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7. Le fonctionnalisme
Master 1 : 2010-2011
Théories linguistiques1
Le “fonctionnalisme”
Cooreman, A. & Kilborn, K. (1991) Functionalist linguistics: discourse structure and language processing in second language acquisition. In T. Huebner & C. Ferguson (eds) Crosscurrents in Second Language Acquistion and Linguistic Theories, 195-224. Amsterdam: John Benjamins.
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Functionalism is not a standard theory in linguistics, although attempts in that direction have been made *…+ Functionalism is an approach to the study of language which can be characterized by a number of generally accepted assumptions. Briefly, it represents a movement within mainstream linguistics to go outside the bounds of a single sentence and derives from the recognition that the explanation of linguistic forms must include semantic and pragmatic considerations.
Le fonctionnalisme n’est pas une théorie linguistique établie, bien que des tentatives en ce sens aient été faites […] L’approche fonctionnaliste de l’étude du langage peut être caractérisée par un certain nombre de principes généralement acceptés. En bref, tout en restant dans les grands courants de la linguistique, cette approche vise à dépasser les limites de la phrase isolée, reconnaissant que l’explication des formes linguistiques doit tenir compte de facteurs sémantiques et pragmatiques.
Des approches fonctionnalistes
Le cercle linguistique de Prague
Halliday et la linguistique systémique-fonctionnelle
Martinet et la linguistique fonctionnelle : www.silf-la-linguistique.org
FSP (Functional sentence perspective) de Jan Firbas
La grammaire fonctionnelle (Dik)
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Le cercle linguistique de Prague
Créé en 1926 par Mathesius
Connu d’abord pour sestravaux sur la phonologie(Trubetzkoy, Jakobson, exilésde Russie)
Travaux interrompu par l’occupation allemande; Jakobson part en Scandinavieet puis à New York
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R. Jakobson 1896-1982
Traits distinctifs en anglais5
Jakobson, R., C.G.M. Fant et M. Halle (1951) Preliminaries to speech analysis; the distinctive features and their correlates. Cambridge MA: MIT Press.
Les fonctions du langageJakobson, R. (1960) “Closing statements: Linguistics and Poetics”. In T. Sebeok (ed.), Style in Language. New York. Traduction française dans Essais de linguistique générale, t.1. (209-248 ). Paris: Minuit, 1963.
Language must be investigated in all the variety of its functions. *…+ An outline of these functions demands a concise survey of the constitutive factors in any speech event, in any act of verbal communication. The ADDRESSER sends a MESSAGE to the ADDRESSEE. To be operative the message requires a CONTEXT referred to *…+; a CODE fully, or at least partially, common to the addresser and addressee *…+; and, finally, a CONTACT, a physical channel and psychological connection between the addresser and the addressee, enabling both of them to enter and stay in
communication.
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Le langage doit être étudié dans toute la variété de ses fonctions. […] Pour donner uneidée de ces fonctions, un aperçu sommaireportant sur les facteurs constitutifs de tout procès linguistique, de tout acte de communication verbale, est nécessaire. Le DESTINATEUR envoie un message au DESTINATAIRE. Pour être opérant, cemessage requiert d’abord un CONTEXTEauquel il renvoie […]; ensuite, le message requiert un CODE, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire […] ; enfin, le message requiertun CONTACT, un canal physique et uneconnexion psychologique, entre le destinateur et le destinataire, contact qui leur permet d’établir et de maintenir la communication.
Schéma de la communication
CONTEXTE
DESTINATEUR . . . . . . . . . MESSAGE . . . . . . . . . DESTINATAIRE
CONTACT
CODE
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REFERENTIELLE
EMOTIVE . . . . . . . . . POETIQUE . . . . . . . . . CONATIVE
PHATIQUE
METALINGUISTIQUE
Les facteurs
Les fonctions
Limitations de ce schéma8
A blueprint for the speaker.
Levelt, W. (1989) Speaking:
From Intention to Articulation.
Cambridge, MA: MIT Press,
p.9.
Le schéma de
Jakobson ne traite
que des aspects
„visibles‟ de la
communication, et
non pas de la
formulation ou de la
compréhension de
message.
La compétence communicative:Dell Hymes
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We have then to account for the fact that a normal child acquires knowledge of sentences, not only as grammatical, but also as appropriate. He or she acquires competence as to when to speak, when not, and as to what to talk about with whom, when, where, in what manner. In short, a child becomes able to accomplish a repertoire of speech acts, to take part in speech events, and to evaluate their accomplishment by others.
