70 ans darboriculture fruitiÈre en rance … · 70 ans d’arboriculture fruitiÈre en france: de...
Post on 16-Sep-2018
221 Views
Preview:
TRANSCRIPT
70 ANS D’ARBORICULTURE FRUITIÈRE EN FRANCE : DE L’APRÈS-GUERRE À AUJOURD’HUI
Jean-Claude MAUGET
AGROCAMPUS OUEST
Centre d’Angers
70ème Congrès de la FNPF, Agen 27 et 28 janvier 2016
Avant-propos : les grandes caractéristiques de l’arboriculture fruitière (1)
- Cultures pérennes : la durée de vie des vergers peut être importante
pêcher : 10 à 12 ans
pommier : 15 à 20 ans
poirier : 50 à 80 ans
Impose des contraintes particulières
- Caractère frais et périssable des produits
- Cultures exigeant de plus en plus de technicité spécialisation croissante des entreprises
- Niveau d’investissement très élevé :
1 ha de pommier = 40 000 à 50 000 € / ha
Avant-propos : les grandes caractéristiques de l’arboriculture fruitière (2)
Besoin en main d’œuvre élevé comparé à d’autres cultures
Exemple : maïs : de 10 à 12 h / ha
pommier : de 400 à 500 h / ha
* main d’œuvre = environ 60 % du coût de production
* les principaux postes sont la taille et la récolte
* un des objectifs des recherches est de réduire ce coût
Complexité des interactions au sein de la filière
Comment en est-on arrivé là ?
Introduction
L’arboriculture fruitière, une activité ancienne. De la cueillette à l’arboriculture commerciale Depuis l’après-guerre des changements rapides et considérables : environnement commercial et réglementaire, demandes sociétales, contexte concurrentiel, évolutions techniques, le tout en interaction L’arboriculture fruitière française ou les arboricultures : des trajectoires un peu différentes selon les bassins de production (aspects historiques, culturels…) mais de nombreux points partagés Comme les autres secteurs de l’agriculture, diminution du nombre d’exploitations et des surfaces de vergers, augmentation de la productivité
Du pré verger au verger intensif puis écologique
Contexte de l’après-guerre
Reconstruction du pays, nourrir ses habitants augmenter la production agricole pour atteindre l’auto-suffisance (plan Marshall, modernisation de l’agriculture) Conditions favorables, prix rémunérateurs, marché protégé plantations importantes, peu d’exportations, premières crises dès 1960 Du pré verger au verger intensif : fertilisation, irrigation, pesticides, mécanisation Spécialisation des exploitations
Coutanceau, 1962
Succès de la modernisation de l’arboriculture fruitière dans la période après-guerre Production totale en 1956 : 1 200 000 t
Quelques repères chronologiques (1)
Sortie de la guerre : donner des outils de soutien scientifique et technique à la filière 1946 : création de l’INRA 1952 : création du CTIFL Par ailleurs, en 1946, naissance du syndicalisme avec la création officielle de la FNPF Dans les années 60 : organisation des producteurs en grandes coopératives, essor de la grande distribution, premiers constats des effets négatifs du mode de production sur l’environnement 1964 : organisation du marché des fruits et légumes dans le cadre de la PAC (OCM), création des OP et des comités économiques agricoles préfigurant les comités de bassin, politique européenne conduisant à la libéralisation des marchés en réponse à l’OMC 1970 : conceptualisation de la production fruitière intégrée (PFI) en réponse aux premières inquiétudes de la société (consommateurs, pouvoirs publics)
Quelques repères chronologiques (2)
Dans les années 70 : le poids croissant de la grande distribution induit un déséquilibre des relations avec les producteurs source de nombreux conflits, pression sur les prix, recherche de nouvelles stratégies commerciales 1973 : création de Pink Lady. Par la suite, d’autres clubs verront le jour concernant d’autres variétés de pomme mais également de poire (Angélys) ou de pêche (Nectavigne)
ANGELYS, une poire royale
Création de l'Inra d'Angers, Angélys est une variété de poire d'hiver inscrite en 1998 au catalogue français des espèces végétales. Une chair fine, fondante et juteuse la caractérise ainsi qu'une remarquable capacité de conservation. Plébiscitée par les consommateurs depuis 2002, Angélys fait l'objet d’un développement concerté entre tous les intervenants de la filière (obtenteur, pépiniéristes, producteurs, metteurs en marché…), réunis depuis 2003 dans une démarche "club". Un important dispositif marketing accompagne le développement de cette variété avec un défi à relever : la relance de la consommation de poires en France.
