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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
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« Réflexions sur la faible
légitimité interne de la fonction
contrôle de gestion dans une
entreprise publique
béninoise »1.
[Auteur : Sonia Mauricette HOUNGBO, Centre de
Recherche en Management,
Université de Toulouse 1 Capitole, Doctorante 3ème
année de thèse]
Résumé : L’émergence de la fonction de
contrôleur de gestion trouve sa force dans la
légitimité dont elle fait preuve dans l’organisation.
Cette communication montre les raisons conduisant
à réduire cette légitimité et contredisent ainsi les
affirmations de Meyer et Rowan (1977) selon
lesquelles, le découplage ne réduit pas l’obtention
de la légitimité. Autour de deux concepts
principaux, découplage et légitimité, l’étude a pour
objectif de comprendre la manière dont la fonction
de contrôleur de gestion perd sa capacité d’être
reconnue. Nous avons appliqué les principes des
concepts choisis pour ressortir les constats du
terrain. Sur la base d’une analyse empirique
concrète, nous avons interprété ces concepts du
courant institutionnel. Nos résultats, que nous avons
caractérisés de découplage, remettent en cause les
travaux qui soulignent que l’image interne dissociée
de son apparence externe ne réduit pas la légitimité.
Il s’agit de la vacance de poste illimitée et de
l’existence similaire d’une même fonction. Ces
derniers ont réduit la légitimité que devrait avoir la
fonction de contrôle de gestion.
Mots clés : fonction de contrôleur de gestion,
légitimité, découplage, entreprise publique.
1 Nous remercions le comité scientifique pour la
relecture et les remarques. Nous les avons prises en
compte.
Abstract : The emergence of the management
comptrollership finds its strength in the legitimacy
it has shown in the organization. This paper shows
the reasons leading to reduced legitimacy and thus
contradict the statements of Meyer and Rowan
(1977) that, decoupling does not reduce the
production of legitimacy. Around two main
concepts, decoupling and legitimacy, the study aims
to understand how the management controller
function loses its ability to be recognized. We have
applied the principles of the concepts chosen to
highlight the findings of the field. On the basis of a
concrete empirical analysis, we interpreted these
concepts of institutional power. Our results, we
characterized decoupling question the work which
emphasize that the internal image separated from its
external appearance does not reduce the legitimacy.
This is the unlimited vacancy and similar existence
of the same function. They have reduced the
legitimacy that should have management control
function.
Keywords: management controller function,
legitimacy, decoupling, public company.
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. Introduction
Dans les recherches en contrôle de gestion, de multiples travaux ont été réalisés sur la
fonction de contrôleur de gestion sous diverses approches : les approches contingentes,
constructivistes et dynamiques (Boitier, 2002), les courants conventionnaliste et
contractualiste (Bollecker et Niglis, 2009). Cela n’empêche pas Caron et al. (2011) de se
pencher sur les axes qu’ils ont dénommés : le sujet et l’objet. Ils appréhendent tous
l’évolution effective de la fonction ainsi que le rôle dans l’organisation. Malgré les précisions
sur son évolution, l’incertitude règne toujours. Cette incertitude avait amené Bollecker (2009)
à prendre en compte deux tendances principales pour la fonction de contrôle de gestion.
D’une part, une vision structuro-fonctionnaliste qui permet à l’individu d’intégrer les
contraintes organisationnelles et environnementales pour exercer la fonction. D’autre part, la
démarche interprétative, dans laquelle s’inscrit notre étude, vise l’analyse des réalités sociales
de la fonction, la manière dont la réalité est construite et négociée.
A la quête de cette réalité, Bollecker (2009) affirme que la fonction de contrôleur de gestion
est « en danger » parce que son émergence oscille et reflète une incertitude. Pour l’aborder il
faut se pencher sur les conditions de pérennisation et de légitimité de la fonction. Il faut aussi
partir des difficultés inhérentes à son application. Cette étude s’inscrit dans cette logique et
elle révèle la manière dont, les difficultés de l’émergence du contrôleur de gestion se
répercutent sur sa reconnaissance par les acteurs et réduisent sa pérennité. Elle est effectuée
dans un contexte ou il existe peu de recherches sur les pratiques de cette fonction. La
recherche de ces conditions ne peut provenir que des situations effectives reflétant les
difficultés autour de l’émergence. Alors, elle découle des constats réels de nos travaux de
recherches en thèse.
Lorsqu’une étude aborde la légitimité, elle s’inscrit dans le courant du néo-institutionnalisme
sociologique. Nous allons nous appuyer sur deux principaux concepts du courant que notre
étude considère prioritaire. Ce courant met l’accent sur les réalités sociales (Dimaggio et
Powell, 1983 ; Meyer et Rowan, 1977). Il met aussi l’accent sur les difficultés internes
générées par la quête de légitimité en alimentant la « conciliation délicate entre légitimité et
efficience » (Buisson, 2005). Selon les auteurs, la légitimité est issue d’un jugement social par
des membres de l’organisation qui acceptent ou rejettent une pratique (Jost et Major, 2001 ;
Zimmerman et Zeitz, 2002). Dans le cas d’un rejet, la pratique perd son droit d’application.
Par conséquent, la fonction en question perd son droit d’agir. La pratique adoptée est souvent
un mythe que l’organisation met en œuvre. Ce mythe fonctionne de manière apparente car le
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fonctionnement à l’interne est dissocié de l’apparence à l’externe. Cette dissociation qualifiée
de découplage par le courant semble-t-il ne pas contraindre l’activité et ne conduit pas non
plus à la perte de légitimité (Meyer et Rowan, 1977). Pourtant cette étude révèle le contraire
et remet en cause l’affirmation de l’auteur selon laquelle le découplage ne réduit pas
l’obtention de la légitimité.
L’objectif de cette communication est de comprendre les raisons pour lesquelles la fonction
de contrôle de gestion perd sa capacité d’être reconnue par les acteurs de l’organisation. Cette
perte de légitimité de la fonction amène à réfléchir sur la question de recherche : Pourquoi la
fonction de contrôle de gestion perd l’obtention de sa légitimité ?
L’analyse empirique est réalisée dans une entreprise publique béninoise : la Société Béninoise
d’Energie Electrique. La difficulté de l’émergence de la fonction du contrôle de gestion est
observée et constatée dans une organisation publique (société d’Etat) d’un pays en
développement, précisément le Bénin. Il est constaté que la fonction de contrôleur de gestion,
si, elle est mentionnée dans les normes de l’entreprise, elle n’est pas mise en application dans
l’organisation. Le fonctionnement en interne est différent de son apparence à l’externe. La
fonction perd à petit coup son droit d’agir.
Ce choix n’est pas un hasard car, dans les directions régionales, la fonction de contrôleur de
gestion reflète une image différente en interne. Nous avons choisi l’étude de cas, au travers
d’une observation non participante, afin de comprendre la complexité, la logique et la
singularité du contexte (Yin, 1994 ; Ahrens et Chapman, 2006 ; Bollecker, 2013). L’analyse
sera renforcée par des entretiens semi-directifs effectués auprès des acteurs de la fonction de
contrôleur de gestion et d’une fonction similaire créée (le contrôleur de zone). Une
triangulation sur la base des documents internes de l’entreprise et des données d’observation
ont été réalisées successivement en Janvier et Février 2015, Août 2015, Janvier 2016 et Juillet
et Septembre 2016.
Dans une revue de littérature, nous présenterons les incertitudes liées à l’évolution de la
fonction, nous mettrons en lumière dans le cadre théorique, les manifestations conduisant à un
découplage et impactant sur l’obtention de sa légitimité. Nous allons appliquer ces deux
concepts du courant néo institutionnel à l’étude d’un contexte public. L’analyse du terrain
exposera de nouvelles raisons de découplage et la manière dont elles ont contribué à réduire la
légitimité. Autour d’une discussion, de réelles contributions renforceront la nécessité de
pérenniser et de renforcer la légitimité de la fonction de contrôle de gestion.
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1. L’origine des incertitudes grandissante de la fonction de contrôleur
de gestion
Pour comprendre cette incertitude, il est important de partir de la notion de contrôle de
gestion. Si le contrôle de gestion tant prôné par les précurseurs et les multiples travaux en
science de gestion est nécessaire pour l’organisation, sa fonction ne suit pas le même rythme.
Mais, en remontant à l’ambiguïté qu’avait le mot contrôle et aux multiples définitions du
contrôle de gestion, l’organisation se trouve peut-être mitigée lors de l’application effective de
la fonction. Le rôle effectif du contrôle de gestion est en fait remis en cause et a détruit sa
pérennité. Les travaux abordant la fonction souligne qu’il est entre « un rôle technique et de
planification d’une part, et un rôle d’animation-conseil de l’autre » (Dambrin et Sponem,
2008). Nous n’avons pas pour objectif de revoir les rôles, ni d’en proposer un nouveau.
Aucune analyse ne peut être faite sans la prise en compte d’une part du contrôle de gestion, et
d’autre part de sa fonction. Après avoir montré la manière dont l’ambiguïté du contrôle de
gestion (1.1) impacte sur la fonction, il sera présenté les doutes sur le rôle effectif du contrôle
de gestion (1.2). Entre l’ambiguïté et le doute, la fonction dans l’organisation s’affaiblit et son
image perçue suscite les interrogations sur sa pérennité (1.3).
1.1 L’ambiguïté du contrôle sur sa fonction
Depuis Fayol (1916), le mot contrôle avait plusieurs dimensions « to measure, to compare, to
examine, to check or to inspect ». Au fil du temps la complexité du mot n’a cessé de croître et
de susciter des réflexions. D’un moyen utilisé pour atteindre les objectifs organisationnels
(Gibert, 1980 ; Flambotz, 1983 ; Borgonovi et Brovetto, 1988), il est considéré comme une
influence intentionnelle des comportements d’autrui et de réduction des degrés de liberté des
personnes (Tannenbaum, 1968 ; Chiapello, 1996 ; Lebas, 1980 ; Sole, 1996).