Nous devons donc expliquer le fait qu’un enfant acquiertnormalement une connaissancenon seulement de ce qui estgrammatical mais aussi de cequi est approprié. Il apprendquand il doit parler ou non, et de quoi parler, avec qui, quand, où, et de quelle manière. Bref, ildevient capable d’accomplir des actes de parole, de participer à des événements de parole, et d’évaluer la façon dont ils sontaccomplis par d’autres.
Hymes, D. (1971) On Communicative Competence. Philadelphia: University of
Pennsylvania Press.
Les composantes de la communication setting: l’endroit
participants:
addressor, speaker, addressee, audience
purpose: la communication a toujours un but
key: le ton (sérieux, formel, ironique)
channel: (écrit, oral, direct, différé)
message content: (social, commercial, religieux, etc.)
rule-breaking: délibérément (pour offenser,
faire rire) ou par méconnaissance
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Dell Hymes, 1927-2009
Communication et apprentissage
Classroom work is aimed at the situational and contextualized use of particular language. The language has always to be specified in relation to the following components of events:
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WHO (speaking/writing) about WHAT
with what PURPOSE in which types and stages ofDISCOURSE
to what general AIM
Piepho, H-E (1981) Establishing objectives in the teaching of English. In C. Candlin (ed) The
Communicative Teaching of English . Harlow: Longman
La compétence à communiquer langagièrement peut être considérée comme présentant plusieurs composantes : une composante linguistique, une composante sociolinguistique, une composante pragmatique.
Conseil de l’Europe (2000) Cadre européen commun de référence pour les langues
Linguistique systémique-fonctionnelle
Les 4 “strates” de l’analyse fonctionnelle:
Contexte
Field (le procesus social et le domaine de référence)
Tenor (rapports entre locuteurs et leurs rôles sociaux)
Mode (canal de communication – face à face, etc.)
Sémantique
Ideational (le contenu propositionnel)
Interpersonnel (actes de parole, structure de l’échange)
Textual (structure du texte, cohésion, thème/rhème)
Lexique/Grammaire
Phonologie/Graphologie
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Exemple d’analyse multifonctionnelle
metafunction: system: in the open glade the wild rabbits danced with their shadows
dans la clairière les lapins sauvages
dansaient avec leurs ombres
textual THEME Theme Rheme
interpersonal MOOD Adjunct Subject Predicator Adjunct
Residue (1) Mood Residue (2)
ideational TRANSITIVITY Location Actor Process Accompaniment
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André Martinet
1908-1999
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Éléments de linguistique générale, Paris, Armand Colin, 1960
Grammaire fonctionnelle du français, Paris, Didier et Saint Cloud, Centre de
Recherche et d'Étude pour la Diffusion du français, 1979
André Martinet
La première articulation du langage est celle selon laquelletout fait d’expérience à transmettre, tout besoin qu’on désirefaire connaître à autrui s’analysent en une suite d’unitésdouées chacune d’une forme vocale et d’un sens. Si je souffrede douleurs à la tête, je puis manifester la chose par des cris. Ceux-ci peuvent être involontaires; dans ce cas ils relèvent de la physiologie. Ils peuvent aussi être plus ou moins voulus et destinés à faire connaître mes souffrances à mon entourage. Mais cela ne suffit pas à en faire une communication linguistique. Chaque cri est inanalysable et correspond à l’ensemble, inanalysé, de la sensation douloureuse.
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Unités de première articulation
Tout autre est la situation si je prononce la phrase j’ai mal à la tête. Ici, il n’est aucune des six unités successives j’ ai, mal, à, la, tête qui corresponde à ce que ma douleur a de spécifique. Chacune d’entreelles peut se retrouver dans de tout autres contextes pour communiquer d’autres faits d’expérience *…+ On aperçoit ce quereprésente d’économie cette première articulation: on pourraitsupposer un système de communication où, à une situation determinée, à un fait d’expérience donné correspondrait un cri particulier. Mais il suffit de songer à l’infinie variété de cessituations et de ces faits pour comprendre que, si un tel systèmedevait rendre les mêmes services que nos langues, il devraitcomporter un nombre de signes distincts si considérable que la mémoire de l’homme ne pourrait les emmagasiner.
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La deuxième articulation
Chacune de ces unités de première articulation présente *…+ un sens et une forme vocalique. Elle ne saurait être analyséeen unités successives plus petites douées de sens: l’ensembletête veut dire “tête” et l’on ne peut attribuer à tê- et à –te des sens distincts dont la somme serait équivalent à “tête”. Maisla forme vocale est, elle, analysable en une successssiond’unités dont chacune contribue à distinguer tête, par exemple, d’autres unités comme bête, tante ou terre. C’est cequ’on désignera comme la deuxième articulation du langage.
