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Au pied du mur
Une création du Théâtre Oz
Dossier de présentation du spectacle
A l’usage des enseignants-‐pédagogues en guise d’outil pour aborder et puis prolonger le
spectacle
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Plan du dossier ° Introduction ° Paroles d’ados ° Pistes pour préparer au spectacle ° Prolongements possibles :
-‐ Ateliers Philo -‐ Jeu théâtral (exercices) -‐ Jeux d’écriture
Pour les élèves de la 1ère à la 3ème rénové Pour les élèves de la 4ème rénové à la rhéto
-‐ Analyse de moments forts ou questionnants du spectacle -‐ Annexes
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Introduction On propose souvent aux « jeunes » des spectacles formatés pour eux : des textes classiques -‐revisités ou non-‐ pouvant entrer dans le programme de français, des spectacles « jeunes » avec des comédiens jouant des personnages d’ados en situation de crise : drogue, problèmes sociaux, relationnels… dans un langage proche du leur, avec des musiques associées à leur univers… Au pied du mur fait le pari d’une esthétique impressionniste, d’une forme surréaliste frôlant parfois l’absurde, de comédiens de tous âges avec leurs préoccupations d’adultes face à la mort et s’adressant au public avec sincérité. Pari tenu, en séances scolaires, des adolescents de tous âges sont touchés, émus, intrigués, vivifiés par ce spectacle. Au pied du mur est un spectacle que certains ont qualifié « d’ovni » théâtral. Pourquoi Ovni? Ce n’est pas un spectacle « littéraire » et pourtant il y a du texte loin d’être anodin. Ce n’est pas un « classique » et pourtant le thème est universel. Ce n’est pas une forme théâtrale conventionnelle, et pourtant elle reste accessible. Ce n’est pas un spectacle didactique et pourtant il suscite des questionnements. Ce n’est pas un spectacle sérieux, « quoique… » (comme le dit l’un des personnages de la pièce à l’instar de Raymond Devos), il cueille souvent le spectateur dans l’émotion et ouvre à la réflexion philosophique.
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Paroles d’ados Le but de ces témoignages est de donner un réel échantillon des réactions d’ados et de jeunes adultes face au spectacle. « Le personnage de muet pourrait être « la vie qui passe » ou « le serviteur de Dieu qui aide les vivants ou les morts » Elève du Lycée de Dieppe, 12 ans « Dans la scène des psy, la valise c’est un peu « ce qu'on emporte dans nos bagages quand on meurt, non ? » Elève du Lycée de Dieppe, 13 ans « Je pense que quand ils vont chez le psy avec leur bagage à la main, les personnages parlent de la manière d'appréhender le mur ou la mort ou peut-‐être qu’ils partent voir ce qu’il y a de l’autre côté du mur ». Elève du Lycée de Dieppe, 15 ans « Tous ces personnages ressemblent à « une famille ou des amis partis en pic-‐nic. Ils ne sont pas morts puisqu'ils vont à un enterrement. » Elève du Lycée de Dieppe, 12 ans « Au pied du mur... Un titre qui ne dévoile rien, ou derrière lequel tout pourrait se cacher, peut-‐être pour garder la surprise un peu plus longtemps. Loin des titres de spectacles pour ados dont l'intitulé crie la morale finale explicitement répétée durant la pièce, de sorte que tout le monde l'ait bien intégrée en quittant la salle. Au pied du mur ouvre plutôt des brèches, fait germer des idées. L'envie de revoir le spectacle une seconde fois est grande tant les détails -‐ du scenario comme de la mise en scène -‐ sont subtils et tant le temps laissé à chaque émotion et à chaque pensée est court. Les larmes hésitent à couler et les fous rires prennent souvent le dessus. Les surprises sont nombreuses et les clichés ne sont pas invités. Difficile de résumer ce que j'ai ressenti après l'avoir vu, j'étais pleine d'émotions sans savoir tout à fait les distinguer à chaud mais les discussions et controverses qui ont suivi étaient passionnantes et je suis rentrée chez moi la tête pleine de nouvelles visions et d'évasions. C’est un spectacle qui me parle comme à une future adulte plutôt que comme à un ancien enfant. » Leonor, 19 ans « J’ai beaucoup apprécié cette pièce de théâtre, elle illustrait la mort de façon à la fois amusante et métaphorique, l’idée de mettre à la fin de la pièce l’avis des comédiens sur la mort était originale, inattendue. » Anaïs, 15 ans « Au pied du mur, ça réfléchit sur scène, ça fait réfléchir le public. Les thèmes de la vie et de la mort sont abordés de manière active et pétillante. Une introduction en musique, des dialogues réfléchis et originaux et une mise en scène pleine de surprises font voyager le public entre rires et larmes au cœur des sujets touchants, incitant au débat. » Alice, 19 ans
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« C’est un sujet qui me touche : on se pose la question de la mort quand on est ado, un sujet qui est dur mais traité de façon amusante et sans tabou, dans une forme enfantine et en même temps pas. C’est une pièce qui pousse à la réflexion après le spectacle, on en sort plein d’émotions et puis on y repense » Lucy, 15 ans « J'aimais bien quand la porte était un frigo, la chorégraphie et quand ils chantaient. Et quand à la fin elle fait défiler les photos: mort, mort, peut-‐ être mort! Après j'était très heureux et j'avais envie de parler de tous les moments rigolos avec ma famille » Arnaud, 9 ans « J'ai adoré la chanson du début. Le moment le plus drôle, c'est quand tout le monde arrive en peignoir en file et se pose chacun a son tour les uns sur les autres. Les témoignages en vidéo à la fin m'ont touchés quand chacun expliquait de quoi il avait peur dans la mort. » Judith, 11ans « Ce spectacle parle de la mort mais aussi de la vie, dans le spectacle il y a beaucoup de « dérivés ». J’étais émue quand tous les comédiens donnaient leur avis sur la mort, ça m’a touché et grâce à cela je me suis posé plein de questions sur le sujet. Beaucoup de comédiens sur scène ça met de la vie, du peps ! J’ai ri au moment des scènes très décalées, par exemple la scène avec les perruques, la scène avec le militaire… Quand j’y pense j’aimerais revoir le spectacle pour encore pleurer et rire et parce que ça fait du bien de parler de ce sujet dont on ne parle pas souvent à mon âge ! Comme si c’était un sujet tabou. J’ai adoré le spectacle et j’espère que d’autres le verront, riront et pleureront.» Adèle, 13 ans
« La boite avec les photos des personnes décédées est une scène qui m’a beaucoup émue car nous avons tous quelqu’un qui irait dans cette boite. On passe du chant à la danse, en passant par les scènes drôles mais aussi d’autres plus tristes. Comme une impression de ne pas trop savoir où les comédiens nous emmènent mais quand on se laisse aller, on est bien heureux d’être là.