Les travaux ont donné au contrôle toutes les dimensions en fonction des objectifs souhaités
pour l’organisation. Ces multiples acceptions du contrôle ont rendu flou et ambigu la
signification exacte (Merchant, 1982 ; Bouquin, 1991). Il est à la fois considéré comme
diriger « orienter et placer sous son autorité », maîtriser « dominer voire réduire quelque
chose (quelqu’un) par la force », vérifier « soumettre quelque chose (quelqu’un) à une
confrontation », influencer « exercer une action sur quelque chose ou quelqu’un » (Bouquin,
1988 ; Besco et al., 1993). C’est sans doute ce qui amène Bouquin, (2007) à souligner que
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toutes « ces idées … qui conditionnent l’application, cèdent souvent la place aux chaos, aux
turbulences et à la complexité du contrôle ».
Mais lorsqu’on considère les travaux de Follett, le contrôle se comprend aisément comme un
moyen de converger les efforts de tous les acteurs organisationnels (Fiol, 2005). Le contrôle
traduit ainsi l’autorité qui devra constamment coordonner les membres de l’organisation.
L’acteur en charge du contrôle dans une organisation a une fonction de coordination et il
demeure une autorité. Par contre, sa fonction reste polémique si dans l’organisation il est
tantôt dirigeant, tantôt vérificateur ou tantôt celui qui sanctionne lorsque Besco et al. (1993)
parle de vérification – sanction.
La fonction de contrôle est mal vécue par les acteurs qui sont contrôlés d’une part, et celui qui
porte la charge balance entre surveillance – inspection – vérification – maîtrise – pilotage,
d’autre part. Pour reprendre Bouquin (2007) qui l’énonce différemment « le mot contrôle est
fâcheux et l’appellation de contrôleur est pire ». Dans sa mission de coordonnateur en suivant
la logique de Follett, l’acteur chargé de la fonction n’est pas dans une situation
d’ambivalence. Il exerce une action de coordination des actions de tous les membres de
l’organisation. Mais les travaux ont rendu mitigé le contrôle et son acteur se voit balloter en se
rendant compte que son rôle est remis en cause par ses membres. La complexité de la finalité
réelle du contrôle a conduit le précurseur du contrôle de gestion à sous entendre cette mission
de coordination en reliant ce niveau de l’organisation aux deux strates de l’extrémité, le
contrôle stratégique et le contrôle opérationnel. Cela n’a pas empêché de remettre en cause le
rôle du contrôle de gestion.
1.2 La remise en cause du rôle effectif du contrôle de gestion
Anthony (1965) l’avait compris depuis ses réflexions sur le contrôle de gestion en prenant
l’optique de coordonateur entre les acteurs stratégiques et opérationnels. Il vise ainsi la
coordination entre les tâches à réaliser et les actions qui l’accompagnent en vue d’obtenir un
résultat. Mais l’ambiguïté rejaillit sur le contrôle de gestion et il contrôle à la fois, l’action – le
comportement – les procédés de travail – les activités – la qualification – le savoir – le travail
effectif – l’identité – la culture – les choix d’objectifs et de stratégies – les règles de
comportements. Cette synthèse de typologie axée sur l’objet de contrôle de gestion
(Chiapello, 1996) vise six composants sur lesquels le contrôle doit s’exercer. Les actions, les
objectifs et les stratégies doivent converger vers les caractéristiques du personnel, leur
contexte affectif, la culture et les normes. Cela révèle le moyen d’atteindre les résultats
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souhaités. Mais de quelle manière l’acteur de contrôle de gestion peut-il arriver à maîtriser,
piloter et diriger toutes ses finalités. La complexité de la mission qui lui est confiée rend le
doute apparent sur ce qu’il est capable de faire exactement. La fonction de contrôleur de
gestion nécessite ainsi un savoir être au-delà de la compétence technique (Niglis et Bollecker,
2009).
L’incertitude de son rôle effectif dans une organisation se traduit dans la fonction qui peine à
émerger malgré tous les dispositifs qui soient mis en place. A l’origine, le contrôle de gestion
est né pour répondre aux besoins des informations mettant en évidence les gaspillages et les
éventuels dysfonctionnements (Niglis et Bollecker, 2009) ; et, au lieu d’être considéré comme
une fonction de support avec laquelle on doit échanger (Lambert, 2005), sa présence est
perçue de manière négative. Cela entraine la création de conflit, le contrôleur de gestion est
rejeté, craint comme s’il empêchait les autres acteurs d’effectuer leur tâches.
1.3 Les images perçues et les impacts sur la pérennité de la fonction
Lambert (2005) a peut-être résumé toute l’évolution des contrôleurs de gestion dans
l’organisation « ils pâtissent d’un titre plutôt mal perçu, sans pour autant bénéficier du
pouvoir supposé de la fonction ». Sans doute, la raison qui amène Bollecker (2009) a
demandé de rechercher la pérennité de cette fonction. Ainsi, les travaux constatent les
réductions des effectifs et leur régression (Cooper, 1996 ; Davis et Albright, 2000 ; Sangster,
1996). Cela relance le rôle de ces acteurs de la fonction de contrôle de gestion en interpellant
la crédibilité dont-ils ont besoin. La consolidation ou la restauration de la crédibilité (Bescos,
2002) interroge l’image du contrôleur.
Lorsqu’il expose une image négative (Hopper, 1980), un personnage au profil incertain
(Danziger, 2000), la fonction est influencée. Ces propos « d’un envoyé par la direction, un
acteur craint et mal aimé, d’un surveillant, de policiers » (Danziger, 2000 ; Hoffjan, 2004 ;
Boisvert, 1994 ; Segal, 1991) ou « d’outsider voire d’espion » (Rouwelaar et Bots, 2008)
réduisent le lien qui devrait se créer avec les autres acteurs de l’organisation (Byrne et Pierce,
2007). Entre la considération comme des pinailleurs et des empêcheurs de tourner en rond
(Simon, 2000), les informations lui sont cachées et sont accessibles tardivement (Merchant,
1998 ; Anthony et Govindarajan, 2004).
« Le contrôleur de gestion doit donc s’insérer comme un membre d’une équipe et reconnaître
à chaque instant que son métier ne se justifie que par le service rendu » (Gerrard, 1969). Il
s’agit du moyen pouvant favoriser la pérennité de sa fonction et réduire les interrogations
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diverses. Le contrôleur de gestion est comme un contributeur actif à la pérennité de
l’organisation (Dupuy, 2009). Mais, cette pérennité est basculée dès que la fonction de
contrôle de gestion est accomplie de manière apparente. Cette perception trouve ses
fondements dans le courant du néo-institutionnalisme. Les concepts primordiaux qui montrent
la réduction du droit d’agir sont présentés ci-dessous.
2. Le cadre théorique : un regard institutionnel sur l’incertitude liée à la
fonction de contrôleur de gestion
L’inscription de nos travaux dans un courant institutionnel relève du fait de la présence des
pressions externes dans l’entreprise publique. Sur leur préconisation, cette fonction a connue
son introduction dans les entreprises (Rapport Banque Mondiale Année 1984, N° 4686-BEN).
La prise en compte de ce critère et la présence de deux concepts caractérisant l’objectif visé
par cette étude, nous amène à choisir ce courant. L’analyse de la réalité sociale accentue
l’approche institutionnelle et elle porte un regard sur l’incertitude de la fonction, à travers ses
concepts de légitimité et de découplage. La crise de légitimité de la fonction est ainsi le cœur
de ce choix théorique et elle trouve sa source de perturbation de la notion de découplage. Si la
légitimité permet de cerner la prise en compte par les acteurs d’une pratique, nous lui
associons le découplage pour certaines raisons importantes. L’apparence ressortit par cette
notion a été le facteur décisif de l’avoir associé à la légitimité. Sa signification est considérée
comme l’illusion, le semblant. Pourtant, Meyer et Rowan (1977) ont souligné que cela ne
conduit pas à la perte de légitimité.
Ce cadre théorique cernera le lien entre le découplage de la fonction (2.1), sa légitimité (2.2)
et l’incertitude à laquelle elle est confrontée. Si les recherches axées sur la légitimité de la
fonction de contrôleur de gestion sont rares (Bollecker, 2009), les études ont mis l’accent sur
la neutralité du découplage face à la recherche de légitimité.
2.1 Le découplage de la fonction de contrôleur de gestion
Même si ce concept a été appréhendé pour l’activité, une structure ou des pratiques, il peut
s’appliquer aussi à une fonction. La compréhension de l’origine du concept permettra de
mieux appréhender la manière dont il faut l’appliquer à une fonction.
Meyer et Rowan (1977) ont précisé que dans l’organisation, les acteurs choisissent des
comportements en suivant les mythes rationnels que le contexte institutionnel véhicule. Les
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mythes rationnels représentent des prescriptions identifiant de nombreux buts sociaux comme
étant des buts techniques (Meyer et Rowan, 1977). L’organisation recherche tout simplement
une conformité cérémonielle, en adoptant une nouvelle norme, ce mythe rationalisé, sans rien
changer à ses routines. L’activité telle qu’elle se présente en externe ne correspond pas à
l’activité telle qu’elle se déroule. Il existe un écart entre les discours et les pratiques
organisationnelles. L’image externe de l’organisation est ainsi dissociée de son
fonctionnement interne, il s’agit d’un découplage (Weick, 1976). Il s’agit aussi d’une réponse
organisationnelle aux attentes institutionnelles de l’environnement. La structure adoptée, un
mythe, n’est donc pas adaptée à leur efficience interne. Le découplage survient soit entre une
structure formelle et technique ou pratiques réelles, soit entre la conformité institutionnelle et
l’efficience technique ou soit en cas d’incohérences au sein de l’environnement institutionnel
(Meyer et Rowan, 1977 ; Colon, 2014).
