5 minutes de plus.

Il est dj telle heure. Le contrat se termine mais le stress nous souf e dans loreille. Je dois continuer, la saveur du relchement sera ainsi plus goteuse. La bire nous tranquillise, la bouche remonte vers le haut. Notre corps vient de comprendre le signal. Le sal se mlange avec leau alcoolise, il est temps de dcompresser.

On tente darrter le temps sous une tente. Les gouttes deau nous rassemblent mais nous dispersent. Nous savons quil faut retourner lintrieur mais le caf est un lment perturbateur. Il ne touche pas notre quilibre mais nos mouvements. Temps de rassemblement, il motive notre rencontre et nos pratiques.

La cigarette au bec, une chaleur dans la main, nous voquons la position. Certains sont dcids, dautres ne font quhsiter. Nous nous baladons a n de visionner le lendemain. Lespace nest plus engourdi, notre prsence le rajeunit. Rien ne cesse de courir, lide viendra nous cajoler avant de dormir.

merci 35h pour la con ance, dl pour linvestissement, merci Guillaume Weiler pour la cuisine et Laura Kunz pour la sauce tomate, Manon Dard pour

les photos et lnergie chante, merci aux artistes pour leur temps positif, merci la Chapelle pour le frais, merci aux musiciens pour le son, merci Mulhouse

pour la bire, merci ponyme pour les deux hurluberlus, merci aux tentes de lOMJ pour lodeur du camping, merci la HEAR pour lchelle et la nance,

merci vous.

On se rchauffe lextrieur.On se tient chaud lintrieur.

Adrien Siberchicotn en 1985, vit et travaille Pariswww.adriensiberchicot.comLes invitations

Il suggre avec politesse. Sinspirant des alentours, ses actions sont douces. Elles conjuguent posie et folie a n de voir si le public les assouvit. La ralisation sera obscure. La feuille est emporte, sa survie est imagine. Profondes ou lgres, les lettres se rassemblent pour mieux se dfendre. Les quations sont transparentes, les feuilles crent un contact. Elles touchent le public, les mains font partie du premier acte.

Index des invitations

Veuillez vous rendre au sommet du belvdre par temps nuageux; regardez vers les alpes, imaginez les Alpes, redessinez les Alpes sur la table panoramique disparue.Veuillez mesurerl la chapelle Saint-Jean laide dun mtre-ruban, trouvez laccs toutes ses dimensions. Veuillez rencontrer le comte de Dornach, prince de Mulhouse, empereur de France.Veuillez rester immobile assez longtemps pour observer les variations de la lumire sur les murs nus; veuillez si possible teindre les lumires.Veuillez ouvrir les rues de la ville pour en excaver les canaux, puiser de leau et y dposer du sel.Veuillez ne plus avoir le temps de terminer.Veuillez vous allonger sur un balcon assez longtemps pour que les barreaux laissent des empreintes sur votre peau. Veuillez couper les mots dans le sens de cette feuille et y placer quelques espaces.Veuillez faire linventaire de toutes les balises du club vosgien dans les limites du territoire municipal.Veuillez connatre le chant de tous les oiseaux prsents et les rpter mentalement la prochaine fois que vous prendrez le train.Veuillez connatre tous les types dogives en architecture romane.Veuillez prendre les empreintes de toutes les pierres, toutes les surfaces.Veuillez estimer les dimensions de la fresque de la chapelle Saint-Jean, les retenir quelques instants, les oublier puis recommencer.Veuillez fermer certains interstices avec des feuilles de papier.Veuillez sculpter des gargouilles; veillez ne pas les xer solidement aux murs pour quelles vacillent, scroulent, puis se recouvrent de poussire au sol en quelques semaines.Veuillez vous allonger lintrieur de la tombe ouverte dans le jardin de la chapelle Saint-Jean; trouvez mentalement une forme gomtrique qui reprsente le temps.Veuillez accder aux souterrains de la ville, vous y garer, retrouver la sortie, puis oublier leur accs la surface. Veuillez tracer une ligne en mettant bout bout des morceaux de papier et traverser avec elle lespace de votre choix.Veuillez compter les trous sur la pierre tombale de Jacques Zu Rhein.Veuillez dplier les mesures prises jusqualors.Veuillez utiliser vos doigts pour combler les asprits des statues.Veuillez monter sur une estrade pour observez la vue; observez ce nouveau point de vue.Veuillez projeter vos penses au plafond; faites-les tenir sur toute sa surface.Veuillez trouver limmeuble le plus haut de la ville; imaginez des projecteurs lilluminant la nuit.

observatrices de prs, actrices de loin, mettre distance,

chercher une place dans la chane de production, mettre en mots,

boire, manger, rire,mettre ensemble,

dcrire, regarder, couter, retranscriremettre en page,

organiser, diffuser, partager, mettre en image,

ngocier, changer, visser, dcouper, mettre en espace.

