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L’analyse patrimoniale du bilan ou approche financière Auteur : Philippe Avare – Intec-Cnam

P.AVARE : L’ANALYSE PATRIMONIALE DU BILAN OU APPROCHE FINANCIERE

Le bilan financier est également appelé « bilan patrimonial » ou « bilan liquidité ».

L’approche financière du bilan était celle privilégiée par le PCG de 1957. Aujourd’hui supplantée par l’approche fonctionnelle décrite précédemment, elle reste plus simple et complémentaire de la vision économique.

I. Principes et structure du bilan financier

A. Une approche liquidité du bilan

L’objectif sous-tendant l’analyse patrimoniale est l’étude de la solvabilité immédiate (liquidité) et de la solvabilité à long terme de l’entreprise. Il s’agit donc d’analyser la capacité de l’entreprise à faire face à ses dettes grâce à la liquidation de ses actifs.

De ce fait, le bilan financier est construit selon deux principes fondamentaux : l’évaluation à la valeur d’usage et le classement des éléments du bilan en fonction de leur degré de liquidité (actif) ou d’exigibilité (passif).

1. Evaluation à la valeur d’usage

Le bilan financier a pour objectif de déterminer la valeur du patrimoine de l’entreprise dans une optique de prudence patrimoniale. En conséquence, le premier principe de construction d’un bilan financier est l’évaluation des postes à leur valeur réelle ou d’usage.

Dans les faits, cela signifie que l’analyste peut être amené à diminuer la valeur nette des stocks par exemple s’il dispose d’informations lui permettant de juger de l’insuffisance des montants provisionnés par l’entreprise pour ces stocks.

2. Classement en termes de liquidité/exigibilité

Dans une optique liquidative, le prêteur cherche à s’assurer que, en cas d’arrêt d’activité, l’ensemble des dettes de l’entreprise peut être remboursé par la réalisation de l’ensemble des actifs.

En conséquence, le deuxième principe d’élaboration du bilan financier est le classement des postes de l’actif en termes de liquidité et des postes du passif en termes d’exigibilité.

La liquidité se définit comme l’aptitude d’un bien à être transformé en moyen de paiement sans perte de valeur. L’exigibilité est le délai courant jusqu’à l’échéance de remboursement d’une dette.

En pratique, il s’agit de classer les différents postes du bilan à plus ou moins un an.

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B. Présentation synthétique du bilan financier

L’actif et le passif du bilan fonctionnel sont séparés en deux grandes masses chacun : les postes dont l’échéance est à plus d’un an et ceux dont l’échéance est à moins un an.

Plus précisément, on retrouve à l’actif : – l’actif immobilisé ou actif à plus d’un an de liquidité qui regroupe les immobilisations

(pour leur valeur nette) et les créances à plus d’un an d’échéance restant à courir (prêts par exemple) ;

– l’actif circulant ou actif à moins d’un an de liquidité qui comprend les stocks et les en-cours, les créances à moins d’un an d’échéance (pour leur valeur nette) restant à courir et les disponibilités.

Le passif est lui composé : – des capitaux permanents (à l’exigibilité lointaine) qui comprennent les capitaux

propres et les dettes à plus d’un an ; – des dettes à moins d’un an d’échéance.

ACTIF PASSIF Actif immobilisé Capitaux permanents

Actif immobilisé net > 1 an (si non fictif) Créances nettes > 1 an Charges constatées d’avance > 1 an

Capitaux propres Provisions pour risques et charges > 1 an Dettes > 1 an

Actif circulant Dettes à court terme

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Actif immobilisé net < 1 an Stocks et en-cours nets Créances nettes < 1 an Disponibilités

Dettes < 1 an sans distinction entre exploitation et hors exploitation

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II. Détails des retraitements et reclassements

Comme précédemment, la construction du bilan financier se réalise à partir du bilan comptable classique de type PCG en opérant des reclassements et retraitements au sein du bilan mais également à partir d’éléments hors bilan.