La fonction de contrôleur de gestion peut-elle être découplée dans une organisation ? Si les
discours peuvent avoir un écart avec les pratiques correspondantes, alors la fonction est
découplée dès lors qu’une quelconque apparence est constatée. Cela revient à une dissociation
entre une fonction et l’image perçue par les acteurs. Lorsque le contrôleur de gestion, dont la
mission devrait être l’assistance des managers et opérationnels, est perçu comme un
surveillant (Segal, 1991) ou un policier (Boisvert, 1994), on peut parler de découplage. Cette
situation de découplage se constate aussi lorsque l’image du contrôleur est entachée de
négativité (Hopper, 1980 ; Byrne et Pierce, 2007 ; Bollecker, 2009). « La fonction de contrôle
de gestion est prise pour une fonction ou la personne considérée sert de liaison entre la
direction et les cadres, grâce à son rôle de dialogue, de coordination et d’appui » (Dew et Gee,
1973). Dès que cette liaison n’est pas effective, la conformité cérémonielle prend le dessus et
domine les actions techniques de l’organisation.
Le découplage ne contraint pas l’activité, semble-t-il, puisqu’il existe des règles formelles et
légitimées. Meyer et Rowan (1977) rajoute que le découplage réalisé par les organisations ne
conduit pas à la perte de légitimité. Le découplage ne réduit-il pas en réalité la légitimité
malgré l’apparence dont il fait cas ?
2.2 L’impact du découplage sur la légitimité
Les travaux de Schuman (1995) ont défini la légitimité comme étant une « perception
généralisée ou une supposition selon laquelle les actions d’une entité sont désirables, adaptées
ou appropriées à l’intérieur d’un système construit socialement de normes, de valeurs, de
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croyances ». La légitimité est ainsi « un travail de longue haleine » (Demaret et Méric, 2013).
Ce concept représente une contrainte pour la survie des organisations (Meyer et Rowan,
1977). Toute action réduisant alors la survie devrait être un handicap pour la légitimité.
L’action est relative à la mise en place d’une pratique et à son application effective dans
l’organisation.
Lorsque Dimaggio et Powell (1983) soulignent que la recherche de la légitimité conduit les
organisations à inventer des mythes, et mener des activités symboliques, deux découplages
sont en jeu. D’une part, l’organisation découple le rôle effectif dès lors que la pratique est
adoptée comme un mythe, et d’autre part, ce dernier ne reflète pas du tout le fonctionnement
interne. Le mythe traduit « des prescriptions rationalisées et impersonnelles qui assimilent
certains objectifs sociaux à des objectifs techniques. Ces derniers se spécifient, deviennent des
quasi-règles et constituent des moyens appropriés de poursuivre ces buts techniques de façon
rationnelle » (Meyer et Rowan, 1977). De manière analogue à la fonction de contrôleur de
gestion, elle est adoptée sous la forme d’un mythe dans l’organisation, le premier découplage.
De plus, l’organisation précise souvent que cette fonction est active, alors que son exécution
n’est pas effective, le second découplage. Une réelle apparence se constate à l’interne.
Les deux différents découplages peuvent être rapportés au mythe rationnel et à la conformité
cérémonielle. La conformité cérémonielle apparaît aussi comme étant la conséquence du
mythe rationnel adopté. Si le découplage induit par le mythe rationnel n’amène pas pour
autant les organisations à refléter une anarchie, celui de la conformité cérémonielle quant à
elle impacte sur la légitimité. Lorsque l’appréciation humaine qui attribue une valeur à une
fonction diminue, alors la légitimité est réduite. Le besoin de se conformer à son
environnement de manière cérémonielle ne produit aucun effet sur les actes organisationnels.
La conformité cérémonielle impacte et réduit l’obtention de la légitimité. Il s’agit d’un frein à
la pérennité organisationnelle. Hatzfeld (1998) a su le souligner indirectement, l’obtention de
la légitimité est un parcours « d’épreuves ou sa valeur est à prouver continuellement ».
Nous allons au travers de ce cas, mener une interprétation des concepts du cadre théorique. Il
s’agit de montrer que la fonction de contrôle de gestion avait obtenue une légitimité dans
l’organisation. Deux nouvelles apparences, que nous qualifions de découplage, ont contribué
à réduire cette légitimité. Toute l’interprétation permet d’avoir de réelles contributions
pouvant favoriser l’amélioration pérenne de la fonction de contrôle de gestion.
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3. Une étude de cas
Cette recherche s’inscrit dans une méthode exploratoire et provient de nos travaux de thèses.
Elle vise à faire comprendre la manière dont le découplage constaté de la fonction de contrôle
de gestion réduit l’obtention de la légitimité de celle-ci. Comme le précise Hlady Rispal
(2002) l’approche qualitative est bien adaptée pour les sujets à dimension subjectives. La
démarche consiste à se focaliser sur les actions effectives des contrôleurs de gestion afin de
cerner si elles conduisent ou non vers la légitimité de cette fonction. Cette étude permet
d’induire de premiers résultats pouvant faire l’objet ultérieur de validation à grande échelle.
Pour y parvenir, nous allons présenter d’abord l’échantillon d’entretien constituant les
premières données collectées. Les données secondaires seront précisées avec leurs sources
afférentes (3.1). Ensuite la méthodologie de traitement des données sera décrite (3.2). Pour
mieux faciliter la compréhension des résultats de l’étude de cas, il est important de présenter
enfin le contexte d’étude (3.3) et l’évolution de la fonction de contrôleur de gestion (3.4).
3.1 La collecte des données
Pour mener à bien notre étude, une présence prolongée sur le terrain permet de prendre en
compte les situations concrètes des acteurs concernés. Le séjour a été effectué sur différentes
périodes durant notre recherche de thèse. Une observation directe des acteurs dans leur vie
quotidienne est réalisée afin de mieux comprendre cette situation de perte de légitimité. Cela
permet de percevoir les points de vue exprimés et les enjeux poursuivis (Dent, 1990 ;
Covaleski et Dirsmith, 1990). A cet effet, les données d’observation ont été réalisées
successivement en Janvier et Février 2015, Août 2015, Janvier 2016 et Juillet 2016/
Septembre 2016. Nous avons triangulé les données avec les notes de services et les rapports
de l’organisation.
Notre démarche scientifique est traduite dans une étude qualitative réalisée auprès d’une
vingtaine d’animateurs du système de contrôle de gestion. Les acteurs soumis à l’entretien
varient avec les différents services de l’entreprise et d’une région à l’autre (voir tableau
récapitulatif des acteurs soumis à l’entretien). La diversité des acteurs permet d’enrichir
l’analyse puisque ces derniers participent à l’accomplissement de la fonction de contrôle de
gestion. Il ne s’agit pas de se concentrer sur la multiplicité des acteurs concernés par la
fonction de contrôleur de gestion pour percevoir la manière dont le découplage réduit
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l’obtention de la légitimité. Mais, il faudrait plutôt considérer tous les acteurs en liaison avec
cette fonction.
Nous avons donc réalisé les entretiens dans une région principale, Borgou – Alibori, tout en
tenant compte des points de vue des acteurs des autres régions de manière officieuse. Nous
avions utilisé notre guide d’entretien pour respecter les points essentiels. Cet entretien a été
ouvert afin de recueillir le maximum d’information. Les concepts de légitimité et de
découplage n’ont pas été mentionnés afin que les personnes interrogées expriment clairement
leur point de vue.
Tableau 1 : Récapitulatif des acteurs soumis à l’entretien
ENTRETIEN SBEE DUREES
Chef d'agence Banikoara Enregistré 80 minutes et retranscrit 03/2015
Chef section dépannage chez abonné Enregistré 40 minutes et retranscrit
Inspecteur de zone Région Borgou – Alibori Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef section Magasin (stockage) Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef d'agence Parakou (région 1 Borgou) Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef d'agence Tchaourou Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef d'agence Kpébié (région 2 Borgou) Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef commercial Tchaourou Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef commercial Parakou Enregistré 40 minutes et retranscrit
Contrôleur de zone Borgou Alibori Refus d'enregistrement/ note prises 40 minutes
Directeur Régional Borgou Alibori Refus d'enregistrement/ note prises 40 minutes
Chef service administratif et financier Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef caissier Enregistré 40 minutes et retranscrit
Chef Personnel (adjoint du CSAF) Enregistré 40 minutes et retranscrit
Contrôleur de gestion (1) Borgou – Alibori Enregistré 40 minutes et retranscrit
Contrôleur de gestion Ouémé – Plateau Enregistré 40 minutes et retranscrit
Contrôleur de gestion par intérim Enregistré 40 minutes et retranscrit
Agent guichet 1 Enregistré 30 minutes et retranscrit
Agent guichet 2 Enregistré 30 minutes et retranscrit
Chef service Patrimoine et gestion des stocks Enregistré 40 minutes et retranscrit 07/2016
Chef service Comptabilité et Finances Enregistré 40 minutes et retranscrit 07/2016
Agent Comptabilité et Finances Enregistré 30 minutes et retranscrit 07/2016
Chef d’Agence X Non enregistré 2 heures 09/2016
Nombres 23 Durées Totales : 770 minutes soient presque 15 heures
Le guide d’entretien a poursuivit les différentes finalités suivantes :
- identifier la mission / le rôle afin de percevoir l’importance de la fonction de
contrôleur de gestion ;
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- préciser les découplages constatés sur la fonction ;
- cerner l’impact des découplages sur l’obtention de la légitimité.