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En sortant j’étais retournée, mais en même temps j’ai ri aussi donc c’était difficile de trancher entre les rires et les larmes. Chacun peut se retrouver dans ce spectacle grâce aux émotions des personnages, aux histoires qu’ils racontent et à leur façon de voir la mort. Difficile de décrire au pied du mur, pour moi il n’entre dans aucune « catégorie » mais facile de dire que j’ai beaucoup aimé cette proximité avec les comédiens malgré ce « mur » qui nous sépare, festival d’émotions assuré…! » Pauline, 15 ans. « J’ai 15 ans. J’ai vu 2 fois Au pied du mur et les 2 fois j’ai adoré ! C’est un spectacle parfois déjanté mais qui fait réfléchir. On passe du rire au frisson. On pourrait penser que comme cela parle de la mort on en sort abattu mais… NON ! Au lieu de nous dire « bouhou, c’est triste tout le monde meurt » ce spectacle nous dit plutôt « profitez de la vie, c’est un cadeau ». C’est un spectacle touchant et plein de punch !:) » Jeanne, 15 ans. « On reste accroché, on ne s’ennuie pas une seconde. J’adorais le système du frigo. Le fait que ce soit la porte d’entrée et de sortie des comédiens. Ca changeait du coup les ambiances très rapidement. » Martin, 18 ans « C’est une pièce qui suscite énormément de choses : le refus, l’incompréhension, l’interrogation mais aussi les rires, les larmes, la nostalgie, l’apaisement… Toute personne sur terre, âgée de un jour ou de cent ans a perdu ou perdra un jour un proche. Quel est aujourd’hui un point qui nous rassemble tous ? C’est bien ça, on va tous mourir un jour ! Au pied du mur est pour moi une question. Personne n’a de réponse mais chaque vivant dans la salle, tant les comédiens que les spectateurs tentent d’interpréter une image et un sujet bien trop enfoui selon moi : la mort. Des scènes hilarantes et folklores parsèment des moments durs, des moments que l’on a vécu peut-‐être ou qu’on a senti à un moment précis. Tout se relie. Pendant plus d’une heure on est embarqué dans un bateau. Parfois c’est la tempête, parfois le beau temps, parfois l’éclaircie. Au pied du mur permet selon moi de poser son pied au delà du mur ou de prendre un échelon de plus pour le franchir. » Gilles, 17 ans
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Pistes pour préparer au spectacle Ce spectacle permet l’ouverture à une forme théâtrale inaccoutumée : L’enseignant pourra laisser la découverte théâtrale aux élèves tout en leur annonçant qu’il ne s’agit pas d’une forme classique. Un petit exercice ludique à faire en classe avant d’aller voir la pièce serait de proposer aux élèves un petit questionnaire à propos du théâtre. Libre à chacun ensuite de partager ses réponses, cela peut mener à un débat d’idée intéressant, partant du principe qu’il n’y a évidemment pas de bonnes ou mauvaises réponses. -‐ Citez deux ou trois pièces que vous avez vues -‐ Quels étaient les thèmes abordés ? -‐ Y a-‐t-‐il une différence entre théâtre et cinéma ? -‐ Avez-‐vous déjà entendu parler du quatrième mur en théâtre ? -‐ Qu’est-‐ce qu’un régisseur ? une scénographe ? -‐ Qu’est-‐ce qu’une comédie ? -‐ Qu’est-‐ce qu’une tragédie ?
Ce spectacle permet l’ouverture à une réflexion philosophique: L’enseignant pourra annoncer à ses élèves que dans un deuxième temps, la semaine suivant la représentation, un ou deux comédiens viendront en classe pour recueillir leurs questions et entamer la réflexion.