Cependant, il convient de signaler que la détermination du degré réel d’exigibilité et de liquidité est extrêmement délicate. Elle nécessite une très bonne connaissance de l’entreprise et une définition de critères objectifs d’évaluation. C’est pourquoi, dans le cas du bilan financier, l’agencement n’est possible qu’à l’aide de précisions supplémentaires figurant dans les notes de bas de bilan ainsi que dans les annexes des comptes (imprimé 2057 de l’état des échéances des créances et des dettes en particulier).

Ces retraitements et reclassements touchent l’actif comme le passif. Ils découlent précisément des deux principes de l’approche financière que nous avons évoqués précédemment : l’évaluation à la valeur liquidative et le reclassement en termes d’exigibilité/liquidité.

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A. Les conséquences de l’évaluation à la valeur d’usage

1. Élimination des non-valeurs de l’actif

On appelle actif fictif l’ensemble des postes d’actif qui figurent au bilan pour des raisons de techniques comptables et d’équilibre arithmétique sans avoir de valeur vénale. Dans une optique liquidative, ces non-valeurs doivent être éliminées de l’actif du bilan financier. En contrepartie, au passif on réduit d’autant le montant des capitaux propres. Deux types d’actifs fictifs sont concernés : – Les écarts de conversion actif (compte 476), sauf s’il existe des provisions pour perte

de change au passif (qui les couvriraient) ; – Les charges étalées, à savoir les frais d’établissement, les frais de recherche et de

développement, les charges à répartir sur plusieurs exercices, les primes de remboursement des obligations.

2. Autres retraitements et reclassements

– À l’actif : • Les valeurs mobilières de placement (compte 50) sont reclassées avec les

disponibilités quels que soient leur nature et leur niveau de risque. • Les effets escomptés non échus représentent un réel risque d’impayé ; ils

doivent donc être réintégrés aux créances à court terme de l’actif et en contrepartie aux dettes à court terme du passif, comme dans l’analyse fonctionnelle.

– Au passif : Les écarts de conversion passif (compte 477) sont remontés dans les capitaux propres voire totalement éliminés du passif pour des raisons de prudence.

B. Les conséquences du reclassement en termes d’exigibilité/liquidité

1. A l’actif

– Le capital souscrit non appelé des actionnaires (compte 109) sera appelé immédiatement en cas de liquidation et doit donc être reclassé dans les créances à moins d’un an. Une autre solution consiste à éliminer ce montant des capitaux propres.

– Le capital souscrit-appelé non versé sera reclassé en court terme.

– Le stock permanent est constitué par exemple d’un stock permanent nécessaire à la production (machine-outil) ou d’un stock permanent de sécurité. Il pourra donc être inscrit dans l’actif immobilisé.

2. Au passif

– Les dividendes à payer seront retranchés du résultat de l’exercice et ajoutés aux dettes à court terme dans la mesure où le bilan financier est établi après répartition des bénéfices.

– Les provisions pour risques et charges (compte 15) peuvent être assimilées à des dettes probables. Elles seront donc ventilées entre capitaux propres, dettes à long terme et dettes à court terme en fonction de l’échéance de leur décaissement. En l’absence d’information spécifique, ce retraitement ne sera pas privilégié.

– Les comptes courants d’associés (compte 455) doivent être de manière générale reclassés dans les dettes à moins d’un an. En revanche, s’ils sont bloqués ou stables, ils seront assimilés aux capitaux propres et retirés des dettes financières.

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– Les dettes fiscales latentes. Les postes subventions d’investissement, provision pour hausse des prix ou amortissements dérogatoires sont des sources d’impôt sur les bénéfices latents (égal à la Dette fiscale Taux d’IS) qui sera à payer lors de la réintégration du poste au résultat fiscal. Le bilan financier prévient cette situation, l’impôt latent est donc retranché des capitaux propres et ajouté au dettes à plus d’un an. EXEMPLE : Une provision pour hausse des prix d’un montant de 30 000 e, effectuée en N–3, est réintégrable en N+3. Le taux d’impôt sur les bénéfices est 33 1/3 %. Le taux d’actualisation est 8 %. Pour établir le bilan financier de N, l’impôt latent est calculé de la manière suivante : 30 000 e × 33 1/3 % = 10 000 e. Il est souhaitable d’actualiser ce montant pour tenir compte du décalage temporel puisque la réintégration n’interviendra qu’en N+3 : 10 000/(1,08)3 = 7 938 e. Dans le bilan financier de N, les capitaux propres seront donc diminués de 7 938 e et ce montant d’impôt latent sera inscrit dans les dettes à long terme. Ce retraitement ne modifie pas le montant global des capitaux permanents de l’entreprise mais modifie le total des capitaux propres et donc la situation nette de l’entreprise.