3.2 Le traitement des données collectées
Pour parvenir à l’analyse de nos données, nous n’avons pas utilisé de logiciel. Il a été priorisé
une analyse manuelle sur la base d’un codage ouvert et prédéfini. Les termes de ce codage
sont obtenus en se basant sur notre revue de littérature, et soutenus par les concepts
principaux du cadre théorique. Nous avons aussi tenu compte du cadre proposé par
Wrzesniewski et Dutton (2001) pour identifier le rôle des acteurs de la fonction de contrôleur
de gestion. Il vise à prendre en considération : la tâche du contrôleur de gestion, sa relation
avec son entourage et l’image perçu par tous les acteurs de l’organisation. Tous les différents
termes du codage se résument dans le tableau ci-dessous.
Tableau 2 : Récapitulatif des termes du codage
CATEGORIES TERMES
Rôles/ Missions de la fonction de Contrôleur de
gestion
Tâches
Relation avec les autres acteurs
Image véhiculée par le contrôleur de gestion
Découplage de la fonction Activités symboliques
Mythes rationnels
Prescription apparente
Conformité cérémonielle
Image dissociée
Obtention de la légitimité Perception généralisée
Actions désirables
Contrainte de survie organisationnelle
Assimilation d’objectifs
Suite à la réalisation du codage, nous avons classé les données dans les catégories
correspondantes (Rôles et Missions de la fonction/ Découplage de la fonction/ Obtention de la
légitimité). Au cours de l’analyse de nos données, nous avons relevé deux éléments ayant
caractérisés la réduction de la fonction de contrôle de gestion. Si les concepts du cadre
théorique permettent de comprendre la légitimité, leur manquement entraine un effet
contraire. Non seulement la légitimité a été impacté, mais nous avons noté l’impact des
nouvelles caractéristiques sur la fonction. Une description du contexte d’analyse et de
l’évolution connue par la fonction semble importante pour l’interprétation.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
13
3.3 La présentation du contexte d’étude
Créée depuis les années 1955 sous d’autres dénominations, la Société Dahoméenne d’Energie
et d’Eau (SDEE) a changé ses statuts le 30 Novembre 1975. Elle est devenue la Société
Béninoise d’Energie et d’Eau (SBEE). Son évolution a été aussi marquée par la scission
qu’elle a connue en juin 2003 afin distinguer la fourniture des services offerts. Le secteur de
l’Eau a donc été séparé du service de l’Energie. La SBEE est devenue ainsi la Société
Béninoise d’Energie Electrique.
Sa mission principale est la distribution de l’énergie sur toute l’étendue du territoire national.
Elle s’occupe également de la production de l’énergie, l’installation des poteaux, la réalisation
des travaux d’extension et de branchements.
Pour son exploitation, la SBEE dispose de huit (08) Directions Régionales. Elles sont
chargées de la réalisation des objectifs de la Société dans les différents départements du
Bénin. Elles représentent la Direction Générale au niveau de ces départements et sont sous
l’autorité du Directeur Général Adjoint. Chacune de ces Directions Régionales a sous son
autorité des agences et des guichets. Au nombre de vingt-deux(22) au total, les agences
effectuent toutes les prestations en faveur du client, notamment l’accueil et les
renseignements, l’abonnement, le branchement, le relevé des compteurs, la facturation, la
résiliation des contrats, le dépannage, les travaux d’entretien et les réponses aux réclamations
des clients. Les guichets prennent en charge les clients concernant tous les paiements de
prestations.
Dans ce contexte d’étude, la fonction de contrôle de gestion a connu une évolution qu’on ne
saurait négliger. Il est alors important d’aborder les différentes évolutions des dénominations.
3.4 L’évolution de la fonction de contrôleur de gestion
La fonction de contrôleur de gestion est introduite dans la société en 2000 sous la
dénomination suivante : département Contrôle de Gestion. Il est rattaché à la direction du
Contrôle Général sise à la direction générale de la SBEE. La dénomination Contrôle Général
est du au fait qu’il existe en son sein, un département de Contrôle des Installations Techniques
et un département de l’Audit Interne.
Le Contrôle Général devient en 2004, la Direction de l’Inspection Générale parce que les
Inspecteurs de zone ont été créés.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
14
En 2006, le département du Contrôle de Gestion est devenu la Direction de l’Audit et de
Contrôle de gestion.
En 2008, le Contrôle Général a été créé de nouveau suivi d’une nouvelle réorganisation. Il est
composé de la Direction de l’Audit et de l’Inspection, de trois directions de Contrôle de Zone
(Sud 1 pour les départements du Littoral – de l’Ouémé et du Plateau ; Sud 2 pour les
départements de l’Atlantique – du Mono – du Couffo – du Zou et des Collines ; Nord pour les
régions du Borgou – de l’Alibori – de l’Atacora et de la Donga. En parallèle, la cellule
Gouvernance - Contrôle de Gestion et de la Prévention des Risques a été créée.
Suite à ces changements successifs, la fonction de contrôleur de gestion a été introduite dans
les régions en 2010. Alors qu’il existait déjà en 2008, le contrôle de zone. Le service de
contrôle de gestion, sis dans les régions, fonctionne timidement depuis sa mise en place.
3.5 Les raisons de l’instabilité constatées dans l’évolution de la fonction
L’évolution de la fonction de contrôleur de gestion a été soumise à une instabilité particulière.
Elle est occasionnée, d’après les propos d’un directeur régional, par le besoin d’un profil
double : la recherche des tâches effectives et la compréhension du secteur de l’énergie par
l’acteur en charge de cette fonction. La fonction de contrôleur de gestion doit être occupée par
un spécialiste de l’énergie et de la gestion, un profil que les autorités n’ont pas pu trouver. Ce
profil doit être en adéquation avec la mission de la Société : « approvisionnement –
production – transport – distribution de l’énergie électrique / production des poteaux bétons –
réalisation des travaux d’extension et de branchement.
Même si le chef de contrôle de gestion précise que « les directeurs généraux ont voulu à
chaque fois se démarquer de leur prédécesseur en changeant les dénominations à leur
guise », cela n’a pas été contredit par d’autres agents. Les responsables ont préféré les
dénominations plutôt que le rôle effectué par la fonction. Des propos soulignés par un chef
d’agence, on note ceci : « la fonction de contrôleur de gestion dans les régions a été détruit
par les autorités parce que ses tâches sont encore confiées pour la majorité au contrôleur de
zone ». Cet avis important amène à se demander, quelle est la mission exacte de l’acteur
chargé de la fonction de contrôleur de gestion.
Il est utile de souligner que le changement de dénomination sans fondement impacte sur
l’évolution de la fonction au sein de l’organisation.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
15
4. Les résultats de l’étude de cas : Nouvelles sortes de découplage et
réduction de la légitimité concernant la fonction de contrôleur de gestion
Nous présenterons dans un premier temps (4.1) la légitimité que la fonction de contrôle de
gestion a obtenue au travers des actions et décisions aux yeux des autres acteurs de
l’organisation. Il ressort ensuite deux apparences de la fonction de contrôle de gestion (4.2)
que nous les qualifions de découplage. Le premier, la vacance de poste apparait donc comme
une conformité cérémonielle et sa durée illimitée (supérieure à 12 mois) laisse penser à une
suppression tacite. Le second découplage, l’existence d’une fonction similaire « contrôle de
zone » qui substitue les attributions de la fonction du contrôle de gestion. Cela a été facile
puisque cette dernière demeure vacante. Enfin (4.3), nous allons faire état de l’impact de ce
découplage central du contexte sur la légitimité de la fonction de contrôle de gestion.
4.1 La légitimité antérieure obtenue par la fonction de contrôle de gestion
La fonction de contrôle de gestion a été introduite dans l’entreprise publique par les bailleurs
financiers. Tout en étant un moyen de faciliter la gestion des ressources, cela a été une
préconisation lors des difficultés de gestion des entreprises publiques béninoises. Cette
fonction a connue une diffusion dans toutes les entreprises du pays. Sa mise en application n’a
pas été effective même si les textes l’ont mentionné. Ce constat était du, à l’inexistence d’un
profil et d’une qualification de cette fonction dans le pays (Rapport Banque Mondiale
N°4686-BEN du 15 Mars 1984). Un chef commercial a souligné «… je connais un peu
quelque chose par rapport à l’histoire de la SBEE, je suis un ancien agent bientôt 20 ans de
carrière. Avant notre arrivée, il n’y avait que les techniciens, on ne pouvait pas parler de
contrôle de gestion. Je dirai plutôt les gens se cherchaient… Depuis 1999 plusieurs
domaines ont eu de nouveaux cadres. C‘est en ce moment que le contrôle de gestion a
commencé par être effectué… »
En 2000, sa mise en place effective a conduit les autorités de l’organisation remplir les
décisions, les actions et les comportements stratégiques pour que la fonction soit connue et
acceptée. La cellule sous laquelle se trouve la fonction de contrôle de gestion à la direction
générale est structurée en annexe (1).
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
16
Suite aux différentes modifications de l’organigramme, cette cellule demeure présente à la
direction générale. Au cours d’une réflexion stratégique en 2004 dénommé « faire de la SBEE
à l’horizon 2015, la société de service public la plus performante au BENIN », l’entreprise
s’est fixé des objectifs stratégiques. Pour mettre en œuvre leur stratégie, ils ont recouru aux
outils suivant : Contrat d’Activités Périodiquement Négociable (CAPN), budgets et Tableau
de bord de pilotage. Nous allons décrire brièvement ces outils suivis des éléments factuels en
annexes. Feldman et Pentland (2003) qualifient ces éléments d’artefacts.
Si le budget est réalisé dans le respect de la procédure, le contrôle budgétaire et le suivi
budgétaire sont aussi mis en œuvre (en annexe 4 un suivi budgétaire en fin d’année). Le
budget a été initié dans toutes les régions, les différentes agences de l’entreprise. La direction
générale se charge de la consolidation dès que les informations sont transmises au niveau
stratégique.