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Prolongements possibles 1-‐ Ateliers Philo
Dans la semaine qui suit la représentation, des comédiens peuvent venir –sur demande-‐ dans les classes animer un atelier philo (prévoir 2 périodes scolaires) pour laisser aux élèves la possibilité d’exprimer ce que le spectacle a suscité en eux comme réflexions et questionnements philosophiques et les aider à les formuler. 2-‐ Jeu théâtral
Dans le cadre d’un cours d’Art d’expression voici diverses propositions de jeu :
Exercice 1 Improviser ou apprendre un monologue (à la première personne) sur un personnage qui viendrait d’apprendre la minute précédente qu’il était mortel. Ce personnage peut être inspiré du réel sentiment de l’acteur en herbe (à l’instar des interviews des comédiens projetés à la fin du spectacle) soit au contraire fictif. La contrainte étant souvent libératoire il sera plus facile (surtout pour les plus jeunes) de proposer un état ou trait de caractère particulier. On pourra partir d’exemples (voir annexe 1) apprendre ces mini-‐textes et les présenter, voir les étoffer.
Exercice 2 Au pied du mur (par petits groupes de 5-‐6 élèves) Réinventer la scène du « 4ème mur » Plusieurs personnes en avant-‐scène confrontées à un mur imaginaire, y collant l’oreille et essayant d’imaginer ce qu’il y a derrière. Trouver une chute à la scène. Ou rejouer la scène du 4ème mur en distribuant le texte au choix (voir texte en Annexe 2)
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3-‐ Jeux d’écriture
Pour les professeurs de français nous avons élaboré avec l’aide de Gilles Abel quelques propositions de jeux d’écriture pour prolonger le spectacle. Pour les élèves de la 1ère à la 3ème rénové 1. « Plus on vieillit plus on connaît de morts»
Une première proposition de rebonds sur le spectacle « Au pied du mur » est à inscrire en écho à la scène de la « boîte à photos » L’exercice proposé est le suivant :
1. Chercher (chez soi ou chez ses grands parents) l’une ou l’autre vieille photo d’aïeux
2. Inviter les élèves à y choisir une personne dont ils aimeraient raconter une tranche de vie. L’idée est de leur proposer d’imaginer l’écriture d’une tranche de vie de cette personne. Il s’agirait pour eux d’écrire, de façon fictive, un souvenir, un moment, une situation qu’ils auraient pu partager avec cette personne s’ils avaient vécu à la même époque. A vous de voir (en tant qu’enseignant) quelle contrainte éventuelle de style ou de longueur vous souhaitez leur adresser.
3. S’ils le souhaitent, il leur est évidemment possible de lire le texte à leurs pairs ou de l’envoyer à la compagnie.
2. « Un visage, des figures »
« Au pied du mur » est un spectacle où la mort ne constitue qu’un prétexte pour appeler à regarder davantage la vie, et à s’y plonger davantage, avec audace et gourmandise. Le deuxième jeu d’écriture vous propose donc une activité permettant à vos élèves de mobiliser leur imaginaire afin de le mettre au service de leur plume. L’exercice proposé est le suivant : 1. Demander à vos élèves de chercher (dans des magazines, journaux, revues,
sur internet) 2 ou 3 photos de personnes qui les touchent, de préférence pas des photos de stars ou de personnes célèbres.
2. Une fois ramenées en classe, rassembler les photos et en distribuer une à chacun (en veillant à ce que personne ne tombe sur une des photos qu’il a amenées)
3. Expliquer aux élèves que l’activité d’écriture va avoir pour but de raconter un épisode de la vie de cette personne, à la première personne. Cet épisode doit idéalement être un des plus beaux souvenirs de la personne, autrement dit une des plus belles choses qui lui soit arrivée dans sa vie.
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4. La contrainte : ils devront se débrouiller pour que leur texte contienne les cinq mots suivants (choisis au hasard) : potiron, cabane, naufrage, minuscule et siroter
5. Pour ce qui concerne les consignes de longueur, de style…., vous êtes invité(e)s à déterminer celles qui vous semblent adéquates en fonction de votre groupe classe. L’essentiel, à nos yeux, est de leur proposer quelque chose qui sorte des codes scolaires traditionnels, afin de laisser un maximum de place à l’imaginaire de vos élèves.
3. « La liste des petits détails »
« Au pied du mur » fait le pari -‐ un peu fou ? -‐ de voir la mort comme un horizon permettant de célébrer la vie encore un peu plus. La vie dans ce qu’elle a de surprenant, de délicieux, de touchant, tout en étant, inéluctablement, orientée vers la mort. Cette célébration passe par la mise en valeur des relations qui nous constituent, des moments et des rencontres qui fondent nos identités, mais aussi de toutes ces petites choses qui font que la vie vaut tellement la peine d’être vécue. Cet exercice d’écriture souhaite donc offrir l’opportunité à vos élèves de tourner le regard, voire de le retourner, pour être plus attentif à ces petits détails de la vie, de leur vie. Ce faisant, il leur sera possible de les (remettre à l’avant-‐plan, pour en découvrir les saveurs ou les apprécier à nouveau. Car donner du sens à la mort, c’est parfois la remettre en perspective à la lumière de tout ce qui donne goût à la vie, afin d’en profiter pleinement et le plus longtemps possible. (voir consignes Annexe 3) Pour les élèves de la 4ème rénové à la rhéto
1. « Ils sont là, mais nous ne les voyons pas » Une première proposition de rebonds sur le spectacle « Au pied du mur » est à inscrire en écho à un texte écrit par l’écrivain portugais Fernando Pessoa. Ce texte est issu d’une de ses œuvres majeures, « Le livre de l’intranquillité » (Annexe 4), qu’il commença à écrire en 1913 et dont il poursuivit la rédaction jusqu’à sa mort, en 1935. Dans l’extrait ici concerné, Pessoa s’interroge sur la manière dont le décès d’un vendeur de tabac anonyme, travaillant tout près de son domicile, ouvre en lui un gouffre de questions. Ces questions émergent de ce que la mort d’un anonyme qu’on croise quotidiennement peut nous dire quant à ce que nous sommes. L’exercice proposé est donc le suivant :
1 Lire le texte en classe avec vos élèves, ou le leur faire lire chez eux. Prendre le temps avec eux de « décanter » quelque peu leurs impressions quant à son contenu 2. Lister collectivement avec vos élèves les personnes qui, dans leur vie
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quotidienne, pourraient être les « équivalents » de ce vendeur de tabac du texte de Pessoa. Autrement dit, inviter vos élèves à réfléchir à qui sont ces gens qu’ils croisent et côtoient quotidiennement sans pourtant les connaître particulièrement
3. Une fois cette liste établie, inviter les élèves à y choisir une personne dont ils aimeraient raconter une tranche de vie. L’idée est de leur proposer d’imaginer l’écriture d’une tranche de vie de cette personne. Il s’agirait pour eux d’écrire, de façon fictive, un souvenir, un moment, une situation qu’ils ont partagé avec cette personne. A vous de voir (en tant qu’enseignant) quelle contrainte éventuelle de style ou de longueur vous souhaitez leur adresser.
