2_le moment soap

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Revue du Collectif Accident Numéro DEUX

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Que penser de Hollywood prod ? Au mainstream de masse, à l'entertainment divertissant, à votre culture diversifiante contre leur culture culturante, aux périphéries des flux. La guerre des contenus ? The Whole Question. AC.C Prod. presents The Big Picture - a local big event review !

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DE

UX

You’rewelcome…

Que penser de HOLLYWHHD PROD.? Au mainstream de masse, à l’entertainment divertissant, à votre culture diversifiante contre leur culture culturante, aux périphé-ries des flux. La guerre des contenus? : The Whole Question. AC.C Prod. presentsThe Big Picture – a local big event review !

Tous ces mots sont en anglais.

Ce n’est pas un hasard. C’est ici au cœur

de l’Amérique mainstream, que tout

a commencé. »

So, being « colorful ».

Extrait de Mainstream, Enquête

sur cette culture qui plaît à tout le monde

de Frédéric Martel (2010).

«

H

Troisième numéro du collectif Accident. Noir sur fondflambant rose, raffiné, double épais-seur.

Nous assistons à une atti-tude longuement répétée pour la-quelle les interrogations demeurent :pourquoi nos mères s’assouplissent-elles devant le poste de télévision,les yeux brillants et le sourire auxlèvres?

Après les repas, l’accalmieau sein du foyer facilite la confron-tation avec les personnages figu-rant à l’écran. Le tout pour profiterd’un confortable moment d’extase,un septième ciel, le huitième art.

Some NeverEnding Stories, des soupapes soporiphiques et du désespoir : Stay Tuned…

Le moment Soap Opera.

Face aux flux : voici notre ancre.

Il n’y a pas de vie intérieure,

il n’y a que des doubles fonds. »

Guillaume Pinard

dans le catalogue de son exposition

de dessins organisée à Monflanquin

lors de sa résidence d’artiste

(juin-juillet 2002).

Lire Les histoires de Con-Con.

«

TXT

Tomorrow Never Dies

Drag And Drop

Funny Sanctuary

8 espaces historiques et domestiques

Les soap operas tiennent leursnoms des sponsors de ce type de fic-tion: les fabricants de produits hy-giéniques tels que Procter & Gamble,Colgate-Palmolive, Lever Brothers etPepsodent (P. & G. est par ailleurs tou-jours propriétaire de certains soapsencore diffusés). Ces derniers ont alors“ciblé” la ménagère, se doutant du for-midable potentiel publicitaire en leurdiffusant en pleine journée, des pro-grammes vantant leurs produits sa-vonneux. C’est ici l’avènement d’unediffusion massive clairement inspiréed’émissions sponsorisées.

Les feuilletons possèdent leurpropre temporalité: d’un quart d’heureà une heure, ils ont la particularitéd’être diffusés tout au long de l’année,sans être regroupés par saison. Pou-vant compter jusqu’à deux cent cin-quante épisodes par an, leur attraitréside dans leur très longue période dediffusion. Les premiers soaps furentdes programmes radiophoniques dontThe Rise of the Goldbergs (1929), chro-nique d’une famille juive en voie d’a-méricanisation programmée un quartd’heure de manière sporadique, elledevient quotidienne à partir de 1931.

II

Une petite histoiredu savon américainqui pique les yeux.

I

TOMORROWNEVER DIES

HHHHHHHHH

Clara, Lu ’n Em, dont le trio com-posé de Louise Starkey, Isobel Caro-thers et Helen King, a été émis sur lesondes de WGN Chicago en 1930. Cesgossip girls partageaient le mêmeduplex. Repérées par Colgate en 1931,leurs émissions de radio furent produi-tes par la multinationale et les troisactrices commencèrent elles-mêmes àutiliser le qualificatif “soaps”.

L’autre radio soap de références’intitule Painted Dreams (1930) scéna-risé par l’inventrice du genre, Irna Phil-lips. Celle-ci donna notamment nais-sance à onze radio soaps et huit soapoperas — dont Guiding Light qui fêtases 70 ans d’existence en 2007, lerecord. Painted Dreams se caractérisecomme étant le premier rendez-vousquotidien entre une famille américano-irlandaise, les Moynihan, et les auditri-ces chicagoanes.

