13 fribourg devine qui vient chanter… 15 Épendes un...

9
PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERTÉ MARDI 29 MAI 2012 RÉGIONS MARDI Les tribulations d’un Gaulois en Suisse 11 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un giron à faire sauter le thermomètre 19 LE FLON Un autre giron à faire sauter le thermomètre 20 AVENCHES Découvrir le site «à la romaine» 20 VAUD Prisonniers détenus au poste de police La Suisse n’est pas membre de l’UE. Le peuple a toujours eu et aura toujours le dernier mot. C’est inscrit dans la Constitution. Jacques Bourgeois PLR Conseiller national à l’initiative sur les accords internationaux 17 JUIN 2012 NON www.initiative-asin-non.ch Comité fribourgeois « NON au vote obligatoire sur les accords internationaux », CP 304, 1701 Fribourg REMI(COM) Fribourg www.remicom.com • 026 322 28 28 Acheter Vendre un commerce ou une entreprise www.laliberte.ch Infomanie tél. 026 426 44 44 ÉLECTRICITÉ A terme, les prix vont augmenter KESSAVA PACKIRY Un quart de l’énergie consommée par le canton de Fribourg provient du nu- cléaire. Alors: faut-il s’inquiéter de l’arrêt éventuel de la centrale de Mühleberg dès 2013, demande en substance le député Ruedi Schläfli (udc, Posieux)? Il se de- mande également quelle en sera la réper- cussion sur les prix de l’électricité. Dans sa réponse, le Conseil d’Etat rap- pelle qu’il appartient d’abord à la Confé- dération de garantir l’approvisionnement électrique du pays. De plus, les entre- prises de distribution d’électricité sont amenées à fournir en tout temps du cou- rant aux consommateurs de leur aire de desserte. «De ce fait, elles doivent s’assu- rer d’être approvisionnées en suffisance et de fournir du courant à un prix compé- titif.» En période d’insuffisance, les im- portations proviennent essentiellement de France et d’Allemagne, dont les sources de production sont essentielle- ment nucléaires ou fossiles. «Dans l’hy- pothèse de l’arrêt rapide de la centrale de Mühleberg, la Suisse devra davantage re- courir aux importations. A moyen et long termes, l’approvisionnement du canton dépendra également de la construction de nouveaux moyens de production, va- lorisant les ressources renouvelables et/ou fonctionnant au gaz naturel, comme cela est par exemple projeté à Cornaux (NE)», relève le Conseil d’Etat. Le canton n’entend pas imposer à Groupe E d’approvisionner les consom- mateurs fribourgeois en énergie «verte», soit 100% renouvelable, «mais il reste at- tentif à ce que l’électricité fournie par l’entreprise soit, pour autant que possi- ble, produite de manière efficace et en in- cluant une part toujours plus importante d’énergies renouvelables», poursuit le Conseil d’Etat. Qui concède que les pro- jections indiquent que les prix de l’élec- tricité devraient augmenter à moyen terme, en raison notamment de l’accrois- sement de la demande. Mais pas de ma- nière massive. I Ainsi fût, fût, fût… la brasserie Cardinal CULTURE • L’usine brassicole fribourgeoise n’est plus. Mais elle revivra bientôt avec ses ouvriers, à travers un spectacle original et bilingue qui prendra bientôt ses quartiers dans les locaux vides de la défunte entreprise. SAMUEL JORDAN Déambuler aujourd’hui dans les locaux de l’ancienne Brasserie du Cardinal, à Fribourg constitue une étrange expé- rience. Des halles immensément vides et désespérément mortes. Aucune odeur. Un silence de cathédrale. A part quelques menus détails, plus rien n’indique que l’on y fabriquait hier de la bière, en quan- tités industrielles. Cette ambiance de deuil prolongé va pourtant prendre fin le 12 juin prochain. Ce jour-là, l’usine désaffectée deviendra en effet le théâtre… d’un théâtre. Pendant deux semaines, jusqu’à la fin du mois, des acteurs feront revivre le souvenir du dé- funt fleuron fribourgeois de l’agroalimen- taire. A travers ceux qui ont transpiré pour le maintenir à flot jusqu’à sa fermeture: les ouvriers. Témoignages en vedette «Ce spectacle se veut comme un der- nier hommage aux blouses bleues de Car- dinal. Car avec la disparition de l’entre- prise dont ils étaient si fiers, c’est tout une partie de leur vie qui s’est envolée. J’ai eu envie de prolonger leur mémoire», ex- plique Isabelle Loyse Gremaud, à la base du projet. La metteuse en scène et actrice a eu le déclic quand elle a entendu ses fils de 12 et 7 ans se mettre en rogne contre la fer- meture de la brasserie. «Si cette mauvaise nouvelle atteignait même des enfants qui ne boivent pas de bière, je me suis dit que cela devait vraiment être terrible pour les brasseurs. Cela m’a convaincue qu’il fallait faire quelque chose, du moins artistique- ment parlant». Comme l’ogre de la légende, la Fri- bourgeoise est partie à la recherche de la chair vive de son scénario. Epaulée par Florence Michel et Georges Wyrsch, Isa- belle Loyse Gremaud a recueilli une tren- taine de témoignages d’anciens ouvriers, qui seront publiés en partie dans la pro- chaine livraison de la revue «Pro Fri- bourg». «Je dois préciser que les ouvriers étaient très contents qu’on les écoute. Je les ai sentis tristes, mais réalistes, car bien conscients d’être malgré eux au centre de la mondialisation», précise la metteuse en scène. Beaucoup d’entre eux disaient: «Au final, il nous est arrivé à nous, ce que Sibra a fait à d’autres quand elle condamnait des brasseries dans d’autres cantons. Nous avons été les premiers maillons de cette chaîne de fermeture». A partir de ce matériel très vivant et poignant, Isabelle Loyse Gremaud – qui dit elle-même abhorrer la bière – a écrit des monologues qui seront interprétés par quatre acteurs professionnels: Jean-Luc Borgeat, Olivier Havran, Luc Spori et Ni- klaus Talman. Spectacle itinérant Les quatre brasseurs d’un jour seront disséminés dans différents endroits de l’usine. Et ce sera aux spectateurs, parta- gés en petits groupes, d’aller à leur ren- contre. Le temps pour eux de s’imprégner de l’atmosphère et de l’histoire des lieux en déambulant. C’est dans la halle de sou- tirage de fûts que la partie principale des représentations se déroulera. Le spectacle aura une portée très symbolique, puisqu’il interviendra moins d’une semaine après la remise of- ficielle des clés du site de Feldschlös- schen au canton et à la ville de Fribourg. Un sorte de rituel de passage qui a séduit Jean-Luc Mossier, chef de la Promotion économique du canton de Fribourg. «Il nous a très efficacement assistés dans notre projet». Où sont les sous? Si le spectacle est prêt à naître, sa ges- tation a été plutôt laborieuse. Les autorités fribourgeoises s’étant montrées plutôt fri- leuses en terme de sponsoring, malgré la portée emblématique du projet. Tout comme les principaux acteurs de l’écono- mie fribourgeoise. Le budget initial de 200000 francs n’est de loin pas bouclé. A noter encore que le spectacle sera aussi musical. C’est Alain Monod, des Young Gods, qui y mettra sa patte. A partir, entre autres, d’enregistrements réalisés lorsque la brasserie était encore en vie, le baladin voyageur enverra la musique. On s’en réjouit. I Spectacle «Je suis à Cardinal/Cardinal mein Leben», du 12 au 30 juin dans l’ancienne usine de Cardinal. Réservation à l’Office du tourisme de Fribourg au 026 350 11 00. LE PARI DU BILINGUISME Une fois n’est pas coutume, le spectacle pensé autour de la vie des ouvriers de Cardi- nal sera bilingue. Voire même trilingue, puisque les textes seront interprétés en fran- çais, allemand et suisse-alle- mand. La démarche est cou- rageuse, mais n’est-elle pas risquée? «Nous vivons dans une ville bilingue. Les ouvriers de la brasserie étaient autant Ro- mands qu’Alémaniques. Le choix du bilinguisme s’est im- posé à mes yeux comme une évidence», argumente la met- teuse en scène Isabelle Loyse Gremaud. Pour cette der- nière, on n’exploite pas suffi- samment cette richesse dans le canton de Fribourg. Et les échanges entre les com- munautés linguistiques ne sont pas assez nombreux. En choisissant le terrain miné du bilinguisme pour un spectacle, elle est consciente de faire un peu de provoca- tion, voire de poser un acte politique, mais cela ne l’ef- fraie pas du tout: «Il ne faut pas toujours caresser les gens dans le sens du poil, il faut parfois les bousculer gentiment. Même si l’on ne comprend pas tout dans ma création, il y aura plein de choses à capter, différem- ment», ose-t-elle. Dans la distribution, elle a donc choisi deux comédiens romands – de Fribourg– , un comédien singinois et un Ber- nois. «Dans le domaine de l’art également, les collabora- tions entre comédiens fran- cophones et alémaniques sont trop rares. J’espère que cette expérience permettra d’amorcer un changement de cap». SJ Isabelle Loyse Gremaud et ses comédiens vont investir les immenses locaux vides de feu l’usine Cardinal dès le 12 juin. ALAIN WICHT Une centrale qui ferme, c’est à terme une facture qui monte. CHARLES ELLENA-A

Upload: others

Post on 13-Aug-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

PUBLICITÉ PUBLICITÉ

LA LIBERTÉ MARDI 29 MAI 2012

RÉGIONSMARDILes tribulations d’un

Gaulois en Suisse

1113 FRIBOURG Devine qui vient chanter…15 ÉPENDES Un giron à faire sauter le thermomètre19 LE FLON Un autre giron à faire sauter le thermomètre20 AVENCHES Découvrir le site «à la romaine»20 VAUD Prisonniers détenus au poste de police

<wm>10CFWMsQ7CQAxDvygnO-c0QEbUrepQdb8FMfP_E1c2Bkv205O3raLhl-e6n-tRBJgGdiGLrpau8syW9yiEh4P-oCh0Lbc_35hzAeNyDGEegzLShKHsg349TDbL0j6v9xe0_e1igAAAAA==</wm>

<wm>10CAsNsjY0MDA01zUwNDYxMAcAYH4ZpQ8AAAA=</wm>

La Suisse n’est pasmembre de l’UE.Le peuple a toujourseu et aura toujours ledernier mot. C’est inscritdans la Constitution.dans la Constitution.

Jacques BourgeoisPLRConseiller national

à l’initiativesur les accordsinternationaux

17 JUIN 2012

NONwww.initiative-asin-non.ch Co

mité

fribo

urge

ois

«NON

auvo

teob

ligat

oire

surl

esac

cord

sin

tern

atio

naux

»,CP

304,

1701

Frib

ourg

<wm>10CFXMqw6AMBBE0S_aZmbp9sFKgiMIgq8haP5f0eIQY05uZtvcAr4t636uhxNgFnCKU3IqQ6nOWkJUc5hGBXVmRu8y8Mul8_A2GoGJxsYkVgS1FaRGHQ_drCKF57pfvuqzGX8AAAA=</wm>

<wm>10CAsNsjY0MDA01zUwNDYxNgMANR0z-Q8AAAA=</wm>

REMI(COM)Fribourgwww.remicom.com • 026 322 28 28

AcheterVe n d r eun commerceou une entreprise

www.laliberte.ch

Infomanietél. 026 426 44 44

ÉLECTRICITÉ

A terme, les prix vont augmenterKESSAVA PACKIRY

Un quart de l’énergie consommée par lecanton de Fribourg provient du nu-cléaire. Alors: faut-il s’inquiéter de l’arrêtéventuel de la centrale de Mühleberg dès2013, demande en substance le députéRuedi Schläfli (udc, Posieux)? Il se de-mande également quelle en sera la réper-cussion sur les prix de l’électricité.

