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Afriquedel’Ouest:verslarelancedegrandsinvestissements 75
Afriquedel’Ouest:
verslarelancedegrandsinvestissements
hydrauliquesdansl’espacedelaCedeao
parMonsieurInnocentOuedraogo
Directeur du Centre de coordination des ressources en eau (Ccre)
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao)
MonsieurHervéLévite
Conseiller technique Ccre / Cedeao
etMadameFlorenceArdorino
Ex-conseillère technique Ccre / Cedeao
76 Demeter 2013
Congo
Niger
Meknès
Marrakech
Las Palmas
Funchal
Casablanca
Oran
Tamanrasset
Annaba
SousseSfax
Constantine
Benghazi Alexandrie
El Obeid
Kisangani
Tombouctou
Fdérik
Bambari
Pointe Noire
Port Gentil
Douala
Yamoussoukro
Kano
Agadez
Fès
Bursa
Izmir
Barcelone
Valence
SévillePonta Delgada
Porto
Malaga
Naples
Edirne
Palerme
Thessalonique
BURKINA FASO
RDC
ALBANIEMACEDOINE
ITALIE
MALTE
GRECE
ESPAGNE
ALGERIE
LIBYEALGÉRIE
SOUDAN
REPUBLIQUECENTRAFRICAINE
CONGO
CAMEROUN
TCHAD
GHANA
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GUINÉE
SÉNÉGAL
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MAURITANIE
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GAMBIE
GABON
NIGERIA
NIGER
GUINÉE ÉQUATORIALESÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE
PORTUGAL
TUNISIE
MAROC
LIBERIA
TOGO
BÉNIN
CITE DUVATICAN
La Valette
Athènes
Madrid
Abuja
Lisbonne
Rabat
Alger Tunis
Tripoli
Le Caire
Kinshasa
AbidjanTakoradi
Tema
Bamako
Monrovia
Freetown
Conakry
DakarPraia
Nouakchott
Banjul
Bissau
Porto Novo
LoméCotonou
Accra
Ouagadougou
Yaoundé
N'Djamena
Niamey
Bangui
Brazzaville
Libreville
RomeTirana
ApapaLagos
300 km
Source : http://www.comm.ecowas.int
LA COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUEDES ÉTATS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST CEDEAO, 2012
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Carte1LaCommunautééconomiquedesÉtatsdel’Afriquedel’Ouest
(CEDEAO),2012
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L’Afrique de l’Ouest est emblématique des régions où le développement est – au moins pour le moment – davantage contraint par la rareté financière de l’accès à l’eau que par la disponibilité physique des ressources. Ceci s’ex-prime notamment en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Mais de nombreuses initiatives et projets, locaux ou impliquant les bailleurs de fonds, mettent l’accent sur le manque d’infrastructures hydrauliques, tant pour la production d’électricité que pour l’irrigation. Selon quels cri-tères et à quelles échelles mettre dans la balance les contributions très attendues de telles infrastructures au développement régional futur et les impacts négatifs qu’elles pourraient avoir sur les populations locales, sur certains secteurs économiques en aval ou sur l’environnement ? Les impacts du changement climatique changent-ils les termes de l’équation ?Le cadre du processus d’intégration économique régionale au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao – Carte 1) paraît tout indiqué pour tâcher de mettre en cohérence la nécessité d’une gestion durable des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques, à cette échelle régionale, avec les grandes politiques secto-rielles de développement économique, s’appuyant sur la construction d’un marché commun, sur le développement des infrastructures de transport, mais aussi sur les investissements en matière d’approvisionnement en eau et en énergie. Le Centre de coordination des ressources en eau de la Cedeao a pour mission d’assurer l’intégration des enjeux de la ressource en eau dans les politiques sectorielles régionales. Cet article rend compte des processus politiques initiés par cette institution régionale pour construire une stratégie cohérente à l’échelle de la région, dans un contexte de retour en légitimité des grands investissements hydrauliques.
Sébastien Treyer
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Sommaire
IntroductIon
1. des ressources en eau abondantes et sous-utIlIsées
2. Forte volonté polItIque et nécessIté de penser transFrontalIer
3. vers un retour de la rentabIlIté des InvestIssements
4. les besoIns de FInancement restent très Importants
5. Intégrer aussI les réFlexIons sur les planIFIcatIons des dIFFérentes actIvItés utIlIsatrIces de l’eau
réFérences bIblIographIques
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graphIque 1aFrIque de l’ouest : la populatIon va plus que doubler d’IcI à 2050, les urbaIns plus nombreux que les ruraux dès 2020
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carte 2grands barrages en aFrIque de l’ouest
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bitants en 2011, une augmentation prévue à 430 millions en 2025 et une prévision à 600 mil-lions en 2050, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cela se traduit par des besoins alimentaires nouveaux, mais aussi la surexploitation des éco-systèmes (sols, forêts, zones humides) avec, au passage, une perte rapide de biodiversité. Parallèlement, la région connaît une urbanisation spectaculaire puisqu’elle passerait de 42 % en 2005 à 57 % en 2030 (Graphique 1), entraînant des besoins nou-veaux (changements d’habitudes alimentaires, énergie électrique, eau domestique).