Le premier radio soap diffusé àl’échelle nationale sur NBC Blue futBetty & Bob (1932) créé par Frank &Anne Hummert. Scénaristes et surtoutproducteurs, le couple instaura unevéritable “usine” à soaps, la Air Featu-res, Inc., où ils dirigèrent scénaristes,relecteurs, sténographes ainsi que desdialoguistes chargés d’enrichir leursscripts. John Dunning nous précised’ailleurs, dans son ouvrage On the Air :The Encyclopedia of Old-Time Radioque les Hummert concoctèrent uneformule assurément efficace pourleurs scénarios : “Faites appel au pluspetit dénominateur commun, clarifiez-le, captez-y les sentiments, et récoltez-en les fruits.”

Au sein de l’équipe de WGNRadio à Chicago puis auprès desradios nationales, Irna Philips, de soncôté, augmente la durée des épisodesde quinze à trente minutes, et créesous sa plume des ressorts dramati-ques toujours utilisés de nos jours, telque le cliffhanger — fin ouverte mettanten haleine l’auditeur…

To be continued H H H

À consulter, le site : www.shemadeit.org

À lire, Radio voices : American broadcasting, 1922-1952,

de Michele Hilmes et l’article Soap Opera de

Robert C. Allen sur www.museum.tv

À écouter sur le site de l’Université de tous les Savoirs,

la conférence de Martin Wincker, Les séries TV

et les soap-opéras. Téléchargeable gratuitement.

Irna Phillips sera également lapremière à utiliser des spécialistespour ses personnages (avocats, doc-teurs…). Elle introduit, grâce à sa tech-nique d’écriture et son implicationdans le scénario, l’image du person-nage perfide voire machiavélique.

Painted Dreams et la douzainede soaps créés au début des années30 continuent de s’attarder sur lasphère privée et domestique. Le con-texte socio-économique est égale-ment abordé. Aux critiques lancées àAnne Hummert à propos de cette nar-rativité à l’eau de rose qui ne fait queprolonger les dilemmes familiaux, ellerépond: “Personne ne peut compren-dre le succès phénoménal des soapssans appréhender l’environnementdans lequel ils ont été écrits. Lorsqueles ménages ont connus des difficultéspendant la Grande Dépression, lessoap operas apportèrent un soutienmoral de masse. Le mari craignait dene pas conserver son travail et sa fem-me, anxieuse, ne savait si elle serait enmesure de trouver suffisamment de vi-vres pour préparer le prochain repas.Les radio soaps ont donc maintenu lelien social pour ces gens issus de laclasse moyenne entre la Crise de 1929et la Seconde Guerre mondiale”.

La télévision américaine com-mence à se commercialiser au débutdes années 40 et vient supplanter laradio qui rapidement apparaîtra com-me un média complémentaire pour lesannonceurs. Elle est le médium bénéfi-que de l’immédia-télé. Au fur et àmesure que la présence du téléviseur

se démocratise, les émissions radio-phoniques se voient “transposées”dans la lucarne avec plus ou moins desuccès. En effet, le rapport entre les ac-teurs et leur environnement ne sontplus les mêmes qu’il s’agisse du simplemicro ou de l’intimidante caméra.

La télévision fait émerger denouvelles formes visuelles. En 1951-1952, les journalistes démontrent que latélévision peut attirer des spectateursen pleine journée. Ainsi, CBS, avec Gui-ding Light, devient la première radio àadapter ses programmes à la télévi-sion. Au début des années 1960, lesradio soaps sont démodés et “soapopera” signifie dorénavant un pro-gramme télévisé.

C’est respectivement NBC etABC qui portent en premier lieu ungrand intêret au “savon médical” : TheDoctors (1963-1982) et General Hospital(1963-…). Le contexte de la maison-foyer disparaît au profit de l’hôpital etde ses longs couloirs aseptisés, traver-sés par des médécins, infirmières, per-sonnels hospitaliers et leurs patients.Cette famille professionnelle et frater-nelle repose notamment sur un prin-cipe commun: être au service de l’autre.

Le succès commercial se con-firme et les scénaristes peuvent varieret complexifier leurs récits. L’une destrouvailles fut de mettre en avant lesrelations amoureuses entre famillesd’horizons divers. Dans One Life to Live(1968-…), une richissime famille WASPcôtoie une famille ouvrière polonaise etcatholique ainsi qu’une famille juive ouencore afro-américaine.