Exemple d’une démarche de filière : la poire Angélys
L’association Angélys réalise la promotion de la variété Angélys, contrôle le respect des cahiers des charges de qualité établis, et suit l’évolution de la production et de la commercialisation de cette nouvelle variété. Elle regroupe : - Les producteurs et leurs OP, - L’obtenteur INRA et sa filiale Agri Obtentions, - Les pépiniéristes regroupés au sein de CEP Innovation, Editeur de la variété, - Le CtiFL et les stations régionales d’expérimentation, - La Section Nationale Poire et les Comités de Bassin, - Les metteurs en marché : * France : Dorléane, BVL, Valois Fruits et Coteaux Nantais pour l’Agriculture Biologique * Italie : Spreafico * Espagne : Fri fruit
L’Association Angélys : un exemple de démarche de filière
Quelques repères chronologiques (2)
Dans les années 70 : le poids croissant de la grande distribution induit un déséquilibre des relations avec les producteurs source de nombreux conflits, pression sur les prix, recherche de nouvelles stratégies commerciales 1973 : création de Pink Lady. Par la suite, d’autres clubs verront le jour concernant d’autres variétés de pomme mais également de poire (Angélys) ou de pêche (Nectavigne) 1976 : création d’INTERFEL, association rassemblant les métiers de l’ensemble de la filière fruits. Elle a pour mission d’élaborer des accords interprofessionnels
Quelques repères chronologiques (3)
Dans les années 80 : intensification de la concurrence avec l’entrée de la Grèce, l’Espagne et le Portugal dans la Communauté Européenne, recherche d’amélioration de la compétitivité en visant la diminution des coûts de main d’œuvre (taille, récolte) 1981 et 86 : entrée de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal dans la CEE. Inquiétude des producteurs et durcissement de l’action syndicale face à ce qui apparait comme une concurrence déloyale
Inquiétude des producteurs face à la concurrence espagnole – actions syndicales dans les Pyrénées-Orientales
Quelques repères chronologiques (3)
Dans les années 80 : intensification de la concurrence avec l’entrée de la Grèce, l’Espagne et le Portugal dans la Communauté Européenne, recherche d’amélioration de la compétitivité en visant la diminution des coûts de main d’œuvre (taille, récolte) 1981 et 86 : entrée de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal dans la CEE. Inquiétude des producteurs et durcissement de l’action syndicale face à ce qui apparait comme une concurrence déloyale 1986 : Magali, prototype de robot cueilleur de pommes. Actuellement les innovations s’orientent plutôt vers des matériels d’assistance
Magali, prototype de robot cueilleur de pommes conçu par le CEMAGREF (aujourd’hui IRSTEA)
Assistance à la récolte
Quelques repères chronologiques (4)
Dans les années 90 : recherche d’amélioration de la compétitivité du secteur 1991 : gel catastrophique : gestion du risque climatique, assurance, filets para-grêle 1994 : Charte Nationale de l’Expérimentation Variétale associant FNPF, CEP, INRA, CTIFL, Stations Régionales 1997 : réforme de l’OCM : meilleure adaptation des produits au marché, structuration de l’offre face à la concentration des acheteurs, renforcement des OP, intensification des soutiens 1997 : charte nationale de la Production Fruitière Intégrée (PFI) en pomme 1998 : naissance officielle du groupe MAFCOT associant chercheurs et professionnels : amélioration de la conduite de l’arbre pour régulariser sa fructification par une meilleure connaissance de sa biologie
Evolution des formes fruitières au cours du siècle dernier. Apports de la recherche et de l’expérimentation
Quelques repères chronologiques (5)
Dans les années 2000 : réponses aux préoccupations prioritaires de la société par la PFI, accroissement des difficultés rencontrées par le secteur 2004 : entrée des PECO (dont la Pologne) dans l’Union Européenne 2005 : extension de la charte PFI aux fruits à noyau, développement des cahiers des charges 2008 : nouvelle réforme de l’OCM 2010 : démarche « Vergers écoresponsables » issue de la charte PFI, identité des fruits issus de vergers engagés dans la Charte Qualité des Pomiculteurs de France