Introduction
La grande variabilité spatio-temporelle des précipi-tations, ainsi que l’augmentation des phénomènes extrêmes d’inondations et de sécheresses pèsent sur le développement économique de l’Afrique de l’Ouest. L’agriculture vivrière comme l’élevage sont fragilisés à chaque nouvelle crise alimentaire. Or, ces crises semblent devenir chroniques, possible-ment accentuées par le changement climatique.Toutefois, la démographie demeure la première source de tension, avec près de 300 millions d’ha-
Graphique1AFRIQUEDEL’OUEST:
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(en millions de personnes)
Afrique de l'Ouest - Population totale
Afrique de l'Ouest - Population urbaine
Afrique de l'Ouest - Population rurale
Source : Organisation des Nations unies, Rapport 2011sur les perspectives d’urbanisation de la population mondiale − Publié le 5 avril 2012
Selon la liste officielle de l’ONU, l’Afrique de l’Ouest compte dix-sept États :Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau,Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sainte-Hélène, Sénégal, Sierra Leone et Togo.
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eaux de surface, impliquant une interdépendance sous-régionale très marquée. 90 % des ressources en eau d’un pays comme le Niger proviennent de l’extérieur de ses frontières. Lorsqu’il s’agit de stoc-ker des volumes importants, l’impact hydrologique peut se ressentir très en aval. Des accords inter-États deviennent alors nécessaires : d’où un intérêt grandissant pour disposer d’autorités de bassin transfrontalières bien établies. Celles-ci devront être capables de générer des informations hydro-logiques fiables et reconnues par les parties, ainsi qu’une connaissance précise des besoins existants et futurs : ce qui permettra de mieux concevoir les grands ouvrages et de bien les gérer. L’Afrique de l’Ouest est partagée entre vingt-cinq bassins fluviaux transfrontaliers. Six disposent d’autorités de bassin (fleuves Sénégal, Gambie, Niger, Mano, Volta, lac Tchad) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao 4) tra-vaille actuellement à la création de trois nouvelles agences.De plus, outre la nécessité de prendre en compte les interconnexions en termes de ressource, il est indis-pensable que le développement des différentes activités économiques soit lui-même réfléchi, dis-cuté, voire planifié de manière intégrée à l’échelle régionale. C’est l’un des objectifs majeurs de la Cedeao que de réussir à promouvoir une zone de développement économique intégrée à l’échelle de toute l’Afrique de l’Ouest : interconnexion des réseaux électriques, infrastructures régionales de transport, construction d’un marché commun régional. Dans tous les secteurs, l’intégration transfrontalière est vue comme la meilleure base de développement socio-économique. Répondre aux besoins en eau futurs de ces différentes acti-vités économiques, intégrées à l’échelle régionale renforce encore la nécessité de penser la mobilisa-tion des ressources en eau au-delà des frontières nationales.
1. Des ressources en eau abondantes et sous-utilisées
Évaluées à plus de 1 000 milliards de mètres cubes, les ressources en eau renouvelables sont impor-tantes. Mais elles sont mal réparties et, pour l’ins-tant, moins de 4 % des volumes sont exploités. En 2005, les experts estimaient que la consom-mation annuelle totale par habitant, tous secteurs confondus, était de 108 mètres cubes en Afrique de l’Ouest (24 m3 en Gambie, 582 m3 au Mali) contre plus de 1 500 m3 dans les pays de l’OCDE 1. Cette faible utilisation est largement liée à la faible mobilisation de l’eau, et ce principalement pour des raisons financières. La région connaît ce qui doit être qualifié de « rareté économique de l’eau » quand les pays du Maghreb, par exemple, connaissent une rareté physique.La demande en irrigation pour atteindre la sécurité alimentaire dans les cultures de base en 2025 a été estimée à 59 milliards de mètres cubes 2 et ceci ne représenterait que 5 % des eaux renouvelables. Mais, à ce jour, seulement 10 % des terres irri-gables de la région sont réellement mis en valeur, ce qui équivaut à environ trois millions d’hectares irrigués. De même, seuls 16 % du potentiel total d’énergie hydro-électrique régional (25 000 MW) sont réellement mis en valeur 3.