Dans sa réponse, le Conseil d’Etat rap-pelle qu’il appartient d’abord à la Confé-dération de garantir l’approvisionnementélectrique du pays. De plus, les entre-prises de distribution d’électricité sontamenées à fournir en tout temps du cou-rant aux consommateurs de leur aire dedesserte. «De ce fait, elles doivent s’assu-rer d’être approvisionnées en suffisanceet de fournir du courant à un prix compé-titif.» En période d’insuffisance, les im-portations proviennent essentiellement

de France et d’Allemagne, dont lessources de production sont essentielle-ment nucléaires ou fossiles. «Dans l’hy-pothèse de l’arrêt rapide de la centrale deMühleberg, la Suisse devra davantage re-courir aux importations. A moyen et longtermes, l’approvisionnement du cantondépendra également de la constructionde nouveaux moyens de production, va-lorisant les ressources renouvelableset/ou fonctionnant au gaz naturel,comme cela est par exemple projeté àCornaux (NE)», relève le Conseil d’Etat.

Le canton n’entend pas imposer àGroupe E d’approvisionner les consom-mateurs fribourgeois en énergie «verte»,soit 100% renouvelable, «mais il reste at-tentif à ce que l’électricité fournie parl’entreprise soit, pour autant que possi-ble, produite de manière efficace et en in-cluant une part toujours plus importante

d’énergies renouvelables», poursuit leConseil d’Etat. Qui concède que les pro-jections indiquent que les prix de l’élec-tricité devraient augmenter à moyenterme, en raison notamment de l’accrois-sement de la demande. Mais pas de ma-nière massive. I

Ainsi fût, fût, fût… la brasserie CardinalCULTURE • L’usine brassicole fribourgeoise n’est plus. Mais elle revivra bientôt avec ses ouvriers, à travers un spectacle original et bilingue qui prendra bientôt ses quartiers dans les locaux vides de la défunte entreprise.

SAMUEL JORDAN

Déambuler aujourd’hui dans les locauxde l’ancienne Brasserie du Cardinal, àFribourg constitue une étrange expé-rience. Des halles immensément vides etdésespérément mortes. Aucune odeur.Un silence de cathédrale. A part quelquesmenus détails, plus rien n’indique quel’on y fabriquait hier de la bière, en quan-tités industrielles.

Cette ambiance de deuil prolongé vapourtant prendre fin le 12 juin prochain.Ce jour-là, l’usine désaffectée deviendraen effet le théâtre… d’un théâtre. Pendantdeux semaines, jusqu’à la fin du mois, desacteurs feront revivre le souvenir du dé-funt fleuron fribourgeois de l’agroalimen-taire. A travers ceux qui ont transpiré pourle maintenir à flot jusqu’à sa fermeture: lesouvriers.

Témoignages en vedette«Ce spectacle se veut comme un der-

nier hommage aux blouses bleues de Car-dinal. Car avec la disparition de l’entre-prise dont ils étaient si fiers, c’est tout unepartie de leur vie qui s’est envolée. J’ai eu

envie de prolonger leur mémoire», ex-plique Isabelle Loyse Gremaud, à la basedu projet.

La metteuse en scène et actrice a eu ledéclic quand elle a entendu ses fils de 12et 7 ans se mettre en rogne contre la fer-meture de la brasserie. «Si cette mauvaisenouvelle atteignait même des enfants quine boivent pas de bière, je me suis dit quecela devait vraiment être terrible pour lesbrasseurs. Cela m’a convaincue qu’il fallaitfaire quelque chose, du moins artistique-ment parlant».

Comme l’ogre de la légende, la Fri-bourgeoise est partie à la recherche de lachair vive de son scénario. Epaulée parFlorence Michel et Georges Wyrsch, Isa-belle Loyse Gremaud a recueilli une tren-taine de témoignages d’anciens ouvriers,qui seront publiés en partie dans la pro-chaine livraison de la revue «Pro Fri-bourg». «Je dois préciser que les ouvriersétaient très contents qu’on les écoute. Jeles ai sentis tristes, mais réalistes, car bienconscients d’être malgré eux au centre dela mondialisation», précise la metteuse enscène. Beaucoup d’entre eux disaient: «Au

final, il nous est arrivé à nous, ce que Sibraa fait à d’autres quand elle condamnaitdes brasseries dans d’autres cantons.Nous avons été les premiers maillons decette chaîne de fermeture».

A partir de ce matériel très vivant etpoignant, Isabelle Loyse Gremaud– qui ditelle-même abhorrer la bière– a écrit desmonologues qui seront interprétés parquatre acteurs professionnels: Jean-LucBorgeat, Olivier Havran, Luc Spori et Ni-klaus Talman.

Spectacle itinérantLes quatre brasseurs d’un jour seront

disséminés dans différents endroits del’usine. Et ce sera aux spectateurs, parta-gés en petits groupes, d’aller à leur ren-contre. Le temps pour eux de s’imprégnerde l’atmosphère et de l’histoire des lieuxen déambulant. C’est dans la halle de sou-tirage de fûts que la partie principale desreprésentations se déroulera.

Le spectacle aura une portée trèssymbolique, puisqu’il interviendramoins d’une semaine après la remise of-ficielle des clés du site de Feldschlös-

schen au canton et à la ville de Fribourg.Un sorte de rituel de passage qui a séduitJean-Luc Mossier, chef de la Promotionéconomique du canton de Fribourg. «Ilnous a très efficacement assistés dansnotre projet».

Où sont les sous?Si le spectacle est prêt à naître, sa ges-

tation a été plutôt laborieuse. Les autoritésfribourgeoises s’étant montrées plutôt fri-leuses en terme de sponsoring, malgré laportée emblématique du projet. Toutcomme les principaux acteurs de l’écono-mie fribourgeoise. Le budget initial de200000 francs n’est de loin pas bouclé.

A noter encore que le spectacle seraaussi musical. C’est Alain Monod, desYoung Gods, qui y mettra sa patte. A partir,entre autres, d’enregistrements réaliséslorsque la brasserie était encore en vie, lebaladin voyageur enverra la musique. Ons’en réjouit. I

Spectacle «Je suis à Cardinal/Cardinal mein Leben», du 12 au 30 juin dans l’ancienne usine de Cardinal. Réservation à l’Office du tourisme deFribourg au 026 350 11 00.

LE PARI DUBILINGUISMEUne fois n’est pas coutume,le spectacle pensé autour dela vie des ouvriers de Cardi-nal sera bilingue. Voire mêmetrilingue, puisque les textesseront interprétés en fran-çais, allemand et suisse-alle-mand. La démarche est cou-rageuse, mais n’est-elle pasrisquée?

«Nous vivons dans une villebilingue. Les ouvriers de labrasserie étaient autant Ro-mands qu’Alémaniques. Lechoix du bilinguisme s’est im-posé à mes yeux comme uneévidence», argumente la met-teuse en scène Isabelle LoyseGremaud. Pour cette der-nière, on n’exploite pas suffi-samment cette richessedans le canton de Fribourg. Etles échanges entre les com-munautés linguistiques nesont pas assez nombreux.

En choisissant le terrainminé du bilinguisme pour unspectacle, elle est conscientede faire un peu de provoca-tion, voire de poser un actepolitique, mais cela ne l’ef-fraie pas du tout: «Il ne fautpas toujours caresser lesgens dans le sens du poil, ilfaut parfois les bousculergentiment. Même si l’on necomprend pas tout dans macréation, il y aura plein dechoses à capter, différem-ment», ose-t-elle.

Dans la distribution, elle adonc choisi deux comédiensromands – de Fribourg– , uncomédien singinois et un Ber-nois. «Dans le domaine del’art également, les collabora-tions entre comédiens fran-cophones et alémaniquessont trop rares. J’espère quecette expérience permettrad’amorcer un changement de cap». SJ

Isabelle Loyse Gremaud et ses comédiens vont investir les immenses locaux vides de feu l’usine Cardinal dès le 12 juin. ALAIN WICHT

Une centrale qui ferme, c’est à terme unefacture qui monte. CHARLES ELLENA-A

Page 2: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

LA LIBERTÉSAMEDI 9 JUIN 2012

13CANTON - GRAND FRIBOURG

PUBLICITÉ

<wm>10CFWMsQqAMAwFvyjlJWnS1oziJg7i3kWc_f_J6ubw4DiOt65hCd_mZTuWPRiQSgWliUaGJJMw5yQecGQBy4SmVS2r_2riAgzR34bghNzRiJlQu6l3lvdhuAEl3ef1AJjtQGp-AAAA</wm>

<wm>10CAsNsjY0MDCy0DU3MLc0MgYAnusw1w8AAAA=</wm>

FRIBOURG

La loi sur la transparencetrouve enfin ses marquesOLIVIER WYSER

L’Autorité cantonale de la trans-parence et de la protection desdonnées (ATPrD) a vécu une an-née 2011 «dense et diversifiée», aexpliqué hier lors d’une confé-rence de presse Marc Sugnaux,président de la Commission can-tonale de la transparence. Pourpreuve, la consolidation des nou-velles structures et l’augmenta-tion du volume de travail. Aprèsune année de fonctionnement,l’option choisie de confier à uneseule et même autorité les deuxdomaines de la transparence etde la protection des donnéess’avère judicieuse, poursuit MarcSugnaux.

Du côté de la transparence, laCommission a procédé en 2011 àla première évaluation de la miseen œuvre du droit d’accès. Le bi-lan de cette première année est«positif», estime Annette ZunzerRaemy, préposée cantonale à latransparence. «Il y a un réel inté-rêt pour ce nouveau droit.» Ainsi,53 demandes d’accès ont été dé-posées auprès des organes pu-blics fribourgeois en 2011. Dans26 cas, un accès complet a été ac-cordé et dans deux cas, un accèspartiel. Dans 13 cas, l’accès auxdocuments a été refusé et 12 casont été annoncés comme pen-dants. Au hit-parade des deman-deurs: les journalistes, les avo-cats et enfin les citoyens. L’unedes craintes du personnel de

l’Etat était une surchage de tra-vail occasionnée par la nouvelleloi. Les chiffres annoncés à l’Au-torité montrent que l’introduc-tion du droit d’accès auprès desorganes publics a pu se faire«sans créer une très grandecharge sur le personnel», indiqueAnnette Zunzer Raemy.

Pour la protection des don-nées, des tâches de préavis ontété introduites dans les législa-tions sur le contrôle des habi-tants et sur la vidéosurveillance.Les préavis FRI-PERS ont «unlarge impact sur la protection desdroits fondamentaux par les or-ganes publics cantonaux et com-munaux», indique DominiqueNouveau Stoffel, préposée canto-nale à la protection des données.

Une trentaine de demandesont été déposées en 2011, en ma-tière de préavis. Il s’agissait de seprononcer sur l’admissibilité del’accès par les organes publics àla plateforme informatique can-tonale comprenant les donnéesenregistrées dans les registrescommunaux des habitants. Lesréponses ont toutes été positives.