12 H

HHHHHHHHHHHHH

Dans cette pertinente course àl’innovation scénaristique, ABC propo-se All my Children (1970-…) qui abordela guerre du Viêtnam en opposant lesvisions conservatrices et pacifistes.CBS avec Love Is a Many SplendoredThing (1967-1973) choisit l’histoire d’a-mour interraciale avec une jeune fem-me asio-américaine pour personnageprincipal. Suite aux pressions exercéespar les sponsors sur les diffuseurs et lelobbying des spectateurs sur les scé-naristes, les soaps suivants s’inscrirontdans une lignée beaucoup plus con-ventionnelle satisfaisant la tranched’âge la plus assidue: la ménagère demoins de 50 ans. Les savons s’holly-woodisent. Les mélodrames sont infi-nis et l’éclairage “trois points” magnifiele visage des acteurs : pour preuveSanta Barbara (1984-1993) ou TheYoung and the Restless [Les Feux del’amour (1973-…)].

Les années 70 voient une com-pétition acharnée entre les trois chaî-nes nationales et leur grille des pro-grammes affiche “complet” l’après-midi : du soap, du soap et du soap. Celarévèle un véritable succès répondantaux exigences du Marketing, du Cour-rier des téléspectateurs et bien sûr del’Audimat. Les évolutions scénaristi-ques des années antérieures se scléro-sent. Cependant, chacun essaiera des’accorder avec “son public”en alter-nant des principes fantastiques vs.réalistes, personnage-phare vs. com-munauté soudée, progressistes vs. tra-ditionalistes… Parallèlement, la duréede vie de certains débats télévisés fait

preuve d’une telle longévité que cettestabilité s’inscrira également dans lesgènes du soap.

Dans les années 1980, les soapss’inscrivent au patrimoine culturel dumass media américain. Une nouvellefamille émerge dont la figure de proueest Dallas (1978-1991). Hebdomadaireet mettant en scène une famille élargieoù les liens familiaux tissent une tramenarrative exponentielle, Dallas enfan-tera un grand nombre d’autres “universimpitoyables glorifiant la loi du plusfort”, dont Dynasty (1981-1989). Cer-tains qualifieront ces soap operasd’impérialistes, en raison d’une diffu-sion mondialisée allant jusqu’à leurs“adaptations” locales : en France avecChâteauvallon (1985) et en Allemagne,Die Schwarzwaldklinik [La Clinique dela Forêt-Noire (1985-1989)].

Ce type de programmes finitpar évoluer : le système vidéo domes-tique (VHS) et le câble élargissent lagamme de programmes télévisuels,avec notamment, la chaîne Lifetime TV(1984) entièrement dédiée aux fem-mes de 18 à 45 ans… Tous ces élémentsamènent les sponsors vers d’autresprogrammes comme les talk-showsmoins coûteux.

À travers cette histoire améri-caine déjà très dense, il serait difficiled’évoquer un supplément sur la quin-zaine d’autres pays adeptes de cesprogrammes tels que les “telenovelas”brésiliennes, les “mousalsalets” égyp-tiens en passant par les “dramas” co-réens…

DRAG ANDDROP

18 espaces-temps télévisuels

Je regardais défiler devant mes yeux

ces femmes trompées, victimes, généreuses,

compréhensives, maternelles, altruistes,

calmes, douces, sensibles, philosophes,

caféinomanes, enclines à évoluer à travers

les épreuves qu’elles vivaient, femmes

éprouvées mais fortes. Et auprès d’elles,

ces hommes instables, courailleurs, éduca-

teurs, infidèles, vantards, agressifs, ivrognes,

pourvoyeurs, superficiels, intolérants à voir

leur femme se libérer, incapables ou presque

de communiquer, et parfois même, disons-le,

… crétins.»

Extrait de l’article de Véronique Ngutên-Duy

Le téléroman et la volonté d’une télé origi-

nale dans Variations sur l'influence culturelle

américaine de Florian Sauvageau, citant

l’écrivaine Suzy Turcotte (1988) à propos

des téléromans de Lise Payette.

«

Les femmes: bulles de savon;

l’argent : bulles de savon;

la renommée: bulles de savon.

Les reflets sur les bulles de savon

sont le monde dans lequel nous vivons.»

HHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Extrait de Le Pavillon d’Or de Yukio Mishima

(1956).

«

Dans un soap opéra, l’important, c’est

de laisser aux personnages le temps

de réfléchir aux ramifications d’une

remarque, de parler et d’écouter leur soûl.

Les actions et les nœuds de l’intrigue

n’ont qu’une importance secondaire.»

Extrait de l’article de Tania Modleski,

Les morales du soap dans l’ouvrage collectif

Fresh Theorie (2007).