2. Forte volonté politique et nécessité de penser transfrontalier
La mobilisation des ressources en eau est aussi porteuse de conflits potentiels. En effet, l’une des caractéristiques hydrologiques fortes de la région est l’existence de transferts d’eau considérables depuis les zones tropicales humides au sud, vers les territoires arides ou semi-arides plus au nord. Les eaux transfrontalières constituent ainsi 80 % des
1 - Créée en 1960, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) compte aujourd’hui trente-quatre membres : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Corée, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Suisse et Turquie (www.oecd.org).
2 - GWP, 2000.3 - Source : Cedeao, ICI 2010.4 - La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao ou Ecowas en anglais) regroupe quinze pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert,
Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.
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C’est pourquoi le Centre de coordination des res-sources en eau (CCRE) de la Cedeao a récemment mis en œuvre un projet de concertation, appelé « dialogue », concernant les grandes infrastruc-tures dans l’espace des quinze États-membres de la Communauté. Il s’agit de mettre les positions des décideurs et des promoteurs de grands ouvrages en cohérence avec la nouvelle politique régionale des ressources en eau. Celle-ci vise la réduction de la pauvreté et le développement durable grâce à une gestion intégrée des ressources en eau conci-liant développement économique, équité sociale et protection de l’environnement.Ce dialogue sur les grandes infrastructures a été lancé avec trois partenaires principaux : l’Interna-tional institute for environment and development, un institut de recherche et de coopération tech-nique basé à Londres (IIED), l’Office international de l’eau, l’association française chargée de la pro-motion de la gestion intégrée des ressources en eau (OIEAU) et l’Union mondiale pour la nature, l’une des principales organisations non-gouverne-mentales environnementales à l’échelle mondiale (UICN). L’objectif est de faire le point sur les pro-blèmes rencontrés autour des infrastructures exis-tantes et de proposer, grâce à des guides méthodo-logiques et une directive de la Cedeao, les bonnes pratiques à appliquer pour les ouvrages à venir.Le premier volet de ce dialogue a mis en lumière, puis en débat avec la société civile régionale, les pratiques actuelles. S’appuyant sur plusieurs cas régionaux, un panel d’experts a mis en avant de grandes frustrations, voire des conflits perdurant plusieurs années après la construction de barrages et ce, en raison de trop faibles compensations ver-sées aux populations locales qui se sont appauvries et en raison d’un mauvais partage des bénéfices générés avec les populations affectées. Dans ce contexte, six axes de bonnes pratiques ont été pro-posés :◆ affirmer le rôle majeur des organismes de bassin◆ intégrer les populations affectées◆ s’assurer que tous les acteurs concernés aient
accès au processus de décision pour jouer leurs rôles respectifs
3. Vers un retour de la rentabilité des investissements
Après les efforts des années ayant suivi les indé-pendances, les investissements régionaux dans le domaine des grandes infrastructures hydrauliques se sont progressivement réduits. Dans les années deux mille, la Commission mondiale des barrages avait mis en avant de nombreux problèmes, notam-ment sociaux et environnementaux, liés à la réalisa-tion des barrages et ceci avait donné un coup d’ar-rêt aux constructions. De leur côté, les organismes prêteurs en Afrique de l’Ouest avaient évoqué les faibles rentabilités des investissements. Les coûts de construction des barrages et des grands périmètres irrigués se sont en effet souvent avérés prohibitifs et ce, pour de multiples raisons (manque d’entreprises locales, enclavement, instabilité politique, corrup-tion, erreurs de conception).Mais aujourd’hui, le retour de prix agricoles plus élevés, l’arrivée de grands consommateurs d’éner-gie (mines, industries, villes) et l’augmentation de la demande solvable en eau domestique urbaine militent pour une meilleure rentabilité économique des projets de grandes infrastructures de stockage, notamment à vocation multi-usages. D’autre part, plusieurs facteurs supplémentaires motivent les politiques en faveur de l’intégration de projets agri-coles en aval des barrages : le spectre de nouvelles émeutes de la faim, le risque de difficultés d’impor-tations de céréales comme cela a été le cas pour le riz asiatique en 2008 ou bien le poids des impor-tations agricoles sur les balances commerciales des pays.En termes de grandes infrastructures de stockage – c’est-à-dire supérieures à quinze mètres de hauteur depuis la fondation ou dépassant les 3 millions de mètres cubes – seuls 150 des 1 300 grands bar-rages africains (sur un total d’environ 50 000 dans le monde) sont situés en Afrique de l’Ouest 5. La moitié est destinée à la production hydro-électrique. Il y a peu de nouveaux grands barrages en cours de réalisation dans la région, mais plusieurs dizaines de projets seraient en préparation (Carte 2).
5 - IIED, 2011.