– Les produits constatés d’avance (compte 487) constituent en réalité des dettes. Ils seront donc reclassés suivant leur échéance dans les dettes à plus ou moins d’un an. En l’absence d’information spécifique sur leur échéance, ce compte est reclassé en dettes à court terme.

Pour résumer, le tableau suivant vous présente les différents éléments de la construction du bilan financier.

ACTIF PASSIF

Actif immobilisé net Capitaux permanents

Actif immobilisé net – Partie < 1 an de l’actif immobilisé net + Partie > 1 an de l’actif circulant + Stock-outil – Actif fictif (frais éts, charges à répartir, primes de

remboursement des obligations) + Charges constatées d’avance > 1 an

Capitaux propres – Actifs fictifs (frais éts, charges à répartir, primes de

remboursement des obligations) – Dividendes à distribuer + Provisions pour risques et charges si caractère de

réserve (non justifiées) – Impôts latents sur subventions d’investissement et

provisions réglementées

Dettes financières – Partie < 1 an des dettes financières + Provisions pour risques et charges > 1 an + Partie des produits constatés d’avance > 1 an + Impôts latents

Actif circulant net Dettes à court terme

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Actif circulant net + Partie < 1 an de l’actif immobilisé – Partie > 1 an de l’actif circulant + Effets escomptés non échus – Stock-outil + Charges constatées d’avance < 1 an + Écarts de conversion actif si relatifs à actif < 1 an – Écarts de conversion passif si relatifs à actif < 1 an + Disponibilités

Dettes à échéance < 1 an + Provisions pour risques et charges < 1 an + Partie < 1 an des dettes financières + Partie < 1 an des produits constatés d’avance + Dividendes à distribuer + Effets escomptés non échus + IS – Écarts de conversion – actif sur dettes < 1 an + Écarts de conversion – passif sur dettes < 1 an

Les limites de l’approche financière du bilan : quelques éléments de réflexion

Il est souvent demandé dans les exercices de prendre du recul par rapport aux outils utilisés. Or les principes de construction du bilan financier que nous venons de détailler ne sont pas exempts de critiques. Trois éléments peuvent par exemple être évoqués.

- De manière générale, la détermination du degré réel d’exigibilité et de liquidité est délicat et sujet à caution.

- La séparation des actifs et passifs selon le critère à plus ou moins d’un an est trop imprécise pour juger des difficultés de trésorerie à court terme ; ainsi, certaines ressources de l’entreprise placées à court terme peuvent être permanentes (lignes de crédit renouvelées).

- L’évaluation des actifs du patrimoine de l’entreprise (valeur nette) peut se révéler inexacte ; des actifs peuvent être sous-évalués (terrains) ou surévalués (stocks de matières, produits et marchandises).

C. TABLEAU DE SYNTHESE : COMPARAISON DE L’APPROCHE FONCTIONNELLE ET DE L’APPROCHE FINANCIERE DU BILAN

Approche fonctionnelle Approche financière

Intérêt général

Optique économique : Rendre compte de la structure de financement de l’entreprise dans l’hypothèse de continuité de l’exploitation

Optique liquidité : Rendre compte du patrimoine de l’entreprise dans l’hypothèse de cessation d’activité

Évaluation de l’actif Valeur d’origine = Valeur brute Valeur actuelle = Valeur nette

Classement des postes du bilan

En 3 cycles : exploitation, financement, investissement

En termes de liquidité (actif)/exigibilité (passif)

Limites – À long terme, classement en 3 cycles peu pertinent – Peu adapté aux PME

– À long terme séparation à plus ou moins d’un an imprécise – Évaluation des actifs parfois inexacte

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