Je ne sais pas quel ge mais ce souvenir me suit Dans la maison des grands-parentsEn mode digestion ou loisir

Il fait chaudLes abeilles tentent une approche Cest la n du repas

Mathieu Pauline Jacques

On a mang du melonDes tranches transformes en bateaux Saint-Andr transpire

Laprs-midi est en short Agenouills, nos mains se mouillent Le fruit otte

Cest ou mais joyeuxLe soleil nous oblige mettre une casquette Tomates et cerises

La fourchette est minuscule

Le rose nous affame

En dehors de la bouteille

Comment connais-tu ma tte ?

Faire pouce sans drap housse

Gros David est prt de minuit

Conjuguer son action avec un peu de pression

Veuillez placer cette feuille dans un endroit o personne ne pourra la trouver.Veuillez ramasser quelques branches trouves ci et l puis classez-les dans un ordre de grandeur de votre choix. Veuillez ouvrir toutes les fentres pour que levent assche lespace.Veuillez gravir les marches les plus proches, recommencez jusquau premier essouf ement.Veuillez regarder les horloges, avancez-les lheure dt.Veuillez trouver la stle qui corresponde votre taille.Veuillez prendre une photo laide de vos doigts puis laide dun appareil et comparez les rsultats.Veuillez agrandir mentalement la forme gomtrique la plus proche de vous.Veuillez faire une liste de tous les instruments de mesure que vous connaissez.Veuillez trouver un assistant pendant une heure puis devenez son assistant pendant deux heures.Veuillez d nir labstraction la personne de votre choix; changez davis la prochaine fois.Veuillez trouver des lignes contraires dans le prochain paysage que vous allez admirer.Veuillez d nir mentalement votre nouveau projet en lui trouvant la forme adquate.Veuillez vous rendre hors les murs.Veuillez graver vos initiales sur la surface de bois de votre choix puis effacez-les.Veuillez vous rendre aux pieds de la tour de tlcomunication, imaginez lescalader pourembrasser la vue. Veuillez glisser des coquilles dansvotre texte.Veuillez maintenir votre temprature corporelle stable.Veuillez dnuder les statues, pour imaginer une pierre cache et secrte; redrappez-les plus tard.Veuillez changer lchelle de votre perception.Veuillez prendre du recul jusqu rencontrer un obstacle.Veuillez tracer une ligne, puis une deuxime qui ne touche pas la premire et en n une dernire quitouche les deux prcdentes.Veuillez imaginer ce qui se cache derrire le mur; allez vri er la conformit de votre projection.Veuillez faire le tour du jardin, pour observer le vent dans les arbres; sil ne souf e pas assez fort, faites nouveau un tour du jardin.Veuillez faire un aller-retour la bibliothque.Veuillez tracer main leve une carte de la ville de votre choix; si le rsultat ne ressemble pas Mulhouse, recommencez.Veuillez trouver les arbres dont les numros dinventaire sont les suivants: 3271 et 3272.Veuillez imaginer une nouvelle unit de mesure; trouvez avec elle les dimensions de la chapelle Saint-Jean.Veuillez rorganiser les statues de la chapelle saint-

Adrien a un projet dcriture, qui saf ne. Il rdige des textes brefs, prenant dabord le lieu comme prtexte criture ; comptant le nombre de carreaux aux fentres, citant les inscriptions dune stle, il les met ensuite en forme dans des mises en page qui jouent du format et de la qualit du papier. Ce projet dcriture a volu vers la production dnoncs qui incitent le public a raliser (en acte mais surtout par la pense) des actions lgres, subtiles, impossibles. Adrien, en tant quartiste, veut produire des oeuvres, mais les conditions matrielles ne sont pas toujours runies, le texte, par sa lgret de mise en oeuvre, lui permet dvoquer, de suggrer et nalement de faire exister des propositions de situations priori impossibles raliser.La forme des noncs est celle dune invitation, lensemble des textes commence par VEUILLEZ , lamorce fait passer le dsir de lartiste au lecteur, le choix du vocabulaire (r)veille la volont du lecteur.Pour partager ses invitations, Adrien utilise limpression sur papier, la technique est prise rebours : elle lui permet de matrialiser ses courtes phrases mais il joue de lunicit de chaque incitation. Lensemble sera prsent en pile et le simple fait de retirer une feuille de la pile consommera linvitation, la ralisera.

