grancle porto d'entrée cls son chàteau.

.ha procédure.. - La procédure à l'égartl cles vilains est rare-'

menteompliquée.D'ortlinair"e,Ieorimeoulodélitsontsuivirsd,une répression somm.aire. L'cxpression : sitôt pris, sitôi penilu,

peint avec autant ds forco que cle vérité les façons jucliciaires

ltarticulièrement expétl.i.tives de oertains barons. Tfop souYent

ie eaprice du seigueur règle seul le mode et la rigueur de Ia

répràssion. Il n'existe a",cune loi, auc'ne autorité capablo do

moilérer I'artleur cle la veDgea,nce clont il peut être animé et par'-

fois il imagipe mille procéclés tlo torture pour assouvir un

resseltimeut absolument injuste. ulr serf a-t'il le maJheuf clo lui'

dépla"ire, il Ie fait battre et rouer de coups, orclonne cle lui oou-

pu* lu poiug, I'enferme clans un cachot infect et glacé' etc'-

Eo procéd*ro régulière, Ie vilai' comparaît deva't une cour

de justice composéo cIe sept de ses pairs et présitlée," soit par le-

seigneur, soit par le baiui repr6scntalt clo celui-ci. Générale'

ment,.les causes' importantes sont jugées par le seigneur lui-mêmor sous lo clais clc la grantle salle du châteaur parfois sous

torme ou le ehêne clui ombrago la cour"

L.usagc do certaines épreuves jucliciaires et particulièrement

ducombaterrchampclossemaintientlorrgtemps.Clractrn,offenseur ou offensé, peut, toujours cn appeler cles clécisions clo

lajusticoauiugementtleDicusurlePté-I'Euêque'àl'épéepoutles nobles,. au couteau sous la protcctioD cl'un bouclier ou:

simptementauTràtou,pourlesvilaius.Souventlecombatjudl"oiaire eutre vilains est provoqué dans le but tle proourer arrx

uobles.un spectacle risible' prlopro à les arouser'

Bien'faissncapublique.-Danslehautmo)'onâge'closrois'cles'grancls seigneurs, clo simples bourgeois, rivùisent, ssuvont' à

[ui rnettr"a, à Ia"clisposition tlu alergé, lequel a seul l'atlmiuistra'

tiondesbicnsdespauvres,l.oplusdellossourcespoureréor"rleshoÉpices, cl"es asiles, cles hôpitaux'

À*ssi i,hospitalité est-ello de règlo clans les abbayes. Toutes

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78 CHAPITR,E CINQUIÈME

possèdent uno maison cles hôtes où le vo)'ageur et Ie pèler.insont hébergés gratuitement. De même, il existe aux abords dosvilles, des hospices ouverts aux voJ'agenrs. Ceux-ci peuvent yloger gratuitement une nuit. Ils y trouvent clu feu et un lit, avecun frugal souper de légumos et du pain.

Guerre. - En temps de guerre, tous les hommes valides sui-vent la baurièro du seigueur. Chacun doit s'équiper', s'a,r'mer",

s'entretenir à ses frais. On ne prévoit rien pour I'approvision-nernenû tles armées. Les tronpes en ca,mpagne vivent clu pillago'cles sontrées qu'elles occupent. Fauto clo vivrcs et d.e soins, lcssoldats malacles et les blessés guérissent rarement.

La Cnnv.ltnnm est I'une des plus remarquables institutionsdu moyen àge. Elle consolo des turpitucles et cles atrocités clel'époque, car elle est fontlée sur I'honueur et cluicouque y entreprête serment de protéger les faibles et les malheureux, d'êtrefidèle à Dieu et à sa clame.

Le chevalier. est le gucrrier'à cheval; ordinairement Ia cheva-lerie ne comportait clue des nobles. A clouze ans I'enfaut com-mençait à faire son apprcutissagc de futur phevalier en servautcommo page auprès de quelcluc baron. 11 s'exerçait !l Ia chasseet à Ia gueffe I entro cluinze et vingt et un ans, puis plus tard. àvingt et uu ans sgulement, I'initiation à la chevaler"ie s'accompa-gnait de cérémonies rdligieuses. L'adoubement (le fait d'a,r'mer'chevalier) constituait l'épisoclo prinè.ipal de celles.ci.

Le xtre sièclc, époclue cles croisaded, vit I'apogéo de oetteinstitution qui cr'éa un type moral nouye&u, lo héros chevale- .

resque, caractérisé par sa bravoure, sa loyauté et son constaltsouci dc justico.

Le château féodal. - Le châ,teau fort des seigneurs de l'époquo -

féodalo u'n, pas l'extérieur riaut et agréablo des châteauxmotlerrres : sa, masso imposante mais sombre, inspire I'effroi.On le bâ,tit d'ortlinairo sur un rocher escarpé eouronnant une-montagne. Dans Ie fond de la vallée coule un ruisseau ou unerivière. Souvent I'un des revers de la montagne est à pic. Lesmurs du chôtcau sont, en guise de fenêtres, porcés d'ouverturesà travers lescluelles passent le vent et la pluie. Le plus souvent"bn est obligé tlo les fermer avee des volets de bois I toutes sont,défendues par cle solicles barreaux de fer'. Des voùtes de pierre'séparerit les cliver"s étages clo l'ét{ifico.

Les oppurtoments clu chôteau, pavés clo graudes dalles, sont.

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PÉRroDE rÉoueru 7g

vastes et froicls. On est obligé cl'y approprier de larges foyersoù, ù la saison mauvaise, on jette à la fois un ar.bre tout entier.L'hiver, or en tapisse le pavement d'une couche de paille ; l'étê,on recouyre eelui-ci de verciure et do plantes oclorantes.

Les murs extérieurs clu château sont très élevés, fort épais ettrès soliclement maçounés, afin clo pouvoir résister à Ia fois auxefforts du temps et à ceux de Î'ennehi. Leur sommet est percêd'ouvertures nommé cs créneauæ. Les espa,ces renrplis entre lescréneaux s'appellent merlons. Derrière les créneaux, onménage,les murailles étaut très larges, un chemin qui contourne l,en-

. ceinte et c1ue, pour cetto raison, on clésigne sous Ie nom dsehemin de ronde. Des hornmes cl'armes inspectés et relevés à desheures régulières par Ia ronde, y font nuit et jour sentinelle.Daus les mcrlons sont praticluées des feutes verticales ouarchèresrtrès étroites à I'cxtérieuro mais s'élargissant vers I'in-tér'ieur de façon à perrtrettre à un archer cle s'y installer commo-d.émont ayec son arc. A la base intérieure des merlons seremarquent d'autres ouvcrtures appelées mâchicouhs. Dllesdébouchent à, I'oxtérieur ct servent à jeter sur les assaillantstoute espèce cle projeotiles : des pierres ou des liquides brfrlants(de I'eau, cle I'huile)

Aux angles tle la placo et aux endroits les plus faibles, sontconstruites les tours du château, dont elles reùforcent Iadéfense. Tr:ès élevées, souvent à quatre ou cinq étages, ellessont en outro pourvues cle créneaux, d'archères et do mâchi-aoulis

.Au-dessous clu rez-cle-chaussée des tour"s, on trouve une caye,à peine éclairéo par d'étroits soupiraux. Sous cetto cave, urlou plusieurs cachots sans lumière, servant de prisou.

Deux tours protègent ordinairement la porto tl'ontrée. A cestours est suspendu au moJren d'énormes chaiues un pont-leuispar lequel ent-rent et sortent les gens du château. Tous les soirset chaque fois qu'on veut fermor le château, on relève le pont-levis. A côté do la gr.ande poi.te s'en trouve d'ordinaire une pluspetito oa, poterne,.qui permet de sortir du ohâteau sans abaisserle pont-levis.

Lr ooulou, - ô'est presquo toujours une grosse tour carréesituée à I'un des angles du château et, oommo celui-ci, défencluepar un fossé. Construit avec un soin extraordinaire, le clonjonforme le point le plus important de la place où il joue le rôle d.e

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8o cEÂFrrÊE clN'eutôMs

Ia citaclello dans uos viUee.moelernes. Tout a,u qorumet du dorr'jon" on remarqce uno petite loge carrée, h gaettermunio d,e

quatro ouvertures, par où une sentinèlle irrterroge incesssm'ment I'horizon. A Ia moindre apparence ds danger', ello donnsf'alarme soit au moyen cl'une' cloche, soit en sonna,nt du eol.

La vie d'u seigneur dans son'château. J La vie est bien monotouseû bien triste à I'intér'ieur des sombres habitotions que nous'vcnons cle d6crire. Sauf pondant quolques mois cle I'année, itrr

laut constnmment tenir fcrmés los volets tlu châtea,u si I'onve.dse gar"antir des intempéries cles saisons. Pour dissiper I'obsou.rité clui règrre alors dans les appartements, on fait flambel;tlans la \.aste cherninée cle ln granclc salle, cl'ônormes brasséesde salrnenfs,

Les clamcs occupeut leurs intcrminables loisirs à Ia confection-

cl'immensos tapisseries dout cluelques spéoimens, pa,rveûrrs\

jusqu'à Dou$, témoignent d'une habileté remarquable'Mais lcs hommes ne peuyent longtemps suppotter la morne

solitude du chôteau. Incapables de tlistr"airc leur ennui par lalecture, car ils sont ignorauts au poiut do ne pas savoir lile ot.assez stupides pour s'en glorifier, ils passent tout leur tempsau clehors, occupés à cle gpandes chasses auxcluelles ils conrto-quent parfois cl'autres seig'neurs leurs voisins.

Lcs jeunes nobles s'exercent oussi volont'iers &û panigûren'tdes arrnes, soit dans uno salle tlu ohâ,toau spécialement réser''vée à cct usnge, soit dans la grande cour où ils se Iivrent à ttôsjeux clivcrs et cle préférence it celui cle la'quintaine. Ce jeu a:

pour but do familiariser les f.rrturs ahevaliers avec I'exorcice tlela lance. Il consisto à courin, ln, Ianco en arr'êt, sur un manne-.c1uiu tle bois qui, mont6 sur un pivot rnobilo, a le bras armé:.cl'uue g:aulo solido ou d'un sac cle tene. Touohé en dehors do

saligne médiane, le maunecluin tourne vivement sur lui-même.et tant pis pour le joueur malaclroit s'il n'est pas assez promptpour parer on porrr esquivor Ie coup cluo lui assène I'impitoyablorméca,nique-

De temps à autre, I'existence fastitlieuse du château estégayée par I'arr"ivée inattenduo cl'une troupe de joyeux méne*'trels. Les un*s, pleins tlo souplesse et dhabileté, exécutortd'étonnants tours de forco. Les autros, poètes et musiciensr,intéressent lours auctiteurs par le récit captivant des faiis deguer.re les plus céIèbres, ou ehantent, en s'accomtrragnaût tlo"lar

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rfinrons rÉonar,n

hartrlo, Ies exploits lég'enflaircs clc charlemagnc, de Rolalcl et

d'autres guer"ri ers i llustrc s.

Armes de combat. - Les vilains s€ servcmt da foatc.ôes, do

fléaux d'armes (armes très meultrières formées tl'u1 gros biiton' auquel est attachée une petite chaine tcrrninéc paf une bonle de

fer garnie de poiutes tle mèms métnl;, tla frondes, à I'oiclo tles-

quelles ils lancent non seulcrncnt tles pier*es, Dlais aussi tles'

.. bnlles tle fcr rougics ou feu. L'épéo et la trnnco sont réservées

aux no[les. Celx.ci so protègent e1 oufro p{Ir iln bouelier qu'une

sonrroic attaehc à leur bras gaucho; par' uu casgte qui protège.latête; pûr unc cotte cl'armes, espècc dc tnliquo tlo toile ou cle

guir sur lncluelle est cousu uu tricot ù rncilles {'acier; par unoeajrasse qui rléfcutl l* poitliuo; enfin par cles cnr'ssards, des

" jambières, dcs lrrassarcls, des gantelets clo fer" tlout les ûoms

disont suffisanment l'usagc. Le eltevalier et son choval n'of-frgnt qu'une sulfa,cc cle fer.. Pour I'attaquc tlcs places fortes, ou se sert du bélîgr, espèce

de g,tosso poxtre terrnilée pa,r une tête clc bélier en fern clui sertà battre les murs; de la baliste, ars d'uno puissance énorme,

lançant des dards capables de percer à la fois tôute uno rangéo

d.'lrommcs; do Ia catapulte, sorte ds fronds gigantesque, ù I'aidede laquellc on lauco clcs masses de for rougics au fcu, tleq

quarticrs tle rocho ou des boulets cle pierro pesaut jusqu'à

3o'kilogrammes; tlcs tours roalantes lroutées sur roues' à deux

orr trois étages, dorrt lo supérieur est muni d'uu pout'leVis. Onles remplit d'ar:chcrs et cle froncleurs, parlois au nomlrre decinq cents, qui peuvsrt ainsi sil,us danger s'approsher des mursd'une plcco iutestie.

Sciencæ, superstitions populaires. - Les procédés primitifs de

aa,lc-ul étsie1t fort lô:rgs et encore compliqués prrr I'emploi cles

chiffres romains. Vers le xle siècle, I'arithmôtiquc des Arabes,basée sur.I'emploi tlu zéro et' clcs autres chifh'es dits araDes,

suesèdo aux aneicmrbs méthod.es cle calcul au gnand a,vantage '

*Jh?Hït:"ii"i'."Ji.iiTi;.""aumo)'enôse.Errereorrerche

l.a Tmnzeée unioerselle (remècle pour'guérir toutos los malatlies),L'élïæit de longae aie, la, pierre ,philosophale (art de ta"ausformer€n or un métal quelconclue). Sons aboutir 'rlans ces diversesræchershes, I'olchimis fait fairo d.'utiles déeouveltes clui prélpareut lss voies à la chimie moderne"

8r

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8z CEAPITIùE CINQUIEME

. ' La ntÉoncttlu do uos ancêtres, basée sur des idées générale-

*ment fausses, consiste longtemps en pratiques superstitieuses.Souvent lo peuple regarcle co mo un châtiment céIeste des

épidémies clont I'uniquo cause est I'absence d'hygiène.Les remècles employés - remèdes clits de sotcier ou de bonne

femme - se distinguent surtout par leur bizarrerie. Se roulerdans un chamB cl'avoine guérit de la gale; il suffit, pour arrêteruno hémorragie, cle saigner sur cleux fétus croisés ou ds se

plaoer une clef daus le dos.nEn cntnunclE l'art ùu reboateuæ f.ait loi. On consiclère Is bour-

r'eau comme le rebouteux par excellence. tes barbiers cumulentd'orclinaire leur métier principal avoc celui de chirurgien.

SupnttsrlTloNs PoPULAIREs. - On peut rapporter à cinq catê-gories les croyances et les superstitions populaires qui ontcours clans ces siècles cl'ignorauee populaire clésignés sous leuom de féoclalité.

f La croyance aux esprifs. - Les religions anciennes avaieuttrégué, aux générations du moyen àge, Ia cro)'ance à cles êtres

surnatutels divers, souvenirs des divinités aLrandonnées. Aussi,à cette époc1ue, la croyanco aux esprits, fées, ondines et sylphes,gnomes etlutins, follets el reuenanfs est générale.

, zo La croyance auæ sorciera. - Les sorciers font, tlit-on, unpacte aveclo diable. Ils relient leur baptême, vendeut leur âme

au maudit. En échange, ils reçoivent le pouvoir d'évoquer lesmorts 6u Satan lui-même et celui de provoquer toute espèco de

calamités, partiaulières ou publiques. ou leur attribuo le pou-

voir de jeter des sorts aux gens, aux bêtest aux denrées. Unonfant vient.il à mourir, on accuse un tel, sorcier tlans Ie pÉùys'

de lui avoir jet6 un mauvais sor.t. Ç'est par suite d'un sortaussi t1u'uue génisse est morto I c1u'un cheval est malade ; quo

la récolte cl'uu champ a manqué.A volohté, les sorciers peuveut prenclro une forme quel-

cotlque. Par exemple, les loups-garous sont tlos sorciers trans-formés en loups : sous cette forme, ils dévorent les enfants, et'la nuit, font, à travers les campagnes, cles courses fantastiques.

Les deuins, autre espèce dp sorciers, précliseut l'aveuir,découvr.entlos coupablesn trouvent les sources cachées, les tré'

.sors et les objets égarés. Dans cc but, ils se servent de cartes

ou d'une baguotte cle couclrier. Celle-ci, une pôusso de I'année,

coupée le premier mereredi de la lune, entre rr heures et

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pÉnropn nÉoper,p

minuit, doit avoir été bénite et conjurée sous tres parolesmagiques. Pour s'en servir utilement, on la fait tour.ner, posée'sur les deux inrlex, en rapprochant et en éloignant tour'à tour.ces cloigts; par Ia direction prise, elle indique le côté versilequel il faut diriger les recherches. Les devins expliquentaussi les songes. se voir eu rêve, la chevelure abonclante etlrien frisée, signifio succès et rfcftesse,. se la voir en désordre,ânnonce I'issue défavorable d'une entreprise, ete.

sans être des sorciers, certainos personues possèdent,oroit-on, Ie pouvoir fatal du mauuais æfI. Malheur à vous. si ellesregarcleut atteutivement votrc habitation : bientôt celle.ci br.û-lera avee tout ce gu'elle coutient. si, quaud vous êtes occupé àcouwir votro toit, elles jettent le r.egàr'cl sur vous, vous tornbez.si vous les rencontrez, touto votre journéo est mauvaiso : unchien hargneux vous saute aux mollets; on vous paie avec cle lafausse monnaie; vous prenant pour un a,utre, les exempts (r)vous arrêtent, etc.. suivantla croyauee générale,les sorciers, Ies joirrs de sabbat,

ss réunissent dans des lieux écartés et sauvages,. tr.aversanttr'air, pour s'y rendre, à cheval sur un bouc ou sur un manche àbalai. Là, ils so livrent à des danses écheverées, se tournant leclos pour ne pas so découvr:ir.l'un à I'autre. Lorsque sonnenninuit, tous, rapidcs comme I'éolair, disparaissent dans l'obsou-rité (e).

chose étrange ! Malgré la fausseté évicleuto cle leur aveu et ledanger clo mort auquel il les expose, de préteutrus sorciersconfessent cles pactes avec Ie diable, soit que sous I'influenced'une malatlie nerveusê ils so croient réelrement sorciers, soitque la tor.ture leur arrache l'aveu d'un crime imaginaire (B).

D'ailleurs, un certain uombre de sorciers exploitent Ia cr.édu-lité publique. L'une de leurs plus orclinaires pratiques consistetlans r'enooittemenf. Représentant Ia personne à ensorceler par

(4 ) Espèce de gendarmes.(9) ces conteJ durent probablement leur origine à des conciliabules noc-

turnes dont l'objet était de fomenter ou d'entretenir l'esprit de révolte contrele despotisme.

(3) ce cas-ci est très rare, parce que la torture n'est pas d'usage courant aumoyen âge. son eûptoi est dù à la renaissance du droit romain dans notrepays.

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84 CTTA.PI{TIID CINSUIDME

unc figutilo tlc circ, 1o soroicr llrolloncc sul ellc ccrtainesparloles cabalistiques, cnfoncô uno épinglc tlans lc côté gaucho

clo la statucttc : la personno figuréc tloit mourir tllns I'annéo.

Ces croyanccs riclicnlcs étaicnt si curacinécs dans I'csprit clo

la masse iguorantc, quc sotls Ic rùguo tlcs arcltitlucs Àlbcrt etfsabcllc (xVtt" sièclc) tlc uombreuscs pelsécutions oureut lieu,a,u norn du golverncurcnt, coûtfc trcs prétentlus sorciers etsorcières.- 30 La croyanee àl'inflaence des objets extétieu On a foiclans I'influeneo clcs conste llat[orts ct cles planètes (astrologie).

Lo gouyer"lcrnent tle tellc ou tcllc pnrtie du corps, de tol hommo

on dc tel Etat ost ettribué anx astrcs. Ainsi Saturnc présido à

Ia vie et aux scienoos; .fupiter', aux houncurs et aux richesses'

La gucrre, I'arnitiô ct les tuatinges sout, sous I'influeuce cle

Mars; l'tùtnour, sous cello tla Yénu-s.

Lcs populatious ignorantcs so plaisent à. tirer clës présages

bons ôu mauvais,' rnais toujours absurtlcs, do I'aspect cles

COrnètes, tltr vOl des oisoaux, tl'tlno rencontrg iirattcrrcluo, etc.

Se trouve-t-on treizc à tablc, I'un clcs couvives cloit mourir clans

I'annéo. La vue cl'uuc or&ignéc â uno significotiou fai'orable ou

défavorablc suivant Io [romcut du jour orl on I'npcrçoit. ons'effr.ruio cl'utrc salièr'c renvelséc (r), <1'u1 pail couché sur Ie clOq'

r:[o coutea,ux cn crgis, tlu. ct'i <lc lo chouetto, des aboicrncnts d'unchieu, tle h rcncontrc tl'un chat gris ou noir clui traverse la rueau momcnt oti I'on p&ssc, ctc. (r).

Les atnuleffes et les taft'sprans portent llonheur, préservent<Ies da11gclsn possètlcnt des propliétés divclses. Orclinairement,ils consistOrat eu rles pierrCs ou tles moro€a,ux cle métal surIesclucls sc reutûrquent tles tlessius ftntastiques iùYec desinscrip'tions arabcs on pcrs&nes, lo tout affcctalt des formes étranges

of clcs appal'enccs mystéricuses. L',anneau clit tlo saloman, loplus lecherché cle ees talismans, jouit dc la précieuse facultédo reuclro invisible sorr Pl'opriétairc et clo ccller noll moins raretde Ie trausporter salrs frùtigue, eD uu instaut, aux distanses les

-

plus éloignécs.Mais on apprôcio beaucoup aussi : l.c mirolr magitltte,, ori I'bn

(t) Âutrefoïs, le sol6tait l'emblème do I'uuitié.(2) Bon nombre de .ces superstitions existent encgre dans nos campagnes.

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il-l

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pÉnronr rÉonar,n

voit se reftéter des soènes de I'avenir; la monnaie oolante, qu|revient toujours dans Ia poche de son heureux propriétaire I la -

baguette magiqae, clu bout de lacluolle il suffit de toucllef IIILêtre ou un objet quelconque pour le transformel aussitôt con-

formôment au tlésir du magicieu; enfinn cortains collfers ou

.bracelets, de sÏnples pÎetres, ar morceau de cotd.e de pendu sagt

considérés comme des porte-bonheur.Les philtres inspireil.t,'suivant les cas, la haine ou I'amour.

Dans leur cornposition, il entrs un mélango d'aimant', clo

I,ognures cl'ongles, tle sang humain, d'un peu do poudro cle

cantharide, cle belladone, de stramoine ou cle jusquiame. sou-vent, ces philtres prbduisent tles cffets récls, oscAsiouuaut cles

rèves insensés ou des hallucinations.

4o La foi aux légendes.- Parmi les légcntles du moyen âge, on

citsurtout cellc t1'Ahasoérus ou Juif-Ertant, tlu Prêtre Jean, dw

Dragon,la croyance à la fin clu moncle pour I'an. rooo, etc.

Le Juif Ahasuérus vivait à I'épocluo du chrisli. au moment où

co dergier marchait an supplice, iI lui avait défenclu clo se

a'eposer clevant sa porte; il I'avai-t môme frappé bien fort, luidisant : << \'a tlouc plus vito ! Pourquoi t'arrêtes'tu ? > Or Jésus,

Ie pegarclant, lui avait repa,rti : < Je ïais; mais toi, tu at'tentlrasque je revienne ! > sans s'arrêter jama,is clepuis lors, ahasvérus

mâ,rche,la pochc toujours garlic do 5 sous, jamais plus, jaruais

rnoins; revenâut à l'âge clo, trelto ans aussitôt après avoiratteiut sa centième amnée, oblig$ cl'attendre le-rotour du Christjusqu'à la oonsommation des sièoles.

Lu légencle da Dragon est fort répanctue. On se repré'seute ce monstrc fabuleux sous Ia formo cl'un roptile ailé

a.rmé dc griffes aiguës, le dos hérissé cle pÔintes et vomissantdes flammes ou des odeurs empostées. Un a,tge' un saint, un

glorieux chovalier enga,ge avec lui un combat dont il sort Ya,in-

queur (r). Dans le pâ)'s des fndes, où règne 1o roi Jeon, on voitIes choses Les plus étranges et les plus extraorclinaires : des.chevaux verts avec cles cornes, des arbres clui parlent ou clui

verselt cles larrnes, etc.vers I'an rooo,la croyauce à la pr.ochaine fin clu monde aurait

jeté une profoucle perturbation clans le monrle chrétien. on vit

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({) ta chevalerie prit le Dragon pour lo symbolo de I'obstacle à vainsre.

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86 cgAprrnn crNeurÈMn

des Antèchlists partout, .sarrrf Jean avail, écrit dans l, Apocalypse :< Àu bout tlo mille ans, satan sortira de sa prison et réduiræles peuples qui sont oux quatre angles de Ia ter"ro. > L'accom-plissement des temps avait été. fixé approximativement àI'an roog par certains théolcigiens. a I'approche tle l'époquefatalo, ou aurait vu les ficlèles, épouvantés, faire en masse .àl'Église I'abandon des bicns dout ils n'espéraient plus profiter-longtemps (r).

5o La croyance auæ dits populaires. - En géuéral, ils expr.i-ment cles opiuions absolument opposées à l'exactitucla ou à lavraisemblanee des faits. Nous n'en citerons que quelques-unsdont I'autorit6 n'est pas encore entièrement détruite aujorrr-cl'hui. << L'enfant atteint de eonuulsions ne le sera que cette fois,si I'on jette immédiatement son bonnet au feu, - euiconquemange des pommes la aeille de I{oël sera atteint d.e furoncle.s. - flne fant ni teleoet un eadaore ni d.éeroeher un pend.a auait l,attiuéeilu juge. - lJn sileæ saspend.u ilans une étabre préseroe les ani-mau& de Ia foudre et ile I'aetion d.es méchants esprits. - Laehemise confectionnée le oendred.i attire res pouæ. - Malheuîeu*qui chausse Ie pied. d.roit re premîer. - tJn couteau donné coupel'amitié . - rJn tintement d'oreille annonce qae nos ennemis parlentde nous;.- une ehandelle qui pétille annonee ïanioée d'une com-pagnîe. - onpeut s'attendre à teceuoir de l'argent si ton sent un

4:hatouillement dans Ia paame de la maïn,. etc. >>

Langues, lettres el enseignemont. - Dans les premiers temps dola féodalité, Ies légistes et lo clergé continuent à parler et àécriro en latin, tanrlis que Ie germain demeuro Ia langue duroi, des nobles at de I'arméo. Plus torcl, ces d.er"niers par-lent leroma,n ainsi que les populations du sud. Mais les populationsdu Nord conservent leur langue, lo germain. euant aux lettres,Ieur" cultùre disparaît à peu près complètenent, au xe et a.tlxte siècle, même dans les monastères. L'instruction est négligéeau point que les nolrles consiclèrent coinmo incligrre de leur-rang Ia corrn&issance de la leeturo et cle i'écfiture et que

(l) Il senble toutefois résulten de récentes reeherches historiques que cetteprétendue terreur de I'an {000 n'a jamais existé. Les historiens contempo-rains de l'événement n'en parlent pas. Elle serait néo de récits postérieurs àl'époquo considérée.

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pÉnronn rÉoner,n 87

eertains d'cntre eux cléclnrent ne point savoir signer, attenduX.eur qualité de gentilhomme.

Les temps féoclaux sont reltrtivement favorables aux,progrèsdes beaux-arts. Du Ixe au xue siècle, on construit cependant enBelgique un certaiu nombre d'éclifices rerigieux rle style roman.La peinture sur verro apparaît d'uue façon incontestée à cetteépoque. Les manuscrits s'enjolivent de nombreuses miniatures.Mais Ia sculpture, à I'exccption toutefois de I'orfèvrerie, et lamusique font peu de progrès; les siècles suivants. le xrrte notam.ment, ont, &u contrairc, vu une merveilleuse efflorescence de lasculpture et de I'architecturo en Belgique.- Agriculture, induslrlo, commerce. -- Au moyeu âge, l,idéo estgénéralement répancluo que I'air, I'cau, I'herbeo les bois, tlons<le la nature, appartiennent à tous, que chacuir a clroit à leurjouissance gratuite. aussi les trroits cles habitauts sur losterrains dits communaux -tl'un village sontrils consiclérables.ces clroits sont ceux : ro d'y faire paître leurs troupeaux; :zo detirer tles bois tout ce qui leur est nécessaire tant pour sechauffer et se construire des habitations que pour confec-ûionuer, entretenir ou renouveler leur rnobilicr ou leur matér.ield'exploitation. L'assolcment tr.iennal se géuéralise, mais lesprairies artificiellcs rbstent 4peu près inconnues.

au xe et au xre sièclc, lamisère clu pcuple tles villes est lamen-ûable : l'intlustrie et Ie commerce sont ruclimentaircs, los ohâ-teaux et les monastères faisant fabricluer par leurs serfs tousles objets et.les vôtements dont ils peuvent ovoir besoin. Natu.-rellemeut les procluits de cctte inclustlie clomestique sont rare-mont cle facture bierr .ashcvée, mais ils suffisent aux moclestssbesoins et aux goûts g*ossiers de r'époque. euant alr eommerce,-'il se rétluit au colportage : Ie peu tle sirreté cles chemins, les<lroits si nombreux prélevés sur les marchandises n'étant pasde naturo à eucour.ager Ia circulation cle celles-ci.

L'usage com.mercial clos lingots d.'or et tl'argent. se maintientpendant toute l'époque féod'alo; l'argent morrna)'é est réservéâu commerce de détail dr).

vis domestique, coutumes, m@urs. - La nourriture, le oêtement,l'habitation, ue changent pas d'uno façou bien sensible de

- ({)Néanmoins il n'ya plus demonnaie dbr depuis l,époque mérovingiennejusqu'au xrne sièele.

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88 CEAPITTIIE CINQIIIEME

l'époque franque à l'époque féodalo. Les mæurs no s'améIioren&guèro. Etles restent violentes, tanrlis clue I'immoralité s'étencl àtorr,tes ies elasses sosiales.

III. - Considérations générales et vue d'ensemble:

oonséquencus de la t6odalit6. - La féoclalité dég:age d'aÏrorùses effets utilss : elle donae Ia séeur.ité aux populatiotrs, lmeorganisation et une hiérarchie à la société.

La féoclalité affirme le principe germaniquo <[e la libertéintlividuelle en la reconnaissant aux nobles. ElIe aétruit cetteopinion rlo I'antiquité que l'intlivirlu est sans ilroits, que I'Etatles a tous. Saus clouteo lo ohâtelail so montre souvent orgueil.'leux, insolent, tyranaiqqe; mais c'est qu'il se sent vérita[ls-ment,Iibroo qra'i! a acquis une confianoo €1r soi, u1 sefrtiment de'

sa, tliguité, uno décision de ca,ractère, fort rares chez les anciens"per qui la lilaerté individuetrlc.n'a pffi été réellement connue.

Ell'e jette Ies premiers fontlements d'tûI droit public par I'in-.sti.iution rles trêves cle Dieu, des quarantaiueso de I'inviol'abiJité-rtrm domicileo ctc.

Elle adoucit clnns une certaino mcsure lcs mænrs lmbliqrres"par I'institution de la chevalerio clui cléveloppe chez les nohleslb sentiment de la dignité personnello, le respeet ùe la femme.

eû dcs faiblæ et de la porolo d6nnée.Fnfin, elle transforms en serYago l'æclavage a,ntiquo, et cÈ

progrrès mérite d1être aPPrécié-D'nne façgl.grâo.érale pourtaat, on peut d'ire qlle Ia féodalité

u,éfuÉt anssi incompatible avec les principes cle liberté et dc jtrs'tioe .c1u'avec les dloits nsturels tTo I'autsrité. Si I'autorité cles-

gOuyen"ains., r.OiS dtg Frqirî,ge of emplremrS d'Àlt'ornA'gne, eSt uull+dans les fiefs de tout ordræn I'imnr,ense naj.orité cle l1r, popula'ûion n'elr vrt p.as moirns asserqie et mênne I'on peut tlire quo

1 tr'aérbat de oo:Érainûeo où Io détrleudaerce récitrrroque des suZerain*

et des vassaux mOintient tous les uOfules, ft'est gu'ullo formO

edûfu!#e ds Is, swid,mde.I)'aartro pa,rÇ les e'bâteaus forûs, bâ,fis pour donnsr la' sétm'

rité aux .faibles, ne ta,rdent pas à devenir uû instrument parexcellence de desBotisme et d.'oppression.

Los seigneurs féoda,ùx, iuégaux en puiss&n€e! montrent tou,s

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pÉnloou rÉoper"u 8g

la mêms furour de t3"ronnie eû cl'a,r'litraÏre" te clrcit' n'a plus'tl'autro garantio cJue la fcrqe, invoqurâo à chaque iustant' Tolleest la causo tlos nombrouse's guerres privées tlo l'époqué. Uavain, Ies empereus proelæment'ilq sous pciue de mor"t, la paixuniversclle : cette mesurs, trolr radicale, resto sans effet. Envçr,iu, I'E glîsc chcrche-t-elle à irnposer pantout ]a trê se elo Dieu ; en

vain, 4es tribun&ux : Ie Thib'unal de Paix cu Lotharingie, laPaix <I'Arras en lrlanclre, sont-ils instituéspourla faÏre respecter;f anarc[îe cont,inue. Il u'gxiste plns de sêcnritd pouf pcrsûnne :,

ni polr trs Inboureur, nî pour llndusfriel, nË pour }e m*rehancX,

ni pour Ie voyageur.f,e r'égime féodal prrodnÏt, ou grar'rtl tlétrinnent ile Ia cisitriso-

tïon, un &ûtrne nésultnt, celui rI'attribuer aux carlpagncs la pré-pondér"ttn ce p olÏtique. Lcs nobl es vivent ex clusivemen t clans I ecrsterres, LIs ne vienncnt fù Ia vÎtrIe qu€ pilr accident. Les rappol'tsqu'ilS ont entre eux sOut assez retres, leg1s shâteaux tÇtanù

bâtis eu cles licux Ïsoltôs, éparu mr dc vastos étemdues tlo teme,

ciroonstanee p€u. favorable au clévetroppcmelt dd Ia soeiabilité.Aussi I'intôrêt ds cha,cwu I'empæbe-t-il cle beatreoup, à lenrs

Jeux, sur I'intér€t pnblic, fort nôgligé à cette époque, sinon toutà fait ir,recmnu et abandonué. La féodâIité marrlrÈe done Ietriompho du particularisrne nou soulemeqt sur Ia,. centralisa-tion, mnis alrssi strr la civitrfststi'on.

cet isolement daus lequel vivent les barons féodaux, leurexÎstenc.c quasi sanyago, Ieurs goûts sans clélieatesse, Ieùnper*chant trrour Ia rapïne rent{e1t forù lents les progrès ate

I'intlustrie et clu commcr'oo. LTqdu.stric domesbique des trlonas-

tères cû cles châ,teaux se bo'rne à pr"ocluiro les chsçes indispen'stbles à une ùio gr-ossièrre, et, Ib commeree ne peuÉ se déve'

Iopper, faqte ds sécurité et de besoins à satisfaife. D'ailleurs,Ie p,itoya[rlo ddnuem-errt dlg pe'uple est encgro a,ogr"u par Ie lbri-gantlng,o c}es nobXes, dTo*t lc's exastions rendent preselue Împos-

sîT:Ies la, eu.lture, IÏnt{ustrf.e eù Ie eomnnenree.

Bref, Ies temps de Iâ féodalÎté sont, euÛre tous, une ôpoque

d.e yiolense o'u ctr'arùÎôlnir,e, où Ia foreo physique; Ies passiems

furutoles et I'ignorrnee règneqt g'r.rnaiûrcsses, où. la, IFberté

incl-ividwoËO u oxÏste qruo ôI'rez quelqnes Î1rdÏvÎdus apparte'nant à<Ies eÏæssas pïtvilegî,6€6, où los ga,nanties cle }onge adrninistra'tior.l et tle ins{ice t{fsparaïssent pour Ie. peuplo, où Io misèrs ds

aclui-ci ost extrêmo. C'est u1 véritablc tenrps ffarrêt Psur le

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90 CEAPTTRE CTNQUTÈME

oivilisation. aussi Ie termo d,e féod.atifé est-il, en histoiro, sJrro-nyme d,o tyrannier.rJ'arbittaire et d'insécurité, d,anarclrie et clemisère.

Norrous D'Hrsronn cÉnÉur,n. - Cette périocle nous présentetoute Ia société européenne sous uu régime nouveau plus oranoins réalisé t la régime féod+l, c'est-à'clire Ia fixation rlessituations socia.les dans un cadro hiérarchiqne, au sein cluquexs'enchevêtrent également les relations cle terres à terres, Iesrapports do fonctions à fonctions. C'est eneore l,époque où lestleux grancls pouvoirs ecclésiastique et laTque, spirituel ettemporel, vont so trouver en opposition, I'un cherchant à sup-planter I'autre dans le gouvernement des hommes. La euerelledes rnvostitures mettra airx prises I'empereur d'alremagne, Iechef du saint.empire romain germaniclue, et I'a papauté-L'ancien empire romain tl'occident s'était.reconstitué en partie,avec adjonction de I'Allomagûe, sous Otton ler, en 96g ; sesd,estinées furent longues puisqu'il ne se disloqua qu'en rgo6,après la bataille d'réna remportée par Napoléon re". La domina,tion allemande en ftalie se maintiendra jusqu'en 1966.

La papauté est clevenuo très puissante. Elle lutte par I'jntcr-métliairo cle quelques grands pa,pes, notamment Grégoire vrr,contre la politique impériale. La doctrino do Cluny (l,Eglisesupéricure à Ia société civile) a contribué fôrtement à soutenirle conflit.

En Franceo Ia dynastie capétionne a remplacé les derniers'caroli'giens; ello s'appuie sur I'Egliso pour résister auxempiétements des grands feudatairoes.

L'angleterre est conquiso dans lo cours du xre siècle (ro66)par les Normands de Guillaume le couquérant, c'esûà-diro paruu prince vassal du roi cle France; en effet, Rollon, chef,normand., avait reçu on 9rr clu roi charles Ie simple Ia pro-vince qui portera le nom cle r{ormanrlie en bénéfice héréclitairealnsi quo le titre de duo. Les Normancls une fois fixés s'assi-mileront aisément les progrès de Ia civilisation française et enrépandront les bienfaits au clehors (angleter"ro, rtalie, or.ieut).fls clovieunent d'excollents admini5trlateurs.

Cette période verra, également Ie tlébut cle oes grandes expé-ditions vers I'orient, auxquelles on a donné le nom tle croisadeset qui eurent dos cousécluences très importautes pour I'histoiredu monclo européeu.

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PÉBroDE rÉoo+r.n gI

lÉsuuÉ sylrr,sÉrreur .DE I'rÉpôOun nÉoorr,s.

Dttt, traîtë de Yerdun Qi#J) ù feprqu, des moi,sadæ (uers L,an lt00),Durée approttmatùue :280 ans.. l. Introduction du système,fé'odal en Belgique. Édit de Kiersy-

srrr'oise (grande charte de la féodal:ité) reeoniaiisant officiellement iedroit dê certains seigneurs à I'hérédité des ffefs et des offiees (g?z).llécentralisation'- à ôutranee. création d'uûe multitude de fieis ét"d'arrière-ûefs. Prédominance des campagnes suq les villes.

9-- Inexprimable confusion sociale- pioduite' par lexagération dd,sysrème- Princjpes de {iberré et.dtautorité égalefo-ent mécoinus. $ervi.tude univ-erselle, sauf pbur h caste peu nom6reuse des barons fésdaux-'

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CEÀPIT.Ï,E VT

u"Émromw x'Éoto-ctlMnluNaf.,E( r 3o6-rsE4'

Oepuis le début des croisades (vers'{{00) iusqu'à^l'avènemgnt de Ia Maison

de Bourgogne en Flandre (1384).

Part prise'per les Eelges aux Croieades.

Les croisadog. - Au xlo sièclo, Ies persorrnes pieuses ou collesqui avaient commis de grancles fantes et voulaient eE obtenir Iepartlon entreprenaient volontiers Io pèlerinago tlo la 'Ierresainto. Malheurcuser4ent, lcs Turcs musulmahs, pcuplo rudc etbarbare, étaieut alors maîtres de Jérusalem et tles libux'saintset.faisaient subir aux pèlerins les plus gronds outragcs. I.,'iclée,de reconqu6rir sur les Turcs la, Villo sainto ct le tombeau tluChrist fit tout à coup de grands .progrès en Occident. Les pré-"tlications enflammées cle Pierre I'Ermits aohevèrent de con'vaincre les peuples chrétieus de Ia nécessité de s'armer pour-atteindre oo but. I)ans le cours d'un pôlerinage aux saintslieux, Pierro I'Elmito, cl'Amiens, avait-ét6 témoin des mauvaistraitements infligés {ùux chrétiens par los infidèles. À son-retour, il fit au pa,po Ut'bain II un rôcit pothétiquede ce qu'ilavait vu. Profondément imprcssionné, Io souverain pontifeæonvogrra, un concile à Clormout, en Àuvergue (ro95). Dans un-tlisoours émouvauù, i[ exhorta ses auclitcurs à prendro Ies

a,rmcs p'our chusser les musulmons de Ia Teme sainte ct les.empêchor d'envahir bientôt I'Europo. Touchés p{rr sa, parole-6loc1uento, les assist-ants s'écrient cl'une voix unanime : ( Dieu.lo veut! Dieulo vout! > et, sur'le-champ, dans un grond élan

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PÉrùroDE rÉooo-couuuNALn 93

,clienthousiasmo, promettent dopartir pour les lieux çaints. Par'Ia suite, comme signe de leur engtgemeut, ils adoptèrort unecroix d'étoffe rouge cousue sur l'épaulo ou sur lapoitrine. De 1à

1o nom rle cror'sés qu'on leur donua, et celui de ctoisades parlequel on d.ésigna les expéditions ontreprises pour Ia déliwance.d,n saint sépulcro.

Pierre I'Eruite parcourut I'ItaIie, la Fra&se, Ia Belgique,lAllem,agne, engageant les seigneurs et lo peuple à so rendreen Terre sainto pour y châtier I'insolence des Turcs et lerrr.reprendre Jérusalem. Ses précliaations obtinrent un incroyablesuccès. Répondant à son appel, plus de cincl cent mille per-aonnes (r), pauni lesquelles un grand nombre d,e femmes,d'enfants, de vieillartl.s, quittèrent I'Europo pour se rendre enÂsie. Outre son principal chef, Gotlefroicl de Bouillon (c1ui ven-dit à l'évêquo tlo Liége son château de Bouillon pour pouvoir'supporter les frais clo cette entreprise lointaine)o les comtes detr'landro (Robert II, dit do Jérusalsm), cle llainaut (Bauclouin II)et ile Na,mur (Albert III), la Belgiquo seulo fournit à la 4rre-.miène eæoisadoprès clo cent mille sotdats (e).

Causes des croisades. - Tnttépendamment tlu désir dedélivrer lo tombeau du Christ de la présence tles infi-dèles (causo religieuse), la pensée de prévenir les des=' seins des musulmaqs en lortant chez eux la guerrequ'ilsse préparaient à fairo à I'EuropeJoauso politique),ilétermine les esprits éclairés de l'époque à encourâgerces expéditions. La foi. vive tles peuples d'alors; IaproInesse faite par le pape d'accorder la liberté auxserfs et le pardorr de leurs péchés à tous les croisés;.I'esp'oir caressé par beaueoup tle seigueurs cle se créer

"au loin'do riches et puissantes principautés, et par les

serfs, si misérables en Occitlent, cle trouver souscl'autres cieux une vie plus clouce; enfin, les intérêts

(4) Peut-ûtre ee chiffre est-il consitlêrablement exag6ré.(2; Faisaient encore partie de I'expédition les deux frères de Godefroid de.

Bouillon, quolques ohovaliers fameux, tels que Gilles do Chin et Conon de'Montnigu"

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e4 CEAPITRE SIXIEME

commerciaux dcs républiques italiennes, en quête dedébouchés nouveaux, et le désir pour les populationsoccid.entales de découvrir d.e nouvelles terues à mettre.en culture (causes êconomiques), tels sont les princi-paux motifs de I'ard.eur avec laquelle les populationsd.n xt" et du xrru siècle prennent part aux croisadcs.

!-e royaume de Jérusatem. - Après la conquête de laPalestiue et de Jérusalem, qui eut lieu en rogg, Gode-froid de Bouillon fut proclamé souverain de la Terresainte. Il prit non le titre de roi de Jérusalem, mais-celui d,e défense'ur dtt saint sépulcre, ne \roulant pas,disait-il, porter une couronne de roi là où [o Sauveurdes hommes avait porté trne couronrre d'épines"

Il s'occupa ensuite d.'organiser ses États. L'ensemble-des lois et règloments donnés par lui et par ses succes-seurs au notr\,eau royaume est counu daus I'histoiresous le nom d'assises de Jérttsalem (x).

Deux!ème et troisième croisades. - Thierry d,'Alsace,comte d.o Flaudre, prit part à la deuxième, prêchée par.saint Bernard, vers rr5o. Il aurait rapporté de Terresainte Ia relique d.u saint sang conservée à Bruges.

Mais les chrétiens ue d.emeurèreut pas longtemps enpossession d.e la Palestine. Dès I'année rr87, la Villesainte tombait au pouvoir de Saladin, roi d'Egypte etd.e Syrio. Plusieurs nouyelles croisad.es furent entre-prises pour soutenir le royaumo chancelant de Jéru-.salem. \

Philippe d'Alsace, comte de X'landre, prit part à la.troisième, erl mêmo temps que Philippe-Augustc, roide France, Bichard. Cæur do Lion, roi d'Angleterre, etFrédéric Barberousse, empereur d.'Allemagne. Il mou-

({) C'est un véritable code féodal, inspiré directement du droit féoilal français.

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pÉnronn rÉono-coMMrINÀLE 95

rut de la pesto au siège de Ptolémais, aujourd.'huiSaint-Jean d,'Acre, en rrgr. Les Anglais avaient arboréla croix blancho, les Français la croix rouge : Philippofit prendre à ses soldats la croix verte, affirmant ainsila nationalité séparéo et distinate des Flamands.

Quatrième Groisade. - fnnocentlll y convia plusieursgouverains, mais ce ne furent que do grands seigneursclui répondirent à son appel; parmi eux, se trouvaitBaudouin fX, comte de Flandre et de Hainaut. Cettecroisad.e fut écartée de son vrâibut, par suite tlo diversescirconstances, et I'on put voir Ies chrétiens s'emparerde Constantinople, la reine de I'Orient, en r'zo{,, aprèsavoir combattu avec acharnement non contre les mu-sulmans, mais contre'd'autres clrrétions, les chrétionsgrecs d.'Orient.

Voulant s'assurer les fruits de leur victoire, les

croisés fondèrent à Constantinople uu empire latin,auquel ils donnèrent Baudouin pour empereur. Mal-heureusement, le règne d.e ce prince si distingué cievaitêtre court. Ayant livré aux Bulgares la bataille d.'An-tlrinople, il la perd.it et disparut (rzo5), sans clue l'onsache avec certitude cluel fut son sort.

Los Belges prirent part encore aux autres croisados :

Guy de I)arnpierre acôompagna le roi de FranceLouis IX à la septiè1ne; P,obert de Béthune, fils etsuccesseur de Goy, marcha égalernent aux côtés de

Louis IX à la huitième et d.ernière croisade.

Résultats des croisades. - On apu dire des croisades :

aucirne n'a réussi; toutes ont réussi. .C'est

qu'en effetles résultats durables des croisades ne furent pas lesrésultats poursuivis d'abord., puiscluo le tombeau duChrist, momentanément délivré, retomba bientôt etpour toujours au pouvoir des musulmans, et que la

Y. Mirsuet et Ch. Pergameni. - Hist. de Beleique. 4

L9t2.

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96 CEAPITR,E SIXIEME

cliute d"e Constantinople ne fut que retardée. Mais lessuites non prévues des croisades dépassèrent de beau-coup en importance celles qu'on en avait attendues.Ainsi : a) elles amenèrent la diminution des guerrespriuées an purgeaut I'Europe d.'un grand nornbre de

seigneurs féotlaux, querelleuls et pillards, qui furenttués aux croisades ou en revinrent fatigués et ruinés;b) elles fauorisèren! I'essor des contntttnes : Ilour se

procurer I'argent dont ils" ont besoin, les seigneurscroisés accordent voloutiers à certaines localités des

.cbartes qui on font des communes; c) elles arloucirentindirectement Ie sort des serfs .' pour omirêcher la com-plète désertiou de leurs domaines par les serfs cJui

s'enfuicut en grantl nombre daris les rtouvelles com-munes, les seigneurs se voient ollligés de les traitera[vec m-oins de riguetrr et do leur concéder uno demi.liberté; d)elles ftrent sortir l'Europe occidentale delabarbarie, en la rnettant en coritact avec des civilisa-tions illus. avancées. Le champ des connaissa,nces futconsidérablement élargi en matlaématiques, en géogra-phie, en. zoolqgie, en botanique, en navigation, enméd,ecine et en hygiène, en agriculture et en industrie.Ce sont les croisés qui nous ont fait connaître le café,le riz, I'indigo, Is sarrasin, Ie coton, le poivre, lemûrier, la canne à sucre, I'abricotier, etc. Co sont euxqui nous rapportèrent les iudus'tries do luxe, celles,par exemple, de la soie et du velours, de la mousselino(cle Mossoul) et du linge damassé (de Damas), etc. Lalittérature progressa aussi. A la suite d.es croisadesn.les trouvères se plurent à célébrer clans un Iangagepoétique les exploits épiques'dos croisés. De Ià sortittrn véritable mouvement littéraire; e) elles prouoquè-rent ttn essor nouoealt du grand commerce aoec.

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PER,IO^DD .E.EODO-CO.MÛIUNAI,E 97

I'Orient, dont l'Europe occidentalo achète les produitsc1u'elle s'efforcera d'imiter et de fabriquer pour satis-faire aux d.emandos croissantes du marché. Àinsi larenaissance de l'industrie, conséquence de la renais-sance commerciale, favorisera également.I'essor écono-miquo et politique d.es communes, centres de'oommerceet de liberté.

I. - Les comrnunes belges.

Origine.- Nous avons vu naître, dès l'époclue franque,I'institution du t'ribunal des échevins, chargé aux dé-buts de I'aclministration et de la justice locales.Lorsque, pâr Ia suite, des seigneurs orgueilleux mécon-uurent les tlroits du peuple et exersèrent sur lui de

multiples exactions (r), on vit souvent le corps cles

échevins, soutenu par un certain nombre d'hommesIibres, opposer une résistance heureuse à l'autoritéclespotique des barons of intervenir avec élergie pourempêcher ou punir I'injustice.

D'a'utre part, depuis Ie rxe siècler' tout commerceêtait en quelque sorte devenu impossible, non seule-rnent par I'absence des voies de communication ou lemauvais état de celles qui existaient, mais surtout pârleur manque de sécurité. Las d.'être rançonnés, volés,ualtraités par les seigneurs, dont un graud uornbreétaieut de véritables voleurs de grands cheurins, lesmarchands se oonstituèrent en sociétés appelêes gildesdont les mgmbres s'engagèreut à se. prêter, le cas

échéant, uue'mutuelle assistance et particulièrement à

se défenclre contre les violences et la rapacité des

seigneurs.

({) 0n commet une exaction en exigoant de quelqu'un plus qu'il ne doit,

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98 CEAPITBE SIXIÈME

La division du travail amena autant d.'associationsqu'iI y eut de groupêments d'intérôts. Certaines d.e cesassociations avaient un but religieux : confréries,fraternités, charitës. D'autres s'appelèrent métiers.La reconnaissance officielle des métiers se fit asseztard.ivemont : en Flandre à la fin'du xru" siècle, enBrabant dans la secondo partio d,u xrv" sièclo. Avecle triornphe de la démocratie s'acheva le régimecorporatif (r)

Les personnes ainsi associées mettaut en commttnleur vie et leurs ressources, on dit c1u'elles font ouqu'elles forment commune.

Lorsqu'un commttnier se trouve en -danger, il luisuffit d.e crier i commune I pour se voir à I'instantsecouru par tous les autres à portéo do I'entendre, Iedevoir de chacun étant d.e courir à la défeuse deses coassociés.

Plusieurs théories furent successivement émises surI'origino des communês. Celle que Ia plupart des histo-riens adoptent actuellement a été exposée magistrale-ment par M. Pirenne, l'éminent professeur d'histoirede I'Ilniversité de Gand. D'après lui,les grand,es com-munes belges, et spécialemeut les communés flamandes,doivent leur principale origiue aux groupeurents desmarchands et des artisans. Comme il le'disait déjà en1895, nos villes ne d,eviennent des communes, c'est-à-dire des êtres juridiclues déterminés dotés cl'un droitnouveau, Ie droit urbain, que du jour où une popula-tion spéciale, vivant du bommerce et de l'industrie,

({) Voir G. Dnsnûnnz, Les uilles flamand,es : Ieur orîgî.ne et leur dëueloppe-ment. Syl!'abus de l'oxtension de l'lJniversité de llruxelles, 3e édition.Brurelles, Moreau, {903.

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pÉnronn nÉooo-coMMrrNALE gg

vient s'y installer. C'est ainsi que la vie nouvelle, lenouveau cluartier, Ie faubourg commercial ou mar-chand né à côté do I'agglomération tlu type ancien,finira par devenir le germe de Ia grande cité future.Oette population comrnerçante, source de richCsses,bénêficiant d'uno situation plns indépendante et pluslibre, finira par étendre son droit particulier sur I'en-semble de la population urbaine.' La liberté ind"ivi-duelle est comme la caractéristique du d.roit communal.

Les marchands et artisans s'établirent de préférencelà où l'agglomération existante pouvait être favorableau développement' des relations économiques (siège

d.'un évêché, commo à Tournai, siège d'une abbaye,comme à Saint-Trond., présence d'un château fort,comme à Valeuciennes). Le voisinage.immédiat d.'un

fleuve ou le confluent de d.eux voies fluviales (Gand,Namur, Liége, etc.) ne laisseut pas de dcvoir êtreégalement conbidérés comme facteui important d'at-traction du peuple marchand..

Les communes, en général, revêtirent succeËsive.ment d.ivers caractères. Elles furont aristocratiqueslors,lue les gild.es de marchands eurent réussi à se

faire représenter au sein de l'ad.ministration commu-nale par le corps des jurés; nettement' démocratiqueslorsque les corporations d.'artisans constituèrent lecourmun conseil de leurs délégués ou même s'empa-rèrent de toute l'administration, en excluant de

eelle-ci euiçonque n'était pas affilié à un métier (r).

({) Àu congrès archéologique do {89{, Léon Yanderkindere, dans un savantrapport sur les origlnes des institutions communales, s'est rallié à la thèse quiconsiste à donner Gomme point do départ principal à la constitution de la com-mune la concession d'an rnomhé permanent.

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roo OEÀPITRE ,SLXIEÀIE

Franchises 0u prlvilèges. Chartes. - Une fois consti-tuées, les .communes se donneut des keures (i), c'est-à-dire un ensemble de statuts d.'après lesquels se rend.la justice ,et se règlent les affaires intérieures do lalocalité. Ces keures assurent généralement aux mem-bres de.la commune :

to La liherté indiuiduelle. Tout communior eessed'être attaché à la glèbe. Entièrement libre,dle sa per-sonne,. il lui est permis d'allor et do veuir comnte bonIui semble; il n'est plus soumis au .droit cle poursuite.Il peut se marier sans être astreint,à en obtenir d.'abord.l'autorisation d'un seigneur "capricieux, sarrs être tenude lui pnyer de ce chef ,un droit de mariaa'e ou de for-rnariag'e.

zo L'inuiolabilité du domicile. C'est une .Fa,nction

pnimordiale de la liberté individuelle. Pauvre hommeen s& rnaison est roi. l\i.ls bailli du seigneur ni le sei-gneur lui-même u'en peuven.t,franchir lc seuil"sans unmandat des échevins.

,3o Le .droit de propri^é(é, Les .commuuiers cessentd'êtro mainmartables.Il.s peuvent, acquérir des bienset les posséder en toute propriété. fls peuvent hériter,tester, vendre, €ornmgrcer.

{o L'egemplian des.chargss seruiles et Ia ëlétennina-tion bien exacte des redeuances ,a"Ltæqttelles ils sontastreints. Les comrnuniers ne sont d.ouc 'plus s'oumiq ni.aux channparts ni aux banalités,' ils ne,sont ptus larl-lables ni coroéables à,merci. À.oquitter les taxes locales,Iibrement établies pflr les magistrats communaux, etsur lesquelles on prélève le montant de la redevanco

({) Du flamand, keus, choin.

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pÉnroln rÉooo-coMMUNÀLE ror

fixe-d.ue au- seignenr, à cela seulement se. bornentdésormai s. leurs obligations pê.cuniaires.

5o La frwtchise \Iibertel admittistratiue; -I!es oom*.

munes désignent ellés-mêmes les rgagistrats chargésdtadmiuistrer los bieqs et les revenus. communaux,d'établir les taxes, do les répartir; d?en régler le mod.e

de porception, etc. Etles ont une-cafsse.pour oonsorver.Ies fonds communaux; un scsan:pour légaliser les actespassés en leu.r nom ;an beffref; pour I'es garder"'e't pourrecevoir les arc.hioes; enfin, dans le beffroi, unè ba.n-

cloqne ou cloche de ban qui sonue les appels,aux armes

- et aux assemblées'publiques.6o La franchise judiciaire. Tbute eommune possède

son tribunal des échovins. Chaque habitaut est'unique'ruènt iusticiable d.e' ce tribunal et non plus les iuges

- quelcohques désiguês par te aaprice du seigneur.

7o L'exemption des épreuues judiciaires. Cette insti-tution cles sièctës dlignoranco et d.e barbarie, ie ternps

. er a démoutrê' l'incfficacité, I'absurdité. Elle n'offre. a;ucune garan'tie de justice : le hasard. ou la force pré-

, sid.eut seuls à la sentence; ellb n'est pas Iogique : il n'ia aucun rapport entre la faute et Ia peine'; Ies pêna-lités c1u'elle comporte sont barbares. Les communierssentent pour elle une invinciblb'répul'si'on. Dès qu'ilss'êmancipeltn un d.e leurs premiers soins est doen pro-olâmer lb, suppression. Pa,rtout i'ls Ia remplhceut par lapreaûe testimoniale,

8o La timitation du setoice militaire à la cléfense duterritoire, à un temps et à une distance déterminés.

Tels sont les principaux privilèges inscrits d,ans les

'premières keures. Pour en assurer le respect, les corn:munes organisent des milices, entourent leur ville.d.eh'autes murailles et de. fossés' profonds, la protègent

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(t)(e)

CEAPITBE SIXIÈME

par un bourg'(r) ou château fort. Et ce ne sont pointlà des précautions inutiles, car les libertés inscritesd.ans les keures par les bourgeois siont souvent contes-tées. Alors Ia lutte éclate entrb la commune et leprince. Si celui-ci triomphe, Ia commune est détruite,du moins momentanément.

Au contraire, si la commune I'emporte, elle ne secontente plus d'uno keuro, tacitement ou verbalementconsentie, elle exige de son seigneur I'octroi d'unecharte, c'est à-d.ire d'uh acte écrit, officiel et authen-ticlue, revêtu de Ia signaturs et d.u seeau du prinee,qui reconnaît formellement les privilèges déjà inscritsdans la keure. La charto donne ainsi I'existencc légaleà la commune.

Parfois des,seigneurs, en pressant besoin d'argent,vendent à leurs sujets des privilèges que ceux-ci fontconsigner d.ans une charte (charte. de Huy). Mais ilarrive aussi que des chartes sont spontânément accor-dées, même à titre gratuit, par des seig{'oirrs qui trou-vent avantage à le faire, Io d.éveloppement de la libertéleur paraissant propre à favoriser la prospérité dupays et particulièrement I'essor. de I'agriculture, del'industrie et du comnrerce, dont ils profitent eux-mêmes d.irectement (charte de Grammont). On appelledonc oHARTE orr KEURE ooMMUNAT,E I'ensemble des sta-tttts, approuoés par Ie prïncer' sttïuant lesquels se

règ'Ient la justice et les affaires intérieures d'uneIocalité, oille ou oillage, éleuée au rang de com-mune.

0rganisation intérieure de la commune (e). - Les com-

De là vient le nom de bourgeoîs donUé aux habitants des communes.En réaiité, I'organisation intérieure des communes belges a varié non

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, pÉuoDp r'Éooo-coMMIINALE ro3

munes belges du xrv€ siècle étaient de véritables rêpu-bliques autonomes, c'osGà-dire possédant lo droit de

s'ad.ministrer elles-rnêmes .d,'après leur propre gré etleurs propres lois. Â de faibles restriotions près, ellesjouissaient d,'une entière indépendance politique, admi-nistratïue eb judiciaïre; elles foi'naient des personnesmorales et leurs bo'urgeois êtaient des cifoyens libresdans la commune indépendante.

Tt'indépendance politique des oommunes était cararc-

têrisée par leur droit de se fédérer entre elles, de con-cluro des traités de paix eû de commorco, d.e battremonnaie à frais commuus; par celui de faire la guerreaux autres communes, souvent leurs rivales, et auxseigneurs féodaux qui, après avoir violé leurs fran-chises, refusaient de se soumettro au jugement de leurséchevins '

L'îndépendanee administratiue des communes s'af-firmait par les institutions suivantes, que I'on retrouve'chez la plupart d'eutro elles :

I. IJN MÀcrsrnar (r) composé :

ro D'un bailti, amman, maieur, écoutète, etc., repré-sentant le souverain et exergant auprès de Ia cômmun'eune mission de contrôle.

Le bailli avait pour attributions : a) de; poursuivreles auteurs do délits, de procéder sur mandat des éche-

vins à leur arrestation et de faire exécuter au nom d.u

prinae les sontences rendues par le magistrat; b) deprésider, en matière judiciaire, lo tribunal des éche-

soulement de principauté à principauté of ri'uno tocitité à I'autre dans la même

principauté, mais encoro de sièclo en sièele.- ({) ôn donnait alors ls nom ds magîstratà l'ensemble des magistrats chargês

6rsflministrer-la communo of do rendns la justice. Le magistrat était donc

composé des écbevins et du bailli.

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rc4 oIraPrrRE srxrÈMr

vins, sans avoir .*puodoot voix détibérative daus lessentences à prouoncer r il se bornait à poursuivre et àrequérir,remplissant en quelque sorte l'office de minis'tère public; c) de commander, tlans les guerues entre-prises par le prince, le eontingeqt cles milices com-munales, qu'il n€ pouvait jamais lever d.'ailleurs sâirrs

I'autorisation du eonseit cle la commune.zo Du' corps ou tribunal des écheoins, dont le nombre

des meuibres vnriait, suivant les villes, d"e quatre àquatorze et même à trente-neuf (Gantl) (t).

Toutefois, même aux temps les plus démocratiques;le tribunal des échevius se composa surtout de urem-bres appnrtenant à la noblesso ou à la haute bour-geoisie. Lc peuple abandonnait volontiers aux grandsle. privilège de'rendre la justice. C'est que l'office cle

juge exige une certaine culture intellectuelle, cles

contraissances juridiques étendues et une suffisanteindépendflnce de position, eonditions qui so rencon-treut malaisément dans les classes inférieures de lasociété. D'ailleurs, le peuplè possédait ses tribunauxpropres. dans le conseil d.es jurés do métiers.

Lc tribunal des échevins avait commencé par con-centrer entre ses mains tous les pouvoirs : législatif,administratif et j'udiciaire. A mesure que se multipliè--reut les conquêies de Ia démocratie, il vit réd.uire ses''attribtitions qui se bornèrent finalemeut à I'exefcicede la ittst.ice'ciuile. Ceperidant les échevins continuè-tént à reogvoir, eomme font aujourd.'hui les notaires,

(11 nrlmitivement, c'étaitune ïnstitution arisiocatique. Ires échevins furerltsuccessivehent : a)nonlmés à vie par le prince; D) héréditaires dans certaines

i'familles; c) enfin, renouvelés anuuellement par un céllège d'électours.'En cer-tâirtes villes, ils ae furent mêrne ilus rééligibles, Ieur mandat oxpiré, quraprès

un intervalle d'un ân.

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pÉmoou rÉono-coMMUNALE ro5

Ies actes de veute et tlo mariage ai,nsi que les testa-ments.

3o D'un maît're' à temps. Dans un g'rand, nombre delocalités, il existait deux magistrats é[us, dont Ies fons-tions, généralement annuolles, oorrespondaient à celles

de nos bourgmestres. On los' appelait d.es,m'aîtres àtemps (r).

Iorsque les échovi:rs av-aient à traiter des questions,politiclues, ad.ministrativesq ou finaucières, ils étaientprêsidôs par I'un- des rnnîirçs à temps.- Llautre presidaitle. consei I des jurés donû nou6 allons parlor. Les maîtresà temps oommandai ont en outre- les mili ces' communatr oslovées pour une c&us€ exclu.sivement ssmmunal,e.

If. UN conps DE coNSErLLERs, .runqs ou oENSAUx (g).

Le nombro. d.es, jurés variait d.e quatre à. trente etpius. Ils éta,ient. chojsis,.lo ptus souvent,,par les éche-

' vins ou les grancls bourgeoi$, panmi les habitants les- plus considérables dela communo ; le conseil des junés'

était,clonc une institution bour:geoise. Il aivait. dans.se*at6ributions le pottuoir l:égislatif (en partage avec leprince, le tribunal des échevins et le commun conseil),t adm i ni st r at io n. p.ttbl ique' et la j ustÎce cr i mi nelle.

fII. UN coMMUrs coNsrrl ou r,aBcn coNSEIr,

C'était une lnstitution démocratique, comprenanûdnordinaire un certain nombre de clélégués d.es corporrations ouvrières. À Liége, jusclu'en fiB{., les gouver-no-urs et les jurés de chaclue nétier firent' de droitpartie do ae. conseil dont les meru.bres furent à cer-taines époques et en certains lieux, au nombre de plus:

do cent.,

({.) Ils pontaient à Gantl lo nom de preni,et échaui'n, à Tournai ce}ui de grandpréuôt.' (2) Ne pas c.onfondre les jurés censflrx aves [€s jurés des corporatibns.

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ro6 CHAPITBE SIXIÈME

Le commun conseil avait la police dans ses attribu-tions et aussi le pouvoir législatif, en partagc avec leoonseil des jurés, le tribunal des échevins et le prince.son influence varia nécessairement a,vec les vicissi-tudes éprouvées par I'idée démocratique.

IY. Lu GRAND coNsnrrr DE LA ooMMuNE.

Le prinCe ne pouvait modifier les lois ni les chartessans lo consentement d.u grand conseil de la commune,formé par la réunion des trois corps précédents (types :

Ypres et Anvers). fl ne pouvait les violer sans s'ex-poser à voir aussitôt éclater une insurrectiou légale outout au moins, pâr le refus des subsides et de diversservices, une résistance passive, souvent plus dange-reuso encore.

L'indépendance iudiciaire d.es grandes communes somanifestait par lo droit que possédaient leurstribunauxde juger souverainement, c'est-à-diro en dernier res-sort, les causes q.ui leur étaient soumises. C'est undroit dont elles étaient fort jalouses, mais que lesducs de Bourgogne s'attaohèrent de bonne heure àdétruire.

.En résumé, la commune du xrv" siècle jouissait deI'indépend.ance politique et administrative et de lafranchise jud.iciairo. Elle avait un sceau, ulr receveur,un secrétaire, un beffroi. ses bourgeois possédaieut laliberté individuelle, le droit de propriété, I'exemptiond.es charges serviles, le'droi_t d.e n'être jugés que parles tribunaux des échevins, I'inviolabilité d.u domicilo,l'eremption d.es épreuves judiciaires, enfin dos droitspolitiques. Le bourgeois était donc le citoyen libred' une commune indépendante,

La commtrne, personne morale. La commune, recon-nue par les chartes, était dans Ia même situation qunun

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pÉnropn rÉooo-coultuNAr,E rU^7

individu déterminé; elle jouissait do ses droits civils et

politiques. Elle était également, vis-à-vis d'u prince,

son pouvoir pouvaqt être tenu pour un fief, oommo

un vassal relevant d.tun suzerain e_t remplissait, à son

égard, les d.evoirs ordinaires de la vassalité. ElIe-mêrie formant alors une soigneurie collective, avaitd.es serfs et des vassaux qui étaient communes ou sei-

gneurs à l'égard- de qui ellê exerçait les droits d'un

suzcrain quelconclue sur une autre personue, sa oa!- .

sale. D'où I'expression : la commune, personne morale.En sa qualité de vaséale du prince, Ia commune lui

devait aiden conseil et service militaire. EIle pouvaitperdre ses privilèges si elle violait, dans ses rapportsavec lui, lo contrat féodal, représenté par la charte.Pour Ie surplus, ello ét'ait libre de s'administrer à sa

guise, de traiter ses vassaux et ses serfs, d'ans les

limites des pactes féodaux, comme elle. était olle-rnême

traitée par le prince, son suzerain.On peut donc définir Ia communo du moyen âge :

une localité, uille ou uillage, dont les habitanfs iouis-sent de franchises ou priuilèges gar4ntis par une.

charte ou keure et particulièrèment de la liberté indi-oiduelle, de l'inaiotabilité du domicile, du d.roit de pro-priété, cle l'exemptÏon des charg'es seruiles, de Iafranchise administratiue et de la franchise iudÏciaire.La commune forme rTonc arle PEB,S0NNE MoRAr.E et ttne

république à peu Près autonome,

ConponerroNs rr uÉnrnns.

Gildes. - Fatigués d'ôtre I'objet d'exactions et d''ava-

nies continuelles, les marchauds du moyen âg'e se

décident à formerr pour s'entr'aid.er et se défendre,

des associations qu'ils nomment gildes,Les marehands;

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ro8 ctteprrnn srxrÈnrn

associés en gildes, se donnent'd.es règlements f1n'ilsfont approuver par le prince et qu'ils jurent d'obsdrversous peine d'amendes. rls s'engagent à verser, an{ruel-lement, d.ans une caisse commune, une certaine roh*ed'arge't qui s'augmente du chiffre des amendes dt aod.roit d'e'trée p&yé'par les nouveaux membres. avecles ressources que lui procure cette caisse, ta $itaeindemnise en partie dg leurs pertes les march{ndsdépouillés; ello d.onne des secours à ceux qui tomùentdans Io dénuoment; elle fait des pensions aux veuveset aux orphelins des plus paurres.

Les membres cle la gilde choisissent, pour tLnirlours comptes, uu rerzfier ou receDeur; pour rédjgerles procès-verbaux de leurs séances, i'rs

'omrnen! oo

greffier aa secrétaire; pour régler leurs désaccdrdscommerciaux, ils désignent quelqucs-uns d,entre buxparmi les plus compétents et los plus sages, qui for_ment 7e conseil des jurés,. enfin, ils so d<ln'ent fdeschefs, les doyens ou gauuerneurs, qu'ils charglntd'adm,inistrer'"Ies intérêts de Ia gilde et, le cas échéalnt,de porter la parole;en son rom.

j-Dès lors, ils ne voyagent plus que par groupes er

lrien armés, €t, d.even.s plus ltardis, ils défend{nténergiquement leur bien lorsclu'on veut re leui-

"avlii^.Four gagner les bonnes grâoes des ducs et des comtfs,ils leur paient do fortes som.mes d.'argent, tirées aejhbourse communo, ou leur offrent, en présent, - uh.epartie de leurs plus belles marchandises. Désormals,ces pnissants seigneurs les protègent, Ieur f<lurnissehtdes escortes ou châtient sévère,rr'rent les pl*s

"opo.b*d,'eutrc les, barons do leur principauté. La sécuritécornmereiale no tarde pas à renaître. La principau[éentière en bénéficie.

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r_-PÉRroDE rÉopo-coMuuNAr,E rog

En même temps, les gildes acquièrent des droits

irnportants et nombr€ux, garantis par tles chartes.

Elles ont un sceair, une bannière, uné chapelle ou un.autel, u4 lOCal pour réunions, une halle, le droit do

s'assembler sur la; place publique, d'e participer à I'ad-

minisùration de la commune;. celui de ne payer quo

certaines taxes, de faire senles tel ou tel commeree, etc.

Àinsi les gi!.des sont des associations dB,matchands,

régies par des statuts, possédant des chefs, une caisse,

un sceau, une bannièrer'une maison comn'runer urre

chapelle ou un autel, uno justice spéciale et cl'autres

privilèges garantis par une charte du prince..Les gildes

sont des persoDnes morales. Elles peuvent possécler,

achetoro vendre, ester en justice, etc.

Mais, avec la qichesse et la pnissance, l'orgueil leur' est vgrlu. Les membres cles gitdes méprisent les arti-sans, c'est-à-dire les travailleurs clui exercent cles

métiers manuels et les accueillent difficilement parmi

eux. Pour êtr"e actnois dans une gilde, I'artisan doit-

non seulement payer un droit d'entrée fort élevé, mais

avoir cessé tLe travailler depuis un an et un jour :

les gens .- aùx ong.Ies bleus en sont hauteDreut

repoussés.La gilde.devient un organismo fermé, aristocra-

tigue, conserv&teur. Elle groupe des capitalistes.

Gorporations doartisans 0u de métiero. - L'habitude cls

chacun, c]nea nos ancêtres, ds construire, de fabricluer

ou de.confieotionnei soi-même tout ce qui est indispen-

sable à ta'vie simple ot frugale de l'époquo, empêcha

longbernps,llinûustrie de se développer daûs les villes.Irorsque. 'par la suito, le commerce eut pris quelquo

extension, les artisans continuèrent à habiter de prâférence la campagne où ils trouvaient plus de facilit'es

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IIO CHAPITBE SIXiÈME

pour se procurer la matière preiiière de leurs ifldus-tries et la plupart des choses nécessairos à la vie.l

Mais, insensiblement, on reconnut qu'il serait do*o-.tageux, pour un grand nombre d.,industries, de 1""r,semblendans les cent'ros les plns populeux,les matièrespremières dont elles qvaient besoin et'de les y iairemettro en æuvre par les ouvriers de la localité. Cussivoit'on les artisans de multiplier subitemont dans lesvilles, où les marohànds habitaient jusqu'alors preFquev *^vp, vu rvÈr rrrÉr'r. \irr.t lluÈ na,rrtut,f tjlf U J USqU aIOfS pfeFqUeseuls à côté du clergé, d.nun bertain nombre de molnes,de quelques nobles, de leurs serfs, et d'un très letitnombre d.'artisans libres.

I

a I'imitation des marchands, les artisans se réirnis-sent bientôt en associations dont lé but est de ls,entr'aider, €t, au besoin, de se défendre contrd lesexigences des marchands et les exactions des ] sei-gneurs.

L'emploi dos mêmes instruments de travail coriduitaussi plus d.'une fois à I'association certaines caÉg{riesd'artisans. un seul four pouvant suffire à I'usale deplusieurs boulangers, les boulangers {'oo mêm! en-droit se réunissent volontiers ponr en construire tln etl'entretenir à frais communs. De même, les tann[u*,d.'uue localité s'entendent ordinairement pour fairebâtir uq moulin à écorce destiné à l'usage de doo*.L'association des artisans en corps de métiers est doocd.'abord favorablo au progrès de l,industrie.

Les artisans, ainsi associés, donnent à leurs do*-munautés le nom d.e corporations ou corps de mëtfers.

AuurssroNs. - Pour être admis dans un méti{r, iIfaut d'abord êtro né d.e mariage légitime et jouir di'uncbonne réputation. Les fils do compagnons oude maltressatisfaisant à ces conditions préalabres sont, do dfoit,

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PERIODI] FEODO.COMMUNALE III

membres d.u métier. Les bourgebis ou fils de bourgeoisn'appartenant pas à un métier et les ouvriers étran-gers doivent, pour être admis dans ce métier, payerun droit considérable, qui dépasso parfois centpièces d.'or.

Drvnnsmis c-lrÉconrns DE MEMBn,Es Du uÉrrnn.L,es métiers comprennent plusieurs catégories domembres.

fl y a d'abord, les apprenfis. Pour pouvoir être admisà I'apprentissage, il faut avoir atteint l'âge de treizèans et être I'enfant légitime de parents catholiques.L'apprentissago d.ure six ans au mbins. Afin d'être àmême de les instruire 'convenablement, un maître nopeut accepter que d.eux ou trois apprentis.

Les' compagnons sont. les hommes du métier dontI'approntissage est terminé.

On donne le nom de maîtres à des compagnons qui,après avoir travaillé pendant plusieurs anùées enqualité d.'ouwiors et s'être perfectionnés dans leurart, réussissent à prod.uire avec _uno perfection suffi-sante un objet appelé letr chef-d'æuure,

Les patrons sont d.es maîtros éûablis à leur compte.Dans la plupart des métiers, les compagnons munis d.e

leur diplôme de maîtro s'établissent en qualité depatrons dès qu'ils ont économisé le petit capital indis-pensablo à leur installation et qu'ils en ont acheté ledroit à" la commune, âu prince ou à la corporation,parfois à tous les trois,

PnopnrÉrÉs ons uÉtrpns. - Chaque métier possèdeordinairement diverses propriétés .: une halle, une.maison, une chapelle, etc., bâties à frais communs.

Srcxns.DrsrrNcrrrs. Les prinoipaux signes dis-tinctifs des métiers sont : los armolries, {ui repré-

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II2l

I

CEÀPTITiE SIXIETIfE

sentent géuéralement un ou plusieurs des instrumerlts

à I'aide desquels leq compagnons exerceut leur incluls-

trie; une bannière et ul sceau dont on marque lps

pièces êcrites, rédigées au nom ùe la èorporation' i

AssrsreNcn ENTRE coMPÀcNoNS. - Chaclue métie{ a

une caisse alimentée pa,r les drorfs,dientrée des mes-

bres nouveaux, les cotisations périodiqttes de tous etlle

produit cles ame ncles encourues par quelcpcs-ulls à ll,suite cl'iufractions aux règlements.

A I'ocôasion, des- seoours sont-attribuéË, sur ce!@

caisse, aux compagnons malades ou infirmes, à cer,lx

dont les affaires n'ont pas réussi'ou qui ont été éprou-

vés llâr I'incepdie, {IlIx vsuYes clont leg ressourcgs

sout iusuffisantes, etc.

Quant aux orphelins, la corporation les adopte, se

char"geaut de leur entretien of de leur éducation.

certaines corporatious très riches ont leur hôpital

ou leur hospico,'.comlno elles.ontleur maison et leqr

chapelle.PnrNcrr"eux oFl'rcES DANS'r,ns uÉuÉns. - Il y a dans

un rnétier six catégories prÏncipales d'officiers ou em-

ployês : les tloyens otr gouuerneurs' lcs inrés, les

rernards, le greffier, le rentier et le uarlet,Deux g'ouuernelrrs, appel'és d-oyens clans les pays do

langue flanrande, veillent aux intérêts du métier et à

I'exécution de ses règlement's. Ils l'e command'ent en

temps de guerre.Les jarés rendent la justice aux membres du

métior etreprésentent celui-oi clevant les autres tribu-naux.

An nombre d,e oinq, \es rcwards ou wardeus parta-

gent, avec les doyens ou gouYorneurs' la mission

d'inspectOr les produits mis en votrte. C'est sous les

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t t,P.ERIODE EEODO.COM$fUNALE

yeux des rewards que les apprentis travaillent à Iourohef-d'æuvre.

Le rentier ou rcceveur du métier touche les droitsd'entrée of d'apprentissage, perçoiû ou paie les renteset' les employés; c'est, à proprement parler, le trë.sorier.

La greffier ou secrétairo rédige les procès-verbauxdes séances,.

' Enfin.o le uarlef .- €r certains métiers l'âafssier -est uu dornestique mis à Ia disposition des doyens ou

$ouverneurs.pour porter.à domicile les convocationsaux, séances.

o

llopn" n-u. îneverl ET pnocÉpÉs DE FABErcarroN.PnÉceurroNs pRrsES poun assunre tra_ BoNNn quer.rrÉDES pnoDu:rs. Couusncn. Les coupagnons.tra-vaillent.à la pièce ou à la journée" Celle-ci comanenceà I'aube pour finir à Ia nuit tombante, 'sauf l'êté où ellese termine à 7 heures. La cloche du heffroi annoncele. commencemenù. eù Ia fin do la j.ournée. Tout travailà la chandello est interdit.

Le sa4edi et les veillos de grandes fêtes, le travailest suspendu à partir ds mid.i.

Les tisserand.s ne peûvent travailler à plus de troisc-hâssis. Défense leur est faite de tisser par un tempsde geléo, de graisger autrement clunavec du-beurre, delusitrer au feu ou à Ia graisse au lieu de lo faire à I'eausculcueut,. etc.

Toute marchandise exposée en vente, soit dans laboutique d.u patrou, soit dans son 6choppe à-Ia halle,doit porter deux marques ;_ celle, du fabrioant et celledes reward.s.

1| sgf i n t erdit.d.e. sej ourner devarit.liétalage- d.' un ura,r-chand, d'y crach'er, d'X tailler sgs ongles, d'.I rien fâ;ftnj'

rr3

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\r4 I

CEAPITRE SIXIEME

on un mot qui soit clo nature à éloigner les pratiques.De son c6té,Ie patron no peut appeler Ie client pourlui vanter et lui re0ommander sa marchandise.

Ser,ernn. Pnrx DEs igosns uÉcnssernns a r,À vrnau xrv" srÈcr,p. - Le salaire diffère peu du compagnonau patron. Le gain do celui-ci dépasse rarement ledouble du salairo d'un d.e ses ouvriers. Tenir compte,

dans Ia hiérarchie industrielle et dans la répartitiondes fruits' dr: traoail, de la capacité et de l'actioité de

l'indioidu, sans néarunoins détruire I'égalité entre les

trauailleurs, tel est le difficile problème qu'on snefforce

de rêsoud.ro sous lesi: eommunes' dans les rapports,entro les ouvriers et les patrons. ( Le problème de lad.istribution de la riohesse, dit Yanclerkind.ere, lexrvt siècle paraît I'at'oir mieux résolu Aug tp xrxe. rr

Le salaire moyen était au xrve siècle, par jour, d'en-viron 3 sous de cuivre qui d.evaient être payés à I'ou-vrier en argent, non en nature. Il semble clue ce soitpeu au regard de la jourPée actuelle de I'ouvrier, maiscetto disproportion n'est qu'apparente, oar les objetsde première nécessité, c'est-à-d.iro les choseq relativesà la nourriture, au vêtement et à I'habitation sont, à

cette époque; abondantes ou à bas prix 1r).Onr,roarroNs ET pnrvrlÈcps DE rra coRPoRATroN ou

DE sES MEMBRES. - Les membres d.'un métier doiventrésicler dans un quartier spécial.

ft est défendu, de la fagon la plus formeller'à qui-

oonque exerce un métier, d'en changer pour enprendreun autre

Les patrons ne peuvent; sans s'exposer à de fortesamondes, s'enlever leurs ouvrierg.

({) Yoir, pourplus de détails, notre llâstoire çùttoresque et anecd,otique des

Bel:ges.

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pÉnronn rÉono.coMMUNÂLE II5

En te.mps d.e guerre, chaque compagnon est tenu,aussitôt que soirne la cloche du beffroi, de venir seranger'sous Ia bannièro de là corporation et do rem"plir son devoir de soldat.

Les corps de métiers jouissent de certains avantAgesqui consistent : d.ans le droit, pour la corporation, d.e

possédor, d.'acheter, de vend"ren etc.; d.ans celui dechoisir, parmi les membres do l'association, des jugesou jurés chargés de décider en promière instance lesquestions relatives à I'industrio du métier I dans celuido conoourir à Ia nomination des ad.ministrateurscommunaux, etc.

Les membres du métier ont seuls le droit de fabri-quer et de vendre, d.ans Ia localité, les produits de leurindustrie" Cana.crÈnpg spÉcreux DE r,'TNDUSTRTE ET DrI cou-ùpncn au MoyEN aen. - Le moyen âge no conçoit nita liberté industrielle, ni Ia

- liberté commercialo. Il

n'ad.met pas la concuruence. Jamais un étranger n'estreçu dans un métier s'il u'y a insuffisanCe d.e brasdans la localité, Non seulement personne .lre peuts'établir en qualité de patron sans.être affilié à lacorporation de sou métier, mais chacun doit se can-tonngr dans sa spécialité. Un fripier ne peut confec-tionner ou vendre des habits neufs; il est interdit à unsavetier de faire des souliers. De même, aucune mar-ohandise venant du dehors no peut, sauf en temps d.e

foire ou d.o marché, ôtre présentée en concurrence aveccelles fabriquées dans la commune. Parfois même cet6einterdiction est absolue.

Mille précautions sont prises, noir seulement pourcombattre la concurrence, mais aussi pour empêcherquelques-uns de s'onrichir à côté et par l'aide du grand

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;l.i,!

I16 CEAPTTIiE S.IXIÈME

nombre. L'association des métiers est défendue et', pourles grandes fournitures publiques comùre pour l'eutre-prise de travaux considérables, il est interdit auxaclministrations'communales de s'adresser à un sculactjndicataire. Petits capitaux, petite indttstrie, tltui-sio n relat ioe. du t r au ail, p r of ec.tio n et rég'Iementat io n àoutrance, g'aranties eJccessiues pôur l' acheteur relati-oement'att pri,x et à Ia qualité des prodttils, tels soutles cal'actères spéeiaux de I'induetrie et du commer"ce

à l'époque communale. r{fnsi Ie rnétier est unc associa*tion cl'artisat?s: - altprentis, campagnons, maîtres,patrons à ta fois oblig'atoîre pour tous ceux quipratiqtrcnt Ie métier et fet:mée'pottr les autres. CommeIa gilde, Ie métier est ftgi par des sfaf trfs qtti fixentles heures de traoail et les salaires, les prôcédés de

fabricationet les prix de uente.II possède des che,fs, trnecafsse, un sceau, une banniëre, ttn local portl' les

néunions, trne.chapelle ott ttn autel, une jttslice spécialeet d'atttres prioilèges garantis par une charte spéciale.Lui aussi peut posséder, acheler, oendre, acter en ius'tice, etc., pflr saite est une personne morale.

Glasses rurâles'- - La coudition des selfs des cam-

pagnes est tres- ôure, nous l'avons vu. Dans I'espoin'd.laméliorer leur' sort, urr gra,n& nombre d'entre etxs'enfuient et vont s'établir soit dans les villes, soitd.ans la franchise d"e celles-ci, et après un an et unjour ùe résidence, ifs sont émancipés, lo clroit de

poursuite s'êteignant après co laps de temps.. Or les

cominunes'urbaines, en vue d'augmenter lour popula-tion, aident volontiers les serfs à se cachdr. Pourempêcher la dépopulation de leurs seigneuries, lesbarons se voient obligés d'accorder à leurs serfs d.es

olrartes qui portent le nom de chartss rurales,

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ttPI' RIODD J'SODO- OOMMIiNALE TT7

Pa,r'fois,les chartcs accorclées faroriscnt tbut un cantou. C'estune telle charto que Bauclouin IX eoneède, cn I'nn rzoo, âutr'r'ano ou banlieue do Bruges, c'est-à-clire à ttne cornmunautéTormée ds,quatrxe-vingt-clix paroisses,,réparties cD un plus glanclnombro cte villages. D..es lorç, le Franc a son ,lribunal dcs éche-vins, clont deux bourgrnestres. La comtessc Jeaunc accortle cles

-chartes sembld,bles, vers rz{o, au pays clo'Waes, à la châ,telleniocle Furnes et au territoiro cles Quatre-Métiers. Les territoir:es

. auxquels de telles chaftes sont consenties forment'le s cammuneszurales." En Ardenne, c'est-à-dire dans Ie sucl tlu Luxembourg et clu

Narnurois, la plupart tles villages suivent la loi de Beaumont,qui, sans leur conférer cle privitèles politiques, leur assure laséeurité, une cer"taine tiberté et de nombreux avantages maté'riels. Ces villages, ainsi privilégiés, constituent égaleurent cles

,communes tarales.

il. - I)éveloppement du régime communal pendantle XII" et le XIIIe sièole. Frinces qui le favo-risèrent tout partiaulièrement.

. A. - ColrnÉ on Fr,exnnp.

Charte de Grammont (1068). - C'est à Br'tutlouin tle Mons (Bau-,clouin YI en Flandre, Bouclouin Ier on lfainaut) cluo la ville clo

,Grammont cloit sa fondatior ,sf, son antique tharte.Désireux de peupler certaines terres situées à I'est clo la

-tr'lanch:e et restées jusclu'alors désertes ct incultes, Baudouin tle

Mons, comto d.e I'lanclre et de lfainaut, asheta cl'un seignelll',rrommé Gérartl, la villa dite de Gér'ardmout, située sur I'empla'eement actuel cle Granmont.Il I'enioura d'uue vasto snceintefortifiée et, afin do proourer des rhahitauts à -Ia viltre nouvello,il lui dorrna, une cha,rte clont voici les Brincipales clispositions.:

ro ] a liberté inclividuelle et le droit cle propriété sont garantisa,ux habitants cle Grammont; eo ils ont le ch'oit d'acheter, cle

vénclreo d'hériter et cle tester; 30 ils sont jugés par un tribun'dl<les échevins, conformément aux ststuts locauxi 4o on ne peutLes soumettr.o contle leur gré ,aux épneuves jueliciaires I Soils

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II8 CEAPITBE SIXIEME

ont la, propriété d'uno forêt et la jouissance de prairies et depâtures pour leur bétail.

L'ootroi spontané de oette charte à une localité en formationprouve la possession antérioure de privilèges analoguospar leshabitants de localités plus anciennes et plus importantes.

Philippe d'Alsace (1168-119l). Lo comte Philipped'Alsace fut un des princes les plus distingués de IaX'landre. R,égent du comîé en I'absence d,e son père, euifit quatre voyagos _en Terro sainte, Philippe snoccupade la codification d.es coutumes du paXS, de la réformgde la procédure j'ucliciaire et de la détermination dumode d'exécution des sentences, Ir'observation de laloi, modifiée de la sorte, fut irnposéo à toute laX'landre.Ainsi, d.es règles équitablcs d.'administration et dejustice, qui jusqn'alofs n'avaienf &ët en vigueur qu'en

' certains endroits, furent introduites partoutn jusquedans les cantons los plus reoulés.

Les réformes de Philippo d'Alsace lui méritèrent lotitro do premier législateur de Ia Flandre.

En vue d'encourager I'agriculture et d'aocélérerl'asséchement des marais ainsi que le défrichement desterres, il accorda aux habitants d.es oampagues unofoule d.'exemptions de tailles et do servitudos. C'est àlB suite drune oxemption de l'espèce que fut d.essêché,tléfriché et peuplé un vaste territoire inculte situéentre Ypres et Poperinghe et connu depuis sous lenom de Gënéralité des huït paroisses. Le comto y fiten outre bâtir des églises. Les travaux d'endiguementcommencés depuis le xr" siècle se poursuivent active-ment sous Philippe d'Alsace et les princes de la Mai-son de Dampierre. Toute la côte de Flandre se garnitd.'uue bordure de polders de plus en plus considérable.Mais comme ces travaux d.'endiguoment, très coûteux,dépendent en outre les uns des agtreso il se constitue

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t

t;PFRIODE FEODO.COMMUNÂLE II9

des associations d'intéressés pour introduire de I'unitéd.ans les travaux. Ces associations, ce sont les wate-ringues, correspondantes aux gild.es et aux métiers.

Phitippe favorisa aussi I'essor de I'industrie en con-cé.dant aux communes et aux gildes des privilègesçousidérables et en assurant, per des mesures sévères,la sécurité d.u commerce (r). fl protégea encore celui-cien concluant des traitês avantageux ayèc les princesétrangers, en augmentant le nombre d.es foires et desmarchés, en creusant d.es canaux, en améliorant lgcours.des voies navigables, etc.

De plusn il encouragea les lettres ct particulière-ment l'étude de I'histoire. Un littérateur de l'époque,Chrestien de Troyes, se qualifiait volontiers d.e trou-vère (z) du comte de X'landre.

. 6 f.,'quyre de Philippe est une &uwe de centralisation... Il afondé un-droit urbain identique pour les cinq grandes villes doFlandro et les a fait entrer dans I'organisme clu comté en abolis-sant tout ce gui pouvait laisser subsister entre elles et lui ungerme menaçant d.'autonomio républicaine. u (L. V.lnonnKrNDERE,Balletin de la classe' des lettres et des seiences morales et poti-tiqaes de I'Aeadémie de Belgiqae, an1(e rgo5, p. 75S.)

Baudouln lX de Gonstantinople (tlg5.l20b). - Philippe d'Atsaceeut pour succsssenr. Baudouin le Courageux, comte de Hainaut,son beau-frère. A Ia mort de ses parents, le fils cle Baudouin loCourageux, Baudouin de Constantinople, hérita à son tour ducomté de Flanclrà (rrg{;, du comté do Elainaut et clu'marquisatdo Namur'(rr95).' Bqudouin cle Constantinoplo fut un pr.ince généreux et écla,iré.voulant améliorer dans ses Etats le sort dep classes inférieures,it abolit certains impôts dont le poicls était particulièrementlo,lrrcl pour le peuple. Tel fut, par exemple, le droit <lu prince etde ses officiers de ne pa,yer en tout temps que 3 deniers le lot de

({) ta _plupart des statuts communaux donnés aux villos de son comté parPhilippe d'Alsace sont des keures ou lois criminelles.

(2) Nom donné aux poètes du nord de la France, au moyen âge.

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It

nz01 crrÀHuflùEi srxLùMri-

vin oxpos6 au marehé. It pégla l.a poûocBtion des tonlioux en

fonuulant les tar.ifs d'aprèslesqpels ils d"evaient être prélevés,

établit cles foires à Bruges et aceorda au llainaut cleux chartes,

Par I'uno, il tlo[na au régiine féodal clcs bases régulières qui,

riotamment, cousacrgicnt lo dpoit d'ainesse; pa1 fautre, il olga'uisa la procédure crimilslle et régla les pénalités. En outre, iIerlcoilragea.les lettros que sa femrne Maris de Champagne et luisultivaicnt avee susoès..C'cst,lui qui fit écrire les Histoires bau'

douines, chroniclues contenant Ia généalogio {o ses ancêtres et

les pr"incipaux faits de Iout vie.Bataille de Bouvines (1214). - Après la mor"t ds Bautlouil tle

Constantinople, Ia couyonuo deFlauclre pflssa à Jeanle, sa fille'ainée. Livrée ù Fhilippe'Auguste'pa,r son onsle st tuteur Phi-U{rps le Noblo, marquis ds Namur, Joanne épousa Ferraud d'e

Portugal que lui proposait le roi cle Franco. Celui'ci avait espéré

trouver en Ferr.antl uu vass&l soumis. Mais voyaut ses sujots hos-

tiles à I'influclco frangaise, lc nouveau comte do Flaldre refusaI'homruago au roi dc Irrance et contracta alliatrca avec le cluc tle

Brabant, le roi tl'Angleter"re et I'ernpeteur d'Allemagne. Mrrlgré

la supériorit6 <les forces" alliées, qui. dépassaient, clit-on, oentcinquante nr.ille hornurcs (r), Philippc-Àuguste lcs vaincluit à.lagrande bataills'tle lJouvincs, cn rard. Cette victoire sa,uva do la,

ruilc la rnorrarchio {rançaise et rnarqua le triomphe de laroyauté sur Ia granrle féodalité (z). Désormais, lcs rapports cle

dépeldance qui lient la Flauth'e à Ia France seront plus étr:oits.

Nou seulcmcn! la prernièro ressortira au Parlemcnt de Parissous Ie rapport jucliciaire, tn&is sorr seigneur devt'a I'hommage'Iige au roi tle Franco (3). Désormais aussi, les corntos dc Flautlrene serout plus en état tle lutter: seuls contro les rois de France.Par contre, Ies colnmuues flamancles ne tarclerdnt pas à clevelir

(l) Dans la llgue étaient entrés tous les'grands barons féodaux des Pays'Bas, qui redoutaie.nt de voir Philippe-Auguste entreprendre la reconstitutiondo l'emplre de Charlemrgne. Pareil projet no- pouvait sourire aux princes

lotharingiens qui vivaient à peu près indépendants'sous le sceptre des empe-

reurs allemands. Quant à Ferrand, il aspirait à jouir d'une semblable ind6-pendance et mème d'agrandir son comté aux dépens de la France.

(2) Cette viàtoire française eut des conséquences européennes : en Angle'tefre, le roi Jean sans Terre dut ascorder à son peuple lt Grande Qhat'te

(4215), véritable Constitution fixant les,droits du peuple anglais.(3) L'hommage4ige comportaif, de la part du comte de F'landre : {o lâ

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PEII,IODE "X'ùIODOrOO.MMUNALD r"9I

pour cbs cler:riers do redoutal.rles aclver.saires, er substituant,<lans la politique extérieureo ,au pouvoir affaibli clu prince,-l.eur' puissance pfus jeurre, plus forto, plus véritoblement uatio.ua,le.

feanne (2A4-1244) et Marguerite' de 0onstantinople(1244-1279). -.X'errand, fait prisonnier à la bataillo de

'Bouvines et conduit à Paris, ne fut relâché qu'en rzz7".

Xl signala I'année qui suivit sa mise en liberté par uneréorganisation des collèges êchevinaux à Gand, Bruges,Ypres et Douai, alors losplus importantes villes de laFlandre. A la suite du capitulair.e do l(ïersy, les fonc-tions d.'échevins, d'abord conférées à temps, puis à vie,par les souverains, étaient devenues hérétlitaires enFlandro dans quelques familles de grands bourgeois,dits poorfers (r), ohacune dlelles foursissant un échevin.Ce rnode de recrutement des magistrats communaux,assurérneut défectueux, finit par,e4gondrer des abusd.e tontc e-spèce; il.donna lieu, n-otammont, à une ilila-pidation seandaleuso des rsve{nus ,publios. En vue,d.e'porter

remèd.e à cCtte situation, Ferrand éta;blit un col-Iège dc trente-neuf éefuains, nomnrés,à vier'm.ais auto-risés à ôésignsr .eux-mêmes'les sn'soesssurs de leurscollègues défunts. Les XXXIX rco.rnpr-onaient : treizeécheoins, dits de la keuro, treize conseillers et treizeoagues (ou oisifs). Ces magistrats se remplaçaient

neoofinâissanoe de I4 juridiction iluParlemen[ il"e Pâris ;9o I'obligation du servicemilitaire pour tout le temps de laguerre; 39la soumission à I'excommunica-tion et àrl'intertlit'prorroncés à la reqdêb du rôi, etc.

,Pour subv.enir ,aux frais considérables de Ia .guerre, tes ,princes doi'ventrecounir désormais à l'emprunt. La bourgeoisie ne prêta gu'en échange de Iapromesse do ménager-ses irlérêts. 'Les guerres devinrent môins frÉquentesetressèrcnt df ê tre -possib[es sans r le, con sentemen t i]es vil læ.

(l) Poorter,en Flandre, êtait synonyme de bourgeois et opposé à, homme deméti,w. Les poorters Tormaient, en pâls'flrmand, l'élément aristocratique de Iapopulation.

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T22 CHAPITRE SIXIEME

successivement d'après un système de roulefoent qui,ohaque année,- substituait les vagues aux conseillers,les conseillers aux échevins et ceux-ci aux vagues.Comme on Io voit, la réforme do Ferrand n'a rien de

d,émocratique.Marguerite, sæur do Jeanne, qui lui succéda en

I'landre et en Ilainaut Fz44), affranchit les serfs de ses

domaines moyennant trne rod.evance fixe et annuellede 3 deniers pour les hommes et de t denier pour lesfemmes. Elle permit en outre aux serfs d'hériter, à lacondition qu'elle puisse prélever le meilleur catel ou

meilleur meuble de la succession.

B. - DucuÉs rr BnasaNr ET DE Lrvrsounc.

tn Brabanr,, comme à Liége et en Hainaut, l'industrie et la civilisationdemeurèrent plus longtemps agricoles quten Flandre. Mais lorsque,vers 4{50, on eut créé une route reliant Cologne à Bruges par Aix-la-Chapelle, M'aestricht, Saint-Trond, Léau, Louvain, Bruxelles, Alost' Gand,les fleuves cessèrent d'être I'unique voie commerciale. Des milliers de

chariots conduisirento par voie de terre, du Rhin en Flandre, les marchan-dises qui autrefois nty arrivaient qu'en descendant jusqu'à la mer Ie Rhinet la Meuse. Àlors, I'industrie en Brabant et à Liége commença à devenirmanufacturière, Bruges et les autres ports flamands accaparant de plus en

plus le commerce d'exportation.