En ce qui concerne les préa-vis sur la vidéosurveillance, 2011a été une année de préparatifs.Un délai d’une année courtjusqu’à fin décembre 2012 pourles personnes et organes publicsqui exploitent déjà un systèmepour se mettre en conformitéavec la nouvelle législation. I

www.laliberte.chInfomanie tél. 026 426 44 44

EN BREF

FEU VERT POUR LA HEITERAFRIBOURG Le préfet de laSarine a octroyé le 6 juin lepermis de construire pourl’école enfantine de la Heitera,à Fribourg, dans le quartier duSchoenberg. Le projet mis àl’enquête le 6 janvier 2012 asuscité une opposition, retiréele 13 mars à la suite de la priseen compte par la Direction del’édilité des requêtes desopposants, indique le commu-niqué de presse. Le Conseilgénéral a accepté dernière-ment deux crédits deconstruction d’environ 16 mil-lions de fr. pour les écolesenfantines de la Heitera et duBotzet. OW

NOUVELLE DIRECTRICEESPACEFEMMES Le comitéd’espacefemmes annonce quela directrice ad interim Gio-vanna Garghentini Python aété nommée directrice à lasuite d’un vote à l’unanimitélors de sa dernière séance. Ladécision d’adopter une direc-tion unique avait déjà étéapprouvée par l’assembléegénérale de l’association enmai. A cette occasion, de nou-veaux membres ont été élusau comité constitué de dix per-sonnes. FM

TRAVAUX ET DÉVIATIONFRIBOURG En raison de lapose d’une conduite, l’avenueWeck-Reynold sera fermée àtoute circulation, lundi de 19hà 24h, informe la ville. Dévia-tion par l’avenue Montenach.De plus, pour permettre laréfection d’un joint au pont duGottéron, le trafic sera réglé àla palette à la route de Bour-guillon, lundi également, maisde 8h30 à 18h.

A la mémoire des ouvriers de CardinalPRO FRIBOURG • L’association présente sa dernière publication intitulée «Je suis à Cardinal», qui donnela parole aux ouvriers qui sont les principaux témoins de la fermeture de la brasserie fribourgeoise.PIERRE KÖSTINGER

«La moitié du personnel se re-trouvait dans l’ancien stamm, leStern, comme on l’appelait, etchacun buvait sa bière jusqu’à sixheures et demie, l’heure où on sefaisait foutre dehors.» Les souve-nirs de Bernard Rime (68 ans),ancien brasseur à Cardinal etceux d’autres ouvriers sont pré-sentés dans le dernier numéro dela revue Pro Fribourg, intitulé «Jesuis à Cardinal».

«C’est leur vie qui s’est arrê-tée avec la fermeture», a préciséMonique Durussel lors d’uneconférence de presse hier à Fri-bourg. La responsable du groupede rédaction a aussi souligné lavolonté de «donner la parole àceux qui ne la reçoivent jamais.»Les photos de Christophe Mara-dan et les témoignages des ou-vriers recueillis par l’association«Histoires d’ici» et la comé-dienne Isabelle-Loyse Gremaud,constituent la matière premièrede ce numéro.

Clichés en noir et blanc«Sur une chaise, on voyait en-

core la marque des fesses.Comme si l’employé venait toutjuste de quitter son poste», ra-conte Christophe Maradan. Uneimpression d’abandon soudainqui n’a pas lâché le photographedans la brasserie en déconstruc-tion. A la suite de l’annonce de lafermeture de Cardinal, il a vouluprendre quelques images decette vieille usine, «sans trop sa-voir ce que j’allais en faire», pré-

cise-t-il. Ses photos en noir etblanc illustrent abondamment lapublication de Pro Fribourg. Unecollaboration rendue possiblegrâce à sa rencontre avec Isa-belle-Loyse Gremaud.

«Avec cette fermeture, je mesuis interrogée sur ce qui va resterdans les mémoires», explique lacomédienne, «j’ai peur que dans20 ans, on se rappelle à peine qu’ily avait une brasserie ici.» Pourque les Fribourgeois se souvien-nent, elle a monté une pièce dethéâtre qui sera présentée dansles locaux vides de Cardinal les 12et 13 juin («La Liberté» du 29mai). Au travers des comédiens,c’est la voix des ouvriers que lepublic entendra. «Nous avons re-cueilli une trentaine de témoi-gnages d’anciens ouvriers, maisaussi des membres de leurs fa-milles qui racontent ce qu’étaitCardinal pour eux.»

S’il y a la mémoire des ou-vriers, il y a aussi celle des infra-structures. Jean-Luc Rime, prési-dent de Pro Fribourg, soulignel’importance de préserver les bâ-timents de la brasserie: «Si on lesgarde, on garde cette mémoire.»Une mémoire que le groupeFeldschlösschen se dépêche d’ef-facer à grands frais, selon le pré-sident de l’association. Chris-tophe Maradan et Isabelle-LoyseGremaud confirment le net-toyage par la brasserie de Rhein-felden. «Ils ne laissent rien», ex-plique la comédienne, «ce n’estpas qu’ils s’opposent à notre pro-jet, ils s’en fichent.» I

Christophe Maradan a travaillé sur pellicule argentique pour photographier le démontage de Cardinal. CHRISTOPHE MARADAN

PRO FRIBOURG DIT NON AU PARKING SOUTERRAIN DANS LE BOURGSi Pro Fribourg s’inquiète dela préservation des bâtimentsde Cardinal, elle s’oppose fer-mement au projet de la ville deFribourg, qui prévoit un parkingsouterrain de 200 places sousla place Notre-Dame et la ruedu Pont-Muré, dans le quartierdu Bourg. Dans les dernièrespages de sa revue «Je suis àCardinal», elle pointe du doigt

les problèmes posés par ce pro-jet que la société Transitec aprésenté à la ville à la fin avril2012.

«Pro Fribourg fait pression»,annonce Jean-Luc Rime, prési-dent de l’association qui s’en-gage dans la défense du patri-moine fribourgeois. Selon lui, ceprojet est démesuré et ne tient

pas compte des nombreux bâti-ments historiques qui se trou-vent à la surface. «Les sorties etles entrées de ce souterrainainsi que les bouches d’aéra-tions risquent de défigurer lepaysage», ajoute Sylvie Genoud,secrétaire de Pro Fribourg.

Pour Jean-Luc Rime, «Fri-bourg fait les mêmes erreurs

qui ont été faites par d’autresvilles il y a 25 ans. Pour libérerde l’espace autour de la cathé-drale, il faut construire desparkings dans la périphérie etnon pas sous le centre.» Dansce sens, Pro Fribourg proposeune autre solution: construireun parking sur l’autre rive de la Sarine, après le pont deZaehringen. PK

Page 3: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

LA LIBERTÉSAMEDI 16 JUIN 2012

15GRAND FRIBOURG

CRITIQUE

... INJUSTE !

L’ECAB fait feu à New YorkPour ceux qui ne le savent pasencore, l’Etablissement can-tonal d’assurance des bâti-ments célèbre cette annéeson bicentenaire. L’ECAB a vules choses en grand, et dis-pose d’une enveloppe de 4millions de francs pour lesfestivités. Parmi d’autres évé-nements, les membres duconseil d’administration et ledirecteur, Jean-Claude Cornu,

ainsi que son prédécesseur,Pierre Ecoffey, se sont offertla semaine passée un voyageà New York, où ils ont notam-ment visité une caserne depompiers. Aller voir commentles autres éteignent un incen-die tout en brûlant soi-mêmeune belle masse de liquidités:l’ECAB a beau avoir 200 ans,il est décidément tout feutout flamme. FM

Comme une lettre à la posteMercredi, l’Association desintérêts du quartier du Bourgs’est inquiétée de deux ferme-tures imminentes contre les-quelles elle compte se battresans trop d’espoir: la ferme-ture du pont de Zaehringen àla circulation et celle de l’officepostal du quartier. La grossedéprime. Belle surprise pour-tant à l’heure des compteslorsque le trésorier a annoncéun capital de... 62 millions.

«Avec ça, on peut racheternotre poste!», a rigolé le pré-sident Jacques Piller, avantque le caissier ne sereprenne. Quoi qu’il en soit,les comptes 2011 et le béné-fice de 1300 francs qui portela fortune de l’association à62000 francs – et pas 62millions, évidemment – ontpassé «comme une lettre à laposte». Du moins tant qu’ilreste des postes! FG

Courageux corsaire Mardi au Grand Conseil lors du débat sur l’HFR, ledéputé Markus Ith a tiré à boulets rouges sur Anne-Claude Demierre, accusant la directrice de la Santéd’avoir «quitté le navire qu’elle a elle-même sabordé».Mais, au moment où la «capitaine» répondait posé-ment à ses détracteurs, le chef du groupe libéral-radi-cal avait viré de bord et disparu de la salle! Pour allervoguer courageusement sur des eaux moins agitées?On l’ignore. Si d’aventure le corsaire du Lac se présente à une prochaine élection, on se permet de lui suggérer un nouveau slogan de campagne:«Don’t do It(h)!». CAG

Un hommage fort aux ouvriersCARDINAL • Le spectacle «Je suis à Cardinal» se joue dans les hallesde l’ancienne brasserie. Basé sur des témoignages, il est bilingue.

ELISABETH HAAS

Ça sent le cambouis et la ferrailledu démontage dans les halles vi-dées de l’ancienne brasserie Car-dinal, à Fribourg. On devine quele site était industriel, mais sansles cageots jaunes estampillés dela marque, qui servent de siègesimprovisés, plus aucune tracen’indique qu’il s’y produisait dela bière. Le constat de désolationest d’autant plus grand, quandon sent l’amertume monter dansla bouche des acteurs, qui por-tent la voix des ouvriers, au mo-ment du choc de 1996. La pièces’appelle «Je suis à Cardinal»:c’est le mot d’une dame à toutfaire, petite main qui a fait toutessortes de petits boulots sansnom à l’âge d’or de l’usine, et quidisait simplement: «Je suis à Car-dinal», quand on lui demandaitson métier...

L’attachement à l’entreprise,la fierté surtout, une fierté im-mense, immensément déçue,s’entend dans ces témoignagesforts, récoltés à l’initiative de lametteuse en scène Isabelle-Loyse Gremaud. Invariable-ment, ils rendent compte de lacassure de 1996. La fermeture

programmée. La fin d’unmonde. Feldschlösschen aurabeau donner un sursis à la pro-duction, il sera bref. Quinzeans. Tous les témoignagess’écoutent avec cette fin inéluc-table à l’horizon. Pas de sus-pense, ni d’intrigue. Mais unepâte humaine dense, un vécu.La mondialisation de l’écono-mie, la délocalisation des entre-prises, le dieu rendement: re-frain universel de ces trentedernières années. Mais sous lesnuméros, dans les charrettes de licenciés, il y a des destins,des hommes, des femmes, des familles.

La force de ce spectacle, c’est lasobriété. Les témoignages ontété écrits, scénarisés, mais ilsgardent le caractère proche de laconfidence, celle qu’on fait aucafé du coin, une canette à lamain. Ils sont cinq à se confier,quatre comédiens et Isabelle-Loyse Gremaud. Oui, il y a eudes femmes à Cardinal, desblanchisseuses, des ouvrières àl’embouteillage, avant l’automa-tisation et les capsules: ellesscellaient les bouteilles à lamain, 5000 par heure. Il y avait

aussi toutes ces épouses d’ou-vriers, attendant que rentre leurmari, en piste au «Stern». Un bonpoint de leur avoir donné la pa-role. Les comédiens invitentdonc les spectateurs dans unegrande halle, où ils évoquent letravail en équipe, l’esprit de fa-mille, la solidarité, l’alcoolismeaussi. Quatre monologues, poi-gnants, ont ensuite lieu séparé-ment dans d’autres halles: ladéambulation rythme la pièce.Pas de décor – si ce n’est celuidéshumanisé des halles – maisquelques éclairages scéniques etles sons inquiétants mixés parAlain Monod (Al Comet).