4. S’ils le souhaitent, il leur est évidemment possible de lire le texte à leurs pairs ou de l’envoyer à la compagnie.
2. « Un visage, des figures » Voir P.9
3. « Nous sommes tous des monstres sacrés » Des gens meurent tous les jours. Or, dès lors qu’ils ont acquis une forme de notoriété, que ce soit par leur talent, leur contribution au savoir ou à l’humanité, voire même par hasard, il n’est pas rare qu’ils fassent l’objet d’un article de presse leur rendant hommage. Le texte ci-‐joint (Annexe 5) en est un exemple, qui date de mai 2013. Il fait l’éloge funèbre du comédien et réalisateur français Arthus de Penguern. Rendre hommage par la plume à une personne considérée comme célèbre ou influente est généralement un travail de journaliste ou d’hagiographe. Par contre, et ce sera l’objet de cet exercice, rendre hommage par la plume à une personne qui nous est proche, une personne comme vous et moi, peut être à la portée de chacun d’entre nous. Vos élèves y compris. L’exercice est donc le suivant :
1. Lire le texte ci-‐dessous en classe avec vos élèves ou le leur faire lire chez eux. Prendre le temps avec eux de « décanter » quelque peu leurs impressions quant à son contenu et à ses particularités.
2. Les amener à choisir dans leur entourage un proche dont ils aimeraient écrire « l’article hommage ». Cela peut être un parent, un(e) ami(e) ou une connaissance. Ils peuvent également décider d’écrire cet « article hommage » à eux-‐mêmes
3. Insister auprès d’eux sur l’écriture à la 3e personne du singulier, et sur la contrainte de veiller à ce que leur approche d’écriture soit la plus journalistique et neutre possible.
4. Proposer également à vos élèves de mettre en valeur dans leur texte autant des qualités de la personne que des actions qu’elle a réalisées, afin que le texte ne soit pas simplement une « énumération » de traits de caractère. En outre, ce type de regard rétrospectif sur ce que leur proche aura « accompli » les obligera à « trier » et à « sélectionner » les éléments réellement dignes d’intérêt pour eux.
4. « La liste des petits détails »(voir P. 10 et consignes Annexe 3)
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4-‐ Analyse de moments forts du spectacle
Le spectacle se présente sous forme de 1O scènes très différentes les unes des autres, déclinaisons de sentiments mêlés par rapport à l’idée de la mort et donc de la vie. L’enseignant pourra proposer aux élèves de revenir sur un ou des moments forts du spectacle ainsi qu’éventuellement sur des moments ou le décodage les a laissé dans l’incompréhension. Cela pourra prendre la forme de différents « exercices » :
-‐ Soit une discussion ou débat en classe en passant en revue ensemble les moments forts du spectacle, sachant que les scènes appréciées par les uns peuvent se trouver être celles incomprises par d’autres.
-‐ Soit une discussion puis présentation par petits groupes de deux scènes choisies mises en lien avec d’autres spectacles, textes, films
-‐ Soit un exercice d’expression écrite plus personnel et libre de toute digression sur le ressenti de l’élève suite au spectacle.