jean de la plus laide la plus belle.Veuillez vous rchauffer au soleil puis r chir lombre.Veuillez trouver la bonne distance entre vos mains a n quelles crent un courant dair.Veuillez dplacer les signes pour quils fassent nouveau sens.Veuillez vous rendre au sommet qui domine la ville; regardez ce qui dpasse.Veuillez regarder au loin, essayez de regarder encore plus loin, revenez au point de dpart si le besoin se fait ressentir.Veuillez couter les sons qui vous entourent, rptez-les en boucle jusqu ce quils se dissolvent en cho.Veuillez sentir le parfum des eurs humides, si elles sont sches, attendez la prochaine pluie.Veuillez regarder objectivement le texte.Veuillez vous mesurer au temps quil reste.Veuillez ouvrir les portes pour crer un appel dair, veillez ce que les feuilles ne senvolent pas.Veuillez effectuer une rvolution au restaurant panoramique de la tour de leurope.Veuillez faire le tour du btiment dans les sens de la largeur, de la longueur et de la profondeur.Veuillez regarder le ciel en plein jour, imaginez les toiles; regardez le soir au mme endroit et pensez la couleur bleu.Veuillez regarder au fond du puits; penchez-vous le plus possible jusqu voir la pointe de vos chaussures.Veuillez nommer votre sculpture prfre, ef eurez-la mentalement.Veuillez fermer les yeux et vous concentrer jusqu nentendre que votre respiration; aprs un instant, faites entrer un un les sons alentour.Veuillez vous rapeller que votre mmoire est une ction ractualise.Veuillez anticiper vos prochains gestes manqus.Veuillez retourner les pavs de votre choix dans le jardin; observez leur face cache puis replacez-les dans leur position dorigine.Veuillez vous appuyer contre le mur, ne faites quun avec le mur.Veuillez vous allonger sur le sol, ne faites quun avec le sol.Veuillez trouver une porte drobe, ouvrez-la.Veuillez vous souvenir de votre dernier rve; utilisez les sculptures autour de vous pour complter votre mmoire dfaillante.Veuillez couter la pluie sur les feuilles, sur les branches, sur les toits, sur vos cheveux, sur vos paules.Veuillez regarder lhorizon, rappelez-vous quil sagit dune illusion; admirez lhorizon.Veuillez vous rappeler que vous ntes pas une forme abstraite.Veuillez ne pas disparatre.

Anna Voreuxne en 1990, vit et travaille Strasbourg

Dissection minrale ou sentir le lointain contre son pouce

Anna a un programme charg : le premier jour : observations de feuilles darbres, de lichens, dinsectes au microscope, Ces observations alimenteront les habillages qui participent aux dessins. les jours suivants : ranger le dessin de la veille si ncessaire prendre un petit baluchon avec le ncessaire feu (allumettes, branches de diffrents diamtres, corces, aiguilles de pin) aller dans le cimetire poser le baluchon sur une grosse pierre ct dune colonne bonne hauteur dcouper du papier journal, le froisser faire un tas avec : le papier journal, les aiguilles de pin, les tiges de marronnier, les petits clats de bois, les morceaux dcorces, les bouts de bois allumer le feu avec des allumettes diffrents endroits du tas lattiser par le souf e ou laisser le vent le faire laisser brler le feu fermer les yeux la n du feu et dessiner la forme du feu par la persistance rtinienne sur un carnet le documenter par la photographie une fois que le feu est assez brl : taler le foyer pour que les restes refroidissent revenir lespace de son bureau drouler le rouleau du dessin du jour revenir vers le feu avec une bote de Petri vide vri er que les cendres ne sont pas trop chaudes les glisser dans la bote reprendre le baluchon et la bote de Petri les ramener au bureau rechercher et collecter la matire du jour inscrire la date du jour dans la bote de Petri qui accueille la matire dbuter le dessin par frottage contre une surface de lenvironnement (un lieu par jour : tronc darbre, pierres extrieures, sculptures, murs, cartels) le dessin occupera jusqu la n de la journe, il contiendra et sera ralis dans lordre : un frottage un habillage (des dessins de taxidermie, cendres au microscope, draps de Drer, toiles, vues de nervures de feuilles au microscope) la persistance rtinienne du feu deux tapes interviennent des moments de la journe non d nies : collecter un caillou par jour, qui arrive quand Anna repre une pierre qui lattire prendre en note une phrase entendue travers la grille de la chapelle qui accompagnera la matire du jour.