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La double articulation
nous aimons le thé
première articulationunités minimales significatives nous aim ons le thé
seconde articulationunités minimales distinctives u (z) m l t e
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L’économie de la double articulation
Dans le cas de tête ces unités sont au nombre de trois *…+ /tet/. On aperçoit ce que représente d’économie cetteseconde articulation : si nous devions faire correspondre à chaque unité significative minima une production vocalespécifique et inanalysable, il nous faudrait en distinguer des milliers, ce qui serait incompatible avec les latitudes articulatoires et la sensibilité auditive de l’être humain. Grâceà la seconde articulation, les langues peuvent se contenter de quelques dizaines de productions phoniques distinctives quel’on combine pour obtenir la forme vocale des unités de première articulation.
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Martinet, A.(1960) Eléments de linguistique générale. Paris: Armand Colin
20 http://www.inforef.be/projets/jeparledoncjecris/index2.html
Alfonic
Fonctionnalisme et structuralisme21
Only the strictly synchronic approach recommended by Saussure could lead to the foundation of an autonomous science of language through a drastic severance of all its ties with physical and psychic reality.
Decades of effort toward perfectly static descriptions, culminating with Hjelmslev’spurely formal analysis, have failed to convince us that they represent an ideal starting point for linguistic analysis. But without Saussure’s figment of the transversal cut, the perfect autonomy of linguistics might still be a long way off. To that figment we owe the conception of a linguistic structure perfectly distinct from the physiological, psychological, and sociological factors which, at all times, prepare, out of the language of today, the language of tomorrow.
Seule l’approche strictement synchronique préconisée par Saussure pouvait conduire à la création d’une science autonome du langage grâce à la rupture radicale de tous ses liens avec la réalité physique et psychique.
Des décennies d’efforts consacrés à des descriptions parfaitement statiques, aboutissant aux analyses purement formelles de Hjelmslev, ne nous ont pas convaincu qu’ils représentent le point de départ idéal d’une analyse linguistique. Mais sans la fiction saussurienne de la coupe transversale, l’autonomie parfaite de la linguistique serait peut-être encore lointaine. C’est à cette invention que nous devons la conception d’une structure linguistique parfaitement distincte des facteurs physiologiques, psychologiques et sociologiques qui, à tout moment, préparent à partir de la langue d’aujourd’hui celle de demain.A. Martinet (1961) “Realism versus formalism”. In A
Functional View of Language (1-38). Oxford:
Clarendon Press.
Fonctionnalisme et structuralisme22
Yet, since we are all agreed that language works as an instrument towards certain goals, we can hardly deny that the functioning of that instrument should be one of our major concerns. *…+ Function supplies the linguist with a scale of values that will stubbornly resist any attempt on the part of the theorist to make facts submit to the requirements of a method. *…+
Language reality is far more varied and far less homogeneous than many descriptivists would be willing to concede. At many points it gradually merges into other aspects of reality, which explains why it has taken such a long time to secure the autonomy of linguistics
Cependant, puisque nous sommes tous d’accord que le langage fonctionne comme un instrument pour atteindre certains buts, nous ne pouvons guère nier que le fonctionnement de cet instrument devrait être une de nos principales préoccupations […] La fonction fournit au linguiste une échelle de valeurs qui opposeront une résistance têtue à toute tentative du théoricien de faire plier les faits aux exigences d’une méthode.
La réalité du langage est bien plus variée et bien moins homogène que ne l’admettraient beaucoup de descriptivistes. A de nombreux endroits elle se fond progressivement dans d’autres aspects de la réalité, ce qui explique pourquoi il a fallu si longtemps pour assurer l’autonomie de la linguistique.
Evolutions du structuralisme
Le stucturalisme ‘formel’
Hjelmslev et la “glossématique”
Le stucturalisme ‘descriptif’
Les descriptivistes américains: Boas, Bloomfield
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Louis Hjelmslev1899-1965
On comprend par linguistiquestructurale un ensemble de recherches reposant sur unehypothèse selon laquelle il estscientifiquement légitime de décrire le langage comme étantessentiellement une entitéautonome de dépendancesinternes, ou, en un mot, unestructure.
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L. Hjelmslev (1948) “Linguistique structurale” in Essais linguistiques (28-33). Paris:
Editions de Minuit
La glossématique
La tâche principale de la linguistique est donc de construire une science de l’expression et une science du contenu sur des bases internes et fonctionnelles*…+ Il se consituerait ainsi, en réaction contre la linguistique traditinnelle, une linguistique don’t la science de l’expression ne serait pas une phonétiqueet dont la science du contenu ne serait pas unesémantique. Une telle science serait alors unealgèbre de la langue qui opérerait sur des grandeurs non dénommées
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L. Hjelmslev (1966) Prolégomènes à une théorie du langage (101-102).
Paris: Minuit (édition danoise 1943).