(En guise de memento ou base de décryptage pour l’enseignant : Annexe 6 « Grille d’analyse ou pistes de décodage des 10 scènes du spectacle »)
Annexe 1 Monologues pour les jeux théâtraux Personnage 1 Anxieux C’est comme ça Un jour on est venu me le dire : c’est pour bientôt Ou peut-‐être qu’on n’est pas venu me le dire mais je l’ai bien senti On sent ces choses-‐là Quand la fin approche Quand ça va s’arrêter Pas qu’on sache vraiment quand Mais que ça va tomber un jour où l’autre J’y croyais pas Ça m’a tué
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Personnage 2 Raisonnable ou fataliste Moi je l’ai appris toute petite Quand ma mère est tombée morte Et qu’on l’a emmenée ailleurs Je croyais qu’elle allait revenir Je l’ai attendue des semaines Et puis j’ai posé des questions Pourquoi elle ne revenait pas Pourquoi elle ne m’avait pas dit au revoir Pourquoi elle ? Pourquoi pas moi Et c’est comme ça que j’ai appris pour moi aussi Que ça allait arriver Comme ma mère Pareil pour moi De mère en fille Personnage 3 Cartésien essayant de comprendre et rationaliser - Vous ne pouvez pas me dire quand ? - Non - Mais vous le savez ? - Pas vraiment - Comment ça pas vraiment ? - Il y a des statistiques - Des statistiques? - Qui donnent une idée de la moyenne - Et ? - Je dirais qu’il vous reste quelques années - … - Maximum - … - S’il n’y a pas de complications
Personnage 4 Crânant On va tous mourir non ? Alors un peu plus tôt u un peu plus tard Faut juste vivre avec C’est sans doute mieux comme ça C’est prévu d’avance Comme ça pas de surprise Pas d’angoisse Faut prendre la vie comme elle vient Profiter de chaque jour Un peu plus tôt un peu plus tard C’est pareil non ? Non ?
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Personnage 5 Tétanisé Assis à un bureau. Ne tient pas en place. Réajuste continuellement sa chaise, ses affaires sur le bureau, sa chevelure et ses vêtements. En souriant Bon D’accord Hé bien voilà Ça va ça va Bon Alors on va faire comme ça Voilà Bon Ça va, c’est comme ça… Personnage 6 Dans le déni Je ne sais pas Avec les progrès de la médecine de toutes façon Qui sait ? Peut-‐être que d’ici là on trouvera quelque chose Condamné non, c’est un grand mot Je n’appellerais pas ça comme ça J’appellerais ça comment ? Je ne sais pas En fait je n’y pense pas C’est tellement vague Oui ça m’arrive d’avoir mal Mais ça passe Ça ne change rien à ma vie Je vis normalement Avec les progrès de la médecine de toutes façon Qui sait ? Personnage 7 Résilience C’est pas que ça me rassure mais presque Ce qui m’aurait fait flipper c’est d’être immortelle Immortellement jeune ou immortellement vieille ? Entourée de choses figées et immortelles comme moi ? Brrr ça ait froid dans le dos Ou alors entourée d’un monde en mutation permanente Et moi coincée dans une vie figée. C’est pire Non. Ça me plait qu’il y ait un bout, une fin Ça rend le présent beaucoup plus intense Ça me fait flipper bien sûr Mais en même temps ça me fait vivre De savoir que je vais crever bientôt
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Annexe 2 Scène du 4ème mur - Qu’est ce que c’est que ça ? - C’est une blague ? - Elle n’est pas drôle - Un mur ! - C’est dingue - Je comprends pas - C’est absurde - C’est un concept ?
(Brouhaha polémique) - Chut écoutez, on entend quelque chose
Tous collent leurs oreilles au mur - On dirait la mer… - La mer avec du vent - Du vent… - C’est étonnant - Oui, c’est étonnant - Ecoutez, écoutez, ça a fait pouing ! - Quoi ? - Elle a entendu pouing - Mais ça le fait plus - C’est étonnant - Si, je viens de l’entendre - C’est quoi ? - Des pas - Des pas dans la neige ? - C’est pas des pas, c’est des pattes - Des pattes de quoi ? - Je ne sais pas - On dirait que quelque chose glisse - C’est de la glace ? - Ça crisse crrrrrr - C’est étonnant - Un aspirateur ! - Un aspirateur ça fait wooo et pas crrrrr - Ho ! - Ça cliquette ! - Non, c’est autre chose…
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Annexe 3 Consignes des jeux d’écriture « La liste des petits détails » Pour cet exercice, deux cas de figure sont possibles, avec sensiblement les mêmes consignes. La différence entre les deux tient dans la durée dans laquelle ils s’inscriront. Le premier cas de figure est de proposer à vos élèves cet exercice d’écriture « en une seule fois ». Vous leur détaillerez les consignes et ils auront à « lister » ces petits détails en vue d’un exercice ponctuel. Cet exercice « one shot » visera donc à les inviter à construire plusieurs listes d’un seul coup. Le second cas de figure est de proposer à vos élèves ce même exercice, mais en l’étalant dans le temps, par exemple sur plusieurs semaines, voire sur un trimestre entier. L’idée, ici, étant de leur proposer de jeter ce regard différent sur une durée plus longue. Cet exercice les invitera donc à construire semaine après semaine, une liste différente. Dans ce second contexte plus « durable », l’objectif – sinon le pari – est que vos élèves auront l’occasion d’adopter ce nouveau regard avec plus de profondeur et d’attention que si l’exercice leur est proposé sous forme d’un « one shot »… Voici les consignes :
1. Expliquer à vos élèves que l’exercice va porter sur leur aptitude à observer, chercher, retrouver dans leur vie quotidienne des « petits détails »
2. Ces petits détails seront à « cataloguer » dans différentes catégories. L’objectif sera (soit en « one shot »/soit au bout de plusieurs semaines) pour eux de construire plusieurs listes. Chaque liste reprendra plusieurs occurrences des détails relevant de chacune des catégories.
3. Au terme de l’exercice, il leur sera possible de présenter et de commenter leur liste. En s’efforçant de justifier leurs choix et de définir en quoi ces petits détails ont été retenus au détriment d’autres, il leur sera possible de donner du sens à ce qui importe pour eux. Ces listes deviendront donc autant de points de repères sur ce qui donne du sens et de la valeur à leur quotidien.
