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Xavier COADIC

L'ALCHIMIE AUTREFOIS

HORVATH

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A m a mère

"Un mystère d'amour dans le métal repose" Gérard de Nerval, Les Vers Dorés

Copyright Editions HORVATH 93/95, rue Vendôme

69006 LYON

I.S.B.N. : 2 7171 0969 2

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L'alchimie, Notre-Dame de Paris.

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INTRODUCTION

Une histoire de l'Alchimie se révèle très délicate à écrire. On sait

tout et rien sur ces Adeptes. On doit se poser un certain nombre de questions :

Que voulaient-ils vraiment ? Créer la Pierre Philosophale ? Ou se voulaient-ils plutôt des « philosophes », amis de la sagesse naturelle dont le seul but, loin de basses contingences matérielles était de se per- fectionner moralement et psychiquement ?

Quand apparut nettement la différence entre une alchimie purement matérielle et une autre strictement spirituelle, ont-elles coexisté ?

Quelles furent les origines de cet Art, a-t-il évolué, ou est-il resté immuable ?

Où trouve-t-on, de nos jours des reliquats alchimiques ?

Existe-t-il encore des Adeptes ou sont-ce de simples « souffleurs » ?

Toutes ces questions et bien d'autres encore méritent d'être posées. Trop d'ouvrages, se voulant des exégèses de l'Art sont incomplets, ne savent point décrire les mutiples variations d'une alchimie multi-millé- naire, et ne sont que mille redites de la recette pratique du Grand Œuvre, d'après des schémas toujours semblables. Je n'ose écrire que je pourrai répondre à tout mais je pense avoir essayé de me donner quelques limites nécessaires qui peuvent faire de ce livre une synthèse efficace de l'Art des Philosophes.

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LES ORIGINES

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Avant d'aborder les origines géographiques et temporelles de l'al- chimie, exposons en quelques lignes ce que différentes lectures nous ont appris en ce qui concernent l'Alchimie et l'Adeptat. Le sujet étant vaste, il convient de le cerner le plus précisément possible afin de mieux l'expliquer par la suite.

Le véritable alchimiste est d'abord un Adepte, plus attaché à com- prendre les mécanismes occultes (cachés) de la Nature qu'à réussir la transmutation du plomb en or. Berthelot l'a dit : « L'Alchimie était une philosophie, c'est-à-dire une explication rationaliste des métamor- phoses de la Matière ». Ce mot « philosophe » que se donnaient entre eux les adeptes paraît étonnant, mais ces amis de la sagesse n'en vou- laient point d'autre. Voici la définition qu'en donne le dictionnaire her- métique de W. Salmon (Paris 1645) : « Philosophie : nom que l'on donne à la science ou art qui enseigne à faire la pierre philosophale ».

Il faut garder à l'esprit une notion primordiale si l'on veut saisir la « Philosophie » dans son ensemble : tous ces chercheurs croyaient en un Dieu créateur, celui qui dans la Bible a insufflé la vie dans le corps d'Adam. Ils voulaient recréer ce souffle, appelé « Spiritus Mundi » ; transformer du plomb en or n'aurait alors fourni que la preuve de la réussite des recherches.

Ce souffle divin se trouvant présent partout, comment pouvait-on l'acquérir, le retrouver et le reconnaître ? Les méthodes divergèrent et c'est ainsi que se multiplieront de bien nombreuses voies vers le para- dis des Adeptes.

Les deux principales furent la voie de l'expérimentation pratique et celle de la recherche spirituelle. Elles pouvaient converger. De toute façon, encore à notre époque ce cheminement long et compliqué n'est pas accessible à tous, peu d'appelés et encore moins d'élus... La route se fait généralement seul, même s'il arrive qu'un Maître engage quelques laborantins ou éduque un disciple. De temps en temps quelques adeptes peuvent se rencontrer lors de réunions. On raconte que les alchimistes parisiens se réunissaient certains soirs devant la cathédrale Notre-Dame « Sub Rosa ». En règle courante, le Philosophe est un mystique, celui qui à travers son labeur s'initie lui-même à force de patience et d'efforts, car le vrai travail se fait seul devant les four- neaux, ou les livres...

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La prière occupe une place importante dans l'Œuvre ; le substantif laboratoire peut se découper en deux autres mots ayant une partie com- mune : Labora et Oratoire (Œuvre et Prière). Cet espace plus ou moins important se doit d'être un lieu d'oraisons et de travail, sans prendre le dernier mot dans son sens étymologique. En effet le « Tripalium » était chez les romains un instrument de supplice constitué de trois pieux acé- rés et dont on imagine aisément l'utilisation. Non, les alchimistes ne « travaillaient » pas pour gagner leur vie mais « œuvraient » pour imi- ter Dieu, le seul dans l'Univers à créer pour l'Éternité. Cela leur valut bien des foudres ecclésiastiques, l'Église de ces temps n'appréciant pas toujours que l'on cherchât à concurrencer le divin créateur. Saint Augustin exprime clairement cette opinion, qui condamne le « vain et curieux désir de rechercher appelé science et connaissance ».