Lee trois Flenr! de Brabant. - Plusieurs guerres qu'ilsoutint contre ses voisins valurent à HenrÎ |et" (Trgo-rz35) le surnom âe Guerroyeur. Il combattit pour lapossession de la route commerciale Cotogne-Maestrieht-Louvain-Bruxelles-Gand,-Bruges. C'est la raison de salutte contre l'évêque de Liége, dont la principauté com-mandait cette route et.celle de la Meuso, ce qui por-mettait à l'évêque de couper les voies par lesquellesse faisait le commerce d.u Brabant du côté de I'est.Espérant augmenter la trop faible population de cer-

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PEBIODE FEODO.COMMUNALE! r23

tainos parties d,e son duché, il en émalcipa .les serfset remplaça par des taxes fixes los redevances servilesauxquelles ils étaient auparavant assujettis. Telle futI'origino d'Ilérenthals, de Turnhout et d'Hoogstraeten.

Il exempta aussi les Bruxellois de la peine de la con-fiscation des biens et, en 1233, garantit la sûreté indi-viduelle à tous les habitants de la principauté. On luidoit encore f institution, du roste non prévue par lui,des lig'nages. Le z6 rnars re35, l'année d.e sa mort, ildécida que d.ésormais lês échevins sortants des magis-tratures communales seraient autorisés à choisir leurssuccesseurs. Le plus souvent, ces échevins désignaient,pour los remplacer, des membres de leurs familles.Ainsi rraquit l'oligarchie des lî.gnages. fl y eut septlignages à Bruxelles, sopt à Louvain, autant à Anverset dans les plus importantes communes.

Henri II (rz35tz{8) défendit aux baillis d.e rendfe lajustice en I'absence des échevins et, au droit de main-hoorte, substitua celui ds meilleur catel..A partir d.e cemoment, les serfs brabançons purent disposer deleurs biens. ,

Dans la même voie d.e progrès, Henri III (t248-rz6r) alla plus loin encore. Par son testament, ilsupprima le servage dans ses domaines et exemptatout habitant de la terre brabançonne d.es tailles oucharges extraordinaires. Personne ne fut plus astreintdésormais qu'au paiement d.es trois aides légales : che-valerie, mariago et rançon. Chacun, en outre, devaitêtre jugé par droit et seirtsnce.

r

lean lu". Il reçut le surnom de Victorieux à la'suite do la victoire c1u'il remporta à Woeringen (r),

(,1) [ocalité située à 92 kilomètres nort-ouest de Cologne.

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:'.24 CEAPJTRE SI.XIEIIIE

,en rs88, sur d"ivers prinees auxquols il disputait lapossession dir duché d.o Limbourgn dont lo d.ernier.d.nc, W'aleran IV, était' mort sans laisser d'enfantmâle. Depuis lors, cette priucipauté demetlra réunieau Ilrabant. Par I'acquisitio-n du Limbotrrg, le ducde Ilrabant s'était .rendu maîûre de la route com-merciale qui reliait l'À}lomagne aux Pays-Bas occi-dentaux.

- Pour récompenser ses sujets des grands sacrificesqu'ils s'ét"aient im,posés pendant la.guerre, Jean Iu" leuraccorda des chartes ou keures clui leur.attribuaient des

privilèges importants. Atr notnfu1's de ces privilèges, ilfaut signaler le princip,o de l''$galité.jud.iciai-re et lacomplète êmancipation civile des serfs daus les do-.maines particulie"rs du duc. Elles autorisaient eu outreles Brabançons à refuser I'impôt et .leur reconnais-saient le dioit à,f insurrecLio:r dans le'cas où le priucoen violerait quelque point.

Outro les libcrtés qu'elles garantissaient, Ies keuresde Jean ,I"" renfermaient quantité de prescriptions etde défenses qui en faisaient pour ainsi dire des codes.

Les ,pénalités judicia,ires, à cette époquo de violence,étaieut elles-mêmes d.iune séverité excessive. Nous onsitons denx ar,ticles à titre d.lexemple :

ro Quiconclue volera, au-llessous clc 5 sous sera marclué cl'unfer rouge. Quicorrque volera au'tlessus -perch"a la moitié cle bes

biens ou's€ra mis'à nnort.eo .Quiconqne violerâ, une trôve.sera coupé en,quatro quartiers

qui serout cloués à des poteaux plautés aux quatr"o coins tlo laseigueurie où la violation aura été commise.

Jean Io protégea et cilltiva les lettres. Ses poésiesoccupent une place honorable dans le recueil des com-positions litteraires flamandes do l'êpoc1ue.

:i

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PÉR roDE nôono. conrMrrNArJE

C, .,: COlrrÉ on TTarrVAuT.

r25

Baudouin lll de Hainaut. - Pour soutenir plusieursguerres qu'il'avait entreprises, Baudouin fffo eomte deï[ainaut, avait été obligé d'engager les rentes de sondomaino. Or, la ville de Yalencie nes se trouvait alorsla plus puissanteet la plus riche du IIainaut,. dont clloêtuit d.'ailleurs lh capitale. EIle proposa au comte Bau-douin de racheter ses rentes moyennant l,octroi d-'nneoharte. Il y consentit et voici les clauses principalesde cè remarquable doeurncnt, counu sous le nom d.e

Pafæ de Valenciennes (r.t,t(1 :

ro valeucicnnes est un.lieu cl'asile : cluiconque s')" réfugie etcrie ; franehise I est sous Ia protection de la paix,. zo tout serf.est libuo qui habite Yalonoiennos clepuis un an et uu jour; 39 ilexiste à Yalencicunes cles échevins et cles jurés clo -lo paix ;(o tout bourgeois cst justiciable cles échevins de la paiæ,. bo siur chevalier maltraite un bourgeois ou I'insulten'il est saisi eJlirrré à I'offensé jusqu'à ce qu;il.lui ait accorclé satisfactiou.

Ainsi privilégiée, la ville de Yaleuciennes ne tardapas à devenir une véritable puissance contre le væu delaquclle les corntcs de Ilainaut u'osèreut plus rienentreprendre d'important.

Mons, capitale du Hainaut. - Sous Jean If, d.'Avesnes,d'es difficultéb s'élèvent eutre Yalencienues et le priuceau sujet dcs attributions"échevinales de cette ville,jugées trop étend.ues par Jean'II. Ce dernier transfèreà Mons le siège du comté (1295). Youlant donner plusd'importflrrce à sa nouvelle capitale et y attirer lapopulation, il en agrandit I'enoei,nte, exempte ses habi-tants de la mainmorte, et remplace ce droit par unered.evance fixe à payer en. deux fois, aux fêtes deSaiut-Jean et de la NoëI. Tln outre; pour embellir Ia

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196 cHAPTTn,E srxrùMrc

ville, il engage les prinoipaux seigneurs du comté às'y faire bâtir des hôtels.

D. - EvôcsÉ nh LrÉcn.

0rigines et premiers développements de la'principaulê. Notger. - SaintLambert, 6vêque de Tongres' a,ya,lt ôté assassiné à Liége vers

7o5, son successeur, sa,ilt Hubert, y transféra lo siège de

l'évêché. Char.lemague fit cleliége une ville lilire on 7g5. A cette

occasion, il tlonna au tribunal des échevins do la cité, un éten-

dard rouge, sigue de hauto justice. C'est ce drapeau que I'onnomma clepuis l'étenclartl tle Saint-Laribert pa,rce qu'on le gar-dait eri l'église cathédrale do ce nom.

On considèr'e Notger oommo ls fonclateur de la principauté d'e

Liége. Après y avoir détruit le brigaudage, ce prince énorgiclroy introtluisit le règne des loi! et tle la justico. La ville de Liégecommenga alors à jouir tl'une certaine prospérité..Notger en

rebâtit les murs et fit reconstruire sur un plus vasto plan!'église saint-Lamfuert, détruito par les Nor.mands. on lui doitaussi l'éd.ification des égliscs de Safurte-Croix et de Saint-Denis.Notger protégiea les lettrep et, sous son administration, les

écoles rte Liége devinrent célèbres, Les emperours' ayant eu à

se plaindre des ducs laics, recoururent aux évêques dont ilsfirent les instruments c]e leUr iufluenco et de leur domination.Penclartt un sièale et demi, l'ÉgHse maintienclra, enrichie parles souverains allemands ds clouatiorts et de conces3ions mul-tiples,la I.,otharingie sous lo pouvoir cles empereurs. L'empereurvoulait opposer les hauts dignitaires ecelésiasticlues aux grands

seigneurs lothar.iugions qui essayaient de so rendre tout à faitindépeudants.

Mois la cluerelle dcs Invesùitures permit aux seigneurs lotha-ringiens de s'opposer" à la puissanco croissanto des évêquos, clui

d'ailleurs finirent paf ss r.allier au pape contre l'empereur, etles territoires belges situés entre I'Escaut et la Meuse échap'

pèrent tle plus en plus à I'influeuce allemando. c'est que ces ter-ritoires sont do plus en plus entrainés dans l'orbite économique

de la Flandre et que les rapports industriels et commerciaux se

ralentissent de plus en plls entre I'ancienne Lotharingie et

I'Allemague, dont la civilisation puroment agricole est trop eu

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',PERIODE F.EODO- COMMUNAI,E r27

reta,rd sur lr civilisation ind.ustrielle et commercialo de notropeys. La fusion 6çslsmique se prépare entro des contrées long-temps sollioitées vers cles centros opposés, I'Allemagne et laFrance.

À partir clu xro siècle, c'est-à-dire do Ia quorello tles fnvesti-tures, la Lotharingie se tlétaohe insensiblement cle I'Allemagne.Pour secouer le joug allemand, les princes lotharingiens, ducsde Brabant, comtes cle lfollancle et de Ïlainaut, prcnnent le particlu papo çontro I'empereur auquel seul l'évêque de Liége restefidète.

Charte de Huy. - Vers ro66, le prince.évêquo Théoduin, oecupéà reconstruire l'égliso Notre-Dame de Iluy, se trouva hanquerd'argerrt pour continuer les travaux. En échango d'uue charte,Ies llutois consentent à lui procurer les moyens pécuniaires cle

termilsl' I'entreprise, tlonnant d'aborcl Ie tiersn puis la moitié'tlo leur avoir mobilier.

Yoici cluelques articles cle sette charte, la plus anoiennedo celles dont, en Èelgiquo, le texte soit parvenu jusclu'ànous:

lo Les Hutois sont jugés par le tribunal du lieu où ont étécommis les délits dont ils sont aoousés I eo ils n'entrent eu cam-pagne, pour le service de l'évôque, quo huit jours après lesLiégeois; 3o ils peuvont employer leurs revqnus à assurer loursécuritét 4o ils gardent eux-mêmes leur citadelle en cas deva,cance dù siège épiscopal; 5o l'évêc1ue clui enfreint Ia charte osttléchu de scs droits sur.Ia ville.

Alnnnr DE CuYcK.

Tandis n"" ,"* villes flamancles et brabangonnes trouvaieutdans leurs princes cles bienfaiteurs généreux, les habitants tlesvilles épisoopales et principclement ceux de Liége ue conquirentleurs libertés qu'au prix clo r6volutions violentes. Ir'Eglise semontrait peu favorablo aux marchands voyant peu de différenceentro leurs profits et I'usur"o. EIle no pouvait d.'autre part con.sentir à renoneer à scs immunités, à son droit cl'asile, ù ses pri-vilèges judiciaires et financiers. Ello ne c{da qu à la violence.Dans la priireipauté de Liége, Hu], Dinant, Saint Trond.,obtinrent des chartes avant lcs Liégeois.

Y. Mirguet et Ch. Pergameni. - Hist. ile Belgique. 5{919.

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r28\

CHÂPITRE SIXIEMB

Csenrn p'Alnnnr nn Cuvcr.

Au xtre siècle, Ia population cle Liége se répartit en trois.olasses i lo les gens itéglise, comprenantlo clergé et tous ceux

qui lui sont attaohés à un titre cluelconquo. Dans le clergé pro-prement clit, ou tlistingué le clergé primaite otJ- chapitrc cathé.

dtaL; composé cÏe soixante chanoines, clits tréfonciers, et leclergé secondaite, forrné clo toutes les autres ,personnes des deux

sexes vonées à Dieuo tant prètres quc roligieux; 20 les citains,hommeslibres, ot grands bourgeois. Eux seuls ont le clroit dsparvenir aux fonctious échevinalesl 3o les petits boutgeois,

Cette classe comprend les artisans de tout genro Ses nennbresjouissent tle la plupart des tlroits civil's.

Citains et pctits bourgeois se clistribuent e1 six q'uartiers ouoinâoes.

En rrg8, un conflit éclate entre lcs citains et lo clergé. Ils'agissait cl'une tg,xe, destinée à relevcr les f,orùifications, et les

ecclésiastiques refusaieut cle- participer au paiement. Des

troublcs s'cttsuivent et I'on soupgonne l'évèc1ue Albert de Cuyck

d'avoir secr"èternent cucouragé les exigenoes des citains. Une

transaction se prod.uit. Les bolrgeois promet'tent do ue plus

iurposer. arbitrairemgnt Ie clergé; mais l'6vêc1ue, paf une charte.

célèbre, oonsaoro la légalité cle eertains ch"oits clui jusqu'alors

n'avaieut pas été reconnùs aux Liégeois cl'une fagon éorite etformelle.

En voici les principales clauses : ro le clomicile d.'un Liégeois.

cst inviolable. Lorsqu'ils notifieut les acteâ cle justice, les offi'ciers tlo justice ne peuvent frauchir ls seuil des maisons. .4

Liége, pauûre homme en 8a maison est roi; ao I'entréo des'

tavcures et cles églises, pour oxécutiou clo tous actes jucliciairesr

est également ilrterdite aux officiers do justice; 3o I'héritage.cles serfs qui, tlo leur yivant, hafuitaient ta cité, appartient ti

leurs cnfants; 4o ta cité possècle un tribuûal cl'écheviils, clont

les membres exercent 'à la fois les fonctions cl'aclministra,tettr

et.cle joge; 5o les Liégeois ne sont iusticiables que du tribuualdes échevinsl 60 nul ne peut être aruêté que pa,r clécision do ce

tribunal; Tolos Liégeois sont aclmis à la prenvo testimonialc et

oxgmpts <los épreuves judiciaires; 80 la confiscation des bielsdes conclamnés est interclite I 9o les biens rura,ux d'es Liégeois

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- r'ÉnroDn nÉono'coMMUNALE T29

sont oxenrpts rle tailles et de charges militaires (ceci afin,d'étentlre I'influence de la aité ilans la banlieus' on engageant

los cnmpagnnrds libres à solliciter lo titre de citain do Liégo).

E. ,- CourÉ, PUrs MARQ,ursar DE Nelnun'

Henri I'Aveugle. - Dès le xue siècle, une foule de

loealitês de ce pays furent affranchios. La charte

accortlée en II2I auxhabitants de I'loreffe leur garan-

tissait la liberté individuellq, I'inviolabilitê dtr domi-

cile, le liloro vote des impôts et I'exemption de la

mainmorte. Namur jouissait lOng'bemps a,uparavant

tle semblables libertés, ot, s'il ne nous est parvenu

aucune charte particulière à cette ville, du rnoins en

connaissons-nous ure, a,ussi libérale que celle d.'albert

de Cuyck, eui, âccordée er rl54 par llenri l'Àveuglo

à Ia commuue de Brogne, aujourd,'hui Broigne, com-

mune - de saint-Gérard., reproduisait les libertéqinscrites dans celle do N"amur. Le prince y déclare que,

selon Ia loi ttsitée à Namur, tout serf qui aura habitéBrogne un au et un jour ser& entièrement libéré envers

son anc.ion seigneur, des droits d'exaction (charges qui

pèsent sur le serf de son vivant) et de mainmorte.Le comté de Namur fut fuigé en marquisat vers rrg4

par I'ernpereur Frédéric Barberousse on faveur de

Baudouin lo Courageux, après la bataille de l{euvillesur Nléhaigne où Baudouin battit IIenri i'Aveugle.

^F. - CourÉ, uurs lucnÉ nn LuxnMBouRG.

tlonri I'Aveugle et Ermssinde. - I{ulle part, si oe n'est peut-être

en Hainaut et pour lcs mêmes c&uses (r), la féodalité no jeta

({) tes ricliesses mirtérales de ces provinces nê sont pâs encoro soupçonnées1

aucune i,ntlustrie n'y pr,end d'extension. Le peu de donsité d'une population

exclusivement agricole y'est longterflps un obstacle aux prOgtès de la d6tho'

cratie.

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r3o cEÀPrrRE srxrÈun

cl'aussi profondes racines c1u'en ce pa)'s de Luxembourg donûles souverains ne furent le plus souvent que des coureurstl'aventures.

Chose curieuse toutefois : sur cette terre essentiellementféotlale, la plupart des looalités, mêmo les plus petites, possé.

dèrent de.bonno heure des chartes qui concéclaient aux habi-tants des campagnes, sinon tous les droits t{ont ils jouissentaujourtL'hui, du moins de précieux avantages. Le type de ces

chartes rurales fut la loi de Beaumont (r), encoro en vigueur à,

la fin tlu xvtne siècle dans plus de cinq eents localités des

Ardennes et du Luxemboufg.En voiei les principaux articles :

ro L'administration do Ia commune, renouvelée annuelle-ment, est confiée à quelques boqrgeois élus par les notables;so tous les habitants reçoivent la propriété cle terrains suffi'sammeut étendus pour leur permettre d'en r"etirer cle quoi Yivre,eux et leur famille; 3o ils ont I'usage des eaux et des bois com.munaux; (o tles mesures sont prises pour assurer Ia loyauté ducomlncrce, surtout pour empêcher les fraudes des meunicrs,d.es boul.angers et des bouchers; 5o les bour'geois sont exemptsdu service militaire. Le seigneur pourvoit à la défense ordi'naire cle la commune no)'ennant un tlroit tlit tlo sauaement, quioonsiste, par exgmple, en deux mesures d'a,voiue, une poule et'

r clenier tournoi ponr chaclue bourgeois. Cepentlant, au cas oùle territoire serait subitement attaqué, on peut requérir. Ies

bourgeoisn mais pour vingt-cluatro heures seulement.

Ilenri I'Aveugle étendit peu à peu la jouissance de

cette charte à plus de soixante-dix villes et villages d'u

Luxembciurg, parmi lesquels Virton, $aint-Léger'Ethe, Chiny, etc.

Ermesinde' (1196-1 246), fille de Ilenri l'Aveugle(r-139-1196), suivant les traces de son père, aceorda à

Lnxembourg, en r'2,43, une charte d''affrauihisseruent

({} Yillage de l'Àrgonne, à quelques lieues au sud-ouest de Motz. La charte

de Beaumont fut octroyée en {{89 à la ville de Beaumont par l'évêque de

Reims, Guillaume de Champagne, dit aus blanahes mains, à raison de se grande

réputal,ion dléquité.

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pÉnroon rÉooo- coMMUNAT,E r3r

qui stipulait : ro le droit pour ses habitants à I'usaged.es cours d.'eau, pâtures et bois situés sur le territoirocommunal; so Ie clroit à la nomination du premiermagistrat de Ia commune et de quatre receveurs char-gés de perceioir les accises et lesi amend.es; Bo laréglemeutation du service militaire et du cens annuel.

Le comté de Luxembourg est érigé en duôhé en faveur dewenceslas, à I'occasion clu mariage de ce prinoo avec la fille cluduo do Brabant (r35d).

Rivalité entre lÉ noblesse des villes et les métiersau XIVo siècle.. .

1

La Male Saint-Martin. - Yers l'époque où les Fla-mands remportèrent sur ies Français la victoire deCourtrai (r3oz), les artisans de Liége qu'on appelaitaussi les pefr'ts, commensèrent à s'agiter et à réclamerleur part d'interventioû d.ans l'àdministration de Iacité.

En r3ra, l'évêque Thibaut d.e Bar meurt inopiné-mènt et un interrègne se produit. Deux geoiilsrrommes,Arnould. de Blankenheim, soutenu par les petits, et lecomte d.e Looz, appuyé par les grands, se disputent ladignité d'e mambour (t). Pour assurer le triomphe deleur cand.idaty'es grands décident d.e se rend.re maîtresde la ville de.Liége. rrne nuit dônc, ils se réunissentsans bruit, en grand nombre, sur la place du Marché.Leur dessein était d'abord de prendre possession cleI'hôtel de ville par surpriso et d.'occuper ensuite lespoints les plus importantÊ de la cité. Mais arnould. deIllankenheim, informé d.u complot, avait pris Fes

(l) Mambour .' celui qui, pendanl Ia vacance du siège épis'copal, est chargéde I'administration du pays.

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r3z CIEAPTTRE srxrÈup

mesures pour le d.éjouer. A I'appel de Ia cloche d,'alarmoqu'il fait sonnor, Ies g'ens des métiers s'arment en hâte,se précipitent vers I'hôtetr de vi.Ile, dont les'grandsviennent do s'emparer of lee y attaquent avec une intré--pidité qui décourage promptement lenrs arlversaires.Les nobles fuient, cherchent uu refuge eu l'êgliseSaint-Martin et s'apprêtent â y soutenir un, combatsuprême. Après avoir vainement essayé d'en enfopcerIa porto, Io peuple assemble autour de l"édifice unegrand.e quantitê de paille ct dé fagots enduits de gou-dron, puis iI y met le feu. Bientôt t'ég'lise s-écrouleayec uu fracas épouvaltable et tous oeux c1u'elle ren-ferme, étouffés, brûlés çu écrasés sous les décombres,périssent au nombre d.e plus de ceut. Ou donna à cette -

tgrrible affaire le nom de Malo (r) Saint-Martin (r3rz).Paix d'Angleur (1313).'.- Concluo I'année suivante, Ia

Paix d'Angleur corsacre le triomphe du pouple et pro-clame une amnistie générale. Les proscrits qui rentre-ront én ville ne seront admis au conseil de la cité quo

s'ils s'affilient à un corps de métier. L'égalité politiqueêttait d.onc consacrée.

Paix de Fexhe 03tG). - Trois ans plus tard, .la Paixëte Fexhe confirme les métiers dans Ia possession des

droits et franchises c1u'ils avaient concluis. Cettecharte nouvelle, la premièro Constitution liégeoise,s'étoncl à toutes les communes et à tons les habitantsdu pays (z).

En voici les articles principaux :

ro Les anciens usages et franchises des bonrres villes (3)et de

(l) Male, en wallon liégeois, signifie mauuaise,(9) C'est, non.plus uns charte locale etr arùstoqati.que, mais une charte glttC-

nle et" dhnotatique.(3) Bonnes villes : bon esl ici lo synonyme de respeetabl'c, ttoble,

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pÉnroPP nÉolo-couurlNÀr'E r33

tout le pays sont maintenus et seront conservés saus coutesto;

zo l'évêque est le chef j,ustioier du pays : il a mission tle recher-

cher les criminels et de poursuiwe les coupablos (r); 3o l'évêque,

à son avènement, et tous, les fonctionnaires publics à leur

eutrée en fonctions, prêtcnt serment à la charte; 4o tous les

fonctionnaires sont responsables; 5o le 'Sens du Payi (e) faitseul les lois; I'évêc1uo n'y eollabore point; 6o les assemblées du

sens da Pays sont périocliques et se tiennent àLiége; les états

ont le tlroit de se réunir spontanément (clause eapitale);

Zo l'évègue n'est clue le chef dupouvoir oxécutif i s'Ïl excède ses

pouvoirs, chacun peut, lui refuser obéissance; 80 les lois et

coutumes ne peuvent êtro moclifiées que pa,r le,Sens du Pays,

Ainsilla Paix de Fexhe féserve formellement au.

pays la souveraineté et tous les pouvoirs. Elle fait de

la principauté un Yôrita,ble Ét'at constitut'ionnel'

Tribunal des xxll (1343). - En T343,Ie prince-évêciuo

ayant réclamé aux bourgeois de H.uy un arriéré d'im'pôts qu'ils estimaient ne point devoir, une révolte

éclate d.aus la ville clui veut se donner à Jean III, duc

de Brabaut. saisie de cette grave affaire, l'assemblée

dcs états d.onne raison aux gens de Huy' En même

temps, pour éviter le retour de semblables conflits, elle

décide l'instit,ution d'un conseil de vingt-d'eux mem-

bres, chargé de fioursuivre dêsormais ceux des officiers

dtr prineo qui se rendraient coupables de prévarication,

sanction apportée à la responsabilité dcs fonction-

naires.Les Liégeois considérèrent désormais ce tribunal,

(t) Au nom du peuple et cle le société. Les tlêlits et, les crimes ne sonl, plus

.où.'iOere, commo ates offenses personnelles, mais comme des offenses à la

société entière et à la loi morale. C'est I'introiluction de la poursuite d'offfce'

Àuparavant, Ia poursuite n'avait lieu que sur la plainte de la personne lésée.

il; ItSrot du Pagsrc'est le sentiment, la volonté du pays exprimée dans

une assemblée formée par tes détégués de trois ordres de personnes:le clergé,

lxnoblesse eLla,bourgeoisie d,e la cit6 et des bonnes villes (en d'autres termesl

gwl'état primairerl'état noble etle tïers ëtat).

Page 140: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

t34 cHAPrrBa srxuàun

qui devait les garantir contre tout abus d'autorité duprince, comme le palladium de leurs libertés.

Les lois de Cortenberg. - A la suite de la victoire rem-portéo à Courtrai, en r3oâ, par les artisans flamands,des trciubles agitent le duché de Brabant pendantplusieurs années. En 13tz, afin d'assurer Ia tranquil-lité du pays, Jean If, dit Ie Pacifique, surccesseur deJean Ie Vietorieux, donne à ses sujets une nouvellecharte qui institue, sous Ie"nom d'Assemblée de Cor-tenberg (r), uno sorte de représentation nationale. Ellese composo de quatorze députés dont quatre chevalièrs,délégués de la noblessq, et dix bourgeois, délégués desvilles (z).

La charte ou loi do Cortenberg stipule les points suivants :

ro, aucune contribution. ne peut être imposée si ce n'est pourohsvalerie, mariage, rançon: po les Brabangons sont jugésd'après les chartes,'par loi et sentenoe; 3o I'Assemblôe de Cor-tenberil tlélibère sur toute qucstion iutéressant le bien du pays;{o.les Brabançons seront tléliés de leur serment de fidélité si leprince ne respectc pas les décisions cle cette assemblée.

La loi de Cortenberg est, en date,la première Consti-tution brabançonne.

n faut remarcluer que les privilèges garantis parcette charte favorisent surtout les noblos et les richesbourgeois, non les simples artisads ou les serfs : c'estune charbe aristocratique.

Gharte flamande et charte wallonn-e. Joan III(r3rz-r355) était encore très ieune à Ia mort de sonpère. Entouré d.e mauvais conseillers, il vit d.ans ladissipation et snendette au point que ses créanciers à

(t) Parce qu'ello se réunissait dans cette localité, siluée entre Bruxellos etLouvain,

(9) Sous Jean IlI, deux délégués fureut adjoints aux précédents, ce qui portale nombre des membres de cette assemblée à soize.

Page 141: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉnropn r'Éono-coMMUNALE IJ5l'ètranger font arrêter les marchands brabançons depassago chez eux. afin'de s&uvegarder I'honneur duprince eû l'intérêt de leur commerce, les bonnes uillesconsentent à payer pour'lui une somme de {o,ooo livresde grosn ce qui ferait aujo.rd'hui e'viron { millionsde francs- En reconnaissance de ce service, Jeeln rrrconcède aux Brabançons deux nouvellos chartes con-nues sous les noms de charte fl.amande et do chartewallonne' parce qu'eles sjad.ressent, l'uue à ses sujctsflamands, l'autre à ses sujets wallons. D'ailleurs, eilesne diffèrent entre elles sur aucun poi't irnportant.

Elles stipurent en substance : ro ro droit des bourgeois à s.ur.veiller .l'aclministration des finances et I'obligatiÀ'po,r* i.,percepteurs cle readre publiquement leurs comptes; ao l,itrter-diction au prinoo de battre monna,ie sans le consentement desvilles; 3o la nécessité cle ce consentoment pour l,expédition des

. .affaires importantes; 4o Iaresponsabilité des officiers du princo_!Yl1oT*és par le oonsoil, ne peuvent être révoqués que pa,rIui (r3rd).

La foyeuse Entrée (lg56). 'wencosras de Lirxem-tbourg, gendre de Joan rrr, devient son héritier. Maisles Brabançons n'accueillent ce princo qu,après ruiavoir fait prêter serment à uu pacte coustitutionuelnommé Joyeuse Entrée (r), otï se trouvent explioite-ment montionnés et confirmés tous los privitèges quileur avaient été successivement accordés.

.Yoici les clauses essentielles do cette charte célèbre : ro uulled.écision importante ne peut être prise, nulle obligatio'nouvetteétablie ou contractée, nul traité tl'alliance conclu sans Io

"oor"o-tement des villes; zo re prince ne peut faire ra gue**e s&ns enavoir auparûvant tlélibéré avec les états (assembtée de corten-bo*g); go les 'administratious des villes sont re*ouvcléesannuellefnent : chaque année,les magis{rs,f,s, ssmrn11ufl,gr l.e[.

({) Â cause des fêtes auxquelles donna lieu l'entréedu nouvoau duc dans lesprincipales villes du pays.

Page 142: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

r36 CIHAPITR,E SIXIEME

dent compte de leur gestion, tlont ils soÉt responsablesl {Û nul

nepeutêtreatlmisauxfonctiorrspubliquess'iln'estnéetdoÀcilié en Brabant; 5o les états do Bra5ant sont régulière-

ment conv6clués cleux _Iois l'a'; 69 hors le temps des sessions,

une commission permanento les remplacei ?o I'indépeudance

ctes députés et la liberté de leurs votes sont garanties I 80 tous

les fonotionnaires of lo prince lui'mème prêteqt serment ù ia

Joyouso Entrée I 90 les Bqabançons sont tléliés cle leur sorment

d,obéissauce a,u p*io"u, si aelulei viole les libertés consacrées

par la charto; roo le lrays ost iutlivisible'

comrne on le voit, la Joyeuse Entrée a"ssure dès lo

milieu du xrve siècle, aux bourgeois des commuues'

sinon à tous les habitants de la principauté, un gra,nd

nombre des tiloertés et des droits iuscrits d.epuis d-ans

la Constitution belge actuolle.

Décadence de !.ouvain. - au xlve sièale, la draperie de

Lonvain jouissait d.ans Ie monde entier d'une répu-

tation justement méritéo, et cette ville se trouvdit dans

un état si florissant qu'on évaluait sa population à plus

de Sorooo âmes.cette brillante prospérité fut détruite par Ia fauto

do wenccslas, prince à la fois faible et incapable. veqs

136o, les artisans de LOuvain prétenclirent enlever aux

grandes familles Ia direction excltrsive cles affaires

communales. Dans ,leurg revendications, ils furont

ouvertement appuyés par le ma,reur Pierue coutereel,

eui, bien que de naissance patricienue, se rangea au

p+"Ë d.u pe,uplo. après a4voir d'ahord encouragé les'aspirations des mécontents, dont on I'accusa d'avoir

reçu d.es sommes importantes, Wenceslas finit pa* se

rallier ouvertement à Ia noblesse, assiégea et prït

d'assaut Ia cité à laquelle il imposa les plus dures con-

ditibn's (1383). Mais à partir de ce jour la population

ouvrière de Lquvain émigra eu Angloterre, et' c'en fut

fait de Ia prospérité de la ville, clui déchut rapidement.

Page 143: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

FITR,IODE -F'EODO.COMMUNAI,E

Lutte.des commuDes f,amandes oontre la tr'ranoea,u XIVo sièale.

Êffortb des artisans pour arriver à la conquête de leurs droits politiques.

- Au comme rcement du xwe sièele,,un grand nombre de com-munes belges étaienù clovenues riches et populeuses, grâce au

-développement de leur indudtrie et de.leur commerce. Gand,Bruges, Ypres, Brnxellesr. Louiain et Liége comptaient deSorooo à roo,ooo habitants, laplupa,rt hommos de métier. Néan-moins ces villes n'avaient que des chartes aristocratiques et lepouvoir y était exercé par les classes riches à I'exolusion desartisans. Or, les grands abusèreut de leirr situation privilégiéepour écraser les petits sous lç poids d'impôts arbitraires etexcessifs. Les choses en vinrent au point que des symptômesa'unâ révolution proohaine se manifestèrent au sein des classespopulaires.

Ler leliaertr et leE clauwaertr. - A Gadd, Ie comtode Flandre, Gui de Dampierre, se sontant soutenu parles métiers, veut astreind.re leq échevins à rendreeompte annuellement de leur gestiou. Ces derniers s'yrefusent. Au eours do la querelle, qui est longue, les

tar\échevins on appellent à d.iverses reprises aux rois deFrance dont les décisions leur sont le plus souventfavorablos. Aiusi se forment deux partis en F'landre.Les S'rands, clui s'appuient sur la France et semblentpar là préférer le drapeau français, semé de lfs, au dra-peau national, reçoivent Ie nom de leliaerfs (gens d.u

lis) ; le pouple et ceux qui soutiennent sa cause adop-tent le nom d,e clauwaerts (gens des griffes), par allu-sion aux griffos du lion représenté sur le drapeau deIa Flaudre.

Une guerre ouverte finit par éclater" entre Gui deDampierre"et son suzerain, pendant laquelle le comtede Flandre ne trouve d'appui que dans le parti démo-

137

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r38 cHAPTTRE srxrÈvrn

cratique qui veut avant tout le maintien de I'indépen-dance d.u pays.

Battu, le comte Gui se -rendit à Paris avec son filsaîné pour faire appel à la clémence du roi. Mais celui-cf les retint prisonniers et, à la tête d'une nombreusearmée, envahit la Flandre, où il fut acclamé par lesleliaerts.

Sous prétexte de punir Gui du crime d.e félonie dontil I'accusait, il confisqua la Flandre (r3or). La réunionde ce fief à leut couronne était un rêve depuis long-temps caressé par les rois de Frauce : iI se trouvaainsi réalisé, mais non pouq longternps. Los souvcrainsfrangais, qui s'étaient acquis les grands, no surent pasgagner le peuple travailleur des villes. Les intérêtséconomiques des villes belges firent échouer les pro-jets de la politique capétienne. Courtrai allait détruireloæuvre commencée, à Bouvines, qui avait pour objetd.'étendre aux lays-Bas tout rentiers I'hégémonie desrois de France.-

Ereydel et de'Goninck.. - Les Matines brttgeoises. -La domination des Frangais parut bientôt plus insup-portable au peuple que celle des leliaerts. Non seule-ment ses nouveaux maîtres établissent de grosses taxessur les denrées, mais ils vont jusqu'à retenir auxouvriers le quart de leur salaire journalier. Poussês àloout, les F'lamand.s se donnentldeux chefs, Fieuo deConinck,.doyen d.es tisserands, et Jean Breydel, doyendes bouchers, qui forment;le projet de délivrer leurpays de la domination ébrangère. Un peu avant lapointe d.u jour, le 18 rnai r3oz, ces deux hommes, sui-vis de sept mille icompagnons, pénètrent dans Ia villede Bruges, où un grand. nombre de clauwaêrts, sccrè-temont avertis, les attendent en armes. Tout à coup

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,tPEITIODE FX]ODO-COMMIINALE r39

retentit à travers la cité le eri de Flandre au. Lion!et, en un instant,, les conjurés remplissent toutes lesrues de Bruges. Surpris dans.leur somùeil, les Fran-çais cherchent on vain à so rallier et à se d.éfendre :

tous ceux qui ue peuvent prononcer lès mots schild. enurÎend (r) sont mis à mort. La tuerie, eommenoée avantI'auroreo dura jusqu'au soir et coûta la vie à deuxcetts étrangers. L'histoire a donné à eette sanglanteaffaire le norn de Matines brttgeoises (z).

C'est ainsi que Bruges redevint libre et, avec elle,toute la X'landre.

Modifications dans le pouvoir Gommunal en Flandre. - Sevoyant les maîtres à.Ieur tour, les blauwaerts s'empres-sent de renverser toutes les administrations eommu-nales anciennes où ne siègent que des leliaerts. Iis lesromplacent par d.'autres, formés d'hommes apparte-uant au parti du peuple.

A Gand, par exemple, on décide que des treizo éche-vins de la ville, cinq seront nommés par les tisserand.s,quatre parles foulons et quatre par les autres métiers,dits petits métier,s! au nombro /ile cinquante-deux. Lestisserands, les foulons et les petits métiers formentainsi. ce c1u'on appelle les frois membres de.la ville.Désormais, pour pouvoir arriver aux fonctionspubliques, les grands bourgeois ou poorters devrontfaire partie, au moins nominalement, de I'une d.es cor-porations ouvrières tlo Ia villej.

(l) "Bouclier et amî1, mo[s dontla prononciation est difficilo pour uns bouchefrançaise.

(2) Selon I'anonyme. artésien (un chroniqueùr de l'époque), cenl, vingt per-sonnes seulement aurdient péri1 quarante.quatre chevaliers, sans compter les6cuyers, auraient 6té faits prisonniers (Foncr-Bnurirtxo, phittppe Ie BeI enFlandrer '1897). M. Funck ajoute: r Les autres chroniqueurs donnent des chiffresplus élevés; mais nous n'hésitons pas à suivre l'artésien quï a laissé de cetévénement un récii d'uno exactitude rigoureuse. D

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r40 CEÀPITBE SIXIEI}TE

une organisation à peu près scmblable fut donnée à

toutes les communes de tr'laudre.

Batâtlte de Grbeninghe (1302). Le peuple flamand,

croyait pouvoir désorrnais vivre et travailler en.paix.

Maïs il comptait sans le ressentiment du roi de France.

Eu apprenant ce qui s'était passé à Bruges, Philippe le

Be[ entra clans uue violente colère et jura de tirer du

peuple flamand une ve.ngeanee éclatantc. Mais c'est'en

vain qu'il envoie une formidable armée pour recon-

qtrérir Ia Flandro : loin do s'dffra,yel à:l'approche de

ces nouyeaux ennemisr les Flamands courent au-devânt

d'eux et,'les ayant rencontrés à Groeninghe, près de

courtrai, leur infligent la plus torrible d.es défaites,

le rr juillet r3oz.Cette journée, si glorieuso pour les Flamands, est

aussi connuo sous le nom de bataillo des Eperons d'or,à cause du grand nombre d'éperons dorés, signe de

chcvalerie, quo I'o1 recueillit sur les cadavres des

vaincus.Grand retèntissement de la bataille de Gourtrai'

Loimpression ceusée par la grande victoire des artisans

flamands sur la chevalerie fut immense et lo bénéfice

s'en étenttit à la classe ouvrière de toute I'Europe.. EnBetgique, le triomphe des noétiers {lamands produit un

enthousiâsrne indescriptible. Partout, à Liége, en Bra-bant, en Ilainaut (r), Ie peuplo réelame des droits poli-tigues etrê, d.ans leurfrayeur, les princes et les

classes privilégiées s'empressent d'accorder. " IId.emande que le mot commttne, ce cri de ralliementahtique et glorieux, devienno enfin uno rêalité' n

({) c,est peu après (,13{9) que Jean II accorda aux Brabançons la chatte de

Cortônlerg, qoo ies tiégeoii apachent.à leur prince IaPaix d'Angleur ({3{3}

et celle do Fexhe ({3{6).

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I

PÉRroDE r'Éono-coMMUNALE r4r

'réclaTo pour tous l'égalité tles droits âussi bien clue

t'égali$é des charges : des charges éga1es impliquant,à son avis, des droits'égaux.

Traité de Paris (1320). - La guerre continua entre les

belligérants avec' des alternatives do succès et do

rovers. Enfin lo traité de Paris rétabtit la paix entreIa Franoe et la !'landre. fl laissa les villes de Lille'tr)ouai et Orchies au roi de France, mais garantit arrnx

n'lamands leur ind épendarlso.Hicolas Zannekln. Jusqu'âlors, les comtes de

F landre étaient demeurés étroitement unis d'o cæur etd'âme aveo leur petrple dans la résistance à la dolni-nation étrangère. Mais une fois I'iudépendance de laFlandre hors de péril, en présence du développement

chaque ioilr plus considérabte des libertés cornmunales

et des rcstrictions de plus en plus importantes appor'

.tées à leur pouvoir par les magistratnres démocra'

ticlues, les prinçes flamands cherchent en France unappui contre les exigences populaires. Leurs tentativespour introdtriro on Flantlre un régime despotique etl.eurs dépenses excessives indisposent contre eux les

popnlations. Bientôt leur atrtorité et leur prestige ontà snbir do pénibles éprerrvcs. Leur oouronne"mêmefinit par êtro en danger.

De lourdes taxes établies par Louis de Nevers (r3ze-'13{6), dit plus tard Louis de Crécy, prince faible,dépensier et plus français que flamand; I'arbitraire etI',injqstico avec lesquels sont traités les gens des cam-

pagnes, dont lamisère et le cl'énûment conËrastênt avec

I'opulencs dans laquelle vivent les classes supérieures

et Ia bourgeoisie, provoquent, vors 1325, une insur-rection du plat pays (r)"

($ te ptat pays, lacampagne, par oppositlonaux lieur forùifiés"1

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t4z cEAPTTRE srxrùun

ce mouvoment politique ne tarde.pas à rer'êtir tousles'oaractères d,'uno révolution sociale et communiste.Ploins d.e fureur et de désespoir à la pensée de leurssouffrancés, les paysans se jettent sur les châteaux,les pillent, Ies abattent, les livreut aux flammes. a IIn'est pas bon, disent-ils, que les uobles conservent aumilieu des villages des domeures fortifiées qui leurpermettront plus tard de tirer vengeance du peuple. r>

Leur haine s'étend d.'ailleurs aux bourgeois et auxecclésiastiques commo aux souverains et à la noblesse.I-,eurs menaces à I'adresse des prêtres revêtent uneforme particulièrement violente. Tous ces propos hai-neux caractérisent l'esprit du mouvement, véritablejacquerie secondée par Ia démocratie dos villes deBruges et d.'Ypres. Commandés par Nicolas Zannekin,de Furnes, Ies mécontents se trouvent bientôt enpossession de toute la tr'landre occidentale, où ilsdéchaînent I'anarchie. rmpuissant à réprimer ]eursdésordres, le comte Louis ost obligé de sollicitercontre eur le secours du roi d.e France, philippe VIde Valois, eui, à la tête d'une uombreuso armêe,onvahit.la Flandre. Les insurgés lui offrent la bataillenon loin de Cassel (r3a8). Malgré des prodiges devaleur, ils subissent une défaite complète : Zannekinet douze mille de ses compagnons périssent sous leseoups des Français. Pendant quelques années, la tran-quillité règne do nouveau on X'landre.

dfacques Van Antevelde.

Susrrg de Cent ans. - Yers l'a,n rBB7, Etlouard.IIf, roi tl,Angie.tone, prétendit avoir des droits au trône do France, oacupé par.Philippe de valois, et chacun d.es deux rivaux, en pr.évisiond'une guerre prochaine, rechorcha l'alliance d.u peuple cles

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PI'RIODE F,EODO.COMMUNALE r43

Flanclres, alors I'un des plgs riches et des plus puissants dumdnde. Fort embarrassés, Ies Flarnands no savaient à quelledécision s'arrôter. rls n'aimaient pas à faire laguerre.à philippede Valois, qui était leur suzeraiu, et ils étaient moins portésencoro à s'armer oontre I'augleterro d'où ils tiraient la. plusgrande partie d.es laincs nécessaires à la fabrication du drap,leur principale intlustrie. Pour les forcer à prendre son parti,Edouartl rlr interdit I'exportation des laines angraises pour.- Iatr'landre. Aussitôt I'ouvrage manqua à la bJupart des tisseranrlsflamands et presque tous se trouvèrent sans pain ni ressources.Une misère affreuse ne tarda pas à régaer dans le pats.

A oette époque vivait à Gand uu homme i.iche et patricien.deuaissance, connu pour sû prueience et sa,. sagesse. Il s'appelaitJacques Van.Artevelde. Le peuplo I'avait surnommé le sage'homme. Les Gantois étant allés lui demàntter couseil, son avisfut qu'il fallait demeurer neutrgs et ne prencrre parti ni pour laFrance ni pour I'Angleterre. Cet avis plut au peuplo clui nommaVau Artovelde chef des forces cornmunal'es.

La résolution des Flamands mécontenta vivement Ie roid.e France. Par son ordre, L'interdif est jeté sur Ia Flanclre.aussitôt I'exerciee du culte et I'administr.ation des sacrementssont suspendus dans toute l'étendue du comté. seu1s, le baptêmeet la pénitenco oontinuent à être administrés aux nouveau.néset aux malades en dalger de mort, Les cloches cesserrt d.'an-nonçer les officesn qui ne sont plus célébrés que per les moines,à voix basse et portes fermées. Les Flamands sont consternés,mais ils ue cèdent pas. D'ailleurs, Jacgues van arteveldo netarde pas à obtenir des belligérants la reconrr6issanco deIa neutralité de Ia Flandre, et les anivages do raines anglaisesr'ecommencent immsdiagsment. Bientôt I'industr.ie reprenclvigueUr clans le pays.

Traités-d'alliance et de commerce de l3$g. - En vue d.e

favoriser leur commerco et de so défendre contre lesprocédés arbitrairos do leurs princes, les oommunes dola F landro oonclurent avec celles du Brabant un traitéqui stipulait; a)une alliance offensive etdéfensive entreles cleux'pays; ô) I'interdietion à leurs princes d.e sefaire la guerre sans I'ossentiment des bonnes viles;

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44.\

CI{APITIùE SIXIEME

c) la tiberté du commerce entre les d.eux Etats ; dl la.aréation d.lune monnaie commune; e) l'institution d-'une

sorte de Partement composé dos délégués des deux

pays et chargé cle légifér'er en leur nom; /) celle tl'untribunal chargé de rôgler tous leurs différencls. LeHainaut, la Ilollande, la Zélande et même l'Angleterre.adhérèrent pou après à cette conventiou.

Traité de Gand (1340). - Cependant les tr'rançais ne

respectaient pas, comme ils. s'y étaient engagés, laneutralité des X'lamands. Tous les jours, les garnisons

d,e leurs places frontières faisaient des irruptions en

Flandre, ravageant les campagnes, pillant ou rançon-

nant Ies petites villes, les bourgs et les Villages. Ces

attaques déloyales décidèrent Vau Artevelde à prendre

ouvertement Ie parti d.e I'Angleter"re.

Pour vaincre les scrupules des Flamands, qui n'au-

raient pas volontiers trahi la fidélité qu'ils devaient à

leur suzerain, le roi de France, il engagea Edouard IIIà prendre le titre qu'il revend.iquait. Ce que fit Ie roid.'Angleterre. Une alliance offensive et déferrsive futensuite conclue entre la Flandre et l'Àngleterre. Enéchange de leur concours, Edouard. III promit de

rendre aux Flarnand"s Lille, Douai et Orchies, cédées à

la France en l3zo, par le traité clo Paris. fl leur ac-

coida, on outre, cltrelques avantages qommerciaux,

établissant à Bruges l'êtape des laines anglaises et

autorisant la libre circulation des draps de Flandred.ans toute I'Angleterre" Enfin, il adhêra aux traitésde 1339 of accepta la communauté des monnaiesavec Ia tr'landre, le Brabant et le Ilainaut (traité de

Gand)

Quant à Louis de Nevers, il avait abandonné le payspour aller viwe à la cour de X'rance. Pendant son

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pÉnronn r'Éooo.-coMMUNAr,E r-46

absence, Van Artevelde prit le titre d'e ruwaërt, c'ost''à-dire de gardierr ott régent du pays..

Caractères particuliers de Ineuvre politique de Jacque$ Van'

Artevef de a\ Dans I'administration intérieure des

communes flamandes, il viso à une représentation des

intérêts telle que tous soieut écluitablement repré-sentés. De là, à Gand, les frofs membres de Ia uille :petits métiers, tisserands, poorters.

b) Dans Ie gouuernernent général de Ia Flandrer-il établit une féclératiou des commrlnes, Ia directionpoliticluô, militaire et jucticiairo appartenant aux

grauds.

c) A I'égard des dioerses principautés, il tend à

réaliser l'unification d.u peys par la liberté. Il veut lacentrafisation par lo moyen d'une féd.ération basée surla liberté et les intérêts des contractants.

d) I/fs-à-ufs de I'étranger, il s'attache à faire recon-

naître I'indépeudance eb la neutralité de la tr'landro

par les grand.es puissancos voisines. ,

e) âu point de uue économique;i\ préconise la libertécommerciale entro la Fland.re et les pays 'voisins,

mais voudrait ré'server aux grandes communes I'e mo-

nopole de l'industrie proprement dite.

Bataille de l'Êcluse et siège de Tounnai (1340). - Les

eifets de I'alliauce anglo-flamande ne tardèrent pas à

se faire sentir. La flotte des alliés dét'ruisit celle des

Français à la bataille d.e l'Ecluse (r3{o). Uue armée

.composée de soltlats flamands, brabançons et anglais

alla ensuite mottre Ie siège devant Tournai, oir Fhi-tippe de Valois avait concentré des forces considé-

rables. Mais, inquiet de Ia tournure prise par les

âffaires, 1o roi d.e France proposa une trêve qui fut

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r46 CHAPITBE. SIXIÈME

consentie à des conditions honorablos pour les com-munes flamandes.

Rivalilés induttrielles en Flandre. - Jamais la Fland.ren'avait atteint le degré cle splendeur et de prospéritéauquel ollc arriva sous le gouvernemont ferme et cepen-dant libre do Van Arbevelde. Cette extraordinaireprospérité du pays lui devient fatale. Les X'lamands,si puissants par I'union aux jours d.e danger, se divi-sent lorsque ceux-ci sont passés. une ard,ente rivaritéindustrielle et commerciale existe entre les grandoscommunes et oceasionnê entro elles de fréquents con-flits. La jalousie qu'elles nourrissent les unes à l'égarddes autres s'étend. aux petites dont elles voudraientrestreind.re I'activité à I'indqstrie agricole, poo" serésorver touts industrie dépassant les limites desbesoins domestiques. Ces prétentions provoquent larévolte des campagnes et des oommunes do secondordre. Eecloo et Termonde s'insurggnt contre I'auto-rité de ta ville de Gand. De même, les habitants de'Poperinghe refusent de so sousiettre aux injonctionsdes Yprois qui prétendent leur interdire la fabricationdes draps. frrités de leur résistance, les métiersd'Ypres courent, en armes, saecager Poporing.he. Lescorporations elles-mêmos s'élèvent les unes contre lesautres. A Gand, on voit les tisserand.s (r) etlos foulonsen venir aux mains sur la place du Yendredi parce queles derniers ont vainement réclamé de ceux-là une aug-mentation de salaire pgur chaque pièce do drap qu,ilsterminent. Pend.aut unê jotrrnée entièreo les hommes

({) Une violonte rivalité avait de tous temps existé entre cies corporationsau sujet de Ia proportion do salairo qui revenait aux artisans de chacune d'elies.Les tisserands formaient à Gand I'aristocratie ouvrière; les foulons étaientrangés dans le bas peuple.

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pÉnronn rÉono-coMuuNAln i41

des deux métiers se battent avec un incroyable achar-nement et ne se séparent qu'en laissant un millier demorts sur le champ de bataille (t3{5)

Mort de ldcques Van AiteYetde. - Yan Artevelde sévitavoc une impitoyable riguour contre les factioux.Cepeudant, malgrti I'énergie qu'il déploie, sa situationdevient' chaclue jour plus d.ifficile dans lc pays. Sentantla nécessité ds rendro à la X'Iandre un chef de hautqnaissance, il entre en négociation ayec Edouard IIf, à

qui il propose de plaeer le prinee de Galles sur le trônede F landre. fnformê et effrayé tle ce projet, le-partipatricien s'attache à exciter contre le tribun les dé-'fiances du p-euple. Les calomnies log plus odieusessout'répandues contre lui. On va jusqu'à l?accuser de

s'êtro approprié le trésor do la Flandre. Bientôt sa

popularité s'affaiblit et I'attitude clu peuple à son égarddevient menâçante. Le 17 juillet û(5, il est assassinêdans sa propre maison par une bande d'émeut'iersd.échaînés contre lui par ses enuemis, Ls comte de

Flandro, Louis de Nevers, ne lui survécut pas long-temps; il l,rouva uue mort glorieuse en combattant auxcôtés d.e son suzerain Ie roi de Franee et mourut'à labatailte de Crécy, remportée p&r les Ànglais loe5 août 13(6.

- Avènement de .la lllaison de Bourgogno en Belgique. - En 13{6,Louis do Maels monta sur Ie trônedo Flandre. Il avait épouséune fille cle Jean III, duc de Brabant. Comme'Wencoslas, sue-

cesseur de Jean III, refusait cle lui pa,)'er la pensioq assignéeen clot à sa femme par le défunt d.uc, Louis s'empara des villesd'Auvcrs et de Malines qu'il réunit à son comté do Flandre(traité d.'Ath, 1357). è

Quelquos années plus tartl, il obtint do la Franee Ia restitu-.tion cles villes de Lille, Douai et Orchies (autrefois enlevées àIa Flandro par le roi Philippe le Bel), sous la condition que

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r48 oHAPTTRE srxrÈMn

Marguerite, sa fille unique et sa seule héritière, épouseraitPhilippe lc Hardi, frète du roi, et tluc de Bourgogne (1369).

Au moment où il fut conclu, ce màriage satisfit également IaFlandro et la Frauce. Il tlovait avoir cepenclant, ainsi que uouslo verrons dans la suite, les conséqriences les plus fâcheusespour lcs deux pays.

OHAPITRE

Phllippe Van Artevelde. Bataille de Rooeebeke (t382). -Les X'lamands n'auraient pas er trop à se plaindrede Louis de Maele si ses dépenses excessives et incon-sidérées ne I'avaient constamment amené à leur rdcla-mer d.'énormes subsidos. Pour obtenir de I'argent d'es

Brugeois, à, 7a suite d.'un refus que lui avait opposé

. Gand, il leur permet de construire un canal des-tiné à conduire de Deynze à Brugos une partie'deseaux d.e la Lys. La, construction d.e ce canal, nécessitépar I'ensablement du Zwyn, pouvait nuire au eom-merce de Gand. Aussitôt il se forme en cette ville unmilieu influent, dit dos Chaperons blancs', qui -va

brûler les châteaux du comte et les demeures d.e ses

partisaus. Soutenu par les Brugeois, Louis de Maeloriiarche contre la ville de Gand et la tient bloquée, ensorte que les vivres vonant à manquer, ses habitantssont bientôt i'écluits à Ia dernière extrémité.

Dans cette pénible situation, les Gantois choisissentpour chef Ptrilippe Yan Artevelde, fils de Jacques.Philippe prend de si heureuses mesures, il agit avectant de promptitude et d"énergie, {uo le eomte se voitforcé cle chercher un refuge en France, où il sollicitecontre ses sujets le secours du roi Charles VI. Urie

. armée française no tardo pas à pénéûrer en Flandre.A la tête de quarante mille hommos, Philippe VanArtevelde marche à sa rencontre. La bataille s'engageà Roosebeke, en r38e. Malgré leur courage et leur

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pÉnronn rÉono-coMMUNALE t4g

intrêpiclité, les l{lamands éprouvent une sanglantedéfaite. Phitippe Van Ârtevelde et vingt rnille do ses

€ompagîons trouveut la mort dans la mêlée' Touto la Flandre se soumit, àl'exception des Gantois

.qui so montrèrent intraitables. Toutefois, en r38{'Louis ,cle Maele étant mort, Phitippe le- Ilardi, son

successeur, fit aux Gantois des concessions impor-. ' tantes, et la paix se rétablit en I'lanclre.

RnuAnpuu. - Les luttes soutenues paP la Flandre contre la France au"xn6 siècle n'eurent pas seulement pour résultat de sauver l'indépendance de

la Flandre, mais aussi cello de la Lotharingie. Par sa résistance àPhilippe le

Bel et aux Yalois, la Flandre a empèché læ rois de France de porÙer h fron-

;tière française jusqu'au Rhin.

ru. - Civilisation.

'Frospérité des 00mmune8. - Dans le haut moyes 6*"I'lrégémouie avait étê, exercée, en Belgiclue, par Iès

monastères et les ehâteaux féodaux, c'est-à-d.ire parles qampagnes. Au premier réveil de I'industrie et ducommerce, cetto hêgémonie passe aux villes. C'est que

Ies Pays-Bas, voJsins irnnédiats tles trois plus granàespuissances de I'Europe, se trouvent au point d'aboutis-'sement d.es grandes voies clu eomn-erco interuational.fls deviennentainsi, non seulement lo cbamp de batailleannuel de l'Europe, mais I'entrepôr de son commerceet cle son industrie. La prospéritê économique dès Pays-Bas au moyen âge fut extraordinaire (r ) . Elle s'explique :

ro par leur situatÏon géographiqtte .' voisins de la mer'ils sont arrosés par p.Iusieurs grandes voies fluvialesqui coulent à fleur de terre et rendent facile la conjstrucbion des cauaCIx. Ces cours d'eau sont les voies

(L'y Lai historique.L'histoire des peuples est préftgurée dans le caraslèie de

la terre qu'ils habitent.

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r50 CHAPITR,E SIXIÈME

naturolles et faciles qui relient notre pays à l,atte-magne du Sud, à ta Suisse et à I'italie; à Ia Cham_pa.gne et à la Bourgogne; à la France septentrionale

. et même centrale. Les pays-Bas font face à l'Ângle-te'ro, qui leur ouvre d.e bonne heure un large débou-ché. D'autre part, après les croisades, Ies importantesrelations nouées entre I'orient et le nord de I'Europefont sentir au commerc€ maritime le besoin d.'un grand..marché international. La force des choses conduit àl'établir dans les Pays-Bas : les marins d.es paysextrêmes évitont ainsi une navigation longue et dan-gereuse en des parages mal connus I 20 par la fertilitéde leur sol et I'excellence des procédés ag.ricoles enusage dans le pays: toutes les céréales y viennentbien, ainsi que le lin et le chanvre dont on fait destoiles renomnées I 30 par les abondantes rîchessesminérales que renferme Ie sol dans Ia partie méridio-

_nale du pays; (o par I'esprit cammercial des Belg.esdont on trouvo les oonptoirs dans toutes les partiesdu monde.

Grâce au précieux concours de ces circonstancesfavorables, le commerce atteint, dans notre pays, undegré de prospérité incroyable. Bruges, notamment,devient I'eutrepôt du commerce universel et remplit,dans le nord de I'Europe, le rôle joué par venise dans

' le sud. Trente-quatre nations entretiennent des rela-tions régulières avec-notre métropole commerciale.Dans l-a foulo qui, chaque jour, se coudoie dans lesrues' les'eostumes êtrangers s'apergoivent de torrtesparts, en rnêmo temps que I'on entend parler lesidiomes les plus divers. En ses halles, à côté des lainesanglaises, d.es fourrures duNord, des cuirs d'Écosse etdo Norvège,.d.e l'étain de Bohêmo, de I'or de Eongrie

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r--i

pÉmopn nÉooo-coMMUNATJE r5r

et de I'argent de Pologne, snétalent les cuirs uarocains,les pelleteries de Fez, la basane d'Aragon (r), le cotond.'Arméuio, les étoffes de soie ei d'gr do Tartarie,les grains de Castille, les olives de Séville, les figuesde Grenade, les raisins et les vins d.e tr'rauce, du Rhin,d.'Espagne, de Portugal et d'ftalie, le riz des îlesBaléares, etc., etc.

, Et combien de localités,. aujourd'hui déchues ou.descendues au rang de simples villages, comme Arden-bourg, Oudenbourg, Damrne et autres, étaient alors '

populeuses, faisaient partie de la Ilanse et brillaientde tout l'éclat d.'une incomparable prospérité ! Dans laville de Nlons, eui n'était pas I'une des plus impor-tantes villes belges, on était, obligé d'interdire la cir-culation des voitures dans les.rues aux heures où lesouvriors cessaient le travail. Yers:35o, c'est-à-diredans un temps où I'industrie drapièro passait pourêtre en trlleine décadencen Ypres employait encoreannuellement quatre-vin$t mille plombs pour marquerses draps.

lnfluence des comnnuneg. - L'institution cominunaleexerga une grûnde influenco sur la civilisation ocoi-dentale :

ro Elle détermina les seigneurs féodaux à traiterleurs serfs aveo plus de douceur et d'équité, parfoisà leur concéd.er des chartes ditçs chartes rttrales.

zo Elle sauv{r, I'indépendauce du pays. Eu. effet, lesjournées do Courtrai, de Cassel et de R,oosebeke, paroxemple, firent comprendre à Ia France I'inutilité deses efforts pour-s'annexer notre pays.

3' Elle transforma, dans un esprit de justice et de

(ll Basane.' peau do mouton servan[ à la rsliure.

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r5g oEAPTTI,E srxrÈun

civilisation, le droit civil et Ia procéclure judiciaire-(disparibion du droit do vengeance privée; apparitionde la poursuite d'office; procéd.ure orale et publique;preuve testimoniale). Les oommunes substituèrent lalégalité et le droit à I'arbitrairo et à la loi du plusfort.

{o Les privilèges dont jouissaient les communesainsi clue Ia protection et les franchises accordées auxmarchands étrange.rs, permirent un développementconsidérable de I'ind.ustrie et du commerce.

5o Les .o**uoes introduisirent dans l'organisationadministrative I'esprit d.o prévoyarrce, d'ordre et d'éoo-nomie que Ia pratique des affaires avait donné auxmembres des gildes et d.es corporations,

6o La richesse des communes et I'aisance de leurs

lrabitants préparèrent le brillant essor cles lettres etdes arts qui se produisit dans les périodes suivantes.il faut avoir le nécessaire avant de songer au luxo etau superflu, qui sont Ia source de la littérature etdes beaux-arts.

. 7o La douceur et la politesse s'introduisireut d.ans"

les mæurs. Àvec le sentiment de la solidarité se

développa I'esprit de charité. D'où Ia fondation d.e

nombretrses institutions de bienfaisanco : hôpitaux,.hospiees, r'efuges, etc.

Bo Enfin, le grand honneur cles cornrnunes, le glaudfait moral qui domine leur histoire, c'est c1u'elles réha-bilitèrent le travail. En effet, alt monlent où les com-mu '',es parvieunent à ltapogéo d.e leur grandeur, letravail est Ia seule voio par .laquelle les citoyensarrivent à la richesse et aux fon0tions publiques. Fourpouvoir aspirer aux clrarges communales, les patri-ciens eux-mômes d.oivent préalablement obteuir leut'

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,({) to rnanoh', e'est le chàteau el,les torres du domaine principal.

PÉR,IODE }..ÉODO.COM}IUNAI,E I53

-admission, au moins à titre honoraire, dans l'un ouI'autre corps de métier.

Aspecl du sol. - Jusqu'au xlv* sièe]e, les ma,rais et les bois.continuent à couwir une partie impor"tante des Flanclres. Mème

à cette époque, on est encore obligé cl'institrter" des pr"imes pourla d.estruetiOn cles loups, for-t nombreux er Brabarrt et jusclu'aux

alentours de Bruges. Mal eonstruites, mal entyetenu.es et malgarclées, les cligues sont souvent renYersées par les ea,ux de Ianer dout les inondations ont pour effet d'approfondir les ports

hollanclais et de combler quelques uns des nôtres. Peu à peu

cependaut, sous I'ac.tion persévérante d'une population éner'gique, un sol profonil et fer"tite remplace les bois et les maré'cages. On clraine les terres humicles; ou élève le long de la merdes cligues plus solickis et mieux aménagées. Lss gras pâturages,où paissent cle nombresrx troupeaux de lrceufs et de lrrefuis, se

multiplient rapiclement. Enfin se montrent clo mag:rifiqueschamps cle céréales et ele lin et le pays des Flantlres, avec toutle celtre tle la Belgique, devient insensiblement I'une des plusbelles et ries plus riches contrées cle I'Europe.

Froprlété foncière et eondilions d'exploilation des terree. - Le clergéet les lobles sont à peu près seuls à posséder des teryres dont tra

propriété se maintient d.ans les grancles familtres par I'effet du-d.roit d'aînesse. L'aîné n'hérite cependant pas de tout le domaine,mais seulement clu tifre et du manoir (r) paternels.

Les serfs cultivent cle petites parcelles cle terre sans les pos''séder'. Des exploitations plus consitlérables, dépeudant des

abbayes" cles châtea,ux ou mème appartenant à des eitadinsriches, sont oultivées par, eles fermier"s, tantôt ri mi-fruits, c'esbà-clire mo,yeruant I'obligatlou de remettre an propriétaire lamoitié tle la rêcolte (bait à métairie); tantôt mo}'ennalrt un cens

annuel en argent ou €n nature. Le eens en nature consiste, paroxemple, claus la remise au trxopriêta,ite tl'une gerbe'sur six,

.sur clix, sûr onze (bail à champart ou à Ia g'erbe). Ou donneparfois à ces terres Ie uom de fef* ûattissns, mais plus souventcelui de cenaes,

adminiclration. - Penclsnt l'époque conmunale, le pouvoir.centnal n'existe plus c1u'à l'état cle mythe nuag:eux et lointain.

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r54 CEÀPITBE SIXIÈME

En fait, I'autorité des rois'do France et des ernpereurs d'Alle-ma,gne"sur les principautés belges n'est plus que nominale.

A l'époque féodale, Ies anciennes proviuoes politiclues doI'empire de Charlemagns, comtés, duohés, marquisats, se sonùinseusiblement transformées en.principautés à peu près indé-pendantes dans lesquelios les eomtesr les ducs, les marqufs, Ieséoêques retc., exércent une autorité en quelque sorte souveraine.A l'époque communale, I'autorité ds ees princes s'efface à sontour prosque coyplètement devant le pouvoir d.es communes.

Les communes forment autant d.e républiques à peu prèsindépendantes.

Glasses sociales. - Lns souvnnÀrNs ET LES cRANDs DyNÀsrEs. -Leur pouvoir est plus nominal que réel daus les communes otdans les territoires qui ne sont point domaniaux.

Ln cr.nneÉ. - Il continue à jouir de la plupart des immunitésqui lui ont été assurées dans le haut moyen âge.

Ll nonussn. - Peu à peu les grandé dynastes réussissent àbriser I'esprit d'indépond.anco tles barons féotlaux. D'un autrooôté, Ies progrès du régime communal réduisent chatlue jourdavantago les droits des nobles sur le peuple. sans ctisparaitretout à fait, les cbarg_es ser"viles, cessant d.'êtr.o arbitrair.es, sontexactement précisées-

Ll nouncnorsru ET tE pEUpLD. - Fu" premières ohartes sont

tl'ordiuaire aristocratiques. Elles réservent aux riches toue lesdroits politiquos, se bornant à garantir au menu peuple sesdroits civils. On est ainsi amené à distinguer, daus lcs com-munesr deux grantles classes cl'habitants, cello d.es grandc etcelle des,petits. Entre les grands et les petits ne tard.e pas àéclater une longue et sanglante hostilité qui remplit de luttestout le xure siècle et tout le xrve. Elle finit par lo triomphe tle lacomluune populaire sur la commùne aristoeratique.

Lns nlsttlNTs DEs caMpaGNEs. - Le sort des paysans, quoiquetoujoùr's bien dur", devient tolérable par.tout où lo seigneurrespeote les ohartes rurales qu'il a été arnené à concéd.er. Maiscos chartes garantissent peu le pauvre dès que Ie seigneur esturauvais.

Justice. - LÉorsr,nrroN, - Des usages locanx transmis par latradition et'combinés avee les anciens codes cles Romains etcles' Barbares forment insensiblenrent le droit coutumier. Lescoutumes varicnt d'une.prinoipauté à I'autre et souvent d'une

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rI

PER,IODE T'EODO-COMMIINAIJE r55

ville à I'autre dans la même principauté. On distinglre on outrole droit canon suivi dans lcs tribunaux ecclésiastiques ; le droitféodal, dans oeux des grands seigneurs féodaux; enfin Le droitromain clui n'a j amais étê complètement abanrlonné.

Lns rnrsuNAux. - La justicc publique se rend, dans lesvillages du plat pa)'s comme tlans les villes, par les tribunauxdes échevins. Ordinairement, les grand.es villos sont chefs'desens (r) et jugent et renCharge les sentences rendues pnr les

" tribunaux iuférieurs des villes plus petites et des villages quisuiveut la mêmo coutume.

Comme dans Ia période préoédeute, il existo une justiceprivéo, seigneuriale ou ecclésiastique. Quant au droit cle veurgeanse personnelle, il sommence à, êtro conclamné par lesmæurs, même dans les campa,gûes, vers le milieu du xtvs sièale(après la paix cles Douze clui termine la guerre des Awans ètdes'Waroux, au pays de Liége).

. PnocÉDURE. - Les épreuves et le combat judiciaire se maiu-tiennent tlans les oampagnes longtemps après avoir. disparudes villes dont les chartes interclisent d'y soumettro Iesboulgeois

Sous les communes, Ia procédure a pour oa,ractère d'êtropablique, orale, aceusatoite (21 ei d'admettre la pteuoe par ser.-ment eb par témoins,

L'habitude cle la poursuite d'offi.ce,13) ne pénètre que difficile-ment et assez tarcl dans les mæurs. C'est lougternps à Ia partielésée qu'il appartient cl'a,ccuser I'auteur d'un clommage causé et

. d'établir" en justice le bien fondé cle sa plainto. Dans ces condi.tions, beaucoup tle délits et de crimes restent nécessairementimpr nis, les petits n'osant pas trop assignor les grauds dovantIes tribunaux. D'autre part, la justice n'est pas gratuite.comme aujourd'hui : les justiciables doivent Ia payer et ilsrapportent comme les aontribuables. On eomprend que, clansces eonditious, un grand- nombrg d.e gens peu fortunés crai-

({) C'est-à-dire quo là siègent les cours auxquelles ressortissent les tribu-naux inférieurs.

(9) So dit de l'acte pour lequel on motive une accusation.(3) ta poursuite d'offico ést le droi[ sn vertu duquel un officier de justice,

agissant comme délégué du pouvoir social, prend I'initiative de poursuivre,sans attendre la plainte de I'offensé, I'auteur d'un délit ou d'un crime.

l,l

IiI

I

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156 cnâ'Plrrig srxrÈMn

gnont rle reoour"ir aux tribunaux, incertains d'être jugés avec

équité.PÉx.lr,rrÉs. - Dd,ns I'esprit du temps, les peines ont non seu-

loment pour but Ie ehâtiment, mais a,ussi L'eccemple, Àussie'attache-t-on à les rendro rigoureuses afin d'imprimer clAls les

âmes une épouvante salutâ,ire.Les coups, les simples injures sont punis tlo châtiments cot'-

porels doulouleux : le fouet, Ia flagellation, la bastounade.

Si un conclamné est incapable de Fa,)'er une a,mendo imposée,

on ltri appliclue le princip e ; qui ne paie de sa bourse paie de sa

peau, On lui perco Ia main, on lui abat une phalange des cloigts,

on lui crève les yeux, ctc.L-4. pnrson. - En géné1al, les prisons clu moyen â,ge solt

floides, humides, malsaines. Or"dinairement, les prisonniersportent a,u cou, aux bras, à la ceiuture et aux piccls d'énormeschaines de fer. Plongés dnus I'obecurité, rongés dc verrnine,parfois attaclués par les rats-, ils ue tardent pas, si leur réclu-sion se pr:olonge, à mourir de privations et tlc misèrc.

LA. putNn DE ltonr. - La peiue cle mort est facilement appli-quée. On ost penclu pour avoir volé un rnoutoû comme pouravoit commis un homicide vololtairc. Dc plus, I'applicatiol cle

Ia peine capitale est généralement préeédée cle peines supplé-mentaires ayant pour objet clc Ia reudre pltrs terrible. On coupe

au condamné lo poing, Ia lougue, la nez, Ies oreillcs; on letraîue sur uno elaie juscln'au lieu où s'élève le gibet. Enfin,pour arracher à un accusé qui nie, parfois avcc raisott, I'a,veu

clu délit ou clu cr"ime qu'on lui impute, on imagine la question

ou tortare. Elle consiste cn clos supplioes spéciaux clestinés à

antachor au patient la confession tl'uue laute r:éello ou sup'posée.

Eion$aisansg. - Des taltles da'Saint-Esprif, sortcs clo burcauxcte bientaisauce ayant pour but Ia clistributiou à tlornicile de

vivres et de vêtements aux nécessiteux, s'orga,nisent clans

ohaclue paroisse, juscgrc clans les plus pctits vlllages.On fondc aussi un assez graud nornbre tle léproseries.

L'usage du lingo cTe corps est peu répanclu âtl moJ en âge : Iecoutact direct, d,es étoffes de laine avec Ia pc&u, joiut au cléfautpresque gônér'al c1e propreté, engcrrdrs do fréclueutes malacliescle la peau et spécialement Ia Ièpro. Généralement, les lépto'serics sont iustallées en cles lieux situés hors des villes et isolés

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PER,IODE FEODO-COMIIUT{ALE r5T

par tles haies ou cles focsés. Dos ribauds (gens do mauvaise vie)servent d'intermédicùires entro les hobitants de la léproseri.e et.eeux de la ville.

II existe également un certain nombre d'.ftospfces pour lesvieillarcls et cle rcfuges potu' les pauvres. Enfin la bienfaisance's'exerco encore par'les corporations de métiers qui vieunent erla,ide à leurs membres dans lo besoin, parfois so construisentdes hôpitaux ct cles hospices.

Finances. - Les finances tle I'Etat se confonclent suvec eellesdu prince, clui tirc cl'ailleurs de ses dornaines la plus importantedo ses*essources. 'I'outefois, ses revonus s'augmenteut cle I'usagecle certaiues prérogatives, telles quc le'clroit de battre mounaie Ide vendre, avant tout autre, Ie produit de ses récoltes I cle se

faire délivrer à bas prix les objets et les clenrées néeessaires àI'entretieu dc sa, moison, etc.

Trrr cas cle besoins exceptionnelso on lui vote des subsides doutlc clergé et la noblesse,sont toujours exemptés, aarlo paiement

,do f impôt est non seulcmeut tenu pour onérêux. mais pourrléshonoraut. Àussi, en certains milieux, a-t-on établi ce prin-cipe que le peuple contfibue d.e ia boutse aux besoins d.e I'Etatr Ianoblesse, de son sang) le clergé, de ses pùères.

Guerre. - Outre les hommes cl'armes tirés du domainé parti-culier clu prince et ceux des seigneurs ses vassa,ux, les forcesrnilitairos rl'uno principauté comprenueut ; ' .

ro LEs ilIILIcES cortÈruNAlns. - Elles sont organisées par corpô-rations. Chacun cles méticrs rnarclre au combat commandé pauses cloyens et sous sa propre baunière.

'eo LES sERrtENTs ou coNnnÉnrcs nlr,rrArnEs. - Cs sont cles com-pagnies cl'élite, clont les membres, rccrutés , clans tous lesmétiers sirns' clistinction, s'exerccnt régulièr'ement ou mauie-merrt clo I'arc ou do I'arbalète. On les appelle sçrments à causedu serrncut prôté pal lcurs rucrnbres aux statuts do ln, confrérie.Chacluo serment iI scs statuts, sp banuière, son héraut, sonlocal, sorr tir, sa chapelle particulière, eto.

Au ndrnbro des plus célèbres sont les , arehers de Saint-Sébastien et les arbalétriers de Sâint-Georges clui existent enplusieurs commuues

Solop. - Une soltle est attribuée aux gens des métiers lors-qu'ils sout sous les armes. On la clouble les jours où ils prounentpart à un assaut.

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r58 I

CEAPITR,E SIXIEMX!

Sciences, superstitions populaires. - SctuNtus. - Persorrne neposs$de de connaissa,nces réellement soientifiques.'Les iclées lesplus fausses sur les êtres et les phénomènes cle la nature conti-nuent à avoir cours. Les grands no sont pas plus instruits clueles gens du peuple.

En toute matièr'e et à chaque instant, on fait intervenir. lerliable et les sorcicrs. Les contes les plus iuvraisemblablestrouvent créance; on les oxpliclue par. I'aotion d'êtres ou clefofces surnaturels.

C'est à oette époque pourfant qu'il faut rapporter I'inventiondes lunettes et celle do la pouclre, toutes deux attribuée5 ausavant moirro anglais Rogbr Bacorr.

Croyances et usages religieux. - On est profondément oroyant Ivolontier"s on asÈiste tous les jours à Ia messe et au sennon;personns no travaille Io samedi après-midi, spécialement con-sacré au culte de Ia Mère de Dieu. Les pèlerina,ges se repro-duisent souveut. A cte certains jours, Ie cler"gé'organisc 'tlesproeessions brillantes (ommegangen en pays flamand) aux-quelles touû le monde est fier cl'assisteri les rns,gistrats, clansIeurs costumes officiels, les serments et les métiers, en corps.

Letlres. - Longtemps Ies lois, les tlécrets cles pr.inces et lessenten'ces tles juges sont rétligés en latin. fl cesso d'en êtreainsi dès clue le peuple parvieut à I'adminlstration tles affairesconmuna,Ies. Pour être compris cles gens des métiers, Ieschartes, les arrêtés et règlements communauxr les procès-ver.-

baux of les sentences judiciaires_ doiveut être rédigés en languovulgairc. La vogue la illus gr.ande est d'abord pour le ronran oufrançaîs. Les seigneurs flamancls ont soin de faire apprendrecette langue à leurs enfants.

Néanmoins le flamand a très tôt de grands écrivains parmilesquels nous citerons Jacques Van trtaerlandt, clui vivait auxrne sièclo. Eu langue française, on oito surtout I'historienFroissnrt, ué à Valencfennes en 1337, mort à Chimai cu rdro.

LrtrÉn.ltunn DnarlrATIQUE: - Le.clergé voudrait proserire abso-lument les représentations théâtrales do l'époque, c1ui" Do se

distingueut pas touJours pa,r un grand respect pour" les mæurs.Ne pouvaut étouffer le gofrt des populations pour ce di_vertisse-men-t, il essaie de lo diriger vers cles sujets religieux. Sous lesauspices, on met donc en dialogue tles faits merveilleuxempruntés aux liwes sacrés, aux actes cles martyrs, aux vies

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pÉnroon rÉopo-coMMuNALE r5g

des saints, aux chroniques des monastères, eto. Teile est l'or.i-gine des pièoes tlramatiques connues Fous Io nom d.e miracles,d,e mystères, de moratités, tle farces, etc.

Lns u.cltuscnrts. - Les manuscrits sont très rares et extrême-ment recherchés au moyeu âgo. Eu échange d'un manuscrit, ondonne souvent une forêt, un vignoble, un domoine considérable.Le norirbre des manuscrits posséd6s pa,r Ies plus importantesbibliothèques est très peu élevé. Les prus riches no renfermenûsouveht pa,s au delà de deux à trois cents volumes.

Depuis le xre siècle, la copie rlss manuscrits est une occupa,-tion régulière et obligatoire des moines.

E'enseignement. - Même à l'époque cle Ia p)us grande prospé-rité des commuues, Ies Belges ne songent point à foncier

' d'écoles por.r les hautes études. Les jeunes gens de notre paysdésireux de recevoir une instruction supérieuro suivent lescours des universités étrangères.

Les écoles existaqtes sont : ro les écoles cathédrales où I'onforme Ies jeunes prêtres; eo les écoles chapitrales souventatljointes aux abbayes et clestinées à recevoir les enfants tle Ianoblesso ou de la haute bourgeoisie des villes. on donne aux

. chefs do cgs écoles lo nom d'écolâtre:i; Bo res petites éebles o.u.

écoles des pauores clestinées aux enfants des artisans. ces der-nières sont sporadiques. Àussi un homme du peuple sait.ilrarement lire. Beaucoup de pères cle famille ne connaissent niIeur'âgo ni celui de leurs enfauts. D'ailleurs, la différenao d'in-

- struction des pauvres a,ux riches est peu sensible. c'est oe quiexpliquo comment le pouvoir politique peut so trorrver à cette6poque aux mains cles classes populaires. a proprement parler,il n'y a pgg alors clo classe clirigeante parce qu'il n'y a en réalitécl'instruction chez aucune,

M^lrÉnml ons Écoues. - sur de grandes peeux tendues en guisede tableaux, on représente la matièro à enseigner. (histoire etgénéalogies disposées sous forme d'arbres). on se 6ert, pour.écriro, d'écorce, de feuilles cle p&pyrt.s, d'écritoires ou detablettes entluites cle cire'et sur Iescluelles ori écrit les brouil-lons et les calculs au moyen d'une pointe clo fer ou sfyle. LecraJron à la mine de plomb est connu clepuis le xre siècle. Lors-gu'on écrit sur le parchemin (matière fort rare et si ohère qu'onIa fait parfois servir d.'instrumeut d'édhange), on omploie desplumes d'oio et de I'encre noire ou rougo, Mais le parcheminn

Y. Mireuet et Ch. Pergameni. - Hisr. tle Belgiqua49t2.

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" r--11I

I

I

r6o cEÂPrtrBE srxrùun

Blus recherOhÉ que I'or st l'argent, est el'ordinaire résorvé pour

les éarlts tf imPor"tance.ArchiteclUrs. - Il faut, principalement chercher dans la forme

ttos piliere ou cles oolonnes (r), des portes et des fenêtres, les

caractères arohiteatura,ux tles monuments.ÀRcfitrsctunn HELTGIDUSE. - Architeeture romane. - Ls style

roma,n dornine dans les édifioes, du Xe û,u xIIIe siècle. fl so oarac'

tér'ise essentiellement par la forme plein clntre de la p6rtie

supérieure des portes et des fenêtres. L'église romane est géné'

ra,lement bâ,tie sur lo plan d'une oroix latine (tlont I'une rles

branches est plus grande que ehaeune des trois autres). Elle se

compose d'un uafssean (nef centralo) tectangalafre termilé par

vn hémicycle ou abside tlestiné à dovenir le chæur, et cl'un tran'sapf déterminant lo croix. u!'re légère él6vation ,gu chæur

au-dessus du reste tlo l'égtrise permot la cqnstruction des erypfest , *

espèces de chapelles souterraines qui parfois s'étendelt sous

l'édifice tout entior. La cathétlrale de Tournai et l'église Sainto'

Gertrude, à Nivellesn sottt tleux belles églises roma,nes dolt laeonstruction remonte au xe sièclo.

Les égllses bâties à cette 6poque sont ordinairement cou-

vortes de tuiles. Elles ne posSèdent point de tours I on suspeld

les cloches à I'intérieur tl'un assemblage cle charpento séparé

tle l'église' On a constaté clue les étlifices expriment gén6ralement lecaractèr.o, l'état d.'â,me des populations qui les bâtissent. Aussi

les églises clu haut mo)'en âge sont'elles cles mouuments'solicles,

mais cl,appareLce lourcle et massive. Le jour 1'y pénètre clue

par cles fenêtres étroites et peu nombreuses. L'époque féodale

est sornbre, le peuple tr.iste et misérable : l'église romane est

elle-même tristo et sombro.Architecture d.ite gothÏque ou ogioale. - L'art gothicluo est la

plus remarquable forme cl'art que le moncle ait conuu clepuis

les Grecs.

(4) Les colonnes peuvent généralement se rapporter à trois ordres princi-

prùi , (ord.re dorique, le plus simple de tous, qui se distingue surtout par le'bourretet de sOn rhapi.feau; I'ord,re .îonique, remarquable par sa uolute, el'

I'ord,r'e aot'inthien, reconnaissable à la disposition de son chapiteau en corbeille

d,e feuilles d,'acanthe. Un quatrième Ordre, l'ord're corngtosi,te, résulte de la COm-

$inalson des deux derniers.

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ttPEBIODE FEODO.COITIMIINAIJE I6I

'Les caraotères partiouliers de I'architesture gothiquo sont :

la voùte cl'arêtes à nervures, I'a,rc brisé ét l'are-boafanf. Desmotifs cl'économie (r), dc goùt ou cle sentiment font peu à peu

' abandonuer lo plein cintre.Le vaisseau centr"al s'élève dans les églises < ogivalés > et

peut recevoir lc jour par lo haut. En même terqps, les largesfenètres dos nefs latérales inontl.ent I'intérieur cles édificesg,othiques de flots cle lumièro au point que pour corserver auxégliscs co clcnri-jour clui semblo invitor au recueillement et à laprièr'e, on est obligé de garnir do vitraux leE vastes feuètresdes nefs et des transepts, ainsi quo les immensos rosaces duportail.

Les , constructious gothiques s'harmonisent avec l'état uou-

veau rlos esprits, tout transportés clo se sentir libres. Les archi-tectes de l'époquo donnont aux oonstructions qu'ils édifientplus cle hardiesso et de ltrmièro, plus d'élégance et de richesse.C'est la conquêto, comrne on I'a clit, (( du vide sur le plein >,

Le style gothique domino en Belglque du xure au xvre et mêmoau x\(te sièclo, rnais il a trois époques principales, gd, approxi-

' mativemeut, correspondent a,u x[[e-xrv" siècle (re5er35o), auxtve.xve siècle (r35o.r{5o) et au xye-xvre siècle (r(5o.r55o) (e).

Ces trois époques sont les suivantes :

ro L'époque primaire ,ou du gothique pur, caractérisée parI'ogive à laucette (ohæur do Sainte-Gudule, à Bruxelles; Notre-Danro, à Tongrest- zoL'époqae secondaire gu dv gothî.que rayon-

, nant pendant laquelle les baies des portes et des fenêtres sontordinairemeut remplies de figures rayonrrantes do trèfles ot de,quatre-feuilles (Notre-Dame, à Euy; Saiute-Croix, à Liége);30 l'épogue tertiaire ou elu gothiqae fl.amboyant pendant laquelleles anchil,ectes contour.nent les pétales des trèfles ou clesquatrb-feuilles en forme de flammes, d.e fagon à faire ressem-hler cgs ornements à daç cæurs allongés (Notre-Dame, àA"rlvers; Saint-Pierre, à Louvain). A la fin du tertiairo, la

({) f,'architecture gothique permet de réduirs éonsidërablement Ia mâssodes matériaux à employer dans lo gros.æuvre.

(9) L'art, improprement appelé goth,ique, est nô eu Franee ; il s'est répandu.dans I'Europe entière. Les merveilleusgs cathfirales françaises de Paris,Reims, Amiens et Chartres en sont assurément los manifestations les plusbelles.

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16z cEÂPrrRE srxrÈun

pointo de I'ogive s'abaisse de fagou à prendre la,forme on talonou en aecolade.

Il faut remarquer qu'en architeoturo les époques tle cléca-

dence sont caractér"isées par nne ornemeutation oxcessive.

L'époque clu gothique tertiaire est pour I'architecturc ogivalê

cette époque do décaclence.AnCUrtgCtURE CIVILE. - Les monuments tl'architecture civile

n'apparaissent un peu nombreux qu'à pgrtir de la fin clu

Xltte sièole. Ils sont de quatre espèoes ; les beffrofs, les halle*,

les /rrôtels d.e uille, et les maisons des gildes, des métiers ou des

setments.Beffrois. - Espèces cle donjons communaux bâtis sur le

modè|o des clonjons féoclauxr los beffrois précèdent les. hôtelstte ville et longtemps en tiennent lieu. Généralemelt, Ies pièces

tlu rez-cle chausséo servent de magasiu d'armes et cle prison.À l'étage, s'étend la grancle sallo de réuuion des conseillers etcles chefs d.e la commune (r). Uno pièce contiguë renferme les

archives communa,les et le trésor do la cité. Le beffroi est ordi'nairomelt sulmonté d'u1 comble e1 eharpeute où I'o1 place laoloche. On eouronne Is comble d'une petite tour oarrée munisd.o quatre fenêtres. C'est la guette, pièce où se tient le guetteatohargé clo veiller sur la ville et la campagne environnante,d'annoneèr les iucendios et, le cas échéant, cle signaler).'approohe tle I'ennemi.

La clocho du beffroi sonne Ie commenoement et la fin du

travail. Elle an:ronce aussi I'heule rlu couore'feu, c'est'à-dire lemoment où chacun doit rentrer c}o.oz soi et toutes les lumièress'éteindre tlans la ville.

Les bourgeôis attachent un grancl prix à la possession tleleur beffroi. Quancl les habitants d'ule localité obtieunent lsdroit d.e foncler uno oommtlne, un de leurs promiers soins est.

d'élever un beffroi et de le munir tl'une cloche. De feur côté, lospr.inces et les seigneurs s'ompressent d'abattre ce monument

lorsqu'ils sortent vainqueurs d'une gnerre contro la commune.Tous oonsiclèrent le beffroi et sa cloche comme les signes visi-bles tle I'indépenda,ncs communole of do la liber"té des bour-geois. Los plus anciens beffrois do Ia Belgique paraissent êtreceux cle Tournai et de Gantl.

(t) Il en fut ainsi tant qu'il n'exista pas d'hôl,el de villo propremen[ ilit'

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pÉnronn rÉono-coMMUNATJE r63

Harles. - trfonuments élcvés a,u commerce et à I'industrie,les halles formcnt d.'immenses entrepôts couverts, où se tientle marché le plus important crc ra ville. Tous les artisans de Iacité y viennent étaler les produits de reur travàil et les négo.ciants étrangers ne peuvent vendre Ieurs marchand.ises en nulautre endroit. Les halles de Brugés et celles cl'ypÉes méritenttl'être signalées.

Hôtels de uille. - r,es hôtels de ville sont élevés pour servirde lieu de réunion a,ux magistrats' commuuoux lorsque lescommunes ont pris de I'importanoe et que leurs droits cesseutd'être contestés. rls remplacenl, dono ros beffrois. En génér.al,ils forment des quatlrilatères d'étendue plus ou moius considé,rable, cantonnés aux angles de tourelles saillantes. on rema,r-que orflinairement, clans les anciens hôtels cre ville, se déta-chant et s'avangant sur Ia façacle, une espècô de loge _ Iabretèque - d'où Ies 'chefs de la commune. Iisent au peuple lotexte cles lois, des proclamations et des sentences. parmi lesancieus hôtels de ville, ceux de Bruxelles, de Louvain etd'Àudenarhe sont particulièrement dignes d'être oités.

Makons des gildes, des mëtiers et d.es sermenfs. - Un grandnombre cle corporations se font construire dès maisons où ellesconservent leurs archives, tiennent leurs réunionsn tlonnentleurs bauquots. Les oonfr'éries militaires approprient en outreleurs locaux de telle sorte que leurs membres puisseut s'yexercer au maniement des armes et spéoialement au tir à I'afeou à I'arbalète.

Maisons prioées. - Les maisons privées construites en pierredemeurent très rares, même dans les villes, jusqu'au xve sièclo,voire jusqu'au xvre. seules, les maiçons de quelques famillespuissantes sont bâties en pierre. véritables forteresses cl'ail-

, leurs, elles affectent ordinairement Ia forme d'un quadrilatèreaux murs très épais aveo revêtement extér.ieur de pier"res t1etaille. Le'ur rez-tle-chausséo ne piésente eu'un petit nombrbd'étroites fenêtres.'une plate-forme, munie de créneaux sur sesbords, couronne généralement ces maisons. tux angles, onremarquo des tour"elles disposées en encorbêllement et percéosde meurtrièr"es. En pays flamond, on donno à ces habitationsle nom d,e steenen Les hôtels de ville sout bâtis sur le.modèI'edes steencn.

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-I

e'fi4 .'.. crrAPrrrùu srxrÈun

ti. lPeinturs et.sculpture., - Les productions des peintres et cles

,lsorilpteurs de l'époque traitent exclwivement d"es .sujets reli.

afieûrx. Les artistes s"attachent surtout à erprimer le bouheur

qu'iIs espèrent goùter dans l'éternité. airssi les figures'd'es Pér'

ùoors"r représentés ont.elles cles lignes souples, é1incées,;

.olles semblent buivts I'essor cle I'âuio vers le oiel'

Dans lo haut moyeu â,ge, la peinture avait été snftout matalel

.O+peignait'eutièremeltl'intérieurdeségtisosronu'nesclui-offr;ient uno granà"e surfaôe de murs. À la peinturo murale (r),

.se substitue, peAdant l'époque. de I'architecture gothiclue, lapeinture flul. uerîe.. on peint aussi sur bois (retables et dyp'

.tiques), sut' statues, sur étoffes (bannières et blasous)'

gothique. Les couvertùres et les pages des mauuscrits s'oruent

d'arabesques; on pèint et on enjolive cl'ornements les premières

lettres des chapitrgs. ces travaux sont exécutés tantôt par rles

lnoineÊ poui' leur"s eouventso tantôt par des copistes attitrésauprès dos grands seigneurs.

Les progrès cle la sculpture peutlant l'époque cornmunale soqt' plus remargua,bles que ceux cle la peinture. ce clui le prouve,'€'est I'existenoe d'un graucl nombre de chefs'tl'oJuvro cle cette

époque parveuus jusclu'à nous : fonts baptismaux en cuivre,

taber:nacles, tombes et mausolées; portails en fer, en marbre ou

en Ïrronzo pour beffrois, halles, églises, etc.- Musique..- Les trouvères disent leurs cbants d'amour en s'ac'

€ompagna,nt d'ifstrumelts à corcles. Les mystères comporteuttle la musique. ce sont en quelclue sorte des opéras. au plain-

chant s'ajoutle le d.échant o:u' dÏaphonie' e,J|ran:t à eleux parties,

mais fort simpls èncore, Le contrepoinf, musiclue plus sava,nte,

à deux ou à plusieurs parÙies, appara,ît à la fin de cette époque

g,vec Dufayo musicien n6 à Chimai, en r35o.

Agricuttur_o. - Çemme engrais, on ne co[naît encore que tefumier cle ierme. Le seul amendement epptoJ'é est toujours lama,rne. La jacher.o dispens'e cle fumer tous lee ans. I1 existe

encoro peu de prairies artificielles.

-. PrnNtrs CULTnnÉEs. - On cultive plus de seigle que cle froment.on Brabant et en Flandre; plus cl'épeautre on pa,J's do Liége et

({) Dite evssi archàteatonique,'

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PÉRroDa rÉono-ooûTMUNALE 16É

de Namur; pa,ffiout plus d'avoine que d'orge. Presquo teuimrs:et'eu lous lioux, da,no les assolentnts, o'est I'avoine qrii alterne.avec le soigle ou a,ygc l'épeamiro. - ' ' .;

I"a vigno eet eultivée dans toutes les régions : e:r Flandre, enBraba,nt st en Carnpine 66rirrns elans ]e pays de Liége. Dans les"

années ordinaires, le vin du pays so vend fr. o.rr le litre. Toute.fois Ie raisin mirrissant mal, le vin qu'on en tire, toujours rJr{o,devient promptement aigrelet. Les propriétaiÈes, priiices,nobles, prêtres, r{ches bourgeois, u'en boivent que !e

-meilleur-

qulils mélangent volonJiers d'épices. Ils abandonneirt lo reste à,

Ieurs serfs." lndustrie et commerce. - L'inclustrie etle c-ommerce prennent'âl'époque communale un développement jïsqu'alors incorrrru.'Nous a,yons donué plus haut ûne id.ée'des caractères,spéciaux.qu'ils revêtent.' L^l n.q.xsn FLAIUaNDE. - Vers I'an reu[o, il se foi"me eir Flandrer'Sous le nom tle Hanse, une gildo ou ligue conrlmerciale compoiéodes gildes particutièr'es des différentes villes belges et compre-nant des marchands clui fréquentaient les ports et les foii"esd'Angleterre. Elle prit le nom de 'hanse

fl.amand.e.Àfin cle donner une idée exaoto dè ce que fut Ia Eanse de

ILondres, nous clirons, avec DI. Pirenrre (r), clue d+ns chaaunod,es principalcs villes do Flandre, les marchands qui fréquen.taient les ports et les loires d'Angleterre s'unirent en connpa-gnies qui prirent le nom d,e -Eanses. Ceux des p.etites villesimitèrent leur. exemple et biontôt les diverses hanses s'ongani--sèreut cl'abord en groupes locaux, puis plus tard. en une vasteassooiation s'étenclant à tout le pays et que I'on appelu Hanse

'de 'Londres. Pendant le xrrlt siècle, el*lo monopolisa le commercs.de la Flandre avec I'Anglekjrre. Le clroit cl'entrée à payer étaitde ro marcs sterling (2;. Dix sept, puis vingt-quatre viilês ducontinent en 'firent partie, entre a,utres, Bruges, Gand, Ypres;

',

Euy, Lille, Valenciennes, Cambrai, Reims,. etc.Notrs paJ's oeeupe une exoellente position geogrz,phique et,

commerciale; son sol est fertilo, sbn agricultuÈ avaricée, sosrichesses minérales abondantes : grôeo à ce soneours d€ circon

(4) Yoir'PTnENNNE, Histoire de Belgïquer 1. [er, Qe édition, pp. 256-?57,(2) Le marc d'or valait environ {,3d0 francs de notre monnaie, les {0 mre+:

431000 fiancs, si toutefofs mare ô'or eI maro sterling sonl synotryuqt.

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i66 CSAPITRE STtr.IE}ÎE

staûce$ favorables, le corhmerce y atteint rapidement un degréd.e prospér'ité inouïo. Bruges devieut en quelqire sorte I'entrepôtuniversel du commerco. Treute-quatre nations entretiennentavoc elle des relations suiviss. Des cana,ux nombreux, de helleset larges'routes sillonnent Ia contrée, facilitant le transport desmarchantlises.

. Fonns. - Des foires éétèbres, espèces tl'expositions pério.çliquos, attirent chaque année en notre pôJs, de toutes lespar"ties clu monde, une foule prodigieuse.

Dans ces foires, qui so tiennentaux halles, ou série les vcntes.Aujourd'hui, on vend. les draps et rien cl'autre; clemolr, lestoilos; le jour guivant, Ie grain, etc. Pendant la durée dela, foire, il est défendu, partout ailleur"s dans le peTs, de vericlreen gros cles produits semblables à ceux exposés sur le champ cle

foire. C'est à la fois forcer les marohands à s'y renclre avec leursmarchaudises et asdurer le débit de cellos-ci. Uu tribunal, ditd,es écheoins de la foirc, dont les membres sont choisis par lobmarohautls, en a, la surveillance et juge tontes les contestationsentro les vendeurs et les acheteurs.

La foire de Thourout, - Entre les foires, so distinguait qellecle Thourout, régléo err rsgo, par une ortlonnance du comte Guicle Dampierro (mais bien plus anciemrel ello remonte auxle siècle), dont voici les pr.inoipale.s dispositions :

<< Iluit jour"s avant et huit jours après Ia foire, on ne peutvendre enX'Iandre, aillours qu'en foire,,aucullc pièce de drapentière; ni en gros,'&ucuue autre marchandise venduo commu-nément au poids. Cependant le commerdo tlo clétail est permisontre les habitants d'une mêmo localité.

r> Dès que I'on commenco à Ioger les marchands clui se rendentà la foire, toutes les halles sont closes jusclu'à huit jours aprèsla fin d.o la foiro.

>r Aucun acheteur en foir"e ne peut la quitter sûns I'agrômentds son veudeur. On assure ainsi le paiement cle tous les acbats.

n Les échevins de la foire jugent seuls les contestations cluipeuvent y sur"venir. fls doivent les décider promptement afind'empêcher I'exploitation dos étrangers.

n Le maximum du prix du vin pend.ant la foire est réglé etn.EI n'en peut exiger davautage.

> Cinq représentauts des villes do Bruges, Gancl, Ypres,

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pÉnroop rÉooo-coMMUNALE r61r.,ille et Dogai fixent le prix cles hôtels où logeut les marchanclsétrangers. Tout opposant est puni d'une amencle. n

Ello dur"ait six semaines, s'ouvrait Ie eg juin, iour dæ la fêtedos saints Pierto et Paul, et so clôtulait le 15 aoirt. Les anglaisamenaient leurs laines qu'ils échangeaient avec tles draps. Lafoire de Thouràut n'est plus aujourd.'hui qu'une foire aux che-Yaux, d'ailleurs importante.

Les foires déclinèrent avec Ie développement du commercé_maritimo. Bruges offrait a,ux na,rchahds tontes los facilitéscl'uno foire inintcrrompue. r,es villos maritimes finirent nêrriopar protester contre les foires, eonsidérées comme entraves auoommercc général.