«

20 H

Teletravailleurs,

continuons à triturer les boutons-têtons

de nos télévisions

… 09.05 Bo et Hope réussissent à échapper

à Jess et sa bande. 09.30 Ridge demande

à Taylor de cesser toute relation avec Rick.

13.55 Devon est arrêté pour le meutre de

Carmen Mestra. 09.05 Tony part en voyage

sur son yacht. Il emporte avec lui le laser

de Rex. 09.30 Taylor essaie de convaincre Rick

qu’il ne peut rien se passer entre eux. Ils doi-

vent seulement être amis. 13.55 Tout le monde

prépare le repas de Thanksgiving. Rex 09.05

est sur le point de découvrir qui est sa mère.

Pam joue de mauvais tours à Donna: elle

sabote son rendez-vous 09.30 chez le coiffeur

et s’arrange pour qu’elle ressorte la peau

brûlée de sa séance d’UV. Tony a embarqué

sur un navire 09.05 et découvre rangé dans

une caisse, le laser conçu par Rex en pièces

détachées. Le cauchemar continue pour

Donna: ses dents virent au gris après une

séance 09.35 de blanchissement. Elle finit par

comprendre que Pam est à l’origine de tous

ses malheurs. 13.55 Nikki fait part à Victor du

désaccord entre Ji Min et Jack au sujet des

photos de Sharon. 09.05 Lucas et Cassie

s’apprêtent à vivre leur première nuit

d’amour. De son côté, Rex découvre que

sa mère est Kate Roberts. Lucas est donc

son demi-frère… 09.30…

« Nous avons tous des moments de profonds désespoirs, mais lorsqu’ondécide d’affronter le problème, on en ressort encore plus fort », annonce lavoix suicidée de Mary Alice Young, notre desesperate housewife.

D’outre-tombe, elle pactise avec Kierkegaard et nous convie à regar-der nos peurs et nos angoisses en face. Je vous l’écris : Nous existons commedes processus en instance de déséquilibre. Risques d’éboulement ! Ballotés etpolis comme des galets, nous dévalons les affaires du monde. Manifeste télé-génique d’une asphyxie.

26 note pour des espaces noirs

Tout le monde est désespéré.Au fond. Sous le fond de teint, sous levernis, au fond de l’être, le désespoir.Ce fond sur lequel nous sommes dé-peints. Sous nos peignoirs, face à nosmiroirs, le désespoir. Mélange d’an-goisse, d’anxiété, de complexes phy-sico-moraux, d’aliénation sociale et dedésordres amoureux. Cocktail d’am-bitions bafouées, de compromissionsmal assumées, de comparaisons à l’ex-cès, de manque d’épiderme, de frayeurdu terme, de doutes insurmontables,de peurs incontrôlables, de désirsrefoulés, de routines reniées…

Cela ne nous empêche pas, laplupart du temps, d’exister. On sedéroule. Mais ça remonte par bouffées,à l’occasion. C’est notre consubstantiel.Notre inséparable époux. Peu l’assu-ment et encore moins l’avouent… Enfinspontanément… Car brisé par dix litresde bière, franchissant la barrière de laconfidence, une fois le filet protecteurde l’amitié posé, j’entends le mêmeronronnement, celui qui grince un peu,comme un piaulement transcendant,cette forme d’aveu du manque. Lemanque de soi, le manque de l’autre, lemanque de circonstances.

FUNNY SANCTUARY

HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Jamais de joie glorieuse àl’aube des nuits blanches. Jamais d’ex-tase au fond des choses… Bien sûr, je nedoute pas que certains soient heureux.Mais grattez les vingt minutes et vousvous apercevez que leur contentementn’a pas de fondement. Creusez les uneheure et vous verrez apparaître la cou-che d’angoisse. Le désespoir commedessin préparatoire. Ah! j’en auraisentendu des paroles désespérées, desconfessions au p’tit matin, des retoursdu refoulement, des introspectionsspontanées… à chaque fois surpris parla forme que cela prenait, mais désor-mais habitué à son ubiquité… Chez desgens que je n’aurais jamais soupçon-nés d’être accablés… Chez ceux qui nelaissaient rien transparaître… là encoredésespoir… Désespoir partout… extasenulle part… Il a fallu me faire à l’idée…Ça a l’air grave comme ça, mais ça nel’est pas tant que ça. On peut toujoursgraver de jolies choses, même sur unfond merdique. Ou alors on peut touteffacer… Changer de toile… J’y arrive…Mais pourquoi ne pas poser tout celacomme préambule… Introduction à laConstitution: « l’homme est afflic-tion»… crève-cœur… supplication… ca-tastrophe plate… Ça nous remet à notreplace… Celle d’une promesse inache-vée… l’homme comme projet… Parcequ’on fait tous comme si tout allait desoi… On a nos petites fiertés… nos in-tentions… toujours à venir… on discute…on parlote… comme si nous n’étionspas posés près de la faille… J’suis aubord du gouffre, dit-elle en riant… Maistu l’es réellement ma pauvre… Nous