Pour l'Église le pire des péchés est celui de Faust : vouloir égaler Dieu dans sa science. Les gnostiques, dont la pensée inspira tant les alchimistes, dirent que l'arbre du Paradis dont Adam et Ève croquèrent la pomme était celui de la connaissance. La chute succéda, mais était- ce une chute ou une mise en éveil ? Ne se rendirent-ils pas compte qu'ils étaient nus ? Ce passage de la Bible s'interprète de différentes manières, nous pouvons en retenir une explication ésotérique (ou gnos- tique). Oisifs au Paradis, ils durent, une fois chassés, travailler et assu- rer leur descendance et leur subsistance, dans la souffrance... Ces notions de chute, même si elles semblent nous éloigner de l'Alchimie, en sont parties prenantes et se retrouvent dans bien d'autres légendes. Prenons par exemple le mythe du diable, battu par Dieu et chassé des voûtes célestes pour avoir voulu égaler son Créateur. Ce Diable se retrouva sur terre, comme Prométhée qui avait eu l'audace de dérober le feu aux dieux pour le donner aux Hommes. Le feu, la flamme sont de tout temps les symboles de la connaissance. L'alchimiste a bien sou- vent incarné celui qui voulut saisir le flambeau tombé à terre, un homme luttant contre la chute originelle.

1 Si Adam et Ève se rendent compte qu'ils sont nus, c'est qu'ils ont une nouvelle perception des choses, impossible auparavant, lors de leur séjour au Paradis. Prenons comme exemple des animaux, nés dans un zoo, séparés de leurs parents et qui, mis en liberté accidentellement doi- vent trouver dans la nature leur survie. Pour cela ils vont découvrir leurs vraies potentialités. Découvrir ou mourir, ce qui vaut pour les animaux est exact aussi pour certaines espèces d'hommes. Le tout est de pouvoir se poser à un moment donné la vraie question, celle qui fait vivre. L'alchimiste est un « animal » qui essaie de retrouver les qualités cachées au fond de lui afin de renouer avec la divinité ou état primordial de son espèce.

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Adam et Ève (Notre-Dame de Paris).

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En alchimie tout est à lire dans un sens imagé, si l'on trouve dans un manuel des indications précises sur telle ou telle manœuvre, il s'agit d'un piège. Le véritable alchimiste vit dans un monde de symboles bercé par des légendes extraordinaires que lui seul peut essayer de décrypter. Cet accès à la Connaissance rendu possible par le diable (Cf Adam et Eve), est omniprésent en alchimie, le démon (l'intermé- diaire, au sens étymologique), se représente sous les traits longilignes du serpent. Celui-là même que dans la Bible on nomme Satan, et qui d'ailleurs était un nom commun, un satan, avant de devenir paradoxa- lement propre. L'Ouroboros des gnostiques ou serpent qui se mord la queue est un des symboles principaux des alchimistes et signifie que « Tout est en un » (En to pan des Grecs).

Comme pour la franc-maçonnerie, il faut séparer (uniquement dans un certain espace temporel à partir du quinzième siècle) les alchimistes en opératifs et spéculatifs :

- Les opératifs ; tous ceux qui œuvrant devant leurs fourneaux, ne voyaient la réalisation du Grand Œuvre que dans l'obtention de la Pierre philosophale, elle-même permettant la transmutation physique du plomb en or ou la création de la panacée qui assurait une vie longue et sans maladie, voire de l'Homonculus équivalent alchimique du Golem des Hébreux.

- Les spéculatifs, loin des fourneaux, pensaient que l'homme n'était symboliquement qu'un vil métal qu'il fallait transformer en or le plus pur. D'une façon moins symbolique, les spéculatifs consi- déraient l'humanité d'essence divine, mais qu'elle s'était souillée à plusieurs reprises dans le passé. De cet état d'avilissement il fallait revenir à l'état divin et primordial que tous possèdent, plus ou moins enfoui dans leurs corps et leurs âmes. Les spéculatifs imaginaient pour les hommes la même chose que les opératifs croyaient pour les métaux. Ils aboutissaient à des notions convergentes, en voici quel- ques-unes :

- Spéculatifs et opératifs considéraient que l'évolution comme la régression sont des lois naturelles et qu'elles peuvent être ralenties ou bien accélérées ;

- Dieu est à l'origine de tout, Dieu est partout, c'est le Spiritus Mundi, l'esprit du monde, c'est l'explication du « Tout est en Un, En to pan, Omnia in Unum... ». Dieu se trouve dans les plus petites parties de la matière qui émane elle-même de la divinité ;

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- La réalisation du Grand Œuvre n'est pas accessible à tous, il faut savoir se taire, surtout si l'on sait ;

- L'obligation d'employer un langage symbolique, d'autant plus nécessaire qu'un symbole ne cesse d'évoluer et s'avère de plus en plus complet pour ceux qui progressent. Fulcanelli dit, traitant de la trans- mission orale, « L'esprit vivifie, la lettre tue ».