Earr.Es ou luncuÉs. - Les halles étaient cles marchés couvertsoù, à certains jours de Ia semaine, I'on exposait en vente, uueou plusieurs espèces do marchantlises. chaque métier importantavait sa halle. On connut à Liége : Ia hpllo des drapiers,Iahalle des tauneurs, Ia halle cles bouchers, ta hatlo des vigne-rons.

Les jours de marchés les halles étaient ouvertes au pubric clès6 heures du matin. Les cloyels ou les rdwarcls faisaient alorsI'inspection des marchand.ises exposées lrour s'assurer quetoutes étaient pourvues des marclues réglementaires, Les mar-chandises cle bonne qualilé qui ne les possédaient pas er étaientimmédiatement revêtues. Quant aux autres, elles étaient con-fisquées et leurs propriétaires punis d'une amende. Ou ue pou-vait veudre à Ia halle avant le passage cles rewarcls; de mêmeil était sévèrement interdit de venclre une marchandise qui ai'aitété apportée après leur inspection.

Dnorr n'Étlpq. - f,'un des pr.ivilèges les plus recherchés par.les communes au rrioyen âge était Ie clroit cl'étapo sur les deuréeset sur les marahandises. La ville qui possédait le dyoit cI'étapesur une marchandise avait le pr"ivilègo cle pouvoir faire arrôteret mettre en vente chez eIIe (d.'où le termeo droit d'étape)tout oupartio dnun trâ,nsport de cette marchandiso, de passage dans Ialooalité. Conférer à qne ville Ie droit cl'étape slrr une marchan-diso,

-c'était en somme lui'attribuer lo privilège cl'en faire Ia

distribution au reste du pays. C'était dona lui procuror uneimportants sgurce cle bénéfices. C'est ainsi qu'Auvers disputalongtemps à Malines le droit d'étapo de I'avoine, du sel et clupoisson. Plus cl'uire fois, de sanglants conflits éclatèrent entre'

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r68 CEAPITBE STXIETIE

!.es deux villes à roison de'la rivalité qu'excitalt !'gxercice do

ce droit parl'une on par I'autro d'entre elles. Gand possédaitOn

tlandre tO Atoit d'éÔapo sur les blés. Ls scizièms des grains

romoatant fEsaaut, et Ie clnort cle ceux qui le clescendaientt

y devaient être exPos6s en vonte'

' Vie domostique, coùtumes et mæurs, - NoulnrruRE' - Ls peuple

.tles villss mange plus cle viancle qne par le passé, car il regoit

son salair"e en argelrt et lo bétail est à bon compte. Pa,r contre,

ia uou*itu'e de I'ouvri,er agficole ne s'améliore guère; il con-

pinue à vivro misérabloment'de légumes (pois, fèves, haricots,'carottes), de bouillie et d'un pain grossier'

VÊrnwrct. - Les étoffes oommilnes et à bon ma'rché existent

on abondanoe. I-r'usage du linge do colps s'intr"oduit chez les

gran<ls. Toutefois le luxe d'Isabeau de Bavière, roine do Franoe,

qui poss,ètle jusqu'à deux chemises, soandalise ensors' ù

. a la fin du xnte siècler les souliers so terrninent en pointe

de r ou z piects do long : on est obligé cl'en rattacher les extré-

mit6s rùux genoux. La coiffure des femtnes riches n'est pas

moins bi4arre. Ello se composo tl'un chapeau de forme coniclue

à plusiour"s éttiges, dont chacun est orné de doutelles flot'tantes.

IlesïratrON ET MOBILIER. - D'or{inaire, la maison de-I'artisan

des villes, faito do bois. ou de torchis, est bâ,tio hors d.os murs.

En temps de guorre, elle est presque toujours détruite par

I'incendie' La fumée continue à sortir par la porte. Même chez los

grands, les carreaux ds vitro sont une rareté' On y suppléo par

cre ta toile ciréo ou du papier huilé. Longtemps aussi le plafon'

nage cles habitati'ons reste ineonnu' Dans los domeures des

clches, on masque la nud.ité des muraillos par cles tenturos for-

uées de four.rur"es do diverses qualit6s. Dans la suite, on,

enploie, à cet office, des tapisseries e1e lailre. L'usage des tapis.

aepi'eaestd.emêmetrrèslongtenpsignoréjusquedansles..demeures princières. Des roseaux séchés, éparpillés suf Io

.pavement ou l'aire battue, en tierrnent lieu. Lo joncheur de

ior"oo* était, selon de Yarigny, nn personnago important à la,cour, of son office ir'était pas nne sinéeure. Les conYives ne se

jfaisaient pas scrupule ate vider leurs assiettes et leurs YeffeS

sur le sol, de jeter leurs os à demi-rongés bous la table; cle

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pÉnroon' rÉooo-coMMUNATùr r€g

rlécrotter leurs lourtles et boueuses chaqssnres sur ia litièren

fréquemmenf remgge p.our-recougir; ces débris. -- - "'. - . ..liCependantle mobiliôr est devenu-plus confortablè-que paf lê

passé. L,es lits, plus nombreux, sont ordinaireneut pourvus do

elràps de''tbile, d.e couYerturtis-dii laïiro,"db doussità; ' "' :-

Pour le service do la table, les bourgeois emBlciient ile lavais'sglle d'étain. La,four'chette appalait. ElIo est à. deu* donts.etdomeure longtemps un objet degrandluxê. on dit qu'on I'an roÔs

te roi t{'A.ngletene n'en possédait encoro qu'une ssirls. '" :"

.. Noms de famitte. Blason. - Les premières h,rmées do oroisés for3

mdient de -waies cohues, où les soltlats-d'un mêmo prince rie sio

reconnaissaient pas toujours entre eux. Pour introtluire un psg

d'ordre en Oes foules, on imagine les erfs. de guente : Loûoainaurichednc; Ios deuî.ses: ^sans reproehe (devtse dès'Lala;ing) e{,!d{atmea ou armoirres, emblèmes servant tlo -sigrio' distineti{'à ufiind.ividu, à uno famille, à une corporationo tous signos de raLIiement destiuéS à suppléer à I'absence des uniformes milltaireslencore inconnus. a la même époque, lès'titres d.e- seigneuries

devierrnent d.es noms de famille et servent à dietingUer leq

uobles.Lorsque la bourgeoisi'e apparait, elle s'empreeçe d'adopter

aussi des noms de famillo, ceux-ci étant pour ello un signe

d'affranehissement et en cluelque sorte d'anoblissem.ent, obtenuj

ton cette fois par les violenoos de la gUorre, mais par les luttespacifiques du travail

Tout d'abord las prénoms tleviennent des ùoms êe'fami{s(Lambert, Grégoire). Les métiers of lea professions en fouf'nissent ensuite 1ne catégorio importante (Brasseur, Leclerc).

En même temps naisssnt des noms pris de surnoms et résultantd'uno partiealarité physiqae oa motale (Lograntl,.Lesage); des

noms venus d:uno sitaatiom,, d'ul.e parenté (Ducoia, Cousin);' empruntés &ux animanæ (Lelièwe, Lecerf); tirés des lieux d'orf-gîne (LalLomaud, Picard)ou. d€ résidence (tonrrrai, Namur), otc,

L'écusson (en forme de boucli.er)pæte les armes de la bour"geoisie comme eell.es de la noblesse, L'étendard ou la bannièroles r"eprodqisent. II y a une scienae des arlmoiri€s qui porte lenom de scîenee héraldiqae ou ôlason. EIle fait connaître l{ù

généalogie, la, parsnté et Iss a,rmes des prinoipales fanillesdu pays.

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r7o CEAPITR,E SIXIÈME

ry. - Considérations générales et vue d'ensemûle.

Le d.espotisme féodal n'était plus supportable. La sociétéretournait à l'état sauvage.

Le sentiment cle la solidarité, si vivace dans les raoes germa,-niques, fournit une fois encore, à l'instar cle ce qui s'était pro-duit après les invasions barbares, lo remède aux maux duprésêut. Le souvenir clss gil<les d'autrefois inspire r'idée c|asso.ciations entre marchands, entre artisans, entre ouvriers campo.gnards, entre ser"fs même, groupements dont I'objet est des'eutcaider, au besoin,.cle se défendre. Partout il se crée-desfraternités, tlcs frairies, dos amffiés, qui sont les germes desfutures corporations.

Les croisadcs surviennent. En débarrassaut I'Europe de Iapartie la plus turbulento et la plus insociable de sa population,en favorisant surtout I'essor cles cornrnuncs, ces expéclitionsportênù un terr.ible cpup aux institutions féodalss.

Taudis que beaucoup dc seigneurs féorlaux de seconcl rangs'affaiblissent, se ruinent ou clisparaissent aux croisacles, Iescommunes naissent, se multiplieut, grandissent, étenclant auxbourgeois la jouissanco cle la libertô indivicluelle, jusqu'iciréservéo aux seuls seigneurs féorlaux. r,a féoclalit6 ébranlée estenfin contrainte cle cécler Ie pas à l'insfffution eommunale, syno-nymo, aux )'eux des populations, do liberté et do sécurité, d'ord.reet de ptospérité matéfielle, partant, de cî.uilisation.

Les premiers progr,ès clo I'iclée clérnocratiquo n'avantagentdans les communes clue les principaux clo la ville, Ies nobrcs etles riches marchontls. ceux qu'on appelle les grand.s ou cffainsà Liége, les gens d,es lignages en Brabaut, les poofiera enX'landre, possèdent d'abord seuls les avantages garantis par.Ieschartes. Longtemps lo petit peuple - artisaus aux ongles bleuset rrevendeurs au détailn'serfs cles diverses catégolies - ne jouitquo des droits civils. Les prcmièr'es chartos sont. clos chartesat is to c r atiq ues Io cal e s .

Néanmoins, peu à peu, à mesure que I'iudustrie se d.éveloppeilans les villeÉ,les artisans y grarrclissent en nombre, s'y gr.oupentpar métiers et forment cles cor"porations clont chacune constituoalae unité indust rielle,

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PÉNTONN I'f,:ODO-COMMUNALE r7r

Comme leg grands, clans les luttes qu'ils soutiennent controleurs princes ou eontro tles oommunes voisines, ont souventbesoin tlu peuplo,-ils permettent aux métiers do s'&rmer : voilàceux-ci formant cles unftés mÎtÎtaires. Dès ce iour, ils sont bienprès tle devenir des unffés politiques

La victoiro de Courtrni, à larluello ils prennent une partpresque exclusive, leur permet de réaliser un dernier progrès.A Ia suite cle ce brillant foit d.'armes où les m6tiers sauventI'indépenclaneo do la Flantlren toutes les comrhunes flamantles.ot, peu après, la plupart des commrures belges, reçoivent tles

cTartes d.émocratiqaes loeales clui étendent aux artisans la jouis- '

sance tles droits politiques.A. leur tour, les. grands sont frappés, en tant que classo sociale,

d'une sorte de déchéance politique, car les métiers, après s'êtrecl'aborcl contentés do réclamer le partage des privilèges, exigentbientôt lo pouvoir pour eux seuls. Quicouquo veut exercor

, ses ttroits politiques et les fonctions publiclues doit so fairpinscrire à I'un ou I'autre des métiers. Grantl homnage, ausur.plus, rendu au travail qui se trouve dès lors relevé de ladéconsiclération où I'nvait longtemps maintenu Ie préjugé aris-tocratique

Quant à I'autorité ttes soigneurs ruraux, elle s'affaiblit gra'duellement non seulemeut pa,rco quo les communeà démocra'tiques grandissent en puissauce, mais enoore parce que, pourempêcher la désertion cle leurs serfs, ils sont obligés de concé.

der à ceux-ci des ehartes rurales qui leur garantissent des avan-tages très étendus. Ainsi la suprématio exercéo à l'épocluo

précédente par les carnpngnes sur les localités ur"baines clispa-

parait et passo cléfinitivement aux villes. Co développement en

quelclue sordo régulier do nos institutions et de nos libertésjustifio cettq loi historique, tlêpuis longtemps observée : Le<téveloppoment soèial, oomme le développement d'une ilstitution,est uns croissanco organique en aualogie avec le développementindividuel (i).

Il importe cependant tle lo remûrquer : les communes et les

métiers clu moyen âge ne jouissaient pas de vraies libertés, nais

({) It faut se gdr.der néanmoins do confondre une analogie réelle avec une

'identité absolue.

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r72 tCffAPITBB SIXIEME

deulement d,e prioilèges. On' ntavait pas alons une. oonoeptionexaote de oe que l'on appello a,ssez improproment les clroltsnaturels de fhomms. &éolamer pour tous une égalit6 entièreutentrb dans la pensée de pensonnô : o'cst que l'6gali'té cle tousdevant la loi n'est pas, à oetto époque, regardée comme undroit itrimôrètial. Les tibertés inScrites dans les chartes sontuniversellement tenuos pour de simples privilèges, quril ostlégitime et houorable d'arpaoher à, ceux qui prétendent s'enrérierver. 1è monopole, mais c1u'll. n'est pas injuste et c1u'il poutêtre habile de refuser à csux qui ne les possèd.ont pas encoro.En cet état des esprits, chaoun so borne dono à obtenir du pou-voir le plus de privilèges possiblo, sa,ns se préoccupon do savoirsi l'on en accorde à son voisin, houreux même, lo oas éohéant,d'en jouir seul; panfois s'opposant tlo foroe à lçs laisser attri-buer à d'autres. C'est au point c1uo, dans boaucoup de oorn-munes, on est amené à prendre des préoautions nombrsusespour empêoher oertaines conpor.ations d'oppnimor les a,utres.Et néanmoinsn ces précautions sont vainss.

En Flandre,les luttes pour la oonquôto tles clroits civlls etpolitiques so compliquent tlos luttos pour le maintion de I'indé-'pendance r'égionale. Les journées de Courtrai, de ôassel, doRoosebeke.sont des batailles livréos par les olasses populairesà la tr'rauce et au parti frangais en mêmo temps c1u'à la riohébourgeoisie flanande; oar il se renoontre en X'landre un parti,oelui des loliaerts, pour s'unir" à l'étranger en haine de Ia bour-geoisie et tlu peuple.

Dans l'anoierrne Lothaningie, rion de paroil ne se produit.Aussi, Ios revondications populaines n'y revêtent-ollos pesr

d'or"dinalre, Ie même <iaractère d'oxagénation et de violenoo.Si Ies progrès de la liberté y sont plus lents, ils y sont aussi

plus généra,ux, s'y produisent avoo plus do régulanité, s'y éten-dent au plat pays comme aux villes .et proeque touJourrs oon-sentis de bonne grôce par les souver.ains.

Tdutefois, la vie pglitique, tlans Ia principauté de Liége, ostplus mouvementée que dans Ie resto tlu grand. fiof impérial

. belge. Le peuplo y parvient, plus tôt cluo parûout allleurs, à con-quér.ir I'intégralité tte ses dr<iits politiques. Cela tiont, sansdoute, à la vitalité spéciale clu peuplo liégeois, à la puissanceque I'inehustrio clorrue clo bonne hewo à ses aorporationsouvrières, enfin aux compétitions pour le trône épieoopal, qui

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" PÉnronn r'Éono'ooMMuNAr'E r?3

amènent les nouvàaux titulalros à consonth périodlquoment do

plus imPorta,nts PrivilègesLa féodatité avalÛ poussé forÛ loin la'd6oentTnlisatlon: 1o

régime communal I'aoaentus davant'age encor€' Dans ls helrù

;oy; â,go, tes dqoÉr oomtes, marquis, prlnoos-6vêc1ues' ohefs

OuJ g,'qrotee prinoipautée bolgos de l'époquo, s'étaiont arrog6

uns autorité à peu prèe souvotainô, d6pouillant ainsi de droits

ebsenfiols leure suzerains, les rols de Ffanas et les ompereure

cl'Àllemq,gne.A leurlour, ûls voient, dane Ia seosndo moitié du moyen â'ge'

Ios conmunos leur clisputon cette autorité of aonstltuer, art soltl'tteleui'sprlncipautés;desrépubliquosquaeiindéperrdantos.

Cepontlant, la communauté d'int6rête et ds mæurs' néo dê

fréquents rapports ontno loe habltants d'une mômo principaut6o

'"u*èo*peuàpeulospopulatlorrsàdesicléeeoentralisatricos.on voit, comme mani{estation pnatiquo de oetto tendanco' 6IFlanttre,l'institutiOn d.es Ttois Membres de Fland.re; en Brabant

et dans la principauté d.e Llége, la conoession des ohartos gén6'

rales:laLoid.eCortenberg:rla,JoyeuseEntréerla"'PainileFeæhesont de vér.itables oonstltutions réglonales (r), ear elles ne sont'

plusrelat.ivesàuneseulevtlle,nalss'appliquentaugouver".nement do toute uno prinoipauté, aux petltes commuues coÛuno

aux grandes, a,ux campagn€g comme aux vllles' En vertu de

oes chartes, iI n'est plus permis a'gx prinoes ite légïférer sans

la participation des trois ordres d.e I'Etat, à savoir z lo cletg:é,

la noblesse et les représentants cles aommu.nes, <t6signés sous Ie '

nom de tiets état.Enfin, les néoessités du commerco internatlonal aondulsent

aux traités de 1339, clui tendont à généraliser davanta,ge encore

los principes politiques et ésonomiques los plus importants'

c,est l,instinot cle soliclarité clui se développo, s'étend ot répudie

à la fois Io partioutarisme féodal et le particularisme communa,l

Iiour y substituer, aveo.lo régime oonstitutionnel'r le prinôipe

do I'unit6 et de I'indivisibitité de I'Etat'Lo pnissant génie ds van artevelde, dont le gouvonnomont

**".1ou I'apogée clo la puissance et de la prospér1t6 eommunâ,Ies,

({) Nous n'bsons dfte prouincî,aïes, cglt chaque province représente une' prinâipauté et n'a pas la même signiftcation quo gelle affectée aetuellement aux

'divisions du PaYs.

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174 CHAPITRE SIXI]ùME

entrevoit les'immenses avantages qui résulteraient pour. Ianation d'une unifiiation rrasée sur Ia liberté, Ia fédératio' descommunes et I'intérêt tles contractauts, plutôt quo sur i'effortbr.utal de la conquête ou clu despotisme.

Mais I'heure de Ia réarisation de oette grancle itrée n'est pasyenue. Les esp*its ne sont pas suffisamment préparés à r'ac-aueillir. un patriotisme étroit et sans clairvoyause clomine clansIes commurres; il empêcho Ies tr"aités ne iarg de porter desfruits du*ables. après avoir déplo5'é toute l'énÀgie

'écossaireà Ia conquête des 1ibertés les prus étendues, I"" "o**oou,manquent de Ia sa,gesse indispensable pour les eonserver.

L'ignorance dos classes populaires et I'absence des vues poli-tiques élevées chez leurs ahefs; re défaut d.'uuion et lisolementoù les communes se complaisent; reur égoisme et leurs querelres

1-I'oppression des petites villes par les grantlos; celle des cam-pagnes par les villes, qui veulent restreintlre pour les promièresle tlroit au tr"avail; Ies conflits entre les diverses classessociales; coux des métiers entro eux ; res revendioatious exa-gérées clo tous les partis ; res excès commis; telres sont rescanses essentielles cle Ia chute des communes belges. Les com-rnunes out d'ail'Ieurs cessé de roprésenter Ie tlroit et Ia justiceclepuis qu'ollos se sont mises àopprimer les faibles. Leur rôlecivilisateur est bion fini. L'avèuement en Belgique de Ia Maisonde Bourgogne ne fera quo précipiter uu dé'ouoment désormaisinévitable.

Norrons D'Hrsrornu eÉuÉnlr,n. - cette périodo correspond à cleprofoucles transformations économiques et politiques. Le mou-rroment commun&I Ia domine. Dlle présente beaucoup d'intérôtpour I'histoire do I'Europe occidentale puisqu'ello embrassotoute Ia q*erolle des rnvestitures, qui remuera si violemmentI'allemagne et l'rtalie, Ia querelle des Guelfes et des Gibelinsq'i Iui succédera sous for.me de conflit ctynasticlue, Ies Guelfesétant partisans do la papa*té, tes Gibelius, partisa's du pou-voir impér"ial. Yers r:a5o I'Eglise attoinclra son maximum depuissance. ElIe est organisée daus un sens centralisateur, forte.ment hiér'archisée sous Ia direction clu pape; elle intervientdans une foule de domaines et leur impr.ime son cachet : Iabienfaisance, Ies mærlrs, I'enseignement, les arts. Mais l'échecdes eroisades, Ies épisodes cr"itiques rle la querelle cles rnvesti-tures, les commotious terriblos cront olle sera I'objet, tel le

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pÉnroon rÉooo-coMlruNAr,E 175

schisme d'Occident, vont lui enlever peu à peu le ppestige poli-tique qui la caractérisait. Sqn prestige mor&l est errtamé déjàpar lo relâchement des règles primitives et les hérésies mul-tiples qui se répandent on Europe eontribuent à battre enbrèche son action théocratique.

Elle perd. du ter.rain comme la féodalité, celle-ei s'effonclrantsous la poussée d'un tlouble courant : le soufflo émancipateur.cles démocraties urbaines et I'action centralisatride du pouvoirroyal.

En Francor la formation cle I'empire anglo-angevin préparerala lutto plusieurs fois séculaire avec I'Angleteire. Ces deux paysprenclront insensiblement I'hégémonie europécnnne. La Franceyerra les gra,nds règnes cles principatix Capétiens : philippe II-Àuguste, Louis IX,. et Philippe I\r le Bel clui consolideral'æuvrs de ses devanciers grâce à ses savants conseillers, adver.saires clu pouvoir temporel de I'Eglise et cle la désentralisationféodaIe.

En angleterre, le parlementarisme luttera avec succès contreles entreprises autocratiques de ses souverains; Jean sansTerre ooncéclera à son pouple Ia Graude chalte tle rsr5 que Ïonpout considérer oommo la plus s,asionns Constitution dol'Europe occidentale, fixant des principes que la Frauce neconnaîtra pas avant r?8g.

Des questions d'ordrie économique et cles compétitious d)'nas-tiques ont mis ces doux nations directement aux pr.ises pendantplus d'un siècle dans une sér'ie de guerres meurtrières d.ontI'Europe occidentale fut le théâtre, cle rBBT à r{58. Notro $aysy fut intimement mêlé.

L'allemagne reste clivisée politiquoment et tcrritoriarement ;le pouvoir contral ir'y existo pour ainsi clire plus c1u'à l'étatnominal. Les priuaipautés belges clui relevaieut clo I'empiren'en suiva,nt plus réellemeut les destinées, vout former sous lesBour"guignons un conglomérat d'.Etats di5tincts dont le liensera la personnalité du pr.ince.

RÉsumÉ syNTuÉTroug DE LA pÉnroou FÉoDo-coMMUNÀLE.

De l,'époque d,es crotsades (uers .11,00)

Le Eardù, d,ttc de Bou.rgogne., au tr6neapprouimatiue : 60A ans.

ù, l,'auènement de Philippede F[,and.re ({584). Durée

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-___-__,._:_--!

I

176

1, Réaction. Nâissance de la comrnune qui étend des nobles auxnotables des villes la jouissance de la liberté. Le mOt aomnxune devient

iynonyrnt de liberté ét rte sécurité, d'ordre et de prospérité matérielle,nartant. de civilisation.' Z. Époque des croisad,esoapogée de la féodatité. En favorisant le

mouvement communal, les croisades pOrtent un terrible COup Aux

ins l,itutions féodales.5. Caraetère eristooratique des premières chartes.4. Bataiile de BouvinesilZta) : victoire de la royauté sur la grande

féodalité.5. Substitution des communes aux grands feudataires dans la

.défense tle I'autonomie nationale. Fin de la suprématie des eampagnes

sur les villes.6. Dévelo ppement progressif des corporatiOns ouvriètes, succe6sive-

. ment u,nités industriel,les, u,nités mil'itaires, unitës'7tot'i'tiques' . :?. courtrai (t502). L'indépendance du pays sauvée par lesmétiers.

. 8. Avène*ent od ta com-mune démociaitqueel'u'rbuine "

extension.de la liberté anx artisûns dgs tiltes et disparition de-s grand,s comme

classe politique.g. Charte; ruralæ.. extension de la liberté aux serfs des eampagnes.{0. Toutefois l,iberté reste synonyme de priuiLège.

ll. Éxagération de la dééentrâtisatiqn ailministrativ.e I l'é.P9999

communa-le. Réaction , Chartes proui,ncial,es : , Loi de Cortenberg.( t3t2),

Paic d,e Feshe(1516), ,rogeu,ie Entrée ({666). Apparition des éta[s ou' représentation provinciale, composés de troi's ordræ

i2. l,utter écbnomiques et sôciales. Excès des démagogues. Défaite

de Zannekin à Cassel (t598).13. Tentative d'uniûer le pays par la fédération des communes et la

liberté : traités de {659(J. Yan Artevelde),Àpogée de Ia puissance

communale{4. Décadence des communes. Ses causes : ialousies et querelles

intestines; ignorance des masses; leurs reYendieations exceesiveslleurs violences.

45. Intronisation de la Maison de Bourgogne en Belgique. L'actionviolente des princes de celte maison pour abattre le régime communalne fait que précipiter un dénouement inévitable.

CEAPITBE BIXISME

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r-

CHAPITRE YII

pÉnronnBOURGiUTGNONnïE-AUTRTCHTE NNE

(rra4-15.5,i>

A. -

Époeun BorrRcvrcNoNNE.

Depqis l'avènsment do Philippo le Eardio duc do Bourgogno, au trôno de

" Flandre, jusgu'à la mort de Marie do Bourgogne (1482).

SÉunion doE Brovtnaos belgos sous lo dominationboqngnignoDn@, I.utte des oommrnes belges contrê'les prtnees boung:uignons.

â) f,'landns. - Philippe le llardl (1384-14C4). - Phi[ppe IeIlordi, duc de Bourgogne, gendre. de Louis de Maele, succédaà ce princo en r38z[. On lui doit uno prernière réforme jud.iciaireet financière. En 1386, il établit à Lille une chambre cerûraled,e justice et des comptes.

Un autre fait de son règue, iuportant par les suites qu'ildovait avoir, est ls clouble mariage por loquel la Maison doBourgogno s'unit à celle de Bavlèns, r'égnante en Ifainaut.Le rs avril 1385, la fille d,'Albert de Bavière (régent d.u Ilainaut,do la Hollande ot de la Zé/;ande depurs 1358 par suite'de larlénence de sqtr frère Guillanme) épousa Jean sans Peur,aointe do Nsvers, ftrls aîné d,e Philippo le -[ral'eli, tandis queGuiltraumo ds Bovière râpousait Malguorito do Bourgogne,fille de Philippe. Ces mariages préparaient Ia r6union ds-

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t78 CEAPITBE SEPTIEME

diverses prinoipautés belges sous Ie sceptre de Ia Nlaison d,e

Bourgogne.Jean sans Peur (1404-1419). - Ce prinee inaugura son règno

en accordant a.ux Flamands Ie libre omploi de leur langub danslos aotes'administratifs et judiciaires et I'exemption cle certainsimpôts arbitrair"es connus sous le nom do fuilles.

Disjoignant les chambres réunies de justice et des ôomptesétablies par son père à Lille, ae clui nécessitait cles déplace-meuts onéreux Four les justiciables et la traôuction, ù leursfrais, des pièces flamandes en français, il transféra à Aude-narclo, puis à Gand, la ohambro tle justioe qui d.evint plus tard,le eonseil prooineial judiciairc tle Flandre.

Il autorisa, d'autre part, le commerce avec les Anglais. Aussiles villes flamandes ne tard.ent-elles pes à recouvrer leurancienno prospérité. Dans la seule ville do Gand, on comptecluarante mille tisserands.

Jcan sans Peur secourut Jean de Bavière, évêque do Liége,oontre les Liégeois révoltés et remporta su.r eux Ia sanglanteviotoire d'Othée (r4o8) (r).

Par la suite, il mécontenta les Flamands en faisànt Ia guerroaux Anglaisl mais ilréussit à tenir les grandes communes enéchoc cn excitant leur mutuelle jalousie. C'est ainsi qu'ilpromit aux Gantois d.'abantlonner le séjour tlo Bruges pout sefixcr en leur ville. A Ia faveur. do cette politique astucieuso, ilput imposcr aux Brugeois uno cha,rte qui restreignait leursprivilèges et leur enlevait la suprématie sur lo Franc, dont ilfit un quatrième membre do la Flandre (e). On donna à cettecharto le nom cle kalfuelr pot'co qge le parchemin sur leclueloUo fut écrite était fait_de peau de veau.

({) Jean do Bavière, surnommé Jean sû,ns Pitîé, avait mécontenté Ie peupleparses prodigalités et'avait été forcé de quitter liége et de se réfugier àMaestricht. Il fit appel à Guillâume IV do Hainaut, son frère, auquel vinrentse joindre Guillaume de Namur et le beau-frère ds I'évêque, Jean sans' Peur.(Cf. pour plus de détails, ci-après p'.-a81.)

(9) Àu xûe et au xy€ siècle, la Flandre fut alternativement divisée en lroe's

membres on en guatreo suivant qu'on enlevait ou qu'on r.econnaissait à la villetle Bruges sa suprématio sur le Franc. Les quatre membres de Flandre secomposaient : 4o de la ville et du temitoire de Bruges; 20 rlu Métier du Francavec les pel,ites villes y comprisesl So do Ia ville et cbâtollenie d'Ypres; 4oïola ville de Gand, a-vec les territoires du Vieux-Bourgo dri pays de lltaes, des

Quatre-Métiers, de la châtèllenio de Courtrai et de celle d'Audenarde.

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pÉarooa BorIRcrIreNoNNE-aurRrcHrENNE 17g

Les Yprois so virent plus durement traités enoore. Jean sans

Peur suppriura toutes leurs fraachises et fit lacérer leursohartes. Cettc mesure accéléra la tlécaclonce de Ia ville d'Ypresc1ui, à partir do ce moment, cessa, cle jouer un rôle tlans I'his'toire clq lo Flandre.

Jean sans Peur réussit pourtant à tlécicler les milices oom-

munales à le suivre en France; mais celles-oi ayont éprouvétlans-lours opérations une résistaace plus sérieuso qu'elles neI'avaient prévu, abanclonuèrent lo duc, près de Montdidler (r{rr),malgr'é ses supplications. De retout'dans leur ville, les Brugeoisrefusèrent cle déposery les armes taut que le kalfvel ne seraitph,s aboli, ce qu'on n'osa, leur rcfuser. Extraite de la trésoreriodo Gand et liwée aux'délégués brugeois, I'odieuse char"te futddchirée et mise en pièces, après clue lcs échevins en eurentsolennellemeut arraché leg sceaux.

En rifirg, dans une entrevue avec lo Daup'hin, Jean sans Peurfut assassiné sur Ie pont do Montereau (Yonno) par Ie comtsTanneguy Duchâtel, de la faotion des Armagrr&es, opposée enFranco au parti clu cluc de Bourgognc.

Philippe le Bon (1419-t467). - Pour venger lo meurtre de sonpère, Philippe le Bon conclut une alliance (traité de Troyes, en

rzfeo) aveo I'Angleterre dont il aida Ie roi lfenri V à concluérirune gr&ntlo partie de la France. Après quinze anuées d''uno

lutte presque iuinterrompuo, oraignant à Ia fin cle se clonner unvoisin trop puissant, il se tlécida à fairelapaix avec Charles YIItroi do France. Une convention signée entro eux à Arra,s, enr{35, accorda toutes satisfactions et réparations à Philippepour le meurtre cle Jeal sans Peur. En outre, elle lui alloua de

grosscs sommes cl'argent et porta Ia limite mér'idionalo tle sou

comtô do Flantlre jusclu'à la Somme. Enfin, elle le tlégagea per-

sonuellemelt clu lien d.e vassalité qui rattachait la Flandre à laFranco.

Tlmbrassaut bisutôt après Ie parti du roi cle France, Philippolo Bon déclara la guorre aux Alrglais qui vinr"ent alors com'mettro de grantls dégâts sur les côtes cle Flantlre. Daus leurméeontenternent, Ies Flamands consentent ù envoyer leursmilices au siège cle Calais qui vcnait d'être eutrepris patPhitippo lc Bon. Mais ces milices avaielt perdu I'habitucle cles

a,rrnes. Après avoir livré à la place investie cluelques assautsinfructueux, elles se lassent, lèvent Ie camp et rentrent en

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-lI

r8o : oEAPTTRE sEPlrÈME'

Flandrie, Ia.Igré lss lnstantos prières de ?hilippe qui, réduit àsês seulos forces, so voit oorrtraint d'abantlonner le siège (r(36).:

B) Brabant" - Antolns de Bourgogno (1406't415). - Jcanno'de Brabant, veuye clu duo'Wenceslas, choisit pourn successeurson neveu, Autoine de Bourgogne, fils de Phiiippe le lIartli, à laoondition'que Malinés et Anvers seraient rendus par laFlandreari Brabant. I;e nouveau duo appgrta, dans le gouvernement de'- .

s'es États, les tendanoes oentralisatrioes et autdritaires cle ld,ùIaià on'd e B ourgo gn e. Aussi vécut-il pr€sque continrtellement erïmauvaiso lntelligenoe a,vec ses sujets. Il établit à Bruxelles unèehambre cles eomptes dont ta juridiction s'étendait àu Bfabant;au Limbour.g et a,u ma,rquisat d'Anvers. Antoiné de Bourgogne,qui pértt à la bataillo d'Azinoourt (r{r5), eut pour sucoesseurson fils Jearr IV, dont lo oourt règue fut très agité.

lean lV (14t5.1427) et Jacquelins de Bavièro. - Le nouveau dueavait épousé sa cbusine, Jacqueline de Bavièro, eomtesse deIlainaut, cle Hollande, de Z6land,e êt seigneur de Frise, et ki,r€union tle leurs héritages constituait amx jeunes princes unvaste et, riche patrimoine. Malheureusement, la mésintelligencene tarda pas-àso glissen entre les deux époux. D'ur. oa,ractèreà la fois faible et entêté, Jean fV consent-it, malgré I'oppositioride sa femmo, à oéder la lfollande, la Zélande et la I'rise à Jeansons Pitié, âncien évêque de Liége (r(eo). Les états de Brabantprirent parti pour la duchesso, et le peuple do Bruxelles, profi-tant de css q{rer€lles, réelama, u.no sharte dém.ocratiquo qu'onfut contraint de lui aeeorder (rder).

,ûrande charls hruxeNloise. - Voici les prineipales tlispositionsd.e cette charte connuo sous le nom de grande ehatte ôruxelloise :ro les métiers sont répartis en leuf groupes ou nations; zo il y adeux maîh:es dela commune dout nn seulpatr"iciea; 3o le magis-traf comprenrl diæ dé]égués dos lignages eû neuf cles métiers;40 il est oonstitué r:Ltr comman conseil de la commutê, compre-na"nt surtout les jutés des nations et quelqu,eg fonotionnaires.

CIréat'ron ds I'lf nlversitê dg Louvain et fune cour sup6rieurs de iustice.

- Jean IV attaoha"son nom à une créatiôn très importante. I1n'existait point alors en Belgique d'université, et les jeunoeBe)ges [ui voutaient aborder les hautes études étaient obligésde suiwe les cours tl'univsrsités étrangères. Àvec I'autorisationet le eo:rcours du pape Martin V, Jeaer W fonde I'Uuiversité deLouvain-(r{26). Ceûte iûstitution, donû la borurs renommés no

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,, pÉnropn sbuncurgNoNNr'aurnrcnrnNNn 'r8r

.tarde pas à devenir uqiverselle, rondfa'a,u pa,ys tros plus grands

eorvices..Ello roqevra lo nom d'dlara Matet, o'est-à-diro nère

noarzlieière des scienoes et des lettres en Belgique (l)'Jean IY instltua eu outro, auprès cle lui, une oour supérdoure

.de justiae ayant iuritlictiqn sur les tribunanx des échevins.pïirpps ee Satnt.pol (t4Z?.t4S0). - Jean'IV s'{toignit en r4z7'

.saus laisser d'enfant, et son frère Philippe de saint-Polo qui luisuccéda, morirut à son tour sans postérité, en rd3o. son héritage

éohut à son cousin gerqain, Philippo lo Bon, comte de tr'landre

et dnc cle Bourgogne.C17,16919," - lean sans Pitl6 (1390-t418). Bataille d'0th6s (1408). -

on,6levait parfois au siège épiscopol de Liége des seigneurs

qui- trop jeunes pour recevoir les ordres, étaient désignés sous

le nom d'élus.Ils n'apportaient pus touiours, dans I'aecomplis-

sement clo leurs fonctions saeerclotales, toute la sagesse dési-

rable. Jean de Bavière, frère tlu comte tle Hainaut et boan-frère

;cle Jean sa,ns Peur, comte tle Flant{ro, fut un des moins recom-

mandables de ces Prinoos.Le d6sordre cle sa vie privée, ses exactions et sos abus d'auto'

rité dovinrent si criants clue le peuple liégeois se révolta et lo \

.contraignit de s'enfuir à Maestricht où quarante'mille hommes

de milices communales counreut I'assiéger. Vivement pressé

par ses aclversaires, que ses partisans clualifiaient de haîdroits,

1a""" qu'ils étaicnt censéÉ hairles ilroits do l'évêque, il sollicita' lo secouts de son oncle Jean sans Peur, conte tle Flandrel Jean

arriva bientôt à latête d'une armée de vingt'huit mille hommes,

er. grancle pantie composée de chevaliers. apprenant I'approche

cle ce's forces recloutables, le seigleur de Perwez, mambour d'e.

Liétge, fit publier ailperlon o:r-péron (z) et tlans la banlieus l'in-vitation aux hommes valides cle s'artner et de se rassembler

pour marcher à I'ennemi. seize mille Liégeois répondirent à

.l'appel du mambour. et allèr'ent ca,mper à othée, entre Tongres

(l) Jean IV voulait d'aboril fixer à Bruxelles le siègo do- I'Universit6' Le

magistrat, consulté, répontlit c qu'il y auralt du tlangor à admottre une ieu-,'trosse turbulente au mitrieu d'une eité populeusar .

.(9) Cette colonne s'appuie sur un ftt en formo d'anneeu oir l'on ærive par

,qoàtqou, .degrés, à droiié e[ à gaucho rlesqqets rdposent des lions. Le péron,

d'après l'historien Hénaux, dateraiù d'Ànbiorir. .

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r8s CEAPITRE SEPTIàME

et Liége (r{o8). Daus I'aetion gui s'e'gagea, Ies milices commu.nales se montr'èreut admirables de courage et de ténaoité.<c Jamais, écrivait Jeau sans peur après Ia bataill e, on ne oitgens se battre si bien et si longtemps., Malheureusement, la,justice cl'uue c&use qo suffit pas toujours à en assurer Ietriomphe. Les Liégeois furent vaincus, et clouze mille d'entreeux payèrent cle la vie leur amour cle Ia liberté.

assoiffé tle vengeance, I'évôque oxerça sur ses adversaipes desreprésailles terribles. pendaut plusieurs jours on fit, dans laville cle Liége et dans toute Ia principauté, une véritable chasseà I'homme : les prêtres commo les laics, les hommes, Ieb femmes,les vieillards, les enfants, convaiucus ou seulement soupçonnésd'avoir tenu le parti des ftairfroffs, fur"ent uoyés, r'oués, pencluspar les soldats de Jean sans peur et par ceux tle l'évêque etleurs biens confisqués. Quant à la cité et aux bonues villes, levainqueur les tlépouilla cle toutes reuls libertés et les condamnaà, payer des amendes éuormes. Jean do Bavière n'est plus connudès lors qne sous le nom d.e Jean sans pitié

Malgr'é son triomphe, I'existence finit por Iui paraitre intolé-rable dans Ia principautâ et, eu r{r8, il résigna ses fonctionsépiscopales.

Jean de tvallenrode (t4ts-l4tg). - Il fut reuiplacé par Jean dewallcnrocle, préIat instruit et affabro, qui rétablit les libresinstitutions cles Liégeois et leur permit cle reconstituer. Ieurstrente.deux métiers.

lean ds Fleinsberg (l4lg-l45o). - Jean cre rreinsberg succédaI'année.suivanto à Jean de 'warlenrode. sous le règne du nouvelévêc1ue, les rapports dos Liégeois avec la maison dc Bourgoguoclevinrent de plus. en plus difticiles, le territoire cle Ia princi-pauté étant tle toutes par"ts enveloppé par les domaines clc oettemaison. rrumilié à diverses ioprises par philippe Ie Bon,r'évêc1ue finit par abd.iquer en faveul de Louis de BoBrbon,neveu du cluc cle Bourgogne (rd56).

Réunion des principautés belges sous le-sceptre de philippele Bon. - Jean sans Peur, père cle philippe Ie Bon,a,\rait laissé à son fils, en r4rg, la Bourgogne, laFlandre et,I'Artois.

En r{zr,-le jeuue princo acquit, de Jean IIf, ruiné

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. pÉnroDn BouncureNoNNn-aurrÈrcrrrnNNE r83

par les prodigalités de son père, le marquisat deNamur, au prix do r3arooo courounes d'or (environr-rSoorooo francs).' Par le concordat de Delft, on t(28, Jacqueline de

Bavière, sa cousino germaine, lui abandonna le Hai-naut,la Hollande,la ZéIande et la Frise,

La mort (r{3o) de Philippe do Saint-Pol, qui nelaissait pas de parent plus.proche, valut à Philippe Io

Bon lo Brabantrle Limboury',Ia soigneurie de Malineset lo marquisat d'Anuers.

Enfin, Elisabeth de Gorlitz, d.uchesse de Luxem-bourg,lui céda son duché en 44r, moyennant unepension de 8,ooo florins.

Mais Philippe Ie Bon n'entra définitivement en pos-session des domaines do Jean III et d'Elisabeth de

Gorlitz qu'on t4zg et t(lr, dates de la mort de ces

princes (Jacqireline lui abandonna tous ses droitsdès t{33).

Ainsi, vers t(ïo, la plupart des principautés dontse composaient alors la Belgique et la Hollando se

trouvèrent rêunies sous un même sceptre.

Luttes de Philippe le Bon contre les communes belges. -Afin d'augmenter enc_ore son pouvoir, Philippe le Bon,déjà si puissant, s'efforça de {iminuer les privilègesdont jouissaient les grandes communes belges.

. Lutte contre la commune de Brugee, - En r(36, vou-lant sans doute punir les tsrugeois de leur défectiondevant Calais, iI leur enleva I'autorité administrativeet jutliciaire c1u'ils exerçaient sur le territoire environ-nant, appelé le Franc, L'émeute gronda aussitôt àBruges. Philippe accourut pour la réprimer. Mais lesmagistrats, inquiets de ses 'desbeins, ne lui permirentd.e pénétrer dans la ville qu'accompagnê d.'un petiû

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r84 CEAPIîEE SEPTIÈME

nom"bre d.o soldats. I{éanmoins, ceux-ci ayant ,esbayé-

do se rendro maîtres d'une des portes do la ville, les.Brugeois, indignés, coururent aux armes of na,ssa-

' crèrent I'eseoite de Philippe. Lui-même allait tomber"oirtre leurs mrËr,ins lorsclue deux capitaines parvinreut'à lui ouvrir une porto de la villo, par laquelle il s'en--fuit. Malheureusement, au lieu do prend.re le parti desBrugeois, les autres cornmunes do la X'land.ro, séduitespar les . fallacieuses promesses du dtlc, les abandon-nèrent à leurs seulos forces. Bioutôt les rebelles sevirent obligés d'implorer le pardon do Philippe, euiles punit &veo la plus grande sévérité.

Les rnagistrats furent conclamnés à se rendre au-devant de lui nu:tête et nu-pieds, jusqu'à une lieue de.

la riille, pour lui crier merci et lui remettre les clefsde la cité. On mura la porte par laquelle Philippe s'étaitonfui. Quarante-d.eux personnes furent mises à mort.La commune perd.it de nouveau . son autorité surb leFranc. Enfin, elle dut payer à son vainclueur soo,ooophilippes d'or (r{38).

Lutte avec ûand. Bataille de Gavre (1453). - Brugesabattuo, Philippe songea à réduire la puissante eom-mune de Gand.. I-r'un des prinoipaux privilèges de.s,

Belges obligeait le priqce qui voulait eréer un nouvel'impôt d'en solliciter d'abord le vote par les oommunesappelées à le payer. Philippo, sans se préoccuper do coprivilège, frappa d'une taxo élevée le sel et la mouturedu grain, co clui tlovait avoir pour effet d.'augmenterbeaucoup Le prix du sel et du paiu, d.eux choses cepen*dant do promièùe nécessité pour lo peuple.

La ville d.e Gaud,gryùfrt refusé de payer ces impôts,lune guerre funeste éclata ontre lo prinee et ses sujet's.En peu de témpsn lo pays se ûrouva ruiné. Dans le seul

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pÉnropn BoTIBGUTGNoNNE-aIIIRrcErENNE r85

ffstrict de Gand, cent châteaux, trois gents villages et

huit'eents {ermes furent .livres. au3'flammgs. La lut.to'menaçait de so prolonger quand,; sur le bruit que les

trolpês du-duc I'abandonnaient, les Gantois sort'irent

cn grand nombre de leur vilLo et, se d.irigeant du côté

de Gavre, eq ce momeut assiégé par Philipper,lui pré-

sontèrent Ia bataille. Malheureusement pour les Gan-

tois, le rapport c1u'on leur avait fait était fantx. Le duc

avait conservé tous ses soldats et il remporta Sur eux

. une victoire connplète. Ils laissèrent sur le champ de

batâilte près de vingt mitle morts. Pour obtenir lapair, la ville de Gand dut envoyer à Philippe une nom-

breuse cléputation de bourgeois clui se présentèrent

devant co pfince; ils s'agenouillèrent ensnito en luicriant : <c Miséricorde! > ,

Ls duc fit grâce de la vio aux Gantois, mais il les

cond.amna à p*yer l'énorme somme d.e z5o,ooo ridders

d'oE. En outro, il leur enleva une grande partie de leurs

privilèges, notamment , I'autorité administrative et

judiciaire surle,district do Gand (t453)'

l-utte Gontre les LiéEeois. Bataille de Montenaeken (1465).

- Un neveu tlo Philippe Ie Bon, Louis de Bourbon,

monté sur le trône épiscopal tte Liége à I'âge de dix-

huit aus, gouvernait à cette époque les Liégeois. Peu

soucioux des devoirs de sa charge, il ne songeait qu'à

satisfaire sa soif de I'or et des plaisirs. De plus, il pré-

tendait agir en souverain absolu. Les Liégeois le dépo-

sèrent et invoquèrent la protoction du roi de France,'

Louis XI, qui leur promit son appui.-

Le duc d.e"Bourgogne, dansl le but de seoourir son

Barent, @nvoya, dans la priucipauté un corps de troupes

imposant qui rencontra les milices liégeoises à Monte-'rraeken et les mit en pleine'd.êroutb (t{65). Quant'au

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186 cEAprrRE sEpTrùME

roi d.e X'rance, il abandonna à eux-mêmes ses tropcrédules alliésn se bornant à leur conseiller la récon-ailiation avec Philippo

Les Liêgeois furent alors obligés d.e reconnaître auduc de Bourgogne la qualité de mambour perpétuel ethéréditaire de Ia principauté^et de lui payer annuelle-ment, à ce titre, la somme dË z,ooo florins d'or. Deplus, ils s'engageaiont à lui compter irnmédiatementuno so"mme do.3{o,ooo florins d'or.

Destruction de Dinanl (1466). - n y a eincl siècles, la ville deDinant était beaucoup plus importante et plus peuplée qu'elle neI'est aujourcl'hui. Elle s'étendait alors sur les deux r.ives rle IaMeuse et sa population dépassait eo,ooo habitants. Naturelle-ment protégée par les hautes collines qui I'environnaient,elle était, en outr"o, ctéfenclue par cle larges murs très éIevés,flanqués cl'énormes tours. Aussi n'avait.elle jamais étS prise,quoiclu'elle çfrt subi dix.sept sièges.

Située dans uue contrée dout ello était la seule ville impor-tante, ello jouissait d'uns position commercialo des prus avanta-geuses : tous les produits du Condroz et de I'Entre-Sambr.e et-Mguso passaient pâ,r ses foires et ses marchés. Ses habitants solivraient aussi à une industrie spécialo, la fabr.iaation -d'objets'en cuiyr.e, particulièrement d'objets do chaudronnerie et d'usten-siles de ménage (plats, v&ses divers, lampeso chandeliers,poêles [r], etc.) connus dans Ie monde entier sous le nom cled.inanderie.

Les Dinantais (z) avaient ainsi aaquis tle grandes richessesdont témoignaient les magnificlues édifices tant religieux quocivils et Iesimmenses magasins dont leur vills étaitremplie.

Toutefois, Dinant avait une rivale dans Ia fabrication cle la

(4) Les ouvriers dinantais confectionnaient aussi des objets d'art du goùt leplus-délica\ comme les fonts baptismaux de l'églisesaint-Barthélemy, àLiége({109), et la statue de charlemagne, dressée sur Ia place d'aix-ta-'cnapetto(f353). Tous ces produits étaient ob[enus par la fonto ou le martetage.

(0) l,a ville de Dinanlo co qui marque bien l'importanee qu'avaieniprise son-ndustrie et son commerce, faisait partie de la Ligue hans6atique.

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pÉmonr BouRcureNoNNE-aurRrcErENNE r8Z

cliuanderio. C'étaitBouvignes, Iocatité située sur la rive gauche. do la Meuse, en aval ot'ù, une demi-lieue à peine cle,Dinant.

Or, à cette époc1ue, Dinant faisait partio de la principauté deLiége, tandis que tsouvignes a,ppartenait au comté 6s l{s,m,ur.La jalousie qui s'était élevéo entre les cleux localités, à I'occa-sion de leur inclustrie, avait été plus d.'une fois la cause de con-flits sanglants entrs lcs pays tle Liége et de Namur, et chacluefois les Dinantais avaient conduit la guerre a,vec une très gtancleviolenco (r).

A la suite de Ia lrataille cle Montenâ,eken, un certain uombrôdes .plus oxaltés, parmi les Liégeois échappés au désastre,s'étaient jetés dans Ia ville do Dinant et avaient décitlé lesbourgeois clo oette ville à continuer la guene.

Excités par leur haine contre Ies Bouvignois, les

Diuantais commenceut les hostilités avec une sorte.cle

-rage, pillant et ravageant les environs de Bouvigueset tout le pays do Namur qui appartenait au duc Phi-lippo.

Eh outre, ils se répandent en propos outrageants à

I'adresse dtr prinoo et do sa famille. fnstruits de ces

insultes, les ducs bourguignons en ressentent une siviglente colèro qu'ils juront' de détruiro la ville de

Dinant,A la têto d.'une forte armée pourvuo d.'une puissalte

artillerie, ils en fonû le siège, la bombardent pondantplusieurs jours, s'en'emparent, puis la livrent au pil-lage et aux flammes. Presque tous les habitants de laville ooupable sont égorgés. Ce clui reste-de la popula-

{l) Àussi les Dinantais et les Bouvignois ne contrac[aient-ils jamais de

mariage entre eux, quoiqu'ils fussent si proches voieins. Un vieux dicton, quia cours encore dans le pays de Namur, conserve le souvenir ds cette excessive

animosité :Ki veigne, ki veigne,$'il esi d'Boveigne;S'il est d'Dinant,No I'ritchessrant,

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CSAI{1[,R;Ei SECTTEME

.tion, prêtres, ferumes, vieillarcls, est chassê (r{66).Le duc invita ensuite les habitants des principautés

voisines à tenir consommer la destruction de la ville.Pend.ant sept m,ois, une centaine d.'ouvriors furent

occupés, moyerlrraat urn gros salaire, à cetto tristebesogne : ruurailles, tours, ponts, édifices publicsnmaisons d'habitation, tout fnt abattu et rasé. Onvendit ensuite par lots, pour être cultivés, I'emplace-noent où avait ébêt la ville. Les princes bourguignonsvoulaient quo plus tard on so demandât : a Où donofut Dinant? r Et, en effet, des fugitifs revenus par lasuite, ue retrouvèrent même pas I'emplacement oùg'ôtaient autrefois élevées leurs demeures.

Philippe le Bon mourut l'annêe clui suivit le sac deDinant (1461).

0harles le Téméraire (1+67-1477). Ce prince, demæurs irréproch,ables, d'un caractère loyal et franc,d.'un oourage à toute éprquve (r), était en mêrne tempsorgueilleux et inrefléchi, cqlère et entêté, parfois brutalet grossier, en tout cas pen fait pour. comprexrclre_lesaspirations et respecter les droits du peuple.

Luttes des communes belges. eontr.e CIharles le Térnéraire.Sédition à Gând. - Le nouveau iluc s'étant rend.u àGand pour so,n inaugura,tion, le peuple ameuté réclamade lui I'abolition du traitô do Gavre. La nécessitê locontraignit à céder aux exiglences populairros. n{ais iIse promit bien de se yenger un jour de la violence quilui était faite.

Bataille de Brusthem (1467). - Jugeant l'occasion favo-rable pour reconquérir leurs liberttis, les Liégeois serévoltèrent de nouve&u contre leur prince Louis de

({) Allant parfois jusqu'à latêmérit6, d'oir, son surnom de Tém.éraire,

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pÉnropn BoûRcnrGNoNNE-ÀsrRrcHrENNF r8g

Bourbôn. Charles le ?éméraire embrassa lo parti. de

!'pvêque, snavança contre Liégo, ep, après avoir bnttules urilices populaires à Brusthem, renversa les mnrsde la cité, abolit ses derniers privilèges et la condamuaà uno nouvelle amendo d.e r2o'ooo pièces d'or. Lefameui perron, cousidéré par les Liégeois comrne Ie"

symbole do leurs libertés, fut transporté à Bruges'

D{vouement dit des six cents Franchfmontois (l). - Cependaut, Ies.

Li.égeois étni.1t r{solus à ne plus supporter le gouvernement

détesté <lo Louis do Bourbon. Moins d'un an après leur défaitecle Br.usthem, ils se soulevèrent une troisième fois contre lui,s'emporèrent de sa personne et le tinrent prisourier. Ils comp-

taieut sur lo secours dU roi do Fnanee qui les avait secrète-'ment encouragés clans leur sédition. Combien ne furent'ils pas

sgrpr"i6 d'apprenrlre que leur allié, loin de leur prêter assistancecommo il s';r était engagé, s'ava[çait contre oux avec- Charlesle Téméroire ! Voici-ce qui s'était passé. Pour mieux d.issimuler

ses.desseins, le perfide Louis xI avait demandé à rencontrcr loduô Charles à Péron1e, sous prétexto d'y négocier" un traitécl'allianee et cle paix. Informé tlo ce qui était amivé à Liége,Oharles le Téméraire avait forcé son déIoyal suzerain à I'aeco'=n'

pa,giner, le meuagant de mort s'il s'y refusait.Les deux princes vitr.ent ca,mpe1r avea quaraûte mille soldats

aguernis, avides clc pillage et de massa,cre, sur les hauteurs qui

. ontourent !a ville, ppivée de murailles et de défenseurs.'Il ne

restait que peu do gels valicles clans Ia commune. 'Irois celtshommes dontule cinquantaile du pays de Srgashimont, sous laconfluite de Gosuin, cle Stlailhe, décident cle se d'évouer pgur lesalut de la patrio. A la.faveur tle la guit, ils pénètrent dans leoamp cles Bourguiguous et se glissent sans être a,pergus

Jusqu'au logis'tles prinoes. Leur intention était de's'emparer de

Ia personne cls Charles et de ne lui rgndre'ftl, liberté qu'à

({) M. Demarteau a démontré péremptoirement que la lëgende a fortement

grossi lo nombre de3 conbattants héroiques qne l'hlstoire a immoitalisés sotls

lenom de c six cents Franchimontois r. Quoiqu'il-en soitrleue action d'éclat

mérito de passer à la poqtérité; leur dévouement à la causo tle l'indépondance

vaut d'être Ins&itâu livre d'or de nos annales.' -

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rgo CEAPITRE SEPTIEME

cl'honorables conditions porlr'la ville et Ia principauté. Le coupde mainn habilomeut préparé, allait réussir sans laprécipitationde quelques Franchimontois qui commencent I'attaque trop tôtet attirent ainsi I'atteution sur oux. En uu instant, ils sontaccablés par uuo multituclo dl.'ennemis. fl ne leur reste plus qu'às'échapper ou à venclrc Icur vie Ie plus ohèrement possible. Ilsse battirent comme cles héros I cluatorzc d'entre eux furent tués.Le reste parvint à s'enfuir à la faveur cle.l'obscurité et de laeonnaissanco tles lieux. Los gardes d.e Charles eurent douzemorts et environ deux oents blessés.

Destruction de Liége et d6vastation du pays de Franchlmont. - Rion,désormais, ne peut plus sauver t{e la ruine Ia grande cité deLiége. Le Iendemain de cet épisode glorieux, Charles le Témé.raire et Louis XI firent leur. entrée clans Ia ville do Liége. ÀprèsI'avoir abauclonn6e pendant quatro jours à toute Ia fureur deses sa,uvages'soldats, Charles donne I'ordre d'y mettre le feu. Il-fait ensuite démolir, à I'exception cles églises et tles habitatioasdes prôtres, les édifioes et les maisons clue I'incenclie'a res-pectés. Il suivait ainsi à la lettre I'odieux conseil du roi doFronce, qui tui avait clit: a Le plus srir moyen cle so débarrasserd'oiseaux imJrortun, c'est d.'abattre I'arbre où ils construisentleurs nids. >

Lo terrible duo se rend onsuite clans le pays tle Franchiruontoù il porte également Ia désolation et la mort. A la tête de sesbantles sanguinaires, il parcourt la contrée en tous sens, br.ûleles maisons, détruit les forges de fer - la principale industriettu pays - abat les moulins ot'massaore tous les habitants qu'ilpeut atteindre.

Lorsque erifin le féroce duc tte Bourgogue se retira ds la prin-cipauté, des milliers cle psrsonnes avaient été sacrifiées à savengeance, et le pays de Liége était ruiné pour longtemps (rd68).

Soumission des Gantois. - En appronant Ies événe-ments tle Liége, les Gantois prirent pour et envoyèrentdes députés à Charles pour solliciter sa clémence. Carls torrible d.uc parlait de traiter Gand comme iI avaitfait ds Liége. Charles consentit, non sams peine, à leurpardonner, maïs il lour onleva de nouveau leurs plusimportants privilèges, parmi lesquols le 'droit, pour

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- pÉnropn BouReurcNoNNE-A,urRrcHrENNE rgt

les métiers, do participer à Ia nomination dos écho-vins (t46g).

.Projets de Chailes te Téméraire. - Les Etats de Charlesle Téméraire formaient deux gronpes d.istincts, I'un,adossé au Jura, l'autre, confinant à la mer. L'Alsaceet Ia Lorraine les séparai'ent. D'autre part, la Gueldroisolait du Rhin une partie de ses domainos.'Or, Charles rêvait do former de l,onsomble de sesprinoipautés un royaume ind.épendantn de reconstituerau profit de sa maison l'ancienne Lotharingie. À cettefin,iI résolut d'acquérir les provinces clui lui manquaientpour rattacher sos principautés lcs unes aux autres eten faire un tout compact. Dès r4fig, il acquiert du d.uoSigisTond d'Autriche le landgraviat d'Alsace et lecomté de X'errette; en 1472, il conquiert la Gueldre etle Zutphen. ses.Etats ayant acquis I'homogénéité dési-rable, il sollicite, en l.473, de I'empereur Frédéric fff,le titre de roi, lui promettant pour son fils Maximilienla main de Marie, I'unique héritière du fut'r royaumequi devait porter Ie nom d.o royaume de Gaule-Bel-gique.

D'après I'espèce de pacte proposé en cettê o-ccasion,charles aurait succédé à F rédério qui l'associait immé-d.iaternont à I'em$ire, en lui conférant, dans les pro-vinces situées sur Ia rive gauche du Rhiu, le titre devicaire général. cotte combinaison paraissait égate.ment avantageuse pour les deux parties, car uul princeen Europe

''était plus que charles Ie 'réméraire eusituation do défend.re I'ernpire coutre res agressionsdes Turcs. comme on lo voit, les vues do charlcs nemanquaient pas de grandeur. Leur réalisation auraitconstitué un Etat propre à ernpêcrrer lè contact trostiledes doux grauds peuples de I'ouest et du centre de

V. Itlirguet et Ch. Pergameui. - Hisr. ile Beleique. 749t2.

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oEAPITRTI SEPTIÈME

I'Europe et réunissant toutes les conditions d.'uns exis-

tence longuo et prosPèro.Les intrigues de Louis XI et pout-êtro aussi I'oppo-

sition des grandes communes belges, firont échouer

ces nêgociations. L'ompereur s'était rond.u à Trèves, où

devait avoir lieu ta cérémonie clue dé'sirait tant le

Témérairo; le matiu même du jour fixé pour I'entre-vuo, on apprit que I'empereur avait quitté la ville.

fllort dramatique de Charles le Téméraire (1477).

N'ayant pu parvenir à ses fins par les moyens tliplo-matiques, Charles €ssaJra d'y arrivsr pâr La voie des

armes.. Mais le succès ne favorisa longtemps aucune do

ses entrepises, et'il finit pa,r être battu partouf : en

Àllemagne, en Alsaco et en Suisse.

Il était tellement détesté que ses propres sujots se

réjouissaient de ses rwers. Instruits ile ses défaites,

les Flamands g',emparèront d.e 5a, fills et la retinrentcomme otage, tiandis que, sur -le bruiÛ do sa mort, les'

Hollandais chassaient ses recCIYeulrs.

Yoyant son antorité et sa réputation compromises,

le désespoir le prit et.le fit agir comme un insensê.

aveo des foraes très insuffisantes, il investit, Nancyn

capitale de Ia Lorraino, Qui s'était soustraite à son

autorité. Les sorties des assiégés et les rigueu's d'un

hiver des plus rudes récluisent encore sa faible armée.

Cependant, 1o duc R,ené de Lorraine étant Yeru au

seoours d.e sa capitale âvoc des folces dix fois supé-

rieures en nombre à celles d.e charles, celui-ci n'hésite

pas à risquer une bataille dans laquelle il périt avec

presque tout ce qui lui reste do soldats.

Le lendemain, on retrouva, son gorpl engagé dans la

glaco d'un êtang'rtout souillécle boue et en partiemangé

par les loups (5 janvier 4Zl).

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. pÉnropn BorrRcureNoNNE-ÀûTRToETENNE Tg3

Ainsi périt misérablemont oe princo violen.t et en:nemi d.u peuplo, dont la mort c&u.sa en Europo uosoulagement universel. Son despotismé et ses cruautésdevaient tôt ou tard amensr sa ririne, câr presquetoujours les bonnes et les ruauvaisgs actions deshomrnês trouvent, daus les effets clui les suivent, leurchâtirnent ou leur régompense. . 5

Marie de Bburgo gne (l:4Tl-14V2). -. Louis Xf, à la nou-volle do Ia mort de Charles le Témérairen s'était emparédu duché de Bourgogne, qui fit définitivement retourà Ia Franco. En même temps, il avait envahi I'Artois.f,es Belges comprirent l'urgence de procurer à leurjeuue. souyeraine un mari capable de défendre sonpatrimoine. Le 19 août t477, ils. Iui d.o:rnèrent pourépoux Maximilien d'Àutriche, fils d.e I'rédéi'ic III, àqui elle avait été destinéo par son père. Ce mariage,dont les'conséquences devaient être plus tard funestesà notre pays en le léduisant à n'être plus c1u'un satel-Iite de I'Autriche, eut des-effets immédiats très avar-tageux plur nous. tlaximilion.remporta sur Louis Xfla victoire de Guinegate F4lg) ei mit ainsi un termeaux entreprises du roi d.e F'rance contre les Pays-Bas.fl rentra même en possossion de l'Àrtois, du Charolaiset de la X'ranche-Comté ou comté de Bourgogne, qu'ilne faut pas confondre avec Ie duché de Bourgogne.

Marie de Bourgogne se montra douce et bonne. Entoute circonstance, elle s'attacha à mériter I'ostime deses suje.ts et à gagner leur affection. Aussi en fut-ellobieirtôt adorée et I'on espérait pour elle-un règne long-et heureux lorsqu'eÏle mourut înopiuément des suitesd'une ahute d.e cheval (r{82).

lVtrarie de Bourgogue êtart, passionnôo pour la ehasseau faucon.'Se trouvant à Bruges, aumois de mars r(9a;

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ry4 CHAPITR,E SEPTIÈME

ellg sortit un matin avec une nombreuse suite de noblesd.ames, de jeunes pagds et de gentilshommes pour se

livror à son plaisir favori. La chasse à I'oiseau se fal-sait à cheval, (le qui la rend,ait partigulièrement dange-

reuse. Au cours de la ehassc, la princesse aporgoit unfaisan : elle lui jette son faucon qui lo blesso moitelle- '

ment et se met aussitôt en devoir-de dévorer sa proie,Tout le monde alors se précipite pour la lui enlever.Chasseurs et chasseresses, avee leurs valets, dans unecourse rapid.e, vont droit dévant euxr' à travers lesprairies et les champs ensemencés, sans s'incluiétor nides haies ni des fossés qui parfois baruent leur pas-

sage. La duchesse, Ies yeux fixés sur'I'oiseau, condui-sait d'uno main un peu distraite le cheval fougueuxqu'elle montait. Tout à coup, celui-ci butte contre untronc d'arbre-renversé et la priùcesse est violemmentprojetée à terre. On la relève évauouio avec uneprofontle blesstrro'au ventre. Sa vie ne parut cepen-

dant pas d.'abord en danger. Mais la fièvro I'ayantsaisie, le mal empira peu à peu et trois semaines aprèsI'accident, elle expirait, all grancl désespoir de son

époux, de ses servitours et de touto la nation. Ellen'avait que vingt-cinq ans.

Àvec Marie tle Bourgogne s'éteignit en Belgiquecette l{aison fameuso de Bourgogne' clui a joué un rôlesi cousidérable d.ans I'histoire de notre pays. Peut-êtr-e

ne mérite-t-elle pas tous les anathèmes que lui valurentles rnoyeus violents et implacables avec lescluels elloréalisait ses vues. Néanmoins, tand.is que les grandesoommunes, et les grands métiers particulièrement,voulaieut maintenir'à leur profit des privilèges suscep-

tibles d'enrayer le développoment de la richesse éco''nomiquo du pays, la Maison de Bourgogue s'attacha à

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pÉuonn BouRcurcNoNNE-aurRrcHrENNE rgs

satisfaire des besoins économiques nouveaux. De plus,elle assura notre indépenda,nce nationale et jeta les,bases de notre unité politique et aclministrative. cesont là des résultats qui méritent d'être favorablementaBpréciés. Mais les moyens violeuts par lesquols rosd.ucs de Bourgogue r.éalisèrent leurs projets les ontfait ra'ger à justo titre parmï les prinoes les moinssympathiques dans la g-alerie de nos souverains.

État politique, soeial et intellectuel de la Belgiquesous les princes de la Maison de Bourgogne.

Origine des États généraux. On doit aux d.ucs deBourgogne.une excellente institution, celle des Etatsgénéraux, convoqués fréquemTnent dans ki, deuxièmeparbie du xve siècle. Ilâtons-nous de le diro : ils ne lacroyaient pas appelée à jouer le rôle important qu'elleremplira un siècle plus tard

Jusclu'alors, il nly avait' eu dans le pays ,que desreprésontations particulières de chaq}e prineipauté.C'étaient les états où siégeaient généralement lesdéputes do trois ordres : clergé (état primaire),noblesse (état secondaire) et peuple (état tiers ou tiersétat). O", dans les dernières années du règne tlePhilippe le Bon, Charles le Téméraire, qui s'étaitbrouillé avec son père, voulut rendre le pays juge deIa situation. Il invita les états des diverses princi:pautés à déléguor à Ànvers des députés, chargês dotonter une réconciliation entre son père et lui (1464).

Après avoir eltenclu les doléauces de Charles, lestlélégués se transportèrent à tsruges, auprès de phi-lippe, pour essayer de I'amener à une entente. philippose montra fort irrité de cette'àémarche, parce qu'elle

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r96 CEÀPI1TRE SEPTIXMD

avait eu lieu Sa:ns son assentimort et à la tlemande de

Charles, I1 pa;r"donna néanrnoins aux députés et les

Gonvoqualui-même I'année suivaù.te (r{65), à Bruxelles,

BOur leur annoncer Io rêtablissement du bon acoord.

ontre lui et son fils et soa désir de le voif, reconnâître,de son vivaut, comme son successeur et son héritier.La réunion de ces 'd.é1égués,forma les premiers Etatsgénéraux

La 'création d"es Etats généraux, réunis six fois d"e

r{63 à t477, n'est cluo le résultat du désir d'amoindrirI'osprit particulariste de nos provinces. com:ne l'écritM. Pirenne, ils ne répondont c< à aucune idée de parle:

mentarismo ou de contrôlo accordé aur suiets sur les

actos du souverain. obtigé jusclu'alors d"e délibérer

séparément avec chacune de ses provinces pour en

obtenir l'impôt, Philippd le Bon trouva plus commodo

et,plus expédiiif de les rêunir tqutes autour de lui à cet

offet... II n,entendit pas se dépouiller en leur faveur

de la moindre parcelle de son autorité (r) ".f$esures.Geiltralisatrices de Philippe le Eon, A mesure

que Phitrippe le Bon étenda,it les limil,es de ses Etats,-il faisait entrer ses nouvelles possessions dans la,

juridiction de la chambre des comptes de Bruxelles. Ilcqéa, en outre, daaæ scs diverses principautés, des

conseils prouinciaux de iusticr auxcluelsil subordonna

los tribunaux des"échevins. Enfinn voulaut rompr"e toutrapport juùiciaire mtro la F'landre et la France, ilinstitua, par son sx'flonnâDae,de r446rune sorte de con-

seil suprême de justice clui avait pour attrib-ution

e,ssentielle de juger les appels des sentences d,es con-

seils provinciaux. ll n'est que la transformation tle Ia

É(l'l Eistoi.re de BeIgique,II, pi 37'1.

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[-- --'-. --:--:-II

PERIODE BOURGUIGNONNE.AIITBICHIENNE r97

cour dtt duc ou conseil ambttlatobe siêgeant à joursfires là ori se trouvait le due (r{33). Cette assembléereçut le nom d,e grand. ,onrtaiL; il avait également pourmission d'ad.ministrer les finances (r).

lnstitution du Parlement de Ma'lines (1473). - Youlantinstltuor dans ses Etats une cour spéciale, analogueau Parlement-de Paris, chargéd surtout de la justicesouveraine, Charles le Téméraire rÉunit (1413) en uuParlement sédentaire le grand conseil.de justice, établipar Philippe Ie l3on. Il en fixa le siège à lVfalines.Co fut le Parlement de Malines. fl centralisa égale-ment les' finances en créant à Malines une seulechambre des comptes remplagant les.chambres desoomptos.de Bruxelles et de Lille.

Grand privilège de Marie de Bourgo gne (1477-1482). - Pro-fitant de la_mort prématurée de Charles le Téméraire,les communes belges avaient réclamé la restitutiou deleur s aqticlues franchises . Pres sée p ar I es oi rcon stan ce s,Marie, fille et héritière de Charles, lèur accorda toutesatisfaotion par I'octroi d'uno charte appelée le grandpriuilège de Marie de Bourgogne (rr février 1(77),

En voici les principaux artioles :

ro Suppression du Parlement de Malines; ao annulation detous les actes des derniers règnes contraires aux privilèges(abrogation notamment'de la paix do Gawe et suppressiou du,Frano clo Brtrges com.me quatrième membre de Flandre); 3o obli-gation d'instbui.re les affaires iudiciaires dans la langue du paysoù elles doivent être plaidéeç; 4o défense a,ux, souverains ded.éclarer la guerro sans I'autorisaltion dos Etats généraux;5o limitation de I'obligation d.u service militaire aux guerres

(f ) Il se produisit bientôt dans le grund conseîl une division des fonetions;certains mombres s'occupèrent oxclusivement de I'administration et de la jus-tico, d'autres des questions finaneièros. C'est ainsi qu'en {458, .la sectionffnancière du grand conseil prit le uom'de conseil d,es findnces et forma un orga.nisme séparé.

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r98 CHAPITBE SEPTIÈME

a,yant pour objet Ia tléfense du tcrritoire; 6o institution,-auprèstle la duchesse, cl'un grand., conseil ambulatoirs tle "vingt-cinqmembres (p_o.ur remplacer Ie grand conseil stôtlentairo de

I\[alines, suppr"imé), comprenant seize Flamantlso neuf Wallonset seulement la moitié tle uobles i ?o nullité tlc tout éclit duprinee coutlairo aux pr"ivilèges clu peJ's; 80 droit porrr les Etatsgénéraux et prooincÎaux de se réunit aans eonûoeationptéalâble;go droit pour les habitants'cles Pays-Bas de refuser obéissanae

&u princo, etn cas de violation de Ia aharte.

Sciences et lettres. - Sous les princes de la i{aison de

Bourgogneo Ia Belgiclue produisit cprelques hommescélèbres par leur savoir ou par leur talent :

On d-oit à Jean Gansfloisch dit Guttemberg, de

Mayence, I'inveption de I'irnprimerie, vers 436. Cetteinvention consisto principaleme4t daus I'usage des

caractères moulés métalliclues, détachés ou mobiles.

L'invention de I'imprimerie €st I'une des plus impor-tantes qui aient jamais été faites. Jusqu'alors, les livresn'existaient qu'en manuscrits. Ils étaient donc rareset fort coûteux. L'imprimerio sn multiplia lo nombreet en rendit le prix plus abordable. Ainsi les idées

nouvelles et I'instruotion purent se répandre avec faci-lité, les progrès s'accomplir plus rapiclement, les iuven-tions laisser une traco durable. Complétêe par I'inven-tiou du papior, elle réalisa l'égalité des, classes sociales

sur le terrain scientifique. L'usage du linge de corpsétant devenu gériéral au xv€ siècle, on posséd.a en

abondance la matière première pour la fabrication dupapier. On put ainsi acquérir à bon marché de quolécrire ou imprimer. Cette invenùion, d'importancesecond.aire, permit à I'imprimerie d'exeroer son actioneivilisatrice.

L'imprimerie fut introduite dans notre pays parThierry Maertens, né à Àlost vers r(5o, mort en cette

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pÉnroon BorrBcurcNoNNE-aurRtcrrtENNE rgg

ville en r53{. x'ils de parents aisés, il avait quitté saville natale vers l'âge de dix-huit ans pour so rendreen ftaUe, où, sans d.oute, iI suivit les cours de I'une oul'autre université. on -ne parlait alors que de la récented.écouverte de I'imprimerie. séduit par l'importancede I'art, nouveau, il résolut d.'embrorÀu* la professiond"'imprimeur.

Après quelque temps d'apprentissage. chez uu impri-m€ur de Yenise, il revint dans la viile d,'alost où itétablit, en t(23, un atelier cl'imprimerie, le premieren Belgique. fl paraît qu'il aurait lui-même gravé etfondu les caractères qui servirent à la publication deses premiers ouvrages. fl se fixa, vingt .ans plustard (r4g3), à Anvers et, trois ans après, on t(g6, à"

Louvain, alors le siège d'uue université célèbre, et leséjour de .savanis renommés. 'on évalue à deux centdix le rrombre des ouvrages sortis des presses deMaertens. Quatre-vingt-dix sont devenus si rares qu'onn'en possède plus qu'rin seul exemplaire.'plusieurs desouvrages imprimés par Thierry avaient été composéspar lui, car il ê*'ait fort instruit. rl counaissait, outrele flamand, sa langue maternelle,'to latin, le grec,I'liébrcu, le français, I'allemand et I'italien. peut-êtremême fut-il professeur à I'Universitê de Louvain.En r5zg, ayant survécu à sa femme et à ses enfants,il sg retira dans sa ville natale où il mourut en rS3{.

[Sur Ia Grand'Plaee d.'Alost s'élève, depuis r856, unestatue érigée à sa mémoire et duo au ciseau du sculp-teur Jean Geefs.]

Louis Bcrken, d.e Bruges, trbuva en 416 I'art detailler et de polir le diamant.

Les écrivains de langue française les plus remar-quables s'occupèrent surtout d'histoire: Tel philippe

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-

..,1'I

I

I

soo oEÀPrr&E smtrÈuP

de Comines (r{{5'r5o9) qui composa' sur los" règnes

cle l-,ouis XI et àe charles le Têméraire, des Mémoires

bien connus.Ire flamand fut tout à faît nêgtigé au cours clo cette

périocle.PhilippeloEardijetalesfonclementsdelacélèbre

bibliothèque cle Bourgogne; ses succesgeurs s,atta-

chèront avec un soin constant à I'enrichir. À côté d'un

grand nombre de poèmes de .ehevalerio' on y voyait "

figo"u" d.e nombreux ouvrages ds morale, de théologien

d,histoiro, ete. considérée à cetto êpoque comme I'une

des plus riches du monde, ello compte encore aujour-

d'h; huii à rtix millo volumes. Toutefois, les princes

bourguignons étaient plutôt inspirés, dans leurs eff'orts;

pu" iu Soût du luxe quo par un véritable penchant

iittêraire. Àussi attachent-ils moins d'importance à Ia

valeur intrinsèque d'un livre q.u'à sa riche reliure et à

la perfection dos miniatures dont il était orné'

Enseignement. - La création de I'université de I-,,ou-

vain on r{26 par le duc de Brabant', Jean IV, affranchit

notre pays de l'étrangor sous le rapport de I'enseigne-

ment supérieur. Àuparavant, Ies jeuues Belges q'ui

voulaient aborder les hautes études étaient obligés de

suiwo les cours des universités étrangèrest par suite,

de quitter le pays. A partir do cetto êpoque, les él'udos

universitaires devinrent accessibles à un beaucoup

plus grand nombre tle personnès, et Ie niveau intel-

iectuel de la nation s'éleva {e la manière la plus heu-

Tguse.L'instructionprimairoserêpantlitbeaucoupaussi

dans les Pays-Bas. La population rurale elle-même

apprit à lire of éoriro, alors qu'à l'êtranger beaucoup'

Oâ pe"sonnes do rang élevê ne possérlaient même pas

Page 207: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

r-

pÉnrops BouneurcNourrn-ÀurnrcurnNNn tor

ces premiers éléments de toute culturo intellectuollo.Beaux-artc. Nos plus beaux hôtels de vitle

datent du xve siècle. Ce sont : I'hôtel de villo deBruxelles, dont la façade est surmontêe d.'uno tour d.e

96^,5o do hauteur, en pierre découpéo à jorm, ad,mi-ra-ble d'éléganoe et d,€ légèretê; oelui de Louvair:,véritable palais de dentelles, le plus parfait monumentde I'espèce en Belgique I enfin ceux de Ga4d etd'Aud.enarde.

On attribue aux frèr'es Ilulsert et Jsan Yan Eyck,nés à Maese;rck, l'inveution de la .p'sis6rre 'à l'huiler-tout au moins eelle du siecatif nécessaire pour larend.re durablo. fls composèrent leurs principalestoiles à Bruges où ils moururent vers t(,25,

Citons apres et;rx Roger Van d,er Weyden ou de IaPasture, fondateur do l'école brabangonrre, fugoYan der Goes, Thiorry Bouts, Ilans lVlemlinc, le pluscélèbre représentant de l'école néerlandaise auxv" siècle.

Parmi les musiciens'renom.méç de l'éBoclue; il con-vient de nentionner : Jean Leteinûurier,,dit linctorou Tinctoris, de Nivelles. C'est à Iui que fTtalie dutsa première école de musique, fond.ée à Naples; JeanOckeghem, de Termondo, maître d.e chapelle des roisde France Charles VII, Louis XI et Charles VIII;Joscluin Desprez, de Condé, dont la renomméo futeuropéonne.

Agricufture, inôustrie'eonmerce. - La Flandre remplace l'indus-,trie des laines, en décatlonco, par celle destoiles, ce qui I'obligeà pratiquer en grand la culturo ilu lin Le système clo Ia jachèrose perfectionne. Ontravaille, onfume la tene en jachère; onIui fait protluire dos plantes q.ui vivent moins du sol que de lanourriturei tirée de I'a,ir, comme lo trèflb, Ie pois, la vesee. Auxmodes do loeation des terres jusque-là suivis -- baux à æento,

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cHÀPrrRE snprrùt'-s

au champart, au métayage - s'ajouta le ttail à ferme. Dans cecontrat, le teuaneier exploite ù scs risqucs et périls, nais entoute indépendance et moJrenn&nt un loyer conyenu.

En fr"appant à coups recloublés los'plus importantes com-munes du pays, les ducs clo Bourgogno tarisscnt dans leursouroe I'industrie e t Ie commcrcc. rrttion&ux.

À I'avènement de Philippe lo l{ardi, la Belgiclue était sanscontredit le pays le plus riche tlu monde entier. Non séulementI'agriculture y était flori,ssanto, ma,is I'industrie et le commeroodes Flandres dépassaient en"prospér'ité tout ce quo I'on avait vujusclu'alors. Les plus moclestes particuliers, tant à Ia ville qu'àIa campag:re, vivaient dans I'aisauce.

A la mort de Char:lss le Téméraireo le pays tout entier estréduit à la misère. Les grondes villes sontr. ou clétruites etruinées, ou très appauwies pa,r les fortes amentles dont on Iesa éarasées. L'industnie drapière a émigré daus les pays voisins.Les tisserands ont abandonné la Flandren constammeut désoléepar la guerre civile, et se sont réfugiés en Angleterre où on lcsattire par la promesso de multiples avantages.

À Ia véritén sous I'influenoe du fasto déployé à Ià cour et imitépar la richc bourgeoisie comme par Ia noblesse, les industr"iesde luxe, c'est-à-dire celles tles hpis, cles dentelleso do la taille <lu

tliamant, etc., se sont sqbstituées ù I'industrie drapière; maisellos ne .donnent à notrs pays qu'une prospér'ité factioe. Lapopulation des Pays-Bas est sensiblemont diminuée, et une sigrande misèro règ:re parmi les classes laborieuses, qu'on estobligé cle porter des règlements sévères contre les mondiants.Yoilà co qu'a fait d'un pays libre, richo et prospèr€, ulr sièclode despotisme.

! - Époeun aurRrcHrENNE.

Depuis la mort de Marie de Bourgogne ({489) jusqu'à I'abtlicationd-e Charles-Quint ({6Ë6).

Régence de Maximillen. - Marie de Bourgogne laissaitdeux enfants, Philippe et Marguorite. Leur tutelle, avecla régence du pe;rs; échuû à Maximilien d'Autriche.Cepeldant, les états de Flandre demandèrent à parta-

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pÉmopn BouRcurcNoNNE-aurRrcErENNE zo3

ger I'une et I'autre avec lui. Maximilien, oecupé à ldrêpressiou de -troubles survênus à Liége, eu Hollànd.eet en Gueldre, fut obligé tle leur céder. Mais, sortivictorieux de ses ernbarras, il réelama pour lui seul latutelle d.e son fils, et la X'landre dut se soumettre(r{85). Toutefois, les tr"lama4ds conservèrent un vifressentiment du procédé do $Iaximilien, et celui-ci

. ayant été vaincu au cours d'une nouvello lutte avec laX'ranco, sollicita en vain des états de Flandre les sub-

' sides nécessaires pour continuor la guerre (déceurbret48l). Dans la pensée de conjurer la nouvelle révoltequ'il prévoyait, il se rendi,t à Bruges. Le bruit so

répandit dans la ville - qu'i[ voulait Ia piller et ladétruire; aussitôt les mêtiers s'ameutsrit, s'emparentd.e la personne de Maximilien et le retiennent pris.on-nie.r d.ans une maison spaoieuse appeléo le Cranenburgd.u 5 adr zj février r{88. À oette date, il fut internéjusqu'au 16 mai dans I'hôtel du Sire de Ravenstein.

Pour obtenir sa délivrance, I'archiduc dut signer un, traité qui accordait toute satisfaction aux révoltés.

Mais à peine.sorti de -Bruges, il désavoua ses pro-messes et une nouvelle gu.erro civilo se déchaîna surle,pays. Les villes d.e Bruxellos et do Louvain ayantpris fait et cause po.ur les états de Flandre, Ja révoltedevint générale. Cependant, après plusieurs ânnéesd'une iutte ruineuso, les communes furent contraintesà la soumission.

La paix de, Catlzaad (r) proclama une amnistiegénérale qui rnit un terme à la guerce (r(,gz). Mais lescommunes fu_rent condamnées au paiement d'amend.esénormes et lours privilèges réduits. Cette nouvelle

(l) Cadzand, village do Zélande, situé au nord do L'Ecluse.

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zo4 oHAPTTBE sEPnrÈME

héfaite marqua la fin du rôlo politique et commercialde la ville do Bruges. Dès r4g4, on trouve, établies àÀnvers, les nations (r) d'hngteterre, d.'Espagne et dePortugal.

Bègne de Philippe le Beau. - OnrarNE DE r,a Mersoxn'Espedxn. - Frédéric III mourut le { août r{93, etson fils Maximilien ful, appelé à recueillir sa sucoes-sion. I*o jeuus Philippe, surnommé le Beau, à causede son extérieur agrdable, était alors âgé de seizs ans.lVlaximilien lui abaudonna le gouyernement des Pays-Bas.

Philippe fut solsnnellement inauguré dans les prin-cipales villes du pays où il prêta le eermen"t tradition-nel de respeot aux privilèges. Toutefois, i'l relusa dejurer fitléli,té à la grande oharte d,eMarie de Bourgogneet, peu do temps après (r5o3), il rétablit lo grand con-eoil de justioe qu'il fixa défiuitivement à Malines (a).Il reconstitua aussi, en r5o5, les ehamb'res des comptesde Litle et de Bruxelles. Enfin, à la tête de cFaqueprovinee, il plaça des gouvernonrs (3).

En r{96, Philippo le Beau et sa sæur Marguoritoavaient respectivement épousé Jeanno st don Juand'Espagne, enfantsde Ferdinand d'Aragon et d'Isabellede Castille. Uno mort prémaùurée ayant fait disparaîtrodon Juan, Philippe le Beau devint l'héritier présomp-tif des royaumes espagnols, événement gros de consé-quonoes pollr notre pays.

(l'7 Nations.. on désignait ainsi autrefois, dans certaines villes maritimesnla réunion des marchands d'un même pays étranger,

(9) tes cours de justico du Brabant et du llainaut ne ressortissaient pas à

cette cour suprême, demeurant des cours souveraines.(3) A partir du règne de Philippe lo Beau, lo siège du gouvernement sera

presque toujours Bruxelles. Vors la mèmo époque, on commence à désignerles provinces qui devaient ul jour constituer la Belgique et la Bollande sous lenom collectif do Pays-Bas.

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pÉnropp BoTIn,GTnGNoNNE-arlltR'rcErENNE zod

Les Belges avaient vu sÉIns inquiêtude, avlc satis-

faction mênen cette allianc-e clui pouvait leur proaurer

un appui utile contro la x'rance et ne semblait pas

devoir les exposer, comme il était arrivé'avec Ia

Maison el'Àutricho" à l'opprossion d.'un allié voisin

trop prnissant. L'aYenïr ne d'evait' guèro répondre à

leurs prêYisions.s'étant rendu en Espagne pour y recueillir l'hêritage

d.'Isabelle clo castille, Fhilippo'lo Beau mourut subite-

.mentàBurgos,en15o6,etlaBetgiquorotombadans\es embamas d'ouue'régence' En effot, né à Gand lo

- 15 féwier l5oo, charlos, le fils aîné de Philippe'

n'était âgê que de six ans à la mort de son père'

Seconde r$gence ds Maximilien dnAutribhs. - La régence tlu pays

rovint une seconcle.fois à trfaximilien, à qui ello fut offerte par

les Etats généraux réunis à Malines, en ootobre 15o6. Retonu

. sn allemagne par les affaires clo I'empire, Maximilien d'ésigna

pour le remplacer sa fi[e, Marguerite do Savoio' princesse à la

iois énergique et intelligonte. Elle sut, en effot, pendant la

minorité de charles, conduiro a,vec une graûde habileté les des-

tinées tlu Pa;'s.

Décadence de Bruges et Gqmrncnceinent dB la prospérité

_ commerciale d,Anvers. - La mer s'êloignait de plus en

plus des anciens.rivages belges. Non seulement le port

ite B"uges était depuis longtemps comblé, mais Ie port

de Damme, devenu. celui de Bruges, s'ensablait de

plus on plus. Inquiétées par les troubles incessants

qui agitaient la Flandre, les nations ou corPorations

de négociants étrangors transférèrent leur résidenco' à a:rvers. Lr'Escaut occidental venait de s'élargir qon'

,sitlérablement à la suite d.'une inondation on zêlande,

survenue au début du xve siècle. cet élargissement

fourniû aux anversois uno voie direoto vers la mer,

. qu ils ne pouvaient atteiirdro auparavant qu'en descen-

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2c6 CEAPITIi,E SEPTIÈME

daut l'Eseaut oriental, c'est-à-d.irenord l'île de 'Walcheren. C'est àqu'Anvers dut,sa rapide fortune.

Son port, établi sur un fleuve large et profond.,cl'accès faeile, à r'abri, au milieu des terres, d.os piratesqui désolaient Ia mer du Nord et parfois pénétraientdans le Zwyn, devint le plus sûr ei le plus" commodedes Pays-Bas (r). La population d,Anvers augmentarapidement et on quelques années cetto ville devint Iacité commerciale la prus importante du globe. soncornmerce comportait surtout l'exportation des tapisse,_ries d'arras, Tburnai, audenarde, Bruxelles; des blésde I'artois et du Eainaut, et des objets manuiacturésde Liége, dont il favorisa ainsi l'industrie naissante.

I. - Règne de Chartes-euint (tElE_1868).

sa première jeunesse. - Les maîtres distingués ns

manquèrent pas à Charles, mais il ne paraît pas qulilait montré dans son enfance des aptitudes exception-nelles sous aucun rapport; son applicati'n à l'étuden'était guère satisfaisante. ( Le latin Ie robutait;jamais il ne parvint à parrer l'ailemand; il s"v*ità peine quelques Tots d.,espagnol lorsqu,il partit pourla castille; il n'était pas plus fort sur iitalien. il

. apprit lo flamand sur I'ordre de I'empere.r sonaTeul (r), , Tout au plus so tlistinguait-it pr" oou .u*-tai'e ad.resse dans le maniement des arines et ducheval. R,ien n'annouçait dono d.ans l'écolier l,homme

Tïï1' *l devait être plus tard. ,

(l) D'après PInEnNE, Histoire deBelgique,II, pp. 8g6 et suiv.(2) GAcHARD, Biographie nati,onale, notice sur Charles_Quint.

en cbntournaut aucette circonstance

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pÉ*rou.g BourÈGUrcNoNNlr-aurItIC'rIrNr\rJ zo7

vaste étendue des contrées soumises au gouvernement decharles-Quint. La fortune se moirtr.a généreuso àl'égard de charles-euint, ainsi nommé parce qu,il étaitle cinqdième empereur de ce nom. a'ssitôt après sonémaucipatiou, le 5 janvier r5r5; il prit possessicin desPays-Bas, alors l'uuo des contrées les prus prospères.et les plus riches de I'univers. Loannée suivante,'Ferdinand le cailrolique (sbn areul maternel) mourut,lui laissant I'Espagnor le royaumo des Deux-siciles,la sardaig.e et les pays d'amérique pécemmentdécouverts. Trois ans plus tard., en .r5r9, il fut éluempereur d'Allemagne.

rl n'avait pas vingt ans et, depuis charlemagne,. personue en Europe n'aÇait régné sur un plus vaste

empire. aussi po*vait-il dire, sans exagération : < Lesoleil ne se couche jamais sur mes terres. >

Aspirations pôlitiques de charles. cbar-res-etiiuts"'attacha à exercer sur l'Europe une suprématie que sapuissance colossale semblait tui rendre facile, mais quicependant ue cessa de rui être disputée. pour y par'e-Bir, il chercha à abaisser Ia'France, à faire Ia conquêted.s l'rtalie, à écraser Ia Réforme, enfin à abattre l,ep-pire musulman.

Urais Ia supériorité politique de charles sur celle d.uroi de France est plus apparente que réeile. Les terri-toires f'ançais forment un .bloc ram.assé et compact;les populations q.ui les habitent out un sentimentnatioual très intenso. En x'rance, les guerres entre-prises par x'rançois r"'contre charles-euint sont con-sidérées comme des guerres nationales,

Les Etats de charres-euint souû éparpillés sur toutola surface dq l'-Europe et du mond.e connu; ses sujetsappaltenr-rrrt à dcs laces et à des nationalités distinctes,

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208 CEAPITR,E SEPTIAME

ont des intérêts différents of clui se contrariqnt. ce

p,est que contraints edforcés qu'ils appuient les efforts

de leur soqverain.Guerre avec ta "France Inquiot et' ja'loux cle la

puissànce fOrmid.able de Charles-Quint, le roi d'e X'ranco

I'accusa de viser à la monarchie universelle ot, à

plusiours reprises, sous des prétextês quglgonOues, i'l

Iui déclaùa la guerre. charles éprouvait-il deô revers,

tr'rançois Io ÏassailLait aussitôt, espérant llaccabler.

au contrairo, I'enpereur réussissait-il dans quelquo '

entreprise gloriouse, le roi de France I'attaquait encore

âfio O" l'empêcher de tirer parti d-e son succès'

Au cours de ta première guefro êntre les deux

rivaux, la ville do Tournai tomba aux mains de charles

qui en fit, avec le te ritoire de Tournai-Tournaisis,

une province'des Pays-Bas (r5zr)'Charles-Quint acquit en outre : en 1528, la princi-

pauté d'utrecht et la seigneurie d.'over-Yssol; en 1536,

les territoires de Drenthe st tle Groninghe; enfiri,

on r5{3, le duchê de Guelclre et le comté do Zutphen.

Les provinces dont les Pays-Bas so composaient'

vers r55o, étaient donc : lo les duchés tle Brabant et

de Limbourg' de Luxembourg et do Gueldre; zo les

comtés d.e x'landre et d.'artois, do Ilainaut, de IIol-lande, dozëlande et d.e Zutphen; 3o los marquisats de

I{amur et d.'anvers; 4o les seigneuries d'IJtrecht,

d'over-Yssel, do Groninghe of de x'rise, celle de

Malines et Ia châtellenio de Tournai-Tournaisis.

' Quelques anné.es après, en r5a5,.vainau et faiù prisonnier' à

eavie, -François

ler fut conduit à Madrid. oùo après un an cle

captivité, il consontit à signer let'raité dit d.e Madritl (1526). Par

ce traité, lo roi de France restituait à charles-Quint la Bour'

gogne sans réservs daommageni de service militaire. Do même,

it renongpit à sa suzeraineté sur la Flanttre, I'Artois, le Tour'

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pÉnroou BouRcurcNoNNE-aurRrcErENNE 2og

nai-Tournaisis et les ohâtellenies de Lille, Douai et Orohies.

Le traité de Madrid ne fut pas observé par le .roi de Franceof la guerre recommenç6. Elle prit fin en r5e9, et le traité des

Dames ou de cambrai ratifia toutes les clauses du traité d.e

Martrid, sauf aelle clui stipulait' le retour de la Bourgogne à

Charles-Quint. En compensation, tr'rançois Ier s'engia,geait à

p-a,yer s millions d'écus d'or pour sa rânçonLa guerre reprit plus tard, etlorsque le traité de Orespy en

Laonnais (r5441vint de nouYe&u.y mett're u:r terme provisoiro,le roi de France confirma sa renonciation à tout droit de suae'

raineté sùr la Flandre et I'Artois, Àinsi la Flandre et l'Artoisse trouvèt'ent irrévocablement soustraits à la suzeraineté de laErâ,nce._Depuis le rer juillet r53o, uno bulle ilnpérialo avaitaboli le clroit de suzoraineûé d-o I'Allemagrro snr les princi-pautés comprises d.ans I'ancienne Lotharingie.

La lutie.entrs Chanles-Quint et la Franae so ûermina, sollst lesmurs ds Metz dont lfenni JI, successeur do François 1€r, s'étaiternparé, en 1552. Cette vill.o fut vigoureusement défendue porle duc clo Guise oontro I'arméê impériale, commandée parCharles-Quint en persoane. Obligé de lovor Te siègo, celui-ci.disait mélancoliquement : a La fortune est femnre : elle clélaisso

les vieillards pour suiyre les jeunes gens. l Une trêvo d.e oinqans ftrt couclue à Vaueelles (près tte Cambrai) entro les helligâ,rants (5 féwier 1556)(r).

Lutte contre les proteslants. - Charles'Quint no fut pas plushoureux dans aa lutto aontre les protestants d'Allemagne.Luther, moine augustln, s'élevant contre oertains abus quis'étaient introcluits dans la discipli n s esclésiastique, prétendaitles réformer (r5r7). Bientôt il àttaqua la doctrine même do

I'Eglise. On d,omro le nom d'e Réforme à la rôvolution religieuserlont il a étéLe promoteur

Il parut à Chartes-Quint que I'unité religieuse sorait seule

capable do gaæantir I'unitr6' politique de son empire. En consé-

quenoe, ,il,porta contre les réformés des édits rigouroux (pla'carcls) au nombre de douzo (z), auxquels cl'ailleurs ils rofusèrent

({) D'après le nouveau style, c'est-à-dire d'après notre farion de Gommencer

l'ann'és no 4erjanvier. Avant {575, il eristait diversæ uranières de dator ou

différenis sl,yles : style de Noëlo I'année commençant au 26 déeembre, style de

Pâques, l'année commençant à Pâques.(2) Du 22 mars'1621 au 25 septembre 1680.

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2IO CHAPITRE SEPTIÈME

do se soumcttre. Uuo louguo et sanglante guer.ro éclala alorsentne les pr.otestants et lui. Après avoir passé, dans cette lutte,par des alternatives .do succès et de revers, Charles futcontraint cl'accorder aux Iuthériens cl'Allemagno lo libro exeï-cice de leur culte (paix tle religion d'Augsbourg, 1555).

Guerres ayec .les Turcs. - Depuis Ia chute de Coustautinople1rd53), les Turcs avaieut fait en Europe cles pr.ogrès inquiétants.Successivcmgnt, ils avaient pris Bolgracle eu r5er, Butlo en r5e6,assiégé Vienne on r5z9r Quoique victorieusement repoussés deo-ette clernière ville, ils rostaieut menaça4ts.

Voulant leur. por.ter un grand coup et débarrasser 1â Méditer.ranée des pirates qui I'inTestent, Charles-Quiut or"ganiso uncexpédition contre Tuuis, alors au pouvoir dusultau de Constan-tinoplo. Cette villo est prise en 1535. Vingt mille chrétiens s?j'trouvaient reteuus captifs : ils sont aussitôt remis en liberté.Mais une seconcle entrepr.ise de Charles, dirigée coùtro Alger,est coutrariée par de violentes tempêtes; sa flotto périt presquetout entière et il est trop heureux de pouvoir regagner sain ctsauf Ia côte d'Espagne (r5{r), Si, peu de temps après, il réussiûà tenir en éched les forces de Soliman II dont les arnées,lrlona-cent de nouveau I'Autriche, c'est sans parvenir à ébrauler.sérieusoment la puissance des Turcs. I1 est même obligé doreconnaitre Iæ suzeraineté du sultau sur'la Hongrie. Àinsi,tl'{r,ucun côté, Charles Qùnt ne remporto sur ces adversaires devictoire cléclsive.

RéYolte des Gantois (1540). Yers le milieu cluxvre siècle, la villo de Gand êbait l'uno des plus consi-dérables du rnonde ohrétien. Aucune ne l'égalait euétend.ue : ses murailles avaient environ 13 kilomètresde ciicuit. C'était plutôt uu pays c1u'uno ville et I'onrapporto ce mot de Charlos-Quint ( qu'il aurait pumettre Paris daus son Gaud >. Sa population dépassait2oo,ooo habitants. EUe possédait cinquante-quatremétiers d'artisans et dans Ia seule corporation dcstisseraudso trente-deux membres ou subdivisions dumétier. Àr'oc sa banlioue, ello pouvait réuuir qu&tre-vingt rnilte combattants.

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PERIODE BOURGUIGNONNE-AUTITICHIENNE 2II

. La capitale des Flandres n'était pas moins impor-tante par les libertés étendues dont elle jouissait, parla riches-se et par le degré de civilisation de ses habi-

_

tants. Située dans une vaste plaine admirablementcultivée, el.le possédait de belles eb larges rues, d.e

vastes places et de magnifiques monumênts, parmilesquels on citait I'ancien château des comtes, Ieséglises Saint-Bavon et de Saint"Jean, I'hôtcl de villeet le beffroi, où se trouvait Ia fameuse eloche R,oland.