4. Voici ces différentes catégories de liste à proposer à vos élèves. La liste n’est évidemment pas exhaustive, d’autres catégories qui vous viendraient en tête ! Vous pouvez également proposer à vos élèves d’inventer eux-‐mêmes une catégorie.
• Ces sons que j’ai appréciés • Ces trucs bizarres -‐ mais agréables -‐ qui me sont arrivés • Ces images qui m’ont touché • Ces goûts qui m’ont marqué • Ce sourire d’un/d’une inconnu(e) qui m’a impressionné • Ces petits moments magiques que j’ai vécus • Ces discussions à la fois inutiles et géniales que j’ai eues • Ces visages qui m’ont intrigué • Ces trucs que j’ai perdus et que j’aimerais vraiment retrouver • Ces idées qui me sont venues en tête, de nulle part
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Annexe 4 « Ils sont là, mais nous ne les voyons pas » « Il n’est personne, me semble t-‐il, qui admette véritablement l’existence réelle de quelqu’un d’autre (...) ces indifférences incarnées qui nous parlent par-‐dessus le comptoir, ou nous regardent par hasard dans le tram, ou qui nous frôlent en passant, au hasard mort des rues. Ces autres-‐là ne sont pour nous que paysage, et presque toujours invisible paysage, comme une rue trop bien connue (…). Je n’ai pas honte d’envisager les choses de cette façon car je me suis aperçu que tout le monde en fait autant. Ce qui peut sembler du dédain de l’homme pour l’homme, de l’indifférence permettant de tuer des gens sans bien sentir que l’on tue, comme chez les assassins, ou sans penser que l’on tue, comme chez les soldats, provient de ce que personne n’accorde l’attention nécessaire au fait – sans doute, trop abscons – que les autres sont des âmes, eux aussi. Certains jours, en certains instants que m’apporte je ne sais quelle brise, qu’ouvre en moi l’ouverture de je ne sais quelle porte, je sens subitement que l’épicier du coin est un être spirituel, que le commis qui se penche en ce moment à la porte, sur un sac de pommes de terre, est, véritablement, une âme capable de souffrir. Lorsqu’on m’a annoncé hier que le caissier du tabac s’était suicidé, j’ai eu l’impression d’un mensonge. Le pauvre, il existait donc, lui aussi ! Nous l’avions oublié, nous tous qui le connaissions de la même manière que les gens qui ne le connaissaient pas. Nous ne l’en oublierons que mieux demain. Mais qu’il y eut en lui une âme – sans aucun doute, puisqu’il s’est tué. Passions ? Soucis ? Certes… Mais il me reste, à moi comme à l’humanité entière, que le souvenir d’un sourire niais flottant au dessus d’un veston bon marché, sale et de guingois aux épaules. C’est tout ce qui me reste, à moi, d’un homme qui a senti si fortement qu’il s’est tué de trop sentir, parce qu’enfin, on ne se tue certainement pas pour autre chose… je me suis dit un jour, en lui achetant des cigarettes, qu’il serait bientôt chauve. En fin de compte, il n’a même pas eu le temps de le devenir. C’est l’un des souvenirs qui me restent de lui. Quel autre pourrais-‐je garder, au reste, dès lors que ce souvenir ne se rapporte pas réellement à lui, mais à une pensée que j’ai eue ? J’ai soudain la vision du cadavre, du cercueil où on l’a placé, de la tombe, totalement anonyme, où on l’a probablement déposé. Et je vois soudain que le caissier du tabac était, d’une certaine façon, avec son veston de travers et son front chauve, l’humanité tout entière. Ce ne fut qu’un moment. Aujourd’hui, maintenant, je vois clairement et en tant qu’homme, qu’il est mort. Rien d’autre. » F.Pessoa, « Le livre de l’intranquillité », Christian Bourgois, 1982, pp.69-‐71
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Annexe 5 « Nous sommes tous des monstres sacrés » Le Monde, Paris. 17 mai 2013 Comédien et réalisateur, Artus de Penguern est mort brutalement mardi 14 mai à son domicile parisien d'un accident vasculaire cérébral (AVC). Il avait 56 ans. "Artus était la malice, la gentillesse et la simplicité réunies", a écrit en son hommage la société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs (ARP) dont Artus de Penguern était membre aux côtés de nombreux réalisateurs français de renom. L'air faussement ahuri, le regard vif et un sourire d'une douceur attachante, Artus était le prince de l'humour noir et le roi de la finesse d'esprit. Souvent en colère et stressé contre la bêtise humaine, il était le seul à pouvoir proférer sans jamais être vulgaire une bordée de jurons qu'il transformait en poésie ironique.
Jamais de posture
Depuis deux ans, c'était d'ailleurs avec gourmandise que l'on attendait son coup de gueule chaque mercredi sur France Inter chez Pascale Clark dans son émission "Comme on nous parle". Ancien élève du Cours Simon, Artus ne prenait jamais de posture. Scénariste, auteur, acteur, réalisateur et show man, il était un artiste à part entière. C'est dans les années quatre-‐vingt que cet aristocrate breton a démarré sa carrière comme acteur sur le petit et grand écran. Une trentaine de longs métrages et une douzaine de téléfilms dans lesquels il interprète toutes sortes de rôles sous la direction de Michel Drach (Guy de Maupassant), Andrzej Wajda (Danton), Maurice Pialat (Police), Roman Polanski (Frantic) ou Claude Chabrol (Le sang des autres). Sans oublier Eddy Matalon qui, en 1982, le dirigea dans Prend ton passe-‐montagne, on va à la plage dont il était très fier...