Cependant il ne faut pas croire que certains alchimistes « spécula- tifs », ne mirent pas la main à la pâte, de même des « opératifs » après de longues années passées devant leurs fourneaux, n'acquirent pas un état d'esprit et une sagesse qui les poussa à écrire de très belles pages sur leur art. Roger Bacon a écrit ; « Sine experentia, nihil sufficenter sciri potest », ce qui se traduit par : « Sans l'expérimentation on ne peut rien savoir de précis ». Au Moyen-Âge, les méthodes alchimiques procédaient de ces deux principes : intellectuel et manuel ; ce n'est que plus tard, avec l'évolution de certaines pensées que la scission s'opére- ra (début de la Renaissance).

Cette voie alliant la main à l'esprit est la plus belle. Elle ne se trou- ve pas que dans l'art alchimique. On pourrait citer les compagnons, adeptes de la pierre, ces ouvriers de l'excellence qui ne créèrent pas d'or mais souhaitaient réaliser sur terre la « Jérusalem Céleste ». Ils uti-

lisaient la base matérielle pour créer une œuvre spirituelle, encore exis- tante pour celui qui sait chercher. Leur état d'esprit possédait beaucoup d'analogies avec celui des Adeptes. Leur « Matéria Prima » était la pierre qu'ils réussirent à sublimer dans de magnifiques vaisseaux, à l'égal des francs-maçons spéculatifs qui eux essayèrent de se sublimer dans une œuvre symbolique et intellectuelle.

Les réalisations compagnonniques, à la différence de celles des alchimistes, ont l'avantage de pouvoir être vues encore de nos jours. Elles comportent de nombreux points communs avec l'Œuvre des Adeptes et leur construction découla des mêmes sentiments que ceux qui animèrent nos Philosophes.

Pour analyser l'alchimie, il est indispensable de se référer constam- ment à l'état d'esprit du Moyen-Âge. Loin d'être une période obscure et sale, telle que beaucoup la considèrent de nos jours, on doit la consi- dérer comme une période de bouillonnement intellectuel caractérisé

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par un continuel fourmillement d'idées et de brassages culturels à tra- vers tous les pays connus à l'époque, qu'ils soient du nord ou du sud.

Pour en revenir aux mythes cités plus haut, traitant du caractère dia- bolique de la science, il est remarquable de noter que dans les textes anciens, les faiseurs d'or sont tous d'origine royale et, ou des religieux. On ne peut qu'y trouver un symbole, celui du monarque d'essence divine. Celui-là, l 'or le symbolise pour sa plus grande gloire. Ce métal est aussi une représentation du rayonnement de Dieu. L'or a une valeur symbolique tout aussi grande si ce n'est plus que sa valeur marchande.

L'Art alchimique se définit parfois (Matin des Magiciens) comme une science passée de la Nature. Elle ne peut se comprendre qu'en connaissant la mentalité et les aspirations des hommes des siècles pas- sés qui présentaient sur nous l'avantage de croire à leurs origines divines. L'Homme moderne (le Sapiens sapiens) a fait aussi son alchi- mie sous une autre forme, sa science transforme la nature en énergie, alors que l'alchimiste cherchait l'énergie de la Nature.

Origines temporelles et géographiques En ce qui concerne les origines de l'alchimie, on peut raisonnable-

ment penser que les premiers adeptes furent des forgerons ou des tein- turiers qui s'efforcèrent par certaines recherches d'imiter le précieux métal. On doit se rappeler que tous les métiers qui touchaient de près ou de loin à la métallurgie étaient sacralisés. Souvent, les prêtres seuls pouvaient les exercer. Il faut aussi savoir que jusqu'à une époque rela- tivement récente, dans de nombreux pays, les tenants du pouvoir reli- gieux s'accaparaient les recherches et les résultats scientifiques. Malheur dès lors à celui qui osait les concurrencer ou les critiquer, Galilée en sut quelque chose.

Les premiers alchimistes portèrent très souvent les habits de reli- gieux, car eux seuls possédaient suffisamment d'instruction pour mener des recherches aussi complexes que celles qu'exigent l'art des adeptes.

Faisons maintenant l'analyse géographique des débuts de l'alchimie.

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A rt ésotérique par excellence, l'alchimie paraît très difficile à cerner pour les non-initiés. Elle n'est pas qu'une

transmutation du plomb en or. Dans cet ouvrage de synthèse, Xavier Coadic regroupe les informations chronologiques nécessaires à la compréhension des alchimies chinoise, égyptienne, grecque, arabe et euro- péenne et en étudie les différentes formes et l'évolution, de l'hermétisme au satanisme. A travers une iconographie choisie, il analyse les traces de l'art alchimique et, en se fondant sur des textes poétiques et techniques, il inter- prète quelques-uns des procédés spirituels et matériels.

Un lexique et l'étude des symboles complètent cet ouvrage.

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