Cependant, les guerres incessantes entreprises parCharles-Quint et ses prédécesseurs avaiont considéra-plement ralenti f industrie et le commerce de tout lopays, dont la prospérité diminuait iqsensiblement.Aussi, la demande d'un nouveau subside de r nlillionsoo,ooô florins cl'or faite aux Belgar pr" lagouvernanteau nom de Charles-Quint, en 1538, fut-elle mal ac"cueil-lie, surtout en Fland.re. Les Gantois refusèrent.mêmede payer leur part de subside;"soutenant que leurs pri-vilèges les exemptaient d'un'impôt prélevé en vue de

soutenir les guerres étraugères, "nuisiblés même auxiutérêts du pays. Au surplus, ils offraient do fourniret d'entretenir à leurs frais un certain oontingentd.'hommes d.'armes. Cette proposition fut repoussée,car on avait définitivement renoncé à so servir des

milices communales depuis' les actes d.'insubordinatioucommis à Montcliclier et d.evant Calais.

I-r'affaire fut portês devant lo grand conseil do Ma-linos, qui d.onna tort aux Gantois. La bourgeoisiovoulait se soumettre, mais la classe ouvrière; et parti-culièrement les tisserands, s'y rgfusa. Les chefs quidonnaient des conseils de prudence et de modératioufurent mis à mort; on chassa les officiers d.o I'empe-reur of I'on affirrna hautement I'intention de proclamer

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212 orraPrrnn spprrùrtrr

ville libre la commu:re de Gand.. Ces excès des Gan-tois, d'abord. soutenus par uno grando parlio de laFland.ro, nuisirent beaucoup à leur cause. Ils commi-ront uûe autre faute en sollicitant l'appui du roi deX'rance, auquel ils offrirent, paraît-il, ùe so donner.Mais, loin d.o prendro lour parti, X'rançois Iur fit con-naître leur démarche à Charles, alors en Espagne, luipromettant libre passage à travers la France s'il vou-Iait so rendrs en Belgique (r).

Charles-Quint a,ccopta cette proposition of arriva à

Gand au rnois d"e.février r5$o. Àprès s'être soigneuse-ment enquis de ce qui s'était passé, il rendit son juge-ment,

La ville perdait ses p"rivileges les plus importants;le magistrat serait désormais nomm.é par Ie souverain;les trois membres de la ville disparaissaient; lenombre d.es métiers était réd.uit do cinquante-trois àvingt et un, leurs doyons et leurs privilèges politiquossupprimés; la jurittiction de la cité sur les autres villesdu district, aholie (concession caroline).

Les Gantois devaient payer à brof d.élai, non seule-ment l'arriéré de f impôt qu'ils avaient longtemps refuséd'accluitter, mais encore une somme de t5.orooo carolusd.lor pour la constructiou d.'une citadelle destinée à lesmaintènir d.ésomais dans I'obéissa,nce. En outre, ilsdevaiont s'engager a,u paioment annuel d.'ung rente de6,ooo pièces d.'or.

Vorilant rend.re complète I'humiliation des Gautois,Charles-Quint exigea que les principaux de la villevinssent lui d.emander pard.onn vêtus de la robe noiredes pénitents, sans ceinture et tête nue; qu'ils fussent

({) Entrevue d'Aiguesmortes.

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PÉmoon BouRGUrciNoNÈ{E-ÀurRrcHrENNE zr3

a,ccompagnés par cincluante autres habitants, des plus

compromis, ces derniers en chemise et Ia corde au cou,

Enfin, seize d.es mutins furent condamnés à mort et '

immédiatement exêcutésLa puissance de Gand- se trouva dès lors anéant'ie'

Jamais plus cette ville, jadis si fière, nnosa se révolter

contre ses souverains. sa,chute fut cette fois bien défi-

-nitive et sa décadence stâ,ccentua rapid'ement'

vues particulières de chartee.Quint eur les Pays-Bas. -La même année (r5{o), charlos-Quint fit faire au roi

de France des propositions clui méritent d'être con-

nues. Son impitoyable àuroté à l'égard des Gantois luiavait entièrement aliéné les sympathies des Belges.

Aussi serlble-t-il s'être trouvé par Ia' suite < mal à

I'aise > êrr notre pays et avoir voulu s'on débarrasser

au profit d'un de'ses enfants. Dans cette pensée, iloffrit s'a fitte aînée au duc d,'orléans, fils de x'ran-

çois I"r, promottant tle lui attribuer an dot les Pays-"

Bas, auxquels le roi de Franco aurait joint la Bourgogne

et le charolais. D'autre part, il proposa d'examiner

s'il no conviendrait pas d'ériger ces pays en royeume'

Les hésitations de la France, qui ne put croire à

la sincérité d'une sembl'able proposition, et la mort

du duc d'orléans empêchèrent la réalisation d.'un

plan qui paraissait devoir être fort avantageux pour

nous.Unautreprojet,quireçutuncommeDcementd'eré.

cution, ne put davantage aboutir. Philippe, fils de

charles-Quint, ayant épousê (r55{) Ia reine d'angle-

terre, Marie Tudor, on conYint, que s'il naipsait' un

fils de cq mariage,'iI hériterait.de I'Angleterre et des

Pays-Bas, tandis clue don Carlos, issu d'un premior. mariags fls.philippe, obtienelrait l'Espagqe et l'Italie.

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2I'4 OEAPITRE SEPTIEMD

Mais Ia roine Marie mourut après quelques années demariage sans laisser d.e postérité.' Les Pays-Bas forment le cercle de Bourgogne. La grandepragmatique. - Par sa bulle impériale du rer juillet r 5Bo,charles-Quint avait aboli Ies droits de suzeraineté deI'allemagne sur les principautés de,l'ancienne Lotha-ringie. Youlant, dans Ia mesure d.es possibilite.s, réali-ser l'unification du pays, i[ forma, en r5{9, Iors de latransaction d'Aug'sbourg, des divcrses pri'cipautéides- Pays-Bas,, y compris Ia X'Jaudre, un cercle dusaint-empire (r), lecluel fut appêlé Ie cercle impérial de'Bourg'ogne, Le nouveau cercle êtait mis à perlîétuitésous la protection armée de l,empire, qrli devait ledéfendre comme les autres membres du corps germa-nique. De leur côté, les Pays-Bas s'engageaient à i'ter-venir pour une parb, soit en hommês, soit en argent,dans lcs dépeo*u* de l'empire. po'r le surplus, lecercle de Bourgogne était indépendant et libre.

Par un acte appelé la prag.matique sanction d.,Attg.s- .

bourg (t54ù, Charles-Quint eonsacra aussi, au pointde v*e de I'hérédité, I'*nité et l'iudivisibilité des pro-vinces belges,. voulaut, disait-il, oonserver res pays-Bas en une masse indivisiblement unie et imparta-geable. Toutefois, ,cette unité héréditaire de notre paysn'en fit pas une véritable unité politiquo. Jusqu,à Iafin de Ia d.omination autrichienne, en r7g4, nos pro_vinces demeurèrent des principautés ,distinctes. LesPays-Bas formaient uon pas mêmo un Etat fédératà J'ilnage de la Suisse actuelle, mais une simple juxta-position d'Etats,. indépendants les uns des autres,presque sans lien entre eux, dotrt chacun, quoiquesoumis au même souverain, conservait ses chartes et

({) 0n donnait à I'empire d'Âllemagne le nom de saint-empire.

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pÉnronn BouBcurcNoNNE-aurRrcHrENNE zr5

son administration-propres. Aussi, les Pays-Bas ont-ils toujours été considérés comme Ia terro classique duparticularisme.

Abdicalion de Charles-Quint (1550). $a mort en 1558. - Les soucisd'un vaste gouvernement, les fatigues de guerres iucessantes,son intempérance clans le boire et le manger jointe à tl'autresexcès, ruinèrent tle bonne heure Ia robuste constitution deChartes-Quint. A peine âgé de cinquaute-cinq ans, il se séntaitvieux et brisé. Il se clécida à abandonner le pouvoir, à quitterIa froide et hgmicle Belgique pour aller résider au paysd.'Sspagne qui possède un climat plus tloux.

L'importaute cérémonie de son abtlication eut lisu à Bruxellesle e5 octobre 1555, en présence des grancls de sa cour et desmembres tles Etats généraux. << Vous le savez, dit-il à I'assem-blée, mon règne a êté long et difficile. L'int6rêt do mes Etats etoelui de Ia religion catholiquo m'ont imposé dl'incessants tra-vaux, t{e frécluents et pénibles voyages. Ces grandes fatiguesont usé mon corps. Aussi ni-jo cru utilo au bien de tous cle rem-plaoor un prince décrépit par un prince jeune et vigoureux,déjà bien formé au gouvernement.

> Je lui recomrnande surtout de s'attachor à faire régner entous lieux Ia justioo, Ies lois.et la religion catholiqug.

r Et maintenaut, ajouta"t-il, je vous dis aclieu. Je sais quej'ai aommis ds grantles fautes. Jo n'ai oependant jamais faittort ou injustico volontairement et, si cela est arrivé, j'on aigrand rogret et j'en clemando pardon. D

Épuisé par I'effort qu'il venait de faire, I'empereur retombatléfaillant sur son fauteuil et fontlit en larmes.

.4" oeomoment, Philippo vint s'agenouiller tlevant son père quilui posa les deux mains sur Ia tête, tlisant : <r Mon fils, je vousb6nis, a,u nom t{e la Sainte-Trinité. ))

Philippe se releva olors et l'évêque d'Arras se chargea d.o direen son nour à I'assemblée qu'il prerait I'eugagement de tra-vailler. au bonheur tlu peuplo et au triomphe clo la religioncatholiclue.

Chacun so r'etira ensuite, profondément impressisnné parcettc émouvil,nte céi'émorrie.

Morl de Charles (15t8). - L'anuéo suivantc, Chorlcs-Quint se

rctira en Espagno, dans lo provincc tlo l'-Estrcmadure, en un,

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216 oEAPTTRE susrrùrrp

ohôteau contigu au mollastèro de Yusto, .où il véout encoredeux ans (r). il m,our"ut le at septembre 1558.

f ugement sur Charles-Quint. - Préôccupé avant tout de '

oe clui pouvait être utile à lui-même ou à sa famille, iln,e s'est pas toujours m.ontré pour les Belges un souve-rain soucieux de treur forûuno et de leurs intérêts. Lestlroits de ses sujets, le bien de leur industrie et tlo leurcomrnerco, les lettres et les arts le trouvèrent souventhostile ou indifférent. Aussi laissa-t-il des Etats et despeuples épuisés par les sacrifices que leur avait impo-sés son ambition démesuréo. Pourtant, I'organisatipnadministrative qu'il introd.uisit en Belgiquo mêritetl'être signalée comme une æuVre remarquable.

Jugeant de façon sylthétique le rôle mondial tle oe

prince si puissant, M. Pirenne câractérise ainsi son

action aux Pays-Bas : << Par I'annexion du Touruaisis,d'Utreclrt, de la Frise, cle la Guoldre, par la soumis-sion d.u payà de Liêge au protectorat d.u gouvornementde Bruxelles, iI [Charlgs V] constituo tléfinibivomentleur terriùoire et complète l'æuyre inachevée des ducsde Bourgogne. Il augmente leur cohesion en perfec;tionnant leurs institutions centrales, en dotant leursprovinces d.es premiors prinoipes d.'une législationcommuns, en fortifiant leurs frontières, en agglomé-rant enfin leurs provinces en un seul corps d'Etât parIa transaetion d.'Augsbogrg et i.r, pragmatique s&rrc:

tion (z). > ,

I'76ge. - lean deHornes (1482-1505). - Jean tle Ïlornes succ6daà Louis do Bourbon qui, après Ia mort du Téméraire, s'étaitompressé de restituer leurs privilègos aux Liégeois.

En 1484, les états liégeois chargèront quelques députés de

(l) 0n lui servait une pension annuèllo évaluée en monnaio du jour à4,500,000 francs.

(2) Histoire de Belgique, t.'lII, pp. 4.44et 1.48.

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t, PÉBIODE BOURGUIGNONNE-AIITR,ICHIENNE 2.17

présider à la répartition et à la levée des impôts. cetto déléga-

tiorr eub d'excellents résultats et I'on décida de la rendre perma,'

.ûento. Telle fut, à Liége,l'origine clela commrssfon permanente.

Le fait principal du regne de Jean do Eornes fut la recon-

naissance ttre la neatralité des LÎégeozs par le traité de Sellis,.oonclu entre Maximilien tllÀutriche, Philippe Ie Beau, Jean

. de Ïfom.esst Clharles VIII, roi de"France, en r4g3,

En r dg8, l' évêque de Liége fut rattach6 aw C erele de W estphalie,

distinot du aerele de Bourgogns dont faisait partie Ie rsste de

ta Belgique. C'est sans doute I'tnrs des c,ausos qui perUettrontà Ia prinoipauté d'écha,pper aux horreurç d,e la révolution du

xvre siècle.Erarrf -de la Marck (tflrelæ8). - L'atlministr"ation cte ce

. prince fut des plus habiles. Il rétablit I'ordre dans les finanees

de Ia ôité et iI y institna un triburial supérieur" d appel'sous le

nou tle eonseil ordinafue da ptihee.

. Traitê-d,alliance aceo chaflss-Quint (t518). - L'ardente rivalité de

x'rangois 1er gt de charles.Quint, jointe à la grande puissance

de ce demièr, rsndirent partieulièrement délicate la situation,de la.principauté. Obser.ver Ia neutralité parut bientbt impos'sible au lxince-évêque. au surplus; une union avce les Pays"Bas'semfuIait naturelle : e'est avec ces eontrées que les Liégeoisentletenaient Ies rapports combneroiaux les plirs importants I

lour tergitoire était partout circonscrit pal les Ebats néerlandais

et les èsprits éelajrés prévoyaient cJu'un jour les villes tl'o Ia

lWeuse seraient englobéos clans les Fays.Bas. Ne valait'il pas

rnieux d.ès lors prévenir" cg da,uger en s'attaehant aux destinéest

do la Flanttre et du Brabant (r)? c'est I'avis auquel so range'e

Erartl de Ia Marck. Le préIat se décida clono à eonclure avec

charles-Quint un trait6 d'alfianee d6fensivo qui fut signé à

Saint.frontt le 27 a,Yril r5r8.[a B6lorme à tiûgs. - Erartl tto la Marcli sévit aveo rigueury

oontre les partisans des nouvellos dOctrinos, asseznoÏlo-reux en

certaines localités du pays de Liége. Il fit publier dans la prin'cipauté les plaoards de chafles-Quint et essaya d'y introtluirsI'inquisition. Mais les états, coï-nme les aclmiuistrations corlrrll'rrales de la cité et des bonnes viIles, s'opposèrent iuvinsiblement

.(I) Loucmr, De I'attitud,e d,es stuuerui'izs des Pays-Bar àt' l'égard' du pags de

Li,ëge au XVII sièale,Bruxelles, {888i, in-8o. (Mén. Àtad.)

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2r8 CEAPITBE SEPTIÈMIX

à I'action des. inquisiteurs. Eux-mêmes so chargèrcnt cle I'exécu-tion des scutences renclues par les tribunaux or.dinaires, confor-mémcut aux éclits sur la matièr'e.

Gérard de Groesbeck (1538-14S0). - Cet évêque se montra unadministrateur habile et intelligent. Il attacha son nom à larésorme oonnue sous Io nom de réformation d.e Groesbeck, dontI'objet était tle codifier los anciennes coutumes etde r'écluire lesIenteurs de Ia pr"océdure. Très respectueux des formes 5uhi-ciaires et atlmiuistratives, l'évêquè fit en cette cir"constauoe ladéclaration suivante z un 'prince

àe Liége ne cronne sentenee quepar se.e jastices et.ne fait ordonnances que du consentement des'états. Fondé sur lss mccurs et les usagss nationaux, le codeainsi réformé tlemeura en vigueirr" daus Ia principauté jusclu'àla révolution cle r?8g.

Neutralité de la principauté. - Lorsque la guerue éclata dans resPays-Bas, entre les Etats généraux et les gouverneurs de phi-Iippe rr, la situatiou politiquo de Ia pr.incipauté <tevint extr'ême-'ment clifficile. Plaèé, d.'une part, entre ses préférences naturelleset la ficlélité qu'il devait à I'allianco do rSrB et, d'autre part,.les sympathies énergiqucs d'une partic de ses sujets pour lesconfédérés, Gérar"cl de Gr"oesbeck fut profoncrément perplexe.

a ceux qui le sollicitaient do prendre parti, il faisait observerque s'allier aveo les Etats généraux ou se ïa,nger ctu côté desgonverneurs, c'était également violer les constitutions impé--riales qui cléfondaient d'intervenir dans Ies guer.res aiviles d'ulcercle cle I'empire. Mais Ia véritable causs des hésitations deliévêc1ue, c'est qu'il apercevait olair.ement qu'à prendle parti, ilexposait le pays à être tour à tour pillé et r.avagé par les douxbelligérants. En 1576, Gérarcl et les états de Liége proclamèreutdonc la neutralité d.e la principauté et c'est en vaiF que phi-lippe rr cherqhera pa,r la suite à faire renouveler le traitéde r5r8. LesIriégeois s'yrefusèrent et tlésornais se renfermèrentdans une btriote neutralité

il. - Civilisation.

Aspect du pays. - Le tléfrichement des bois et Ie desséchementdes marais se pou.rsuivirent avec viguour poudant Io xve etle xvre siècle. A parbir do Charles.euint surtout, grâ,ce à ungplus grande abondauce de numéraire, le prir des grains s'élèven

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PDBIODE BOUIIGUIGNONNE.AUTBICEIENNE 2rg

et par suite celui des terres, ce clui active Ia mise eu culture decelles-ci. Des milliers cle routes et do très nombreux canaux sil-lonnent nos contrées, fovorisant I'essor cle I'iudustrie et ducommercc ct répandaut partout l'animation, la vie, la riohcsse.

Propriété foncière. - Pendant cetto période, la bourgeoisies'enrichit, co qui lui permet d'acquér'ir une oertaine quantité cle

terres demeurées jusque-là aur mains des nobles. On disait de

ces terres qu'elles tombaient en roture ir) lorsqu'elles passaientairisi d.e mains nobles en mains roturières.

Àux mocles de location dos terres jusque-là suivis - baux àrente, au champart, au métayago - s'ajoute le bail à ferme,contraô aux tormes duquel le tenancier oxploite à ses risclueset périls, mais en touts indépendaneo, les terres d.'un proprié-taire pentlant un temps donné et moyennant un prix de locationconvenu. C'est le contrat usité dans I'agriculture émancipée.

Outro le paiement du cens (z) ou fermago, lo propriétaire. d'une fermqstipulait souventdans le bail tliverses redovauces

ou prestatiops en ;nature (jambons, poulesn oanards, oies,légumos, beurro et fromage); certaines corvées à faire par lesattelages du oensier; enfin, I'usage d'une ou do plusieurschambres do maîtres dans la ferme.

Les villes. - Les vrlles sont nombreuses. Db hautes et épaissesinurailles, renforcéos en certains endroits par des tours, lesdéfendent. Quelclues lourd.es portes à pont-levis, ordinairementplacéos entre d.eux tours, d.onnent aooès dans la ville. Les joursde marché, une foule de paysans et de citadins aux vêtements

, bariolés de couleùrs éclatantes sny presse, affairée.Iai sont les quartiers populaires. On n'y rencontre que de

chétivos habitations en bois ou en torchis; basses d'étage etcouvertes de chaume malgré les défenses du magistrat. Aussiles incentlies y sont ils fréquents et terribles. Même les maisonsdes bourgeois aisés sont. encore fréquemment couvertes de

ohaume. Copendant la partie infér'ieure de ces habitations,jusqu'au prornier âtrago, ost généralement do pierre, tandis que

le reste est fait d'un assemblage de poutres, de traverses debois of de briques. Presque toutes sont tapissées tle vignes. Losvolets de boiç sont romplacés par des fenêtres à petits cameatuc

(L) La roture est l'état do toute personne non noble.(2) D'oir est venu le terme de censier.

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22o- CHAPITR,E SEPTTEME

presque opaques, maintenus entro'cies lames tle plomb. Autreprogrès : la plupart des maisons sont munies de cheminées.

fl existe oertains cluartiers aristooratiques; Ià, on remâ,rquodes-demeures tout en pion'e et couvertes cl'ardoises. Elles pos.sèdent d.es ponts-Ievis et ressemblent à des châteaux for"ts. Cesont Ies steenem à hauts pignons.

Sur les placos publiques s'élèvent les monuments commun&uxaux proportions souvent grandioses et dont les toits arcloiséstranchent sur les toits de ehaune de Ia ptupart cles maisonsvoisines. La flèche d.u beffroi, cell'es des tours et des uombreuseséglises, achèvent de donner aux villes du xye et du xyre siècleun cachetd.e variété pittoresque, Au moins do loin, car de près,on s'aperçoit vite que'les lois de Ia propreté et clo I'hygigne sonteonstamment méconnues. Les eaux sales courent ou stagneni àciel ouvert I les détr{tus rlo ûoute espèce sont simplement jetésà la voirie par les ménagères I et, pantlant la nuit, les porcs quivaguent en libe-rté dans les rues sont seuls à faire le scrvioepublic du balayags. finfïn, I'exiguïté des appartements, et lamalpropreté qui y règue, tr,'ansforment les intér.ieurs ouyrierson véritables foyers do pestilence.

La population 'de quelques villes est considérablo, maisn'atteint pourtant pas le- chilfre élevé qu'on leur a longtempsattribué. La population de Ia ville d'Ypres, par exemple, n'au-rait jam.ais dépassé {8,ooo âmes, y compri.s Ies habitants établisentre fa premièr:e et la cleuxGme enceinte

Les canrpagn$. - Bien que les bois, tres marais et les lanclesstériles disparaissenl de plus en plus du sol lielge, I'aisance etle bien être ne se répandent pas d.a,ns les eamlragnes au mêrnedegré que dans les viltes. La fréquence et la violence clesgrrsrres eiviles les appauwissent ss,ns cesse et, à certainesépoques, les cLépeuplent en grande.partio.

ru. - Organisation administrative, Judioiaireet finaneière de nos Brovinces.

Adminisfration, - Voici I'organisation donnée auxPays-Bas par Charles-Quint, en r53r :

Le coUvE.RNEMENT cENrRAr, était formê par les fonc-tionnaires ou les institutions suivantes :

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\ pÉnropn BouRcurcNoNlv-E-anrRrcErENNE 2zr.

ro Lo 'souoerain,

dont lo pouvoir est restreint parIes constitutions nationales. Le gouvernement du pâysest donc une m.onarchie tempéréo.' zo Le gouûerneur général qui, choisi d.'orclinaireparmi les princes ou les princesses du Ëa49, jouitd'attributions souverainos. Cependant il est tenu de

prendre I'avis des conseils collatéraux clans les airoon-starrces importantes, et mêpe, dans les oas d'une gra-

' vité exceptionnelle, clien référer à I'empereur.3o Les conseils collatérauæ (r), au nomlore de trois,

qui remplisscnt à peu près le rôlo actuel des ministères. dans les pays constitutionnels. Ce sont :

' a) Le conseit d'État, qui traite toutes les grand"es

affaires intérieures d'intérêt général. Les questions depaix; do'guerre et les relations avoc les puissances luisont réservêes. fl nomme les hauts diguitaires civils ouocclésiastiques. Le conseil d'Etat. correbpond donc à -

trois de nos ministères ._guerre, affaires étramgères,intérieur et cultes;

b) Lo conseil prioé, qui a pour attributions la justice,.la police, la préparation et I'interprétation des lois : iIoorrespond. au d.éparteTent actuel do lajastice;

c) Le conseildesfinances, clui administre les finances :

c'est notre ministère des ft.nances.{o Les États génér'auæ qui, formés de délégués des

états provinciâu;r so réunissent sur convocation dusouverain. Ils ne tiennent donc pas de sessions régu-lières, comûre le font aujourd'hui nos Chambres.

Lep États généraux s-ont ordinairement réunis : lb encas d'avèngment au trône ou d.'abdication; lo en cas do

déolaration de guerre ; 3o lorsqu'il s'agit'd'établir unnouvel impôt.

({) Àinsi noumés parce qu'ils exerc.ent leur action à côté du souverain.

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292 OHAPITBE SEPTIÈME

Après avoir entendu les propositions du gouvepne-ment, les-membres des Etats gênéraux se retirent pouroonsulter leurs commettants. Une provinoe n'est liéeque par son vote. Àinsi, elle n'est pas astreinto à payerles impôts non consenûis par ses mandataires, si mômetoutes les aùtres provinces les ont votés. Clraque pro-vinco reste uu Etat indépendant.

Les membres des Etats généraux ne peuvent êtreinquiétés à I'occasion do leurs discours ou de leursvotes.

Le couvnRNEMENT pnovrNcrÂrr comprend :

lo Un gouDerneur, qui présiùe les états provinciauxet les'conseils provinciaux do justice, commande lesmilices et jouit d'autres pouvoirs étendus. fl est inamo-vible.

go Des états prouinciauv, généralement formés de"trois ordres z'clergé ou état primaire, noblesse ort étatnoble et bourgeoisie ou fiers état.

Les membros des états ne sont pas élus. La qualitéde député est attaché tantôt à quelque degré denoblesse, tantôt à certaines dignités ecclésiastiques ouciviles. Par exempleo un noble, pour faire partie desétats, doit prouvel plusieurs clu4rtiers (générations) denoblesso (quatre, six, huit, suivant les lioux), posséderune terre à trois justices et d,es ïoiens d,'une certâineétendue" Les évêqrres, les abbés de quelques monas-tères, cortnins dignitaires des chapitres fonù, de dr"oit,parbie de l'état primaire. Le tiers état est représentépar lcs bourgmestres, par tout ou partie des échevins,quclquefois par les doyens des métiers dansles grand.es

villes; onfin, par les bourgmestres d.es petites villes.Les états provinciaux sont assistés d.'un c.onseiller

pensionnaire ou greffier, d.'un receueur (fonctionnaire

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pÉnroon BouBeureNoNNE-anrBrcurENNE zz3

strpprimé aujourd.'hui) et d,'une commission perma-nente.

Comme les Etats généraux, les états provinciaur sontconvoqués par le souverain. Ils ont lo droit do pétitionof celui de remontranoe, qu'ils appuient au besoin durefus de I'impôt. Mais leur rôlo est surtout financief.Ils votent les impôts, Ies répartissont et les perçoivent.Les membres des états provinciaux jogissent aussi de

. l'immunité parlementaire.Chacun d.os ordres tlélibère séparément et il faut lo

consentement de tous Jes trois pour emporûer Ie vote.De là cette formule : Un état, deux (tatsrpoint d'état;frofs étatsi un état.

3o La commission permanente, choisie par les étatsprovinciaux et dans leur seiu. Elle est chargée deI'expédition j ournalière dos affaires.

L'allrrNrsrnATroN r,ocan,E comporte trois pouvoirsqui se font contrepoiils, savoir :

' ro Le baîlli (écotttète, amman, maiettr, etc.), agentd,u pouvoir central

zo Le tribunal des écheuins, où d.omine ordinairo-ment la hauto bourgeoisie. Les échevins soirt etéléguésaux états; ils jugent leurs concitoyens en premièreinstauce, au civil et au criminel, et, en appel, les jus-ticiables des communes plus petites placés sous leur.juridiction; ils administrent les finances de la ville,répartissent et font rentrer les impôts (r).

30 Le peuple, représentè dans les conseils do Ia

(,1) Ils sont aussi considérés comme officiers chargés de recevoir les cortratspassés entre lours justiciables. Ils ont le droit de passer les testaments etautres actes de dernière volonté. Ils font ainsi, en qûelque sorte, l'office denotaires.

Yoir Ptcre, Mëmoî,re sw la lëgislation et les tribunaua dansautr i, chiens au ant I'i,nu osion ft'ançaise. (Mén. Acad., { 893. )

Y. Mirguet et Ch. Pergameni. - Hist. de Belgrque.{919.

les Pags-Bas

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9,24 CEAPITR,E SEPîIEME

communo par les chefs des corporations, doyens ougouverneurs et jurés.

Classes socialee..- L^l xonr.ussu. - Les nobles sont devenusdes courtis&ns. Charles.Quint les uomme volontiers aux plushautes oharges d.e I'Etat. Mais leru, pouvoir sur les terresseigneuriales est considérablement réduit. Dès lors, un noblen'est plus rien par lui-même, mais seulemont par I'importancedes fonctions qu'il occupe. .

Lu clnncÉ. - Les évêques belges ne peurreut recevoir I'inves-titure épiscopale qu'après avoir 6tô agt(:Qs par Ie gouverne-ment. Avaut cle publier les bulles du pape ou leurs mando-ments, ils sont tenus de les soumettre au conseil privé. Desmesures sont prises pa,r les d.ucs de Bourgogne et par Charles-Quint pour ralentir I'accroissemeut de la forturrq ecclésiasticluequi échappo à I'impôt, circonstanec dont I'effet est de réduirc,sensiblement les rsyenus de l'Etat.

LÀ BouRGEorstE ET LE pEUpLE. - Dans les campagrres, la situa-

tion clu peuple s'est notamment améliorée; Ia différence entrela condition dôs villageois et cqlle des citoyens urbains tend à .

s'affaiblir. Sans doute, le clergé perçoit toujour"s la dîme surIes campagnard.s et les seigneurs n'ont point tout à fait perduleurs droits aux tailles et aux corvées. Mais l'6tendue des unes'et tles autres est exactement déterminée et ue dépentL plus ttre

l'arbitraire. C'est là un grand progrès.Au sein dès états provinoiaux et dss Etats généraux, Ie

tiers, formé de membres clui représentent à la fois la bour-geoisie et le peuple, constitue uno force dont les gouvernantsont désormais à tenir aompto.'

Justice. - Les placards sont des espèces d'affichespar lesquelles les pouvoirs publics portaient les lois etdécrets à la connaissiùnce du peuple. Mais le uom d.e

placards est particulièrement attribué aux édits reti-gieux. Les placards de Charles"Quint contre les pro-testants sont demeurés célèbres. fls étaient d'unesévérité exeessivs et leur stricte application susciteraou gra,nd"e partie les troubles du règne tle Philippe fI.Lre crime d.e contravention aux placard.s était jugé par

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' pÉnroop BouReurcNoNNE-arITRrcrrrENNE zz5

les tribunaux séculiers, tandis que la question, d.'hérésieétait tranchée par les juges ecclésiastiques.

Les tribunaux. inférieurs d.es petites oommunesrelèvent de ceux de quelques oommunes plus impor-tantesn dites chefs de sens. Dans les tribunaux desvilles, chefs de sens, le souverain ost représenté parun magistrat, maieun oa baillL, d.ont iI se réserve lanomina,tion.

= En chaquo principauûé-, iI y a un tr.ibuùa,l d.'appelauquel'ressortisssnt tous les, autres tribuuaux, mêmeles échevinages cles grandes communes. Ce sont lesconseils prouinciaux de justice.

Les juges dÊs conseils, provinciaux, de justice sontiaamovibles.

Il existe, à Malines, un grand conseil de justico qui

.a pour attribution essentielle de juger en appel les sen-tegces des conseils provinciaux. A certains égarcls, cotribunal correspond à uotre eour de cassation.

Parallèlement aux tribunaux publics, il. existe destnibunaux privés i eours fëodales, ressortissant auxconseils provinciaux, et officialfûés qui jugent souve-rairr'nnent. I

PnooÉnunn. - La poursuite d'oftice est définitivo-msrt entrée dans les mæurs et dans les lois. Malheu-reusement, la procédure écrite e-t inquisitoriale rem-placo, à cette époque, Ia proctâd.ure orale et publique

Brécéd.emment en usage. Dans les poursuites, I'accuséet les témoins sont interrogés secrètement, leurs dépo-sitions recueillies parr écrit et siguées. Les juges (r)forment douc leur opinion sur des pièces écrites.L'accusé n'a pas d'avocat; il so défend lui-mêmo. Le

({) Dits i,nquîsiteurs en certains tribunaux ecclésiastiques : d'oir le nom deprocédure î,nquîsîtori,ale donné à ces procétlés judiciaires.

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226 FÀPITRE SEPTIÈME

plus souvent, les juges statuent sur les procès-verbauxtle I'enc1uête et de l'intèrrogatoire; ils n'appellentllacousé que pour lui faire"connaître leur sentence.

Pour obtenir un prompt avqu des coupables,les iugesreeourent ordinairement à la tarture.

L.l tontunu 0u QUESTIoN. - On Ia dit' ordinaire ou exttaordinaitesuivaut sa rigueur et Ia durée pendant laquelle I'accusé y est

soumis. Elle so d.onne d'au moins quinze manières différentes.Nous ne ferons connaître clue le supplice d'as brodetlains.

On fait assooir I'accusé; on serre entre deux planchetteschacuue cle ses jambes qu'on.rapproche ensuite et c1u'oL liosolidoment. On introctuit alors entre les tleux plauchettes du

miliou, soit quatre coils pour la quostiol ordinafre, soit ftuffpour I'eæfraotdinaire. On frappe ensuito sur cos coins à coups

recloublés et bientôt on voit Ia poau clu paticnt écla,tcr, Ie sangjaillir au loin.

on pousse d'ailleurs la cruauté à des raffinements incroyables.I1 existe, par exemplo, un principo universellement mis en,pratique : cclui d'appliquer la cluestiou à la fille en présence cJo

la rnère of cle la clonner à la femme sous les yeux clu mar"i, avantcle les y soumgttro eux-mêmos. On spécule aiusi, pour obtenird.es aveux ou des révélatious, sllr les sentiment-s les plus tendreset les plus sacrés.

PÉulnr'És. --Les principales pénalités applicluées sont : lesupplice du fouet; oelui cle la terge (flagollation) ou da bâton(fustigation) et celui d,ela, claie,'la peine dupflori, celle clu carcanet cle la marque, toutes trois réputées infamantes,' enfin cellescle L'emprisonnement et de la mort.

I'a claî.e consiste en une espèco d'échelle sur lacluelle on étendle coupable et surlacluelle on le traîne jusqu'au lieu patiltulaite(t).

Dans la peine dupilorir le coupable est att'ac}o.ê à uu poteauor;.pilori,lo col euserré dans un large collier de fer'orr carcan'et obligé de faire face au public. Souvent aelui-ci insulte lemisérable et lui lanco à la tête toute eqpèce de projectiles.

(l) C'est-à-dire du gibet. 0rdinairement le gibet, se compose de deux grandspiliers de pierre, réunis par une grosse traverse en bois ; à celle.ci est attachée

uns chaine de fer qui se prolonge en une corde solide terminée par un næud

coulant.

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pÉmonn BouRcurcNoNNE-aurRIcrrrENNE zg7

La peine dela marqze consiste dans I'application, sur I'une ouI'autro partie du corps (l'épaule, lo front, les joues); cl'un ferrouge marqué de certaines lettres ou de certains emblèmes.

Lrs pnrsotcs. - La vie dans Ies prisons est cluelque chose

d'affrcux. Les prisomriers de tout sexe et de tout âge y viventmêlés, ce qui engendre des contagions cle clivers genres. Unofièvre spéciale, dite f.èore des prisons, sér'it p.armi eux de façonendémiqûe.

Les modes d'application do la'peine capitale les plus fré-quents sont Ia pendaison ét la noyade, Celle.ci s'oxécute en liantdanà ufi sac le conclamné qu'on jette ensuite à I'eau. De I'usagede ces cleux geures de supplice vient I'habitude de clualifier.degens de sac et de corde les intliviclus, gui, à raison de leur" na,u-vaise concluite, semblent préd.estinés à être noyés ou penclus.

La mort par le bûcher est réser.véo aux hérétiques et aux sor-ciers. Après avoir plauté un gros poteau sur le lieu d.u supplice,on disposo autour, par couches alternatives, des fagots (r), clesbûches et de la paille. Un espace vide est laissé entro Ie poteauet le combustible. Un couloir permet tle se rentlre de I'extérieurà I'intérieuf. Revêtu d'ulre chernise ct d'un bonnet soufrés, cos-tumo tlit san benito,le condamné est introcluit à I'intérieru' otsolitloment attaché au poteau par le milieu du corps avoc -unoohaine de for, par les piecls et par le eou avec des cordes. Le fcuest ensuito mis au bfrcher de plusieurs côtés à la fois. it estdéfentlu d'inhumer en tene sainte le cadawe d'irn supplicié.

Le suicide est puui avec ignominie. Après avoir traîné sur uneclaie le eorps du suicidé juSqu'au lieu ordinairo des exécutions,on Io pencl à une fourche. Tout ou partie rles biens du mort sontconfisclués.

L'rllpurstttox. - L'inquisition était un sy'stème judiciaireecclésiastique c1u! avait pour objet la recherche et le châtimentdes hérétiquss. Divers ordros religieux, entre autres les <tomi-nicains, furent chargés do fournir des juges inquisiteurs aux-quels chacun, clerc ou laio, doit, lo cas échéent, prêter sonconcours. Les. incluisiteurs pouvaient en tout temps pénétrerdans les habitations où ils soupgonnaient la présence d'héré-

({) Sentir la fagot, c'est être soupçonné d'hérésie, d'inpiété, par suite avoirlieu de redouter le btcher.

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e28 CEAPITRE SEPTIÈNTE

tiqueÉ, dans les fastueuses habitations cles grautls comme clansles humbles demeures des panvres. Les incluisiteuls pronon-

çaient sans appel. IIs communiquaient Ieurs sentences auxcorrrs provinciales ou échevinales, qui étaient chargées tle lessignifier aux condamnés et clo lcs rendre exésutoir"es.

Telle était I'inquisition épiseopale. Chaæles-Quint s'apor-sssa,nt que ce système n'étaiti pas assez énergique ni efficace,résolut d'introduire a,ux Pays-Bas I'inquisition espagnole ouinq'uisition d'Etat It dut renoncer à oe pnoj'et, mais il organisaun syrstème népr.o*sif, drireetement inspiré rle cetrui en u,sago'arw'

Saint Office espargrroili François Van der llulst iut chaægé

dn r5ee d.e rechercher et emprisonner les hére{iques et on luidonna plei"ns poiu.voirs.. r< La r€pression cl.e I'hérdsie devientdonc un servioo publio, r puisque c'est I'Etat qui I'orgauiso,saals que I'Egliso ai,t à s'en préoccuper (rl. Le pùpe ne-voulantpas perdre do ses prdnogatives nomma à son toun en rSaB

le commiss.ai.re gouvern'enental FratgoisVan der llulst iuqui-siteur général, quoique. Ia,lque. Il fut déposé du chof cle fa,ux.Oharles-Quint slentendit a,lors avec le pepe et lui présentaquelgues inq;uisiteu'rs. eoclr4siasticlues q,fin qu'il les nommât-Il en fut désigné trois. Ainei existèrent côte. à côte une inquisLtion mi-publi,q.uq mi-ssalésiasticlue et I'a,rrcienn€ inquisitionépiscopale.

B ienf aisance- - Fendant la" présents périotle, I'aclministration,do Ia bienfaisa,no€ pasea des nains d'u cfergé en, ceiles desmagi sûrats ootrmnûamx oÉvils

En aueun pays do IJEæo4le, orI- rJ.o.renconlrait autaut dinsti-tutions charitables qus drano's les Pay's-Bas. Néanrmoi,ns, sou6I'action d'rine charité mal entondue, la mendicité augro'enta,alors cguro I'iad.ustrie eû l"a,gr"icul,turo mamquaierrt de brasr lamendicité rappor"tant plus q.uo le travail EIle se développanême au poinû ttre devenùr un danger publ'io. Pour enroyer'Iemal, o!. se,vi,t coutraint de recourir à des rnesures énergiques"On inter.dii alrsotrrunent la, mendicité, sanf aux infirmes et a.uxvieillart{s pourvus d'u.ne autorisa;tion. tr'autoritéimposa en oulraaux menùiants I obligaiion do- porter au corr. m.. sign e. distinctif-On poursuivit avec rigueur les va,gabonds, leur infligeant cles

({) Pnuxwn, Hîstoirede BelgiEte, t. III, p.336.

t

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pÉnronn BorIBeIrreNoNÂrE-ÀrrrRroErENNE 229

poines sévères, ûelles"quo la marque, Ie fouet, lo bannisssment

of même la pendaison en oas d'excès oommis.

Finances.- Ires Éevets{Ls de t'Etat consi'staient principalernent':

r,o tlans leg rrevsnus des domaines; so,dans I'affermage ou la

veute cles charges"et des emplois. Cblui qui o.btenaitune charge

à terme devait pa,yer de ce ehêf "une rsnte ssrruel'le; colui clui

I'aohetait en faisait son lrien patrimonial et Ie transm,ettait à.

ses enfants héréditairement; 3o clanS les pnofits clu nonrl'ayage'..deve1u le privilège exclusif tlg 'Êtuvera,in; (o dans les 'aides etsubsides,des trrovinoes. Tandis que I'Espagrie.a'Ysc les fameuses'raines d'or clu Mexique et du Pérou ne rapportait annuellementà Charles Quint c1u'un demi-million d'écus d'oro les Pays'Bas

lui fouruissaient uD reyenu quartre fois plus considérable.Les aides et les suhsides devaient être tlemandes par le prince

et consentis par les états. La Belgiclue était dite, pour co

motif, nû pays de demande (la+d oa4 bede).

Les buclgets n'étaient pas publiés, de sorte que I'usage faitpar lo souverain cles'revenûs de I'Etat échappait à tout con'trôle. Il existait pourtant trois chambres cles comptes (à

BruxeUes, à La Hayo et à Lilte) dont I'objet était de mettrecle I'ordro dans la eomptabilité et d'èmpêcher les dilapi'dations <les agents comptables par une vérification régulièredes comptes.

Guerre. - AnuÉns PERMÀNENTEs. - Lo premier des princes

belges, char.les le Téméraire songea à sréer une armée perma-

uente par la formatio-n d.e bandes d'ordortnance. Claclue bando

était composée cle cent laàces. On donnait lo nom tle lance à ungroupo de sept à quinze soldats doDt le clref est armé d'une

lance.ÀnnrnUgUt. - A cette époque, .on jugeait encore souvent I'a,re

et I'arbalète préférables aux armes à feu. Un cortain nornbre de

soldats étaient oependant armés d,e bâtonq à feu, espèces de

longs o5ùindres cle fer, Èans closse, la1çant de grosses ballesdo plonb. Lc bâton à feu était fort lourd; pour' lo d.écharger, on

le SoutenAit au mOyen d.'une fourohe. Les premiers canons la,n-

gaient dos boulets de pier.re à la portée d'un arc. Les gros

cauons courts s'appelaieut cles bombatdes (d'où le termo bombat'

dement).Les bâtons à feu sont successivement remplacés : a) par

' l'at:qdebuse (à, mêehe, d'ilvention aspaguole ; à, rouetr'd.'origine

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a3o oHAPTTRE snprrÈur

allemande), g.d, très lourde, exige I'aide d.'une fourche d'appui;ii)par le mousguet, arquebuso allégée de fagon à permettre lasuppression de la fourche. Le pfsfolef, réduotion du mousquet,apparaît vers r5((. Mais Ies a,rmes à feu à main ne rendront deservices appréciables dans los armées qu'à partir du r'vrre sièclç-illême à oette époque, Montaiguo éorit encore : <c Les armes ùfeu sont de si peu d'effet, sauf l'étonnement des'oreilles, clu'onen quittora I'usage. n

Arts, scienceset lettres. - La boussole étaitpr.obablement cotrnuedes Chinois plus de deux millo ans avant J.-C. Les premiersnils auraient découvert que Ia pierro d'aimant attire le fer etqu'ello se toume vers le nord lorsclu'elle est disposée de façouà se mouvoir librement. La boussole so composa longtempsd'une simple aiguillo aimantée posée sur un fétu de paille ousur un rnorce&u cle liège dans un vase rempli d'eau. FlavioGioja, un habitant d'Amalfi, près de Naples, {ui vivait auxwc siècle, tiut I'idée de suspenclro.l'aiguille aimantée par sonmilieu sur uu pivot placé au centre cl'uno roso des vents ct d'uncercle divisé on tlegrés.

Ce perfectiounement apporté à Ia borissole permit aux maringde s'aventurer.loin des côtes et de traverser les océaus. Grâceà lui, Christopho Colomb put découvrir I'Amériquo en r{,g2,Yasco tle Gama, tloubler le qap cle Bonne-Espérance (r{97-r(g8)et Magellan fairo le tour d.u monde, en r5er.

De ternps immémorial, les Chinois employaient la poudrepour err faire des feux d.'artifice. En mêlant dn chalbou, dusoufre et du salpêtre purifié, les Arabes obtiurent la poudre àca,non, capable de produiro le jet cl'un projectile à granclodistance cn le faisant passer à travcrs un tube métalliqus. Dèsr3a5, les Florentius fabr"iquaient tles canons en métal pourlancer clos boulets de fer.

", L'invention de la poudre grandit Ie pouvoir des'rois, seuls

assez riches désormais pour posséder et entretenir de I'artil-lerie; elle acleva de ruiner la féodalité. Les cuirasses cles

barons et les mur'-s cle leurs châteaux ne suffirent plus à renclreIa noblesse invulnérable contre les attaqûes d.'un ennemi poru.vud'armes à feu. Ainsi I'invention de la poudre établit l'égalitésur le terrain militaire entre les tliverses classes socialcs.

Orr iuventa les montres à Nuremberg dès la fin du xve siècle.En r5(3, Copernic établit le vér'itable systèrne du moncle en fai-

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pÉnronp BouReurcNoNNE-aurRrcHrENNE g3r

sant tlu soleil uno étoile fixe autour de lacluelle gravitent lesplanètes et en partioulier la terre.. Gérard lllercator, tle Ru.pelmonde, né eu t5re, mort à Duys-bourg on r59(, fut un grand mathématicien et un savant géo-

graphe de I'époque. On lui doit le système cartogtaphiqueoonnu sous le nom de projeetion de Mercator.

Abraham Ortelius, d'Anvers, né en r.527, mort en 1598, autlogrand géographe bolge, fut, avec Mercator, le créateur do lagéographie moderne. On lui doit le premier atlas connu.

Anilré Vésale, de Bruxolles (r5rd-r56{), a été surnommé lepère de I'anatomio. Il ramena les médecins et surtout les ana-tomistes à I'observation do la nature. Jusqu'alors on u'étudiaitla structure clu corps humain que sur des animaux et en parti-culier sur le singe, I'Eglise interdisant la tLissectiou des cada-vros humains. Le premier, Vésale opéra la dissectiol.du corpsdo I'homme. Ses découvortes sn anatomie procluisireut une révo.lution complète dans I'art d.o la chirurgie.

La littér'ature française conservo les faveurs du mondo de Iacour, mais elle ne produit plus que des oeuvres secondaires. Aureste, l'élément gernlanique qui a pénétré peg à peu dans lescor"clos aristocraticlues ne fait qu'altér'er la pureté du langage.Cepenclant, vers r55o, la masde clu peuple, au dire des historiensdu temps, ne considère pas le fraugais oomme une langue étran-gère. < National daus Ia partie méridionale clu pa)s, il s'estacclimaté dans lo norcl et contribue pour sa part ri maiutcnirI'unité des dix-scpt provinces (r\. > .

Le flamand continue d'être négligé, voire méprisé sous despr"inces frangais ou allemands d'origino. Il n'est plus guèrocultivé que par les chambres de rhétorique.

L'objet de ces sociétés est de donner tles représcutations clra'maticlues. blles existent dans toutes les Iocalités iurportautes etparfois jusclue dans les plus petits villages. Ellcs organiseutfréquèmment tles colrcours clui sont I'occasion do processionsmagnificlues et dans lesquols on exécute cles pièces cliversesr,

drames et farces, pour I'amuseme-nt ctu public. Les sociétés con'cu-rrentes s'y disputent tles prix attr"ibués aux meilleures com'positions littéraires. A I'oeca,sion de e.os fêtos, le magistrat du

({) Prnunnu , Hiitoire de Belgique, t.,IlI, p. 318.

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z3z cEÀPrrRE snprrùum

liou s'ingénio à organrser des réjouissances pubtques, propresà on augmentor l'attraction. Ce sont des' feux do joie - à

Ànvors, dans un certain conooursr on fait flamber à ld, fois, surle bord du fleuvo, oinq mille tonneaux tle goudron - des courses

tlans les'sa,os, des courses do canards sur Ïeau, des ;'oux de

baguo, et0., etc.Groyances et ïnstitutions religieuses. -LES P1OTSSTÀNTS, - En r5r7,

Iruther, moine augustin allomancl, osa oontsster publiquementI'efficacit6 des indulgenc€s. Exoommunié en r5zo, il nlen con-

tinua pas moins la propagation. de ses idées, atûaquant ohaquo-

jour sur de nouveaux p<iints la ctoctrine catholiquo romaine-Lacliète tenue à Spire en rSzg ayant tlécidé, de rsmettrs la disous'

sion des dogrires aux soins d'uu conoitro gén6ralr. les parùisans

de Luther protestènent vivemont contro' oette,cléoision :' dloù

leur nom de protestants. La'Réfo1'ge fiû, 6tâûs les Frys-Bas, cle

grands et rapitlês prognès.Beaux.arts, - La liberté eÛ la rrichesse publiques"o:at de trsut

tomps engendré te goirt des arts. A poine les communes sont'elles parvenues à co haut, degr6 d.e prosp$rité c1u'elles atteigni'rent sous les Van Arteveltle que nous Yoyons lês beaux-artsprendre le plus vif essor clans notre pays. Les ducs de Bour-gogne les encouragent, toutefois plus par vanité qu€ pâr sincère,a,morrr de I'art.

Le gothique tortiaire et môme larc sarbaisséenaeaolade(palaisdes princos-évêques, à tiége) ouen anse de panier dominent clans

les monuments belges du xne et tlu xvno siècle. C'est une époquedo décadence pour l'arshitecturo gothiclue. L'ornem€ntation dss

édifices a parfois quolquo chose d'exaessif, de coufus,-de tour'menté, où le goû.t somble faire défaut.

Le palais des princes-évêques de Iliége en gothique torÛiaÎre(r5o8-r5do), est considéré comme le plus. beau palais de eouve-

xain qui ait exïsté'en Bolgique et même somme fun dee plus*Ëïîîl"tffr-ft:Ëiff#ffi:;

du xve siècre, né à trremringenprès de Mayence, peigniù ses plus bellês ærlres' à Bruges. trl"y*"#iti

#3i*tr,né àl r;ouvain (r(66'rdge), fut d'abord rivrse'ion ouplutôt cisoleur efl fer. It a laissé'en sette qualité dbs

æuvr'es d'uno délioatesse et d'un fini rsmarquables. Slétanû rmis

à manior le pinceau, fl. deviirt bisÉôt, I'rro, [email protected] ilfumtres '

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pÉmonn BouRertrGNoNNa-aurRrcHrENNE t33

peintres dé son époque. Il habita presqu€ toujours Anvens.

Çertains sculptours belges du xIYe, du xve et du xvre sièoleétaient doués d'un talent véritablement supérieur, aon-fiuantparfois au génie, si l'on en juge pa,r un grand nombre d'æuvr;os-

admirables produites à cette époque. Les jubés, les tabernaeles,Iqs stalles cle chæur, les aigles, les chairos d.e vérité, les eon-fessionuaux, divers tombea,ux élevés alors pour les grands,sont, tï bon droit, cités comme'des m.erveilles.

La tapisserie, espèce de peinturo sur lailre, fut autrefois unoindustrie essentiellement belge. Faites tle fils cle laine aux vivesôouleurs, Ies tapisser"ies flnmandes ont dans le monde entier,du xwe au xYle siècle, une réputation neritée. Elles retraeent tlspréférence des scènos hietorielues ou des légendes empruntéeseux pa,ys du Nord. À ello seule, Audenæde occupait ù cetteindustrie douzs à eluinze millo per$onnes.

Il se procluisit'en Europé, '&n xvo siècle oi au xYIq, ulr trrorryo-ment musical tr"ès renarquable auquel la Belgique prit Ia pluslargo part. Elte four"lit d.s nombreux musiciens, exécuta,nts ouoompositeurs anu( cours priteières et aux .églises ile l'étranger.On appela,it nos aompatr"i.otes les maîtres et les 'restaurateursde la rnusique.

Farmi les noms dlee musioiens célèbres do l6poq.ue, eitons :

Rolanil de Lattre, surnom,mé le prince des musiciæs, né à Monsen r5ar, mort en r59( maître d"o ohapelle àMunich.'C€ fut ungénie d'une extraortlinaire fécondité. On lui attribue deux millequatro oents compositions,musicales. Avec lui .finit la royautéexercéo par la Belgique dans I'art de la mùsiqt*o.

Agricullure, industrio, commerct. - AcnrcuLTUnE. - La Flandreremplace I'industrie des laines, tomLrée en décadence, par cellecles toiles, ce qui I'obligo à so livrer a,vec activité.à la culturodu lin. Lo système de la jachère Gommerrce à se perfectionner.On travaille, ôn fumo la teme en jaohèro'; ou lui fait produiredes plantes qui vivent moins du sol quo de la nourriture tirée do

I'air, comme.le trèfleo lo pois, la vesoo. Nos jardiniers jouissentde la plus gra,rrde réputation et l'étrangor recruto les siens ahez

Dous. Cathorino. d'Aragon, reino cl'Anglete[no, tlo peut obtenir'dgla salade à ses repa,s avaut que son mari ne lui ait procuré.un. jardinier flamand. Ce sont aussi des j'arcliniers belges quiimportent la cerise en Angleterre. -

Inlusrnm ET colmIERcE. - En frappant à coups redoublés les

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234 CHAPITR,E SEPTIùMD

plus importantes communes du pays, Ies ducs d.o Bourgognetarisseut dans leur soru'ce llndustrie et le commerce nationallx.

Sous I'influence du luxe cléployé à la cour et imité par lariche bourgeoisie comme par la noblesse, les arts de luxe sedéveloppent et occupent une partie importante cle Ia popula-tion. on voit ainsi fleurir.l'industrie des fapfs, celle de la tailleda diamant et celle du pornf de d.entelle, clont I'invention cstdisputée à Ia Belgique par I'ftate.

La grande industrio reprend aussi vigueur sous les règnestle Philippe le Beau et de charles-euint. a l'avènement clePhilippe rr, Bruxelles est devenue uro grande et belle villede roo,ooo habitants. L'industrie des armes, celles des tapis etdes dentellos y occupent une nombreuse popuration ouvrièr"e,répartie en cinquante-deux cor?g de métiers ou naffons. En uneseule eommandeo le pape Léon X lui achète, pour le Vatiean,des tapisseries faites d'apr'ès les dessins tru célèbr'à peintrieitalien Raphatil et qu'il paiera 5o,ooo couronnes d'or.' Liége est enfin sortie cle ses r"uines, Ses forges, clont larenommée s'étend aux plus lointains paxs, n'ont pas tartlé à luirefaire une brillanto prospérit6. sa population dépasse aussiroo,ooo habitants et I'on répète ce dicton : < Lié_ge a du painmeilleur que du pain (le pairi tto froment), du fer plus ctrur quodu fer (l'acier) et du feu plus ardent que du feu (le charbon). >r

Namur et Dinant prospèrent égaloment..il en est de même deGand, qui compte une population égale à celle ds Brrixelles etde Liége. cette ville occupe soixante milIe ouwiers à Ia fabri-cation des draps, cle la serge et de la futaine

Yers 156o, la population d'Anvers s'élève à plus clerSg,ooo âmes. on voit jusqu'à deux mille cinq cents vais-seâ,ux réunis en même temps dans son port, Faute de pouvoirarriver aux quais, ,des navires restent en rade pendaut dessemaines entières. on y oompte plus de cinq cents palais otautant de bourgeois capables de prêtor à eur seuls eu souve-rain r ou e millions de florins, sinon do rui en faire cacleau, àI'exenple du fameux Jean Daens. ce richo négociant d.'anversayant invité Charles-Quint à un grand, dîner, allumo, au clessert,un puneh à I'eau de'vio avee un reçu de B miuions tle flori:rsclue lui doit I'empereur, tlisant : << Sire, je suis assez payé parI'honneur quo yous me faitcs. >r

Découysrts do I'Amérlque. $on influence sur !e commerce betgo. - La

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pÉnroon BouRcurcr\oNNE-aurRrcHrENNE g35

désouverte cte lâmérique se fait au profit immédiat de I'Espagne

dont lo souverain ost en même temps le nôtro. cette circon'stanco donno une activité et une importance nouvelles à notre

industrie comme à notre commerco. L'abondance de I'or faciliteles transactions, les échanges et les entreprises tle toute sorte'On voit un grand nombre tle persorur.es, issues des familles les

plus humbleS, édifier en pcu de-tomps tles fortunes colossales.

Ainsi l'égalité sociale s'établit sur Ie terrain de I'industrie et. du oommerce.

vis domestiquo, coutumes et m@urs. - NounnITUaE. - Transplau'tés aux autillos, le eafé etrla eanne à sucte y prospèrent aupoiutd'entror dans la consommation usuelle des nobles et des riches

particuliers. comme plantes alimentaires nouvelles, nous

devons à, I'Amériquo : le maib',\e topihambour rla tomate,l' ananag,

enfin la pomme de terte longtemps réservée au bétail. C'est d''elle

aussi que nous viennelt le tabac,1o qainquina et'le choeolat,

mélango de casao et rle sucre aromatisé avec de la vanillo ou clo

Ia cannelle.vÊrnmnnr. - Le goùt de la parure est excessif sous Philippo

le Bon, Les riches chargent leurs vêtements do broderies d'or

et d'argeut, parfois do pierreries. Jusque dans les classes

ouyrières, on se vêt de velours et de soie.' L'usage du linge de corps.ilevrent universel à partir d,u

xye sièsle. Avoir boaucoup de beau linge en réserve est I'ambi-

tion de toute ménagèreIIÀBITATIqN. - Les nobles afuandonnont leurs antiques.châ,'

teaux, inhabitables eri sommér et cl'ailteurs devenus inutiles en

tanù que forteressesr pour se bâ,tir, au pied de ces vieuxmanoirs, cles clemeur"es plus gaies, plus confortables. Ils en

revêtent les m.urs intérieur"s de tapisseries ou de teltures do

. cuir". Ils les ptanchéient et font usage d'e tapis de pied' Les

"t îT ;iJ,::'ffi"]; ili:Ïl:.mp asn ar. s, I a prup art de si mp r e s

trruttes, restelt malpropres, soidicles, malsaines. Les plus belles

sont construites en torchis et couvertes tle chaume. Rarement

elles sout munies de fenêtres ou de cheminées; la fumée continue

à sortir par la porte. ainsi ce sont surtout les classes riches qui

profiteut des tlécouvertes et des inventions nouvelles.

MostLIER. - Il devieut abondalt et confortablc ehez les gens

aisés. De cette époque datent los beaux meubles en ehêne

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236 CEAPIT.BE SEPTI]ùME

sculpté, si recherchés aujourcl'hui. c}l.ez les plus mod,estesbourgeois, Ia vaisselle et les cuillers d'étain se substituent à Iavaissello et aux cuillors de bois. Les fourchettes sont toujourspeu ernployées (r). Pour la litorie, on emploie généralement desclraps en toile, des couvortures do laine, dos aoussins. A cetteépoque, les premières voitures apparaissent, non .sans excitcrle plus vif étonnenrierrt.

EcLAilrAçE. - Q]o.ez les r.iches rbourgeois, a]oez les nobles etchez les princes, on s'éclaire au mo;ten de fld,mbeaux portéspar des valets. Mais chez les gons clu pouple, il n'y a, encored.'autre éclairage quo celui du'{oyer. Les ehandelles do suifresteut à un prix inaborclable. Les chandelles de cile se mon-tront au xve siècle. On les appello ba:o.gies, du nom de la villo clcBougie clui fournit beauooup de oiro.

Lus uonuns. - La dépravation publiqueprend des proportionsinquiétantes sous les princes de la Maieon do Bourgogne. teskermesses, Ies o-mmegangen, les concours orgenisés pa,r leschambres de rhétotiquo sont I'oocasion de dépcuses et eleparades luxuouses. La sobr{été dans le boiro et le ma,nger n'a,jamais été revendiqqée coûune une.vertu ossentiellement bolge.Elle no l'était certes pas au temps dos prinoes de Bourgogne ebd'Àutriahe. < Les g:ens des Pa.1-s-Bas, dit un contempora,ir,haussent volontiers le gobelet, tiennent bonno table et rorrguo. r>

({) a tes fourchettes, gui n'ét*ient pas connues des anciens, dit l'Interné-diaire des clfercheurs, furcnt .mises en usago en France sous Ie règne deCharles V, mais elles n'étaient alors qu'un instrument servant à dépecer lesviandes, dont les morceaux étaient ensuite offerts aux convives.

r Sous Henri [I, en 4558, I'ordonnance d'un festin comprend c une trousser de cuir doré contenant forches et cousteàux pour servir la viande r. Lesmusées et les collections particulières possèdent des spécimens de ces four-chettes à deux branches. Les estampes du moyen âge parvenues jusqu'à nousmontrent toutes des convivos qe servant soulement do couteaur et de cuillers.

r Dans uno de celles que le bibliophile Jacob reproduit dans son ouvrâge :Mæurs et couhtmes d,u mogen d,ger tn instrument qui répond à peu près ausignalement d'une fourchette se trouve bien sur la tableo à côté d'un des per-sonnages du banquet, mais en face de celui-ci, un autre convivo met, carrémentla main dans Ie plat, dont il empoigno sans cérémonio une portion du contenu.

r Aucune trace de fourchettes dans Rabelais, à notre connaissance, nonplus. Le cuisinier du riche Gamache, à défaut decuiller, n'y va pâs pâr quatroehemins et plonge un poêlon dans Ia marmite, dont il ertrait une poule et unoison qu'il donne à Srnche. r

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t

pÉBroDE BouRGrIlcNo.r(NE-ÂrlrB,rcErENNE 231'

En vu.e de néprimer los désordonnées a hsuve1.res.eb iwogXrories n

Iors des dédicaces, fêtos et kermesses, d'empêcher los homicittes

et autres fu.nestes suites qui enrésultent, cha,rles"Quintn en ce

point lo précurseur de Josoph II, porte un édit aux tslmog

duquel toutes les lêtes losa,les doivent sc célébrer le même jogr,

fixé par lo gouvelnement d'accord ayec leq aonsoils proyinciaufde justice. Aucune no pegt durer plus d'un jour'.

W. - considérations g6uérales'et vue d'ensemble (l).

Lâ période bourguignonne.4utrichienne forme, dans notrehistoire, une époque de transition. on y assiste à la lutte duprincipe d.e liberté et d'autonomie communales contre 1o prin-'cipe d'autorité et do oontrausq-tion. Le moyen âge avait offertle spectacle de heurts violents entre les aspirations oontrairesdes cliverses classes sociales, jalouses les-unes d.es autres. A.

l'époqqe boprguig:ronne'autrichienne, le problème se simplifie :

vaincue par la royanrté, la féoda.lité s'est. raiuéo pa,rtout &r soll-

verain] le olergé fait de même. Cela est vraï en Belgique cornrns

en n'r6nee. Philippe lo Bon, Charles le Téméraire, Philippe leBeau sont aussi puissants da4s nos contrées que des mqnarques.

Deux antagonistes restent tlono seuls on présenoo : le fueuple

of 1o sozue rain,celui-ci a,ppuyé sur le elergé atr la noblesse. Entreles de'ux adversairos,la lutte est longue et terribl'e. Les grancles

oommnnos, malgré toute leur énergÏe, voient peu à peu tlimi'nuer leurs libertés, leur autonomie et leur importanoe politique,autant par leurs fautes d'ailleurs que par I'ambition des princon.

Funestos à I'industlie of au comFerce, los conmotions popu', laires qui, tous les dix. ans, ronyersent les constitutions_ exis-

tantes, entraîneut après elles la misèr'e et la ruine.Comme ces luttes ne laissent nirepos nitrêvo à la bourgeoisie,

elles la déterminent à se rallier aussi Aux princes et à romettroses libertés entre 1u5 p&ins d.'un pouvoir oaBable doluiprocuronI'ordre et la tranquillité.

a cotte époque ss maûif,estont égaloùent des aspirations de

({) Nous y compfeaons fgalement quelçer ngtions dhistolre généralo

. puisquo pendmt touto le période. bourgufguonno-autrichierme notrg pays suitles! de$tiûéos dôs p.euples. arxquels il æt rttsûhé.

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238 CHAPITRE SEPTIÈME

plus en plus prononcées vors I'unification politiquo et la cen-tralisation aclministrative, judiciairo et financière d.u pays, cesaspirations, exoellentes en elles-mêmes, auraient sans doute,r''6alisées selon les vues de Jaoques van artevelde, conduit auxplus heureux résultats. Mais, dirigées et exploitées par ctesprinces à tempérament despotique, elles dovaient amenerI'a,sservissement do la nation.

Pour atteintlre Ie but qu'ils se sont assigné, il ne suffit pasaux tlucs cle Bourgogne d'avoir réuni toutes les principautésbelges sous leur autorité; ils tienr,ent à cloter le pays d'institu-tions propres à déterminer une vér.itablo fusion d.es provinges,jusqu'alors sans lien entre elles. De plus, ils cherchent à chau.ger les m(Eurs simplos etle caractèroénergique des populations.Pour cela, ils s'attaohent d'abord à offéminernos rndes ancêtresen développant chez eux Ie gofrt du ruxe, des fêtes et dos plai-

' sirs. Bientôt leurs efforts pr"oduiseut les fruits attendus : lepeuple s'ainollit, Ies gr.ands so coruompent.

rls s'appliquent ensuite à faire perdre le goût eb I'habitudedes a'rmes aux milices flamancles. après les défections de l\[out-didier'(r(rr) et cle calais (r{86), où ces milioes avaient donuéun si fâcheux exemple d'indiseipline, los tluos de Bourgognetiemrent leur intervention pour inefficace et dangereuse. Déci-dés à ne plus les employer, ils se créent uns arpée permanente,chose facile avec les ressources considérablos clont ils dis-posent.

Forts dela puissance qne leur assure cette armée et de I'appuidos olasses supérieures, les ducs de Bourgogne attaquent suc-cessivement les grancles commslss belges. L'espr.it particula_riste, si enraciné dans nos provinces, oa,use eu co moruent Ieplus grand tort à Ia libert6. La nationalité, comme les préroga-tives qui en dépendent, est provinciale, sinon même communale.Chaquc provi'co, ohaquo communo, peut.on diro, a seÊ garau_ties, ses droits particuliers, et le citoyeu tl'une provinco ne peutoccuper d'enploi tlans une autre, sauf réciprocité convenue orltraditionnelle.

rncapables de faire aucun sacrifice à l'union,les principautésles plus importa,ntes, oomme les plus grandes communes, sotrouvent bientôt à la merci dos princes. au lieu de secourirleurs sæurs en dauger, les cités que ces princes raissent momen-ûanément tra:rquilles assistent avec uue inttifférence égoïste et '

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F'

pEn,roDE BoURGUTcNoNNE-ÂurRrcHrENNE e3g

aveugle, parfois même a,vec une joie peu ttissimulée, à la ahutede leurs rivales.

A la mômo époc1ue, arrivent en Belgique des légistes bourgui-gnons et français qui, profondément imbus des principes tlutlroit roAain, poussent les ducs de Bourgogno à csntralisorI'administration de la jusr,ice et celle.tles fiuances.

Sous leur inspiration sont établis les conser?s proaineiauæ dojustice etle grand eonseil do Malines. Ces rouages nouveaux,elui enlèvent aux grandes commûnes leur antique juriclictionsur les petites, les affaiblissent moralemeni plus encore quepolitiquement.

L'instittrtion des cours des eomptes of même cello d,es Étatsgénéraux out uno origine et un but analogues : elles for.tifientl'æuvre clo centralisation poursuivie par les pr.inces bourgui.gnons avec une singulière ténacité.

Char"Ies Ie Témérairo continue cetto politique et la poussojusqu'à la complète destruction des riches cités qui lui portentombrage. Mais c'est en vain qu'il cherche à formsr ur royaumod.e ses Etats. Ses efforts échouent devant I'opposition desgrandes communes et,Ia jalousie cle I,ouis XI.

Ses violences et ses cruautés amènent une subite et intenseréaction contre l'æuvre séculaire clo la Maison d.e Bourgogue.

Notre pays doit à oette réaetion le grand prioilège de Mafie d.e

Bourgogne (r4-r2), Constitution adrnirablo pour" l'époquo (r), oùse trouve stipulé le droit pour les Etats généraux de se réunir àépoques fixes, au besoin sans convocation. Pareille clause, loya.lement exécutée, reud.ait probables à la longue les plus sér.ieuxprogrès politiclues.

Mais uu nouyeau marioge pr.incier, qui unit Mario de Bour.gogne, la fille unique et la seule héritièr"e clu Téméraire, àMaximilien cl'Autricho, fils clo I'empereur. Fréd.fpis fTr, uousdonne des souverains flus puissants encoro et transporte àl'étranger lo siège du gouvernement, auéantit une fois d.o plusI'espérance qu'on avait pu nourrir cle voir les libertés publiquesse dévolopper progressivement sous I'égide des institutiousuationales

Conscient tlu pouvoir consid.érable que I'avenir lui réserve,

({).['historienMotley dit, en parlant do cette Constitution: q Otr ailleurssur la torre y avait-ll alors la liberté qui s'y trouvait grrantie? r

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z4o CEÀPIIRE SEPTIEME

Philippe le Boau refuse clo prêter Serment an grand ptiailège etle régime parlementaire disparait de- nos institutions pour n'yrentrer qu'après r?8g. Plus tard, son mariage avec Jea,nrre

d.'Espagne préhid.era à un nouveau transfert de nos provincessous le sceptre dun puissant monarque étrangon

Charles-Qnint, montd sur le trône en r5r5, reprenù en Bel-gique l'æuwe d.e Charles Ie Téméraire et assoit fortoment en

nos provinces I'autorité monarchique.Le traité d.e llladrid (1526), confirmé irar ceux d'es Dames (1529)

et do crespgr G540, anéantit définitivement Ies droits do suze-

raineté de Ia France sur Ia Flandre. La bulle impéfiale du

1er juiltet r53o détruit d'autro part ceux de I'Allemagne sur Ies

pays tte I'aneionne Lotharingio. MaiS pour protéger los. Pays'Ilas coatro le réveil possible des prétentions frangaises,Charles-Quint', fes rattachant à I'Allemagne' en forme un cerolecle I'empire,le ,eerele de Bourgogne.(fi1s8).

Dnfin, far Ia' pragmatique de r5{g, 11 consacre notre uniténationale, au point de vue tle lhQrédité.

Mais là no s6 borne pas sa, sollicitude ponr nos provinces. Ildonno une organisation forte et en quelque sorte défiuitive à

nos institutions, au point quo cette organisation roste, à peu de

chose près, I'organisation do notre pays jusqu'en 1789, et quo '

collo de nos jours n'en est que Io dévoloppement naturel. Si, à,

ce moment, nous avions possédé un souYerain vér'itablomentnational, nous enrions pu espérer enoors de belles destinées.

Mais il est toujours dangereuxr pour un petit peuplo, d'êtroentraîné'dans I'orbite-d.'une nation beauaoûp plus puiss&utsque lui-môme..Nous ne tïovions point ta'rder à l''éprouvor.

**..

La puissan.. à" Charles-Quint étouffe dans los Pays-Bas'toute ma,rli'feetatim. ile la,liberttâ. Le tetrible-ahâ,timent qu-il fattsubir aux Gantois, en t1(o, donne la mesure tle son respect pourles droits de ses compatriotes. Àvec la chute do Gand, le prin-cipe de la tiherté cLommup,slo, succornbo d6finitivement,-acea,blé

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f

pÉnroon BonRcureNoNNE-asrRrcErENNE z4t

sous mille coups répétés, et, sur sos ruines amoncelées, lo tl.es-" pdtisme s'établit tr.iomphant.

Peut-êtro, cèpendant, n'était-il pas inutile que Io clespotismepesât quelque temps sur Ies diverses classes sociales pour lesamener enfin à voir, tlans la liberté et l'égalitéo non plus clesprivilèges, 4ais des droits quasi naturels et'imprescrdptiblèsde l'humanité.

Quoi qu'il en soit, la ruine des grantles cornmilnes bdlgos dumoyen â,ge s'accomplit sous le règne,ot par la main des lir.incesde la 1\Iaison de Bourgogne-Autniche. LeEr. chute ne nons laissoque I'iudépendance rlu pays, précédemnent conquise au prixdes plus héroïques sacrifices par les tiers et indomptablescommuniers.

Les grandes inventions st d.éc'otrvertes de I'époque rxereontune influeuce heureuse snr le développement social.

L'invention de la poudre prooure au peuple l'égalité sur leterrain militaire; la découverte de I'Amériç1ue et I'exploitationd'abondantes mines d'or lui assureni l'égalité sur le tenain éca-nomique; l'inventioa de I'imprimerie lui,donne L'égatité sur Iete r r ai-n s c i e nt i f. que.

Cette dernièro invention oecasionne Ie grancl moûvenent deridées qui produit la Renaissa,uce et engendfg la Réforme.

Conlme Charlemagne, Charles-Quint veut I'unité religieuse àcôt6 clo I'unité politique, prévoyant que tout schisme, d.ans lodomaine religieux, scra fatal à I'unité tle I'empiro. C'est pour-quoi il combat la Réfor.me avec opiniâtreté et énergie. Mais sondespotisme d'une part, de I'autre la sévér.ité de ses édits reli-gieux, appliqués d'abord par ses propres agents avant de l'êtrepar ceux de Philippe If, préparent les voies à I'exp[osion révo-lutionnaire du xvle siècle clui provoquera,le déchirement de' nosprovinces et la ruine des Pays-Bas oatholiques.

RÉsuuÉ svnrnÉrrpuu DE LA pÉnroop BoUBGUIcNoNNE-aurnrcHrENNE.

Depuis I'nuènenrcnt de Philippe le Eardi, ju,squ;tr, l'abdie.ation deCharles-Qttint (1684-1555). Durée : 17l ans.

A. Époeun BouRGUrGNoNtiE. Depuis l'uuènement cle Ptuilippe

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242 OHÀPITRE SEPTIEME

Ie Eardf, au' trône de Flandre (1584) iwqu"ù la mort de Maried,e Bourgogne (1482). Durée.' 98 aæs.

l. Réunion de la plupart tles principautés belges sous le sceptre dePhilippe le Bon (1419-^467)

2. Uniflcation du pays par le despotisme. Substitution d'une arméepermanente aux milices communales. Lutte des princes bourguignonscontre les communes. Tort causé à Ia liberté par l'esprit partieularistedes Belges. Chute successive des grandes oommunes.

5. Mesures centralisatrices prises par les ducs de Bourgogne :

chantbre d,es com,ptes, consedls proaùnci'auæ et grand canseil' d'e iwtice,États générau,n ou représentation nationale, etc.

4. Essai de gouvernement parlementaire : octroi dt grand priuitèged,e Marie de B:ourgogne (t1.477), charte nouvelle stipulant la réunion des

États généraux à époques régulières.5. Mariage de Marie de Bourgogne ave'c Maximilien d'Autriche (1477) z

les Pays-Bas entrent, à leur grand dommage, dans Ïorbite de la Maisond'Autriche.

.B. Époeus aurRIcEtENNE. - Depuis Iu mort de Murie d,é Bour'g o g ne (1 482) j u,squ| ù, [; ab d;icatùon de Char les' Quint ( l5SB). Durée : 7l ans.

{. Refus de Philippe le Beau, devenu très puissantr de prêter sermentau grand privilège (r4g3l,

9-. Mariage de Philippe le.Beau avec une princesse espagnole (1496) :

il prépare notre unidn néfasle ayec I'Espagne.5. Àvènement de Charles-Quint. Rupture définitivê de tout rapport

de subordination entrela Flandre et la France(traités de Madrid, l$26o

de! Dames, {529, de Crespyo ld!A). Érection des Pays'Bas en un cerele'de l'Àllemagne, le cercle de Bourgogne, Consécralion de notre uniténationale par Ia grandepragmatiqu'e de lÛ19.

4. Lutte de Charles-Quint contre les protestants : il veut, dans ses

États, I'unité religieuse à côté de l'unité politique.5. Son despotisme et la sévérité tles placards préparent la révolution

du xvte siècle.

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CIIAPITBE VIII

pÉnroDn EspaeiNot,n <t:',:o-ù-t ?t s)Depuis l'abdication do Charles-Quint, en {BBB, .

jusqu'ari traité d'Utrecht ({Z{8).

I. - Révotution du XVIo siècte. Ses causes. traitslés plus marquants.

Gauses de la révolution du XVlu siècle. - Cette révolu-tion peut être attribuée à deux causes essentielles :

ro L'application rigoureuse'des sévères édits deCharles-Quint contre les protesfanfs. La lêgalité deces édits, eui n'avaiont.pas été portés dans los formesproscrites par les Constitutions nationales, pouvaitêtre contestée. Appliqués (( ayec toute rigueur et sanségard pour qui que ce fût Dr commo l'oxigeâit enpropres termes Philippo If, ils mécontentèrent leshommes les moins suspects de sympathie pour .laRéforme

zo Le gouoernement despotique ' d'un monàrqueétranger qui, après avoir prêtê à dos chartes un ser-ment solennel, en violait journellement I'esprit et letexte dans los matières les plus graves.

Comme oaltses secondaires, il convient d.'incliquer :

xo L'impopularité de Philippe Ii et de son premier

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2:44

ministre Granuelle. Etranger à notre pays par sa,

naissanee, Philippe fI l'était plus encore par l'éduca-tion tout exotique qu'il avait reçue, au point d.e neparler aucuno de nos deux langues nationales. Enpublic, il apparaissait toujours grave, taciturne, gla-cial. Aussi, ses sujets .du Nord éprouvaient-ils pourlui une véritable antipathie qu'il leur rendait d'ailleursavec usure. S'ils lui reprochaient sa réserve et sa

morgue espagnole, dugs peut-être à' quelque timiditéet à une certaine iqdécision de caractère, Ieurs allureslibres et bruyantes lui paraissaient insupportables.En ce qui concernait Granvelle, I'ostentation qn'ildéployait et ses fagons autoritaires excitaient égale-ment contre lui une viotrente aversion .dans toutes les

classes de la société.

z" L'éIoignement de Philippe ff, qui néanmoins vou*

lait tout diriger par lui-même; I'-indécision de son

caractère, sa lenteur à prend.re en temps opportuncertaines mesu.res pressantes, une singulièro étroitessede vue, un esprit préoccupé do minuties.

3" Le maintien dans Ie pays, conlre le uætt.de Ia

nation, de garnisons espagnoles, clui s'y livraient à

des rapines et à des violences incessantes.

4" Le mécontentement de la noblesse belge, ruinéeau seruîce de Charles-Qaint et dédaignée pat Pht-Iippe II. Charles-Quint avait constamment témoigné

sa préféronce pour les seigneurs belges, et, dans toutesles parties de son empire, les avait souvent nommés

aux emplois les plus eonsidérables. Au contraire,Philippe II affectionnait particulièrsment les Espa-

gnols et leur réservait volontiers, même dans les Pays-

Bas, les plus hautes foncûions civiles et militaires. Se

voyant privée des lessources que procnrent les grands

cEAPTTRE surtrÈun

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pÉnronn EsPÀGNer.E 245

oro.plois, la noblesse belge, gênêralement end.ettée etbesogneuse, en conçut un violent dépit contre Phi-lippe II.

5o .L'institution de qrtatorze nouveauæ éuêchés. Lln'exislait-jusqu'alors, dans tout'e l'étend.ue des Pays-Bas (eomprenant Ia Eolland.e et la Belgique actuelles,moins la principauté de Liêge), eue les quatre êvêchésd'Iltrecht, d.e Tournai, de Cambrai et d'Ârras. Afin def,aoiliter I'administration religieuse du pays,Phitippe IIdéaida le pape à créer dans nos .contrées quatorzeévêchês nouvoa,ux (r). Cetto mesure, tléjà sollicitée parCharles-Quint, semblait nécessaire au point de vuereligieux. Elte mécorrtenta tout le monde : le peup'lo,qui prév_it un redoublement d.e rigueur dans l'oxécutiondes édits rel,igieux;rla bourgooisie et la noblesse, donil'influence anl sein des ét,"rts et des conseils collatéraux,allait être réduite pa,r la pnésence de nouveaux mern-bres à la dévotion du roi; enfi-n, le haut clergé lui--même,

car non seu-}emerlt I'on prenait les dotationedes nolveâux évêques sur les propriétæ abbatiales,mais on rT,iminuait l'ébndue des, diocèses et les reveuusd.es anciens titulaires. Or, eommo le disait Granveller.qui d.esapprouvait Ie projet dePhilippe : < lEieux vautêtre un de quatrel quluæ do' drac4 tti,t. > Ainsi un sourùmais vif mécontentenent troublaiû les esprits et les

Bréparait ûux graves r6vénemonts d'un prochain avenir.' Départ dePhiilipp tl pour'l'Erpagmo. 0npniution,dil got'-vernement (I5Egù. - Apmæ" fabrilfæ,tion de son pèrer-

(l) Mali,nes dovint métropole avec six évêchés nouveeux i Bruges, Ypres,Gand,, Anaers, Bots-Ie.Duc et Ruremonde; Cambrai doven'rit archevêché avecquâtre âvèchés dont deux existants": loirunai, Ar.ras, Narnut, el Saint-Omer;Utrecht, *rohevêohé, compnenail,. eiaq nouvorux dioeèses t, Dcuenter, Gto,ning lu, Eirlem r.L emuard,e et Wdelb otttq-

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246 CHAPITR,E HUITIù}4E

Philippe fI passa quelquos années dans nos provincesoù le retint une guerre avec la X'rance. Àu cours d.e

oette gusrro, le comte d'Eg.mont remporta sur lesFrangais. les victoires do Saint-Quentin (1557) et tleGravelines (1558), qui amenèrent Ia conclusion de lapaix. Elle fut signée à Cateau-Cambrésis, en 1559.

Philippe songea alors à retourner en Espagne. Àvantson départ, il nomma sa sæur, Marguerite de Parno,gouvernante générale des Pays-Bas et organisa leconseil d'État- d,'une façon qui pouvait paraîtro sage.

'Voici les six principaux membres qui le composaient :

Granoelle, évôque d.'Arras, plus tard archevêque drjMalines et cardinal. Ce ministre unissait, à un vastesavoir, un esprit souple of pénétrant. Il connaissait etparlait couramment sept langues. poué d.'une capacitéet d.'uno aisance de travail protligieuses, il écrivaitparfois de sa main cinquante lettres en une journée,et, néanmoins, occupait en mêmo temps six secrétairesauxquels il dictait de nombreuses clépêches dans desidiomes différents.

Vig'litts, président du conseil privé, savant juris-consulte

Le comte de Berlaymont, excellent aclministrateurdes finapces, dont il présidait te consoil.

Guillaume de Nassau, prince d'Orangé, gui, sousa,uoun rapport, ne le cédait à Granvelle. Ambitieux,mais prudent (r), il possêdait, avec un raro talent depersuasion, une parfaite connaissanoo tles hommes etune profonde habileté d.ans la conduite des affairespubliques. "

({) Sa réservo habituolle lui fit donner le surnom de Taî'seua ou - commo

on'le dit généralement, mais à tort '- de Taciturne. 0n lui prète ce mot cafac'téristique : r Si jo srvais que ma chemise conntt ma pensée, je la brùlerais. r

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PER,IODE ESPÂGNOLE z4z

f,e comle d'Egmonf, brave et brillant soldat, à quises succès m.ilitaires avaiont valu une grande popula-rité. Toutefois, inconstant à I'extrêmo, vanitoux etindiscret, il était peu fait pour les luttes d'intrigues quiI'attendaient;

Le comte de Hornes, bon officier de marine, maisde faeultés ordinaires. C'était un edprit frondeur etmécontenQ, d'ailleurs sans artifiee.

L"! trois premiers, Granvelle, Yiglius et Berlay-mont, formaient la consulte, o'est-à-diro le conseilsecret de la gouvornante, q,ui, sans leur avis, ne pou-vait prendre aucune Tnesure importante. [fargueritoavait, d.'ailleurs, I'ord.re erprès d.u roi d.e ne rien fairosanp le conseil de Granvello, qui, en correspondancejournalière avee Ie monarclu.e, possédait seul sonentière confianco. Ainsi les pouvoirs du conseil d'État,ceux mêmes de Marguerite, aux yeux du peuple quasisouvoraino, étaient, en fait, à peu près nuls. Phi-Uppe II prétendait noud gouverner du. fond deI'Espagne au moyen doune junte (commission) dontpresque tous les membres étaient étrangers à nos pro-vinces.

En quittant les Pays.-Bas, Philippe II promit leprochain départ des troupes espagnoles qui, dans leurscantonnements, commettaient des rapines et des expèsmultiples; mais il reccimmanda une application rigou,reuse des édits contro Ies hérétiques.

Départ de Granvelle (1564). L'opinion publiqueattribua à Granvelle ce redoublement de sévérité. Onreprochait d.'ailleurs au premier ministro d.e ne consul-ter Ie conseil tl'Etat pour aucune affaire importante etd'exercer un pouvoir en quelque sorto dictatorial, Loprinco d.'Orauge, le comte d'Egmont et le comto de

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248 cEAPTTRE EurrrÈME

ïlornes cessèrent même de paraître aux séances du'

conseil. L'animosité contre Granvelle d'evint peu à peu

généraleCraignant, à la fin, doattirer sur elle I'impopularitê

du cardinal dont les fagous autoritaires lui déptai-

saient d.'ailleurs, la gouvernante engagea .lo roi à lerappeler. Ptrilippe II y consentit, non toutefois sans

hésitation.opposition dans le pays à l'exéaution des édits religieux"

- Cependant les progrès considérables de la R'éforne

en noûre pays rendaient difficile I'exécution d,es ordres

cte Philippo II, relatifs aux édits religieux. Plusieurs

gouverneurs d.o provinces montrèrent peu d''empresse-

ment à .'y oonformer. Lo prince d-lOrange' gouverneur

de la Hollancle et de \a ZêIarLd,e, et le comte d-'Egmont,

gouverneur do la X'landre, offritent même à Philippela démission de leurs charges pour le cas où il conti-

nuerait à exiger d.'eux la stricte application des

placarcls : ils ne voulaient pas, disaient-ils, enYoyer

au bûcher cinquante mille d'e leurs concitoyens. De

leur côté, les cluatro villes principales. du Brabant

rédigèrent une protestation établissant que les éditsreligieux violaient divers articles ds la Joyeuse Entrée.

'Oomprornis des nobles (1565' D'autre Pad, lanoblesse et, la haute bourgeoisio, sentant leurs biens et

lèur vie à la merci des délateurs (r), formèrent une

.æoufédération ayant pqur objet d.'assurer ]eur sûreté et

Ie respect des privilèges nationaux. En 1565, futrêttigé w'acte d'union, connu sous le nom de Compro-

(l) 0n confisquait les biens des hérétiques ou des.personnes déclarées telles

pr* on jugoment. Une part importanto de ces biens'éiaiÛ attribuée aux dénon'

ôiateori. Lussi arrivait-il que de bons catholiques se voyaient acousés tl'hérésie

et condemnés.

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pÉnroon ESpaeNoLE z4g

mîs iles nobles 1r). Congu en des termes.que les catho-'liqnos et les protestants pouvaient également approu-

ver, il revêtit bientôt Ia signature de quatre millepersonnes appartenant pour la plupart à la noblesse ouâ la haute bourgeoisie. Les signataires affirnraientlour attachement au roi et à la religion catholique,m,ais ils a protestaient contre la tyr*nnie de certainsétrangers qui, daus un but intéressé, faisaient paraîtreun zèle outré pour les intérêts religieux. Far un ser-ment solennel, ils s'engageaient à défendre quiconqued.'entre eux sorait poursnivi à raison de I'inobservancedos édits ou de sa participation à la Ligue >.

Les gueux. - Au nombre d.'environ tnois cents, lesprincipaux conféclérés (z), réunis à BruxeUes. au com-nrencement d.'avril 1566, se rendirent en cortège,armés et à cheval, au palais de la gouvernanfu. fls luipresentère.nt une requête dans Iaquelle ils la priaientd.e suspenfue les édits roligieux jusclu'à ce quo de nou-velles ordounan,ces, promulguéos par le roi, eusseatété attoptées par les ltrtats généraux.

Pondant I'aud.ience,, effrayée d,'une rnanifestationd.ont I'appareil lui paraissait menagant, Ia duchesseMarguerite montra cluelque incluiétude.. La voyanttout ém.ue, un des ministres présents, le com.te de Ber-laymont, lui aurâit dit à demi-voix, pour la, ras.surer :

<c Eh comment, Madame, Yotre Altesse a-t-elle crainted.e ces gueux (3) I > Cette allusion à Ia fo.rtune ernbar-rassée d'un oertain no.mbre des Robles présents futontend.ue par les conféd.érnês.

('t) 0n m a[[ribue gÉnfoelemenl aujourdlhni. la nâdaction à Nicolas deEames" héraut de I'ordre de la Toison d'or.

(9) C'est sous ce nort que .l'on désigne les adhérents au Compromis.(3) L'exactitude de ce propos a étû contestée.

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z5o oHAPTTRE gurrrÈup

Lo soir,. ils so'réunirent en un grand. bancldet àl'hôtel de Culembourg. A Ia fin du repas, un des bon-vives se mit autour d.u cou une bcsace. Il but ensuito,dans une écuelle de bois, à la.santé des I'ueux et tousles assistants; entraînés, jurèrout par le sel, par lepain et par la besaceo de rester f.idèles au compromi.s.. Plus tard, comme signe de ralliemont, ils adoptèrent

une médaille de cuivre ou de plomb, suspendue :ùu

cou. Sur I'une des faces de la médaillo on voyait I'effi-gio du roi; au-dessous, ces mots : En tout fidèIes aurof. Sur l'autre, deux mains entrelacées soutenaientune besaco sous laquelle ou lisait : Jusques à /a besace.

En exergue, la devise : Par fl.ammes et par fer.

Les lconoclastes, - D'inexcusablos excès ne tardentpas à souiller et à pord.re la cause des confédérés Des

bandes se forment tout à coup, coriposées de quelques

fanatiques, d'uno tourbe de payÈans misérables et d.'un

ramassis de gens sans uùveu, l'écume de Ia populationurbaine. Elles se ruent sur les couvents et les égliseset, comme possédées de la fureur de Ia destruction,elles y mettent en pièces les orgues, les statues, les

ostensoirs et les yases consacrés, saccageant les æuvresd'art les plus parfaites. D'admirables tableaux sontdéchiquetés; des livres.rares et des manuscrits pré-cieux, lacérés ou brûlés

A Ànvers, l'église de Notre-Dame, I'une cles pluoriches d,o I'univers, qui renfermait d.'inestimables tré-sors artistiques, où I'on pouvait notamment admirersoixante-d.ix autels merveilleusement sculpté3, untabernacle considéré comme le plus remarquable de laahrétienté, de grand.es of belles orgues célèbres danslo monde entier, est, pend,ant plusieurs heures, I'objetde'la plus stupide dôvastation. Huit jours à peine se

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PER,IODE ESPAGNOLE z5r

commencéPays-Bastourbillon

sont écoulés d,epuis que ces désorclres ontet presque tous les monumonts religieux dessont ruinés. Telle uue trombe, un violentdésolo en.un instant toute une contrée (r).

La confédénation s.e dissout. - Les seigneurs de l,oppo-sition s'empressent de fléûrir ces déplorables atteutats.Sous l'impression de l'horreur qu'ils inspirent, lesclasses moyennes se rallient autour d.u gouvernement,eui, sentant I'opinion lui revenir, sévit sans pitiécontre les auteurs d.es désordres. Tous les gouverneursdes provinces, le comte d'Egmpnt surtout et Guillaurnsd'Orange lui-même, pronnent les rnesùres _les pluséuergiques pour empêcher le retour d.es saturnares dontle pays vient d'être le témoin consterné. valenciennes,où les réformés dominaient, est prise par le comtede Noircu"*ô., gouverneur du llainaut, gui livre.aubourreau d.eux cents calvinistes tombés entro sesmains. Sur tous les points du pays, les protestants sonttraités avec la mêrne rigueur. Quant aux signatairesdu Oompromis, la plupart se hâtent de fairs leursoumission et la conféd.ération so dissout.

Le prince d'Orange en exil. - La duchesse exprimaalors le væu qutun nouveau serment fût prêté au roipar les nobles en possession de charges publiques. Ifnpetit nombro seulement s?y refusèrent et, parmi eux, leprince d'Orange qui se retira en Allemagne, après avoirvainement engagé le comte d'Egmont à l,accompagner.te vainqueur do Saint-Quentin croyait à la gratitudeet à la clémonae de Philippe fI. < Je voudrais metromper, lui dit le prince; mais je prévois que vous

- ({) 0n lira avec profit sur ces événements les pagesMémoires de Mmcus vlr{ VeunwnwrJcK, traduits part. Iuto pp. 99 et suiv.

que leur consacrent lesVan Dugse, Gand, {906,

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I

25z CTIASIIKE HUITIEMD-

serez le pont. que briseront les Espagriols dès qu'ilsauront passé d.ossus pour envahir lo pays'. >

Le duc d'Albe. - Eu appronant les excès des icono-

clastes, Fhilippe' s:était' écrié : a Pa,r' I'âme de mon

père, je punirai ces criminels de lèse-majesté d,ivine ethumaine. D Et sornrr,o instrum'ent do ses vengeances,

il tlésigna X'erdinamd do Tolède, duc d'Albe, général

d.e mérite, mais cruel et impitoyable.L'envoi du duc d'Albe fut une grosse orreur. Les

esprits étaientrentrés dans le calme.: les iconoclastes

avaient été punis; I'opposition n'existait plus ; la cause

des conféctérds paraisâait définitivement perdue. Lamission du duc d'Àlbe était non seulemeut inutile, mais

dangereuse pour la cause tlo" Philippe II : I'avenirclevait le prouver.

À la nouvelle de sa'prochains arrivêe, l'épouvante se

répandit dans tout. le pays, art poiut quo plus de cent

mille individus, appartenantaux classes les plus riches,les plus instruites ou Ies plus. inùustrieuses., aband.on-

nèrent le sol na,ta[., transportant dans les cont'réos

voisines leurs oapitaux". le"qr science et lbur activité.

Consell des troubles (1567)" -

Aussitôt instaLlé, le

duc d'Albe établ'i.t, sous ls norn d-e conseil des ttoubles,

un tribunal c'hargé do poursuivre les personnes clui

avaient été mêlées à 14, réoente agitation. L'instittttionde cette juridiction exceptionnelle' violait manifeste-

ment les chartes nationales, en particulier la .Ioyeuse

Entrée, où iI était stipuilé que nul ne peut être distraitde ses juges naturels. Bientôt le nombre et la sévérité

d.o ses arrê,ts valurent au consoil des troubles le nom

de tribunal de sang.Des roues et des potencos s'élevèrent sur tous lQs

points du pays.

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I"I

I

pÉnropn EsPAcNoTJE s53

Les arrestations se {aisaient en masse. Dans la seulonuit du jour des Ceudres 1568, cinq cents personnesfurentsurprisosda.nsleurlit et conduitos en prison. Lesgibets et les bûchers fonctionnaient simultanément ctsans. relâche. Dans les villes comme dans les camÈpagnes, on conduisait à Ia mort, par, troupes, des gensgu'au.'cun tribunal belge n'avait condamnés, car la,

. justice do notre pays refusait de les juger. Euit ccnbsexécutions ouront lierr en quelques semaines, ainsi cluele d.uc d'AIbe l'écrivit à Philippe ff. Et les instrumentsde supplicc orclinaires étant insuffisants, on utilisa lesarbres cles grands chemius pour y pendre des malheu-reux convirincus ou seulement soupgonnés de croireaux hérésies. Leurs cadavres, privés de sépulture' etbalancés par lo vent, infectaient au loin I'atmosphère.

Sous I'impressiou de la terreur générale, l'émigratiousO transforrna en exode. Pour y couper court, le ducd'Albo urenaga de la confiscation d.es biens et de lamort non seulement l'émigration et la tentativo d'érni-

' gratiou, mais encoro le secret gardé sur tout préparatifde fuite. vains efforts : Ies villes et les villages étaientabandonnés par les populations affolêes. A Gand, p&rexemple, beaucoup de maisons s'étaient vidées. Le payssemblait sur le point de se changer en une vaste soli-tude.

Le prince d'0range invité à comparaltre devant le conseildes tnoubles. - Le conseil des troubles avait sommé leprince d'Orange et les a,utres grands seigneurs émigréede cornparaîtro d.evant lui. Guillaume répondit à cettosorrrnration par un refus catégorique et'vigoureusementmotivé. Dans sa réponse, il déniait au duc d'Albé et àun t'ibunal iruégulier institué par lui-même, touteautorité pouï le juger. comme ôhevalier de la Toison

Page 260: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

254

dl

lnrpôts illégalernen'[ établis par !e due d'Albe. Pressé

cHAPTTRE uurrrùurr

d.'or, il ne pouvait être jugê quo par ses pairs; commo

citoyen des Pays-Bas, les tribunaux ord'inaires, où

siégeaient ses compatriotes, avaient seuls compétenco

pour lo poursuivre, s'il y avait lieu.

Exécution des comtes dnEgmont et de Hornes. - Au nomfufo des

victimes du duc d'Albe se trouvèrent doux hommes de hauto.naissance et de grand renom, les comtes d'Egmont of de Ilornes.Tous deux avaient rendu do grands services au roi et au pays.

On oublia ces services. Les deux seigneurs furent traîtreuse- -

ment arrêtés dans la maison même du duc d'albe, au sortir d'unconseil auquel iI les avait convoclués (9 septembre 1567). Accu'sés d'avoir protégé les hérétiques et cl'avoir comploté d'arraoherles Pays-Bas à I'autorité de Philippe II pour les partager aYec

Ie princo d.'Orange et cluelclues'altres seigneurs, ils furent con',

damnés à mort par le ttibunal de sang.Ayant appris Ia prochaine exécution do cette terrible sen-

tencen la comtesse d'Egmout courut se jeter aux pietls clu duc

d'Albe, le suppliant cle lui aocorder la grâce de son mari. Leduo éoouta froidemelt ses instances, puis aveo uno ironio sâû'glante, clui no fut pas saisie par la pauvro femmo, il lui dit :

n ll,assurez-vous, -Madamo, tlemain votre époux sera.libre. >

Elle ne dovait clue trop tôt comprendre lo véritable sons de ces

paroles ambiguês.Les deux nobles prisonniers passèrent leur" clernièrs luit dans

111o maison situéo sur la Grantl'Place do Bruxelles et appelée

aujourd'hui < Maison du roi ;r. Ir'exécution eut lieu sur un écha-

faud dressé au miliou de cetto plaee, le 5 juin 1568. Les deux

seigneurs subirent ldur sort avec un grand courage. La villeétait remplio tle solclats espagnols : n'osant autremelt exprimersa dorileurn elle ferma ses boutiques et prit tous les signos d'uncleuil général. Toute la journée, le glas funèbre sonna dans les

églises (1568).

Apr"ès être.demeurés cluelclue temps sur I'éch'afa,ud, les corps

des suppliciés furent remis à la famille des d6funts. Quant auxdeux têtos, on fixa chacuue d'elles à I'extrémité fl'une piclue plan-

tée sur l'échafaud où elles restèrent pendant plusieurs heures

exposécs entro doux torohes arclentes aux regards de la multitude.

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pÉnronn EsPAcNoLE 255

d'argent, le duc d'Albe, snrrs en avoir préalablementobtenu l'autorisation dos états d.es provincos, établit letriplo impôt dt centième, du uingtième et du dixièmedenier. L'impôt du centième d.enier prélevait, une foispour toutes, la centième partie (r 'io) tte la vàleur de

toutes les propriétés..Celui du uingf ième attribuait au

fisc la vingtième partie (5 %) du prix d.'aohat de toutesles propriétés immobilières vendues ; celui dt dixième,la dixième partie (lo "1"; du prix d.e la vente de toutesles marchandises. Le duc prétendait rendre ainsi l'im-pôt plus équitable en le proportionnant à la richesse.Mais comme il substituait des impôts permaltenfs auxsubsides librement et périodiquement consentis, lamesure prise était une nouvollo et flagrante illégalité.