La PFI
PAC et OCM : repères historiques
1962 : naissance des Groupements de Producteurs (GP) et des Comités Economiques Régionaux 1972 : la notion de GP devient européenne, instauration des retraits 1996 : réforme de l’OCM : arrêt des retraits, création des organisations de producteurs (OP), structuration des comités de bassin, mise en place des programmes opérationnels (PO), mise en place de normes obligatoires, création d’organismes interprofessionnels 2007 : nouvelle réforme de l’OCM : renforcer la compétitivité et l’orientation vers le marché, rendre les OP plus attractives, réduire les fluctuations de revenus (gestion des crises), augmenter la consommation de fruits (campagne « 5 par jour », programme « fruits à l’école »), poursuivre les efforts du secteur en faveur de l’environnement
Les enjeux apparus depuis 1945
Après la satisfaction des besoins alimentaires primaires, apparition de nouvelles préoccupations des consommateurs : qualité des produits, santé humaine, préservation de l’environnement Après l’atteinte de l’auto-suffisance, apparition rapide de la surproduction et des crises de marché, aggravées par la concurrence intra-européenne (entrée de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce, puis des PECO) Développement à partir de 1960 de la grande distribution, regroupement des acheteurs face à une offre très atomisée, conflits entre producteurs et distributeurs engendrés par un rapport de force très déséquilibré
Les réponses de la filière aux nouveaux enjeux
Innovations systèmes de production : nouvelles formes pour faciliter le travail dans les vergers (conduite, taille, récolte) limiter le poste main d’œuvre Innovations système de production : meilleur respect de l’environnement : utilisation d’auxiliaires, de moyens de lutte biologique contre les bioagresseurs, économie des intrants (eau, fertilisants) (rôle de la recherche et de l’expérimentation), des initiatives : charte PFI, cahiers des charges, vergers écoresponsables Innovations produit : création de variétés résistantes aux maladies (traiter moins), à l’architecture demandant moins d’intervention pour leur conduite (économie de main d’œuvre), de bonnes qualités organoleptiques (préoccupation des consommateurs)
Les défis auxquels la filière doit faire face
Nécessité de vergers toujours plus « verts » et compétitifs besoin de recherche
Implantation des centres du CTIFL et réseau des stations régionales d’expérimentation
Les défis auxquels la filière doit faire face
Nécessité de vergers toujours plus « verts » et compétitifs besoin de recherche Le changement climatique : une réalité à laquelle la filière doit s’adapter (nouvelles variétés, nouvelles pratiques) besoin de recherche
Projections de la température moyenne globale(Météo-France, 2001)
Préfiguration du changement climatique ? (pommiers souffrant d’un manque de température froide au Brésil)
Les défis auxquels la filière doit faire face
Nécessité de vergers toujours plus « verts » et compétitifs besoin de recherche Le changement climatique : une réalité à laquelle la filière doit s’adapter (nouvelles variétés, nouvelles pratiques, risques sanitaires) besoin de recherche Augmenter la consommation de fruits frais et transformés communication renouvelée, diversité des produits
Mieux valoriser le produit auprès des consommateurs
Les défis auxquels la filière doit faire face
Nécessité de vergers toujours plus « verts » et compétitifs besoin de recherche Le changement climatique : une réalité à laquelle la filière doit s’adapter (nouvelles variétés, nouvelles pratiques, risques sanitaires) besoin de recherche Augmenter la consommation de fruits frais et transformés communication renouvelée, diversité des produits Attirer les jeunes vers les métiers de l’arboriculture fruitière communication adaptée Règles sociales européennes (main d’œuvre) besoin d’une harmonisation européenne
Merci de votre attention
top related