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Atelier de cartographie de Sciences Po, 2012
Carte2GrandsbarragesenAfriquedel’Ouest
Sources : CEDEAO, www.ecowas.int ; Office international de l’eau, www.oieau.fr
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seront réalisés en aval des grands ouvrages – et qui couvriront souvent plusieurs dizaines de mil-liers d’hectares – devront désormais faire l’ob-jet d’un accompagnement sérieux et de longue haleine : ce d’autant que les bénéficiaires priori-taires en seront les milliers de paysans déplacés lors de la construction et de la mise en eau du barrage et donc obligés de s’adapter à ce tout nouvel environnement.
5. Intégrer aussi les réflexions sur les planifications des différentes activités utilisatrices de l’eau
Parallèlement au dialogue sur les grands barrages qui concerne la mobilisation de la ressource, le Centre de coordination des ressources en eau de la Cedeao a lancé, de manière expérimentale, un autre processus de dialogue politique entre les dif-férents pays et les différents secteurs économiques de la région.Ce dialogue prospectif a porté sur les usages de l’eau et visait à explorer différents scénarios pos-sibles de croissance de la demande émanant des différentes activités économiques, par grands sec-teurs (agriculture, production d’énergie, industrie, développement urbain) et selon les pays. Ces scé-narios devaient permettre d’anticiper dans quelle mesure la ressource en eau et les écosystèmes aquatiques qui lui sont liés pourraient faire face au cumul des demandes émanant de tous ces usages en croissance. Mené de manière pilote sous forme d’un atelier régional et d’un atelier sur le bassin de la Volta, le processus a permis de compléter les conclusions du dialogue sur les grandes infrastruc-tures par les quatre enseignements suivants :◆ Le développement des périmètres irrigués doit
être planifié comme l’un des axes d’une stra-tégie de sécurité alimentaire tenant également compte d’un nombre très important d’agri-culteurs qui ne pourront pas bénéficier de ces infrastructures et dépendront donc d’autres modes d’intensification.
◆ évaluer et optimiser la rentabilité des ouvrages◆ capitaliser et échanger les expériences existantes◆ créer un cadre de référence régional pour les
évaluations sociales et environnementales.Le deuxième volet du dialogue a porté sur la sélec-tion d’ouvrages prioritaires aux yeux de la Cedeao. Des critères ont été établis afin de mesurer l’intérêt des projets en termes d’intégration régionale. Cinq aspects ont été retenus : le caractère transfrontalier, l’intégration économique, l’intérêt en matière de sécurité alimentaire, la production hydro-électrique et le niveau d’impacts environnementaux et sociaux. Dans ce cadre, une quarantaine de projets de bar-rages a fait l’objet d’études comparatives débou-chant sur un classement qui a permis d’établir une liste de huit barrages prioritaires pour la Cedeao.
4. Les besoins de financement restent très importants
Selon les estimations, les investissements néces-saires pour mobiliser la ressource et développer les réseaux d’eau et d’assainissement de la région pourraient atteindre plusieurs milliards de dollars par an. Le Consortium pour les infrastructures en Afrique estime les besoins à au moins 10 milliards de dollars pour le continent 6, dont environ 10 % concernant des infrastructures liées à l’eau domes-tique et le reste des barrages hydro-électriques, le plus souvent multi-usages. L’intérêt pour la sécurité alimentaire semblant, nous l’avons vu, redevenir prépondérant, des pays comme le Mali, le Nigeria ou le Niger se sont dotés de stratégies nationales ambitieuses en matière d’irrigation et ils reçoi-vent l’appui d’organisations régionales comme la Cedeao. Parallèlement, de nouveaux acteurs, comme de grandes organisations non-gouverne-mentales (ONG) ou des fondations comme celle du magnat américain de l’informatique Bill Gates, semblent persuadés de l’impact significatif du développement de l’eau agricole sur la malnutri-tion et la réduction de la vulnérabilité des popu-lations.Le dialogue sur les barrages cité plus haut a fait ressortir que les nouveaux périmètres irrigués qui
6 - ICA http://www.icafrica.org/fr/
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Références bibliographiques
• IIED : Skinner, J., Niasse, M. et Haas, L. (dir.) 2009. Partage des bénéfices issus des grands barrages en Afrique de l’Ouest. Série Ressources Naturelles no. 19. Institut International pour l’Environnement et le Développement, Londres, Royaume-Uni.
• État des lieux des ressources en eau et de leurs usages en Afrique de l’Ouest Cedeao, ICI 2010 (document Cedeao non publié).
raient conduire à des trajectoires de développe-ment très vulnérables.
◆ La prise en compte des services rendus par les écosystèmes aquatiques dans les politiques et stratégies sectorielles devrait permettre d’at-teindre une trajectoire de développement plus résiliente.
◆ Le développement de l’énergie hydro-électrique doit être pensé comme une composante au sein d’une stratégie régionale de sécurité énergé-tique pour le développement.
◆ Des investissements non coordonnés dans des projets de développement agricole ou énergé-tique fortement consommateurs d’eau pour-