Les Etats généraux, convoqués pour la circonstance(1569), eurent beau représenter au duc tout ce que ces

impôts, Oeux du vingtième et du dixième particulière-rnent, auraient d.e funeste pour I'ind.ustrie et le com-merce, combien surtout ils seraient attentatoires auxchartes, puisque leur perpétuité détruirait le plus pré-cieux des privilèges nationaux, le droit de refusor lessubsides, le gouverneur prétendit passer outre à leursremontrances. Mais une formidabl'e opposition éclataaussitôt. A Bruxelles, les ateliers et les boutiques se

fermèrent. Les eabaretiers refusèrent de d.onner à

boire; les brasseurs cossèrent de brasser la bière, les

boulangers, de cuire le pain. Bientôt los soldats de lagarnison ne trouvèrent plus à so procurer les chosesles plus indispensables à la'vie. Exaspéré de cetterésistanoe, lo d.uc ordonna de fairo pendro, la nuit, àla porte -d.e leurs habitations, dix-huit des principauxmarohands de la ville. Déjà le bourreau préparait ses

cordes of ses échelles, lorsque Ia nouvelle de la prise

Y. Mircuet et Ch. Porgameni- - Hist. ile Belstque. t

^912.

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256 CEAPITBE EUITIÈME

de la Brieùe par les gueux de mer (r) força lo gouver-

neur général à suspend,re I'exée.ution de ses desseins

répressifs (r572).

Prise de la Brietle. - Pendant quelque temps, les

guoux de mer avaient trouvé uu refugo dans les ports

anglais. Touû à coup, sur les plainte.s adressées à lareine Elisabeth- par un envoyé du duc d'Albe, leurflotte reçut I'ord.re d'évacuor les eaux britanuiques.Ne sachant trop que devenir, ils se dirigèront vers

l'île de voorne, en zëlan;de. Passant à proximité de laBrielle, et trouvant ce petit port à peu près dégarni de

troupes, les gueux de mer s'on emparèrent sa'nspresque

éprouver de résistanoe. Deux'vers flamgnds ont con-

servé le souvenir de cot événement mémorable ;

Den eerston,dag van APril,Verloor Àlba zijn bril (9).

La priso de la Brielle fut le signal du soulèvement

delaplupartdes villes de la Eollande et ile la Zélande.

En mêmo temps, le prinoo d.'orango pénétrait en Bel-

gique à la tête de grandes forces et s'emparart de plu-

sieurs villes importautes. C'ost en vain ciue Ie duc

d'Albe déploya contre les insurgés toutes les res-

sources d.e son incontestablo talont militairo : il ne

réussit pas à dompter la rêvolte ot, en 1573, à bout

d'ênergie, iI domanda lui-même son rappel. Acoédant

(l) Los marins du parti révolutionnaire. 0n trouvait parmi 9ur des nobles

et àes narshanrls émilrés mèl6s à des matelots habiles et hardis. Montés sur

iles embarcetions lôgèies, tantôt ils attaquaient les uavires espagnols charg6s

de marchandises, tritôt ils opéraiont suf tsrro dos coups de main souvont

heureux, échappant, on Ces de danger trop pressant, par la vitesse de leurs

naviros, à I'attoints de I'ennomi.(2) If y a Ià un jeu tlo mots tntrarluisiblo on français, fondé sur oo que Brielle

se prononce en flamud bril et En brùl signlfte lunettes.

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257

à son d.ésir, Philippe fIdésigna pour le remplacermand.eur do Castille.

Gouvernement de Requesens. - Âprès d.'inutiles effortspour soumettro les provinces révoltéos, R,equesensleur fit des propositions conciliantes. Il offrait lasupprossion d.u conseil des ûroubleso cello des impôtsétablis par le-duc d'Albe, le rétablissement des pri-vilèges, la restitution dos biens confisqués et une am-nistie générale. Néanmoins, comme il ne pouvait leuraccorder la liberté de couscien'ce, il vit ses proposi-t'ions repoussées et il fut obligé de continuer Ia guerre.En 1576, tule fièvre aiguë l'emporta brusquement.

Furie espagnote. - Peu après, Ies troup"r æpâgooles, clepirislongtemps privées d.e solde, se mutinèrent ot mirent au pillageies villes belges clont elles parvinrout ù s'emporor. anvers futsaccagé par la ga,rnison clui occupa sa citadelle,le { novembr.e.En vain les bourgeois et les troupes nationales essayèrent-ilsde s'opposer à I'entlée dans la vitle des bandos pillardos et san-guinaires qui formaient cette garnison. Les remparts furentprorirptement emportés par les assaillants. Les déieuseurs dela cité se ret'ranchèrent daus I'hôtel de ville et dans les maisonsenvironrrantes : l'errnemi y mit le feu. L'hôtel do ville, I'u.n desplus beaux monuments cle l'époquo, et cluatre-vingts maisonsvoisines, les plus opulentes cle la cité, toutes remplies do richesmarchandises et dobjets d'a,rt, furent détruics par l,incendie.Les bourgoois do plusieurs autres cluantiers s'étaient barricadésdans leurs maisons. Celles-ci furent également - livrées auxflammes et ceux qui s'y étaient réfugiés, se virent obligés dosauter par.les fenêtres dans la rue ori les sotdats ies reçurontsur leurs piques.

- Epouvantés, le reste des habitants choroha son salût dans lafuito. Un grand nombre, èspérant attoindro la rivo gauche deI'Escaut, se précipitèrent en cles canots. Mais, trop cha,rgées, laplupa,rt do ces embarcations furent englouties

Pendant trois jorûs, la métropole commerciale des pays"Basf.ut le théâtro d.'une dévastation of d'un ca,rnage furieux. pour

PERIODE ESPAGNOI,E

lui accord,a sor congé etLrouis do R,equesens, som-

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258 CIIAPITRA HUITIEME

arra,Gher cle I'argent aux habitants tombés entre leurs mai1s,les soldats les soumirent à toute espèce de supplices. fls pen-

dirent les fomtnep pari les cheveux; les hommes furont â,ooro-

chés par les piecls à des gibets improvisés. On tortura les

elfants sous les yeux -de legrs. mères. Los malheureuses vic-times furent ensuits abantlonnées sur place, rqmpues, mutilées,sanglantes.

Six mille psrsonnes d.e tout sexe, de tout âge et de toute condi'tion périront tlans ces affi.euses journées. Huit ceuts maisons

furent brfrlées. On évalua à elviron {o millions de franes d.e

notre monnA,io les SOrnmeS extorquéeg en cette circOnstance à lapopulation envo}soise par uns sôltlatesque féroce et déchaînée.

A ce g,oment, ott vit de s'imples soldats jouer, sur un coup de

clé, des so111mes qui aur.aient fait la fortune tle dix famillesuécessiteuses. De longtemps, Anvers ne se releva de ce désastro.En moils de dix ans, sa population diminua clans d'effraya,ntesproportions.

Pacification de Gand (1576). - Les méfaits des troupes

étrangères eurent pour conséquence de fortifier larévolution en rapproohant les provinces du Sud do

celles du Nord, les catholiques des .protestants. Sous

los auspices du prince d.'Orange, un aote d,nunion futsigné à Gand, le I novembre t576, entre les délégués

' de toutes les provinoes. Il stiputait : ro I'enga,gement

pris au nom des provinces de ohasser des Pays-Bas les

troupes espagnoles; 20 le pardon of lnoubli de tous faitsrelatifs à la révolution et, pour I'avenir, une amitiéréciproque et sincère; 3o lo rétablissement des privi-lèges; la restitution des biens des protostants confis-

qués par I'Etat of de coux enlovés aux catholiques

dans les provinces où dominaient les réformés; 4" p"o-

visoirement et implioitement, l'oxeroice exclusif tluculte protostant en Hollande et en zêiande; 5o I'aboli-tion dee édits contre les hérétiques et le respect des

croyances de chacun dans les autres provinces.'Les

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i

PER,IODE ESPAGNOI,E e59

protestants devaient s'abstenir de persécuter loscatholiques dans les lioux où les réformés étaient lesplus nombreux, de les scandaliser, par paroles ou paraction, dans ceux où les catholiques dominaient.. Par malheur, Ie traité ne fut véritablement respectépar aucun des deux partis. La liberté de consciencen'était pas encore entrée dans les mæurs, ni les espritspréparés à I'accueillir (r). Catholiques et protèstantsvoulaient bien la liberté religieuso dans les lieux où itsétaient les plus faibles; ils Ia repoussaient dans ceuxoù ils se sentaient les plus forts. D'un côté'comme dol'autre se rencontrèrent des persécuteurs, et les deuxpartis témoignèrent d.'une égale intolérance. \

Béunion des États généraux (1576). - En l.576, au coursd.es excès commis par les troupes espagnoles, le conseil-d'Etat,

pressé par les êtats de Brabant, convoqua lesEtats généraux. L'assemblée se réunit dès Ie moisd,'octobre, ot, pend.ant neuf ans consécutïfs, siégeatantôt à Bruxelles, tantôt à Anvers, tantôt dansquelque autre ville. Cette réunion des Etats généraux,clui se produisait sans I'assentiment du roi, était, aufond, un acte rêvolutionnairo que justifiaient seulesles circonstances critiques traversées par le pays.

ÉOit perpétuel 1t577). - Don Juan d'Autrichen nommégonverneur général-des Pays-Bas en remplacement deR,equesens, arriva à Luxembourg au mois de novembrer576. Avant de reconnaître ses pouvoirs, les Etatsgéuéraux exigèrent c1u'il adhérât à Ia pacification de

(l) En {678-, sur la proposition du prince tl'orangel se réunirent cependantà Ànvers les-États géiréraux qui prirent cluerquos mesures - restées sanseffel, - sous le nom de Pai.a d,e religîon. cet acLe qui proclamait la libertô deconscience dans toutes nos provinces est le plus beau monument de tolérancedu xvle sièele aux Pays-Bas. ,

F

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260 ogaPlrnp gurrrEMn

Gand. Après de longues 'hésitations, don Juan se

décida à signer, à Marche en Famonno' sous le nom

d'édit perpétuel, urre conveution qui supprimait, de laPacification, la clause relative à la liberté de con-

science. I_ros provinoes du Nord repoussèrent unani-

mement cette nouvelle oonvention acceptêo seulement

par une partio des provinces méridionales (1577).

Alexandre FardèSe. - Don Juan mourut lo t'r octobre

1578, dans soir camp de Bouge, prèS Namur. fl futremplacé par Aloxandre . Farnèse, duc de Parmeo

neveu de Philippe Ir. a de brillantes qualités mili-taires, le nouveau gouvorneur général joignait I'espritdétié d'un habile diplonoate. Tour à tour clément et

impitoyable, selon les circonstanoes, iI parvint, après

quelques années d.'uno lutte difficile, à replaaer, sous

I'autorité du roi d'Espagne, les provinces mérid.iouales

des Pays-Bas, Au début de son gouvernement, il jugea

avantagelx de rester dans l'expectative, mais il se tintprêt à saisir la première occasion favorablo pour tirerparti de I'anarchio où se débattait le pays.

Gonfédération d'Arras et union d'Utrecht (1579). IIs,était constituê à Gantt une sorto do république calvi-

niste qui terrorisait.les catholiques. Par réaction, le

Eainaut ot l'Àrtois formèront, sous le nom de Malcon'tentsr.la confédération d'Arras (7 janvier fi79). Touton s'engageant à réclamor de Philippe II le renvoi des

troupes espagnoles, le rétablissoment des privilèges gt

rure amnistie générale, ils juraiont de travailler au

maintien exolusif du oulto oatholiquo dans le pays. Peu

après, au mois de mai de la r.nême année, ees d'eux

provinces firent leur soumission à I'Espague (union

d.'Arras).Iia, Confédération d'Arras provoqua à son tour

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PER,IODE ESPAGNOLE zGr

l'(Jttion d'Utrecht (23 janvier $7g), pâr laquelle lesdêlégués des provinces de Hollande, de Zélande, doGueldre, de Zutphen, d'Iftrecht et des villes de Gand,Bruges, Ypres, Bruxelles, Anvers, déclaraient s'unir'sur le terrain de la Pacification de Gand. La X'rise,I'Over-Yssel et Groningue adhérèrent successivementà ce traité. Lo défaut d'union entre les provinces duNord et celles du Sud allait bientôt amener le rétablis-sement de l'autorité de Philippe II dans toute l'éteniluedes provinces méridionales.

Ban contre le prinee d'Orange.-'Cepondant Philippe If,voulant à tout prix se d.éfaire du Taciturne, qu'il tenaitpour le plus d.augereux de ses ennemis, porta contrelui (mars r 58o) un ban ou édit de prosoi.iption se ter-minant ainsi : << Déclarons_ le prince d'Orange traîtreet méohant, ennemi de nous et du pâys, donnons tousses biens à qui les pourra prendr_e ou occuper. Promet-tons en paroles d.e roi que s'il se trouve quelqu'unpour nous Ie liwer mort ou vif, nous lui faisons donner,pour lui et ses héritiers, la somme de z5,ooo écus d'or,et s'il a commis quelque délit ou forfait, quelque gravsqu'il soit, nous lui promettons de lui pardonner et tlèsmaintenant lui pardonnons et même, s'il n'est pasnoble, l'anoblissons pour sa valour. >

Apologie du prince do0range. Le prince tl'Orangerépondit en faisaut présenter au due d'Aujou, frère duroi do F*anco Eonri.III, la couronns d.es Pays-Bas.Le duc accepta cette - offro par Ie traitê de Plossis-lez-Toursn le 19 septembre r58o. Le { février r58r, leTaiseux publiait une apologie de sa propre conduite.Discutant les droits souverains de Philippe, il s'écriait:< On me dira c1u'il est roi. Or, je déclare que ce titrede'roi m'est inconnu. Qu'il soit roi en Espagtro, à

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26z - CHAPITBE HUITIÈME

Naples, aux Indes; qulil soit roi à Jérusalem, en Asie,en Afrique, tant il y a clue je ne connais en ce pays

pas de roi, mais un duc et un com.te dont la puissanoe

est limitée par nos privilèges. > Il faisait ensuite ob-

server, relativement au reprocho de félonie qui lui avaitêté adressé par le roi, (.quo cluels qu'aient été les

d.roits héréditaires de Ptritippe, celui-ci les a perdus

par la violation incessante des sermonts c1u'il a prêtés

aux chartes du pa,ys )). - (( Jamais, ajoutait-il, la

révolte d'un pouple n'a étê plus légitifne clue la pré-

sente. >r

Proclamation de la déchéance de Philippe ll. Peu

après, en r58r, les Etats généraux publièrent un acte

où ils déclaraient c< que Philippe I[, loin do défendrele pays, n'ayant cessé d.e l'opprimer, outrager, priverde ses privilèges et anciennes coutumes et ayantchbrchê par tous moyens à réduiro ses sujets à l'étatd.'esolaves, ceux-ci sont ttétiés de leur sorment de fidé'tité ,). Ils prononçaient ensuite sa déchéance en tantque souverain des Pays-Bas et décidaient que désor-

mais ils ne reoonnaîtraient plus ni son titre ni son

autorité.Mort du prince'd'Orange (1584). - Tentés par I'appât

do la riche récomponse promise, un certain nombre

d'individ.us, avonturiers ou fanatiques, essayèrent aus-

sitôt d.e la nériter, et la vie du prince courut un d'anger

incessant. Il résidait à Delft, on lfoilando. Un jour de

juillet $8(, après avoir dîné, il remontait par un esc&-

lier de ser'vice d.ans son cabinet d.e travail l un homme,

sorti de dessous une arche sombre dissimulée dans Iamuraille, s'avança tout à coup sur lui et lui tira dalsta poitrine plusieurs balles empoisonnées. Le princechancela et tomba dans les bras de son écuyer, en

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pÉnronn ESpacNorJE s6B

disant : r< Mon Dieu, ^yez

pitié de mon âme et de cepauvre peuple ! > On le transporta à I'instant sur un

' lit improvisé dans la salle à manger. après quelquesminutes d'agonie, il y expira entouré d.e ses serviteurs,' de sa sæur et de sa femme.

cette mort fut amèrement déplorée par tons lescoreligionnaires de la victime, euant à I'assassin, uneertain Balthazar Gérard, originaire de Bourgogne, il

. périt en des supplices épouvantables. Mais sa famillefut anoblie et reeut Ia prime promise.

Restauration espagnote dans les pays-Bas méridionaux. -La défection des Malcontents, la mort de Guillaumede r{assau, les talents militaires et diplomatiquesd'alexandre Farnèse firent échouer la révorution dansles provinces méridionales. Le duc de parme avait prisMaastricht en r.57g, Tournai en r58r, Bruges, ypreset alost en r583. Peu de temps_après la mort du princed.'Orange, dès le mois de septembre r,Eg4, Gand tombaentre.ses mains. Il s'empara de Bruxelles en r585, et,la même année, d'anvers, bien que cette dernière ville,-considérée

par les calvinistes hollandais comme leurboulevard dans le sud, eût été défendue aveo autantd'habileté que de constance par Marnix de Sainte-aldegonde. a toutes ces villes et à leurs habiûants,

'sauf aux réformés qui furent inexorablement expursésdu pays (r), X'arnèse accorda I'amnistie et.promit la.restitution de leurys privilèges. ainsi se trouva réta-blie, dans toute l'étBndue de la Belgique actuelle, I,au-torité du roi d.'Espague.

Toutefois, lb général espagnol fut impuissant à pous-ser plus_ loin ses succès. Après la chute d'Anvers, la

({) A Gand, onze mille ouvriers'tisserands furent obligés de s'expatrier.

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264 CHÀPITRE IIIITTIEME

reine Etisaboth embrassa ouvertement la cause des

provinces du Nord, une flotte formidable, l'Atmada,

ànvoyée par philippe II pour conquérir I'Angleterre,

fut anéantie, par suite de I'inexpérienco et de I'incapa-

cité de son chef, Ivredina sidonia (1588) (r). c'on fut

fait alors de la puissanae maritime de I'Espagne'

Trauquilles désormais et inattaquables du côté de

la mer, les provinces insurgêos purent consac er toutes

leurs forces à Ia défense do leurs frontières méridio-

nales. Àussi demeurèront-elles, sous le nom de Pro-

oinces-(InÎes, définitivement séparées des provinces du

Sud, connues depuis sous la désignation de Pays-Put

espagnols. Mais tandis que cellos-ci allaient mstreher

à -une

rapide décadence, les premièros, sous I'action

bienfaisante de la liberté, ne tardèrent pas à s'élover

au plus haut degrê de puissauce politique, de çichesse

matérielle e! de eivilisation.

Conséquences Oé ta révolution du XVl" siècle. * La r.es-

tauration espagnole rétablit dans les provinoes méri-

dionales la pratique exclusive du culte catholique. Par

contre, lo protestantisme domina dêsotmais dans les

provinces révoltées et cette différenoe de religiondevint la cause essentielle et déterminante d.'uno irré-vocable séparation.

La Belgiclue, avant la révolution d.u xvlu siècle, était

la plus riche contrée d.u mond.e. Elle se trouva, après

la restauration espagnole, ruinée et dépeuplée'

En 1586, on avait pu 'voir, à Ànvers, d'es personnes'

autrefois dans l'aisance, sortir lo soir pour solliciter

({) Yoir suq cette çrestion l'excellent chapitre consaqé à' l'lnuincàble

l#ào, par M. Gossen:r, dans son liwe intitul1 z La. dtnû,natïon eryagnole

aonstn*'iogs-Basùlafii tlu règne d,e Phâlîppell.Bruxelles, {906. - Lire

pp. {,&9 of suiv.

Page 271: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

I

I

pÉnronn ESPacNor,E 265

I'aumône à la porte d.es maisons. On y vit aussi, plusd'une fois, les pauvres disputer aux chiens les'débrisde victuailles que contenaient les immondices déposésdans la rue. Une solitude morne régnait dans cesartères où se pressait autrofois une foule active et ani-mée. "Plusieurs années après la trêve de douze, ans,Anvers demeura véritablement désert et sans vie : onn'y rencontrait ni voitures ni cavaliers. La même soli-tude désolée régnait dans toutes les autres villes desPays-Bas espagnols. Un voyageur de fépoque disaitavoir vu paître deux ohevaux dans I'une des princi-palos rues de Gand.

L'agriculture, l'industrie, le commerce et toutes lesautres sources de la prospérité d'un peuple, étaientanéantis. Les villages étaient dépeuplés ou détr.uits, etdes cantons entiers, demeurés on friche, servaient deretra.ite à des bandes de loups souvent poussés par lafaim à chercher une proie jusqu'aux portes des villes.Des troupes de mend.iants assiégeaient'l.es couvents,et les voyageurs, assez hardis pour se risquer sur lesroutes, étaient aussitôt détroussés par des voleurs degrand chemin.

F aute de travail et de séeurité, les industriels et lesartisans avaient passé à l'étranger, particulièrement enAngleterre et dans les provinces du Nord. Gand seulperdit plusieurs milliers d,'ouvriers, presque tous dra-piers. Dans les villes hollandaises de Midtlelbou1grR,otterd.am et Àmsterdam, des rues entières étaienthabitées par des Flamq,nds émigrés. Aussi fabriqua-t-on désormais en Eollande et en ZéLande les draps,'Ies serges, les tapisseries,' Ies tapis, les velours, lesbroderieg d'or et de soio, etc., autrefois le monopolede l'industrie belge.

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266 CHÂPITIùE HUITIEME

Notre commerco suivit le même chemin. Amsterdarnrecueillit la succession d'Anvers et devint à son totrrla métropole commerciale.de I'univers. Les Belges,n'ayant plus ni grando voio oomûrercialo, ni débouchés,durent alimenter seuls leurs industries et vivro de

leurs propros produits

Albert et lsabelle (t59S-1633), - Espérant par ce moyenramener à I'obéissance les provinces du Nortl, Phi-lippe II songea à donuer aux Pays-Bas une apparenteindépendanco. Dans oe but, il fit cession de nos pro:vinces à son neveu Albert à qui il se proposait d.e faireépouser sa fille Isabelle. Toutefois certaines clauses -

- socrètes de l'acte de cession mainteuaient en réaliténotro pays sous la domination espagnole non seulementdaps I'avénir, mais encore dans le.préseut.

Yoici les principales stipulations pubtiques de cetacte : to si les archiducs meurent sans enfants, lesPays-Bas feront retour à l'Espague; zo s'ils ont unhéritier, il dovra épouser une princesse espagnole;3o s'ils ont une fille, elle ne pourra se marier sans leconsentement du roi d'Espagng; 4' défense aux Belges,sous peine rle confiscation et même de mort, de tra-fiquer'avec les Indes; 50 interdiction leur est faiteégalement d.'entretenlr des relations commerciales avecles Provinces-Ifnies; 6o le catholicismo est la squle reli-gion tolérée | 7o lù cession sera nulle si I'un,d"es succes-seurs de I'archiduc abandonne la religion catholique.

En Voioi les deux principales clauses secrètes : ro des'garnisons espagnoles se-ront maintenuef eu un certainnombre de places fortes dos Pays-Bas; zo les roisd"'Espagne auront la faculté perpétuelle de réunir lesPays-Bas à leur monarchie s'ils lo jugent convenable,même s'il existe des enfants des archiduos.

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PERIODE ESPAGNd.T,E 267

Ire mariago d'Albort et de I'infante fsabelle eut lieuà Madrid. Peu après, les nouveaux éporrx quittèrentI'Espagne pour se rendro dans nos provinces. fls furentinaugurés à Bruxelles en septombre r5gg et prirent letitre d'archiducs des Pa;ls-Bas.

Iugement sur Philippe ll. - Philippe II était mort ls13 septembre 1598. Slassuror un pouvoir absolu surtous les peuples soumis à sa'souveraineté, même d.ans

les contrées.qui jusqu'alors avaient été les plus libresd.e I'univers; maintenir dans ses Etats, à I'exclusion detouto autro, la religion catholique romaine, tel fut ledouble objectif de sa politiquo. Il y consacra, sansrépit ni défaillanoe, sa vio tout entière, apportant enla poursuite de ses d.essei-ns'une opiniâtreté invinciblequ'il faudrait admirer s'il s'ôtait montré plus respqc-tueux des droits d.e ses peuples et si ses procédés degouvernement avaient été moins cruels,

Trêve de douze ans. - Albert, brave soldat, mais assezmauvais général, se fit battre à Nieuport par les Hol-landais, on 16oo. Il mit ensuite trois ans à s'emparer dolaville d'Ostend.e, au siège delaquelle il perdit soixante-dix millo hommes et d.épensa des sommes immenses.

.Malgré ses insuccès, il aurait voulu continuer laguerre, car il craignait cluo la paix n'affermît l'hérésieen ïlollande; mais la nation épuisée I'obligoa à con-clure avec les provinces du Nord une' trêoe de douzeans (16o9). L'acte clui stipulait cette trêvo reconnutI'indêpend.ance des Provinces-Ifnies, leur aocordaimplicitoment le droit, interdit aux Belges, de com-mercer avec les fndes et ferma l'Escaut au profit'desHollandais.

Garactère et Gouvernement des archiduos. - D'une intel-ligence médiocre, l'archid.ua est excessivement orgueil-

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268 cHAPTTRE HUrrrÈME

loux. Jamais il ne rit, même slil en a les meilleursmotifF, oraignant do manquer à sa tlignité. Dans ses

discours aux roprésontants de la nation, il s'exprimetoujours en.espagnol, quoiqull parle le frangais avecbeaucoup do facilité. S'il leur offre un repas, il nos'assiod. pas à la table oommuno; il mange seul, sousun dais, isolé des autres convivos. Ses domestiques leservent à genoux

Isabelle est debeaueoup supérieure à son époux parl'intelligence et lo caractère. Aussi son entourage et lepeuple lui-même I'affectionnent-ils plus qu'Albort dontles façons réservées rappellont trop celles de son oncle'Philippe II.

Pendant la révolution, on avait constammeut substi-tué aux tribunaur ordiuaires des cours martiales,c'est-à-dire des tribunaux militaires qui jugeaieutsouvent saus tenir ogmpte dos lois existantes.

Sous le nom d'édit perpétuel,les archiducs publièrent"un nouveau cod.o de justice destiné à être désormaisappliqué par les tribunaux civils rétablis. La promul-gation d.e ce cod.e fut la meilleure des mesures prisessous leur règne.' Mais ces prinoes no surent pas s'astreindrc à-res-pecter les privitèges uationaux. Peu s'en fallut mêmoclue les Bruxollois, qui avaiont cru pouvoir réclamerIeur antique d.roit de dêsigner les bourgmostres, rovissent lzur ville livrée aux horreurs dnun bombarde-mept (1619).

Les archiducs pro[egèrent les beaux-arts : lespeintres, les sculpteurs, les orfèvros, les musiciens et*même les lettrés demeuréq fidèles à la foi catholique-reçurent d'eux dos -enoouragements. C'est ainsi qu'ils

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FpÉnronn EsPAcNorrE 469

assistèrent un jour, en compagnio d'une suite nom''pùeuso do grands seignours et de nobles dames, à une,

leçon du célèbre Juste Lipse, professour à l'universitéde lrouvain (r).

Une autre tois, ils visitèrent l'atelier du grand

peintre PauI Rubens, qui, strr leurs instances, avait

aband.onné son dessein de s'établir on Italie pour fixorson séjour à Ânvors.

Par contre, ils favorisèrent moins I'agriculture,I'indusûrie et le commorce.

Popularité des archiducs. - Comment expliquer lagrande popularité dont les archid.uos jouirent de leurvivant et dont leur mémoire a bénéfioié auprès d'ungrand riombre d'historiens? Epuisées par quarante

a,inéos d'inquiétudes, d.e luttes et de souffrances, Ies

populations d.es PaJzs-Bas ressentaient un insatiablobesoin de repos. Leur fatigue extrême les disposait à

la reconnaissance envors qtricOnquO leur procurqrait latranquillité dont elles étaient dopuis si longtemps

privées. En outre, les souvorains < habiles dans l'art si

d.oux de gagner le cæur du peuple en s'occupant de ses

plaisirs n prenaient volontiers part aux réjouissancespubliques. Dans un concours donné à Bruxelles par leGrand serment des arbalétriers, on vit Tarchid.uchesse

Isabelle abattro I'oisoau et remporter le prix du tir.Irôs Belges ont toujours été sonsibles à ce genre de

démonstrations. \

tipulations du traité de Munster relatives à la Belgique

(f648). -Ira trêve erpirale 9 awil 16zr et, malhenreu-

soment, ne fut pas renouvelée. Albort mourut le 13 iuil-

({) Juste f,ipse, né à Isque en Brabant, philôlogue 6rudit, n'éæivit guèro

ç'en latin.

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270 CIIAPITRE EUITIÈME

let suivant. La Belgique perdit alors l,ombre d,indé-pendance qu'on lui avait momentanément consentie.Bientôt les hostiutés reprirent contre la Hollande,liguée avec la Franco. Mais ni d.e loun ni de I'autrecôté, on n'obtint de sérieux avantages. Enfin, ent6{8, red.outant la puissance grandissante des x'ran-çais, les Provinces-Ifnies signèrent avec l,Espagne lotraité de Munster ou de 'w'estphalie q.ui reconnutd.éfinitivement leur indépenda:rce. Mais les Hollandaisoxigèrent en outre la fermeture de I'Escaut pour lesnavires qui voudraient venir d'Ânvers ou s'y rendre,mesure qui anéantit toute espérance de voir rsnaîtreI'industrie et le commerco'en Belgique.

Guerres de Louis XIV en Belgique. - Si encore nosmalheureuses provinces avaient' étêt délivrées de laguerre ! Mais la paix signée avec.les provinces-uniesn'engageait pas la France, qui continua les hostilités.Quatre fois Louis XrY, qui rêvait I'annexion d.e notropays à ses Etats, envahit la Belgique sous les plusfutiles prétextes et, chaque fois, il nous enleva quelqueportion du territoire.

C'est alors que uous perdîmes : ro par lo traité d.esPyrénées (1659), Gravelines, Bourbourg, Saint-yenant,en Flandro; Arras et l'Artois; Le Quesnoy, Landre-cies et Avesnes, en Hainaut; Montméùy, Damvillerset Thionville, dans le Luxembourg (r) (nous ne citonsque les villes d.emegrées depuis à la France); 20 pâr lapaix d'Aix-la-Chapelle (1668), les villès de Borgues,

(4) un article du traité des Pyrénées stipulait le mariâge de Louis xlv aveclrnfante Marie-Thdrèse, une des fffles du roi d'Espagno, philippe ly. c,ost àtitre de dot de la princesse qu'avait lieu ra cossion dos villes ueiges mention-néos au [raité: La princessb recevait, en .outre, une dot oe 500,00'0 écus d'or.mais renonçait, d'une façon formelle, à tous droits au trôno espagnol.

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pÉnronn ESpacNor,E 27r

Armentières, Lillo, Douai; 3o par celle de Nïmègue(1678), Térouane, Saint-Omer, Cassel, Aire et llailleul,en F landre ; Cambrai, Bouchain, Valencionnos, Condé,Bavai et Maubeuge, en Ifainaut.

Guerre de la succession d'Espagneo - Une dernièreguerre de l'Espagne aveo la X'ranoe, dito g.uerce de Iasuccession d' fispagner.eut pour nous des conséqùencesparticulièrement importantes. Ayant décitlé Charles If ,roi d.'Espagne, qui n'avait pas d'héritior d.irect, àchoisir pour successeur Philippo d'Anjou, son petit-fils' et en même temps petit-neveu d.u monarque espagnol,Louis XfV, après Ia mort de Charles fI, voulut procé-der à I'exécution du testament. Le nouveau roi pritle nom de Philippe V. Ifne coalition formidable so

. forma contre lui en Europe, et notre pays devint de" nouveau le théâtre de la guerre (r7oo1.

Comment déorire la profonde détresse des popula-tions belgos au milieu des guerres sans cesse renais-

,santes'qui désolaient 'notro pays depuis la second.emoitié dir xvru siècle (1572, prise de la Brielle) jusqu,aucommencoment d.u xvure (t7r4, fuaihê de R,astadt) !

Tour à tour prises et reprises, les villes ont incessam-ment de nouvelles contributions de guerre à payer, deplus d.ures réquiÀitions à subir, quand elles ne sont.pas livrées au pillage et aux flammes.

De leur oôté, los campagnos se voient continuelle-ment rava$ées par d.os troupes auxquelles leurs chefsn'imposent aucun frein. Aussi sont-elles absolumentruinées et à peu près désertes. Tous les champsdemouront en friche; on abandonne les plus belles.fermes; partout les bois reparaissent spontanément.

La formiâable artillerie frangaise oause des pertesénormes aux places assiégées. Iro bombardement de,

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272 CEAPITRE EIIITIEME

Bruxelles (1695), ordonné par le maréchat de Villeroidans le simple but de détourner I'attention do l'enuemi,dêtruit en deux jours quatre mille maisons.

La ville de Huy subit sopt sièges en vingt ans etjusqu'à deux en six semaines. Son pont est détruitdeux fois au cours de la guerro et, en 1688, elle estpillée et brûlêe. Au commencoment du xvrrre sièole,I'on u'y trouve pltrs que << d.e vieilles masures, desplaoes vides et abandodnées >. La plupart de ses habi-tants, ruinés par les contributions of les réquisitions,éerasês sous les taxes {ocales, sont réduits à la mendi-

Quant aux localités ouvertes, aux bourgs et aux vil-lages, leur- sort ne laisse pas d'êtro plus lamentableoncore. A chaque instant, ce sont alertes nouvelles.Voici un corps d'armée en vue; les provisions dispa-raissent en des cachetteshabilemeut dissimulées, ména-gées à dessein. Au fond dos bois s'onfuient les bêtos etlos gens. Mais d.'ordinaire le temps danquo pour. se

sauver : und troupe do soldats, un corps d.'irréguliersou do maraud.eurs survient à I'improvisto. Ce sontaussitôt d.es rafraîohissoments à servir, de copieuxrepas à préparer, car il s'agit d'éviter. les sévices, lespillages, l'incend.ie, la mort peut-être. A la moindrehésitation, Ies menaces et les coups pleuvenl,. Pourune riposto un peu vive, uno instinctive résistanco àquolque brutalité, la maison ost brûlée, ses habitantsmassacrés.

Les soudards repus, s'omparént de ce qui reste devivres, font main basse sur les grains et les four-rages, emmènent tout ou partio d.u bétail of do labasse-cour. C'est la ruine pour maint ménage avec ladisette en perspective pgur I'hivor.

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PÉRIODE ESPAGNOI,E 273

Cependant, demain, une autre bande réclamera des

matelaso des couvertnres, des draps de lit.. Dg,ns

quelques jours, un nouveau parti réquisitionnora'pour quelque pénible of lointain service, des guides'des ouwiers avec leurs outils, des voituriers avec

leurs chariots. Il coupera les blés vorts pour én nour''rir les chevaux. Pour approvisionner l'armée, ou sim-

. plement pour ompêcher l'adversaire d.'en tirer parti, il- dévastera les- jardins et los champs. La semaine sui-

vante, de lourdes contributions de guerre seront exi-gées : telle somme d'argeirt à fournir d-ans les deux ou

trois,jours, quelquefois dans les vin$'t'quatre heures.Parfois, pour éviter ces excès, les notables offrirontd.'eux-mêmes aux chefs de bande d'importants badeaux.

Dans le cours d'une année, un seul village éprouveraquinze ou vingt secousses de l'espèce, et quand' viendrala iaison mauvaise, la famino et la maladie aurontbeau' jeu : des familles entières mourront de faim et de

misèren tandis quo le reste de la population végéteradans l'effroi et la désolation.

La Belgique passe sous la domination autrichienne (1714).

Enfin ,le congrès d'(Jtrecht (t7l'z-r7t3)et le traité de

Rastadt (tlr4) rêtablissent la paix en Europe (0. À lasuito des conventions intervenues entre les puissances

intéressées, Phitippe V demeure en possession de

l'Espagne, mais la Belgique est donnée à l'AutricheGZt4).Ces oouvontions maintiennent la fermeture de

l'Escaut au profit des Hollandais. Afin d'élever une

(4)Après de nombrouses roncontrôs, parmi lesquelles les défaites frangaises

do Ramillies (1706), Aud.mtrde(1708) elMalplaquet (t709), des négociations

sont entemées. Elles aboutissent en {709 âux PréIimî,nai,res de la Eage, en

{T{0 aux Confêrences ite Gertrugdenberg,en{7{l aur PréIi,mî,naîres de Londrcs

et enffn utx trai,tés d;Ilffeaht ({743)r da Rusta'd,t et do Buden (L7L4), ces doux

.derniers étant signés respectivement au nom de l'empereur et de l'empire.

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274 CEÀPITRE HUITI]iME

barrière çontre les entreprises. éventuelles do laX'rance, les puissances alliées autorisent les provincos-Ilnios à pourvoir de garnisons un eertain nombre d.e

villes du pays (traité do la Banière, ryr1l (r). Uneronte annuelle d.e l,z5o,ooo florins est payée par nosprovinces pour I'entretien de oos garuisons. AinsiI'humiliation du pays est complète.

Iriége. - Les chiroux et les grignoux. - Le prince.évôqueFerdinandde Baoiète (r6re.r65o) ne reçut jamais les ordres. D'uncaractère orgueilleuxet autoritaire, il essaya d'abattr.e, tout aumoins de diminuer consid.érablemenû, les libertés des Liégeoi's,mais les b ourgmes tt es G aillau me B e c k man et s éb ast i e n L at u eil e,chefs aimés du peuple, s'opposèrent avec énergio aux empiéte-meuts ds I'autorité épiscopale. Deux partis se formèrent alorsclans la cité : celui du peuple et celui du prince, autour clucluelse groupèrent Ia plupart tles grands.

Le parti populaire appel.a chirouæ les partisans cle l'évêque,parce que le vêtement de mode française atlopté par les jeunesgens riches leur donnait une vegue ressemblauce avec I'espècetl'hirondelles connues à Liége sous le nom d,e ehiroux. De soncôté, le'parti des grands baptisa d.e gfignour- ou grog,nard.s lesgens du parti populaire. Beokrna,n mourut, empoisonnér.dit-on,par les ordres clu prince-évôc1ue. Mais la mort de ce tribun nechangea rien aux tlispositions du peuple.

Un aventurier, banni des Provinoes.Unies et cles pays-Baspour faits de trahison,lo comte de Warfusée, vivait alors àLiége où il affectait des sympath{es ponr lo peuple. Il entrete-nait mêmo d.es relations suivies fl.vec le bourgmestre Laruelleet avec I'ambassadeur frangais, I'C,bbé de Mouz<in. Dans I'espoirde rentrer en grâce auprès du gouvernement des pays-Bas, ils'offrit à fairo disparaitre Laruelle. ses ouvertures ayant étéaoceptées, le comte de War.fusée invita le bourgmestre à uurepas chez lui et le fit mettre à mort par des soldats au sorvice

({) tes garnisons de la Barrière furent étabties à Nàmur, Tournai, Menin,Warneton, Furnes, Ypres, Knocke et lermonde.

Yoir E. Hurnnr, Les garni,sons de la Bamière d,ans les pags-Bas autrichicns.(Mémoires couronnés par l'académie de Belgique.) Bruxollos, Lebèguo, {g02.

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pÉmoon ESPAcNoLE 275

de I'Espagne, secrètoment introduits dans sa maison. Mais lopeuple, averti cle cet odieux guet'apens, s'a,ssembla en tumulte,impationt de venger son chef bien-aimé et pénétra de forae dansla domeure de Warfusée. Celui'ci, son forfait accompli, s'étaitlâ,chement caché sous.un lit. n fut clécouvert et trainé à traversles rues de la ville où'il servit d'abord de jouet à une populace

fufieuse. On le pendit ensuif,o, puis on lui tloupa Ia tête et lesbras qu'on cloua aux portes de Ia ville. Enfin, son corps futbrûlé et ses cendres jetées au vent.'Dans sa colèrer le peuple no

s'en tint pas là. Àccusés,- peut-être faussement, d'avoir, avec leschiroux, trempé dans le complot, los carm'es et les jésuites se

virent attaqués, maltraités, puis chassés par une populationdéehaînée (1637).

Bèglement de 1684. - L'agitation et les troubles se prolongèrentplusieurs arrnées encoro au grand dommage de laprospérité dupays. Enfin, Maximilien.Henri de Bavière (165o'1688), Suaoes-seur de Ferdinancl, réussit à prendre cl'assaut la ville de Liégeet lui imposa uns nouvelle Constitution connue sous le nom de

règlement d"e Maæimilien-Henri (1680. Sans suppr"imer les libertésfondamentales inscrites dans la charto d'Albert de Cuyck, ce

règlement réduisait à uu minimum excessif les privilèges quiavaient fait si longtemps la gloire etlagrancleur dupays doliége.

Voici les articles les plus importants cle la charte nouvello,:ro le droit drélection a,ux fonctions publiques est enlevé auxmétiers; ces der"niers cessent d'être des corps politiques pour'redevenir tle simples corporations d'artisans; go tous les habi-tants sans distinction de classes, sont répartis en seîze cham'ôres. Chaque chambre présente, -au choix du prince, une listede noms parmi lesquels il on clésigne trente-siæ, tlont ufngtappartiennent à la noblesse, diæ à la classo-cles conmergants etsrac à cello des artisans. Ce sont là les seules Personnes qui par-tieipent à la nomination du conseil clo la commune I 3o le con'seil de Ia cité, composé d.e uingt membres, et les dpux bourg'mestreb sont choisis, moitîé par le prince, moitié par lesrepr.ésento,nts des seize ohambres dont nous venons de parler'.Les artisans ne peuvent jamais arriver aux fonctions do bourg-mestre, ni faire partie du conseil; (o les bourgmestres et lesconseillers prêtcnt serment au prince.évôc1ue, non plus aupeuplo; 5o les états ne peuvcnt plus s'assembler quo sur convo'cation du prince.

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276 CHÂPITR,E HUIîIEME

il. - Givilisation.

fldministration. - Ires libros institutions des Belges se virentfoulées aux pieds par les rois d'.Espegne. Sous le gouvernemontdu duc d'Albo, le oonseil des troubles fut non seulonent legrand conseil judiciairà, mais encore la priucipale institutionadministrative du pays. On invoqua la raison d'Etat pour expli-cluor cette situation illégale et arbitraire.

Pend.ant le règne cl'Albert et d'Isabelle, Ie bon plaisir d.e cesprinces fut également ou pen.s'en faut la seule règle de gouver-nement. Après eux, on confiala direotion des affairesint6rieuresaux généraux chargés de commander en chef. Geux-ci admi-nistraient par I'intermédiaire de oommissions instituées pareux et, d'habitudo, composées en majorité d'étrangers. Bref, unclur régirne militaire pesa'd'uno façon presque inintemompuesur notro.malheur"eux palsr penclant la domination espagnolo.

Dans le sein du gouvernement centralr'Ia nation n'était plusrion. La vie politiclue trouva un refuge dans les états provin-ciaux qui conservèrent, du moins sur les .points essentiels,leurs attributions et leur mode de fonctionnement.

Quant aux privilèges des grandes communes, ils furentréduits, suspendus ou entièrement supprimés. On soumit lesvilles à des commissions administrativos nommées pa,r le gou-yernemont et Ies plus puissantes oités durent s'incliner, ca,r onréprimait sévèrement les moindres velléités d'opposition.

Cla'sses sociales. - Lu sùûvERArN. - Les rois d'Espagîe gouver-naient les Pays.Bas du fond dè leur oabinet, en rois absolus.

Lu cr.nncÉ. - En vue de fortifier ses moyens d'attaque ou dedéfense contre les réforméso I'Eglise réorganisa llnqnisitiontcréa la congrégation de l'inde'x,instiùua I'o rdre des Jésnites (r5(o),onfin rsstaura les congrégations anciennes of enfondâ un gra,ildnombre de nouvelles.

L.l Nosressn. - La noblesse belge ne fut guère considérée parIe gouver.nement espagnol. Décimée par la proscription.ou parla guerre, elle se vit en outre destituée du gouvernement desprovinces et des grands coTmandements militaires presquetoujours confiés à des étrangers.

L.l sounouorsro BT LE pErJpLE. - Une grande partie do sos privi.lèges fut enlevée à la bourgeoisio des villes. Quant au peupleur"ba,in et rural, il perclit toute action politiquo.

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pÉmoon ESPAGNoT..E 277

lustice. - L'aûtorité <te nos institutions judioiairos fut entiè'

rement méconnue ou leur esprit fausSé sous le gouvornoment

des rois d'Espagne. L'établissement du conseil des trou}les et

sa procédure aussi cruelle c1u arbit'rairo donnont une idée de la

façon dont la justico so rond.it en Bolgiclue pendant cette cala'

mitotrse périodo do notro histoire. De. r55o à 1576, l'inql:isitionpapalefonctionna en Bolgique. après la Pasification de Gand,

les incluisiteurs apostoliques disparuient of Ics placards

cessèrent d'être appliqués. Enfin L'Edit perpétaet de 16rr

rétablit quelques "uglur

et cortaines garanties do justice dans

les tribunaux.Bientaisgnco. - L'alchiduc Albert, d'ésirsux de faire dispa-

raître lss abus commis par les établissements de prêts tenus

par les Lombards (r), intrortuisit les monts-do.piété dans les

bays-nas. En 1618, iI en éteblit à Bruxelles, A:rvers, Gand,

Courtrai, Tournai, Mous, Bruges, Namur, etç'La mendicité sévitplus quo jamais, étant donnés les malhours

du tcmps. Une ordonn&noe de 1617 imposa à chaque commuuo

I'entretien de ceux cle ses habitants dont la misèro était notoire.

on institua rule taxe dss pauvres à laquelle tout lo monde futsçumis, chacun suivant ses moyeus. Du roste, il y eut peu de

fondations charitablos nouvelles pendant cetto période où la

for.tune publique se trouva si profondémont ébranlée. Quantaux fondations oxistantes, elles passèrcnt -généralemont aux

mains du clorgéFinances. - Les institutions financières des Belges ne furent

pas plus respectées par le gouvornement espagnol clue Ieurs

instilutions politiquos ou judiciaires. Aux subsides [bromeutet périodiquement votés, le duc d'albe voulut substituer les

impôts permanents du diæÏème et du uingtième denier. Il pré'

tendait rendre aiusi f impôt plus équitable en le propol"

tiounant à la richosso. Mais, collme il a été clit plus haut, le

caraotère de perpétuité qu'il ententlait lui donner, annulait le

droit des états au refus des subsides, lo plus important peut'êtro

des privilègos insarits dans les conÙtitutions nationales.

o'est le gouver:nement ospagnol qui introttuisit en Belgique

I'impôt dos douanes (1652) et l'y établtt d'une façon permanente'

({) Prêteurs sur guges.

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278 CHAPITR,E IIUITIÈ}IE

Guerre. - Le système cle recrutement employé ,était ordi-. .nairementl'embauchage, Des employés peu scrupuleux, nommésiaeoleurs, recherchaient des jeunes gens robustes, tlisposés ounon à s'enrôler. rls 1eur vantaient les avantages du métier cle'solclat, souvent profitaient du ooup de tête ou de I'iwesse d'unjeune étourdi pour lui faire accepter" des ar"rhes sur Ia prime àpayer aux enga,gés et signer. nn eng:agement clès ,lors irré-voeable.

Les armées ainsi recrutées constituaient un ramassis cl'aven-turiers clont la eoncluite en temps cle guèrre laissait énormé-ment à désirer.

Toute place prise d'assaut était pillée et saccagéo par lesvainqueurs. rl était permis et considéré comme habile dedévaster toute une contrée pour affamer I'ennemi. Toujours Iessoldats vivaient aux dépeus du pays occupé. La guer:re était, àla lettre, un pillage organisé, eu même temps qu'une véritableboucherie de gens inoffensifs et sans cléfense.

En temps de guerre, les gouv-erains acoordaient facilement, àdes mar"ins hardis et tléterminés, cles lettres de marque pourfaire la chasse (la course, cl'orï le ter"me corsaire) aus vnisseauxennemis.

Les gràdes s'achetaient. il fallait être noble cle naissance pourclevenir. officier.

Les guerres n'étaient pas, com''.e aujourcl'hui, rles campagnesd'invasion, mais cles guez:res d.e sfêges, lentes, clévastatrices :ortlinairement, elles duraient plusieurs années. Les générauxavaient pour gra,nd,. principe taetirlae de ne Iaisser demière euxancunoplaoe forte. .

Les grenadiers Iançaient à Ia main, au milieu des ennemis,cles espèces de bombes allumées appolées grenad.es. vers Iemilieu clu xvne siècle, on remplaça ra mèche cles mousquets parla pierre à feu ou sfleæ of I'on fit usàge de la baionnette. a Iamême époque, les Espagnols imaginèrent ra eartoacàe et IesSuérlois la gîberne

sciences. - r,es progrès sbientifiques furent rapides et consi-ilérables au xvre et au xyne siècle. Galilée $56(-16(z) trouva laloi dela ehute des'eorps et construisit Iepremier téIescope (16o9).Newton (û(z-r727) fixa les lofs de ra pesanteur et d.e là grauitation.Torrieelli inveula le baramètre en 16{8 et cornélius oan Drebbel,le thermomètreola' même anuée. Le microseope rut imaginé par

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pÉnronn ESPAcNoT,E 279

l'Jqcossafs Grégoryren 1663 (r). Marioffe trouva en 168o la loiqui porte son nom. Vers 16oo, I'Anglais Haruey découvrit lacirculation du sang. En 165o,

'Otto de Guérielt, d.e Magdeboarg,

inventa la machine pneamatiqaer le manomètre et la'premièremaehine électfi.que. Yers la même époque, Pascal imagina labrouette. Les premières pompes datent aussi du xYrte siècle.

Mais Ia part prise par la Belgiquo clans le mourrement scienti-fiquo fut peu importante. Yoici néanmoins cluelclues noms cle

savants belges qui ont vécu au temps de la dornination espa,- -

grrole ; Van Helmont (t527-r6{(), médecin céIèbre né à Bruxelles,appelé \e père de la médecine. Dans ses prescriptions, il reeouraitsurtout à I'hygiène, Simon Stéuin(r5(8-r635), physicien et mathé-maticien, ué à Bruges. fl introduisit, dit-on, I'usage rJes frac-tions décimales en ar"ithmétique et, en algèbre, la notation deipuissanees par les eæposants. On lui doit encoro'la théorie des

plans inclinés, celle du paralléIogranme des forees et \a loi de Iapressfon des liqaides sar les parois des.aases. Abraham Ortels,appelé Ortelius 11527-1598), publia le premier atlas généralconnn. Gérard de Ctemer, de Rupelmonde, dit' Metcator, etéa,

la projection usitée pour les cartes marines qui a gardé sonnom.

Croyances religieuses, - Après. avoir fait quelques progrès clans

notre paJS, les doctrines protestantes en sont violemmentoxtirpées. Aussi la période espagnole marque-t-elle, en Belgique,l'épo_que cl'un triompho éclatant cles doctrines catholicluesromaines.

Lettres. - Les lettres étaient en pleine prospérité clans lesPays-Bas lorsque ée,lata la révolution du xYre sièale. A la suitedu rétablissement de fautorité des rois d'Espagno clans les pro-vinces méridionales, un grand nombre de nos littérateurs et cle

nos savants, clui avaient embrassé la Réforme, so virent forcésde cherchor un refuge à I'étranger.

< La Holland.e'surtout, clit M. Stécher, s'enrichit des épavesde la révolution belge : elle y gagne des 'manins, des soldats,des ouwiers, des imprimeurs, des artistes, des savants, desthéologiens, des prédicateurs, des médeeins, des diplomates,tles poètes, des professeurs. ))

({) E'aucuns rapportent l'honneur de cette invention à Janssen, de Middel-bourg.

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z8o cHAPTTRE nurnrÈlrn

Au nombre des émigrés, on citè près de tleux cent cinquattelittérateur"s, parmi Iesquels z Daniel Heinsius, né à Gand etsur-nommé 7e Cygne gantois; Jean oan Zeaecote, qui mérita le nom .de prince des poètes flamands; l'historien anversois VanMeteren; en{in Marniæ de Sainte-Aldegonde, de' Bruxelles, quiéorivait avec nne égaie facilité le flamantl et le français et par-lait sept langues. Ce fut l'6crivain le plus brillaut, le penseur leplus profond et, le plus convaincu,Ie polémiste le plus incisif tlupar"ti rÉvolutionnaire. Ou l'a appelé_le'uerbe de la révolution.Ami et confitlent tle Guillaume d'Orange, il sè montra un adver-

. saire aussi ardent et non moins redoutable que celui-ci du régimoespagnol. Travailleur infatigable, iI avait pris pour devise :Repos ailleurs.

Acta sanctorum. - La publication de cet ouvrage - Jes Actesdes sadnts - fut commencée à Anvors en 16{3 par les jésuitesbollandistoso ainsi appelés de .Iean Bollantl, de Julémont, à quirevient l'idée de I'entreprise et qui en écrivit les trois premr'ersvolumes. Cette æuvre d'érudition très remarcluable s'est con-tinuée jusqu'aujourd'hui et I'on y travoille encore.

Enseignement. - Philippe II interdit. aux Belges tle suiwe lescours des universités étrangèrcs et subortlonna les nominationsaux emplois publics à la condition d'avoir fait sos études uni-versitaires on Belgique.

Sous les archiclucs et depuis, I'euseignoment mo)'en fut exclu-sivement remis aux corporations religieuses, aux augustius,aux elominicainsn etc., et particulièrement aux jésuites dontI'ordre était reeonnu er Bolgique depuis r58{.

Des éeoles dominicales, tenues par les curéstlont la frécluentation était obligatoire, furent

des paroisses et

toutes les localités. Leur objet principat étaitenfants I'instruation religieuso.

A l'avènement de Philippe II, I'instruotiou à tous les degrésétait fort répand.ue en Belgique. Mais los temps d'anarchie soutpeu favorables à In prospérité de I'enseignement. Bientôti'ignoranoe devint désolante en notre pays. Dans les classesinfèrioures de la société, pa,rticulièrement dans les campa,grres,seuls les jeurles gens qui se d.estinaient à la prêtrise apprirentencore à lire et à éarire. Peu à peu même, lcs populations envinrent à teuir l'instr.uction non seulourent pour iuutilc, maispour da,rrgereuse.

instituées dansde donner aux

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PÉRIoDE .ESPAGNOI,E s8r

Beaux-arts. - Ancffrilcrunn. - La pér'iode espagnole oorres-pond, en ce qui concerne I'art architectura,lo à une grande par-tie

tle l,époque de la Renaissance caractêriséo surtout par I'imita-tion de I'antiquo. On abandonna, l'ara brisé pour en revenir aùplein cintre c1u'on agrémenta d'une profusion tl'omemeuts.peu cle monumeûts civils nouveaux furent édifiés en Belgiquopendant la période espagrrole. Pourtant, le beffroi de Mons,

I'hôtel de ville d'Ostende, celui do Eal et les'maisons de serments

et de corporatiols do la Grand'Place tle Bruxelles datent tle

cetfr,e époquo. Mais il s'éIeva en notre pa,ys un grand nombre de

béguinages et d'églises, celles-ai dues pour la plupart auxjésuites. Ces religioux ont afiÉ un stylo spécial, clit stylejésuite (0. qui se distingue surtout pa,r' Ia richssse et même par

la surcharge cle I'ornementation. Dans les églises construitesd'après ce style, la tour est souvent placée à côté du chæur.

Quelquefois l'édifice est surmonté cl'un dôme.Un grand nombrs de maisons bourgeoises tle l'époque. dans

lesquolles on oombinait le style espagnol avec le style.flamond,revêtent, d'autre Pafr, un certain cachet d'originalité, particu-lièrement en f,'landre.

Pnnrunu. - Notre pays est bien la terre prÔmise des arts. Enoffet, avec'la première a,nrore de paix, une nouvolle école de

peinture surgit en Belgique. D'ailleurs, comme le dit Macaulay,<<les conséquences d'un mauvaiS gouvernement ne se fOnt Sentirqu'après un cortain nombre d.'années. I-,es talents et les ver"tus

qu'engendre nns bonne Constitution pouvent lui surviwoquelque temps n. On voit dù reste les plus mauvais princesaimer les arts qui, par eux-mêmes, contribuent à répandre do

.l'agr6ment tlans leur. existence et à tlonner do l'éclat à leurrègue.

La période gothique de l'art de la pointure venait d'e finir avec

Qaentin fuIetsys. La renaissa,nco flamande commença vers r55o,

avec Pierre Coeckerd'Aloàt (r5oz'r55o1, à la fois peintre, verrier,gr&veur, arohitecte et littéra,teur' pour finir à son tour vers

168o. La lignée célèbre des Braeghel, dont les æuwes si réa'listes et si vivantes nous documenteût et nous charment engqre,

(f) Parfois gg1ssl ruhênîm, à causo, de la part qui rovientà Rubens dans sa

or6ation.

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zBz CE.TIPITBE nUrTlÈprn

mérite cle figur"er au premier rang do nos artistes, notammentPierriz Braegher IAneien (1525-1569) et rriene Bruegher II (t567-.r637 ou r638). ottovenius (r558-16zg) er Ad.amvanNoort(rd6z-r6dr)furent les continuateurs cle Pierre coooke et en mêmo temps lesmaitres de I'incomparable Rubensr le chef reconnu de l'écolenouvelle, dit le prince des peintres flamands. L'influenoe ita-lienne se fit vivement sentir dans res æuvres cles artistes d.ol'époque. Elle s'explique par Io fait que dans leur jeunesse, ilsallaient volontiers passer quelques années en rtalie, afin de s'yperfectionner dans lour art.

Les artistes de la rtenaissamce abandonuèront décidénlentIes règles traditionnelles d'une peinture de conveution pourobserver etsuivre de près Ia nature. Les principaux caractèrestle Ia nouvello école sont : la. cor.roction et ra vérité du dbssin; Iarecherche do I'expression vraie, de la justesse du geste et d.'unexacû mod.elé des formes; la vigueur du color.is, la grândeur etla force des concoptiops.

Rubens naquit en juin 1577 (r) ot, en rbg8, fut reçu franc-maître dans la gilde de saint-Luc d'anvers. c'est peut-êtro

' Io peintre Io plus extraord.inaire qui ait jamais pa,ru. ses æuvressont innombrables. on connaît de lui dix-huit cents tableauxauthenticlues. rI en aurait peint, dit.on, plus dô trois milkj.Beaucoup ont des proportions énormes. pour Rubens I'art n'a,ni secrets ni difficultés. rl excelle dans tous les genres. sonhabileté de main est' iucomparable; son trait, ferme et sfrr',produit du premier coup, l'effet attendu. cependant, il eut descollaborateurs dans la composition de cette multitude detableaux qu'on lui attribue, Mais ses élèves avaient si bien prissa mauière, plusiour"s travaillaient avec un tel talent que, dans.certains tableaux, les hommes de métier ne distinguent pastoujours le faire du maître d.e I'imitation.

Le chef-d'æuvre de Rubens r la Descente de ctoiq or"rle l'égliseNotro-Damo d'Anvers. Cette villo possède une ciuquantaine detableaux de ce prestigieux ooloriste.

Rubens ne se distingua pas seulement crans la peinture, mais

(l) certains, dont M. Max Rooses, firent Ie lieu de naissance de Rubons àsiegen en westphaliel d'autres se prononcent en faveur d'anvers. Quoi qu'ilen soit, Rubens est bien le représentant le plus remarguable de l,art picta.ottlamand,

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PER,IODE ESPAGNOLE 283

manifesta des aptitud.os pour ainsi clire univorselles. La gra.Dure, la sealptute, l'arehiteeture Ie tentèront tour à tour. Trèsinstruit -il parlait et écrivait aveo facilité plusieurs langues -il s'occupa avec succès de littératrrre of d'histoire. Plusieurssouverains s'honorèrent cle son amitié. A diverses roprisos, lesarchiducs le chargèront de misdions diplomatiques qu'il con-tluisit avoc beaucoup d'habileté et de prudenoo. Il mourut le3o mai fi(o,

Pnrmi les peintres Ies plus remarquables d.o son école, nousoiter.ons : Van Dyck (1599-16(r), peintro admirablement doué,clui n'est guère inférieur à Rubens. Dès l'âge d.o quatorze alns,il peignait sans le conseil d'un maîtr.e et Rubens lui-mêmeadmira des panneaux représentant les apôtres, exécutés parVan Dyck à l'âge de. seize ans. On I'a sulr.ommé le roi desportraitistes.

Les deux Teniersr le pèro vécut tl.e r58e à 16{9, et le fils,clit Ze Jeune, de 16ro à 169o, représentèrent avec rur ra,rebonheur les scènes de la vio flamande,les intériéurs de cabaret,les fêtes de village, etc. Les kermesses flamandes de ce derniersont atlmirables de vie et de mouvement.

François Snyders (t579-r65fl réussissa,it surtout dans la poin-ture des a,nimaux. En beaucoup de chassss de Rubens lespersonna,ges seuls sont du graucl peintre : les animaux sont deSnyt1ers.

Jaeqaes Jordaens (1593-1678) complète le quatuor des grandsmaîtres formé'par Rubens, Van Dyck, Teniers le Jeune et lui.Son talent ne lo cède guère non plus à celui de Rubens et mêmele dépassei en certaines de sés toiles.Il a le faire plus simpleet plus naturel qus ce dernier. Jordh,ons, coloriste de tout pre-mier ordro, utilisa beaucoup le conoours de ses élèves et,comme Rubensr_laissa un nombre prod.igieux de tableaux.

Gaspard De Crayer (158r-1669), peintre d.'histoire et portrai-tiste, a été pa,rfois comparé à Van Dyck.

"Nous pourrions étendre davantage cette nomeuclature. Auxvde siècle, lo nombre des'peintres belges cle grand mérites' accrut consid.érablement.

Sculprunn. - L'influeuco de Rubens s'éteudit jusqu'à lasculpture. << Par ses conseils, par ses productions, il impri-ma à la statuairo un caractère tout par.tioulier : celui d.e Iabeauté pittoresque, c'est"à-dire clo la force, de la grândour,

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284 CHAPITR,E. IIUITIÈME

de la fougue, de la vie et du brio ds la peinture (r). >

Arnouldoa Arthus Quellin, né à Anvers, I'un tles plusbrillantssculpteurs do son siècle, était fils du sculpteur liégeois Erasme

Queltin. Luc Faidherbe, de Maline-s (1617-1697), à la fois a,rchi-tecto et statuaire, fut un fervent disciplo de Rubons, FrançoisDuquesnoy naquit à Bruxelles. en fig{ et mourut en 16{6. IIréussissait merveillousement les petits bas-reliefs en manbre,en bronze ot surtout en ivoire. Il sculpta Ia statue de Saint-André qui se trouve à l'église clo Saint'Pierre cle Rome, consi-dérée commele chef-d'æuvre de Ia sculpture belge a,u xulesiècle.Les Verbrug'gen, d'Anvers, le père et ses deùx fils, travaillaientle b<iis et la pierre a,vec un taleut tout à fb,it supér'ieur.

Gn.lvunn. - C'est enoore à Bubons qu'il faut attribuer l'hon-neur de I'apparition d'une nouvello école de gravure au soin deIaquolle brillèrent Jordaens, Van Dyck et Paul du Pont, d.'An-vers (rtio3-r658). En vûe de faire roprocluire ses toiles par lagra,vure, Rubens passait, à des artistes compétents, des dossinsexécutés par lui-même ou sous sa direction, puis revoyait avecsoiu les épreuves. On lui doit cluelclues eaux-fortes.

Musrgun. - Nous a,vons déjà dit. clans la périocle précédento,qu'avec Roland do Lattre, mort en r5g(, cesse Ia primautéexercéo par la Belgiquo clans I'art musical.

Agricuiture, industrie, commorco. Avant la révolution duxvrs siècle, la Belgique était.la plus riche contrée du monde.EIle se trouva, peu après, ruinée et d.épouplée. Dès 1586, ilexistait à Anvers bon nombre de personnes,'autrefois aiséos,qui attendaient la nuit pour aller de porte en porte solliciterI'aumône. C'éta,it chose commune aussi d'y voir'les pauwes d.is-puter âux chiens les débris de victuailles contenus dans losirnrnondices déposés sur la'voie pub'lique.

Nous savons que plusieurs années après la trêve tle douzeans. la ville d'Anvers demeura véritablement déserte of sansvio. En 1665, I'entrée tlans le port cl'un.navire. ehargé tle vinscalrsa, une profonde sensation. C'est au point que lo magistratalla, en grande solennité. offrir au capitaine une riche récom-pense. A cette époque, l'ancienne m6tropole commerciale desPays-Bas ne renfermait plus que 5{,ooo habitants.

({) BnnruÉ, Anaers métropole dæ arts, tr. ler, p. {66.

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PÉRIODE ESPAGNOI,E ' 2U5

Lo mêmo solitude désolée régnait tlans toutes los autles villes-à". Pays-Bas espaguols. A llruxollos, on obtenait pour (,ooo flo'rins des habitations qui se seraient autrefois vendues Sorooo.

Lr'agriculture, l'industrie, le cornlngrco, tôutes ces sources do

la prospérité d'un pouple. étaient anéanties. Les cempa,gresavaient été dix fois ravagéos, la plupart des villages étaientdépouplés ou détruits. Les terres, restées sans culture, furent,à certain moment, offertes par Philippe II à qui les voulaitprendro. La ruine, la désolation, uns misère épouvantablgpesaient sur les campag:nes, en notre malheureux pays.

Faute de travail et de sécurité, los ind,ustriels ot les artisansdes villes passèrent à l'étranger, partioulièrement en Angle-terre et en F'ra,nco, où on leur promettait toutés sortes d'avân-tagos. Amsterdam offrait eoo florins à tout tisserand qui conson'tait à s y établir. Par dos moyens analogues, Oolbort attira à

Abbeville des ouvriers belgos aapables de confectionner lestapis et le linge damassé. C'est à des ciuwiers fla,mand.s que laFranae doit los ateliers de tapisserie do hauto lisse dos Gobelins.

Dans les. villes hollandaises do Middetbourg, de Rotterdamet d'Amstordam, des rues entières, nous I'avons précédemmentind.iqué, étaient hâbitées par des n'lamands émigr'és. Aussifabriqua-t-on désornais en Hollande et en Zélande les draps'les sorges, les tapisseries, les tapis, les velours, les broderios'd'or et de soie, ote., autrefois le monopole do l'inclustrie belge.Seules, les t{entellos de Bruxelles restèrent les plus renomméeset les plus recherchéeà.

I{otre commerce suivit le même.chemin clue notrb industrie.Amsterdam recueillit la succession d'Anv€rs et, à son tour,devint la métropole d.e l'univers. Les Bolges n'ayant plus nigrande voie oommercialo ni débouohés, se vireut réduits à con-sominer eux-mêmes les produits de leurs industries et celles-cidéchurent d,'rine façon foudroyante. La situation financière dugouvornoment devint même absolument désastreuse. Un étlitdu so novembre rSgG annonça, que I'intérêt des dottos tte Fhi-lippe II no serait plus payé. Ce n'était ni plus ni moins que labanqueroute de ce princo autrofois si riahe.

No n6gligeons pas aependant de faire remarquer quo, dèsle xvne siècle, I'hortioulture oornmença à prendre à Gand I'essorqui a fini par donnor à oette ville le premier rang tlans Ie mondeentier pour ae genre de aulture.

PÉRIoDE ESPAGNOI,E

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286 CHÀPITBE HTIITIùME

C'est aussi sous le gouvernement espagnol clue Ie canald.'ostende à Gand. fut créé (rGr3.rGGg). on essayait ainsi de rem.placer I'Fscaut fermé par une sorte clo fleuve intérieur" artificiel.

vie domestique, coutumgs, m@urs. - aucune classe sociale, il estfacile de le concevoir'r'ne vit augmenter" son bien-être au coursde la période espagnole, si tourmentée et si douloureuse pournos ancôtres. La nouniture, Ie costume, Ie mobilier, etc.,subirent cependant quelques moclifications. Mais ces modifisa-tions furent presque exclusivement Ie résurtat de l'influenceétrangère. ,

Nounnrrunu. -.Le chooolat, Ie thé, te café se vulgarisent. Il sefonde des établissements, d,es cafés, où l,on tlébite ces colrsom-mationsn ce qui oxcite Ia jalousie et la colère tles cabanetiers.

V:Èmupnr. - Les dimanches et jours de fête, les hommes clupeuple se vêtent tl'un justauoorps

- espèco tl'habit court - cleculottes, de bas de coton ou de laine - la soie est réservée auxriches - de souliers à boueles ct d'un chapeau en formo cleIampion. C'est dans ce costume qu'ils se rendent à Ia messe lematin; qu'ils vont, l'après-midi, jouer aux quilles ou fairæ leurpartie de cartes au oabaret. Los. autres jours, ils remplacentle justaucorps per la blouss de toile bleuo et les souliers àboucles paa' des sabots ou de gros souliers fer.rés. aux oreilles,ils ont tlos annoaux r1'or.

Ohez les grands, s'est iutroduit I'usage do se rassr la tête etde substituer la perrlque à la chevelure naturelle. Les nobresportent la moustaohe ot, au menton, la barbe coupée en pointe,habitude qui est adoptée par les ecolésiastiques eux.mêmes.

Les femmes affectionnent boaucoup un vêtoment de soienoire, à bords frangés, dont elles so couvrent I,a tête et danslequel elles se clrapent en en disposant les plis avec ar4 et,cocluetterie. C'est la faille, d'origine espagnole, qui sert égalo-ment à la toilette et au négligé. Ce vêtement, à la fois aom.mode et gracieux, s'est perpétué jusqu'à nos jours. La voguereste longtemps aussi fiatèlé au mantelef, espèce de gr"and ma,n.teau pourvu d,'un capuchon, qui se porte I'hiver en drap ou envoloursr l'été en toile ou en coton teints.

Au xvtte sièole, les élégantes se collent sur le visage de petitespièces de taffetas noir qu'elles rtomment des mouehes. De vastesparasols, soutenus par des pages, protègent leur teint contre losardeurs tlu soleil. Mais cespa,rasols primitifs ne se ferment pas.

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PEII,IODE ESPAGNOIJE zBj

Ilo,nrr.lrron. - Couvor"te de grosse paille do seigle, parfois degenêt,-l'habitation du peuple est toujours fort modeste. Parcontre, les grand.s se font construirs do magnifiques hôtels enstyle ogival tertiaire ou en style renaissance. Il n'y a pasencore de sonnette aux maisons. Pour s'a,nnoncer, on frappe à,

l',aide d'un marteau suspendu à la porte d'entfée.Mosu.rEB. - Chez les grands ét clnez les riches bourgeois des

villes, le mobilier est le plus souvent de chêno sculpté I la vais-selle, de métal ciselé. Le mobilier d.o I'artisan, comme celui clucampa,gnorrln est plus simple. Dans I'unique pièce clont se com-poso ordinairement le rez.de-chaussée de son habitation, onvoit une giande sfosrniafs gar:nie d,'uno crémaillère, des chenêtsof un tube cle fer qui sort de soufflet pour activer le feu; desbancs de bois, souvent fixés aux murs; quelquefois des chaisesdo même matière; de grandos armoires en chêne, une huohe oumaie à pétiir. le pain ; des lits onfoncés dans des alcôves ferméespar des courûines de serge; 'un dressoir, sul. les rayons duquelon r&nge de.Ia vaissells de faiense ou d'étain; dos cuillers debois ou d'étain, des fourchettes . de fer; urre boite à sel sus-penduo a,u mur, enfin une cluenôrrills s6 un rouet.

Ecrarnlcp. - Pour s'éclairer, le peuplo emploio la lampo àhuile dont la mèche ost faite d'étoupe. Les grands commencentà se sorYir de bougies.

L'usago du verro se répand. On invente les ohâssis de boisqd, Çà et là, so substituent aux grilles do plomb losangées, enusage jusqu'alors. Les gens riches emploient volontiers desoa;rrea,ux de 6 pouces, qui laissent nieux passer Ia lumière.Mais souvent la trausparence des carre&ux de vitre laisse àdésirer. La plupart sont'oncofe teintés de vert ou de jaune.

Posrns ET lroynNs DE TnaNsponr. - De oette époclue date aussil'établissement de postes régrrli|1,gs. Longtemps, lo service deIa poste avait été fait par les messagers des universités quiportaient on province les lettres des étudiants et en même tempsremplissaient I'offic" 6s ssrnmissionnairos. c'était très insuf-fisant. Au xvue siècle, on songe onfin à instituer, sur lesgrandes voies ds ssmmunication, des couniers dont le départet I'arrivée dans les localités importantes s'effectuent à deshoures fires. D'&utres courriers remottent aux promiers Ia cor-respondance locale à destination de l'étrangor et distribuentensuite à domicile les lottres qui viennent d'arriver. De lourdes

V. Mirguet et Ch. Porgameni. - Hist. ale Belgique. l0rgtz.

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288 CEÀPITBE HI'ITIùME

diligences font leur apparition ct bientôt ausdi des fiacres, dos

chaises à porteurs, des chaises de poste et des canosses'espèces d'énormes chars suspenduso peints et ornés do glaoes.

Uslcus DIvERs. - L'usage de priser s'introduit dans la bonnosociété. L'homme du peuple fume Ia pipe.

ru. - Gonsidérations générales et vrre d'ensemble.

[,a longue paix qui, sous Charles-Quint, règne à I'intérieurde la Belgique, I'exploitation des riches mines d'or de I'Amé'rique, les immenses débouchés offerts à nos produits pa,r lesvastss possessions de ce princo, I'admirablo emplacoment géo'graphique du pays et particulièrement du port d'Anvers don'nent, dans la première moitié du xvte siècle, une impulsionextraordinaire à notre intlustrie et à notre commerce. Uno popu'lation cosmopolite nombrouÉte se rencontre aux Pays-Bas. AussiAnvprs ne ta,rde-t-il pas à devenir un foyer d'où les idées dos

réformés se répandent dans tout le pa)'s. Le rapide progrès de

ces idées est d.'ailleurs favorisé par les facilités de propagandeque procuro lTmprimerie dans uue contrée où beaucoup tle gens

savent lire, même parmi les habitants des campagrres, of où iloxiste uno multitude do chambres de rhétoriquo dontla plupartaccueillent aveo empressem,ent les doctrines réformistes.

Dès lons, une révolution politique, consécluence do la révolu-tion religieuse, devient imminente. La rigueur avec laquelloPhilippe fI applique les placartls do Charles-Quint contre lesprotostants, I'antipathie qu'il inspire à un grancl nombre cle

Belges, sos despotiques procédés de gouvernement et quolques

autres causes secondaires en déterminent I'explosion. Le Com'

promis des nôbles est signé (1565).

A la suite des stupicles dévastations commises par quolques

bandes d.'iconoclastes, Philippe II envoie le duc d'Albe en Bol-giquo. L'atlministration brutale de ce dernier précipite les évé'

nemonts, et la prise do la Brielle par les gueuæ donne Ie signa.l '

d'une révolution iléjà faite dans lss esprits (1572).

Deux homïnes de grande valeur, Guillaume d'Orange et Phi'lippe de Ma,r:nii, se dressont contre Philippe If : I'unn l'âme et lobras, I'autre, le phite5stho et I'écrivain do la révolutiou.

Lres efforts du duc d'Àlbe et de Requesens édhouent devant

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PEBToDE ESpaGNorrE ggg

oeux ds ces deux hommes qui, dans l'horrsurunivereelleinspi-réepar la Furio espagnole, réussissent à faire signer aux Belges laaélèbre Pacif.cation de Gand, (1576), remarqu&ble, mais infruc-tueux ossai do conciliation entre les provinces du Nord et cellesdu Sud, sur le terrain de la Jiberté clo conscience,

Elle est signée à la fois par des ecclésiastiques, par des nobleset par des bourgeois. Que les elauses en soient loyalementobservées et Ia paix religieuse se trouvera rétablie dans le pays,,l'union des provinces assurée,Ia d.omination étrangère à jamaisanéantie.

Les pr'éterttions exagérées tles intransigeauts.tles deux partisompêchent tout rapprochement durable entre les deux fractionsnationalss. Les temps tle la toléranco ns sont pas venus; chacunréclame pour soi, alr point de. vue religieux, uno iiberté qu'iln'est pas disposé à reconnaitre aux autres. c'est ce qu'il importede ne pas perdre cle vue dans I'appréciation des événements decetto période troublé o. La cbnscisnce individuello varie avec lesépoques, d'aprèsra civilisation et le caractère particuliors deces époques. Tenant oompte de cetto importante loi historique,il est nécessaire, pour juger 'a,vec équité les hommes of leschoses, de se reporter aux temps contemporains et de s'attacherà les bion comprendro. , '

L'Ed.it perpétael,signé àMarche en Fa,menn e (l:llflrne contientplus la clause tle la Pacification tle Gaud relative à la liberté d.econscience. rl jette eutre les prcivinaes des pays-Ilas, momonta-nément rapprochées pa,r la Pacification, un ferment de discordequi pormet à l'étranger cle réaliser I'asservissemont politiquedes provinces du Midi.

En présence de la défection des Malcontents, qui créent laconfédération d'atras et tlénoncent ro principe do la liberté reli-gieuse, les provinces du Nord, r.ésolument attachées au nouvea,uculte, se fédèrent par I' union d'utrecht (rbzg). cette foisr la sépa-ration est définitive et bientôt toutes les provinoes qui com-posent 1à Belgique aatuelle rentrent sous I'obéissance du roidTspagne

Mais la domination espagnole no so rétablit quo sur desruines et des déserts. La plupart des riohes négociants et arti-sa,ns' des savants et dss lettrég, en un mot, toutss les forcesvives de la nation émigrent en angleterrer en Eollande, enx'rance, en Àllemagne. Et tandis qu'ils vont porter dairs oes

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--- - -- :-* -_;]I

I

290 CEÀPITK,E EUITIÈME

contréos do puissants éléments de richesse, d'activité, de progrès,

ils laissent la Belgique désempa,rée, dépeuplée et misérablo.par la suite, les clauses fatalss du traffé de Munster (16{8) ot

les guerres de Loais XfZ consomment I'anéantissement moral,intellectuel et lnatériel du pays. Après la guorre do Succossion,

ûos proyinces, mutiléesot sanglantes, sont données à I'Autriahe

,ltraité de Rastadto l?14).cent oinqua,nte &nnées de guer"ro civile ou étrangère et de

dictaturo militairo ont plongé la Belgique dans ur état de som'

nolorce voisin d.e la mort. cruel châtimeut ds nos fautos, ma,is

grande leçon pour les peuples sens prévoyallce, qui s'abandon-

ueut à I'insoucialoe aux heures SolenrrellOs do la vie nationale.

RÉsuur sïNTnÉTIQUE DE l,a PÉRtoDE nsplcNol,s ({S5S-t?13)'

De,puis t'abdi,cati,on de Charl,es'Qufnt (ldSS) iusqu'au traité dP

nnstâdt $714)t qui, dpnne ù, t'Autriclæ tas Pags'Bas espagnol's' Du'ré'e :,/69 aru.

l. Gouvernemenl absolutiste de Philippe tl, Riguèur avee laquelle ilapplique les placards de charles-Q uint. comprom.is.des nob læ ({566).--'â.

Érogrès de la Réforme en Belgique. Excès des iconoelastes. Le duc

rl'Àtbe en nelgique (1567). Ses abus de pquvoir.6. Rëvol'uti'on. Prise de la Brielle (tS72).4. Guillaume d'orange et Philippe de Marnix, principaux chefs de la

révolution. lmpuissancé du gouvernemen[ espagnol à_la réprimer.5. Horreurs àe ta Furi'e eEpûgnol,e. Padfi'cation d'e Gand' ({576)'

6. Égale intolqrance des pioiestants et des catholiques. _Défection des

catholiques z ConlédArafioi d'Arras (1579). - Union d.'Utrecht (lP]9).7. Règne des archiducs; traité 4e Munster (1648) : séparation défini'

ûve deiprovinces du Nord de celles du Sud; guerres de Louis XlV.

, Conséguànces de ces événements au triple point de vue malériqln intel-lectuel ot moral.

8. Guerre de Sueeession ({700-!716). - Passage des Pays'Bas espa'

gnols sous la domination de l'Àutriehe (traité de Rastadtt l7t4).

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CIIAPITR,E IX

: pÉRroDD auTrtfcHrENNE<12 r 3_t

"9,4>Depuis Ie traité d'utrecbt{{T4s)iusqu'à la conquête de ra BelgiEre

par los Frmqais ({?94).

I. - Les faits.

Csenr,ns VI (r7r3-r7{o).

Anneesens. - L'empereur charles vr (r) confia regouvernement de nos prtlvinces à un gentilhommo

. piémontais, le marquis de prié g7û_r7zi). Dansl'exorcice de ses fonctions, celui-ci déploya les qualitésd'un administrateur habile, mais ses allures oassantesne tardèrent pas à indisposer contro l_ui le peuple etune partie de la noblesse. Jaloux à l'extuéme do sonautorité, d'ailleurs peu scrupuleux en faisant argentdo I'octroi dbs charges civiles comme des diguitésocolésiastiques, ses procéd.és admiuistratifs rappe-lèrenf, sous plusieurs rapports, àduc d'Albe.

nos yeux, ceux d.u

En r7r7, des troubles assez graves, accompagnésd.'actes d.e pillage, éclatèrent à Bruxelles, où les nationsdemandaiont notamment lo rétablissement des priri-lèges qui leur avaient étê accordés par la charte do

(11 Ârchiduc d'autriche, rgi de Bohôme et de Eongrio, empereur drAlle-nagno.

Page 298: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

292 CEAPITR,E NEIIVIEITE

r\zr. Cinq doyens furent arrêtês, parmi lesquels X'ran-

gois anneossens, ardoisier et fabricant de chaises (r)'

c'était un homme de cinquanto-neuf ans' studieux,

instruit, à la parole facile, exerçant sur ses conci-

toyens une certaine influenco. On I'accusa d'être < le

véritable ehef d.u mouvoment et le principal fauteur

des désordres >. anneossens plaida lui-même sa eause

avec une habileté remarclrable et la plus grand'e éuer-

gie : < Jo ne suis pas coupable, dit'il, et je ne serais

Out ici, si j'avais aqeepté les 8,ooo'florins qu'on

m,offrait pour prêter un serment contraire à nos pri-

vilèges (z). n

Legreffierayantluauxaccusésunesentencequicondamnait Ànneessons à la mort et ses collègues à uu

exil de cluatre-vingt-dix-neuf ans : < Mon Dieun s'éoria

celui-ci, pardonnez-leur, ils no savent pas ce qu'ils

font ! >

Blessé de co langago, un d.es membres du tribunal

lui dit d.'un ton iruité : < songez que vous êteÈ d.evant

vos iuges. - Voilà moq juge, riposte le cond'amné'

montrant le christ suspendu au-d,essus d.u fauteuil du

président. Il sera aussi le vôtre; je le prie de vous

pard.onner comme.je vous pard'onne' >> On voulait que'

@25février{660etydécapit6le,|'9sep.tembre47{9.Ilmi âto doyen du métier des Quatro-Couronnes (maçons, tailleurs de'pierre'

sculpteurs et couvreurs en ardoises)'-iâs qo"tro saints couronnés sont: $évère, $évérieno Carpophore ot Vis-

torin, q'uatre frères soldats qui furent martyrs sous Dioclétien-' Le nom géné-

;iqrr; ô;i les dénigne fut donné à une @lise cardinalice do Rome' (Yoir

nn Mls-Urrr'te, Tr'ésor de chronologâa. 4889. col' 8{8)'(2; En 47{?, los'doyens nouveilement élus, invités à jurer d'observer le

regtém.ot atlditionnot'de 4700, règlement qui rédtrisait leurs prérogatives,

refusèrent de so soumettre à cette âemantle. lls atléguaient quo ce règlementr

était ill6gal parce qu'il avait été mis en vigueul pendant I'usurpation de Phi-

ùppe V. àuc'd'lnjoï ; il émanait du conseiids Brabant'seul alôrs qu'un décret

des arshiducs ilnertit lsabelle réservait à ces princes le droit de nodifier

I'organisation de la communo ds Bruxelles'

Page 299: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉnroon auîBTcETENNE gg3

suivant I'usage, il demandât pardon à Ia justice, toutau moins qu'il siguât sa sentenoe : < Jamais t >r

s'écria-t-il.Dnfin, o'est avec une admirabre fermeté qu'il subit

son sort sur Ia place de'l'Eôtel-de viue do Bruxelles,en ce même lieu où étaient morts un siècle et demiâuparavant les comtes d.'Egmont et de Eornes. D,unpied ferme, il gravit les marches do l'échafaud, etnpârvenu sur la plato-forme, il se tourna vers la foulequi, morne et silencieuse, remplissait la Grand'place :(( Jo meurs, s'écria-t il d.'une voix forte, pour avoirsoutenu vos droits et vos privilèges, jurés eÉ solennel-lement reqouvelés pai vos souverains.; je meurb .. >Mais alors, un roulement de tambours oouvrit la voixd.u eourageux patriote. Ne pouvant faire entendre sônd.ernier adieu, Ànneessens ôta l'i-même sa robe deohambre et sa perruque, puis il tendit froidement latête au bo'rreau qui la lui trancha d,,un seul coup deson glaive (r7rg). La grande carse du peuple comptaitun mart;rr de plds. On a,, depuis q.elques années,élevé une statue à anneessens sur I'une cles placespubliques de Bruxelles.

La comoagnie génêrale. - Le marquis de prié, si justementdétesté des Belges, attacha cepondant son nom à une institutionêle nature à relover la prospérité industrielle et commeraiale dupeys. sous son impulsio'r u'e société se fonda à anvers, ent7zs, sous ls nom de soeiété, impéfiare et royare des'rndesu plusconnue sous I' app ol lation cle c o Tnpa g ni e d' o s tende. Elle a vait pourbut d'ouvrir un commerce di'ect avco ros côtes de Ïafriquer_deI'amériquo, cle I'rndo et de ra chine. cette entreprise oxcita unvif enthouÀiasme : en deux jours, un capitar de 6 milions doflorins se trouva réuni pour Ia soutonin La noblosse erle.mêmeprit paart à Ia sousoription, Désormais, un certain nombre dogrg,nds navires paætirent annuellornent d' o stende pour s e reudredans les oontrées oitées plus haut et reurs ooy*g"" eurent res

Page 300: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

2g4 0EAPITBE NEUVTEME

meilleurs résultats. Les heureux débuts clo la compagnie firent

ooncevoir oux Bolges les plus riantes espérances, mais ils

inquiétèrent I'Angleterro et les Provinces-unies qui forcèrent

Oharles VI àla suspendre ' ea l727' Sa suppression' consomméo

enr73a'futlamor'tdéfinitivedenotr.ocoÛungrcemaritime.Enr7Or, tes arrivages parlos ca,naux intérieurs no dépassèrent pas

le chiffre do trois ou cluatre navires (r)'

MenrP-TuÉnÈsn (r 7{o-r 78o)'

tapragmatiquesanction.-Char.lesVlsaorifiaencettecircon.stancelesinté9êtsdolaBelgiqueàsesintérêtsdefamille.Iln avait pas de fils. Très désireux de laissor ses États à sa fille

Marie Thérèse, il remplaça I'anoienne constitution impériale

parunochartonouvelle.quimotlifiaitl'ordredosuecessionautrôno. Aux termos do cette charter les femmes dovenaient aptes

à gouverneret les enfants deà souverains leursucçétlaient désor-

mais dans I'ordre de primogéniture' Cet acte célèbre' connu

sous le nom cle pragmatiqae sanction; reÇut I'approbation des

puissance" "o"upâuoo"t.

Il n'en devait pas être plus respecté'

Avènement de Marie'Thérèse. - Marie-Thérèse possé-

dait les plus rares qualités. C'était, dans sa ieunesse'

une porsonne d.'uno grande beauté. Mais elle s'efforga

d'ac[uérir un nrérite plus appréciable en s'appliquant

ayec-ardeur à l'étude. Bientôt elle posséd.a une instruc-

ûàn des plus étendues. ses conneissances devinrent

surtout remarquables en histoire, en gêographie, en

dessin. Elte parlait, en outre, et écrivait avec facilité,

I'allomand, le hongrois, le latin, le français' I'italien

of I'espagnol. Dans ses discours, ello montrait autant

tt'osprit quo de prud'ence, et lo charme de sa conversation

était eqcore augmenté par un timbre de voix sêduisant.

Gusrrede|asuccessiond'Autriche.-Apeinesonpèreeut.ilexpiréque, m al gré I'universelle approb ation donn êto à'la pt a g mat Ï que'La

joune impératrice vit les plus puissa,rrts souveraius do I'Europe

s,unir contro ello p-our lui enlever son héritage. En aette diffi'

({} Hrnsum, . La Belgique

fumpagnîa d' Oetende, L909 -

conunæcîale sous I'empet'eur Qhafles YI: Ia

Page 301: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

I

PEBIODE AUTRIOEIENNE 295

oile ciroonsta.nce, elle montra des talents et.un coïrrage supé-rieur"s à ce qu'on pouvait attendre d'une personno de son sexe.

cependa,utn elle n'ava,it ni argent ni armée. Dans I'extrémitéoù- elle se trouvait, elle so rendit à presbourg, en Hongrie, où,en présenoe d'une immsnse multilude, elle revêtit la robo etposa sur sa tête Ia couronne de saint Etienno. cette couronneavait été clepuis près de neuf oents ans considérée comme Iopalladium de la nation hongroiso, "qui professe pour ello unevénération quasi superstitiouso; un Hongrois, illustro par s&naissahce et les services renilus à sa patrie, disait un jour à sescompatriotes : <r Quand vous verri ez la, couronns de saintEtienno portée pa,r un bæuf, vous dewiez reconnaître oe breufpour votre roi et lui obéir. >

Tirant alors du fourreau l'épée de ses aieux, ello I'agita tourà tour on signe de défi à sos ennemis. vers Ie Nord et Ie Midi,vors I'orient et I'o.acident. puisn s'étant fait conduire à ladiète des magnats (assemblée des députés do Eongrio), ellepritontre ses bras son fils, à poine âgé do six mois : <t Noblos etfidèles ohevaliers, dit-elle, àbandonnée de mes amis, persécutéepar mes eunemis, attaquée par mes plus proches parents, jan'ai d'a,utre refuge que votre conra,ge et votre fidéIité. c'est àovous seuls désormais que la fille et le potit-fils de vos roisattendent leul sa,Iut. D

vivoment émus p&r ce toushant appe , tcs députés se levèronteomme un soul hommor et, Ievant leurs épées, s'éorièrent :<r Mourons pour notre roi Ma,rie.Thérèso ! r

La nation hongroise s'a,rma aussitôt tout ontière et d6ployatant do vaillanoe sur les ohamps de bataille quo la plupart desprovinoes enlevéos à la jeu:re et courageuse impératrice ne tar-dèrent pas à êtro replacées sous son autorité.

Gonquête de la Belgique par les Français 0z4b) et traitéd?Aix.fa.Ghapelle (1748). D'abord traitée en paysneutre, au cours de cet'to guerre, la Belgique fut envahieà son tour par les Frangais en t7(5, sous la conduitedu maréchal do saxe. a la suïte de leur victoire deX'ontenoi (17(51, ceux-ci occupèrent pendant trois ansnotre pays et l'épuisèrent de taxes' et de réquisitionsmultipÏes. Le traité d'aix-la"chapelle Fz4sl nousrendit

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296 CEAPIîRE NEUVIEME

à I'Autriche et nous dispensa de payer désormais à laEollande le tribut que nous avait iutposô le t'raité do

la Barrière.

Gharles de Lorraine. Pour gouverner notre PaYs,Marie-Îtrêrèse désigna son beau-frère Charles de Lor-raine. Sans êtro douê d'un esprit, supérieur' co princeavait du bon sens et un grand désir de réparer les maux

de la guerre. Grâce ou secours de plusieurs ministreshabiles, Kaunitz, Cobenzl, Stahrenberg, dd Neny, etc.,il réorgânisa les services publics, et bientôt se mani-

festèrent en Belgi'que quelques signes d'uno prospéritérenaissante. LesBelgeS s'attacbèrent à leur gouverDeur

génér.al dont ils aimaient le caraatèro ouvert et loyal.Ausoi, les vingt-cinq années de son gouvernement

furent-elles considéréeÉ pa,r eux comme los plus hen-

reuses dont ils eussent joui depuis longterrps.Nos pères reportèt'ent sur la sttuveraino elle'même,

sur Marie-Tbér'èse, leur affection pour C'harles de

Loiraine. C'était justice d'ailleurs, car elle conseilla

ou autorisa un graud nombre de réformes utiles atlx

Belges. Toutefgis, elle eût volontiers sacrifié ses pos-

sessions des Pays-Bas à des iutérêts moins éloignés,

eto à diverses reprises, ello proposa lo partage de nos

proviuces aux gra[ds pays limitrophes en échange de

certaines compensations territoriales dont des pays,

plus rarpprochês do ses Etats principatlx, auraient faitles frais.

Réfornnes de Marie-Thérèse. Made-Thérèse pritI'initiativo de réfr)rmes. qui semblaient préparer celles

de son fils. Mais, plus prud'ente et plus lrabile, elle

s'attacha moius à changor formelleruent qu'à éluder

certaiDes lois qrri consacraient tles privilèges qu'elle

tenait pour abusifs.

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pÉmonp aurnrcErENND 2g7

EIle réorganisa les finances on instituant la jointedes administrations le sg novembre 1758.

Elle prit de nombrouses mesures pour réformer laIégislatioà ecclésiastîque .. entraves à I'extension desbiens de mainmorte, diminution d.es corporations reli-gieuses, fixation de l'âge de vingt-oinq ans pour pou-voir prononcer les væux roligieux, enlèvemeut duplaoet gouvernemental pour la publication des bulles.pontifica,les, application de la bulle de clément xrvsnpprimant la compagnio de Jésus (t11ïl,.eto...

Elle se préoocupa beaucoup de la question de I'enser'-gnement, sauf de I'enseignement primaire. sur avis ducomte de cobenzl, elle organisa à Bruxeiles, en 176g,Ia société littéraire qu'elle transforma ôn Aoadémie

.impériale et royalo le 16 déoembre rlzz.Eile av,aitinstitué, également une bibliothèque publique et encou-ragé lo classement des archives de l'État.

Depuis la suppression des Jésuites, furent ouvertsdes sollèges thérésions qui perfeotionnèrent I'enseigne-ment moyen.

Le gouvernement fournit des subsides pour la pubti-cation de la aarte des Pays-Bas, de Ferraris, preuveds sa sollicitude pour les travaux soientifiques les plusconsidérables.

Quant à ses ef forts pour réformer les institution s j udi-ciaires où réguait un désordre inouï, ilséchouèrontcom-p!ètemont.

Josnps II (r78o-r7go).

L'impératrioe Marie-Thérèso of Ie, princo charles doLorraine moururent, la même annéo (r7go), sincère-ment regrottés tous deux des Belgos.

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298 CHAPITBE NET'VIÈME

- Joseph II fut lo reprêsentant le plus caractérisé

des souverains philosophos q.ui oceupèront le trône&u xvrrru siècle et prétendirent faire régner en loursEtats le despotisme éclairé. Son éduoation avait éttê)

oonfiée à des maîtres imbus des idées nouvelles et ces

idêes avaient fait sur son esprit une profonde impres-sion. Il tenait de sa mère, d'ailleurs bien plus sage etplus pruderite, un esprit entreprenant, résolu et'nova-teur. Mais c'était aussi un tempér'ament nerveux'impatient, et peu!être avait il, comme on I'a dit, plus

il'entêtoment que de véritable fermeté.

Enfin, venu aux Pays-Btis pour s'y faire inaugurer,Joseph II n'avait accordé qu'une attention superficielleof distraite àux mæurs de nos ancêtres; aussi ne soup-

|

gonnait-il pas leur profoàd attachement à des institu- il

tions et même à dos usages un peu vioillis. il

Départ des garnisons hollandaises. - Josgph If régna il

d'abord de façon à gagner les sympathies des Belges. I

il déahira le traité de la Barrière en ordonnant I

la démolition des forterosses occupées pa,r Ies-IIol-Iandais : ainsi ces derniels furent forcês d'évaeuerle pays.

Il réclama ensuite la liberté de I'Escaut. Un instant,on put le' oroire décidé _-à aller jusqu'au bout porrobtenir satisfaction. Matheureusement, il abandonna

tout à coup ses légitirues reveudications moyennantuno somme de 6 rnillions d.o florins. par le traité de

Fontainebleau du ro novembre 1785.

ÉOits religieux.- A peine monté sur lo trône, Joseph IIporta lo cétèbre édit de tolérance qui accordait auxprotestants le libre exercioe de leur culte et les décla-rait adrnissibles à tous les ernplois pultlics.

D'autros édits parurent ensuite, qui rangeaienû le

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pÉnroon arrrRroErENNE 299

mariage parmi les contrats oivils et autorisaient les

mariagos mixtos ainsi que lo divorce. La ténue dos

registres de l'état civil fut confiée aux magistreltscommunaux. On défendit tle publier les bullos pontifi-cales et les mandemonts épiscopaux avant de les avoirsoumis à I'approbation du pouvoir civil. Enfin,Joseph II supprima toutes les oorporations roligieusos,à I'exception de celles dont les membres se con-

sacraient à I'enseignement ou se dévouaient au soindes malados, des vioillards pauvres et des infirmes. Sixà sept cents couvents disparurent ainsi. Ire produit de

Ia,vqnto do leurs biens fut versé dans une caisse, ditecaisse de relîgion, destinée à payer les déponses

nécessaires à I'instruction dos enfants pauvres.Espérant faire disparaître I'esprit d'opposition qu'il

renooirtrait dans le clergé, l'emporeur substitua auxséminaires diocésains un sérnfnaire général, établi à

Louvain, p&r lequel devaient passer tous les ieunesgenè qui se destinaient à la prêtrise. (( L'enseignementdans les séminaires, écrit Joseph II à ce sujet, manque

" d'élévation. Or, il est nécessaire d.e préparer des

prêtres dont I'instruction solido soit uno garantie pourleurs futures ouailles. > Ifn pareil motif, publiquementdonné pour justifier Ia création nouvelle, et la nomi-nation au séminaire général de professeurs entière-ment dévoués aux idées d.u souverain achevèrentd'indisposer Ie clergé contre lui.

Autres réformes dans I'ordre ecclésiartique.- Âfin, dit-il,de maintenir l'égalité de tous d.evant la mort, Joseph IIordonna de rendre à tous les défunts les mêmes hou-neurs funèbres. Il interdit onsuito les inhumationsdans les églises et d.ans les cimetièros contigus auxéglises. Cette mesuro, tout hygiénique, fut mal reçue.

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3oo os.lprnnn snuvrÈun

En plusieurs end.roits; le peuple attaqua les cortègesconduisantlos défunts"aux nouveaux champs des morts.

Réforme administrative. -; L'organisation administra-tive instituée.par Charles-Quint n'êtait plus en rapportavec les besoins d.e l'époque. Elle était surtout fortcompliquéo. Joseph I.I remplaça los codseils aollaté-raux par un seul, dit Conseil gé,néral des paX,s-Bas.Aux anciennes divisions historiques du pays, iI substi-traa neuf cercles ou provinces, à Ia tête desquols ilplaça des infendants'et les commissioÉs ou députationspermanentes furent abolies et remplacées par lescercles d'int-endance.rl partagea les cercles en disfricts,administrés par des commissaires d'intendance. C'est,en somme,.notre orgauisation actuelle.

Réforme judiciaire. - L'organisation judiciairo for-mait un enchevêtrement de juridictions dans lequelles hommes de loi eux-mêmes ne so retrouvaient pas.Voulant introduiro I'ordro et la clarté au sein de cettoconfusion, Joseph II abolit tous les tribunaux particu-liors : eoolésiastiques, universitairesn provinoiaux,oommunaux, féodaux et corporatifs. IIne juridictionunique; à trois degrés, les romplaça. Elle oomprenait:Ies tribunaux de première instance, répartis dans losprincipales villes des provinces; deuæ tribunauæd; appel rétablis, l'un à Bruxelles, I'autro à Luxembourg ;enfin, rur coRseil souoerain de revision, à Bruxolles.fci oncoro, Joseph II devança son temps et instituaune organisation judiciairo peu différento de la nôtre.

Ersai infructueux de modrfier certainescoutumes detBelgee .

- Los attointes portées aux privilèges du olergé ainsique les réformes arlministratives et judiciaires avaienûitéjà ,méoontenté u4o partio du pays. L'irritations'acorut lorsque le souverain eut Ia malonoontreugo

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pÉnronn ÀurnrcErENNE

idée de modifier aussi cortains usages ioouo= qui

n'étaient d'ailleurs pas sans occasionner d.o sérieuxabus. c'est ainsi qu'en vue de fairo disparaître une

occasion de désordros d.e tous genres, il ordonna d,e. oélébrer le nême jour toutes les ker.messes de village,los fixanû au deuxièmo dinanche après Pâques. Ols'empressa d'exploiùer contre lui la mauvaise impres-

sion produito sur la masse populaire par cette nouvelle

mesure, dont l'utilité indiscutablo ne oompensait pas, '' aux yeux de plusieurs, le caractère vexatoire. Elle

contribua peut être plus à dépopulariser le monartluequ'aucun de ses précédents édits, dont la portée était

, bion autrement considêrable.