Le burlesque et l’absurde
Mais, pour beaucoup, il restera Hipolito dans « Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain » de Jean-‐Pierre Jeunet où il interprète cet écrivain raté qui, accoudé au zinc des "Deux moulins", explique, sans convaincre, que "la vie n'est que l'interminable répétition d'une représentation qui n'aura jamais lieu". Auteur de textes grinçants qu'il voulait lui-‐même mettre en scène, Artus de Penguern a réalisé ses propres films dont plusieurs courts-‐métrages comme « Le homard » en 1995 où l'absurde rivalise avec le burlesque. Il confiait d'ailleurs préférer le métier de scénariste à celui d'acteur. En 2000, il réalise son premier long métrage, « Grégoire Moulin contre l'humanité », dans lequel il joue le rôle d'un orphelin malchanceux né un vendredi 13, et en 2012, après des années de galère pour trouver un financement, il réalise « La clinique de l'amour », un film que Billy Wilder et Mel Brooks auraient sans doute apprécié.
Comme une blessure Malheureusement, le film n'a pas rencontré son public en France et ce demi-‐succès lui avait laissé comme une blessure. Il avait quand même continué son métier et l'on peut le voir dans le film de Nick Quinn « La Fleur de l'Age », sorti début mai, aux côtés de Pierre Arditi et Jean-‐Pierre Marielle. Grand amateur de poker, il ravissait toujours ses partenaires de jeu en s'engageant souvent sur des coups improbables qu'il commentait chaque fois avec esprit en tirant sur sa cigarette électronique. "C'est moche", lâchait-‐il dans un sourire lorsqu'il perdait. Désormais, en son absence, la vie sera encore un peu plus moche et grise.
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Annexe 6 Grille d’analyse ou pistes de décodage des 10 scènes du spectacle
1/Le clip d’intro
Texte et une musique créés par des ados (15 et 17 ans) Le clip est visible sur notre site www.oz-‐asbl.be Ou sur notre page www.facebook.com/AuPiedDuMurTheatreOz Extrait du texte : « Pourquoi sommes-‐nous obligés de vieillir ? Peut-‐être pour les différentes étapes qu’il y a à découvrir (…) Au moment où tu prends ta première bouffée d’air Le compte à rebours a commencé toi tu peux rien y faire (…) Comme Peter Pan je veux rester un petit garçon Mais malgré ça le temps est sur mes talons Baby no time to waste we look for place. We gonna live our live Second, minute, hours, year after year» Dans le non-‐verbal : deux ados plein de vie qui chantent et dansent pour exorciser leurs peurs. Ce que cette scène véhicule : les questions existentielles nous étreignent dès notre première bouffée d’air et à tout âge.
2/Le 4ème mur
Description de la scène : personnages stupéfaits de se retrouver devant un mur, multiples réactions. Notion de jeu et d’axiome théâtral « on fait comme si ». On se rend compte que ce sont des comédiens car ils appellent le régisseur et lui exposent le problème « on ne va pas jouer comme ça ! » Dans le non-‐verbal : Le régisseur et son acolyte (régisseur de plateau, personnage muet) sont « au service de », adjuvants, démiurges. C’est comme si les comédiens allaient commencer à jouer une pièce dans un décor kitch et désuet, une sorte de jardin d’Eden, qui parlerait de la mort,
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mais que finalement on n’assume pas, préférant imaginer ou inventer un mur pour ne pas jouer. Les comédiens sont « jouettes » face au mur et dos au public, mis à nus sans texte face public, se raccrochant au théâtre pour garder la face. Dans la symbolique : de la notion ou l’intérêt du 4ème mur au théâtre, la place et le rôle du régisseur (faisant partie intégrante de l’équipe), des peurs face au public, mur de nos peurs, mur de notre finitude, de la mort, prise de conscience collective et réactions individuelles. Nous sommes seuls face à notre propre mort et nos peurs. Le tout n’est pas d’être sur scène, encore faut-‐il avoir quelque chose à dire, le tout n’est pas d’être en vie, encore faut-‐il en faire quelque chose de sa vie. Difficulté de l’ici et maintenant.
3/Problèmes d’agendas résolus par la mort de Kî
Dans le texte : impossibilité de trouver une date commune pour organiser une fête d’anniversaire, on passe de la bonne humeur aux tensions et à l’énervement, agendas de ministres. La mort est une énigme, un rébus, les mauvaises nouvelles tombent comme des couperets et nous reconnectent les uns aux autres. Dans le non-‐verbal : les mesquineries éludées par la mort. La mort qui rend muet. Dans la symbolique : courir après sa vie. Se laisser surprendre par la mort d’un proche.
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4/Chant du Miserere/deuil et mur des morts
Dans le texte : Texte du deuil : lisser sa peine, conventions et bonnes convenances à respecter dans le deuil quand on voudrait plutôt hurler et se répandre en larmes (en écho avec l’inverse dans le non-‐verbal). Texte du mur des morts : accumulation de morts, lieux où l’on apprend la mort de quelqu'un, renvoi à notre propre mort. La scène se termine sur une note humoristique (en écho à tout le spectacle lui-‐même : jouer à se faire peur jusqu’à imaginer sa propre mort est un jeu idiot !). Dans le non-‐verbal : tristesse. Des gens qui s’étreignent et se soutiennent. Inanité du matériel après la mort (enterrement du gâteau). Dans la symbolique : la peine qui jaillit, suppure et nous cueille là où nous sommes. Toucher le fond pour rebondir. On enterre beaucoup de choses avec celui qu’on enterre, pages qui se tournent.