Deux monologues sont en fran-çais, l’un est en allemand, un au-tre en dialecte. C’est un vraispectacle bilingue, comme onn’en voit quasi jamais à Fribourg.Un choix courageux, qui en re-butera peut-être certains, maisqui est fidèle à la réalité, puisqueles ouvriers de Cardinal venaientdes deux régions linguistiques.Jean-Luc Borgeat, Olivier Ha-vran, Luc Spori et Niklaus Tal-man incarnent avec justesse leurnaïveté confiante d’apprentis, àune époque où les patrons, les

Blancpain, saluaient encore lepersonnel. Ils sont carrossiers,mécaniciens, brasseurs, livreurs.Ils racontent l’humidité, lesodeurs, les cuves lavées à labrosse, la bière à 30 ct., les livrai-sons à Paléo, la fanfare, bref, tousces détails si importants du quo-tidien. «Cardinal, c’était quelquechose à Fribourg.» Et puis la fi-délité bafouée. L’impuissance.La colère. A 35 ans de boîte.«Beaucoup ont pleuré.» Les co-médiens rendent les émotionstrès palpables. Ils finissent pardire la résignation face au «fan-tôme» Carlsberg. «En 1996, il yavait trop de monde à l’usine.Ensuite on a été toujours moinsnombreux. C’est plus facile defermer une entreprise.» Un ou-vrier a levé un drapeau fribour-geois, le dernier jour de souti-rage, il y a un an, le 22 juin 2011.Dernier sursaut d’honneur. «Jesuis resté jusqu’à la fin.» «Je nebois plus de Cardinal, je me lesuis promis.» Désormais, lequartier de Pérolles ne sent plusle houblon. Restent les témoi-gnages, mémoire du lieu. I> A l’affiche jusqu’au 30 juin, du mardi au samedi à 20h 30, rés. FT026 350 11 00.

Le spectacle en hommage aux ouvriers de Cardinal est présenté jusqu’au 30 juin. VINCENT MURITH

FORUM FRIBOURG ET ESPACE GRUYÈRE

Le rapprochement initié fin 2006 porte ses fruitsFRANCIS GRANGET

Une fois de plus, Forum Fribourg et Es-pace Gruyère ont enregistré des chiffresnoirs en 2011. Le premier a pu dégagerun léger bénéfice de 5000 francs, le se-cond un résultat net de 27 000 francsmême si les années impaires, sans salonAqua Pro, sont généralement moinsbonnes. «C’est le fruit du rapproche-ment entre nos centres de congrès etd’exposition, devenu effectif au 1er jan-vier 2007, et d’une gestion stricte desdépenses», a commenté hier matin YvesMenoud, président du conseil d’admi-nistration d’Espace Gruyère, lors d’uneconférence de presse commune.

Son avis est partagé par Claude Ei-cher, président d’Expo Centre, la sociétéqui exploite Forum Fribourg. Toutefois,ajoute-t-il, «si le chiffre d’affaires est enhausse depuis 2007 (+13%), le montant

des investissements pour l’exploitationest en chute libre depuis trois ans». Tantà Fribourg qu’à Bulle, les moyens man-quent pour rénover et mettre à jour les structures. «Le montant total néces-saire est estimé entre 23 et 31 millionsde francs.»Yves Menoud confirme: «Les béné-

fices réalisés ces dernières années sontinsuffisants pour procéder aux investis-sements nécessaires afin qu’EspaceGruyère puisse, d’une part, vaincre lesdéfis qui lui sont imposés par sesconcurrents vaudois et bernois et, d’au-tre part, répondre aux besoins issus desorientations dégagées par la mise enplace de notre stratégie 2030.» C’est-à-dire, entre autres, créer ou acquérir dessalons. Forum Fribourg l’a par exemplefait en rachetant pour 500 000 francsl’Oldtimer & Teilemarkt (OTM), unebourse d’échange de pièces détachées

pour véhicules qu’il a organisée pour lapremière fois en son nom, en mars 2012,et qui a attiré 20000 visiteurs.

A Bulle, l’évolution d’Espace Gruyèreest «de plus en plus bloquée par la pati-noire qui y est intégrée», rappelle YvesMenoud. «L’avancement du projet decentre sportif régional est donc suiviavec intérêt», confie-t-il.Après une direction commune qui a

«fait ses preuves», avec à sa tête DuriMathieu, tant Yves Menoud que ClaudeEicher songent à aller plus loin. «Nousdevons créer une nouvelle société sus-ceptible d’alléger les prises de décisionsstratégiques», ont-ils répété hier àl’unisson. Les modalités de cette fusionsont en cours d’étude. «On y verra plusclair d’ici à la fin du premier semestre2013», pronostique Claude Eicher. Celadit, le fait qu’à Fribourg, contrairement

à Bulle, la propriété et la gestion de Fo-rum soient entre les mains de deux so-ciétés distinctes, Agy Expo et Expo Cen-tre, complique la donne. «Mais lavolonté est là», assure Yves Menoud.Dans son allocution, hier matin, lors

de l’assemblée des actionnaires d’ExpoCentre, Claude Eicher est allé en outredroit au but: «Le soutien du canton deFribourg est aujourd’hui incontourna-ble pour aider Forum Fribourg et Es-pace Gruyère à augmenter leur crois-sance et attirer de nouveaux clients».Après avoir relevé quelques hauts faitset les statistiques de l’année 2011 (voirci-contre) Duri Mathieu a ainsi rappeléles conclusions de l’étude de la HEG dé-voilée la semaine passé («La Liberté» du8 juin): «En 2011, l’impact financier deForum Fribourg et d’Espace Gruyères’est élevé pour le canton à 120 millionsde francs. Un argument de poids. I

LES STATISTIQUES 2011

Forum Fribourg> 211 manifestations au total (+52),dont 168 congrès, séminaires (+59).> 1,995mio de m2 loués (+0,15 mio).> 34,7% de taux d’occupation(contre 32,12% en 2010).> 282 jours effectifs d’activité (+15).> 258712 visiteurs (+52 799).> 6,34mio de chiffre d’affaires (+0,4).

Espace Gruyère> 255 manifestations au total (–40),dont 200 congrès, séminaires (–34).> 1,446mio de m2 loués (–3000 m2).> 43,9% de taux d’occupation(contre 44% en 2010).> 241 jours effectifs d’activité(–7).> 208081 visiteurs (–26081).> 2,93mio de chiffre d’affaires(–0,6).

EN BREF

FRIBOURG

Des routes ferméesLe Passage du Cardinal sera mis en sens unique (av. duMidi – route des Arsenaux) dès lundi jusqu’au vendredi6 juillet, informe la ville de Fribourg. Déviation par laroute de la Fonderie. Quant à la rue Abbé-Bovet, c’estpour permettre la pose de conduites qu’elle sera ferméejusqu’au 6 juillet. Accès en impasse depuis la rue Pierre-Kaelin. Les travaux de réfection de la chaussée à l’avenueWeck-Reynold se poursuivent jusqu’au lundi 2 juillet.

MÉMENTO GRAND FRIBOURG

> MESSE CHANTÉE «Missa in angustiis» (Nelsonmesse) de J. Haydn,à l’occasion de la messe solennelle bilingue en commémoration de labataille de Morat. Cathédrale St-Nicolas, dimanche 10h15.> PÈLERINAGE AVEC LES MALADES Bourguillon, dimanche 10hcélébration eucharistique, 11h45 repas chaud.> PERMANENCE ÉDUCATIVE Hôpital cantonal, maternité, lundi 10-12h. Education familiale, 0263214870.

Page 4: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

LA LIBERTÉVENDREDI 6 JUILLET 2012

10 GRAND FRIBOURG - SARINE

PRO FRIBOURG

Des inquiétudes à proposdu futur du quartier du BourgNATASHA TASSO

«Il faut fédérer un projet devie!» Ce cri du cœur, c’est celuide Thierry Bruttin, architectede la ville de Fribourg, lorsd’une discussion suivant l’as-semblée générale de Pro Fri-bourg mercredi. Le thème dudébat «réaménagement duquartier du Bourg, un enjeupour le futur», a permis aux 25 membres de l’associationprésents d’échanger leur pointde vue avec lui et Claude Cas-tella, chef du Service des biensculturels de l’Etat de Fribourg.Les avis sur les futurs amé-

nagements du quartier duBourg sont tranchés. La proba-ble fermeture du pont de Zaeh-ringen aura beaucoup de consé-quences. D’une part pour lescommerçants du quartier, d’au-tre part pour les habitants. Cer-tains ne préconisent pas des

projets de nouvelles places deparking, estimant que si l’accèsn’est plus possible en voiture,les commerçants ne seront paspénalisés.

D’autres pensent qu’il faudraitavoir plus de rues piétonnes et dezones de rencontres. «Il fautamener les clients à venir à piedet rendre le quartier agréable àvivre!» s’exprime une partici-pante. D’après Thierry Bruttin, ilfaut une stratégie par étape:«Nous devons arriver à détermi-ner un projet global en réunis-sant tous les points de vue avantde réfléchir aux détails. L’idée estde faire du Bourg un espace dequalité tout en valorisant l’es-pace public.» Grande nouveauté cette an-

née: lors de l’assemblée géné-rale, Pro Fribourg a souhaité labienvenue à sa première sala-

riée. Sylvie Genoud est la nou-velle secrétaire de l’association.Malgré les nombreux pointspositifs de la création de ceposte, il occasionne déjà un dé-ficit de 24394 francs pour 2012.

Gérard Bourgarel, présentlors de l’assemblée, a par ail-leurs été nommé secrétaire gé-néral d’honneur. Malgré desennuis de santé, le fondateurde Pro Fribourg («LL» du 1er

juillet 2011) a tenu à être pré-sent pour le comité.Lors de cette assemblée, les

membres de Pro Fribourg ontaussi exprimé leurs préoccupa-tions concernant notamment leprojet «Poya», ainsi que les pro-jets pour les Grand-Places. Maisles questions à propos de l’amé-nagement public autour du théâ-tre Equilibre restent pour l’heuresans réponse. I

FRIBOURG

Viré après avoir fui un «Etat mafieux»MARC-ROLAND ZOELLIG

Le Collectif autonome des Im-migré-e-s de Fribourg (CAFri)et le CCSI/SOS Racisme s’in-quiètent pour le sort d’un Serbedu Kosovo âgé de 36 ans, me-nacé d’expulsion vers la Serbieaprès le rejet de sa demanded’asile en Suisse. Selon nos in-formations, cet homme – quisubirait des pressions de la partde la majorité albanophone duKosovo en raison de ses activi-tés politiques passées – a refuséhier de quitter sa cellule de laPrison centrale, où la policeétait venue le chercher pourl’escorter jusqu’à l’aéroport. Ildevait y prendre un vol à desti-nation de la Serbie.

Selon le CAFri et le CCSI/SOSRacisme, qui ont tenu en fin dematinée une conférence depresse pour alerter l’opinion pu-blique, le trentenaire risqueraitsa vie s’il devait retourner dansles Balkans. En résumé, il se re-trouverait entre l’enclume desAlbanais du Kosovo, qui ne veu-

lent pas de lui chez eux, et lemarteau des Serbes de Serbie,qui le pousseraient à retournerau Kosovo pour y défendre lesintérêts serbes…

D’après ses défenseurs fri-bourgeois, l’homme aurait étécontraint de fuir son pays en dé-cembre 2000 après avoiréchappé à une fusillade. Il estarrivé en Suisse en mars 2010,où il a déposé une demanded’asile, après quelques annéespassées dans la partie grecquede Chypre. A la suite du rejet desa demande, le trentenaire (unancien professeur d’anglais) afui vers l’Allemagne avant d’êtrecontrôlé par la police et renvoyéen Suisse en vertu des accordsde Dublin.Il n’y aurait pour lui aucun

avenir en Serbie. Et encore moinsau Kosovo, un Etat «corrompu etmafieux» selon le CAFri et leCCSI/SOS Racisme, où prospè-rent les trafics en tous genres.Son passage par le régime del’aide d’urgence et son incarcéra-

tion l’auraient en outre rendu dé-pressif et suicidaire. Chef du Ser-vice de la population et des mi-grants (SpoMi), Patrick Pochonrappelle que Fribourg a déjàbeaucoup transigé avant de pro-céder à ce renvoi, décidé par l’Of-fice fédéral des migrations(ODM) et que le canton est tenud’exécuter.