Quant au contrat d’activité périodiquement négociable (CAPN), il est un nouvel outil introduit
dans l’organisation. Il s’agit d’un contrat d’amélioration de performance socio-économique
passé entre chaque salarié de l’entreprise et son supérieur hiérarchique direct. Il repose sur
l’idée fondamentale d’un engagement réciproque et à l’avance de réalisation de performances
supplémentaires, qualitatives, quantitatives et financières. Le contrat d’activité
périodiquement négociable est un outil fondamental de mise en œuvre de la stratégie de
l’entreprise car c’est un complément indispensable au plan d’actions : le CAPN assure la
réalisation des actions du plan d’actions à l’échelle des individus. Le CAPN permet d’ancrer
la stratégie au plus profond dans l'entreprise, auprès de chaque individu de l’entreprise. Le
panier d’actions de ’’mise en œuvre stratégique’’ est instrumenté par le portefeuille des
CAPN de l’entreprise. Son architecture est représentée en annexe (2).
Sur la base de cette architecture, le contrat est rédigé afin que chaque acteur puisse accomplir
sa mission (voir un exemplaire en annexe 3). L’entreprise a définit des indicateurs qui
prennent en compte toutes les activités.
Le dernier outil que le contrôle de gestion a mis en place est le tableau de bord. Il est élaboré
de façon mensuelle et contient les informations inclus dans sa structure en annexe (5).
La légitimité de la fonction de contrôle de gestion est acquise au travers des actions, des
décisions et des comportements stratégiques des acteurs (Bollecker, 2009 ; Ardoin et Jordan,
1979 ; Gerardin, 1996). La mise en place de ces outils a permis au contrôleur de gestion de
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
17
mieux accomplir ses activités dans l’organisation. Beaulieu (2001) considère la légitimité
comme un concept tellement abstrait qu’il serait difficile de la mesurer. L’on devrait alors
vraisemblablement l’estimer et l’évaluer. Malgré cette précision, nous avons considéré que la
légitimité de la fonction de contrôle de gestion est obtenue du moment où, ces actions ont été
accomplies sur une longue durée, son importance a été reconnue, et son élargissement dans
les directions régionales a été décidé par le niveau stratégique. En fait cela correspond aux
propos de Méric et Demaret (2013) « à quoi sert-il ? » et « son action est-elle profitable à
l’entreprise ? »
A la direction générale, la fonction de contrôle de gestion connait une exécution qualifiante.
Mais dans les régions, l’accomplissement des attributions de la fonction laisse à désirer. Un
chef d’agence précise : « lorsque j’étais à la cellule de contrôle de gestion, je faisais parti du
comité ayant décidé que la fonction soit implanté dans les régions. Mais cela a été un échec
puisque les dirigeants y ont participé. Les régions mettent en œuvre comme ils peuvent le
suivi budgétaire et les tableaux de bord ». Si la légitimité a été acquise au niveau général
parce les acteurs sont convaincus des actions, elle fait état d’une fragilité dans les régions.
« Nous venons d’une réunion avec le directeur général ce matin (8 septembre 2016). Moi j’ai
une formation de contrôleur de gestion mais je suis employée pour un profil commercial. Je
suis donc chef d’agence. Au vu de mes expériences à la direction générale, j’ai du mettre en
place un tableau de bord avec les indicateurs que j’ai amélioré. Le directeur général a alors
suggéré que je forme les chefs d’agence des autres régions afin que cet outil négligé par la
direction générale soit utilisé. Je me demande s’il ne fallait pas dire que les postes de
contrôleur de gestion soient fonctionnels. Ce sont ces acteurs que je pourrai former pour
qu’on utilise efficacement l’outil. La plus part des autres chefs d’agence ont une formation
commerciale, d’autres sont techniciens en électricité. D’ici quelques années, la conclusion
serait que l’outil n’a pas été efficace ». Il faut alors noter dans ces propos que la fonction de
contrôle de gestion est mise en veille et ses attributions sont éparpillées sur les autres
fonctions de l’organisation. Cela est du à certains constats qui impactent sur la reconnaissance
du contrôleur de gestion. Quelles sont les tâches qui lui sont confiées dans les régions ?
4.1.1 Le rôle et les missions confiées au contrôleur de gestion
Il s’agit de mettre en exergue les tâches effectives, les relations et l’image véhiculée par la
fonction de contrôleur de gestion.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
18
Le contrôleur de gestion est chargé de mettre en place les différents outils de contrôle de
gestion. Il participe à l’élaboration du contrat d’objectif et suit son exécution. Il élabore le
budget de la Direction Régionale, suit son exécution et réalise le tableau de bord. Il fait
respecter l’éthique de la Société. Il est chargé du suivi des dépenses en les enregistrant dans
un fichier Excel qu’il a conçu. Il doit envoyer à la direction générale les récapitulatifs suivis
des justificatifs dès la fin de chaque mois. En se rapportant à Besco et al. (1991), le rôle
présenté ressort une mission de pilotage et de vérification. La finalité du contrôle mentionné
par Bouquin (1991) est ainsi mise en exergue.
La fonction de contrôleur de gestion dans les régions se trouve dans une relation à la fois entre
le niveau stratégique et celui opérationnel. Dans une relation hiérarchique, il doit ainsi
coordonner toutes les activités de la région et les transmettre à la direction générale. Il est un
conseiller pour le directeur régional car toutes les décisions prises par ce dernier sont guidées
par le contrôleur de gestion. Il oriente les opérationnels dans l’exécution de leur mission. Il
s’assure de la réalisation des activités et de leur conformité aux normes établies. Il est aussi le
conseiller des managers et agents opérationnels. Dans une relation fonctionnelle, le contrôleur
de gestion partage ainsi les responsabilités avec les opérationnels. Sa mission de
coordonnateur est alors perçue car il sert de liaison entre l’opérationnel et le stratégique
(Anthony, 1965). Le contrôleur de gestion exerce une fonction de support avec laquelle
l’échange se produit (Lambert, 2005).
Malgré sa mission et les relations, l’image perçue par son entourage reste déterminant pour la
pérennité de la fonction. Cette image prend deux axes : orienté vers le niveau stratégique et
vers le niveau opérationnel. Ainsi dans la région, elle est considérée comme « une barrière »
pour le directeur régional. Plusieurs fois, de houleuses discussions parviennent des bureaux en
laissant percevoir, à quel point le contrôleur de gestion (l’acteur occupant la fonction)
empêche son supérieur de prendre certaines décisions. Lorsqu’on se positionne du côté des
opérationnels, il existe une synergie entre ces deux niveaux. Le contrôleur de gestion joue
auprès des opérationnels un rôle de conseiller. Il est présent pour soutenir chaque acteur dans
l’accomplissement de ses actions, pour peu que le poste soit pourvu.
Le rôle et la mission accomplie par le contrôleur de gestion ne devait pas rendre incertain
l’évolution de la fonction. Ce dernier a une double casquette, un rôle technique et un rôle de
conseiller tel que le souligne les travaux de Dambrin et Sponem (2008). L’ambiguïté de
contrôle n’est pas effective puisque l’organisation a mis en place des directions d’inspection.
Elle a aussi mis en œuvre le rôle de « diriger » dans la fonction similaire nommée « contrôle
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
19
de zone ». Lorsque le rôle est clarifié et se trouve sans complexité, comment se fait-il que la
légitimité que devrait obtenir la fonction dans les régions se réduit ?
4.2 L’apparence de la fonction de contrôleur de gestion
L’apparence de la fonction de contrôle de gestion est constatée dans deux situations :
vacance de poste et existence d’une fonction similaire. Nous qualifions ces deux situations par
le terme découplage car elles révèlent effectivement une image externe dissociée de son
fonctionnement interne. Cette conformité cérémonielle impacte sur la légitimité que devrait
obtenir la fonction dans les régions. Nous allons présenter chacune des situations et leur
impact réducteur de la légitimité.
4.2.1 Vacance de poste
Les normes de l’entreprise ont mentionné la mise en place de la fonction de contrôleur de
gestion (Note de service N° 1849/14/SBEE/DG/SP du 16 Octobre 2014). Mais la réalité dans
l’organisation est dissociée de son fonctionnement interne. La fonction demeure vacante
pendant plusieurs trimestres. L’acteur qui doit assurer la fonction n’est pas encore soit recruté,
ou soit celui qui l’occupait est déployé à un autre poste dans l’organisation. La fonction a été
assumée cumulativement avec ses attributions par le chef service administratif et financier en
fonction dès son introduction. Il a été remplacé par la suite par un contrôleur de gestion.
Durant les années d’existence de cette fonction dans la région, ce seul acteur a effectivement
exercé, et seulement pour quatre semestres. Suite à sa mutation, il a fallu plusieurs trimestres
de poste vacant pour que le chef service administratif et financier commence par assurer son
intérim. L’intérimaire a occupé la fonction, cumulativement avec ses propres responsabilités
pendant deux semestres. Le poste demeure vacant depuis juillet 2015 dans la région. Ce
constat se fait dans six régions sur les huit existantes.
Le sens littéraire du mot « vacances » signifie une période régulière et légale d’arrêt de
travail. Lorsqu’il n’est pas employé au pluriel, il représente le caractère de ce qui est
disponible. Ainsi la vacance d’un poste est appréhendée comme un temps durant lequel une
autorité légitime ne s’exerce plus ; la situation d’un poste est donc momentanément
dépourvue. Dans les textes législatifs au Bénin, la vacance de poste dans le secteur juridique
(Cour d’Appel, Tribunal…) ne peut excéder trois mois. Un acte administratif doit être pris
pour procéder au remplacement (Article 58 du statut particulier des magistrats et le régime de
la magistrature au Bénin). Dans le secteur hospitalier public, toute vacance de poste ne peut
excéder un délai de trente (30) jours. L’autorité ou le corps électoral doit pourvoir à son
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
20
remplacement dès le dépassement du délai prévu (Décret N°2012-422 06 Novembre 2012,
portant attribution, organisation et fonctionnement du Centre National Hospitalier
Universitaire Hubert Koutoukou Maga CNHU-HKM).