RÉvor,urroN BBARANçoNNE (rZ8g) (l).

Oppoeition des états. - Les atteintes portêes aux pri-vilègos du olergé, les réformes administratives etjudiciairos ainsi quo d'autres ohangements de moindreimportance, mai s d.e, caractère vexatoiren mêcontentent

vivemont la plupart d.es Belges. IIne redoutable oppo-

sition-àI'empereur so produit au sein des états. Ceux

de Brabant et de Eainaut refusent de voter les sub-

sides : Joseph II les Gasse. Nouvelle faute, oar le' peuple belge s'est toujours montré extrêmemont jaloux

de sès privilèges.Bataille de Turnhout (1789). - Des émeutes, accom-

pagnées de pillages, éclatent dans plusieurs' villos.Arborant -la aooarde tricolore, les patriotes formentdos bataillons de volontaires. En même temps, uncomité d'insurregtion s'établit à Bréda, formé do

Bolges émigrés. Ce oomité rassomble une petite armée

de trois à quatre mille hommes, qulil place sous lo

(t) E. Pnnerurr, Dîa Aw d'hisioire de Belgiryo,18tri'3.

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3oE OHAPITBE NEUVIEME

oommandement du général Van der Mersch, né àMenin, vieil officier intelligent et compétent. La plu-part de ses soldats ne sont armés que de bâtons, defourches of de faux. Cependant tous se ssntent pleinsde confianoe et d'ardeur. Des prêtres et des moines sejoignent à eux : le orucifix à Ia main et le sabre auoôté, ils los enoouragont à mourir, s'il le faut, pour lareligion et pour

^ Ia patrie. Bientôt Van der Mersch

" maroho sur Turnhout, qu'il oocupe la z( octobre.A la nouvelle de cette invasion, le gouvernement

autrichien envoio des forces considérables pour larepousser. Contre touto attonto, les troupes régulièresde I'arrnée impériale sont mises en d.érorrte par los sol-dats improvisês do I'armée patriote. L'effet moral decette victoiro est énorme. Aussitôt, h Betgique toutentière se soulève et les Impériaux évaeuont précipi-tammont ies provinoes dos Pays-Bas, à I'exception duLuxembourg.

Réunion des États généraux et proclamation de la répu-bfique (1790). - Réunis à Bruxelles, en féw,ier r7go,les États généraux proclamèrent I'indépond.ance do laBelgique et dêcidèrent que celle-ci formerait désormaisla république des litat s-Belgiques-Unis.'

Mort de foseph ll. Josoph II éprouva'un si vifchagrin dc ces événements qu'il en tomba lravementmalad.e. fl mourut peu après, le jgul même de laréunion du Congrès, désespéré d.'avoir vu sos bonnosintentions si mal appréciées. a C'est votre pays quim'a tué, > disait-il à son lit de mort au prince d.e

Irigne, un de nos compatriotes.Joseph II était intelligent, instruit, d.'uno honnêteté

rigoureuse et d'uno activité extraord.inairs. << I1 selev-ait à 5 heures, passait aussitôt-dans son cabiuet où

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pÉnronr arirn,rcgrpNNn 3o3

il se mettait à dicter à ses secrétaires. fl y havaillaitjusqu'à mid.i. Après sa promenade, vers z heures, il

.

mangeait seul et rapidement, faisait un peu d"e musique,puis se remottait au travail jusqu'à 7 heures. fl ailaitau théâtre, en rentrait vers rr heures, Iisait lesdêpêohes, puis se mettait au lit. n no buvait guère quede l'eau et couchait sur uno paillasse do feuilles de

mais aveo un traversin en ouir et une peau de cerf (r). >

Joseph II n'aimait pas le faste : l'étiquette et leshommages lui pesaient. Le jour de son inauguration,il défendit d'illuminer la ville de Bruxellos ot il laissainocoupé à Sainte-Gudule lo trône préparé pour lui à

cette occasion. Une religieuse s'étant jetée à ses

genoux, il la relova eu lui disant : <<-On ne se prosterneque dovant Dieu. ) Quelqu'un voulait lui baiser lamain : r< Ma maiu n'o,st pas nne relique, D dit-il.

fnhoduire l'harmonie dans les institutions poli-tiques of en fairo disparaître les privilèges; substituorla règle à I'arbitraire, I'ord.re au chaoS dans les insti-tutions jurid.iques; mettre sur le pietL d'égalité lescitoyens des divers cultes; fortifier surtout le pouvoirqentral, tel fut le but multiplo de Joseph If.

La plupart des innovations qu'il tenta vainement ontété inscrites depuis dans la Constitution de tous lespeuples civilisés of partout aujourd.'hui sont entréesdans los mæurs.

Les causês d.e'I'échec ossuyê par Joseph II sontnombreuses. En premier lieu, les esprits n'étaient paspréparês, en notre pa5ls, aux réformss qu'il proposa;ensuite, les abus existants profitaient à un trop grandnombre de per'sonnes influentes. Puis, Joseph II, au

({) Sutcnoros, Histotre d,a b ciailisatîan, t.II, p. 443.

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3o4 oEAPrlrRE Nnuvrùun

lieu d'introduire successivement sos réformo$' préton'dit les réaliser toutes à la fois. Commg los révolu-.

tionnaires frànçais de l'époque suivante, il ignora ou

méconnut càtte grande toi historiquè formulée par-les

sociologues modsrnes : L'organisme social étant unorganisme naturel et la nature ne proeédant ni'parsauts ni par bonds, lo développement normal des

sociétés doit se faire par voie d'évolut'ions lentes,

non par voie de rêvolutions. Mais son tort le plusgrave fut de vouloir imposer ses réformos contre levæu du pouple belge. Il violait ainsi les constitutionsnationales ot, d'avanoe, légitimait la révolution.

Mésintelligences entre lee Belges. - Parni los vain-queurs, les uns - s'6sf, toutefois le petit nombre -voulurent, par certaines réformes, mottre les institu-tions du pays en rapport avoo les idées etles nécessit6s

modernes. Coux-là reconnurent pour ohef I'avoeat

Vonek et furent désignés sous Io nom do uonckfstes.

Les autres, qui se rangèrent à la suito de I'avooat Vander Noot et du ohanoine Van Eupen, voulaient lemaintion des anoiennos institutions. fls entendaientmême faire disparaître les plus modestes réformes de

Marie-Thérèse. En grande maiorité a,ux états, ils.reçurent lo nom de sfatfsfes.

Les statistel. Leur syetème polilique. Dans ce parti, so

groupèi'ont le clergé, très influent sur les campagnards

of sur le meuu peuplg d.es villes, la plupart des nobles

et les chefs patriciens des corporations. Tous sentirentleurs privilèges menacés-par les vonckistes. Le sys-

tème statiste comportait : ro un CongrCs, formé par les

délégués des états provinciaux' siêgeant en perma-

nonce, exorçent le pouvoir exéoutif, décidant la paixou la guerre, oontraotant les allialces, envoyant les

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PEBIODE AUTBICIIIENNE 3o5

ambassadeurs, battant monnaien etc.; lo des Étatsgénéraurr, se réunissant à époques variables pour pro-'noncor d^ans les contestations entro les provinôes oudans les questions d'intérêt général; Ba des états pro-oineiauæ, légiférant et administrant en toute liberté,sous réserve de no point porter atteinte aux déoisionsprises par les États généraux.

Les vonckistes. Leur système potitique. - Au nombredes vonckistes'figurèrent le générar van der Mersch etIa plupart de ses officiers; puis les ahefs do quelquestrès grandes familles, tels que'les ducs d'Irrsel, de laMa,rek of d'Aremberg; enfin los hommes de loi et lescommergants, a'est-à-d.ire Ia bourgeoisie moyennoi

Dang'un écrit redigé ar nom d.o son parti et publiésous le titre do consf dérations'impartiares, vonck for-mula los principales réformes qu'il préconisait. il main-ûint le système d.es frois ordres, dans les États géné-ra,ux comme daus les étbts provinciaux. Seuloment, ily introduisit une plus équitablo répartition des classessooiales. Lo clergâ séculier conoourait, avec lo clergérégulier, à la représontation de l'état primaire; dqmême, toute la noblesse prenait part à l'élection del'état noblo, et les villes de second. ordre aveo les

.oillages, paitioipaient, comme los grandes uilles, àl'élection du tiors état. Destiné à reprénenter I'ordrede beaucoup. le plus nombreux, .oelui-ci dut êtredédoublé. ainsi, un juste équilibre s'introduisit entrsles trois ordres dans la représentation nationale.

conme pouvoir oxécutif, vonck proposa un conseil-d'État do cinq membres, dont quatre à désigner parlos reprêsentants des trois ord.res, et le cinquième àchoisir parmi les membres du grand conssil de justiceot par eur. Dès lors, le poùvoir législatif appartenant

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3oG oEAPTTBE NnuvrÈun

aux états et lo pouvoir judiciairo étant exclusivementrêservé aur tribunaux, on aboutit à la séparation despouvoirs, principe rationnel, universellement admisauj ourd'hui.

Comme on le voit, tout en respectant les grandeslignes des institutions nationales traditionnelles, lesystème de Vonck tenait un juste compto des idéesmod.ernes.

Mais, bientôt los vonokistes, traités. on ennemispublios, furent obligés de se cacher ou de fuir le pays.Van der lllersch lui-même, soupgonné d'avoir adoptélerus idées, fut arrêté et jeté en prison.

"Retour des Autrichiens. - Dans I'entre-temps, Léo-

pold If, frère et successerlr de Joseph ff,.avait offertau* États généraux un :rrrangemerit des plus hono-rables pour los Belges. On ne répondit même pas aumonarque. Ifnê forte armée autrichienno envahit alorsla Belgique et, en moins de temps qu'il n'en avait fallupour .les chasser,'le pays se retrouva Èous la domina-tion do ses anciens maîtres (novembre rTgo). Lesreprésentants do l'Angletorrer. des Provinces-Unies, dela Prusse of de l'empire signèrent lo ro décembre r?gole traitQ de La Haye, garantissant à I'emporeur la pos-session de nos provinces.

Gonquête de la Belgique par les Français. - Tandis quoces événements se passaient en Be1gique, une autrerêvolution bouleversait la France, bien'différente parses causes et ses résultats de la révolution braban-gonne. Tout ce que les révolutionnaires belges vou-laient conserver, les E'rangais ne songeaient qu'à lei

détruire., Eo r7gz, François fI, fils et suceesseurdo Léopoldff,publia un manifeste dhn+ lequel il invitait tous les

oEAPTTBE NnuvrÈun

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PÉBIoDE AUTR,ICHIENNE 3oz

souverains de I'Europo à prendro la défon-so du roiLouis XYI dont la liberté et la vie même étaient en

péril. Mais le zo avril rTg2r la Franco lui déclara laguorre.

Les armées républicaines envahirent aussitôt IaBelgiquo. D'abord victorieuses à Jemappes, lo 6 no-

vembro r7gz, elles'occupèrent notre pays; à leur tourvaincues à Neerwinden, lo 18 mars i793, elles ss

virent momentanément obligées do l'évacuer. Elles en

prirent définitiyement possession après la bataille de

Fleurus (26 juin ryg4\ où les X'rançais furent de nou-

veau vainqueurs. Ifn an plus tard. (rigS), nos provincesfuront annexées à la E'rance.

7.16913'. - llévolutlon liégeoise de 1789.- Une révolutioir éclata

également dans la principauté de Liége, I'annéo même où so

produisi"rent la révolutiot française et la révolution braban-

çonne. Mais il y eut beaucoup plus d'analogio entre Ia révolu-tion liégeoise et la'révolution frangaiso qu'entre celle-ci et lâ

"révolution belge. Les causes de Ia révolution .belge et do lorévoluti,on liégeoise furent même tout opposées : commo les

Français. les Liégeois se révoltèrent pour obtenir des rt6formes

oainement réclamées ; les tselgos firont une révolution pour

ompêcher Ia réalisation de réformes imposées.

Au siècle dernier,existait à Spaun vauxhall (r) qui,depuislong-temps, exergait le mouopole de I'exploitation des jeux,etdontlesbénéfices revenaient pour un tiers au prince. La fermeture' p&r

les ordres cle t'évêque césar de Eloensbroeck, d'une nouveuè, salle tle jeu ouverte en concirrrenco Avec Ia première, mesure

dont Ia légaltté fut contestée, ma,rqua les débuts de la révolu-tion en donnant naissanoe à deux 1nr"tis, celui despafrlofes (les

opposants)et celui des arfstoerates (les amis du prince)$284).Peu à peu. Bous I'aetion de aauses divorses, los esprits se mon'tèrent jusqu'à I'effervosoonce

Pendant le rigoureux hiver de 1788 à 17,89, une grdnde disette

(t I Jardin public avec salto do bals et do concerts, eréé à l'imitation du jar-din public de Londres, ouYert à la ffn du rvue siècle.

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3o8 CIIAPITR,E NEUVIEME

plongea clans une misère affreuse les olasses ouvrières de laprincipauté. Do vives rrâcriminations so firsnt, .jour contre lesimms1itr6s d'impôts reoouuues au clergé, dont la fortune com-prenait, dit.on, la moitié de la propriété foncière. Troiscitoyeus notablès, Bassengo, Fabry et do Chesteret, prirent la,clireotion d.u\mouvement. L'évêque, disposé à Ia conailiation,enga,gea lui-mêmo.son chapitre à renoncer au privilège critiquéet convoqua les état3.

Tout eu accueillaut avec allégresso lanouveile de ces GoDCos-sions, le peuple les trouva insuffisantes et forco fut au princede rétablir les chartes abrogéss en 168(.

Mais lo prélat, mésontent de la violence qu'on lui faisait, netarda pas à s'enfuir (uuit du zG au e7 août) en Allemagno, où ilobtint de la chambre do'wetzlar un décret qui imposait auxLiégeois. le retour à l'état de choses autérieur. Ce premierdéoret n'ayant pas déciclé les insurgés à se soumettie, futbientôt suivi d.'un sepond, confirmatif du premior.

Loin do tenir compto cle cet arrêt, les états do Liége for-rnulèrent une constitution nouvelle qui proclamait: ro l'égalitéde tous les citoyens devant I'impôt I ao I'attribution du. pouvoirlégislatif au .rena du pays; 30 l'élection directe do ra représen-tatiou nationale pa,r le peuplel 4o la liberté du travail et parsuite I'abolition dos métlers.

ce dernier article ssandalisa particulièrement les partisanstlo Ia routine of excita lour yorve sarcastique, ainsi qu'ontémoigue lo couplet suivant d.'une chanson composéo pour lacirconst&ûce :

g,ï#JïH;lïf,îïîï**,Ot aafti qu'fai des solé !Binamé cusin Noié !

Beetauration. - Mais huit mille Autrichiens ayant envahi loterritoire de la principauté, la résistanoe devint impossiblepour les patriotes et, le re janvier r?gr, la restauration dol'évêque rrôensbroeck devint un fait accompli. Le vainqueur nelaissa rien subsister dos libertés que le pays s'était attribuées.Des condamnations à mort, dos proscriptions et des oonfisca-tions de biens frappèrent on outre les citoyens qui s'étaientrnôlés de façon active au mouvemsnt.

Réunion de la pr-incipaut6 à la France, - L'invasion française de

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pÉnroon au[RTcHTENNE

r.7ga obligea le prince-évêquo à quitter de nouveau le terrltoirsde la principauté. Les Liégeois accueillirent les tr'rançais avecenthousiasme et tout aussitôt proclamèrent la républidue. Tou-tefois. une seconcle restauration du prince suivit la cléfaite desFrançais à Neerwinden Enfin, la victoire de. ces derniers àFleurus a,mena, I'oocupation définitive do Ia principà,uté parles t'roupes étrangères, gui ne.Iui éparguèrent aucune:espèoo dovexations. Contraints pan la nécessitê of pour échapper à rrnosituation intolérable. les Liégeois demandèrent leur réunion-àIa France. Elle leur fut aàoordée le rer octobre 1795. La plinci-pauté forma alors le rtépartement do I'Ourthe.

il. - Givitisation.

lspect du sol, viller, campagnes. - Comme nousl l'&yons d.it, losbois, les bruyères et les m&r&is avaient reparu en Belgique aucours de la dominotion espagnolo dons les piræties du paysjusqu'alors le mioux cultivées. Les quatre-vingts annéos de pairrelative à peu près consécutives qui s'écoulèrent entre le traitéde Rastailt et Ia bataille de Jomappes permirent heureusementà I'agriculture belge de réparer une partie des désas res t{el'époque précédente et mêrne d'atteindre un certain degré rleprospérité De grandes étendues do boisn do terqains va,gues oucouverts de bruyères furent de nouveau défrichés. des poltlersendignés, des marais desséchés.

Pendant la période autriôhienne, Ios villes belges végètent,les populations rurales seules jouissent dlune certaino aisairce.

Administration. Claeses sociales. - L'organisation politiquo etadministrative des provinces belgea sous la domination autri-chienne resta, à peu do chose près, ce qu'elle.était à l'époque doCharles-Quiut Seuls, les gouverneurs des provinces dispa-rurent.

C1lssus soclAr.Es. - Le soaoerain. - Le pouvoir absolu dusouverain ét-a,it tempéré par co qul restait do privilèges aux pro-yinaes et aux communes.

Un phénomène singulier se produisit en Europe dans laseconde moitié du xvule siècle. Rougissant do la profonde igno-rance où opoupissaient leurs sujets, certains souverains - lessouoerains philosophes - les poussèrent eux-mêmes daJrs Ia voledes réformes. Mais souvent, ils rencontrèrent la plus obstinéo

3og

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T-- ---------

I3ro oEAPTTRE nnuvrÈnrr

etlamoins raisonnable opposition à'leurs effd'ts chez ceu*enfaveur d.esquels ils les.tentaient. r< Mes sujets, disait I'und'eux, sont eommo Ies enfants qui cr.ient quand on vout lesnettoyef. )) .'?'

Relat'ivement au rang distingué occupé autrefois par eux, IesBelges du xvrue sièale n'étaient pas en progrès. Leur espr"itl'était pa,s ouvert aux idées antiroutinières et Marie-Thérèseainsi que Joseph rr échouèrent de la façon la plus complètedans leur.s meilleures tontatives de réformes.

La noblesse. - Une partie impor.tante du sol belge apparte-nait à la noblesse. rl arrivait raremeut que le cultivateur libredos campagnes oxploitât son propro bien. D'ordinaire, il étaitIe simple fermior du ohâteau ou de I'abbayo. La noblesso possé-dait encore parfois, à cetto époque, du moius Ia hautenoblesse, le droit de justice sur ses terres of les appols on courféodale. Quant aux tailles et aux corvées duespar les habitantsdes campagnes, elles étaient grandement r6duitos, et, clo plus,exactemeut déterminées par. la coutumo. Mais elles n'avaientpas entièrement disparu.

Le clergé. - L'influonce du olergé catholiquerestatrès grandeen Belgique pendant la. première moitié de la période autri-chienno. La religion oatholique était la religion de rEtat. Nulno pouvait ocouper uu emploi public, faire partio d.'un oorps demétier, s'il no professait cette religion. rl fallait lautorisationdo l'évêque du dioaèse ponr ouvrir une librairie ou tr1s trnpri-morio..avant d'être livré ù I'impressiou, tout rnauuscrit devaitlui être soumis. Lo olergé ssul célétrait les rnar.iagos. il tsnaitseul les registres de l'état civil. Enfin, il oonservait la jouis-sa,nco de la dime et le droit d.e mainmorte. ses r.ichesses étaientconsidérables.

La bourgeorsfe. - La situation pcu favorable faite en tsel-giquo à I'industrie ot au commerco maintint la plupart desbourgeois des villes dans uu état de fortuns assez peu brillant.

Le peuple. - Ni dans les villes, ui dans los campagnos, il nepossédait plus de tlroits politiques. Pauwe et dégradé, il crou-pissait daus une ignorance et ugo misèr.o extrênes. Grâco àquelquos progrès de I'agrioulture, la conditiou des paysans futun peu moins misérablo que colle du peupte des villes.

lustice. - Pouvorn JuDrcrarnu Dï TRIBUNau:I; pRocÉDUnE ET pÉNA-

lrtÉs. - LeF lois pénalos en us&ge ct les tribunaux établis à

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PÉBroDE aurrÈrcrlrnNNn 3rr

l'époque do Charles-Quint demourèrent en vigueur sous Iorégime autrichien

Au surplus, une confusion extrême, uno procéclure aux formosvioillies, une vénalité sans pareillo, régnaient dans I'admini-stration clo la justice. Les juridictions des bailliages impériauxs'enchevêtraient d'une fagon inertricable aves celles des justicesféodalos, ecclésiastiquos ou Gommunales.

D'autre putr la justice, qui ctéployait une sévér'ité extrêmo àl'égard. des gens du peuple, se montrait souvent d'une faiblossoou d'uue indulgence scandaleuse vis-à-vis des grands of desriches. Suivant un us&ge généralr les magistrats recevaieut doèplaideurs, sous Ie nom d'épices, toute espèce de cadeaux :

argent, vins, gibiers, bijoux pour leurs femmes. Les gens do

servicen'étaient pas négligés et recovaient aussi des préseuts.D'ailleurs, Ies charges' et fonctions judiciaires étaient, engénéral, vénales, héritables et transmissibles. 'Iel titulairelaissait indifférem-ment son emploi à son fils ou le transmot-tait à son gendre, à titre de dot à sa fille.

Le droit de défenso n'existait pour ainsi dire pas et I'accusé,d'abord mis â,u secret, subissait ensuite la torture

La justico ne so préoccupait nullement, d.'amender les"oou-pables : elle les torturait, les Jlétrissait, los tuait et reirdait.lapeine do mort plus teniblo par I'applicatiou de supplices sup.plénentaires (ri.

C'est on vain que le gouyernement de Marie-Thérèso tontatimidement d'introduire quelclues réformes dans I'adqrinistra-tion de Ia justice. La très grande gén&alité des membres-de lamagistraturo se montra opposée à touto proposition demodifier Ia législat'ion oriminelle. L,e gouvernemenù éohoua nonseulement dahs ses efforts pour abolir latorture et la marque (z),

mais encore dans ceux c1u'il fit pour instituer un système géné-ral de prisons où I'on aurait remplacé par Ia détention labo-rieuso les peines oorporelles au-dessous de la peine de mort.

({) s En certains cas, lecondamné, après avoir été fouetté, était étranglénpuis décapité. 0n exposait sa tête, on brûlait Son corps, oD eû jetait les

condres au vent. 0n coupait préalablement le poing aux condamnés au ban-nissemont et on lo clouait à un poteau. I (Jules FnÉ"sorr.)

(2t ta magistraturo jugeait la torturo indispensable pour emener I'aveu des.accusés et e tranquilliser la conscience desju6ies n.

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3rs cEÂPrraE NnuvrÈun'

Financos. - Àux sourcos d.s revenus ord.inaires, s'ajoutèrent,pendant la période autrichienne : ro le produit de I'affermagodu servico des postes, institué sous Philippo V, maintenu etamélior'é par le gonvernemout autrichien; eo celui de la ventedes offices.

Un moment abolis par Joseph lln la dîme et les droitsf6odaux furent rétablis après lui et subsistèrent jusqu'à la oon.quête tlu pays par les Frangais.

Le gouvernement autrichien oontestait aux étatsdes provinoesls droit de refuser le voto de I'impôt, prétendant que leur votone pouvait porter quo snr la quotité des subsides. Toutefois ilne parvint iras à faire pr6valoir cette théorie.

Guerre. - La conscription s'introduisit dans nos provincossous Philippe V. Elle en disparut après le traité de Rastadt.

Le mode de recrutement et d'entretien des tæôupes, l'art desfortifications et la taotique militaire restèrent ceux de Iapériode précédente.

Ane Ecole militaire fuù fondée à Anvers par Io gouvernementautrichien

Biènfaisancs. - Marie-Thérèso rétablit Ie service laio de labienfaisance publique institué par charles.Quint. EIIe défendittux monrstèros, aux églises, a,u.x hôpitaux de reoevoir dos legsaonautorisés par le souverain.

A raison de I'indigence presque générale, la mendioité nsdiminua guère au cours do l'époque autrichierure. En 1772. surune population totale de Too,ooo habitants, olr comptait enFlandre cent 'nille indigents. a la même épocluen on évaluait àquatorze mille - à peu près Ia moitié de la population - lonombre des pauwes assistés d.ans la ville de Bruges. Il en exis-tait douze mille à Gand, nduf mille à Liége. La villo de lfuy,sur une population de Snooo habitantsn on avait doux mille cinqcents insarits sur les tables dos pauvros ; elle ne renfermait pasquaitre-vingts familles dans l'aisanoe.

Sciences, lettres. - La part pr.ise par la Belgique a,u mouve-ment sciôntifique si oonsidérable du xvtrto siècle fut des plusfaibles. Les importantes déaouvertes scientifiques de I'époquesont toutes dues à des étrangers.

Celsius inventa Ie therntomètte centîgrade, en r7(2. En 176o,Ftanklin, un Américain, construisit le prerniet paratonnerre.Un Français; Lauoisfer, trouva I'explioation du phénomène de la

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PIJRIODE AUI'RICIIIENNE 313

respiration (1785) et contribua à fontler la ehfmie moderne.Ladéoouverte de la uaccine par I'Anglais Jenner, date .de 1776.Vaueanson inventa le métier â fissero en 1768. Quinquet perfee-tionna la lampe à l'huile vers 1785.

A part le prïnee de Ligne, << I'un tles raros étrangers qui aitécrit Ie français de façon à être non un imitateur, mais unmaitre )), on ne pourrait guère citer d'auteur belge rerrar-quable. A l'époque cle la révolution br"abangonne, notre niveauintelleatuôI. correspondait à'peine à celui de la France duxvtte sièole. Cette faiblesse éclatait surtout dans les innourbra-bles pamphlets qrii ne savaient ni rire ni mordre, dans les jotrr-naux, dans les vors de eirconstancs. On so tlemande positivementà quel siècle et à quelle laditucto ces ( prorluetions D appar-tiennent. Il faut eonstater la pauvreté, non du style uniquement,mais de la grammairo et do I'orthographe et cela non seulementchez_ les petits et ohez les anonymes, mais chez les hommesmarquants. Le révoil ss manifesta cependant sous Ia sa,ge

administrotion do Charles de Lorraine, mais la crise aiguê durègne de Joseph If arrêta cette impulsion créatrice. Los boule-versements politiques, Ies rapides changements cle régime ne

- laissèrent pas cl'accentuer ce recul de la nation.Croyances religieuses. - Jusqu'au jour où par"ut I'ordonnaneo

de Marie-Thérèse (clu 5 mai 1768) clui autorisait les réformés àdisposer clo leurs biens par testament, la religion catholiqueresta la seule autorisée en Belgique. Bien quo les sévères étlitsdo Charles-Quint cortre les pr.otestants fussent tombés endésuétude, on punissait encore parfois les dissidents ou les por-sonnes soupçonnées tle professer des tloctrines hérétiques cl'uneamende plus ou moins importante et du bannissement.

Enoelgnement. - L'instruotion et le goût des études s'étaientperdus en Belgique a,u conrs des cleux clerniers siècles. Uneignoranoe profonde r.égnait clans toutes les classes de la société.Voulant porter remède à co fâcheux état de choses, Marie-Thérèse favorisa do tout son pouvoir la fondation ds $ennesécoles.

Une seule université, oolle do Ï,ouvâin, existait alors en Rel-grq.ue et I'enseignement y laissait à désirer : ello aé'ciAa quo lesplacos de professeurs ne ssraient plus acoordées c1u'à la suited'un concorDs. '

Ello créa, à Bruxelles, comme. nous l'a,vons dit précédemment,.

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3t4 OTIAPITR.E NEUVIEME

we Acadénie impériate et royale des sciencei et d.es belles.lettrcs(tZZz), Potrr honorer les membres do ootto'soeié,té savanto, legonvernement déaréta, que chacun d'eux jouirait des avantagesattachés à la noblesse.

Los collèges laïos uationaux rlits fÀérésfens - clu nom de I'im-pératrice - furent institués. Les places cle professsurs dans lesnouvoaux établissements furont également données au ooncoul's.On pr"oscrivit oertains ouvrages , suramrés, ou en conigead'autres, on on rédigea d,o nouveaux. Des oxa,mens publics ron.placèreut les ropréseutations théâ,trales d.e .fin d'anlée. Pourencolu'a,ger les élèves intelligents et travailleurs, une médailled'argent, à I'effigio de la souveraiuo, fut attribuéo à ceux quioceupaient le premier rang dans léut clrsse, avec autorisationde la porter en public.

Les projets d,o Mario-îhér.èse, er oe qui concer:re I'onseigno-ment primaire, soulevèrent une vivo opposition dans les classesaisées. Oelles-ci trouvaiont daugereux d.'envoyer régulièromentà l'écoleo pendant plusieurs années, los enfarrts du peuple :

elles craignaient de leur voir ooutraater des habitudes d'oisi-veté. Sans tenir ssrnpto de ces puériles appréhensionsn la sou-verains établit des écoles primaires dans les villes et jusquotlans'les villages.f

Les pareuts étaient tenus d'y onvoyer leur.s eufants depuisl'àgo de six jusqurà celui de douze ou treize ans. Au besoin, ilspouvaient êtro oontraints à le faire. Tous les dimanches, il éta,ittenu des classes do répétition d'uno duréo d.o deux hsures.

Les apprentis ne pouvaient devenir comp agnons s'ils u' avaientsuivi avec fruit' ces classes do répétition. Ils étaient astreints àles fréquonter jusclu à I'â,ge de vingt ans., Peu considérés, mal rétribués, los iustituteurs cumulaient

ordinairement lours fonstions de mâitro d'écolo avee cellosd'omployé à la maisou commurrale, de sacr.istain, de fossoyegr,de sonnour de cloches, de ménétrier ou violououx a,ux kermeçseset aux ducasses. Les dimanches et les jours de congé, orr envoyait s'offrir. moyenna,nt une légère rétribution, à fairo laba,rbe des habitants de la localité. Voulaut relover uno profos-siou tombéen si bas, Marie.îhérèse d.éfendit aux maîtres, souspoine de réyocation, de tenir cabaret, de fairo do la musique auxfôtos, auxnoces ou àtoute autre occasion analogue. D'autre prÉ,ells leur accorda le droit de prepdre ra,ng, dans les cérémonies

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pÉnroon aurBrcErENNE 3r5

publiques, après les bourgmestnos et échevins et ava,nt toutesautres persorures. Lorsclu'il s'agissait d'emplois à conférer, on'les donnait de préférorcs aux porsonles qui avaient enseignéavoc distiuction.

Beaux-arts. - La peinturo, la sculpture, la gravure, I'a,rchi-teetur"e, qui avaient aut'refois brillé d.'un si vif éolat en Belgiquo,furent fort délaissées; ceur qui les pratiquaiont étaient consi-itérés contme des ouvriers ordinaires. Pour rehausser ces aæts

dans I'esprit public et oncourager l'étuae, to gouvernomentdécid.a qu'ils cessoraient d.'être aonsidérés coqlme d.os métiers

" ot quo la noblesso ne dérogerait pes eu les ererçant (r).J)es éooles de peinture, d'architecturo et de dessin furont

instituées d.ans les villes importantes. En outre, le prince doLorraine envoya à l'étranger, pour fort'ifier leurs ssrrn6isssnssgou ponr'se perfectionner dans leur art, les éIèves et les jeunes

artistes qui so d.istinguaient par leur application et un méritsnaissant.

Enfin, des récompensos houorifiques furelt attr"ilruéos à ceuxdont les travaux avaient une valeur réelle. Néatrmoins, malgrétous les efforts of tous les saorifices du gouvernoment, aucunnom véritablement distingué d'aa"tiste, pas plus que do littéra-tour', ne réussit à s'imposer à I'attention d.es contemporains nisurtout de la postér'ité.

'lf,usique. - Liége protluisit cepentlant Grétry (r7(r-t8r3) qui

passa une grande partie d.e sa vie ou Frauce. Il. y créa I'opérafrangais moderno. Gossec (r733-i8zg), ué à Yergnies (Hainaut),'fut le fondateur du premier conservatoire de musiquo de Paris.

Agriculture, industrie, commercs. - Acnrcurtunn. - Le treité deMrrnster (1648) ovait interdit aux uavires belges et étraugersde paraître dans les oaux do I'Escaut. Pd,r suite de cettoiuterdiotion, les produits les plus importants de uotre industrie,les draps, les toilos, les tapisn les dentolles, les métaurouwés, etc., oessèrent d,o nous être achetés par" l'étranger et ilfallut en rétluiro la prod.uetion aux seuls besoins des habitantsdu peys. Ainsi, qn, grand nombre do bras se trouvèront

(ll Dêr'ogeance, acle paE lequel on porûe al,teinte à la dignité de son origineou de son reng. Les nobles qui se livreisnt à I'industrie ot au commorc€

&rageaîent, c'est-à-dire qu'ils pordaient la qualité de noblc. i

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3r6 orrAprrnr NnuvrÈun

inoccupés. Cette circonstance, défavorablo pour I'industrie, futau contraire avantageuse pout I'agriculture.

. En effet, pendant la paix profonde qui régna en Belgiquesous I'administration paternelle de Charlos de Lor"raine, l'acti-vité nationale se tourna prineipalement vers I'agriculturo, quifit de rapides progrès. Pour en favoriser l'essor, le gouverne-ment prit différentes mesurcs des plus efficaces :

Il supprima ou réduisit les droits sur la sortie d.es grains et ildiminua les autres impôts frappant les cultivateul.s.

Les ouvr.iers des eampagnes furent dispensés du servicerniliûaire.

Certaines temes, transformées en prairies artifioislleso c'est-ù-dire semées de sainfoin, de luzerno, tte trèflo, etc., furoptexemptées du tlroit de vaine pâture; I'usage d'abandonner lesterres cultivées à unà jachèro de trois ans fut déconseillé etmême défendu.

fl existait, en certainos trirovinees, des fermes d.'une étendueimmense, co qui réduisait à un petit nombre les personnesdirectement intéressées à une bonne cultrire : on fixa l'étenduemaximum des exploitations rurales à environ 6o bonniers deterres et à, ro, de prairies et jartlinages.

Sous I'influenco de ces excellentes mosures, l'agriculturoaocomplit de réels progrès dans les tr'Iantlres, la Flesbayo et unepartie du Hainaut. Les oampagrres, on o€s différentes parties dupeysn étaient si bien cultivées clue les étrangers croyaient voiren elles, non des campagnes, ma,is dos jardins.

"C'est pendant I'aclministration de I'arohiduc Charles de Lor-raine que se répandit en Belgique la cultnre des trois plantesles plus importantes : le colza, la betterave et la pomme doterre.

fnpusrntn. - L'industrie des laines avait disparu des Flandreset du Bra,bant (r). Par contre, la culture du lin ayant pris dansces provinces une grande oxtension, la fabrication des toiles sesubstitua à I'industrie tombée {a).

L'industrie nouvelle ne tarda pas à so développer au po'int

({) ta fahrication des draps so transporta au pays'de liége otr cette indus-trie était libre. Verviers en fut le centre.

(9) Les oaux de le Lys passent pour êtro particulièrement propres au lavagedes toiles.

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pÉmonn ÂnrntcErENNE 3t7

qùe I'Espagne et le Portugal tiraient de notr.e pays toutes lostoilesnécessaires àleurs besoins et à ceux de leurs colonies.

C'est -au prince Charlos tle Lorraine qus I'on doit I'introduc-tion en Belgique. de I'art de'fabriquer Ia porcelaine. dont Iemonopole était, jusqu'alorsn resté aux mains des Chinois.

Toutefois, en Aépit des enaouragements du prince-gouvernour,les industries bolgos, manquant de débouchés à l'étranger et notrouvant pas dans lo pays mêmo des marchég assez importants,no recouwèrent pas leur ancienne prospérité.

Couunncg. - I,d, fprmoture do I'Escaut avait néaessairementanéanti notre commerce maritime. En vue do favoriser lesind.ustriies nat'ionales st lo commerce intérieur, le gouverne-ment du prince Charles frappa de droits élevés, à leur entréoen Belgique, les produits des industrios anglaisen françaiso ethollandalse. Par des mosures diverses,'tellos que lasuppressionou I'abaissement des péages et des droits do barrière, il enoou-ragea, le commerce de transit, c'est-à-dile lo transport, à traversIe pays, do marchandises destinées à d.'autres. On oréa desentrepôts dans les prinoipales villes I de nouvelles routos fureritouvertesl on remit en bon état celles qui existaient; toutesfurent convenablement entrotenues. On régula,risa Io servicedes messageries. On approfondit le lit do plusieurs rivières eton les rendit ainsi navigables. On répara de même lds canaux,on en créa de nouyeau:r, entre autres le grand canal de Lou-vaip, dostiné à mettre cette ville sn communication avooI'Escaut.

Lps crr,oss ET LEs cùnponAtroNs Àu xvrrre sÈcrÆ.- A leur origine,et même pendant les deux ou trois siècles qui suivirent leurinstitut'ion, les gildes répoudiront à un véritablo bosoin social.Elles proourèrent aux marchands la sécurité indispensable à laprospérité du commerco; en même tomps, elles leur pormirontd'arriver à la concluête des privilèges nécessairos, à une époqueoù I'on rre conceyait ni la liberté pour tous ni le respect de lapgrsonne et des biens d'autrui.

Mais il vint un moment où, en éoa,rta,nt toute conenrrence, lemonopole commorcial exercé par les gildes nuisit profond.émentaur intérêts des consommatèurs, e'esbà'diro de la plus grandepartio de la population.

De même, les corporations de métiers fiuent à uno certaineépoquo d'uro haute utilité sociale. Sorties des nécessit6s d,u

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3r8 oEAPTTRE unuvrÈlrn

temps, olles favorisèrent d'abord les progrès tles arts méca.niques, par la coucentration en des localités populeuses desindustries jusclu'alors disséminées dans Ies villagcs. par Iasuite, organisées_e[ compagnies militaires, les mêmes corpora,-tions purent conquérir et conservor cle nombreux droits tant,politiclues clue civils ou économiques, résister au despotismenenfin maintenir I'indépendance des conununos et d.u pays.

Malheureusement, I'absence tl'instmction, à peu près uniyepselle chez les hommes de métier, leurs vues étroites et Ieurégoisme ercessif en matièro d.'industrie, conduisireut trop sou-vent les corporations à manifester: des oxigences déraison-nables. Nous I'avons vu : los troubles incessants provoqués dansle pays per des revendications, souvent intempestives fati-guèrent les hommes d'ordre et amenèrent une réaction qui fitdisparaitfe les cor.porations en tant c1u'unités militaires etpolitiques

Mêmo comme corps d'artisaus, les métier3 finirent pa,r.

enrayer les progrès de I'industrie, en ropoussant de parti pristoute innovation dans les procédés de fobrication.

Les corporations opposaient d'ailleurs au progrès urn autreobstacle sérieux: olles parcluaient les ouvriers en de véritablescastes, d'où il leur était à pou près impossible de sortir. Ainsi,elles enpêchaiont la manifestation des plus remarquables apti-tudes et des vocations les plus décidées. Enfin, elles furent lasource de fréquentes st interminables querelles entre les arti-sans des diverses iodustries : << Entre les libraires'et les bou-quinistes, c'est une lutte porpétuelle sur la question de savoirce qui distingue un bouquin d'un livre; Ies selliers attacluontles charrons; les taillandiers se plaignent des ma,réchaux fer-rants; les oloutiers ne voulent pas qu'il soit pormis aux serru-riers de fabriquer les clous d.ont ceux-oi ont besoin. Il n'ost pasjusqu'aux crieurs de vioux fers clui n'aient.lour jurancle ot, pourconble de dérision, dans un prooès qui dure trois siècles outreles fripiers et les tailleurs, quatro ou cinq mille jugements sontintervenus sa,ns pouvoir bien marcluer la limite qui sépare unhabit neuf d'un vieil habit. >

Vie domestlque, coutumes, mtnurs. -Nounnrrunr.- Auxv[r" sifrË,on faisait ordinairement trois ropas le jour : on déjeunaità 7 ou I heuros du matinl on dinait à midi; onsoupaitvers7 heules du soir'. Le déjeuner consistait en nne soupe maigre

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pÉnropn aurBrcErENNE 3rg

ou grasso, qui avait longtemps mijoté devant le feu': prosque

toutes les slasses de la société en faisaient leut principalo nour-rituro'au repas drr, matin. Le oafé, le chocolat, le thé no Iatlétrônèrent que, lentement. Les gens du peuple mangeaientbeaucoup de pois, de fèves, de riz, etc. La poûrme ils ter*e étaitpeu utilisée comme aliment de I'hommo.

Yûtuunm. - Les hoqmes continuent à porter la culotto et àmettre des souliers à boucles. Les grands portont le frac brodéà revers et à.larges pans, l'épée, Ie chapeau de feutrs à troisreyersr la perruquo et point do barbe. Longtomps, la mode despaniers (r1 se perpétue chez les femmes.

Les jours ouvrables, le paysân met une simple blouse de toile;les jours de fête, il se vêt <l'un justaucorps. Des parapluies auxdimetsions énormes apparaissent, qui se transmettent d'unegénération à I'autre : co sont, à Ia lettre, tles parapluies de

famille.HasttArrou. - A la campagno, les habitations du peuple et

leuÉ mobilier sont à peu d.o choso près cou4 des époques précé'dentes: ils so réduisent au strict nécessaite. Généralement, les

'mâisons, couvertes de chaume, restent basses et sans autrepavement que la temo battuo. Souvent, les fenêttes manquentde vitres et aontinuent à se fermer aveo des volets de bois.

Quand les fenêtres à vitres oxistent, elles sont formées de petitscarreaux d.'un verre grossior_soutenus pernn treillage de plomb.Dans les villes, tes habitations sont ordinairement couvertes do

tuiles ou d'ardoises et ponrYues de fonêtrgs vitrées.CsluFnecn ET ÉcLAInacE. - L'hiver, un grand feu de bois,

pétillant dans l'âtre, sert à la fois à chauffer et à éclairer Iapièce où la famille pesse la soir'ée I parfois, chez les moins pau'yresr nne chandelle de suif ou uno lampe fumeuso donne, pen-.

dant les longues veillées d'hiver, un meuvais éclairage, quoiqueluxueux pour l'époque. Les plus riches emploient la bougie,mais aveo parcimonie. Le quinquet sera seulemont invettéen 1787.

L'éclairage publio existe à peine dans les grandes villes.A Liége cependantronremplace, dès r7i4tl'éclairage des rres à,

la chandelle par la lumière d.e elnq oent trente'quatre révor-bères à I'huile.

(l) Jupon garni de baleines, quisoutonaitla robo des.femmes.

Y. Mirguet et Ch. Pergameni. - Hist. ile Bolgique.lgtz.

{t

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@o EtÀsmm wsurllÈus

.JEgx IET xr[rrsgtrnrs. -'lrss.calrlaeetrgrrva,lsnt éû6 à la mode

après len tùoumois: oux.miêmos ûsdèmÉ psu ù SEs GD dS$û6.tude. Fan'rci lee dtarlses m voguersn cito'Ia pnDaaneroù['onlignralû rln ,grend sssûumg; losare6an&arla,'gærc&erat wûNÉ Iemennet. be rigodon et Ia, gig:ue 6taieuù les dstros pognlnûreeD'origine polonaiserla polka et }a aalse oilË :asu,lemsnt,pnisfaverr dhez nous 'dans ls courg du xtxc siècle. Laes enfaatsjouaientt à Ia balte,.oorËrnr pr6d6dtoroneaû; swssi s,u calæ-mailiarÈl, ù Iu paurne,'aÀt .utsl,ant. T,a lamqaenof, le ydtatnrran, \obnetan,,le piqaet Éttaient les principaux'$eux d,e,eartæ à la'm.odo.

fit Considér ,générales, et vue d'engsmble,

La Belgiquo pa,ssar par uh.e série do phases au couas de sonrelèvement sous la domination autrlchienne. ElIe ava,it étéruinée pa,r les -nombreuses guerres du << siècle do malhegl r etIes réflÈt'ats funestes des haines religieuses Êe faisa,ient enÈoro

-lourrlenent sentitr.I,es progrès ne se nanifestèrentpas aussirqtrridement gu'on se serait cru en. droit clo le supBoser en réflé-ohissFnt àlasage ailmipistration des hommçs d'élite qpi dir-i-gèrent lesrouages gouyernemenfaux des Pays-Bas. La ca,use en.ost eneore une fois I'g,mbition conquénante et les ,jalousiesréciproq.rres d,es gnandes nations européennes, désirouses d'ac-c.roi.tr.o, au point d.e vu.o économiquo., lours c.olonies et leurspossossions. Nous asbiotons à do graads boulove"rsements poli-tirluos vers le milieu du xvute siècle. Les guerres do Ia succeseiond'Autriche $7(,o-t7{8) et de Sept aas (1756-1763) provoquèrent.cecurieux phénomène da renoetsenænt des alliances (r), d.irecte-ment fo:rdé sur des questions d,'intérêt. Mais"que sont ces.mouvements militaires en compairaison des.profondes trqnsfor-matisns socia,Ies qu'allaient produire les r'évolutiols a,méricaineot.frangaiso? I.,es idées se mo.difient parallèIemsûtr aur faits etles devancent mêmo. L'æuvro des philosophes, des mora'listes,dos grauds écrivains favoriseit étra4gement ce Buissant à-ooupd.o I'histoire du monde.

I{otre pays eut ds la poine à so rslever- Maie, quoique tout fûtà refairo, la sage politiquo des prinaos autriohions p,arvint à

(l) E. Prncutrm, &rnmaire d'histoire rnademe, p.941.

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"Àroor ÀurnrcErt*N' 3pr

-rendre à nos provinsos une certaine tftalité. Nos anotitqes, Dd-heureusemènù, no èomprirent pas toujours le 'but que pout'flrl;vaielrt les gouverira,ùts'et s'obstinèreht à repousser aertoltesréformqs quo demandaient inÉtamment nos voisins du Sud... [a défaits des "Autrishiens à X'leurus, le a6 juin r7g(, nousliVra àla France. Nous dlirinq dèsJtrss:partioiper, mais comme

' Bâys oontluis, à tous Iss bienfaifs de la févofution f{angaise;les réformesi de JosiephIl. aves€fé+snt afrtaquoos allaient êtrescoontuées,dqns "" r"T-O1*Tq rlll radrSaf, , - .

_)R:ÉsuuÉ swrnÉno$* o" ii pÉnrols aqrucnrmm gztt-nef'1,

Du trai,té tVttecht (1715) ù, La batuùllc de Flatrus (f,lg4), qui tiure lo,,Befuup ù,ln Erance. Dnrée.'8[ ons.' - ll ie peuple belge se relève difrcilement.- Sage âdniinistration deMarieThérèse et de"ses agents. Joseph II, dont les idées étaieqt pour laplupart ixcellenlw" cmnsresant real b caraotère belggo;.na pàlgentquià soulever contre.lui I'opinion publique. Prospéritd relative dè Pagri:culture. Révol,ution brabançonnc ({ ?€9).

2.- tonquëte de la Belgique pâr les Fmngais (bataille db Fleurus en1794).

.-

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CHAPITBE X

pÉnronn f,'a,aNçarsE<t?94-rFr4>

Depuis l'oe.eupation de la Belgiqtre par les Frangais, en {79 [ (bataitle de Fleurus),jusqu'à notre réunion à la Eollande' en 4814.

LA BEIJGIQIIE SOUS I,A DOMINATION FR,ANçAISE.

I. - Les faits.

Situation du peuple en Europe avant 1789. - Dans Ia plupart despays ouropéens, la royauté, unie a,ux olasses dirigeaùtes

- clergé, noblosse; haute bourgeoisie - avait, durant de longsâges, exercé sur lo pouplo un joug souvent très lourd. Mais, ausièole dernier, une multitudo d'éorits s'impriment, qui font à

.l'ancien régim.e un-e guerro acharnée. Battu en brèche de toutesparts, oelui-ci sent à Ia fin Ie terrain se dérober sous lui.Plusieurs souverains, ainsi qu gn aortain nombro cle nobles otde prêtros, oncouragent mêmo le mouvement.

Parmi los publications qui paraissont alors en Fra,nco, lepamphlet fsmeux de I'abbé Sieyès causs une impression parti-culièremont profonds. II so résumait énorgiquement dans oe

eourt dialogrre : <r Qa'ecf- ce que Ie tierc état ? - Toat, - Qu'a-t-ilété jusqa'à présent? - Rien. - A qaoi aspire-t-il? - A êtreqa,elqae ehose. >>

'Lres abus à réformer sont nombreux, '

Le servago s'ost perpétué en certains lieux, of les amestationsar'bitraires sont fréquontes. Prosque portout Ia liberté indittt-duelle maryIue de gazanties,

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pÉnronr FRANçarsE 3g3-

En f,'rance, on Belgique of dans plusieurs autres oontrées deI'Europe, les catholiques peuvent seuls exercor publiquemontleur arilte, ar:river aux emplois, jouir des droits civils ou pqll-tlques. L'inverso se présento en peys protgstants, Nufile partr laIibefté religiease n'est eneore sineèrement admise.

La plus grande partie de la terre appartient au clergé et à lanoblesse i par suito, elle demeure, &u profit d'une faible pa,rtietle la population, en dehors de I'activité sociale. A la vérité, lespeysans peuvent acduérir la terre, mais combion la chose leurest difficilet D'ailleurs,ils restenù, en I'acquérant, trop souventassujettis aux dimes, champarts, banalités of autres obligationsféodales. Dono, point de libefié entière pout la propriété.

Le clergé et la noblesse ne paient pas I'impôt proprement dit.Le peuplo seul doit les tailles et la corvée. Il n'y a pas égalitédeaant l'inpôt.

Lo clergé possède sss tribunaux particuliers; la noblesso,d'importanl,es prérogatives judiciaires ; en beaucoup d'endroits,les justices féodales se maintiennent z on ignore !\égalité deoantIa.loi.

Rares sont les peuples en possession d'une roprésentationnaiionale pouva,nt se réunir de droit. La libefté politique tætgptesqde paftout à peu près inconnue;

Les gildes de marchand.s et les corporations d'ouvriors ontra-vent I'essor'du ao--erce êt tle I'irrclustrie. La liberté da traoaîlet da comme?ce n'eæiste pas.

Il faut appartonir à la noblesso poup dsvenir officier. Certainesfonctions dans la nagistratqre, les finances et autres servicespublics sont héréditaires ou vénales. Le droit à l'ailmissibilitéde toas aaæ emplorspuôIfcs n'est pas reeonnu.

Bévolulion française (r). - Eu 1789, le roi de Fronoe Louis X\I[,dont la situation financièro était des plus gônées, conyoqua lesEtats généraux dans I'espoir qu'ils voteraient los eubsidesindispensables au paiement des dettes royales. ùIais ceiteassemblée ne montrant aucme disposition. à répondre a,uxyænx du souvera,in, ce dornier lui intima I'ordre de so Ééparer.

({) Il serait difficile de bien Saisir l'esprit des iustitutlons belges actuellessl l'on ne poss6dait quolques clartés des grands év6nements sociaux et poli-tiques dont la Franse fut le théàtro à la 6n du siècle dernier. Nous forons dono'ici un historique sommairo de ces 6vénemonls,

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CEd.P{trBE DDg!EùM3b4 cEap{trBu DDseEùM

Le tiêrs re{usa d'ob6i'r. tesû aloæs gue lfi$a,lD€au:fiû à fenraoyéchr roi. Ia néponse femouse : < l\11e2 tilùns à oeux clnt Tortls

savoiont que,nous sommss iai paæ la vololrû6' du peuplo dt qurc

nous n'en sorti,rsns qus Erttt1æforoo <lrus baïoaaettesi, >

L'arméo lui rsfusa,nt sou - apPui, T,suie XVI dut s'insli-ner et IlÀssernblée sB transforma ou 6onofff.,uan*e (r). Ëepouple eraignauû lbs.tésistænsee de Ia cour slirmurgea' et, ler{ juillet, s'em'pata ds: le" East'i[Iê, pÉisos dtEtat ooneid6réecbnue le symbole du dæpotisros st de lb.seDvitud'e, T,a;Il6rioela"

viol'emùe de Ia R6vslution oommengait. À.leur tour; exoiûô'strlarle s'ouvenir de vi'ngt/ siëeles'dropprusslbn et de misÈre; Iespaysans ss soulÈvent dla,*s lbs provinues otse'mctf,ent à,pil'Ieur ùilémolir, à, înosntlïen les alilrayss et les ehâteaux. De romÛreuxassassinats sont somltris à aette oosasion. Remplisd'épouvsnÉeibeauooup de nobles et do membres du haut cler$é cluittent lo.pûys. O'est le clélôut ù+llfémîgration,

Fit de' Paneisn rfrime. - Oepcndanti, à Ia' séanpo du { *oût,vivenent'imptoseioo4ds: per f'a,gfrÈation qui ss masiûesl,ait dansle pays ou entraînés par le oourant général, les députés-duolugé et de la nobilesôe obaudonsrent spoutanénent bus iculspivTleges : trar dlmB, -les, oorv,ées, la usilrnortc, los jnrstioas

ecclésiastiques et seigueurialosi lo droitde ehasseo eto., dispa,-

raissent Du nÊme eoupi orutrxoelano tbbolidiol tle Ia servitudopetsorrnelle eù de.tsus les privilèges pârdculiens des proviaeæs,

tles villes, des corporations of I'adm'issÎl5i{St6 de tous. Iescitoyens- aur emptrois. aivils et militaires. Gette journée' rnarquela fin' del''ancibn rêg:Èmre .

Lrs pnrvu,ùcÈs ur {789,. - c lls. sûnt envlroil- dqur oont soixantadinmille (en Frànce, sur une population toiale da 96 millions d'habitants) : rïans

la noblesse, cent quaranle miTlo; dans Îe clergé, eeftt trsn(e mille. IIn cin'quième du sol sst à Ia eouoonns of aw courmrur€s; un' einquiÈnCI au tibre éTaû'

uu cinquiùme au peupledos GampEgnssr ua; siftInièno à.la noblesss,.uai eir.qsiFe au elurgé. Atiosi', si lion défalEuerles tamss; pnbliques, les, priui@i{s,possèdeot lanoitié du ro1prue.. Et.ce.gros lot est. m-même temps le Brlus

rii:he, car il comgrend presqueloutes les belles et grandes bâtisses, châteaux,

couvents, cathéilrales, et pn+siJue tsut [s mobilier précianx, meublbs, vais-

selles, objels d'art, chefs-d'æuvro ecsumulés depuis rles sièsles. On peuf

en j1g.or par lleetimaÂion de Ia part, du. clorg.é. $es. bisns valent en capital

4 pilliards. Dans Ix Ftanebe-Comtdr. fÀlsace ef lb Rolssillon,. il possètle .te

(l) Assemblée goi "

poo, missioa,d'4rhtûB uo'&ooiitur.ion.

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rÉnrcun rRANrçarsE 3s5

.msilié,dcs terræ; rdræ le:fiainaut eû tl'l"rttoirr hstuois,quarts; ,Sans.lo;fid,;brésis, quatorze seab otffrues .Êrr ûix*apt rctnta. Par ætte fortuas .ûu prs-mier ordro nous pousons nous flgurer ûello du socond. r ,(,tr [a'INE.)

rD6qlaralidn dtrs .droits,dCI I'hsmms at'du eibycn. - .La CoasÉitua,rrteoo,mmencepar form.uler umo dCclanatian d.es droits'de l'Iumme:et du,citayen..Oet[edfuIaration énrmère los pùriripes qu,i, dans,la penséo -d.es Oonstituants, duivent pnésidor'à ,1?organri*adoniles sociétés. Rn voisi lgs fon"danentas,x, .rostr4s ttepuio l,a base

*clse Osnstitutioos cbez tous rles.petples li,bres :

to 'L'ëgalité etl"alibeilé de.tons Iæ honnesj po Ie rcspect de,Ia

.pnegiété îndio.iilaelle"ot .te .nêne .dbait F@ur t'ous à 'l'aeqaénir.;

3a la.sarzaeraineté da peaple ; (o le droit, gwn tous tres citoXnens,

de partieiper au aote de t'impôt ; 5o Ia liberté.d.e la parole et de la3lne*ee; 60 la.l-ibette de eoaicience.et des rliililr,e ; 2o,Ia.zesponsabïlitéiles agetûs'd.upouooir; $o Le.i/r:oif à Ia suôsrctanec pour les eitoyensmalheureus; (r).

.A.insi, aux priudlê"grec distiucts dlu clergé,,tle la noblesse, de la,bowgeoisig des pr,odnces, des villes, des"eorporo,tions, se sub-stituent la liberté et l'égalité 1rcur tous, considérées .enfincalnrns dgs drof fs nat arcl s, p r-imardî a4æ, ïwpres* niptlôIes,clo .toutêtrs hu^main Pa,rtouto les clto;rens, Ibres et .égaux, obé.isseJxt

,aux mêmes [email protected],ux mêrnee rQgf,ements. Toufres .les cotmunoget toùtes les provinces re,goiveort lam..êmoorg;a,aisation ad.miqiq-trative; toute distinction 'est supprimée .entre les cites, losvilloar les bourgq les villagos : la loi ne reconnaitplus gue dosc.o&nunes. Toutes les assemblées sont élues.

U"ne Constitution ou loi fondamentale, établie strr Ia Déclara-tion el attrjbuant aux oitoyens les droil,s los plus étendus, est

.peu après tlonnée à la Franoe pa,r la Constitus,nte. La devisenationaJe doit être t Liberté, ÉgatitQ, Frnter.nité.

La'.Oonr,ention nationalg. - Mais,d'aeeord.avso l'étæang'or, l+ roiet .les .c,lasses jusquo-là privilégiéss f,EaseiLle;rt à stntrrê€Jrar

llafÊormisçm.ot du .nouvel ,ordne de''chosos. Lra ,Cannentâon

rmÛrioll.ale,se ré.unit alsrs gu,i. ,gouveme .la .Flanco ùtr ar. sop-tembre rTgs au z6 octobre 1795. Son premier acto est la procla-mation de la République. '

-A.geusé d'a,vair era@rcûeur,n dlps rrelaûione seorèûes avee f,es

,({} rll ent à 'rsmarqusr tarSeTois qro iltos trxouineæ iouisssient depuls, unterps prusgoe immémorùal rlscontalnes de ees,liMt6s. Lr traditiou somnumfiss'était perpétuée à travers tom.h.négimoo.

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3e6 cHAPTTBE nrxrÈun

. enaemis de la République, Louis XVf ost bientôt mis on iuge-ment, oondamné à rûort et exécuté (ar janvier r7g3).

Le Gomit6 du salut public. La Terreur. - La Convention oonfloalors des pouvoirs eitraordinaires à, un Com ité' dit de saluÉ

purblic, dont les neaf membres, ohoisis par elle, se renouvellenttous les mois. D'autre part, ello vote lu loi des suspecfs quipermet au Comité de faire arrêter et mettre on jugoment toutepersonne soupçonnée (suspectée) de nourrir des sentimonts hos-

tiles ù la Républiclue. Enfin, un tribunal spécial, Ie tfibatlr.ltéoolutiohnaire, est chargé de juger les suspects. A .son tour, l&reine Marie-Antoinel,te monte sur l'échafauil (r79(). Des milliersd'autres têtes tombent après la sienne à Paris et sur tous les.points de Ia France.

Biontôt los républicains eux-môùes' so suspectant les unsles autres, s'envoient mutuellement à la mort. L'un aprèsl'a,utre, Danton et Robespierre, deux chefs fameux do la Révo'lulion, pér{ssent sur l'échafaud. Cette temible époque, pendant'laquelle la guillotine fonotionne Ëans relâche, est Ie règne de Ia

Terreut.Gonquêie définitive de la Belgiquo par les Français. - Jraincus ponr

la seconde fois par les Français à Fleurus, en r7gÇ les Autri'chions évacuent définitivement Ia Belgique. Pendant uno ,annéo

entièro, nos provinces sont traitées en paJrs coriquis, c'est'à-direlivrées à un pillage plus ou moins légal.

Tout I'argent des caisses publiques est aussitôt versé danscelle de I'armée françaiso. Puis une contribution cle g:uerr9,

payable dans un oourt tlélai, est frappée sur le clergé, lanoblesÉe et la boulgeoisie aisée. ElIe s'élève, pour tout le payst

à plus de 8o millions de francs. Les Français établissentensuite le cours forcé des assrgnafs (r) et le maximam (e). Enoutre, ils enlèvent des églises et deq couvents, des musées etdes bibliothèques, tout ce qùi s'y trouve do plus précieux en

argenterie, objets d.'art, liwes, manuserits, etc. Enfin, Ies réqui'sitions (3), Ies Iogements militaires, les eraotions des soldats,

({) Espèce debillets de banque.

igi Uosim"ne, prix'au-dessus duquel on ne peut vendre ni le pain, ni lavlande, ni la bièrer ni les autres denrées les plus nécessaires à la subsislanoe.

(3) Fait par lequel ltautorité publique ordonne aux particulierso en temps

do-gûerre, âe fournir toutes los choses nécsssaires à l'entretien de I'arnée,

tollos gue vivres, vètemonts, toVeT do tmnsportr etc.

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pÉnronp rnexçÂrsn 327'

les vols des garottours et des chauffeurs, achèvent de rr.inerlos,Bolges. Espérant échapper à une'situation aussi insupportable,certains d'entre eux demandont leur rénnion à la Franco.

Réuniod de la Belgique à la Franoê. - Après un sem-blant de consultatioil. publique qui e lieu dans les prin-eipales villes de Belgique, la Convention prononce laréunion (re" octobre r7g5). Le traité do Campo-Formio(octobre ry97) ratifie cette situation. Il donne la Vêné-tio à l'Autriche, en échange do la Belgique qui, pon-dant dix-huit années, va faire partie intégranto de laFranco. Comme co pays, olle sera partagéo en dépar-tements, distingués par des dénominations géogra-phiques.

Alors, le gouvernement républicain confisque,commo il avait fait précédemment en X'rancs, les biensdu clergé et de Ia noblrsso belges, les déclarant aussibiens nationaux, II' abolit ensuite Ia noblesse, leS

ordros religieux, les droits seigneuriaur, los banalités,les corvées, la gabello et les droits exclusifs de chassoet de pôche.

I{e trouvant pas, d.ans la vento des biens nationaux,toutes les ressources qui lui sont nécossaires, il recourtà un emprunt forcé do 6oo millions de francs, auquella province de Liége contribue pour uno sommede {o millious.

Mais, de tous les ippôts établis par les Frangais,celui qui paraît à nos pères le plus lourd et le pluso dieux, o'est la' co nsc r i ptici n, qu'ils appellen t l' imp ôt du"sang,..Un grand nombre de miliciens, refusant do ser-vir un gouverneqent détesté, so réfugient dans lesbois. Ils y organisent de véritables armées qui entre-prennent de secouer le joug do l'étranger : c'est Iagtrerre des 'Payséu?$; Lour tentative ne réussit pas :

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3sS

presque' tousFrançaisr

ggt4glîffi. nrsrùuE,

pêrissent d.ans lcs osæbats livrés. anx'

Sans s'bbstïner davantage dans une résistanceimpossible, la, Belgigue. se soume.t à ses vainqueuirs.

Vais il fallait néelloment voir les .c;hoses d.e haùtet ne oonsidérer que les grands réstrltats de la Bévo-luùion pour ns pas.maud.ir.e un uégime trop solrvontreprésentd d.ans notrg.pa"ys par une frrule de gens sâtrrs,

principes-, insolonf,s et lapaces, parfois llécume do lanation frangaisc.

Goup d'Étd,du.18 brumaire. - Profitant de la lassitude$u pays fatiggé do diseorden civilesn etdu-pnestige quoIui rlonnaient ses exploits militaires, lo général. Bona-parte renversa, vi,olem,ment. le gouvs.rD.oment républi-cain (g novombr.e r7g.$ et, sous Ie, non de peemîerconsu[r,il no terda pas.à devenir lo véri,tahle souveuainde la X'ran-ee- C'est oe qu'on a ap1>eté le ooup, d.lÉtat du' '

r8 bnumaire a,n VTTI.,

lJËmpiro (180&-t8!rt); - l)ès' Éo4, son. ponvoûl se trcuva sisolid.ement établi que le premier oonsul put so prootramo: erups-reur d.es Erançais sous Ie nom do Napoliéon ler. Un plébiscite (r)ratifia sa conduite. Lè z décembre de la môme Eùnnée, il futsaqr6 par Ib pa,pe d'aus fégltse Notre-Dame; iI Faris. Ainsi' sonpouvoir'se tlrouva légitimé par le eonsentenent de la nation etpar'la sanotton do llEglise"

La caruière de Napoléon offro quelque chose clo meuvoilleux.Ses prodigieuses vietoires,le rendirent maiÉre de I'EuroBe. Fon-dant quelques anné€s, sa rlomiuation s'étendit de Eambotu.g àRomo et à l'Océan. La Eelgiquo., l'a Hollancle, u:re partio tteI'Allemogne; la SuIrye; I'Espag:re et I'ItaIis et6pentÏaient deI'Empereur'rûos Français @u 6tninnt incorgotés ù son empiret

Travaux exêcutés'à Anverc' pff' NepolÉon F'. - Notre

({) 0n appelle ptébiscite une consultation ilu peuple. qui doit diro par. oæi

ou pâr non sTl àccepte ou s'tl'repousso une proposttiou qni lut est faite.

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PÉFffiDE FnâNÇarsE SDg

rérmiion à tra Franee nous vaut ta liherté dre I'jEseaut,

e"est-â-dire le tlroit ile navÏgation sur'c€ flenve, Pourles navires de toute provenance.

Le oommerce d.e Ia ville d.'Anvers se ranima aussitôtot, dès l8oz, près de millo savires paraissaient dans

son portCette prospérité renaissante s'aesrut ensore avee lês

imlnrtants travaux exécutés à Ànvers par les ordresde Napoléon.

Àursours d'm prenaier vo5/a,ge on Botgiquo (r8o3),. alors clulil

:r était oncore que premier consul de la B'épubliquor l'admirableposition naritims cl'Anvers avait frappé l$arpo]éon. Develtu,em,pereur, il so promit den {aine le prernier port militaire elu

mondo.' Dann sstte trrensfo, il ondouna d.'y creusor cleux grands bassins,porrvant ensenble abrite plns do'cinquante-deux vaisssaux do

'ligne, qui sont les pbrs grands vaisÊea,ux de guerre. De petitsea,rra1ps, intérieurs établirent uae fnçile colr]swiication c|e l'uLù l'atrtre. En outreo d'inrrnen:ses ahantiers de colstructionfirncntiastallés à quelque disûanse dt flerrvo, ot, pomr reilier ces obau'tiers avec les bassins, on abattit un grmd nomhr:e do maisotlsFm I'e.rr,plaeement f,escluelles on. æéo ulr vaste c1uai.

Napoléop fit encæs'uonstr'uine à Ànvers iltn arseual assez

granel pour per'*'ettre cl'y trcravailler sn mômo ternps à la son'struction cle vingt vaiÉs€aux de ligue- 'Comme iI désirait faired'Anvers une place de guerre imprenable, il I'entoura do formi'dables travaux.de défense.

Son but était de pouvoir, au besoin, attaquer 1ss Anglais ouse défentL'o contre enx en s'appuyant sur Anvers c1u'il voulaittenia r< ainsi qu'un ,pistolot changé >r constammort ùirigé vers

I'Angletemê.Mais il tint snr$ollt,à ea Iali,ro un€ trBssorrrce eertains en cas

dt'e grancls désastres, un wai'point dosalut na,tionall il voulut lerendro eapable cle recueillir u,lae arm,Ée entiène dans sa défaiteet de résister à uno.année rte transhée ouverto, penclant laquelleune, nation aurait,Io temps 'do vsdr en masse Ia cléUrryer etrepren rtne I'offenstvo.

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:330 OEAPITBE DIXIiJME

Les grand,s projets d.e Napol6on Bur Anvers onù été repris eten partie réalisés d.o nos joursparun gouvernement nationol etpaoifiquo,

Abdication'de llapoléon. - La oampagne do rSra fut fatals auoonquérant. Des cinq cent mille hommos dont so composa lagrande armée qu'iI conduisit à la conquête de la Russio et quifranchirent le Niémen le z5 juin, vingt"quatre mille seulementrepassèrent oe fleuve le 3o déoembrs r8re. Lsreste périt dans laretraite où fut fait prlsonnier.

Malgé les ressources de son puissant génie militaire, Napo.léon, attaqué par.l'Europo tout entière, liguée contre lui, noput empêcher I'invasion de Ia France et I'oocupation do paa.is(r8rd). Sentant toute résista:rse inutile,. pressé d.'ailleurs pa,r sesgénéraux qui, déoouragés,menaçaient de I'abandonner,il abdiquale 6 awil et se retira dans l'îlo d'Elbe dont Ia souveraineté luifut aédée. Le comte de Proyence, frèro de Louis XVI, pritpossession du trône de tr'rance sous le nom de Louis XVIU. -

Les Cont-lours. - Ce ne.fut pas pour longtemps. L'annéo sui-vante (r8r5), au mois de mars, Napoléon débarqua à Caunes etI'armée se prononga aussitôt pour lui. Le-ao mari, il entra à"Paris et, le rB juirr, il engagea à 'W'aterloo (Brabant) uno grandebataille contre les troupes alliées. Yaincu, il rlut abdirluor donouveau (r8r5). On donna à la courto période de son rotour aupouvoir ls nom d.e Cent-Jours.

La Restauration. - Alors Louis XVIU remonta définitivementeur le trône de France. Napoléon, cette fois, fut relégué à I'iloSainte-Eélène, où il mourut en r8gi. On doqna au rétablisse-:r.rcnt de la royauté en Franco le nom do JRestauration.

II. - Civllisation.

. Proprlèté foncière. - Un article de la Déelaration des d.roitsproclamo solennellement commo un prinoipe de droit naturelI'inviolabilité tle Ia propriété qui jusqu'alors n'était pas mieuxassuréo quo celle des personnes : La propdété étant un droitinaliénable et sacré, nul ne peut en être prioé si ce n'est lorcque lanécessité pabliqae, légalement. eonstatée, I'exige éoidemment etsous la cond.ition d'une juste et préalable indegtnité (afi. r7).

Outro cle plus grandes facilités d'acc1uérir la pr"opr"iét6 fon.

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rÉnronr FRANgarsE 33r

oière appoltées a,u pa,ysa,[ par la r6volution françaiso, celle-ci

lrii donne otrcore la complèto liberté de la tene, iusquo-là sou-

,ulso à la rtime ot aux multiples obligatlons f6odales. cetto

l!|ierté do'la terre est, comme on I'a ditr la dot de la Révolution

à, I'habltant. des camPagnes.En r7gr, restreignantr pouf les paronts, le droiù tle tester, la

Constituante proalamo rn àutre princlpo, celui de l'égalitê ilatts

Le partage iles biens entre les enfants ou &éeftfers au, même ilegft.-

C'était abolir le droit d'aînesse (t), les majorats (e) et les relron'oiations imposées aux filles à la suite d.e lour entnée on reUgiotL

ou de leur mariage.O'est aussi à la révolutign frangaise que ron doit la publicit6

.dos hypothèques (loi tlu re brumaire an VII).par une loi du s novembre rTSgr la constituante déclarobiens

natiônaaæ les biens du alergé et les met à la disposition du

gouvernement, à char$e de pourvoir d'une façôn convsnable tuxirais du culte, à i'entrotien de sds ministres et au soulagement

des pauvres. En féwier r7gz, l'Àssembléo nationale confisque

et. iléclar.e do même biens nationaux les 6iens des nobles émi-

grés. on vend paælots ces deur catégories de biens. ainsicesse

iimmobilisation des terres jusque-là inaliénables ponr la plu'part en vertu de la mainmotte ou du droit'd'alnesse, dès lors

sans valeur polll'.I'lmmense majorit$ do la population. Cette

mesure aùtache, par les liens do I'intérêt personnel,les nouveauxpropriétaires fonciers au régime nouvellement inauguré, dont

. ils se monirent désormais les plus fervents soutiens'Le eoncord.at de rSor ratifiera la veute des biens ecclésias'

ticluos. La loi il'inilemnî.té, qtri, en r8e5, votera r millÏard a'ltx

émigrés et à leurs ayants droit, consacrera définitivom€nt los

rlroits des accluérenrs dos biens nationaux, '

Admlnlslration. Classes sociales. - Volci dals ses grandes lignes

I'organisation donnéo pap liapoléon à I'Empire. Elle diffèrepeu de cello c1u'avait adoptée la République et nous I'avons con-

servéo-en plusieurs do ses parties importantes.SIle comPorte:.C. GoUVSRNEIIENT CENTRAL. - Io Un chef clu pouvoir exécutif

({) ce tlroit ail,ribuait, dans les famillês, une part' plus importante à I'alné

des fils qu'à ses frères et sæurs.(9) Immeubles idaliénables attachéS à la possession d'un titre de noblesse.

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--------------- nI

I

33s oux[Hrrnr ossÊJxi]

(L'êmpereE) I Eo'uD $6oat;8p .un CIorps liggidfatÂf,; 4o un conseildÉtat.

Ces rtifférents ,corps sout boa;ucoup ,tr:op ,dépendants deI'empereur qul, en soûune, iouit d'uu pouvoir absolu. Lorsqullveut opérer un changement constitutionnel ou prenclre quelqueautns mosure de grando impo*tanoo, iI publie des sénatus-eon-su?te.s.(décrste'du Ëénat) qui ont foroo de loi.

8. 'oIrGaNr$trTIoN soiruNfsrnl'rrry,E. - r,es clivisions et subdivi-gions arlministnaiùiveg ds'ra Fr.anee et des pa,ys anaexés, commeIa Belgique, sont désorraîs Ies départements (nos provinces)ayec un ptéfet, un conseir général et un eonseil d.e préfeatare (leg'oauernelr:r, le conseil provineilat et ra dépatation permanente,dans la Belgique actuelle); Ies ar*otdissements ,&ve€ un sous-préfet (ce qui existe aussi chez noug : Ie sous-préfet y porto lonom tle commissaite d'an'andissement\ et ul eonseit darrondzs-sement (que nous no possédons. fas); les.santoqs; enfin les com.mune6 ayec un maire, dea adjoinlb et un corrceil mwtteïpal,.(qui seretrouvent clans notre boargmesffe, nos èehevins et notre eonseileommanal

Er.nr cryr,, - La tenue cles aetes de I'état clvitr est désormais

son,fiée aux magistrats corlnuuraux. Depuis lors, il ineombs àgeux'ci de tenir, a,vgc exaetitudo, registro de iious ,les mairiagrcs,na"issances et décès.

or,lssns soctalus. - En aholissan't les clirferents ordres, laR6volution fait.disparaître toutes les c{istineûions .$ociales. zescitoyens naissemt et d.eneurent égauæ en droits; teL esû le grandprincipe cl'égalitr6 proclamé par la Déclatati.on,

Noûlesse. - Lalnoblesse dispa,raît donc, en temfs quo alassesociale distincte. a la vérité, Napoléon rétablit les .aneieustitres rle noblesse et en aeoorde de nouveaux, mais sans y otta-cher cle privilèges. ses g6néraux reçoivent presque tous destiûres nobiliaires. rl y a des prinoes et d.es naréchaux, des cluoset des €omteË, etc., d,e I'Empiro.

Dès r8on, Napoléon institue aussi l,ord,re iIe la Légion d,hon-neur, ordre dééoratif, à la fois civil ot mittairo. il Ie destinait àrécom.penser les services de quelque importance rendus à I'Etatsaus distinction de rang, de fortune ni de culte.

Clergé, Constitation cioile da clergé. - Au unois d'aotrt rTgo;Ia constiùuante abroge I'aneienno org:,a,nisation ecclésiastiquoet supplime les orch'es roligieux, à l'oxeeption de ceux qui sont

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pfrnrrsm u"Àç n* 3ï3

vûués atl sesvise de' I'strwignctngnt et dosiMpitsgx- Il y e uU

évêque par {épartement, un doyen paû {rArptoin.Ire*é.vôquog:so*t

dlrusr panr &c* omÉvo cænwoi pæ lsxrc, ouaillos, on meù à la6ftomgo"de.l,'Ilfa.f les t$uiùemsds dæ,mtnistrsÉ dos sdtes, I'€g

pgêtr€Ê dloiveùi npflt3tr' ssrm@o$ àts Col*s'ûitiuûion'..$)'où lodig"iinotion entre ptêtres assermentés ou clgwûitnûiaûilÊIs eÉ prê.t['eg

groitù a&eer:rnsnûdc ou réfiæbÏtesi dstts organisaùiorr'siappelle laconstitatioa cioile du elergé.

Les ordrËs rolr€Éoqr @, ahoilisr @ &hdqns dû l7gû- fies

moinæ eû. tw reùigiemsw æ itiopgBent et aflors' comJmôtltt',

pour la plupart d'entre'suBr ll$s vio difffloitro" La mêmo a'nnlÉe,

ûsuûeuJltepubfic est"ÊuçtrEim$; [a,argtr môms disparaît du eon'met. dæ.6dif[eee rellgûeux- cepgnita,nt, dèn r797i uno IÛi autor*iisg

la régunorturs dæs églieæ, îouùefoflsrlaeél6braÛÀonds la nosos

domsurs intsrdûffi àÛauû Flstro qryi ra pa6 4û pré*lable,pÛôt6

le sertes$ consdûltûlomeil {r)PLewwæfut: -,Le æssotffido rSor,.eirgné pan'ls pape et XDar

legdmÉnn$ Fona4rm;Su', esô mrr.fuÉdÛ$ de palm.ontre Tm€Fflso ot'frhd:

lique,et la nésoluiÂoql frrangoise. À ceretiainos oonditionso tre ouùte

pubilrio æitholiquo est uréhhli Mais los b:lens duolergôdoneuneut*"n*qgus. st bs emgrÉgati'o4s mry1pfufes. NopokÇnm au.tordss

ûoulo1gg1rû fuds 46ûg1r@g1[isne, ôholrrrmeS, : leal aotsftono éÛl141t'

gÈres, [w traaarfsteo, tres frènes del,s DfrL+rtne ahséÊienne. I,e bas

e,IorgéeetnornEé, par les évôques" mais awc I'opprobation ôupmvoir shÉiù. Iros évêquoe son't nffn'rnÉË par I'Eta't

" ils reçoivent

du pape \'ûae{iitutûws, eamni4ue.tr'oia CIrg:aniQruas. * EQg dùsgcmitions légnlos, basdes sur le

eoncor&t @t.eonq1rcs soue le nom. de loia organÏques, nèglemt la

BoIiCe dær oUltes, Voic,i quetrques+ræ' elcs a,rtielos qu'.gUes sti'Fuhnt I a}aæun hnef du pspê. û€. Ilciut êtro publié, stroull

sonsile qo pgtt,ôtro'tenu on Ftsan[çs, sonn L'anrtorisatiou pléatrable

ôes pouvoino publies; t) 1æ catéohis@os do;i,vent ôÛno a$xpmuvés

EMrtro gouqlel5rCImenù ainsi q@ lsi nodo.at'ion dos ltleofassousË

dans les- s6mhdrss; e) le mariago oivil préoède le'mæ'iago roli-gloux; ,{ if ya mepamfue ail mofuns Et'un BEEqdit'oræé dogen"

par ssntçû, II sst iimrnspf&Ip. I'ee srace1rr'se{Lîs, foWÉes''dalæ'Iespsroiss€sn Sont degs€ryiéS trnr d'oe desge4*aÉs, assistéS Au

{t) Voir 6h, PmnSùIW, Itæ' cleryÉ iltvsellni& oâ 16 @FmæIs, *nohdionnafuee

aous Ie Directoire. Bruréllosy Rossiguol et Yasd€nbril, I I t {.

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334 CEAPITNE DIXIÈME

bosoin par des oicaires. LeB d.esservants et les vicaires peuventêtro révoqués par los évêques,

Tout aote d'un membre du olergé contraire au concordat poutêtre déféré au oonsoil d.'Etat et puni comme.aôus. De là I'expros.siga appel eomme dabus, appliquée &ux po.rrsuites motivéos parlos violations du concordat.

Tous les cultos sont d'ailleurs mis sur le même pied et leursministres rétribu6s par I'Etat (r).

Boarg'eoisie. - La Révolution avantage surtout le tiers état,c'est-à-dire les classes moyenaes, celles qui ont été dopuis dési.gnées sous le nom générique d.e bourgeoisie.

Pea.ple.-Elle d.onne au peuplo des garanties complètes deliberté personnelle et, d'égalité eioile, Ello lui vaut aussi laliberté du trauail, dont il prétend n'ayoir p&s recueilli j-usquloido bien grands profits. Quant à,1'égalîté politique, il ue I'a défi-nitivilment acquise en France qu'après la révolutiou de r8d8.

Justiee. - Dnott pUBIrc. - Quoique issu du droit romain of d.u

droit coutumier rle cgde français'a ses caractéristiques propros,parce qu'il est I'expression des temps contemporains sur lanotion do Ia justice. Âu surplus, le but t{es législateurs françaisa moins été de créer des lois nouvelles que d'introdrùre lafixité etl'unité,la modération des peinei et leur proportîon à lafaate,Ià où régnaient l'arbitraire,la confusfon et labarbarie.Lenouye&u Code pénal fut publié en octobre r7gr. Yoici les prin-oipes formulés par la Constituante pour servir de base au nou-veau codo. Ils sont demeurés cgux tlu droit pénal moderne.

f La iloi n'a le .droit de défendre gle les aetes nla'isibles à lasociété ; zo nul homme ne peut être aecusérartêté, d,étenu,que daneles eas déterminés par laloi et selon les formes qu'elle a pres-erites; 3o la loi ne peut établir qae des peines strictement et éoi-demment nécessaires. NuI ne peat être puni qu'en oertu d'une loiétablie, promulgué'e antéfieurement au ilétit et légalement appli-quée; (o le* éilits du même g:ewe doioent êtrc punis par le mêmegeme de peines, qael que soit le rang des eoupables ;5o les délitset les peines sont personnels; 6o la condamnation d'un eoapablen'implique aueune fl"e$rissare pour sa famitle; 7o la confi.seationgénérale des biensne peutjamais être prononeée; 8o Ia justice est

({) Sauf toutofois on ce qui ùoncerne le culte israélite, dont les ministres ncseront payés par l'.ptrt fr3nçais qu'en {831.

"'4; ':t)''

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!'r

pÉnropn FRÀNçarsE 335

grataîte. Les juges ne peuoent tien reeeooîr des plaideurs.Le Code eiail et le Code d'înstraction criminelle furent promul.

gués.en'r8o6; lo Code de commetce, etr r8o7. Ls Code pënalde rSro rétablit los peinos du earcan, de Ia marqde, de la confis-eation génétale des biens, de la mott cioile, dol'ablation d.a poi-gnet poat les parricides, etc., supprimées par le coile de r79r.

On a donné au nouveau cod.e frangais le nom tle Code Napoléonparoo qu'il a été en grande pa,rtie publié sous le règne de cosouverain. Cependant i,t serait plus exact et plus équitable do

, I'appeler le code répablicainou réoolat'ionnairerla partie impor.tante du travail étant torminée quancl Napoléon supprima laforme rrfulubliaaine du gouvernement.

Tnrnux.o,ux. - Napoléon maintient lo système, adopté par lq,République, d'une justico uniclue avec les trois instances. YoiciIa hiérarbhie établie entre les tribuna,ux :

Matière cioile, - lo lfn bibunal de paix pour ohaque canton IIe juge de paix s'offorce de prévenir les procès en conoiliant lesparties; so un trïbunal cfpfl ou 'de première instanee d.anschaquo arronclissoment. Le ministèr"e publio ou accusatourpublic, défendant l'Etat et la société, est représenté auprès d,o

ce tribunai pa,r nn proeureur qu'assiste un ou plusieurs suô-sfituts.

Matière criminelle. - ro Ao, fuibunal de simpte poliee d,anschaque oa,nton, jugoant les fautes passibles d'une amende etqualifiees contraoentiorw; so un tribanal eotrectionnel (r) quijuge les fautes passibles do prison et qualifiêes détits. C'estuno section du tribunal de première instanoe; 30 une courd'assfses qui jirgo les fautes qualifiées crimes et passibles de laréclusion, des travaux forcés ou de la mort. IIn jury décido surlo fait do la culpabilité d.e I'aocusé; des juges appliquent lapeino qne aomporte le oerdicf clu jury.

Tûbunaaæ tappel, - La même loi établit erl outre, tant enmatière civilo qu'en matièro criminelle : ro un tribunal orr couril'appel pour examinsr en appel les jugements cles tribunaux tle

. première instance. Auprès de cette eour, le ministère public estcomposé dun procureut génûal assisté d'aoocats génétauæ atd.e substftut.s,. so au sommet de la hiérar.chio, à Paris et pourtouto la France, une cour de cassation dont la mission est de

. (l) Àinsi appelé parce qu'on lui attribue lo pouvoir de corrîger.

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3$6 ogrsrugt nrrqEME

fairrs respoate* I'a,}oi c-t de jugen des vioes cle,fbrmo. Plus taæd,.elllea,ura auesi â tnûeqlréûer IaIoï et à frxel"r'aLgiarisprudenae'(t)

M.mm$uns. - On diatÏuguo'; to'la, magîb.tratane assr'se'et

û'nalrraoîôtre, quÏ os{ T€flrsemble des juges'siégeant dans lbe trlba.ûar$r. Nomrn€s à viq ees mogfstraits' peuwnt resevoÎv dê. I'avan.cement, uon reeu,Fer" rlæns lar fféra,rchïe; zo' Ia magtslnatwre.dbùott, en ffb,utrgs tsnm€É' tre ræ.linistêl,e pu,blfe ov paxqvet,

'rinssmble desmagtstrats !1uf, prfu des 'tldbunaux, reprfuenten{,llDtat et lb soo{été. La ma;gistratu.rs debout ne jou{t pas'ilc plÎ.vi?ège rte llïaûmsvlDffité, eIIb oomprend les'proenîeuîs, snb*ti-.tat s, azr;iËûeu xo cot[Eft'ssaft e* d.e' podtxe, ëhe,

L'ordte des auocats, aboll ex rTgo amea les asûles cofpora-tribns, est' rssonstitu6, pæ 1'o dêerct clu 14 décsmbre r8ro. Il.eomportu un consef8 ûe i[r'7srl,pl.Ïne et un tiâtouÊer on pr{sr'-.dent.

f,e ré{abfrssement dlol'ordre itbæ offieiers minisféribls, comlrre'nant I'es auoués; lss. notafpes et les âafssibns, est égnlement dù àNa;poléon. tbe fouetionnaibes sont autodbés à venchs Ieulseharges sous Ia sondiûion db faire agréen'leurs suceossenrspâr'Io gouvemrmenû.

FlfutÆ,ffÉ$. * T;.ongtemps Ïes peines ssnt sxelusivement envl-sagées dans les effots utiles qu'elles peuvent avoir pou,r Iæ

soeiét6. On voit surtout on efl'es ua ehâtiment et un exemplo.Ilo là, Ies peines affli'etiws ot infaroantos; telles' que 7o fwet,

-l'eæpo*ltiwt,Io eareanrla, marque et la peÎne ûe mort. Aujonr'ffhui, on les csnsialêre pætieuliëremenù dansteffetmoral qu.'on

on espèro porrl"aecusé. Ja'dis, rien ue pouvait effaser' la fIë'ûrissure +mprim6o par lâ tnerqus ou les autr@ peines Ïnfa'nântes, pas mêmo toute une Yle d'honaêtet6. Gr, l'infanien'atteint pas- {es ggns e}oz quÏ le sentiment de nTsnneùrn'sxisteplus. Quant à la peino cle mort, eIIe rend érviclemment Tmpos'sible l'amendement clu coupable. Ces pelnos doi'vent donc êtresupprtméos oornrns inefficaces ou immorales'. Aussi ont"el'les'àperu près dispaxu aujourd'hui de aos sodos

Mais la Révolutiron elle-même n'ssa pas aller'iusque'Ià ou n)song€r par. Lo cot{e de rTgr naintint les pelnes sui'vantes :

t amende rles dommag es-int æ êts, Ï e mpr i.sonnement rl.a clépottationet,la morf(sans aggravation ffarreune sorte).

(,1) ta manière dbnt u'n trlbunatluge neËûûEel[eileÀt te$to ou feHe qgætËon'

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pË*rspn FaaNçarsn $32

Pnrson's. - Sn r7gTr la r0'oustituanne disfingue : ro lce.;rrioonoil'aæêt (où los prêveuus aûbenûentfe momedt ,tle leur. corryrarirtioa dwant Ie tniûunal clui a rriissicrn .dls les jugsr).; 'zo lesprisons eriminelT.es (maisons de'foree et bag:res),; So les pnfsans .

eorrec'tionnelles (psur les'd,é'Iinqu,ants adultes) ; (o les maî.sons llecortection(pour les enfanh ile rooins de {louze a,ns).

Au surplus, Ie r@ime intérieur des prisons ne'change guère.La promiscuité persiste entre }es "il6tsnus dl'uns mêrne prison.En r8oo, on recommande encore do ne douner gratuitoment lanouniture qu'aux prisonniors dlont I'inrligenee est absolue etconstatée. Les autres' tivent à leurs fnais .et .sont souventexploités par les geôIier.s. Les pauvres clorment,sur,une paillesouvent humid.e et infeeb. Ils no reçoivent qu'une nourriturreinsulfisante et peu saino. A l'infimerier le même Iit est par.foisoceupé par plusi'eurs nalades à la fois.

Finances. - Su matière'de finanees aussi, un principe nouveauso fai.t jour : l'égerité de tsus tlevant I'irnpôt z lLes eonrrtbnfiioncsont également réparties entte les eitoyens en raison d.e leursfacuttés (Déclaration, 'art. rB). EILes 'sont lîbrement eonsenties(1d., aft. fi).

Chaque année, la Législature vote 'Ie ehiffre 6s f inrpôt etdléùermine'Ies dépenses auxquoB.es il .d'oit être appliqué. Fréala-blemen{:, le gouvernement soumet .à I'Assemblés un projet debudgpt des rea'ettes ct dles dépeusos pour l'année suivante et lorèglement des comptes d^e I'annéo précédente.

SousIe nom de eour des eompftas, Napoléon réorganiso aussiI'&ncienne cham-bre ëtes eomptes, 'ohurgée devériTierles comptesde tous les agents cbmptables.

Enfin, il orée la Banqæe de Franee ,avec privîlège il'émettro'des ÉzïIets {Ie bangae

'Bisnlaisancp. - Prineipe nouvea,a z Les secaurs pu,blies sont unedette saarée, La soeiété doît'l,a sapsrsfance aa,æ citoyent malheu.reaæ (Constitutiols. dle 1793, art. zr).

Dans les chefs-lïeux il'âmondtssemsnt, parfois dans les shefs- -

lieux ele cauton, on éûabËt dtes comn,issïons centrales do bien-faisanee. On crée un grand. nombre d'hôpitaux, d'hospicesdivers, d,e d6pôts de mendioité. L'intervenfion ctu clergé à titred'autorité, da,ns la clistribution rles secours, clisparait.

Des tour.s sont institués par rme loi de rgrr claus tous leshospioes clesûinés à r:ocevoir.les enfants trouvés. Ces appareils

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338 OEAPITBE DIXIEME

conslstent eû uû aylindro de bois conYexe d'un côté, conoave de

I'rutrg, et tournant sur lui'même aYec une grande facilité. Lapartle convoxo d.u toun fait face à la ruo, tandis quo lautrrs'ouvro à l'intériour. Àuprès du tour et à I'oxtériour so trouveune sonnette. Quiconque veut exposer nn onfant agite làsonnette. Aussitôt lo tour, décrivant un demi'cercle, présonte

au dehors son côté concav€, tegoit I'enfant, Pui6, ashevant souévolution, I'apporte à I'intérieur. La perbonne qui exposo I'en-fant ne peut êt're vuo.

Guerre. - Prinoipes fouveaux z Le seroiee militaire est àla foisan d,eooir et an droit. NuI ne peat deaenir oficiet I'iI n'a d'abotd.été sotdat et sous-ofieier et petsonne ne peut être nommé à ungrade sans auoir passé par Ie grade immédiatement inférieut.

La loi de 1798 établit la consefiption. En vertu de cette loi,tous les citoyens de vingt à vingt.cinq ans sont soldats etforment cinq classes de conccrffs. Le gouvernement appCillo

d'abord la classe de vingt ans, et successivement les suivantes,s'fl en est besoin. En r8o{, Napoléon établit Ie tirage au sort,auquel prennent part tous les ieunes gens âgés de dir'huit ans.

Ceux qui tirent los numéros les plus faibles sont seuls incor'porés. Ils pouvent se fairs remplacer.

Les fusils à pierre, munis d'une baionnette, demeurent long'temps l'armo principale de I'infanterio. Les seuls canons connusau temps de la Républiquo et de I'Empire sont encoro à ômo

lisse et se chargont par la bouche. C'est avec ces arrnos que

Napoléon fait toutes ses oa,mpag:res et remporte ses plus bril-l'antes viotoires. Au tricorne se substituo le chapeau oylindriquerecouvert clo toile cirée.

L'art de la stratégio et la taetique se transforment complèt-e-

ment à l'époque do la révolution fr"ançaise où I'on voit de simplos-

soldats pa,rve[ir', prosque du iour au lendemain, aux gratles lesplus élevés do I'armée : Ifoche commenoe nne cempagno avec 1o

grade de sergent et la termine avec celui tte général. Des géné-

raux ainsi improvisés ne peuvent s'&streindre aux savanteseombinaisons de la taetique ancienne.Larapid.ité do I'attaqueet la centralisation de forces considérables sur un même point,cle façon à y écraser I'ennemi, tels sont les deux principesessentiels de leur méthode. Elle tléçoncerto entièrement los

vieux génér'aux allemands qui sont presque toujoursbattus par'

leurs jeuues aclversaires. D'autro part, on u'attribue plus la

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pÉ:nroon FaaNçarsn 33g

môme lmportanoe a,ux plaoes fortes. On les néglige même plus.ou.moins d.ans des guorres devenues avant tout des guerresd,'invasion

$cisnoss. - Les temps de la République et de I'Empire eppe.raissent en précursenrs du grand sièclo scientifique qu'estlo xtxe. Partout, à cette.époque, en Europe et a,ux Etats-Unisd.'Amériquo, Ies scienaes progressent. En r7g3, Laplaee formule'I'hypothèss

de I'origine des mondes, universellement adoptéo'depuis. Çuoier crée Ia palëontologie et déoouwo la loi d.e oorré-lation des formes en vertu de laquelle un seul orgeno essentield'un animal étaut corinu, il'est possible d.e reconstituer I'ani-mal tout *ntier. Notre pays produit Ie g.éologue d'OmalfustEaIIoy qui, en r8o8, fait paraitre une géologie du nord de laFrance.

Au oours des guerres de I'Empiro, on dqit au célèbre LarueyIa méthode d'ir.rigation qui consiste à laisser tomber un filetd'eau sur une blessure pour on empêcher I'inflammation.

La science des malad.ies mentales reste 'stationnairo. Oncontinue à faire subir les plus mauvais tæaitements auxmalades. On les chaæge de chainep, on les onferns dans des pri-sons; dans des. cachots, dans d.es cabanons (l). On les y aban.

- donner'nalpropres, sÈns nounituro convenable. Cette durexci.tation d'un système nerveux désorganisé, on croit pouvoir laclompter à force de coups.

Doux astronomes frangais r ltléehain et Delambre, sout ahargéspar l'Aoadémio d.es.sclences"de mesurer la portion du mérid.iencomprise entro Dunkerque et Barcelone. Ils en tirent scientifi-quement la longueur du mètre, base du systèmo métrique établipar la Conventîon.

Coolt, Iloagainoille et, La Pétoase, illustres navigateurs, fontla'découverte de vagtes régions ignorées.

lnventions diverses. - Pendant I'époquo française apparaissentle crayon Conté à mine d.e plomb; la scie sahs fi,n, invontée parAlbert;leainaigre de bois, fabriqué par Molletat; la pile élec-triqae, construito par Volta, en rTgg; la lampe à mouoement

' d'horlogefie, imaginée en r8o3 par Carcel, qui lut donne sonnom; la boagie stéarigue, inventée par Cheoteul, en r8rr, Ia

({) Cellules oir I'on séquestro les fous Crngereux.

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i

34o ctratuttnn Drmunm

tmtpe ùes minrartx, dubà)Davy on r$,16; Lopapiet fabtiqué à tamé,caniqv4 imagf,nm pax Iiéger .Didaf ;.trl ntaohime 'à pnoùact.inn

eontinue, inventée pa,r un simple ouvrier, Loais .B'oheet; !a,

maahi.ne à'Éisser la *oie, a[us à Jacquatd (r7go), qui perm.et à unseul ouvrier de tiisserune étof,fe du ôesinlo plus cornpliqué; lamachiae à uapear, appliquée à, la na,vi'gation pax Enltan, à I'in'dushio par Watt; l'hétice paar les batefltæ à uapeu4 inventéepar Dallery, en r8o3; \a machine à fiIer, irna'ginée paæ Arck'mright, dont I'invention o pour conséquenee de faire remplacerla qaenouilfe et le eou.etpar Ie métier da ûiseerand,llafelfer parIa manufaotura Désornaie I'onwien' est entre les ma,ins tlucapitol. Le proldaæiat ind.ustriot proncl naissance et avec lui Iaquestion ouvoriène-

En r7g8, un ouvrier anglais, John Cockerill, vend à MM.lBiol'l,ey'et ,Sfrnorrn's, de Venviets, rflsg rnadhia,gs 'à filer la laine engros. La naoetûe uolamte est lûtrtoùuiiÛe,dms les atsliers ctre Ver-viers en r8o3"

Lsttrss, - La Rérnohation donna unpuissant essor à la pensée, '

et par oonséquent arrx letfues, cm proolarnant ce principe : Tauteitoyen pæt T;rlnler, écrire, Ïnzprianer llibremwt, sauf à rèpondtede I'abws de cette libentérdanæs trenv eas d.étænûnés par la Eoi (Décla'ration)art. ,e).

Parnri 1ss '{sriy.a,ins iil,lusiros de I'époc1ue, eiton-s : AnthéCnÉnlnn, à q-ui I'on doit la Jeune Captiae; Madame DE SrÀËiL, Eui6esit, Caninne ,ou f'JÉatrfe; 'Cg.nsnrruBRIAND' qui eonpose les Martyrs; Xavier DE MÀf$trnu, -l'rauteur do.la Jqzne Sibêrienne; \epoète belge Lrnsnnouss.mr" fabuliste de Ûalrcht, otc.

ltlais la lilberté ahsolu.e dont anaieut d'abond joui le théôtre,la tribune et la presse ne tard.a pas à être restreinte par la,esxrsuro. Napotréon fisit msme par .supluimor toute liloertétl'écrire.

Groyanees of usag€ rcligieox. - Principe no,uyeau : -À[ul ne doitêtre inquiété pour'ses qpûnÛo'nsr'mtême relig:ieuges' polltDu qae

leur mani.fusfatfon ne taerr:ble pas I' ordte établi par la toi @éela'ration, art. ro).

Au sièole der:nier, I'iaoréduli:té fut .très à Ia mocte ehez lesgens instruits. Sous 'la Oonveqtioln, 'Grl r?93, ol tenta mêmed'inaugurer à Paris le culto cle la déesse Raison et, en 1794,

Rpbespierre voulut idéaliser ce culte ou formulant les prin'cipes cléistes du culto d.a L'Être suprênze. Àprès la chute du

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[,I

pÉnroog FRANçarsE 34r

dictateuq un d.écr.et rle Io CbnvenlËiou proclama de notrveau laIIberté des'retrlgiols, mais en d€clarfint que fts' poovoirs lmblfiosirs fourairaïsnt ni locaux pour l"exerefee des eultes, ni. lb'ge-enemts' ou sala;fres pour lsms mihïstres. Touts sonuerie, toutecénémonïe ù l"extérfeur, Ie pæù ds tout costume ilistiuctif,demeurèront lnterdits (-r );

Ensoignement. - Principe nouyeau '. II sera eréé une instruetionpnblique. commune à tous les eitoyene, gfataite à I'égard despatties tenseignement indispeasables pour tous les hommles(,Gonst'itution do r?gr).