Anna avait prvu dautres tapes encore, aprs la premire journe certaines se rvlent impossibles inclure dans son emploi du temps, dj charg. linverse dautres gestes, principalement de collectages, sont apparus ; la pulsion de la rcolte de phrases, dobjets, de matires lemporte sur le plan d ni au pralable. Anna a un programme charg, mais qui sadapte lpreuve de ses journes de travail.

Linda sinstalle, elle occupe et transforme lespace dune tente, en espace de convivialit. Linda invite, rgulirement elle quitte la Chapelle et va chercher le public pour lamener dans son caf phmre. Linda met la main la pte, cet espace est aussi celui de la production de cramiques. Linda change, elle invite le public produire lui aussi des cramiques, toutes les productions senchainant, tenant compte les unes des autres pour former un ensemble, cadavre exquis aux rgles assouplies.

Linda Brancone en 1984, vit et travaille Besanonwww.lindabranco.comCaf cramique

Un caf pour initier. La terre nest plus au sol mais dans nos mains. Les points techniques voqus, les extrmits se mettent bouger. Il faut sinspirer du mouvement prcdent a n de crer notre continuit. Les crations convoitent lanecdotique. Elle recueille nos histoires en se mouillant les doigts. Il nest pas question dexprience mais de sensation. La matire est la fois douce et rugueuse. La convivialit est un lment de cration.

Elle tente de capturer un environnement qui ne cesse de grandir. Ces boites de contrepteries sont chronologiques mais ce quelles renferment est multiple. Ce nest pas assez volu, elle se met donc dessiner. Un papier, support de son hyperactivit. La proximit recouvre le monochrome. Le support devient inexistant, tout ce qui nous entoure devient important.

Charlotte El Mouassedne en 1987, vit et travaille Pariswww.charlotteelmoussaed.comAu lecteurAux visiteurs

Elle conjugue les provenances, sa rappropriation prend sens. Le voyage la sduite. La langue nest plus une bande sonore mais un acte. Se mettre parler sans pour autant limiter. La caricature nest pas invite dans cette production pose. Les plans contemplatifs reculent face au texte. Celui-ci d le dans un lan informatique. La plupart des facults sont convoques mais il nous manque le toucher. Ce monde fait de consonnes est inaccessible, le plongeon reste une tentative.

Lectures de Julia:Richard Brautigan, La pche la truite en Amrique suivi de Sucre de pastqueBarbara Cassin, La nostalgie, Quand donc est-on chez soi ?Werner Herzog, Sur le chemin des glacesComit invisible, Linsurrection qui vientW.G. Sebald, AusterlitzMichel Tournier, Vendredi ou Les limbes du Paci que

Mardi en n de journe, lassociation dl a reu un e-mail de la part du service dveloppement culturel de la Mairie de Mulhouse qui sinquite de la prsence dun feu dans le jardin de la Chapelle St Jean class monument historique. Julia doit faire un choix, de multiples rponses cet imprvu sont possibles : passer outre et attendre la raction des autorits, entamer un dialogue par e-mail avec la mairie, demander dl de rpondre, inviter les employs de la mairie venir constater les faits et la rencontrer elle et son feu. Julia a choisi la voie douce, de la ngociation, en utilisant Audrey comme intermdiaire, son rle de co-curatrice de lexposition et son statut de membre ddl lui permettent de se placer en relais entre lartiste et ladministration (syndicat ?). Des e-mails ont t changs, avec de chaque ct leffort de comprendre le point de vue de lautre. Pour linstant le feu continue. Linvitation venir rencontrer Julia et son feu a t entendue et vendredi matin, lemploy de la mairie a pris le temps de venir sur place, rencontrer Julia et son feu.

De: Vincent, Eric Eric.Vincent@mulhouse-alsace.frObjet: occupation et explmoitation des extrieurs / Chapelle St Jean /Date: 5 avril 2016 17:42

: collectifodl@gmail.comCc: Mosnier, Elodie Elodie.Mosnier@mulhouse-alsace.fr, Burger, Eric Eric.Burger@mulhouse-alsace.fr

Bonjour, Nous avons t contact car un feu (de camp ) semble avoir t allum dans le jardin deSt Jean.Le btiment comme le jardin sont classs, le fait dallumer un feu est bien videmment lensemble du primtre indiqu,Bien vous, belle suite,

Extraits dans lordre dapparition :

Avertissement au lecteur, prface de Franoise Laye, Le Livre de lintranquillit de Fernando Pessoa p.19 ; p23 ; p.24 ; p.30 ; p.34 ; p .35

Annie Ernaux, entretien avec Frdric-Yves Jeannet, Lcriture comme un couteau, p.19

Jacques Lacarrire : Dictionnaire amoureux de la Grce p.211 ; p.214 ; p.216 : Lpope de Digenis Akritas.