Expression et contenu26
forme de l’expression: les règles
phonologiques qui déterminent, pour
chaque langue, un nombre limité de
phonèmes (« grandeurs »), parmi tous les
sons possibles de l‟appareil phonatoire (le
« continuum »).
substance de l’expression: les
phonèmes qui en résultent.
forme du contenu: les règles qui
déterminent comment la réalité « pré-
sémiotique » est découpée en unités de
sens.
substance du contenu: les unités qui en
résultent.
schéma: Guy Spielmann, «Le signe tétradique», La P@ge de Guy
http://www9.georgetown.edu/faculty/spielmag/docs/semiotique/signe2.htm.
Forme du contenu
danois allemand français
træBaum arbre
Holzbois
skovWald
forêt
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découpages différents dans la réalité pré-sémiotique (Prolégomènes, p. 72)
Leonard Bloomfield1887-1949
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The most difficult step in the study of language is the first step
Dans l’étude du langage, c’estle premier pas qui est le plus difficile
La démarche descriptive29
In order to describe a language one needs no historical knowledge whatever; in fact, the observer who allows such knowledge to affect his description is bound to distort his data. Our descriptions must be unprejudiced, if they are to give a sound basis for comparative work.
The only useful generalizations about language are inductive generalizations. Features which we think ought to be universal may be absent from the very next language that becomes accessible.
Pour décrire une langue il n’y a besoin d’aucune connaissance historique ; mieux, un observateur qui laisserait de telles connaissances influencer sa description déformerait inévitablement ses données. Nos descriptions doivent être débarassées de tout préjugé, si nous voulons qu’elles fournissent une base solide pour un travail comparatif.
Les seules généralisations utiles sur le langage sont des généralisations inductives. Des traits que nous tenons pour universels feront peut-être défaut dans la prochaine langue à laquelle nous aurons accès.
L. Bloomfield (1933) Language. Ré-édition1984.
Chicago: U. of Chicago Press, 19-20.
Observation objective d’un acte de paroleLanguage, pp. 22-26
Suppose that Jack and Jill are walking down a lane. Jill is hungry. She sees an apple in a tree. She makes a noise with her larynx, tongue and lips. Jack vaults the fence, climbs the tree, takes the apple, brings it to Jill, and places it in her hand. Jill eats the apple.
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Imaginons que Jack et Jill se promènent dans un chemin. Jill a faim. Elle voit une pomme dans un arbre. Elle produit un bruit avec le larynx, la langue et les lèvres. Jack saute par-dessus la clôture, grimpedans l’arbre, prend la pomme, l’apporte à Jill et la met dans samain. Jill mange la pomme.
S R (réaction physique)
S r (réaction linguistique de substitution)
(stimulus physique) S R
(stimulus linguistique de substitution) s R
comportements possibles de Jill et de Jack
Acquisition de la parole
The gap between the bodies of the speaker and the hearer – the discontinuity between the two nervous systems – is bridged by the sound-waves.
The particular speech-sounds which people utter under particular stimuli differ among different groups of men; mankind speaks many languages.
Every child that is born into a group acquires these habits of speech and response in the first years of his life. This is doubtless the greatest intellectual feat any of us is ever required to perform.
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L’espace qui sépare le corps du locuteurde celui du récepteur – la discontinuitéentre les deux systèmes nerveux – estfranchi par les ondes sonores.
Les sons particuliers que les gens articulent en réponse à des stimuli particuliers varient selon les différentsgroupes humains; l’humanité parle de nombreuses langues différentes.
Chaque enfant qui naît dans un groupeacquiert ces habitudes de parole et de réponse durant les premières années de sa vie. Il s’agit là sans aucun doute du plus grand exploit intellectuel qui nous soit jamais demandé.
Critiques du descriptivisme
Un corpus, aussi important soit-il, ne représente qu’unepartie infime de tous les énoncés possibles, et mêmel’analyse la plus exhaustive ne peut représenter la compétence du sujet parlant. Pour cela, il faut se référer à la connaissance intuitive que les locuteurs ont de leur proprelangue.
L’ambition de la linguistique ne doit pas être simplement de décrire et de classifier, mais d’expliquer.
Décrire la façon dont les mots et les morphèmes sontorganisés dans les énoncés ne permet pas de comprendre le fonctionnement profond de la langue.
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voir O. Ducrot (1968) Note sur la “linguistique structurale” et le “transformationalisme” in
Le structuralisme en linguistique (114-120). Paris: Seuil
Structures de surface
1. Je te promets de payer
2. Je te permets de payer
3. Je te promets [S]
4. Je te permets [S]
5. Je te promets [JE paie]
6. Je te permets [TU paies]
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Comment découvre-t-on le fonctionnementprofond si la seuleinformation dont on dispose est la structure de surface?