Sous I'ancien régime, on ne s'éiait guère préoccupé que deI'enseignemont littéraira La caractéristique de I'enseignement.&ouveau fut de faile une.plus grand.o plaoe aux mathématïquer€t aux sciences. La plupart iles grandes institutions denseigÊe-ment supérieur et rles établissements scientifrques qub possètl'eactuellemont la^France, sont I'æuvre tle Ia Co"nvontion.

f,a célèbre assembléeinstitua.de nombreuses éeoles spéciales :

tr'Eoole normale supérioure et I'EcoIe oontrale rles travauxpublios; trois Ecoles de méd.eoine : à Paris, à Mon@ellier, àSt'rasbourg; deux.Ecoles de droit, à Pa,ris; des.Ecoles d'artilLerie, de g6nie militaire et do topogpaphie; des Ecoles de navi.gation et d,e canonn&€;e ma,ritims; un Goaservatsire de musiqueet ua Conservatoire des m6tiers; uno Ecolo des minos et unoIcole d.es ponts. of chaussées. ':

ElIe créa I'Institut do Franoo, formé paæ Ia réunion des oincl

Aoadémies do -Franao : doadémie frangaiire, Académie tlesinscriptions et belles-lettres, Académie des scibnces, Acaclémiod.es beaux-arts, Académie des soienoes morales et politiques.

T]nfin, elle organisa le muséo du Louvre, Ie Muséum cl'his-toire natureLle, le Bur.eau ctes Iongitudes et la Bibliothèque:ts,tionale.

. En matièæe d."enseignemont primaire, la Convention formula.des lois, ilues suxtout. à I'itr.itiative du cléputê Lakanal, quia,ttestent un sentimont élovd des hosoins injollectuels dn peuple,

({) ta politiqpe directoriale en matière de cultes sûbit'quolques fluctuations,dues aux cir.eonstanses- Seôtaina lorsque Ia. Mpnblique redoute le retour desroyalistos et'des erthofiq.ues au pouvoir, elle se iait pius tolérante lorsque ses

craintes semblont s'att6nuer. Néanmoins Ta liberté des cultes n'êst qùo&héarîqu.e.

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342-a

OHAPITBE DIXIEME

En r8ro, Napoléon confia le monopolo do I'enseiguoment

supérieur à,1'(Inioersité de France présidée pa,r nn grand maîtreassisté d'un conBeil unioersitaire, Aucun établissemont d'in-struction ne put être ouvert sans I'autOrisatiou du grand maîtrotLo I'Univorsité. Pour enseigner, il fallait être diplômé de I'une

des Acailémies ou faauttés de I'Universit6. A ta tôte clo chaaune

d.'elles, se trouvait tn recteur, &ssisté d'un ou de plusieurs

inspecteurs et cl'un conseil il'aéadémie, Chacluo Académie com.

prenait vne facalté des scienee$ et une facalté des lettrcs, des

lycées, dos colldgres et des petites écoles ou éeoles prîmafues.'

Tous ces établissomentb d.épendaient de I'Uuiversité et clo

l'-Etot;Deuæ Acailémies dessorvaiont la Belgique. L'uno avait son

siège à, Bruxelles, l'&utro à Liége. Elles comprenaient oingtétablissements d'instruotion supérieure ou moyenno. Le nombro

tles écoles primaires ouvertes à la suite de cette organisationfut peu considérable. De plus, les maîtres chargés do les dirigerétaient généraloment peu oapables quant au fond et quant aux

méthodes.Beaux-arts. - L'imitation dos anciens, clui fut la manie tlo

l'époque républicaine dans I'ordre politique, fut aussl sa règle

en matière d'art. Aussi le elassiEte tlomlne-t.il dans toutes les

productions artistiques de la période républieaiue et de l'époclue

napoléonienne clui la suivit.Peu d.e construotions monumentales furent édifiées au temps

de la République, qui dura pou et manqua do ressources' L'Em-pire éleva quelques monuments d'une certaine importance,rolevant toutes du style olassique, mais seuleinent en France,non en Belgiclue.

Le Français Loais Daoid,le peintre illustro de la Républiqueet clo I'Empire, prottuisit un grand nom[rs de tableaux remar-quables. Il eut pour émules'Prud'hon, Gérard, Cafle Vetnet.

Tous furent d.es classiquos, assez peu soucieux do la couleur,mais poussant jusqu'à I'extrême la passion d'rin dossin correct-

La sculpture nouyelle se tlistingua aussi par la science du

clessin, une correotion nn pou froicle st la tentlance à imiter lesancions.

Grétryr le compositeur liégeois, continua à éorire pour la'

République. C'est alors que brillèrent aussi' MéhaI, GIiicIt et

Chérubini. [.,'époque de la R6publique fut par excellonco celle.

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pÉnronn FBANçarsE 343

des chants nationaux. Les plus connus sont z la Marseillafse, deRoucnt DE L'fsLE, et le Chant du dépàrt, paroles de JosnpRCnfxmn, musiquo do MÉnw. La Carmagnole et-Ie Ça ira,deux chants révolutionnaires, jouirent aussi d'une vogueincroyable.

Agriculture, industrie, Gommorco. - Da, révolution françaiseaffrauchit I'agriaulture en supprimant los oorvées, les dimes etautres servitudes féodales qui pesaiept sur'Ia terre. D'autropart, la vente des biens nationaux, en intéressant à Ia bonneculture un beaucoup plus grand nombro de personnes, do4naune vive impulsiou à la science a,grononique.

. Néanmoins, I'agriculturo belge ne fit pes, pendant lapériodo frangaise; tous les progrès qu'on eût pu- attendreilo ces mesures, Trop 'do bras lui furent enlevés par la con-.scription.

On doit à Napoléon Ia création, en r8o8, de Ia Sooiétêd'agriculture et d'horticulture de Gaucl. Mais nous savonsqu'auparavant déjà, les hor"ticulteurs de cette ville occû-paient, dans leur industrie, le premier I'ang dans le mondeentier,

La Révolution affrd,uchit aussi I'industrie et Ie commerce enabolissant les corporations et elr créant les brevets d'invention.La première de ces mesures permit ù ehacun de s'appliquer àtoute'espèce d'industrie; la seconde garantit aux inventeurs Iapropriété de leurs clécouvertes. La libertô absolue du travail,qui expose I'ouvrier à de plus grauds ha,sards, Iui fournit aussiplus d'occasions d'exercer son intelligence et d'arriver à Iafortune.

Blocus continental. - Le plu5 tenace et Ie plus redoutablo desonnemis de Napoléon fut l'Augleterre. Dans I'espoir -do'latruiner, Ie despote interdit aux habitants de I'Empire. tout com-meroo ayec ee paJ's. De là lo blocus conttnental qui enleva auxvaisseaux anglais le droit d'entrer dans les ports tlu continent.

' Ce bloeus, ruineux pour Ia Hollande, pays exclusivement com-mercial, enrichit au contraire la Belgique, contrée essentielle-ment agtloole et industrielle. Débamassés de Ia concurrencoanglaiso. rros produits virent s'ouwlr dovant eur les'vastesmorchés de I'immense empire napoléonien. La draperie verryié.toiso, I'industrie Iinière des F'Iandros et du Brabant, I'industrie

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,.GÏggarnu orxr'ùlfD

ootemniùûe ,d,e Gand st ùoe,environs6 I'indilsffi'e rsucrlèro (r)r.tafahripatiron.ilsÊ,deflrtelloq I'iudustrie .des mdtanxn daos la,pro'vi.nce de Li$gen rete.r,puincurt un grrand@ssor- Elil.es enniahirontLe Boys,ot y .finonÉ renai@'liaisanoo.

Nous ayons dit plus haut ce que Napoléon fit pour A.uYers.

L'ensemble d.es travanx maritimes exécutés en cette villo coùtaou Trésor rB milÉo"rs de francs. Quatre millions furent égale'ment affectés à !'am6ltîorafion du port ffOstenilê. Une grantloroute pavée, pëniblemunt construtte à travers un temainsahlon.n.oux, co,upé cle marais., dle dligues et de Îôssés, mit en

communication Anvers et Amsterd'am. Enfrn, le canal do Monsà Conclé ouvrit aux houiUères du Hai+aut un tlébouché impor-tant vers I'Dscaut.

Yie ltomestique, coutqmss' ltù@ur8. - Sous la Républiquo, b' costume des femmes affecta généralement Lal simplicité antiquo.On connut suecessivement le négligé à Ia pattioterlatoilette àIaeonstitution, les tobes à Ia oestale, etc.

'Ct,rez les hommes, ce Tut toute uno seoond.e r6volotiion de YoÏrles personnes non militaires abanclonner l"6pëe et marchor'leslrras 'ballants. L€ pantalon ss substi.tua à Ia eritotte, il'oùle nou.

' d€ sans culotfes donlré aux partisans clu régime nouveau, épi-thète qu'il ne faudrait pas prendre à la lettre. Les bretelles ssmontrèrent dès r79a. Ters Ia même époquer la tetlingote rem'plaça Yhabit elle ehapeaa à conæs tllsparut. Tous les honmesportaient Ia eocarde tùæIote uu dhapeau; los plus erxaltés se

ooiffaïent du bonnet rouge et so faisaient confectionngl des

vêt es.ents qui rappel aient ceux dle ll o uvrier. T elle La c ar ma g no[e,

espèoe de jaquette ou veste à granil collet, ornée dle plusieursrangées cle boutons en métal

Apr,.æ 'tJrermÉrlæ (e,), iso mortmèrent lqs nnasead;iw" les,inenoyahtrer, Ires wptaeÏAewfi, iailrs aoetumgg extravaga,ufu' Iroe

hunmes poÉèr@t oux onef,fllee rde larges Dm'neeux' aiu son

,(1) e Plusieurs irduetnifs .uouvolfus sa démeloppbreat en Eelgiqne penttantle_ htoeus. .La cochonille el .l'indigo -venant à manguer pcur la Jeintute.do$tissus, on s'appligua à étenilre la ,culturo.do .la garaneo ot du ,pastel. 0n .rem-plqça Ia ca4ne à sucro par la bettcrave, dont la proeluction devint tlo plus enplus abontlmto. > (Emest Yln Bnurssur,, Eîstoîre ûu æwmerce ct deXa rnarineesBelgique, p. 3'{9t rt. III.]

(g) Mois de l'mnte 179& où ftrit la lemtur, aves h chute do Robespierre.

3{F4

Page 351: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

rÉmæ r'nâ,NSâfiEE f45:

diéncnnss cravatesi à la maiu de fumi'dsbles gourdins, dita,lnaaoir exeolltif- L:bâftiû eonsisûait errt rms væte redlngote àgran'd, collet dont tra D.rlaûce semait paufois de dgrre de millie-m€ffi'aux factions. LsÊ fcEmrmw,ss vêtaienô à lagtryuq à tay,waine. On gnassqyoit en parlant. On rliseitr par oxemple :C est ineogmble, ptæle d(,mæaa.-

Mæons nfrunuuanws' -. trI nty qut 1ùns, ù Pûris dhl lnoi'nr*r. dbdomestiques, mais <les officieuæ, dos ftùes seruants. L'appella-tion ds moasfeur fiut rtemplac6e parr celle de eiùogræ:; on sûlsx'ales srmoiries des hôtels partiauliers et des mongments publics.

Non ssulement on sha;ntait Ia llfrarseffafsu et Ie Chant daDépar\ mais aussi T.at Carmagnole et lb Sa ira.

La Carmagtwle est une bal,lacte dansante dbnt voiei un cou-pïet et le refrain ;

HTHtrJJ.IWM$Hif#]iMais le ooup I manquéOrâso à nos canonniers! "

Rofrain .. Ilensons. la Cermqgpole,' five le son, vi?e Ie son,Eanmns,la0erneguob,

' Yive leson rhrcæn,!- Aun-somsnt rlonn{ Iw assigmarr perdirnut"tsute.valeur. On

lpÈIe, en sette monmoi6,Ia" Ii.vre do uiande, Gtorf[ancs,; lalivrre.d.e pajnb 6o kanosu. IIue c,navate eofrta loo fra,ncs; un ehratrleau,

+,ioo franncs,; rm.er pârire' do;bottes," 3çooo fianos.,. Apnès la ehurte de Rùespibrre, los oaifl'ossesi rqpamment, ua.

iûstantproscrits de la,r.eg,Eia l&oo; oIrl çit'obau&sr lo* gxenniers"caôofirfsts, ainsi ms *rrrés ô rmuss dos csufri qu5trs ûaûsaied. oucorlûanftt sEF loptYé-

Lg osleedrior r6ptùlhià. - En l7gB, Io ræpnfoentant futmmepropose Ia réformo déeintnlre: da oalendhien; 4répariee parLograngn e#, La1ùaoe, Èeux illustnos n*th6motioisns, Ëamr6errâpubl,iruaino ænprit douae ds do,tnsuto $ours" rêpamtis cilr*-cun en frors déaades, et crnq jours supplémentaires, dits tansr.æutûttîde-s- Daqs h'ïire nouv,ellq, on crrmpûa I'wrn tr de la, R6nrnftIirqueà purtiic'de gs mlgoflhr L?gE- !,e pndtu FirilEÊ,d:EgtamÉ,irro 6eohangoa do d.onmer u,uæ moisi nûure&tra.,des noms po&icluos'.'-Ce furemfi '* trartdfu âsira (se1Éwnbncloatoboe)5 ôoaæaafue (octotme.amsmbrey, frÉlr,d,Da {sowmhwl&cmUpeb ruùDdæ {ilécmbru:j aavien)f , plma'dee- {$a,nviræ-féwiffi}, o ant6sp. (térrûer.marc)r græ a#

Page 352: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

346 OEAPITBE DIXIEME

na! (mars-arn"il), flor éat (awil'mai), praitial (mai'j'lin), me s s idot*

fi uirr-juill et), thermidor fi uillet-aofrt), frucÉfdor (aofrt'septembre).Dee noms ite légumos, d,'a,nlma,ux ou d'instrnments utilec

romplaoèrent les noms dos saints dans le calendrier.Le déeadû '

se sulrstitu a au dimanehe. Le nombr o d.iæ dovint, la base tlo toutsespèoe de calcul :,les montres elles'mômes présentèrent desdivisions qui partageaient Ia journée en dix unités de temps.

m. - Gonsidénations générates et vue d'ensemble.

La révolution frangaiso reprend, déveloPPo, fortifie, sur leterrain politique, économiclue et social, l'æuYre ébauchéo parles communos. Dans un document fomeux,la Déclaration des

ilroits de I'homme et du citoyen, elle proclame droits natutels,inaliénables, imptescr.iptibles, oes privilèges inscrits .autrefoisd.ans nos ehartes, mais qui, même à l'époque la plus brillantedes communes, n'a,Ya,iont" jamais été considérés commo des

droits appartenant sans oonteste à tous les hommss.Après uno période de troubles et de violences, inséparables

clu profond bouloversement soaial qui vient d.o se produile, IaFranco éprouve un ardent désir do rentror dans 'le calme et de

retrouyer la séourité. Napoléon parait. Au prix de quelques-

unos des libertés réce'nment conquises, il donno satisfaction è.

ce doublo et impérieux besoin de la démoeratie française,I'amour de I'ordre et la soif do l'égalité. Lqs viotoires d'e ae

rude soldat de la Révolution sur los rois unis oontre elle ontpour eonséquonce, grâ,ce à une organisation politiquo ot judi'ciaire'fortement centralinée, d'imposer à soixante millions'd'Européens I'unité des lols et des tribunaux, d'étondre à tousle bienfalt de la liberté et de l'égalité civilos, de la libertéreligieuse ot cle la liberté du travail

Ainsi, les prinolpes essentiels de la révolut'ion françaiss se

répandent ù travers le monde pour profiter à I'humanit6 tout'entière.

En co qui nous corrcerno spécialomont,la clomination françaisobrise les traditions féodales aru(quellos la Bolgique restait invln-oiblement attaohée. Ello nous vaut I'unité et l'égalité dos classes,r

la liberté ds oonscience, I'uniformité des lois et des tribunau!.Elle détruit, ah;ez nous, cet osprit de particulorismo funeste, .

qui nous. ovait valu tant do malhours dans le pa,ssé. Ello nous.

Page 353: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉnronu rnaÂIç'Àrss ?4troriitla liberté de l'Esoaut et de nos ports, fermés ul coûrmeroe

, lnternational depuis 16{8, et en cons6quenoe la prospérité ttenotls cornmerog et de notro industrio. Enftn, elle provoqugpoml aons te réveil dos soiençes otdes beaux-a,rts. ces bienfaitsoompensent a,mplement les contributions ruinouses et I'admi-nlstration brutale r{uxquelles ûoun ayons ét0 sôumis pend,antIes premlères- ann6es de oetto domlnation, ainsf quo cerùa,in'sma,uK passogors qui résultôrent pour notre pays du.despotiômenapoléonien.

R^ÉsuuÉ syNrsÉTTOUE rln 1^ pfruolu FBANçI15D {r79(.r$l{).Depttis l,a conq uête françatse (i79 Afi usq ù ù, la, c hute dn NapoWan (l8l L),

ëpoque ûl ta&ngrès dn Yiênnedèeffia la,réunion dc la Belgiqua ù, taEbtlande,

t. Conquête de la llelgiqùa par les Français (I7gA), - Déelarationprgclamant droits naturels, inal;ttnah lps, àmpræcri;p ffi las, les pMlègæiuscrits dans nos anciennes ebartès.

9. Bienfaits dus par les Belges à Ia domination frangaise l liberté etégalité civiles; liberté religieuse er libe.rté du travail j fiberté de lrs-eaul prospérité de lrndustrie et du commerce (qbolition des $tdes e$des corps de métiers); réveil des seiences et des be'aux-arts.

- A: thFg {eNapoléon (18t4), - Adjonction de Ia BelgiEre à Ia foF.Iiade (1814-lstâ).

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CHAPITR'E,XI

r\iPÉNIO.NE HOT,LAffiDAISrc

Eepuis notre réunion à la Eollande en '18{4 jusgu'à la révolution belge de {880.

ROYAUME I}ES PAYS.BAS.:

^ I. ;.Les fafJb.

Réunfon de la.Seffique et dÊ la Hollande - Llarmée des,

atrûês'ôûaùt eutu,ôo à Enuxellos Gt!. fi4rsrien r8r{: Leeo juin, un traité, signé à Lond.ros par les rqlrÛssn-tants des puissances coalisées, déoida d'adjointlre IaBelgique à la Hollande, sur le pietl d'une union iutimeet complèto. Les deux pays formèrent, sous la déno'

mination de royau.me des Pays-Bas, un' seul Étatsoumis à une même Constitution.

Cello qui leur fut proposée par les soins du roi Guil'laume I"r garantissait à tous l'égalité dettant Ia loi et laIiberté des cultes, l'adm.issibilité inconditionnelle de

tous les eitoyens aux emplols publics et Ia liberté de Ia

presse..Avantages de la réunion. L'union d'une contrée

comme la Belgique, riche eu productions minérales de

touto espècoo on possession d'une agrioulturo floris-sante et d.'une ind'ustrie avâncée, avec un pays com-

nercial tel que la Eollande, d.ont los colonies et les

Page 355: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

. PÉBroDE Eorrr,,ÀNDÂrÊE A6g

roilations nenoastilos" solide,nent établies, pouvaientfouruir anx produito belgos ,d'i,mportants débouchéoosemblait des plus propres à favoriser ra proslÉrité detr'rune et 'do llautre. Pnis .lo ,nouvætr firta*, sans tormeruno naûion assez pu,issauto pq,rrr nendro son ambitionrodou'tablo iaux pays vorsins" êhart suffisarnmont fortpour sorvir do traruiêrs confuo ùorÉs nouvelle enf,ro-.prise ,&nnexionnists de la F'r.aarco, Aussi ,sa créationparut-ello deyoùn ,a6sur,or à I'&uropo uilre lo+gue paix,

Causes'de mésintelligence entre les Belges et les Hollan-dais. - Oepend,ant les Belges eonse v.ta,ieut un ,aurersouvenir cle l"hostilité a,veo taq,uelle les provinoes-unies les an-aieuû autrefois traités, leun refusant.:asseohsùiqation la li.berté do llEs,eaut ainsi .que I'aocès deleurs oolonigs ct 'leur imposant ,l'hnmi.lûianrt tra;ité,de taBarrûero

rls ne tarilà:ent pas â reprocher'flu.'aouveaï goïrver-nement de favsriser'Ieç iHollandais daas la rtistrihutionhes emplo&s publïcs et de proposer de'trnêférenee lesimpôts Qui pesaient .ptus l.ourdmenû sur :]es Be]gesque sur ler-rs frères du.Nord

Dans un autre ordre d'idées, sur uingt-huit diplo-mates acce.éditës à I'étrang.er, on ne comptait qu'uneonsrù. belgv. DeJs trente-d.eax liewtenartts gênérauæ defarm'êe, sfæ senTement étaieul,- 'nés en Bolgique; i[ yavalt tout au plus une d.izaine d,o Eelges sor-tes ,rËqtante,trois ,gén:ërauæ-maj'ors i un ,einquième â peinodes officiers èl'infanterie (deux cent cinquante-nouf surquatorze ceut cinquante-quatro) étaient belges. Danstoutes les administrations, la rnême inêgalité se con-statait.

Ascablée sous te poids d,une d.ette de 4 milliards.d.efranos, la Eollande cr.oyait nous en fTa,ire suppronter la,

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35o -cg.lptnnu oxzrÈlrn

charge avec elle (r), ce qui paraissait injuste aux

Belges. Mais on ne tint aucun oompto de lotrrs récla-

mations à cet égard..

Pour payer les intérêts de cette formidable detto, do

nombroux irnpôts étaient- nécessaires. après avoirsuccéssivement frappê do d.roits élevés le sucre, le

café,la houille,la tourbe, on établit encore un droifd,4b'atage (z août rSzz) sur les animaux de boucherie.

Quicofqrio abattait un porc, un mouton' un veau' un

bæufi devait en faire la déclaration à I'autorité qui, do

ce chef, percovait une taxe en argent, calculée sur le

poids de la bêto. souverit, pour écbapper à I'obligation

de payer aette taxe, les campagnards tuaient leurs

porcs la nuit dans les caves, puis les grillaient sous la

cheminée. Mais c'était là s'exposer gravement, car la.

découverte do la frauds amenait Ia confiscation de

I'animal et I'application d-'une amend'e sévère'

Dans les villes, outre lo droit d'abatage, perçu à

I'abattoir, on payait enoore, à I'entrée do la ville, un

droit d.'octroi sur les . animaux destinés à la bou-

cherie. aussi le prix de la viande y devint'il fortélevé.

Le méoontentement qui se manifesta à cetto oc(14-

sion s'accrut par la perception d'un autre impôt, le

droit de mouture, très onéreux pour les classes

pauvres surtout. Quicorrclus faisait moutlre du grain

devait payer une taxe dont I'importarrce variait avec la

quantité de grain moulue. Le même droit se peicevait

dans Ies vill,es indépendamment du droit d'octroi gui

frappait les' grains et les farines.

. (l) ta dettb des Belgos ne s'élevait Er'au cbiffre relatlvefoent peu conridé'

rable de 64 millions de francs.

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v

ir-

i

i

PER'IODE EOIJI/ANDAISE 35r

Non seulement l'établissement de cet impôt eut pourrésultat d.'élevor d,'une façon sensiblo lo prix d.u pain,mais son modo d.e perception le rendit particulièrementvexatoire, Il devait être payé au moulin; or un grandnombre de campagnards qui avaient d.u grain à moudrene possédaiont pas toujoirrs, âr môment voulu,l'argent monnayé nécessaire pour acqiritter l'impôt etil se produisait sans cesse de vives contostations entreeux et les agents d.u fisc.

Enfin, les Belges accueillaient d.'autant plus màl cetimpôt qu'ils paraissaient en souffrir beaucoup plus queles lfollandais. Ces derniers, disait-on, se nourrissantsurtout de pommes de terre, consommaient beatrcoupmoins do pain quo les Belges.

Le vif mécontentement suscité en Belgique par lesdivers impôts dont nous venons do parler, habilement'exploité eontre lo gouvernement hollandais, ne fut pasla cause la moins efficiente de Ia révolution.

D'ailleurs, les Belges trouvaient à la Loi fondamen-tala (Grondwet) plusieurs vices graves : l'absence der espo nsabilité minist ér ielle, la décennal it é du b ud g,et ehl' î né g aI ït é d' une r ep r é s ent at io n nat i o n ale qui acoord.aitautant de députês à deux millions {e Eollandais qu'àtrois millions et demi do Belges.

A ces importantes causes de désaccord. ontre lesdeux nations s'ajoutèrent celles qui résultèrent desprocédés autoritaires du roi Guillaume, de ses d_éeretsrelatifs à I'enseignement et à I'emploi des langues,enfin, de I'opposition résolue faite pan le clergé à laConstitutiori et à plusieurs lois qu'il désapprou-vait.

Les unes et les autres ex$liquent I'antipathie pro-fonde qui ne ûarda pas à séparer deux peuples si bien

Y. Mirguet et Ch. Porgameni. - Eist. ale Belgique. lgt9t9.

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-

,--'-*lI

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BËg CHÀFrTR1 gs2rÈrrn

faits, en âppareuce! pour vivre de la même existeneepolitique

Efforts du roi Guillaume pour déuelopper la connaissance du

néerlandais, Guillaume soupçonuait les Belges de

tondances françaises, oe qui pouvait amener uue situa-tion intérieure défavorable aux desseins de l'Europesur Ia Belgique. De là sa crainte de voir nos institu-tions se rapprocher trop dg celles de Ia France et son

désir de faire du néerlandais Ia langue officielle dn

peys. En t8.zz, un arrêté royal décida (( qu'il na'

pourrait,plud être'prêsenté' pûur les places et les

em^plois publics, que tes personnes ayant la eonnais-'

sanée néoessaire du bollandais >, ce décret mécon-

tenta les tr'lamantls eux-mêbes, qui' refusaient de

reconnaître I'ictentitê do leur idiome et ds la langue

nêerlandaise.

Le collège philosophique. - Pour des motifs analogues

à ceux qui avaient inspiré à ioseph II I'idée de son

séminaire général, le rôi Guillaume ouvrit, en r8z5,

auprès d.e I'université.de Louvain, un eollège philoso-

phique"par lequet devaient passer tous les jeunes gens

qui aspiraient à Ia prêtrÎne; sous peine de ne pouvo'ir

être admis dans Ies gfamùs si4minæires épiseopaùlu(.

Cette mesure inita profonùémont.Ie clergé.

Procès de presse. - Ap"ès la chute de Napoléon, des

réfugiés français, à I'abri de I'hospitali.tê qu'ils trou-vaient dans notre Faysi avaient violeroment attaclué

le nouve&u gouvern€ment de Ia France. Les réelama-

tions de ce g'ouvernement amenèrent Ie vote d.'une loirestrictive de Ia liberté de la presse (1816), Or, cette

loi ns tarda pas à recevoir des applications qu'elle ne

comportaiû pas dans l'èsprit d,e ceux qui*l'avaient

votêe.

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PÉEIODjE EOLT,ÀNDATSE 353

Tn grant[ nombre de rédacteurs do journauxst'tlo pubtieistes Ëelges sro virent pogrsuivis et eon-damnës pour avdir appriicië les aetes politiques dunoi avec uno indêpendance ot uno sévérité jugéesexcessives.

Union des catholiques et des libéraux. - En 1827, lesllbéraux et les catholiquos belges conclurent la célèbreunion d.'où sortit la révolution de r83o. Yoici lesprincipaux points du programme commun. Les unio-nistes réilamaient : to la responsabilitê ministérielle;so l'annalité du builgot. '3o la répa$ïtion équitable tlunombre des cléputés entro toutos les .provinces , 4o lùIiberté d.e I'ensbignement ; 5" 'la''libertë tle la presse,,inscrite dans 7a Loi. fondamentdle, maîs restreinte partles lois réactionnaires ; 6o 1o rétablissement clu juqy;?o la suppression de plusieurs impQts impopulaires.

Des pêtitions ayant pour objet cl'obtenir le redrosse-ment des griefg nationaux lurent signées dans tout 1o

pays. In même teuitrx, les journalistes dans les villes,tra noblesse et le clergé dans les campagnes entre-tenaient clans ies masses une irritation et un espritd'opposition, qui biontôt se transforrnèrent err révolto'ouverte.

Révolution ile 1830. Les journées de Septembre. - Àumois d'août r83o, des ctésordres êclatent à' Bruxelles,qui durent pfusieurs jours. Ire roi ayant envoyé, pourles réprimer, son fils l'rêd"ério à Ia tôte d.'une armêode quinze mïtre hommes, des volontaires accoururentaussitôt ds tous les points du ifays Tour défenctre lacapitale.

En mème temps, sur un grald nombrela ville, s'élèvent, en quelqiros heures, itoricad.es.

tle points tlesoliales bar-

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354I

CEAPITEE ONZIEME

PnpryuÈnn tounxÉs. JguDr z3 sEPTEMBRE. - L'at-taclue a lieu de plusieurs côtés à la fois. Aypnt ossayé

de s'introduire dans la vilte par la porte de I'land'ro,les follandais en sont repoussés, après avoir subi de

grandes pertos. Mais les Belges ne réussissent pas àles empêcher cte pénétrer dans la ville haute par laporte de Schaerbeek et bientôt lo palais dcs Etatsgénéraux, le Par'o et le palais du Roi tombent entreles mains de I'ennemi.

Dnuxrùrud .rounNÉn, , VsNonnpr z!, sEPTEMBn,E.

Le venclredi z{ septembre, dès 5 heures du matin, lebourdon de Sainte-Gudule appelle tout le mondo aux

barricatles. Les Eollandais sont entourés d''un cercle

tle fer et de fgu. Néanrnoins' vers { heures d'e I'après-

midi, ils commencent le. bombardemcnt de la ville,espérant par ce moyen forcer les bourgeois à se sou-

mettre. Plusieurs incend,ies éclatent aussitôb cau-

sant de grands dégâts. Mais'loin de produire I'effetqu'i'ls en avaient,attondg, la conduite des Hollandaisno sert qu'à accroître èontre eux I'irritation générale.

TnorsrÈun .lounNÉp. Seunnr z5 sEPTEltBrlE. - Labataille so continue toute la journéo du lendemain

avec beaucoup d'acharnement, mais sqqs qunaucun

des deux partis obtienne sur I'aut,re un réel .avantage;

QuetnrÈMn ET onnxrÈnn lounnÉn. Druexcun z6 sEP-

TDEMBRE.- - La quatrième journée devait être décisive :

elle fut aussi la plus rude. Commencêe vers t heures

du matin, l'attaque des Hollandais paraf,t commo

furieuse et désospérée. De leur côtê, les Belges yrêpondent avec une vigueqr oxtraordinaire. L'anima-tion est si grande quo la bataille se prolongea jusqu'àg heures d.u matin

Le 25, un gouvornement provisoire s'improvisait

Page 361: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

t-l'

pÉnronn EoLrJaNDArsE 355

et prenait en main la direction d.es affaires et de ladéfens'e nationale.

I-res EollanJais avaient subi des pertes considé-rables. Voyant clue la placo n'était plus tenable poureux, ils évacuent, la uuit.du g6 ùLr 27, le Parc et lapartie de la ville qu'ils occupaient.

C'est là ce qu'on appelle depuis les journées de Sep-tembre.

Pendant cette bataillo de {uatre jours, les pertesdes Belgcs s'étaient élevées à environ six cents tués etdouze cents blessés. A ce prix, ils avaient conquis leurindépendance.

II.- - Civilisation. t

Adminislration. - GouvnnNounNr cENrRAr.. - Le pouvoir législatifs'exeree par le roi et par lcs Etats génér'aux. Cbux-ci s'a,ssem-.blent au moins rrne fois I'an. Ils sont formés de'deux Chambres:la Chambre haute ou.première Chambre, composéo de quarantoà soixanto membros viagers, nommés par le roi, et la Chambrebasse ou seconde Chambre, composée de cent dix membres, éluspap les états provinciaux: cinquante-cinqpour.les provinces duNord, autant pour celles tlu Sud, ce clui est une grosse injustice.En effet, la Belgiquor pffi suite de cette parité tle repr€sentation,n'a qu'un cléputé sur 65,ooo habitants, tandis clue la Eollandeen corirpte u.n pout {o,ooo. Les membres des Chambres ont ledroit d,e soumettre au qoi des projets de loi, de dîscuter, d'ap-pro.uoer' ou de rejeter lqs budgets et les projets do loi clui leursont préseuté's. Ils ne peuvent ni amendee un projet de loi, ni endioiser les articles.

Les Chambrss siègent alternativement à La Eaye ot àBruxelles. Assisté de ministres non responsables (r), le ro\exerce dbectement le pouvoir exécutif.

OnclursltloN pRoyINcIALE. - frss dénominations des anciennes

({) C'est-à-dire gouvernant, non au nom de la nation, mais au nom du rQi;

Page 362: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

356 CEAPITRIE ONZIE.ItrN

trnoVinces ssnt r:étab&es, mafis leur ildlirdtafion lesto eéllo cles

tl.épartements français correspondants et l1on nrespecto à pouprès,l'o4ganisa,tion ad,mifis6aÉive,fra-ngaine, "Il y aocles pr wineesayec des gp[vsnneurs; des .arro n dis s p'm ed s pourYus de comrni s-

saires; cles cantozts et iles coflunnros. Orr r:end. eu partio auxprovinces et arix pomrnrrncs leur ancimïe antcmornio. Placéesslrr. un pi e cl cl' ab solue é gaEté, ell es C' ailrnirn i strsnt,' ellle s mêmes,cl'a1nès rlesvàg,Ins uuifonnes. I"es prorinces rpossèdent des éfafsprooinciauæ oti I'on trouve des députés de la noblesse (députes de

l'ordre équestre), .des députés des ail'Les (dépatés arbains), et desdépatés des cantpagnes .ou du plat pays (députés. ruraucc). Losétats provinolaux désigaent dans'Ieur sein uno commission pebmanente.

Onc.lrqrs.ltroN coMITIUNALE. - Il existe'deux catégnrios de 'oom-

munes : ro les villes ; so Ies villages ot plat pays. LeÉ eonseils de 'régence (conseils communaux) d.es villes sont seuls électifs.Encore le roi nomme-t-ille boargnestre et lss écheuins, Quantaux régences des uillagesr les membres en sont choisis par lesétats prouineiaax. to roi".dodigne le boargmestter le goaDqrneatD.olmne les dsaâ, échieains.

-fustice. -

psar oe qui €onc€rne los iuritlictior.s, on corrssrvù,dlans -so:r ensemblo, rl'.urganisation françaftse. Oepentlant, 'laeour,èlo cassation juge à la tois,'q,uanû au. fondl et quant à,']aforrnor-l-es causes qui lui sont soumises. Lrs ptinvipe cle lÏnamovibilité' iles j u ge s est,ég:alsqeut naintenu, rna,is'le i ury dlisp araîtainsi clue la publicité cles au.ùielrces au criminel et 'au cor-reeûionuel. Lo publio n'est plus arlmis cJu'aux plaicloiries.Tainement les Belgesréc.lanent ils le rétablissement cleI'entièrepublieite ile la procéclure judiciaire et f inatnovibïlité to lamagistraturo, ptoellû,méo parl a Constitution. Touj orrrs promise,tr'inamovibifité n'est j am.ais'a,eeortl6o (r ).

Finances. : T,e'lrntlget est doublo : décennal porr fes troisquarts, pour I'auti'e cluart annuel. Les dépenses imprévt.es et lesJrais du ministsre dle la Justice entrsnt seuls tkns sa pantiea,rnirelle. Ainsi, pentlant tliæ ans, T1 échappe presqne entiè-rement au contrôle cles Cham'bres et ùupùys.

({) Goumr u'ALuuLLA, Cînquante Ans de liberté (La Vîe politique), L882,p. {0.

Page 363: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

prforoosHoLtrar[DArsE ,. 3SZ

Bfun{aÏsancs, -

Un aæêté pris par le:r'oi Guitraume en r8sàinstitue um taream de tienfatsanee"dans ehaquo oommûs; Coprince étabtrt anssi'. dæ eobnies de bietfaisanee ét organise,Ies-i[âtrtôts de neadieité- Il rnaintientlos tours.

Guerne" - l[ e=isto.uue,an n éepetmanenfe entGnenrent recnrtéepan voie d' eng ag e ments a alanfr air es. ou" d enrdl am o n{lst à. ptima,.l-,aLôi fontlamentale institue en outre uno mflice nationalè, co.nîposéo aussi de oolontarres â primeo mais complétée au besoinpar voie d,e tirage au sort. f,a milïce tout entière est convoquéo .

taus les anspendant un mofs pour s'exercer à I'usage cles armeset aux mouvements militaires.

Sc[enccs et lbttres. - L'Acad.êmi'e des sciences, fonclée parMar{e-Thé3èse et supprimée en r7gd, est reconstïtuée en 1816.EIIe aotive le réveïI de I'espr{t sciêntifique d.ans Ie pàys. C'estl'époque où brillent le géologue Dumont, à qui Ia ville de Liégea éIevé une statue; Ies mathéma:ticiens Qaetelet et Danitelîh, quidécouvreut u:r certafn nombre de propositions sur Ies sectibnsconiques, appelées depuis Ies théorèmes belges.

A l"étranger, iI se fait, au cours de Ia périod'e holl-endailse,d.'importantes découvertes sciontifrques imnrérliatement uti-lis6es en Belgfque. ToIs,l'dclairage de Paris au gasrpar Tpinsor,en 1816; lÏnvention- db La ckaux hyitraulique, paÀ. Vicat,,en 1816; la déeouverte du principe de Ia féIégnpfiie êfectrique,par Io savant français Arago, etc.

f,es poè[es f,esbroussart, de Stassart et Rouveroy publi"ent,au colrrs de Ia périoae hollandaïso" des faliles très appr6-ciées.

La littér"ature flamande do l'époque présonte un double cou-r&rrt : I'vn rébrtandais r,Iautrepa rfieufariste ou fiamand Boau-coup db personnes croi'ent à une dîffébence essentielle entre Ieflamaud gtr ls hellandais. << Tln Brabant cqume en trlandre, Iepeuplo avait fînï par croflre que les clTalostes néerlandais etflamand, fqrmaient deux langues 6traugèles aussï clistûrctesI'une de I'autre quo I'avaient été les deux groupe.s. C'est ce qui,jusqu'ùun cort-aim p€ùEt, eqrliqùue eonorrsnt les Elam.ands onttrnn pétitiorrner em' lSegcontrrelh, langue néonlan&aîçe. > ($técher:)cette erreur est surlqut e:r'oouragÉÊ pæ res dlffer@ees d'orûho-gwaphe. L'-&nvcnrsois Euelans, prètro. et rétaotstnr clu journ*l

' Be A atuenp enaar î relxrusse avoe énergis ïidée rls I'iclentité. duflamand. et du hoilandais. Thy,s; ha,gio$aphe"dos prémon$ree

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358t

CHAPITBE ONZIEME

de Tongerloo, plus tartl curé de 'Wyneghem, défend la même

thèse. Au contraire, Jean-François Willems, poète campinois,travaille à réaliser l'unité de la langue néerlauclaise.

Croyances retigieuses. - Les Belges profossent géuéralement lecatholiclsme romaiu, les Hollantlais le aalvinisme. II n'existequ'un petit nombro d'habitants appartenant à d'autres con'fessions.

. Beaux-arts. - Les bcaux'an'ts sout sérieusement encouragéspar le roi Guillaume. On ne peut pourtant dire qu'ils aientbrillé d'un bien vif éclat sous son règne.''Même après la chuterle I'Empiro, lo sceptre clos beaux-arts d.emeure a,nx mains des

elassiqaes. Do r8r5 à r83o, I'architecture est donc classiclue,co r'.o la peiuture, la scullture, et, en g6uéral, les beaux-arts.

L'arahitecte Roelandf tormine, en r8e6, I'Université tle Gancl,

clans la oonstruction de laquelle il s'inspiro du Panthéon de

Paris et du temple tliAntonin le Pieux, à Rome. .Suys fait alorsses débuts dans co style correot qtr'il allait longtemps imposeroux arohitootes de l'époque.

Le peintre Dauid,le chef de l'école olassique frangaise, émigréà Bruxolles après r8r5, y exerce, en matière de peinture, un€royauté incontestée. Ses disciples, à la tête desquels se placeNaoez, exagérant la méthotlo du maître, poussent le culte tleI'exaotitu$e du dessiu au point tlo tenir la couleur ponr unesuperfétation. Bientôt co qui reste de I'art flamaud disparaît.Lens et Eerreyens sont, à astte époquer.les derniers peintrescoloristes de l'école de'Rubens.,

Les mêmos principos artistiquos dominent choz les saulp-teurs, parmi lescluels nous relevons les noms de Godechatles, de

I(essels, de de Pauw, eto.Brutelles et Liége sont dotés d'écoles rqtales de musigue.

Mais ccs institutions n'auront pas encoro fait leur"s preuves àl'époque do la révolution.

Enseignement. - L'instruction, très réparrdue en llollande,l'était au contraire fort peu en Belgiquo. La propager dans lesprovinces méridionales de son .royaume parut au roi le'meil'leur moyen d'amgner, a,u point de vue d.es idéos, la fusion de

ses cloux peuples. Pour arriver plus sfrrement et plus promp- '

tement à son but, il crut devoir oonfiel à I'Etat, d'ute façon

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pÉnroon EoLLaNDATsE 35g

oxclusivo, Ia direction de I'enseignement à tous les degrés (r).Il existait trois universités de I'Etat dans le nord : à. Leyde, à

Afuecht, ù Groeningue. On en institua également trois en Bel-gique z à, Gand, à, Louo.ain, à Liége. Aucune université libre neput êtro établie. N'osant oxiger que les cours fussent faits ennéerlandais dans les universités, le roi décida qu'ils le seraienten latin.

un rnsfifat natîonal ot'trois obseroatoires furent en outre créésainsi c1u'un musée des sciences et des lettxes où se faisaient desoonrs publics et gratuits.

Des collèges ou d,es athénées furent institués dans les princi-palep villes. Tous devaient so soumettre à I'inspection de I'Etat.Seulos, les écoles latines laïques pouvaient être recouuues.

IJr.o éeole normale fut créée à Lierre, d,es éeoles ptimairesorganisé.es dans toutes les communes. NuI ne put exercer IeÈfonctions d.'iustitutour s'il u'était pourvu tl'un brevet de capa-cité délivré par rt\e commlssfon prouinciale d'instruction, Lesemplois furent conférés à.Ia suite d'un concours. Grâce à cesexcellentes mesures, I'enseignement réalisa, en peu de temps,les plus remarquables progrès.

Agriculture, industrie, commorco. - Sous plusieurs rapports, leroi Guillaume était un esprit élev6, aux vues larges et nova.trices. En matière comrirerciale, il était libre-éehangiste (z).

Un pti,ys merveilleusement doté comme le nôtre of aussi admi.rablemeut situé - nous disposions au centre tle Ia côte osci-dentale cur.opéenne de I'cmbouchure de trois grauds fleuves -pouvait facilement devenir une sorte d'entrepôt de commercopour Ie monde entier. --

Guillaumo I'avait compris. Sous I'action bicnfaisante cles

mesures économiclues dont il prit I'initiative, notre paJ'sretrouva bientôt une splendeur inclustrielle disparue clepuisCharlos-Quint. Il revit, avec des cempag:res parfaitement

(,t) ta Loi fondamentale portait : s L'instruction publique est I'ubjet des

soins constants du gouvernement. L'instruction religieuse n'es-t pas de la com-pétence de ltEtat. r Tout le système d'organisation d'enseignement public duroi Guillaume est là en germe.

(9) Partisan de la liberté du commerce interhational et en particulier de lasuppression, ou, l,out au moins, d'une forte réduction des droits de douanes

sur les marchandises.

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36o ''crrÂFrrR# oxztÈlrn

cultivées, cles fabricluos et.dos ateliel5 nonbregx, bion orÉillés

of un commetrGs des Plus aetifs.

. En cluelclues e,llnées, I'extrastiou rte la houillo cloubla d'a,ls

tes bassin" 4e T,iége of du Eainaut- Des Jrau'fs f,ouraeauæ à soke -

e,ppa,rnrert à Serrdqg et à Charleroi.L'inclustrie d.es machines, (etablissements dz F-hérrix, à Gandi

eï de coskerill, à ser.aing) pr,rt uno grancle cxtension.'L'arnut'rerîe se rcleva. Pendant I'an.rréo 18'40 jes.atelier:s liégeois pro'

duisirent près do tleux cent mille a,rlaes à .feru une oerrerfe ss

foncla au val saint-Lamber.t, en r8z6.,L'lirdnatrÏe d,rapière cap.

tinur à lx"ogr.ess€r" à verviers et rlats fes environs. Gand et

nombro tllautres v.-illes de la Fl.andrro s'e,nrichir.e'rrt par leurs

fabriqaes de eoton- :u',inilnsfuie d.es .toiles, clams .les Flandres'

celles d.es ta,ptc et do \a porcelaine .à, f,ourlrai, Ï6pfellnent

vigue,ur, seulo, tr'Înilustrie .ilentellière penietita, Fd''suito ds-

I'invention du .tal{e sn'Fx'q'nce-

D'au,tre part, le rucnrvement .elu port d'anvers alla cloissant.

Lo nombre cle navines entrés dansco port,,ate cinq eent quatye'

vilgt eincl seulement en r8r8, rionta à:leuf oeni vingt e,t g1 .en'

r8zg. Le commerco intérieur prit une extension et'uno a,etivité

i.emarcluables, Ctest sous lo gouvernemeut hollanclais 'uefurent creusés les saûa,ux de Terneuzen, do chartrer"oi ei

cl'Àntoing' Quaut au coûunerce a'vec les colonies, il se clevo-

Ioppa parallèlement à I'enliehi.ssernent éoonomiclue clu pays'

sous I'influence de co pr"ogrès géneral cle I'inclustrie et du

-oommerce, la poprrlation s,.accrut.rapiclemenl.. En r83o, elle

ôtait cle plus de 6 mittions d'habitants dont er3rd,ooo Hollan'

tlais et 3,gel,ooo Belges.On pouvait clonc présager poul" notne- pays une pér"ioclo de

prospér'ité,matérielle tout à faît extraordinaire, s.ans les événe-

rnents cl,'où sorti.t la séparation.

vie domestique, c-oulumes ct mours. - f,s régime français ovait

appauvri le pays. Pendant la périocle hollandaise, on est obligé

do vivre avec retenue. L'économie est cle règle dans les repas,

los plaisirs, la toilotte. comm€ les coEtstruotions publiclues, les

nabitations privées se borncnt au str{.ct nécessaire et souvent

mancluent, non seulement cle luxe, mais cte confort et de goût.

Le mobilier est eneoro grossier.Les morles frangaisos jouissent d'une Yogue oloissante en

notre pa):s. llais, sous I'influence cles invasions et clu fgtour

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P.ERIOD.E HOr,r. A T\DAISE 36,r

des émigrésr la Franoo adopte elle-même des modes étr.angères.C'esÇ pour les hommos, la retti:rgote longua, b cha,peau àhaute formo; pour les femmes, les étoffes à tointes éoossaisos,lo voile vert, le corsegp san-s jupe dit spencer, les brodequins,chaussure .de cuir se façant' sur lb dbvant. On conrmeuce àponter dos vêtements en c.aoutchouc (r$a3). f,es fburrtues sontà la modg- f-æ, manenesç Gountw soustrEm.pirsr se trn,n,sffer"rmerr,t

. en.mæshss ùgWat gqi ornploie hancenpr les tissrrs de aofunet particulièremeat Iar percale eû le nankin Les bougfe* dostéartne, dues à Iillustre Ohevroul, apparaftsànt vers r8g3.

La presse prend du développement ef d'e lljnffuence.

III. - Considérations générates et vue d'ensemblesur la période hollandalse.

Dals la ponséo do créer au nord do la Franoe une puissantebarrièro contre toute nouvelle entrepriso concluérante de oepaXs, le Congrès do Vienno, chargé du remaniement de la ca,rted'Europe, bouleversée par les 'campagnes et les usurpationsnapoléoniennes, forma un seul Etat de la llollande et d.e la Bel.giq.ue, essayant ainsi cle renoueri entre les enfants d'une mêmepatrie, le lien'fraternel brisé a,U cours de la période espaguole.

Mais, ni par I'instructionr'fortrare cheznous, ni parl'exercicedes libertés publiques, dont nous n'ayions guère joui sous Iadomination frangaise, nous n'étions, en r8r5, suffisamment pré,parés à,u ,self gooernment; une tutelle, d'après I'opinion clomi,

'.nante dos créateurs du régime nouyea,u, nous était nécessaire,Elle fut dévolue à la Hollancte,

Cepenclant une incompatibi[té d'humeur dos plus accentuéess'était peu à.peu affirmée au cours des deux derniers sièclesontre led Belges et les Eollandais. L'histoire et Ia religion deces deux peuples, leur langue, Ieur instructio'n, léurs mæurs,trop eliff érentes, empôchèrent I'alliance d'être durable.

1{{s,nmoinsn quinze années de vie commnne ayec ce pa}'s nousinitièrent peu à peu à la pratiquo du gouvernement représen-tatif. Lorsque survint la révolution de r83o, .qui nous valutl'émancipation ttéflnitive, nous étions enfin mfirs pour l'exer-cice d'une complète autonomie. Nous !'avons prouvé parprès cle ceut ans d'une existence politique toujouls sage etcoustanrment prospère.

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362 cEAPTTRE oNzrÈun

RÉsuuÉ svutnÉtteus on LA,-pÉnIoDE HoLLaNDATSE (r8rd'r83o).

Depûs la chute de Napolëon.(l8tI) iasqu'ù I'a réuolution de 186ù

{. Conséquences avantageuses attendues de la réunion irour la pros'périté des deux peuples et pour la paix générale. Initiation des Belgesà la pratique du gouvernement constitutionnel et parlementaire.

2. Profond désaccord des deux peuples, dont l'histoire, la religion, lalangue, la civilisation, les mæursr.sont trop difiérentes.

5. Griefs des Betges. Union des catholiques et des libéraux (1827).Pétitionnement; Révolution et séparation ({850).

'l

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CEAPITR,E

PÉRroDE rD'rNDÉPnnnaNcEDepuis lggO iotqoii noB iours.

1.

Rùalsr Pn LÉoPor,D Ie".. .

Étection et inauguration de Léopold l"r. - La bataille'finis, lo gouvernenenb provisoirn proolama I'indépen;danos dos provinoos betge$ of décréta la convooation

im4Qdiate d'un Congrès nationa'l, {td se réunit au

. ùois d'octobre r83o. Àprès "avoir tléoitlé que la formo'ào nonveaU gouvernemont serait la monarahie consti-

- tntiolnelle représentativs.souq un chef hérétlitaire' ce

C'ongrès déalarb les 'nombres de l? famille d'Orange'Nassatr e;clus, à perpêfui-té, de tout pouvoir en Bel-giquo. Il élabora ensuite la Constitution clui nous a

régis jusqu'en 1893.- tr a"rég'ence du pays fut cluelque tenps. ôonfiée au

'baron Su'rlet ds - Chokier. -Mais .Ie 4 juin r83r, 1o

Congrès élut roi d.es Belges le princo Léopotd de Saxe-" cobourg-Gotha. Dès lors, la Belgique entra définiti-

xn

vemo4t dans sa période d'indépe:ndance.Léopold I"", fils du'duo de Saxg-Cob9urg,

Cobourg te rd déoembre r7gg.,'S.9n père luiétait né àavait" fait

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364 OEAPITRE DOUZIÈME

d.onnerune solideetbrillante éducation. Entré, en r8og,au servioe de la Russie, il dut, peu après, cédant auxexigences de l'empereur Napoléon, résigner ses fonc-tions de général d'état-major. Àprès la campagne derSrzr' si désastreuse pour les tr'rançais, il reprit sonservice dans I'armêe du tsar avoc Ie g?d.e dè généralde cavalerio. C'est en cette qualitê qu'il participa auxcampagnes de l$r$r. ffi$ st r&r,d- n alÎa ensuitehabiter I'Angleterre où, en 1816, il ppousa Ia princesseCharlotte, héritïère présomptive du trône. A cetreoccasion, il reçut, avec le titre de duc de Kendal etuno pension d.e 5o,ooo liwes sterling, le raug cle princedu sang. La mort'prêmaturée do sa jeune êpouse, enr8l7, changea ses dostinées. Toutefois, il continuad'habiter I'Angleterro, et cbst à Dondres que lesenvoyés-du Congpès, allèrent lui offrir la couronns deBelgique. Peu aupa4avant, il avait refusé Ie trône deGrèce.

_ L'inauguration du roi, eut lieu,le ar juillot rBBr.IIne estrado immense, sur laq,uelle on avait prégrarê

un trône m.agnifigue, f,u.t dressée Blaee Royale.Verp I heuren le prineo arriva à, eh.eva! en eostuure

d'e géuéral. Âccompagné. dluue suito brillante. dlstfi.ciers, iI gravit les degrês deilles.trado où étaient rangésles mini$tres, Ies membres du Congrès of plusieursgênéraux. Ire barou Surlet de Chokier, rom.p_lissaatles fonetions d,e Régent jgsqu'à I'heure de lJinauguïa-tion, se leva alors pour rdmettre ses pouvoir,sentre resmains de l'assenrbléo q$i les. lut avaif confiés z << J,aiuu,, dit-il, l'aurore du banheut se leuar powr monpa)rs : j'ai assez oéeu, >>

L'un des secrêtaires d.u Congrès, Ie comte Vi-lain xrrrr, lut ensuite la constitution à haute voirn

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pÉnrous 'o?rNoÉPmDArloE 365

pui.s tre prinee Léopoltt prononça le sermen-t suivant :

7 ,1" jutiu cl'obseruer Ia Con"tîttttîon et leslois dtt peupte

.belge, rle maintettir ,ti.nilépend.artee natîonale et I'inté-

grité du territoire. tÀ oe rhoment, "1o prêsif,emt tttt congrès se tournant

vers le roi, iui dit z c< Monte% au trône, Sire! >r Debout

sur.la premièro marahe du trône, lo roi, entouré dos

minishes et dos généraux, p.dredsa atrors au peuple un

remarcluablo discours où il ctit t << Belge par uotre

adoptiott, je me.feraÏ une laÎ de l'êLre aussi touioutspa; ma politique. Man cæur ne connaîtra d'autre

a.mbition qtte'celLe de vous noir hewrslttc' ))

Des acclamatiols bruyantes of prolongéos accueitr-

liront c€É par.oles d.u- n'ouveæu' souçerain quo laBelgique venait cle se d.onner et c1ui, penclant trente-

einq ans, allait'diriger ses destinées avec une habileté'

of un dévouem€nt incomParables.Traité des XXIV artielæ (1831). - Cependant Ieà UoL

l.and.ais, violaut un a,rmistico ponolu avgc .nous' fran'chirent tout à coup la frontière, battirent les Bolges et

seraient rentrés en'possession du pays sans I'interven-

tion d'une armée.frança,,iso qui, pénétrant eu Bolgitlue,,

les força à la retraite. Notre cléfaite eut pour nous de

désastreusss conséquenees. La conférende de Loud,res,

où étaient réunis Jes ambassadsurs de Russie, diAutri-'che,

de Prusse, do Franco et d'Angleterre, nous imposa

lo traiûé des XXIV artic'les (r) dont voicilesprincipalesclauses : tro la Betgique perd lâ moitié du Limbourg eÛ

du Luxcmbourg; po eltre renono€ à tout dtoit sur los

colonies et sur la flotte'des Pays-Bas; 3o elle payera

annuellement aux créanciers de ce pays, pour I'intérêt

(l) Il modifiait au déeavantage ile la Be'lgiqge le traité des XVIII articleg

fiuin 4831).

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CEAPITAE DOUZIÈME

de sa part do Ia dette commune, uno rente de 5 milrionsde florins; {o elre ne conservera Ia ribre navigationsur I'Eséaut quo moyenriant l'établissement d.,un péage(droit db passago pour les navires) au profit de IaEollande; 5o ello observera une perpétueilà neutralité,sous Ia garantie dos puissances.

Quelque avantageux que fussent pourraEoilande restermes de ae t'raitêr le roi Guillaume refusa rongtempsde le signer,

Prlse d'anvers par les Français (lgaz). - Les Hoilan-dais occupaient toujours Ia citadele d'anvers. sur \

leur refus de l'évacuer, une frotte britannique bloquaIes ports de Ia Eollande, tandis qu'une oooo.Ilu arméo .

frangaise, ent'rant en Bergique, mettait,Ie siège devantla place en litige qui se rend.it après une courte, maisvigoureuse résistance (rBBz).

Créatlon dæ types monétaires et des ordres de Léopoldet de !a crolx de fen. - La loi du 5 juin rg3z, instituantune monnaie nationalo, adopta les types français. L,efranc devint I'unité tles monnaies. qui, sous les rlol-Iandais, avait été ]e frorin. c'est pour ce motif que laconstitution de rSBz exprimait en frorins (r) res censéIectoraux.

La proposiûion cl'instituer |ord.rà de Léopord, ordredécoratif à la fois civil et militaire,.ne fut aâoptée qu,à ,

deux voix de majorité, après avoir êtê) d'aiord re-po*ssée. En cette occasion, *n représentant, M. Gende-bien, eut dos parores méprisantes pour les déeorationsoiviles : < Jamais, s'écria-t ir, un morceau de ruban nesalira ma boutonnière ! >l A sou avis, un citoyen doit

({) Il fallait payer au moins g0 ftorïns de contributions pour êlre électeurgén6ral, 4,000 pour ètre sâlatour. Le florin vaut fr. g.ll.

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-pÉnronn D'rNpÉpnNDANcE 361

accomplir.son devoir parce cluo c'est le dovoir, non, envue d.nune, récompense.

L'année suivante (1833), on fonda I'ord,re de la Croix. d.e fer, d.ont I'objet était de récompensor les services

militaires rendus pend.ant la révolution.Cnéation des chemins de fer (l8it&t83b). - On se fait diffi-

cilement, aujourd.'hui, à l'idéo que les chemins de fern'ont pas toujotrrs eristé et I'on no se représente pasbien comment on a pu, ni comment on ferait actuelre-mont pour s'en passer. Cependaut, au début de notreind.épendance, Ies routes étaiont encoro, avec les canauxet les rivières, les soules voies d.e communieation con-

- nues. A cette époquo, si voisine de celle.où nons vivons,les messageries transportaient.les voyageurs au. moyendo cftars à bancs et de diligences qui mettaient cinqfois plus de temps pour arriver qu'il q'en faut aujour-d'hui à nos trains ordinaires. Quant aux d.enrêes of auxmarchand.ises, c'est. à petites journéeÉ et à gros fraisque de lourds chariots les transportaient des rieux deproyenanee à ceux de destination.

Un Anglais, le cêlèbre Stephenson, fut I'inventeurde la locomotive, et c'est à un ministre belge, l'illustre.Charles Rogier, . que revient I'honneur d.'avoir le pre-mier, sur le continent, proposé u+e loi ayant pourobjet Ia création d.'un réseau de, chemins de fer.

Lo re" mai r83{, notre Chambre des représentants.vota la loi ordonnant la construction de quatre grand.es

.lignes partant de Malines pour aboutir: ro à Mons, enpassant par Bruxelles ; 2o à Ostende, en passant parTermond.o, Gand. et Bruges; 3o à Anvers , et 4o à ver-viers, en passant par !,ouvain et Liége.

Le croirait-on ? Cette loi rencontra à la Chambreune opposition de.vingt-huit voix, ç'est-à-dire du tiers

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368 osÀPrrn,E DouzrÈME

do I'assemhlée ! On ente.nciit alors des hommes intelli-gents émettre contro l'innovation proposée, des argn-

ments sa,ugr'ettuË ou. pi.diouleso et'ees arguments furentdiscutés le plus sérieusoment du mondo !

L'inauguration c1u trongon de Bruxelles à Malinesout lieu le 5 ,mai 1835. {fne foule imrnenso, cnrieuse

d'assister à un spectacle si nouveaun stétait donnér€n-dez-vous aux abords.de la station de I'Allée-Yerte ots'écheXo:lnait Io long de la voie ferrôo jïsc1ulà unegrande distanco'd"e la ville. Parmi les spectateursn on

remarquait le roi Léopold Iff.Une immonse a,eclamation accueillit le départ du

train, saluant sinsi la révolution 'qui s'accomplissaitdans Io modo de transport Ôes voyageurs, des dsrréoset des marchand.ises.

Création de !'enseignement supérieur (1834't835). - Aumois de novembre r83{, une université catholiquo,plus tard transférég à Louvain, {ut inaugurée à

llalines. I-,a même année, lo même mois, eut lieu I'ou-verture de l'Université libre de llruxelles.

De son aôté, le gouvsrnement fit voter, or sep'

tembro 1835, une loi qui rétablissait les Universitésoffioieltes de Gand et de Liége.

Prem!ère réforme postate (1835). - Une autre loi ileclécembre 1835 organisa le service des postes. Elleinstituait les postes rurales et stipulait clue les lettrosclu poids de ro grammes et 'au'dessous paieraientso centimes cle port jusclu'à 3o kilomètres; qu'au delà''

. elles paieraient en proportion d'o la clistance. Pour les

lettres supérieures en poicls à ro grammes, la taxeélait proportionnêo à leur poitls et à la distance. Ifnolettre orclinaire payait 3o, {8 et jusclu'à 8o contimes,selon la d.istance dtr point do départ à celui d.'arrivée.

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pÉnxgou rr,'rNpÉpnxD*Ncn 36g

Et néan-m.oins, qrrol pnqgrès ce nôgimq ne nealisaif"ilpas sur le passé I

Loi, pnovineiale d [ûi, Gmlmuilalb'(183ô).. - Lss' Iois du3o mars et du 3"o avril. i836déterminèrent su.ecessive-mmt I'organisation et l'administration de la provinceot de la c.omm,une. Atrx terues d€ eeo, Lois5 les eonseitr"s

eommun&n:E et provineiaur ne pouvaient être., disisous par le pouvoir central. Ils-l'ont été cepend.auttrois fois depùis : ea, r8d8,, en r87z et on r8g5, à Iasu.iie- de' moclifi.eatioars aBtrrurtées à oes ,ôpoclues auxtrcris éleetorales, gû e.n. sertn de lois qui. ont tlérogêà cet égarù aua pueecniBtions ùes lois. orga,niquosde 1836.

Loi orgurique de ['Éeqle. mllitaire(tffi)" -:Une s,nrnéb

ne peut avoir de vateur. qu à [a cond.itiou do posséderuu. hou cadre. d'ofificicns- L'éventualitê dlune guerretouj ours p ossihle a.mec la.Eqlla,nde f aieait à I a Belgiqueu:r devoir pantioulidnemenûiryrerietix dene nien uegli-ger pour assureil [o neeruteûent d'offieiore iastæuits.Çes oonsidé.ratiorre décidèrent -i en m&rs 1838, le votode la loi clui réo,rganïsaif; l'Écolo militaire"

Traité de teiil$" - eopenttamt Guiillauur€r se refusaittoufouns à Ia ra,$ficatioù du traiûéj de€ x)rEV articles.&nfin" en r83gn il consoutit à le signen- !

Mais alors, so maddestla en Belgiclue' une violenteopposition: à 1æ cessio:r, sÉipulée, d.a.ns ae traité, rl'u1epffiti@ Ç.u,Limbourg et d.uLuxem.hourg. Le façon êner-dclre, dont Ie; reprësenûa,nt. Gsndebien émit en laeirconstanee^ son- vote négatif, donnc une idée dessusceptihilités e1u 6veillæ dans I" pu,y* cette mutilationdu territoire national : c< I{on, s'écria't-il, trois centquatre-vingt-neuf nille fois non, pour les trois centqqatre-vingt-negf mille Belges q-ue vouÊ sacrifiez à la

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3?o oEAPTTRE oouzr:ùrvrn

peur ! )) Et, surl'heure, il déposa son mandat, aban-d.onnant sans ret'our la vie politique.. Loi de 1842 sur I'enseignement primaire. - La loi de

se.pie*bro tï(z'sur I'enseignement primaire fut uneæuvre de'conciliation. Yotée par la Chambre d I'una-nimité des membres présents moins trois voix et unoabstention; ello ne rencont-ra pas d'opposition auSénat.

Cette loi dura trente-sept ans, non sans prod.uirod'utiles résultats. Cependant certains libéraux lui-roprochaient d'asservir I'enseiguement au clergé etelle fut battue en brèche dès les premiers temps de

son existence.

Congrès libéral (1846). - Jusqu'à la signature de lapaix" avec la l{ollande (1839), les esprits, en Belgiclue,s'étaient surbout préoccupés du maintiqr de l'intégritédu territoire et de l'éventualité d.'une guerre avec nos

voisins du Nord. En conséclueneo, Énecomnnune pensée

de patriotisme avait cimenté la concord.o entre lespartis. Il cessa d'en être ainsi lorsclue nos d.ifférendsavec les Ilollandais furett définitivelnent réglés. Ladivision d.es éIecteurs en deux grand.es classes, lescatholiclues et les libéraux, De tarcla pas à s'accuser. '

' Eu vue d'organiser leurs forces et cle déterminor unprogramme commun, les libéraux réunirent en con-grès, à Bruxelles, les délégués de toutes les associa-tions libérales du pays. I-.,es effets cte ce congrès netardèrent pas à se faire sôntir. Les catholiclues, alorsau pouvoit,'furent [renversés aux élections suivanteset un ministère libéral Rogier-Frère-Orban se con-stitua.

Réformes de 1848, - Le z{ février r8{8, éclat'a enFrance une nouvelle-révolution clui substitua dans ce

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PÉBroDE n'nsoÉpnNDANcE 37r.

pays les institutions républieaines au régime monar-chique êt ébranla tous les gouvernements de I'Europe.C'est à cette époclue c1u'il faut reporter l'échauffouréode Risquons-Tout (r). Une troupe d'insurgés, forte de

deux mille hommes environ, organisée sur le terri'toire français, pénêtra en Belgique par le hameau +eRisquons-Tout, où les troupos belges envoyées à leurrencontre les dispersèrent. On fit un certaiu uombro'do prisonniers, c1u'on interna dans la citadelle de Huy.

Les concessions opBortunes du ministère au partirtémocraticlue permirent à notre pays d'échapper à latourmente. Parmi ces concessions se trôuvaient I'abais-sement, aussi bien pour les villes clue pour les cam-pagnes, du cens législatif au minim.um oonstitution4el(fr. (z:32), I'organisation de la garde civiclue, I'aboli-tion de l'impôt dutimbre sur les journaux et les écritspériodiques, etc.

Toutes oes réformes, votéeS en l''espace de troismois, parurent insuffisantes au député tournaisienCastiau, orateur d.'une rare éloquenco et partisan de Iaforme gouvelnomentale républicaiue. Ce député crutdevoir célébrer à la Chambre.belge les événements quivenaient de se produiro en Frauce et termina en a{fir-mant que les idées de la révolution française feraientle tour du montlo. Le représentant Delfosse, de Liége,se levant, lui répondit par ces paroles fameuses :

r< Pour faire le tour d.u monde, la liborté ne doit pluspasser par la Belgiclue. n

NouÛelle réforme postale (t849). - La loi du zz avrilt84g abaissa'de nouveau le port des lettre et créa des

timbros-poste de so et d,e ro centimes. Le poitdes leùtres

(,1) Près,de Mouscron.

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---T-t-------- a -I-;l

372 oEAiF.rnÊE . Dûu n r^rà,u,n

ordinaires, à. destination des loealites; situées dans lemême rsssort do Bereoption- fuû fixé a*r taux uniformede. ro centimes;, celui des autrc*" 3 eo. Depuisn tro portdes journalux, oulvragês périottiques, Iivres; papierr demusique, prospectus'n annonc'esr. ete,*, coûte r aenûi,mepar feuiJle.

Étabtissement de, diverses- institutions^ doutflité puttique. -L'année r85o viû lrétablisssemeut, pa,r fÉtat, desp rc m i è res frgrres t ê[êg mp hiryu es é:trect r iqvea. trl' ex iist aiûaJupa,ra,ry:anû dlàuuûres Iigues telegnaphiques éleeûriques,notammenf. une trigne dnAnvers,à. Bruxelles, établio envertu d''u!r, eunrtrÈ'sltrpfis$é,Ie zfi;déeembrye r.8$5 &veo unCI

eonuprymie*E''* r85z; ou. créa Yl'nstitwt c@rwrnercfaù d'Ànvers.ta Belgfique et PLvnphe français. - En 1856,, Ie bruit

se répandit en B'elgiq,uoque Io g"ouyern.emeut'françaib,issu du coup d'État du z décembro r85z (r), avaiûinvité le gouvemement belgrc à restneihdre Ia liberté -

'de Ia presse. ftf. Qrts, ttéputé et'e Bruxelles, interpe'Ilaà ee sufet Is ministèrer. IJe cornte VïIain XIIII,ministre d'es Affaires étrangères, lui tiù ta réponsesuivamto : < I-rohsnoræble M. ffis'désire savoir si I'undes g"ouvertrements représentés au Oongrès (z) a, '

demandé au gouvernement beÏge quelque modïficationà Ia Constitutibu. .-. '{,acune-! t'honorableM. Orts me denando' si le cabine! dans le cas où uuepareillb demaade lui' eeraït faitê, serait disposé àproposer à la Chambrô quelcjue ehangement à IaConstitution. Jamais ! )t

$)LeZ décembre {859,Ie prince f,oui's-Napolêôu, président. de la Rdpu-blique françaiseo neveu de Napoléon Ier, renverse lo gouvernement établi;plus tard, il se fait couronn_er emperour, sous Ie nom de Napoléon III.

(2) [e Congrès-de Paris, tenu à la suite dd la guerre de Crimée" ,

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pÉmonm n'urprÉ"pmwtivcp lfgd-es 'fortifi*alions d'Anvers' - En 1859, la Législafmrs

v.ota le projct do loi sur les fortifications d.'Anvers..LerTæn de.NapoléonId:so trouva âind réalisé. Mais iciun:intérêt généralsment nonsidérÉ comTo national se

trouva aux prlseÊ iavec des intêrêt$ ,on des préjugésIo.caux. Une formidable oppositisn se déslraînâ dans

notre métropolo commercia'lo conôræ l;embast'tlementde la ville d'Anvers, Aux élec'tions législatives sui-yantes, en 1863, la ctéputation anvorsoiso, jusqu'alorsIiberalo, passa aux .oatholiques, dits meetiaguistes.

Abolition des octrois et institution du ,fends - Gommrm'al

(1S60). - Dn 186o, sur la proposition:de M- .['nere-

Orban, ministre -des Financos, il€s Chanbres " belges

abolirent les octrois communaltffi' On donnait le Dom

d.''oetrois à un ensemble do taxes 1x'élovées sursqr-taines denrées -eû marcilrandises venant du dehors 'Àleur entréo ctans les villæ. r0tétait là un iropôt Y€x&-

toine et, entro tous, impopulaire. ftrr lo "eontinent,I'initiative de I'abolition do ce droit, clui'exists encoreeu divers pays et notammslt en tr'ralrce, a, été prisepar la Belgique.

En vue do compenser pour les coqm-unes à octroi lad.iminution de rsvenuô.resultant

'pour elles de la suP-

pression ge oet ,impôt, M. Frèro "établit, €ous le nom

de fonds coln:munal, uno caisso donû_J.es .revenus sont

répartis entro les communes.Lo fonds communal ost constitué par uûe partie des

droits d'entrée sur les vi.ns, eaux-d.e-vio, cafés et 'desdroits d,lentrée sur fes alcools, ÊuereË' bières, etc.

Traité de commerce libredchangiste avec la France (1861).

'- Estimm,t qu';il est,he l'intêrêt ffun pays esse,ntiol-

lement industriol comme le nôtre de voir disparaîtroles entraves a14).oïtées au commeroe par les droits de

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324 cEÀPrrRE oouzrÈun

d,ouanes et de transiû, les chefs du Iibéralismo étaienld.evenus partisans du système commercial connu sousle nom de libre-échange. M. X'rère-Orban inaugura lerégime nouveau par la conclusion d'un traité de con-meree avec Ia X'rance, le rer mai r86r.

Congrès eatholique de Malines (1863). - En 1863, au moisd'août, les catholiques s'assemblèrent à .Malines enun congrès solennel où prévalurent les principes ducat'holicisme libéral.

Les libéraux venaient d'être vaincus aux d.ernièresélections législatives de juin 1863. Le parti catholiquo(leader M. Deschamps) mit à I'acceptation du pouvoir

- la cond.ition d'être autorisé à proposer : ro I'abaisse-ment du eens provincial et du cons communal; zo lanomination des échevins par les consoils communauk.Le roi n'ayant pas accueilli co programme, Ie paysconsulté renyoya aux Chambres une majorité libérale,of le précédent -ministère se reconsùitua, avec M. Baracomme ministre de la Justice.

Rachat du péage de l'Esaaut (1863i. - Depuis 1839, ce

péage avait coûté gB millions de francs au Trésorbelge. fl constituait, poul le' commerce étrangercomme pour le nôtre, une êntrave coûteuse et tracas-sière. Des négociations ouvertes par lo gouvernementbelgo avec les autres goul'srnements intéressés, abou-tirent au rachat définitif de cette taxe. Ifne sommecle 36 millions de francs fut payée à la Hollando :

rz millions par la Belgiclue et le reste par les paysd.ont les navires fréquentaient le port d,'Ànvers. L'Es-caut, cette fois, é*,ait bien libre.

Mort du roi Léopold l'". - En d.écembre 1865, le roiLêopold Ier desoendit au tombeau et sa. mort causa, enBelgique et, au dehors, de vifs regreds. Il avait su

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pÉmoon n'tNoÉpnNDANcE 325

pratiquer, avoc uno grand.o intelligeneo et une raresagesso, ses dovoirs d.o roi constitutionnel.

R,Èaxn on, LÉopor,n II.Son avènement, - Son fils Léopold, d.uc de Brabant,

lui suooéda sotrs le nom de Léopold. ff.Le nouveau roi avait tronte ans seulement, mais il

était instruit, intelligent, réfléchi : ses longs voyagesà l'étranger (danb touts I'Europe, en Égytrrte, en Syrie,aux fndes, en Chine) avaient de bonne heure mûri soncaractère et formé don jugement.

Membre 'du Sénat depuis l'âge de dix-huit ans, ilavait, en d.iverses occasions, prononcé dans cetteassemblée de remarquables dis_cours témoignaut d.'unesprit sérieux, ouvert au progrès et aux id.ées géné-reuses.

Lo 17 décembre 1865, it fit son en"trée solennelledans la capitale et, en graud. eortège, se rendit, aupalais de la Nation. Là se trouvaient réunis les douxChambres, los ministres et les hauts dignltaires del'.Etat, la famille royale, les ambassadeurs des puis-sances étrangères et un grand nombre do princesappartenant aux d.iverses familles régnantes ou Eu-rope.

Lorsqu'il pénétra dans I'enceinte, le jeune prince futsalué par de longues et bruyantes acolamations. Losilence s'étant peu à peu établi, il prononça, d'une voixhaute et ferme, le même sorment constitutionnelqu'avait jaclis prêté soi père.

Il adressa ensuite à I'assembléo un tliscours des plusrema"qoables dont voici un court résurné.

<< La BeTgique-a, commo moi, perdu un père. L'hom-mage si uuanime que la nation rend. à sa mémoire

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3T6 o"sesrrm nouznÈnm'. .

rêponel dignem'enû aûx sentiments qu'elle lui a vouéspend,ant sa vie- .Ï'en suts aussi touehé que reconnais-sant.

> Premier roi des Eelgos à elui Ia Belgique a d"onnê

le jourr, je me suls, depuis mon enfance, associé àtoutes les'patriotiques érnotions de mou pays. Dansma'pensée, l'avenir de Ia Belgique s'est toujours con-fond.u avec Ie mien et toujours, je I'ai consicl.éré aveccette confiance clu'inspire Ie droit d'une nation libre,lionnête et courageuse, qui veut son indépend.ance, cluia su la conquérir et s"en montrer digne, clui saura I.a

garder.)) Messieurs, pendant les trente-cinq dernfères

aunées, la Belgique a yu s,'accompl[r de grandeschoses. Maîs fédific,e dont Ie Congrès a jeté Ie fonde-ment peut s'éIever et s'élèvera encore. Mon sympa,-thique concours est assuré à tous ceux clui d.évouerontà cette æuwe leur iutellig'ence et leur travail. >

Ce discours,. très applaudi, termina Ia cérémonie.

Suppræsio,n du droit de harri.ène sur les routes (1860). Créa-tion de liËco[e de guere. : Iua loi du 15 novembre 1866decrÉb' la suppuæsionç eur les rou.tes do I'Etat; drrdroit' c1e banrièreo entnave orréneuso a;u transport desmarchandises.

Pour per:uebtire à nos ofÊiciers de suiwe ùe près lesp erf e o tio,rrn €ments æp p ortés chaclue i our d a,us I' in s truc-tion et Ia con&uite d,es trouges, uue loi du 5 awil 1868institua llÊeote de gaerre, des-tinée à for"mer les oûfi-'ciers d'état-major.

Enftu, ta loi du 13 j.uin x87o introduisit eu- nuûrelégislation le principe ùe Ia rémunérati:on des mi.lieienrs,prinoipe d'autamt plus juste que-la pluparh dentre euxappartiernuenû à dff' fsrm.itrIes perr aisées.

.:=

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pf:mopm ry'rNsÉrpn:soâùYcn 3,lZ

flouvelles ;réfonmeg ,goshles. - En i'S68, qne ns,urreille

loi postale 'élerva à r5 graurmes tls rpoi{[.s dss fettresor{tinaires. Oelto du 3o ævril r87o ,esrêa la carte.lsbhreet Ia earte-correspund.anoo. lLaaômo 'a,nnée wit I'abais-'se'@ant ile fla taxe ,postefto an taux uniforme 'ele

uo eentimes pour touteslles Sistances.

]nstitution par le roi dtrn prix annuel 'de 25,000 franus(T8t4). - Depuïs quo lq tselgiqno a, conquis son ilcle.pondanee, elle a, Tu naître sur son sol un grand. uombredo gayarrts'illus-tres, cl'ëorivains rgnommés, cl'artistesbrillants.-Les dfforts ûe ceshoannes disfingués ont etépuissamment encouragês p.ar Ia ^fcmtlation, illr lesrevenus pa,fticuliers du rdr, t['un prix annueil t[.o

z5,ooo francs à dâeeruqr .au meï'lhrir ntwrage gibliédans I'aunée sur un sujet belge.

Il faut rendro hommago au sentimsnt élevé quiinspira'au "Ë'ouverain -,ttn '&u-sÊ:l nob,le omploi de 'safortulro"

(Euvre de PAtrique 'centfuïe. Réffiion infurnationatre tle-î876. - En mars 1876, uno réunion internationale cles

présidents des-sociétes géographiques ile I'Europe etdes plus eélèbnes,explorateurs clo I'Afrique fut oonvo-qu.ée'à BruxrlLes yar lss soins -du -roi Léopold If .

Cette r'éunionr'après avair débattu pendant quatrejours un projet de programme à la fois scientifreuo,oomrnersial of hrrmani,tainq formulé par [e ro! clécidala fond,afrion ,de f;6Ûtwne dn l'A,friryae cenfrale, qui,plaoée sorrdË te pafuonago do I'Europe, avait.pour-ro'bjetI'oxp loratio:a. .sd' er,r ir'fi f i qu e,e t la civili sa tiCIrn du sonltinmrtafr,icain;airnsi qlro la-répresuion clie ,lo tr:aifte des lègues.

.tëléhation 'flu dnquantenaire de rrohe indépendance

tT880). - A T'appro'che d.o l"annee rBBo, les tselg'es sedi sp o sèrent à aélébrcr lc cin'guanti'bme %Enivers arire de

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328 cuaPrrnE nouzrÈun

I'indépendance nationale.La prospérité tlu pays n'avaitcessé do grandir pondaut ce demi siècle : I'instructions'était répandue dans toutes Ies classes de la société;la richesse, publique et privée, s'était incessammentaccrue; en même tomps,'au sein d'une paix profondenla population devenait plus d.ense qu'en aucurro autrepartie du monde. Il y avait, dono lieu d.o ilonner à lasolennité qui se préparait le plus grand êclat possible.Le gouverDement prit los mêsures néeossaires pouratteindre ce but. De son côté, dans un discours. pro-noncé à Toùrnai, le ioi invita les Belges à oublier uninstant leurs querelles pour célébrer les fêtes du Cin-quantenairo dans un espiit d.'union et de fraternité._

Co patriotique appol fut généralement écouté.'Aumois d'août r88o, d.es fêtes populaires, des revues de Iagarde civiquo et de l'armée, un granil cortège histo-riquo, etc., furent organigés dans la capitale.

Le 16, une grande fête patriotique réunit à Bruxellesle roi et la famillo royalo, los rnembres survivants duCongrès do r83o, les membres des Chambres et desconseils provinciaux, un graud nombre de bourg-mestres et d,'éohevins du pays, les grands ôo"ps jutli-ciaires, Ies professeurs d'uiriversités, des députationsd.e toutes les légions de Ia garde civique et d.e tous lesrégiments de l'arrhée, otc.

Les auciens membres du Congrès furent d.'abordregus par les Chambres, réunies au palais de la lSation.Tous ensemble, ils se rendirent ensuito au local deI'oxposition où lo roi le$ attendait. Répondant aux-d,iscours qui lui furent adressés en cotto ciiconstance,Léopold II termina Is sien en exprimant le væude voir la Belgique continuer à marcher, d.ans Ia paix,à l'accomplissoment de ses destinées.

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pÉnronu nnnvnÉpnNDANcn 378

Reconnaissanoe de l'État indépendant du Congo (1885). -En février 1885, un Congrès international des puis-sancos, assemblé à Berlin, reconnut l'liliat indépend.antdu Congo, créé par le roi- des Belges, et le déclaraperpêtuellement neutre. Depuis, Léopold If, autorisé

, par les Chambres belges, prit le titro de Soauerainde t'État indépendant dtt Congo dont it fut le chef àtitro personnel (r).

Grèves ouvrières. Pillages et incendie$. - En mars 1886,

la question sociale so rappela brutalement au souvenirdes classes dirigeantes. Une première êmeute éclata àLiégo, accompagnée d'actes ' de' destruction et depillage. Elle fût le signal d.'excès plus graves dans lebassin du Centre et dans celui do Charleroi où d.'im-portantes usines, notamment les verreries Baudoux,furent incendiées après avoir été pillées.

Les fortifications de la Meu$e. - En 1889, le gouverne-mont belge crnt devoir compléter notre système defortifications en édifiant les forts de la Meuse. Gommeà l'époque do Challes-Quint et de tr'raneois I'", lavallée de la lVfeuse reste une voie, militaire uaturellepour les armées de France etd'Allemagne. Jusqu'en cesd.erniers temps; on I'avait laissée à peu près ouverte.

Vivement pénétr6s de la responsabilité que cet étatde choees faisaiû peser sur eux, les pouvoirs publicsont tenu à fermer l'accès de cette vallée à toute arméeétrangère. En conséquenco,-ils ont fait élever le longd.e la Meuse, principalèmont d.ans le voisinage de Liégoet de Namur, une série de forts dostinés à per.mettrela défonse de la vallée contre tout envahisseur.

Grève ouvrière générate. - Une proposition de revisionoonstitutionnello présentée aux débuts de la session

({) Le Congo est devenucolonie belgo én {908.

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38o GgÂPruBm oouruÈlræ

parlernentaire clo i8 g o-r I 9 r par M. ?aul Janson ; d épu téde Sruxelles, fut priso en considéra'tion par la ,.Cham-bre, àl.'unanimité de ses membres. Mais en mai r89r,impatient de ce qu'il-appelait le's lenteurslrarlementaires,le parti ouvrier tlêcréta [a gfève gÉnéralo. 'CeTle-'d,

par laquelle on chorchait à pesen sur les d"éeisions de laOhambre, occasionna to* malheureux ouvriers cle

grandes privations, à l'indgstrie dos pertes énormes.

Réforme constitutionnelle. : En r8$3, la Ohambre ilesreprésentants dêcicl.a qtfif .y avait li'eu â revision con-stitutionnellle. Peu après, une Constituante lut réunisqui actoptait 'lo suffrago universel pour les électiolsgênérales d'après un mode spécia1, dit mode plural. Cesystème attribue aux électeurs une ou deux voix sup-plémontaires quantl ils réunissent certaines cond-itionsdéterminées de fort'une, d'instruction et autres.

Réforme de la loi communale (1895). :- La réforme de

la loi c.pmmunalo, votéo en r8g5 au cours do Ia sessiontparlementaire, adtn et la représentation prop ortionnollolorsqu'un nombre suffisant cte candidats n'ont pasobtenu la majorité dcs voix, D'après le systèmoad.opté, pour amiver à I"a répartition'des sièges, lesm.inorités tloivont avoir atteint un certain çluorrLm,c'esGà-dire un.minimum de vdix .déterminé par la loi.

Applieation de la .représentation prqportionnelle aux élec-

tions générxlss. -

La .Législature de l89g a iutroduitndans les électioas générafujs, le systèmo ds la représen-tation proportiàmrelle qui assure à tous les partis rneéquit-ablo représentation au sein des deux' Clambres.

En 1905 furent eelé,hrées de mul,tiples fêtes on I'Àon-nour du soixante-,qurinzièm e a,nnivorsaire de I'ind épon-dance nationale. La plus mémorable Jut cello- duar juillot, à Bruxelles.

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pÉnropn . u'rt*oÉpnriDANcp 38r

Annex.isn du Gongo" -l L'État indép,eudant du Congofut' I'olojet d'un tra:d:ê d.e cossion à la Belgique leg8 novcmbre rgoTn auquel vint s'ajouter I'acte aitdi-

- tionnel du 5 sra,rs rgo8.,Lo {-novembre rgoS parut un'afrôté foyal fixant an t5 nouemibre !* date à IaquelleIa Belgique devait assumer I'eæerctce de son droit de

, souoerafneté sirr les teruitoires comprenant lÉtat indé-pendant du Congo. À partir de ce moment le Congoest dotrc cict:enu Offectivement eotronie belge.

Mort de [éopold [f. - Ée roi téopolcl II est mort àLaoken Ic 17 décombre rgog, après cluarante-quatreannées d'un règno d.ont le fait le plus. important est la '

' eréation de l'État africain. It eut partioulièrementsousi do seeonder les forces' industrielles et commer-.ciales d.e Ia Belgique en vue d'e leur plus gtandeexpansion.

Ses funérailles, à la suito desquelles son corps futinhumé dans la crypte de I'église de Laeken, ont étéeétébrees le msrsredi za ileoombre rgog.

RÈaxn n'Ar,rnnr I"r.

te prinee Albert de Belgigùe,, neveû du roi défuntet héritier du trône, lui. a, succédé sous Ie nom .

tl'Alhert'lr. Il a fait son entrée solennelle dans Iaeapitale et a prêt6 le s€rment' oonstitutïonnel' le jeudi,z3 décembro rgog; au milieu d'uu enthousibsme indis-oriptible, Dans Ie magnificlue discours quril'prononça,au palais de la Nation devaut les Chanbres réunies etles représentants d.es puissaÉ.ees étrangères, Albert fe"a nettemeut indiqué les idées directrices du règne.gulil inaugure; elles expriment uno orientation nou-velle, puisqg,'elleo attrijbuent an dêveloppement inteL

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382 cEÂPrrRE oouzrÈun

lectuel et moràl de la nation I'importanco primordialequi lui est due.. En voici cluelques extraits (r) :

Do plus on plus, le momont est venu, pour la Belgique, deprendre conscience do ses destinées et de regardor en face lesnéoessités de. I'avenir... Elle est heureusor'ello est riche. Mais'la richesse cr6e des devoirs aux peuples oomme aux iudividus :

deules les forces intellectuelles et morales d'une nation {écon-dent sa prospérité...

Je serai'toujours prêt à seoonder les efforts tle ceux quitravaillont à la grandeûr de la patrie et qui, pénétrés de I'espritde concorde et d'a,vancement sooial, élèvent le niveau intellec-tuel et moral de Ia nation, développent l'éducation et I'instr"uc-tion, assurent à la masse un plus gralrd bien-être. J'aime. monpays. La reino partage ces sentiments d.'inaltérable fidélité à laBelgique. Nous en pénétrons nos enfants et nous évcilôns chez.eux, à Ia fois, l'amour du sol natal, I'amour de la farnille,I'amour du tr"avail, I'amour du bieu : ce sont ccs,vertus qui.rendent les nations fortes.

U. - Givilisation.

Aspect du pays. - Lo littoral belge est solidemeut protégé surtoute son étenduo contrg les saux de la mer pa,r les dunes oupar des digues puissantes qui ont permis d.e conquérir'sur.elles plus de toô,ooo hectares do terres de première qualité(polderc).

Dans le teste des Flandres, le sol est maigre et sablonneux,ùais admirablement cultivé, au point tle portor annuellemoutplusieurs récoltes (par Ia culture tlérobéo).

En Campine, le sol est sablonneux et généralement couvertd.e bruyères. On rencontre pourtant çà et là <le beaux villagesentourés de terres labourables. Le systèno des irrigations a

ctéé,le long des canaux, d'excellentes prairies. Depuis quel-quo temps, on a aussi replanté on Campino des bois où domi.-

aent.le piu sylvestre et lo pin ma,ritime.La oaste plaine ondulée formée par le Brabant, lo nor"-cl clu Hai-

(t) Yoir la Mort et lesfunérailles duroi Léopold' Il; I'auènetnent au trône duroi Albert; quelques documents. Dewit, Bruxelles, 1910, pp. 4,24 eL l%E.

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pÉnropn n'rNnÉpnNrlar.Tcn 384

naut etle nord de la provinoe de Namur comprend d'èxoellentesterres à froment bien cultivées.

Des terres très fertiles, exploitées par la grande culture,_ponstituent les régions da Borinag'e, du Centte et de la Hesbaye,

Le plateau d.e Herue présente une très grande étendue cleprairies et de vergers.

On rencontre beauooup de terrains vd,gues dang l'.Entre-Sam-bre-et Mease of le Condtoz, régions aocidentées, boisées et, peufertiles. Cepentlant, on y cultive Ie fromentsur divers points etI'ugage des engrais chimiques y reud possibles, en beaucoupd'endroits, de bolles et abondantes réooltes.

Plus mont&gneuse, très riche au point de vne forestier estI'Ardewte. L'élevage du bétail y d progressé daus ces r-ingt

. dernières &"rnées, grâce aux encoùragemonts et 6ux moyeus depropaga,nde du giouvernement. Bois et pâ,turages, telles sont lesdeux principales ressoruges du haut pays . L' eneur généra,le a étépendant longtemps de Ie méconnaitre.Il s'y trouve des hauteursde 5oo à 6oo mètnes. I.,,aa Fagnes, terres élevées, froides ethumidesr appartiennent à, l'Àrdenne.

La ftgion laxemboargeotse, située sur la rive gauche cle lahaute Semois, forme une sorte de plateauincliné vers laFrance.Elle est dgs plus fertiles, bien.qu'une pg,rtie importante tlu soly soit encore oôuverte de bois.

Glimat. - Le climat actuel de la Belgique est bion fixé et,contrairemont à cer.tainoq affirmations, ne pa,ra,ît pas se modi-fier d.'uns fagon appréciable. La température de notro pays esttr.ès variable, presquo excessive ù certains mgfuents de l'été etds I'hivor. Les saisons d:r printemps et de l'&utomne y sont ûalcaractérisées., Propriété foncière. - Elle ost aujourd'hui très divisée en Bel-gique. Ls nombre de parcelles portées au cadastne atteint leahiffre approiimatif d.e slx millions cinq oent uiille. C'estdansles Flandros, pays tlq petite culture, que o'ette dilision'estpoussée le plus loin. L'extrêmemoroellemenù du.sol & sos aïan-tages-ot sos inconvénients. D'uns part, la. propriété de la tenela fait aimer par colui qui la cultive et, en retenant lo_campà-gnerd- aux ahamps, olle empôahe Id dépoputation des ca,mp-agnesrâ,u profit.des villes..-Mais, d'autre pa,rt, Iloxeessive division dusol, en rendant onéreuse pour lo petit cultiVateur I'acquis_itiondss môchinés .et_ les :travaùr iI' amélioi''ation un peu irtportahts n

T. Mirguet et Ch. Pèrgameni. - Bist. ile Bclgique. ,tB

lgtq.

Page 390: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

384 CHAPIîRE DOUZIEME

enraie les progrès do I'agriculturs et nous met dans I'impossi-bilité de lutter, Fur le terrein cle I'industrie agricole, contre lespa)'s où les grandes exploitations sont plus communes.

Administration. - PnrNclprs sun LEsouELs REposE rl CorsrrrurroNBELGE. - ro La souoetaineté du peuple. Tous les pouvoirs éma-neut de la nation. Aussi tout mandat public est-ilrévocable.

so La séparation des pouooits. C'est là une importante garantiecontfe Ie retour du despotisme.'Le pouvoir législatif est exerçécolloativement par le roi et par les Chambres; le pouvoirexécutif appartient au roi seûl; Ie pouvoir judiciaire, aux courset a,ux tribunaux. Les agents des ti'ois pouvoirs soût doncsuf fisammont distincts.

3o La responsabilité des fônctionnaires publics. Le roi est leseul fonctiounaire non responsable, mais les miuistres répon-d.ent cle ses aotes publics. Tout autre fcinctionnaire, qui, danSI'exercice de ses fonctions, lèss les iutérêts tl'uu pa,rticulier, peutêtre poursuivi par cç particulier. \

4o L'inoiolabi.Iité de la propriété. Nul ne peut être privé de sapropriété que pour cause d'utilité publiclue, dans les cas prévuspar la loi ot moyennant une juste et préalable inclemnité.

50 L'égalité des Belges deuant la loi. Cette égalité n'est pasabsolue. Mais Ie pr.incipe de l'égalité suppose qu'aucune impos-sibilité fondamentale n'empêeho uu aitoyen guelcouquo d'ac-quérir los conrlitions rriquises pour I'exercice de tous les tlroitseivils et politiclues.

Dnoms nr risnnrÉs cÀRANTrs pÀR LA CousrrruuoN. : ro Lalibeftéindiaid.uelle. Nul ho peut être arrêt6 que dans les cas prévus parIa loi et dans les formes c1u'elle prescrit.

so La tiberté du'traoail. Chacun est libre d'occorder ou tlerefuser son travail. Les ouwiérs ont le dioit absdlu da semottrsen grève. Mais touto atteinte à la'propriété ou à la liberté dutravail d'autrui leur est interdite.

3o Lâ liberté de eonscience et des cultes. Chacun est libre deprofesser Ie culto de son choix, même tle n'en professer a,u.cun.

Ccpondant, le mariage oivil d.oit toujourÈ préaéder la bénétlic-tion nuptiale.

4o La liberté ûenseignemeat On peut enbeigner sans autorlsa-tion préalable, sans diplôme, sans ôtre tenu de se sounettro àl'inspection officielle.

5o Ea liberté ile Ia tfibune et de la presse, La Constitution

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!I

i pÉnronn o'rNoÉprNDANcE 3gs

i garantit à tous los Belges la liber"té do manifester Ieurs opi-!.

' nions en toute matière, sous réserve de Ia répression des d6litsi coinmis à I'oaaasion de I'exercice de cette liberté. La censure (r). ni le droit de cautionnement (a)ne peuvent être rétablis.

60 La liberté tassoeiation et d.e r:éunion.Le droit d,associationest le droit d.e former-des sociétés ayânt un but politique, charirtablo, religieux, commercial, scientifique, rittéraire, d'agré-

' ment, etc. Le droit de réunion ost celui.de se rassembler on nnmoment quelconque. Les réunions à I'iutérieur sont, entière.ment libres. Les réunion's à I'extérieur rrestont, soumises auxlois de police.

7o L'invîblabilité da. domicile et.des lettres. auaune visite domi-ciliaire ne peut avoir lieu que dans les cas prévus par la loi etdans les formes qu'ello prescrit.

Le secret des lettres est inviolable. un oabinet noir. (B) nepourrait être établi (a,nt. ze).

8o La liberté des langues (art. eB). Différentes mesures légis-latives, prises on'oes dernières aonées, ont eu pour effet de

, placer sur un pied d.'égalité de plus en plus complet Ie flamandi. et le français, les deux 1angues prinaipales usitées enBelgique., s" Le droit de pétition c'est le droit de formuler, soit indivi-

cluellement, soit oolleotivement, des v(Bux ou des plaintes, designaler des abus, cle demander des réfotmes aux autoritéspubliques. Par des raisons d.'ortlro, il est interdit à tout pétition-naire de présenter en personne saroquête à lo Chambre.

rl est à renarquer qu'en général la constitution Iaisse libretl'agir, quitte à autoriser la répression des déIits commis dans' I'exercice de la liberté.

* ({) Examen de livres, journaux,'pièces de théâ0re, etc., prescrit par legouvernement avant d'en pormettre la publication ou la représentation.

' 12) somme à déposer par les créateurs d'un journalrpôurgarantir le paià;, ment des amendes ou des domnages-intérêrs auxçels sa rédaction peut tes

exp0ser.(3) Autrefois, il existait généralement, dans chaque capitale, un cabinet no,i,r

dont I'office était do décacheter les lettres suspectès, de prendre connaissancede leur contenu et de les recacheter qnsuitê, avant _d-e" le.s remettre ! leuradressê. Pour échapper à cet espionnage,,les gouverpements adressèrent à

I leurs ambassadeurs des correryond,ancàs chtgri;1es dont on ne tarda pas à' trouver lzclef (le chîffre):'.d'oir l'ëxpressionâecntgræ.Én vue a'empecfieo;àretour de procédés au-qsi malhonnêtes, togtes les Constitutions modernes sti=,pulent I'inviolabilllé des lettres . - : :

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386 OEÀPITRE DOUZIÈME

organisation politique et adminislratlve de la Belglque actuelle' Gouvsr'

" nemènt central. - L; gouvernement central se compo.se du roi, de

ses ministres et de.dlux Chambres : la Chambre des représen'

tants et le Sénat. -"

: Lf nOr. - Iro roi, aïeo se3 ministres, forme le pouooir eæéeutif

(onditaussiilegouvernement)..Leroiestlochefdupouvoirexécutif. Inuiotable et itresponsable, iI ftgne et ne gouoetne pas'

selon la fiction oonstitutionnelle (l), Ie toi ne peat mal faire (z)'

A son avènement, le roi prête, en présence des Chambres réu-

nies, le seruent d'observer la constitution et les lois du peuple

belgo. Il jouit d,une liste oivile, fixée, poul lo présent règae, à

3,3oorooo franos'

LEs tttrNIsTREs.J- Les ministqes sont ohoisis par le roi' Seuls' ils

répondentdesactespublicstlecelulci.C'estpourquoia,uclut_g*"et6royaln'adeforces'iln'estrevêtuducontreseingministériel.

Pour pouvbirgouverner' les ministres doivent posséder rure

'majorité dans les Ohambres' Dans le cas où, ne trouvant pas

unema;oritépourlesappuyer,ilscroiraientavoirraisoncontreèllesn ils pouvent proposer au roi de dissoudre, soit la Chamlrre'

' soit le Sénat, sôit I'une et I'autro à la fois'

Lns cireMsnus - Les chambres sont des assembléos teprésen'

iutin"*, éIeetioes, déiiQaruntes. L'élection de leurs membres est

d.ireete.Les séances des Chambres sont publiçlues'

aucun membre des chambres ne peut être poursuivi à l'occa-

,io" A"! opinions ou des votes épis par lui da's I'exercice do

son mandat.Les Chambros se réunissent spontanément et tle plein droit

chaquo arrnée, le deuxième mardi de novembre. Elles demeù,rent

réuni'es au moins qaarante jours- Gouvernenent provinclal. - Les provinées et les communes sont

a"r-p"**onnes civiles qui s'administrent par I'intermétliaire

ae aZfOgués élus. formant des corps représentatifs. I"e 'gou-

({) Fiction a ici le sens de convention'

iôi ffiiftoooà oo,oi est inyiolable: aqcun pouvoir,potlique or, juiliciaire

o'*'L]tà-rite -sur i"i. L'impunitô est assuiéo à ses actes privés comme à ses

actes politiques (Patria Belgica, t. II, p'.4$4)'

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. PÉmonn n'rNnÉPENDANcE 382

vernoment provincial se compo5e cl'uu eonseil prooincialr-'d'Un6

dépn[ation peîmanente, d'uri gouzeîneur, d'un gtëffi'et'prooincial. _

Lo conseil prooÎneial est uno assembléo électiue et délibérante,

éluo pour quatre ans. chaque année, le conseil provincial so

réunit spontanément et de plein droit, à partir du premier

marcli de juillet, pendant au moins quinze ioury. ses sessions

ne peuvent dépasser qaatre semaines; Il itélibère of vote surtoutes les affaires d'intérêt provinoial. '' :

Dans'les limites établies par la loi, les séanèes du conseil

provinoial sont publiques. Sont publios égalemont los budgots

et les oomptos de la-Province.La dépatation permanente ostune il{légation d.e siæ mombres,

ohoisio pour quatre ans par le conseil, dons sonËein, dt renou:

velée par moitié tous los deuæ ans. C'est uno 4utoritê déIibétante

chargzo de suppléor.le conseil en son absence. Ello est présid6e

p_ar le goaDerneur.IJa, d.éputation permanente d6libère et statue

sur tout co clui concerne I'administ'ration journalière de.laprovince.