marchons tous sur la fragile banquisede la dépression… qui n’est que l’ex-pression manifeste de notre fond pri-mordial… Encore une fois tout cela n’arien de tragique… Enfin si… Ça nousempêche d’être sublime… Mais ce quiest sublime c’est que tout cela estcommun… partagé… Si nous nous l’a-vouons simplement, il n’y a pas de rai-son d’évincer la désolation… Il fautnationaliser le désespoir ! Régie Na-tionale de la Détresse! Mutuelle Syndi-cale de la Tristesse ! Ça ne demandepas une grande cérémonie du choui-nement… Les plaintes piaulées sontinutiles en plus d’être fatigantes… Nonjuste un constat froid de notre accable-ment… De là, on pourra éviter la man-que de substance de nos paroles… Deces phrases dégueulasses qui ne signi-fient rien, de celles qui surfent à la sur-face par crainte de profondeur… Il suf-fit d’avoir mis en commun une foispour toutes nos doutes… Le conscientcollectif… au lieu du repli individuel desnuits cuivrées… Même les chiens sontmoins seuls… Attention! je ne renie pasl’immense grâce de la solitude et destraversées de mers intérieures… Ceque j’insulte c’est d’en rester là… D’ap-paraître lissé le lendemain… et quechacun patauge dans son p’tit mal-heur personnel la nuit d’après… Lecourage ponctuel de s’avouer moins-que-rien et l’Odyssée suit son cours…Je respecte les gens qui portent lemasque de la quiétude mais je sup-porte de moins en moins leur « insincé-rité»… Comme à chaque fois toutevérité a deux facettes… la dialectique…

28 H

En somme éviter deux excès, celui del’insignifiant Tout va bien et celui del’hyperchiant Tout va mal… Non… Toutest désespoir… c’est entendu… on estd’accord… Mais rien n’est insurmonta-ble… une fois partagé… Du commu-nisme des affects… «La Joie est plusprofonde que la Tristesse» (FriedrichNietzsche), “Happiness is better than Desesperate Housewives”…

Bon, ce qu’il y a de tragiquedans le désespoir, j’y reviens, c’est qu’ilnous empêche d’atteindre le merveil-leux car le désespoir n’a rien desublime. C’est au contraire un frein risi-ble, une œuvre minime, le sordide sansle grandiose. Rien d’eschyléen là-dedans, plutôt Amour, Gloire et Beautéque Prométhée enchaîné… Oui la tris-tesse n’est que surface… pellicule delaid… Elle ramène tout à soi… à la pluspetite part du soi… La mélancolie netranscende rien, elle est repli sur soi…confort dans la douleur. Dans le déses-poir, pas de risques… pas de rencon-tres… tout est déformé pour la positionfatale… On se tient chaud… Alors que lajoie est expansive… elle est ouverture,brèche extensible, capture du monde…Elle part de soi… pas besoin de cetteperpétuelle envie d’ailleurs… de voya-ges… de grands départs… Voilà encoreune manifestation du désespoir. La joietransporte… avion à réaction. Défini-tion: sourire irrépressible, agrandisse-ment du moi. Elle m’est arrivée… aumilieu de l’ivresse collective… audétour d’un paragraphe… au fondd’une danse de salon… percutée par

une conversation… au bout de certai-nes lèvres… le grand débordement…l’émotion qui ruisselle… Et surtout cettemétamorphose en smiley incontrôlée…Et contrairement à la tristesse, la joieouvre les bras… On délire le monde… ons’étend univers… opération cœur ou-vert. La joie c’est l’acuité à son som-met… Putain de tic célinien dont il fautque je m’échappe… Aller contre soi…toujours… Si la joie est plus profonde,c’est qu’elle nous élève, tandis que ledésespoir nous élague… Ah! Le tour-ment romantique des grands senti-ments… Voilà une autre promesse ina-boutie… le syndrome Bovary… On nousdépeint le tragique et on vit dans legris fade… on nous annonce le lyriqueet c’est le quotidien qui règne… En toutcas le grand sentiment ne passe paspar le supplice… L’anxiété ratatine… lebaroque c’est la joie qui s’entortille…l’euphorie qui cabotine… J’me résume…Assumons nos désespoirs, et arrêtonsde nous persuader de vivre dans unesociété pacifiée… Aux idoles, leséclats… Notre Viêtnam, c’est le vide dejoie… Aller contre soi… toujours… le voilànotre accès à la passion promise…«Avant tout, être un grand homme etun saint pour soi-même», disait Char-les Baudelaire.