«Le délai de départ qui lui avaitété accordé est échu depuis le 8 novembre 2011», rappelle Pa-trick Pochon. «Nous avons euplusieurs entretiens avec lui pourl’exhorter à accepter un retour.»Le Serbe a en outre épuisé toutesles voies de recours jusqu’au Tri-bunal fédéral administratif.En l’absence de consente-

ment de sa part, un nouveaudépart sera organisé dès quepossible avec accompagnementpolicier jusqu’en Serbie, ex-plique Patrick Pochon. En at-tendant, son maintien en déten-tion a été approuvé par leTribunal des mesures decontrainte. I

FRIBOURG

De l’eau dans le jazzPas de chance pour les nombreux mélo-manes venus applaudir hier soir le grandpianiste Ahmad Jamal, tête d’affiche de lapremière soirée de la Jazz Parade. Pré-voyants, les organisateurs avaient avancéd’une demi-heure le concert du maître, ini-tialement prévu à 22 h 30. Mais le temps dechanger de plateau après la prestationgerswhinienne du Big Band du Conserva-toire et du club des accordéonistes de la villede Bulle, de vilains nuages noirs se sontentassés au dessus de la place Pyth’ et ont commencé à lâcher des premièresgouttes peu encourageantes. Le monstresacré du piano jazz a jeté un regard vers leciel (PHOTO ALAIN WICHT), puis a pris le tempsde présenter ses musiciens avant de s’ins-taller devant son clavier et entamer unelongue pièce furieusement groovy devantune escouade de fans dûment équipés deparapluies. Mais l’enthousiasme du pianisteet la fougue de ses accompagnateurs n’ontpas suffi à calmer les éléments: après unedemi-heure d’une ambiance à la Woodstock,les trombes d’eau ont fini par repousser lesmusiciens vers les loges et disperser les der-niers spectateurs. ES

EN BREF

LA BRILLAZ

Gérard Morel auConseil communalLe Conseil communal de La Bril-laz est à nouveau au complet. Ilvient d’accueillir en son seinGérard Morel, 45 ans, ingénieuren agriculture domicilié à Lenti-gny. Marié et père d’un enfant,l’homme évoluera en terrainconnu: il a déjà siégé à l’exécutifde 1999 à 2007. En l’absenced’autre candidat, Gérard Morel aété élu tacitement et l’électioncomplémentaire fixée au 8 juilletest annulée. MRZ

«J’aurais pu y aller tous les soirs»FRIBOURG • A la veille de la dernière représentation du spectacle «Je suis à Cardinal», les ex-employés évoquent leurs sentiments face à cette pièce. La metteuse en scène tire un bilan.NICOLE RÜTTIMANN

Le rideau tombe sur l’histoire de la Brasserie du Car-dinal. Ce soir, le spectacle «Je suis à Cardinal» feraune dernière révérence à cet ex-emblème de Fri-bourg. Prévue du 12 au 30 juin, cette création aconquis les cœurs, jouant les prolongations jusqu’au6 juillet. «Les spectateurs sont contents et ça a bienfonctionné. Nous avons eu entre 100 et 120 per-sonnes tous les soirs», explique Isabelle-Loyse Gre-maud, metteuse en scène et actrice. Qui sont ces curieux? «Tous les âges et toutes les

couches de la société», explique Isabelle-Loyse Gre-maud tout en relevant: «Parfois toute une générations’est déplacée, même des gens qui n’étaient jamaisvenus au théâtre. Il faut dire que c’est une pièce quileur parle et qui parle d’eux, hors du cadre habitueld’une salle de spectacle qui peut créer une barrière.Nous voulions un théâtre qui s’adresse à tous. Ce quine diminue en rien la qualité de la représentation».La metteuse en scène évoque au passage la citationde Jean Vilar (acteur et metteur en scène français):«L’art du théâtre ne prend toute sa signification quelorsqu’il parvient à assembler et à unir».

«Laisser une trace»Outre cet aspect rassembleur, le but du spectacle,

avant même l’hommage aux ouvriers, est de «créerune mémoire vive, laisser une trace. Pour que lesjeunes se rappellent qu’avant d’être un pôle technolo-gique, c’était une brasserie», explique la metteuse enscène. Au vu de l’enthousiasme manifesté par les

jeunes spectateurs, tout laisse à penser que Cardinalne sera pas oubliée. Un seul bémol cependant à ce bi-lan réjouissant: «Je regrette que peu de politiciens sesoient déplacés, surtout ceux du Parti socialiste. Jepeine à comprendre qu’ils ne viennent pas voir une

représentation qui parle justement du peuple», dé-clare la metteuse en scène.Les anciens employés de Cardinal, eux, ont una-

nimement salué le travail de la metteure en scène etl’interprétation émouvante de leur histoire. I

CHRISTIANE MAURON> 65 ans, retraitée, Fribourg.

«J’ai assisté lundi à la représentationgénérale. Nous étions tous très émus,nous en avons discuté après ensem-ble autour d’un verre. C’est l’exact re-flet, pour les ouvriers comme pourles employés, de ce qu’ils ont vécu. Jesuis ravie d’apprendre que le specta-cle a eu du succès, ils le méritent. J’aipris ma retraite anticipée à 57 ansaprès près de 28 ans de travail à Car-dinal. J’y étais secrétaire personnellede Messieurs Bernard et ClaudeBlancpain. En 1996, je faisais partiede ceux qui s’étaient mobilisés pour défendre la brasserie, j’avais répondu à des questions pour uneémission.» DR

LAURENT PILLONEL> 41 ans, chez Nestlé, Corminbœuf.

«Le spectacle est très fidèle à l’espritde l’entreprise. On reconnait lesgens qui parlent par le biais des ac-teurs, et on devine certaines anec-dotes que l’on a vécues. Je m’y suismême reconnu. C’est prenant, bienprésenté et bien préparé. J’apprécieaussi l’idée d’une représentation bi-lingue. Je trouve que c’est une réus-site, surtout un an après la ferme-ture, ce n’était pas évident. J’y suis allé deux fois. J’ai travaillé 20ans à Cardinal à la logistique et çan’a pas été facile de changer d’orien-tation mais j’ai retrouvé du travail.Pour d’autres collègues plus âgés,c’est moins évident.» DR

ARMAND KILCHOER> 71 ans, retraité, Marly.

«Dès que j’ai fini mon école de re-crues, j’ai commencé à Cardinal. J’aipassé ma vie professionnelle entièrelà-bas. J’y ai travaillé en microbiologiedurant 45 ans! Je suis allé à la premièredu spectacle, invité par le syndicatUNIA, nous étions environ une di-zaine d’ex-employés de Cardinal. J’aitrouvé la représentation splendide,touchante, vraiment bien. Il y avaitaussi une certaine nostalgie, les an-ciens souvenirs revenaient. Même lescomédiens avaient les larmes aux yeuxquand ils jouaient. Un seul reproche,qui ne leur est pas destiné, c’est quec’est une publicité magnifique maisqui vient trop tard...» DR

RENÉ FRAGNIÈRE>62 ans, délégué du personnel, Fribourg

«J’ai assisté à l’ouverture et j’ai trouvéla pièce très émouvante, j’ai été trèstouché. Le spectacle retrace fidèle-ment les 40 ans de travail que j’y aipassé. J’aurais aimé y aller tous lessoirs! D’ailleurs j’y retournerai pour ladernière. C’est vraiment très bien fait.Je dis un grand merci à tous les col-lègues qui ont témoignés. Une phrasem’a particulièrement marqué: «Jamaisje ne suis venu travailler à contre-cœur». C’est tout à fait juste. Un espritfamilial régnait dans l’entreprise, cela marquait. C’est peut-être aussil’odeur du malt et du houblon... On y trouvait une véritable union entre les collègues. ALDO ELLENA

Olivier Havran et Isabelle-Loyse Gremaud (de dos) en pleine interprétation du spectacle «Je suis à Cardinal». VINCENT MURITH

Page 5: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

No 42 I Fr. 2.– www.lagruyere.ch I 130e année Samedi 9 avril 2011

CARDINAL. La comédienne Isabelle-Loyse Gremaud entend faire vivre la mémoirede la brasserie, à travers le théâtre. Elle a conçu un spectacle fondé sur des témoi-gnages d’employés, qui doit être joué cet automne sur le site de Cardinal. page 9

Par le théâtre, donnerune voix aux ouvriers

SPORTS 11-13 I AVIS MORTUAIRES 14-15 I CINÉMAS 17 I TÉLÉ 19 I MAGAZINE 20

De Salvador de Bahia etGrandvillard à Bouleyres

RÉDACTION: TÉL. 026 919 69 00 / FAX 026 919 69 01/ E-MAIL: [email protected] / RUE DE LA LÉCHÈRE 10 / 1630 BULLE ABONNEMENTS: TÉL. 026 919 69 03 / FAX 026 919 69 0 1 / E-MAIL: [email protected] ANNONCES: PUBLICITAS SA, BULLE / TÉL. 026 919 00 50 / FAX 026 912 25 85

JESSICA GENOUD

BEN

JAM

IN R

UFFI

EUX

FOOTBALL.Leurs parcours n’ont pas grand-chose encommun, mais le Brési-lien de Bulle Rodrigode Almeida et lecapitaine de Gumefens/Sorens Yannick Raboudse retrouveront cetaprès-midi à Bouleyres.page 11

PUBLICITÉ

ROMAIN PILLOUD, de Grandvillard,vous propose juillet en avril.

SAMEDI de 5° à 22°Temps ensoleillé. Faible bise sur le Plateau.

DIMANCHE de 5° à 23°Ensoleillé avec quelques voiles de nuagesélevés.

MÉTÉO PAGE 17

ARCH - C. HAYMOZ

JA 1630 Bulle

<wm>10CEXLMQ6AIBBE0RNJZoBlwS0NHbEw9jTG2vtXgo3FJL9405qJw7et7mc9jAB1KSlKomUmFzRbHiCUYIhQD3KlhEwW8fbrTsV4o4_ilH0q0D3X_QIifBN9aAAAAA==</wm>

<wm>10CAsNsjY0MDA017U0MzE1MwQAhaMaEw8AAAA=</wm>

BULLE ET GRANGES-PACCOT – Ambiance de fête – Jeux pour enfants – Restauration

OFFRES SPECIALES RG... JUSQU’À30% de rabaisGAGNEZ! 5 week-ends de ski et 5 escales gastronomiques

Les travaux au Foyer sont bloquésFoyer de Bouleyres: le préfet a décidé l’effet suspensif du recours déposé contrele mandat d’architecture. page 2

Avenir énergétiqueLe nucléaire, comme le pé-trole, est une énergie nonrenouvelable. Eclairage parOlivier Zurcher. page 3

AnthologieLes grands moments del’histoire vus par la presse.page 20

Chez Boudjifermé cet été

JESSICA GENOUD

BUVETTE. Quatre mois après le décèsde son propriétaire Louis Yerly, dit Boudji,la buvette de la Gîte-d’Avau s’avère nonconforme à l’exploitation. Une nouvelletenancière avait pourtant été trouvée. Enfaillite, le domaine sera vendu. page 2

Sommaire

BullePortrait d’Abilio Rodrigues,cofondateur, il y a 20 ans, duCentre portugais. page 5

Homes veveysansLa rénovation des EMS de Châtel-Saint-Denis et d’Attalens devrait coûterquelque 30 millions de francs. page 7

Accueil extrafamilialLes organisations actives dans le do-maine veulent une participation finan-cière de l’Etat à hauteur de 30%. page 8

Page 6: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

“Je ne suis pas une porte-parole syndicale. Maisla mémoire ne peut vivre que si on la transmet etle théâtre est un bon moyen.” ISABELLE-LOYSE GREMAUD

CHÔMAGE. A fin mars, le nombre de chômeurs dans le canton a reculéde 322 pour s’établir à 3560. Fribourg demeure toujours le canton romandle moins touché par le phénomène avec son taux de chômage de 2,8%(–0,3 point sur un mois). La moyenne suisse, elle, descend à 3,4% de lapopulation active, contre 3,6% en février.Fribourg La Gruyère / Samedi 9 avril 2011 / www.lagruyere.ch

9

Pour que vive la mémoiredes ouvriers de CardinalFRIBOURG. La comé-dienne Isabelle-LoyseGremaud a conçu un spectacle fondé surles témoignages d’em-ployés de Cardinal.Il doit se jouer cet au-tomne, dans les locauxde la brasserie.