Si la fonction de contrôle de gestion demeure vacante dans une entreprise publique quelle est
la durée légale que l’on devrait considérer ? Le délai maximum est celui des textes de la
justice, donc trois (3) mois. Dans le cas d’étude, nous sommes en présence d’une vacance de
poste d’une durée excédant déjà douze (12) mois. Même si aucun texte, ni note de service n’a
supprimé officiellement la fonction dans les régions, l’on est en mesure de considérer qu’il
s’agit d’une décision tacite. La fonction demeure vacante pour une durée illimitée.
Il est important de souligner que cela laisse une apparence dans les normes de l’entreprise.
Mais sur le terrain, elle reste vacante. L’apparence traduit le caractère superficiel, sans réalité
profonde et illusoire. Puisque cette apparence est constatée et fait état d’une conformité
cérémonielle, il s’agit d’une image externe ne reflétant pas la réalité du fonctionnement à
l’interne. Les textes ont bien mentionné l’existence de la fonction alors qu’elle demeure
vacante depuis plus d’une année. La vacance de poste est considérée par ce cas d’étude
comme un « découplage de la fonction de contrôle de gestion ».
Il faut préciser que dans l’accomplissement de sa mission, les intérimaires ont aussi contribué
à réduire la reconnaissance de ses actions. Pendant un trimestre d’observation dans
l’organisation, la réalisation des indicateurs de performance que le contrôleur de gestion est
tenu d’envoyer à la direction générale tous les lundis n’a pas été produit. L’on impacterait
cela au poste vacant alors que l’acteur assurant l’intérim a déclaré lors de l’entretien « je
n’arrive pas à finir mes attributions pour m’occuper de la réalisation des indicateurs de
performance que la direction même peut effectuer ; vu qu’elle reçoit toutes les données de la
région ». Au-delà de cette tâche non accomplie alors qu’elle est mentionnée dans la note de
service de la fonction, la direction générale a envoyé deux fois de suite un rappel à l’ordre.
Malgré ce rappel, l’intérimaire n’a eu comme réponse « j’attends le responsable qui viendra
me le reprocher alors que j’effectue les attributions de plusieurs fonction à la fois ». Il est
important de souligner que durant les mensualités ou la fonction de contrôleur de gestion
pouvait émerger, les responsables stratégiques ont participé à sa disparition. Il n’y a pas eu
une mise en place des outils nécessaires à l’accomplissement des attributions liées à la
fonction. Alors que la direction générale a installé les instruments de ce service, sans se
soucier de faciliter l’exécution des tâches par la région.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
21
4.2.2 Existence d’une fonction similaire : contrôle de zone
Comme nous l’avons précisé ci-dessus, une fonction dénommée « contrôleur de zone » avait
été créé depuis 2008. Elle a constitué un handicap pour l’évolution des contrôleurs de gestion
dans les régions. Même si les attributions ont clairement été mentionnées dans les notes de
services diverses qu’il est chargé du contrôle des opérations administratives, commerciales,
comptables et financières au niveau des directions régionales, le contrôle de zone effectue
dans la pratique toutes les tâches du contrôleur de gestion. Un chef commercial a mentionné
dans ses propos : « Je ne sais pas si c’est parce que l’organigramme a été tellement élargi
qu’on a créé un contrôleur de zone et puis de gestion. A mon avis, ce que le contrôleur de
gestion fait devrait suffire parce qu’il a presque toutes les attributions du contrôleur de zone.
Je ne sais même pas pourquoi cette fonction a été créée, je suggèrerais que les deux soient
fusionnés ».
Le contrôle de zone prétend qu’il est « l’œil de la direction générale dans les régions », une
affirmation au cours de l’entretien. Cette fonction est effectuée par un acteur possédant les
qualités d’un contrôleur de gestion et d’un adjoint ayant la qualification du secteur de
l’énergie. Un directeur régional avait émis cette préoccupation des autorités pour la fonction
de contrôleur de gestion : avoir un double profil. Cette nécessité a fait créer cette substitution
similaire avec la fonction de contrôleur de gestion. Elle existait avant la création de la
fonction de contrôle de gestion.
Il effectue le suivi budgétaire sous le prétexte qu’il veut être informé de toutes les actions
entreprises dans l’organisation. Il met à jour un tableau de bord qu’il a conçu et transmet à la
direction générale. Il effectue des visites inopinées chez les agents pour un état de la situation
de leur fonction. A cet égard, il perturbe dans le fonctionnement des services. Sous le titre de
l’œil de la direction il suspend les activités pour effectuer ses missions. Un chef commercial
et un chef service administratif et financier soulignent à ce sujet que « le contrôleur de zone
perturbe dans le fonctionnement de la région à force de vouloir refaire tout ce que le contrôle
de gestion a effectué ». Les acteurs traduisent ainsi, l’imbrication de la fonction de contrôleur
de gestion avec la fonction de contrôle de zone. Il est l’ombre de la fonction de contrôle de
gestion.
Le seul rôle que le contrôle de zone n’effectue pas dans la région est celui de conseiller auprès
du directeur régional. Il est interdit d’agir ou de modifier toute attribution des acteurs. Il
propose à la direction régionale dans ses rapports et cette dernière envoie par note de service
les modifications. Il n’est pas autorisé à apposer de signature sur les pièces administratives
mais il les reçoit après leur traitement.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
22
L’existence d’une fonction similaire n’est-elle pas une apparence de la fonction de contrôle de
gestion ? Mais de quelle manière ?
Le contrôle de gestion est censé mené des activités dans la région. Il est basculé entre intérim
et vacance de poste. Alors qu’il existe une fonction de contrôle de zone qui accomplit presque
les mêmes activités dans la pratique. L’absence de l’un rend plus nécessaire la présence de
l’autre. Le contrôle de zone augmente sa reconnaissance sur le terrain et récupère à petit coup
la place du contrôle de gestion. Le contrôle de zone présente ainsi une apparence au contrôle
de gestion dans l’accomplissement de leur mission. Meyer et Rowan (1977) et Colon (2014)
ont souligné le découplage en cas d’incohérences au sein de l’environnement institutionnel.
L’incohérence n’est pas seulement le caractère de ce qui manque de logique, mais il s’agit
aussi de toute perturbation. La fonction de contrôle de gestion est perturbée par le contrôle de
zone. Nous qualifions alors l’existence d’une fonction similaire comme un découplage. Cela
crée un impact réduisant la légitimité de la fonction de contrôle de gestion.
Non seulement les vacances de poste et la substitution similaire involontaire impactent sur la
fonction de contrôleur de gestion, mais la mission attribuée n’est pas effectuée. Les nouvelles
sortes de découplage sont alors, les vacances de poste à durée illimité et l’existence d’une
fonction similaire. Le premier découplage ressort la conformité cérémonielle tandis que le
second reflète un apprivoisement du rôle par la fonction similaire.
4.3 Impact des vacances de poste illimitées et de la fonction similaire sur la légitimité
L’impact est définit comme étant l’influence d’une action. La vacance de poste illimitée
détruit l’évolution que devrait connaitre la fonction de contrôle de gestion. Dans la suite
logique, la fonction similaire agit sur cette même émergence de la fonction de contrôle de
gestion. La légitimité de la fonction de contrôle de gestion se réduit ainsi par des actions
effectuées par les agents pouvant la faire émerger.
La légitimité de la fonction de contrôleur de gestion obtenue suite à la question « A quoi sert
– elle ? » devient inutile lorsque les actions ne montrent pas son importance. Si une fonction
demeure vacante pendant plus d’une année, que sera le point de vue des acteurs
organisationnels. La vacance de poste est une apparence interne qui réduit la survie des
actions organisationnelles. Non seulement, le terme vacance de poste montre cette
dissociation, mais son caractère illimité laisse à prouver que la fonction ne sert à rien dans
l’organisation. Que la fonction soit vacante ou assurée par un intérimaire, le rôle n’est pas
effectué. L’on pourrait penser que les acteurs stratégiques ont prévu cette évolution de la
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
23
fonction puisque le contrôle de zone ne ménage aucun effort pour effectuer les tâches du
contrôleur de gestion. Ce qui nous pousse à se demander si la fonction de contrôleur de
gestion dans les régions ne serait pas en instance de suppression.
La fonction similaire créée est un découplage puisqu’elle conduit à montrer l’inutilité de la
fonction de contrôleur de gestion. Les différents chefs d’agences ont fait ressortir dans leurs
entretiens, qu’il faut supprimer l’un au détriment de l’autre. La légitimité de celle qui reste
longtemps vacante est remise en question et diminue au fur et à mesure. L’image externe de
l’organisation dissociée de son fonctionnement interne (Weick, 1979) ne conduit pas à la
perte de légitimité lorsqu’il s’agit d’une structure formelle non conforme aux pratiques réelles
(Meyer et Rowan, 1977). La perte de légitimité se constate lorsqu’une volonté entre en jeu et
organisée par les acteurs stratégiques. Les découplages volontaires caractérisés par les
vacances de postes illimitées et la substitution avec une fonction similaire conduisent à
réduire la légitimité.
5 Discussion : Les fondements de la perte de légitimité de la fonction de
contrôleur de gestion
Le contrôleur de gestion est appréhendé ici, sous un rôle d’aide à la décision, de vérificateur
et de conseiller. Lorsqu’on se réfère à Sathe (1983), il faut souligner que deux rôles de
contrôleur de gestion sont en jeux : le rôle de l’implication et celui d’indépendance. Dans
cette logique, l’auteur souligne qu’il s’agit du « contrôleur de gestion fort ». Ce dernier est à
la fois « impliqué » dans les décisions opérationnelles et demeure « indépendant » du niveau
opérationnel. Le rôle de conseiller reste ainsi secondaire à la fonction (Bouquin, 2001). La
relation du contrôleur de gestion avec l’image perçue par ses pairs modifient le rôle qu’il doit
jouer. Lorsqu’elles sont positives, la fonction accroît sa légitimité. Dans le cas contraire, l’on
assiste à une réduction de l’évolution que la fonction de contrôleur de gestion devrait
connaître. Deux images se sont superposées en fonction de l’axe qu’on interroge. Une image
traditionnelle avec l’idée de « flicage » au niveau stratégique et celle « relationnelle » du côté
opérationnel.