Déclaration d’intention:.. faci-lité de salonnard… Mais, il y a un che-min bien précis pour éliminer le déses-poir et parvenir à la joie… devenirSaint… c’est-à-dire ne pas vivre dans laséparation… Qu’est ce qu’un saint ? Unêtre non séparé… Un saint n’a pas

trente-six identités… il est soi… tou-jours… Il ne renie pas une partie de lui-même en fonction du moment de sajournée… Il suit sa voie… Cela ne l’em-pêche pas d’aller contre lui même…toujours… Mais il ne se trahit pas ens’adaptant à chaque instant à sonaudience… Soumis quand il faut l’être,poli aux instants symboliques et libretemporairement. Le parfait petit as-semblage qui ne renverse rien… Ma viede bureau, mes sortie familiales, mescompromis génitaux… Merde de Paon !Gloire à la glaire des caméléons! Nonviser la sainteté c’est devenir un et ina-liénable… Ne pas céder à ses désirs…ne pas être séparé de soi… voilà le radi-cal… Le martyre à s’infliger… la provo-cation ultime… Dire je partout et tout letemps… Assumer tout ce qui mijote plu-tôt que patauger dans le zigzag…Parce qu’on a toujours le choix… maté-riellement sûrement pas… on se subit…Mais au niveau métaphysique… c’estlibre arbitre… Kant a raison… Kierke-gaard au Panthéon… Il suffit d’accepterde se brûler… de choisir pire… de sequitter… Le choix du transcendant… pasévident… effrayant… Mais, il y a mal-heureusement toujours une ligne defuite pour nous rendre coupable derester sur les quais… Il faut accepter debrûler ses vaisseaux sans gains… Alorsoui concrètement on est pris dans letissu de la causalité… Étouffer parl’étoffe des motifs que l’on n’a pas choi-si… pris dans l’injustice primordialed’être né dans un corps aléatoire… jetéau hasard dans une famille impar-faite… entraîné dans une culture singu-

lière… mais il y a toujours un choix, qui,la plupart du temps, va contre soi, sonconfort, ses habitudes, qui permettrade quitter le régime des nécessités… Lechoix moral… tout un programme…Devenir saint… Saint-Sébastien… Enflé-ché notoire… Gloriole à tafiole… Je suismoi… Se le dire comme un Mantra…Pour ouvrir une voie vers la vallée…Une voix originale… Je ne me séparepas… Pas de diffraction, pas de disper-sion… Se creuser… et aller contre soi… ladialectique… la négation… Pour ne pasdevenir un con imbuvable… et toujoursenvisager les autres comme des pro-messes… Alors peut-être le désespoirpourra disparaître et la joie se dévoi-ler… Alléluia ! Le mal c’est la sépara-tion… Saint-Antoine, qui se couche surle lépreux, rompt la ségrégation… Lesaint excise le vide… Le saint remèdeau nihil… Donnez-moi le Saint… Romprele séparé… Pour retourner au com-mun… Devenir saint… Devenir Saint…

HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

CopySafe.

(it’s not) The end…The next big thing coming soon…HHHH !

with 300 copies.

Le collectif décline (.) toute responsabilité concernant le contenu des textes, les illustrations, les photographies et les dessins qui impliquent seuls leurs auteurs.

Toute reproduction, même partielle, est possible avec l’autorisation préalable de AC.C ([email protected])

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Graphic Design :Accident Collectif

Editorial board :Accident Collectif

(Alban Gervais, Franck Marry

et Xavier Lefebvre)

with Sébastien Dufay.

Proofreading :Sandra Macoine

and Raphaël Leboucher.

Printing : Stipa, Montreuil

First Internet release, October 2006 :

www.accident-collectif.net Late time print issue : September 2010.

www.paygraphisme.net

www.mopisland.com

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Soap Opera

ac.cac.c

- Édition -2010