5/ « peignoirs dépressifs », « Bourreau du psy » (en référence aux idées noires de Franquin) date de péremption/ C’est pas que ça me rassure
Dans le texte : face à la vision du mur (rêve ou réalité) : les uns
minimisent, s’apaisent en pensant que ça ne change rien, d’autres peignent un trompe-‐l’œil, essaient de le voir autrement, ou veulent l’éclater, y projeter ceux qu’ils aiment, les morts ou ceux qu’ils laissent derrière eux, d’autres le tournent en dérision ou perdent la raison (une poule sur un mur). Ne pas mourir avant l’heure, ne pas s’enterrer vivant, ne pas baisser les bras, pas de date de péremption de l’humain tant qu’il est vivant. Notre vie dépend de ce qu’on en fait. La vie n’est intense que parce qu’elle a un bout. Dans le non-‐verbal : image du psy, image de voyageurs, de malades ou dépressifs, en cure de revalidation dans des thermes (peignoirs), image de file d’attente « au suivant » (Jacques Brel), êtres démunis devant ce mur. Manger du sucré en guise de réconfort pour compenser nos peurs. Une histoire banale qui nous plonge dans une leçon de vie. On crâne et on met en place des théories ou des discours pour se rassurer. Un des personnages avec une chasuble en peau de mouton a pris un autre chemin et est plein d’espoir mais vite remis au niveau «morose » par les autres, qu’il suit finalement comme un mouton. Dans la symbolique : Le mur, l’inconnu, la mort qui nous attend et nous questionne, au pied duquel il faut se pencher, s’épancher.
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6/Téléphone arabe (dans la pénombre)
Dans le texte : après la mort il ne reste plus rien de nous, les autres restent, pas nous, il y a peut-‐être un Dieu qui nous attend, peut-‐être pas, la seule chose tangible c’est l’ici et maintenant, et l’amour qui fait du bien. Nos peurs se transmettent et se transforment, on en parle, on en fait chacun sa « popote » interne. Dans le non-‐verbal : confidences et besoin de parler pour exorciser sa peur. Dans la symbolique: il n’y a pas UN message, une vérité, une explication sur l’après, le pourquoi, le comment, mais autant de questionnements et de « théories » qu’il y a d’individus.
7/scène du Yodle « faut pas se dire/traces de notre passage »/ Le temps d’une chanson
Dans le texte : méthode Coué de choses à ne pas se dire pour «garder la patate» : faut pas dire que c’est injuste, que ça n’a pas de sens, qu’on a eu le temps de rien faire. Encore des choses à espérer, à rêver, à faire avant de mourir, besoin de laisser des traces de notre passage. Dans le non-‐verbal : Une bande de vivants bien vivants qui dansent avec joie comme des gamins, comme des fous. Dans la symbolique : danse macabre ou carnavalesque, nommer pour exorciser ses peurs. « Alors on danse ? » (Stromae).
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8/Guerre nucléaire/Presque une femme/Staying alive
Dans le texte : comment se prémunir d’une mort annoncée (ici guerre nucléaire). Difficiles questions de l’après, posées par la génération montante qui nous suit, rester vivantes. Dans le non-‐verbal : panique, ridicule de la situation, prêt à tout et n’importe quoi pour survivre. Chant et chorégraphie : passage du ridicule au combatif, élan de vie. Dans la symbolique : rien ne sert de flipper, cela nous ferait plutôt mourir avant l’heure. Symbolique du renard « ne regardez pas le renard qui passe, regardez seulement quand il est passé ». Présence d’un être mort, observant les vivants, image d’un être vivant surpris par la mort, empaillé. La mort, figée, parmi nous, questionnante, irrévocable. Renard en écharpe (autour du cou de l’instructeur) lien avec la réincarnation, rien ne se perd rien ne se crée, lien avec la transmission.
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9/Tous morts ou « tant qu’il y a du désir »
Dans le texte : déprime de la boîte à photo, plus on vieillit plus on connaît de morts. Mais tant qu’il y a du désir on est bien vivants. « Et puis un jour, rideau ». Le rideau du théâtre, le rideau de la vie qui se baissera un jour. Dans le non-‐verbal : deux femmes vieillissantes dépassent la déprime et rebondissent sur « être actrice de sa vie ».
1O/ Interviews
Dans le texte : La mort ça fait peur, c’est inéluctable, ça fait chier, on y passe tous, on s’invente des histoires, on pense à ceux qu’on aime qu’on a perdu ou qu’on va laisser derrière nous, envie de jouir de chaque seconde, envie de bien passer dans cette vie et que le passage vers la mort soit doux, sans doute que quelque chose continue comme dans la nature, que quelque chose se transmette, on espère mourir quand le moment sera juste, même si c’est demain, en restant jusqu’au bout, acteur de notre vie. Question retournée au public « Et toi ? » Dans le non-‐verbal : dernières barrières tombées, bas les masques, sincérité des acteurs, fragilité, générosité. Quand le personnel rejoint l’universel. Dans la symbolique : irruption du réel, seul face à son mur on ne joue plus.