Images :Le Regard dUlysse, de Tho Angelopoulos, montes encore, recadres

et dsordonnes.

Musique : Petit ensemble symphonique :

Direction de lorchestre : Lefteris Chalkiadakis,

Solistes : Hautbois : Vangelis Christopoulos,

Corne : Vangelis Skouras, Accordon : Andreas Tsekouras,

Chur : Direction :

Antonis Kondogeorgiou, Hymnes Byzantins : Georgia Voulvis,

Chant Bulgare : Valentino Beikof

Charlotte lit, elle compulse des extraits douvrages quelle transcrit dans son ordinateur, notant les rfrences prcises dans un cahier. Charlotte regarde un lm long (Le Regard dUlysse de Tho Angelopoulos), elle en accumule des images en re- lmant son cran. Charlotte dit, elle rpte les paroles quelle entend dans le lm. partir doeuvres existantes, Charlotte connecte, clate, dcontextualise, rapproche, coupe, slectionne et produit ainsi un autre sens qui ractive, redynamise, ranime les textes et les images prlevs.

Julia Mancinine en 1989, vit et travaille Mulhouse

Et je sais lodeur du bois brl

Elle surveille ses ammes, le crpitement laccompagne. On pourrait apercevoir plein de symboles mais la simplicit est tout aussi bonne. Les planches samassent. Jour aprs jour, des compagnons partent au front. Il nest pas question de violence mais de contemplation. Le feu est un outil de mditation, pas besoin de guitare pour apprcier son ton.

Julia fait un feu et le lme, on pourrait sarrter l pour parler de son projet mais, le feu occupe Julia. Elle doit lallumer puis lalimenter tout au long de la journe. Le feu est en demande de bois et dattention ; il lui prend du temps, il lui prend de son temps. Foyer qui rassemble, le feu fascine et tous les artistes et visiteurs viennent passer un moment son coin. Dcalage, anachronisme, un feu en ville, un foyer urbain lger et prcaire face la circulation et aux travaux alentours.

Cyrielle Tassinne en 1991, vit et travaille Troyes

Obsolescence

Elle dcoupe pour construire. Le blanc va se poser sur la brutalit. Les ombres seront portes en cho la neutralit. Face cette architecture du pass, la ville contemporaine est claire. Les rectangles se rpondent dans un discours silencieux. Il ny a pas dargumentaire, seulement de la fascination pour ce nouvel lment. La concurrence est inexistante, ils occupent la mme classe.

Cyrielle construit, par une srie de gestes, dcouper, faonner, faire scher, elle produit des petits modules de plastiroc. Lensemble, consquent, de ces petits pavs forme une maquette pure dun paysage urbain. Cest la dcoupe dans le bloc de matire et la rptition incessante de ce geste qui btit cette mini-ville. Sa production joue de lchelle et celle de la Chapelle renforce la petitesse de son ensemble qui comporte pourtant de nombreux lments. Cyrielle btit, elle pense et construit le mobilier qui accueillera sa ville, des tr-teaux en bois larges et bas qui supporteront une surface blanche. Cyrielle conoit le cadre de sa pice, socle ncessaire pour faire exister lensemble et produire partir dune srie de pavs une image durbanit.

Jonathan suit, la lettre, un protocole. Toutes les heures, un programme lui transmet un motif gomtrique, compos de triangles noirs et vides qui forment ensemble un losange, la rpartition des vides et des noirs change toutes les heures. partir de cette image, Jonathan peint. Jonathan est lhorloge de la rsidence, chaque heure il a accs au prochain motif pendant une minute, il le prend en note et peut ensuite recommencer peindre. Les peintures saccumulent, chaque nouvelle heure produisant un nouvelle peinture. Jonathan apprend, une peinture lui prenait presque une heure au dbut de la semaine, le vendredi, elle se ralise en moins dun quart de ce temps.

Jonathan Naasn en 1987, vit et travaille Altkirchwww.naas.frLauza

La gomtrie est noire. Lordinateur dicte son compas. Il a beau entretenir la mme silhouette, le rsultat reste toujours en tte. Le scotch dvoile les traces dans un soucis de nettet. La tuile originelle se dforme a n de soutenir des formes intemporelles. Les gestes sont instantans seule luvre accompagnera la dure.