Cooper (1996), Montgolfier (1999) et Burns et Scapens (2000) ont anticipé dans leurs travaux
sur la disparition des contrôleurs de gestion. Bouquin et Fiol (2007) ont mis en exergue
indirectement lorsqu’ils prétendent dans leurs travaux, le titre « les repères perdus ». Lorsque
les différentes recherches abordent la légitimité par sa traduction de la reconnaissance d’un
droit d’agir, il est aisé de considérer sa perte par « la diminution de la reconnaissance du droit
d’agir ». Si au regard de Weber (1978) et Habernas (1981) la théorie qui se rapporte à la
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
24
légitimité inclut trois paradoxes, de quelle manière sa perte peut se théoriser ? Non seulement
la légitimité n’est ni « une tradition socialement contingente », ni « un jugement collectif » et
par conséquent à caractère non instrumentale. Mais suffit-il de ces précisions pour une perte
de légitimité ?
Qualifiée « la légitimité d’une réalité difficilement appréhensible » (Demaret et Méric, 2013),
elle est influencée par « les valeurs morales et culturelles » (Beaulieu, 2001). La légitimité est
perçue dans « un système socialement construit de normes, valeurs et de croyances »
(Suchman, 1995) et en plus des pratiques en vigueur. Au-delà de ces critères mentionnés par
Beaulieu (2001), ce cas d’analyse trouve son influence au travers des normes. Elle a permis
d’amorcer la construction de la légitimité d’un côté. Mais de l’autre côté, les pratiques ont
aidé à détruire l’évolution de la fonction de contrôleur de gestion. Pétrin et Gendron (2003) le
résument aisément : « la légitimité n’est jamais acquise : elle se gagne, se perd, se manipule,
se construit ou même, se négocie ».
Lorsque le rôle incombant au contrôleur de gestion est falsifié par une autre fonction
similaire, la légitimité ne peut que se réduire. Cela montre que la légitimité du contrôle est
effectivement appréhendée à travers la question « à quoi sert-il ? » (Laufer er Ramanantsoa,
1982 ; Demaret et Méric, 2013).
6 Conclusion
La littérature sur la légitimité de la fonction de contrôleur (Bollecker, 2007 ; Lambert, 2005 ;
Morales, 2009 ; Lambert et Morales, 2009 ; Demaret et Meric, 2013) demeure peu explorée.
Cette étude se penche particulièrement sur la perte de la légitimité. Elle a permis de cerner les
raisons effectives conduisant à la perte de la légitimité en explorant un cas concret.
Ainsi, l’objectif de la recherche est de comprendre la manière dont la fonction de contrôleur
de gestion perd son droit d’agir. Ce dernier est un enjeu important en termes d’amélioration
de « la fonction de contrôleur de gestion en danger » (Bollecker, 2009). Nous avons jeté les
bases sur la perte de la légitimité de cette fonction dans les régions de l’organisation en
question.
Les résultats de notre recherche montrent avec certitude que les découplages de la fonction de
contrôleur de gestion qui réduisent son obtention de légitimité. Il existe une volonté qui
accompagne l’accomplissement des découplages. Il y a perte de légitimité, lorsque la fonction
de contrôleur de gestion qui est censé fonctionnée dans l’organisation, fait ressortir une
vacance successive du poste. Cette perte de légitimité a été qualifiée de découplage, puisqu’il
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
25
s’agit d’une image interne, dissocié de son apparence externe. Il y a aussi une réduction de la
légitimité, lorsque l’intérimaire n’effectue pas les attributions de la fonction qu’il assume. Il a
été constaté un découplage que l’on explique par la falsification d’une fonction similaire dans
l’organisation. Le contrôleur de gestion perd son droit d’agir et les différents acteurs
(opérationnels comme stratégique) se questionnent sur son utilité. Pour cela, l’importance de
la fonction de contrôleur de gestion doit être revalorisée dans les organisations. Les résultats
contredisent l’affirmation de Meyer et Rowan (1977) « le découplage ne conduit pas à la perte
de légitimité ». L’apport théorique permet de remettre en cause les travaux qui soulignent que
le découplage ne réduit pas la légitimité des contrôleurs de gestion.
Nos résultats interpellent sur le plan managérial les dirigeants de l’organisation sur l’utilité
qu’ils donnent à cette fonction. Le changement de décision effectué par ce niveau stratégique
pose une voie de recherche car ses acteurs ont contribué à détruire la légitimité de la fonction
de contrôleur de gestion dans les régions.
Les limites à cette étude sont relatives au caractère subjectif issu de la perception des acteurs.
Toutefois, les résultats de cette recherche représentent des perspectives d’études intéressantes.
Elles peuvent être testées et contribuées à l’évolution de futures recherches sur ces questions.
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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
31
Annexes
Annexe 1 : Schéma descriptif de la structure de la cellule comportant la fonction de
contrôle de gestion (issu des documents internes de l’organisation)
Cellule de Contrôle de Gestion
et de la Prévention des Risques
Service Tableau de bord et
du Suivi Budgétaire
Assistance
Juridique et de la
Gestion du
Contentieux
Gestion des Risques et
Affaires Juridiques
Section
Indicateurs de
performance
Analyse
des
Risques
Section
Exécution du
Budget
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
32
Annexe 2
Architecture des contrats d’activité périodiquement négociables
DIRECTEUR GENERAL
CONTRAT
NIVEAU 1
CONTRAT
NIVEAU 2
CONTRAT
NIVEAU 3
CONTRAT
NIVEAU 4
DIRECTEUR
CHEF SERVICE
MAITRISE
EMPLOYES
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
33
Annexe 3
CONTRAT D’OBJECTIFS DE PERFORMANCE DU DIRECTEUR REGIONAL XX
VISION : FAIRE DE LA SBEE UNE ENTREPRISE DE SERVICE PUBLIC PERFORMANTE
AXE STRATEGIQUE : MAITRISER LA GESTION CLIENTELE
Objectifs
prioritaires
Actions Objectif fixé au
30/06/06
Indicateurs de
performance
Moyens spécifiques à
allouer
1. Maîtriser le
processus de prise
en compte du client
Etablir toutes les demandes de
devis dans un délai d’une
semaine
Avoir établi toutes les
demandes de devis en
instance
Nombre de devis
établis dans un
délai de plus
d’une semaine
-Mise à disposition des
procédures
-5 agents de devis
Tenir compte du cahier des prix cession et faire vérifier tous devis par le chef d’agence et le chef service électricité
Tous les devis établis
doivent avoir été signés par
les chefs d’agence et de
service électricité.
Nombre de devis
signés
Mise à disposition des
cahiers de prix de
cession actualisés
Exécuter les branchements
dans un délai de 15 jours
Avoir exécuter tous les
devis de branchement
payés avant le 15 juin 2006
Délai d’exécution
des
branchements
-un véhicule 4*4 pour le
secteur branchement B.
-5 Tricycles
-6 agents électriciens
Codifier quotidiennement les
clients
Tous les ordres de mise en
service doivent être
codifiés.
3 agents de mutation
2. Améliorer le
Chiffre d’Affaires
Relever les clients à bonne
date
Planning de relevé respecté Remplacement des 2
releveurs par 2
nouveaux
Vérifier les factures par
échantillonnage
Avoir effectué 6 contrôles
par échantillonnages de (50
polices au moins par mois)
Nombre de
factures vérifiées
- mise à disposition de 2
agents pour le secteur
anomalies et fraudes
Corriger les anomalies Toutes les anomalies
enregistrées avant le 15
mai doivent être corrigées
Vérifier mensuellement les
factures des gros clients.
Avoir vérifié
systématiquement les
factures des gros clients
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
34
Annexe 4
Suivi budgétaire en fin d’année
Le point d’exécution au 31 décembre du budget exercice 2009 de la SBEE présente les réalisations
relatives aux budgets d’exploitation (produits et charges), d’investissement et de trésorerie.
I- Les produits d’exploitation
Les produits au 31 décembre 2009 sont estimés à 70,966 milliards de francs CFA pour une prévision
annuelle de 88,284 milliards de FCFA ; soit un taux de réalisation de 80,38%.
Les ventes d’énergie à fin décembre 2009 représentent 82,43% des objectifs fixés pour cette année.
Ce taux de réalisation relativement bas s’explique par le fait que la prévision a tenu compte d’un
relèvement de 25 FCFA à partir de janvier 2009, alors que les prix n’ont été augmentés que de 12 FCFA
et ceci à compter du début du second semestre 2009.
(1) La non disponibilité de l’information ne nous a pas permis de calculer le montant réel des
produits divers de l’exercice 2009.
II- Les charges d’exploitation
Au 31 décembre 2009, les charges se chiffrent à 72,434 milliards de FCFA et représentent 94,24% des
prévisions de l’exercice 2009.
Elles sont constituées essentiellement des achats d’énergie, de combustibles, de location de
matériel et outillage et des impôts et taxes.
LIBELLES PREVISION 2009REALISE AU 31
DECEMBRETAUX DE REAL.
VENTE D'ELECTRICITE 77 484 000 63 866 213 82,43%
TRAVAUX 2 616 000 2 599 712 99,38%
SERVICES VENDUS 5 341 000 4 500 709 84,27%
PRODUITS DIVERS (1) 2 843 000 -
TOTAL PRODUITS 88 284 000 70 966 634 80,38%
POINT DE REALISATION DES PRODUITS AU 31 DECEMBRE DU BUDGET EXERCICE 2009
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
35
(Montant en millier de FCFA)
60 ACHATS PREVISION 2009REALISE AU 31
DECEMBRETAUX DE REAL.