ÉRIC BULLIARD

«J’aimerais que, plus tard, onne dise pas seulement “ici, onbrassait de la bière”, mais “ici,il y avait des gens qui travail-laient”.» Parce que la brasserien’est pas que murs et installa-tions mécaniques, parce quece n’est pas uniquement un savoir-faire qui s’en va, maisl’histoire d’hommes et de fem-mes, Isabelle-Loyse Gremaudentend donner la parole auxemployés de Cardinal. Par unspectacle sur le site de la bras-serie, prévu pour cet automne.

Comme tous les Fribour-geois, Isabelle-Loyse Gremauda ressenti un choc lors de l’an-nonce, fin août 2010, de la fer-meture de la brasserie Cardi-nal. «J’ai été touchée, alors queje ne bois pas vraiment debière.» Comédienne (elle a no-tamment interprété, ces der-nières années, Pourquoi l’enfantcuisait dans la polenta) et pro-fesseure d’art dramatique auConservatoire de Fribourg, elleimagine alors de faire entendreceux qui sont touchés en pre-mière ligne. La pièce, bilingue,sera issue de témoignagesd’employés, sous forme desmonologues interprétés pardes comédiens.

Spectacle itinérant«Il n’y a bientôt plus d’usine,

plus d’industrie à Fribourg»,souligne Isabelle-Loyse Gre-maud en rappelant l’époqueoù, dans le quartier du Jura,elle voyait passer les «ouvriers

Cardinal n’est pas que murs et installations mécaniques: la brasserie vibre d’histoires de vie et de l’attachement des Fribourgeois (ici la manifesta-tion de soutien du 4 septembre 2010). Cette émotion va se retrouver dans le spectacle conçu par Isabelle-Loyse Gremaud. ARCH - M. ROUILLER

BOURGUILLONIl agresse sonrival d’un coupde couteau

Un homme a été grièvementblessé mercredi soir à Bour-guillon, d’un coup de couteaude cuisine dans le dos. En ins-tance de divorce, l’auteur pré-sumé s’est rendu au domicilede sa femme, où il a agressél’homme qui se trouvait dansl’appartement. A la suite del’intervention de la police,vers 23 h, la victime a ététransportée en ambulance àl’HFR à Fribourg. L’auteur pré-sumé était toujours présentsur les lieux quand les gen-darmes sont arrivés. Il a étéarrêté et placé en détentionprovisoire. Une enquête a étéouverte pour déterminer lescirconstances exactes del’agression, a indiqué jeudi la Police cantonale fribour-geoise.

LAC DE MORATLa saison des slow-updémarre demainLes amoureux de la mobilitédouce et de la petite reine –ou encore de la trottinette, duskate, du roller ou de la mar-che – ont 18 journées pourpasser à l’acte. La saison desslow-up démarre demain di-manche par le traditionneltour du lac de Morat, tout aulong d’un parcours de 32 kilo-mètres libéré de tout traficmotorisé entre 10 h et 17 h.L’an dernier, la 11e éditionmoratoise avait attiré près de 50000 participants. Voirwww.slowup.ch.

JEU EXCESSIFDes 4e et 5e primaires passe-ront sept jours «sans écran»Mandatée par la Direction dela santé et des affaires socia-les (DSAS), l’association REPER lancera lundi une action de prévention contre lejeu excessif dans la partiefrancophone du canton. Du-rant sept jours, les enfants de4e et 5e primaire essaierontd’occuper leur temps libreloin de tout écran: télévision,ordinateur, téléphone porta-ble, cinéma ou encore conso-les de jeux. Objectif de cetteaction organisée en partena-riat avec la Direction de l’instruction publique, de laculture et du sport (DICS):sensibiliser et informer lesjeunes et leurs parents àl’usage des écrans. Selon Ad-diction Info Suisse, 25000jeunes en Suisse présente-raient un risque de dévelop-per une dépendance auxécrans, relèvent la DSAS etREPER. A ce jour, neuf classesreprésentant environ 200 élè-ves se sont inscrites par lebiais de leurs enseignants.Les classes participent de façon solidaire, en compta-bilisant chaque jour le nom-bre de périodes passées sansécran durant les loisirs.

CONSEIL NATIONALMarie-Thérèse Weber-Gobet veut rempilerMarie-Thérèse Weber-Gobetse plaît à Berne et veut garder son siège au Conseilnational. La section singinoisedu PCS l’a désignée mercredisoir comme candidate à laChambre du peuple, où elleavait remplacé Hugo Fasel endécembre 2008. Sa candida-ture devra encore être avali-sée par le parti cantonal.

EN BREF lll

Trois Verts décident de sortir du boisCONSEIL D’ÉTAT. Le Conseil d’Etat suscite la convoitise dans lesrangs des Verts fribourgeois. Trois écologistes sortent du bois et annon-cent leur intérêt pour l’exécutif cantonal: Marie Garnier, 48 ans, direc-trice du Centre Pro Natura de Champ-Pittet, fraîchement réélue sur laliste des Verts au Conseil communal de Villars-sur-Glâne, le Broyard Ro-man Hapka,49 ans, directeur adjoint de la Fondation suisse pour la pro-tection et l’aménagement du paysage, déjà candidat au Conseil d’Etaten 2006, et André Chappot, de Fribourg, ancien président des Verts fri-bourgeois dont il est l’actuel secrétaire politique. L’assemblée canto-nale du parti, le 14 avril, désignera dans un premier temps le nombre decandidats que le parti souhaite lancer le 13 novembre prochain. Puiselle procédera à la ou aux nominations, précise le Parti écologiste dansson communiqué.

De leur côté, les Verts de la ville de Fribourg ont désigné jeudi soirtrois candidats pour le Conseil national: Olivier Collaud, candidat mal-heureux au Conseil communal en mars dernier, mais élu au Conseil géné-ral, Yolande Peisl-Gaillet, qui briguera le dernier siège vacant au législatifde la ville lors de l’élection complémentaire du 15 mai prochain (La Gruyère de mardi) et Christa Mutter, députée au Grand Conseil. AS

Les éditeurs doivent encore se prononcerIMPRESSUM. La section fribourgeoi-se de l’association professionnelle desjournalistes, Impressum, s’est réunie jeudisoir à Fribourg. L’occasion de faire le pointsur les négociations en cours sur la révi-sion de la Convention collective de tra-vail (CCT) avec les éditeurs. «ImpressumSuisse s’est positionnée en faveur du der-nier paquet de mesures proposées lors deson assemblée en mars, a rapporté Domi-nique Dizerens, secrétaire centrale d’Im-pressum Suisse. Les éditeurs doivent en-core se prononcer.» Ces mesures prévoientnotamment l’adaptation des droits d’au-teur sur les supports multimédias et lesdroits de consultation des rédactions.

Les votes de l’assemblée de jeudi soiront été sollicités sur la proposition d’an-

nulation des décisions prises par la sec-tion fribourgeoise lors de ce rassemble-ment national d’Impressum Suisse, pourune question de vice de forme dans la pro-cédure. Les membres fribourgeois ayantété exceptionnellement consultés par e-mail. La proposition a finalement été re-jetée.

Quant au président de la section fri-bourgeoise, Marc Benninger, il a dressé unrapide tableau des actions menées par lecomité durant l’année écoulée, notammentla prise de contact régulière avec les sphè-res économiques, politiques et judiciaires.L’assemblée a finalement salué le parcoursprofessionnel de François Gross, ancien ré-dacteur en chef de La Liberté, en le nom-mant membre d’honneur. LG

de chez Vuille, en blouse de tra-vail. Tout ça a disparu. Alorsque ces gens se sont identifiésà leur entreprise, se sont don-nés corps et âme, pendant desannées. Que sont-ils devenus?Je voulais que l’on n’oublie pasceux de Cardinal.»

Ces prochaines semaines,des brasseurs, mécaniciens,chauffeurs, manœuvres vontse confier, raconter leur vécu àla brassserie. Les entretiens se-ront menés par deux journalis-tes, Florence Michel pour lapartie francophone et GeorgesWyrsch pour l’allemand. Tousdeux se chargeront ensuite demettre les textes en forme.

La distribution, qui dépen-dra des témoignages recueillis,

se fera dans un second temps.Elle devrait comprendre envi-ron huit comédiens romands etalémaniques. Laure Bourgk-necht, Fribourgeoise formée àl’Institut national supérieur desarts du spectacle de Bruxelles,assurera la mise en scène.

Pas de feu vert définitifAu total, vingt représenta-

tions sont prévues, en octobre,à l’intérieur du site de Cardinal.Selon une formule de spectacleitinérant: en fonction des ins-tallations qui n’auront pas étédémontées, le public se dépla-cera en différents lieux, à la rencontre des comédiens-ou-vriers, dans les vapeurs dehoublon qui devraient encore

flotter dans les salles. Ce seral’occasion à la fois de vibreraux souvenirs de ces vies detravail et d’effectuer une sorted’ultime visite guidée.

En attendant de connaître lefutur nouveau propriétaire deslieux, «nous n’avons pas en-core le feu vert définitif», pré-cise Karl Ehrler, qui se chargede l’administration et de la pro-duction du spectacle. «Maisdes contacts ont été pris. EtFeldschlösschen trouve l’idéeexcellente.» Un budget d’envi-ron 200000 francs a été mis surpied.

Les employés, eux, se sontmontrés «très émus», souligneIsabelle-Loyse Gremaud. Tousn’ont pas forcément envie deraconter leur histoire, mais «ilssont touchés par la démarche,parce que, dans cette affaire, ilsse sont sentis assez oubliés». EtKarl Ehrler d’ajouter: «Il n’yaura pas de message politiqueni économique. Simplement

l’envie de donner la parole auxouvriers qui ont travaillé pourCardinal.»

Théâtre au cœur de la cité «Je ne suis pas une porte-

parole syndicale, enchaîneIsabelle-Loyse Gremaud. Maisje souhaite que la mémoirepersiste. Elle ne peut vivreque si on la transmet et jepense que le théâtre est unbon moyen. Il a ce côté émo-tionnel, en prise directe. Et ildoit s’impliquer, parler deschoses de la cité.»

Karl Ehrler aussi met enavant l’aspect émotionnel dece projet. Même si, par rapportau mouvement populaire de1996 (année de la première an-nonce de fermeture), la rési-gnation a vite prévalu. «Car-dinal reste un sujet qui tou-che profondément les Fribour-geois. La brasserie fait partiedu patrimoine, comme la ca-thédrale.» n

Page 7: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

9La Gruyère / Jeudi 14 juin 2012 / www.lagruyere.ch

LE PHÉNIX. Dans le cadre de ses lunchs-concerts du vendredi(12 h 15), Le Phénix (rue des Alpes 7), à Fribourg, accueille le ténorMichel Mulhauser et la pianiste Véronique Piller. Au programme: Cole Porter et George Gerschwin. Le duo sera au café Le Tunnel, le soir même (21 h).Si on sortait

Dans la halle sans odeurrésonne la mémoire

de ces heures passées au Stern,le stamm des employés où labière coulait à flot. Celle où Car-dinal avait sa fanfare et sonéquipe de hockey. Où l’on tra-vaillait «chez Cardoche» de pèreen fils, parce que «les gens boi-ront toujours de la bière, tu se-ras jamais au chômage».Par touches, toute l’histoire

de la brasserie remonte ainsi à lasurface. Avec ce moment où toutbascule, ce sinistre jour de 1996,que bien peu voyaient venir.«Mon mari m’a téléphoné, il m’adit: ils vont fermer Cardinal.» Lechoc, la rupture, alors que «toutle monde se voyait finir à Cardi-nal, ne pas quitter cette place».Impossible également de ne pasévoquer les anciens patrons, lafamille Blancpain: «Ils étaient

corrects. Moi je dis que le sou-tien qu’on a eu en 1996, c’étaitpas pour rien! C’était tout ce queces gens avaient semé dans laville de Fribourg.»