Lo gowerneur est nommé et révoqué par lo roi, Il est donc

dans la provinco le.délégué, I'agent du pouvoir exécutif. L'exé-

cution dos décisions du conseil provincial ot ds la députationpermanento lui est confiéo. Àu soin du aonseil, il a seulemont

voix consultatioe, mais il présidela députation pormanento avos

voTx délibératioe.Lo greffier prooineial rédige les procès-verbaux des séa,nces

du conseil et de la dé.putation, gardo les arehives.chaque province sst diviséo en uir aeptain nombrs il'a$ondis'

sements ad.ministtatifs à la têto desquels il y a ul commrssaire

d,arrondissement, fonctionnaire nommé et révoqué par. lo roiet tlui le représente, Les arrondissements se subdivisent en

eantons de justiee de paiæ. Àuoun corps, a,ucun fonctionnairo,nommé Ou.élu, nadministro I'arrondissement ou le canton.

cependant l'à,rrondissement ot.lo .canton forment des circon-

scriptions éloctorales pour l'éleotion des membres des deux

Chambres et celle des consoillors provinciaux.- Administration localo. - La comrnuno n''est pas, commo locanton OU I'amondissement, une simple circonscription admi-

nistrative : ello possède uno indivitLualité propre très puissanto.

Son ad.ministration comporte : lti eollège d.es boargmestte et

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388 CEAPITRE DOUZIÈMN

éeheoins,lo conseil commanal, le secrétaîge, le teceoeur et legarde champêtre ou un corps d.e poliee.

Le conseil communel est une assemblée élue pour huit ans pa,rlos électeurs communaux et renouvolée par moitié tous lesquatro ans. Le nombre de s'es mombres varie suivant la popu-'lation.Il règle tout ce clui est d.'intérêt communtl, solls le con-trôle-du roi et de la clépirtation perm.anento.' Le coaseil cômmunal se réunit sur la convocation du bourg-mestre ou du tfers de ses membres. Ses déaisions doivent êtrerendues public[ues; ses séances le sont dans les limites établiespâr Ia, loi. Le registre aux délibérations peut toujours êtrooonsulté.'I.o seerétaIre communaZ réclige les procès-verbaux tles séaupes

otn en général, toutes les autres piè<les rslatives aux affaires cle

la commune. be teceueur cotnmunal opère les rocettes de lacommune. Toirs deux sont nomarés, téuogaés, suspendas parl'administration conrmunale, sous réserve de I'approbationde ladéputation poimanente.

Le bourgmestre ost un agent du pouvoir central. Il estnommé, suspendu ou téooqué par le roi. Les éohevins sont éluspar le eonsetl et choisis dans sonsein.

Le collège des bourgmestre et échevins tieqt les registres del'état divit, publie et fait exécuter les décisions du oonseil.

Le bourgmosthe est seul chargé de I'exécutign des lois et desrèglements do police; il préside le conseil.

Los commrssafres et agents de police et les gard.es ehampêtressont ahargés.de vêiller a,u respect de la propriété et au maintiende I'ordre; ils dressent les procès-verbaux clui constatent lescontraventions

Les cornmissaires de police sont' nommés ettéooqués pa,r Le roi.- Glasses.sociales. - Lu souvnnÀIN. - Le roi des Belges est letypo aocompli des souverains coustitrrtionnels, Les prérogativesdont il jouit, assez étendues en appa,rence, sont restreintesdans la pratique par la.nécessité do faire contresigner Ious ses

actes publics par ses -inistres. Ses prérogatives ne se bornentcl'ailleurs pas à I'exsrcice du pouvoir exécutif. Elles s'étendsntà toutes los sphères : au domaine législatif, par lo droit,d'ini-tiativeo do sanetion ou de refus de sauction des lois et par ceiuide convocation, d.'ajourrrement ou de dissolution cles Chambres;au domaine jurliciaire, par I'exécution des actes et anrêts; au

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rÉçroon n'rxoÉpnNDANoE 389

domaine provincial et,communal, pa1" le droit de surveillance otd'annulation ite certains actes do la gestion des conseils pro-vinqiaux et comu.unaux.

Ln cluncÉ. - La liberté cles cultes et de leur exercice public. est garantie par la Constitution. Le clergé est absolument

indépendant d.u pouvoir civil (r). L'Etat n'intervient, ni dans lanominatiol dès rninistres du culto, ui dans leurs rapports avecleurs supérieurs, ni dans la publication tl.es aotes de ceur.ci,sauf réprossion des faits délictueux

Clergé eatholique - Le elergé catholique ne possèrfe plus doprivilèges politiques ou civils, mais son influence moraledemeuro extraordinaire en Belgiclue.

Clergé protestant et elergé juif. - Ni les protestants ni lesjuifs ne sont nombreux en Belgique. Les prêtros protestants(anglieans ou éoangéIîqaes) portent le nom de pasfears ou deministres.Il n'existe point chez eux de hiérarahio. Les prêtros

.juifs s'appellent rabbins. Les traitements des ministres duculto protostant ou du oulte juif sont; comme coux des prêtresaatholiclues, payés par I Etat. Parlant des édifices affectés auxd.ifféronts cultes, on dit: les ég'Ifses catholiques, les templespto-testants, les cynag ogues j uioes.

. Ll NoBLEssE. - La nobltisso n'existe plus en Belgiclue, nicomme corps politique ni comme casts fermée. Les titres d.e

noblessé sont puremont honorifiques. Ceux de cheoaliet, d'ofi.-ciet, de commandeur, do grand ofi.ciet, de grand co.tdon, donnésaux membres d.o I'ordre de L6opold, sont porsonnols. Ce nesont du resto pasr.à proprement parlor, des titres de noblesse.

La BouRcEoISIE. - La révolution de i789, en émancipant.lepeuple, aparticulièremont assuré la prédorninance.de la bour-geoisio. En Belgique, I'ancienne noblesso, la . nouvelle et labourgeoisie, constituont ce c1u'on appello les classes d.irigeantes.La bourgeôisie domino, par lo nombre, los classes dirigeantes.fl n'est pas faoile de déterminer exactement ce qui sépare labourgeoisie du peuple. C'est tout àutant I'instruction et l'édu-cation que la fortune. Mais celle-ci procùe plus d.e moyensd'acquérir celles-là.

Lu puupr,u. - Le peuple.ne forme donc pas une caste à part,

(f ) Avec cette restriction importante gue les traitements et pensions desministres des cultes smrt ù charge d.e I'Etat. (Art. { l7 de la Constitution.)

,

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9go cEAPrrR.E oouzrÈu4

en:dehors des classos dirigeantes. Cos cler.nières ne sont pabferméés pour lui of Ïon voit tous les, jours d.es liomtnes sortiedu peuple so fairo, grâce à lour travail, à lour mérite ou à unheù"eux, -eonsours de oirconstances, une placo distinguée ausein des classes supérieuros..

. Justiêe.-i- Dnort PUBLIc.. - n u'J &,, en Belgique, qu'uno lofr'qu'un poidsr.gu'u:le mesure. La soumission de tous au mêmopouvoir judiciaire est l'un d.es caractères fond.arnentaux dénotre dr"oit publio, déterminé ro par Ia Constitutio.n; so par,leslôis; 30 pâr les arrêtés, règloments et ordonnances.

' Resté en vigueur en Bolgique,.le code français a 616 modifiédans plusieurs do ses part'ies par le pouvôir législatif. .

" TBIBUNÀux. - On distingue en Belgiquo plusieurs catégoriesdo tribunaux. Les tribunaux ordfnaires, les t'ribunaux mflf-"tairesr les tribunaux d,e @mmercer les consefls de pruilhommes,los consefls de disciplidede la gatde eioiqae, eto.

Tfibanaaæ ordînaires. - Los oirOonscriptions judioiaires deè

tribunaux ordinairoq sont :

ro Lo ænton de jastiee de paiæ avec nn ûibanal dÎt de simplepolice en matière répressiven de iustiee de paiæ en matièrocivile. Il y eu a en tout deuæ cent diæ-sept. Les juges de pair sontinamoviblos et nommés pa,r le roi. Ils sont a-ssistés du commis-saire de police ou du bourgmestre de la losalité où ils siègent,faisant oTfioe de mrnrstêre publîe, d'un gtefier et d'un àufssfer.

-ze L'anràndisiement jadiciaire, &vec un tribunal dit do pre-'mière iastance (r) ou eomeetionnel (e). Le tribunal de premièroinstanoe est tribunal d'appel d.ans aertainos causes portées'dlabord on justice de iraix ou en simple police. Il y a oingtsiæde ces tribunaux on Belgique. Les juges dos tribunaux de pro-mièro instance sont nommés par lo roi et inamovibles. Egalo-ment inainovibles, les présid.ents ot_ vice-présidents do cos

tribu:raux-sont aussi uommés par le roi, mais sur une doubleliste droèséo par losjuges èt par le conseil provinaial.

Les tribunaux.cfuilc de premièro instance sont composés d'aumoins t'rois juges. Quand le personnol d un tribunal comprondsf* juges au moins, iI est divisé en deax ohambresl en frors,s'il so compose d.'au moin5 neuf juges, etc.

(,1) En matière civile.(2) En mâtière répressive.

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rÉmoon b'rNpÉppNDANcE 3gr

Le personnel des tribunpux de première instaarce comprendencoro : a) les oficiers du ministère pablic : \o procutear du roiet le cuDstiÉut. Nommé; et révoqués par lo roi'ils sont aha,rgés

do veiller à I'exécution des lois et jugoment's, de reehercherd'office les infraetions aux lois pénales of tl'en liwer les a,utenrsà la justicei b1 un iuge d'instraetion (magistrat cha,r-gé do

resheroher les orimes ot les délits, de faire anêter les prévenus;

do recrieillir les ptsuves rolatives à la cause); c') des ofieiersministé-tiels : greffi.ets, aooaés (clont la'fonction-a'surtout pourobjet la procédure : lcur intorvention ost exigee par la loi),âtsÉssfees (pa,rticulièromont oha,rgés d,u servic'e'tlos audieucesido la signifioation des pièces et de I'exécution des iugements);d) enfin dss aoocats, 8d aident les'pa,rties danq l-a défsnse de

lours ca,uses, mais dont I'intgrvontion n'est pas- obligatoire.3o La ptooince, â,vec une cour dassfces. Les asslses se tom-

posent : a) du jurfr'{d, formé de douze citoyens désigaés parle sort, se pronoûce sur Ie foit et juge si I'acousé ost coupableou non ; b) do !ù eour, formée'de magistrats chaæg6s d''applicluerla peine on oa,s do oulpabilité de I'accusé ou do I'acquitter aucas où il e9t tléola,ré non coupable.

{o Les rassotts'de"cour dappe\ &u'tombre de trois : 'G*nil(pour los deuxFlandres); Bruæelles (pour Anvers, lo Brabant etto Eainaut) et Liége Gour Liége., Namur, le Limbourg et leLuxembourg). Les juges des cours d'appol, clui portent le nomdo corceillers, sont nommés par le roi sur deux listes doubles

de candidats. présentées I'une par la cour d'appol olle-mêmb,I'autre par I'un des oonseils provineiaux du ressort. Ils nom'nent seuls leùrs présidents. Outre los iuges ot présidents, losconrs d'appel comporteUt dOs procureurs générauæ, dgs aoocats

généraax of dos szôstftuts duproearear général.50 La BoJgiquo tout entière ressortit à la cour de cassation,

tribunal suprême siégeanù à Bruxelles. Les membres de la'coursont nommés pqr le roi sur'doux listes présentéos, I'uno par lacourr.l'autre par le Sénat (r). Ira cour de. cassation compreri'tlaussi rur procnreur général et deux avocats généraux. Sauf lecas du jugoment des ministros, elle no connait pas du fond dos

affaires : elle se borne à vérifior si, dans I'examen de ces

({) On voit qu'il resto quelEre chose, mais peu do éhose, du principe révo-

lutionnairo de la nomination des, juges à l'élection.

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39s ; cEAPTTRE nouzrÈur

affaires par les tribunaux, les formes judiciaires ont été rigou-rreusement observéos, si los Iois n'ont pas été violées (r).

Tribunaaæ t4ilitaires. - rls oomprennent .sept conseils degrierre clui siègegt au chef-lieu de la province où ils sont établiset uno cour rnilitairo siégeant à Bruxelles.

Ttibunauæ de commerce'ou justice consulaire. - ces tribu-raru( jugent, en première instance; les contestations relatives.aux actes réputés commercia,ux par Ia loi, Les appels de leurssenteirces sont jugés par les cours d'appe.l si la valeur du litigedépasse zrSoo francs. Les membres des tribunaux de conmorce,nommés paæ élection, choisis par les commerça,nts et parmi oux,exercent leurs fonctions gratuitemeut.

'Conseils de'prud'hommeB, - Leur objet est de juger loscontestations qui s'élèvent ontre les ouvriers et los chefs d.'iu,dustrie. rls sont élus, moitié pa,r eeux- ci, moitié par ceux-làn etreuouvelés, égaloment par moitié, tous lestrofs ans.

conseils de discipline. - rls jugent les infractions aux règle-ments et aux lois sur la garde civique. Les fonçtions cle minis-tère public sont remplies per un ofi.eier rapporteur.

Pf.ocÉounn. .- Nous possédons en Belgique de nombreusesgaranties d'une bonno justice. Telles sont : ro Ia publicité desaudiences; :ro I'obligation de rendre les jugements publicsmotivés; 3o I'indépendanae du juge assurée par I'inamovibilité;40 I'institution du jary en maûière criminelle et pour délitspoliticluos et de la presse; 50 I'institution d.o lappel ou recoursà un tribunal supérieur (g); 6o I'interdiction tr'étabrir cles tribu-naux eætraotdinaire$; 70 I'existence d'uno proeédute otale elpablique, sauf clans les débats de nature à troubler Ïorclre ou àblesserles mæurs : ieux.ci ont lieu à hurs clos.

PÉNEurÉs. - Le but poursuivi par I'application des pénalitésa beaucoup varié, oommo nous I'a,vons vu, dans la suite d.essiècles. rl a été suceessivement la, uengeanee ind.iuid.ueile,la uen-

({) L'organisation jodiciaire a fait I'objet de divers décrets et lois : loi du97 ventôse an VIII ({8 mars {800), déæet impérial du 30 mars {808,Ioi du20 avril 48{0, décret impérial du 6 juitlet {8t0, id. du 48 aorlr {810; id. du{4 décembre {8{0, r.or ou 4:eour {832, loi du ? juiller {868, id. du 2B juillet4867, ror nu t8 rurn 4869, réimprimée en vertu de I'arrêté royal du22 féwier 1892.

. (9) tes cas de conflits entre le pouvoir exécutif et re pôuvoir judiciaire sonttranchés par la cour de cassation

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pÉnroon o'rxnÉpENDANcE 3g3

geance colleetiae ou sociale,le châtiment à infliger ou la satilspc-tion à obtenfu pour atteinte portée à I'ordre publie, à la dio;inité, àIa morale ; l' infl.uence à exereer par I' eæemplà. Auj ourd'hui, le butparticulièrement visé esÉ de mettrc let natunes aieieuses daasl'impossibitité d,e naire en les pfioant d.e teur liberté et de lesamend.er en occupanf lears bras et leui esprit.

Il n'existe plus .en Belgitlue clue tr.ois modos de pénalités :

I'amende, les dommages.intéréfs et la pdoation de liberté. Lapeine de mort est abolie de fait.

La p'eino de la ma?que fut abolio par la loi du 3r décembre1849. Lo carean disparut d9 nogre législation lors do- la misc envigueur du nouveau code pénal de 1867.

Pout"être les dommages-intérêts et I'amende finiront-ils paprester la seule pénalité.en usa,ge pour les matièr.es civiles dansles pays civilis6s. Ces peines, en effet, sont à Ia fois réfotma-triees (propres à servir.à I'amendement du coupable); répû-mantes (elles oonstituent popr le coupable un châ,timent);exemplaires (susoeptibles de servir d'exemple). La loi du3r mai 1888 a iutroduit dans le code belge la condamnation eondi-tionnelle. Tl-n vertu tle cetts loi, uue première .condamnationpeut no sortir ses offets c1u'en cas. de nouvelle infractiou ou dgnouYe&u défit.

L'e'mpfisonnement ,et le régime cellulafue. Aujourd'hui, {rnchorcho surtout à réaliser, par I'emprisonnement, I'améliorationporalo des condamnés. La plupart des délits bu des crimes ontleur Èource dans là paresse. rl faut donc forcer les condarnnésà travailler : ïeI est le principe sur lecluel se fonde le régime cel-Iulaire. fl impose aux aondamnés le travailen cellule; des livres-sont mis à leur <lisposition.et des conférences frécluentes. Ieursont faites. Le régimo cellulairp sépare en outre les prisonniersnle jour comrne la nuit. Dans certains cas pourtant, ils sout seu-lement isolés la nuit et dans les intervalles qui coupent letravail, exécuté en commun

Prison préoentiog. - La lôi du ro février r85s avait restreintI'arrestation préventive à des faits exceptionnels : celle d'uso ayril r87( réduisit à trois jours le temps de la mise au secret.

Eætradition. -.L'eætraditron consiste dans I'actiou do lireer

un oriminel, réfugié en pays étranger, eu gouvernement qui leréclamo. Elle ne peut avoir lieu pour délits politiques o.u pou.r.

faits connexes à des délits politiquos.

Page 400: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

3g4 - cHAPTTRE pouzrÈup

' L'extradiûion est un priissant moyen de pré'ûeuir Ie mnl. Elloa répandu I'opinion qu'il u'est possible à aucun criminel d'échap.per à la justice, qu'il n'existe pour lui aueun lieu-de refuge oùil ne puisse ètr'é atteint.

Bienfaleance, institutions de prévoyance. - tors oùvnÈnns. - Enprésence ds la situation matérielle parfois si.misérable desclasses 'ouwiêresr, en_présence aussi de leur.s énergiques roven-tlioations, certaines mesru'es, tluss à I'iuitiativo publique ouprivée, ont été pr.ises afin de dirninuer l'étendue du paupérisrro*Des lois ont. notamment 169lé le travail des enfants et d.es

femmes daas les mines et dans los manufactures. On a créé desasffes, dés crèehec, d.es écoles enfarÉines et des ateliers de eha-ritéoù llon veille surles enfants d'ouwiersl des école.s primaires,des écoles,tadultes, d.es éeoles ménagères, tles écoles inilustûelleeoa agrîeoles et des éeoles professionnelles où I'on's'efforce do lesarmer en vue de la lutte pour I'existenoe. t'assistanco putiliquen'apasl.aissé d.ese développer sous laformo d'hôpitaux, hospiees,r e fu g e s., orpheli tnts, fnef ituf s pour s ourds -muets et aveugles, ete.

En 1886, à la suito des troubles qui avaient agtté, le mondoouvrier, Ie gouvernement créa la Commission d.a ttaoafl dans lebut de lui confior le soin détudier la cond.itlon des travailleurset les moyens de remôdier. a,ux abus qu'elle serait appelée àsignalor. Des déIibérations auxq-uolles 'elle so liwa, soriirentles fond.emonts do'notre législation ouvrièro. En rSga fut crééle Conseil supérieur da traoail, réunion d'économistes, de socio-logues, d.o chefs d.'industrie et d'ouwiers qui se voua à l'étudocomparativo de la statistique du travail dans los principauxpays du mondo. Un aærêté royal en date du re novembr;e r8g(institual'Oftcê du traoail; son objot fut d,o grouper des donnéesstatistiqueô relatives au travail ot do favor.iser le développe-mFnt rle l'épa,rgpe Bar dos réformes qu'olle jugerait oqpor-tun do voir introcluire dans la législatiori. Un arrêté dug5 mai 1895 oréa lo Ministere -d.e I'industrie et d.u trauaîl do.nt,

clépendirent I'office du trirvailr l'administration des'nines et ladirection d.e I'industrie. Ainsi s'effeptuait insensiblement I'orga,,nisation de toute uno série de rouagos spéciaux, consacrés audépartement du travail. On avait compris qu'il était temps.derendge au f,aateur traoail Ia part d.'importance qui lui revenait.

Depuis cluaraute ausoma,is surtout depuis 1886, cle nombrouseslois socialos fur"ent votéos en Belgicluo,

Page 401: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉmonp n'rxoÉPnNDANcE 3g5

Citons comme les plus importantes, outro la loi ctu r3 ma'rs

1865 dont nous reparlons ci.après, leslois relatives &qx soeiétés

coopéra.tii.ûes (r8 mai 1873), an salaire des euariers (rB août 1887),

à I'inspectioq des établissements d.angereuæ, ineommodes et

insalubres (5 mai 1888), an ttavaÎl des femt4es, adolescents et

enfants dans les. établissements indastdels (r3 d.écembre 1889),

aux isocfétés mutualzsles (23 juin r8g4), au contrat d.e traoail(ro mors rgoo), aux pensf ons de'vieillesse (ro mai rgoo), auxacèidents da traaail (z( décembre rgoS) (r).

PENsroNs ET MUTUALSÉg. - Les administrations publiques

ont éJé les premières à s'ocouper tlu sort de leurs employés

âgés ou invalidcs. De là les pensfons ctuiles, militaî.res, eeclé'

sfasffq'ues. Les caisses'depensions en fa,veur de leurs veuves etde leurs orphelins ont été organisees ensuite (t844).

un arrêté royal tle r8{5 a institué une caisse d.e rettaite et de

secours pOur les ouvriers attachéd-aux chemins de fer de'l'Etat.Depuis r83g,il existe, pour.les ouvriers rnineufsr des cafsses de

préooyanee auxquelles la loi tle 1868 aocorde la personnificationcivile. Elles sont alimeutêes pa,r nne retenue opérée, sur lesalaire des ouvriers et par rine solnlne égale Yersée pâ,r les

patrons. Elles accOrdent des pensions via,gères aux ouYriersmutilés et incapables de travailler, à leurs Yeuves et orphe-

lins, aux vieux pa,rents des ouWiers morts victimes d'un acci-

clent.' Eufin, une Carsse générale d'épargne et de tettaite pour les

ouvriers, sons la, garantio do l'Ét'at, fut instituéo par la loidu 16 mars 1865. L'article 1er portâit : < I1 est institué une

caisse d'épargne sous la garantie de l'État. La caisse générale

de retraite, établie par la loi du g -?i r85o, est an'erée à IaCaisse cl'épargne. Elles forment une Caisse générale d'épargueet de retnaite. l

(l) Cette donnièi,e loi est particulièrement démoçratique et tutélaire. Cer-

tains jurisconsultes de talent, lors de sa discussion à la llhambre et au Sénat'

estimèrent qu'elle allait même un peu tOin. Le principe sur lequel elle est

fondée est celui da ûsque. Tnofessionnel et non plus de h tesponsabilité cfuile

sUivant le droit commun. La réparatiôh de'l'accident esl, obligatoire dans la

plupart, des entreprises industrielles, dans les $randesoxploitations agricoles,

dans les grands mag:asins de commerce. Si 'l'ouvrief.-est

en fautea réparation

lui sera due quand même.

Page 402: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

3s6 crtaPrrRn nouzrÈrlrs

Beaucoup cle sociétés matuaristes se sont constituées dopuiÉune quinzaine d'années. La Ioi de rg5r permettait ad gouverne-mcnt de Ies I'econnaîûre à condition qu'ellos eussent un butconfonne à ce quo la loi prévoyait (assurer secoo*" à leursmernbres en cas de malarlier'.blessure, faciliter l,épargne parI'achat cl'objets usuers, etc.). La loi tte rgg( modifia, en r,élar-gissant, Ie systèmo de cette Ioi. I_,a reoonlraissa,ûce légale est unclroit pour les sociétés mutualistes dont Io but est prévu.parI'une des catégories énumérées ; secours temporaires en cas demalatlie, blessures, infi*mités; pourvoir aui frais des funérrailles en cas de d.écès d'un d.es membres; faciliter I'affiliationaux oaisses d'épargne, clq retraite et d'assurances; fournir uneindemnité en crs dè perie et maradie de bétail, en cas tre des-truotion de récortes; faeiliterj aux sociétaires lor.ganisationd'objets usuels, instrrrments de travail, etc. ; consentir rres prêtsà concunence de Boo'fra'cs." euant aux sociétés mutualistesclont le but se rapp'oche cle I'un de ceux indiqués ou clui consti-tuent un fonds destiné à venir en aide aux sociétaires âgés ouinfirmes, le gouvernement a la faculté de les reconnaitre.

Les sociétés de seeoursmutuels reconnues parlaloi obtiennentle droit d'ester en justice, sont exemptes des frais cre timbres etd'enregistrement et peuvent recevoir des clotations.

La loi du ro mai rgoo déclare qu'u'fonâs spéciar de dotationsest destiné par I'Eta,t à la constitutio'de peusio's cle vieillesse.Nul n'est astreint à effectuer des vers€ments à Ia caisse deretraite, mais le versement une fois effectué, Ie go*vernement aI'obligation d'intervenir par voie do primes tl'encouragement.Elles sont versées dir.ectement à Ia caisse de retraite f'our.lesintéressés (r).

on aecorde, en outre, cres alrocations annueiles de 6d. francsaux ouwiers âgés cle soi=.ante-cinq ans a,u rer février rgor et setrouvant dans Ie besoin. Bénéficieut égaloment de ces alloca-tions à mesure qu'ils attoindront r'âge de soixante-einq, ans,les travailleurs âgés d'au moins cinqua,:rto-oinq ans à Iamême date. uue restriction est apportée toutefois à cette règle,dans Ie 'but d.'encourager I'affilih,tion aux mutualités :- (c Lesintéressés, dit Ia loi ctans 'son article 9, qui auront à cette cler-

({) ta loi du g0 aott {908 a augmenté encorele montant des prines pour lesaffliés nés avant 4860.

Page 403: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉnronp n'rNoÉpnNDANcE 3gZ

r nière date (rer janvier rgor) moins de cinquante-huit ans accom-lplis seront exclus du bénéfice de I'allocation si, pe4dant unepérioclo de trois ans au molns, ils n'ont effectué à la Caissegénérale de retraite, des versements s'élevant au moins à3 francs par â,n et formant uu total de 18 franos. n

, I,es cafsses de seeours sont instituées auprès des sociétés

,inclustrielles ou minières. Quoique en partie alimentées par desretenues opéi'éès sur.le salaire tles ouwiêrs associés, elles sontgérées par les patrons, à I'exclusion des ouwiers. Cette exclu-sion, qui no paraît guère équitable, u ê*,ët I'ocoasion de nom-breuses.plaintes.

Les sociétés coopéra{iues sont des associations, industriellesou commerciales, fondées en yue de procurer à leurs membrescertains avantages.-Reconnues aussi par la loi, elles se dis-tinguent en plusieurs catégories :

ro Les soeiétés coopératioes de erédif, comme les banques popu-laires. Outre les versements rles sociétaires, ellesregoivent.desdépôts avec lesquels elles font.cteç piêts à leurs membres.

go Les sociétés coopétatiues de consommation. Elles ont pourobjet I'achat en gros cle denrées ou de ma,rahandises, êt la vente-do celles-ci àux membros cle Ia société au prix cofrtant. L'ouwierassocié se les prooure donc à beaucoup meillsur. marohé queohez les ctétaillants orrlinaires. '

30 Les soeiétés eoopératittes dalimentation. - Leur but estlavente à bon marché tl'aliments préparés.

do Les sociétés coopératiaes de prodaction ont pour "objet

I' expl oit a tior- dî r e ete, e' est- ù-dire par. les travailleurs eux. mêmes,d'une branche quelconque tle commerce ou dÏndustrie (r). Grâceà ces sociétés, les ouwiers peuvent acquérir ou fontler des con.cessions de mines, des ateliers, des usines, etc.

lln.l,v.r,n DEs ENFANTs o.l,lis LEs MANIIFacruREs. - L'ouwier necomprit pas d'abortl quo I'emploi des enfants dans les manufac.tures avait en définitivo potrr conséquence I'abaissernent de sonpropre salairo. L'Etai a 'rtù

së substituer à lui pour. protégerl-'enfance..Aujourd'hui, il est interdit.par la loi d'employor desenfants de moins de douze ans. Le roi peut même interdireI'emploi des enfants cle moins de soize ans et des femmes de

({) D'oir, par oxemple, la formule z La mi,ne aua mi,ncurs, trèb en vogueaujourd'hui dans certains milieux ouwiers.

Page 404: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

Qg8

impôts en Belgique :

to Tous les B'elges soit

cHAPTTRE u'ouzrùun

moins de vingt et un ans à. des travaux excédant leurs forces ouoffrant d'u danger'.1loi du'r3 décembre r88g).

Onpuuw.tts. - L'entretieu'des enfants abandonués inoombeaujourd'hrri.à la sommune.où I'enfant a êtté trouvé et à I'Etat.L'entrotien des orphelins peuvres est à la charge de-la com-rnune où ils sont nés, Le tour ùe Gand, le dernier qui subsistâtencore en Belgique, a été supprimé en 1863;

M.usoNs ou saxrû. -: Autrefois, les aliénés non dangoreuxétaient le plus souvent oonservés dans les familles. Parfois,mais a,gs€z raremont, on les internait dans des maisons spéoialesappartenant, soit aux administrations publiques, soit à desparticuliers; Depuib' des siècles, il existo aussi à Gheel unocolonie pour les malades de I'espèce.. Pendant longtemps, jusque dans le siècle actuel,les coups etIes chaînes furent, dans les maisorrs do santé, Ies seuls mo;'onsthérapeutiques employés pour guérirles personnes atteintes d.o

maladies ctôrébralos. Un illustre philanthr.ope gantois, le doctourGuislain, s'efforça I'un des-prerniers de réagir contro ae d6plo.rable système, La ville do Gand, qui lui a élevé une statue (1887),lui <loi,t la cr6ation d'un'rema,rquable établissement où'sontréalisés tous les progrès d'une science huma,ine et éolairée.

. A Gheol, on tralta toujours les qalades &vec douceur, et coprôcédé'est'universelledent reconnu aujourtl'hui comme étantlg plus efficaee. n y a actuellement à Gheel douze centspensionnaires porll' une population d.o la,ooo habitants. On"croit que la vie des aliénés, libre et tranquilte, en société et au .

grand air, explique les bons résultats obtenus. Uueseooudeinsti-fution de I'espèoe se rsncontre à Lierneux, provinoe cte Liége.- Mouts-orc+rÉtÉ. - Ce sont des institutions où I'on prête surdcs objets meubles, effets d'habillements, marchandises de toutee,spège, etc., déposés en gage. Leurs bénéfices peuvent êtreutilisés en pqêts faits aux, ind.igenôs, sans lntérêt. L'institutiond.es monts-de-piété a été régularisée en r8(8. Le prêt sur ga,ge

est interdit aux par.ticuliers. L'Etat le fait pour gera,ntir.lesbesogneux contre l'usure... Bonrrs en soi, I'institution donne lieu à certains abus gravesqui ont mis plus d.'une fois son existence en péril. j

Finances. - Trois prifrcipes président à l'établissement des

ég;auæ. d.eoant I'impôt; zo

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pÉnroon o'rxuÉpnxDA!{cn r

3gg

d,oit êtrc étalili par ane loi ; 30 eette ûoi-ne peat aooir une darée d,epl4s itun an.

L'impôt est drrect au indircef. L'impôt direct est celui que leriontribuablo lmposé paye directement ù l'agent chargé de leperoevoir. Ces contributions direotes sont I ro la contfibation.foneière (impôtsur lèsimmeubles, proliortlonnel à leur valeur);zo la eontribation persourclle et mobilière (oaleul6e sur le revenuapparent du oontribuable et en pa,rticulien sur le loyer de sonhabitation); 30 les patentes (qui se prélèvent srrr les bénéfieesréalisés par Ie commerce ou l'industrie); 4o la conbibution sarles portes et fenêtres

L'impôt indirect est celui dont I'avanoe.est faite au fisc paæIes fabrieants, les marohands, les voituriers, eto,, mais qui estiadirectement payé par les consomma,teurs. Les lmpôts ou con-tributions indirectes sonsistent, par exemple, dans les droits dedouanes établis aux frontières, ou les droits d'acoises sur lesalcools, bières, sucres, oto.

C.lo.l,srnu. - L'impôt fonoier est réparti sur les maisons etbâ,timents, terres, prés, bois, eto. pour établir cet impôt entoute justioe, on fait, à mesure que'des modifications se pro-duisent, un relev6 de Ia oontenance de ohacune des p'arbe[es etde leur reyenu mo5ren pendant quolques années, Cette opér'atio. ns'appelle le cadashe.

Buoenrs, nxÉconrrs, DÉFrcrrs. - Choque année, le ministre desfîna,nces dresso Ie projet des Téponses à effectuer et igdiqueles recettes (voies otmoyens) à I'aido desquelles il compto y faireface. C'est le badget.

Lorsque Ie budget des reaettes dépasse oelul des dépenses, ondit que le butlget se solde per un eæcéelent, On lo dit en déficitdans le cas contraire.

CnÉort puBLIc.'- Quand certaines dépenses d.'utilité publiqueet d'un caractère pressant dépassent les Iimites indiquées parles recettes du Trésorr le gouvernementpeut.fairei un emprunt,avec I'autorisation det' Cha.mbrès. Les provinces et Ies communesag{ssent de même aveo I'autorisation des pouvoirs compétents.

La dette pnblique est I'ensemble des obligations de I'Etat.Les revenus du Trésorsont, pourune partimportante, consacrésà payer annuollement I'intérêt et I'amortissementdes emprunts.Une cafsse d'amorlissement a été créête on r8{7, grâce à laquelleune dotation de flznlo, consaorée à I'amortissement cl'une dette,

Y. Mirsuet et Ch. Pergameni. - [idt. tle Belgique, 1"4

{9r9.

Page 406: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

,4oo oEaPrrRE pouzrÈvm

sufflt à l'éteintlre en cinquantc-deux années envirou. par.fois.,o'n eonûertif un empruntl en cl'autres termes, on attribuo auoapital nominal tles titr"os un intérêt inférieur. à I'intér'êt initial.Naturellement, Ia valour réelle de ces titres baisse d'une fagonproportionnelle.

Couprn oss oÉpnxsns ET DEs nEcETTEs. - Los ministres ne peu-vent dépasser les crédits votés, ni o1Érer a,ucune espèce detransport (r). Chaquo année, ils çont tenus de préseuter Ieeompte de leure recettes et de leurs dépense.s a,yec pièces justi.ficatives.

La eoar des comptes a, pour mission rle contrôler la aompta-bilité, c'est-à-tlire d'exa,miner of de liquider les oomptes desdlvorses administrations. Aucun mandat de paiemenf ne peutôtre acquitté par Ia Banquo Nationale s'il n'ost revêtu clu ursa deIa eoar des comptes ct de celai de l'agent da Tftsor (z).

FrNâNcEs pRovrNcrALEs ET coMttuNALEs. Comme I'Etat, lesprovinces et les oommunos sont astrointes à des dépenses aux-quelles ellos font faco au moyen : ro de leurs revenus particu-liers; go detaxes spéciales sur. les débits de boissons, sur lesvoitures, Ies pianos, les balconsrles portes cochères, les élgouts,les ohiens, le port tles armos, etc.l 3o de centimes additfonnels (3)aux contributions direotes perçues au profit de l'Etat.

Les mêmes priucipes qui servent cle base à I'administraiionfinancière de I'Etat assurent Ia bonne gestiou des financesprovincialos et communales.

Folos colrMItNAL. - En 186o, uns loi due.à I'initiative deFrère-Orban, alors ministro cles finances, abolit les octroiscommunaux (4). Afin de compeuser pour les oommu.nes à octroila dimiuution qui résultait pour elles de la suppression de cetimpôt, trt. Frère établit, sous lo nom de fo:nds communal, une

(l) Transport, acte par leçrel on affeste tout ou partie d'une somme portéeau budget à une autre'destination que celle pour laquelle elle a 6té votée.

(2) Le vote de la loi surla conptabilitô générale portant organisation de lacour dos comptes dato de 1846.

(8) Le centime ailditionnel consiste en autant de centimes perçus au pro{itde la province ou de lacommuneque le Trésor public perçoit do francs.

(A) 0n donnait le nom d'octroi à un ensemble de taxes prélevées sur certainesdenrées ou marchandises, à leur entréo dans les.villes. Sur Ie continent, I'ini-tiative de l'abolition de I'octroi, gui existe cncore en France et en d'autrespays, fut piise par la Bolgique.

Page 407: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉmonn ntrNpÉpnNDANcE 4orcaisse dont les.revenus devaient être répartis entr"e toutes leseoûrmunes au prorata de la somme des contributions payéespar leurs babitants. Le fonds communal est constitué par unopa,rtie d.es droits d'entrée sur les eafés et cles dr.oits d'acaisessur les vins, eau-de-vie, sucres et bière.

MoNNAIE FrDUcrarRE (r). - La mouÀaie métallique ne pouvantsuffire aux nécessités rlcs grands serviees de I'Etat et auxbesoins des particuliers, on a imaginé la monnaie fidaeîafuefpapier.nonnaie ou billets de-banque). Cette invention peut êtreconsitlérée comrne ['une des plus fécondes du siècle en bonsrésultats économiques.

Ballqun N.lrtoulr,n. - U existe aussi une Banclue Nationale,caissièro cle I'Etat. Fondée en r85o par Frère-Orbaq et réorga-niséo en r87e par Malou, olle crée et garantit Ia monrraisficluciaire. Ses billets, payables à yuo, ont un cours fégat.

La Banclue Nalionale jouit d'un autre privitège : celui dspouvoir employer, sous certaines conditions, les fonds dontI'Etat lui confie le dépôt; mais les placements absolument srirslui sont seuls permis.

Guerre. - La Belgique est un pays neutre, mais ce n'estque cond.itionnellemerrt, c'est.à-d.ire sôus la réserve d'être enmesuro de défendro sa neutralité. De 1à notre armée; de là les

, fortifications d'Ànvers, oelles tle la Meuse, et tout uotre sys.tèmc militaire qui absorbe chaque année nne grosse part doqos ressources.

La force publique a ponr missionr au dehors, de défendreI'indépendance du pays; au dedansn d.e faire respecter les insti-tutions et led lois.

Divers éléments Ia composent: I'arzzée,-la gatd,e eioiqaerlagendatmerie, la poliee, 1* douane. L'ar"méo belge compte, sul.pied cleguerre, envirou cent quatre-viugtmille hommes tlont Iemod.e d.e recrutement est déterminé par la loi (actuellement:ro le service personnel et obligatoire basé sur le prinoipe cl'unfils par famille, supprimant ainsi lo remplacement of eo loseD gagements volontaires).

La cr'éation de l'École militaite date d.e-rft36. Celle del'Êealede gaerre, pout'la formation d.'officiers d'état-major', de 1869.

Oir tlonne Ie nom d'intendanee militaige à I'administration

(ll Fiduciatre, dont la va,leur ddpend de le /oq-de la confianee inspir6e,

Page 408: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

4oz CEAPITBE DOUZIEME

militaire. C'est une soite de cour des comptes qui veille en même

temps à I'approvisiounement des armées, à I'habillement, a,u

logement et au tr.ansport des solclats, à la direction et à l'admi'

niàtration tles ambulanoes, à la transmission cles actes de

décès, etc.A prendre le termo dans son acception éténdue, l'ambulanee

est un hôpital qui suit les armées en campagne et c1u'on installo

à quelque distance.tles champs de bataillo pour pouYoil", saÏ's

trop tle peine, y transporter et soiguer les blessés. Il eristo

aussi des ambul ances oolantes tlont le personnel se rend sur leg

ohamps de bataille pendant la lutte; au milieu même du feu, on

relève les blossés et on les amène à I'ambula,nce où ils reçoivent

les premiers soins.sciences, - Les progrès réalisés dans le domaine des sciences

depuis cluatre-vingts ans sont extraortlinaires: ils ont, à lalottrettransformé ia face du globo. Ainsi que nous le montrerons tout

à I'heure, la Belgiquo a pris une part honorable aux découvertes

seienti ficlues rnodernes.Outro notre Aeadémie royale des sciènees, des lettres et des

beaax-arts, réorgaDisée en r8d5, nous possétlons en Belgiclue uu

obseruatoire, uno aeadémie royale de médecine publique, de nom'

breuses soeiétés d'archéologie of il'histoite, eto', etc'

Cniurn. - Uue d^os applications les plus remarqua,bles de la'chimie est la découvorte de la photographie. Inventée vers r83o

par ^fYiepc e d.e Sai.nt'Yictor, associé à, Dag:aene' la photographie

porte tl'abord le uom do d.aguertéotypie. f)opuis, cette science

a fait de tols progrès c1u'aujourd'hui la photographie,dite instan'

tanée, saisit en une fraction de seconde un oiseau qui vole ou

un cheval laucé au galoP. '

vers r83a, les allumettes à friction remplacent les _ôrtguets,'.à amadoa

on doit à la chimie la méIinite,la panelastite, la robufite,lalyititer.pouclres nouvelles d,ont la puissance égale dfæ fois celle

tlc ta ilynamite et eent fois celle de la poudre ancienne, Depuis

quelque temps, on a aussi découvert une poutlre qui ne protluitpas de fumée en détonnant(poudre sa,ns fumée)'

Puvsteup. - En r88r, un savant physicien français, M' Deprezt

réussit à transporter au loin, au moJien du fit électrique, Ia force

motrics d'une chute d'eau. On est pervenu clepuis à faire un

sembiable usage ds la force motrics d'une machine à vapeurt

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pÉnroon o'luuÉpnNDANcE 4o3

d'uno machine électrique, eto. Les État*-Uois ont songé à appli-quer cettq découverte en répandant sur toute la surface de larépublique laforco motrice do la chute du Niagara.

La déoouverte et les applioations do la vapeur ou de l'éleotri-cité out opéré, dans le moncle, une révolution égale è celle cluifut produite autrefois par I'iuvention de I'imprimerie et de lapoutlre à tlanon.

La vapeur est employée dans un très grantl nombre do

machines'industrielles et tlans les locomotives, sur terre etsur eau.

Depuis Fulton (voir période française), les progrès accomplisen matièro de navigation ont été des plus rapides. En 1838, lasubstitution tle l'hélice (inventée depuis r8o3 par Dalleryl auxroues dans les navires'et bateaux à vapeur a marqué un premioret important progrès dans I'art rle la navigation(r). Aujourd'hui,rle puissanti steamers font, en* moins cle sfæ jours, la traverséerle I'Atlauticlue. De leur côté, les e&press parcourent jusqu àroo kilomètres à I'heure et même davantago.

En agriculture, lesmachinos à vepey fontmarcher des ehar-rrres, d,es fauèheuses, des morssonneuaes, des battease.s méca-niques et des uanst eto. En industrie, elles actionnent des tourset des scies mécaniques, eto. ; elles impriment le mouvementa,ux marteaux géants nommés matteaaæ-pilons, qui forgent despièces d'acier du poids de e5,ooo kilogrammes.

_

Lo télégraphe éleetrique fut inventé en 1838 par l'ÀméricainMorse. Les sigues primitivemont employés consistaient dansune combinaison de points. D'ingénieux développements oTt étéapportés depuis à cette admirable invention. En r8(5, Brégaet,ingénieur frangais, substitua aux points les lettres tle I'alphabet.Les nouvea,ux systèmes impriment jusqu'aux lettres desdépêches.

Des câbles sous-morins ont été créés à partir de r85r : celuide Douvres à Calais date de cette époque. En 1856, la pose d'un.promier eâhle transatlantique, tlû aur efforts persévérants tleI'Amér{cain Cyras Field (mort en :8gz), a mis on communica-tion I'Europe etl'Amérique. Actuellement, des oâ,bles éleotriques

(l) D'aucuns attribuent l'rnvention do l'h6lice, appliquée à la navigation, à

Sauvrge, de Boulogne-sur-Mer (f 788-1857).

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4o4 CEAPIIB,E DOIIZIEITE

sous-ma,rins étabtissànt ites soûrmunications en quelque sortoiastantanées entre toutes les parties du monde. Latélégtaphieeans fiL, merveilleuse inventiou qui supprime lês distances,peut on clire, ost l'æuwo tls Mlnconr.

La lumière électrique (r8{r-:878) teud aujourd.'hui à remplacerpa,rtout Ia lumièro au gaz, comms, oolle-ci a détrôné Lù,lumièreaa pétrole, qui elle-mêmo avait fait abandonner Ia lumièreà l'hr,iile éfrasse. Los pharcs électriqaes éclairent à près de20 lieaes de distanoe.

Àppliquéo aux machinos, l'électricité a produit de puisqantsmoteurs. L'analyse ohimique utilise la chaleur do I'are vol-taique (3oooo),

Le téIéphone, invonté en 1876 par I'Américain BeII, pcrmetleeçommunications oràles aux plus gtantles clistances. En 1887,

tra premier téléphone a reli6 Paris avee Bruxelles gt le serviceen a été inauguré par rm éohaago de politessss entre M. Carnot,présiclent de la République française, et Ie roi des Belges.

Le phonogmphe, irrventé vers 1856, mais rematquablemqrtpor{ectionné par Edïson en 1877, cons€rso et reproduit laparole humaino. Il suffit tlo tourner une mativello pour quo

I'appareil enregistro ce qu'il ententl ou nsnde oo qu'il a enre-glstré.

Le microphone, imaginé par le protæsew Ea.gaes, permet deporcevoir des sons extrêmemsnt faibles. t

Vers rSdo , Thimonier invente la machî.ne à eoailre, qui révolu'tionne ïart de la couture.

Le s caphandr e rimaginé ilès r7g7 par llÀllem and. Rting er, m.uÎe

csnsidérairlement penf e atioané depuis, pemet de des ceudre i us-qrl'au sein des m€rs peu profondes et d'y rester ess€z longtemps.

Bour y faire des observations.MÉonclNr ET cHIRURcIE. - Elles font toutes deux de gra,nds

progrès. finmédecine, orr a cessé d.'affamer'1ss ma]ades par ladiète; on leur donne eu petite quantitë des alimoats et cles reton-stituants. En chirurgie, aux aneslhésiqaes qui, comme lo ehLoro'

fome (r), rendent insensïbles à Ia tlouleur, so sont aioutés lesantiseptÏques (ioiloforme, eaa* Bhéniqa.ées, afeoofisées, ehloru'rées), clui ont pour objet d'empêcher la pourriture des plaies.

(l) te .ohloroforme a 6t6 découvert en {881 9w SovtuTan'

Page 411: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

pÉnropn u'rNoÉpuNDANcE 4o5

On a aussi trouvé des anesfhésiques locaaæ (eocaïne of chlorarede métyle) qui insensibilisent seulemout la portie à opérer.'

De même, l'hygiène ou nét{ecine préventive est cn voied'accomplir tf importants progrès. Aussi la moyenne d.e la vieh,umaine s'a,ccroît-elle tous les jours. De vingt trois ans c1u'elloétait au xvttle siècle, elle s'élève aujourd.'hui à trente-huit,dépassant même nn peu ee nombre.

Pastenr, illustre savant français, a, reconuu quo les urrus sontproduits par tles baeilles, des bactérfes et autres microbes (r). Lemême savant a encore trouvé le uacein du ehatbon des hommes el,des animanæ, celui da eholéra des pola'les et celui dela rage.

Quels horizons nerveilleux les récentes d.éoouvertes de lasoience ne nous ouvrent-elles pas ! En vérité, le progrès se préci-pito avec une rapidit6 d.ont on reste à Ia fois émervoillé st con-fondu. Le sièele présent peut donc, à bon droit, être appelé Iesiècle de la scienco.

Slvlnrs BELGEs. - QaeteleÉ, de son vivant clirecteur d.e l'Obser*vatoire do Bruxelles, a observé ct étudié les étoiles filantes, et,le premier, a sigualé leurs chutes périodiclues du mois d.'aotrt.Les ouvrages de Let;- Eouzeaa, son successenr, sur la physiquo,I'astronomie et Ia.météorologie du globe ont placé .notro paysau premier râng parmi los nations où ces sciences sont onhonneur. Van Ryscelberghe (a) fut un physicien.électricienbelge du plus grand mérite. Chacun connaît les belles recher-ches de Plateau (3) sur I'opticlue. MM. .Sfas, Melsens, Schwara,W, Spfing, etc,, sont des noms de chimistes belges très hono-rablement connus dans le monde savant. I'es VanBeneden,pèteot fils, figurent également au nombro des zoologistes d.e grand.aenom. Les sciences historiquos ont fourni ulre pléiade cl'éruditset d'écrivains ds mér.ito. Qu'it nous suffise d.e rappelerles nomsde Eenne, Gachard, 'Wauters, Yanderkindere, Kurth, Pirenuo,alref incontesté de Ia nouvells éoolo, I'rédéricq, Flubert, Cou.chie, eto. Lo droit et la sociologie ont cluelques représenta,ntsdont la réputation est grande à l'étranger.; tels sont Nys, Prins,Brants, Degreef, Waxweiler, etc.

({) Organisne mieroscopigue dont Ia nature, animale ou végétale, n'est pesbien iléterminée. Il se développe avec uno rapidité prodigieuso dans un $endnûmbre do fermentalions et de maladies.

(9) Mort au mois de féwier {893.(3) $es études lui onl coùté la vue.

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4o6 cEAPTTRE nouzrÈup

Leltros. - L.lncup FRANçaIsE. - Les Belges parleut et écriventgénéralement assez mallo français ; leur plrrase est trop souventlourd.e, embarrassée, obscure. Nous pouvons .néanmoins noushonoror de nombreuses illustrations littéraires d'expressionfrançaise, très estimées en France. Citons quelques noms cl'ora-teurs of d'écrivains remarqriables. Orateurs : Castiau, Del-hoagne, Fûre-Orban, Jaeobs, Janson, Vanderaelde, Hymans,Woeste, etc.l littérateurs polémistes : de Fré, Oct. Pirmez,de Laueleye, Goblet d'Aluiella, etc.; romauciers z Coomans,Camille Lemonnier, Caroline Grauière, Georges Eeekhoud,E. Demolder, Louis Delattre,,etc.; poèùes : de ^Stassarf, lVacken,Van Easselt, Antoine Clesse, Emile Verhaeren, Albert Giraud,Rorlenbach, etc. MÂunrcn MlnrrnLINcK mérite d'être cité hors pair,car il s'es-t montré éerivain génial, au point de vue lyriclue etdramatique, aussi bien dans ses æuv-D€s au; caractèro philoso-phique quo dans cellss où il exposait ses théories esthétiques.

Luicun waLLol{NE. - La littératuro wallonne a de même fourniqueiques noms distingués : Defrêcheux, Dolarge, Ant{ré Delchef,Joseph Demoulin, Remouchamps, etc.

l,eucun FLArÀNDE. - Après la r'évolution de r83o, il se goduiten Belgique une ré'action, parfois plus vive.en paJ's flarnandqu'en pays wallon, contre tout oe qui rappelle le régirne hollan-dais. On s'enprend surtout à la langue néerlandaise. Cela clurequolquesannées. Cependant, dès r83{, commencent à se mani-fostor les symptômes d'une renaissanoe flamande. A cetteépoque, il se forme à Gand et à Anvers des sociétés dont I'objebest d'enoou&g'er la oulturo de la languo flarnande.

En 1836, le roi Léopotd Ier fonde un prix destiné à la meilleuredissertation sur I'unité orthographique de Ia langue nécrlan-daise. Deux congrès d.e linguistique néerlandaiso tonus, I'un àGantl, I'autre à Anvers, donnsut suocessivement leur adhésionà l'orthographe néerlandaise ot, en 186{, le gouvernementadmet définitivement celle-ci comme I'orthogràphe officielle :

les deux au remplacent la voyelle longue oomposéo ue,' lesdeux aa, ae; y ost remplacé par r7, etc.

Le Willems-Ilonds, fondé en r85r, essa)'e de centraliser lesefforts tentés en vuo de faire servir la langue flamande à l'éman-cipation intellectuelle et politique du peuple. Dans toutes leslocalités rur peu inportautes du pays flamand, cette sociétérnsûtuo des bibliothèques, organise des lectures, des conf6-

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pÉnronr o'rNnÉppNDÀNcE 4otrences, des leçons, etc. Â"tous égartls. ello a rendu de grandsservices. Le Daaids-Fonds poursuit, depuis 1877, un but ana.Iogue par les mêmes moJ,'ens.

En ces dernièr"es années, satisfaction à peu près complète aété accordée aux griefs légitimes cles Flamands. ils ont succes-sivement obtenu : les actes adninistratifs réd.igés en fl.amand(loi du es mai É68); la jastïce.rendue en fl.amand, (1878) ; l,ensei-gnement fait en fl.amand (Ioi du 15 juin rB83); enfin, l,institutiond'une A.cadémie fl.amande à Gand (loi rtu 8 juillet 1886).

Le mouvement flamand a protluit une véritable légion d'écri-vains tle mérite, tant en prose c1u'en poésio lyrique. Lo pluspopulairé d'entre eur est rrenri conscience dont les ceuwes sonttraduites non seulement en français, mais dans Ia plupart clesIangues de I'Europe. Pàrmi les plus remarquables littér.ateursflamands clont notre pa)'s a Ie droit de s'enorgueilIir, nous men,tionnerons : \Albert Rodenbach, E. Eiel, Antheunis, GuitloGezello, Eugo verriest, stijn str.euvels, Gijssels, pol rle }Iorrt,Ch. Van de 'W'oestijne, eto.

Ll pnnssr. - Depuis r83o, la presse s'est complètemeut trans-

formée. aujourd'hui, elle ne s'adresse plus seulernent.à I'hommepolitique, mais aux personnes de tout sexe, cle tout âge, cletoute conclitiou. voulant se rendre clo plus en plus intéressante,eIIe publie des feuilletons, des articles scientifiques, historiques,géographiques; les cours des bourses et d.es marchés. D'autropa,rt, elle insère des annouces, réduit ses frais généraux et cle lasorte, augmente ses bénéfices.

Des revues périodiques paraissent aussi, de plus en plusnombreuses.

La presse est absolument libre en Belgique.Enseignement. - En son article 17, la Constitution belge

porte :

L'enseignement est lîbre; toute mesare préoentiue est interdite;la répression des délits n'est réglée que par la loi.

L'enseignement peut so rapporter à trois clegrés i l'enseigne-me nt supérieur, l' e nseignement mo y en, l' e nsei g ne ment primair e.

rl y a Iieu aussi de tlistinguer entre l'enseignement public etl'enseig'nement prioé, L'enseignement public est celui qui estorganisé par l3tat, Ies provinces ou les communes. on donnele nom d'ensoignement privé à oelui qrri est fait par desparticu.liers ou par le clergé. L'enseignement privé dirigé par le cler.gé

V. Mircuet et Ch. Pergameni. - Hist. do Belgique.tgt2.

14.

Page 414: V.mirguet - Apercu de La Vie Et de La Civilisation Du Peuple Belge

I,l

4oB $flaPflD&Û DoguÏmllfm

oatholique a eeul do I'imçmrtousrc e;rr Belgiqlrc- Oe clergÉ gos-sèd€, à tous les dogræ, nnn mseigrneroeot mmçùet.

EttsptcNnunNr supÉntrun. - Il est fsrtsn€aû organisé en "BeÊ.giqus où,il se dmnç danirç gwa:tre sain*'sîtés dunt deiux rnniver'-

sités ds I'Eita,t, étabties â Gand st ù I"Ëûge, eÛ deu.xunivensités-Ub$es (à Bruxefi'os eÛà j[.,otr.ain). trl eoanporte sn outre l'trltstittrtagrieale de Gemhlsuxr l16cele adériwÏrc de CuregfoÊm, l' Irrd ÏIl;teomsterrcial d'A:nvereo \'-fieriLe eles,rztÏnes ds Stlons, un -[ndff.rf dpshautes étuiles à llruoltæ.

tr a loi de r8&5 sur l'*mssignomont earyÉrieur sYflit imstituêI'examen universitaûre, rennguila,eé sn. 1855 paæ la gtadlaat uxlettres. Cetrlo de 1876 obolit lo graftlart et at@bus aux univBsisi-tt4s lo dnoit ds collation des ga"ados. I,a lori de l8go suborqionna.

I'admiecisnr aux rmiversitéÊ à un €xa;uren d'entnee ou à la pos-sessûom d.'urnpertiflieat horaologué d'études rfiro;r€nnss conplétes.

EtssEIc,NfiûtENT goYEI{. - f,,'gi11ssfr'gnernerr't moy,en cle I'Etat.a été

organisé'par les loie d,e r85o st tle r88o. La loi de r85o avsitcréé d.ix athénées at, cinquanfe écoles anoy@aûes de garçons. En.

r88oo l'Ets'û arngmenh, le nombræ des a,tibéû{ôes et dos écolesruoy€rrrî.es porr gq,rçons ,û .?frân';rnr re,ætain nombre d'éco eçlnoy.sjnxr€s de fil.les. IÆ,Io,[ de t88{ a, lédstit le nûmlbce des mneç

ct'd,es aul,ree.ENsEtÊNF,uEtfl[ rnIùuIaF- - L'a CoursûitrÉion proola,me la ]ibert6

absolue do I'enseig:remenÉ. CstÛe lilrefto æt d'a,bord fatale èl'elsoig:ro.ment pubilio. I,"flûet sux1prirns l'éoole norm.ale de'

I,iorro. De leur côté, administrées par dospensoollesignorantes,un bon nombro de eommntss FelrYoient trpuls instiffiearrs- Eln'

outreo iI s'ouvre un grand noùbre d'écoles privées. Qunieonquosait un peu lire of éearinen û'o rielr à fairo gi se voit dénué dereËsour€ôs, F'i@gllovise maitre d'écolo. Après avoir e'nsoignêl'hiver, le maître se trouve sans oocupatiorr l'été : parfois aloæil ço donrrs çom@o fonoti'oll eu1upilémeute,irs Belle do pâf,rCI de læcom murre. D ans oq*aîsûos ilo m,lités, on ao Sariû pas de traitemerytà llinstiûqtour : pelui-@'û va sue.soçsiveuBnt Gla,ng€r, uns 'semaine

dum,nû, dans la fmillc do,elm€tm do sssélèves.J.,a pùuparû du temps, Ies écolos rna,m'Eu'slrt dlu oiaf,érisl indis-

ponsajblo, Ires ellames so tienlent daûs un li.ro quoleo:uqul'e' Éorr-

veft dan6 uts ebamlrle arreo an besoin dsns flo,s gga3gp."htoæé5"daa6 uno plato gÉméralcmelrt insudfisa,nto, [oÉ ûille's nêlées auxgsr,ggrstr les étrèvss brill.snû eurtouÛ par lonr' indisciptine, où la

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' pÉRroDE D'INDÉeENDANcE 4og

v€rge ou lo fouet fonctionne saÈs relâche. euelquefois, les pÏusgtands s€ névolt€nt, rendent coup poup ooqp; alors la clnssedevient Ie théâtre de scèues iutlescr.iptibles. Décour.agés, reubons institutenrs chsrctrrent 'd'â,utr"es positious et il n'existebientôt plus en tselgique d'ensrcignemert primaire digne cle eenom.

Ce triste ,état de ohoses dure douzs ans. La néesssité d'une loiorga,nisant I'enseigaement prfunaire est à la fin si pressante, si.unanimemsnt réclam6e, qu'un projet déposé par les nrinistres,en i842, est toté à peu près,sæns opposition par la Chambre etle Sénat. En voiei les artielles les plus irrportants : ro Il y a danschaque comûlune, au moine une 6cole primairo iustallée dansun local convenable; .* 'lorsclue, tlans une loealité, il est su{fi-samment poupvu aux besoins tle l'enseignement primaire parIes éeoles privées, la commupe peut être clispensée rle l'obriga-tion d'établir elle.nême une écote; 30 le programme porte sur lesmatières suivantÆS : religion et uorale, lectol'e, écrittrre, sys-tème légal cles poids et mesures, calcul, la,ngue fiaupaise, fla-nrande ou. allomande; 4o I'enseignement dte Ia religion est donnésous Ia diresfion des m'inistpes du aulte pnofessépar la.majoritr6cles 6lèves.

Cette loi a été motiifirée delruis par les'lois de rB79 et de r8B{,En rBG6, la Législature vote une loi por.tant organisation des

éeoles d'adultes.Aux termes de la loi cle 1879, Ies instituteurs sortant des

écoles normales privées perdaient, à parûir de r88l, Ie droitcl'entrer dans I'enseig:rèment officiel ; tou;t en antorisant le prê-tre à faire àl'école llenssignement religieux, elle lui en refusa,itI'entrée à titre d'ahtor.ite I un article de la loi rayait la reUgioudu programme des écoles normales offisielles. Ces clausesdétermînèrent Ia vivo oppositioa faite à eetto loi par le otergéeatholique.

La loi cle r88{ a soneacré trrour les rûalmun€s Ia litrerté tl'orga-niser à leur gré I'enseiguement pi{qraire,.do !.,étendre, ou de lerestreirntlre à, certaines li'nites, indiquées par Ia loi. L'ensei-gnement religieux esb faoulta,tif dans les écoles communales.Les communès, les provincosr les partiouliers peuvent instituerdos écoles normales et en obtenir I'acloption par' I'Etat.

outre les écoles dont uous veuous cle parler, il cxiste encoredes écoles indasfuielles, dos écoles profeesiowteiles, d.es écores

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4to oEÀPrrRE nouzrÈun

tapprentissage, cles écoles ménag:èreo, cles écoles ele laiterie, etc,Enfin, Anvers et Gancl possèdent des écoles gratuites de naui-

uIîJ;rm o'Éruors. - La loi .o" te" boorses ct'études, votée en

, r86d, a placé I'admiuistration de ces boulses sous le contrôledo I'Etat.

Beaux drts. - Ancstrncrunn. - Jusgu'ici, notre siècle, pas plusque le xlxe, n'a procluït de style uouveau en architecture. Lesarchitectes contemporains se montrent fort éclecticlues, imitantou combinant tour à tour I'art grec et I'art romain, le stylegothiclue et le stylo renaissaSce, non sansles mêler parfois aveaune entière absence tle règlo et même de goût.

Cependant, I'emploi clu fer dans I'architecture permet de clon-ner aux cogstructions nouvelles un catactère d'éIégance inoon-testablc. On est d'autre part sorti clès voies corinues clans laconstrnction clu Palais de justice çIe Braxelles, à propos duquelM. Vanderkindere a éorit : << Lê matér'ialisme de l'époclue donnele gofrt de l'énorme (l). o

La restauration des monuments se poursuit de nos jours avecun zèle intelligent, (Hôtel tls villc et, maisons cles corporations de

Ia Grancl'Place, à Rruxellcs; étlifices publics etprivés à Anvers,Bruges; Palais cles priuces évèques, à Liégo, etc.).

Parmi les étlifices et travaux d'art exécutés en Belgiqueclepuis r83o, nous citerons: les Bourses de Bruxelles et cl'Anuets;les Conseroatoires cle Braxelles et d'e Liége;l'école normale de

Bruges; |'école communale de Ia place da Vieux'Matehé, èt'

Bruccelles; la Banque t\ationale de Bruxelles et celle d'.r{nuert ;le Palais de justice et'celui rJes beauæ arfs, à Bruæelles ; la syna.gogae de Bruccelles; l'église Sainte-Marie, ù Braxelles (une tlesplus belles æuvres architecturales de l'époqua); l'église de

Laelten et celle cle .Sarnfe'Catherine, ù Bruæelles; l'abbaye de

Maredsous (pr'ès cle Dinant); la colonne du Congrès ;le barragede la Gileppe, etc. On voit quo les moruments civils clominentdans les constructions architecturalés moclernes.

Pnnrrunu. - La révolutiJn do r83o trouve la peinture classique

en pleine possession de la faveur publique. Le chef cle l'écoleest Daoid, ce peintre français émigré ti Bruxelles, dont il a <téjà

(4,) Histoi,re contemporaine, p. 385.

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pÉmopn u'lNpÉprNDANcE 4rtété questiou dans les cleux pér'iodes précédentes. Naoez sera Ierepréseutant belge le plus tlistingué tle l'école.

Avec Wappers commencc la grantlo cluerelle dep classrques etdes romantiques. On reproel:c aux premiers la froide correctioncle Ieurs toiles, tl'où ils excluent presquo systématiquement lacouleur. Les romantiques introduisent claus leurs compositionsplus de liberté et de houvement, peut'être un culte moins reli-gieux de la ligne et du dessin. Ils en rcviennent aussi au brillantcoloris tle I'écolo flamande. De Keyzer, Wiertz et Gallait al)par-tienneut à l'école de Wappers.

L'éeole réaliste ou naturatrste prétencl copier avec sincérité Iaûaturo et se renclre inrlépeudante cles systèmes et des maitres.Dlle apparait avec Leys, ver"s r8(8, et se continue avec llladoa,Alfred ,Steuenso Slîngeneyer, Alfred Cluysenaar, Van Beers,De Braeckeleer, De Groaæ.

La peinture sur faïence jouit do quelque rlogue eu Belgiclue.Au contraire, la peinture sur vi.traurc est fort abandonnée.

Sculprunu. - La sculpture belgo oontemporaine atteint unscertaine hauteur dans les ceuvres de quelques.uns de nos sculp-teurs et en particulier dans celles cles frères Geefs, de Simonis,Fraikin, tle Vigne, de Groot, Cattier, etc. ElIe aussi est entréedepuis quelque temps tlans sa période réaliste et naturalis.teavec lcs V i nçott e, les Mi g no n, les V a nde r st a ppe n rles lll eu ni e r, etc.

Mustçun. - L'école cle musique belgo est tr'ès r"emarcluablepar son importance et le nombre clo scs artistes, compositeurset virtuoses. Nous citerous seulement les noms de .Fdfi's, cle

Petet Benoit et tle Geoaert, parmi les compositeurs; ceux cÏe

^Seruais et tle Vieuxte.mps parmi les virtuoses.Lo goût de la musique est très répandu en notre pays. Il

n'existc guère de localité cle quelque importanco clui n'ait aumoius sa société cle chant, d'b.armonie ou do faufares.

Nous possédous cluatre conservatoires (Bruxelles, Liége, Gand,Anvers) et cinquante neuf écoles cle musiquo subsicliées.

Agriculture, industrie, commËrce. - Acntcul,ltRE. - Les dunes sontformées cle collines cle sable rnouvant où ne croit généralemeutc1u'unc végétation rabougrio. Néaumoins, oll rencontre, mêtueclans les dunes clu littoral belge, certainos parties cultivées pro'cluisant le seigle, la pomme cle terre, le navet et uu peu cle foiu.

Telle est Ia feltilité cles nouaeauæ poldets c1u'ils peuvent pro-duire s&ns cngrais penclaut quarante à cinquante ans. Los

V. ùlireuet et Ch. Pergarneni. - Hist. tle Belgique.lgtz.

t&..

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4rz CEAPITBE DOUZIEME

aneiens se reposont rurc ca,mpagrro tous les ddr$ ans et, cettieannée-là, reçoivent une forts ftrnure.

L'étenduo d.os exploitations ne dépasse généralement pas[I hectares dans los Flandres. Ànssi la cultru:o y estclle au plushaut degn6. intensiue. Le trnysan flamand .recuoille le furnier dsforme avec urr soin oxtæênÀe, Fa,qgpréjudico do I'emploi d'autnceengrais qu'il achète.

A'"x- enyirone de Di.xmude, ou ad,mire tle ôdtrec prairies où le6étail vit'nuitet jour en libonté, ùo mai à,nauembre.Le beanted,e Diæmade jouit cl'une grande renomm,âo.

Il oxiste, arrtout de 'Warncfon eû &o .llenoieflo des evltutesi.mportantes ele tabac. Les environs de Poperinghe et cl',4losfsont répuiés ponr la, eulture dtt haublon.

La, Campfne, pa"ys' de potite eultur-e, forrrrriÈ un ôeurre trèsapprécié. On s'y livreo sur une grande échellen à,1'éducalion desabeilles, cluin en cetto oonfulée'de bruy,èresl ûourlnissênt un rnfelexsellent.

La graldo aultur"e triomphe tlane la aentre ele lt Belgiclue,c1ui, produit'surtout lo froment,le ælza el*La,bettetaue'. La dtai-nage et, l'enploi ùps machines y sout font, en houneur.

La production du frament e.t cle 7,a hettetaue domine dans IaEesbaye,l'une des r'égions lss pltrs fertitres de notre pa-]s,- C)'n

y fait usage dos procédés agri'coles les plus perfect^ionnés.Les prairfes du pa;'s cle I[eroe rrappellent, par leu-n fortilité,

celles des environs ele Dixrnude. Un irétail nombreux y paîtaussi, nuit et jour, cle mai ànovemhr& Le beurre deHæuecoo.-serve, sa bonne fenomméo. Au contraire, la réputation de son

fromage, autrefois si estinoé, semlr'le déproitre.La culture d,e l'épeaatre elomiire en Gorrc{ros, Q'est, un pays

de grando cultute, où les' pr:ooéclés-arglriooles font cles pro-grès.

L'Ardenne aussi ost uf pays riche, nais en fo,rêts et en pâtu-rages; l'élevago clu bétail y remplace peu à pou la cultur:e d,u

fromelt, dont les essais n'ont pas été très heureux. Néannoins,!'aaoiner l'épeautreo Le seigle, La pomme tle tetre y sont relative-ment procLtrctifs.

Au mfcli de la Semors, on constate une culture plus avancée.T-,e fromenf et le méteil y remplacent brusquenent l'épeautre etïo seiglé." Le nonbre des moutotts dim.inue en Belgique. Il semble en

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I

pÉmoun n'rNoÉpmrDANcE 4t3êJr"e de nôme de celui. des e/reoaaæ. -&u. contlaite, Ie nonhne desporcs et des bæafs pam,it eug:rn€xrter sensiblommt.

En,résumén Hiuôustrie agdcote, importante et diffieile' entrotoutes, a réalisé ele grnnds progrès rl&ns aeftpè pôys rlcpuis cin-.e1uanteans.

Sur un, gramd, nonbrs de poinisr. I'aseolcment et un bon.s1rsfêare derotàtian,ont remplacéle s5rstèmo d,e Ia jachère, seulpradqué autrefois..Non æuLemett on a rsrûonc6 à ce systèflosuramné, mais pour suptril.éqtr:arl trasail des bras;.trop lent ettrop eoôteux, on. rçoourrt à Ia mÉcaniqua, c'est.à-dire auxmachines" agricoles : fanchensesl moissonneug€s; machinsg f,battre; eta. Grfce aux progrès de la ohimis, on est parvenu àrêst":Âtuer à lp terrs cnrùains prineipes dont les récoltes I'appau-vrissent et que Ie fir,nie"r or:dinairs ne $rffit pas à Ini uendre.L'appUcation intelligente du drainage et, cle I'irri,gation, tra,

cnéatiom des pnoirtæ antifieieLles,, enfin- I'a,pplica,tiou: clos pin-cipas rationnetrs do [arootech,nie au trrerfectionnemeni dos faces,ont permis do réaliser d.e notæblo.s pogr'èsu

L' instituti on d e d.ive"rs ét abl i sso m en ts. d' insf,r'uatiou. spéei al e aégalerynent,exeuoé uno asti,ou dos plus utidcs"au nroint, ele vue doI'amélioration cles procédés agricoles. Il .existaiû un Insiituia'gricole à Êem.hloux, rlns Ecole d'ar.bori,sulture à,VilvoEde, uneEeele dhorticulture à Gentbrwg:ge. On vierrt d'introàuire I'e,n-seig:nenent de I'ogrieulture à I'Univeusi,t6 de Lourrain et dansun certain nombre d'écoles moyennes, Diverses écoles moyeruresspéciales d'agriculËune ont éûé ouvertes, des eouférences'sontfaites urr peupar"torlt pan des ingénieurs. agrieo,Ies, desnédeoinsrr6-térinaires' olr; des instiôuteurs nu:ri* de diptômæ s1Éciaux.Enfin, I'enseignement agr.icole a éttêt fortilié dans les éeolesuormales, X'outes ces mesures témoiguent cl'uu lnouvcûrent tr"èsvif dans le sens de Ia rénovaûion eomplète des théodes et clospratiques agri,ootres en notre pays.

fNuustnlu. -

Lo &r'dre'estla boissoû par excollenco d,es Beliges.On peut évalrrner ù 160 ll'fres par habitarut Ia consomm'ationmoyenno annuo l'e qui den fairt, elans nrotre paJs. Cepeuolant labière belge n'a pas' généralement gagnré en nrérite clepuis uneqgarantaiue d'années ; I'applioation dela chimi'eà sa fabricationlui a enlevé, dans un grantl nombre de cas, ses qualités d'au-trefois.

La chicotée est, un autre procluit alimentaire cle gran.d,e oon-

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414 cHAPTTRE oouzrÈun

so'mmation dont Ia fabrication est àes plus importantes onBelgiquo, surtout aux enyirous cle Lessines.

Nos sucrerfes fabriquent auuuellement plus tle 75 millions dekilograrnmes de sucre, dontuous exportons les deur.tiers.

L'industrie linière a toujours été prospèro en notre pays qui,depuis tr'ès longtemps, jouit de Ia réputation de fournir les plusbolles toilos du inonrle gntier. Nous exportons chaque annéedes toiles pour.go millions de francs. Dépor:.rvues de sels cal-caireso les eaux de la Lys passeut pour ètre tout particulière.ment propres au rourssage (ù da lin et au lauage des toiles,

La fabrication d.es dentelles est aussi très importante enBelgique. La ilentelle de Malines se fait au fuseau. Celle deBluxelles, dite aussi application, se confecti<inne'ù, l' aiguiile, etappliquant les fleurs de Ia dentelle sur un réseau. La dentelleconnue sous le uom de ualencienne.s se fait au fuseau comme Iadentelle cle Malines, mais en une seule fois. Elle est à maillestondes ou à maflles canées. La ,kntelle noire de Grammont sefalrriclue au f.I àe coton ou au fI d.e soie.

Veroiers est, en Belgiclue, le pr"incipal centro de I'fndustriedes laines, dont nous exportons chaque année des tissus pour3o millions de francs.

L'une des plus impor.tantes inclustries du pays est l'industriedu coton, dont la matièr"e première nous est surtout fournie parles Etats-Unis et les fndes orieutales, Gand en est lo principalcentre.

La Belgiclue est un dos principa,ux paJ's houillers de I'Europe.Peut-être nos houilles sout.elles inférieures en qualité auxcharbons anglais, nnais le prix en est aussi beaucoup rnoiusélevé.

L'industrie du fer, celle tles machines et des armes, ainsi quecelle du afnc, prospèreut toujours en Belgiclue.

La coke remplace le charbon de bois dans les hauts fourneauxet les fonderîes. L'æuyre des marteaux-pilons s'est-substituéeaubattage àla main dans les ateliers, renclant ainsi prodigieu-sement rapide le travail de la matière première. Cependant, onne se coutente même plus cle ces puissants marteaux à ya,peur.

Partout où I'industrie clu for est active, ort travaille des masses

(l) Àction de trcmper le lin dans l'eau pour faciliter I'exLraction de sapartie ligneuse..

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pÉnropn u'lunÉpnNDANcE 4t5

clo plus en plus considérables d'asier à I'aide d'appareilshydrauliques. La révolution opérée par I'emploi ilu marteau àya,peur dans Ie travail d.u fer n'est rien à côté de celle que

viennent d'y produire les engins nouvea,ux, I'eau fournissantune force pour ainsi dire illimitée. Uus machine h5'drauliquofabriquée à Leeds dans ces dernières années no pèse pas moinsde { mitlions de kilogrammes. Cot outil colossal est mis en

âction par des pompes cl'une force de a,ooo ohevaux-vaPelrr.Les oenerfes, les eristallefies, Ies glaees sont également au

nombre clo nos plus florissantes intlustries. L'importance de

nos fabriques de papier et cle nos carfières de marbre ou de pietreest cle mênre tles plus considérables.

Contntpncs. - Protectionnisne. - Le régime de la protectionconsiste à imposer les marchauclises étrangères à leur. entréedans Ie pa)'s en vue de favoriser les inclustries nationales. Ce

régime est évidemment désavantageux pour le consommateur,car il â, pour résultat définitif de faire payer toutes choses à unprix dépassnut le taux naturel dans le système du libre'échange.La prospérité de certaines inclus'tries, obtenue par la protection,est donc tout artifiaielle. D'ailleurs, la protection provoque cles

représailles nuisiblos à la généralité cles habitants clu peys.Enfiun le système proteetiouniste est rarement favorablo auxprogrès dos intlustries parce c1u'il Ieur enlèvo le double stirnu-lant de la nécessité et de l'émulation.

Libre-échange. - Le Ptr régime du libte'échange consacre'la liberté absoluo du eommerce aYec I'absenoe tle tous droits, à

I'entrée et à la sortio, sur les produits agricoles et industriels.Il est le seul régime économique rationnel. En 186r, cstimantqu'il est de'l'intérêt tl'un pays industriel comme le nôtre de

voir diÉparaître les ontraves apportées au commerce par lesdroits de douane et de transit, Frère.Orban inaugure lerégimo nouveau en signant avee la Branco un traité de com'merco libre-échaugiste. A l'intériaur, par la loi du 15 no'vemble 1866, il décrète la suppression du droit do barrière surles routes de I'Etat. Jusclu'ici lu, Bolgique, malgré I'attitudeultra-protectionniste de quelclues autres paJ's, reste à peu près

ficlèle à ses principes libre-échangistes. Àussi notre commerceextérieur est-il extraorclinaire. Le croirait'on? il équivaut auxtrois ciuquièmes de cèlui de la France et dépasso aelui doI'Italie et de la Russie.

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4t6 cEAgrTBiE oggslùîfio

tr'grnus ut MlncuÉs. - Les foires ,eû maa'ehés sont rrombredx enBelgiqne. Ces decdfls ont lîou .ehaquo sem.aine dans toutelocalité do quelqno imtrrortence. Les foiros n'olr$ plns les pro-por.tions cldelles ont oues au moyetr âge. Généraloment, ee ns,sout plus que tles foires aux chevaux et aux bestiaux. Les.autres foires se eonfondsut d'ordinaire aveclafôte cle eertaineslocalités; eo sonÉ do simples réunions d'acrobates, do "saltim-barrques, d'ambulnnts de toute.espèce, On ns s'y rend plusguère que par tlésæuvxement,et ejlles ne se soutiennent que par.I'habitude

Exposrutgns IrNIvERsELr,Es. - Las expositions universelles des,procluits cle I'ind.ustrie et des-créations de l'art ont aussi grqn-demeat contribué à Ia tliffusion des procédésindustr.iels et à laprospérité ,fl11 cgmmerce. La Betrgiclue ,a ouvent sa premièreexposition univorselle à Anver"s, en 1855. Bruxelles en a ,erf,

plusieurs,.dont la derniètre,.eello de rgro, aéié très remarquable.PnospÉnrrÉ lrarÉRur,Ln DE r.A Enr,orCIun(r). -La double prospérdté.

industriolle et eomherciale dont nou.s â,yons joui en Belgiqued.epuis r83o tient à trois cs,uses essentielles : ro l'âffuanchisse-ment de I'Escaut : il errtre aujourcl'hui,anauellernenû dans lepont d'Anvers qu,a,f,re millo cinq eents navires dont le.tonnageest en général beaueoup pllrs consi<ildrable que oelui des naviresd'autrefois (e); ao la eréation de nombneus€s voies de commwnication; $o I'adoption des principes du libre-éohango i 4o la,modisité des tarifs de tronsport poun les voyageurs et tres.rnar-clrand.ises.

Moynrs DE TRÀtisponr BT vorû6 DE toMMttNIcATIoN. - Les eoncli-tions du commeree sont radicalement transtormées depuis unsiècle. Le progrès des moJrers do tnansport et des voies ilecommurrieation o été l'ageut le pltrs actif de cstts tralrsforrma,-tion.

Au oommsnoement de ee sièoler les seulç moyeûs de transportétaient encope, sûr"terre, la diligence,lo tor.lageet les message-rfes; los nauires à ooile sur m€r. Nous &vons aujourtl'hui les

(f) 0n consultera avec fruit sur crs questioùs z La Belgigae (1530-1.905J.

[Insiitutions, ildustrie, commerce]. Goemaere, {908.(9) te tonnage total annuel peut être évalué à 4.600,000 tonnes. En .1891"

ce tonnage total a été exactement do 4,684,899 tonnes. Il a été de9,398,503 tonnes en 1904.

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l-TI

pûmops n"mtsf;iru:so-*t{cr 4ttehemins de fer, lw tramaays ëIeeffiqa+s, les setamo-bîIes, les

batealux àoapeæt et les st'earmers.

A'l4'mfuo époque; les routes.ûæFes et lo pilus souv.ert ma,î.-

va,tsss, sur 1esqusll+s on percevatt iles droits'de barci.ère,\ægrands cours tl'eau et quelques canaux formaient les seulss'

voies de comrun?eation. Lescrvice rles postes n'existaitpu,s ou

étaitmal'ôrgaaisé. Les uessngorflos, eharg'ées ile ce senrieer lofaiisalisnt a,vec psu. dte régularlté.Ea ontro, qdeonque reeevait

, urellotûre itevfiit pw5rer, porrrle port, rrne somnrc variahle, mais-toujours relativement élevée.

Jusqu'eu 1835, le service ttes postesno s'améIiora guère. Il ne

coûtait pas alors phrs tle 6oo,ooo franss par an à I'Bbat. Dans lesgrantles vÏIles, il n'y avait qu'une ilistribution quotidienne.Dans les villes cle second oritre st les eutres comnnulsE ,les dis'tributions ne se faissiert que tous les cleux, trois ou cJnatre

jours.Auj ourd'hui, notre pu,ys est'oouvsrt ds routes''inno:nhables

et bien entretenueË, sltrÏ€squetrles'on"a oess6 clo percevolir rmdro-it clo barrièr-e; tte cana,ux æÉ de drrières eanalfuées; de

shsn:hrs do fern ile têlégraphes,et ûetélé$hones, clo:rt le serviceest admirablement urgiunisé.

Les eæpress frrÉe?zrafionanæ et ilen grænd.s sfeamirrs à vapuur'cnrt aussi faciilit6.et tsnôlu pIæ rqiides les eo:nmunications à

longues distaîces. centaites vïIles €tnangères, il existe des

ehemins de fet soaterrains (àLoatlres, à?a,rûs) ou des ehemins

de fer aêriens (à tr{eiw-Ysrk). Un cfhedn te fur eout, au'cles'sus du Saint-Laqrrsntrsur rsl polt auspendu d'u.neincroyabloharcliesse

[.,1:invention ttru fizlbre-grcste pæ l'Anglaiis Rowland€ill,vors r8i[o, adlopté en Bdlgique d.es 184g, €t Tétahlissemsat de

I'ulion poÈtale (r)univerxelllo, e:r 1878, ont,'tltautre part, singu-' lièrement faôilité les relations natiolra,leË et internationales.

Vb dsmssilique, coritumes et mæurs. - I$gtnnntlnn. - On cullgoit' à 'peine 'aujorrrithui lle boite st ils -îrr"mger sans 1o eafé et les

pornmoo de 'tewe, aÏimsrlts pruu 'ospfo5;*es snsore au'dièslo'demier. I* eafé sulaît"pour iléjemsr e# tr'eË répandu. 'Gen'

(l) 0n sait qu'elle stétend à tous les pays civilisds. Pour tous les pays deI'union postalo, Io port d'une lettrc orrlinaire no dépasse jamais 95 centimes.Les cartes-eorresponilanse à dûstinatitm tte"ees pays sB paient {0 centimes.

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4r8 oEAPTTBE oouzrÈun

tainos porsonnes Io remplacentpar le ehocolat ou le.cacao; tfau-tres, moins nombre-uses, pa,r lethé,Le dîner comprend toujoursau moins un potage, des pommes d.o terre et du pain. Danstoutes les classes de Ia société, I'aliment'ation est géuéralementsaine et obondanto.

vûrnunnrs. - Los souliers of les bas, Io ahemiser.Ie col et Iacravate; le pantalon, le giletet la veste ou Ia redingote; lepardessusr. ie chapeau do soie ou tle feutre aux formes variées,sout aujourd'hui les parties caract6ristiques de l,habillementdes hommes à la ville.

L'ouwier des campagnes remplaoe Ia veste ou la redingotepar la blouso, très longuo en Flandre, no dépassant pas le genouenpays wallon; le chapeau, par la casquotte; souvent aussi,Ies souliers pâr les sabots ou les galoches..

Quant aux'vêtements des femines,il sera;it fort difficile, sinonimpossible, d'en suivro, mêms de loin,les rapides fluctuations.Do r83o à r85o, elles portèrent sucoossivement de rargesmanches dites à. g:igot, des chapeaax à eapotes (de

, cabriolet) ; des

boas; l'éeharperlo châle of surtout lo châte cachemfue, otc. Ellesse coiffèrent à Ia girufe (à grand éobafaudage! à ta vierge,en tire-bouehons, etc. Le règne d.es eheaeux à la ehien finit àpeine. L'empire de l'invraisoùblable crinoline dura vingt a,ns,do r85o à r87o.'aujourd.'hui, los costumes ont une tendanooà la fois artistique et réalisto qui rappelle la mode de I'anti-quité ou oelle du premier,Empire.

Le parapluie etl'omlitelle se sont seulemeat vulgarisés depuisr83o. < Yerys r8eo, dans bien d.es localités, le parapluie de deuxoutrois citoyens obligeants servait à toute la population. Il està peino besoin de rappeler Ia fome imposante de ces meublesau manche eùjolivé de cuivre estampé et dont un massif a,nneaudu même métal suffisait à peine à copprimer Ia reùondissantearmature. u (Lours Hyuexs.)

Hasrfâ,rroxs. -,Il fait plus propre dans les intér'ieurs campa-'gnar"ds du nord du pays qu'en. ceux de la région méridionale.L'extérieur des habitations, généralement blanchies, y. affecteaussi un aiÉ plus gai, plus riant. Bôties de pierre grise ou

- brune, Ies maisons a,rdennaises ont un aspect plus sombro.L'intérieur n'en est pas aussi universellement bien tenu, cepen.dantn los habitants de tout le pays font preuve aujourdùui,jusgue dans los derniers villages, dans la construction et l,amé-

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pÉmonn o'rnnÉprNDANcE 4tgnagement do lours habitations, d'un. aertain goùt et d.'un yifsentimsnt du confort.

Moùu,Bn. - Cet instinct tlu bien-être et même du luxe semanifeste aussi dans lo choix des meubles. Dans les localitésIes plus reculées, au sein des plus petits ménagos, le mobilier aperdu son ca,ractèro de simplicité primitivo et témoigno d'uneévidente rocherche.

EclarnÀcs ET cnauFFÀGE. - I-,'éclairage domestique à I'huilegra,sse a fait place àL'éelairage aa pétrole ot, à,1'éclairage au gazqluc l'éclairage électrîque paraît en voie de détrônor dans cer-tains ceritres.

Le chauffage au Éofs a presque complètoment disparu. On seohauffe généralement au charbon de terre, quelquefois à latourbe, plus rarement au gaz orL àt,L'électrieité.

Voy.tcns. - L'aboudance, la rapidité, le bas prix dos moyensd.e locomotion ont répandu le goût des voyages &u point quo desd.éplacemeuts considérables sont entrepris, en partio de plaisir,par do modestes ouvriers. Les trains rapides, dits aussi parfoistrains-éelafrs, ont des wagons-lffo et des wagons-restauranfs quiont supprimé la fatiguo pourles plus longstrajets. Depuis 1883,I'orient-eæpress fait le trir,jet d,e Paris à Constantinople ensoixante-quinze houres.

Jnux nr DIyERTrssEmENTs. - Aucun des jeux anciens n'a été toutà fait abandonné par les jeunes générations et plusieurs autres,,d'origine anglaise, tendent à so répandre chez nous. La Saint-Nicolas est toujours florissante et populairo chez les bébés,petits et grands. La btrcho et I'arbre de Notll, les. étrennes dunouvel au, le gâteau des Rois, otc., jouissent ct'une faveur quine parait point décroître. Mais la Saint-Grégoire et la Sainte-Catherine, fêtes dos enfants autrefois rgligieusement observées,semblent'tombées en désuétude.

On fête avec plus d'entnain que jamais les kermesses locales,souvont agrémentées cle foires, de conoerts et de festivalsbruyants. Les courses tle chevaux, celles do bicyclettes, lesasconsions de ballons, les régates, les concours tl'aéroplanes,constituent l'élément obligé et I'attraôtion d'rrn grand nombrede ces fêtes.

Le carnaoal a perdu ses qualités d'antan. Il n'est presque plusactuellement qu'une occasion d.'orgies, peu d.ignes d.'u.rr siècleéclairé.

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4po OEÂPITR,E DOUZINrWN

Los villes d'eaux dites thermales ou minérales et les plagesdes villes d,o bains do mer sout de plus en plus fréqueutées à lasaison d'été.

Les crâ.mignons et ses pasquêfes sont joués et chantés avecentrain à Liége. Les dimanches et jours de fête, ou voit seformer dans les rues de certaias quartiers, des ohaineç dejeunes gens et de jeunes filles qui, se tenant par la main, ser-pontent par les rues en capriaieux méandres, entrent, tlans lesmaisons of en sortent, toujour.s chantant quelque chanson, à lafois humoristique èt satiriquo, souvent trop grivoise,.dite par Iochef de file et dont tout le groupe répète en chæur le refrain :-cs sont des crâaûgtwns. O:r donne lo nom de pasgaèies (pam-phlet6) à des rondes de crâmigaons ou à des poésies satiriques,tlites ou chantées.

Citons de même,parmi les jeux les trùus usités actuellement,Iesjeuæ de cartes, de loto, de dames n d.o doaûaos, d.e bîllard, d'échecs,de f,rfctrac, da qailles, de balle; les conco'urs de pigeons et depr'nsons, otc.

Mentionnons orrcofe c€s socïétés de ehant, d'hatmonie ou cle

fanfares qui, plus nornbreuses peut-être qu'en aucuu autre paysdu monde, ont remplacé, d'ailleurs peu avantrgeusemeut, dausnos villes et nos bourgs, les sociétés tle rÏétoriquo tl'autrefois.

UI. - Gonsid'ér'ations générales et vue d'ensemble.

Sur le terua.in des relations extériem"es, notle neutralité estrecoruruo etgarantie pa,r les grandes puissq,noes. Néanmoinsr lapruclenee nous conseillo de ue négtiger â,ucrl.ne mesru"e défen-sive pnopro à nous pelmottre de résisteÂ' énergiquement,s'il le fa,llâit, à toute agression. De 1à, les dépenses milita,iresconsidérables auxquelles nous nous'astreignons.

Àu point de vue éaononiquq après être d'abord tombée, p&rsuite cle la séparation,.dans une certaine langueur, Ia Belgiqueest peu àpeu entrée dans une voie d'éclatsnte prospérité, grâ,ceà ses ressoux.ces eû à I'activité d.e ses habitants, grà,ce surtoutà I'applioation tles principes du libre-éehange. Aujourd'hui, ellepeut être fière do la place qu'clle. oc€upe au sein des nationsles plus avaneées so'us l€ rapporû de la civ.ilisation matér'ielle.

Dans lc domaine do la potritique interieure, læ ilùu.sions q&ûcertains hommes politiques belges s'étaient faites, en r83o, çur

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pÉnronn otNnÉBnxoexon 4zrIa possibilité de maintenir I'union entre les pantis, ne tarclèrentpas à so diesiper. Consommée vers J84o, la rutrrturo so fût_pro-.duite beaueoup plus tôt sans la sr?,inte d'une restauratioahollandaise, toujours très vive jusqu'en.r83B. Mais les luttesdes partis, blen que souvent artlentesr'restent pacifiques etcaatonnées sur tre terra.in légal.

Un ehapitre nouyÊâu de notre hls.toiro ndûioaalo s'est ouvert,en r8gd, por I'avènonrmù à la vis politiqu.e des'couchds pro-fondes de la démocratie.

Depuis r83o, les clessw bourgeoisoa avaieat conservé laôiceetiou exelusivs des afiaires publiquos. Il faut considérersleur passage arf,E affaires comme ayant 6té I'un dos stadesnésessâ,ires de notne évolution politique. La tutelle dos classes.dirigeantes n'a pas été inutile aux elasscs populaires; olle leula permis do se prdparor -rsengiblEment, par I'effet d.'une instæu.c--

- t'ion de plus on'plus répandue, à Ia pl,eine jouissanoo dos droitstrlolitiques.

* On peut donc esporæ quo, mriries pàr l'&ttonte, les irouvellesclasses électorales saurontr poul. le plus grand bien d.e tous,faire un bon usago de Lours.droits nouyea,ux; {tu€ lour aations'exorcera, dans un esprit de paix, de-modération et dg vér'i-teble progres.

Ainsi, avec larévolution do r8Sornons a,vo:R{t retrlris, sn mêrrstemps que notre indépendance et notrre vie propres, lès tradi-tions glorieuses de l'époque communale. Comme si elle avaitpuisé une ardeur et d.es forces nouvelles dans le so-rd

, do deux cent cinqua,lrto ans qu'ello dormit du xvr. au xrxr siècle,la Belgiquo marche aujourd'hui d'un pas résoln yers uno harrteoivilisation intsllectueille et materiellen et si que.lque eataelysmeimprévu nevientr pas surprendre sesprogrès ouI'abattre défrn|-tivement, on peut prévoir pour élle le plus brillaut avenir.,Depuis une trentaine d'années, la Belgique n'a eessé cle

prospérer. Tous ceur qui ont joué un rôle effeotif lors d.e I'or-ganisation dos fêtes du soixante.quinzièms anniversaire do.:rotro indépendance, I'ont proolam6 à maintes reprises, con-statant ce que les statistiques d.émontraient oatégoriquement.Un puissant mouvement en faveur des idées d.'expansion, auqueltre aongrès de Mons n'est pas resté étranger, n'& pas laiss6 do sedessiner sous I'impulsion do Eéopoltl II, secondé par d-es

b,ommes de haut mérite. On a fini par.se reudre compte do la

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4zz

néoessité impérieuso_ dans laquelle se trouve la Belgique do so

créer dos débouchés au dehors pour" le placenrent et I'utilisationde ses produits; or a compris qu'il n'était pas admissiblo qu'ellefût la vassale de l'étranger pour leur transport et leur mise en

valeur. Des relations actives se sont établies aveo la Chine,I'Afriquo centralo et mérid.lonale, les tloux Àmériques, de ma,'

nière à constituer patiemment et sur les bases do I'expérience'des oentres dévoués à notre patrie, a,u moJien de l'union et tlugronpernent tlo nos nationaux. Cette prospérité n'est p&s Ie faitdo guelques-uns. Fllo est duo à la collaboration intelligente etindustrieuse de nos vaillantes classes ouwières et d.e notre éliteintellectuelle.

Lo perfectionnement moral a préoccupé également les pen'6ours of les gouverna"ntsl des @uvrcs nombreuses, de nature à ycontribuer, ont été fondées dont la converg:eûce prod.uira dans

I'avenir des résultats certainement -appréoiables; le développe-

ment do I'instruction et l'éducation de la jeunesse apparaissentde plus en plus comme un merveilleux facteur de progrès.

RÉsuuÉ srxrnÉrrgun DE I-À pÉnIoDE n'tNDÉPENlmcn 1l8ao a Nos rouns).

l. Reconnaissance de la Belgique par les nations européennes enqualité d'État autonome, indépendant èt neutre.

2. Aceord des unionistes de t827 jusqu'à la signature du traité dæ

XXIV drtînlæ (1S59)parle roi Guillaume. Leur séparation en deuxgrands parl,is qui, depuis lors, se sont assez régulièrement succédé aupouvoir (vers 1840;. Haut degré de prospérité et de civilisation auqueltes Belges sont parvenus, grâee à leur intelligente activité et aux res'sources naturelles du pays.

5. Époque nouvelle inaugurée par la revision constitutionnelle etI'adoption du suffrage universel avee vote plural ({89f). Les loissociales contemporaines.

CEÂÈITBE DOUZIÈME

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TABLE DBS

'A.- Époquemérovingienne . .

B.-Époquocerolingiennet . . . . : j...-.ll.-Ciuilisaliott....... -;'.;.....tII.-Yucd'eniemlteitcsnsneræionsgénbatcc. . :. .,. . ..p

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424

nI. - Considêrations génfual.es et aue d'ensembJe

TABTJE DEs MATrÈnns

-l

CEAPITRE V.

Pérloile féoilale.

l, - Les laits . .Régime féodatl origines, cereotèros, conséquences. .

Origino, organisatton et accroissilment des grands ffefs do laBelgiqnc pendant le xe of le xp sièete . . . r . ._ . .

ll.-Qiuilîsofron.. . . .

, CHAPTTRE VI

Pérfofe fdodo-comnnnale.'

Part prise par les Belges aux.croisadesL -'Lec comrnut es belges . d .ll. - DeæIoppenent du régime comnunal pmdant Ie XlIe, Ie XIIF

etle Xl7esi,è,ale. . o . . . , . . . . . .

A. - Comté de Flandrs. . ', .

B. - Duchês de BÈabenl et da l.tmbourg " . . .

C. * Comt6 de flrinaut, . . r. . .' D. - Évêché do Liége

.Charte d'Albert de Cuyok. . . . .

.O. - Comté, puis nârquisat de Namur . . . ., . .. .F, - Comté, puls duc[6 de Luxembourg . . . :

_ Edaalité cnffe lawblesse dæ ai.lles et les, métiers auXlVosièole. o . ,,. ;. . . F ? ' , ,

n Lutte d,es communes- flarnandes conti,e In Franæ mtXIVesièeIe. . ;-. , ': .

Jacques Van Arteaelde , ;

il.-Qiailùsation. r-o r e . . . . r. . : .,IV. - Qonsîd.eruttons générales et avc d'etsem,ble .

'CHÀPITRE YIT

P értr odo bo"grgnlguolrne-anrtrlchtenne.

A,- Époque bourguignonne . . . .

PÀGES

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6&de

,92

97

4,t74,17

' ltzL

t284,ffi{28Lzs4,99

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{3?t42

.{40

470

i77', B. - Époque autrichienrie . . .. , ZOz

. I.-Règnedeùharhs,Quint:. . . . ., r . .. . . . 9106

_ t:Il-Ciailisation,.. "..'. ... ZtgIU. - Organisatîon adniiniatratbè, judiai,aira et finahcî,be d,e nos

provbtces. . .' . . ,. | . . . . . . . . r . , . . . .IV.-Qoraiilér'ationsgénëralesetitned'utsqnhla. . ^, . - . . + .

22023:7

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TABLÉ D;Es MATrÈnrs

. ,-JGffû3IÎRE VIII

'Pdrtode eslngnole.

I. - Réaotutïon @t-XYl9eiàcle. Ses eau,t*. Faits tes plus'ntarquanæ ,lI.-Ctu;t;cotîllv.-', . .--.-'-*.o':.j . . . . . . . . .

ilt r :- Canctilérations générotes-A'ottc ûenan*Ia, . ., .! '-- -

CEAPTTRE IX

Pértoile sutrlchlouno.

R6volutiôn brabangonno. ..

Il. - Càvilâsation.

III. - funsid.éîaçione ghtëralæ et.aue diena_anble . ,, .

CEAPITRE X '.-

pdrteite frençetre.I.- Lesfqùtgr . .-. :-" U. - Ctvilfraiion,: .

- III. - @ræidêratiow gétQalcs et aue d,Wamble . . . .

IU. :- Consid,érattans génôra\es et t'ue d,ensgnble !

. CH.TPITRE XII

Pdrtodo il'lnhéBendanco.l7 - Les .faits . ',

Règne de Léopolil ler.

: -Règne do Lôopold II. Règne d'Âlbort ler.

ll.-Civilication.. ... i....'.. a

n. - Qonçtilêrations ghéralns et uue d,cnscm;ble

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