60 210 Pièces de rechange 565 639 0 0,00%
60 421 Combustibles et lubrifiants 4 098 781 9 115 989 222,41%
60 422 Carburant véhicules 354 930 309 114 87,09%
60 430 Produits d'Entretien 15 300 3 490 22,81%
60 442 Tenue de Travail 11 635 0 0,00%
60 450 Agrégats Usine Poteaux Béton 1 512 938 1 195 534 79,02%
60 470 Fournitures diverses de bureau 110 777 146 264 132,03%
60 471 Fournitures Ordinateurs 456 442 59 161 12,96%
60 500 Achat d'Energie 44 903 857 42 709 853 95,11%
60 510 Eau consommée 45 856 31 662 69,05%
60 520 Electricité consommée 248 156 294 532 118,69%
60 560 petits outillages 12 229 1 765 14,43%
60 581 Matériels de branchement 2 253 765 622 449 27,62%
60 582 Matériels d'Extension 689 391 136 119 19,74%
60 583 Matériel d'entretien 64 853 0 0,00%
60 584 Achats divers 33 062 9 917 29,99%
60 586 Produits pharmaceutiques 45 240 3 358 7,42%
55 422 851 54 639 207 98,59%
61 TRANSPORT
61 100 Transport du Personnel 156 765 35 302 22,52%
61 400 Transport de matériels 46 452 239 0,51%
203 217 35 541 17,49%
POINT DE REALISATION DES CHARGES AU 31 DECEMBRE DU BUDGET EXERCICE 2009
S/TOTAL
S/TOTAL
62 SERVICES EXTERIEURS A
62 220 Locations bâtiment 122 750 111 014 90,44%
62 230 Locations matériel et outillage 1 847 069 3 614 033 195,66%
62 410 Entretien Immeuble 108 066 170 477 157,75%
62 421 Entretien Equipements 201 630 165 013 81,84%
62 422 Entret, réparat° matér de transport 307 200 256 027 83,34%
62 480 Autres entretiens et réparations (Rév. Groupe) 1 890 844 24 155 1,28%
62 500 Prime d'Assurance 755 000 498 508 66,03%
62 600 Etudes Recherches et documentation 20 140 333 1,65%
62 700 Annonces, publicités et séminaires 110 325 42 994 38,97%
62 800 Frais de télécommunications 123 208 88 742 72,03%
5 486 231 4 971 297 90,61%
63 SERVICES EXTERIEURS B
63 100 Frais bancaires 144 247 121 961 84,55%
63 200 Rénumération personnel extérieur 106 000 0 0,00%
63 230 Transitaires 500 000 57 013 11,40%
63 240 Honoraires 149 550 65 212 43,61%
63 283 Subventions aux syndicats 8 000 0 0,00%
63 300 Frais de formation du personnel 352 550 74 761 21,21%
63 710 Rémunérations prestataires, man. 125 320 12 938 10,32%
63 720 Rémunérations Vigiles 147 540 151 030 102,37%
63 712 Rémunérations police 17 224 13 317 77,32%
63 830 Frais de réception 44 908 13 811 30,75%
63 840 Frais de mission à l'intérieur 284 173 135 939 47,84%
63 841 Frais de mission à l'extérieur 154 458 52 675 34,10%
63 870 Frais divers 42 040 5 891 14,01%
2 076 011 704 549 33,94%
64 IMPÔTS ET TAXES
64 110 Impôts fonciers et patentes 508 823 342 612 67,33%
64 800 Versement patronal sur salaires 506 326 251 649 49,70%
64 120 Autres Impôts 813 388 1 849 233 227,35%
1 828 538 2 443 495 133,63%
65 AUTRES CHARGES
65 810 Rémunération des administrateurs 25 000 21 300 85,20%
65 820 dons 10 000 9 560 95,60%
65 830 Sport 82 000 46 861 57,15%
117 000 77 721 66,43%S/TOTAL
S/TOTAL
S/TOTAL
S/TOTAL
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
36
A la clôture de l’année 2009, les achats de combustibles et lubrifiants se chiffrent à 9,116 milliards
de FCFA, contre une prévision de 4,099 milliards de FCFA (soit un taux de réalisation de 222,41%). Cette
hausse s’explique par le fait que la CEB n’a pas pu honorer ses engagements de fourniture de 93% de
l’offre énergétique de la SBEE. Cette situation a contraint la SBEE à utiliser ses propres groupes ainsi que
ceux en location d’AGGREKO et MR International pour faire face à la demande d’électricité.
Les achats d’énergie électrique auprès de la CEB représentent 95,11%, des prévisions. Ceci montre
que même si la CEB nous fournissait effectivement les quantités prévues au budget, elles ne seraient
pas suffisantes pour couvrir la demande de la population.
Par ailleurs, la chute du volume des ventes par rapport à la progression des achats et de
production d’énergie pose réellement le problème du taux de perte sur le réseau électrique.
Les locations de matériels et outillages concernent essentiellement les centrales thermiques
AGGREKO et MRI. Lesdites locations étaient prévues uniquement pour le 1er semestre de l’année 2009,
leur maintien tout le long de l’année 2009 explique le taux de réalisation de 195,66%.
Les autres impôts représentent 227,35% des prévisions. Cette forte progression s’explique par le fait
que les réalisations de l’année 2009 prennent en compte des régularisations d’impôt de l’année 2008
pour un montant de six cent soixante quinze millions six cent quatre vingt douze mille trente
(675 692 030) FCFA relative aux dossiers de la CEN-SAD.
III- les investissements
Le montant total des investissements enregistrés à la CCGPR s’élèvent à 2,547 milliards de FCFA au 31
décembre 2009 contre une prévision de 9,041 milliards de FCFA ; soit un taux de réalisation de 28,17%.
Le taux de réalisation des investissements (28,17%) s’explique par le fait que les difficultés de
trésorerie de la SBEE l’ont contraint à reporter ses achats de matériel d’investissement.
66 CHARGES DE PERSONNEL
66 000 Charges de Personnel 7 425 000 6 632 175 89,32%
66 800 Frais Sociaux 10 000 0 0,00%
66 840 Médecine au Travail et Pharmacie 71 000 10 493 14,78%
66 841 Récipiendaires 20 000 0 0,00%
66 842 Etrennes de fin d'année aux enfants 40 000 35 990 89,98%
66 843 Participation aux obsèques 8 250 4 750 57,58%
7 574 250 6 683 408 88,24%
67 FRAIS FINANCIERS
67 000 Frais Financiers 4 153 723 2 878 935 69,31%
4 153 723 2 878 935 69,31%
76 861 820 72 434 152 94,24%TOTAL
S/TOTAL
S/TOTAL
Numéro de
COMPTEDESIGNATION PREVISION 2009
REALISE AU 31
DECEMBRETAUX DE REAL.
21 000 Logiciel 100 000 4 192 4,19%
23 000 Bâtiments 585 900 107 188 18,29%
23 400 Installations techniques 2 732 100 49 494 1,81%
23 500 Aménagements de bureaux 316 500 54 796 17,31%
24 100 Matériel et outillages 4 247 100 2 269 009 53,42%
24 400 Matériel et mobilier de bureaux 500 000 34 094 6,82%
24 500 Matériel de transport 559 500 28 500 5,09%
9 041 100 2 547 274 28,17%
POINT DE REALISATION DES INVESTISSEMENTS AU 31 DECEMBRE DU BUDGET EXERCICE 2009
TOTAL
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IV- Trésorerie
La trésorerie nette à fin décembre 2009 de la SBEE se chiffre à 8,143 milliards de FCFA contre une
prévision annuelle de 4,379 milliards FCFA.
(montant en millier de FCFA)
Numéro de
COMPTEDESIGNATION PREVISION 2009
REALISE AU 31
DECEMBRETAUX DE REAL.
52-57 SOLDE DE TRESORERIE 4 379 8 143 185,94%
4 379 8 143 185,94%
POINT DE REALISATION DES INVESTISSEMENTS AU 31 DECEMBRE DU BUDGET EXERCICE 2009
TOTAL
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Annexe 5 : Structure du Tableau de bord de la SBEE Source : SBEE, Cellule de Contrôle de Gestion et de
la Prévention des Risques
INDICATEURS
août-07 août-08 août-07 juil-08 août-08 2008 Taux de réalisation
*Extension BT(mètre)
*Extension MT(mètre)
*Branchements
*Branchements en instance
*Impayés(millier de FCFA)
*Recouvrement(millier de FCFA)
INDICATEURS
août-07 août-08 août-07 juil-08 août-08 2008 Taux de réalisation
Production & Ventes (KWh)
*Achat CEB
*Production globale
*Consommation combustibles (litre)
*Ventes
*Taux de perte
*Consommation spécifique(litre/KWh)
Réalisation du mois Objectif
Cumul annuel Réalisation mensuelle Objectif
Cumul de l'année
PRODUCTION & VENTE
EXPLOITATIONS
INDICATEURS
(en millers de FCFA) août-07 août-08 août-07 juil-08 août-08 2008 Taux de réalisation
Chiffres d'affaires & charges
*Chiffres d'affaires
*Charges significatives
-CEB
-Salaires
*Dette CEB (à fin Août) Dont échue
*Dette pétroliers (à fin Août) Dont échue
*Autres dettes (à fin Août) Dont échue
*Encours des traites(fin Août) Dont échue
Encours des emprunts au 30/08/2008 Echus non honorés au 30/08/2008
ObjectifRéalisation du moisCumul de l'année
CHIFFRES D'AFFAIRES & CHARGES
DETTES FINANCIERES & DETTES D'EXPLOITATION