«On a fait la même chose»Malgré la force émotionnelle

qui se dégage de ces témoi-gnages, Isabelle-Loyse Gremaudet les quatre autres comédiens(Jean-Luc Borgeat, Olivier Ha-vran, Luc Spori et Niklaus Tal-man) ont su éviter le pathos. Demême, le texte ne se résume pasà une charge amère contre lesresponsables de cette triste fin.Il y a même une lucidité perma-nente: «On a été mangés parFeldschlösschen, mais nous, ona fait la même chose avec les au-tres brasseries…»

Par les témoignages d’anciens employés, Je suis à Cardinal fait revivre tout un monde, toute une époque. CLAUDE HAYMOZ

«JE SUIS À CARDINAL».Sur le site de l’anciennebrasserie, cinq comé-diens rendent honneur à la mémoire desouvriers de Cardinal.Dans un spectacle digneet émouvant.

ÉRIC BULLIARD

C’est du théâtre qui va au-delàdu théâtre. Avec un travail decomédiens (remarquable), unemise en scène et en espace (in-génieuse), une dramaturgie.Mais l’essentiel reste ailleurs. Jesuis à Cardinal, présenté à Fri-bourg jusqu’au 30 juin sur le sitede l’ancienne brasserie, estavant tout une histoire hu-maine, un spectacle d’émotion.D’abord, l’impression saisis-

sante de cette halle de stockagevide. Juste des lumières jaunes,des harasses pour les specta-teurs et une atmosphère sonoreprenante, signée Al Comet. Plusd’odeur, de cette odeur si carac-téristique, disparue elle aussi.«C’était aussi l’âme de la brasse-rie, cette odeur qui traînait dansla ville», a souligné un des an-ciens employés.Imaginé par Isabelle-Loyse

Gremaud (également comé-dienne et metteure en scène), Jesuis à Cardinal se fonde en effetsur des témoignages d’ouvriersde la brasserie. Le spectateur endécouvre des bribes dans unepremière partie, avant d’appro-fondir certains d’entre eux. Qua-tre groupes se forment alors,pour quatre monologues suivissuccessivement.

Toute une époqueA travers des anecdotes sa-

voureuses et des phrases sim-ples qui permettent un sens dela formule redoutable («Feld,c’est des orgueilleux. Cardinal,c’est une brasserie»), les té-moins interrogés par FlorenceMichel et Georges Wyrsch fontrevivre un monde, une époque.Celle de l’amitié entre ouvriers,

Ecueil pour les non-bilingues,deux des quatre monologuessont en allemand. Un choix dis-cutable, mais qui a le mérite desouligner que, dans l’usine, Ro-mands et Alémaniques travail-laient main dans la main. Et quin’empêche pas Je suis à Cardinalde toucher juste. De sauver unemémoire, de rendre honneur àces hommes et à ces femmesqui avaient la fierté de leur mé-tier, de la bière qu’ils fabri-quaient. La fierté aussi de savoirque leur brasserie faisait partiede l’identité d’une ville, d’uncanton.

Fierté et dignitéA Fribourg, beaucoup se sou-

viennent en effet de cette épo-que où il suffisait de flairer pour

connaître la météo: «Quand le temps allait changer, c’étaitl’odeur de Chocolat Villars quiprenait le dessus sur l’odeur dehoublon.»Cette fierté que le spectacle

illustre parfaitement, s’est ac-compagnée de dignité, jusqu’aubout. A l’image de cet employéqui, le 22 juin 2011, dernier jourd’exploitation, a hissé le dra-peau fribourgeois sur le toit del’usine. Rideau. «Maintenant, y’aplus d’odeur, y’a plus un bruit,y’a plus un souffle de CO2, y’aplus rien.» �

Fribourg, Brasserie du Cardinal,jusqu’au 30 juin, du mardi au samedi, 20 h 30. Réservations: Fribourg Tourisme,026 350 11 00

EN BREF ���

ÉBULLITIONPost-hardcore et filmen manifeste punkDemain vendredi (21 h), Ebulli-tion accueille une soirée com-binant concert et film docu-mentaire. Avec le groupelausannois de post-hardcoreAbraham (ex-Baron Vampire)et les Chaux-de-Fonniers deKehlvin. Côté film, le club de larue de Vevey projettera le do-cumentaire canadien de Ken-neth Thomas Blood, sweat andvinyl: DIY in the 21st century.Soit le fruit de cinq ans de captations et d’interviews deNeurosis, Isis, Oxbow, Evange-lista… Une vingtaine degroupes pour poser un regardsur l’esprit punk aujourd’hui.

THÉÂTRELes CO de la Gruyèremontent sur scèneCe jeudi à la salle CO2 de La Tour-de-Trême ainsi que les22 et 23 juin à la salle de spec-tacle du CO de Bulle (20 h), les Compagnies théâtrales desCO de la Gruyère présententMoi c’est toi. Mise en scènepar Alain Grand, cette comédiese présente comme une ver-sion contemporaine et simpli-fiée du Jeu de l’amour et duhasard, de Marivaux. Saufqu’ici, l’ordinateur décide desamours d’une jeune fille etd’un jeune homme qui chan-gent d’identité. Sept élèves-comédiens travaillent depuisseptembre à ce spectacle.

NOUVEAU MONDEQuand se rencontrentMexique et AllemagneCe samedi, dès 19 h, le Nou-veau Monde, à Fribourg, orga-nise une soirée mexicaine. Elles’ouvrira avec le groupe Maria-chi Veracruz. Et se poursuivra(sur invitation à demander à[email protected]) avec Señor Coconut & his orchestra. Ce producteurallemand (Uwe Schmidt de sonvrai nom) vit aujourd’hui auChili et s’est spécialisé dans leremix en version latine detubes planétaires, qu’ils soientsignés Michael Jackson, Kraft-werk ou The Doors.

CAFÉ LE TUNNELDuo de guitaressud-américainesLe café Le Tunnel, à Fribourg,accueille ce samedi (21 h), leduo de musique sud-améri-caine Esquina Sur, soit ClaudioRecabarren (guitare, charango,voix et composition) et MarioCorradini (guitare et basse).

Quand un faux lit demort devient farceMOLÉSON. Pour son dernier spectacle avant la pause estivale, La Gare aux sorcières, à Moléson, présente Volpone,un spectacle coup de cœur, découvert au Festival d’Avignon.Créée en 1606, la pièce de Ben Jonson (contemporain de Shakespeare) est adaptée par Toni Cecchinato et Jean Coletteet interprétée par la Fox Compagnie, venue d’Annemasse.Assisté de Mosca, Volpone a trouvé un moyen infaillible

pour s’enrichir: il fait semblant d’être mourant. Comme il n’a pas d’héritier naturel, les prétendants à la successionveulent s’assurer son héritage en le couvrant de cadeaux. Tel homme va jusqu’à offrir sa femme, tel autre déshérite sonpropre fils…Dans la mise en scène de Céline Sorin et Alfred Le Renard,

la pièce prend des allures de farce loufoque et baroque, rythmée, exubérante. Avec costumes colorés et musiquerock’n’roll. Le spectacle peut également s’adresser à un jeunepublic, dès 12 ans. EB

Moléson, La Gare aux sorcières, samedi 16 juin, 20 h 30. Réservations 076 330 58 77. www.lagareauxsorcieres.ch

Les cinq palafittes à l’honneur à VallonARCHÉOLOGIE. Du 16 juin au 13 août, le Service archéolo-gique cantonal propose une nouvelle exposition temporaire auMusée romain de Vallon. Elle présente les cinq palafittes (sitesde constructions lacustres) du canton, situés à Gletterens,Greng, Môtier, Morat et Noréaz. Ils font partie des 56 lieuxsuisses, parmi les 111 de l’arc alpin, qui ont reçu le labelUnesco-Patrimoine mondial sous le nom Sites palafittiques autour des Alpes. Intitulée Unesc…eau, l’exposition comportedes objets originaux mis au jour lors de fouilles archéolo-giques, ainsi qu’un caisson présentant l’activité des plongeurs.Réserves archéologiques exceptionnelles, ces milieux

d’ambiance humide de l’arc alpin sont aujourd’hui menacés dedisparition par l’effet de l’érosion et des activités humaines.Une prise de conscience de cet important potentiel a abouti à l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial culturel del’Unesco, en tant qu’«objet sériel transnational». Une premièrepour le canton. EB

Vallon, Musée romain, du mercredi au dimanche, 14 h-18 h.www.museevallon.ch

Winnetou fait halte au Musée GutenbergFRIBOURG. L’évasion, l’aventure, les Indiens… Il y a tout celadans l’univers de Karl May. Jusqu’au 12 août, le Musée Gutenberg,à Fribourg, accueille une exposition consacrée à l’écrivain alle-mand, mort il y a tout juste cent ans.Vedette insurpassable dans les pays germanophones, Karl May

(1842-1912) est quelque peu oublié en francophonie. Il a pourtanteu son heure de gloire, à travers ses récits de l’Ouest, inspirés deFenimore Cooper, en particulier la saga de l’apache Winnetou, quia également été transposée au cinéma. Les œuvres de Karl Mayont même été traduites en 42 langues…L’exposition du Musée Gutenberg présente des livres, des illus-

trations, des articles publicitaires qui témoignent de l’influence del’industrie graphique du XIXe siècle sur son œuvre. Elle s’intéresseégalement à sa vie, à son lien avec l’imprimerie et à ses relationsavec la Suisse. Ateliers, animations et visites guidées sont égale-ment au programme. EB

Fribourg, Musée Gutenberg, jusqu’au 12 août, mercredi, vendredi et samedi, 11 h- 18 h, jeudi 11 h- 20 h, dimanche 10 h-17 h.www.gutenbergmuseum.ch

Critique

Page 8: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

No 48 I Fr. 2.– JA 1630 Bulle www.lagruyere.ch I 131e année Samedi 21 avril 2012

SPORTS 11-13 IAVIS MORTUAIRES 14-15 I CINÉMAS 17 I TÉLÉ 19 I MAGAZINE 20RÉDACTION: TÉL. 026 919 69 00 / FAX 026 919 69 01 / E-MAIL: [email protected] / RUE DE LA LÉCHÈRE 10 / 1630 BULLE ABONNEMENTS: TÉL. 026 919 69 03 / FAX 026 919 69 01 / E-MAIL: [email protected] ANNONCES: PUBLICITAS SA, BULLE / TÉL. 026 919 00 50 / FAX 026 912 25 85n

La brasserie Cardinalrevit une dernière fois

SPECTACLE. C’est presque un rituel de passage… A la fin du déménagement deFeldschlösschen et avant l’installation du parc technologique, un spectacle racon-tera l’histoire des employés de Cardinal dans les locaux vides de la brasserie. page 9

JESSICA GENOUD

MORGANE et CHIARA, de Bossonnens,vous annoncent un samedi tout gris et tout mouillé. Léger mieux dimanche.

MÉTÉOPAGE 17

SAMEDI de 2° à 9°Quelques éclaircies ce matin, sinon tempsnuageux et pluvieux.

DIMANCHE de 3° à 9°Temps changeant, alternance d’éclaircies et d’averses.

SALOMÉ LUTZ

SommairePort de La RocheUne vieille souche échoue à quelques pasdu restaurant l’Unique. page 2

Vie des partisLa section UDC Jauntal-vallée de la Jogneest née mercredi soir à La Villette. page 2

PromasensJérôme Barras, qui joueralors de la Fête des céci-liennes, ne trouve pasl’orgue vieillot. page 7

Réseau santé de la GlâneAprès un exercice bénéficiaire, le Réseausanté de la Glâne se prépare à investir pourla rénovation de ses homes. page 6

Les vaches aussi envoient des SMSUn détecteur électronique détermine les chaleurs. Et prévient l’éleveur. page 20

PringyLa Maison du Gruyère attiretoujours plus de visiteurs.Projet d’extension du par-king. page 5

EcoHomeUne des curiosités du salon de l’habitatdurable: la platine de DJ qui fonctionne à l’énergie solaire. page 9

Les urgences bientôtdans un nouvel écrinHFR RIAZ. Le projetd’agrandissement et detransformation du servicedes urgences de l’HFR sitede Riaz a pris du retard,mais il a été du coup redi-mensionné à la hausse.Déjà mis à l’enquête l’andernier, il a fait l’objet denouvelles réflexions aprèsle départ de la radiologiedans ses locaux toutneufs. Ouverture prévueen 2013. page 3

RBCH ARCHITECTES

Des débutsréussisFOOTBALL.Avec un bilan de huitpoints en cinq matches, Paolo Martelli arépondu aux attentes. Dès son arrivée,l’entraîneur a su allier animation offensiveet discipline pour permettre au FC Bulle de s’installer en milieu de classement.Rencontre. page 11

JESSICA GENOUD

Page 9: 13 FRIBOURG Devine qui vient chanter… 15 ÉPENDES Un ...davril.ch/wp-content/uploads/2015/06/Cardinal_Dossier-Articles-Pres… · PUBLICITÉ PUBLICITÉ LA LIBERT É MARDI 29 MAI

9La Gruyère / Samedi 21 avril 2012 / www.lagruyere.ch

Fribourg

Des idées pour utiliser moins d’électricité ECOHOME. Des panneaux solaires,il y en a de toutes sortes au salon eco-Home à Forum Fribourg. Dans cette ma-nifestation qui présente les dernièresnouveautés en matière d’habitation du-rable, il est bien sûr essentiellementquestion d’approvisionnement élec-trique individuel. Mais, certains projetsdépassent ce cadre. C’est le cas du So-larSoundSystem, un appareil mysté-rieux qu’on peut admirer sur le standd’Itex, l’exposition itinérante d’ItexA-der, une association à but non lucratifactive dans l’éducation à l’environne-ment, la promotion des énergies renou-velables et l’alphabétisation énergé-tique.

Ce système permet d’assurer, avecla seule énergie du soleil, la sonorisa-

tion de manifestations. Des panneauxalimentent une platine mobile sur la-quelle peut mixer un DJ. L’installationdispose également d’amplificateurs. Vi-suellement, il s’agit simplement d’unecaisse métallique surplombée de pan-neaux solaires. Il faut trois ou quatrejours sans nuage pour recharger com-plètement les batteries.

Partout dans le monde«Le premier système, construit en

1999, est placé sur une charrette depostier, raconte Cédric Carles, direc-teur d’ItexAder à Lausanne. Il peutaussi être équipé de skis pour les sta-tions.» Depuis ses débuts, le Solar-SoundSystem a été utilisé dans plus de300 événements.

Pour pouvoir économiser de l’électricité, il faut connaître sa consommation jusquedans les moindres détails. Groupe E a profité du salon ecoHome pour lancer jeudiune nouvelle application informatique. Avec e-vision, ses clients peuvent contrôlerleur consommation d’électricité sur leur ordinateur ou leur smartphone. Il devient facile d’identifier les appareils les plus gourmands en électricité.

Cette application s’appuie sur une technologie de pointe développée par la société Softcom Technologies, basée à Granges-Paccot. Elle nécessite la présenced’un compteur intelligent, qui offre un accès à distance et en temps réel à la consommation électrique des clients de Groupe E. E-vision n’est pas gratuite. Il fautcompter 150 francs pour le remplacement du compteur et 8 francs par mois pourl’application. DM

Pour mieux consommer

Les ouvriers de Cardinal pourune dernière représentationSPECTACLE. Les souve-nirs des employés Cardi-nal seront mis en scènedu 12 au 30 juin dansles locaux de l’anciennebrasserie.

DOMINIQUE MEYLAN

Les bureaux sont vides. Ne resteque la trace des meubles sur la moquette et celle des ta-bleaux sur les murs. On croiraitpresque entendre le télépho-ne sonner et les employés s’agi-ter. Les halles résonnent. Lesodeurs ont disparu. Le vide aremplacé les machines. Ici et làtraînent un lavabo ou un vieiléquipement électrique. Dans cetespace, pourtant, on imagine fa-cilement la vie de la brasserie.

Pendant trois semaines du 12 au 30 juin, l’ancienne usineCardinal sera un théâtre. Pourpréparer ce spectacle, une pe-tite troupe a envahi jeudi les lo-caux. Menée par Isabelle-LoyseGremaud, cette expédition aservi à fixer le décor de la pièce.

Les autorisations ont étélongues à obtenir. La Promotionéconomique est parvenue fina-lement à faire pencher la balan-ce. «Ils ont compris que c’étaitimportant pour le site, commeun rituel de passage», se réjouitIsabelle-Loyse Gremaud. L’en-treprise Feldschlösschen s’estmontrée beaucoup plus réti-cente. Prévu initialement en oc-tobre au milieu des machines etdans les dernières effluves debière (La Gruyère du 9 avril2011), le spectacle a dû renon-cer à une part de son décor.Mais il a peut-être gagné en sym-bolique.

Des halles qui résonnent La visite démarre dans le

musée à la gloire de Cardinal.Derrière une porte jaune, c’estl’usine qui se découvre. Acteurs,scénographes, éclairagiste, pho-tographe, metteurs en scène,chacun amène ses idées pour le spectacle. Isabelle-Loyse Gre-maud, qui a lancé le projet, n’apu venir que deux fois aupara-vant. «Il y a un mois, dans lahalle d’embouteillage, il y avaitencore de grands rails démon-tés. Vus d’en haut, on aurait dit

qu’un enfant n’avait pas dé-monté son train électrique.» Pre-mière surprise: l’espace a été totalement vidé. L’écho est as-sourdissant.

Ce léger contretemps ne dé-courage personne. Les bonnessurprises se succèdent. «Cet en-droit est génial», murmure undes artistes. Un bureau surélevéentièrement vitrifié offre un espace intéressant. Là, c’est unvieux robinet qui attire l’œil.Dans une autre pièce, le plafondbas, les piliers bleus et la pé-nombre suscitent une nouvelleambiance. Cachés dans un ga-rage, des camions Cardinal dudébut du XXe siècle, parfaite-ment entretenus, rappellent les beaux jours de la marque.Même un parasol, sur le par-king, éveille l’imagination.

Une coupe et des affichesLe désordre dans la halle de

stockage réjouit les responsablesdu décor. «Tout ça va partir?» s’in-quiète Isabelle-Loyse Gremaud.Des bureaux, de vieilles chaises,des palettes, une coupe dorée,des casiers métalliques et sur-tout des affiches. Ces vestigesévoquent aussi bien Cardinal quesa triste fin à Fribourg.

Comme les artistes jeudi, les spectateurs vont déambulerdans les lieux. L’usine, complè-tement vide, provoque déjà uneréaction forte. L’énergie devraêtre maintenue entre les scènes.Le spectacle commencera parquelques informations sur l’his-toire de la bière, interprétéespar plusieurs acteurs. Puis le public sera partagé. Un ouvrier,campé par un comédien, livrerason témoignage de manièrepresque intime.

Pour les cinq acteurs, les ré-pétitions commencent débutmai à Nuithonie. Le théâtre lesaccueille en attendant la fin dudéménagement de Feldschlös-schen. Presque tous les artistessont restés fidèles au spectacle,alors même que les autorisa-tions peinaient à arriver. Débutjuin, les décors et l’éclairage se-ront installés. La musique seraorchestrée par Alain Monod desYoung Gods. Le canton offre uneaide au spectacle dont le budgets’élève à 200000 francs. D’autressoutiens peinent à arriver. �

Isabelle-Loyse Gremaud, accompagnée des artistes impliqués dans le projet Cardinal, s’est imprégnée des lieux. PHOTOS JESSICA GENOUD

Le système a été exporté. Un appa-reil a été envoyé en Haïti, un autre a étéconstruit en Inde. Des projets sont en

cours au Japon, au Liban, en Chine etau Brésil. «En Inde, nous avons proposéun atelier, pour renseigner les per-

sonnes intéressées par cette technolo-gie, raconte Cédric Carles. C’est unpoint de départ pour qu’elles diffusentcette connaissance.» Au centre du pro-jet, il y a cette idée: mobiliser les senspour inciter à utiliser les énergies re-nouvelables. La culture ou plus simple-ment la cuisine peuvent aider à faireévoluer les comportements. L’associa-tion propose également des appareilssolaires pour raclette et pop-corn.

Près de 80 exposants de toute laSuisse sont présents à Forum Fribourgdepuis jeudi. EcoHome renseigne surles possibilités de construire ou de ré-nover sa maison en accord avec le dé-veloppement durable. En plus de l’ex-position, de nombreuses conférencessont prévues jusqu’à demain soir. DM

Basé sur des témoignages«Mon père a travaillé à la brasserie en 1960,comme convoyeur (aide-chauffeur), il a étésaisonnier huit mois. Y’a un truc que j’ou-blierai jamais, il me disait: “C’est bien d’allertravailler à la brasserie, les gens boiront tou-jours de la bière, tu seras jamais au chô-mage”.» Le choix du témoignage permet decoller au plus près de la réalité. Plus de vingtouvriers ont été interrogés. Leurs souvenirsont été compilés et travaillés pour arriver àun véritable spectacle.

Les représentations seront bilingues.Trois acteurs sont francophones et deux alé-maniques. Chauffeur, brasseur, mécanicien,ouvrière à l’embouteillage, les personnagestravaillent de leurs mains. La partie adminis-trative n’est pas représentée. «Peut-être

parce que j’ai commencé par aller à une réunion du syndicat, raconte Isabelle-LoyseGremaud. On y croise davantage d’ou-vriers.» Convaincre ces témoins n’a pas étécompliqué. «La plupart ont accepté. Ce sontdes gens qui se sont donnés corps et âmepour leur travail et leur entreprise.»

Mémoire vivanteLe spectacle n’est pas polémique. Il s’agit

plutôt d’offrir à ces ouvriers une place dansla mémoire vivante de leur région. «Tirer labière, ça c’est des bons souvenirs, raconteun des personnages. Parce qu’il y avait despetits échantillons à chaque tank, on appelleça les zwickels, quoi, et nous on avait desclés pour ces petits robinets, parce que

quand on les nettoyait on devait les ouvrir,ou alors pour prendre un échantillon…»

Jusqu’au ton du texte, le spectateur seraplongé dans la réalité de la brasserie. Lechoix du théâtre documentaire, Isabelle-Loyse Gremaud l’assume. «Je trouve qu’il estimportant d’évoquer les préoccupations actuelles par la vraie parole des gens.»

Ces témoignages ne vont pas disparaître.Ils seront conservés par Histoires d’ici, l’as-sociation pour la collecte et la mise en va-leur de la mémoire fribourgeoise. La revuePro Fribourg va également s’y intéresserdans son prochain numéro. Le spectacle estprévu quinze fois. Si le succès est au rendez-vous, une semaine supplémentaire pourraitêtre programmée. DM